1
la pensée occidentale, de même que l’Église, par
son
culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans
2
losophie n’était que la servante de la théologie,
ses
efforts d’émancipation les plus violents, et même couronnés de succès
3
non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin de
sa
carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on préf
4
ns. Mais il ne me paraît pas que le problème dans
son
ensemble ait été clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’
5
n droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer
ses
critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins évident que la
6
ait de soulever une question, et de suggérer pour
son
étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale où son
7
conduite peu régulière, la confirmant ainsi dans
sa
persuasion que l’Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien
8
fut pas un théologien au sens strict, mais toute
son
œuvre manifeste une attitude théologique parfaitement cohérente et in
9
ue parfaitement cohérente et intransigeante, d’où
son
influence profonde et indéniable sur Ibsen, sur Unamuno, sur Rilke, s
10
s le vide. Le second, mieux assuré de la force de
ses
ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plein ses énergie
11
herche une atmosphère dense pour exercer en plein
ses
énergies. Dante demande à Thomas d’Aquin un cadre, des repères solide
12
éologique de la littérature devra mettre en garde
son
public contre l’illusion courante qui consiste à ne prendre en consid
13
ant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de
sa
volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop aisément attein
14
ne certaine absence de l’Esprit dans la genèse de
son
œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte et
15
. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour
son
compte et par lui-même un « message » souvent beaucoup plus réel et a
16
sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de
son
auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du style, plus
17
ement et d’une manière plus contraignante que par
son
argumentation. Expliciter cette théologie serait rendre un service im
18
supplice de Tantale (octobre 1946)a L’eau fuit
ses
lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui surplombe sa tête v
19
1946)a L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit
sa
main, et le rocher qui surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jama
20
branche fuit sa main, et le rocher qui surplombe
sa
tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’observateur non prévenu,
21
suffisait à repousser les objets qu’il désire, et
sa
crainte l’objet qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de
22
uits mûrs qui font ployer la branche au-dessus de
son
front, on dirait que son geste même déclenche un mécanisme qui l’annu
23
la branche au-dessus de son front, on dirait que
son
geste même déclenche un mécanisme qui l’annule. Mais on dirait aussi
24
mécanisme qui l’annule. Mais on dirait aussi que
son
regard, dès qu’il l’élève avec angoisse vers le rocher, retient le ro
25
C’est l’homme coupable, environné des emblèmes de
sa
peur et de sa convoitise — emblèmes ou signes, car tout tient ici à d
26
coupable, environné des emblèmes de sa peur et de
sa
convoitise — emblèmes ou signes, car tout tient ici à des événements
27
tout illustre une des structures fondamentales de
son
être. Tantale avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la tab
28
le. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à
ses
hôtes leur nectar et leur ambroisie, pour les faire goûter aux mortel
29
uis, dans l’idée de défier l’Olympe et d’éprouver
son
omniscience, il avait tué son propre fils Pélops, pour faire servir s
30
lympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué
son
propre fils Pélops, pour faire servir sa chair à la table divine. Les
31
ait tué son propre fils Pélops, pour faire servir
sa
chair à la table divine. Les liqueurs d’immortalité sont ici comme de
32
acrifice du Fils de Dieu. Au lieu du Père livrant
son
Fils aux hommes pour qu’ils le tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils
33
ur qu’ensuite ils revivent par la consommation de
son
corps spirituel, un homme tue lui-même son fils, et donne sa chair au
34
ion de son corps spirituel, un homme tue lui-même
son
fils, et donne sa chair aux dieux pour qu’ils en meurent, — s’ils per
35
irituel, un homme tue lui-même son fils, et donne
sa
chair aux dieux pour qu’ils en meurent, — s’ils perdent leur divinité
36
ntale se voit refuser celle du commun des hommes.
Sa
jalousie se réfléchit dans la frustration du désir. Et son défi au Ci
37
sie se réfléchit dans la frustration du désir. Et
son
défi au Ciel, ayant failli, s’inverse en menace suspendue. Le monde
38
d’ailleurs. (Les « dieux » n’étant, en fait, que
ses
propres limites.) Dans l’histoire du supplice de Tantale, cet automat
39
le soutenu dans la rivière, le rocher soutenu sur
sa
tête, l’onde et la branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il
40
e tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositions de
son
âme : c’est que celles-ci n’ont pas changé depuis ses crimes. Nourris
41
âme : c’est que celles-ci n’ont pas changé depuis
ses
crimes. Nourrissant avec obstination les mêmes désirs et le même orgu
42
nt, qu’il s’abandonne, et qu’il préfère soudain à
son
amour d’un moi coupable et torturé, l’expiation libératrice et son dé
43
i coupable et torturé, l’expiation libératrice et
son
délire. À l’instant même, il s’enfonce dans les eaux, il boit à mort,
44
lui vaudrait un instant de pur abandon — payé de
sa
mort, il est vrai, pour quelle indescriptible renaissance ! — préfère
45
e ! — préfère subir le supplice de Tantale. C’est
son
orgueil et sa dignité d’homme : il se révolte contre tout — sauf soi.
46
ubir le supplice de Tantale. C’est son orgueil et
sa
dignité d’homme : il se révolte contre tout — sauf soi. C’est pourquo
47
Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à
sa
faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de no
48
boliquement réduit, dans la légende, à sa faim, à
sa
soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère
49
éduit, dans la légende, à sa faim, à sa soif et à
sa
peur. Il est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère le désir, mê
50
été mille et mille fois déçu — mais c’est encore
son
désir, donc lui-même — à la proie qu’il ne posséderait qu’en acceptan
51
it, pense-t-il, de gagner le monde s’il y perdait
son
moi ? Il est certain qu’à sa manière il a raison. Car à gagner, l’on
52
onde s’il y perdait son moi ? Il est certain qu’à
sa
manière il a raison. Car à gagner, l’on perd toujours quelque chose :
53
individu qui aurait désiré si longtemps que tout
son
être en fût devenu attente, espoir et nostalgie. Cet être-là mourrait
54
girait dans l’instant du don, pour le recevoir en
son
lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’identif
55
ique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une de
ses
tendances, celui qui gagne est donc toujours un autre. Et celui qui d
56
L’oncle van der Kabel vient de mourir, et devant
ses
sept héritiers naturels, un notaire ouvre et lit le testament. La der
57
tous les autres, une ou quelques larmes sur moi,
son
oncle défunt, et cela en présence d’un respectable magistrat qui en d
58
t le nom va suivre. » À ce point, le notaire pose
sa
montre sur la table, elle marque onze heures et demie, et il attend l
59
s Flachs, maintenant, a fermé les yeux. Il évoque
son
oncle van der Kabel, ses bienfaits, ses redingotes grises, puis Lazar
60
ermé les yeux. Il évoque son oncle van der Kabel,
ses
bienfaits, ses redingotes grises, puis Lazare et ses chiens, la tête
61
Il évoque son oncle van der Kabel, ses bienfaits,
ses
redingotes grises, puis Lazare et ses chiens, la tête de beaucoup d’ê
62
bienfaits, ses redingotes grises, puis Lazare et
ses
chiens, la tête de beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther
63
bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue
son
discours… Soudain : « Je crois, très honorés Messieurs, dit Flachs en
64
en effet, il se rassoit en sanglotant brièvement.
Son
émotion dûment enregistrée, il héritera de tous les biens de l’oncle,
65
pas davantage à l’homme pour le faire héritier de
son
royaume : il demande un instant de foi. Un instant d’abandon de soi-m
66
i un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de
ses
œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’approche
67
i s’approche sera « bien trop réjouissante » pour
son
cœur, et le Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la bran
68
ir à cette vie temporelle, les eaux vives fuiront
ses
lèvres ; car il faudrait, pour y être immergé, accepter de mourir d’a
69
pour y être immergé, accepter de mourir d’abord à
ses
propres désirs et à soi-même. (Et c’est le symbole du Baptême.) Telle
70
ion. Pas l’Européen. L’Européen se retranche dans
ses
convictions et pense que l’adversaire est méchant, puisqu’il ne pense
71
e des vents de l’esprit, continuera ainsi à jouer
son
rôle de cité internationale, à condition, bien entendu, que l’esprit
72
t là que Dos Passos situe plusieurs des scènes de
ses
romans, et c’est là qu’il y a bien six ans j’ai connu Carson McCuller
73
ir d’une toute jeune fille montée en graine, avec
ses
petits bas rouges au-dessous des genoux, son long visage pâle, sa fra
74
avec ses petits bas rouges au-dessous des genoux,
son
long visage pâle, sa frange noire en désordre et sa contenance effaro
75
uges au-dessous des genoux, son long visage pâle,
sa
frange noire en désordre et sa contenance effarouchée. Ses mains trem
76
long visage pâle, sa frange noire en désordre et
sa
contenance effarouchée. Ses mains tremblaient, et l’on pensait que sa
77
e noire en désordre et sa contenance effarouchée.
Ses
mains tremblaient, et l’on pensait que sans sa mère qui l’accompagnai
78
. Ses mains tremblaient, et l’on pensait que sans
sa
mère qui l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute
79
ns la ville. Je la félicitai sur le beau titre de
son
premier roman qui venait de paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et
80
eorge Davis, rédacteur du Harper’s Bazaar, tenait
son
rôle de propriétaire. Benjamin Britten et Paul Bowles représentaient
81
, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de
ses
mains tremblantes une petite coupure de journal : son mari, le lieute
82
mains tremblantes une petite coupure de journal :
son
mari, le lieutenant McCullers, est signalé comme le premier Américain
83
e et Richard Wright — qui fut le premier à saluer
son
talent — la reprise de l’émigration traditionnelle des écrivains amér
84
n McCullers par exemple, quand je l’interroge sur
ses
maîtres, me cite Dostoïevsky, Flaubert et Kierkegaard, là où un jeune
85
lle pauvre de 15 ans, qui cherche la musique dans
sa
petite ville, et repère une à une les maisons où la radio choisit les
86
s elle essaie de composer elle-même. Elle appelle
sa
première sonate : Cette chose que je veux, je ne sais pas quoi. Je p
87
ouver une clé dans cette lettre d’un sourd-muet à
son
ami devenu fou, qu’on va lire aux pages 219-220 : « Les autres, écrit
88
rs sans angoisse, en ce temps-là. On était sûr de
son
affaire, on était parfaitement « en règle », il fallait simplement «
89
le monde est une jungle atomique, l’humanité dans
sa
très grande majorité une espèce animale désordonnée, lubrique, rapace
90
en IIIe classe offrent l’image de l’homme sûr de
son
monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les étra
91
tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie
sa
clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des
92
’il a l’habitude. On dirait qu’il s’installe dans
son
bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviet
93
e. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et
sa
pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Ri
94
t sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans
sa
serviette de cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à premi
95
lui, la beauté même, « ô toi que j’eusse aimée »,
sa
fille sans doute, fume en feuilletant un magazine. Je croyais autrefo
96
angé ! » Mais d’un coup d’œil, vous avez lu toute
son
histoire. Ainsi j’ai retrouvé l’Europe. Sur son visage et dans son ex
97
e son histoire. Ainsi j’ai retrouvé l’Europe. Sur
son
visage et dans son expression certains traits accusés et tendus, mais
98
si j’ai retrouvé l’Europe. Sur son visage et dans
son
expression certains traits accusés et tendus, mais aussi une certaine
99
t se passe en public, puis j’essaierai de mesurer
sa
situation nouvelle dans le monde. Enfin, j’ai hâte de lui demander :
100
avouer. Avant même que l’on puisse détailler tous
ses
traits, on en reçoit une impression d’ensemble que je traduirai par c
101
’elle a perdu la guerre. Militairement, Hitler et
ses
séides ont été battus et sont morts, mais dans la lutte, ils ont marq
102
hommes qui se disputent : l’un est une brute, et
son
point de vue, c’est que la brutalité doit toujours triompher ; l’autr
103
s la brutalité a triomphé. La brute a donc imposé
son
point de vue. Ainsi d’Hitler et de l’Europe démocratique. Ce ne sont
104
politisation totale de l’existence. Hitler battu,
son
corps brûlé dans le pétrole, que reste-t-il ? À peu près tout cela —
105
régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute
son
étendue réelle, sous nos yeux. On doit considérer comme liquidée, au
106
le mensonge et non pas le témoignage au risque de
sa
vie ; le marché noir et non l’entraide communautaire ; la dénonciatio
107
défense nationale. Un pays qui ne peut pas vêtir
ses
déportés trouve encore le moyen de faire des uniformes et discute la
108
prinzip » n’est pas mort avec celui qui lui donna
son
nom. Il se cherche, il se trouve d’autres « chefs bien-aimés »… Et là
109
visage spirituel du continent — je ne dis rien de
son
visage physique — ne trahissent qu’une fatigue temporaire. Je n’ignor
110
affrontent au-dessus d’elle, rongée et ruinée sur
ses
bords, moralement refermée sur elle-même. Il y a plus. Nous voyons l’
111
tains rêves et de certaines croyances apparus sur
son
sol, et qui semblaient parfois définir son génie. Notre rêve du progr
112
us sur son sol, et qui semblaient parfois définir
son
génie. Notre rêve du progrès par exemple — j’y faisais allusion tout
113
qu’ils nous semblent en faire nous dégoûtaient de
son
usage normal. Ainsi de bien d’autres notions ou de bien d’autres myth
114
urope a diffusé sur la planète, sans distinction,
ses
découvertes et ses utopies, les secrets mêmes de sa puissance, et les
115
la planète, sans distinction, ses découvertes et
ses
utopies, les secrets mêmes de sa puissance, et les germes de ses mala
116
découvertes et ses utopies, les secrets mêmes de
sa
puissance, et les germes de ses maladies. Et tout cela sur des terres
117
s secrets mêmes de sa puissance, et les germes de
ses
maladies. Et tout cela sur des terres plus fertiles, ou peut-être moi
118
. Le capitalisme, chez nous, n’a jamais pu donner
son
plein, parce qu’il était sans cesse bridé et contrarié par le nationa
119
’Europe a dominé le monde pendant des siècles par
sa
culture d’abord, dès le Moyen Âge, par sa curiosité et son commerce à
120
les par sa culture d’abord, dès le Moyen Âge, par
sa
curiosité et son commerce à l’époque des grandes découvertes, par ses
121
re d’abord, dès le Moyen Âge, par sa curiosité et
son
commerce à l’époque des grandes découvertes, par ses armes et son art
122
commerce à l’époque des grandes découvertes, par
ses
armes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de
123
’époque des grandes découvertes, par ses armes et
son
art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation
124
el prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par
ses
machines et par ses capitaux. Mais voici que l’Amérique et la Russie
125
idéaux contagieux ; enfin par ses machines et par
ses
capitaux. Mais voici que l’Amérique et la Russie viennent de lui rav
126
s à tenir activement le parti de cette Europe, de
ses
complexités vitales, de sa culture. Une analyse sociologique assez gr
127
i de cette Europe, de ses complexités vitales, de
sa
culture. Une analyse sociologique assez grossière suffit à révéler da
128
ifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie, dans
son
ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique
129
gros, notre situation. Une Europe démoralisée par
sa
victoire douteuse sur Hitler, rétrécie et coincée entre deux grands e
130
rands empires, dépossédée par eux de presque tous
ses
monopoles et moyens de puissance, vidée de rêves et divisée non seule
131
r l’esprit de faction, mais parce que beaucoup de
ses
habitants espèrent ailleurs, et dans deux directions opposées. Je le
132
r d’une défense de l’Europe, de nous cramponner à
ses
restes, et même d’appeler à son secours des forces jeunes. Posons-nou
133
nous cramponner à ses restes, et même d’appeler à
son
secours des forces jeunes. Posons-nous donc sans nul cynisme, mais av
134
un domaine, alors que ce domaine menace ruine par
sa
faute, et que les nouveaux acquéreurs vont en tirer un bien meilleur
135
ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsche de
ses
vœux ? Ce n’est pas assez de donner des ancêtres à ses enfants ; ils
136
œux ? Ce n’est pas assez de donner des ancêtres à
ses
enfants ; ils ont besoin d’un avenir aussi. Et de quel droit sacrifie
137
urait cédé aux tentations d’un bonheur étranger à
son
génie, une Europe américanisée — ce serait par goût — soviétisée — ce
138
frontée à deux empires. Du même coup elle ressent
son
unité et la définit par contraste comme celle d’une conception de l’h
139
r nous, la vie résulte d’un conflit permanent, et
son
but n’est pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découvert
140
iste ou un guerrier, un maniaque ou un inventeur.
Son
bien et son mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’Européen
141
uerrier, un maniaque ou un inventeur. Son bien et
son
mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’Européen connaît don
142
e dialectique par excellence. Nous le voyons dans
ses
plus purs modèles, crucifié entre ces contraires qu’il a d’ailleurs l
143
que j’appelle la personne. Et ces institutions à
sa
mesure, à hauteur d’homme, traduisant dans la vie de la culture, comm
144
é, qui fait le jeu de la réaction en écœurant par
sa
tactique ceux qui se dévouent à la cause de la justice économique. Em
145
condition de l’homme européen, la source vive de
sa
grandeur et de sa spiritualité. Voilà le drame. La personne, en effet
146
mme européen, la source vive de sa grandeur et de
sa
spiritualité. Voilà le drame. La personne, en effet, c’est en chacun
147
d l’homme se considère seulement sous l’aspect de
ses
libertés, ou de ses droits individuels, comme le firent les requins c
148
re seulement sous l’aspect de ses libertés, ou de
ses
droits individuels, comme le firent les requins capitalistes du derni
149
ialisme intérieur ne manque jamais de s’exalter à
son
tour en impérialisme tout court. Un gouvernement totalitaire sera tou
150
u. Telle est la santé de l’Europe, et telles sont
ses
deux maladies, contradictoires en apparence, mais également provocatr
151
ance et d’invention. Le trésor de l’Europe, c’est
son
idée de l’homme. Mais c’est un trésor explosif, d’où la nécessité d’u
152
tour de cette notion centrale de la personne, car
ses
déviations perpétuelles vers l’individu sans devoirs ou vers le milit
153
contagieux nationalisme, c’est à elle d’inventer
son
antidote. Elle est seule en mesure de le faire à cause de ses diversi
154
. Elle est seule en mesure de le faire à cause de
ses
diversités ; et de le faire non seulement pour son salut, mais pour c
155
es diversités ; et de le faire non seulement pour
son
salut, mais pour celui de la paix du monde entier. ⁂ Mesdames et Mess
156
sée, coincée entre deux grands empires, minée par
son
propre génie et par l’abus de ses vertus bien plus encore que par ses
157
ires, minée par son propre génie et par l’abus de
ses
vertus bien plus encore que par ses vices, l’Europe a-t-elle des chan
158
par l’abus de ses vertus bien plus encore que par
ses
vices, l’Europe a-t-elle des chances de vivre encore assez pour qu’il
159
assez pour qu’il ne soit pas utopique d’envisager
sa
fonction dans le monde, son avenir et le nôtre en elle ? Pour ma part
160
s utopique d’envisager sa fonction dans le monde,
son
avenir et le nôtre en elle ? Pour ma part, j’entretiens une croyance
161
qu’un être est maintenu en vie par la vie même de
sa
vocation, et qu’il tombe bientôt lorsqu’elle est accomplie. Or, notre
162
est notre sens d’un absolu qui dépasse l’homme et
son
bonheur, c’est notre sens du transcendant, précisément, c’est notre f
163
s gêne le plus n’est pas simplement l’homme, dans
son
humanité rebelle aux chiffres, l’homme en soi — l’éternel résistant !
164
— l’éternel résistant ! Or, l’Europe, et c’est là
sa
grandeur, a justement vécu de toutes ces choses gênantes, elle s’arra
165
du monde dépend de l’attitude de l’Europe, et de
son
pouvoir d’invention. Ici, point de malentendu ! Ne demandons pas l’in
166
pour ce faire, a besoin de l’Europe, j’entends de
son
esprit critique autant que de son sens inventif. La pensée du monde,
167
e, j’entends de son esprit critique autant que de
son
sens inventif. La pensée du monde, c’est l’Europe. Et s’il s’agit vra
168
nous inspirer, je dirai, songeant à l’Europe et à
sa
vocation mondiale, et je vous invite à le dire avec moi : Je pense, d
169
cette période qu’à la question : « Si le sel perd
sa
saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? » ; les catholiques modernes r
170
oir tolérer ; qu’il a été abattu finalement, dans
ses
formes déclarées et spectaculaires tout au moins ; et que son élévati
171
éclarées et spectaculaires tout au moins ; et que
son
élévation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une é
172
tout au moins ; et que son élévation brutale puis
sa
chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de force, un challe
173
nde moderne vers un paradis sans Dieu, a démontré
son
impuissance réelle devant l’assaut de dictatures barbares : elle s’e
174
contre la Genèse, la Création du monde par Dieu,
sa
Fin, l’existence de l’esprit, etc., paraît close pour longtemps. C’es
175
e et de la morale, l’État se voit forcé d’étendre
ses
pouvoirs, à coups de décrets si généraux que chaque vocation personne
176
ïque se tenant dans l’Église, et voyant au-dehors
ses
chances d’action, et la misère du temps qui appelle, j’attends ceci :
177
sombres, avant la floraison du Moyen Âge, qui fut
son
œuvre. Il s’agit de restaurer le sens de la communauté vivante, que l
178
resque tué, laissant le champ libre à l’État et à
ses
réglementations, souvent utiles, mais qui ne sont jamais règles de vi
179
une avant-garde intellectuelle, au lieu de garder
sa
position méfiante et arriérée — académique — dans les arts sacrés com
180
st bien sortie ! Il est temps que nous sortions à
sa
recherche pour la ramener ! 3° Que l’Église cesse de défendre la tris
181
e, dans le domaine politique, la Transcendance de
son
chef, contre tous les absolutismes nationaux, étatiques, partisans. S
182
est le but de la vie : n’est-ce point écrit dans
sa
Constitution ? Son attitude vis-à-vis de la passion est peut-être plu
183
vie : n’est-ce point écrit dans sa Constitution ?
Son
attitude vis-à-vis de la passion est peut-être plus saine que la nôtr
184
les au développement d’une grande passion, sont à
ses
yeux autant de preuves que l’affaire est mal engagée et qu’il ferait
185
bien d’y renoncer. Si quelque drame se noue dans
sa
vie, malgré lui, il n’a de cesse qu’il n’en sorte au plus vite, par u
186
rer à conséquence : telle est la grande maxime de
sa
morale nouvelle. Les difficultés sentimentales qui nous fascinent et
187
de de perfectionner tout ce qui tombe à portée de
sa
main (et un peu plus). On ne saurait dire d’elle, comme de l’Européen
188
ar, métaphore idéaliste, qu’elle règne au sein de
son
foyer ; car elle règne, tout simplement, dans toute la vie, et le foy
189
toute la vie, et le foyer n’est qu’une partie de
ses
domaines. Il s’agit de l’aménager pour qu’il fonctionne au service de
190
routines domestiques : ce serait être esclave de
ses
machines. Si ces dernières se multiplient dans une cuisine et un sous
191
ns un train. Vous verrez une femme très soignée —
son
ménage simplifié lui en laisse le temps —, ornée de quelques gros bij
192
ari moins galant que stylé, toujours prêt à subir
ses
impérieux caprices avec une calme indifférence. Chaque pas, chaque ge
193
mais affichera un silence offensé qui signifie à
son
mari d’intervenir, sinon elle va se lever et sortir d’un pas vif, le
194
ille américaine que le statut royal de la femme a
ses
bases vraiment profondes. Et cette psychologie tient dans un mot, dan
195
du fils qui devait devenir l’amour d’une femme de
son
âge ». Mom le transmute en sentimentalité fixée sur la mère dévorante
196
’aveugle dévouement. Mais l’attitude de l’homme à
son
égard est faite pour éveiller en elle le goût de la liberté et de l’a
197
homme attend d’elle. Frustrée sans le savoir dans
sa
féminité, elle se révolte contre sa condition, fait de nécessité vert
198
e savoir dans sa féminité, elle se révolte contre
sa
condition, fait de nécessité vertu, prend en main les rênes de la vie
199
in les rênes de la vie, et se prépare à devenir à
son
tour une mom aussi redoutablement « perfectionniste » et activiste qu
200
doutablement « perfectionniste » et activiste que
sa
belle-mère. Quant à l’homme, cause du mal et victime peu consciente,
201
mal et victime peu consciente, il se réfugie dans
son
club ou parmi les copains du bar voisin. La journée d’un couple bourg
202
doute n’en souffrent-ils guère. Lui déjeune avec
ses
collègues en vingt minutes, près de son bureau ; elle, dans un restau
203
eune avec ses collègues en vingt minutes, près de
son
bureau ; elle, dans un restaurant où des centaines de femmes, par tab
204
l’intéressé doit en effet déclarer devant la cour
son
intention bien arrêtée de vivre désormais dans le Nevada. Il y reste
205
s, à l’hôtel, est alors déclaré résident, obtient
son
divorce en un quart d’heure, se remarie en dix minutes, quitte les li
206
ité avec laquelle l’Américain divorce, révèle que
ses
mariages manquent de sens et de sérieux. Il n’y entre pas pour toute
207
un groupe de journalistes qui la félicitaient sur
ses
fiançailles, à 19 ans : « C’est merveilleux de se marier pour la prem
208
a Réforme calvinienne, et transplantée dans toute
sa
virulence en Amérique, détermine de nos jours encore les mœurs sexuel
209
le contre le puritanisme sexuel. On a rejeté tous
ses
tabous. On ne pense plus que la « chair » soit le Mal, ni ses désirs
210
On ne pense plus que la « chair » soit le Mal, ni
ses
désirs des signes de malédiction divine. Peu ou point de pudeur, la n
211
angereuses. Ajoutons-y la poésie d’un Baudelaire,
sa
spiritualité sensuelle. Les avantages et les dangers de l’état des mœ
212
raire de ce que pensent la jeunesse américaine et
ses
censeurs de plus en plus timides, la violence primitive et la santé d
213
rverses qu’ait jamais sécrétée l’humanité, et que
sa
disparition assainisse l’atmosphère tout en affadissant la vie, provi
214
ent mundane ou irresponsible celui qui évite dans
ses
écrits les mots en isme, et le langage technique des ismes réputés d’
215
dans ce logis pour étudiants où un ami me prêtait
sa
chambrette, je trouve un grand jeune homme assis sur l’escalier. Il m
216
r devant un comptoir où l’on désigne les plats de
son
choix, — je déjeune avec des étudiants et leurs amies, des professeur
217
leaux ; à Concord où j’ai vu la maison d’Emerson,
ses
chapeaux et ses cannes accrochés dans le hall, la chambre de Thoreau
218
d où j’ai vu la maison d’Emerson, ses chapeaux et
ses
cannes accrochés dans le hall, la chambre de Thoreau avec son lit qu’
219
ccrochés dans le hall, la chambre de Thoreau avec
son
lit qu’il avait fabriqué lui-même. Au crépuscule, j’aime errer sur le
220
ueuse où T. S. Eliot, me dit-on, conçut l’idée de
son
Waste Land… Un grand cimetière le domine, je n’en ai jamais vu de plu
221
n freudien hétérodoxe. Une fois sacré génie, il a
sa
carrière faite. Les jeunes professeurs le vénèrent, on lui décerne de
222
on lui offre des chaires avant qu’il ait terminé
ses
études. La plupart sont des monstres modestes. J’en ai vu un qui mang
223
courante. Mais pendant que je m’escrimais contre
son
image fuyante, le diable a tranquillement vidé mon compte en banque,
224
rines différemment selon qu’on a de l’argent dans
sa
poche ou non ! D’abord, on ne regarde pas les mêmes. Ou dans la même,
225
gré de fortune ou d’infortune d’un auteur d’après
ses
descriptions du monde. 10 mai 1942 Un job. — J’étais allé voir mes e
226
mme un lion bien décidé à ignorer les barreaux de
sa
cage, apparaît vers cinq heures au fond de la grande salle. Il vient
227
au fond de la grande salle. Il vient nous prêter
sa
voix noble, agrémentée d’un léger sifflement, mais il garde pour lui
228
tée d’un léger sifflement, mais il garde pour lui
son
port de tête et sa présence d’esprit indiscernablement ironique, admi
229
ement, mais il garde pour lui son port de tête et
sa
présence d’esprit indiscernablement ironique, admirante et solennelle
230
e atmosphère orageuse ! Mais l’Amérique n’est pas
son
fort. Il y tient le succès à distance, laissant à Salvador Dali, qu’i
231
pes qui bavardent… Passe Julien Green, il apporte
son
texte sur la vie dans les camps d’entraînement. Il a trouvé le moyen
232
uit. Pierre Lazareff, en bras de chemise, sort de
sa
cage vitrée, le crayon sur l’oreille et le front maculé d’encre à cop
233
ncre à copier. Il me cherche du regard par-dessus
ses
lunettes. Il tient une liasse de documents, les feuillette rapidement
234
rtie d’échecs et l’écouter parler des malheurs de
sa
France… Juin 1942 La guerre va mal, il faut le dire, et persuader l’E
235
elle ira bien demain. La campagne sous-marine bat
son
plein, Tobrouk tombe, les Russes reculent, les Japonais avancent enco
236
ersonne aujourd’hui parle un français plus sûr de
ses
nuances, plus naturellement mémorable. Quand il vient à New York pour
237
aissent hypocrites ou faciles à réduire. « Gagner
sa
vie », dit-on, mais en vivant ainsi on aurait beaucoup moins à la gag
238
r une tartarinade8, mais que lorsqu’on la voit de
ses
yeux, elle donne une sensation directe de la victoire inévitable. Leu
239
t les plans d’Hitler pour dépouiller la France de
sa
main-d’œuvre qualifiée — opération que Laval diaboliquement baptise «
240
nos lettres modernes !) Bien écrire, c’est régler
ses
moyens sur la fin que vise un écrit. Cette fin peut condamner la phra
241
un ami. Il vous a reçus d’abord et vous a proposé
ses
façons et usages qu’il convenait d’aimer. Bientôt, s’il voit que vous
242
paru préférables à la torture physique, ou même à
sa
menace. Autant dire qu’on les tient pour moins sérieux. Nous étions m
243
t là que Dos Passos situe plusieurs des scènes de
ses
romans, et c’est là qu’il y a bien six ans j’ai connu Carson McCuller
244
ir d’une toute jeune fille montée en graine, avec
ses
petits bas rouges au-dessous des genoux, son long visage pâle, sa fra
245
avec ses petits bas rouges au-dessous des genoux,
son
long visage pâle, sa frange noire en désordre et sa contenance effaro
246
uges au-dessous des genoux, son long visage pâle,
sa
frange noire en désordre et sa contenance effarouchée. Ses mains trem
247
long visage pâle, sa frange noire en désordre et
sa
contenance effarouchée. Ses mains tremblaient, et l’on pensait que sa
248
e noire en désordre et sa contenance effarouchée.
Ses
mains tremblaient, et l’on pensait que sans sa mère qui l’accompagnai
249
. Ses mains tremblaient, et l’on pensait que sans
sa
mère qui l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute
250
ns la ville. Je la félicitai sur le beau titre de
son
premier roman qui venait de paraître — écrit entre 19 et 22 ans — et
251
eorge Davis, rédacteur du Harper’s Bazaar, tenait
son
rôle de propriétaire. Benjamin Britten et Paul Bowles représentaient
252
, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de
ses
mains tremblantes une petite coupure de journal : son mari, le lieute
253
mains tremblantes une petite coupure de journal :
son
mari, le lieutenant McCullers, est signalé comme le premier Américain
254
e et Richard Wright — qui fut le premier à saluer
son
talent — la reprise de l’émigration traditionnelle des écrivains amér
255
n McCullers par exemple, quand je l’interroge sur
ses
maîtres, me cite Dostoïevsky, Flaubert et Kierkegaard, là où un jeune
256
s existentialistes et l’adultère. Quelle est donc
son
idée de la liberté ? Aux Indes les musulmans, les hindous et les prin
257
une série de traités d’Anschluss économiques avec
ses
voisins immédiats et devient une puissance de premier plan. On croyai
258
de gauche sans glisser vers l’insanité ou révéler
son
ignorance. Il n’est pas un de ces faits, par conséquent, dont tiennen
259
quelque Américain, un diplomate qui prend l’air à
sa
fenêtre, un homme qui pense, à sa manière imprévisible. Jamais gouver
260
i prend l’air à sa fenêtre, un homme qui pense, à
sa
manière imprévisible. Jamais gouvernement si sûr de ses calculs quand
261
nière imprévisible. Jamais gouvernement si sûr de
ses
calculs quand il s’agit de la vie de millions de ses sujets n’avait t
262
calculs quand il s’agit de la vie de millions de
ses
sujets n’avait trahi tant d’insécurité dans ses réactions extérieures
263
e ses sujets n’avait trahi tant d’insécurité dans
ses
réactions extérieures, tant de nervosité à l’égard de la critique, un
264
découvre que ce sont précisément quelques-unes de
ses
bases morales, son esprit civique et son système d’éducation qui sont
265
t précisément quelques-unes de ses bases morales,
son
esprit civique et son système d’éducation qui sont en crise. Le divor
266
-unes de ses bases morales, son esprit civique et
son
système d’éducation qui sont en crise. Le divorce y devient une malad
267
u monde et se dispose à exporter les principes de
son
way of life, qui se confondent dans son esprit avec la santé même du
268
ncipes de son way of life, qui se confondent dans
son
esprit avec la santé même du genre humain, le bon sens et la démocrat
269
isme et de manque de confiance en soi, tandis que
ses
intellectuels découvrent subitement les sombres joies de l’humilité e
270
tre paix repose sur ces manques, qu’elle y trouve
ses
bases actuelles et ses garanties les plus sûres. Car ce sont les rich
271
manques, qu’elle y trouve ses bases actuelles et
ses
garanties les plus sûres. Car ce sont les richesses d’autrui et non s
272
sûres. Car ce sont les richesses d’autrui et non
ses
maladies que l’on jalouse. Si l’un de ces quatre grands malades recou
273
es trois autres. Si la Russie pouvait prouver que
son
régime ménage autant de libertés que la démocratie américaine elle do
274
dominerait bientôt le monde par la seule force de
son
utopie de justice et d’ordre social. Si l’Asie était moins anarchique
275
our par la force du nombre. Si l’Amérique sentait
son
idéal mieux assuré dans ses propres foyers elle serait tentée d’abuse
276
Si l’Amérique sentait son idéal mieux assuré dans
ses
propres foyers elle serait tentée d’abuser de ses avantages actuels.
277
ses propres foyers elle serait tentée d’abuser de
ses
avantages actuels. Et si l’Europe était moins abîmée, qui sait quelle
278
l’Europe sans elle s’enfoncerait encore plus dans
sa
névrose de scepticisme et de retrait. Elle se renforcera au cours des
279
s mois prochains parce que l’Asie va lui demander
son
aide (les deux parties des Indes l’annoncent déjà) et parce qu’elle r
280
l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler
sa
pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… »
281
m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et
sa
faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)n
282
vel âge. Le voici soudain devant moi. Souriant de
ses
gros yeux très vifs sous des arcades sourcilières étrangement élevées
283
ne de mes voisines, que je ne connais pas, envoie
sa
petite fille sonner à ma porte. La petite fille me dit : « Maman pens
284
nt à l’URSS ? Au risque de passer pour fasciste à
ses
yeux, je suggère que la cause la plus nette de ce qu’il nomme l’hysté
285
qui serait nécessaire à la Russie pour fabriquer
ses
propres bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d’ici deux ans au mo
286
stion. Mais soudain, Einstein m’interrompt et, de
son
air malicieux et bonhomme : « La bombe, dit-il, n’a pas changé les co
287
de Lyautey qui avait demandé qu’on plante devant
sa
résidence une arbre d’une espèce rare ; et comme le jardinier lui obj
288
’établir un rapport sur la conscription. Or, dans
ses
conclusions, ce comité s’est prononcé pour la conscription, parce que
289
exemple, le parti socialiste personnaliste a tiré
sa
doctrine de ses ouvrages et de ceux de quelques autres penseurs. Au D
290
ti socialiste personnaliste a tiré sa doctrine de
ses
ouvrages et de ceux de quelques autres penseurs. Au Danemark, cette d
291
ment, je m’assure que l’expérience suisse, malgré
son
petit cadre, est valable pour l’Europe. Voyez-vous, on ne se rend pas
292
plication, et je m’en tiendrai le plus possible à
ses
manifestations historiques, telles que nous pouvons les observer et l
293
est un être doublement responsable : vis-à-vis de
sa
vocation propre et unique, d’une part, et d’autre part vis-à-vis de l
294
rt vis-à-vis de la communauté au sein de laquelle
sa
vocation s’exerce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’homm
295
dre chaque individu plus libre dans l’exercice de
sa
vocation. L’homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois auton
296
et le général ; entre ces deux responsabilités :
sa
vocation et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il se doit à l
297
ui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit à
son
prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le débat
298
de la Suisse et sur l’impossibilité de transposer
ses
institutions à l’échelle continentale, je répondrai que l’objection e
299
est nécessairement plus réduite de dimensions que
ses
applications, mais pourtant celles-ci n’existeraient pas sans celle-l
300
Suisse, devise paradoxale ou « dialectique » dans
sa
forme : « Un pour tous, tous pour un. » En effet, « Un pour tous » si
301
ues se sont mis à la commenter et à philosopher à
son
sujet. Jusqu’en 1848, elle allait sans dire, comme la vie même ; elle
302
e agressive se voit contrainte de développer pour
sa
défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéra
303
déralisme suisse, s’il veut durer, doit devenir à
son
tour missionnaire. Telle est sa crise : ou se nier, ou triompher, mai
304
, doit devenir à son tour missionnaire. Telle est
sa
crise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe entièr
305
qui alors n’en allait que mieux. Elle s’expose à
son
risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ai
306
xpose à son risque maximum : celui de décoller de
ses
bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce qu’elle pourrai
307
nelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience de
ses
fins. De même pour le fédéralisme européen. Un instinct commun se for
308
depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de
ses
symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilatérau
309
plus peuplé que les autres, a cru pouvoir imposer
sa
primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentre
310
ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à
ses
yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour
311
lus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à
ses
yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait ainsi di
312
La richesse de la Suisse par exemple, réside dans
ses
diversités jalousement défendues et maintenues. De même, la richesse
313
ême, la richesse de l’Europe et l’essence même de
sa
culture seraient perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de t
314
’Europe doit se fédérer, c’est pour que chacun de
ses
membres bénéficie de l’aide de tous les autres, et réussisse ainsi à
315
e tous les autres, et réussisse ainsi à conserver
ses
particularités et son autonomie, qu’il serait hors d’état de défendre
316
réussisse ainsi à conserver ses particularités et
son
autonomie, qu’il serait hors d’état de défendre seul contre la pressi
317
rmale du corps dépend de la vitalité de chacun de
ses
organes, de même que la vie d’un organe dépend de son harmonie avec t
318
organes, de même que la vie d’un organe dépend de
son
harmonie avec tous les autres. Si les nations de l’Europe arrivaient
319
contraire à fonctionner de concert, chacune selon
sa
vocation. Ce ne serait pas même une question de tolérance, vertu pure
320
mise au défi de donner le meilleur d’elle-même, à
sa
manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’a pas à « tolérer
321
er le meilleur d’elle-même, à sa manière et selon
son
génie. Après tout, le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce q
322
ues, telle est la santé du régime fédéraliste. Et
ses
pires ennemis sont ceux dont le grand Jakob Burckhardt annonçait la v
323
variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de
ses
dimensions la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il es
324
rance. Cette antithèse domine le siècle. Elle est
son
véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont second
325
pas à la souveraineté même de leur nation, mais à
son
caractère absolu. Et c’est l’agitation de l’opinion et des peuples da
326
bre 1947)e Le problème me paraît capital, mais
son
énoncé sur plus d’un point critiquable ou obscur. Je me propose donc
327
s stations flambant neuves du métro de Moscou, et
son
guide soviétique l’invite à admirer. « Très beau, dit notre Américain
328
désespérée qu’un Américain ait encore puisée dans
son
pays » ; 2° Truman veut asservir l’Europe au dollar ; 3° Donc Truman
329
otoirement faux d’écrire que Henry Miller a puisé
son
désespoir « dans son pays » : c’est la vie de Montparnasse entre les
330
ire que Henry Miller a puisé son désespoir « dans
son
pays » : c’est la vie de Montparnasse entre les deux guerres que décr
331
Montparnasse entre les deux guerres que décrivent
ses
Tropiques, publiés à Paris, et interdits en Amérique. Ensuite, il est
332
e toute la question de la culture américaine dans
ses
rapports avec « l’esprit », pour parler comme les communistes. Les in
333
où l’on voit un reporter américain persécuté par
ses
patrons pour avoir « bien parlé » de l’URSS, l’un des meilleurs produ
334
volonté du peuple américain et de la politique de
ses
chefs. q. Rougemont Denis de, « La balance n’est pas égale entre l
335
ds qu’il n’y a qu’à regarder l’Europe, qu’à faire
son
bilan de misères, qu’à voir la place qu’elle tient encore ou ne tient
336
oderne est démodé », comme l’a dit un Américain :
sa
conscience est en retard sur le milieu nouveau, sur les périls certai
337
certains et les bienfaits possibles instaurés par
sa
propre science. L’homme moderne pense encore dans le cadre des nation
338
eaux de l’air ne tiennent pas compte. S’il posait
son
atlas pour faire tourner un globe il verrait que le plus court chemin
339
ent, elle a besoin de nous spirituellement, et si
son
aide économique nous trouvait complaisants ou serviles dans le domain
340
dépassé le stade de l’individualisme économique.
Son
rôle est d’inventer un régime neuf, plus souple et plus humain que la
341
e nos nations n’est en mesure de la réaliser pour
son
seul compte et sans échanges. Aucune n’est assez riche et assez forte
342
’est assez riche et assez forte pour réussir sans
ses
voisins, ou pour résister seule aux pressions impériales. Et l’idée d
343
cœur de ce régime social, et qui inspire partout
sa
recherche, ne saurait s’arrêter aux frontières d’un pays. Voilà donc
344
mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de
ses
cloisons, à reconquérir : notre Europe. 9. Le congrès de l’Union e
345
isolé par le sort, entre en superstition : c’est
sa
voie clandestine. L’explorateur va découvrir au loin ses propres amul
346
e clandestine. L’explorateur va découvrir au loin
ses
propres amulettes. Le pilote fait une marque en secret sur l’hélice.
347
s’arrête à telle apparence curieusement précise à
ses
yeux, c’est parce qu’elle semble donner tort au néant des rues éviden
348
apparition. Certains soirs, il descend lentement
son
escalier, passe le seuil, s’arrête un moment, et commence à longer la
349
s’arrête un moment, et commence à longer la rue.
Son
allure ne saurait tromper. C’est la puissante circonspection de celui
350
emier coup : un repère à la craie sur le seuil de
sa
vie, une note que lui seul peut entendre parce qu’elle résout sa diss
351
e que lui seul peut entendre parce qu’elle résout
sa
dissonance intime et l’introduit dans l’harmonie de son destin. Cherc
352
ssonance intime et l’introduit dans l’harmonie de
son
destin. Cherchant ce qui ne vibre qu’à lui-même et révèle un accord i
353
ui-même et révèle un accord instant, il marche au
son
, comme les grands appareils suivent une route en do dièse dans la nui
354
la nuit des hauteurs. ⁂ Que chacun donc découvre
ses
symboles et la voie que lui seul peut frayer pour s’approcher des mys
355
e. ⁂ Le superstitieux expérimente quotidiennement
son
destin. Survient alors celui qui dit : « Vous ne retenez que les coïn
356
que tout amour est unique, et doit donc inventer
ses
signaux, indices, repères et mesures. La science se tait, ou dit avec
357
n… Il se débat, et pour un peu, m’entraînait dans
sa
mort naissante. » Poésie et superstition : elles ont mêmes lois, même
358
e Père Bruckberger, Denis de Rougemont. Il laisse
ses
interlocuteurs penchés sur les bonnes feuilles du Cheval de Troie, et
359
ur et violent. Mais, à l’entendre parler, comment
sa
pondération, sa générosité, son sens de l’humain pourraient-ils m’éch
360
ais, à l’entendre parler, comment sa pondération,
sa
générosité, son sens de l’humain pourraient-ils m’échapper ? Sa voix
361
re parler, comment sa pondération, sa générosité,
son
sens de l’humain pourraient-ils m’échapper ? Sa voix est douce, mais
362
son sens de l’humain pourraient-ils m’échapper ?
Sa
voix est douce, mais nette ; il s’exprime avec gravité. Souvent un so
363
prime avec gravité. Souvent un sourire accompagne
son
propos, et son regard s’éclaire d’une lueur qu’il me faut bien qualif
364
ité. Souvent un sourire accompagne son propos, et
son
regard s’éclaire d’une lueur qu’il me faut bien qualifier de « mystiq
365
n intellectuel qui n’a pas mauvaise conscience de
sa
vocation, qui ne s’en cache pas. Il intitula même un de ses livres le
366
on, qui ne s’en cache pas. Il intitula même un de
ses
livres les plus remarquables : Journal d’un intellectuel en chômage.
367
d’un intellectuel en chômage. Mais, au centre de
ses
préoccupations, se tient la personne humaine ; ne voulut-il pas insta
368
de la personne ? Et, pour mieux préciser encore
sa
position, ne nous invita-t-il pas, reprenant le précepte du vieil Ana
369
eins d’oiseaux. Il s’avança vers moi, souriant de
ses
gros yeux bleus très vifs sous des arcades sourcilières étrangement é
370
’impression qu’Einstein se sentait responsable de
sa
découverte ? Einstein est pacifiste, il est antimilitariste. Que les
371
, il est antimilitariste. Que les conséquences de
sa
découverte l’effrayent, c’est certain. Mais sa responsabilité ne se s
372
de sa découverte l’effrayent, c’est certain. Mais
sa
responsabilité ne se sent pas engagée. Sans doute, pense-t-il que, mê
373
pour que l’URSS finisse par se rendre compte que
son
avantage n’est pas de s’y opposer perpétuellement et en vain, mais d’
374
comme le pire danger auquel nous sommes exposés.
Son
importance donne la mesure de notre absence de présence au monde. Tou
375
ue le fédéralisme européen pourra s’imposer. Mais
sa
réalisation ne vous semble-t-elle pas chimérique ? Nullement. Si nous
376
stallera à Ferney, à l’ombre de Voltaire, l’un de
ses
maîtres. Là, avant d’entreprendre d’autres travaux, il achèvera de me
377
ide, de Claudel et de Ramuz. Ensuite, il publiera
son
Journal des deux mondes , des essais sur des mythes, tels que « Le s
378
» — textes qu’il écrivit entre 20 et 40 ans. Mais
son
plus important projet est de composer une morale qu’il intitulera : L
379
ous avons chez nous un parti stalinien, qui prend
ses
ordres à Moscou, mais aucun parti trumanien qui voterait selon les di
380
rope aux élections et dans les parlements, elle a
ses
troupes disciplinées, elle fait sa politique jusque dans nos communes
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ments, elle a ses troupes disciplinées, elle fait
sa
politique jusque dans nos communes : tandis que les USA n’ont que des
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redoute les curieux, épure les opposants, annexe
ses
voisins ou les transforme en satellites, enfin tire devant le tout un
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es les influences du monde, et sait très bien que
sa
propre santé dépend de celle des autres, et non de leur misère. L’Amé
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nous, malgré nous. Si nous n’acceptons pas d’être
ses
satellites, elle nous déclare et nous croit ses ennemis et les esclav
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e ses satellites, elle nous déclare et nous croit
ses
ennemis et les esclaves de l’Amérique. Et tout le verbiage des commun
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et autonome ; elle ne veut qu’une Europe livrée à
sa
merci par les rivalités nationalistes et la misère. À ce défi, nous n
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e grossier que nous tendent les Russes : c’est là
son
intérêt le mieux compris, d’un point de vue stratégique autant que cu
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v Mme de Staël priait Schelling de lui exposer
sa
philosophie en un quart d’heure, et l’arrêtait au bout de cinq minute
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emment) quantité de romans espagnols, pour gagner
sa
vie. Dès 1768, Ducis condense Shakespeare. « Il a rogné ses drames av
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ès 1768, Ducis condense Shakespeare. « Il a rogné
ses
drames avec d’impitoyables ciseaux… il y a retaillé des tragédies à l
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continue et le parfait. Ainsi, selon l’auteur et
sa
méthode, l’on va du pire à l’excellent. Le procédé lui-même n’est pas
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és » d’évacuer le style d’un auteur, et de priver
son
message d’une partie de sa vertu en le dépouillant des mille détails
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auteur, et de priver son message d’une partie de
sa
vertu en le dépouillant des mille détails mûrement choisis qui l’illu