1
mère de presque tous nos arts. La musique est née
dans
le chœur des églises et des chapelles de couvents. La peinture et la
2
la sculpture se sont constituées sur les autels,
dans
les nefs, et autour des architectures sacrées. Nos premiers rythmes p
3
issantes au xxe siècle ont toutes pris le départ
dans
une polémique spécifiquement théologique. Le marxisme ne fait pas exc
4
Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le problème
dans
son ensemble ait été clairement posé ou étudié, ni par les docteurs d
5
aires. Et cependant comment en nier l’importance,
dans
un siècle où la littérature exerce sur le public cultivé un empire co
6
dis que la prédication chrétienne semble réduite,
dans
la cité, aux proportions d’un chuchotement intermittent ? L’ignorance
7
huchotement intermittent ? L’ignorance réciproque
dans
laquelle théologiens et écrivains se sont installés pour la plupart,
8
pal de formuler et de critiquer le dogme chrétien
dans
l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer
9
rsqu’elle s’en passe, les effets s’en font sentir
dans
l’Église même. Car le clergé et l’élite des fidèles ne sauraient écha
10
aire, comme il arrive qu’on en lise sous leur nom
dans
les revues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes r
11
de commune mesure entre le croyant et le lecteur
dans
un même homme. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était de soul
12
es symbolistes et les surréalistes ? T. S. Eliot,
dans
un livre trop court (After Strange Gods) a donné l’esquisse d’une étu
13
Gods) a donné l’esquisse d’une étude des hérésies
dans
la littérature moderne. Pour ma part, j’ai tenté de montrer comment l
14
tout et tant à dire sur la renaissance endémique,
dans
nos écoles d’avant-garde, des déviations les plus connues du mysticis
15
d’une conduite peu régulière, la confirmant ainsi
dans
sa persuasion que l’Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a r
16
s jeunes générations, en Europe, en Angleterre et
dans
les deux Amériques. Notons que si cette influence s’est montrée décis
17
ons que si cette influence s’est montrée décisive
dans
beaucoup de conversions, elle n’a pas eu pour effet (ou très rarement
18
ques. C’est que l’écrivain romantique croit voir
dans
les dogmes autant d’entraves à l’essor créateur, tandis que le classi
19
a colombe de Kant, s’imagine qu’il volerait mieux
dans
le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche un
20
rse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché
dans
la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses l
21
littérature en général trouve à se nourrir moins
dans
telle doctrine théologique régnante que dans l’atmosphère et l’ambian
22
oins dans telle doctrine théologique régnante que
dans
l’atmosphère et l’ambiance de controverses théologiques mêlées à des
23
iques. Exemples : La poésie des troubadours, née
dans
la seconde partie du xiie siècle, en plein conflit entre cathares et
24
lit significatif des théologiens et des écrivains
dans
une nation donnée. Je me bornerai à citer ici l’exemple de l’Église
25
es depuis près de quatre siècles, et dont le rôle
dans
l’histoire des lettres anglaises s’avère capital, de John Donne à T.
26
trahit peut-être une certaine absence de l’Esprit
dans
la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet po
27
e contredisent, et l’un ruine l’autre secrètement
dans
l’esprit du lecteur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que tout
28
quelques jeunes théologiens à pousser plus avant
dans
un domaine que j’espérais simplement désigner. b. Rougemont Denis
29
broisie, pour les faire goûter aux mortels. Puis,
dans
l’idée de défier l’Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué
30
ner qu’il n’est qu’une double réfraction du crime
dans
l’ordre humain. Parce qu’il a convoité la nourriture des dieux, Tanta
31
le du commun des hommes. Sa jalousie se réfléchit
dans
la frustration du désir. Et son défi au Ciel, ayant failli, s’inverse
32
mple, et comme automatique. C’est autant dire que
dans
le monde païen, l’homme reste seul avec lui-même et se ferme aux inte
33
eux » n’étant, en fait, que ses propres limites.)
Dans
l’histoire du supplice de Tantale, cet automatisme est si sûr qu’il a
34
antastiques en apparence. Je vois Tantale soutenu
dans
la rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’
35
ice et son délire. À l’instant même, il s’enfonce
dans
les eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’est préciséme
36
sément ce qui n’arrive jamais, et ne peut arriver
dans
le Tartare. Tantale, ne croyant pas à la résurrection, ni au pardon,
37
l’Homme du Désir, Tantale symboliquement réduit,
dans
la légende, à sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui,
38
im, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui,
dans
chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’avoir été mille e
39
u don reçu. Ou encore : un être nouveau surgirait
dans
l’instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans
40
on, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et
dans
la logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances
41
lan spirituel, et transposons le mythe de Tantale
dans
un monde où l’instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie
42
ul1, une histoire étrangement parabolique et qui,
dans
le registre de l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais
43
saie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant
dans
les livres. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout l’or du mond
44
il rit, « c’est par pure plaisanterie, et non pas
dans
une intention plus sérieuse. » L’inspecteur ouvre de gros yeux fixes,
45
iraculeuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste
dans
l’acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruit
46
ore à refouler cette larme, qui pouvait seule, et
dans
un seul instant, mériter la joie éternelle. 1. Dans les Flegeljahre
47
un seul instant, mériter la joie éternelle. 1.
Dans
les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de, « Le supplice de Tantale »,
48
es Bernanos, tous deux ne s’étant pas trop égarés
dans
les mots en urne, ayant appelé un chat un chat et provoqué dans la sa
49
en urne, ayant appelé un chat un chat et provoqué
dans
la salle des mouvements divers, comme on dit. C’est comme cela qu’exi
50
t. C’est comme cela qu’existe l’esprit européen :
dans
la libre discussion, nous confie Denis de Rougemont. La liberté d’opp
51
’opinion. Pas l’Européen. L’Européen se retranche
dans
ses convictions et pense que l’adversaire est méchant, puisqu’il ne p
52
e Rougemont, que je passe pour un homme de gauche
dans
les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de ga
53
s les partis de droite et pour un homme de droite
dans
les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre un parti. Je s
54
aire de Carson McCullers (1947)k Je ne connais
dans
tout New York qu’une seule vraie terrasse de café, celle du Brevoort,
55
jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule
dans
la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui
56
Hunter. Un peu plus tard je la revis à Brooklyn,
dans
une sombre maison de quatre étages où m’avait amené Golo, le plus jeu
57
t, on composait, on sculptait, on jouait du piano
dans
toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait po
58
, seul centre de pensée et d’art que j’aie trouvé
dans
une grande ville de ce pays. Et puis leur nomadisme habituel les a re
59
terre ou en Californie, et Carson McCullers était
dans
une clinique. Un jour je la rencontre dans un train venant du Sud, en
60
était dans une clinique. Un jour je la rencontre
dans
un train venant du Sud, en route pour une maison de vacances d’écriva
61
Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée
dans
le symbolisme ambigu des caractères particuliers, des sensations, des
62
age se poursuivent, se rapprochent et se manquent
dans
une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouvement même de la
63
ne fille pauvre de 15 ans, qui cherche la musique
dans
sa petite ville, et repère une à une les maisons où la radio choisit
64
mphonies qu’elle aime. Le soir, elle va s’asseoir
dans
une cour obscure et elle écoute. Puis elle essaie de composer elle-mê
65
se cherchent, se rencontrent une seule fois, mais
dans
une dissonance douloureuse, puis s’éloignent et l’une après l’autre s
66
s l’autre se brisent ou se perdent inexorablement
dans
la rumeur informe de la vie quotidienne. Une longue suite d’incidents
67
e (comme la promenade de Baby) qui finissent tous
dans
un geste mortel, coupant, atroce. Est-ce que le sujet serait la solit
68
s dire après coup que j’aurais dû trouver une clé
dans
cette lettre d’un sourd-muet à son ami devenu fou, qu’on va lire aux
69
interviewer : — Il n’y a pas d’histoires d’amour,
dans
ce roman. Elle me regarde étonnée, presque indignée : — Il n’y a que
70
McCullers, Le Cœur est un chasseur solitaire »,
dans
Le Cœur est un chasseur solitaire, Paris, Stock, 1947, p. I-V.
71
ieusement mêlés au peuple souverain de la région,
dans
cette égalité scolaire que créent en Suisse les bancs de bois peints
72
ois jaune clair. On s’attendait à être interrogé,
dans
les trois langues nationales. À mi-chemin entre l’instituteur et le g
73
que le monde est une jungle atomique, l’humanité
dans
sa très grande majorité une espèce animale désordonnée, lubrique, rap
74
les étrangers sensibles lorsqu’ils prennent place
dans
nos trains locaux ? L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne
75
l’été dernier, punaisé près de la porte du balcon
dans
une chambre d’hôtel des bords du lac Léman : Afin d’éviter tout brui
76
uettes. C’était l’été des expériences de Bikini.
Dans
les secondes règne la gravité du commerce et de l’industrie. L’authen
77
en qu’il a l’habitude. On dirait qu’il s’installe
dans
son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa ser
78
au, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée
dans
sa serviette de cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à pr
79
de supplément parce qu’il n’y avait plus de place
dans
les troisièmes : ils ont l’air trop contents d’être là, on les refoul
80
une lucidité sans recours. Vous prenez cette amie
dans
vos bras, vous ne trouvez à dire que des phrases banales : « Viens ic
81
. Ainsi j’ai retrouvé l’Europe. Sur son visage et
dans
son expression certains traits accusés et tendus, mais aussi une cert
82
puis j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle
dans
le monde. Enfin, j’ai hâte de lui demander : « Et maintenant, qu’allo
83
et ses séides ont été battus et sont morts, mais
dans
la lutte, ils ont marqué leurs adversaires d’une empreinte qui vaut u
84
tout. Mais, si la brute se jette soudain sur lui,
dans
le corps à corps qui s’ensuit, vous ne distinguez plus deux points de
85
ale de l’existence. Hitler battu, son corps brûlé
dans
le pétrole, que reste-t-il ? À peu près tout cela — moins Hitler. Mai
86
face de nous, ressurgit aujourd’hui chez nous et
dans
nos mœurs — avec moins de virulence, peut-être, c’est-à-dire d’une ma
87
d’Engels puis de Nietzsche, pratiquement appuyée
dans
le même temps et dans des masses élargies par les effets du capitalis
88
zsche, pratiquement appuyée dans le même temps et
dans
des masses élargies par les effets du capitalisme et par l’esprit bou
89
ces philosophes, cependant, combattaient, passée
dans
notre siècle à l’action politique au lendemain de la révolution russe
90
is sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin
dans
toute son étendue réelle, sous nos yeux. On doit considérer comme liq
91
même de droite comme hier, il est de gauche, ou «
dans
la ligne », il se range au nouveau conformisme. Dans telles grandes c
92
s la ligne », il se range au nouveau conformisme.
Dans
telles grandes capitales d’Europe, on voit des écrivains et des savan
93
résistant ne me contredira. Des habitudes prises
dans
la lutte clandestine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les me
94
des vainqueurs. L’antisémitisme fait rage jusque
dans
les provinces où, depuis le Moyen Âge, on avait oublié qu’il y eût un
95
tte impuissance pratique à inscrire leurs pensées
dans
des actes, beaucoup d’intellectuels s’inscrivent dans un parti et c’e
96
des actes, beaucoup d’intellectuels s’inscrivent
dans
un parti et c’est là ce qu’ils appellent s’engager. Mais c’est en fai
97
e ou un insigne. Et cependant, s’il se tient seul
dans
l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de
98
puissance à y parer n’ont pas manqué de provoquer
dans
les élites demeurées libérales une crise de pessimisme et de mauvaise
99
léry et Huizinga, se soit généralement substituée
dans
nos esprits à l’idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pre
100
s subjectifs : c’est que la situation de l’Europe
dans
le monde s’est modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depu
101
’elle n’était. D’où l’effet de choc que produisit
dans
nos esprits, au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Val
102
la force aux dépens de la coutume, qui triomphent
dans
l’empire des Soviets. Comme aussi le respect de la science appliquée
103
ussi le respect de la science appliquée qui régit
dans
ces deux pays l’éducation de l’enfant et l’eugénique, l’alimentation,
104
lement démesurés. Essayons d’évaluer nos chances,
dans
l’état de résistance morale diminuée où vient de nous laisser la guer
105
et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela
dans
l’espace de trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que
106
yse sociologique assez grossière suffit à révéler
dans
tout le continent une sorte de clivage et un double tropisme. Les mas
107
et un double tropisme. Les masses industrielles,
dans
leur partie active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’
108
s actifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie,
dans
son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amér
109
e beaucoup de ses habitants espèrent ailleurs, et
dans
deux directions opposées. Je le répète, nos chances paraissent très
110
Je le répète, nos chances paraissent très faibles
dans
l’ensemble, malgré les illusions de santé et de durée que peuvent ent
111
e santé et de durée que peuvent entretenir encore
dans
nos vies certains îlots d’inconscience routinière, et l’image rassura
112
le moment de nous demander très sérieusement si,
dans
cette conjoncture plus que défavorable, il est bien légitime de s’obs
113
ar goût — soviétisée — ce serait par contrainte —
dans
les deux cas colonisée. Un musée ou une colonie… autant dire : une Eu
114
stions une réponse évidente et simple. Elle tient
dans
un très petit mot, vague et poignant : c’est le mot « âme ». L’Europe
115
serve. Mais si maintenant nous regardons l’Europe
dans
le monde, ce changement de point de vue va nous faire voir une très s
116
découverte d’un sens, d’une signification, fût-ce
dans
le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconsc
117
ion, fût-ce dans le malheur de la passion, fût-ce
dans
l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et nous à la conscienc
118
iste au plus haut point comme entité spirituelle,
dans
les diversités qui s’expriment ici, à Genève, dans notre rencontre. A
119
ans les diversités qui s’expriment ici, à Genève,
dans
notre rencontre. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et de ces d
120
’homme dialectique par excellence. Nous le voyons
dans
ses plus purs modèles, crucifié entre ces contraires qu’il a d’ailleu
121
s termes. Mais il entend les assumer et consister
dans
leur tension, en équilibre toujours menacé, en agonie perpétuelle. Ce
122
utions à sa mesure, à hauteur d’homme, traduisant
dans
la vie de la culture, comme dans les structures politiques, les mêmes
123
omme, traduisant dans la vie de la culture, comme
dans
les structures politiques, les mêmes tensions fondamentales, je les n
124
uvre béante devant moi, la tentation de me lancer
dans
une série de définitions philosophiques de ces deux termes : la perso
125
pe. Ce sera peut-être un bon moyen de les définir
dans
l’actuel. Sauver l’Europe — c’est simple à dire vraiment — sauver l’E
126
s causes, nous allons les retrouver, précisément,
dans
cette même agonie permanente dont on vient de voir qu’elle est la con
127
vocation d’une part, et d’autre part l’engagement
dans
les réalités sociales. C’est un combat. Mais voici le paradoxe : dès
128
s requins capitalistes du dernier siècle, il crée
dans
la cité une anarchie. Cette anarchie ne tarde pas à provoquer une réa
129
fait la bête et voici qu’on l’enferme aujourd’hui
dans
la cage du parti ou de l’État. À vrai dire, il ne l’a pas volé. Le bo
130
olé. Le bon moyen d’éviter ces excès d’engagement
dans
le Parti, d’oppression par l’État, ce n’est pas du tout de prêcher ce
131
ce et constamment critique. Et je ne dis pas cela
dans
l’abstrait ; j’ai en vue des exemples précis. Appelons totalitaire, o
132
ui excite en eux la volonté morbide de s’enfermer
dans
leur différence essentielle. Cet impérialisme intérieur ne manque jam
133
je ne le répéterai jamais assez, qu’il faut voir
dans
le nationalisme la maladie européenne, l’anti-Europe par excellence.
134
are le nationalisme à une espèce de court-circuit
dans
la tension normale qu’il s’agit de maintenir entre le particulier et
135
ortent la conscience de cette Europe, m’apparaît,
dans
un double office de vigilance et d’invention. Le trésor de l’Europe,
136
paix et seules capables de sauvegarder la liberté
dans
l’ordre. Après tout, c’est l’Europe qui a sécrété ce contagieux natio
137
u’il ne soit pas utopique d’envisager sa fonction
dans
le monde, son avenir et le nôtre en elle ? Pour ma part, j’entretiens
138
pourrez plus gravir les escaliers ni vous asseoir
dans
les fauteuils… » Ma troisième raison d’espérer, ce sont les crises q
139
d’espérer, ce sont les crises qu’il faut prévoir
dans
les deux empires du succès. Leurs plans, en effet, sont fondés sur un
140
— surtout de gauche, et l’imprévu de l’invention
dans
les arts ou de la découverte dans les sciences, et l’insouciance et l
141
de l’invention dans les arts ou de la découverte
dans
les sciences, et l’insouciance et l’inquiétude, et l’humour et l’espr
142
ui les gêne le plus n’est pas simplement l’homme,
dans
son humanité rebelle aux chiffres, l’homme en soi — l’éternel résista
143
ux documents des races humaines, et non seulement
dans
les musées et bibliothèques mais dans les mœurs et les coutumes aussi
144
n seulement dans les musées et bibliothèques mais
dans
les mœurs et les coutumes aussi, dans les habitudes du langage et dan
145
hèques mais dans les mœurs et les coutumes aussi,
dans
les habitudes du langage et dans l’intimité des relations humaines. V
146
coutumes aussi, dans les habitudes du langage et
dans
l’intimité des relations humaines. Voilà pourquoi l’Europe a toutes l
147
t ici, la question de l’avenir du monde se résume
dans
ce simple dilemme : la Planète unie ou la Bombe. Et je veux dire : Si
148
Il n’y a de paix et donc d’avenir imaginable que
dans
l’effort pour instaurer un vrai gouvernement mondial. Et le monde, po
149
ècle, et qui se posaient en termes intraduisibles
dans
les catégories théologiques traditionnelles. Quant aux fidèles, ils a
150
a-t-on ? » ; les catholiques modernes répondaient
dans
l’ensemble : « Avec du sucre ! ». Remarque hélas valable pour bien d’
151
pouvoir tolérer ; qu’il a été abattu finalement,
dans
ses formes déclarées et spectaculaires tout au moins ; et que son élé
152
l’époque de la défensive est terminée pour elles,
dans
notre temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilemme très net
153
eussent été contraintes de subir en se rendant. (
Dans
ce « presque » est la différence entre honneur et honte, vie et mort.
154
eur faiblesse, formulent des doctrines nihilistes
dans
un jargon philosophique qui les rend pour le moins inoffensives. Deva
155
En d’autres termes, les Églises ne trouvent plus
dans
le monde des doctrines hostiles, mais un vide doctrinal sans précéden
156
rche à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant
dans
l’Église, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la misère du t
157
r sa position méfiante et arriérée — académique —
dans
les arts sacrés comme vis-à-vis de la culture vivante, laissant celle
158
es de la vie. 4° Que l’Église affirme avec force,
dans
le domaine politique, la Transcendance de son chef, contre tous les a
159
cuménique revêt une importance politique capitale
dans
notre siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dan
160
l peut offrir le modèle même d’une union mondiale
dans
le respect des diversités nationales. Que dis-je, il peut ! Il le doi
161
nt François d’Assise ; par des gens de peu réunis
dans
une chambre ; par des mystiques qui n’auront l’air de rien ; par des
162
t public et diurne. Cette petite nouvelle, parue
dans
le respectable New York Times au mois d’avril 1946, exprime avec un g
163
e, et que vous tentez de formuler ce qu’il évoque
dans
votre esprit comme type de civilisation, j’imagine que vos conclusion
164
le phénomène que nous nommons passion. J’écrivais
dans
un livre récent : Rien de plus rare qu’une passion véritable, car el
165
t du bonheur… L’amour-passion ne peut exister que
dans
une civilisation marquée par la croyance en la valeur unique de chaqu
166
nheur est le but de la vie : n’est-ce point écrit
dans
sa Constitution ? Son attitude vis-à-vis de la passion est peut-être
167
erait bien d’y renoncer. Si quelque drame se noue
dans
sa vie, malgré lui, il n’a de cesse qu’il n’en sorte au plus vite, pa
168
poser une telle croyance. Nul n’est irremplaçable
dans
un monde aussi vaste, et où les déplacements sont si faciles. Au vrai
169
iles. Au vrai, l’amour-passion ne saurait exister
dans
une civilisation qui n’accorde à l’échec nulle dignité spirituelle, e
170
. Du matriarcat, du mariage et des « moms »
Dans
un tel monde, il ne subsiste que deux solutions praticables : le mari
171
se sent responsable et autonome (ou un peu plus)
dans
cette ardeur inextinguible qui la possède de perfectionner tout ce qu
172
n de son foyer ; car elle règne, tout simplement,
dans
toute la vie, et le foyer n’est qu’une partie de ses domaines. Il s’a
173
de ses machines. Si ces dernières se multiplient
dans
une cuisine et un sous-sol américain, c’est justement pour libérer la
174
maintenant le couple américain au restaurant, ou
dans
un train. Vous verrez une femme très soignée — son ménage simplifié l
175
sait ce qu’on lui doit. Comme elle est installée
dans
la vie ! Elle s’y avance avec l’autorité, souvent polie, mais parfois
176
domination de la femme ne s’observe pas seulement
dans
la vie quotidienne d’un ménage ou d’une rue citadine. Elle s’enracine
177
d’une rue citadine. Elle s’enracine profondément
dans
la psychologie et dans l’économie américaine. On assure que les femme
178
le s’enracine profondément dans la psychologie et
dans
l’économie américaine. On assure que les femmes possèdent le 75 % de
179
e d’une civilisation qui tend vers le matriarcat,
dans
la mesure où les facteurs économiques la déterminent. Mais c’est dans
180
s facteurs économiques la déterminent. Mais c’est
dans
la psychologie de la famille américaine que le statut royal de la fem
181
es vraiment profondes. Et cette psychologie tient
dans
un mot, dans moins qu’un mot, dans l’abréviation familière pour Maman
182
rofondes. Et cette psychologie tient dans un mot,
dans
moins qu’un mot, dans l’abréviation familière pour Maman, que soupire
183
chologie tient dans un mot, dans moins qu’un mot,
dans
l’abréviation familière pour Maman, que soupire le GI loin du foyer,
184
ière pour Maman, que soupire le GI loin du foyer,
dans
ces trois lettres fatidiques qui sont le secret de millions de drames
185
iaux, sexuels et psychiques : MOM. Philip Wylie,
dans
un livre rageur intitulé Génération de Vipères, a seul osé dénoncer l
186
cat américain. MOM est partout, elle est tout et
dans
tous, et d’elle dépend le reste des États-Unis. Déguisée en bonne vie
187
libérée des travaux qui la maintiennent ailleurs
dans
les limites de l’activité domestique, a créé le Women’s Club et cent-
188
ur la mère dévorante. Sans nul doute faut-il voir
dans
ce mythe de la Mère la tragédie secrète d’une civilisation qui produi
189
me ou non, et plus d’alcooliques qu’aucune autre.
Dans
la femme qu’il épouse, le jeune Américain, inconsciemment, cherche la
190
Au culte qu’il est censé lui rendre, elle répond
dans
le meilleur des cas par cette espèce de loyauté que le suzerain jadis
191
ue l’homme attend d’elle. Frustrée sans le savoir
dans
sa féminité, elle se révolte contre sa condition, fait de nécessité v
192
e du mal et victime peu consciente, il se réfugie
dans
son club ou parmi les copains du bar voisin. La journée d’un couple b
193
du bar voisin. La journée d’un couple bourgeois,
dans
une grande ville américaine, ménage peu de contacts entre mari et fem
194
gues en vingt minutes, près de son bureau ; elle,
dans
un restaurant où des centaines de femmes, par tablées, composent aux
195
ées, composent aux yeux de l’étranger qui s’égare
dans
ce lieu réservé, le spectacle le plus inquiétant du Nouveau Monde : c
196
tués à voir des hommes en masses, à la caserne ou
dans
une réunion publique (et les femmes s’approchent volontiers), mais il
197
t pas seulement pour un Européen, je m’en assure)
dans
un rassemblement de femmes d’âge moyen, non dépourvues de prétentions
198
s sortent ensemble. Et le reste, souvent, se perd
dans
les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’Amérique n’avait qu’un
199
e couche les enfants, et tous les repas sont pris
dans
la petite cuisine blanche, parfois ornée d’un bar, toujours d’un frig
200
— où l’homme joue le rôle de la machine numéro un
dans
la maison — soient ceux qui offrent le plus de garanties contre le di
201
sent qu’aux États-Unis l’on divorce davantage que
dans
tout autre pays du monde, Suisse comprise. Mais ce que les statistiqu
202
par les étranges législations qui règnent encore
dans
maint État de l’Union. Ainsi dans l’État de New York, la seule cause
203
règnent encore dans maint État de l’Union. Ainsi
dans
l’État de New York, la seule cause admise de divorce est le flagrant
204
ne odieuse mise en scène « légalement constatée »
dans
une chambre d’hôtel. Le seul recours est donc le voyage de Reno, comé
205
our son intention bien arrêtée de vivre désormais
dans
le Nevada. Il y reste six semaines, à l’hôtel, est alors déclaré rési
206
oit être envisagée très sérieusement. Chaque jour
dans
les courriers mondains annonçant les mariages de la classe riche, vou
207
La loufoquerie américaine se donne libre carrière
dans
ce domaine, comme si elle excusait tout parce qu’elle amuse. Vous pen
208
ats. L’hygiène morale de l’Amérique ne tolère pas
dans
un foyer les miasmes d’une situation irrégulière, et ne laisse pas le
209
eterre de la Réforme calvinienne, et transplantée
dans
toute sa virulence en Amérique, détermine de nos jours encore les mœu
210
les réactions qu’elle provoque une fois refoulée
dans
l’inconscient de la plus composite des collectivités. L’élément purit
211
me atténuée de l’American way of life, à l’école,
dans
la presse, au cinéma, au cours du soir pour étrangers récemment natur
212
s n’aillent se former des complexes… Et pourtant,
dans
cette liberté, qui entraîne une grande licence des mœurs chez les jeu
213
ré et de raffinements casuistiques, de conscience
dans
le mal et de plaisir au drame qui, chez nous, pervertit la vie sexuel
214
llement à l’action des tabous puritains, refoulés
dans
l’inconscient, et qui se vengent. Les statistiques de crimes sadiques
215
ntent follement de l’exciter tout en le contenant
dans
de « justes » limites, fixées par le Comité Hays, — le jeune Américai
216
rop faiblement ce terme courant en Amérique, même
dans
la bouche des prédicateurs qui le dénoncent. 5. Sauf dans le domaine
217
ouche des prédicateurs qui le dénoncent. 5. Sauf
dans
le domaine intellectuel, où l’on pourrait fort bien soutenir la thèse
218
. — J’ai enfin découvert un « milieu littéraire »
dans
ce pays. Et ce n’était pas une terrasse de café, ni l’antichambre d’u
219
de vingt à quarante ans dont je retrouve les noms
dans
les petites revues de l’avant-garde américaine. Peu de gaieté bruyant
220
commercial. Les meilleurs se voient donc relégués
dans
une opposition sans portée politique, spectateurs irrités de la vie a
221
en au contraire, de rechercher surtout la « vie »
dans
leurs écrits, avec une sorte de nostalgie à la Lawrence. Ils jugent e
222
t jugent mundane ou irresponsible celui qui évite
dans
ses écrits les mots en isme, et le langage technique des ismes réputé
223
fragments de mon Journal d’Allemagne ayant paru
dans
une revue de New York, Upton Sinclair du fond de la Californie alerte
224
r… N’est-ce pas cela, le vrai danger totalitaire,
dans
un pays où l’opinion gouverne ? La vraie Cinquième Colonne, dans nos
225
l’opinion gouverne ? La vraie Cinquième Colonne,
dans
nos démocraties, je vous le dis, c’est la paresse d’esprit ! 27 janvi
226
l mène campagne pour l’intervention de l’Amérique
dans
le conflit. Une petite revue virulente et dense, Christianity and Cri
227
l’inertie des Églises, demeurées isolationnistes
dans
leur grande majorité. La situation ne m’apparaît pas simple. Si les É
228
ui. Cambridge (Mass.), 18 avril 1941 Quinze jours
dans
ce refuge de l’esprit, l’Université de Harvard, au milieu de la petit
229
n faubourg de Boston. Le premier soir en arrivant
dans
ce logis pour étudiants où un ami me prêtait sa chambrette, je trouve
230
lques réfugiés. L’après-midi, on m’emmène en auto
dans
la campagne, vers les petits lacs secrets de New Hampshire, perdus da
231
les petits lacs secrets de New Hampshire, perdus
dans
les forêts de bouleaux ; à Concord où j’ai vu la maison d’Emerson, se
232
n d’Emerson, ses chapeaux et ses cannes accrochés
dans
le hall, la chambre de Thoreau avec son lit qu’il avait fabriqué lui-
233
d’étudiants. « Génie » n’est pas un éloge excité,
dans
leur bouche : cela se mesure et cela se définit par des signes certai
234
fois qu’elles fassent un pas de trop, et tombent
dans
le vide, pour peu que leur lecture les passionne. Mercredi des Cendre
235
’essayais de m’y mettre7. Mais je fuyais partout,
dans
la rue, dans le monde, au cinéma, sous le moindre prétexte. À deux he
236
m’y mettre7. Mais je fuyais partout, dans la rue,
dans
le monde, au cinéma, sous le moindre prétexte. À deux heures aujourd’
237
r chez des amis après le dîner. J’entre au hasard
dans
un petit restaurant, au bas de Madison Avenue. La salle étroite et pr
238
à demi et rient. J’ai fui. Pas d’autre restaurant
dans
ce quartier. Je suis monté sans dîner chez mes amis. Je n’en ai pas d
239
r chez mes amis. Je n’en ai pas de plus charmants
dans
toute la ville, et je les ai vus presque chaque jour le mois dernier.
240
ire, en général, quand on se trouve à six ou huit
dans
un salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de toute la nuit
241
nonnes ne sortent plus, ou sont peut-être tombées
dans
la cour. Des gouttes chargées de suie s’écrasent sur mon papier, la v
242
t un jeune homme devant le vieux prêtre anglican,
dans
une crypte de pierre nue. Exorciser en moi la part du diable, celle q
243
r. 16 avril 1942, 11 West, 52 th Street Emménagé
dans
une belle chambre blanche, vaste et carrée. Je me sens rendu au monde
244
s vitrines différemment selon qu’on a de l’argent
dans
sa poche ou non ! D’abord, on ne regarde pas les mêmes. Ou dans la mê
245
ou non ! D’abord, on ne regarde pas les mêmes. Ou
dans
la même, on ne voit pas les mêmes objets. Et comme le monde est une v
246
copie devant le micro. Cependant que s’affairent
dans
la grande salle centrale d’anciens collaborateurs des Nouvelles litt
247
à régir, et le beau nom du sacerdoce à restaurer
dans
une atmosphère orageuse ! Mais l’Amérique n’est pas son fort. Il y ti
248
. Celle par exemple qui devrait durer trois jours
dans
une vaste demeure aux portes condamnées, où chaque invité amènerait u
249
us étant costumés et masqués, les propos échangés
dans
un style rigoureusement pSt. J. Perserescrit , les heures réglées, le
250
heures réglées, le moindre indice de relâchement
dans
l’attitude ou le langage entraînant des sanctions immédiates. Rendre
251
ique… C’est un rêve de compensation, si l’on voit
dans
quel cadre nous sommes en train de causer. Trente machines à écrire d
252
mmes en train de causer. Trente machines à écrire
dans
cette salle, en contrepoint avec deux télétypes, visières vertes aux
253
sse Julien Green, il apporte son texte sur la vie
dans
les camps d’entraînement. Il a trouvé le moyen de se rendre plus invi
254
ent priés de passer au studio 16 pour l’émission.
Dans
cinq minutes, au fond d’une campagne française — ce sera déjà la nuit
255
et demie. L’équipe de nuit s’installe sans bruit
dans
les bureaux presque déserts. Téléphone de Bernstein, il voudrait bien
256
pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer
dans
la nuit. À deux heures du matin, si tout a bien marché, je monterai c
257
l se refusait à l’interview. À Washington, il vit
dans
deux petites pièces banales, accueillant un à un, mais longuement, le
258
e bref loisir pour reprendre mon diable abandonné
dans
un tiroir depuis des mois, et pour en récrire deux chapitres (sur « l
259
r plus conscient que celui de l’enfance retrouvée
dans
une vacance où le travail lui-même est jeu. Tous les prétextes que le
260
Résistance que la situation se redresse lentement
dans
le Pacifique : car cela signifie pratiquement un peu plus de bateaux
261
is côtés par des lagunes sinueuses qui s’avancent
dans
un paysage de forêts et d’îles tropicales. « Je voulais une cabane et
262
écrié Tonio bourru, en pénétrant le premier soir
dans
le hall. Maintenant, on ne saurait plus le faire sortir de Bevin Hous
263
qui me paraît ce qu’il a fait de plus beau. Tard
dans
la nuit je me retire épuisé (je dois rentrer pour neuf heures à New Y
264
our neuf heures à New York), mais il vient encore
dans
ma chambre fumer des cigarettes et discuter le coup avec une rigueur
265
ent en vue d’une transmission directe à la radio.
Dans
les deux cas, les exigences sont les mêmes. Et elles impliquent le re
266
à plat, à la radio font parasites. Il faut sauter
dans
le vif d’un sujet, sans précautions de langage ni fausse humilité. Pu
267
éférence à des modèles anciens. (Que de pastiches
dans
nos lettres modernes !) Bien écrire, c’est régler ses moyens sur la f
268
n les cas. Que serait-ce d’être un grand écrivain
dans
une langue morte ? Ou dans une langue parlée seulement par une petite
269
être un grand écrivain dans une langue morte ? Ou
dans
une langue parlée seulement par une petite peuplade dispersée ? Or un
270
çaise moderne, la meilleure justement, s’est mise
dans
ce cas. Défaut commun à presque tous nos bons auteurs français contem
271
Et c’est le signe de la gloire moderne.) Il entre
dans
le domaine public, dans la banalité au sens propre du terme (ce qui e
272
gloire moderne.) Il entre dans le domaine public,
dans
la banalité au sens propre du terme (ce qui est à tous, comme on le d
273
ant cinquante ans.) Bevin House, fin octobre 1942
Dans
cette maison d’il y a longtemps, semblable à celles de mon enfance, e
274
Que fais-je ici, que rejoindre ma vie, pas à pas
dans
les bois solitaires ? Il se peut qu’on m’envoie bientôt en Afrique du
275
nous étions en exil, et les uns comme les autres
dans
l’inaccepté, dans la dépossession profonde, dans une mise en question
276
il, et les uns comme les autres dans l’inaccepté,
dans
la dépossession profonde, dans une mise en question générale au pire
277
dans l’inaccepté, dans la dépossession profonde,
dans
une mise en question générale au pire moment, à l’heure de moindre ré
278
le même langage au jour de ce retour en France, —
dans
quelle France, et dans quelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion
279
de ce retour en France, — dans quelle France, et
dans
quelle Europe ? Nous étions soumis à l’érosion de l’exil, moins bruta
280
urtant tout ce qu’il restait à défendre par nous,
dans
l’exil… 6. Quartier du bas de la ville où habitent beaucoup d’écri
281
qui devait paraître à New York à la fin de 1942,
dans
une première version. La seconde version, élargie, date de 1944. 8.
282
e roman américain (7 juin 1947)m Je ne connais
dans
tout New York qu’une seule vraie terrasse de café, celle du Brevoort,
283
jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule
dans
la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui
284
itaire). Un peu plus tard je la revis à Brooklyn,
dans
une sombre maison de quatre étages où m’avait amené Golo, le plus jeu
285
t, on composait, on sculptait, on jouait du piano
dans
toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait po
286
, seul centre de pensée et d’art que j’aie trouvé
dans
une grande ville de ce pays. ⁂ Et puis leur nomadisme habituel les a
287
terre ou en Californie, et Carson McCullers était
dans
une clinique. Un jour je la rencontre dans un train venant du Sud, en
288
était dans une clinique. Un jour je la rencontre
dans
un train venant du Sud, en route pour une maison de vacances d’écriva
289
Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée
dans
le symbolisme ambigu des caractères particuliers, des sensations, des
290
age se poursuivent, se rapprochent et se manquent
dans
une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouvement même de la
291
(7 juin 1947)l Nouvelles du monde chaque matin
dans
l’excitante confusion d’un grand journal américain : la juxtaposition
292
eu près les mêmes rapports avec l’état des forces
dans
le monde qu’un combat de coqs avec le problème de la bombe. Et tout c
293
tement naturel que nos discussions se passionnent
dans
la mesure où elles s’allègent d’une quantité d’informations encore pl
294
e politique pratique, sérieuse et efficace, sinon
dans
le cadre planétaire. Hitler et le Japon l’ont démontré par leur échec
295
un écrivain comique, un journal libre, une phrase
dans
le discours de quelque Américain, un diplomate qui prend l’air à sa f
296
ons de ses sujets n’avait trahi tant d’insécurité
dans
ses réactions extérieures, tant de nervosité à l’égard de la critique
297
s principes de son way of life, qui se confondent
dans
son esprit avec la santé même du genre humain, le bon sens et la démo
298
bre. Si l’Amérique sentait son idéal mieux assuré
dans
ses propres foyers elle serait tentée d’abuser de ses avantages actue
299
rce que les Russes sans elle resteraient enfermés
dans
les cloisons étanches de leur autarcie politique ; parce que l’Europe
300
que l’Europe sans elle s’enfoncerait encore plus
dans
sa névrose de scepticisme et de retrait. Elle se renforcera au cours
301
ougemont Denis de, « Drôle de paix », Une Semaine
dans
le monde, Paris, 7 juin 1947, p. 1 et 6.
302
préparent à porter le titre de docteur et vivent
dans
des châteaux néo-gothiques pleins de salles de bains : c’est l’une de
303
, Albert Einstein. Je suis allé lui rendre visite
dans
une maison de bois jaune entourée de gazon, de fleurs et d’arbres ple
304
ées d’urgence des recherches sur l’arme atomique.
Dans
cette petite maison naquit le nouvel âge. Le voici soudain devant moi
305
e le trouve plutôt petit, massif, la tête rentrée
dans
des épaules épaisses. Il porte un chandail bleu très ample, un pantal
306
use n’en est que trop claire. La Russie sait que,
dans
le jeu actuel, elle est le partenaire le plus faible. Elle s’oppose d
307
e les autres proposent. Elle soupçonne une menace
dans
chacun de nos mouvements. C’est fatal. Et cela durera tant qu’elle no
308
sujet de n’importe quoi qui se passe aujourd’hui
dans
leurs frontières. Je vous le répète, ce qui domine la situation prése
309
» et le monde… La nuit est venue. Nous passons
dans
un petit salon bien bourgeois, bien en ordre. Voici le piano sur lequ
310
e qu’il a contribué plus que nul autre à susciter
dans
notre siècle ? Je tourne autour de la question. Mais soudain, Einstei
311
la machine militaire restera prête à fonctionner
dans
tous les grands pays, les plans de ce genre seront sans efficacité. C
312
ée de conférences sur la Suisse. J’y allais aussi
dans
l’intention de faire jouer mon oratorio Nicolas de Flue , dont Honeg
313
mois seulement, et je compte m’installer à Ferney
dans
quelques jours. Avez-vous beaucoup écrit pendant ce « temps de pénite
314
rgé d’établir un rapport sur la conscription. Or,
dans
ses conclusions, ce comité s’est prononcé pour la conscription, parce
315
ilité de créer un État fédéral. Comme je l’ai dit
dans
ma conférence de mardi soir, ce qui étonne tous les historiens de not
316
llait de soi. Notez bien que ce sentiment suisse,
dans
les années précédant 1848, était informulé, et qu’il a fallu la campa
317
arer les valeurs spirituelles et leur incarnation
dans
les réalités humaines. J’essaierai donc de définir l’esprit fédéralis
318
ouvons les observer et les contrôler de très près
dans
une expérience bien connue : celle de la Confédération helvétique. To
319
te responsabilité vis-à-vis de la communauté. Car
dans
ce cas, notre jardin nous suffirait. Mais nous n’en parlerions pas no
320
intégralement sans se trouver engagé du même coup
dans
le complexe social. Et aux collectivistes, nous rappelons que les con
321
outissent pas à rendre chaque individu plus libre
dans
l’exercice de sa vocation. L’homme est donc à la fois libre et engagé
322
t engagé, à la fois autonome et solidaire. Il vit
dans
la tension entre ces deux pôles : le particulier et le général ; entr
323
à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit
dans
la tension, le débat créateur, le dialogue permanent, c’est la person
324
mocratique tendant vers l’anarchie, et débouchant
dans
le désordre, lequel prépare toujours la tyrannie. À l’homme considéré
325
me personne, à la fois libre et engagé, et vivant
dans
la tension entre l’autonomie et la solidarité, correspond le régime f
326
t du collectivisme : ces deux extrêmes, eux, sont
dans
le même plan, se conditionnent et s’appellent l’un et l’autre. C’est
327
orme ou sous une autre, une constitution commune.
Dans
cette vue, la Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple » à su
328
rée, et en dépit d’une opposition très importante
dans
la population, doublée d’un scepticisme assez général chez les gens o
329
n’existeraient pas sans celle-là. C’est pourquoi,
dans
notre tentative de définir l’idée fédéraliste en soi, nous ferons bie
330
oublier serait se condamner à retomber sans cesse
dans
un malentendu fondamental, que l’exemple de la vie politique suisse i
331
é raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni
dans
la seule union des cantons, ni dans leur seule autonomie. Il consiste
332
e consiste ni dans la seule union des cantons, ni
dans
leur seule autonomie. Il consiste dans l’équilibre continuellement ra
333
antons, ni dans leur seule autonomie. Il consiste
dans
l’équilibre continuellement rajusté entre l’autonomie des régions et
334
’autonomie des régions et leur union. Il consiste
dans
la composition perpétuelle de ces deux forces de sens contraire, en v
335
e la Suisse, devise paradoxale ou « dialectique »
dans
sa forme : « Un pour tous, tous pour un. » En effet, « Un pour tous »
336
deux partis que le fédéralisme véritable n’est ni
dans
l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leur co-existe
337
e le fédéralisme véritable n’est ni dans l’une ni
dans
l’autre de ces tendances, mais bien dans leur co-existence acceptée,
338
l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien
dans
leur co-existence acceptée, dans leur dialogue, dans leur tension féc
339
ances, mais bien dans leur co-existence acceptée,
dans
leur dialogue, dans leur tension féconde. ⁂ Lorsqu’on lit les anciens
340
s leur co-existence acceptée, dans leur dialogue,
dans
leur tension féconde. ⁂ Lorsqu’on lit les anciens historiens suisses,
341
r de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois
dans
ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce qui allait sans d
342
d’un réseau de pactes bilatéraux en fut un autre.
Dans
les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au pr
343
ment ne cessait pas de croître et de se renforcer
dans
la plupart des peuples. La guerre dont nous sortons à peine est venue
344
eux qui me paraissent applicables, immédiatement,
dans
l’état présent de l’Europe. Premier principe. — La fédération ne peu
345
se sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentrer
dans
le rang, et l’union fédérale a marqué un progrès. Lors de la dernière
346
ndiale. L’échec de Napoléon, puis celui d’Hitler,
dans
leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des avertisseme
347
nt des avertissements utiles, ils nous confirment
dans
l’idée qu’on ne peut pas atteindre la fin, qui est l’union, par des m
348
’il s’agit à la fois de respecter, et d’articuler
dans
un tout. Troisième principe. — Le fédéralisme ne connaît pas de prob
349
osaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe)
dans
tout système quantitatif ; il y a fédéralisme partout où c’est la qua
350
: le totalitaire voit une injustice ou une erreur
dans
le fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est q
351
pter pour autant, voire pour plus qu’une majorité
dans
certains cas, parce qu’à ses yeux elle représente une qualité irrempl
352
respect des qualités ne se traduit pas seulement
dans
le mode d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une maniè
353
surtout, et d’une manière beaucoup plus efficace,
dans
les coutumes de la vie politique et culturelle, où l’on voit la Suiss
354
res. La richesse de la Suisse par exemple, réside
dans
ses diversités jalousement défendues et maintenues. De même, la riche
355
on propre, irremplaçable, comme celle d’un organe
dans
un corps. Or la vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun
356
les nations de l’Europe arrivaient à se concevoir
dans
ce rôle d’organes divers d’un même corps, elles comprendraient que le
357
eur valeur propre. Elles comprendraient aussi que
dans
une fédération, elles n’auraient pas à se mélanger, mais au contraire
358
vrai poumon, d’être aussi poumon que possible, et
dans
cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur. Cinquième p
359
and Jakob Burckhardt annonçait la venue dès 1880,
dans
une lettre prophétique, ceux qu’il appelait les « terribles simplific
360
st clair que des lois ou des institutions conçues
dans
un esprit unitaire, jacobin, ou totalitaire, brimeraient nécessaireme
361
ent à réduire leur variété, et mutileraient ainsi
dans
plusieurs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’y rattache
362
un trait de plume, de tirer des plans à la règle,
dans
un bureau, et de forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce qu
363
’est dire qu’il nous faut aller vite. ⁂ Il n’y a,
dans
le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, deux attitu
364
che et la droite, devenues presque indiscernables
dans
leurs manifestations. Ce ne sont pas le socialisme et le capitalisme,
365
t devant elle, sont secondaires ou illusoires, ou
dans
le meilleur des cas lui sont subordonnées. Les principes du fédéralis
366
gereux seulement parce qu’il triomphe aujourd’hui
dans
une dizaine de pays et progresse plus ou moins rapidement dans tous l
367
ine de pays et progresse plus ou moins rapidement
dans
tous les autres ; mais surtout parce qu’il nous guette tous, à l’inté
368
notre vocation. Nous n’arriverons à rien de bon,
dans
nos efforts et nos débats pour promouvoir l’Europe unie, si nous ne r
369
gouvernements ont un penchant marqué à persévérer
dans
leur être, et même à lui survivre aussi longtemps que possible avec l
370
’appui de la police. Or l’être des gouvernements,
dans
le monde actuel, c’est la souveraineté absolue. Tous les États-nation
371
leur fonction leur interdit de céder un pouce, et
dans
l’état présent de l’opinion et des rivalités des partis, ils courraie
372
bsurdes mais techniques. Il faut donc les pousser
dans
le dos, voilà qui est clair, pour qu’ils acceptent un jour de renonce
373
Et c’est l’agitation de l’opinion et des peuples
dans
toute l’Europe qui les poussera. De cette agitation, que je voudrais
374
de Montreux, qui fédérait tous les fédéralistes,
dans
la conviction sobre et ferme que, cette fois-ci, on ne nous laisserai
375
La liberté
dans
l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)e Le problème me pa
376
e qu’elle a encore un bel avenir — en URSS. Voyez
dans
quels termes les Soviets dénoncent la « morale déliquescente » des ro
377
ualité. En fait, je ne connais pas une seule loi,
dans
un seul pays ou un seul temps, qui ait jamais condamné l’amour comme
378
s condamné l’amour comme tel, ou l’ait même nommé
dans
un code. De quoi donc voudrait-on le libérer ? L’amour a toujours été
379
les temps sont avec vous pour affirmer la Liberté
dans
l’Amour et par l’Amour. Cet idéal n’est pas seulement « souhaitable »
380
ans, la dictature policière. Cela s’est vu. C’est
dans
cette dégradation « dialectique » apparemment inévitable3, que réside
381
0 pages serrées pour en esquisser une, partielle,
dans
L’Amour et l’Occident .) Quant au problème sexuel, c’est une tout au
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sexuel, c’est une tout autre affaire. La liberté
dans
la sexualité, nous en jouissons et nous en souffrons plus que toute a
383
iques déclaraient un beau jour en tous termes que
dans
ce domaine-là tout est permis, on sentirait à peine la différence. Si
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les autres. D’une manière générale, les sanctions
dans
le domaine sexuel sont négligeables parmi nous, si on les compare à c
385
erser une frontière sans visa, le refus de servir
dans
l’armée, la fraude fiscale, ou certaines opinions politiques même non
386
iétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient
dans
le détail les mariages licites (exogamie, lévirat, sororat, etc.), fa
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érale ne toléraient aucune fantaisie individuelle
dans
ce domaine. C’est précisément l’existence — et non l’absence de la li
388
e au contraire, comme je le fais, que nous vivons
dans
le chaos, l’amertume et la contradiction, il nous faut rétablir une é
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héologiens. e. Rougemont Denis de, « La liberté
dans
l’amour », L’Âge d’or, Paris, novembre 1947, p. 48-50. f. Syntaxe fa
390
plus désespérée qu’un Américain ait encore puisée
dans
son pays » ; 2° Truman veut asservir l’Europe au dollar ; 3° Donc Tru
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ction typiquement totalitaire que ce qu’on publie
dans
un pays donné ne peut et ne doit servir que le parti au pouvoir. Ains
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d’écrire que Henry Miller a puisé son désespoir «
dans
son pays » : c’est la vie de Montparnasse entre les deux guerres que
393
et les arguments de L’Humanité proprement balayés
dans
le ruisseau, auquel nous laisserons le soin de les conduire à leur co
394
reste toute la question de la culture américaine
dans
ses rapports avec « l’esprit », pour parler comme les communistes. Le
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sier n’ajouteraient rien que l’on ne sache. Comme
dans
tous les pays où l’entreprise est libre, mais plus que chez nous, par
396
z nous, parce que l’Américain n’est pas hypocrite
dans
ce domaine, les éditeurs de livres et de revues demandent avant tout
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ra, sans chicaner sur le sens exact du mot esprit
dans
ce contexte. Mais la question n’est pas si simple. Car après tout, c’
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ce qui s’écrit chez nous. Et que lui donne-t-on,
dans
le fait ? D’excellents articles sur l’hygiène, les sciences, les mœur
399
’optimisme, et une confiance sérieusement motivée
dans
les destins de l’Amérique. Nous voici loin des « turpitudes » et de l
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ésignation morbide dénoncées par L’Humanité. Mais
dans
la mesure même où ces digests sont des écoles de simplisme béat au se
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iétique, au contraire, force carrément l’opinion,
dans
le sens d’une théorie tactique qui change d’ailleurs tous les six moi
402
t les proportions. Pour L’Humanité tout se résume
dans
le pessimisme de Miller, dont le succès, je l’ai montré, loin d’être
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place qu’elle tient encore ou ne tient déjà plus
dans
le monde actuel… Mais puisqu’on m’invite aujourd’hui à développer ce
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s faits La fédération de l’Europe est inscrite
dans
les faits les plus neufs de ce siècle, les uns techniques, les autres
405
r sa propre science. L’homme moderne pense encore
dans
le cadre des nations, quand le jeu des forces réelles est internation
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s divisions. Aujourd’hui les deux Grands ont paru
dans
leur force : tout se passe en dehors de nous, tout nous menace ensemb
407
. Notre vocation Qu’aurons-nous donc à dire
dans
cette conversation une fois les pistolets déposés sur la table ? Deux
408
. L’un est collectiviste, l’autre individualiste.
Dans
notre immense majorité nous refusons le premier, nous nous méfions du
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qui ne représente qu’un quart du corps électoral
dans
les pays où il est le plus fort, et qui ne peut faire notre unité que
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té que sur nos ruines, par l’occupation russe, et
dans
les camps. À l’égard de l’Amérique notre refus, pour être beaucoup mo
411
économique nous trouvait complaisants ou serviles
dans
le domaine des mœurs et de la culture elle y perdrait autant que nous
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américaines. Un régime qui traduise en politique,
dans
l’économie et les mœurs, l’idée de l’homme commune aux peuples de l’E
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ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que cherchent
dans
tous nos pays les meilleures têtes, j’entends les moins sectaires et
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ue qu’un tel programme soit si clairement inscrit
dans
les données du siècle et si lisible aux meilleures volontés qu’il ne
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oute souveraineté nationale, qu’ils se cantonnent
dans
le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un t
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mener qu’à accepter par force ce qu’on a combattu
dans
la faiblesse au nom de rien. Mais où est la grande affirmation centra
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ts de races, de langues et de religions sclérosés
dans
le nationalisme et le problème des minorités. Et surtout il peut dép
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ous ordres (politiques aussi bien qu’économiques)
dans
un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence,
419
ues aussi bien qu’économiques) dans un corps, non
dans
un carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’en déplaise aux
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ont Denis de, « Une Europe fédérée », Une Semaine
dans
le monde, Paris, 20 décembre 1947, p. 1-2.
421
l’attention sur cet obstacle tant de fois refusé
dans
un écart désarçonnant : qu’est-ce que le destin d’un homme, — mon des
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arque en secret sur l’hélice. Avant l’heure H, ou
dans
l’attente d’un amour, quelque cérémonie te disposera dans le fil de t
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ttente d’un amour, quelque cérémonie te disposera
dans
le fil de ta chance ou la cadence de ta grâce. Le risque et l’isoleme
424
e en épousant un rythme errant. Désormais j’entre
dans
l’incomparable, où la piste se crée sous les pas qui la suivent. (Par
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nnue, où que j’arrive, je me perdrais en route.)
Dans
l’insignifiance d’une vie où l’argent et la guerre sont seuls à organ
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la Neuvième Rue, justement — s’il y pense, il est
dans
le jeu. Dans un état signifiant et rythmé. Il ne voit plus l’échelle
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ue, justement — s’il y pense, il est dans le jeu.
Dans
un état signifiant et rythmé. Il ne voit plus l’échelle ni le chat no
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u’elle résout sa dissonance intime et l’introduit
dans
l’harmonie de son destin. Cherchant ce qui ne vibre qu’à lui-même et
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es grands appareils suivent une route en do dièse
dans
la nuit des hauteurs. ⁂ Que chacun donc découvre ses symboles et la v
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ie, celui qui pourrait en créer un seul nouveau !
Dans
les jeux, rêves de la conscience, et dans les rêves, jeux de l’incons
431
uveau ! Dans les jeux, rêves de la conscience, et
dans
les rêves, jeux de l’inconscient, on a vite fait d’en dresser le cata
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ignes que j’accueille ont bien des chances d’être
dans
la complicité de mon exigence secrète. C’est elle, au vrai, qui les c
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D’autre part, il se peut que ces signes baignent
dans
une réalité profonde, celle du mythe, à quoi s’ordonnent les hasards
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ins affleurements. Ainsi d’ailleurs font ceux qui
dans
le doute se réfèrent à leur tradition, aux coutumes ancestrales, aux
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ené… » Le superstitieux va loin, s’il est grand :
dans
la voie de l’incomparable, il va jusqu’au bout de lui-même. ⁂ Erreur
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a main… Il se débat, et pour un peu, m’entraînait
dans
sa mort naissante. » Poésie et superstition : elles ont mêmes lois, m
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s Éditions Gallimard. C’est là, au dernier étage,
dans
un petit bureau étroit et blanc comme une cellule de moine, tout embr
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bonnes feuilles du Cheval de Troie, et m’entraîne
dans
un bar voisin. Musique en sourdine, lumières tamisées, ronronnement d
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umières tamisées, ronronnement des conversations.
Dans
un coin ombreux, Jean-Paul Sartre, Koestler et Simone de Beauvoir s’e
440
épais, la mâchoire forte, peut-être, le croisant
dans
la rue, l’aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais, à l’ente
441
rs de l’entrée de Hitler à Paris, je fis paraître
dans
la Gazette de Lausanne un article qui me valut d’être condamné à qu
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où il respira une « paix claustrale ». C’est là,
dans
« ce cadre trop parfait, cette ambiance d’innocence, de sports et d’o
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et désirait me connaître. Je me rendis chez lui,
dans
une maison de bois jaune entourée de gazon, de fleurs et d’arbres ple
444
blancs en auréole. Il me fit asseoir près de lui
dans
un fauteuil de jardin, et nous nous mîmes à parler de l’Amérique, de
445
ats-Unis. Il leur a consacré de nombreux articles
dans
des journaux et des revues de France et de Suisse — articles qu’il a
446
que. Il me répond : La littérature américaine est
dans
un certain sens plus saine que la nôtre. Les disputes autour de l’eng
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gemont poursuit : Ce qui m’a le plus étonné, ici,
dans
la littérature, c’est qu’elle soit aujourd’hui encore représentée par
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ents. La musique s’est tue. Les tables se vident.
Dans
ce bar souterrain règne toujours la même pénombre crépusculaire. Nul
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sser leurs frontières. Bien souvent, ce n’est pas
dans
leur pays d’origine qu’ils rencontrent le plus large accueil. Ils son
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r lui, c’est la qualité, et non la quantité comme
dans
le totalitarisme) ; il a pour base la sauvegarde des qualités propres
451
es soient représentées. Je vous le répète ; c’est
dans
la mesure où toutes les aspirations pourront s’exprimer que le fédéra
452
r. Nous faisons encore, côte à côte, quelques pas
dans
la rue. La nuit est tombée ; les passants se hâtent de rentrer. Bient
453
compare le rôle de l’URSS et celui des États-Unis
dans
notre monde : c’est que nous avons chez nous un parti stalinien, qui
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aison-Blanche. Autrement dit, l’URSS est présente
dans
toute l’Europe aux élections et dans les parlements, elle a ses troup
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est présente dans toute l’Europe aux élections et
dans
les parlements, elle a ses troupes disciplinées, elle fait sa politiq
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oupes disciplinées, elle fait sa politique jusque
dans
nos communes : tandis que les USA n’ont que des sympathies, point de
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s veulent forts, donc autonomes. Les communistes,
dans
chaque pays, sabotent notre reconstruction, les Américains la finance
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aindre d’une inégalité de salaires sans précédent
dans
les pays capitalistes. En Amérique, les ouvriers se mettent en grève
459
A, non pas en URSS. Enfin, l’on me dira qu’il y a
dans
les deux camps des opprimés, de la misère et des scandales. Certes, m
460
t le tout un rideau de fer, la Russie est un bloc
dans
tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un, elle qui vis
461
ne pouvons pas répondre en nous jetant simplement
dans
les bras de l’Amérique. Non seulement nous ne le devons pas, mais c’e
462
herche à nous aider pour que nous ne tombions pas
dans
le piège grossier que nous tendent les Russes : c’est là son intérêt
463
-on qu’elle était Américaine ? À l’époque, on vit
dans
ce trait une exagération de l’esprit français. À lire les plaintes ou
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égés) pour que l’on soit contraint de reconnaître
dans
l’entreprise des éditeurs modernes la suite d’une longue tradition bi
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es tragédies à la française », dit encore Lanson.
Dans
Hamlet, il supprime le fameux monologue, les comédiens, la pantomime,
466
autres détails qui blessent inutilement le goût.
Dans
Othello, il supprime Jago, et l’action « s’expédie en vingt-quatre he
467
bres de grandes œuvres littéraires « condensées »
dans
leur propre langue. On connaît la fortune des Lamb’s Tales qui sont d
468
e intrinsèque, que le Roman de Tristan et Yseult,
dans
la version de Joseph Bédier : condensation en prose et en un volume d
469
e Béroul (4485 vers). Vous trouverez sans peine,
dans
n’importe quelle histoire de la littérature française, de quoi triple
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on chez les critiques, ni rencontré pareil succès
dans
le grand public, s’il n’eût pas été présenté comme américain d’origin
471
reste, ces « condensés » sont très loin de jouer
dans
l’édition américaine le rôle exorbitant que nous leur attribuons, et
472
i Shakespeare et Goethe, Cervantès et Dostoïevski
dans
des versions réduites, émondées, aplaties. Mais ils sursautent dès qu
473
même, pendant que j’y suis, que ce qui me choque
dans
l’entreprise des éditeurs français de « condensés », c’est qu’ils acc
474
e Procès de Kafka, quand Barrault le met en scène
dans
la version dialoguée d’André Gide, tirée d’une traduction de Vialatte
475
’il faut un raccord ici ou là, qu’ils l’impriment
dans
un autre caractère ; qu’ils avertissent bien clairement le lecteur qu
476
in de renvoyer aux éditions complètes de l’œuvre,
dans
tous les cas où il est possible de se les procurer chez le libraire.