1 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
1 946)b 1. Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte
2 entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en est pas moins étroit ni moins f
3 quelle théologiens et écrivains se sont installés pour la plupart, est-elle vraiment sans conséquence pour les uns et les au
4 ur la plupart, est-elle vraiment sans conséquence pour les uns et les autres, et pour l’élite en général ? Il est clair que
5 t sans conséquence pour les uns et les autres, et pour l’élite en général ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de
6 esser sans grand dommage. Si l’on admet qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’
7 envisagent, les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commun
8 ui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale où
9 crivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à découvrir, tous les ving
10 le. Petit exemple que je mentionne faute de mieux pour l’entreprise et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire s
11 mentionne faute de mieux pour l’entreprise et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur la renaissance endémiq
12 t ainsi dans sa persuasion que l’Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprits libres et « avancés
13 ive dans beaucoup de conversions, elle n’a pas eu pour effet (ou très rarement) l’adhésion des convertis à une Église déterm
14 force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plein ses énergies. Dante demande à Thomas d’Aquin un cadr
15 ême ordre. Ce qui ne signifie rien, bien entendu, pour ou contre le ritualisme, mais indique une direction de recherches peu
16 trop aisément atteinte aux dépens du mystère, et pour laquelle les protestants anglo-saxons montrent un goût immodéré. Je c
17 œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte et par lui-même un « message » souvent beaucoup plus réel
2 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
18 surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale
19 e, où la pesante logique de la matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui
20 dérobé à ses hôtes leur nectar et leur ambroisie, pour les faire goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et
21 omniscience, il avait tué son propre fils Pélops, pour faire servir sa chair à la table divine. Les liqueurs d’immortalité s
22 nt de pur abandon — payé de sa mort, il est vrai, pour quelle indescriptible renaissance ! — préfère subir le supplice de Ta
23 un être nouveau surgirait dans l’instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe o
24 istrée, il héritera de tous les biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée d’amour pur et
25 au Testament n’en demande pas davantage à l’homme pour le faire héritier de son royaume : il demande un instant de foi. Un i
26 e, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Royaume, gratuitement offerts, déclenche irrésis
27 ie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, et le Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la
28 eaux vives fuiront ses lèvres ; car il faudrait, pour y être immergé, accepter de mourir d’abord à ses propres désirs et à
29 nsondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou l
3 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
30 nous dit encore Denis de Rougemont, que je passe pour un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droi
31 r un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour
32 oite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre un parti. Je suis contre le totalitarisme et pour la démocr
33 ntre un parti. Je suis contre le totalitarisme et pour la démocratie réelle, qui est le fédéralisme. Un régime de tyrannie n
34 ajoute notre interlocuteur. Tout le monde insiste pour cela ; parce que la Suisse est en dehors de l’ONU, parce qu’on y parl
35 confédération, donc bien préparés et prédisposés pour une mission de ce genre. Denis de Rougemont souhaite encore que l’an
4 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
36 es aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que servaient deux ou trois
37 a rencontre dans un train venant du Sud, en route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. E
38 u si ce dernier leur fait dire des bêtises, c’est pour nous inciter à mépriser l’erreur ou la bassesse d’une classe qu’ils r
39 nts, à des autodidactes, à des hors-castes, moins pour débrouiller que pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’épo
40 es, à des hors-castes, moins pour débrouiller que pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’époque. ⁂ Je me suis dem
41 faisante à ma deuxième question : le fait est là. Pour la première, je puis dire après coup que j’aurais dû trouver une clé
42 le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont toujours si occupés. » Dernièrement, à Paris, je di
5 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
43 n ne bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en coupant le milieu, ce remplissag
44 x mesures de musique russe indéfiniment répétées, pour ne garder que le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la rup
45 irais que je les trouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en
46 ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelque usage ignoré du commun. Presque toujours elles étaient vides.
47 s élèves, les voyageurs préparaient leurs billets pour l’inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse, en ce temps-l
48 sé en exacte banalité que les Suisses le prennent pour banal. Ils pensent mener la vie normale du genre humain, l’anarchie e
49 ui renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l
50 mprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l’indulgence me
51 passent, et rien ne les touche. Ce sont aussi, et pour la même raison, des transparents. (Avez-vous remarqué que les trains
52 ougemont Denis de, « La lutte des classes », CFF. Pour un anniversaire (1847-1947), Lausanne, Mermod, 1947, p. 143-152.
6 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
53 es éléments — l’anti-Europe. Qu’était-il en effet pour ceux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, la rage antisémite
54 ément par ceux de l’avant-garde ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir défendu par c
55 t totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’étiquette pour occuper, sans coup férir, d’importantes sections de nos élites. D’aut
56 ement du foyer même de ce mal infernal n’avait eu pour effet que d’en faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le natio
57 e qu’ils appellent s’engager. Mais c’est en fait, pour la plupart d’entre eux, une démission de la pensée, un alibi. Pour qu
58 ion tout à l’heure — semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique et la Russie. C’est une notion qui s’étiole c
59 jours en état de composition, tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se sont déployées sans frein ni contrepoids.
60 a déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement aux conceptions et aux coutumes européennes, que deu
61 acquéreurs vont en tirer un bien meilleur parti, pour l’avantage du plus grand nombre ? Que valent nos craintes ? Qu’avons-
62 l’Europe ou l’Amérique qu’il leur faut souhaiter pour leur enfant. Car nous pensons à notre Europe comme à un « Vaterland »
63 ’âme d’une civilisation qui serait perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de je ne s
64 serait perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme europ
65 ’il s’est parfaitement adapté. L’homme exemplaire pour nous, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homme ; pour eux, c’
66 ’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homme ; pour eux, c’est au contraire l’homme moyen, le common man, base ou produit
67 le common man, base ou produit des statistiques. Pour nous, l’homme exemplaire, c’est le plus haut exemple ; pour eux, c’es
68 l’homme exemplaire, c’est le plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire de série. Ces deux sens du mot « exemplaire »
69 e l’opposition que je voudrais vous faire sentir. Pour eux la vie se résume en deux opérations : production et consommation.
70 quilibre sera le bonheur inévitable, obligatoire. Pour nous, la vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’est pas le
71 ent, qu’il faut éliminer doucement ou brutalement pour arriver à l’unanimité, à l’homogène. Et les uns l’obtiendront par la
72 ressemblent et se ressembleront de plus en plus. Pour illustrer le contraste que je viens d’esquisser d’une manière un peu
73 sécurité et le risque, les règles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’hom
74 du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen en tant que tel n’acc
75 e lutte, consomme des énergies immenses. Et c’est pour cette raison qu’elle prévient parmi nous les entreprises et les plans
76 voyons proliférer ailleurs. D’autre part, elle a pour effet de concentrer sur l’homme lui-même, créateur ou victime de ces
77 ropéenne, non la meilleure. Je préfère emprunter, pour un moment, à nos voisins américains leurs méthodes pragmatiques, et à
78 parence. Demandons-nous ce que nous avons à faire pour maintenir et pour illustrer les valeurs propres de l’Europe. Ce sera
79 -nous ce que nous avons à faire pour maintenir et pour illustrer les valeurs propres de l’Europe. Ce sera peut-être un bon m
80 stes. Il les appelle, il les espère, il fait tout pour les amorcer, par la vertu de l’exemple vécu. Telle est la santé de l’
81 de ses diversités ; et de le faire non seulement pour son salut, mais pour celui de la paix du monde entier. ⁂ Mesdames et
82 et de le faire non seulement pour son salut, mais pour celui de la paix du monde entier. ⁂ Mesdames et Messieurs, si les des
83 de parler après cela d’une vocation de l’Europe. Pour exercer une vocation, il faut d’abord être vivant, il faut survivre.
84 enacent constamment l’Amérique. Celle de 1930 eut pour effet de la réveiller, de l’humaniser, et par là même de la rapproche
85 lus transformatrices et les plus riches d’avenir, pour tous les autres hommes de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’i
86 d’avenir… oui, s’il est un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dans une certaine mesure, qui est celle
87 est un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dans une certaine mesure, qui est celle du réalisme politiq
88 aix et donc d’avenir imaginable que dans l’effort pour instaurer un vrai gouvernement mondial. Et le monde, pour ce faire, a
89 taurer un vrai gouvernement mondial. Et le monde, pour ce faire, a besoin de l’Europe, j’entends de son esprit critique auta
90 ’il s’agit vraiment de penser, que penser d’autre pour la paix, je vous le demande, qu’un idéal fédératif mondial ? C’est po
7 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
91 t les positions trop menacées par le scepticisme. Pour ne donner que deux exemples : on vit le mouvement mystique s’éteindre
92 lisme centré sur l’homme. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises renonçaient sinon à leur âme même, du
93 ble : « Avec du sucre ! ». Remarque hélas valable pour bien d’autres Églises, et qui résume toute une époque. Je pense qu’av
94 t que son élévation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de force, un challenge, une purificati
95 Fin, l’existence de l’esprit, etc., paraît close pour longtemps. C’est enfin un fait que les trois grandes confessions chré
96 is dire que l’époque de la défensive est terminée pour elles, dans notre temps, c’est poser aux Églises chrétiennes un dilem
97 ilistes dans un jargon philosophique qui les rend pour le moins inoffensives. Devant cette démission de la pensée et de la m
98 les de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne pour le siècle. 2° Que l’Église offre un type de relations culturelles via
99 e ! Il est temps que nous sortions à sa recherche pour la ramener ! 3° Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficac
100 je ne vois aucune raison d’attendre autre chose, pour le monde, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies qui en résu
101 pie si les chrétiens s’en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps organisés ne peuvent que souteni
8 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
102 station aéronavale de San Diego, Californie, tant pour le personnel de la Marine que pour les civils. Le capitaine Leslie E.
103 lifornie, tant pour le personnel de la Marine que pour les civils. Le capitaine Leslie E. Gehres, commandant de la station,
104 nt fort étroitement liés, l’un vivant de l’autre, pour ainsi dire, et n’existant que par la négation de l’autre, si bien que
105 ignent le négatif. L’Américain me paraît peu doué pour les raffinements spirituels, peu capable de concentration, peu enclin
106 ôtre. En bref, il n’aime point souffrir, et tient pour perversion ce goût de la torture exaltante et intéressante qui fait l
107 ins, de temps perdu, de complaisance et de folies pour composer une telle croyance. Nul n’est irremplaçable dans un monde au
108 ’échec nulle dignité spirituelle, et qui ne tient pour vrai que ce qui réussit. Or, l’échec n’est pour eux qu’une perte sèch
109 t pour vrai que ce qui réussit. Or, l’échec n’est pour eux qu’une perte sèche, et non la condition d’un approfondissement de
110 e, l’hygiène des enfants, les relations sociales. Pour elle, point d’esclavage des routines domestiques : ce serait être esc
111 cuisine et un sous-sol américain, c’est justement pour libérer la femme des soucis qui l’absorbent chez nous. Il est étrange
112 la majorité des femmes d’Europe souffrent encore, pour la plus grande satisfaction des hommes. L’Américaine a renversé le ra
113 sé le rapport des forces. C’est le mari qui peine pour payer le frigidaire et permettre à la femme de lire des romans, — ou
114 un incident de voyage ou de service la mécontente pour quelque raison mystérieuse, elle ne fera pas de scène criarde, mais a
115 cheveux au vent. Et le mari se hâte d’obtempérer pour éviter le pire. Cette domination de la femme ne s’observe pas seuleme
116 ans moins qu’un mot, dans l’abréviation familière pour Maman, que soupire le GI loin du foyer, dans ces trois lettres fatidi
117 Mais l’attitude de l’homme à son égard est faite pour éveiller en elle le goût de la liberté et de l’autonomie, comme elle
118 a je ne sais quoi de repoussant (et pas seulement pour un Européen, je m’en assure) dans un rassemblement de femmes d’âge mo
119 laire. Le soir réunit le couple quelques instants pour la chasse au taxi, s’ils sortent ensemble. Et le reste, souvent, se p
120 e si l’homme d’Amérique n’avait qu’un goût modéré pour la femme, dont il ne serait que la conquête plus ou moins résignée ou
121 jours, à conserver5, eux à ouvrir. Le divorce est pour nous l’enterrement d’un bonheur, pour eux l’acte de naissance d’une v
122 divorce est pour nous l’enterrement d’un bonheur, pour eux l’acte de naissance d’une vie plus nette, — ou simplement la perm
123 suivis de cette mention qui n’étonne plus : « lui pour la troisième fois, elle pour la quatrième. » Motif : mental cruelty (
124 ’étonne plus : « lui pour la troisième fois, elle pour la quatrième. » Motif : mental cruelty (nous disons : « incompatibili
125 manquent de sens et de sérieux. Il n’y entre pas pour toute la vie, mais pour un bail de « trois-six-neuf ». Une jeune héri
126 sérieux. Il n’y entre pas pour toute la vie, mais pour un bail de « trois-six-neuf ». Une jeune héritière très connue déclar
127 lles, à 19 ans : « C’est merveilleux de se marier pour la première fois ! » Deux ans plus tard, elle était à Reno et se rema
128 s tard, elle était à Reno et se remariait, « elle pour la seconde fois, lui pour la quatrième ». Cependant, j’en reviens à m
129 et se remariait, « elle pour la seconde fois, lui pour la quatrième ». Cependant, j’en reviens à ma première définition, le
130 cole, dans la presse, au cinéma, au cours du soir pour étrangers récemment naturalisés. On leur inculque à tous qu’être un A
131 esponsable, mimant une sorte d’innocence. Disons, pour fixer les idées, que les deux romans européens les moins pensables en
9 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
132 olémiste sérieux et sarcastique, il mène campagne pour l’intervention de l’Amérique dans le conflit. Une petite revue virule
133 it plus au mal, en Amérique. « C’est trop affreux pour être vrai », dit-on des récits de réfugiés. Il en résulte qu’on colla
134 ne veut pas croire au diable travaille fatalement pour lui. Cambridge (Mass.), 18 avril 1941 Quinze jours dans ce refuge de
135 Boston. Le premier soir en arrivant dans ce logis pour étudiants où un ami me prêtait sa chambrette, je trouve un grand jeun
136 vilège des génies. New York, 15 mai 1941 Recette pour vivre de peu. — Je me souviens de ce sous-titre de mon Journal d’un
137 fassent un pas de trop, et tombent dans le vide, pour peu que leur lecture les passionne. Mercredi des Cendres, février 194
138 faim, j’ai froid, je suis heureux, je cours dîner pour 50 cents à la cafétéria du coin. 2 mars 1942 Ou écrire, ou sortir. —
139 izarre : si j’ai si vite bouclé ce livre, c’était pour essayer de le prendre de vitesse. 1er avril 1942 Une lettre du propri
140 j’annonce subitement que je dois rentrer en ville pour une affaire pressante. En vérité, j’ignorais quelle affaire, mais je
141 re plus tard, je me mettais à ce travail, nouveau pour moi : écrire des textes d’information et des commentaires politiques,
142 e de l’Information. Il peut être amusant de noter pour plus tard la composition de notre équipe en termes de gazette littéra
143 , agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde pour lui son port de tête et sa présence d’esprit indiscernablement ironiq
144 ’être remis aux speakers, nous trouvons un moment pour causer. Et souvent nous parlons des fêtes que nous rêvons d’organiser
145 s Pitoëff, se voient priés de passer au studio 16 pour l’émission. Dans cinq minutes, au fond d’une campagne française — ce
146 irectives de Washington, de New York, de Londres, pour ma seconde émission, celle de la nuit. Pierre Lazareff, en bras de ch
147 à ce que vous cherchiez, mon cher. Une bonne idée pour vous là-dedans ! » Cela tient de la divination, et c’est juste neuf f
148 l serait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À deux heures d
149 aturellement mémorable. Quand il vient à New York pour quelques jours, il se promène interminablement, suivant au long d’ave
150 du jour et de la nuit. Profité de ce bref loisir pour reprendre mon diable abandonné dans un tiroir depuis des mois, et pou
151 able abandonné dans un tiroir depuis des mois, et pour en récrire deux chapitres (sur « l’amour tel qu’on le parle » et la p
152 jeu. Tous les prétextes que les hommes se donnent pour en sortir, un jour ou l’autre, me paraissent hypocrites ou faciles à
153 ville dont la foule transpire ? Il faut être fou pour rentrer… Mais à l’Office, notre travail s’intensifie, et les échos no
154 répéter chaque jour quels sont les plans d’Hitler pour dépouiller la France de sa main-d’œuvre qualifiée — opération que Lav
155 nier de petits pinceaux puérils et tire la langue pour ne pas « dépasser ». Je pose pour le Petit Prince couché sur le ventr
156 tire la langue pour ne pas « dépasser ». Je pose pour le Petit Prince couché sur le ventre et relevant les jambes. Tonio ri
157 dans la nuit je me retire épuisé (je dois rentrer pour neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer d
158 e écrire que ces notes de journal, et deux essais pour des revues américaines. Mais ces essais-là m’ont suffi pour déceler l
159 evues américaines. Mais ces essais-là m’ont suffi pour déceler l’influence sur mon style de ce travail de propagande. Ou bie
160 s large du terme. Car il ne s’agit pas seulement, pour moi, d’écrire en vue d’une traduction américaine, mais également en v
161 grande efficacité, sans la moindre bavure savante pour l’élégance. On ne savait plus juger du « bien écrire » sinon par réfé
162 d’énoncer des banalités mais qui ne passent plus pour telles, et qui portent. Savoir ne point se limiter constamment à la q
163 resque panique de me rassembler, de me retrouver, pour rentrer tout entier en Europe après ces deux années de violente dériv
164 ’invité mais un client, et qui devrait s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’un coup le mo
165 ou même à sa menace. Autant dire qu’on les tient pour moins sérieux. Nous étions mal placés pour discuter cela, donc en som
166 tient pour moins sérieux. Nous étions mal placés pour discuter cela, donc en somme pour défendre l’esprit, — qui était pour
167 ions mal placés pour discuter cela, donc en somme pour défendre l’esprit, — qui était pourtant tout ce qu’il restait à défen
10 1947, Articles divers (1946-1948). La jeune littérature des États-Unis devant le roman américain (7 juin 1947)
168 es aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que servaient deux ou trois
169 a rencontre dans un train venant du Sud, en route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. E
170 nts, à des autodidactes, à des hors-castes, moins pour débrouiller que pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’épo
171 es, à des hors-castes, moins pour débrouiller que pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’époque. m. Rougemont
11 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
172 présente on enregistre aux États-Unis un divorce pour trois mariages. Cela non plus ne restera pas sans conséquences, mais
173 tutelle et de l’exploitation occidentales : c’est pour inaugurer la guerre civile. À peine les Japonais battus, à peine les
174 en sont encore au stade préliminaire de la lutte pour l’autonomie. Voici l’Europe enfin, cette Europe qui naguère était le
175 de croire à la démocratie. L’Europe qui se donne pour battue, quand à elle seule elle totalise plus d’habitants que la Russ
176 rganisation des Nations unies ne s’est formée que pour répondre à l’appel de nos anxiétés et de nos manques. C’est grâce à e
177 des l’annoncent déjà) et parce qu’elle représente pour les Américains ce symbole d’un avenir plus vaste qui peut seul les me
178 qui peut seul les mettre au défi de se redresser pour tenir un grand rôle. Ce sont nos quatre pauvretés qui nous lient et q
12 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
179 , patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure
180 e me dit : « Maman pense que vous pourrez m’aider pour mes devoirs d’arithmétique. » Je l’ai aidée de mon mieux. C’est une c
181 4. Mais j’y étais venu une première fois en 1922, pour parler d’un projet d’université juive à Jérusalem. On m’a donné beauc
182 donc pratiquement à l’URSS ? Au risque de passer pour fasciste à ses yeux, je suggère que la cause la plus nette de ce qu’i
183 Soviets. Or je crains qu’il n’y ait rien à faire pour la surmonter. Car la cause n’en est que trop claire. La Russie sait q
184 ite partout, et qui serait nécessaire à la Russie pour fabriquer ses propres bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d’ici
185 eau de fer ». Les Russes sont très pauvres. C’est pour cela qu’ils ont si peur des étrangers. Et non sans raison. Car, au co
186 circule ici. Schnabel s’interrompant, impatienté, pour dire au violoniste : « Ce qu’il y a d’ennuyeux avec vous, Albert, c’e
187 nstein a fondé avec quelques collègues, ici même, pour éclairer l’opinion publique sur les problèmes que pose la bombe. Cet
13 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
188 s aux États-Unis, nous confie-t-il. J’étais parti pour l’Amérique afin de faire une tournée de conférences sur la Suisse. J’
189 Unis en faveur de notre pays. Il est trop modeste pour vouloir nous l’avouer, mais il s’est fait l’ardent défenseur de nos i
190 s institutions. Ce rôle a été d’autant plus utile pour nous que notre neutralité n’a pas toujours été bien comprise et que l
191 r, dans ses conclusions, ce comité s’est prononcé pour la conscription, parce que, se référant à l’ouvrage sur la Suisse de
192 ience suisse, malgré son petit cadre, est valable pour l’Europe. Voyez-vous, on ne se rend pas compte, en Suisse, qu’il exis
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
193 mme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous sommes d’accord, tacitement, si nous so
194 ime fédéraliste. J’ajouterai une remarque encore, pour compléter ce schéma trop rapide mais qui me paraît indispensable. Il
195 uelle nos travaux doivent se fonder et qu’ils ont pour but ultime de promouvoir, nous pouvons passer maintenant à une descri
196 nt aussitôt : « Tout cela, dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. De plus, il a fa
197 ands. De plus, il a fallu des siècles aux Suisses pour se fédérer, et nous avons besoin de solutions rapides. » À la deuxièm
198 l’autonomie des cantons contre la centralisation. Pour les uns, fédérer veut dire simplement : s’unir. Pour les autres, être
199 r les uns, fédérer veut dire simplement : s’unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire simplement : rester libre chez
200 aradoxale ou « dialectique » dans sa forme : « Un pour tous, tous pour un. » En effet, « Un pour tous » signifie l’élan des
201 ialectique » dans sa forme : « Un pour tous, tous pour un. » En effet, « Un pour tous » signifie l’élan des personnes et des
202  : « Un pour tous, tous pour un. » En effet, « Un pour tous » signifie l’élan des personnes et des régions vers l’union, tan
203 es et des régions vers l’union, tandis que « tous pour un » signifie l’aide que l’union doit apporter à chaque région et à c
204 agande agressive se voit contrainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le féd
205 ope entière. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doi
206 ourrait gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un instinct commun se formait peu à peu, dep
207 r que des plans rationnels et des systèmes. C’est pour éviter ce piège autant que possible que je vais me borner à dégager i
208 oléon, puis celui d’Hitler, dans leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des avertissements utiles, ils nous c
209 me ou de l’hégémonie d’une nation, vaut également pour l’impérialisme d’une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéra
210 x plans simples de lignes, clairs et satisfaisant pour la logique, mais par là même infidèles au réel, vexants pour les mino
211 ique, mais par là même infidèles au réel, vexants pour les minorités, destructeurs des diversités qui sont la condition de t
212 té ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour auta
213 iste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à
214 qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux elle repr
215 rés. Quatrième principe. — La fédération n’a pas pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nations en un se
216 on viable. Leurs dirigeants ne sont pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il serait déraisonnable d
217 de, le totalitarisme est une tentation permanente pour notre fatigue, notre inquiétude, nos doutes et nos vertiges de démiss
218 ons à rien de bon, dans nos efforts et nos débats pour promouvoir l’Europe unie, si nous ne restons pas en garde vigilante c
219 e eux désirent, ne peuvent pas être leur affaire, pour des raisons absurdes mais techniques. Il faut donc les pousser dans l
15 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
220 urnée en méfiance d’autrui et mépris de soi-même. Pour libérer l’amour, aimez ! C’est le seul moyen, et cela suffira. Les sa
221 es et les saints de tous les temps sont avec vous pour affirmer la Liberté dans l’Amour et par l’Amour. Cet idéal n’est pas
222 arrive que les voies et moyens que nous imaginons pour le réaliser — religions, éthiques, politiques, puis sciences — se con
223 rudences du monde, il m’a fallu 350 pages serrées pour en esquisser une, partielle, dans L’Amour et l’Occident .) Quant au
224 e autre civilisation connue. C’est la raison même pour laquelle une enquête comme la vôtre peut être conduite sans que mort
16 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
225 nt en leur nom. C’est ainsi que L’Humanité, comme pour détourner l’attention des mises au pas mensuelles de la culture décré
226 est « le plus rusé de tous » écrit ce qu’il faut pour servir « l’expansionnisme » du dollar. Qu’on ne rie pas : il s’agit d
227 e s’ils ont écrit sous Roosevelt). Mais alors, et pour les mêmes raisons, le succès en Europe occidentale de Tolstoï et Dost
228 rti » du pessimisme d’un Miller ou d’un Faulkner, pour faire de leurs livres des « rabatteurs de dollars à travers le monde 
229 es noms, tirent à 800 000 avant la mise en vente, pour peu qu’un book club s’y intéresse ; 6° Le succès à l’étranger d’un He
230 e américaine dans ses rapports avec « l’esprit », pour parler comme les communistes. Les intellectuels européens qui ont con
231 ’éduquer, concluent les moralistes américains. Et pour cela, donnons-lui des Digests où, sous une forme assimilable et simpl
232 it d’ironiser sur ce sujet. L’éditeur américain, pour éduquer le grand public, cherche à le séduire et lui fait trop de con
233 lip Wylic, de Thorsten Veblen à Reinhold Niehbur, pour ne rien dire des romanciers, il n’est pas une des tares américaines q
234 t un reporter américain persécuté par ses patrons pour avoir « bien parlé » de l’URSS, l’un des meilleurs producers de Broad
235 une simple remarque qui rétablit les proportions. Pour L’Humanité tout se résume dans le pessimisme de Miller, dont le succè
17 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
236 e paraît une évidence, je saisirai cette occasion pour formuler quelques observations très simples qu’il suffit de grouper p
237 air ne tiennent pas compte. S’il posait son atlas pour faire tourner un globe il verrait que le plus court chemin de l’Améri
238 ndes sont en présence, que nous n’approuvons pas, pour des raisons d’ailleurs très inégales. L’un est collectiviste, l’autre
239 s les camps. À l’égard de l’Amérique notre refus, pour être beaucoup moins brutal, n’est pas moins franc. Nous avons besoin
240 c, la centralisation et la libre entreprise, l’un pour tous et le tous pour un. Voilà la vocation de l’Europe. Or il est cla
241 et la libre entreprise, l’un pour tous et le tous pour un. Voilà la vocation de l’Europe. Or il est clair qu’aucune de nos n
242 une de nos nations n’est en mesure de la réaliser pour son seul compte et sans échanges. Aucune n’est assez riche et assez f
243 échanges. Aucune n’est assez riche et assez forte pour réussir sans ses voisins, ou pour résister seule aux pressions impéri
244 et assez forte pour réussir sans ses voisins, ou pour résister seule aux pressions impériales. Et l’idée de coopération qui
245 u gêné (tant de gens ont une peur bleue de passer pour utopistes et d’avoir l’air de croire un peu à quelque chose) se cache
246 pires. C’est l’Europe rejoignant le xixe siècle, pour en prendre la tête et inventer l’avenir. C’est le fédéralisme, qui ve
247 édéralisme, qui veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir,
18 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
248 suis unique, il est une voie qui n’est tracée que pour moi seul, et que seul je pourrai deviner comme on fait un poème, ou p
249 ne 6 et le produit 9 — le démoniaque et le divin, pour lui — et ce sont la Sixième Avenue et la Neuvième Rue, justement — s’
250 ses symboles et la voie que lui seul peut frayer pour s’approcher des mystères communs. Mais le matériel symbolique est ass
251 des Grands Rêves et des vrais jeux. Bien entendu, pour l’usage quotidien, comme pour le tout-venant du rêve qui le reflète,
252 jeux. Bien entendu, pour l’usage quotidien, comme pour le tout-venant du rêve qui le reflète, n’importe quel objet pourra se
253 cette nouveauté proprement dramatique. Quel coup pour nos philosophies ! Qu’on m’en cite une qui s’en relèverait. Une seule
19 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
254 crilège, l’un des murs de cette citadelle qu’est, pour la république des Lettres, l’immeuble des Éditions Gallimard. C’est l
255 t-être, le croisant dans la rue, l’aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais, à l’entendre parler, comment sa pondér
256 as instaurer une Politique de la personne  ? Et, pour mieux préciser encore sa position, ne nous invita-t-il pas, reprenant
257  ! En septembre 1940, il était envoyé en Amérique pour y faire des conférences. Il n’en revint qu’au mois de juillet dernier
258 trouve posée. » Et de la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plus faibles, surtout en
259 gaard, dont toute l’œuvre n’est qu’immense effort pour atteindre les gens et qui est mort — oui, littéralement — qui est mor
260 tte situation intenable… Sartre vient de se lever pour sortir. Il passe près de Denis de Rougemont, lui serre la main et l’e
261 ns profond que celui qu’a creusé cette guerre-ci. Pour les jeunes hommes d’aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de releve
262 outer ; leurs idées n’en ont pas été transformées pour autant. Voilà pourquoi ce sont eux et eux seuls qu’on entend, ou du m
263 out le système est fondé sur une dialectique : un pour tous, tous pour un. Cela signifie d’une part l’élan des personnes et
264 st fondé sur une dialectique : un pour tous, tous pour un. Cela signifie d’une part l’élan des personnes et des régions vers
265 nore le problème des minorités (car ce qui compte pour lui, c’est la qualité, et non la quantité comme dans le totalitarisme
266 n la quantité comme dans le totalitarisme) ; il a pour base la sauvegarde des qualités propres à chaque nation, à chaque pro
267 es bienfaits. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’Europe ? Mais, encore une fois, il convient de se hâter, car je voi
20 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
268 hoix parce qu’il mènerait fatalement à la guerre. Pour les premiers, l’Europe n’est plus rien par elle-même et devrait s’att
269 vides de nous coloniser, donc également dangereux pour nous. Avons-nous bien regardé les faits ? Existe-t-il vraiment deux b
270 nations de l’Europe : c’est qu’elle veut diviser pour régner. Les États-Unis, au contraire, poussent à la collaboration eur
271 iers russes. Il faut vraiment se boucher les yeux pour ne pas voir de quel côté les promesses faites aux masses sont tenues
272 ement contre elle, l’opinion et l’État s’unissent pour la réduire, et cela au nom d’un idéal qui ne change pas tous les six
273 pas de commune mesure entre le danger soviétique pour l’Europe et le prétendu danger yankee. La Russie, qui vise à l’autarc
274 Marshall, en devenant bloc, précisément, a choisi pour nous, malgré nous. Si nous n’acceptons pas d’être ses satellites, ell
21 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
275 ue, indifféremment) quantité de romans espagnols, pour gagner sa vie. Dès 1768, Ducis condense Shakespeare. « Il a rogné ses
276 comme américain d’origine. (Américain signifiant pour les uns : dépourvu de scrupules littéraires et de style, pour les aut
277  : dépourvu de scrupules littéraires et de style, pour les autres : excitant et moderne.) Or non seulement le procédé est fo
278 oit condenser, mais perd en densité, précisément. Pour Galland et Nerval, cela se discute : on peut considérer leurs raccour
279 ner des « condensés » tant qu’on n’aura rien fait pour la culture des masses ; car nous sommes en démocratie, et les masses