1
à Genève, eussent été un four aux États-Unis. En
Russie
, ils auraient été interdits. Personnellement, je regrette qu’aucun Ru
2
interdits. Personnellement, je regrette qu’aucun
Russe
n’ait répondu à notre invitation. Heureusement, nous avons eu Lukács,
3
maintenant quelles questions j’aurai à poser à la
Russie
. Je lui dirai : « Vous accusez les démocraties d’être purement formel
4
as complètement réalisées ; vous prétendez, vous,
Russie
, être une démocratie réelle. Et vous avez des camps de concentration,
5
issage de kilomètres, ces deux mesures de musique
russe
indéfiniment répétées, pour ne garder que le meilleur, le plus actif
6
l’action politique au lendemain de la révolution
russe
, puis sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute son é
7
’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de
Russie
, paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre deux gr
8
vacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique et la
Russie
. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autant plus vite qu’elle g
9
et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la
Russie
nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’étati
10
qu’exercent sur nous, par leur masse, le colosse
russe
et le colosse américain, et malgré toutes les tentations que représen
11
ar ses capitaux. Mais voici que l’Amérique et la
Russie
viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les capitaux, les
12
elles, dans leur partie active, regardent vers la
Russie
, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou
13
son ensemble, se contente d’un double refus de la
Russie
et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans
14
terland », pays des pères, mais l’Amérique, ou la
Russie
, ne serait-ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux
15
ique, le martyr. Tandis que le héros américain ou
russe
sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réuss
16
pposition créatrice, tandis que l’Américain et le
Russe
soviétique considèrent l’existence de l’opposition comme l’indice d’u
17
nt tout un approfondissement de la conscience. En
Russie
, je ne crois pas être injuste en affirmant que ces rencontres seraien
18
spontanés. Et je ne dis pas que l’Américain et le
Russe
n’aient quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je dis seuleme
19
ions sur table rase que l’Amérique, et surtout la
Russie
— ces deux grandes plaines d’un seul tenant — peuvent se permettre d’
20
st même probable, et c’est là mon espoir, que les
Russes
, comme les Américains, viendront s’enquérir auprès de nous des secret
21
Bombe. Et je veux dire : Si les États-Unis et la
Russie
ne s’entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y a plus de pr
22
ressent un avenir qui sera sans doute celui de la
Russie
soviétique et d’une partie de la jeunesse européenne. Essayons de le
23
elles m’ont paru cultiver le genre des nihilistes
russes
d’antan. La plupart sont trotskistes, ont lu Freud, ou en parlent. À
24
et qu’ils atteignent presque tous ici, quand les
Russes
ne font qu’en parler. Mais les intellectuels ? Ils n’ont de choix qu’
25
gne sous-marine bat son plein, Tobrouk tombe, les
Russes
reculent, les Japonais avancent encore. Mais j’ai pu annoncer le prem
26
ortée concrète ? Savoir d’abord les faits La
Russie
soviétique condamne les clowns, les existentialistes et l’adultère. Q
27
elle seule elle totalise plus d’habitants que la
Russie
et les États-Unis additionnés ! Ainsi la « drôle de paix » que nous v
28
re pauvretés continentales : manque de liberté en
Russie
, manque de bases spirituelles aux États-Unis, manque d’ordre politiqu
29
probablement la coalition des trois autres. Si la
Russie
pouvait prouver que son régime ménage autant de libertés que la démoc
30
lque consistance. Elle se maintient parce que les
Russes
sans elle resteraient enfermés dans les cloisons étanches de leur aut
31
seule chose qui inquiète les Américains, c’est la
Russie
. Avez-vous remarqué qu’il se développe ici une sorte d’hystérie antir
32
e ici une sorte d’hystérie antirusse ? Méfiance
russe
Et je pense à part moi : nous y voici. N’ai-je pas entendu répéter
33
ystérie antirusse, n’est autre que l’attitude des
Russes
sur le plan international. Einstein réfléchit un moment. — Il est évi
34
monter. Car la cause n’en est que trop claire. La
Russie
sait que, dans le jeu actuel, elle est le partenaire le plus faible.
35
qu’on cite partout, et qui serait nécessaire à la
Russie
pour fabriquer ses propres bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d
36
a Russie pour fabriquer ses propres bombes ? — La
Russie
peut avoir la bombe d’ici deux ans au moins. D’ici dix ans au plus. C
37
rideau de fer » s’explique par la peur qu’ont les
Russes
que l’on se renseigne sur l’état de leurs travaux atomiques ? — J’ai
38
explication plus simple du « rideau de fer ». Les
Russes
sont très pauvres. C’est pour cela qu’ils ont si peur des étrangers.
39
ait vraiment trop facile d’acheter des espions en
Russie
. L’indicateur y serait trop bon marché. — Selon vous, ils redoutent d
40
e qui domine la situation présente, c’est que les
Russes
se sentent et se savent les plus faibles, surtout par rapport aux Éta
41
de, sans l’URSS. — Vous entendez : en offrant aux
Russes
une invitation permanente à les rejoindre ? — Mieux que cela : cette
42
on n’aura plus besoin d’y garder des secrets. Les
Russes
pourront bien entretenir auprès d’elle autant d’observateurs qu’il le
43
mensuelles de la culture décrétées par Jdanov en
Russie
, proclame que « l’Amérique dégrade l’esprit ! » Le raisonnement, sur
44
s problèmes que pose la « culture des masses » en
Russie
comme en Amérique. Un communiste moins que tout autre a le droit d’ir
45
rrait que le plus court chemin de l’Amérique à la
Russie
ne passe plus par l’Europe, mais par le pôle. La radio, l’aviation, l
46
notre unité que sur nos ruines, par l’occupation
russe
, et dans les camps. À l’égard de l’Amérique notre refus, pour être be
47
neuf, plus souple et plus humain que la dictature
russe
, mais guéri de l’obsession de l’argent qui dénature les libertés amér
48
nnent dans le double refus de l’Amérique et de la
Russie
, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce
49
ce qui est la manière stalinienne de dire que la
Russie
ne veut pas la paix de l’Europe. Invités aux congrès fédéralistes, le
50
rre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la
Russie
, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, à re
51
et nous nous mîmes à parler de l’Amérique, de la
Russie
et de la bombe atomique. Avez-vous eu l’impression qu’Einstein se sen
52
même de la guerre qui se trouve posée. » Et de la
Russie
que pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plu
53
» Et de la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les
Russes
se savent et se sentent les plus faibles, surtout en face de l’Amériq
54
e et devrait s’attacher au plus vite soit au bloc
russe
soit au dollar américain. Mais les seconds proclament qu’ils ne chois
55
mpires, le contraste est encore plus frappant. En
Russie
, on liquide l’opposition, en Amérique elle est entièrement libre, et
56
libre, et mieux que cela : on en tient compte. En
Russie
, on promet la lune aux ouvriers, mais en fait on leur ôte le droit de
57
d’ailleurs bien plus élevé que celui des ouvriers
russes
. Il faut vraiment se boucher les yeux pour ne pas voir de quel côté l
58
Certes, mais là s’arrête la ressemblance. Car en
Russie
, l’État justifie ces scandales au nom de la dialectique marxiste : c’
59
ue pour l’Europe et le prétendu danger yankee. La
Russie
, qui vise à l’autarcie totalitaire sous la férule d’un parti unique,
60
s, enfin tire devant le tout un rideau de fer, la
Russie
est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas
61
En fait, il n’y a plus de choix possible. Car la
Russie
, en refusant de collaborer, en essayant de saboter le plan Marshall,
62
’a d’autre but que de masquer ce fait brutal : la
Russie
ne veut pas d’une Europe forte, c’est-à-dire d’une Europe unie et aut
63
s pas dans le piège grossier que nous tendent les
Russes
: c’est là son intérêt le mieux compris, d’un point de vue stratégiqu
64
est de la faire, donc de nous fédérer. Malgré les
Russes
et avec l’appui probable des démocrates américains. u. Rougemont
65
vicomte de Vogüé et d’autres condensent le roman
russe
, l’adaptent sans réplique au goût français, et le réduisent aux dimen