1
de succès, n’ont pu que confirmer une dépendance
qui
n’est certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de
2
trop différent, et presque sans commune mesure. À
qui
la faute ? 4. Certes, je suis le premier à redouter que les théologi
3
s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateurs
qui
cherchent à parler des livres « comme tout le monde » et à faire oubl
4
rner » leurs sermons. Ce n’est pas la littérature
qui
doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’i
5
equête précise à présenter aux jeunes théologiens
qui
me liront. Je voudrais que certains d’entre eux se consacrent à l’exa
6
même homme. Ceci dit, j’en reviens à mon propos,
qui
était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelque
7
ans, des Amériques depuis longtemps colonisées.
Qui
voudrait nous écrire une histoire des principales écoles modernes d’u
8
int de vue strictement théologique ? Une histoire
qui
nous montrerait non seulement ce que les écrivains, à leur insu, doiv
9
sme, de l’arianisme et du libéralisme romantique.
Qui
voudra et pourra l’expliquer aux disciples de ces mouvements ? Il y f
10
quoi faudrait-il qu’à l’obscurantisme théologique
qui
dénote la culture d’aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « re
11
ses suivantes. 6. C’est l’extrémisme théologique
qui
agit aujourd’hui sur les écrivains, tandis que le libéralisme tendait
12
s Carroll, et vingt autres noms du même ordre. Ce
qui
ne signifie rien, bien entendu, pour ou contre le ritualisme, mais in
13
re en garde son public contre l’illusion courante
qui
consiste à ne prendre en considération comme auteurs « chrétiens » ou
14
e auteurs « chrétiens » ou « religieux » que ceux
qui
parlent de Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne
15
ets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux
qui
disent : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon
16
eux qui disent : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux
qui
font la volonté de mon Père… » que nous devons prendre au sérieux. Fa
17
souvent beaucoup plus réel et agissant que celui
qui
fait l’objet déclaré du dit écrit. Parfois ces deux messages s’accord
18
ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher
qui
surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’observateur
19
corps, quand il lève le bras vers ces fruits mûrs
qui
font ployer la branche au-dessus de son front, on dirait que son gest
20
dirait que son geste même déclenche un mécanisme
qui
l’annule. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’élève avec
21
es lois de la chute des corps et de leur inertie,
qui
sont celles mêmes de la mort, font place aux lois des dieux, qui sont
22
mêmes de la mort, font place aux lois des dieux,
qui
sont celles de l’esprit ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-
23
me orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux »
qui
frustrent ces désirs et qui retardent, ironiquement, d’écraser cet or
24
ngeance des « dieux » qui frustrent ces désirs et
qui
retardent, ironiquement, d’écraser cet orgueil. Imaginons, maintenant
25
et le rocher l’écrase. Mais c’est précisément ce
qui
n’arrive jamais, et ne peut arriver dans le Tartare. Tantale, ne croy
26
sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme
qui
, dans chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’avoir été m
27
poir, la nostalgie du gain. Supposons un individu
qui
aurait désiré si longtemps que tout son être en fût devenu attente, e
28
homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui
qui
gagne est donc toujours un autre. Et celui qui désire ne gagnera jama
29
ui qui gagne est donc toujours un autre. Et celui
qui
désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme de l’empereur : Napoléon
30
éon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un
qui
s’est substitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantiqu
31
le manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantique
qui
rêvait d’être empereur est mort le jour du couronnement. Tous nos suc
32
an-Paul1, une histoire étrangement parabolique et
qui
, dans le registre de l’humour profond, reproduit notre fable grecque,
33
appartiendront à celui des sept de MM. mes Neveux
qui
, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, ve
34
sept de MM. mes Neveux qui, durant la demi-heure
qui
suivra la lecture de la présente clause, versera avant tous les autre
35
t, et cela en présence d’un respectable magistrat
qui
en dressera le protocole. Si tout reste sec, mes biens seront donnés
36
ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte,
qui
est alsacien, jure que pour tout l’or du monde, une plaisanterie de c
37
s, il ne pleurera pas : car la vision de la proie
qui
s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, et le Royau
38
ir anticipé suffit encore à refouler cette larme,
qui
pouvait seule, et dans un seul instant, mériter la joie éternelle.
39
s. Tous les journaux en ont abondamment parlé, ce
qui
nous dispense d’y revenir en détail. Mais nous avons tenu à recueilli
40
tion. L’Européen veut prendre conscience du drame
qui
se joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’A
41
t prendre conscience du drame qui se joue en lui,
qui
se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est
42
. Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce
qui
le distingue de l’Européen, court à la conclusion. Il veut une soluti
43
de la presse, et vous repoussez l’existentialisme
qui
pose des questions, et vous refoulez les reporters étrangers et vous
44
re le totalitarisme et pour la démocratie réelle,
qui
est le fédéralisme. Un régime de tyrannie n’aboutit jamais à la liber
45
it européen, où la France donne le ton, la France
qui
est un pays de dialogue, comme aime à répéter André Gide. Quand cesse
46
. Quand cesse le dialogue, c’est le totalitarisme
qui
sévit. Denis de Rougemont nous dit encore quel éloge enthousiaste tou
47
ins tremblaient, et l’on pensait que sans sa mère
qui
l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule da
48
félicitai sur le beau titre de son premier roman
qui
venait de paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et elle me dit merci,
49
is, inaugurant avec Kay Boyle et Richard Wright —
qui
fut le premier à saluer son talent — la reprise de l’émigration tradi
50
professe pas du tout ce culte du roman américain
qui
caractérise la seconde. Carson McCullers par exemple, quand je l’inte
51
décrivaient le chaos avec une sorte de brutalité
qui
en était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscu
52
uliers, des sensations, des attractions mutuelles
qui
meuvent à leur insu les personnages. C’est une recherche proprement r
53
hie plus fascinée que volontaire. Ainsi les êtres
qui
animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dan
54
anquent dans une espèce de tâtonnement aventureux
qui
est le mouvement même de la vie intérieure en quête d’explications, d
55
. Comme cette Mick, jeune fille pauvre de 15 ans,
qui
cherche la musique dans sa petite ville, et repère une à une les mais
56
s supports. Leurs dialogues sont de courts essais
qui
nous conduisent par un léger détour aux conclusions décidées par l’au
57
r débrouiller que pour sensibiliser les questions
qui
tourmentent l’époque. ⁂ Je me suis demandé souvent : quel est le suje
58
uction serrée, comme celle d’un motet à cinq voix
qui
se signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencontrent une
59
s de beauté insolite (comme la promenade de Baby)
qui
finissent tous dans un geste mortel, coupant, atroce. Est-ce que le s
60
ne servent cependant qu’aux petits déplacements,
qui
sont des voyages concentrés et plus émouvants que les vrais, parce qu
61
déchirant, la rupture et la découverte, l’évasion
qui
se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui e
62
verte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début
qui
clôt une vie, cette conclusion qui en ouvre une autre, tandis qu’entr
63
sion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion
qui
en ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’opère en un clin d’œil
64
s mêmes de l’État au classicisme véritable, celui
qui
exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration
65
celui qui exprime le tout en disant le moins, et
qui
témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccourci métaphorique.
66
de cette discipline spontanée, voire prévenante,
qui
fait la force principale de notre régime fédéral. Revenant en Suisse
67
e trait national — le seul sans doute, chez nous,
qui
mérite l’adjectif —, je me disais : « C’est notre force, et ce sera p
68
mes. En dépit du langage courant, c’est le normal
qui
est exceptionnel, ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui d
69
el, ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison
qui
doivent nous étonner quand ils paraissent, phénomènes hautement impro
70
se détournent qu’avec cet air exaspérant de celui
qui
renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour ré
71
ère vue les resquilleurs, ces jeunes gens excités
qui
prétendent ne pas payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de p
72
omise, affirment-elles, par le jeune mâle placide
qui
leur fait face, mi-flatté mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire,
73
tté mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire, ce
qui
m’effraye encore un peu, bien que je voie venir le jour où la réactio
74
n. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil
qui
ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse
75
transparents. (Avez-vous remarqué que les trains
qui
vous croisent sont transparents s’ils vont très vite ? On ne cesse de
76
2 ans, quand je lisais sur les longs wagons bruns
qui
s’engouffraient au tunnel du Gothard : Amsterdam-Köln-Olten-Zagreb-Bu
77
ides, et si tu veux m’aimer, regarde bien d’abord
qui
je suis devenue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en es-tu ? q
78
» Ensuite on se promène, on dit : « Où en es-tu ?
qui
vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, après ce petit tour d’ho
79
ils ont marqué leurs adversaires d’une empreinte
qui
vaut une victoire. C’était fatal ! Imaginez deux hommes qui se disput
80
ne victoire. C’était fatal ! Imaginez deux hommes
qui
se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’est que la
81
ours triompher ; l’autre est un parfait gentleman
qui
croit que les bonnes manières viendront à bout de tout. Mais, si la b
82
e se jette soudain sur lui, dans le corps à corps
qui
s’ensuit, vous ne distinguez plus deux points de vue, mais seulement
83
s seulement les ruines et les désordres matériels
qui
marquent le passage du Führer. La lutte contre les forces qu’il incar
84
s — l’anti-Europe. Qu’était-il en effet pour ceux
qui
le combattaient ? La rage antichrétienne, la rage antisémite, la rage
85
peu près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela
qui
était chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous, ressurg
86
out ce qu’a perdu la religion, c’est la politique
qui
le gagne. Admirable libération ! Insistons fortement sur ce trait : l
87
’est pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce
qui
est nouveau, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avan
88
pratiqué précisément par ceux de l’avant-garde ou
qui
se donnent pour tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le vo
89
arde ou qui se donnent pour tels en politique. Ce
qui
est nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonct
90
ndé est un nouveau succès de l’esprit totalitaire
qui
n’a eu qu’à changer d’étiquette pour occuper, sans coup férir, d’impo
91
ropéenne, admirable sursaut d’une liberté blessée
qui
se défendait, mais aussi d’un espoir exigeant qui attaquait, est en t
92
qui se défendait, mais aussi d’un espoir exigeant
qui
attaquait, est en train d’avorter sous nos yeux, et pas un résistant
93
ises dans la lutte clandestine, ce sont les pires
qui
se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non pas le témoign
94
de ruineux budgets de défense nationale. Un pays
qui
ne peut pas vêtir ses déportés trouve encore le moyen de faire des un
95
infaillibles contre un groupe d’autres scélérats
qui
se disent de bonne volonté ! Pendant ce temps que font les élites ? J
96
contrôlés par l’État ou par le parti au pouvoir,
qui
sont la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des mas
97
insi privés de guides spirituels, les jeunes gens
qui
ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde cherchent des c
98
cultiver le sens de l’absurde cherchent des chefs
qui
leur commandent d’agir et de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinz
99
i. Le « Führerprinzip » n’est pas mort avec celui
qui
lui donna son nom. Il se cherche, il se trouve d’autres « chefs bien-
100
ation de deux empires extraeuropéens. Ce sont eux
qui
ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris en c
101
ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux
qui
ont repris en charge le progrès et la foi au progrès. Et nous restons
102
u de ces exagérations. Il reste cependant un fait
qui
ne dépend à aucun degré de nos estimations ou jugements subjectifs :
103
et de certaines croyances apparus sur son sol, et
qui
semblaient parfois définir son génie. Notre rêve du progrès par exemp
104
er vers l’Amérique et la Russie. C’est une notion
qui
s’étiole chez nous d’autant plus vite qu’elle grandit mieux ailleurs,
105
ge, inhumain, menaçant. Ces notions et ces mythes
qui
nous reviennent d’outre-Atlantique ou d’outre-Oder, nous refusons d’y
106
pitalisme industriel et le libéralisme politique,
qui
ont fait fortune en Amérique, venaient d’Europe ; comme en venaient l
107
le établie par la force aux dépens de la coutume,
qui
triomphent dans l’empire des Soviets. Comme aussi le respect de la sc
108
s. Comme aussi le respect de la science appliquée
qui
régit dans ces deux pays l’éducation de l’enfant et l’eugénique, l’al
109
e progrès collectiviste ou de progrès capitaliste
qui
ont quitté notre continent, mais à leur suite les espoirs et les rêve
110
iments égoïstes d’un vieux propriétaire dépossédé
qui
pleure et rage sur la perte d’un domaine, alors que ce domaine menace
111
Cette même question, je sais plusieurs Européens
qui
se la posent en termes tout à fait urgents et familiers, quand ils se
112
bien tenu, ou au contraire la vision d’une Europe
qui
aurait cédé aux tentations d’un bonheur étranger à son génie, une Eur
113
cience de l’humain, oui, l’âme d’une civilisation
qui
serait perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est
114
nous l’avions tous compris. C’est un point de vue
qui
se définit comme une position polémique à l’intérieur du champ que l’
115
omparaison entre l’Europe et les nouveaux empires
qui
se désignent typiquement par des lettres et presque les mêmes : US d’
116
. Il y a ce signe de contradiction par excellence
qui
est la croix. Au contraire, à l’origine des deux empires nouveaux, il
117
e. Il s’ensuit que le héros européen sera l’homme
qui
atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience et de signi
118
me le plus conforme au standard du bonheur, celui
qui
réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il s’est parfaitement ada
119
au standard du bonheur, celui qui réussit, celui
qui
ne souffre plus parce qu’il s’est parfaitement adapté. L’homme exempl
120
Je prendrai simplement l’exemple de l’entreprise
qui
nous rassemble ici. En Amérique, je pense que ces rencontres seraient
121
int comme entité spirituelle, dans les diversités
qui
s’expriment ici, à Genève, dans notre rencontre. Ainsi donc, la confr
122
rice, la sécurité et le risque, les règles du jeu
qui
sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je,
123
s règles du jeu qui sont pour tous et la vocation
qui
est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen en tant que
124
se foi en service commandé, dont j’ai déjà parlé,
qui
fait le jeu de la réaction en écœurant par sa tactique ceux qui se dé
125
u de la réaction en écœurant par sa tactique ceux
qui
se dévouent à la cause de la justice économique. Empêcher les guerres
126
les élites, ou par quelques meneurs et malmeneurs
qui
usurpent la charge des élites lorsque celles-ci négligent de l’exerce
127
ividus, répond mécaniquement un excès d’étatisme.
Qui
veut faire l’ange, ou le démon, fait la bête et voici qu’on l’enferme
128
andons, en effet, quels sont les pays de l’Europe
qui
« marchent le mieux », nous constatons que ce sont sans contredit : l
129
t on exige le suicide. C’est la volonté d’unifier
qui
provoque leur refus de s’unir, c’est elle qui excite en eux la volont
130
ier qui provoque leur refus de s’unir, c’est elle
qui
excite en eux la volonté morbide de s’enfermer dans leur différence e
131
est une loi que je signale en passant. La volonté
qui
possède Bonaparte d’unifier l’Europe au mépris des diversités nationa
132
déclare souveraine la nation unifiée de la sorte,
qui
se conduit alors vis-à-vis de l’Europe comme un groupe absolutisé, co
133
st pourquoi la vocation de l’Europe et des élites
qui
portent la conscience de cette Europe, m’apparaît, dans un double off
134
liberté dans l’ordre. Après tout, c’est l’Europe
qui
a sécrété ce contagieux nationalisme, c’est à elle d’inventer son ant
135
e malgré la contagion des mystiques totalitaires,
qui
affecte une certaine part de nos esprits, l’Europe garde encore l’apa
136
es et de ces idéaux, c’est notre sens d’un absolu
qui
dépasse l’homme et son bonheur, c’est notre sens du transcendant, pré
137
ns du transcendant, précisément, c’est notre foi,
qui
doit faire de nous des douteurs et des objecteurs de conscience. Cepe
138
euf fois sur dix. Je pense aux crises économiques
qui
menacent constamment l’Amérique. Celle de 1930 eut pour effet de la r
139
ils ont contre eux beaucoup de réalités humaines,
qui
gênent l’exécution de leurs plans rationnels. Il faut bien constater
140
use — et c’est à tel point qu’on se demande si ce
qui
les gêne le plus n’est pas simplement l’homme, dans son humanité rebe
141
couvrir ce que nous savons depuis des siècles, ce
qui
nous permet donc d’aller plus loin. Ainsi l’Europe construit des égli
142
pe, mais pour le monde. Dans une certaine mesure,
qui
est celle du réalisme politique, et il fallait tout de même que ce fû
143
s reculer devant l’apparence d’un calembour, mais
qui
formule non sans bonheur, je crois, l’attitude d’engagement et de sol
144
e crois, l’attitude d’engagement et de solidarité
qui
doit ici nous inspirer, je dirai, songeant à l’Europe et à sa vocatio
145
puis des systèmes sociologiques et philosophiques
qui
se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient en terme
146
qui se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et
qui
se posaient en termes intraduisibles dans les catégories théologiques
147
ers progrès de la science », cette tolérance même
qui
se manifestait à l’égard des « survivances religieuses », firent auta
148
ur âme même, du moins à cette véhémence flambante
qui
fut toujours signe et symbole de l’Esprit. Un fils soumis de Rome, le
149
rque hélas valable pour bien d’autres Églises, et
qui
résume toute une époque. Je pense qu’avec la guerre, cette époque a p
150
fait que le totalitarisme a rompu la paix fausse
qui
semblait établie entre les sociétés laïques et les Églises ; qu’il a
151
a culture laïque, a-chrétienne ou antichrétienne,
qui
prétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne v
152
à une victoire, il faut bien le dire. Les nations
qui
ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’o
153
ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles
qui
l’ont gagnée n’ont rien gagné : elles ont seulement repoussé une mena
154
doctrines nihilistes dans un jargon philosophique
qui
les rend pour le moins inoffensives. Devant cette démission de la pen
155
une agressive naïveté ; tendre une perche à ceux
qui
se noient. Comme laïque se tenant dans l’Église, et voyant au-dehors
156
ehors ses chances d’action, et la misère du temps
qui
appelle, j’attends ceci : 1° Que l’Église offre un type de relations
157
siècles sombres, avant la floraison du Moyen Âge,
qui
fut son œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivant
158
at et à ses réglementations, souvent utiles, mais
qui
ne sont jamais règles de vie. Je voudrais une sociologie chrétienne p
159
Croix » non la sagesse bourgeoise. Quelque chose
qui
entraîne en avant et au-delà, non pas ce qui retient en arrière des r
160
hose qui entraîne en avant et au-delà, non pas ce
qui
retient en arrière des risques de la vie. 4° Que l’Église affirme ave
161
ure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce
qui
transcende nos attachements nationaux, politiques et raciaux. Et c’es
162
, que des tyrans, leurs guerres, et les tyrannies
qui
en résultent… Un mot encore. Ce programme, qui résume à mes yeux les
163
s qui en résultent… Un mot encore. Ce programme,
qui
résume à mes yeux les plus grandes chances d’action du christianisme
164
e peu réunis dans une chambre ; par des mystiques
qui
n’auront l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent
165
t dire par là : « l’incomparable, l’unique, celui
qui
a reçu de Dieu une vocation précise », et il ajoute : « toute vocatio
166
écédent, et paraît donc ‟invraisemblable” à celui
qui
la reçoit. Exemple : Abraham ». d. Rougemont Denis de, « L’opportun
167
le laisser-aller naïf en apparence de la jeunesse
qui
vit au cinéma et s’inspire des valeurs d’Hollywood, en dépit de toute
168
irituelles à la fois délicates et profondes, mais
qui
n’ont pas trouvé leur véritable objet ; un pouvoir exceptionnel de co
169
n ce goût de la torture exaltante et intéressante
qui
fait le sujet de nos plus beaux romans d’amour. Les obstacles au bonh
170
amais prendre au piège d’une intrigue complexe et
qui
menace de tirer à conséquence : telle est la grande maxime de sa mora
171
sa morale nouvelle. Les difficultés sentimentales
qui
nous fascinent et que nous cultivons, sans nous l’avouer, lui font pe
172
t l’éloignent vite de l’être ou des circonstances
qui
les causent. Il n’a pas le goût de la durée intense. C’est tout de su
173
-passion ne saurait exister dans une civilisation
qui
n’accorde à l’échec nulle dignité spirituelle, et qui ne tient pour v
174
n’accorde à l’échec nulle dignité spirituelle, et
qui
ne tient pour vrai que ce qui réussit. Or, l’échec n’est pour eux qu’
175
ité spirituelle, et qui ne tient pour vrai que ce
qui
réussit. Or, l’échec n’est pour eux qu’une perte sèche, et non la con
176
insi un avantage énorme aux femmes. C’est l’homme
qui
amène l’argent, en règle générale, mais c’est la femme qui tient les
177
l’argent, en règle générale, mais c’est la femme
qui
tient les cordons de la bourse, en l’occurrence, le carnet de chèques
178
(ou un peu plus) dans cette ardeur inextinguible
qui
la possède de perfectionner tout ce qui tombe à portée de sa main (et
179
tinguible qui la possède de perfectionner tout ce
qui
tombe à portée de sa main (et un peu plus). On ne saurait dire d’elle
180
c’est justement pour libérer la femme des soucis
qui
l’absorbent chez nous. Il est étrange que nous parlions toujours de l
181
e a renversé le rapport des forces. C’est le mari
qui
peine pour payer le frigidaire et permettre à la femme de lire des ro
182
scène criarde, mais affichera un silence offensé
qui
signifie à son mari d’intervenir, sinon elle va se lever et sortir d’
183
. Nous sommes donc en présence d’une civilisation
qui
tend vers le matriarcat, dans la mesure où les facteurs économiques l
184
loin du foyer, dans ces trois lettres fatidiques
qui
sont le secret de millions de drames matrimoniaux, sexuels et psychiq
185
oisives. La mère américaine, libérée des travaux
qui
la maintiennent ailleurs dans les limites de l’activité domestique, a
186
auteur — « cette part de la personnalité du fils
qui
devait devenir l’amour d’une femme de son âge ». Mom le transmute en
187
de la Mère la tragédie secrète d’une civilisation
qui
produit plus de divorces, plus d’homosexuels, plus d’obsédés que l’on
188
es, par tablées, composent aux yeux de l’étranger
qui
s’égare dans ce lieu réservé, le spectacle le plus inquiétant du Nouv
189
la machine numéro un dans la maison — soient ceux
qui
offrent le plus de garanties contre le divorce américain. Du divor
190
c’est le même juge — passant par l’autre porte —
qui
légalisera les deux actes. Telle est du moins la coutume de Reno. Ren
191
sité pratique créée par les étranges législations
qui
règnent encore dans maint État de l’Union. Ainsi dans l’État de New Y
192
ez les noms des conjoints suivis de cette mention
qui
n’étonne plus : « lui pour la troisième fois, elle pour la quatrième.
193
très connue déclarait à un groupe de journalistes
qui
la félicitaient sur ses fiançailles, à 19 ans : « C’est merveilleux d
194
de la mise au net, d’origine nettement puritaine,
qui
explique peut-être, en fin de compte, le phénomène du divorce américa
195
Noirs, les Irlandais, les Polonais, les Italiens
qui
forment ensemble les trois quarts au moins de la population de New Yo
196
par là, l’un d’eux me dit : « Décent est l’homme
qui
tient parole et se tient propre, à tous égards. » Cette volonté de vi
197
r des complexes… Et pourtant, dans cette liberté,
qui
entraîne une grande licence des mœurs chez les jeunes gens, l’Europée
198
de conscience dans le mal et de plaisir au drame
qui
, chez nous, pervertit la vie sexuelle et l’élève au niveau de la cult
199
tabous puritains, refoulés dans l’inconscient, et
qui
se vengent. Les statistiques de crimes sadiques, de délinquance juvén
200
urs américaines, c’est qu’on y pressent un avenir
qui
sera sans doute celui de la Russie soviétique et d’une partie de la j
201
e, provisoirement. Entre les moralistes puritains
qui
tentaient follement de faire « comme si » l’instinct sexuel pouvait ê
202
t être passé sous silence ou nié ; les sexologues
qui
tenteront follement de faire « comme si » ce même instinct souffrait
203
mesures rationnelles ; les producers de Hollywood
qui
tentent follement de l’exciter tout en le contenant dans de « justes
204
en Amérique, même dans la bouche des prédicateurs
qui
le dénoncent. 5. Sauf dans le domaine intellectuel, où l’on pourrait
205
se, probablement « réactionnaire », l’un des mots
qui
leur fait le plus peur. Mais quand ils décident de penser, ils tourne
206
rmanique et jugent mundane ou irresponsible celui
qui
évite dans ses écrits les mots en isme, et le langage technique des i
207
de Franco et de leurs régimes « d’avenir »… Celui
qui
ne veut pas croire au diable travaille fatalement pour lui. Cambridge
208
arvard, au milieu de la petite ville de Cambridge
qui
n’est plus qu’un faubourg de Boston. Le premier soir en arrivant dans
209
ux, des marais, des débris et les fumées des feux
qui
les détruisent, lieu de désolation voluptueuse où T. S. Eliot, me dit
210
s sur le gazon, irrégulièrement espacées. Ce pays
qui
n’aime pas la mort comme les Germains, et n’en fait point de cérémoni
211
plupart sont des monstres modestes. J’en ai vu un
qui
mangeait un sandwich et c’était un spectacle fascinant. Il l’avait dé
212
e second était ivre. Le troisième parlait peu, ce
qui
est le privilège des génies. New York, 15 mai 1941 Recette pour vivr
213
, formant terrasse, d’une maison de trois étages,
qui
est un couvent. Les nonnes, deux par deux, vont et viennent sur ce to
214
it dans un salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait
qui
vaille de toute la nuit. Voilà qui est clair : ou écrire, ou sortir.
215
n’ai rien fait qui vaille de toute la nuit. Voilà
qui
est clair : ou écrire, ou sortir. 20 mars 1942 Pluie torrentielle et
216
ma porte et j’entends le téléphone. C’est un ami
qui
va quitter l’Office of War Information, étant appelé d’urgence à Wash
217
tion de langue française d’un organisme américain
qui
tient le rang et joue le rôle de ministère de l’Information. Il peut
218
es que nous rêvons d’organiser. Celle par exemple
qui
devrait durer trois jours dans une vaste demeure aux portes condamnée
219
sées, fatigue, paniques locales entre des groupes
qui
bavardent… Passe Julien Green, il apporte son texte sur la vie dans l
220
niforme simple du GI. Ces messieurs les speakers,
qui
sont André Breton, le peintre Amédée Ozenfant et le jeune fils des Pi
221
e de Bernstein, il voudrait bien savoir un peu ce
qui
se passe… « N’êtes-vous pas l’auteur du Secret ? Souffrez que j’en so
222
cueillant un à un, mais longuement, les visiteurs
qui
passent par cette ville de nulle part. Et j’ai songé à cette autre re
223
La Muette », où Ramuz lui aussi laisse venir ceux
qui
lui apportent les rumeurs de la planète. Mais l’un questionne et l’au
224
e. Il parle de Briand qu’il a servi longtemps, et
qui
n’a jamais su qu’il y avait Saint-John Perse ; d’Hitler dont il a reg
225
s et qu’il décrit en termes médicaux ; de Reynaud
qui
l’a renvoyé sous la pression du parti de l’armistice… Et je doute si
226
prisonniers » ; donner des recettes de sabotage,
qui
seront reprises par la presse clandestine… Mais dire aussi les revers
227
n’est pas de mensonge, si pieux mensonge soit-il,
qui
ne serve Hitler en fin de compte. J’écris vingt à trente pages par jo
228
entouré de trois côtés par des lagunes sinueuses
qui
s’avancent dans un paysage de forêts et d’îles tropicales. « Je voula
229
rme (« Je vais vous lire mon œuvre posthume ») et
qui
me paraît ce qu’il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retir
230
inflexible. Il me donne l’impression d’un cerveau
qui
ne peut plus s’arrêter de penser… Fin octobre 1942 Propagande et sty
231
éry, chez Gide et leurs disciples de la NRF , et
qui
en anglais retombent à plat, à la radio font parasites. Il faut saute
232
s bons auteurs français contemporains : n’importe
qui
dira qu’ils « écrivent bien », parce que leurs élégances restent cous
233
us vivons au xxe siècle, et je voudrais un style
qui
supporte le transport. Les choses que l’on publie, si elles sont impo
234
lic, dans la banalité au sens propre du terme (ce
qui
est à tous, comme on le dit d’un cœur, d’un taureau ou d’un four « ba
235
est devenue le droit d’énoncer des banalités mais
qui
ne passent plus pour telles, et qui portent. Savoir ne point se limit
236
analités mais qui ne passent plus pour telles, et
qui
portent. Savoir ne point se limiter constamment à la qualité. Car cel
237
première vue, et seules font accepter l’original,
qui
fit scandale ou même ne fut pas remarqué. (Balzac « journaliste », Be
238
eu : vous n’êtes plus l’invité mais un client, et
qui
devrait s’arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’
239
z plus d’argent, c’est tout d’un coup le monsieur
qui
ne tient pas à ce que vous causiez des ennuis. Débrouillez-vous. Et p
240
ter cela, donc en somme pour défendre l’esprit, —
qui
était pourtant tout ce qu’il restait à défendre par nous, dans l’exil
241
Il s’agit du livre intitulé La Part du diable ,
qui
devait paraître à New York à la fin de 1942, dans une première versio
242
ins tremblaient, et l’on pensait que sans sa mère
qui
l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule da
243
félicitai sur le beau titre de son premier roman
qui
venait de paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et elle me dit merci,
244
is, inaugurant avec Kay Boyle et Richard Wright —
qui
fut le premier à saluer son talent — la reprise de l’émigration tradi
245
professe pas du tout ce culte du roman américain
qui
caractérise la seconde. Carson McCullers par exemple, quand je l’inte
246
décrivaient le chaos avec une sorte de brutalité
qui
en était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscu
247
uliers, des sensations, des attractions mutuelles
qui
meuvent à leur insu les personnages. C’est une recherche proprement r
248
hie plus fascinée que volontaire. Ainsi les êtres
qui
animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dan
249
anquent dans une espèce de tâtonnement aventureux
qui
est le mouvement même de la vie intérieure en quête d’explications, d
250
r débrouiller que pour sensibiliser les questions
qui
tourmentent l’époque. m. Rougemont Denis de, « La jeune littératur
251
as même l’anxiété, c’est simplement l’incertitude
qui
domine l’état d’esprit général de l’époque, depuis que Hitler a dispa
252
ée par des espaces nouveaux, se trouble. Le monde
qui
encadrait nos actes et pensées et suffisait à leur fournir des repère
253
, dont chacune signale une menace ou une promesse
qui
peut nous concerner, mais dont il nous est impossible d’évaluer la po
254
s et les princes ne s’accordent que sur un point,
qui
est de refuser les plans de retraite obstinément offerts par les Angl
255
merci entre le Kouomintang et l’armée communiste,
qui
n’est même pas soutenue par Moscou. Quelle est la stratégie yankee à
256
u petits, moral, économique, culturel, religieux,
qui
ne modifie les conditions du jeu mondial et ne soit destiné à réagir,
257
s pris locaux et ancestraux nommés « doctrines »,
qui
ont à peu près les mêmes rapports avec l’état des forces dans le mond
258
u monde, d’immenses transformations continentales
qui
demain disposeront de nos vies : s’en occuper serait s’occuper vraime
259
Hitler et le Japon l’ont démontré par leur échec,
qui
fut celui d’une dernière tentative d’impérialisme national et autarci
260
si que se formera cette opinion publique mondiale
qui
seule nous permettra de dominer la cause unique des guerres depuis ce
261
e patrie de la révolution moderne est aussi celle
qui
manque le plus de liberté ; et cette puissance la plus redoutée est a
262
ns le discours de quelque Américain, un diplomate
qui
prend l’air à sa fenêtre, un homme qui pense, à sa manière imprévisib
263
diplomate qui prend l’air à sa fenêtre, un homme
qui
pense, à sa manière imprévisible. Jamais gouvernement si sûr de ses c
264
es, son esprit civique et son système d’éducation
qui
sont en crise. Le divorce y devient une maladie sociale, les institut
265
pose à exporter les principes de son way of life,
qui
se confondent dans son esprit avec la santé même du genre humain, le
266
r l’autonomie. Voici l’Europe enfin, cette Europe
qui
naguère était le plus orgueilleux des continents, et qui fait une gra
267
uère était le plus orgueilleux des continents, et
qui
fait une grande crise de scepticisme et de manque de confiance en soi
268
, dont les ministres annoncent que c’est le froid
qui
les oblige à rationner le charbon et l’électricité. L’Europe qui, à p
269
à rationner le charbon et l’électricité. L’Europe
qui
, à peine délivrée des tyrans et des dictatures, cesse de croire à la
270
atures, cesse de croire à la démocratie. L’Europe
qui
se donne pour battue, quand à elle seule elle totalise plus d’habitan
271
tages actuels. Et si l’Europe était moins abîmée,
qui
sait quelle arrogance elle ne retrouverait pas. J’imagine que les hom
272
les Américains ce symbole d’un avenir plus vaste
qui
peut seul les mettre au défi de se redresser pour tenir un grand rôle
273
tenir un grand rôle. Ce sont nos quatre pauvretés
qui
nous lient et qui assurent notre paix provisoire. C’est d’elles que n
274
e. Ce sont nos quatre pauvretés qui nous lient et
qui
assurent notre paix provisoire. C’est d’elles que naît l’appel à la f
275
l’appel à la fédération. Et si les hommes d’État
qui
se trouvent chargés d’administrer l’ONU ne le comprennent pas il faut
276
s lors. Le niveau des discours, les plaisanteries
qui
faisaient rire en ce temps-là, c’était d’une sottise incroyable. En v
277
e nos petits malheurs individuels. La seule chose
qui
inquiète les Américains, c’est la Russie. Avez-vous remarqué qu’il se
278
us de ce délai de cinq ans qu’on cite partout, et
qui
serait nécessaire à la Russie pour fabriquer ses propres bombes ? — L
279
’ici deux ans au moins. D’ici dix ans au plus. Ce
qui
est sûr, c’est qu’elle y travaille. — Croyez-vous que le « rideau de
280
ement dits ? — Oui… et au sujet de n’importe quoi
qui
se passe aujourd’hui dans leurs frontières. Je vous le répète, ce qui
281
’hui dans leurs frontières. Je vous le répète, ce
qui
domine la situation présente, c’est que les Russes se sentent et se s
282
bles, surtout par rapport aux États-Unis. Tout ce
qui
vient de nous les inquiète, et ils se croient forcés de tout refuser.
283
cutant de Beethoven, accompagne parfois Einstein,
qui
joue du violon. Je me rappelle l’anecdote qui circule ici. Schnabel s
284
in, qui joue du violon. Je me rappelle l’anecdote
qui
circule ici. Schnabel s’interrompant, impatienté, pour dire au violon
285
uisant. Sur quoi je lui cite la parole de Lyautey
qui
avait demandé qu’on plante devant sa résidence une arbre d’une espèce
286
e aux grands esprits et cette parfaite courtoisie
qui
est la marque de l’homme bien né, M. de Rougemont nous a fait l’honne
287
influence, nous ne donnerons qu’un exemple, mais
qui
illustre bien ce que nous venons de dire. Le président Truman avait c
288
l, composé d’éminentes personnalités américaines,
qui
avait été chargé d’établir un rapport sur la conscription. Or, dans s
289
e. Nous avons posé la question à M. de Rougemont,
qui
nous a répondu simplement : De tout temps, j’ai été fédéraliste, et j
290
é fédéraliste, et je me suis fait une philosophie
qui
cadre avec les institutions de notre pays, car, contrairement à ce qu
291
e en nous, aujourd’hui, un sentiment européen, ce
qui
n’empêche pas, il est vrai, bon nombre d’entre nous de douter de la n
292
la naissance d’une fédération européenne. Mais ce
qui
me paraît important et encourageant tout à la fois, c’est qu’on assis
293
je l’ai dit dans ma conférence de mardi soir, ce
qui
étonne tous les historiens de notre Confédération, c’est justement l’
294
t de ce que nous sommes entourés d’États-nations,
qui
menacent notre fédéralisme. Cela explique aussi pourquoi le centralis
295
il doit à son prochain — indissolubles. Cet homme
qui
vit dans la tension, le débat créateur, le dialogue permanent, c’est
296
personne. Voici donc définis trois types humains,
qui
favorisent trois types différents de régimes politiques, et sont en r
297
encore, pour compléter ce schéma trop rapide mais
qui
me paraît indispensable. Il ne faut pas penser que la personne soit u
298
, mais elle représente la santé civique. Un homme
qui
boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui me
299
e la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et
qui
se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui
300
et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui
qui
meurt de soif et celui qui se noie. Et de même, le fédéralisme ne na
301
mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui
qui
se noie. Et de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dos
302
l. Rien de plus banal, si ce n’est les objections
qui
surgissent aussitôt : « Tout cela, dit-on, est bel et bon pour un pet
303
icisme assez général chez les gens ou pouvoir. Ce
qui
étonne tous les historiens de la Confédération helvétique, c’est just
304
ar la réduction impitoyable des réalités vivantes
qui
gênent le plan. Elle cherche au contraire le secret d’un équilibre so
305
ne saurait trop insister sur ce double mouvement
qui
caractérise la pensée fédéraliste, sur cette interaction, cette diale
306
e dialectique, cette bipolarité, comme on voudra,
qui
est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier s
307
romands. En allemand, confédération se dit Bund,
qui
signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de centralisation. En
308
confédération se dit Bund, qui signifie union, et
qui
évoque avant tout l’idée de centralisation. En Suisse romande, au con
309
ralisation. En Suisse romande, au contraire, ceux
qui
se proclament fédéralistes sont en réalité les défenseurs jaloux de l
310
signaler en Suisse. Nous aurons des fédéralistes
qui
ne penseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et nous aurons des
311
’est le défi que représente l’esprit totalitaire,
qui
les force à faire aujourd’hui la théorie de cette pratique, et qui la
312
aire aujourd’hui la théorie de cette pratique, et
qui
la transforme en une sorte de programme, ou de manifeste vivant. Par
313
et de je ne sais combien de « races » en un État
qui
les respecte, cette union prend l’allure à la fois d’un antiracisme d
314
fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce
qui
allait sans dire et qui alors n’en allait que mieux. Elle s’expose à
315
rmuler. Elle doit dire ce qui allait sans dire et
qui
alors n’en allait que mieux. Elle s’expose à son risque maximum : cel
316
après coup, quelques-uns des principes directeurs
qui
, d’une manière tout empirique, ont formé la fédération suisse. Et je
317
ération suisse. Et je vais les choisir parmi ceux
qui
me paraissent applicables, immédiatement, dans l’état présent de l’Eu
318
t dans l’idée qu’on ne peut pas atteindre la fin,
qui
est l’union, par des moyens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduir
319
s pour les minorités, destructeurs des diversités
qui
sont la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que
320
problème : mais c’est en supprimant les minorités
qui
le posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe) dans tout systè
321
; il y a fédéralisme partout où c’est la qualité
qui
prime. Par exemple : le totalitaire voit une injustice ou une erreur
322
, se verraient soumis aux mêmes lois et coutumes,
qui
ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes, et qui les brimerait tou
323
i ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes, et
qui
les brimerait tous. Si l’Europe doit se fédérer, c’est pour que chacu
324
fendre seul contre la pression des grands empires
qui
le menacent. Chacune des nations qui composent l’Europe y représente
325
ands empires qui le menacent. Chacune des nations
qui
composent l’Europe y représente une fonction propre, irremplaçable, c
326
question de tolérance, vertu purement négative et
qui
naît le plus souvent du scepticisme. Chaque nation serait mise au déf
327
omplexité, par contraste avec le simplisme brutal
qui
caractérise l’esprit totalitaire. Je dis bien l’amour, et non pas le
328
inistratifs, culturels, linguistiques, religieux,
qui
n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières
329
religieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et
qui
se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois
330
sieurs de ses dimensions la personne même de ceux
qui
s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase
331
forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce
qui
résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ains
332
rasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce
qui
dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité civique d’un p
333
tente économique, là c’est une parenté culturelle
qui
s’affirme. Ici ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouv
334
Ici ce sont deux églises de confessions voisines
qui
s’ouvrent l’une à l’autre, et là c’est un groupe de petits pays qui f
335
e à l’autre, et là c’est un groupe de petits pays
qui
forment une union douanière. Et surtout, ce sont des personnes qui cr
336
nion douanière. Et surtout, ce sont des personnes
qui
créent peu à peu des réseaux variés d’échanges européens. Rien de tou
337
s. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela,
qui
paraît si dispersé, si peu efficace souvent, forme peu à peu des stru
338
sature et le système des vaisseaux sanguins de ce
qui
deviendra un jour le corps des États-Unis d’Europe. Au-dessous et au-
339
pourtant bien ce qu’avait tenté de faire la SDN,
qui
en est morte, et ce que tente à nouveau l’ONU, que cela empêche de vi
340
édération sera l’œuvre de groupes et de personnes
qui
prendront l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements nati
341
ationaux. Et ce sont ces groupes et ces personnes
qui
formeront le gouvernement de l’Europe. Il n’y a pas d’autre voie poss
342
tique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès,
qui
prétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus
343
garde vigilante contre les réflexes totalitaires
qui
peuvent affecter nos esprits, même et surtout quand nous parlons de f
344
édéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur
qui
d’autre peut-elle compter ? Elle ne doit pas compter sur les gens au
345
compter sur les gens au pouvoir. J’en connais peu
qui
aient l’intention de le laisser limiter, et c’est pourtant ce que nou
346
t la souveraineté absolue. Tous les États-nations
qui
se sont arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrés
347
ques. Il faut donc les pousser dans le dos, voilà
qui
est clair, pour qu’ils acceptent un jour de renoncer non pas à la sou
348
n de l’opinion et des peuples dans toute l’Europe
qui
les poussera. De cette agitation, que je voudrais baptiser la Nouvell
349
larés responsables au récent congrès de Montreux,
qui
fédérait tous les fédéralistes, dans la conviction sobre et ferme que
350
nne de l’amour » comme d’une chose bien connue et
qui
va de soi. Avant de la déclarer périmée, il serait normal d’en prendr
351
ne seule loi, dans un seul pays ou un seul temps,
qui
ait jamais condamné l’amour comme tel, ou l’ait même nommé dans un co
352
humaine. Il est la liberté même. (Et quant à ceux
qui
croient que c’est la haine qui libère, ils croient aussi sans doute q
353
. (Et quant à ceux qui croient que c’est la haine
qui
libère, ils croient aussi sans doute que la police crée l’ordre, quan
354
onnaire, il est l’idéal par excellence de tout ce
qui
mérite le nom d’homme. Ama et fac quod vis, dit saint Augustin. « C’e
355
fac quod vis, dit saint Augustin. « C’est l’amour
qui
nous rendra la liberté », dit la chanson. Mais il arrive que les voie
356
arées publiquement. Nous sommes loin des sociétés
qui
lapidaient les adultères, prescrivaient dans le détail les mariages l
357
t non l’absence de la liberté sexuelle parmi nous
qui
pose un problème sérieux. Si l’on estime que l’état présent de nos mœ
358
celui des peuples, mais de certains journalistes
qui
parlent en leur nom. C’est ainsi que L’Humanité, comme pour détourner
359
’Europe la lecture de Henry Miller, et ce dernier
qui
est « le plus rusé de tous » écrit ce qu’il faut pour servir « l’expa
360
es, tout en publiant parfois une œuvre de qualité
qui
ne rapporte rien ; 3° Or les livres qui font de l’argent aux US sont
361
e qualité qui ne rapporte rien ; 3° Or les livres
qui
font de l’argent aux US sont les romans historiques et les romans rel
362
t les romans historiques et les romans religieux,
qui
tirent souvent à un million et plus ; 4° Les droits de traduction d’u
363
’un Henry Miller stupéfie les éditeurs américains
qui
en entendent parler, mais non pas Truman qui s’occupe d’autre chose,
364
ains qui en entendent parler, mais non pas Truman
qui
s’occupe d’autre chose, et dont la politique a autant de rapports ave
365
omme les communistes. Les intellectuels européens
qui
ont connu de près la vie américaine ont coutume d’insister sur deux t
366
utume d’insister sur deux traits de cette culture
qui
leur paraissent foncièrement déplaisants : la dictature de l’argent,
367
teur d’Ambre fit savoir à la jeune et jolie femme
qui
en est l’auteur qu’il jugeait l’ouvrage très mauvais, mais l’acceptai
368
i simple. Car après tout, c’est le goût du public
qui
fait le succès financier d’un roman, bien plus que la passion du gain
369
d’autres termes, si Ambre est un triomphe mondial
qui
réduit à néant ceux de Miller à Paris, c’est que la majorité du grand
370
able et simplifiée, il trouvera le meilleur de ce
qui
s’écrit chez nous. Et que lui donne-t-on, dans le fait ? D’excellents
371
à le séduire et lui fait trop de concessions, ce
qui
rapporte une quantité de dollars. Le commissaire soviétique, au contr
372
nt l’opinion, dans le sens d’une théorie tactique
qui
change d’ailleurs tous les six mois ; ce qui entraîne une quantité d’
373
ique qui change d’ailleurs tous les six mois ; ce
qui
entraîne une quantité d’emprisonnements. Mais nous, Européens, quels
374
aire meilleur usage. Nous sommes de petits malins
qui
refusent de choisir entre la peste et le choléra, entre les blocs. No
375
omanciers, il n’est pas une des tares américaines
qui
n’ait été décrite, avouée, analysée par les Américains eux-mêmes, ave
376
berté d’esprit que l’Europe ne peut qu’envier, et
qui
épouvanterait les staliniens. La balance n’est pas égale. Car ce qui
377
es staliniens. La balance n’est pas égale. Car ce
qui
dégrade l’esprit, ce sont bien moins les tentations de l’argent et du
378
es de mensonge en service commandé par l’État. Ce
qui
dégrade l’esprit, ce n’est pas le fait que les mauvais romans encombr
379
nce américaine, concluons sur une simple remarque
qui
rétablit les proportions. Pour L’Humanité tout se résume dans le pess
380
is puisqu’on m’invite aujourd’hui à développer ce
qui
me paraît une évidence, je saisirai cette occasion pour formuler quel
381
ajouter le grand fait politique des deux empires,
qui
ont un air de vouloir se partager le monde. En 1939 il y avait en pré
382
ne voulons pas de la dictature d’un seul parti ;
qui
ne représente qu’un quart du corps électoral dans les pays où il est
383
lectoral dans les pays où il est le plus fort, et
qui
ne peut faire notre unité que sur nos ruines, par l’occupation russe,
384
ture russe, mais guéri de l’obsession de l’argent
qui
dénature les libertés américaines. Un régime qui traduise en politiqu
385
qui dénature les libertés américaines. Un régime
qui
traduise en politique, dans l’économie et les mœurs, l’idée de l’homm
386
s la personne à la fois libre et engagée, l’homme
qui
sait ce qu’il se doit et ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que cherc
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radictoires mais également essentielles à la vie,
qui
s’appellent l’unité et la diversité, la sécurité et le risque, la vie
388
ux pressions impériales. Et l’idée de coopération
qui
serait au cœur de ce régime social, et qui inspire partout sa recherc
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ration qui serait au cœur de ce régime social, et
qui
inspire partout sa recherche, ne saurait s’arrêter aux frontières d’u
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qu’il ne puisse provoquer d’opposition foncière.
Qui
oserait dire : « Je veux une Europe désunie ! Je veux que nos rivalit
391
féodale, un complexe de repli devant les réalités
qui
dominent aujourd’hui la planète. Le défaitisme consiste à déclarer qu
392
aire en l’attendant, et surtout pas quelque chose
qui
l’empêche ! Enfin le stalinisme a décrété que l’union de l’Europe est
393
décrété que l’union de l’Europe est antirusse, ce
qui
est la manière stalinienne de dire que la Russie ne veut pas la paix
394
’à tromper ? Ils donnent des mitraillettes à ceux
qui
veulent du pain, une discipline aveugle à ceux qui cherchent un ordre
395
ui veulent du pain, une discipline aveugle à ceux
qui
cherchent un ordre, et le camp de concentration à ceux qui rêvent enc
396
hent un ordre, et le camp de concentration à ceux
qui
rêvent encore de restaurer le sens communautaire. En dehors d’eux rie
397
ition chaque jour moins convaincante d’une gauche
qui
défend la contrainte et d’une droite qui revendique les libertés : le
398
e gauche qui défend la contrainte et d’une droite
qui
revendique les libertés : le but, l’essence de la pensée fédéraliste
399
conomiques) dans un corps, non dans un carcan. Ce
qui
est la politique par excellence, n’en déplaise aux sectaires de tous
400
tête et inventer l’avenir. C’est le fédéralisme,
qui
veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russi
401
e congrès de l’Union européenne des fédéralistes,
qui
s’est tenu à Montreux à la fin du mois d’août. r. Rougemont Denis d
402
bien jusqu’où cela va. Ensuite on verra mieux ce
qui
va plus loin. Ce n’est pas une erreur qui doit ouvrir la voie. Mais e
403
ieux ce qui va plus loin. Ce n’est pas une erreur
qui
doit ouvrir la voie. Mais essayons de ramener l’attention sur cet obs
404
e a passé. Car si je suis unique, il est une voie
qui
n’est tracée que pour moi seul, et que seul je pourrai deviner comme
405
l’incomparable, où la piste se crée sous les pas
qui
la suivent. (Par toute autre voie sûre et connue, où que j’arrive, je
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la cohue, le superstitieux simplement sera celui
qui
ne désespère pas de trouver quelque sens acceptable sous l’uniforme a
407
ue l’on voit. C’est le seul optimiste parmi nous,
qui
ait causé de l’être sans niaiserie. S’il s’arrête à telle apparence c
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rues évidentes, parce qu’elle fait allusion à ce
qui
va venir, ou parce qu’elle est un peu moins apparence que tout le res
409
omper. C’est la puissante circonspection de celui
qui
s’engage sur le sentier de la guerre. Les feux rouges, des yeux verts
410
vaux blancs ni les curés barbus. Il n’attend rien
qui
ressemble aux dictons de l’occulte, attendant cela seulement qui ne r
411
ux dictons de l’occulte, attendant cela seulement
qui
ne ressemble à rien mais qu’il reconnaîtra du premier coup : un repèr
412
oduit dans l’harmonie de son destin. Cherchant ce
qui
ne vibre qu’à lui-même et révèle un accord instant, il marche au son,
413
ficaces en nombre limité. Très grand génie, celui
qui
pourrait en créer un seul nouveau ! Dans les jeux, rêves de la consci
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me sauvage, désirable et fuyante, et le Vieillard
qui
juge, tous les deux sans visage… Il semble que ces formes et figures
415
ages émis par quelque au-delà (ou en deçà) du moi
qui
veille. Canaux, écluses, ou signaux éprouvés, jalonnant la voie cland
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sage quotidien, comme pour le tout-venant du rêve
qui
le reflète, n’importe quel objet pourra servir ; vieux clou tordu, st
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par hasard. Mais nous touchons ici au fétichisme,
qui
n’est qu’une obsession morbide du sens des signes. ⁂ Quand tout se fe
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ité de mon exigence secrète. C’est elle, au vrai,
qui
les choisit, en vertu d’une préalable inclination, complaisance ou in
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ertains affleurements. Ainsi d’ailleurs font ceux
qui
dans le doute se réfèrent à leur tradition, aux coutumes ancestrales,
420
quotidiennement son destin. Survient alors celui
qui
dit : « Vous ne retenez que les coïncidences, prémonitions et prédict
421
ire. Et comme vous, je ne retiens que le dixième,
qui
donne un sens. Mais les neuf autres n’ont pas été vaines, ni muettes.
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ard, mais pourtant nous sommes libres. Je ne sais
qui
dispose de moi, mais la contrainte, si c’en est une, certainement n’e
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coup pour nos philosophies ! Qu’on m’en cite une
qui
s’en relèverait. Une seule ! ⁂ Une idée me retient, me tient probable
424
puis trois-cent-mille ans qu’il y a des hommes et
qui
aiment : « Question de peaux. » Nous en sommes là. On avancerait un p
425
etrouvais, comme un souvenir perdu, comme un rêve
qui
sombrait et que je ramène sur la berge du réveil par une touffe de ch
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ffectent. C’est un intellectuel. Un intellectuel
qui
n’a pas mauvaise conscience de sa vocation, qui ne s’en cache pas. Il
427
l qui n’a pas mauvaise conscience de sa vocation,
qui
ne s’en cache pas. Il intitula même un de ses livres les plus remarqu
428
tite revue au ton d’avant-garde — Hic et Nunc —
qui
compta douze numéros. Nous y défendions la théologie existentielle, e
429
in, Roger Breuil, Albert-Marie Schmitt. C’est moi
qui
ai signé l’un des trois premiers articles consacrés, en France, à Kaf
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paraître dans la Gazette de Lausanne un article
qui
me valut d’être condamné à quinze jours de forteresse ! En septembre
431
ique , le téléphone retentit. J’entendis une voix
qui
me dit : « Allô ! Ici Einstein ». Je n’en croyais pas mes oreilles ;
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erre moderne. C’est la question même de la guerre
qui
se trouve posée. » Et de la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les Rus
433
s, les ouvriers, comme hier la prohibition. Voilà
qui
allait de soi en Europe aussi, avant le xixe siècle. Que faisaient D
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rivain comme alors on le concevait. Et c’est cela
qui
me semble essentiel. Ils n’étaient pas des inadaptés comme, au contra
435
’est qu’immense effort pour atteindre les gens et
qui
est mort — oui, littéralement — qui est mort de cela. Ils demeurèrent
436
e les gens et qui est mort — oui, littéralement —
qui
est mort de cela. Ils demeurèrent toujours en marge de la société, pa
437
, c’est le besoin vital de recréer une communauté
qui
oblige les écrivains à s’engager, à vouloir surmonter cette situation
438
nne interposée ? Denis de Rougemont poursuit : Ce
qui
m’a le plus étonné, ici, dans la littérature, c’est qu’elle soit aujo
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relèveraient, s’imposeraient. Eh bien ! non. Ceux
qui
se tiennent à la pointe du combat se nomment Sartre, Bataille, Breton
440
ils voudraient exprimer est encore imprécis. Ceux
qui
élèvent la voix, les hommes de 40 ans comme vous les nommez, ne font
441
ela donne à notre colloque une apparente gratuité
qui
en trahit l’objet. Ce qu’il y a de remarquable chez les plus grands é
442
u congrès de l’Union européenne des fédéralistes,
qui
se tenait à Montreux, j’ai prononcé une conférence où je développais
443
uite. Il ignore le problème des minorités (car ce
qui
compte pour lui, c’est la qualité, et non la quantité comme dans le t
444
e. Il repose sur l’amour de la complexité. Et, ce
qui
est non moins important, il se forme de proche en proche, par le moye
445
opper des réflexes de pensée fédéraliste, si ceux
qui
militent deviennent eux-mêmes intégralement fédéralistes, je vous l’a
446
t jamais fait peur, non plus que les machines. Ce
qui
est dangereux, horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qu’il
447
t le refus de l’américanisme. Tel est le dialogue
qui
se poursuit depuis des mois : choisir ou non entre les blocs. Tout ce
448
’est que nous avons chez nous un parti stalinien,
qui
prend ses ordres à Moscou, mais aucun parti trumanien qui voterait se
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d ses ordres à Moscou, mais aucun parti trumanien
qui
voterait selon les directives envoyées par la Maison-Blanche. Autreme
450
elle se sert comme d’un instrument de conquête et
qui
dicte une tactique scientifique : le marxisme ; tandis que les USA n’
451
e à proposer qu’un genre de vie, leur way of life
qui
n’est nullement une arme de combat. Par rapport à l’Europe, les inten
452
Un contraste frappant Et si l’on regarde ce
qui
se passe en réalité à l’intérieur des deux empires, le contraste est
453
issent pour la réduire, et cela au nom d’un idéal
qui
ne change pas tous les six mois, car il est la morale commune, et non
454
l’Europe et le prétendu danger yankee. La Russie,
qui
vise à l’autarcie totalitaire sous la férule d’un parti unique, redou
455
s du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un, elle
qui
vise aux libres échanges, tolère les pires indiscrétions, multiplie l
456
aider que si nous existons d’abord. Le seul choix
qui
nous reste ouvert, c’est donc celui de l’Europe elle-même. La seule m
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Ce sont les Français
qui
ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)v M
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prise, et donner à celle-ci le prestige populaire
qui
s’attache aux audaces d’outre-Atlantique. S’ils s’étaient contentés d
459
Motte condense L’Iliade en douze chants, « et ce
qui
tombe », écrit Lanson, « c’est tout ce qui n’est pas la notation sèch
460
et ce qui tombe », écrit Lanson, « c’est tout ce
qui
n’est pas la notation sèche du fait », c’est la poésie, c’est le styl
461
yeurs, les crânes, le parricide et autres détails
qui
blessent inutilement le goût. Dans Othello, il supprime Jago, et l’ac
462
allais oublier les Mille et Une Nuits de Galland,
qui
sont pourtant le record du genre, comme on peut le vérifier d’un coup
463
Cervantès n’ont jamais reçu le prix Goncourt, ce
qui
doit apaiser bien des scrupules. Mais voici deux exemples célèbres de
464
re langue. On connaît la fortune des Lamb’s Tales
qui
sont des résumés en prose, par Charles Lamb, des comédies et tragédie
465
n’est pas en cause, mais bien le talent de celui
qui
l’applique, et peut-être aussi le modèle (ou la victime) que l’on cho
466
on. J’avouerai même, pendant que j’y suis, que ce
qui
me choque dans l’entreprise des éditeurs français de « condensés », c
467
rdent à des ouvrages moyens ou faibles un honneur
qui
convient aux plus grands, et que seuls les plus grands soutiennent. T
468
x mêmes égards que la jeunesse de la part de ceux
qui
l’éduquent ? Ne faut-il pas lui ménager avec prudence un accès progre
469
le dépouillant des mille détails mûrement choisis
qui
l’illustraient et le nuançaient, que doit-on dire de presque toutes l
470
ur ma part, je salue de mes vœux toute entreprise
qui
tend à populariser la connaissance des chefs-d’œuvre. Et je crois vai
471
v. Rougemont Denis de, « Ce sont les Français
qui
ont commencé (La querelle des « condensés… ») », Le Figaro littéraire