1
lésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’
en
est aucun dont l’esprit et l’histoire ne manifestent à chaque instant
2
héologie, pour être moins généralement reconnu, n’
en
est pas moins étroit ni moins fécond à observer. 2. Depuis les temps
3
dépendance qui n’est certes plus de droit, mais n’
en
demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les gra
4
e ne fait pas exception à cette règle, comme on s’
en
convaincra par la lecture des écrits du jeune Marx sur la dialectique
5
r les critiques littéraires. Et cependant comment
en
nier l’importance, dans un siècle où la littérature exerce sur le pub
6
ologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’
en
désintéresser sans grand dommage. Si l’on admet qu’elle a pour objet
7
itiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est
en
droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de
8
éologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’
en
passe, les effets s’en font sentir dans l’Église même. Car le clergé
9
certain que lorsqu’elle s’en passe, les effets s’
en
font sentir dans l’Église même. Car le clergé et l’élite des fidèles
10
de la critique littéraire, comme il arrive qu’on
en
lise sous leur nom dans les revues de pensée religieuse : il s’agit t
11
, à la fois comme fidèle et comme écrivain, qu’il
en
parle en théologien, et non pas en homme cultivé, en moraliste ou en
12
is comme fidèle et comme écrivain, qu’il en parle
en
théologien, et non pas en homme cultivé, en moraliste ou en artiste.
13
crivain, qu’il en parle en théologien, et non pas
en
homme cultivé, en moraliste ou en artiste. Nonobstant ces réserves pr
14
parle en théologien, et non pas en homme cultivé,
en
moraliste ou en artiste. Nonobstant ces réserves préalables, j’ai une
15
ien, et non pas en homme cultivé, en moraliste ou
en
artiste. Nonobstant ces réserves préalables, j’ai une requête précise
16
sible d’une intervention de ce genre, elle aurait
en
tout cas l’avantage de donner aux fidèles — et à leur clergé — certai
17
ant et le lecteur dans un même homme. Ceci dit, j’
en
reviens à mon propos, qui était de soulever une question, et de suggé
18
nous, bien que vulgarisée et déprimée au point d’
en
devenir méconnaissable. Petit exemple que je mentionne faute de mieux
19
iers et d’essayistes des plus jeunes générations,
en
Europe, en Angleterre et dans les deux Amériques. Notons que si cette
20
ssayistes des plus jeunes générations, en Europe,
en
Angleterre et dans les deux Amériques. Notons que si cette influence
21
nce notable d’une poésie d’inspiration religieuse
en
France, pendant l’occupation et tôt après. 9. Une Église à tendance
22
tre l’illusion courante qui consiste à ne prendre
en
considération comme auteurs « chrétiens » ou « religieux » que ceux q
23
ons prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu,
en
écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni
24
mplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même
en
parler avec cette simplicité trop aisément atteinte aux dépens du mys
25
auteur ne cesse de mentionner cette réalité, mais
en
fait il échoue à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles de p
26
, c’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’
en
soit le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de son auteur)
27
tion, leur puissance, et tous les plaisirs qu’ils
en
tirent. Quant à la mise à mort du fils, offert ensuite aux dieux comm
28
son fils, et donne sa chair aux dieux pour qu’ils
en
meurent, — s’ils perdent leur divinité de s’être une fois laissé surp
29
sir. Et son défi au Ciel, ayant failli, s’inverse
en
menace suspendue. Le monde païen ne conçoit pas de pardon par amour
30
un appel venu d’ailleurs. (Les « dieux » n’étant,
en
fait, que ses propres limites.) Dans l’histoire du supplice de Tantal
31
onc lui-même — à la proie qu’il ne posséderait qu’
en
acceptant d’être changé d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de ga
32
qui aurait désiré si longtemps que tout son être
en
fût devenu attente, espoir et nostalgie. Cet être-là mourrait nécessa
33
surgirait dans l’instant du don, pour le recevoir
en
son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’ide
34
t cela en présence d’un respectable magistrat qui
en
dressera le protocole. Si tout reste sec, mes biens seront donnés au
35
si pitoyablement à cause du testament, — et il s’
en
faut de bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue son discours
36
: « Je crois, très honorés Messieurs, dit Flachs
en
se levant, je crois que je pleure ! » Et, en effet, il se rassoit en
37
ois que je pleure ! » Et, en effet, il se rassoit
en
sanglotant brièvement. Son émotion dûment enregistrée, il héritera de
38
r pur et gratuit. L’auteur du nouveau Testament n’
en
demande pas davantage à l’homme pour le faire héritier de son royaume
39
Telle est la ruse de l’Amour insondable. Admirons-
en
la précision miraculeuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans
40
inématographiques remarquables. Tous les journaux
en
ont abondamment parlé, ce qui nous dispense d’y revenir en détail. Ma
41
ondamment parlé, ce qui nous dispense d’y revenir
en
détail. Mais nous avons tenu à recueillir les impressions de M. Denis
42
os plus brillants essayistes, dont la conférence,
en
l’aula de l’Université, a obtenu le plus grand succès, comme celle, p
43
ous deux ne s’étant pas trop égarés dans les mots
en
urne, ayant appelé un chat un chat et provoqué dans la salle des mouv
44
’opposition est typiquement européenne. Même sans
en
tirer de conclusion, sans trouver une solution. L’Européen veut prend
45
péen veut prendre conscience du drame qui se joue
en
lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Américain, l
46
nscience du drame qui se joue en lui, qui se joue
en
chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le
47
ieu à Genève, eussent été un four aux États-Unis.
En
Russie, ils auraient été interdits. Personnellement, je regrette qu’a
48
. Elle avait l’air d’une toute jeune fille montée
en
graine, avec ses petits bas rouges au-dessous des genoux, son long vi
49
des genoux, son long visage pâle, sa frange noire
en
désordre et sa contenance effarouchée. Ses mains tremblaient, et l’on
50
a, d’Enfants terribles et de style vieux New York
en
définissait l’atmosphère. On écrivait, on composait, on sculptait, on
51
s s’étaient dispersés, au Mexique ou au Michigan,
en
Angleterre ou en Californie, et Carson McCullers était dans une clini
52
rsés, au Mexique ou au Michigan, en Angleterre ou
en
Californie, et Carson McCullers était dans une clinique. Un jour je l
53
jour je la rencontre dans un train venant du Sud,
en
route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de
54
le premier Américain blessé lors du débarquement
en
Normandie. Aujourd’hui elle est à Paris, inaugurant avec Kay Boyle et
55
rivaient le chaos avec une sorte de brutalité qui
en
était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscurém
56
nages. C’est une recherche proprement romanesque,
en
images, et non pas illustrée après coup, sensible et non traduite en
57
as illustrée après coup, sensible et non traduite
en
adjectifs, conduite avec une sympathie plus fascinée que volontaire.
58
ux qui est le mouvement même de la vie intérieure
en
quête d’explications, de rythmes, de certitudes à embrasser. Comme ce
59
je veux, je ne sais pas quoi. Je pense qu’on est
en
droit de parler ici d’une « expérience romanesque », comme nous parlo
60
uand ils discutent des idées, me paraissent être,
en
règle générale, tout juste aussi intelligents que leur auteur ; ou si
61
eunes écrivains américains, chez Carson McCullers
en
tout cas, vous ne pourrez tirer des dialogues qu’une connaissance plu
62
r Copeland, et leur maladresse pathétique éveille
en
moi des réactions humaines — à propos du problème des Noirs en Amériq
63
actions humaines — à propos du problème des Noirs
en
Amérique — qu’un article documenté du même auteur ne ferait sans dout
64
ouvelle littérature américaine, au lieu de mettre
en
scène des intellectuels, recourt plutôt à des enfants, à des autodida
65
cret, ni même documentaire, ait eu tant de succès
en
Amérique ? Je ne vois pas de réponse satisfaisante à ma deuxième ques
66
Les trains suisses, bien qu’ils vous conduisent
en
moins d’une heure d’un monde à l’autre — de Neuchâtel à Berne par exe
67
uit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de place
en
Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en coupant le milieu, c
68
de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’
en
tire en coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux mes
69
en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire
en
coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux mesures de
70
la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue
en
invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui en ouvre un
71
, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui
en
ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’opère en un clin d’œil la
72
ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’opère
en
un clin d’œil la silencieuse révolution du centre où se confondent le
73
classicisme véritable, celui qui exprime le tout
en
disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un
74
usager moyen, je dirais que je les trouve divisés
en
trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens
75
l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient
en
troisième, les gens chic parfois en seconde, et je ne savais rien des
76
n voyageaient en troisième, les gens chic parfois
en
seconde, et je ne savais rien des premières sinon qu’un morceau de de
77
du commun. Presque toujours elles étaient vides.
En
troisième on retrouvait, comme j’ai dit, les gens bien, gracieusement
78
la région, dans cette égalité scolaire que créent
en
Suisse les bancs de bois peints en faux bois jaune clair. On s’attend
79
ire que créent en Suisse les bancs de bois peints
en
faux bois jaune clair. On s’attendait à être interrogé, dans les troi
80
nde connaissait, mais cela faisait partie du jeu.
En
bons élèves, les voyageurs préparaient leurs billets pour l’inspectio
81
ection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse,
en
ce temps-là. On était sûr de son affaire, on était parfaitement « en
82
était sûr de son affaire, on était parfaitement «
en
règle », il fallait simplement « ne pas faire attendre », en vertu de
83
orce principale de notre régime fédéral. Revenant
en
Suisse après sept ans d’absence, l’été dernier, et plus que jamais fr
84
ale de notre État : cette habitude de nous sentir
en
règle, donc de nous croire protégés par toutes les lois divines et hu
85
fiance règne, mais ce miracle est si bien déguisé
en
exacte banalité que les Suisses le prennent pour banal. Ils pensent m
86
s sur la planète, et que la presse devrait mettre
en
vedette, au lieu de nous rebattre les oreilles du train-train de nos
87
de nos corruptions. Donc les Suisses que je vois
en
IIIe classe offrent l’image de l’homme sûr de son monde. D’où vient a
88
s, se propose par contraste une réponse. C’est qu’
en
Suisse on se sent regardé, examiné, jugé, jaugé, plus que nulle part
89
ières. Et je m’arrête, fasciné. Un vieux monsieur
en
noir, au col rond, dur et haut, ce doit être un évêque anglican, somn
90
oi que j’eusse aimée », sa fille sans doute, fume
en
feuilletant un magazine. Je croyais autrefois que les premières étaie
91
s n’est pas vu. Les passagers de première classe,
en
Suisse, je les nomme les imperméables. Ils traversent et passent, et
92
rdam-Köln-Olten-Zagreb-Bucuresti. Voilà la Suisse
en
raccourci, telle que je l’aime : croisement des traditions locales le
93
devenue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où
en
es-tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, après ce pet
94
ire du sentiment puisque aussi bien tout se passe
en
public, puis j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle dans le mon
95
ême que l’on puisse détailler tous ses traits, on
en
reçoit une impression d’ensemble que je traduirai par ces mots : on d
96
méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements
en
désordre. Physiquement la brute a perdu, mais la brutalité a triomphé
97
s échappent aux Églises. Elles ne croient plus qu’
en
l’ici-bas, qu’en cette vie-ci, qu’en un bonheur cinématographique, ou
98
glises. Elles ne croient plus qu’en l’ici-bas, qu’
en
cette vie-ci, qu’en un bonheur cinématographique, ou qu’en une justic
99
ient plus qu’en l’ici-bas, qu’en cette vie-ci, qu’
en
un bonheur cinématographique, ou qu’en une justice instaurée par l’in
100
vie-ci, qu’en un bonheur cinématographique, ou qu’
en
une justice instaurée par l’inquisition policière, la dictature d’éti
101
parti le plus menaçant, comme autrefois Descartes
en
donnait à l’Église, afin de s’éviter, disent-ils, les pires ennuis. S
102
ceux de l’avant-garde ou qui se donnent pour tels
en
politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là m
103
oit taxer de réaction. Cette mauvaise foi brutale
en
service commandé est un nouveau succès de l’esprit totalitaire qui n’
104
ent à l’observateur de l’Europe d’après-guerre. J’
en
mentionnerai quelques-uns rapidement. La Résistance européenne, admir
105
me de ce mal infernal n’avait eu pour effet que d’
en
faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le nationalisme fait ra
106
que la bombe atomique, à Bikini, vient de changer
en
une seconde la couleur même de l’océan. Et non seulement l’idée d’une
107
s petites occupations les aliénés. Si l’on se bat
en
Europe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le peuple, au n
108
s dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’
en
rechercher les causes, et d’en inventer les remèdes ? Leur voix ne po
109
noncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’
en
inventer les remèdes ? Leur voix ne porte guère, tant qu’elle n’empru
110
’est là ce qu’ils appellent s’engager. Mais c’est
en
fait, pour la plupart d’entre eux, une démission de la pensée, un ali
111
erre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris
en
charge le progrès et la foi au progrès. Et nous restons avec l’hérita
112
où ils la portent et l’abus qu’ils nous semblent
en
faire nous dégoûtaient de son usage normal. Ainsi de bien d’autres no
113
s refusons d’y reconnaître nos enfants. Leur exil
en
a fait des monstres à nos yeux. Pourtant le capitalisme industriel et
114
et le libéralisme politique, qui ont fait fortune
en
Amérique, venaient d’Europe ; comme en venaient le matérialisme diale
115
it fortune en Amérique, venaient d’Europe ; comme
en
venaient le matérialisme dialectique, la technique révolutionnaire, e
116
i ces créations européennes n’ont-elles pas connu
en
Europe leur plein succès ? Et comment et pourquoi, hors d’Europe, ont
117
us ni tout leur bien, ni tout leur mal ? C’est qu’
en
Europe, elles se trouvaient toujours en état de composition, tandis q
118
C’est qu’en Europe, elles se trouvaient toujours
en
état de composition, tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elle
119
ssible, à vues humaines. Que nous reste-t-il donc
en
propre ? Un monopole unique : celui de la culture au sens le plus lar
120
! Mais c’est aussi le plus difficile à maintenir
en
état d’efficacité. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens soi
121
ficile à maintenir en état d’efficacité. Or, il s’
en
faut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement
122
ardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’
en
juge pas ici —, ils s’imaginent que ces pays réalisent mieux que leur
123
servateurs par profession ou position. Telle est,
en
gros, notre situation. Une Europe démoralisée par sa victoire douteus
124
par sa faute, et que les nouveaux acquéreurs vont
en
tirer un bien meilleur parti, pour l’avantage du plus grand nombre ?
125
ion, je sais plusieurs Européens qui se la posent
en
termes tout à fait urgents et familiers, quand ils se demandent si c’
126
t sacrifierais-je leurs espoirs à mes souvenirs ?
En
défendant l’Europe, il s’agit donc de savoir si nous défendons plus e
127
r ; elle était seule et reine de la planète. Mais
en
1946, elle se voit affrontée à deux empires. Du même coup elle ressen
128
rais vous faire sentir. Pour eux la vie se résume
en
deux opérations : production et consommation. Tout leur effort est do
129
l’exemple de l’entreprise qui nous rassemble ici.
En
Amérique, je pense que ces rencontres seraient un four, ou un flop, c
130
moyen demande une solution qu’il puisse appliquer
en
sortant, là où nous cherchons avant tout un approfondissement de la c
131
avant tout un approfondissement de la conscience.
En
Russie, je ne crois pas être injuste en affirmant que ces rencontres
132
nscience. En Russie, je ne crois pas être injuste
en
affirmant que ces rencontres seraient simplement interdites, ou condu
133
ure ; que la culture suppose la libre discussion,
en
vue d’un engagement plus authentique au service d’une plus large véri
134
ntend les assumer et consister dans leur tension,
en
équilibre toujours menacé, en agonie perpétuelle. Cette agonie, litté
135
dans leur tension, en équilibre toujours menacé,
en
agonie perpétuelle. Cette agonie, littéralement : cette lutte, consom
136
ns. Cet homme de la contradiction (s’il la domine
en
création) c’est celui que j’appelle la personne. Et ces institutions
137
’est faux ! C’est au contraire cette mauvaise foi
en
service commandé, dont j’ai déjà parlé, qui fait le jeu de la réactio
138
t j’ai déjà parlé, qui fait le jeu de la réaction
en
écœurant par sa tactique ceux qui se dévouent à la cause de la justic
139
ité. Voilà le drame. La personne, en effet, c’est
en
chacun de nous le conflit permanent entre la liberté et la vocation d
140
que. Et je ne dis pas cela dans l’abstrait ; j’ai
en
vue des exemples précis. Appelons totalitaire, ou soviétique, la dévi
141
entre la liberté et l’engagement, dont s’honorent
en
Europe les pays dominés par l’influence protestante. Si nous nous dem
142
et Grande-Bretagne. Parce qu’ils ont su devenir,
en
toute liberté, les plus sociaux, ils sont aussi les moins touchés, le
143
el que soit le vainqueur, aux dictatures. Or il n’
en
va pas autrement sur le plan de la communauté et de la politique des
144
mêmes causes de guerre, dès que l’un des éléments
en
équilibre faiblit, ou se voit écrasé et absorbé par l’autre. La volon
145
voque leur refus de s’unir, c’est elle qui excite
en
eux la volonté morbide de s’enfermer dans leur différence essentielle
146
ntérieur ne manque jamais de s’exalter à son tour
en
impérialisme tout court. Un gouvernement totalitaire sera toujours im
147
st à elle d’inventer son antidote. Elle est seule
en
mesure de le faire à cause de ses diversités ; et de le faire non seu
148
ssimistes de l’Europe auxquelles je me suis livré
en
débutant sont exactes, il peut paraître assez étrange de parler après
149
sa fonction dans le monde, son avenir et le nôtre
en
elle ? Pour ma part, j’entretiens une croyance toute mystique au suje
150
de la vocation. Je crois qu’un être est maintenu
en
vie par la vie même de sa vocation, et qu’il tombe bientôt lorsqu’ell
151
nces de durée, ne peut ni ne doit vous suffire. J’
en
indiquerai rapidement quelques autres, et ce sera ma conclusion. Une
152
n. Ainsi l’Europe construit des églises modernes,
en
verre et en ciment armé, tandis que l’Amérique en est encore à bâtir
153
urope construit des églises modernes, en verre et
en
ciment armé, tandis que l’Amérique en est encore à bâtir des églises
154
en verre et en ciment armé, tandis que l’Amérique
en
est encore à bâtir des églises en gothique neuf. C’est parce que l’Eu
155
que l’Amérique en est encore à bâtir des églises
en
gothique neuf. C’est parce que l’Europe est la mémoire du monde qu’el
156
bas, mais seulement du jugement dernier — et je n’
en
dirai rien, n’y pouvant rien. Mais dans une large mesure aussi, l’ave
157
. Il n’y a de fédération européenne imaginable qu’
en
vue d’une fédération mondiale. Il n’y a de paix et donc d’avenir imag
158
vous invite à le dire avec moi : Je pense, donc j’
en
suis ! g. Rougemont Denis de, « Les maladies de l’Europe », L’Espr
159
pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient
en
termes intraduisibles dans les catégories théologiques traditionnelle
160
eptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins
en
moins conformes aux lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se
161
sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient,
en
Europe comme ailleurs, une minorité doucement persécutée. Cette persé
162
niers progrès de la Science » autorisent de moins
en
moins — et non de plus en plus, comme au siècle passé — à mettre en d
163
ue ceux qu’elles eussent été contraintes de subir
en
se rendant. (Dans ce « presque » est la différence entre honneur et h
164
les catastrophes récentes. Les autres pensent qu’
en
déplaçant quelques objets — les richesses par exemple — on arrangera
165
ets si généraux que chaque vocation personnelle s’
en
trouve nécessairement lésée. En d’autres termes, les Églises ne trouv
166
ent, le nomadisme industriel, et les déportations
en
masse, ont presque tué, laissant le champ libre à l’État et à ses rég
167
t sortie des églises et des couvents. Hélas, elle
en
est bien sortie ! Il est temps que nous sortions à sa recherche pour
168
la sagesse bourgeoise. Quelque chose qui entraîne
en
avant et au-delà, non pas ce qui retient en arrière des risques de la
169
e des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui
en
résultent… Un mot encore. Ce programme, qui résume à mes yeux les pl
170
cle, resterait une pure utopie si les chrétiens s’
en
remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps org
171
La guerre des sexes
en
Amérique (janvier 1947)h Le flirt en public (outdoor love-making)
172
es sexes en Amérique (janvier 1947)h Le flirt
en
public (outdoor love-making) vient d’être interdit à la station aéron
173
quelque temps, on assiste à un croissant étalage
en
public de marques d’affection du genre communément appelé necking 4.
174
es que je voudrais dégager d’un séjour de six ans
en
Amérique. Les mœurs sexuelles de l’Europe peuvent être définies comme
175
nsemble de règles sociales communément respectées
en
principe, et un ensemble de pratiques traditionnelles permettant de t
176
’Hollywood, en dépit de toutes les censures ? Car
en
Europe, le vice et la vertu restent fort étroitement liés, l’un vivan
177
ôle et de l’importance de la sexualité. Tandis qu’
en
Amérique nous trouvons deux morales également admises, semble-t-il, l
178
que dans une civilisation marquée par la croyance
en
la valeur unique de chaque être. Il suppose un objet irremplaçable et
179
rédestiné par un acte divin. Ces lignes, écrites
en
Amérique, trahissent une critique inconsciente de l’atmosphère du Nou
180
nsciente de l’atmosphère du Nouveau Monde : elles
en
peignent le négatif. L’Américain me paraît peu doué pour les raffinem
181
la passion est peut-être plus saine que la nôtre.
En
bref, il n’aime point souffrir, et tient pour perversion ce goût de l
182
dans sa vie, malgré lui, il n’a de cesse qu’il n’
en
sorte au plus vite, par une dépêche d’adieu, un voyage, un divorce. N
183
rme aux femmes. C’est l’homme qui amène l’argent,
en
règle générale, mais c’est la femme qui tient les cordons de la bours
184
’est la femme qui tient les cordons de la bourse,
en
l’occurrence, le carnet de chèques. Elle ne se borne pas à choisir le
185
ésie des travaux ménagers » ne correspondait pas,
en
fait, au labeur harcelant, physiquement déformant, et moralement aigr
186
t permettre à la femme de lire des romans, — ou d’
en
écrire. Regardez maintenant le couple américain au restaurant, ou dan
187
une femme très soignée — son ménage simplifié lui
en
laisse le temps —, ornée de quelques gros bijoux de quatre sous, mais
188
les femmes possèdent le 75 % de la fortune privée
en
Amérique, soit que le système de l’héritage les favorise, soit qu’ell
189
e l’héritage les favorise, soit qu’elles montrent
en
affaires comme ailleurs une efficiency sans égale. Nous sommes donc e
190
t d’elle dépend le reste des États-Unis. Déguisée
en
bonne vieille ; mom, chère vieille mom, votre mom aimante, etc., elle
191
’amour d’une femme de son âge ». Mom le transmute
en
sentimentalité fixée sur la mère dévorante. Sans nul doute faut-il vo
192
de de l’homme à son égard est faite pour éveiller
en
elle le goût de la liberté et de l’autonomie, comme elle dira ; enten
193
ntre sa condition, fait de nécessité vertu, prend
en
main les rênes de la vie, et se prépare à devenir à son tour une mom
194
de contacts entre mari et femme, et sans doute n’
en
souffrent-ils guère. Lui déjeune avec ses collègues en vingt minutes,
195
uffrent-ils guère. Lui déjeune avec ses collègues
en
vingt minutes, près de son bureau ; elle, dans un restaurant où des c
196
onde : car nous sommes habitués à voir des hommes
en
masses, à la caserne ou dans une réunion publique (et les femmes s’ap
197
poussant (et pas seulement pour un Européen, je m’
en
assure) dans un rassemblement de femmes d’âge moyen, non dépourvues d
198
toujours d’un frigidaire. Mais alors le mari perd
en
autorité ce qu’il gagne en intimité. Il se peut que les mariages de c
199
ais alors le mari perd en autorité ce qu’il gagne
en
intimité. Il se peut que les mariages de ce type — où l’homme joue le
200
e d’une longue intimité, celle-ci n’existant pas,
en
règle générale. Aux yeux de la morale courante, il apparaît bien moin
201
d’un désordre social que sous l’aspect d’une mise
en
ordre de deux vies individuelles. C’est qu’en Europe, l’on se préoccu
202
ise en ordre de deux vies individuelles. C’est qu’
en
Europe, l’on se préoccupe avant tout du passé, d’un capital de souven
203
s, dont la rupture du couple entraînera la perte.
En
Amérique, tout cela pèse bien peu au regard des chances de repartir à
204
ivorce est impossible, à moins que l’on accepte d’
en
passer par une odieuse mise en scène « légalement constatée » dans un
205
que l’on accepte d’en passer par une odieuse mise
en
scène « légalement constatée » dans une chambre d’hôtel. Le seul reco
206
, est alors déclaré résident, obtient son divorce
en
un quart d’heure, se remarie en dix minutes, quitte les lieux l’insta
207
tient son divorce en un quart d’heure, se remarie
en
dix minutes, quitte les lieux l’instant d’après. Il n’y reviendra jam
208
s disons : « incompatibilité d’humeur »). Mais on
en
trouvera d’autres, plus précis. Il n’aimait que la cuisine du Nord, e
209
conde fois, lui pour la quatrième ». Cependant, j’
en
reviens à ma première définition, le divorce à l’américaine est consi
210
américaine est considéré avant tout comme la mise
en
ordre de deux vies. Derrière tous les motifs allégués, il y a comme p
211
motifs allégués, il y a comme partout l’adultère.
En
Europe, où l’on croit au mariage-sacrement, à la continuité de la fam
212
ncore offrir à l’opinion une façade de normalité.
En
Amérique, on se refuse à cette hypocrisie sociale. Le premier accroc
213
divorce américain. De la sexualité Je mets
en
fait que le puritanisme, hérésie moraliste issue en Angleterre de la
214
fait que le puritanisme, hérésie moraliste issue
en
Angleterre de la Réforme calvinienne, et transplantée dans toute sa v
215
vinienne, et transplantée dans toute sa virulence
en
Amérique, détermine de nos jours encore les mœurs sexuelles du Nouvea
216
tain ou d’ascendance puritaine ne représente plus
en
Amérique qu’une infime minorité. Boston, leur ancienne citadelle, est
217
Boston, leur ancienne citadelle, est aujourd’hui
en
majorité catholique. Les Juifs, les Noirs, les Irlandais, les Polonai
218
nciers de l’amour. Il reste chaste ou se comporte
en
animal irresponsable, mimant une sorte d’innocence. Disons, pour fixe
219
que les deux romans européens les moins pensables
en
Amérique seraient sans doute Adolphe et les Liaisons dangereuses. Ajo
220
de la jeunesse européenne. Essayons de le définir
en
quelques traits. Perte du sens tragique de l’amour ; réalisme scienti
221
, trop volontaire et rationnel pour que l’on soit
en
droit d’y voir une « révolte des instincts », ou d’y dénoncer je ne s
222
t que sa disparition assainisse l’atmosphère tout
en
affadissant la vie, provisoirement. Entre les moralistes puritains qu
223
Hollywood qui tentent follement de l’exciter tout
en
le contenant dans de « justes » limites, fixées par le Comité Hays, —
224
ser » traduirait trop faiblement ce terme courant
en
Amérique, même dans la bouche des prédicateurs qui le dénoncent. 5.
225
s. h. Rougemont Denis de, « La guerre des sexes
en
Amérique », La NEF, Paris, janvier 1947, p. 3-12.
226
Journal d’un intellectuel
en
exil (mars 1947)i Janvier 1941 L’avant-garde à New York. — J’ai e
227
édition, ni un salon — rien de tout cela n’existe
en
Amérique — mais une party. Et cette party n’était pas animée par la v
228
an. La plupart sont trotskistes, ont lu Freud, ou
en
parlent. À lire les revues ou little mags où ils écrivent, à les voi
229
sociales d’abord, dont j’ai deviné quelques-unes
en
fréquentant les éditeurs d’ici. Atteindre le public d’un si vaste pay
230
ponsible celui qui évite dans ses écrits les mots
en
isme, et le langage technique des ismes réputés d’avant-garde. Leur v
231
yssoise des libraires ? Savez-vous que la Gestapo
en
a saisi, brûlé, mis au pilon tous les exemplaires restants ? — J’imag
232
ais c’est aussi parce qu’on ne croit plus au mal,
en
Amérique. « C’est trop affreux pour être vrai », dit-on des récits de
233
ur être vrai », dit-on des récits de réfugiés. Il
en
résulte qu’on collabore avec les partisans sournois d’Hitler, de Muss
234
st plus qu’un faubourg de Boston. Le premier soir
en
arrivant dans ce logis pour étudiants où un ami me prêtait sa chambre
235
, et quelques réfugiés. L’après-midi, on m’emmène
en
auto dans la campagne, vers les petits lacs secrets de New Hampshire,
236
on Waste Land… Un grand cimetière le domine, je n’
en
ai jamais vu de plus serein. Point de barrières ni d’allées. De simpl
237
s qui n’aime pas la mort comme les Germains, et n’
en
fait point de cérémonies grandiloquentes comme les Latins, a les cime
238
135. Le génie, s’il est physicien par exemple, n’
en
sera pas moins un spécialiste de Kierkegaard ou de Kafka, à l’analyse
239
e de Vienne, à moins qu’il ne préfère les aborder
en
sociologue postmarxiste ou en freudien hétérodoxe. Une fois sacré gén
240
préfère les aborder en sociologue postmarxiste ou
en
freudien hétérodoxe. Une fois sacré génie, il a sa carrière faite. Le
241
études. La plupart sont des monstres modestes. J’
en
ai vu un qui mangeait un sandwich et c’était un spectacle fascinant.
242
’était un spectacle fascinant. Il l’avait découpé
en
rectangles égaux, et l’absorba sans le regarder, comme on résout un p
243
e ce sous-titre de mon Journal d’un intellectuel
en
chômage . Je disais simplement : « Gagner peu ». Et cela pouvait suff
244
plement : « Gagner peu ». Et cela pouvait suffire
en
France. Ici, la recette ne vaut rien. Le minimum requis est impérieux
245
s américaines, non sans angoisse. Point de bohème
en
Amérique. C’est la misère totale ou le niveau bourgeois, celui que re
246
ent presque tous ici, quand les Russes ne font qu’
en
parler. Mais les intellectuels ? Ils n’ont de choix qu’entre le journ
247
nnes, deux par deux, vont et viennent sur ce toit
en
lisant. Comme il n’y a ni mur, ni barrière, il faut craindre à chaque
248
isonnier de mon livre et ferais bien de ne plus m’
en
échapper. Je devais aller chez des amis après le dîner. J’entre au ha
249
ier. Je suis monté sans dîner chez mes amis. Je n’
en
ai pas de plus charmants dans toute la ville, et je les ai vus presqu
250
nglican, dans une crypte de pierre nue. Exorciser
en
moi la part du diable, celle qu’il a sans doute prise à mon ouvrage.
251
yante, le diable a tranquillement vidé mon compte
en
banque, et je ne suis pas plus avancé qu’au temps de mon île atlantiq
252
mêmes objets. Et comme le monde est une vitrine,
en
bonne partie, il doit être possible de déterminer le degré de fortune
253
he matin j’annonce subitement que je dois rentrer
en
ville pour une affaire pressante. En vérité, j’ignorais quelle affair
254
auser. Trente machines à écrire dans cette salle,
en
contrepoint avec deux télétypes, visières vertes aux fronts sous les
255
ndre plus invisible encore à force de discrétion,
en
revêtant l’uniforme simple du GI. Ces messieurs les speakers, qui son
256
onde émission, celle de la nuit. Pierre Lazareff,
en
bras de chemise, sort de sa cage vitrée, le crayon sur l’oreille et l
257
êtes-vous pas l’auteur du Secret ? Souffrez que j’
en
sois la victime. » Sur quoi, peut-être, il serait temps d’aller à ce
258
romesse du général Marshall : « Nous débarquerons
en
France. » Juillet 1942 Saint-John Perse. — Lorsqu’il est arrivé en A
259
et 1942 Saint-John Perse. — Lorsqu’il est arrivé
en
Amérique, il n’a paru de lui qu’une seule photo, encore était-elle pr
260
ont il a regardé les yeux de près et qu’il décrit
en
termes médicaux ; de Reynaud qui l’a renvoyé sous la pression du part
261
abandonné dans un tiroir depuis des mois, et pour
en
récrire deux chapitres (sur « l’amour tel qu’on le parle » et la pass
262
qu’il baptise Annibal. Je lui apprends à marcher
en
laisse, sur la plage. 18 août 1942 Peut-être qu’il n’est pas de bonhe
263
Tous les prétextes que les hommes se donnent pour
en
sortir, un jour ou l’autre, me paraissent hypocrites ou faciles à réd
264
aciles à réduire. « Gagner sa vie », dit-on, mais
en
vivant ainsi on aurait beaucoup moins à la gagner. « Faire une carriè
265
ce, notre travail s’intensifie, et les échos nous
en
reviennent de France. Leur dire là-bas, dire à la Résistance que la s
266
alais de Versailles ! » s’est écrié Tonio bourru,
en
pénétrant le premier soir dans le hall. Maintenant, on ne saurait plu
267
Tonio rit comme un gosse : « Vous direz plus tard
en
montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nous lit les fragments
268
ar il ne s’agit pas seulement, pour moi, d’écrire
en
vue d’une traduction américaine, mais également en vue d’une transmis
269
n vue d’une traduction américaine, mais également
en
vue d’une transmission directe à la radio. Dans les deux cas, les exi
270
chez Gide et leurs disciples de la NRF , et qui
en
anglais retombent à plat, à la radio font parasites. Il faut sauter d
271
nt. Or le but reste bien d’élever le niveau banal
en
dégageant des significations communes. (Quitte à mettre en circulatio
272
ant des significations communes. (Quitte à mettre
en
circulation quelques valeurs encore inéchangeables cette année. Mais
273
is solitaires ? Il se peut qu’on m’envoie bientôt
en
Afrique du Nord, et de là… Et j’éprouve un besoin presque panique de
274
embler, de me retrouver, pour rentrer tout entier
en
Europe après ces deux années de violente dérive. … mais sachez-le :
275
e nous-mêmes. Vous étiez « occupés », nous étions
en
exil, et les uns comme les autres dans l’inaccepté, dans la dépossess
276
-nous encore le même langage au jour de ce retour
en
France, — dans quelle France, et dans quelle Europe ? Nous étions sou
277
s. Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombreux.
En
France, en Suisse aussi, avant la guerre, nous trouvions qu’il y avai
278
bien vrai. Nous étions trop nombreux. En France,
en
Suisse aussi, avant la guerre, nous trouvions qu’il y avait trop de j
279
gens frappés par le malheur, où que ce soit, il y
en
a toujours trop. Cependant notre sort vous paraissait enviable, à jus
280
Rougemont Denis de, « Journal d’un intellectuel
en
exil », Fontaine, Paris, mars 1947, p. 899-916.
281
. Elle avait l’air d’une toute jeune fille montée
en
graine, avec ses petits bas rouges au-dessous des genoux, son long vi
282
des genoux, son long visage pâle, sa frange noire
en
désordre et sa contenance effarouchée. Ses mains tremblaient, et l’on
283
a, d’Enfants terribles et de style vieux New York
en
définissait l’atmosphère. On écrivait, on composait, on sculptait, on
284
s s’étaient dispersés, au Mexique ou au Michigan,
en
Angleterre ou en Californie, et Carson McCullers était dans une clini
285
rsés, au Mexique ou au Michigan, en Angleterre ou
en
Californie, et Carson McCullers était dans une clinique. Un jour je l
286
jour je la rencontre dans un train venant du Sud,
en
route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de
287
le premier Américain blessé lors du débarquement
en
Normandie. Aujourd’hui elle est à Paris, inaugurant avec Kay Boyle et
288
rivaient le chaos avec une sorte de brutalité qui
en
était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscurém
289
nages. C’est une recherche proprement romanesque,
en
images, et non pas illustrée après coup, sensible et non traduite en
290
as illustrée après coup, sensible et non traduite
en
adjectifs, conduite avec une sympathie plus fascinée que volontaire.
291
ux qui est le mouvement même de la vie intérieure
en
quête d’explications, de rythmes, de certitudes à embrasser. La nouve
292
ouvelle littérature américaine, au lieu de mettre
en
scène des intellectuels, recourt plutôt à des enfants, à des autodida
293
ions de la planète. Que faire de ces informations
en
vrac, dont chacune signale une menace ou une promesse qui peut nous c
294
tégie yankee à l’égard de ce marché gigantesque ?
En
Amérique du Sud le dictateur Perón signe une série de traités d’Ansch
295
tinentales qui demain disposeront de nos vies : s’
en
occuper serait s’occuper vraiment de politique. Car il n’y a plus à p
296
sprit civique et son système d’éducation qui sont
en
crise. Le divorce y devient une maladie sociale, les instituteurs dés
297
niers 12 000 Américains évacués, la lutte reprend
en
Chine entre l’armée des provinces communistes et Tchang Kaï-chek, cep
298
ils annoncé leur décision de se retirer des Indes
en
juin 1948 que la Ligue musulmane se déclare prête à la guerre contre
299
ité. Cependant que l’Indochine et que l’Indonésie
en
sont encore au stade préliminaire de la lutte pour l’autonomie. Voici
300
Ainsi la « drôle de paix » que nous vivons repose
en
fait sur quatre crises, sur quatre pauvretés continentales : manque d
301
uatre pauvretés continentales : manque de liberté
en
Russie, manque de bases spirituelles aux États-Unis, manque d’ordre p
302
ituelles aux États-Unis, manque d’ordre politique
en
Asie, manque de foi et d’espoir en Europe. Je dis bien que notre paix
303
rdre politique en Asie, manque de foi et d’espoir
en
Europe. Je dis bien que notre paix repose sur ces manques, qu’elle y
304
anxiétés et de nos manques. C’est grâce à eux et
en
eux seuls qu’elle a pris quelque consistance. Elle se maintient parce
305
’arbres pleins d’oiseaux. C’est d’ici que partit,
en
1939, la fameuse lettre au président Roosevelt, par laquelle Einstein
306
ofondes ravines et deux touffes de cheveux blancs
en
auréole. À le voir de tout près, je le trouve plutôt petit, massif, l
307
vus de toute espèce d’inhibition sociale. Je vous
en
donnerai un bon exemple. Il y a quelques mois, une de mes voisines, q
308
t une charmante enfant. — Depuis quand vivez-vous
en
Amérique ? — Depuis 1934. Mais j’y étais venu une première fois en 19
309
epuis 1934. Mais j’y étais venu une première fois
en
1922, pour parler d’un projet d’université juive à Jérusalem. On m’a
310
es discours, les plaisanteries qui faisaient rire
en
ce temps-là, c’était d’une sottise incroyable. En vingt-cinq ans, à t
311
en ce temps-là, c’était d’une sottise incroyable.
En
vingt-cinq ans, à travers la crise de 1929 et la guerre, ils ont fait
312
menace atomique. Ils semblent n’avoir qu’une idée
en
tête : leur sécurité personnelle, leur prospérité immédiate. C’est un
313
nt communistes, simplement. N’a-t-il pas proposé,
en
1945, de livrer le secret de la bombe aux quatre Grands, donc pratiqu
314
it rien à faire pour la surmonter. Car la cause n’
en
est que trop claire. La Russie sait que, dans le jeu actuel, elle est
315
serait vraiment trop facile d’acheter des espions
en
Russie. L’indicateur y serait trop bon marché. — Selon vous, ils redo
316
n mondiale solide, sans l’URSS. — Vous entendez :
en
offrant aux Russes une invitation permanente à les rejoindre ? — Mieu
317
passons dans un petit salon bien bourgeois, bien
en
ordre. Voici le piano sur lequel Schnabel, le meilleur exécutant de B
318
neté absolue des nations. — Ce serait, lui dis-je
en
me levant, le premier pas vers un gouvernement mondial, c’est-à-dire
319
est longue, bien longue encore ! dit-il soucieux
en
me reconduisant. Sur quoi je lui cite la parole de Lyautey qui avait
320
rre, je suis resté aux États-Unis. Je suis rentré
en
Suisse il y a quelques mois seulement, et je compte m’installer à Fer
321
énitence » ? Oui, passablement. J’ai écrit Vivre
en
Amérique , j’ai publié La Part du diable et m’en vais sortir très p
322
n Amérique , j’ai publié La Part du diable et m’
en
vais sortir très prochainement Journal des deux mondes , dont la Gui
323
argument principal le cas de notre propre armée.
En
Europe même, les écrits de M. de Rougemont, ont marqué de leur influe
324
e partie de l’élite intellectuelle de l’Occident.
En
Hollande, par exemple, le parti socialiste personnaliste a tiré sa do
325
a trouvé aussi des adeptes, mais c’est évidemment
en
France, qu’elle a eu le plus de succès et qu’elle a trouvé peut-être
326
es — et c’est là l’essentiel — se sont répandues.
En
écoutant parler mardi soir l’auteur du Journal d’un intellectuel en c
327
mardi soir l’auteur du Journal d’un intellectuel
en
chômage, nous nous étions demandé à la suite de quelles expériences p
328
r l’Europe. Voyez-vous, on ne se rend pas compte,
en
Suisse, qu’il existe en nous, aujourd’hui, un sentiment européen, ce
329
on ne se rend pas compte, en Suisse, qu’il existe
en
nous, aujourd’hui, un sentiment européen, ce qui n’empêche pas, il es
330
’on assiste au même phénomène qu’il y a cent ans.
En
1846, il existait un sentiment suisse, mais l’on doutait de la possib
331
ion de 1848 fut proposée, écrite, adoptée et mise
en
pratique. En 1846, elle était encore une utopie. Trois ans plus tard,
332
ut proposée, écrite, adoptée et mise en pratique.
En
1846, elle était encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctio
333
d’une manière indirecte, par implication, et je m’
en
tiendrai le plus possible à ses manifestations historiques, telles qu
334
si nous souhaitons un régime fédéraliste ? Nous n’
en
parlerions pas si nous pensions que le type d’homme le plus souhaitab
335
ce cas, notre jardin nous suffirait. Mais nous n’
en
parlerions pas non plus si nous pensions avec Hitler que l’homme n’es
336
rs, nous irions de l’autre côté du rideau de fer,
en
esprit tout au moins. Si nous en parlons, si nous le voulons, c’est q
337
u rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous
en
parlons, si nous le voulons, c’est que nous savons que l’homme est un
338
t par balkanisation la désintégration de l’Europe
en
nationalismes rivaux, et par helvétisation au contraire, l’intégratio
339
suisses n’ont adopté une constitution commune qu’
en
1848, au terme d’une crise d’assez courte durée, et en dépit d’une op
340
ion de 1848 fut proposée, écrite, adoptée et mise
en
pratique. En 1846, elle était encore une utopie. Trois ans plus tard,
341
ut proposée, écrite, adoptée et mise en pratique.
En
1846, elle était encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctio
342
le si l’on ne s’attache qu’aux détails de la mise
en
pratique du fédéralisme en Suisse, mais non pas si l’on cherche à dég
343
aux détails de la mise en pratique du fédéralisme
en
Suisse, mais non pas si l’on cherche à dégager de cette expérience l’
344
te est très simple, mais non pas simple à définir
en
quelques mots, en une formule. C’est qu’elle est d’un type organique
345
, mais non pas simple à définir en quelques mots,
en
une formule. C’est qu’elle est d’un type organique plutôt que rationn
346
e, ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser
en
quatre ou cinq ans, par la réduction impitoyable des réalités vivante
347
ouvant entre des groupes qu’il s’agit de composer
en
les respectant, et non point de soumettre les uns aux autres, ou d’éc
348
s Suisses alémaniques et par les Suisses romands.
En
allemand, confédération se dit Bund, qui signifie union, et qui évoqu
349
t qui évoque avant tout l’idée de centralisation.
En
Suisse romande, au contraire, ceux qui se proclament fédéralistes son
350
utes semblables à celles que je viens de signaler
en
Suisse. Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l’un
351
lée, jusqu’à ce que la crise d’une guerre civile,
en
1847, l’ait forcée à prendre forme et force de loi. Et ce n’est guère
352
la commenter et à philosopher à son sujet. Jusqu’
en
1848, elle allait sans dire, comme la vie même ; elle était la vie du
353
a théorie de cette pratique, et qui la transforme
en
une sorte de programme, ou de manifeste vivant. Par la force des chos
354
épubliques, et de je ne sais combien de « races »
en
un État qui les respecte, cette union prend l’allure à la fois d’un a
355
doit dire ce qui allait sans dire et qui alors n’
en
allait que mieux. Elle s’expose à son risque maximum : celui de décol
356
de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi
en
force originelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience de ses fins
357
si en force originelle ce qu’elle pourrait gagner
en
conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un inst
358
e encore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux
en
fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut prompte
359
ns-nous toujours que fédérer, ce n’est pas mettre
en
ordre d’après un plan géométrique à partir d’un centre ou d’un axe ;
360
sme, lui aussi, supprime ce problème : mais c’est
en
supprimant les minorités qui le posaient. Il y a totalitarisme (au mo
361
s qui le posaient. Il y a totalitarisme (au moins
en
germe) dans tout système quantitatif ; il y a fédéralisme partout où
362
laçable. (On pourrait ainsi dire : une fonction.)
En
Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le m
363
er les diversités et de fondre toutes les nations
en
un seul bloc, mais au contraire, de sauvegarder leurs qualités propre
364
ns un bureau, et de forcer ensuite leur exécution
en
écrasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais
365
er les diversités, par incapacité de les composer
en
un tout organique et vivant. Enfin, sixième principe : Une fédération
366
ième principe : Une fédération se forme de proche
en
proche, par le moyen des personnes et des groupes, et non point à par
367
rtant bien ce qu’avait tenté de faire la SDN, qui
en
est morte, et ce que tente à nouveau l’ONU, que cela empêche de vivre
368
apidement, comme le fut celle des cantons suisses
en
1848. La nécessité en est évidente, la maturation historique en est f
369
t celle des cantons suisses en 1848. La nécessité
en
est évidente, la maturation historique en est fort avancée, les struc
370
cessité en est évidente, la maturation historique
en
est fort avancée, les structures en sont déjà esquissées. Il n’y manq
371
on historique en est fort avancée, les structures
en
sont déjà esquissées. Il n’y manque plus qu’une charte fédérale, des
372
u’il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’
en
principe. Aujourd’hui, repoussant tous ces anciens débats à l’arrière
373
promouvoir l’Europe unie, si nous ne restons pas
en
garde vigilante contre les réflexes totalitaires qui peuvent affecter
374
le ne doit pas compter sur les gens au pouvoir. J’
en
connais peu qui aient l’intention de le laisser limiter, et c’est pou
375
eoisie, je pense qu’elle a encore un bel avenir —
en
URSS. Voyez dans quels termes les Soviets dénoncent la « morale déliq
376
Avant de la déclarer périmée, il serait normal d’
en
prendre connaissance, de la distinguer des conceptions bourgeoises, e
377
e sur la confusion des termes amour et sexualité.
En
fait, je ne connais pas une seule loi, dans un seul pays ou un seul t
378
ns doute que la police crée l’ordre, quand elle n’
en
est que le déchet.) Les seuls obstacles réels à l’amour sont en nous
379
déchet.) Les seuls obstacles réels à l’amour sont
en
nous : sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil tourn
380
ssures spirituelles, anxiété de l’orgueil tournée
en
méfiance d’autrui et mépris de soi-même. Pour libérer l’amour, aimez
381
s posez. Je ne me sens pas capable de le résoudre
en
quelques lignes, et je ne vois pas très bien, je l’avoue, quel sens a
382
ces du monde, il m’a fallu 350 pages serrées pour
en
esquisser une, partielle, dans L’Amour et l’Occident .) Quant au pro
383
autre affaire. La liberté dans la sexualité, nous
en
jouissons et nous en souffrons plus que toute autre civilisation conn
384
erté dans la sexualité, nous en jouissons et nous
en
souffrons plus que toute autre civilisation connue. C’est la raison m
385
comme la vôtre peut être conduite sans que mort s’
en
suive, ni même une amende. Si nos lois démocratiques déclaraient un b
386
i nos lois démocratiques déclaraient un beau jour
en
tous termes que dans ce domaine-là tout est permis, on sentirait à pe
387
as notablement le nombre des homosexuels. Ils ont
en
fait toute liberté de vivre à leur guise, jouissent des mêmes droits
388
l’état présent de nos mœurs est satisfaisant, il
en
résulte qu’une « éthique de l’amour » (entendons de la sexualité) n’e
389
ndons de la sexualité) n’est pas nécessaire ; car
en
fait nous n’en avons plus, ou juste assez pour que le piquant d’une t
390
ualité) n’est pas nécessaire ; car en fait nous n’
en
avons plus, ou juste assez pour que le piquant d’une tricherie que to
391
euples, mais de certains journalistes qui parlent
en
leur nom. C’est ainsi que L’Humanité, comme pour détourner l’attentio
392
pas mensuelles de la culture décrétées par Jdanov
en
Russie, proclame que « l’Amérique dégrade l’esprit ! » Le raisonnemen
393
ne hausse pas les épaules : il s’agit d’un retour
en
force de l’hitléro-fascisme culturel. (C’est à peine si les termes on
394
Mais alors, et pour les mêmes raisons, le succès
en
Europe occidentale de Tolstoï et Dostoïevsky devrait être mis au créd
395
Humanité s’imaginent servir la paix et la justice
en
embrouillant tout, au nom de fleur dialectique. Pour ma part, j’essai
396
vent ses Tropiques, publiés à Paris, et interdits
en
Amérique. Ensuite, il est notoirement faux et ridicule d’accuser les
397
chent à faire de l’argent, comme les nôtres, tout
en
publiant parfois une œuvre de qualité qui ne rapporte rien ; 3° Or le
398
e fraction négligeable des bénéfices sur la vente
en
Amérique ; 5° Les œuvres « pessimistes » de Faulkner et surtout de Mi
399
même pas les noms, tirent à 800 000 avant la mise
en
vente, pour peu qu’un book club s’y intéresse ; 6° Le succès à l’étra
400
Henry Miller stupéfie les éditeurs américains qui
en
entendent parler, mais non pas Truman qui s’occupe d’autre chose, et
401
r un Miller, que la réalité américaine avec ce qu’
en
écrit un stalinien. Ceci dit, et les arguments de L’Humanité propreme
402
d’Ambre fit savoir à la jeune et jolie femme qui
en
est l’auteur qu’il jugeait l’ouvrage très mauvais, mais l’acceptait c
403
des problèmes que pose la « culture des masses »
en
Russie comme en Amérique. Un communiste moins que tout autre a le dro
404
ue pose la « culture des masses » en Russie comme
en
Amérique. Un communiste moins que tout autre a le droit d’ironiser su
405
abus flagrant des méthodes américaines, au lieu d’
en
faire meilleur usage. Nous sommes de petits malins qui refusent de ch
406
du succès vulgaire que les habitudes de mensonge
en
service commandé par l’État. Ce qui dégrade l’esprit, ce n’est pas le
407
, l’un des meilleurs producers de Broadway me dit
en
riant : « Il n’y a qu’une réponse possible. Je vais faire jouer cette
408
en général, l’influence américaine s’est exercée
en
deux occasions plus marquantes, je veux parler de 1917 et de 1942, et
409
lairement, et d’ordonner pour qu’un mot d’ordre s’
en
dégage. Quelques faits La fédération de l’Europe est inscrite da
410
», comme l’a dit un Américain : sa conscience est
en
retard sur le milieu nouveau, sur les périls certains et les bienfait
411
opère à l’échelle des continents. Il pense encore
en
kilomètres, séparant des points immobiles, quand la mesure pratique e
412
s’étonneront bien que Valéry ait pu nous étonner
en
notant que l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. À ces faits matériels
413
, qui ont un air de vouloir se partager le monde.
En
1939 il y avait en présence l’Allemagne et les démocraties : tout se
414
les libertés américaines. Un régime qui traduise
en
politique, dans l’économie et les mœurs, l’idée de l’homme commune au
415
e. Or il est clair qu’aucune de nos nations n’est
en
mesure de la réaliser pour son seul compte et sans échanges. Aucune n
416
tuent ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un
en
toute souveraineté nationale, qu’ils se cantonnent dans le double ref
417
dération de l’Europe ?… » Derrière ce scepticisme
en
quête d’un sourire complice ou gêné (tant de gens ont une peur bleue
418
, défaitisme et stalinisme. Le nationalisme n’est
en
fait qu’une crispation de névrose féodale, un complexe de repli devan
419
des deux blocs est fatale ; inutile de rien faire
en
l’attendant, et surtout pas quelque chose qui l’empêche ! Enfin le st
420
x congrès fédéralistes, les communistes répondent
en
tirant le rideau de fer, s’enferment et crient qu’on les empêche d’en
421
carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’
en
déplaise aux sectaires de tous bords. La véritable troisième force, c
422
. C’est l’Europe rejoignant le xixe siècle, pour
en
prendre la tête et inventer l’avenir. C’est le fédéralisme, qui veut
423
homme, dès qu’il se voit isolé par le sort, entre
en
superstition : c’est sa voie clandestine. L’explorateur va découvrir
424
ses propres amulettes. Le pilote fait une marque
en
secret sur l’hélice. Avant l’heure H, ou dans l’attente d’un amour, q
425
u plutôt : comme on le rejoint quand on l’invente
en
épousant un rythme errant. Désormais j’entre dans l’incomparable, où
426
e sûre et connue, où que j’arrive, je me perdrais
en
route.) Dans l’insignifiance d’une vie où l’argent et la guerre sont
427
son, comme les grands appareils suivent une route
en
do dièse dans la nuit des hauteurs. ⁂ Que chacun donc découvre ses sy
428
ez curieusement restreint, les symboles efficaces
en
nombre limité. Très grand génie, celui qui pourrait en créer un seul
429
mbre limité. Très grand génie, celui qui pourrait
en
créer un seul nouveau ! Dans les jeux, rêves de la conscience, et dan
430
es rêves, jeux de l’inconscient, on a vite fait d’
en
dresser le catalogue : tout se ramène à quelques personnages constant
431
atique. Quel coup pour nos philosophies ! Qu’on m’
en
cite une qui s’en relèverait. Une seule ! ⁂ Une idée me retient, me t
432
pour nos philosophies ! Qu’on m’en cite une qui s’
en
relèverait. Une seule ! ⁂ Une idée me retient, me tient probablement
433
ngement instantané de tout, en sorte que nul ne s’
en
doute. Ne serait-ce pas sur cette croyance que reposent les vœux, inc
434
ommes et qui aiment : « Question de peaux. » Nous
en
sommes là. On avancerait un peu en disant : « Question d’astres. » ⁂
435
peaux. » Nous en sommes là. On avancerait un peu
en
disant : « Question d’astres. » ⁂ Poète égale superstitieux, parce qu
436
ie ou s’ils l’inventent ? S’ils ne l’inventent qu’
en
la suivant telle qu’elle était, ou ne la suivent qu’en l’inventant te
437
suivant telle qu’elle était, ou ne la suivent qu’
en
l’inventant telle qu’elle devient ? Créer ou rejoindre un poème, un
438
ots poétiques : ni plus ni moins. L’un et l’autre
en
joue, et s’en jouent. t. Rougemont Denis de, « Notes sur la voie c
439
: ni plus ni moins. L’un et l’autre en joue, et s’
en
jouent. t. Rougemont Denis de, « Notes sur la voie clandestine »,
440
Troie, et m’entraîne dans un bar voisin. Musique
en
sourdine, lumières tamisées, ronronnement des conversations. Dans un
441
sort de l’Europe. L’auteur de La Part du diable m’
en
parlera lui aussi, tout à l’heure. Mais, d’abord, il faut faire le po
442
pas mauvaise conscience de sa vocation, qui ne s’
en
cache pas. Il intitula même un de ses livres les plus remarquables :
443
les plus remarquables : Journal d’un intellectuel
en
chômage. Mais, au centre de ses préoccupations, se tient la personne
444
nis de Rougemont. J’ai fait des études de lettres
en
Suisse et en Autriche, à Vienne. J’ai voyagé en Allemagne et en Hongr
445
ont. J’ai fait des études de lettres en Suisse et
en
Autriche, à Vienne. J’ai voyagé en Allemagne et en Hongrie. Pendant u
446
s en Suisse et en Autriche, à Vienne. J’ai voyagé
en
Allemagne et en Hongrie. Pendant un temps, je fus lecteur de français
447
n Autriche, à Vienne. J’ai voyagé en Allemagne et
en
Hongrie. Pendant un temps, je fus lecteur de français à l’Université
448
lecteur de français à l’Université de Francfort.
En
1931, je vins en France ; j’ai vécu en province et à Paris, collabora
449
ais à l’Université de Francfort. En 1931, je vins
en
France ; j’ai vécu en province et à Paris, collaborant à Esprit , à
450
Francfort. En 1931, je vins en France ; j’ai vécu
en
province et à Paris, collaborant à Esprit , à L’Ordre nouveau , fon
451
signé l’un des trois premiers articles consacrés,
en
France, à Kafka. La guerre rappela Denis de Rougemont en Suisse ; il
452
ce, à Kafka. La guerre rappela Denis de Rougemont
en
Suisse ; il fut mobilisé à l’état-major de Berne. Lors de l’entrée de
453
ut d’être condamné à quinze jours de forteresse !
En
septembre 1940, il était envoyé en Amérique pour y faire des conféren
454
e forteresse ! En septembre 1940, il était envoyé
en
Amérique pour y faire des conférences. Il n’en revint qu’au mois de j
455
yé en Amérique pour y faire des conférences. Il n’
en
revint qu’au mois de juillet dernier. Il vécut à New York, à Princeto
456
e voix qui me dit : « Allô ! Ici Einstein ». Je n’
en
croyais pas mes oreilles ; c’est un peu comme si j’avais entendu : «
457
ofondes ravines et deux touffes de cheveux blancs
en
auréole. Il me fit asseoir près de lui dans un fauteuil de jardin, et
458
e Suisse — articles qu’il a d’ailleurs rassemblés
en
un volume sous le titre : Vivre en Amérique . Je hasarde pourtant un
459
rs rassemblés en un volume sous le titre : Vivre
en
Amérique . Je hasarde pourtant une question sur la littérature d’outr
460
omme hier la prohibition. Voilà qui allait de soi
en
Europe aussi, avant le xixe siècle. Que faisaient Dante, Cervantès,
461
écrivain d’une part, la bourgeoisie et les masses
en
formation de l’autre. Aujourd’hui, c’est le besoin vital de recréer u
462
és avant 1939. À cette époque, ils portaient déjà
en
eux une vision du monde, un message auxquels ils sont demeurés fidèle
463
faite, l’exil ont pu les dérouter ; leurs idées n’
en
ont pas été transformées pour autant. Voilà pourquoi ce sont eux et e
464
on entend, ou du moins qu’on écoute. Les autres n’
en
sont encore qu’aux balbutiements. La musique s’est tue. Les tables se
465
donne à notre colloque une apparente gratuité qui
en
trahit l’objet. Ce qu’il y a de remarquable chez les plus grands écri
466
rs paroles acquièrent le plus d’efficacité. Mais,
en
conséquence, ils deviennent des errants. Je crois, quant à moi, que c
467
onde sur leurs pensées et leur œuvre. Enfin, nous
en
venons à parler de l’Europe. Je suis profondément européen, me déclar
468
vé que par une organisation fédérative. Le modèle
en
est fourni par la Suisse dont tout le système est fondé sur une diale
469
ui est non moins important, il se forme de proche
en
proche, par le moyen des personnes et des groupes, et non point à par
470
préservent notre liberté. Chaque jour, la Suisse
en
reconnaît les bienfaits. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’E
471
la Suisse en reconnaît les bienfaits. Pourquoi n’
en
serait-il pas de même pour l’Europe ? Mais, encore une fois, il convi
472
Les deux blocs ? Il n’
en
existe qu’un (9 janvier 1948)u Les uns nous disent que le choix es
473
x empires, le contraste est encore plus frappant.
En
Russie, on liquide l’opposition, en Amérique elle est entièrement lib
474
lus frappant. En Russie, on liquide l’opposition,
en
Amérique elle est entièrement libre, et mieux que cela : on en tient
475
lle est entièrement libre, et mieux que cela : on
en
tient compte. En Russie, on promet la lune aux ouvriers, mais en fait
476
nt libre, et mieux que cela : on en tient compte.
En
Russie, on promet la lune aux ouvriers, mais en fait on leur ôte le d
477
. En Russie, on promet la lune aux ouvriers, mais
en
fait on leur ôte le droit de grève et le droit de se plaindre d’une i
478
laires sans précédent dans les pays capitalistes.
En
Amérique, les ouvriers se mettent en grève et gagnent à peu près à ch
479
apitalistes. En Amérique, les ouvriers se mettent
en
grève et gagnent à peu près à chaque fois les améliorations qu’ils re
480
es faites aux masses sont tenues aux USA, non pas
en
URSS. Enfin, l’on me dira qu’il y a dans les deux camps des opprimés,
481
es. Certes, mais là s’arrête la ressemblance. Car
en
Russie, l’État justifie ces scandales au nom de la dialectique marxis
482
t le pacte germano-soviétique. Tout au contraire,
en
Amérique, on dénonce l’injustice commise ou établie — par exemple le
483
s opposants, annexe ses voisins ou les transforme
en
satellites, enfin tire devant le tout un rideau de fer, la Russie est
484
oc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’
en
est pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère les pires indis
485
nt ou que d’autres déclarent noblement décliner ?
En
fait, il n’y a plus de choix possible. Car la Russie, en refusant de
486
, il n’y a plus de choix possible. Car la Russie,
en
refusant de collaborer, en essayant de saboter le plan Marshall, en d
487
ssible. Car la Russie, en refusant de collaborer,
en
essayant de saboter le plan Marshall, en devenant bloc, précisément,
488
laborer, en essayant de saboter le plan Marshall,
en
devenant bloc, précisément, a choisi pour nous, malgré nous. Si nous
489
a misère. À ce défi, nous ne pouvons pas répondre
en
nous jetant simplement dans les bras de l’Amérique. Non seulement nou
490
u. Rougemont Denis de, « Les deux blocs ? Il n’
en
existe qu’un », L’Intransigeant, Paris, 9 janvier 1948, p. 4.
491
ël priait Schelling de lui exposer sa philosophie
en
un quart d’heure, et l’arrêtait au bout de cinq minutes, pensant avoi
492
sts et Wall Street, acharnés à nous asservir tout
en
feignant de donner du lait en poudre aux enfants. Il faut avouer que
493
nous asservir tout en feignant de donner du lait
en
poudre aux enfants. Il faut avouer que le nom même de « condensé » no
494
ous vient de l’anglais, ou mieux, de l’américain.
En
introduisant par surprise ce substantif néologique tiré de l’adjectif
495
la suite d’une longue tradition bien française. J’
en
marquerai quelques étapes, au hasard de mes souvenirs, et sans recour
496
urces qu’un vieux Lanson que j’ai sous la main. ⁂
En
1714, Houdar de La Motte condense L’Iliade en douze chants, « et ce q
497
. ⁂ En 1714, Houdar de La Motte condense L’Iliade
en
douze chants, « et ce qui tombe », écrit Lanson, « c’est tout ce qui
498
thello, il supprime Jago, et l’action « s’expédie
en
vingt-quatre heures ». (Il y ajoute un happy ending, à la manière de
499
he se déclare ravi du résultat, préfère se relire
en
français. Vers la fin du siècle, le vicomte de Vogüé et d’autres cond
500
ilisées du volume à trois francs cinquante broché
en
jaune. Et j’allais oublier les Mille et Une Nuits de Galland, qui son
501
s’est nourrie toute notre enfance. Il est vrai qu’
en
tout cela je n’ai cité que des traductions, et que ni Goethe, ni Swif
502
la fortune des Lamb’s Tales qui sont des résumés
en
prose, par Charles Lamb, des comédies et tragédies de Shakespeare. Je
503
, dans la version de Joseph Bédier : condensation
en
prose et en un volume des cinq versions originales de la légende, et
504
rsion de Joseph Bédier : condensation en prose et
en
un volume des cinq versions originales de la légende, et en particuli
505
e procédé est fort ancien, mais encore l’Amérique
en
abuse moins que nous. Au reste, ces « condensés » sont très loin de j
506
tant que nous leur attribuons, et qu’ils semblent
en
passe de prendre ici. Quant à la légitimité de l’adaptation en généra
507
figurent, saccagent leur modèle, et ne peuvent qu’
en
écarter le lecteur. Vogüé résume, croit condenser, mais perd en densi
508
lecteur. Vogüé résume, croit condenser, mais perd
en
densité, précisément. Pour Galland et Nerval, cela se discute : on pe
509
pire à l’excellent. Le procédé lui-même n’est pas
en
cause, mais bien le talent de celui qui l’applique, et peut-être auss
510
sur ce vaste sujet que je ne puis traiter ici qu’
en
« condensé ». L’on admet sans mauvaise humeur que Don Quichotte ou Ro
511
et de priver son message d’une partie de sa vertu
en
le dépouillant des mille détails mûrement choisis qui l’illustraient
512
écran ? Le Procès de Kafka, quand Barrault le met
en
scène dans la version dialoguée d’André Gide, tirée d’une traduction
513
pas les mêmes dangers que s’il était « condensé »
en
cinquante pages ? Faut-il crier à l’américanisme ? Ou plutôt se félic
514
fait pour la culture des masses ; car nous sommes
en
démocratie, et les masses y sont le despote qu’il s’agit avant tout d