1 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
1 hapelles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les autels, dans les nefs, et autour des archite
2 sme ne fait pas exception à cette règle, comme on s’ en convaincra par la lecture des écrits du jeune Marx sur la dialectiq
3 égélienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’ est transformé, les références aux dogmes ont disparu, l’appareil logi
4 réciproque dans laquelle théologiens et écrivains se sont installés pour la plupart, est-elle vraiment sans conséquence po
5 héologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’ en désintéresser sans grand dommage. Si l’on admet qu’elle a pour obje
6 beaucoup moins évident que la littérature puisse se passer impunément de la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’
7 théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’ en passe, les effets s’en font sentir dans l’Église même. Car le clerg
8 en certain que lorsqu’elle s’en passe, les effets s’ en font sentir dans l’Église même. Car le clergé et l’élite des fidèle
9 je suis le premier à redouter que les théologiens se mettent à faire de la critique littéraire, comme il arrive qu’on en l
10 eur nom dans les revues de pensée religieuse : il s’ agit trop souvent de comptes rendus d’amateurs qui cherchent à parler
11 n minimum de connaissances théologiques, dont ils se montrent cruellement dépourvus. Et de même, je suis le premier à prot
12 urs à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’ il arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler d’un livr
13 i me liront. Je voudrais que certains d’entre eux se consacrent à l’examen, à la critique et même, cas échéant, à une sort
14 la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à découvrir, tous les vingt ans, des Amériques depuis long
15 es écrivains, tandis que le libéralisme tendait à se mettre à l’école de leurs complaisances, et par suite ne leur donnait
16 les deux Amériques. Notons que si cette influence s’ est montrée décisive dans beaucoup de conversions, elle n’a pas eu pou
17 style classique, tandis qu’une théologie libérale se lie aux mouvements romantiques. C’est que l’écrivain romantique croi
18 ndes. Le premier, semblable à la colombe de Kant, s’ imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le second, mieux assuré de
19 e l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’ armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romanti
20 acilités… 8. La littérature en général trouve à se nourrir moins dans telle doctrine théologique régnante que dans l’atm
21 ont le rôle dans l’histoire des lettres anglaises s’ avère capital, de John Donne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Sw
22 réalité, mais en fait il échoue à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles de propagande en faveur des « valeurs sp
23 t déclaré du dit écrit. Parfois ces deux messages s’ accordent et se renforcent ; le plus souvent hélas ils se contredisent
24 t écrit. Parfois ces deux messages s’accordent et se renforcent ; le plus souvent hélas ils se contredisent, et l’un ruine
25 dent et se renforcent ; le plus souvent hélas ils se contredisent, et l’un ruine l’autre secrètement dans l’esprit du lect
2 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
26 ombe jamais. Pour l’observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale suffisait à repousser les objets q
27 re, et sa crainte l’objet qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière où il baigne à mi-corps, quand i
28 que de la matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’instant m
29 s signes de la Grâce, dont un homme chercherait à s’ emparer par subterfuge, afin de s’assurer un empire terrestre. Doutons
30 e chercherait à s’emparer par subterfuge, afin de s’ assurer un empire terrestre. Doutons que la philanthropie préside au v
31 onne sa chair aux dieux pour qu’ils en meurent, —  s’ ils perdent leur divinité de s’être une fois laissé surprendre et abus
32 ’ils en meurent, — s’ils perdent leur divinité de s’ être une fois laissé surprendre et abuser. À cette double infraction a
33 qu’il a convoité la nourriture des dieux, Tantale se voit refuser celle du commun des hommes. Sa jalousie se réfléchit dan
34 t refuser celle du commun des hommes. Sa jalousie se réfléchit dans la frustration du désir. Et son défi au Ciel, ayant fa
35 tion du désir. Et son défi au Ciel, ayant failli, s’ inverse en menace suspendue. Le monde païen ne conçoit pas de pardon
36 monde païen, l’homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’une transcendance, ou d’un appel venu d’ail
37 cher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’ écartant de lui qu’à l’instant où il veut les atteindre, et tout cela
38 impossible, que Tantale renonce un instant, qu’il s’ abandonne, et qu’il préfère soudain à son amour d’un moi coupable et t
39 n libératrice et son délire. À l’instant même, il s’ enfonce dans les eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’e
40 ale. C’est son orgueil et sa dignité d’homme : il se révolte contre tout — sauf soi. C’est pourquoi rien ne change autour
41 Que lui servirait, pense-t-il, de gagner le monde s’ il y perdait son moi ? Il est certain qu’à sa manière il a raison. Car
42 limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’ identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc toujours
43 n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un qui s’ est substitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantique q
44 ie, et il attend les larmes. Le marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme d
45 ttend les larmes. Le marchand Neupeter se demande s’ il ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le
46 s larmes. Le marchand Neupeter se demande s’il ne s’ agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal K
47 farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de
48 de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte, qui e
49 pecteur de police Harprecht lui fait observer que s’ il parvient à pleurer à force de rire, ce ne sera qu’un vol pur et sim
50 n vol pur et simple, mais l’Alsacien proteste que s’ il rit, « c’est par pure plaisanterie, et non pas dans une intention p
51 ne prédicateur Flachs, lui, serait tout disposé à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle,
52 iquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’ avançant vers lui sur ces flots, est bien trop réjouissante… Glanz, le
53 trop réjouissante… Glanz, le conseiller d’église, se met à faire une allocution, car il sait que cela le fait pleurer… Mai
54 it champ de bataille, lui-même enfin, en train de se tourmenter si pitoyablement à cause du testament, — et il s’en faut d
55 er si pitoyablement à cause du testament, — et il s’ en faut de bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue son discou
56 « Je crois, très honorés Messieurs, dit Flachs en se levant, je crois que je pleure ! » Et, en effet, il se rassoit en san
57 vant, je crois que je pleure ! » Et, en effet, il se rassoit en sanglotant brièvement. Son émotion dûment enregistrée, il
58 isme du supplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’ annule de soi-même. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de
59 e s’annule de soi-même. Si un homme croit pouvoir s’ autoriser du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision
60 l ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’ approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, et le Royaume
61 ouissante » pour son cœur, et le Royaume convoité s’ éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un hom
3 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
62 romancier français Georges Bernanos, tous deux ne s’ étant pas trop égarés dans les mots en urne, ayant appelé un chat un c
63 . L’Européen veut prendre conscience du drame qui se joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Amér
64 endre conscience du drame qui se joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce
65 de changer d’opinion. Pas l’Européen. L’Européen se retranche dans ses convictions et pense que l’adversaire est méchant,
66 e concentration, et vous interdisez aux poètes de s’ exprimer librement, et vous n’avez pas la liberté de la presse, et vou
67 is de Rougemont nous prouve que l’esprit européen s’ inspire d’une grande liberté et d’une parfaite franchise de paroles. S
68 un Café de Flore de l’Esprit européen, ou chacun se rencontrera librement, en dehors de toute officialité. Excellente idé
4 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
69 tes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que servaien
70 isme habituel les a repris. Un an plus tard, tous s’ étaient dispersés, au Mexique ou au Michigan, en Angleterre ou en Cali
71 e renouveler ou d’assouplir leurs procédés que de se créer un ordre intime et d’approcher par des moyens plus déliés ce mo
72 le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée dans le symbolisme ambigu des caractères
73 lontaire. Ainsi les êtres qui animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonne
74 les êtres qui animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonnement aventureux
75 ent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouveme
76 sit les symphonies qu’elle aime. Le soir, elle va s’ asseoir dans une cour obscure et elle écoute. Puis elle essaie de comp
77 on serrée, comme celle d’un motet à cinq voix qui se signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencontrent une se
78 celle d’un motet à cinq voix qui se signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencontrent une seule fois, mais d
79 inq voix qui se signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencontrent une seule fois, mais dans une dissonance do
80 e signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencontrent une seule fois, mais dans une dissonance douloureuse, pui
81 fois, mais dans une dissonance douloureuse, puis s’ éloignent et l’une après l’autre se brisent ou se perdent inexorableme
82 loureuse, puis s’éloignent et l’une après l’autre se brisent ou se perdent inexorablement dans la rumeur informe de la vie
83 s’éloignent et l’une après l’autre se brisent ou se perdent inexorablement dans la rumeur informe de la vie quotidienne.
84 hoses à la fois ? Je me demandais aussi : comment se peut-il que ce livre impossible à classer, ni brutal, ni sexy, ni rel
5 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
85 s vrais, parce qu’entre le départ et l’arrivée ne s’ établit jamais cette monotonie des heures de plaine et d’océan de nuit
86 s de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’ en tire en coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux m
87 irant, la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui en o
88 qui en ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’ opère en un clin d’œil la silencieuse révolution du centre où se confo
89 clin d’œil la silencieuse révolution du centre où se confondent les extrêmes les plus touchants du souvenir et de l’espoir
90 rci métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S’ il me fallait décrire nos petits déplacements du point de vue de l’usa
91 bancs de bois peints en faux bois jaune clair. On s’ attendait à être interrogé, dans les trois langues nationales. À mi-ch
92 préparaient leurs billets pour l’inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse, en ce temps-là. On était sûr de son
93 tre mesure, comme si l’humanité où nous plongeons se conformait aux règles de la bonne conduite. » L’aspect d’un wagon sui
94 ie new-yorkaise, où personne ne vous voit jamais, se propose par contraste une réponse. C’est qu’en Suisse on se sent rega
95 par contraste une réponse. C’est qu’en Suisse on se sent regardé, examiné, jugé, jaugé, plus que nulle part ailleurs au m
96 augé, plus que nulle part ailleurs au monde. Tout se passe en somme, inconsciemment, comme si notre système de sécurité de
97 us trouvez que cela suffit, mais eux bien loin de se troubler pèsent encore un temps infini, en vertu de quelque inertie,
98 ni, en vertu de quelque inertie, et finalement ne se détournent qu’avec cet air exaspérant de celui qui renonce à comprend
99 Quand on possède la pax helvetica, on ne saurait se montrer trop vigilant, je veux dire trop méfiant et même intolérant.
100 On sent bien qu’il a l’habitude. On dirait qu’il s’ installe dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermé
101 s voient juste. Ces gens traversent le pays comme s’ il n’existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de la sentence éso
102 ue les trains qui vous croisent sont transparents s’ ils vont très vite ? On ne cesse de voir le paysage au travers.) Ils a
103 s, quand je lisais sur les longs wagons bruns qui s’ engouffraient au tunnel du Gothard : Amsterdam-Köln-Olten-Zagreb-Bucur
6 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
104 dire que des phrases banales : « Viens ici qu’on se voie un peu. Eh bien ! tu n’as pas trop changé ! » Mais d’un coup d’œ
105 e bien d’abord qui je suis devenue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en es-tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis
106 is ? » Et puis, après ce petit tour d’horizon, on s’ arrête et l’on demande d’un autre ton : « Et maintenant, quels sont te
107 rai de faire du sentiment puisque aussi bien tout se passe en public, puis j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle da
108 ictoire. C’était fatal ! Imaginez deux hommes qui se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’est que la bru
109 ières viendront à bout de tout. Mais, si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à corps qui s’ensuit, vous ne di
110 jette soudain sur lui, dans le corps à corps qui s’ ensuit, vous ne distinguez plus deux points de vue, mais seulement deu
111 eule et même rage physique. Maintenant le gagnant se relève : il se trouve que c’est notre gentleman de tout à l’heure, ma
112 lution russe, puis sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute son étendue réelle, sous nos yeux. On doit co
113 es et ces élites n’ont rien de plus pressé que de s’ asservir aux dogmes d’un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’est
114 hier, il est de gauche, ou « dans la ligne », il se range au nouveau conformisme. Dans telles grandes capitales d’Europe,
115 utrefois Descartes en donnait à l’Église, afin de s’ éviter, disent-ils, les pires ennuis. Si ces abus vous font élever la
116 iqué précisément par ceux de l’avant-garde ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir
117 ù qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles se parent des noms d’amour du peuple, de discipline révolutionnaire, d’a
118 des prolétaires, et tout essai de critique libre se voit taxer de réaction. Cette mauvaise foi brutale en service command
119 a première crise ou le premier abcès de fixation, se révèlent à l’observateur de l’Europe d’après-guerre. J’en mentionnera
120 enne, admirable sursaut d’une liberté blessée qui se défendait, mais aussi d’un espoir exigeant qui attaquait, est en trai
121 dans la lutte clandestine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non pas le témoignage
122 n avait oublié qu’il y eût un problème juif. Tout se passe comme si l’écrasement du foyer même de ce mal infernal n’avait
123 chaine, mais l’idée d’une révolution à main armée se voit acceptée comme fatale, se voit nourrie de nos passivités. Voilà
124 ution à main armée se voit acceptée comme fatale, se voit nourrie de nos passivités. Voilà ce qu’on nous prépare à droite
125 à leurs petites occupations les aliénés. Si l’on se bat en Europe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le peupl
126 aillibles contre un groupe d’autres scélérats qui se disent de bonne volonté ! Pendant ce temps que font les élites ? J’en
127 euls ces moyens sont à l’échelle des masses. Mais se faire écouter par ces moyens, c’est aussi n’être plus entendu, car il
128 s moyens, c’est aussi n’être plus entendu, car il s’ agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spontanément, au point que
129 c’est aussi n’être plus entendu, car il s’agit de s’ adapter, de se « mettre au pas » spontanément, au point que rien ne pa
130 être plus entendu, car il s’agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spontanément, au point que rien ne passe plus de ce
131 pensées dans des actes, beaucoup d’intellectuels s’ inscrivent dans un parti et c’est là ce qu’ils appellent s’engager. Ma
132 ent dans un parti et c’est là ce qu’ils appellent s’ engager. Mais c’est en fait, pour la plupart d’entre eux, une démissio
133 vertu agissante, il ne suffit pas que le penseur s’ achète une étiquette ou un insigne. Et cependant, s’il se tient seul d
134 achète une étiquette ou un insigne. Et cependant, s’ il se tient seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déser
135 e une étiquette ou un insigne. Et cependant, s’il se tient seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur…
136 ivés de guides spirituels, les jeunes gens qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde cherchent des chefs q
137 est pas mort avec celui qui lui donna son nom. Il se cherche, il se trouve d’autres « chefs bien-aimés »… Et là encore, l’
138 rs aussi divers que Spengler, Valéry et Huizinga, se soit généralement substituée dans nos esprits à l’idée de progrès aut
139 pressentiments de nos défaillances internes, elle se voit confirmée et comme objectivée par la rapide élévation de deux em
140 uiète et fatiguée, notre scepticisme lucide… ⁂ Il se peut que le portrait de l’Europe que je viens d’esquisser devant vous
141 ue l’autodénigrement, chez nous autres Européens, se confond trop souvent avec le sens critique. Je n’ignore pas que l’ind
142 c’est que la situation de l’Europe dans le monde s’ est modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depuis l’automne
143 de l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’ est même totalement renversée depuis l’automne de 1939. Avant cette gu
144 ope évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’ élargissait sur tous les autres continents. L’Europe nous semblait don
145 ntre deux grands empires dont les ombres immenses s’ affrontent au-dessus d’elle, rongée et ruinée sur ses bords, moralemen
146 ers l’Amérique et la Russie. C’est une notion qui s’ étiole chez nous d’autant plus vite qu’elle grandit mieux ailleurs, ch
147 grandit mieux ailleurs, chez les voisins où elle s’ est transplantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent
148 z les voisins où elle s’est transplantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent et l’abus qu’ils nous semble
149 tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se sont déployées sans frein ni contrepoids. Le capitalisme, chez nous,
150 ique ne connaît pas. Et de même le progrès social s’ est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie
151 la tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’ est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’étatisme n’ont pa
152 ifficile à maintenir en état d’efficacité. Or, il s’ en faut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activeme
153 À tort ou à raison — je n’en juge pas ici —, ils s’ imaginent que ces pays réalisent mieux que leur nation ce qu’ils atten
154 us ont émigré. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne
155 d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vo
156 ure plus que défavorable, il est bien légitime de s’ obstiner, de parler d’une défense de l’Europe, de nous cramponner à se
157 te même question, je sais plusieurs Européens qui se la posent en termes tout à fait urgents et familiers, quand ils se de
158 ermes tout à fait urgents et familiers, quand ils se demandent si c’est l’Europe ou l’Amérique qu’il leur faut souhaiter p
159 poirs à mes souvenirs ? En défendant l’Europe, il s’ agit donc de savoir si nous défendons plus et mieux que de belles ruin
160 l’avions tous compris. C’est un point de vue qui se définit comme une position polémique à l’intérieur du champ que l’on
161 s faire voir une très solide réalité spirituelle. S’ il est vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’est guère sentie et
162 S’il est vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’ est guère sentie et conçue comme un tout, comme un corps organisé, c’e
163 t surtout parce qu’elle n’avait pas l’occasion de se comparer, de s’opposer et de se définir ; elle était seule et reine d
164 qu’elle n’avait pas l’occasion de se comparer, de s’ opposer et de se définir ; elle était seule et reine de la planète. Ma
165 pas l’occasion de se comparer, de s’opposer et de se définir ; elle était seule et reine de la planète. Mais en 1946, elle
166 seule et reine de la planète. Mais en 1946, elle se voit affrontée à deux empires. Du même coup elle ressent son unité et
167 raison entre l’Europe et les nouveaux empires qui se désignent typiquement par des lettres et presque les mêmes : US d’une
168 ion bien huilée, sans histoire, et sans drame. Il s’ ensuit que le héros européen sera l’homme qui atteint, dramatiquement,
169 ui réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il s’ est parfaitement adapté. L’homme exemplaire pour nous, c’est l’homme e
170 ue je voudrais vous faire sentir. Pour eux la vie se résume en deux opérations : production et consommation. Tout leur eff
171 moins souples, comme on sait, mais les résultats se ressemblent et se ressembleront de plus en plus. Pour illustrer le co
172 mme on sait, mais les résultats se ressemblent et se ressembleront de plus en plus. Pour illustrer le contraste que je vie
173 in et le Russe n’aient quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je dis seulement que leurs raisons ne sont pas celle
174 comme entité spirituelle, dans les diversités qui s’ expriment ici, à Genève, dans notre rencontre. Ainsi donc, la confront
175 les institutions. Cet homme de la contradiction ( s’ il la domine en création) c’est celui que j’appelle la personne. Et ce
176 merai : fédéralistes. Ici, Mesdames et Messieurs, s’ ouvre béante devant moi, la tentation de me lancer dans une série de d
177 fédéralisme. Cette manière d’apparence rigoureuse s’ autoriserait trop facilement d’une certaine tradition européenne, non
178 e manière non sanglante, car l’Europe ne peut pas s’ offrir des destructions supplémentaires.) Et je sais trop bien ce que
179 la réaction en écœurant par sa tactique ceux qui se dévouent à la cause de la justice économique. Empêcher les guerres à
180 ombat. Mais voici le paradoxe : dès que ce combat se relâche à l’intérieur de la personne, nous avons la guerre au-dehors.
181 la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’homme se considère seulement sous l’aspect de ses libertés, ou de ses droits i
182 e rajusté, entre la liberté et l’engagement, dont s’ honorent en Europe les pays dominés par l’influence protestante. Si no
183 litique des nations. Ici, l’équilibre vivant doit s’ établir entre les groupes divers et la nation unie, puis entre les nat
184 ès que l’un des éléments en équilibre faiblit, ou se voit écrasé et absorbé par l’autre. La volonté d’unification national
185 t la volonté d’unifier qui provoque leur refus de s’ unir, c’est elle qui excite en eux la volonté morbide de s’enfermer da
186 ’est elle qui excite en eux la volonté morbide de s’ enfermer dans leur différence essentielle. Cet impérialisme intérieur
187 e. Cet impérialisme intérieur ne manque jamais de s’ exalter à son tour en impérialisme tout court. Un gouvernement totalit
188 ce de court-circuit dans la tension normale qu’il s’ agit de maintenir entre le particulier et le général. D’une part, en e
189 are souveraine la nation unifiée de la sorte, qui se conduit alors vis-à-vis de l’Europe comme un groupe absolutisé, comme
190 t Staline, écraser les partis à l’intérieur, puis se comporter vis-à-vis de l’Occident, en tant que nation, comme le parti
191 ion la riche diversité des groupes, il est prêt à s’ ouvrir à des unions plus vastes. Il les appelle, il les espère, il fai
192 vocatrices de guerre. Cette santé et ces maladies se définissent respectivement comme les états d’équilibre ou de relâchem
193 s deux grandes plaines d’un seul tenant — peuvent se permettre d’expérimenter. Ma deuxième raison est d’ordre psychologiqu
194 nourrir, si cet esprit critique, ce scepticisme, s’ applique aux mystiques de l’État et du Parti divinisé, aux idéaux pure
195 ue la foi religieuse — et c’est à tel point qu’on se demande si ce qui les gêne le plus n’est pas simplement l’homme, dans
196 ustement vécu de toutes ces choses gênantes, elle s’ arrange à merveille de leur complexité ; elle y voit même la saveur de
197 , que les Russes, comme les Américains, viendront s’ enquérir auprès de nous des secrets de notre désordre et de nos ordres
198 s que les empires sans précédent, sans tradition, s’ épuiseront à redécouvrir ce que nous savons depuis des siècles, ce qui
199 hommes de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’ il est un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dan
200 ce fût dit ici, la question de l’avenir du monde se résume dans ce simple dilemme : la Planète unie ou la Bombe. Et je ve
201 je veux dire : Si les États-Unis et la Russie ne s’ entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y a plus de problème
202 instauration d’une fédération européenne pour que se crée un troisième bloc, un bloc-tampon, ou un bloc opposé aux deux au
203 nir, nous tous, c’est que les nations européennes s’ ouvrent d’abord les unes aux autres, suppriment sur tous les plans fro
204 inventif. La pensée du monde, c’est l’Europe. Et s’ il s’agit vraiment de penser, que penser d’autre pour la paix, je vous
205 ntif. La pensée du monde, c’est l’Europe. Et s’il s’ agit vraiment de penser, que penser d’autre pour la paix, je vous le d
7 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
206 éfendre leurs pouvoirs spirituels, certains États s’ étant laissé aller à les revendiquer injustement. Les docteurs de l’Ég
207 revendiquer injustement. Les docteurs de l’Église se défendaient contre les attaques successives du scepticisme né de la s
208 des systèmes sociologiques et philosophiques qui se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient en termes i
209 se mirent à pulluler dès le xixe siècle, et qui se posaient en termes intraduisibles dans les catégories théologiques tr
210 traditionnelles. Quant aux fidèles, ils avaient à se défendre contre la menace quotidienne, innombrable, et sans cesse acc
211 aux lois spirituelles : sans le savoir, sans oser se l’avouer, les chrétiens devenaient, en Europe comme ailleurs, une min
212 progrès de la science », cette tolérance même qui se manifestait à l’égard des « survivances religieuses », firent autant
213 t au cours du xviiie et surtout du xixe siècle, s’ exténuer les formes extrêmes, hardies et créatrices des différentes co
214 que deux exemples : on vit le mouvement mystique s’ éteindre au sein du catholicisme romain, tandis que le théocentrisme t
215 e, a-chrétienne ou antichrétienne, qui prétendait se substituer à la religion et conduire le monde moderne vers un paradis
216 lle devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’ est reconnue impuissante à donner des buts de vie, des idéaux, une mor
217 un dilemme très net : il ne leur reste plus qu’à s’ endormir, ou bien à passer à l’attaque. ⁂ Ce lendemain d’une guerre de
218 ceux qu’elles eussent été contraintes de subir en se rendant. (Dans ce « presque » est la différence entre honneur et hont
219 s, cherchent en vain une utopie nouvelle. Les uns s’ abandonnent aux vieilleries et tentent de restaurer le nationalisme, c
220 te démission de la pensée et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre ses pouvoirs, à coups de décrets si généraux que
221 crets si généraux que chaque vocation personnelle s’ en trouve nécessairement lésée. En d’autres termes, les Églises ne tro
222 ises et leurs prédicateurs ont moins que jamais à se soucier, aujourd’hui, de réfuter les arguments de l’incroyance : elle
223 agressive naïveté ; tendre une perche à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant dans l’Église, et voyant au-dehors ses
224 dre une perche à ceux qui se noient. Comme laïque se tenant dans l’Église, et voyant au-dehors ses chances d’action, et la
225 la floraison du Moyen Âge, qui fut son œuvre. Il s’ agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que le gigantisme
226 ulture vivante, laissant celle-ci désorientée. Il s’ agit que nos théologiens adoptent une politique d’intervention, et non
227 ional, ou « global » comme disent les Américains, s’ instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transcende
228 s-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’ il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre autre chose, pour le
229 iècle, resterait une pure utopie si les chrétiens s’ en remettaient aux Églises pour le réaliser. Les Églises comme corps o
230 outenir et encadrer l’action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’est toujours faite, par des personnes et par des p
231 l’action chrétienne. Celle-ci se fera, comme elle s’ est toujours faite, par des personnes et par des petits groupes ; par
8 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
232 ’affection du genre communément appelé necking 4. S’ il est vrai que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’agit là
233 appelé necking 4. S’il est vrai que tout le monde s’ accorde à reconnaître qu’il s’agit là d’un passe-temps absorbant et pl
234 i que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’ agit là d’un passe-temps absorbant et plaisant, il est non moins génér
235 en apparence de la jeunesse qui vit au cinéma et s’ inspire des valeurs d’Hollywood, en dépit de toutes les censures ? Car
236 qu’il ferait bien d’y renoncer. Si quelque drame se noue dans sa vie, malgré lui, il n’a de cesse qu’il n’en sorte au plu
237 ricaine est une institution d’un type nouveau. Il se fonde sur l’égalité économique et légale des conjoints, donnant ainsi
238 e, en l’occurrence, le carnet de chèques. Elle ne se borne pas à choisir les rideaux, mais la maison, et même l’auto. Je v
239 maison, et même l’auto. Je vois la preuve qu’elle se sent responsable et autonome (ou un peu plus) dans cette ardeur inext
240 le foyer n’est qu’une partie de ses domaines. Il s’ agit de l’aménager pour qu’il fonctionne au service de tout le reste :
241 it être esclave de ses machines. Si ces dernières se multiplient dans une cuisine et un sous-sol américain, c’est justemen
242 doit. Comme elle est installée dans la vie ! Elle s’ y avance avec l’autorité, souvent polie, mais parfois un peu plus que
243 i signifie à son mari d’intervenir, sinon elle va se lever et sortir d’un pas vif, le menton haut, les cheveux au vent. Et
244 , le menton haut, les cheveux au vent. Et le mari se hâte d’obtempérer pour éviter le pire. Cette domination de la femme n
245 r éviter le pire. Cette domination de la femme ne s’ observe pas seulement dans la vie quotidienne d’un ménage ou d’une rue
246 otidienne d’un ménage ou d’une rue citadine. Elle s’ enracine profondément dans la psychologie et dans l’économie américain
247 entendons bien : de la domination. Ainsi la femme se virilise à la mesure de ce que l’homme attend d’elle. Frustrée sans l
248 e. Frustrée sans le savoir dans sa féminité, elle se révolte contre sa condition, fait de nécessité vertu, prend en main l
249 sité vertu, prend en main les rênes de la vie, et se prépare à devenir à son tour une mom aussi redoutablement « perfectio
250 homme, cause du mal et victime peu consciente, il se réfugie dans son club ou parmi les copains du bar voisin. La journée
251 par tablées, composent aux yeux de l’étranger qui s’ égare dans ce lieu réservé, le spectacle le plus inquiétant du Nouveau
252 serne ou dans une réunion publique (et les femmes s’ approchent volontiers), mais il y a je ne sais quoi de repoussant (et
253 couple quelques instants pour la chasse au taxi, s’ ils sortent ensemble. Et le reste, souvent, se perd dans les alcools.
254 xi, s’ils sortent ensemble. Et le reste, souvent, se perd dans les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’Amérique n’av
255 le reste, souvent, se perd dans les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’Amérique n’avait qu’un goût modéré pour la f
256 i perd en autorité ce qu’il gagne en intimité. Il se peut que les mariages de ce type — où l’homme joue le rôle de la mach
257 deux vies individuelles. C’est qu’en Europe, l’on se préoccupe avant tout du passé, d’un capital de souvenirs et d’habitud
258 vie plus nette, — ou simplement la permission de se remarier. Il arrive que le nouveau mariage ne soit séparé du divorce
259 ésident, obtient son divorce en un quart d’heure, se remarie en dix minutes, quitte les lieux l’instant d’après. Il n’y re
260 près. Il n’y reviendra jamais, bien entendu, sauf s’ il divorce une seconde fois. Cette éventualité, d’ailleurs, doit être
261 s funèbres et des couronnes : divorce accordé. Il se frappait la tête contre les parois et lui mordait souvent les jambes 
262 mbes : divorce accordé. La loufoquerie américaine se donne libre carrière dans ce domaine, comme si elle excusait tout par
263 es fiançailles, à 19 ans : « C’est merveilleux de se marier pour la première fois ! » Deux ans plus tard, elle était à Ren
264 fois ! » Deux ans plus tard, elle était à Reno et se remariait, « elle pour la seconde fois, lui pour la quatrième ». Cepe
265 , à la continuité de la famille, à l’héritage, on s’ accommode de la faute, on attend la fin de la crise, on espère recolle
266 ’opinion une façade de normalité. En Amérique, on se refuse à cette hypocrisie sociale. Le premier accroc fait par un conj
267 me dit : « Décent est l’homme qui tient parole et se tient propre, à tous égards. » Cette volonté de vivre une vie nette s
268 us égards. » Cette volonté de vivre une vie nette se combine curieusement, aujourd’hui, avec une réaction universelle cont
269 aignant par-dessus tout que les enfants n’aillent se former des complexes… Et pourtant, dans cette liberté, qui entraîne u
270 icence des mœurs chez les jeunes gens, l’Européen s’ étonne de ne point trouver trace de ce qu’il nommait libertinage. L’Am
271 e à nos romanciers de l’amour. Il reste chaste ou se comporte en animal irresponsable, mimant une sorte d’innocence. Dison
272 a jeunesse de leur pays est sex-obsessed, mais il se peut qu’elle soit tout simplement sexy, et que l’obsession n’existe q
273 us puritains, refoulés dans l’inconscient, et qui se vengent. Les statistiques de crimes sadiques, de délinquance juvénile
274 fixées par le Comité Hays, — le jeune Américain, s’ il trouve une voie saine et quelques disciplines praticables, sera vra
9 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
275 ssions visant au succès commercial. Les meilleurs se voient donc relégués dans une opposition sans portée politique, spect
276 réputés d’avant-garde. Leur vrai drame, c’est de s’ être affranchis des tabous du puritanisme au prix d’une frustration de
277 , Christianity and Crisis, qu’il vient de fonder, s’ efforce de combattre l’inertie des Églises, demeurées isolationnistes
278 ituation ne m’apparaît pas simple. Si les Églises s’ opposent à l’intervention, c’est par objection de conscience, pacifism
279 e veut-il donc savoir ? Simplement si c’est vrai. S’ il est vrai que j’ai vécu ce que j’écris. C’est la question que je pré
280 ria, — un restaurant très bon marché où l’on doit se munir d’un plateau, de services et d’assiettes pris sur la pile, puis
281 ois rues, et des cafés où vers six heures du soir se groupent autour d’un verre et d’un problème les écrivains, les jeunes
282 ’est pas un éloge excité, dans leur bouche : cela se mesure et cela se définit par des signes certains et scientifiques. L
283 excité, dans leur bouche : cela se mesure et cela se définit par des signes certains et scientifiques. Le test d’intellige
284 onner un chiffre total supérieur à 135. Le génie, s’ il est physicien par exemple, n’en sera pas moins un spécialiste de Ki
285 rce que le dollar est très cher. On ne peut pas «  se débrouiller » avec moins qu’il ne faut. Et je touche ici la limite de
286 ué, je l’entends dire : « Voilà le diable ! » Ils se retournent à demi et rient. J’ai fui. Pas d’autre restaurant dans ce
287 ombées dans la cour. Des gouttes chargées de suie s’ écrasent sur mon papier, la verrière doit être fendue ou mal jointe. R
288 arlent cette copie devant le micro. Cependant que s’ affairent dans la grande salle centrale d’anciens collaborateurs des
289 les camps d’entraînement. Il a trouvé le moyen de se rendre plus invisible encore à force de discrétion, en revêtant l’uni
290 tre Amédée Ozenfant et le jeune fils des Pitoëff, se voient priés de passer au studio 16 pour l’émission. Dans cinq minute
291 s sur dix. Huit heures et demie. L’équipe de nuit s’ installe sans bruit dans les bureaux presque déserts. Téléphone de Ber
292 Bernstein, il voudrait bien savoir un peu ce qui se passe… « N’êtes-vous pas l’auteur du Secret ? Souffrez que j’en sois
293 tour, dominant le paysage épique de Manhattan, il se refusait à l’interview. À Washington, il vit dans deux petites pièces
294 Quand il vient à New York pour quelques jours, il se promène interminablement, suivant au long d’avenues anonymes des cara
295 i-même est jeu. Tous les prétextes que les hommes se donnent pour en sortir, un jour ou l’autre, me paraissent hypocrites
296 fou pour rentrer… Mais à l’Office, notre travail s’ intensifie, et les échos nous en reviennent de France. Leur dire là-ba
297 ire là-bas, dire à la Résistance que la situation se redresse lentement dans le Pacifique : car cela signifie pratiquement
298 ouré de trois côtés par des lagunes sinueuses qui s’ avancent dans un paysage de forêts et d’îles tropicales. « Je voulais
299 s une cabane et c’est le Palais de Versailles ! » s’ est écrié Tonio bourru, en pénétrant le premier soir dans le hall. Mai
300 e saurait plus le faire sortir de Bevin House. Il s’ est remis à écrire un conte d’enfants qu’il illustre lui-même à l’aqua
301 auts parages, aux doigts précis de mécanicien, il s’ applique à manier de petits pinceaux puérils et tire la langue pour ne
302 donne l’impression d’un cerveau qui ne peut plus s’ arrêter de penser… Fin octobre 1942 Propagande et style. — Depuis que
303 érique en général ? Mais elles convergent ou même s’ identifient. Je constate que j’hésite ou répugne aujourd’hui à écrire
304 sibles, au sens le plus large du terme. Car il ne s’ agit pas seulement, pour moi, d’écrire en vue d’une traduction américa
305 s précautions de langage ni fausse humilité. Puis s’ efforcer de suivre la ligne de plus grande efficacité, sans la moindre
306 rature française moderne, la meilleure justement, s’ est mise dans ce cas. Défaut commun à presque tous nos bons auteurs fr
307 plus pour telles, et qui portent. Savoir ne point se limiter constamment à la qualité. Car cela irait à préférer au vrai l
308 ise. Toute création est en soi monstrueuse, qu’il s’ agisse de l’automobile, du sourire de la Joconde, ou des Variations Go
309 e ma vie, pas à pas dans les bois solitaires ? Il se peut qu’on m’envoie bientôt en Afrique du Nord, et de là… Et j’éprouv
310 n’occupe jamais que l’extérieur, mais l’étranger s’ infiltre au cœur de l’être. Comment lui résisterait-on ? C’est un ami.
311 açons et usages qu’il convenait d’aimer. Bientôt, s’ il voit que vous restez là, il change un peu : vous n’êtes plus l’invi
312 êtes plus l’invité mais un client, et qui devrait s’ arranger pour payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’
313 Et puis, vous êtes trop nombreux, on ne peut pas s’ occuper de chacun de vous. Et c’est bien vrai. Nous étions trop nombre
314 aucoup d’écrivains et surtout de peintres. 7. Il s’ agit du livre intitulé La Part du diable , qui devait paraître à New
315 par les chantiers maritimes de Henry Kaiser : il se proposait de réduire le temps de construction d’un cargo Liberty de t
10 1947, Articles divers (1946-1948). La jeune littérature des États-Unis devant le roman américain (7 juin 1947)
316 tes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que servaien
317 isme habituel les a repris. Un an plus tard, tous s’ étaient dispersés, au Mexique ou au Michigan, en Angleterre ou en Cali
318 e renouveler ou d’assouplir leurs procédés que de se créer un ordre intime et d’approcher par des moyens plus déliés ce mo
319 le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée dans le symbolisme ambigu des caractères
320 lontaire. Ainsi les êtres qui animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonne
321 les êtres qui animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonnement aventureux
322 ent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouveme
11 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
323 is désormais sollicitée par des espaces nouveaux, se trouble. Le monde qui encadrait nos actes et pensées et suffisait à l
324 leur fournir des repères coutumiers et pratiques s’ est élargi aux dimensions de la planète. Que faire de ces informations
325 ndes les musulmans, les hindous et les princes ne s’ accordent que sur un point, qui est de refuser les plans de retraite o
326 . Il est parfaitement naturel que nos discussions se passionnent dans la mesure où elles s’allègent d’une quantité d’infor
327 iscussions se passionnent dans la mesure où elles s’ allègent d’une quantité d’informations encore plus difficiles à reteni
328 aimons et l’affirmation de nos points de vue, et s’ il fallait d’abord savoir les faits il n’y aurait plus moyen de causer
329 ontinentales qui demain disposeront de nos vies : s’ en occuper serait s’occuper vraiment de politique. Car il n’y a plus à
330 ain disposeront de nos vies : s’en occuper serait s’ occuper vraiment de politique. Car il n’y a plus à proprement parler d
331 tir et à le penser naturellement. C’est ainsi que se formera cette opinion publique mondiale qui seule nous permettra de d
332 e. Quatre foyers de contradictions Le monde s’ offre à nos yeux, cette année, sous les espèces de quatre ou cinq foye
333 amais gouvernement si sûr de ses calculs quand il s’ agit de la vie de millions de ses sujets n’avait trahi tant d’insécuri
334 ostes mal payés et sans avenir, l’État de Géorgie se donne deux gouverneurs rivaux, démasquant la faiblesse de la loi et l
335 tout cela au moment précis où l’Amérique du Nord se voit chargée de la conduite des affaires du monde et se dispose à exp
336 t chargée de la conduite des affaires du monde et se dispose à exporter les principes de son way of life, qui se confonden
337 à exporter les principes de son way of life, qui se confondent dans son esprit avec la santé même du genre humain, le bon
338 ormes blocs de 400 et de 450 millions d’habitants se voient enfin libérés de la tutelle et de l’exploitation occidentales 
339 eine les Anglais ont-ils annoncé leur décision de se retirer des Indes en juin 1948 que la Ligue musulmane se déclare prêt
340 rer des Indes en juin 1948 que la Ligue musulmane se déclare prête à la guerre contre le Congrès, où les hindous détiennen
341 es, cesse de croire à la démocratie. L’Europe qui se donne pour battue, quand à elle seule elle totalise plus d’habitants
342 retrouverait pas. J’imagine que les hommes d’État se préoccupent essentiellement de la répartition des richesses du monde,
343 e réalité. Jamais les peuples ou les individus ne se sont unis à cause des richesses qu’ils avaient, tout au contraire. C’
344 ie agissante. L’Organisation des Nations unies ne s’ est formée que pour répondre à l’appel de nos anxiétés et de nos manqu
345 ux seuls qu’elle a pris quelque consistance. Elle se maintient parce que les Russes sans elle resteraient enfermés dans le
346 autarcie politique ; parce que l’Europe sans elle s’ enfoncerait encore plus dans sa névrose de scepticisme et de retrait.
347 ans sa névrose de scepticisme et de retrait. Elle se renforcera au cours des mois prochains parce que l’Asie va lui demand
348 ir plus vaste qui peut seul les mettre au défi de se redresser pour tenir un grand rôle. Ce sont nos quatre pauvretés qui
12 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
349 sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’ entoure de secret… » (9 août 1947)n Princeton est une petite cité a
350 tite cité américaine dont la moitié des habitants se préparent à porter le titre de docteur et vivent dans des châteaux né
351 icains, c’est la Russie. Avez-vous remarqué qu’il se développe ici une sorte d’hystérie antirusse ? Méfiance russe Et
352 tuel, elle est le partenaire le plus faible. Elle s’ oppose donc à tout ce que les autres proposent. Elle soupçonne une men
353 travaille. — Croyez-vous que le « rideau de fer » s’ explique par la peur qu’ont les Russes que l’on se renseigne sur l’éta
354 s’explique par la peur qu’ont les Russes que l’on se renseigne sur l’état de leurs travaux atomiques ? — J’ai une explicat
355 t dits ? — Oui… et au sujet de n’importe quoi qui se passe aujourd’hui dans leurs frontières. Je vous le répète, ce qui do
356 omine la situation présente, c’est que les Russes se sentent et se savent les plus faibles, surtout par rapport aux États-
357 tion présente, c’est que les Russes se sentent et se savent les plus faibles, surtout par rapport aux États-Unis. Tout ce
358 s. Tout ce qui vient de nous les inquiète, et ils se croient forcés de tout refuser. — Alors que faire ? — Je ne vois qu’u
359 me rappelle l’anecdote qui circule ici. Schnabel s’ interrompant, impatienté, pour dire au violoniste : « Ce qu’il y a d’e
360 ue sur les problèmes que pose la bombe. Cet homme se sent-il responsable de la menace d’Apocalypse qu’il a contribué plus
361 du danger de la guerre moderne. » Je lui demande s’ il approuve le plan Baruch, au terme duquel les États-Unis proposent d
362 ait que ces arbres-là prennent plus d’un siècle à se développer : « Vous voyez, riposta le maréchal, il n’y a pas une seco
13 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
363 trop modeste pour vouloir nous l’avouer, mais il s’ est fait l’ardent défenseur de nos institutions. Ce rôle a été d’autan
364 conscription. Or, dans ses conclusions, ce comité s’ est prononcé pour la conscription, parce que, se référant à l’ouvrage
365 é s’est prononcé pour la conscription, parce que, se référant à l’ouvrage sur la Suisse de M. Denis de Rougemont, il a don
366 morts, mais les idées — et c’est là l’essentiel — se sont répandues. En écoutant parler mardi soir l’auteur du Journal d’u
367 dre, est valable pour l’Europe. Voyez-vous, on ne se rend pas compte, en Suisse, qu’il existe en nous, aujourd’hui, un sen
368 ce sentiment suisse. Aujourd’hui, il ne faut pas se leurrer, il y a une crise du fédéralisme suisse. Et cette crise vient
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
369 in de parler des problèmes politiques, si l’on ne s’ est pas entendu d’abord sur une certaine idée de l’homme. Car toute po
370 de la communauté au sein de laquelle sa vocation s’ exerce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut se
371 dualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup dans le co
372 et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles. C
373 santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui
374 chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie. Et de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dosage
375 : ces deux extrêmes, eux, sont dans le même plan, se conditionnent et s’appellent l’un et l’autre. C’est avec la poussière
376 eux, sont dans le même plan, se conditionnent et s’ appellent l’un et l’autre. C’est avec la poussière des individus civiq
377 ption de l’homme sur laquelle nos travaux doivent se fonder et qu’ils ont pour but ultime de promouvoir, nous pouvons pass
378 De plus, il a fallu des siècles aux Suisses pour se fédérer, et nous avons besoin de solutions rapides. » À la deuxième o
379 répondrai que l’objection est valable si l’on ne s’ attache qu’aux détails de la mise en pratique du fédéralisme en Suisse
380 jette pas devant elle une utopie européenne qu’il s’ agirait simplement de rejoindre, ou des plans statiques qu’il faudrait
381 le et constamment mouvant entre des groupes qu’il s’ agit de composer en les respectant, et non point de soumettre les uns
382 cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner à retomber sans cesse dans un malentendu fondamental, que l
383 r les Suisses romands. En allemand, confédération se dit Bund, qui signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de cent
384 sation. En Suisse romande, au contraire, ceux qui se proclament fédéralistes sont en réalité les défenseurs jaloux de l’au
385 ion. Pour les uns, fédérer veut dire simplement : s’ unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire simplement : rester
386 obable que sur le plan européen, nous allons voir se dessiner deux tendances toutes semblables à celles que je viens de si
387 qu’au xxe siècle que les penseurs et sociologues se sont mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Jusqu’en 1848,
388 e remise en question par une propagande agressive se voit contrainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivon
389 ce moment de l’histoire où le fédéralisme suisse, s’ il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle est sa cris
390 à son tour missionnaire. Telle est sa crise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe entière. Le grand da
391 r la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce qui allait sans dire et qui alors n’en al
392 ans dire et qui alors n’en allait que mieux. Elle s’ expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes
393 pour le fédéralisme européen. Un instinct commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de
394 fois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre dont nous sortons à
395 e est venue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se
396 l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, cette question risque d’être mal posée. J’entends q
397 es, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentrer dans le rang, et l’uni
398 is sans une certaine méfiance certains « grands » s’ arroger l’initiative d’une fédération continentale ou mondiale. L’éche
399 ranger selon leurs caractères particuliers, qu’il s’ agit à la fois de respecter, et d’articuler dans un tout. Troisième p
400 fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, m
401 ns, Slaves et Anglo-Saxons, Scandinaves et Grecs, se verraient soumis aux mêmes lois et coutumes, qui ne pourrait satisfai
402 upes, et qui les brimerait tous. Si l’Europe doit se fédérer, c’est pour que chacun de ses membres bénéficie de l’aide de
403 s autres. Si les nations de l’Europe arrivaient à se concevoir dans ce rôle d’organes divers d’un même corps, elles compre
404 i que dans une fédération, elles n’auraient pas à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert, chacune selon s
405 erribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’ étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de cette
406 gieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois ou
407 rs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’ y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, d
408 un peuple. Une politique fédéraliste soucieuse de se mouler sur la réalité toujours complexe, suppose infiniment plus de s
409 ns politique. Finalement, si l’on y réfléchit, on s’ aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politi
410 vivant. Enfin, sixième principe : Une fédération se forme de proche en proche, par le moyen des personnes et des groupes,
411 s gouvernements. Je vois la fédération européenne se composer lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manières.
412 e économique, là c’est une parenté culturelle qui s’ affirme. Ici ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvren
413 ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ ouvrent l’une à l’autre, et là c’est un groupe de petits pays qui form
414 gouvernements, l’Europe est beaucoup plus près de s’ organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réa
415 pes et de personnes qui prendront l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements nationaux. Et ce sont ces groupes
416 eurs gouvernements ne pourront jamais l’être, ils s’ apercevront que la fédération est non seulement possible, mais facile
417 s le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le
418 u fédéralisme, tels que je viens de les rappeler, s’ opposent diamétralement et point par point, avec une étonnante précisi
419 souveraineté absolue. Tous les États-nations qui se sont arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrésist
420 s courraient le risque d’être accusés de trahison s’ ils transigeaient un seul instant avec le dogme de la souveraineté abs
15 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
421 religions, éthiques, politiques, puis sciences — se confondent un beau jour avec une tyrannie. De même une révolution peu
422 ur avec une tyrannie. De même une révolution peut s’ enflammer sur des slogans d’émancipation, et justifier après quelques
423 e ces mêmes slogans, la dictature policière. Cela s’ est vu. C’est dans cette dégradation « dialectique » apparemment inévi
424 e comme la vôtre peut être conduite sans que mort s’ en suive, ni même une amende. Si nos lois démocratiques déclaraient un
16 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
425 expansionnisme » du dollar. Qu’on ne rie pas : il s’ agit de « dialectique ». Et qu’on ne hausse pas les épaules : il s’agi
426 ctique ». Et qu’on ne hausse pas les épaules : il s’ agit d’un retour en force de l’hitléro-fascisme culturel. (C’est à pei
427 ay et Miller, nolens volens, servent Truman (même s’ ils ont écrit sous Roosevelt). Mais alors, et pour les mêmes raisons,
428 étique serait le fait d’un calcul de Staline ? Il se peut que les rédacteurs de L’Humanité s’imaginent servir la paix et l
429 ine ? Il se peut que les rédacteurs de L’Humanité s’ imaginent servir la paix et la justice en embrouillant tout, au nom de
430 avant la mise en vente, pour peu qu’un book club s’ y intéresse ; 6° Le succès à l’étranger d’un Henry Miller stupéfie les
431 qui en entendent parler, mais non pas Truman qui s’ occupe d’autre chose, et dont la politique a autant de rapports avec l
432 t de revues demandent avant tout d’un écrit qu’il se vende. On m’assure que l’éditeur d’Ambre fit savoir à la jeune et jol
433 et simplifiée, il trouvera le meilleur de ce qui s’ écrit chez nous. Et que lui donne-t-on, dans le fait ? D’excellents ar
434 s. La balance n’est pas égale. Car d’un côté l’on se moque encore de la bêtise, de l’autre on la fait respecter. Pendant q
435 ui rétablit les proportions. Pour L’Humanité tout se résume dans le pessimisme de Miller, dont le succès, je l’ai montré,
436 sur l’Europe, en général, l’influence américaine s’ est exercée en deux occasions plus marquantes, je veux parler de 1917
17 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
437 cette fédération de l’Europe ? » Je réponds qu’il s’ agit plutôt de la vouloir. « Mais pourquoi, me dit-on, faudrait-il la
438 clairement, et d’ordonner pour qu’un mot d’ordre s’ en dégage. Quelques faits La fédération de l’Europe est inscrite
439 dont les réseaux de l’air ne tiennent pas compte. S’ il posait son atlas pour faire tourner un globe il verrait que le plus
440 ne pensions, le monde plus grand. Nos descendants s’ étonneront bien que Valéry ait pu nous étonner en notant que l’Europe
441 qu’un cap de l’Asie. À ces faits matériels vient s’ ajouter le grand fait politique des deux empires, qui ont un air de vo
442 tique des deux empires, qui ont un air de vouloir se partager le monde. En 1939 il y avait en présence l’Allemagne et les
443 en présence l’Allemagne et les démocraties : tout se passait entre nous, Européens, nous sentions donc surtout nos divisio
444 i les deux Grands ont paru dans leur force : tout se passe en dehors de nous, tout nous menace ensemble et nous pousse à l
445 fois libre et engagée, l’homme qui sait ce qu’il se doit et ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que cherchent dans tous no
446 ctoires mais également essentielles à la vie, qui s’ appellent l’unité et la diversité, la sécurité et le risque, la vie pr
447 , et qui inspire partout sa recherche, ne saurait s’ arrêter aux frontières d’un pays. Voilà donc le fédéralisme. L’oppo
448 ux une Europe désunie ! Je veux que nos rivalités se perpétuent ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un en toute souve
449 os rivalités se perpétuent ! Je veux que nos pays s’ effondrent un à un en toute souveraineté nationale, qu’ils se cantonne
450 t un à un en toute souveraineté nationale, qu’ils se cantonnent dans le double refus de l’Amérique et de la Russie, qu’ils
451 t d’avoir l’air de croire un peu à quelque chose) se cachent en réalité trois formes de sabotage : nationalisme, défaitism
452 communistes répondent en tirant le rideau de fer, s’ enferment et crient qu’on les empêche d’entrer, qu’on les exclut, qu’o
453 nt un jour, les défaitistes auront perdu comme il se doit, et les nationalistes feront l’opposition indispensable à tout r
454 as ballants, regardant à droite et à gauche comme s’ il n’y avait rien devant nous. Quand le monde attend de nous l’inventi
455 ngrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui s’ est tenu à Montreux à la fin du mois d’août. r. Rougemont Denis de,
18 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
456 n destin si tu es distinct. Tout homme, dès qu’il se voit isolé par le sort, entre en superstition : c’est sa voie clandes
457 ce, parce qu’ils nous livrent aux magies intimes. Se croire ou se sentir unique, c’est la superstition fondamentale. Et le
458 ils nous livrent aux magies intimes. Se croire ou se sentir unique, c’est la superstition fondamentale. Et les autres s’en
459 c’est la superstition fondamentale. Et les autres s’ ensuivent aisément, comme le corps quand la tête a passé. Car si je su
460 ésormais j’entre dans l’incomparable, où la piste se crée sous les pas qui la suivent. (Par toute autre voie sûre et connu
461 rmi nous, qui ait causé de l’être sans niaiserie. S’ il s’arrête à telle apparence curieusement précise à ses yeux, c’est p
462 ous, qui ait causé de l’être sans niaiserie. S’il s’ arrête à telle apparence curieusement précise à ses yeux, c’est parce
463 l descend lentement son escalier, passe le seuil, s’ arrête un moment, et commence à longer la rue. Son allure ne saurait t
464 r. C’est la puissante circonspection de celui qui s’ engage sur le sentier de la guerre. Les feux rouges, des yeux verts, u
465 la Sixième Avenue et la Neuvième Rue, justement — s’ il y pense, il est dans le jeu. Dans un état signifiant et rythmé. Il
466 symboles et la voie que lui seul peut frayer pour s’ approcher des mystères communs. Mais le matériel symbolique est assez
467 , on a vite fait d’en dresser le catalogue : tout se ramène à quelques personnages constants et à des formes géométriques
468 bsession morbide du sens des signes. ⁂ Quand tout se ferme devant moi, et que rien ne m’indique plus comment agir et comme
469 inconscientes, si la raison hésite et là où elle se tait. Car d’une part les signes que j’accueille ont bien des chances
470 de moi-même à mes propres yeux. D’autre part, il se peut que ces signes baignent dans une réalité profonde, celle du myth
471 dans une réalité profonde, celle du mythe, à quoi s’ ordonnent les hasards apparents, et des structures de laquelle ils me
472 nts. Ainsi d’ailleurs font ceux qui dans le doute se réfèrent à leur tradition, aux coutumes ancestrales, aux dictons : si
473 . Elles m’ont ramené… » Le superstitieux va loin, s’ il est grand : dans la voie de l’incomparable, il va jusqu’au bout de
474 va jusqu’au bout de lui-même. ⁂ Erreur commune : s’ il n’y a pas de hasard, tout serait donc déterminé ? Nous n’aurions pl
475 elle parle plus ou moins clairement ; des portes se ferment et se rouvrent ; mon oreille est plus ou moins fine ; je m’or
476 us ou moins clairement ; des portes se ferment et se rouvrent ; mon oreille est plus ou moins fine ; je m’oriente ou me dé
477 p pour nos philosophies ! Qu’on m’en cite une qui s’ en relèverait. Une seule ! ⁂ Une idée me retient, me tient probablemen
478 hangement instantané de tout, en sorte que nul ne s’ en doute. Ne serait-ce pas sur cette croyance que reposent les vœux, i
479 signaux, indices, repères et mesures. La science se tait, ou dit avec tout le monde, depuis trois-cent-mille ans qu’il y
480 tres. » ⁂ Poète égale superstitieux, parce qu’ils se sentent accompagnés à chaque instant, en tapinois, par la même questi
481 n tapinois, par la même question : c’est à savoir s’ ils suivent leur voie ou s’ils l’inventent ? S’ils ne l’inventent qu’e
482 stion : c’est à savoir s’ils suivent leur voie ou s’ ils l’inventent ? S’ils ne l’inventent qu’en la suivant telle qu’elle
483 ir s’ils suivent leur voie ou s’ils l’inventent ? S’ ils ne l’inventent qu’en la suivant telle qu’elle était, ou ne la suiv
484 réveil par une touffe de cheveux, par la main… Il se débat, et pour un peu, m’entraînait dans sa mort naissante. » Poésie
485 uvaise poésie. Ajoutons que le vrai superstitieux se moque des superstitions comme le vrai poète des sujets et des mots po
486 s : ni plus ni moins. L’un et l’autre en joue, et s’ en jouent. t. Rougemont Denis de, « Notes sur la voie clandestine »
19 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
487 Jean-Paul Sartre, Koestler et Simone de Beauvoir s’ entretiennent fiévreusement du sort de l’Europe. L’auteur de La Part d
488 s m’échapper ? Sa voix est douce, mais nette ; il s’ exprime avec gravité. Souvent un sourire accompagne son propos, et son
489 t un sourire accompagne son propos, et son regard s’ éclaire d’une lueur qu’il me faut bien qualifier de « mystique ». Dema
490 ’a pas mauvaise conscience de sa vocation, qui ne s’ en cache pas. Il intitula même un de ses livres les plus remarquables 
491 n chômage. Mais, au centre de ses préoccupations, se tient la personne humaine ; ne voulut-il pas instaurer une Politique
492 gazon, de fleurs et d’arbres pleins d’oiseaux. Il s’ avança vers moi, souriant de ses gros yeux bleus très vifs sous des ar
493 e atomique. Avez-vous eu l’impression qu’Einstein se sentait responsable de sa découverte ? Einstein est pacifiste, il est
494 frayent, c’est certain. Mais sa responsabilité ne se sent pas engagée. Sans doute, pense-t-il que, même sans lui, le secre
495 e la Russie que pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plus faibles, surtout en face de l’Amérique.
496 ue pense-t-il ? Pour lui, les Russes se savent et se sentent les plus faibles, surtout en face de l’Amérique. S’ils se cac
497 les plus faibles, surtout en face de l’Amérique. S’ ils se cachent derrière un rideau de fer, c’est pour que leur pauvreté
498 lus faibles, surtout en face de l’Amérique. S’ils se cachent derrière un rideau de fer, c’est pour que leur pauvreté ne so
499 mondiale assez solide pour que l’URSS finisse par se rendre compte que son avantage n’est pas de s’y opposer perpétuelleme
500 ar se rendre compte que son avantage n’est pas de s’ y opposer perpétuellement et en vain, mais d’y entrer. Je n’interroger
501 recréer une communauté qui oblige les écrivains à s’ engager, à vouloir surmonter cette situation intenable… Sartre vient d
502 monter cette situation intenable… Sartre vient de se lever pour sortir. Il passe près de Denis de Rougemont, lui serre la
503 ’un petit restaurant où ils avaient l’habitude de se rencontrer naguère, mais où, maintenant, « on ne peut plus mettre les
504 Simone de Beauvoir. » N’était-ce pas là façon de se désigner soi-même… par personne interposée ? Denis de Rougemont pours
505 Je pensais que de plus jeunes nous relèveraient, s’ imposeraient. Eh bien ! non. Ceux qui se tiennent à la pointe du comba
506 veraient, s’imposeraient. Eh bien ! non. Ceux qui se tiennent à la pointe du combat se nomment Sartre, Bataille, Breton… A
507 ! non. Ceux qui se tiennent à la pointe du combat se nomment Sartre, Bataille, Breton… Après l’autre guerre, ce n’avait pa
508 e-ci. Pour les jeunes hommes d’aujourd’hui, il ne s’ agit pas seulement de relever des ruines, mais de découvrir un monde n
509 n’en sont encore qu’aux balbutiements. La musique s’ est tue. Les tables se vident. Dans ce bar souterrain règne toujours l
510 x balbutiements. La musique s’est tue. Les tables se vident. Dans ce bar souterrain règne toujours la même pénombre crépus
511 large accueil. Ils sont tentés d’aller là où ils se sentent le mieux compris, où leurs paroles acquièrent le plus d’effic
512 ngrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui se tenait à Montreux, j’ai prononcé une conférence où je développais les
513 omplexité. Et, ce qui est non moins important, il se forme de proche en proche, par le moyen des personnes et des groupes,
514 l’Europe ? Mais, encore une fois, il convient de se hâter, car je vois venir le temps des terribles simplificateurs. Je
515 dans la mesure où toutes les aspirations pourront s’ exprimer que le fédéralisme européen pourra s’imposer. Mais sa réalisa
516 ont s’exprimer que le fédéralisme européen pourra s’ imposer. Mais sa réalisation ne vous semble-t-elle pas chimérique ? Nu
517 as dans la rue. La nuit est tombée ; les passants se hâtent de rentrer. Bientôt, Denis de Rougemont quittera Paris et s’in
518 er. Bientôt, Denis de Rougemont quittera Paris et s’ installera à Ferney, à l’ombre de Voltaire, l’un de ses maîtres. Là, a
20 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
519 l’Europe n’est plus rien par elle-même et devrait s’ attacher au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain. Mai
520 refus de l’américanisme. Tel est le dialogue qui se poursuit depuis des mois : choisir ou non entre les blocs. Tout cela
521 ’URSS possède une doctrine très précise dont elle se sert comme d’un instrument de conquête et qui dicte une tactique scie
522 a bien vu lors de la Conférence des Seize. L’URSS s’ oppose à toute tentative d’unir les nations de l’Europe : c’est qu’ell
523 n contraste frappant Et si l’on regarde ce qui se passe en réalité à l’intérieur des deux empires, le contraste est enc
524 fait on leur ôte le droit de grève et le droit de se plaindre d’une inégalité de salaires sans précédent dans les pays cap
525 les pays capitalistes. En Amérique, les ouvriers se mettent en grève et gagnent à peu près à chaque fois les amélioration
526 é que celui des ouvriers russes. Il faut vraiment se boucher les yeux pour ne pas voir de quel côté les promesses faites a
527 s, de la misère et des scandales. Certes, mais là s’ arrête la ressemblance. Car en Russie, l’État justifie ces scandales a
528 utte ouvertement contre elle, l’opinion et l’État s’ unissent pour la réduire, et cela au nom d’un idéal qui ne change pas
529 scrétions, multiplie les moyens de communication, s’ ouvre enfin plus qu’aucun pays à toutes les influences du monde, et sa
21 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
530 e, et donner à celle-ci le prestige populaire qui s’ attache aux audaces d’outre-Atlantique. S’ils s’étaient contentés de m
531 ire qui s’attache aux audaces d’outre-Atlantique. S’ ils s’étaient contentés de mots français bien connus, comme résumé ou
532 i s’attache aux audaces d’outre-Atlantique. S’ils s’ étaient contentés de mots français bien connus, comme résumé ou adapta
533 de dire résumé au lieu de condensé pour que l’on s’ aperçoive que nous sommes en présence d’une querelle aussi vieille que
534 ût. Dans Othello, il supprime Jago, et l’action «  s’ expédie en vingt-quatre heures ». (Il y ajoute un happy ending, à la m
535 rval condense les deux Faust de Goethe, et Goethe se déclare ravi du résultat, préfère se relire en français. Vers la fin
536 e, et Goethe se déclare ravi du résultat, préfère se relire en français. Vers la fin du siècle, le vicomte de Vogüé et d’a
537 de L’Odyssée, et même des Saintes Écritures, dont s’ est nourrie toute notre enfance. Il est vrai qu’en tout cela je n’ai c
538 ni rencontré pareil succès dans le grand public, s’ il n’eût pas été présenté comme américain d’origine. (Américain signif
539 ensité, précisément. Pour Galland et Nerval, cela se discute : on peut considérer leurs raccourcis comme des introductions
540 . À ce propos, il est curieux de relever que tout se passe comme si les grands chefs-d’œuvre se prêtaient mieux au résumé
541 e tout se passe comme si les grands chefs-d’œuvre se prêtaient mieux au résumé que les ouvrages d’une honnête moyenne. Les
542 émondées, aplaties. Mais ils sursautent dès qu’on se risque à « condenser » un lauréat quelconque de la saison. Je dois av
543 t détruire, ne court-il pas les mêmes dangers que s’ il était « condensé » en cinquante pages ? Faut-il crier à l’américani
544 ages ? Faut-il crier à l’américanisme ? Ou plutôt se féliciter de voir cette œuvre atteindre enfin la vaste audience que n
545 nnaissance des chefs-d’œuvre. Et je crois vain de s’ indigner des « condensés » tant qu’on n’aura rien fait pour la culture
546 démocratie, et les masses y sont le despote qu’il s’ agit avant tout d’éclairer. Mais il n’est pas vain d’exiger que les fa
547 pas vain d’exiger que les fabricants de condensés se donnent des règles et jouent franc jeu. Qu’ils résument sans jamais r
548 résument sans jamais récrire, c’est-à-dire qu’ils se bornent à des coupures, et s’il faut un raccord ici ou là, qu’ils l’i
549 c’est-à-dire qu’ils se bornent à des coupures, et s’ il faut un raccord ici ou là, qu’ils l’impriment dans un autre caractè
550 l’œuvre, dans tous les cas où il est possible de se les procurer chez le libraire. Tous les critiques français ne devraie
551 Tous les critiques français ne devraient-ils pas se liguer pour qu’un code de ce genre soit adopté ? v. Rougemont Deni