1 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
1 le croyant et le lecteur dans un même homme. Ceci dit , j’en reviens à mon propos, qui était de soulever une question, et de
2 et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur la renaissance endémique, dans nos écoles d’avant-garde, des dévi
3 e est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprits libres et « avancés », et ne tolère que le mauvais art du
4 x d’Église » ? 7. Une théologie orthodoxe (je ne dis pas sclérosée) favorise, soutient et nourrit des œuvres de style clas
5 religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux qui disent  : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon Père… »
6 et agissant que celui qui fait l’objet déclaré du dit écrit. Parfois ces deux messages s’accordent et se renforcent ; le pl
2 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
7 font ployer la branche au-dessus de son front, on dirait que son geste même déclenche un mécanisme qui l’annule. Mais on dirai
8 même déclenche un mécanisme qui l’annule. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’élève avec angoisse vers le rocher,
9 s de son être. Tantale avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à ses hôtes leu
10 ure et simple, et comme automatique. C’est autant dire que dans le monde païen, l’homme reste seul avec lui-même et se ferme
11 rs… Soudain : « Je crois, très honorés Messieurs, dit Flachs en se levant, je crois que je pleure ! » Et, en effet, il se r
3 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
12 qué dans la salle des mouvements divers, comme on dit . C’est comme cela qu’existe l’esprit européen : dans la libre discuss
13 les questions j’aurai à poser à la Russie. Je lui dirai  : « Vous accusez les démocraties d’être purement formelles, de n’être
14 peuple le plus militariste du monde. Si vous vous dites un pays démocratique, c’est simple mot. Votre démocratie est plus for
15 eprésentants des différents pays. » … Notez, nous dit encore Denis de Rougemont, que je passe pour un homme de gauche dans
16 totalitarisme qui sévit. Denis de Rougemont nous dit encore quel éloge enthousiaste tous les participants ont fait de Genè
4 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
17 paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume des femmes américaines lors
18 s doute Hemingway, Dos Passos et Steinbeck. C’est dire peut-être que les jeunes Américains sont moins anxieux de renouveler
19 un Français. (« Trouver le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée dans le symbolisme a
20 ents que leur auteur ; ou si ce dernier leur fait dire des bêtises, c’est pour nous inciter à mépriser l’erreur ou la basses
21 stion : le fait est là. Pour la première, je puis dire après coup que j’aurais dû trouver une clé dans cette lettre d’un sou
22 toujours si occupés. » Dernièrement, à Paris, je disais à Carson, avec la ruse d’un interviewer : — Il n’y a pas d’histoires
5 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
23 assicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccour
24 éplacements du point de vue de l’usager moyen, je dirais que je les trouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’ex
25 ent vides. En troisième on retrouvait, comme j’ai dit , les gens bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de la région,
26 doute, chez nous, qui mérite l’adjectif —, je me disais  : « C’est notre force, et ce sera peut-être un jour, au dernier jour
27 âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’ont dit Freud, Shakespeare et les Pères de l’Église. Ici pourtant la confianc
28 aut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis . Dès que je m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fa
29 ts du trajet. On sent bien qu’il a l’habitude. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, rest
6 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
30 renez cette amie dans vos bras, vous ne trouvez à dire que des phrases banales : « Viens ici qu’on se voie un peu. Eh bien !
31 aine anxiété, peut-être une lassitude, semblaient dire  : « Me voilà, c’est ainsi, tu devais t’y attendre, compte mes rides,
32 qui je suis devenue ! » Ensuite on se promène, on dit  : « Où en es-tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, ap
33 ion d’ensemble que je traduirai par ces mots : on dirait , à la voir, qu’elle a perdu la guerre. Militairement, Hitler et ses s
34 escartes en donnait à l’Église, afin de s’éviter, disent -ils, les pires ennuis. Si ces abus vous font élever la voix, partout
35 libles contre un groupe d’autres scélérats qui se disent de bonne volonté ! Pendant ce temps que font les élites ? J’entends l
36 point que rien ne passe plus de ce qu’on avait à dire . Devant cette impuissance pratique à inscrire leurs pensées dans des
37 guer sur le visage spirituel du continent — je ne dis rien de son visage physique — ne trahissent qu’une fatigue temporaire
38 s, ou peut-être perverses, comme le pensent et le disent nos voisins. Je songe à ces enfants, et j’essaie de mêler à la vision
39 ux cas colonisée. Un musée ou une colonie… autant dire  : une Europe absente… Imaginons le monde heureux, prospère, et puissa
40 encontres seraient un four, ou un flop, comme ils disent . La diversité de nos points de vue inquiéterait l’auditeur plus qu’el
41 iateurs sur le banc des aveux spontanés. Et je ne dis pas que l’Américain et le Russe n’aient quelques bonnes raisons de se
42 quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je dis seulement que leurs raisons ne sont pas celles de la culture ; que la
43 us et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis -je, car l’homme européen en tant que tel n’accepte pas d’être réduit
44 r dans l’actuel. Sauver l’Europe — c’est simple à dire vraiment — sauver l’Europe, c’est pratiquement, et aujourd’hui, empêc
45 la révolution et les fusillades massives. (Je ne dis pas — notez-le bien — empêcher les révolutions que l’on constate néce
46 es.) Et je sais trop bien ce que certains vont me dire  : que je fais là le jeu de la réaction, selon l’expression consacrée,
47 libre, efficace et constamment critique. Et je ne dis pas cela dans l’abstrait ; j’ai en vue des exemples précis. Appelons
48 est la cause de presque toutes nos guerres. J’ai dit , et je ne le répéterai jamais assez, qu’il faut voir dans le national
49 abole à mes amis américains : « Vous croyez, leur disais -je, que le plus grand est nécessairement le meilleur. Et que l’on peu
50 politique, et il fallait tout de même que ce fût dit ici, la question de l’avenir du monde se résume dans ce simple dilemm
51 , mais seulement du jugement dernier — et je n’en dirai rien, n’y pouvant rien. Mais dans une large mesure aussi, l’avenir du
52 t et de solidarité qui doit ici nous inspirer, je dirai , songeant à l’Europe et à sa vocation mondiale, et je vous invite à l
53 et à sa vocation mondiale, et je vous invite à le dire avec moi : Je pense, donc j’en suis ! g. Rougemont Denis de, « Les
7 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
54 ssante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temp
55 e ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire . Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui
56 cifiquement chrétienne. « Soyez bien sages » nous disaient les prédicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit saint Pau
57 édicateurs depuis deux siècles. « Soyez fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez être l’invraisemblable ! »2 dit Ki
58 x Corinthiens. « Osez être l’invraisemblable ! »2 dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors des
59 rit réellement international, ou « global » comme disent les Américains, s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de
60 le dans le respect des diversités nationales. Que dis -je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne
61 i n’auront l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sens commun, qu’
8 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
62 oitement liés, l’un vivant de l’autre, pour ainsi dire , et n’existant que par la négation de l’autre, si bien que le contras
63 suicide par amour existait aux États-Unis : non, dit -elle, si nous nous suicidons au lendemain d’une rupture ou d’une trah
64 ffair tout autre chose que le business comme nous disons ). Le mariage à l’américaine est une institution d’un type nouveau. Il
65 portée de sa main (et un peu plus). On ne saurait dire d’elle, comme de l’Européenne, par, métaphore idéaliste, qu’elle règn
66 rrements, le cadavre à tous les mariages. Satan, dit -on, sait occuper les mains oisives. La mère américaine, libérée des t
67 goût de la liberté et de l’autonomie, comme elle dira  ; entendons bien : de la domination. Ainsi la femme se virilise à la
68 divorce est le flagrant délit d’adultère. Autant dire que le divorce est impossible, à moins que l’on accepte d’en passer p
69 pour la quatrième. » Motif : mental cruelty (nous disons  : « incompatibilité d’humeur »). Mais on en trouvera d’autres, plus p
70 iants ce qu’ils entendaient par là, l’un d’eux me dit  : « Décent est l’homme qui tient parole et se tient propre, à tous ég
71 imal irresponsable, mimant une sorte d’innocence. Disons , pour fixer les idées, que les deux romans européens les moins pensab
9 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
72 querie de leurs jugements et un style tough (nous dirions « dur » ou « vache ») leur défaut de responsabilité. Tout cela ne les
73 nos poèmes et nos essais. Une jeune romancière me disait  : « Vous autres, Européens, vous écrivez comme si vous étiez déjà mor
74 hamment subversif, « réactionnaire », et tout est dit … 25 janvier 1941 Cinquième colonne. — Quelques fragments de mon Jou
75 a fait venir ce matin : — En tant que citoyen, me dit -il, il serait de mon devoir de publier ce livre. Mais en tant qu’édit
76 nquième Colonne, dans nos démocraties, je vous le dis , c’est la paresse d’esprit ! 27 janvier 1941 Soirée, hier, chez Reinh
77 Amérique. « C’est trop affreux pour être vrai », dit -on des récits de réfugiés. Il en résulte qu’on collabore avec les par
78 lieu de désolation voluptueuse où T. S. Eliot, me dit -on, conçut l’idée de son Waste Land… Un grand cimetière le domine, je
79 de mon Journal d’un intellectuel en chômage . Je disais simplement : « Gagner peu ». Et cela pouvait suffire en France. Ici,
80 t. L’un des hommes m’ayant remarqué, je l’entends dire  : « Voilà le diable ! » Ils se retournent à demi et rient. J’ai fui.
81 e mois dernier. Mais ce soir-là je n’avais rien à dire , et me demandais non sans angoisse ce que l’on peut bien avoir à dire
82 s non sans angoisse ce que l’on peut bien avoir à dire , en général, quand on se trouve à six ou huit dans un salon. Rentré t
83 sa France… Juin 1942 La guerre va mal, il faut le dire , et persuader l’Europe qu’elle ira bien demain. La campagne sous-mari
84 pocrites ou faciles à réduire. « Gagner sa vie », dit -on, mais en vivant ainsi on aurait beaucoup moins à la gagner. « Fair
85 , et les échos nous en reviennent de France. Leur dire là-bas, dire à la Résistance que la situation se redresse lentement d
86 s nous en reviennent de France. Leur dire là-bas, dire à la Résistance que la situation se redresse lentement dans le Pacifi
87 uement un peu plus de bateaux vers l’Europe. Leur dire que la production de guerre américaine peut leur sembler une tartarin
88 i seront reprises par la presse clandestine… Mais dire aussi les revers et les défaites : notre consigne de véracité est abs
89 ant les jambes. Tonio rit comme un gosse : « Vous direz plus tard en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nous lit
90 ns auteurs français contemporains : n’importe qui dira qu’ils « écrivent bien », parce que leurs élégances restent cousues d
91 s propre du terme (ce qui est à tous, comme on le dit d’un cœur, d’un taureau ou d’un four « banal »). Fin de la vie d’un T
92 la torture physique, ou même à sa menace. Autant dire qu’on les tient pour moins sérieux. Nous étions mal placés pour discu
10 1947, Articles divers (1946-1948). La jeune littérature des États-Unis devant le roman américain (7 juin 1947)
93 paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume des femmes américaines lors
94 s doute Hemingway, Dos Passos et Steinbeck. C’est dire peut-être que les jeunes Américains sont moins anxieux de renouveler
95 un Français. (« Trouver le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée dans le symbolisme a
11 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
96 en Asie, manque de foi et d’espoir en Europe. Je dis bien que notre paix repose sur ces manques, qu’elle y trouve ses base
12 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
97 Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit  : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfi
98 Amérique, dont Einstein est devenu citoyen. Il me dit  : — Écoutez-moi bien, c’est la seule démocratie véritable. Les gens d
99 etite fille sonner à ma porte. La petite fille me dit  : « Maman pense que vous pourrez m’aider pour mes devoirs d’arithméti
100 . Einstein réfléchit un moment. — Il est évident, dit -il enfin, que l’obstacle majeur à l’établissement d’un gouvernement m
101 sujet de leurs préparatifs militaires proprement dits  ? — Oui… et au sujet de n’importe quoi qui se passe aujourd’hui dans
102 le ici. Schnabel s’interrompant, impatienté, pour dire au violoniste : « Ce qu’il y a d’ennuyeux avec vous, Albert, c’est qu
103 t, de son air malicieux et bonhomme : « La bombe, dit -il, n’a pas changé les conditions de la guerre beaucoup plus que ne l
104 ouveraineté absolue des nations. — Ce serait, lui dis -je en me levant, le premier pas vers un gouvernement mondial, c’est-à
105 ions. — La route est longue, bien longue encore ! dit -il soucieux en me reconduisant. Sur quoi je lui cite la parole de Lya
106 de, « Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit … », Paris Presse, Paris, 9 août 1947, p. 1 et 3.
13 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
107 ple, mais qui illustre bien ce que nous venons de dire . Le président Truman avait constitué un comité civil, composé d’émine
108 aef les orthodoxes et Aron les agnostiques. Comme dirait Péguy, c’était un rassemblement de toutes les croyances et incroyance
109 ssibilité de créer un État fédéral. Comme je l’ai dit dans ma conférence de mardi soir, ce qui étonne tous les historiens d
110 plus tard, elle fonctionnait si bien que l’on eût dit qu’elle allait de soi. Notez bien que ce sentiment suisse, dans les a
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
111 uelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire , sur laquelle nous sommes d’accord, tacitement, si nous souhaitons un
112 objections qui surgissent aussitôt : « Tout cela, dit -on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux
113 plus tard, elle fonctionnait si bien que l’on eût dit qu’elle allait de soi. Quant à ce que l’on répète sur la petitesse d
114 es Suisses romands. En allemand, confédération se dit Bund, qui signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de centrali
115 C’est peut-être parce que cette idée, comme je le disais tout à l’heure, est à la fois simple à sentir et très délicate à form
116 pher à son sujet. Jusqu’en 1848, elle allait sans dire , comme la vie même ; elle était la vie du civisme et de la pratique p
117 it se formuler. Elle doit dire ce qui allait sans dire et qui alors n’en allait que mieux. Elle s’expose à son risque maximu
118 ment à tout esprit de système. Ce que je viens de dire au sujet de l’impérialisme ou de l’hégémonie d’une nation, vaut égale
119 nte une qualité irremplaçable. (On pourrait ainsi dire  : une fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas
120 e brutal qui caractérise l’esprit totalitaire. Je dis bien l’amour, et non pas le respect ou la tolérance. L’amour des comp
121 t terme par une nouvelle menace extérieure. C’est dire qu’il nous faut aller vite. ⁂ Il n’y a, dans le monde du xxe siècle,
15 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
122 tinguer amour et sexualité. Il n’est pas exact de dire , par exemple, que « l’homme primitif et l’homme civilisé (maintiennen
123 e qui mérite le nom d’homme. Ama et fac quod vis, dit saint Augustin. « C’est l’amour qui nous rendra la liberté », dit la
124 in. « C’est l’amour qui nous rendra la liberté », dit la chanson. Mais il arrive que les voies et moyens que nous imaginons
16 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
125 guide soviétique l’invite à admirer. « Très beau, dit notre Américain, mais je ne vois pas de trains circuler ? » — « En ef
126 rculent pas encore, mais vous, qu’est-ce que vous dites de la question des Noirs aux États-Unis, hein ? » Ce dialogue de fous
127 américaine avec ce qu’en écrit un stalinien. Ceci dit , et les arguments de L’Humanité proprement balayés dans le ruisseau,
128 Sur la dictature de l’argent aux USA, tout a été dit , et les cent anecdotes personnelles que je pourrais verser au dossier
129 Thorsten Veblen à Reinhold Niehbur, pour ne rien dire des romanciers, il n’est pas une des tares américaines qui n’ait été
130 URSS, l’un des meilleurs producers de Broadway me dit en riant : « Il n’y a qu’une réponse possible. Je vais faire jouer ce
17 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
131 e Europe fédérée (20 décembre 1947)r J’entends dire tous les jours depuis le congrès de Montreux9 : « Vous y croyez à cet
132 s’agit plutôt de la vouloir. « Mais pourquoi, me dit -on, faudrait-il la vouloir ? » Je réponds qu’il n’y a qu’à regarder l
133 est que « l’homme moderne est démodé », comme l’a dit un Américain : sa conscience est en retard sur le milieu nouveau, sur
134 arler. Notre vocation Qu’aurons-nous donc à dire dans cette conversation une fois les pistolets déposés sur la table ?
135 isse provoquer d’opposition foncière. Qui oserait dire  : « Je veux une Europe désunie ! Je veux que nos rivalités se perpétu
136 qu’ils soient dûment colonisés ! » Personne n’ose dire cela, ou comme cela. Mais certains le pensent et finissent par le dir
137 ela. Mais certains le pensent et finissent par le dire , d’une manière un peu différente : « Vous y croyez à cette fédération
138 t antirusse, ce qui est la manière stalinienne de dire que la Russie ne veut pas la paix de l’Europe. Invités aux congrès fé
18 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
139 tidiennement son destin. Survient alors celui qui dit  : « Vous ne retenez que les coïncidences, prémonitions et prédictions
140 n’ont pas été vaines, ni muettes. Car elles m’ont dit  : tu n’es pas toi, ou pas ici, tu n’y es plus ou pas encore. Elles m’
141 incantations, magie — et la prière ? « Croire », disait Kierkegaard, « que Dieu peut à tout instant, voilà la santé de la foi
142 dices, repères et mesures. La science se tait, ou dit avec tout le monde, depuis trois-cent-mille ans qu’il y a des hommes
143 aux. » Nous en sommes là. On avancerait un peu en disant  : « Question d’astres. » ⁂ Poète égale superstitieux, parce qu’ils se
144 in, un amour, une vocation ? « Je n’ai jamais su, dit le poète, si j’inventais un vers ou si je le retrouvais, comme un sou
19 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
145 enser avec les mains ? Je suis né à Neuchâtel, me dit Denis de Rougemont. J’ai fait des études de lettres en Suisse et en A
146 le téléphone retentit. J’entendis une voix qui me dit  : « Allô ! Ici Einstein ». Je n’en croyais pas mes oreilles ; c’est u
147 vert, et que par conséquent… « La bombe, m’a-t-il dit , n’a pas changé les conditions de la guerre beaucoup plus que ne l’av
148 , « on ne peut plus mettre les pieds ». « Pensez, dit Sartre, la voix pleine d’indignation, l’on a tout transformé, l’on a
149 de Rougemont, j’ai eu la visite de Sartre. Il m’a dit  : « Les deux plus grands écrivains français contemporains, c’est Camu
150 ce n’avait pas été ainsi. C’est, me semble-t-il, dis -je à mon tour, que le fossé creusé par la guerre de 1914 était moins
151 iser. Tout est à recréer. Ils n’ont encore rien à dire , ou ce qu’ils voudraient exprimer est encore imprécis. Ceux qui élève
152 , nul bruit de la rue n’est perceptible ici. L’on dirait qu’on est en marge du temps. Cela donne à notre colloque une apparent
153 le chez les plus grands écrivains d’à présent, me dit Denis de Rougemont, c’est leur internationalisme. Il leur faut dépass
154 les principes du fédéralisme. Il ne peut naître, disais -je, que d’un renoncement à toute idée d’hégémonie organisatrice, d’ab
20 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
155 en existe qu’un (9 janvier 1948)u Les uns nous disent que le choix est fatal entre l’URSS et les USA, et les autres refusen
156 t tenues aux USA, non pas en URSS. Enfin, l’on me dira qu’il y a dans les deux camps des opprimés, de la misère et des scand
21 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
157 out de cinq minutes, pensant avoir assez compris. Dira-t -on qu’elle était Américaine ? À l’époque, on vit dans ce trait une ex
158 eût pris un autre cours. Il suffit, en effet, de dire résumé au lieu de condensé pour que l’on s’aperçoive que nous sommes
159 … il y a retaillé des tragédies à la française », dit encore Lanson. Dans Hamlet, il supprime le fameux monologue, les comé
160 qui l’illustraient et le nuançaient, que doit-on dire de presque toutes les traductions ? Et surtout des adaptations destin