1 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
1 à Genève, eussent été un four aux États-Unis. En Russie , ils auraient été interdits. Personnellement, je regrette qu’aucun Ru
2 interdits. Personnellement, je regrette qu’aucun Russe n’ait répondu à notre invitation. Heureusement, nous avons eu Lukács,
3 maintenant quelles questions j’aurai à poser à la Russie . Je lui dirai : « Vous accusez les démocraties d’être purement formel
4 as complètement réalisées ; vous prétendez, vous, Russie , être une démocratie réelle. Et vous avez des camps de concentration,
2 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
5 issage de kilomètres, ces deux mesures de musique russe indéfiniment répétées, pour ne garder que le meilleur, le plus actif
3 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
6 l’action politique au lendemain de la révolution russe , puis sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute son é
7 ’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie , paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre deux gr
8 vacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique et la Russie . C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autant plus vite qu’elle g
9 et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’étati
10 qu’exercent sur nous, par leur masse, le colosse russe et le colosse américain, et malgré toutes les tentations que représen
11 ar ses capitaux. Mais voici que l’Amérique et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les capitaux, les
12 elles, dans leur partie active, regardent vers la Russie , et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou
13 son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans
14 terland », pays des pères, mais l’Amérique, ou la Russie , ne serait-ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux
15 ique, le martyr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réuss
16 pposition créatrice, tandis que l’Américain et le Russe soviétique considèrent l’existence de l’opposition comme l’indice d’u
17 nt tout un approfondissement de la conscience. En Russie , je ne crois pas être injuste en affirmant que ces rencontres seraien
18 spontanés. Et je ne dis pas que l’Américain et le Russe n’aient quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je dis seuleme
19 ions sur table rase que l’Amérique, et surtout la Russie — ces deux grandes plaines d’un seul tenant — peuvent se permettre d’
20 st même probable, et c’est là mon espoir, que les Russes , comme les Américains, viendront s’enquérir auprès de nous des secret
21 Bombe. Et je veux dire : Si les États-Unis et la Russie ne s’entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y a plus de pr
4 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
22 ressent un avenir qui sera sans doute celui de la Russie soviétique et d’une partie de la jeunesse européenne. Essayons de le
5 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
23 elles m’ont paru cultiver le genre des nihilistes russes d’antan. La plupart sont trotskistes, ont lu Freud, ou en parlent. À
24 et qu’ils atteignent presque tous ici, quand les Russes ne font qu’en parler. Mais les intellectuels ? Ils n’ont de choix qu’
25 gne sous-marine bat son plein, Tobrouk tombe, les Russes reculent, les Japonais avancent encore. Mais j’ai pu annoncer le prem
6 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
26 ortée concrète ? Savoir d’abord les faits La Russie soviétique condamne les clowns, les existentialistes et l’adultère. Q
27 elle seule elle totalise plus d’habitants que la Russie et les États-Unis additionnés ! Ainsi la « drôle de paix » que nous v
28 re pauvretés continentales : manque de liberté en Russie , manque de bases spirituelles aux États-Unis, manque d’ordre politiqu
29 probablement la coalition des trois autres. Si la Russie pouvait prouver que son régime ménage autant de libertés que la démoc
30 lque consistance. Elle se maintient parce que les Russes sans elle resteraient enfermés dans les cloisons étanches de leur aut
7 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
31 seule chose qui inquiète les Américains, c’est la Russie . Avez-vous remarqué qu’il se développe ici une sorte d’hystérie antir
32 e ici une sorte d’hystérie antirusse ? Méfiance russe Et je pense à part moi : nous y voici. N’ai-je pas entendu répéter
33 ystérie antirusse, n’est autre que l’attitude des Russes sur le plan international. Einstein réfléchit un moment. — Il est évi
34 monter. Car la cause n’en est que trop claire. La Russie sait que, dans le jeu actuel, elle est le partenaire le plus faible.
35 qu’on cite partout, et qui serait nécessaire à la Russie pour fabriquer ses propres bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d
36 a Russie pour fabriquer ses propres bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d’ici deux ans au moins. D’ici dix ans au plus. C
37 rideau de fer » s’explique par la peur qu’ont les Russes que l’on se renseigne sur l’état de leurs travaux atomiques ? — J’ai
38 explication plus simple du « rideau de fer ». Les Russes sont très pauvres. C’est pour cela qu’ils ont si peur des étrangers.
39 ait vraiment trop facile d’acheter des espions en Russie . L’indicateur y serait trop bon marché. — Selon vous, ils redoutent d
40 e qui domine la situation présente, c’est que les Russes se sentent et se savent les plus faibles, surtout par rapport aux Éta
41 de, sans l’URSS. — Vous entendez : en offrant aux Russes une invitation permanente à les rejoindre ? — Mieux que cela : cette
42 on n’aura plus besoin d’y garder des secrets. Les Russes pourront bien entretenir auprès d’elle autant d’observateurs qu’il le
8 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
43 mensuelles de la culture décrétées par Jdanov en Russie , proclame que « l’Amérique dégrade l’esprit ! » Le raisonnement, sur
44 s problèmes que pose la « culture des masses » en Russie comme en Amérique. Un communiste moins que tout autre a le droit d’ir
9 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
45 rrait que le plus court chemin de l’Amérique à la Russie ne passe plus par l’Europe, mais par le pôle. La radio, l’aviation, l
46 notre unité que sur nos ruines, par l’occupation russe , et dans les camps. À l’égard de l’Amérique notre refus, pour être be
47 neuf, plus souple et plus humain que la dictature russe , mais guéri de l’obsession de l’argent qui dénature les libertés amér
48 nnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie , qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce
49 ce qui est la manière stalinienne de dire que la Russie ne veut pas la paix de l’Europe. Invités aux congrès fédéralistes, le
50 rre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russie , mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, à re
10 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
51 et nous nous mîmes à parler de l’Amérique, de la Russie et de la bombe atomique. Avez-vous eu l’impression qu’Einstein se sen
52 même de la guerre qui se trouve posée. » Et de la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plu
53  » Et de la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plus faibles, surtout en face de l’Amériq
11 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
54 e et devrait s’attacher au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain. Mais les seconds proclament qu’ils ne chois
55 mpires, le contraste est encore plus frappant. En Russie , on liquide l’opposition, en Amérique elle est entièrement libre, et
56 libre, et mieux que cela : on en tient compte. En Russie , on promet la lune aux ouvriers, mais en fait on leur ôte le droit de
57 d’ailleurs bien plus élevé que celui des ouvriers russes . Il faut vraiment se boucher les yeux pour ne pas voir de quel côté l
58 Certes, mais là s’arrête la ressemblance. Car en Russie , l’État justifie ces scandales au nom de la dialectique marxiste : c’
59 ue pour l’Europe et le prétendu danger yankee. La Russie , qui vise à l’autarcie totalitaire sous la férule d’un parti unique,
60 s, enfin tire devant le tout un rideau de fer, la Russie est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas
61 En fait, il n’y a plus de choix possible. Car la Russie , en refusant de collaborer, en essayant de saboter le plan Marshall,
62 ’a d’autre but que de masquer ce fait brutal : la Russie ne veut pas d’une Europe forte, c’est-à-dire d’une Europe unie et aut
63 s pas dans le piège grossier que nous tendent les Russes  : c’est là son intérêt le mieux compris, d’un point de vue stratégiqu
64 est de la faire, donc de nous fédérer. Malgré les Russes et avec l’appui probable des démocrates américains. u. Rougemont
12 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
65 vicomte de Vogüé et d’autres condensent le roman russe , l’adaptent sans réplique au goût français, et le réduisent aux dimen