1 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
1 ceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’esprit et l’histoire ne manifestent à chaque
2 er une dépendance qui n’est certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Le
3 ilosophes, avec une insistance parfois suspecte — mais le débat central reste théologique, qu’on le veuille ou non, qu’on l’
4 sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le problème dans son ensemble ait été clairem
5 e soin d’appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins évident que la littérature puisse se passer imp
6 ture qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge oppor
7 tuelle des tendances littéraires de leur époque ; mais ceci, je le répète en tant que théologiens, non point en tant qu’écri
8 doivent à l’atmosphère religieuse de leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence de t
9 aard. Il ne fut pas un théologien au sens strict, mais toute son œuvre manifeste une attitude théologique parfaitement cohér
10 rien, bien entendu, pour ou contre le ritualisme, mais indique une direction de recherches peut-être féconde. 10. Une criti
11 sont pas ceux qui disent : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon Père… » que nous devons prendre au sé
12 e. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, mais en fait il échoue à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles d
13 ropagande en faveur des « valeurs spirituelles », mais par là même, il trahit peut-être une certaine absence de l’Esprit dan
2 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
14 ain, et le rocher qui surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’observateur non prévenu, tout se passe comme
15 n geste même déclenche un mécanisme qui l’annule. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’élève avec angoisse vers
16 livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la consommation de son corps s
17 les eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’est précisément ce qui n’arrive jamais, et ne peut arriver dans le
18 douloureux d’avoir été mille et mille fois déçu — mais c’est encore son désir, donc lui-même — à la proie qu’il ne possédera
19 mpereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un qui s’est substitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte
20 e où l’instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul1, un
21 l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à une heureuse fin. L’oncle van der Kabel vient de mourir,
22 orce de rire, ce ne sera qu’un vol pur et simple, mais l’Alsacien proteste que s’il rit, « c’est par pure plaisanterie, et n
23 it tout disposé à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots,
24 allocution, car il sait que cela le fait pleurer… Mais Flachs, maintenant, a fermé les yeux. Il évoque son oncle van der Kab
3 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
25 arlé, ce qui nous dispense d’y revenir en détail. Mais nous avons tenu à recueillir les impressions de M. Denis de Rougemont
26 qui se joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Euro
27 veut une solution pratique, autant que possible. Mais il est capable, après une conversation, de changer d’opinion. Pas l’E
28 u’on y parle sans mandat, pas au nom d’un peuple, mais d’un réel esprit européen. Nous ne sommes pas une nation, nous sommes
4 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
29 té qui en était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscurément spirituelle ne tend jamais vers la formul
30 une, se cherchent, se rencontrent une seule fois, mais dans une dissonance douloureuse, puis s’éloignent et l’une après l’au
5 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
31 e signal d’un raccourci métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S’il me fallait décrire nos petits déplacements du poi
32 s noms de villages que tout le monde connaissait, mais cela faisait partie du jeu. En bons élèves, les voyageurs préparaient
33 res de l’Église. Ici pourtant la confiance règne, mais ce miracle est si bien déguisé en exacte banalité que les Suisses le
34 es regards apparemment timides, vaguement bovins, mais directs, trop sérieux et choqués par on ne sait quoi… ? Vous les sout
35 vec curiosité, puis vous trouvez que cela suffit, mais eux bien loin de se troubler pèsent encore un temps infini, en vertu
36 xaspérant de celui qui renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je
37 s libres. Je me décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverser un couloir de premières. Et je m’arrête, fasciné. U
6 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
38 oirs rend souvent malaisé l’échange de la parole, mais donne aussi parfois, au tout premier regard, une lucidité sans recour
39 oie un peu. Eh bien ! tu n’as pas trop changé ! » Mais d’un coup d’œil, vous avez lu toute son histoire. Ainsi j’ai retrouvé
40 son expression certains traits accusés et tendus, mais aussi une certaine anxiété, peut-être une lassitude, semblaient dire 
41 itler et ses séides ont été battus et sont morts, mais dans la lutte, ils ont marqué leurs adversaires d’une empreinte qui v
42 que les bonnes manières viendront à bout de tout. Mais , si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à corps qui s’en
43 suit, vous ne distinguez plus deux points de vue, mais seulement deux lutteurs étreints par une seule et même rage physique.
44 ouve que c’est notre gentleman de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements en désordre
45 ments en désordre. Physiquement la brute a perdu, mais la brutalité a triomphé. La brute a donc imposé son point de vue. Ain
46 reste-t-il ? À peu près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela qui était chez les « nazis », chez les méchants, en face de
47 le fanatisme d’aujourd’hui n’est plus religieux, mais politique. L’idée que « la fin justifie les moyens » n’est plus jésui
48  la fin justifie les moyens » n’est plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuf
49 les moyens » n’est plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuffe n’est plus dé
50 fonction serait de l’attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles se parent des noms d’amour du peuple, de
51 e sursaut d’une liberté blessée qui se défendait, mais aussi d’un espoir exigeant qui attaquait, est en train d’avorter sous
52 . Et non seulement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’idée d’une révolution à main armée se voit acceptée comme fatale, s
53 se. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses. Mais se faire écouter par ces moyens, c’est aussi n’être plus entendu, car
54 parti et c’est là ce qu’ils appellent s’engager. Mais c’est en fait, pour la plupart d’entre eux, une démission de la pensé
55 vient d’Europe, tout cela fut nôtre à l’origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créations européennes n’ont-elles pas
56 l’argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’étatisme n’ont pas atteint chez no
57 ux ; enfin par ses machines et par ses capitaux. Mais voici que l’Amérique et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup
58 à vrai dire, c’est le plus difficile à prendre ! Mais c’est aussi le plus difficile à maintenir en état d’efficacité. Or, i
59 ogrès capitaliste qui ont quitté notre continent, mais à leur suite les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous on
60 mérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement aux concepti
61 et divisée non seulement par l’esprit de faction, mais parce que beaucoup de ses habitants espèrent ailleurs, et dans deux d
62 forces jeunes. Posons-nous donc sans nul cynisme, mais avec sang-froid cette question : Notre tristesse et notre angoisse de
63 Europe comme à un « Vaterland », pays des pères, mais l’Amérique, ou la Russie, ne serait-ce pas ce « Kinderland » qu’appel
64 lisme européen qu’il nous faut défendre l’Europe, mais au seul nom de l’humanité la plus consciente et la plus créatrice de
65 olémique à l’intérieur du champ que l’on observe. Mais si maintenant nous regardons l’Europe dans le monde, ce changement de
66 éfinir ; elle était seule et reine de la planète. Mais en 1946, elle se voit affrontée à deux empires. Du même coup elle res
67 nflit permanent, et son but n’est pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sens, d’une significatio
68 r des moyens un peu moins souples, comme on sait, mais les résultats se ressemblent et se ressembleront de plus en plus. Pou
69 d’être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assumer et consister dans leur tension, en équilibre to
70 er les révolutions que l’on constate nécessaires, mais au contraire les faire d’une manière non sanglante, car l’Europe ne p
71 u de la réaction, selon l’expression consacrée, —  mais c’est faux ! C’est au contraire cette mauvaise foi en service command
72 ment dans les réalités sociales. C’est un combat. Mais voici le paradoxe : dès que ce combat se relâche à l’intérieur de la
73 inverse de l’anarchie et du capitalisme libéral, mais bien cette morale civique, cet équilibre, sans cesse rajusté, entre l
74 ses deux maladies, contradictoires en apparence, mais également provocatrices de guerre. Cette santé et ces maladies se déf
75 Le trésor de l’Europe, c’est son idée de l’homme. Mais c’est un trésor explosif, d’où la nécessité d’une vigilance ardente a
76 és ; et de le faire non seulement pour son salut, mais pour celui de la paix du monde entier. ⁂ Mesdames et Messieurs, si le
77 uropéenne me paraît encore loin d’être accomplie… Mais cette raison irrationnelle, de croire à nos chances de durée, ne peut
78 et non seulement dans les musées et bibliothèques mais dans les mœurs et les coutumes aussi, dans les habitudes du langage e
79 venir, pour tous les autres hommes de la planète. Mais , riches d’avenir… oui, s’il est un avenir, non seulement pour l’Europ
80 s’il est un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dans une certaine mesure, qui est celle du réalisme po
81 il n’y a peut-être plus de problème de l’ici-bas, mais seulement du jugement dernier — et je n’en dirai rien, n’y pouvant ri
82 ernier — et je n’en dirai rien, n’y pouvant rien. Mais dans une large mesure aussi, l’avenir du monde dépend de l’attitude d
83 , sans reculer devant l’apparence d’un calembour, mais qui formule non sans bonheur, je crois, l’attitude d’engagement et de
7 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
84 ce quotidienne, innombrable, et sans cesse accrue mais d’une manière imperceptible, d’habitudes de pensée et de vie de moins
85 e puissante et purifiée Église orthodoxe à l’Est. Mais dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre
86 nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné : elles ont seulement repous
87 ouvent plus dans le monde des doctrines hostiles, mais un vide doctrinal sans précédent. Ce vide est un appel, urgent et dra
88 l’État et à ses réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétien
8 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
89 une faite de vices et de vertus, comme chez nous, mais l’autre étant un « sport » d’une nature différente, — et c’est la sec
90 ns spirituelles à la fois délicates et profondes, mais qui n’ont pas trouvé leur véritable objet ; un pouvoir exceptionnel d
91 st l’homme qui amène l’argent, en règle générale, mais c’est la femme qui tient les cordons de la bourse, en l’occurrence, l
92 ques. Elle ne se borne pas à choisir les rideaux, mais la maison, et même l’auto. Je vois la preuve qu’elle se sent responsa
93 —, ornée de quelques gros bijoux de quatre sous, mais bien brillants, précédant un mari moins galant que stylé, toujours pr
94 ! Elle s’y avance avec l’autorité, souvent polie, mais parfois un peu plus que désinvolte, d’une propriétaire de droit divin
95 n mystérieuse, elle ne fera pas de scène criarde, mais affichera un silence offensé qui signifie à son mari d’intervenir, si
96 esure où les facteurs économiques la déterminent. Mais c’est dans la psychologie de la famille américaine que le statut roya
97 amour, de tendresse ou même d’aveugle dévouement. Mais l’attitude de l’homme à son égard est faite pour éveiller en elle le
98 publique (et les femmes s’approchent volontiers), mais il y a je ne sais quoi de repoussant (et pas seulement pour un Europé
99 parfois ornée d’un bar, toujours d’un frigidaire. Mais alors le mari perd en autorité ce qu’il gagne en intimité. Il se peut
100 e dans tout autre pays du monde, Suisse comprise. Mais ce que les statistiques oublient de noter, c’est qu’on y divorce d’un
101 de Reno. Reno n’est pas une légende pittoresque, mais une nécessité pratique créée par les étranges législations qui règnen
102 lty (nous disons : « incompatibilité d’humeur »). Mais on en trouvera d’autres, plus précis. Il n’aimait que la cuisine du N
103 t de sérieux. Il n’y entre pas pour toute la vie, mais pour un bail de « trois-six-neuf ». Une jeune héritière très connue d
104 ute trace directe d’éducation puritaine au foyer. Mais les standards moraux créés par les Pionniers leurs sont transmis sous
105 , n’est pas vicieux. Il est moral ou sans morale, mais bien rarement immoraliste. Ce qu’il ignore, c’est ce mélange de scrup
106 d’esquisser donneraient matière à tout un livre. Mais il me paraît vain de l’écrire, car l’Amérique est en pleine transitio
107 nt que la jeunesse de leur pays est sex-obsessed, mais il se peut qu’elle soit tout simplement sexy, et que l’obsession n’ex
108 de folie, viendraient à l’appui de cette thèse ; mais il ne faut pas oublier l’influence beaucoup plus directe et contrôlab
109 peu pédant, substitué aux préjugés du moralisme, mais aussi du libertinage ; fuite générale devant l’intensité et les compl
9 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
110 salon — rien de tout cela n’existe en Amérique — mais une party. Et cette party n’était pas animée par la vivacité des disc
111 uetterie des femmes, ou la célébrité des invités, mais par les plateaux de cocktails que l’on passait continuellement d’un g
112 l’avant-garde américaine. Peu de gaieté bruyante, mais un humour bonhomme, un peu loufoque, et beaucoup de sérieux professor
113 aire », l’un des mots qui leur fait le plus peur. Mais quand ils décident de penser, ils tournent aussitôt au pédant germani
114 otre livre est très bien, je voudrais le publier, mais il a le malheur de porter sur les années 1935 et 1936. Or le public v
115 -il, il serait de mon devoir de publier ce livre. Mais en tant qu’éditeur, ce serait un suicide. — Comment cela ? — Vous ête
116 es exemplaires restants ? — J’imagine très bien ! Mais le public est simpliste, il attend des jugements entiers. Quitte à ne
117 e tyrannique que toute guerre risque d’instaurer. Mais c’est aussi parce qu’on ne croit plus au mal, en Amérique. « C’est tr
118 tous ici, quand les Russes ne font qu’en parler. Mais les intellectuels ? Ils n’ont de choix qu’entre le journalisme et le
119 1942 Depuis des mois, j’essayais de m’y mettre7. Mais je fuyais partout, dans la rue, dans le monde, au cinéma, sous le moi
120 e les ai vus presque chaque jour le mois dernier. Mais ce soir-là je n’avais rien à dire, et me demandais non sans angoisse
121 e trouve à six ou huit dans un salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de toute la nuit. Voilà qui est clair : ou
122 . Je me sens rendu au monde et à la vie courante. Mais pendant que je m’escrimais contre son image fuyante, le diable a tran
123 pressante. En vérité, j’ignorais quelle affaire, mais je sentais qu’il fallait rentrer. J’ouvre ma porte et j’entends le té
124 sa voix noble, agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde pour lui son port de tête et sa présence d’esprit indiscerna
125 erdoce à restaurer dans une atmosphère orageuse ! Mais l’Amérique n’est pas son fort. Il y tient le succès à distance, laiss
126 es Russes reculent, les Japonais avancent encore. Mais j’ai pu annoncer le premier raid anglais de mille avions, et la prome
127 une seule photo, encore était-elle prise de dos. ( Mais ce trait justement le révélait.) Penché à un balcon d’hôtel, au haut
128 deux petites pièces banales, accueillant un à un, mais longuement, les visiteurs qui passent par cette ville de nulle part.
129 ceux qui lui apportent les rumeurs de la planète. Mais l’un questionne et l’autre parle. Il parle de Briand qu’il a servi lo
130 ou faciles à réduire. « Gagner sa vie », dit-on, mais en vivant ainsi on aurait beaucoup moins à la gagner. « Faire une car
131 aucoup moins à la gagner. « Faire une carrière », mais vues d’ici, toutes les « carrières » sont des échecs humains. « Contr
132 ecs humains. « Contribuer au progrès collectif », mais la fin du progrès ne peut être qu’une plage, un loisir sur la plage,
133 foule transpire ? Il faut être fou pour rentrer… Mais à l’Office, notre travail s’intensifie, et les échos nous en revienne
134 re américaine peut leur sembler une tartarinade8, mais que lorsqu’on la voit de ses yeux, elle donne une sensation directe d
135 e, qui seront reprises par la presse clandestine… Mais dire aussi les revers et les défaites : notre consigne de véracité es
136 oire emplumé d’arbres échevelés par les tempêtes, mais doucement entouré de trois côtés par des lagunes sinueuses qui s’avan
137 sé (je dois rentrer pour neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des cigarettes et discuter le c
138 rnal, et deux essais pour des revues américaines. Mais ces essais-là m’ont suffi pour déceler l’influence sur mon style de c
139 serait-ce l’influence de l’Amérique en général ? Mais elles convergent ou même s’identifient. Je constate que j’hésite ou r
140 moi, d’écrire en vue d’une traduction américaine, mais également en vue d’une transmission directe à la radio. Dans les deux
141 oire est devenue le droit d’énoncer des banalités mais qui ne passent plus pour telles, et qui portent. Savoir ne point se l
142 elques valeurs encore inéchangeables cette année. Mais il convient de les maquiller un peu, pour qu’elles circulent, précisé
143 rope après ces deux années de violente dérive. … mais sachez-le : Nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes.
144 mis à l’érosion de l’exil, moins brutale, certes, mais plus intime que celle de l’occupation. Un conquérant n’occupe jamais
145 n. Un conquérant n’occupe jamais que l’extérieur, mais l’étranger s’infiltre au cœur de l’être. Comment lui résisterait-on ?
146 là, il change un peu : vous n’êtes plus l’invité mais un client, et qui devrait s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez
10 1947, Articles divers (1946-1948). La jeune littérature des États-Unis devant le roman américain (7 juin 1947)
147 té qui en était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscurément spirituelle ne tend jamais vers la formul
11 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
148 maines y dégage une espèce de lyrisme « global », mais elle augmente aussi l’incertitude. Or ce n’est pas l’angoisse, comme
149 nde, naguère limitée aux dimensions de la nation, mais désormais sollicitée par des espaces nouveaux, se trouble. Le monde q
150 e menace ou une promesse qui peut nous concerner, mais dont il nous est impossible d’évaluer la portée concrète ? Savoir d
151 . Cela non plus ne restera pas sans conséquences, mais lesquelles ? Il n’est pas un de ces faits, grands ou petits, moral, é
152 de et qu’il est un. Nous le savons théoriquement. Mais il nous faut encore apprendre à le voir, puis à le sentir et à le pen
12 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
153 uis quand vivez-vous en Amérique ? — Depuis 1934. Mais j’y étais venu une première fois en 1922, pour parler d’un projet d’u
154 s notre siècle ? Je tourne autour de la question. Mais soudain, Einstein m’interrompt et, de son air malicieux et bonhomme :
155 e l’avaient déjà fait les raids massifs d’avions. Mais la bombe a du moins l’avantage de rendre les masses plus conscientes
13 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
156 . Il est trop modeste pour vouloir nous l’avouer, mais il s’est fait l’ardent défenseur de nos institutions. Ce rôle a été d
157 cette influence, nous ne donnerons qu’un exemple, mais qui illustre bien ce que nous venons de dire. Le président Truman ava
158 octrine personnaliste a trouvé aussi des adeptes, mais c’est évidemment en France, qu’elle a eu le plus de succès et qu’elle
159 té dispersés par la guerre, certains étant morts, mais les idées — et c’est là l’essentiel — se sont répandues. En écoutant
160 uter de la naissance d’une fédération européenne. Mais ce qui me paraît important et encourageant tout à la fois, c’est qu’o
161 nt ans. En 1846, il existait un sentiment suisse, mais l’on doutait de la possibilité de créer un État fédéral. Comme je l’a
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
162 té. Car dans ce cas, notre jardin nous suffirait. Mais nous n’en parlerions pas non plus si nous pensions avec Hitler que l’
163 ux. À l’homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspond un régime démocratique tendant vers l’anarchie
164 nsidéré comme soldat politique, totalement engagé mais non libre, correspond le régime totalitaire. Enfin, à l’homme comme p
165 rque encore, pour compléter ce schéma trop rapide mais qui me paraît indispensable. Il ne faut pas penser que la personne so
166 est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, mais elle représente la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui s
167 cela, dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. De plus, il a fallu des siècles aux
168 de la mise en pratique du fédéralisme en Suisse, mais non pas si l’on cherche à dégager de cette expérience l’idée fédérali
169 plus réduite de dimensions que ses applications, mais pourtant celles-ci n’existeraient pas sans celle-là. C’est pourquoi,
170 randes idées, l’idée fédéraliste est très simple, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une formule. C’est qu’e
171 catégories géométriques du rationalisme vulgaire, mais correspond assez bien aux formes de pensée introduites par la science
172 t ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leur co-existence acceptée, dans leur dialogue, dans leur t
173 fois simple à sentir et très délicate à formuler. Mais c’est peut-être aussi, et plus probablement, parce qu’un sûr instinct
174 leurs hommes d’État suisses, pendant des siècles. Mais il est non moins certain que cette idée est demeurée informulée, et m
175 e. Telle est sa crise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe entière. Le grand danger de l’heure présente,
176 se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, cette question risque d’être mal p
177 e lignes, clairs et satisfaisant pour la logique, mais par là même infidèles au réel, vexants pour les minorités, destructeu
178 totalitarisme, lui aussi, supprime ce problème : mais c’est en supprimant les minorités qui le posaient. Il y a totalitaris
179 ent dans le mode d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes d
180 et de fondre toutes les nations en un seul bloc, mais au contraire, de sauvegarder leurs qualités propres. La richesse de l
181 e fédération, elles n’auraient pas à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce
182 e qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité civique d’un peuple. Une pol
183 ont que la fédération est non seulement possible, mais facile à réaliser, et rapidement, comme le fut celle des cantons suis
184 e plus ou moins rapidement dans tous les autres ; mais surtout parce qu’il nous guette tous, à l’intérieur de nos pensées, a
185 d’État soient particulièrement bêtes ou méchants, mais leur fonction leur interdit de céder un pouce, et dans l’état présent
186 pas être leur affaire, pour des raisons absurdes mais techniques. Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui est clair
187 er non pas à la souveraineté même de leur nation, mais à son caractère absolu. Et c’est l’agitation de l’opinion et des peup
15 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
188 novembre 1947)e Le problème me paraît capital, mais son énoncé sur plus d’un point critiquable ou obscur. Je me propose d
189 per les fondements du mariage et de la famille ». Mais il est hasardeux de parler de la « conception chrétienne de l’amour »
190 nous l’entendons et qu’ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuels. Maintenant, le texte de votre enquête trahit un
191 our qui nous rendra la liberté », dit la chanson. Mais il arrive que les voies et moyens que nous imaginons pour le réaliser
16 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
192 vite à admirer. « Très beau, dit notre Américain, mais je ne vois pas de trains circuler ? » — « En effet, réplique le guide
193 , réplique le guide, ils ne circulent pas encore, mais vous, qu’est-ce que vous dites de la question des Noirs aux États-Uni
194 Ce dialogue de fous n’est pas celui des peuples, mais de certains journalistes qui parlent en leur nom. C’est ainsi que L’H
195 ent Truman (même s’ils ont écrit sous Roosevelt). Mais alors, et pour les mêmes raisons, le succès en Europe occidentale de
196 les éditeurs américains qui en entendent parler, mais non pas Truman qui s’occupe d’autre chose, et dont la politique a aut
197 mme dans tous les pays où l’entreprise est libre, mais plus que chez nous, parce que l’Américain n’est pas hypocrite dans ce
198 st l’auteur qu’il jugeait l’ouvrage très mauvais, mais l’acceptait comme très vendable. Qu’il y ait là une dégradation de l’
199 sur le sens exact du mot esprit dans ce contexte. Mais la question n’est pas si simple. Car après tout, c’est le goût du pub
200 la résignation morbide dénoncées par L’Humanité. Mais dans la mesure même où ces digests sont des écoles de simplisme béat
201 ; ce qui entraîne une quantité d’emprisonnements. Mais nous, Européens, quels efforts faisons-nous pour qu’une masse élargie
202 fait que les mauvais romans encombrent l’étalage, mais qu’on n’ait plus le droit de les juger mauvais si le Parti les déclar
203 s éditeurs américains, est celui de notre public. Mais sur l’Europe, en général, l’influence américaine s’est exercée en deu
17 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
204 » Je réponds qu’il s’agit plutôt de la vouloir. «  Mais pourquoi, me dit-on, faudrait-il la vouloir ? » Je réponds qu’il n’y
205 ncore ou ne tient déjà plus dans le monde actuel… Mais puisqu’on m’invite aujourd’hui à développer ce qui me paraît une évid
206 ’Amérique à la Russie ne passe plus par l’Europe, mais par le pôle. La radio, l’aviation, l’économie redistribuent nos voisi
207 lus souple et plus humain que la dictature russe, mais guéri de l’obsession de l’argent qui dénature les libertés américaine
208 sans devoirs ni le soldat politique sans droits, mais la personne à la fois libre et engagée, l’homme qui sait ce qu’il se
209 esse rajusté entre deux exigences contradictoires mais également essentielles à la vie, qui s’appellent l’unité et la divers
210 isés ! » Personne n’ose dire cela, ou comme cela. Mais certains le pensent et finissent par le dire, d’une manière un peu di
211 u’on a combattu dans la faiblesse au nom de rien. Mais où est la grande affirmation centrale, le grand but de cette drôle de
212 libres qu’eux, et plus sages que les Américains. Mais nous restons les bras ballants, regardant à droite et à gauche comme
213 ise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses cloisons, à reconqué
18 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
214 Ce n’est pas une erreur qui doit ouvrir la voie. Mais essayons de ramener l’attention sur cet obstacle tant de fois refusé
215 attendant cela seulement qui ne ressemble à rien mais qu’il reconnaîtra du premier coup : un repère à la craie sur le seuil
216 eut frayer pour s’approcher des mystères communs. Mais le matériel symbolique est assez curieusement restreint, les symboles
217 er perdue sur laquelle on met le pied par hasard. Mais nous touchons ici au fétichisme, qui n’est qu’une obsession morbide d
218 je ne retiens que le dixième, qui donne un sens. Mais les neuf autres n’ont pas été vaines, ni muettes. Car elles m’ont dit
219 e et dont il faut rougir. Il n’y a pas de hasard, mais pourtant nous sommes libres. Je ne sais qui dispose de moi, mais la c
220 ous sommes libres. Je ne sais qui dispose de moi, mais la contrainte, si c’en est une, certainement n’est pas mécanique. La
19 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
221 du diable m’en parlera lui aussi, tout à l’heure. Mais , d’abord, il faut faire le point. Denis de Rougemont a 41 ans. Petit,
222 e, l’aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais , à l’entendre parler, comment sa pondération, sa générosité, son sens
223 in pourraient-ils m’échapper ? Sa voix est douce, mais nette ; il s’exprime avec gravité. Souvent un sourire accompagne son
224 arquables : Journal d’un intellectuel en chômage. Mais , au centre de ses préoccupations, se tient la personne humaine ; ne v
225 nces de sa découverte l’effrayent, c’est certain. Mais sa responsabilité ne se sent pas engagée. Sans doute, pense-t-il que,
226 e l’avaient déjà fait les raids massifs d’avions. Mais la bombe a du moins l’avantage de rendre les masses plus conscientes
227 st pas de s’y opposer perpétuellement et en vain, mais d’y entrer. Je n’interrogerai pas Denis de Rougemont sur les États-Un
228 ès, Swift, Voltaire, Rousseau, etc. ? Et Calvin ! Mais La Fontaine, Racine ?… À leur époque, ils accomplirent leur métier d’
229 ils avaient l’habitude de se rencontrer naguère, mais où, maintenant, « on ne peut plus mettre les pieds ». « Pensez, dit S
230 il ne s’agit pas seulement de relever des ruines, mais de découvrir un monde nouveau et de l’organiser. Tout est à recréer.
231 où leurs paroles acquièrent le plus d’efficacité. Mais , en conséquence, ils deviennent des errants. Je crois, quant à moi, q
232 ondément européen, me déclare Denis de Rougemont. Mais je pense que notre continent ne peut être sauvé que par une organisat
233 urquoi n’en serait-il pas de même pour l’Europe ? Mais , encore une fois, il convient de se hâter, car je vois venir le temps
234 mer que le fédéralisme européen pourra s’imposer. Mais sa réalisation ne vous semble-t-elle pas chimérique ? Nullement. Si n
235 dien » — textes qu’il écrivit entre 20 et 40 ans. Mais son plus important projet est de composer une morale qu’il intitulera
20 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
236 vite soit au bloc russe soit au dollar américain. Mais les seconds proclament qu’ils ne choisiront pas entre la peste et le
237 n parti stalinien, qui prend ses ordres à Moscou, mais aucun parti trumanien qui voterait selon les directives envoyées par
238 ompte. En Russie, on promet la lune aux ouvriers, mais en fait on leur ôte le droit de grève et le droit de se plaindre d’un
239 opprimés, de la misère et des scandales. Certes, mais là s’arrête la ressemblance. Car en Russie, l’État justifie ces scand
240 a Russie est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère
241 l’Amérique. Non seulement nous ne le devons pas, mais c’est pratiquement impossible. Car l’Amérique n’a nullement l’intenti
242 ’un point de vue stratégique autant que culturel. Mais elle ne pourra nous aider que si nous existons d’abord. Le seul choix
21 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
243 Goncourt, ce qui doit apaiser bien des scrupules. Mais voici deux exemples célèbres de grandes œuvres littéraires « condensé
244 e, de quoi tripler le nombre de pareils exemples. Mais il suffit. Le résumé, l’adaptation d’une œuvre au goût réel ou suppos
245 d’un pays, ce n’est pas une invention américaine, mais une ancienne coutume européenne, et plus spécifiquement française. In
246 ne.) Or non seulement le procédé est fort ancien, mais encore l’Amérique en abuse moins que nous. Au reste, ces « condensés 
247 carter le lecteur. Vogüé résume, croit condenser, mais perd en densité, précisément. Pour Galland et Nerval, cela se discute
248 raccourcis comme des introductions insuffisantes, mais utiles à des œuvres d’accès malaisé. Bédier, enfin, restitue un chef-
249 xcellent. Le procédé lui-même n’est pas en cause, mais bien le talent de celui qui l’applique, et peut-être aussi le modèle
250 i dans des versions réduites, émondées, aplaties. Mais ils sursautent dès qu’on se risque à « condenser » un lauréat quelcon
251 résumés à l’usage des enfants et des adolescents. Mais le fameux grand public, si cher aux éditeurs, n’est-il pas un enfant
252 nt le despote qu’il s’agit avant tout d’éclairer. Mais il n’est pas vain d’exiger que les fabricants de condensés se donnent