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glise, par son culte, est la mère de presque tous
nos
arts. La musique est née dans le chœur des églises et des chapelles d
2
ns les nefs, et autour des architectures sacrées.
Nos
premiers rythmes poétiques ont été propagés par le latin d’église. Et
3
de telles origines. Or le lien de filiation entre
nos
disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement r
4
s du jeune Marx sur la dialectique hégélienne. De
nos
jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références aux
5
» leurs sermons. Ce n’est pas la littérature qui
doit
prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arr
6
riques depuis longtemps colonisées. Qui voudrait
nous
écrire une histoire des principales écoles modernes d’un point de vue
7
de vue strictement théologique ? Une histoire qui
nous
montrerait non seulement ce que les écrivains, à leur insu, doivent à
8
non seulement ce que les écrivains, à leur insu,
doivent
à l’atmosphère religieuse de leur époque, mais surtout comment ils pâ
9
auteurs du Tristan, d’où sont issus presque tous
nos
romans, étaient nourris de l’hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait
10
ie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à
nous
et parmi nous, bien que vulgarisée et déprimée au point d’en devenir
11
, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parmi
nous
, bien que vulgarisée et déprimée au point d’en devenir méconnaissable
12
et tant à dire sur la renaissance endémique, dans
nos
écoles d’avant-garde, des déviations les plus connues du mysticisme,
13
jouent, aux yeux de beaucoup et des meilleurs de
nos
contemporains, le rôle d’une spiritualité ardente et courageuse. Pour
14
le théâtre et le lyrisme élisabéthains ; et parmi
nous
, la renaissance notable d’une poésie d’inspiration religieuse en Fran
15
. 10. Une critique théologique de la littérature
devra
mettre en garde son public contre l’illusion courante qui consiste à
16
mais ceux qui font la volonté de mon Père… » que
nous
devons prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce
17
ceux qui font la volonté de mon Père… » que nous
devons
prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce n’est p
18
t à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de
nous
, préfère le désir, même douloureux d’avoir été mille et mille fois dé
19
e empereur est mort le jour du couronnement. Tous
nos
succès, tous nos actes sans doute, sont ainsi à quelque degré des mod
20
rt le jour du couronnement. Tous nos succès, tous
nos
actes sans doute, sont ainsi à quelque degré des modifications de not
21
, sont ainsi à quelque degré des modifications de
notre
identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant
22
, dans le registre de l’humour profond, reproduit
notre
fable grecque, mais la conduit à une heureuse fin. L’oncle van der Ka
23
ous les journaux en ont abondamment parlé, ce qui
nous
dispense d’y revenir en détail. Mais nous avons tenu à recueillir les
24
ce qui nous dispense d’y revenir en détail. Mais
nous
avons tenu à recueillir les impressions de M. Denis de Rougemont, l’u
25
les impressions de M. Denis de Rougemont, l’un de
nos
plus brillants essayistes, dont la conférence, en l’aula de l’Univers
26
ste l’esprit européen : dans la libre discussion,
nous
confie Denis de Rougemont. La liberté d’opposition est typiquement eu
27
ement, je regrette qu’aucun Russe n’ait répondu à
notre
invitation. Heureusement, nous avons eu Lukács, et je vois mieux main
28
e n’ait répondu à notre invitation. Heureusement,
nous
avons eu Lukács, et je vois mieux maintenant quelles questions j’aura
29
Votre démocratie est plus formelle que celles de
nous
tous. Nous, nous acceptons de n’être pas complètement démocratisés ;
30
cratie est plus formelle que celles de nous tous.
Nous
, nous acceptons de n’être pas complètement démocratisés ; vous, vous
31
est plus formelle que celles de nous tous. Nous,
nous
acceptons de n’être pas complètement démocratisés ; vous, vous ne l’a
32
as. Ouvrez vos frontières. Vous pouvez venir chez
nous
. Vous refusez ? Nous ne demandons qu’à comprendre. C’est à quoi, d’ai
33
ères. Vous pouvez venir chez nous. Vous refusez ?
Nous
ne demandons qu’à comprendre. C’est à quoi, d’ailleurs, nous espérons
34
andons qu’à comprendre. C’est à quoi, d’ailleurs,
nous
espérons parvenir lors des prochains entretiens de Genève. À conditio
35
s prochains entretiens de Genève. À condition que
nous
ayons plus de contacts personnels entre représentants des différents
36
tre représentants des différents pays. » … Notez,
nous
dit encore Denis de Rougemont, que je passe pour un homme de gauche d
37
s à la liberté. On le voit, M. Denis de Rougemont
nous
prouve que l’esprit européen s’inspire d’une grande liberté et d’une
38
st le totalitarisme qui sévit. Denis de Rougemont
nous
dit encore quel éloge enthousiaste tous les participants ont fait de
39
ienne une sorte de Salzbourg intellectuel, ajoute
notre
interlocuteur. Tout le monde insiste pour cela ; parce que la Suisse
40
nom d’un peuple, mais d’un réel esprit européen.
Nous
ne sommes pas une nation, nous sommes une confédération, donc bien pr
41
l esprit européen. Nous ne sommes pas une nation,
nous
sommes une confédération, donc bien préparés et prédisposés pour une
42
parler ici d’une « expérience romanesque », comme
nous
parlons depuis vingt ans d’une « expérience poétique ». L’exemple des
43
ce dernier leur fait dire des bêtises, c’est pour
nous
inciter à mépriser l’erreur ou la bassesse d’une classe qu’ils représ
44
pports. Leurs dialogues sont de courts essais qui
nous
conduisent par un léger détour aux conclusions décidées par l’auteur.
45
la première, je puis dire après coup que j’aurais
dû
trouver une clé dans cette lettre d’un sourd-muet à son ami devenu fo
46
lise, mais pourquoi pas ? S’il me fallait décrire
nos
petits déplacements du point de vue de l’usager moyen, je dirais que
47
voire prévenante, qui fait la force principale de
notre
régime fédéral. Revenant en Suisse après sept ans d’absence, l’été de
48
par ce trait national — le seul sans doute, chez
nous
, qui mérite l’adjectif —, je me disais : « C’est notre force, et ce s
49
, qui mérite l’adjectif —, je me disais : « C’est
notre
force, et ce sera peut-être un jour, au dernier jour — car les plus b
50
res du monde ont une fin — la faiblesse fatale de
notre
État : cette habitude de nous sentir en règle, donc de nous croire pr
51
aiblesse fatale de notre État : cette habitude de
nous
sentir en règle, donc de nous croire protégés par toutes les lois div
52
: cette habitude de nous sentir en règle, donc de
nous
croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme si le
53
es lois divines et humaines, comme si le monde où
nous
vivons était fait à notre mesure, comme si l’humanité où nous plongeo
54
es, comme si le monde où nous vivons était fait à
notre
mesure, comme si l’humanité où nous plongeons se conformait aux règle
55
était fait à notre mesure, comme si l’humanité où
nous
plongeons se conformait aux règles de la bonne conduite. » L’aspect d
56
il respire naturellement l’honnêteté, tendrait à
nous
faire oublier que la correction, la décence et la sécurité des citoye
57
, lubrique, rapace, irresponsable et affamée ; et
notre
âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’ont dit Freud, Shakespea
58
ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui
doivent
nous étonner quand ils paraissent, phénomènes hautement improbables,
59
les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent
nous
étonner quand ils paraissent, phénomènes hautement improbables, très
60
arement observés sur la planète, et que la presse
devrait
mettre en vedette, au lieu de nous rebattre les oreilles du train-tra
61
e la presse devrait mettre en vedette, au lieu de
nous
rebattre les oreilles du train-train de nos corruptions. Donc les Su
62
u de nous rebattre les oreilles du train-train de
nos
corruptions. Donc les Suisses que je vois en IIIe classe offrent l’i
63
trangers sensibles lorsqu’ils prennent place dans
nos
trains locaux ? L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne ne v
64
Tout se passe en somme, inconsciemment, comme si
notre
système de sécurité devait être à chaque instant vérifié, mis au poin
65
nconsciemment, comme si notre système de sécurité
devait
être à chaque instant vérifié, mis au point, méticuleusement nettoyé
66
ux monsieur en noir, au col rond, dur et haut, ce
doit
être un évêque anglican, somnole. En face de lui, la beauté même, « ô
67
de, semblaient dire : « Me voilà, c’est ainsi, tu
devais
t’y attendre, compte mes rides, et si tu veux m’aimer, regarde bien d
68
ariable et le plus naturel. Je vais donc regarder
notre
Europe et j’éviterai de faire du sentiment puisque aussi bien tout se
69
hâte de lui demander : « Et maintenant, qu’allons-
nous
faire ensemble ? » ⁂ L’Europe a mauvaise mine, il faut l’avouer. Avan
70
rute, et son point de vue, c’est que la brutalité
doit
toujours triompher ; l’autre est un parfait gentleman qui croit que l
71
ant le gagnant se relève : il se trouve que c’est
notre
gentleman de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage
72
La lutte contre les forces qu’il incarnait devant
nous
a réveillé ces forces parmi nous. L’Europe a été façonnée par le judé
73
incarnait devant nous a réveillé ces forces parmi
nous
. L’Europe a été façonnée par le judéo-christianisme, par la notion gr
74
chez les « nazis », chez les méchants, en face de
nous
, ressurgit aujourd’hui chez nous et dans nos mœurs — avec moins de vi
75
ants, en face de nous, ressurgit aujourd’hui chez
nous
et dans nos mœurs — avec moins de virulence, peut-être, c’est-à-dire
76
de nous, ressurgit aujourd’hui chez nous et dans
nos
mœurs — avec moins de virulence, peut-être, c’est-à-dire d’une manièr
77
philosophes, cependant, combattaient, passée dans
notre
siècle à l’action politique au lendemain de la révolution russe, puis
78
révèle enfin dans toute son étendue réelle, sous
nos
yeux. On doit considérer comme liquidée, au sens le plus récent de ce
79
dans toute son étendue réelle, sous nos yeux. On
doit
considérer comme liquidée, au sens le plus récent de ce terme, l’illu
80
cuper, sans coup férir, d’importantes sections de
nos
élites. D’autres symptômes d’un mal profond, dont l’hitlérisme fut la
81
igeant qui attaquait, est en train d’avorter sous
nos
yeux, et pas un résistant ne me contredira. Des habitudes prises dans
82
ois et naïvement machiavéliques, entretient parmi
nous
la méfiance, des rancunes séculaires, d’absurdes vanités locales, mai
83
se voit acceptée comme fatale, se voit nourrie de
nos
passivités. Voilà ce qu’on nous prépare à droite comme à gauche, avec
84
se voit nourrie de nos passivités. Voilà ce qu’on
nous
prépare à droite comme à gauche, avec cette minutie sourde et aveugle
85
et Huizinga, se soit généralement substituée dans
nos
esprits à l’idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pressen
86
tomatique. Née d’analyses et de pressentiments de
nos
défaillances internes, elle se voit confirmée et comme objectivée par
87
. Ce sont eux qui ont gagné la guerre, et non pas
nous
. Ce sont eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès
88
ris en charge le progrès et la foi au progrès. Et
nous
restons avec l’héritage d’une défaite, notre conscience inquiète et f
89
s. Et nous restons avec l’héritage d’une défaite,
notre
conscience inquiète et fatiguée, notre scepticisme lucide… ⁂ Il se pe
90
e défaite, notre conscience inquiète et fatiguée,
notre
scepticisme lucide… ⁂ Il se peut que le portrait de l’Europe que je v
91
aire. Je n’ignore pas que l’autodénigrement, chez
nous
autres Européens, se confond trop souvent avec le sens critique. Je n
92
cependant un fait qui ne dépend à aucun degré de
nos
estimations ou jugements subjectifs : c’est que la situation de l’Eur
93
rgissait sur tous les autres continents. L’Europe
nous
semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de choc que p
94
n’était. D’où l’effet de choc que produisit dans
nos
esprits, au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry
95
, moralement refermée sur elle-même. Il y a plus.
Nous
voyons l’Europe comme vidée, au profit de ces deux empires, de certai
96
sol, et qui semblaient parfois définir son génie.
Notre
rêve du progrès par exemple — j’y faisais allusion tout à l’heure — s
97
et la Russie. C’est une notion qui s’étiole chez
nous
d’autant plus vite qu’elle grandit mieux ailleurs, chez les voisins o
98
mme si l’excès où ils la portent et l’abus qu’ils
nous
semblent en faire nous dégoûtaient de son usage normal. Ainsi de bien
99
a portent et l’abus qu’ils nous semblent en faire
nous
dégoûtaient de son usage normal. Ainsi de bien d’autres notions ou de
100
notions ou de bien d’autres mythes engendrés par
nos
œuvres. Ainsi de nos techniques industrielles, de nos machines, et de
101
’autres mythes engendrés par nos œuvres. Ainsi de
nos
techniques industrielles, de nos machines, et de nos armes. Pendant d
102
œuvres. Ainsi de nos techniques industrielles, de
nos
machines, et de nos armes. Pendant des siècles d’expansion irrésistib
103
techniques industrielles, de nos machines, et de
nos
armes. Pendant des siècles d’expansion irrésistible, impérialiste ou
104
rveillées, a grandi hors de toutes proportions et
nous
apparaît aujourd’hui étrange, inhumain, menaçant. Ces notions et ces
105
inhumain, menaçant. Ces notions et ces mythes qui
nous
reviennent d’outre-Atlantique ou d’outre-Oder, nous refusons d’y reco
106
us reviennent d’outre-Atlantique ou d’outre-Oder,
nous
refusons d’y reconnaître nos enfants. Leur exil en a fait des monstre
107
ue ou d’outre-Oder, nous refusons d’y reconnaître
nos
enfants. Leur exil en a fait des monstres à nos yeux. Pourtant le cap
108
e nos enfants. Leur exil en a fait des monstres à
nos
yeux. Pourtant le capitalisme industriel et le libéralisme politique,
109
is religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut
nôtre
à l’origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créations européenne
110
e gigantesque ? Pourquoi n’ont-elles produit chez
nous
ni tout leur bien, ni tout leur mal ? C’est qu’en Europe, elles se tr
111
s sans frein ni contrepoids. Le capitalisme, chez
nous
, n’a jamais pu donner son plein, parce qu’il était sans cesse bridé e
112
capitalisme et l’étatisme n’ont pas atteint chez
nous
leurs pires excès, parce qu’ils se trouvaient constamment retenus par
113
e humain qu’on nomme Europe. Il conditionne aussi
notre
culture. Et nous allons voir qu’il traduit, et parfois aussi qu’il tr
114
me Europe. Il conditionne aussi notre culture. Et
nous
allons voir qu’il traduit, et parfois aussi qu’il trahit, la concepti
115
ne de l’homme. Toute la question est de savoir si
nous
saurons maintenir cet équilibre malgré l’attraction formidable qu’exe
116
re malgré l’attraction formidable qu’exercent sur
nous
, par leur masse, le colosse russe et le colosse américain, et malgré
117
uccès littéralement démesurés. Essayons d’évaluer
nos
chances, dans l’état de résistance morale diminuée où vient de nous l
118
l’état de résistance morale diminuée où vient de
nous
laisser la guerre d’Hitler. Ces chances paraissent très faibles en vé
119
ns, et sans retour possible, à vues humaines. Que
nous
reste-t-il donc en propre ? Un monopole unique : celui de la culture
120
main résultant de tensions innombrables. Cela, on
nous
le laisse encore, et à vrai dire, c’est le plus difficile à prendre !
121
ctiviste ou de progrès capitaliste qui ont quitté
notre
continent, mais à leur suite les espoirs et les rêves des plus actifs
122
les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre
nous
ont émigré. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’un doubl
123
s par profession ou position. Telle est, en gros,
notre
situation. Une Europe démoralisée par sa victoire douteuse sur Hitler
124
et dans deux directions opposées. Je le répète,
nos
chances paraissent très faibles dans l’ensemble, malgré les illusions
125
té et de durée que peuvent entretenir encore dans
nos
vies certains îlots d’inconscience routinière, et l’image rassurante
126
s pays épargnés par la guerre. Voici le moment de
nous
demander très sérieusement si, dans cette conjoncture plus que défavo
127
obstiner, de parler d’une défense de l’Europe, de
nous
cramponner à ses restes, et même d’appeler à son secours des forces j
128
d’appeler à son secours des forces jeunes. Posons-
nous
donc sans nul cynisme, mais avec sang-froid cette question : Notre tr
129
ul cynisme, mais avec sang-froid cette question :
Notre
tristesse et notre angoisse devant un héritage si compromis, sont-ell
130
ec sang-froid cette question : Notre tristesse et
notre
angoisse devant un héritage si compromis, sont-elles valables et sont
131
pour l’avantage du plus grand nombre ? Que valent
nos
craintes ? Qu’avons-nous peur de perdre en vérité ? Cette même questi
132
grand nombre ? Que valent nos craintes ? Qu’avons-
nous
peur de perdre en vérité ? Cette même question, je sais plusieurs Eur
133
e qu’il leur faut souhaiter pour leur enfant. Car
nous
pensons à notre Europe comme à un « Vaterland », pays des pères, mais
134
ut souhaiter pour leur enfant. Car nous pensons à
notre
Europe comme à un « Vaterland », pays des pères, mais l’Amérique, ou
135
n défendant l’Europe, il s’agit donc de savoir si
nous
défendons plus et mieux que de belles ruines, des préjugés sociaux, e
136
eut-être perverses, comme le pensent et le disent
nos
voisins. Je songe à ces enfants, et j’essaie de mêler à la vision de
137
nombre. Qu’y perdrait le monde ? Qu’y perdraient
nos
enfants ? Alors paraît comme dénudée par ces questions une réponse év
138
it perdue, perdue pour tous et non seulement pour
nous
! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen q
139
om de je ne sais quel nationalisme européen qu’il
nous
faut défendre l’Europe, mais au seul nom de l’humanité la plus consci
140
stence d’un esprit européen, et c’était un appel,
nous
l’avions tous compris. C’est un point de vue qui se définit comme une
141
eur du champ que l’on observe. Mais si maintenant
nous
regardons l’Europe dans le monde, ce changement de point de vue va no
142
e dans le monde, ce changement de point de vue va
nous
faire voir une très solide réalité spirituelle. S’il est vrai que l’E
143
esque les mêmes : US d’une part, URSS de l’autre.
Nous
distinguerons d’abord deux conceptions divergentes et peut-être antag
144
’est parfaitement adapté. L’homme exemplaire pour
nous
, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homme ; pour eux, c’est a
145
ommon man, base ou produit des statistiques. Pour
nous
, l’homme exemplaire, c’est le plus haut exemple ; pour eux, c’est l’e
146
ire de série. Ces deux sens du mot « exemplaire »
nous
livrent le secret de l’opposition que je voudrais vous faire sentir.
147
bre sera le bonheur inévitable, obligatoire. Pour
nous
, la vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’est pas le bonhe
148
l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et
nous
à la conscience à n’importe quel prix. Ils veulent la vie, nous des r
149
cience à n’importe quel prix. Ils veulent la vie,
nous
des raisons de vivre, même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typiq
150
prendrai simplement l’exemple de l’entreprise qui
nous
rassemble ici. En Amérique, je pense que ces rencontres seraient un f
151
ur, ou un flop, comme ils disent. La diversité de
nos
points de vue inquiéterait l’auditeur plus qu’elle ne l’intéresserait
152
solution qu’il puisse appliquer en sortant, là où
nous
cherchons avant tout un approfondissement de la conscience. En Russie
153
es diversités qui s’expriment ici, à Genève, dans
notre
rencontre. Ainsi donc, la confrontation de l’Europe et de ces deux fi
154
ux filles parfois ingrates du plus grand Occident
nous
suggère une formule de l’homme typiquement européen : c’est l’homme d
155
ontradiction, l’homme dialectique par excellence.
Nous
le voyons dans ses plus purs modèles, crucifié entre ces contraires q
156
Et c’est pour cette raison qu’elle prévient parmi
nous
les entreprises et les plans gigantesques que nous voyons proliférer
157
ous les entreprises et les plans gigantesques que
nous
voyons proliférer ailleurs. D’autre part, elle a pour effet de concen
158
eilleure. Je préfère emprunter, pour un moment, à
nos
voisins américains leurs méthodes pragmatiques, et à nos voisins sovi
159
sins américains leurs méthodes pragmatiques, et à
nos
voisins soviétiques leur sens aigu des implications politiques de tou
160
oute pensée, même gratuite d’apparence. Demandons-
nous
ce que nous avons à faire pour maintenir et pour illustrer les valeur
161
même gratuite d’apparence. Demandons-nous ce que
nous
avons à faire pour maintenir et pour illustrer les valeurs propres de
162
nales, et des moyens d’y remédier. Or ces causes,
nous
allons les retrouver, précisément, dans cette même agonie permanente
163
drame. La personne, en effet, c’est en chacun de
nous
le conflit permanent entre la liberté et la vocation d’une part, et d
164
e combat se relâche à l’intérieur de la personne,
nous
avons la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’homme se considère
165
les pays dominés par l’influence protestante. Si
nous
nous demandons, en effet, quels sont les pays de l’Europe qui « march
166
pays dominés par l’influence protestante. Si nous
nous
demandons, en effet, quels sont les pays de l’Europe qui « marchent l
167
t les pays de l’Europe qui « marchent le mieux »,
nous
constatons que ce sont sans contredit : la fédération suisse, et les
168
la politique des nations. Ici, l’équilibre vivant
doit
s’établir entre les groupes divers et la nation unie, puis entre les
169
is entre l’Europe et le monde. À tous les degrés,
nous
retrouvons les mêmes tentations opposées, et par suite les mêmes caus
170
tionalismes. Telle est la cause de presque toutes
nos
guerres. J’ai dit, et je ne le répéterai jamais assez, qu’il faut voi
171
ses déviations perpétuelles vers l’individu sans
devoirs
ou vers le militant sans droits sont les vraies causes de nos malheur
172
le militant sans droits sont les vraies causes de
nos
malheurs sociaux. Et notre second office est l’invention de structure
173
ont les vraies causes de nos malheurs sociaux. Et
notre
second office est l’invention de structures politiques du type fédéra
174
nvisager sa fonction dans le monde, son avenir et
le nôtre
en elle ? Pour ma part, j’entretiens une croyance toute mystique au s
175
u’il tombe bientôt lorsqu’elle est accomplie. Or,
notre
vocation européenne me paraît encore loin d’être accomplie… Mais cett
176
lie… Mais cette raison irrationnelle, de croire à
nos
chances de durée, ne peut ni ne doit vous suffire. J’en indiquerai ra
177
, de croire à nos chances de durée, ne peut ni ne
doit
vous suffire. J’en indiquerai rapidement quelques autres, et ce sera
178
es totalitaires, qui affecte une certaine part de
nos
esprits, l’Europe garde encore l’apanage du scepticisme et de l’espri
179
s, autrefois, les redoutaient ; je pense qu’elles
doivent
aujourd’hui les nourrir, si cet esprit critique, ce scepticisme, s’ap
180
sé, aux idéaux purement profanes et séculiers que
nous
proposent l’URSS et les US. Vis-à-vis de ces mystiques et de ces idéa
181
is-à-vis de ces mystiques et de ces idéaux, c’est
notre
sens d’un absolu qui dépasse l’homme et son bonheur, c’est notre sens
182
absolu qui dépasse l’homme et son bonheur, c’est
notre
sens du transcendant, précisément, c’est notre foi, qui doit faire de
183
st notre sens du transcendant, précisément, c’est
notre
foi, qui doit faire de nous des douteurs et des objecteurs de conscie
184
u transcendant, précisément, c’est notre foi, qui
doit
faire de nous des douteurs et des objecteurs de conscience. Cependant
185
, précisément, c’est notre foi, qui doit faire de
nous
des douteurs et des objecteurs de conscience. Cependant que notre sen
186
rs et des objecteurs de conscience. Cependant que
notre
sens de l’équilibre humain nous invite à remettre à leur place ces pr
187
e. Cependant que notre sens de l’équilibre humain
nous
invite à remettre à leur place ces prétentions divinisées, et à les t
188
me les Américains, viendront s’enquérir auprès de
nous
des secrets de notre désordre et de nos ordres — sinon eux du moins l
189
iendront s’enquérir auprès de nous des secrets de
notre
désordre et de nos ordres — sinon eux du moins leurs enfants. Un dern
190
uprès de nous des secrets de notre désordre et de
nos
ordres — sinon eux du moins leurs enfants. Un dernier trait : l’Europ
191
sans tradition, s’épuiseront à redécouvrir ce que
nous
savons depuis des siècles, ce qui nous permet donc d’aller plus loin.
192
rir ce que nous savons depuis des siècles, ce qui
nous
permet donc d’aller plus loin. Ainsi l’Europe construit des églises m
193
tionalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il
nous
faut demander, et obtenir, nous tous, c’est que les nations européenn
194
entales. Ce qu’il nous faut demander, et obtenir,
nous
tous, c’est que les nations européennes s’ouvrent d’abord les unes au
195
ouvrant l’Europe au monde, du même coup. Ce qu’il
nous
faut demander et obtenir — obtenir de nous-mêmes tout d’abord — c’est
196
ois, l’attitude d’engagement et de solidarité qui
doit
ici nous inspirer, je dirai, songeant à l’Europe et à sa vocation mon
197
titude d’engagement et de solidarité qui doit ici
nous
inspirer, je dirai, songeant à l’Europe et à sa vocation mondiale, et
198
que de la défensive est terminée pour elles, dans
notre
temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilemme très net : il n
199
ns de la communauté vivante, que le gigantisme de
nos
machines administratives, le règne de l’argent, le nomadisme industri
200
nte, laissant celle-ci désorientée. Il s’agit que
nos
théologiens adoptent une politique d’intervention, et non de vertueus
201
Hélas, elle en est bien sortie ! Il est temps que
nous
sortions à sa recherche pour la ramener ! 3° Que l’Église cesse de dé
202
e spécifiquement chrétienne. « Soyez bien sages »
nous
disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit
203
bal » comme disent les Américains, s’instaure sur
notre
planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende nos attachements n
204
lanète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende
nos
attachements nationaux, politiques et raciaux. Et c’est pourquoi le m
205
ique revêt une importance politique capitale dans
notre
siècle : il peut offrir le modèle même d’une union mondiale dans le r
206
iversités nationales. Que dis-je, il peut ! Il le
doit
, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’atte
207
importance de la sexualité. Tandis qu’en Amérique
nous
trouvons deux morales également admises, semble-t-il, l’une faite de
208
il, l’une faite de vices et de vertus, comme chez
nous
, mais l’autre étant un « sport » d’une nature différente, — et c’est
209
ue en tant qu’américaine, ignore le phénomène que
nous
nommons passion. J’écrivais dans un livre récent : Rien de plus rare
210
vis de la passion est peut-être plus saine que la
nôtre
. En bref, il n’aime point souffrir, et tient pour perversion ce goût
211
re exaltante et intéressante qui fait le sujet de
nos
plus beaux romans d’amour. Les obstacles au bonheur des amants, indis
212
orale nouvelle. Les difficultés sentimentales qui
nous
fascinent et que nous cultivons, sans nous l’avouer, lui font peur, e
213
fficultés sentimentales qui nous fascinent et que
nous
cultivons, sans nous l’avouer, lui font peur, et l’éloignent vite de
214
es qui nous fascinent et que nous cultivons, sans
nous
l’avouer, lui font peur, et l’éloignent vite de l’être ou des circons
215
amour existait aux États-Unis : non, dit-elle, si
nous
nous suicidons au lendemain d’une rupture ou d’une trahison, c’est si
216
existait aux États-Unis : non, dit-elle, si nous
nous
suicidons au lendemain d’une rupture ou d’une trahison, c’est simplem
217
e rupture ou d’une trahison, c’est simplement que
nous
n’aimons pas à rester seuls. Du matriarcat, du mariage et des « mo
218
ent affair tout autre chose que le business comme
nous
disons). Le mariage à l’américaine est une institution d’un type nouv
219
libérer la femme des soucis qui l’absorbent chez
nous
. Il est étrange que nous parlions toujours de leur « matérialisme » à
220
cis qui l’absorbent chez nous. Il est étrange que
nous
parlions toujours de leur « matérialisme » à ce propos, puisque le bu
221
est d’alléger les tâches matérielles, auxquelles
notre
littérature prétendument « spiritualiste » rend un culte sentimental
222
e de la femme manifeste qu’elle sait ce qu’on lui
doit
. Comme elle est installée dans la vie ! Elle s’y avance avec l’autori
223
ffaires comme ailleurs une efficiency sans égale.
Nous
sommes donc en présence d’une civilisation qui tend vers le matriarca
224
eur — « cette part de la personnalité du fils qui
devait
devenir l’amour d’une femme de son âge ». Mom le transmute en sentime
225
ectacle le plus inquiétant du Nouveau Monde : car
nous
sommes habitués à voir des hommes en masses, à la caserne ou dans une
226
le divorce américain ne saurait être, comme chez
nous
, la douloureuse rupture d’une longue intimité, celle-ci n’existant pa
227
ruption d’une expérience mal engagée ou négative.
Nous
pensons, comme toujours, à conserver5, eux à ouvrir. Le divorce est p
228
, à conserver5, eux à ouvrir. Le divorce est pour
nous
l’enterrement d’un bonheur, pour eux l’acte de naissance d’une vie pl
229
fort coûteuse basée sur un mensonge : l’intéressé
doit
en effet déclarer devant la cour son intention bien arrêtée de vivre
230
une seconde fois. Cette éventualité, d’ailleurs,
doit
être envisagée très sérieusement. Chaque jour dans les courriers mond
231
elle pour la quatrième. » Motif : mental cruelty (
nous
disons : « incompatibilité d’humeur »). Mais on en trouvera d’autres,
232
dans toute sa virulence en Amérique, détermine de
nos
jours encore les mœurs sexuelles du Nouveau Monde. J’ajouterai qu’ell
233
ence dans le mal et de plaisir au drame qui, chez
nous
, pervertit la vie sexuelle et l’élève au niveau de la culture. Purita
234
cipé, le jeune Américain semblerait un peu fade à
nos
romanciers de l’amour. Il reste chaste ou se comporte en animal irres
235
ités de la vie américaine, disciples réticents de
nos
écoles d’Europe, cherchant une méthode de pensée plutôt que des fonde
236
brusquerie de leurs jugements et un style tough (
nous
dirions « dur » ou « vache ») leur défaut de responsabilité. Tout cel
237
jugent en général trop formalistes ou rhétoriques
nos
poèmes et nos essais. Une jeune romancière me disait : « Vous autres,
238
ral trop formalistes ou rhétoriques nos poèmes et
nos
essais. Une jeune romancière me disait : « Vous autres, Européens, vo
239
it trop. Le savent-ils eux-mêmes ? L’exigence que
nous
gardons encore de dégager, d’expliciter un sens, leur apparaît vaguem
240
En tant que citoyen, me dit-il, il serait de mon
devoir
de publier ce livre. Mais en tant qu’éditeur, ce serait un suicide. —
241
inion gouverne ? La vraie Cinquième Colonne, dans
nos
démocraties, je vous le dis, c’est la paresse d’esprit ! 27 janvier 1
242
ns à me poser au sujet d’un de mes livres dont il
devra
parler au séminaire de littérature. Que veut-il donc savoir ? Simplem
243
afétéria, — un restaurant très bon marché où l’on
doit
se munir d’un plateau, de services et d’assiettes pris sur la pile, p
244
sens logique, la rapidité du raisonnement, etc.)
doit
donner un chiffre total supérieur à 135. Le génie, s’il est physicien
245
livre et ferais bien de ne plus m’en échapper. Je
devais
aller chez des amis après le dîner. J’entre au hasard dans un petit r
246
nue. La salle étroite et profonde paraît vide. Il
doit
être environ neuf heures et demie. J’hésite sur le seuil : va-t-on me
247
es de suie s’écrasent sur mon papier, la verrière
doit
être fendue ou mal jointe. Raccommodé avec un ligament de ficelle ver
248
mme le monde est une vitrine, en bonne partie, il
doit
être possible de déterminer le degré de fortune ou d’infortune d’un a
249
et le dimanche matin j’annonce subitement que je
dois
rentrer en ville pour une affaire pressante. En vérité, j’ignorais qu
250
amusant de noter pour plus tard la composition de
notre
équipe en termes de gazette littéraire. L’ancien rédacteur en chef de
251
cinq heures au fond de la grande salle. Il vient
nous
prêter sa voix noble, agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde
252
à la polycopie, avant d’être remis aux speakers,
nous
trouvons un moment pour causer. Et souvent nous parlons des fêtes que
253
, nous trouvons un moment pour causer. Et souvent
nous
parlons des fêtes que nous rêvons d’organiser. Celle par exemple qui
254
our causer. Et souvent nous parlons des fêtes que
nous
rêvons d’organiser. Celle par exemple qui devrait durer trois jours d
255
ue nous rêvons d’organiser. Celle par exemple qui
devrait
durer trois jours dans une vaste demeure aux portes condamnées, où ch
256
êve de compensation, si l’on voit dans quel cadre
nous
sommes en train de causer. Trente machines à écrire dans cette salle,
257
le avions, et la promesse du général Marshall : «
Nous
débarquerons en France. » Juillet 1942 Saint-John Perse. — Lorsqu’il
258
eut être qu’une plage, un loisir sur la plage, et
nous
l’avons ici. New York, 2 septembre 1942 Quoi de plus sale qu’une vill
259
? Il faut être fou pour rentrer… Mais à l’Office,
notre
travail s’intensifie, et les échos nous en reviennent de France. Leur
260
’Office, notre travail s’intensifie, et les échos
nous
en reviennent de France. Leur dire là-bas, dire à la Résistance que l
261
ine… Mais dire aussi les revers et les défaites :
notre
consigne de véracité est absolue. Washington part de l’idée juste qu’
262
en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il
nous
lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuvre po
263
s beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je
dois
rentrer pour neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma ch
264
ent à toutes ces coquetteries de style imitées de
nos
auteurs anciens qu’on trouvait à chaque ligne chez Valéry, chez Gide
265
nce à des modèles anciens. (Que de pastiches dans
nos
lettres modernes !) Bien écrire, c’est régler ses moyens sur la fin q
266
st mise dans ce cas. Défaut commun à presque tous
nos
bons auteurs français contemporains : n’importe qui dira qu’ils « écr
267
blanc. On y est fort sensible à Paris. Cependant
nous
vivons au xxe siècle, et je voudrais un style qui supporte le transp
268
ou d’un Goethe ; d’un Valéry et d’un Gide, parmi
nous
. La gloire est devenue le droit d’énoncer des banalités mais qui ne p
269
ux années de violente dérive. … mais sachez-le :
Nous
n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occ
270
s plus que de nous-mêmes. Vous étiez « occupés »,
nous
étions en exil, et les uns comme les autres dans l’inaccepté, dans la
271
au pire moment, à l’heure de moindre résistance.
Notre
angoisse était de penser : parlerons-nous encore le même langage au j
272
tance. Notre angoisse était de penser : parlerons-
nous
encore le même langage au jour de ce retour en France, — dans quelle
273
ce, — dans quelle France, et dans quelle Europe ?
Nous
étions soumis à l’érosion de l’exil, moins brutale, certes, mais plus
274
vous n’êtes plus l’invité mais un client, et qui
devrait
s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout
275
s’occuper de chacun de vous. Et c’est bien vrai.
Nous
étions trop nombreux. En France, en Suisse aussi, avant la guerre, no
276
eux. En France, en Suisse aussi, avant la guerre,
nous
trouvions qu’il y avait trop de juifs réfugiés. Des gens frappés par
277
ù que ce soit, il y en a toujours trop. Cependant
notre
sort vous paraissait enviable, à juste titre. Les pires tourments de
278
. Autant dire qu’on les tient pour moins sérieux.
Nous
étions mal placés pour discuter cela, donc en somme pour défendre l’e
279
ait pourtant tout ce qu’il restait à défendre par
nous
, dans l’exil… 6. Quartier du bas de la ville où habitent beaucoup
280
s’agit du livre intitulé La Part du diable , qui
devait
paraître à New York à la fin de 1942, dans une première version. La s
281
n. La seconde version, élargie, date de 1944. 8.
Nous
annoncions chaque semaine, à cette époque, le résultat de l’effort sp
282
général de l’époque, depuis que Hitler a disparu.
Notre
vision du monde, naguère limitée aux dimensions de la nation, mais dé
283
aces nouveaux, se trouble. Le monde qui encadrait
nos
actes et pensées et suffisait à leur fournir des repères coutumiers e
284
acune signale une menace ou une promesse qui peut
nous
concerner, mais dont il nous est impossible d’évaluer la portée concr
285
ne promesse qui peut nous concerner, mais dont il
nous
est impossible d’évaluer la portée concrète ? Savoir d’abord les fa
286
moins longue échéance, sur le sort de chacune de
nos
nations d’Europe et sur nos vies individuelles. Il n’est pas un de ce
287
le sort de chacune de nos nations d’Europe et sur
nos
vies individuelles. Il n’est pas un de ces faits qu’on puisse analyse
288
un de ces faits qu’on puisse analyser à l’aide de
nos
catégories de droite et de gauche sans glisser vers l’insanité ou rév
289
e ces faits, par conséquent, dont tiennent compte
nos
débats politiques. Ces derniers sont centrés sur des questions de par
290
que trop naturel. Il est parfaitement naturel que
nous
aimions parler de politique. Il est parfaitement naturel que nos disc
291
ler de politique. Il est parfaitement naturel que
nos
discussions se passionnent dans la mesure où elles s’allègent d’une q
292
etenir qu’à rassembler ; car c’est la passion que
nous
aimons et l’affirmation de nos points de vue, et s’il fallait d’abord
293
st la passion que nous aimons et l’affirmation de
nos
points de vue, et s’il fallait d’abord savoir les faits il n’y aurait
294
de causer. La bêtise triomphante Cependant
nous
soupçonnons bien qu’en dehors de ce jeu de nos partis il y a la vie s
295
t nous soupçonnons bien qu’en dehors de ce jeu de
nos
partis il y a la vie sérieuse, la vie réelle du monde, d’immenses tra
296
ormations continentales qui demain disposeront de
nos
vies : s’en occuper serait s’occuper vraiment de politique. Car il n’
297
autarcique niant la solidarité globale. Désormais
nous
savons qu’il y a le monde et qu’il est un. Nous le savons théoriqueme
298
s nous savons qu’il y a le monde et qu’il est un.
Nous
le savons théoriquement. Mais il nous faut encore apprendre à le voir
299
’il est un. Nous le savons théoriquement. Mais il
nous
faut encore apprendre à le voir, puis à le sentir et à le penser natu
300
formera cette opinion publique mondiale qui seule
nous
permettra de dominer la cause unique des guerres depuis cent ans, à s
301
re foyers de contradictions Le monde s’offre à
nos
yeux, cette année, sous les espèces de quatre ou cinq foyers continen
302
Unis additionnés ! Ainsi la « drôle de paix » que
nous
vivons repose en fait sur quatre crises, sur quatre pauvretés contine
303
que de foi et d’espoir en Europe. Je dis bien que
notre
paix repose sur ces manques, qu’elle y trouve ses bases actuelles et
304
es ne s’est formée que pour répondre à l’appel de
nos
anxiétés et de nos manques. C’est grâce à eux et en eux seuls qu’elle
305
que pour répondre à l’appel de nos anxiétés et de
nos
manques. C’est grâce à eux et en eux seuls qu’elle a pris quelque con
306
de se redresser pour tenir un grand rôle. Ce sont
nos
quatre pauvretés qui nous lient et qui assurent notre paix provisoire
307
r un grand rôle. Ce sont nos quatre pauvretés qui
nous
lient et qui assurent notre paix provisoire. C’est d’elles que naît l
308
s quatre pauvretés qui nous lient et qui assurent
notre
paix provisoire. C’est d’elles que naît l’appel à la fédération. Et s
309
m’apporte un fauteuil de jardin près du sien. Et
nous
parlons de l’Amérique, dont Einstein est devenu citoyen. Il me dit :
310
: « Maman pense que vous pourrez m’aider pour mes
devoirs
d’arithmétique. » Je l’ai aidée de mon mieux. C’est une charmante enf
311
it : un énorme danger collectif effraye moins que
nos
petits malheurs individuels. La seule chose qui inquiète les Américai
312
se ? Méfiance russe Et je pense à part moi :
nous
y voici. N’ai-je pas entendu répéter ces derniers temps qu’Einstein s
313
oposent. Elle soupçonne une menace dans chacun de
nos
mouvements. C’est fatal. Et cela durera tant qu’elle nous croira les
314
vements. C’est fatal. Et cela durera tant qu’elle
nous
croira les plus forts. — Tant que la bombe sera de notre côté… Que pe
315
roira les plus forts. — Tant que la bombe sera de
notre
côté… Que pensez-vous de ce délai de cinq ans qu’on cite partout, et
316
par rapport aux États-Unis. Tout ce qui vient de
nous
les inquiète, et ils se croient forcés de tout refuser. — Alors que f
317
La « bombe » et le monde… La nuit est venue.
Nous
passons dans un petit salon bien bourgeois, bien en ordre. Voici le p
318
il a contribué plus que nul autre à susciter dans
notre
siècle ? Je tourne autour de la question. Mais soudain, Einstein m’in
319
est la marque de l’homme bien né, M. de Rougemont
nous
a fait l’honneur de nous recevoir quelques instants. Je viens de pass
320
bien né, M. de Rougemont nous a fait l’honneur de
nous
recevoir quelques instants. Je viens de passer sept ans aux États-Uni
321
ants. Je viens de passer sept ans aux États-Unis,
nous
confie-t-il. J’étais parti pour l’Amérique afin de faire une tournée
322
qu’une édition anglaise. Ce qu’on sait moins chez
nous
, c’est l’influence considérable que M. Denis de Rougemont a exercée a
323
e Rougemont a exercée aux États-Unis en faveur de
notre
pays. Il est trop modeste pour vouloir nous l’avouer, mais il s’est f
324
r de notre pays. Il est trop modeste pour vouloir
nous
l’avouer, mais il s’est fait l’ardent défenseur de nos institutions.
325
’avouer, mais il s’est fait l’ardent défenseur de
nos
institutions. Ce rôle a été d’autant plus utile pour nous que notre n
326
titutions. Ce rôle a été d’autant plus utile pour
nous
que notre neutralité n’a pas toujours été bien comprise et que la pre
327
. Ce rôle a été d’autant plus utile pour nous que
notre
neutralité n’a pas toujours été bien comprise et que la presse n’a pa
328
que la presse n’a pas toujours été très tendre à
notre
égard. De cette influence, nous ne donnerons qu’un exemple, mais qui
329
té très tendre à notre égard. De cette influence,
nous
ne donnerons qu’un exemple, mais qui illustre bien ce que nous venons
330
rons qu’un exemple, mais qui illustre bien ce que
nous
venons de dire. Le président Truman avait constitué un comité civil,
331
nt, il a donné comme argument principal le cas de
notre
propre armée. En Europe même, les écrits de M. de Rougemont, ont marq
332
l’auteur du Journal d’un intellectuel en chômage,
nous
nous étions demandé à la suite de quelles expériences personnelles il
333
eur du Journal d’un intellectuel en chômage, nous
nous
étions demandé à la suite de quelles expériences personnelles il avai
334
du fédéralisme aussi profonde et aussi originale.
Nous
avons posé la question à M. de Rougemont, qui nous a répondu simpleme
335
ous avons posé la question à M. de Rougemont, qui
nous
a répondu simplement : De tout temps, j’ai été fédéraliste, et je me
336
ne philosophie qui cadre avec les institutions de
notre
pays, car, contrairement à ce que l’on pense généralement, je m’assur
337
ne se rend pas compte, en Suisse, qu’il existe en
nous
, aujourd’hui, un sentiment européen, ce qui n’empêche pas, il est vra
338
ui n’empêche pas, il est vrai, bon nombre d’entre
nous
de douter de la naissance d’une fédération européenne. Mais ce qui me
339
mardi soir, ce qui étonne tous les historiens de
notre
Confédération, c’est justement l’extrême rapidité avec laquelle la Co
340
édéralisme suisse. Et cette crise vient de ce que
nous
sommes entourés d’États-nations, qui menacent notre fédéralisme. Cela
341
ous sommes entourés d’États-nations, qui menacent
notre
fédéralisme. Cela explique aussi pourquoi le centralisme fait chez no
342
explique aussi pourquoi le centralisme fait chez
nous
des progrès aussi terrifiants. Aussi suis-je convaincu que le salut d
343
rifiants. Aussi suis-je convaincu que le salut de
notre
fédéralisme ne peut venir que d’une Europe fédérée. o. Rougemont D
344
ible à ses manifestations historiques, telles que
nous
pouvons les observer et les contrôler de très près dans une expérienc
345
le est donc la définition de l’homme sur laquelle
nous
pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous sommes
346
tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle
nous
sommes d’accord, tacitement, si nous souhaitons un régime fédéraliste
347
sur laquelle nous sommes d’accord, tacitement, si
nous
souhaitons un régime fédéraliste ? Nous n’en parlerions pas si nous p
348
ement, si nous souhaitons un régime fédéraliste ?
Nous
n’en parlerions pas si nous pensions que le type d’homme le plus souh
349
régime fédéraliste ? Nous n’en parlerions pas si
nous
pensions que le type d’homme le plus souhaitable est l’individu isolé
350
lité vis-à-vis de la communauté. Car dans ce cas,
notre
jardin nous suffirait. Mais nous n’en parlerions pas non plus si nous
351
s de la communauté. Car dans ce cas, notre jardin
nous
suffirait. Mais nous n’en parlerions pas non plus si nous pensions av
352
ar dans ce cas, notre jardin nous suffirait. Mais
nous
n’en parlerions pas non plus si nous pensions avec Hitler que l’homme
353
firait. Mais nous n’en parlerions pas non plus si
nous
pensions avec Hitler que l’homme n’est qu’un soldat politique totalem
354
sorbé par le service de la communauté. Car alors,
nous
irions de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si
355
ôté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si
nous
en parlons, si nous le voulons, c’est que nous savons que l’homme est
356
, en esprit tout au moins. Si nous en parlons, si
nous
le voulons, c’est que nous savons que l’homme est un être doublement
357
Si nous en parlons, si nous le voulons, c’est que
nous
savons que l’homme est un être doublement responsable : vis-à-vis de
358
aquelle sa vocation s’exerce. Aux individualistes
nous
rappelons donc que l’homme ne peut se réaliser intégralement sans se
359
p dans le complexe social. Et aux collectivistes,
nous
rappelons que les conquêtes sociales ne sont rien, si elles n’aboutis
360
la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il se
doit
à lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles. Cet ho
361
s : celui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il
doit
à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le
362
ponsables que les dictateurs font leur ciment. Et
nous
avons pu voir, pendant la dernière guerre, que les résistances que re
363
ands traits la conception de l’homme sur laquelle
nos
travaux doivent se fonder et qu’ils ont pour but ultime de promouvoir
364
la conception de l’homme sur laquelle nos travaux
doivent
se fonder et qu’ils ont pour but ultime de promouvoir, nous pouvons p
365
nder et qu’ils ont pour but ultime de promouvoir,
nous
pouvons passer maintenant à une description plus concrète de l’attitu
366
fallu des siècles aux Suisses pour se fédérer, et
nous
avons besoin de solutions rapides. » À la deuxième objection, je répo
367
steraient pas sans celle-là. C’est pourquoi, dans
notre
tentative de définir l’idée fédéraliste en soi, nous ferons bien de n
368
e tentative de définir l’idée fédéraliste en soi,
nous
ferons bien de ne pas perdre de vue cette expérience-témoin, concrète
369
que « tous pour un » signifie l’aide que l’union
doit
apporter à chaque région et à chaque personne. Il est infiniment prob
370
est infiniment probable que sur le plan européen,
nous
allons voir se dessiner deux tendances toutes semblables à celles que
371
bles à celles que je viens de signaler en Suisse.
Nous
aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l’union et à la r
372
enseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et
nous
aurons des fédéralistes préoccupés avant tout de sauvegarder les droi
373
on contre les empiètements du pouvoir central. Et
nous
devrons constamment rappeler aux deux partis que le fédéralisme vérit
374
ntre les empiètements du pouvoir central. Et nous
devrons
constamment rappeler aux deux partis que le fédéralisme véritable n’e
375
rainte de développer pour sa défense une théorie.
Nous
vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme suisse, s’il veut du
376
stoire où le fédéralisme suisse, s’il veut durer,
doit
devenir à son tour missionnaire. Telle est sa crise : ou se nier, ou
377
, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle
doit
se formuler. Elle doit dire ce qui allait sans dire et qui alors n’en
378
orcer dans la plupart des peuples. La guerre dont
nous
sortons à peine est venue le fouetter. Brusquement, la question se po
379
de l’Europe, sont des avertissements utiles, ils
nous
confirment dans l’idée qu’on ne peut pas atteindre la fin, qui est l’
380
nt la condition de toute vie organique. Rappelons-
nous
toujours que fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan gé
381
s groupes, et qui les brimerait tous. Si l’Europe
doit
se fédérer, c’est pour que chacun de ses membres bénéficie de l’aide
382
pèce de mouvement d’horlogerie fine que composent
nos
rouages communaux, cantonaux, fédéraux, si diversement engrenés, il c
383
rer que cette complexité est la condition même de
nos
libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires sont constamment
384
tion même de nos libertés. C’est grâce à elle que
nos
fonctionnaires sont constamment rappelés au concret, et que nos légis
385
ires sont constamment rappelés au concret, et que
nos
législateurs sont obligés de garder un contact attentif avec les réal
386
une nouvelle menace extérieure. C’est dire qu’il
nous
faut aller vite. ⁂ Il n’y a, dans le monde du xxe siècle, que deux c
387
e totalitarisme est une tentation permanente pour
notre
fatigue, notre inquiétude, nos doutes et nos vertiges de démission sp
388
est une tentation permanente pour notre fatigue,
notre
inquiétude, nos doutes et nos vertiges de démission spirituelle. L’es
389
permanente pour notre fatigue, notre inquiétude,
nos
doutes et nos vertiges de démission spirituelle. L’esprit totalitaire
390
ur notre fatigue, notre inquiétude, nos doutes et
nos
vertiges de démission spirituelle. L’esprit totalitaire n’est pas dan
391
t dans tous les autres ; mais surtout parce qu’il
nous
guette tous, à l’intérieur de nos pensées, au moindre fléchissement d
392
ut parce qu’il nous guette tous, à l’intérieur de
nos
pensées, au moindre fléchissement de notre vitalité, de notre courage
393
rieur de nos pensées, au moindre fléchissement de
notre
vitalité, de notre courage, du sens de notre vocation. Nous n’arriver
394
s, au moindre fléchissement de notre vitalité, de
notre
courage, du sens de notre vocation. Nous n’arriverons à rien de bon,
395
t de notre vitalité, de notre courage, du sens de
notre
vocation. Nous n’arriverons à rien de bon, dans nos efforts et nos dé
396
ité, de notre courage, du sens de notre vocation.
Nous
n’arriverons à rien de bon, dans nos efforts et nos débats pour promo
397
e vocation. Nous n’arriverons à rien de bon, dans
nos
efforts et nos débats pour promouvoir l’Europe unie, si nous ne resto
398
s n’arriverons à rien de bon, dans nos efforts et
nos
débats pour promouvoir l’Europe unie, si nous ne restons pas en garde
399
s et nos débats pour promouvoir l’Europe unie, si
nous
ne restons pas en garde vigilante contre les réflexes totalitaires qu
400
re les réflexes totalitaires qui peuvent affecter
nos
esprits, même et surtout quand nous parlons de fédéralisme. Si au con
401
uvent affecter nos esprits, même et surtout quand
nous
parlons de fédéralisme. Si au contraire, à la faveur de ces débats, n
402
isme. Si au contraire, à la faveur de ces débats,
nous
parvenons à développer des réflexes de pensée fédéraliste, si nous de
403
développer des réflexes de pensée fédéraliste, si
nous
devenons nous-mêmes intégralement fédéralistes — fédéralistes comme o
404
era déjà plus qu’à moitié gagnée. Car si l’Europe
doit
durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur q
405
ope doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le
devra
, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas
406
euls. Sur qui d’autre peut-elle compter ? Elle ne
doit
pas compter sur les gens au pouvoir. J’en connais peu qui aient l’int
407
n de le laisser limiter, et c’est pourtant ce que
nous
leur demandons. Tous les gouvernements ont un penchant marqué à persé
408
ations qui se sont arrogé ces droits absolus sans
devoirs
, ont un penchant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’est poi
409
drais baptiser la Nouvelle Résistance européenne,
nous
nous sommes déclarés responsables au récent congrès de Montreux, qui
410
baptiser la Nouvelle Résistance européenne, nous
nous
sommes déclarés responsables au récent congrès de Montreux, qui fédér
411
nviction sobre et ferme que, cette fois-ci, on ne
nous
laisserait plus le temps de rater. p. Rougemont Denis de, « L’atti
412
réglementaient n’était jamais l’amour au sens où
nous
l’entendons et qu’ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuel
413
het.) Les seuls obstacles réels à l’amour sont en
nous
: sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil tournée en
414
quod vis, dit saint Augustin. « C’est l’amour qui
nous
rendra la liberté », dit la chanson. Mais il arrive que les voies et
415
anson. Mais il arrive que les voies et moyens que
nous
imaginons pour le réaliser — religions, éthiques, politiques, puis sc
416
tout autre affaire. La liberté dans la sexualité,
nous
en jouissons et nous en souffrons plus que toute autre civilisation c
417
a liberté dans la sexualité, nous en jouissons et
nous
en souffrons plus que toute autre civilisation connue. C’est la raiso
418
sans que mort s’en suive, ni même une amende. Si
nos
lois démocratiques déclaraient un beau jour en tous termes que dans c
419
ns dans le domaine sexuel sont négligeables parmi
nous
, si on les compare à celles qu’entraîne la simple tentative de traver
420
nions politiques même non déclarées publiquement.
Nous
sommes loin des sociétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient
421
e — et non l’absence de la liberté sexuelle parmi
nous
qui pose un problème sérieux. Si l’on estime que l’état présent de no
422
ème sérieux. Si l’on estime que l’état présent de
nos
mœurs est satisfaisant, il en résulte qu’une « éthique de l’amour » (
423
la sexualité) n’est pas nécessaire ; car en fait
nous
n’en avons plus, ou juste assez pour que le piquant d’une tricherie q
424
ez pour que le piquant d’une tricherie que toutes
nos
modes, romans et films favorisentf. Si l’on estime au contraire, comm
425
i l’on estime au contraire, comme je le fais, que
nous
vivons dans le chaos, l’amertume et la contradiction, il nous faut ré
426
dans le chaos, l’amertume et la contradiction, il
nous
faut rétablir une éthique, c’est-à-dire recréer des tensions entre la
427
nature » et un ordre, ou plus exactement : entre
nos
instincts déréglés et les règles d’un jeu nouveau. Quel jeu ? Quelles
428
e soviétique l’invite à admirer. « Très beau, dit
notre
Américain, mais je ne vois pas de trains circuler ? » — « En effet, r
429
ce qu’on publie dans un pays donné ne peut et ne
doit
servir que le parti au pouvoir. Ainsi, Faulkner, Hemingway et Miller,
430
s en Europe occidentale de Tolstoï et Dostoïevsky
devrait
être mis au crédit des sombres desseins du tsarisme ? Et, de même, l’
431
s américains cherchent à faire de l’argent, comme
les nôtres
, tout en publiant parfois une œuvre de qualité qui ne rapporte rien ;
432
anité proprement balayés dans le ruisseau, auquel
nous
laisserons le soin de les conduire à leur conclusion naturelle, — res
433
ays où l’entreprise est libre, mais plus que chez
nous
, parce que l’Américain n’est pas hypocrite dans ce domaine, les édite
434
e, il trouvera le meilleur de ce qui s’écrit chez
nous
. Et que lui donne-t-on, dans le fait ? D’excellents articles sur l’hy
435
ieusement motivée dans les destins de l’Amérique.
Nous
voici loin des « turpitudes » et de la résignation morbide dénoncées
436
lisme béat au service de l’idéologie majoritaire,
nous
voici tout près des problèmes que pose la « culture des masses » en R
437
qui entraîne une quantité d’emprisonnements. Mais
nous
, Européens, quels efforts faisons-nous pour qu’une masse élargie assi
438
ents. Mais nous, Européens, quels efforts faisons-
nous
pour qu’une masse élargie assimile les idées ? Nous préférons marquer
439
us pour qu’une masse élargie assimile les idées ?
Nous
préférons marquer les points, les mauvaises notes à droite et à gauch
440
s notes à droite et à gauche, d’un air sceptique.
Nous
dénonçons l’abus flagrant des méthodes américaines, au lieu d’en fair
441
s américaines, au lieu d’en faire meilleur usage.
Nous
sommes de petits malins qui refusent de choisir entre la peste et le
442
ir entre la peste et le choléra, entre les blocs.
Nous
tenons la balance égale… ⁂ Eh bien ! non, la balance n’est pas égale
443
tre le fait des éditeurs américains, est celui de
notre
public. Mais sur l’Europe, en général, l’influence américaine s’est e
444
e. La radio, l’aviation, l’économie redistribuent
nos
voisinages en même temps qu’elles les rendent plus étroits. L’Europe
445
endent plus étroits. L’Europe est plus petite que
nous
ne pensions, le monde plus grand. Nos descendants s’étonneront bien q
446
petite que nous ne pensions, le monde plus grand.
Nos
descendants s’étonneront bien que Valéry ait pu nous étonner en notan
447
s descendants s’étonneront bien que Valéry ait pu
nous
étonner en notant que l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. À ces faits
448
emagne et les démocraties : tout se passait entre
nous
, Européens, nous sentions donc surtout nos divisions. Aujourd’hui les
449
ocraties : tout se passait entre nous, Européens,
nous
sentions donc surtout nos divisions. Aujourd’hui les deux Grands ont
450
entre nous, Européens, nous sentions donc surtout
nos
divisions. Aujourd’hui les deux Grands ont paru dans leur force : tou
451
paru dans leur force : tout se passe en dehors de
nous
, tout nous menace ensemble et nous pousse à l’union. Séparés, isolés,
452
eur force : tout se passe en dehors de nous, tout
nous
menace ensemble et nous pousse à l’union. Séparés, isolés, nous seron
453
e en dehors de nous, tout nous menace ensemble et
nous
pousse à l’union. Séparés, isolés, nous serons colonisés. Ensemble, n
454
semble et nous pousse à l’union. Séparés, isolés,
nous
serons colonisés. Ensemble, nous serons aussi nombreux que les deux G
455
Séparés, isolés, nous serons colonisés. Ensemble,
nous
serons aussi nombreux que les deux Grands additionnés. Ils baisseront
456
Ils baisseront le ton, et l’on pourra parler.
Notre
vocation Qu’aurons-nous donc à dire dans cette conversation une fo
457
’on pourra parler. Notre vocation Qu’aurons-
nous
donc à dire dans cette conversation une fois les pistolets déposés su
458
sur la table ? Deux mondes sont en présence, que
nous
n’approuvons pas, pour des raisons d’ailleurs très inégales. L’un est
459
n est collectiviste, l’autre individualiste. Dans
notre
immense majorité nous refusons le premier, nous nous méfions du secon
460
autre individualiste. Dans notre immense majorité
nous
refusons le premier, nous nous méfions du second. Notre idée de l’hom
461
notre immense majorité nous refusons le premier,
nous
nous méfions du second. Notre idée de l’homme n’est pas celle du Krem
462
e immense majorité nous refusons le premier, nous
nous
méfions du second. Notre idée de l’homme n’est pas celle du Kremlin n
463
refusons le premier, nous nous méfions du second.
Notre
idée de l’homme n’est pas celle du Kremlin ni celle du businessman am
464
lle du Kremlin ni celle du businessman américain.
Nous
ne voulons pas d’un régime de terreur, de parole asservie, d’épuratio
465
ups de marteau (c’est le nom choisi par Molotov).
Nous
ne voulons pas de la dictature d’un seul parti ; qui ne représente qu
466
pays où il est le plus fort, et qui ne peut faire
notre
unité que sur nos ruines, par l’occupation russe, et dans les camps.
467
us fort, et qui ne peut faire notre unité que sur
nos
ruines, par l’occupation russe, et dans les camps. À l’égard de l’Amé
468
russe, et dans les camps. À l’égard de l’Amérique
notre
refus, pour être beaucoup moins brutal, n’est pas moins franc. Nous a
469
tre beaucoup moins brutal, n’est pas moins franc.
Nous
avons besoin d’elle matériellement, elle a besoin de nous spirituelle
470
ns besoin d’elle matériellement, elle a besoin de
nous
spirituellement, et si son aide économique nous trouvait complaisants
471
e nous spirituellement, et si son aide économique
nous
trouvait complaisants ou serviles dans le domaine des mœurs et de la
472
mœurs et de la culture elle y perdrait autant que
nous
. L’Europe a dépassé le stade de l’individualisme économique. Son rôle
473
mune aux peuples de l’Europe : ni l’individu sans
devoirs
ni le soldat politique sans droits, mais la personne à la fois libre
474
is libre et engagée, l’homme qui sait ce qu’il se
doit
et ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que cherchent dans tous nos pay
475
ée, l’homme qui sait ce qu’il se doit et ce qu’il
doit
aux autres. Voilà ce que cherchent dans tous nos pays les meilleures
476
doit aux autres. Voilà ce que cherchent dans tous
nos
pays les meilleures têtes, j’entends les moins sectaires et les plus
477
ocation de l’Europe. Or il est clair qu’aucune de
nos
nations n’est en mesure de la réaliser pour son seul compte et sans é
478
dire : « Je veux une Europe désunie ! Je veux que
nos
rivalités se perpétuent ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un e
479
eux que nos rivalités se perpétuent ! Je veux que
nos
pays s’effondrent un à un en toute souveraineté nationale, qu’ils se
480
un jour, les défaitistes auront perdu comme il se
doit
, et les nationalistes feront l’opposition indispensable à tout régime
481
le grand but de cette drôle de paix ? À quel plan
nous
vouer ? À quelle doctrine nouvelle consacrer ce besoin d’engagement q
482
la guerre qu’ils avaient eux-mêmes déclenchée. Et
nous
savons pourtant que nous sommes plus libres qu’eux, et plus sages que
483
eux-mêmes déclenchée. Et nous savons pourtant que
nous
sommes plus libres qu’eux, et plus sages que les Américains. Mais nou
484
es qu’eux, et plus sages que les Américains. Mais
nous
restons les bras ballants, regardant à droite et à gauche comme s’il
485
oite et à gauche comme s’il n’y avait rien devant
nous
. Quand le monde attend de nous l’invention pacifiante et la formule d
486
avait rien devant nous. Quand le monde attend de
nous
l’invention pacifiante et la formule d’un ordre neuf… Où irons-nous ?
487
acifiante et la formule d’un ordre neuf… Où irons-
nous
? Seul le fédéralisme ouvre des voies nouvelles. Seul il peut surmont
488
lisme, qui veut que la Terre promise ne soit pour
nous
ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à li
489
eunir, à libérer de ses cloisons, à reconquérir :
notre
Europe. 9. Le congrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui
490
ce qui va plus loin. Ce n’est pas une erreur qui
doit
ouvrir la voie. Mais essayons de ramener l’attention sur cet obstacle
491
la cadence de ta grâce. Le risque et l’isolement
nous
rendent à l’enfance, parce qu’ils nous livrent aux magies intimes. Se
492
’isolement nous rendent à l’enfance, parce qu’ils
nous
livrent aux magies intimes. Se croire ou se sentir unique, c’est la s
493
e ce que l’on voit. C’est le seul optimiste parmi
nous
, qui ait causé de l’être sans niaiserie. S’il s’arrête à telle appare
494
rdue sur laquelle on met le pied par hasard. Mais
nous
touchons ici au fétichisme, qui n’est qu’une obsession morbide du sen
495
ns heureuses, une sur dix, comme la loi du hasard
nous
autoriserait à l’attendre. Vous négligez tous les cas où cela rate. «
496
n’y a pas de hasard, tout serait donc déterminé ?
Nous
n’aurions plus qu’à suivre une voie rigide, fixée de toute nécessité
497
aut rougir. Il n’y a pas de hasard, mais pourtant
nous
sommes libres. Je ne sais qui dispose de moi, mais la contrainte, si
498
e désoriente… C’est une immense affaire d’amour !
Nous
ne sommes pas aimantés comme des grains de limaille, nous sommes aimé
499
sommes pas aimantés comme des grains de limaille,
nous
sommes aimés par un destin. Et parfois il nous traite avec indifféren
500
e, nous sommes aimés par un destin. Et parfois il
nous
traite avec indifférence, parfois nous blesse, parfois nous tyrannise
501
parfois il nous traite avec indifférence, parfois
nous
blesse, parfois nous tyrannise… ⁂ Le rationaliste articule : détermin
502
e avec indifférence, parfois nous blesse, parfois
nous
tyrannise… ⁂ Le rationaliste articule : déterminisme. Il voit un rail
503
e nouveauté proprement dramatique. Quel coup pour
nos
philosophies ! Qu’on m’en cite une qui s’en relèverait. Une seule ! ⁂
504
uperstitieux, parce que tout amour est unique, et
doit
donc inventer ses signaux, indices, repères et mesures. La science se
505
des hommes et qui aiment : « Question de peaux. »
Nous
en sommes là. On avancerait un peu en disant : « Question d’astres. »
506
? Et, pour mieux préciser encore sa position, ne
nous
invita-t-il pas, reprenant le précepte du vieil Anaxagore, à penser a
507
garde — Hic et Nunc — qui compta douze numéros.
Nous
y défendions la théologie existentielle, et les noms de Heidegger, de
508
eidegger, de Kierkegaard, revenaient souvent sous
notre
plume. Au sommaire, l’on trouvait Henry Corbin, Roger Breuil, Albert-
509
lbert Einstein, l’inventeur de la bombe atomique.
Nous
étions voisins, me raconte Denis de Rougemont. Chaque jour, vers onze
510
sseoir près de lui dans un fauteuil de jardin, et
nous
nous mîmes à parler de l’Amérique, de la Russie et de la bombe atomiq
511
r près de lui dans un fauteuil de jardin, et nous
nous
mîmes à parler de l’Amérique, de la Russie et de la bombe atomique. A
512
icaine est dans un certain sens plus saine que la
nôtre
. Les disputes autour de l’engagement de l’écrivain n’existent pas là-
513
mes de 40 à 50 ans. Je pensais que de plus jeunes
nous
relèveraient, s’imposeraient. Eh bien ! non. Ceux qui se tiennent à l
514
dirait qu’on est en marge du temps. Cela donne à
notre
colloque une apparente gratuité qui en trahit l’objet. Ce qu’il y a d
515
profonde sur leurs pensées et leur œuvre. Enfin,
nous
en venons à parler de l’Europe. Je suis profondément européen, me déc
516
me déclare Denis de Rougemont. Mais je pense que
notre
continent ne peut être sauvé que par une organisation fédérative. Le
517
ers l’union, et, d’autre part, l’aide que l’union
doit
apporter à chaque région et à chaque personne. Au mois d’août dernier
518
ntre eux peut-être, que l’organisation fédérative
doit
naître. Il faut provoquer les états généraux de l’Europe. C’est le se
519
alitarisme m’apparaît comme le pire danger auquel
nous
sommes exposés. Son importance donne la mesure de notre absence de pr
520
sommes exposés. Son importance donne la mesure de
notre
absence de présence au monde. Tout comme la guerre et la mort, il est
521
és, de ces complications. Elles seules préservent
notre
liberté. Chaque jour, la Suisse en reconnaît les bienfaits. Pourquoi
522
vous semble-t-elle pas chimérique ? Nullement. Si
nous
parvenons à développer des réflexes de pensée fédéraliste, si ceux qu
523
a plus qu’à moitié gagnée. Voici venue l’heure de
nous
séparer. Nous faisons encore, côte à côte, quelques pas dans la rue.
524
itié gagnée. Voici venue l’heure de nous séparer.
Nous
faisons encore, côte à côte, quelques pas dans la rue. La nuit est to
525
hèvera de mettre au point le prochain livre qu’il
doit
publier : Les Personnes du drame . J’y traite de Goethe, de Kafka, d
526
Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)u Les uns
nous
disent que le choix est fatal entre l’URSS et les USA, et les autres
527
emiers, l’Europe n’est plus rien par elle-même et
devrait
s’attacher au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain.
528
les blocs. Tout cela repose sur l’idée simple que
nous
sommes pris entre deux grands empires également impérialistes, égalem
529
ires également impérialistes, également avides de
nous
coloniser, donc également dangereux pour nous. Avons-nous bien regard
530
de nous coloniser, donc également dangereux pour
nous
. Avons-nous bien regardé les faits ? Existe-t-il vraiment deux blocs
531
oniser, donc également dangereux pour nous. Avons-
nous
bien regardé les faits ? Existe-t-il vraiment deux blocs ? ⁂ Une prem
532
re le rôle de l’URSS et celui des États-Unis dans
notre
monde : c’est que nous avons chez nous un parti stalinien, qui prend
533
celui des États-Unis dans notre monde : c’est que
nous
avons chez nous un parti stalinien, qui prend ses ordres à Moscou, ma
534
Unis dans notre monde : c’est que nous avons chez
nous
un parti stalinien, qui prend ses ordres à Moscou, mais aucun parti t
535
disciplinées, elle fait sa politique jusque dans
nos
communes : tandis que les USA n’ont que des sympathies, point de prop
536
nde organisée, aucun moyen de donner des ordres à
nos
masses ou à leurs députés. L’URSS possède une doctrine très précise d
537
uropéenne, et surtout sur le plan économique. Ils
nous
veulent forts, donc autonomes. Les communistes, dans chaque pays, sab
538
omes. Les communistes, dans chaque pays, sabotent
notre
reconstruction, les Américains la financent. Où faut-il donc chercher
539
s que l’on peut établir entre les deux puissances
nous
conduisent à la même conclusion : il n’y a pas de commune mesure entr
540
ie vivante n’est pas un bloc. Un seul remède :
nous
fédérer Que devient alors ce choix que certains nous proposent ou
541
édérer Que devient alors ce choix que certains
nous
proposent ou que d’autres déclarent noblement décliner ? En fait, il
542
all, en devenant bloc, précisément, a choisi pour
nous
, malgré nous. Si nous n’acceptons pas d’être ses satellites, elle nou
543
ant bloc, précisément, a choisi pour nous, malgré
nous
. Si nous n’acceptons pas d’être ses satellites, elle nous déclare et
544
précisément, a choisi pour nous, malgré nous. Si
nous
n’acceptons pas d’être ses satellites, elle nous déclare et nous croi
545
nous n’acceptons pas d’être ses satellites, elle
nous
déclare et nous croit ses ennemis et les esclaves de l’Amérique. Et t
546
s pas d’être ses satellites, elle nous déclare et
nous
croit ses ennemis et les esclaves de l’Amérique. Et tout le verbiage
547
rivalités nationalistes et la misère. À ce défi,
nous
ne pouvons pas répondre en nous jetant simplement dans les bras de l’
548
isère. À ce défi, nous ne pouvons pas répondre en
nous
jetant simplement dans les bras de l’Amérique. Non seulement nous ne
549
lement dans les bras de l’Amérique. Non seulement
nous
ne le devons pas, mais c’est pratiquement impossible. Car l’Amérique
550
les bras de l’Amérique. Non seulement nous ne le
devons
pas, mais c’est pratiquement impossible. Car l’Amérique n’a nullement
551
ible. Car l’Amérique n’a nullement l’intention de
nous
entretenir à grands frais comme des malades de luxe, ingrats et susce
552
de luxe, ingrats et susceptibles. Elle cherche à
nous
aider pour que nous ne tombions pas dans le piège grossier que nous t
553
susceptibles. Elle cherche à nous aider pour que
nous
ne tombions pas dans le piège grossier que nous tendent les Russes :
554
e nous ne tombions pas dans le piège grossier que
nous
tendent les Russes : c’est là son intérêt le mieux compris, d’un poin
555
atégique autant que culturel. Mais elle ne pourra
nous
aider que si nous existons d’abord. Le seul choix qui nous reste ouve
556
e culturel. Mais elle ne pourra nous aider que si
nous
existons d’abord. Le seul choix qui nous reste ouvert, c’est donc cel
557
r que si nous existons d’abord. Le seul choix qui
nous
reste ouvert, c’est donc celui de l’Europe elle-même. La seule manièr
558
de défendre l’Europe, c’est de la faire, donc de
nous
fédérer. Malgré les Russes et avec l’appui probable des démocrates am
559
les plaintes ou les diatribes que provoque parmi
nous
depuis quelques semaines l’apparition des « condensés », on serait te
560
sent les grands trusts et Wall Street, acharnés à
nous
asservir tout en feignant de donner du lait en poudre aux enfants. Il
561
s. Il faut avouer que le nom même de « condensé »
nous
vient de l’anglais, ou mieux, de l’américain. En introduisant par sur
562
ré de l’adjectif condensed (from…), il semble que
nos
éditeurs aient voulu souligner le caractère américain de leur entrepr
563
au lieu de condensé pour que l’on s’aperçoive que
nous
sommes en présence d’une querelle aussi vieille que celle des manuels
564
e des Saintes Écritures, dont s’est nourrie toute
notre
enfance. Il est vrai qu’en tout cela je n’ai cité que des traductions
565
vantès n’ont jamais reçu le prix Goncourt, ce qui
doit
apaiser bien des scrupules. Mais voici deux exemples célèbres de gran
566
de Shakespeare. Je ne saurais leur comparer chez
nous
, sous le double rapport du succès et de la valeur littéraire intrinsè
567
ancien, mais encore l’Amérique en abuse moins que
nous
. Au reste, ces « condensés » sont très loin de jouer dans l’édition a
568
dans l’édition américaine le rôle exorbitant que
nous
leur attribuons, et qu’ils semblent en passe de prendre ici. Quant à
569
enne. Les critiques n’ont pas protesté tant qu’on
nous
a servi Shakespeare et Goethe, Cervantès et Dostoïevski dans des vers
570
ondenser » un lauréat quelconque de la saison. Je
dois
avoir l’esprit mal fait : j’ai peine à partager cette répulsion. C’es
571
choisis qui l’illustraient et le nuançaient, que
doit
-on dire de presque toutes les traductions ? Et surtout des adaptation
572
cette œuvre atteindre enfin la vaste audience que
nos
critiques n’avaient pas su lui procurer ? Pour ma part, je salue de m
573
n’aura rien fait pour la culture des masses ; car
nous
sommes en démocratie, et les masses y sont le despote qu’il s’agit av
574
chez le libraire. Tous les critiques français ne
devraient
-ils pas se liguer pour qu’un code de ce genre soit adopté ? v. Rou