1 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
1 encore vivantes et agissantes au xxe siècle ont toutes pris le départ dans une polémique spécifiquement théologique. Le marx
2 urs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commune mesure. À qui la f
3 le d’une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles — et à leur clergé — certains cr
4 r l’entreprise et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur la renaissance endémique, dans nos écoles d’avant-
5 Il ne fut pas un théologien au sens strict, mais toute son œuvre manifeste une attitude théologique parfaitement cohérente e
6 teur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit le sujet, implique une théolo
2 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
7 ne tombe jamais. Pour l’observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale suffisait à repousser les objet
8 eur et de sa convoitise — emblèmes ou signes, car tout tient ici à des événements intérieurs. Tout tient à l’homme et tout i
9 , car tout tient ici à des événements intérieurs. Tout tient à l’homme et tout illustre une des structures fondamentales de
10 es événements intérieurs. Tout tient à l’homme et tout illustre une des structures fondamentales de son être. Tantale avait
11 e lui qu’à l’instant où il veut les atteindre, et tout cela ne tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositions de son âme : c’e
12 ueil et sa dignité d’homme : il se révolte contre tout — sauf soi. C’est pourquoi rien ne change autour de lui. Considérons
13 ns un individu qui aurait désiré si longtemps que tout son être en fût devenu attente, espoir et nostalgie. Cet être-là mour
14 ctable magistrat qui en dressera le protocole. Si tout reste sec, mes biens seront donnés au légataire universel dont le nom
15 asvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte, qui est alsacien, ju
16 e vient. Le jeune prédicateur Flachs, lui, serait tout disposé à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison
17 t d’abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Royaume, gratuitement offer
18 pour son cœur, et le Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie
3 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
19 ou chacun se rencontrera librement, en dehors de toute officialité. Excellente idée. Genève, rose des vents de l’esprit, con
4 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
20 de Carson McCullers (1947)k Je ne connais dans tout New York qu’une seule vraie terrasse de café, celle du Brevoort, au b
21 ai connu Carson McCullers. Elle avait l’air d’une toute jeune fille montée en graine, avec ses petits bas rouges au-dessous d
22 ompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier
23 composait, on sculptait, on jouait du piano dans toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les
24 t, de sculpture précolombienne. Je crois bien que toute la jeune littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune c
25 en route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de ses mains tremblantes une
26 ançaise, c’est que la première ne professe pas du tout ce culte du roman américain qui caractérise la seconde. Carson McCull
27 des idées, me paraissent être, en règle générale, tout juste aussi intelligents que leur auteur ; ou si ce dernier leur fait
28 es écrivains américains, chez Carson McCullers en tout cas, vous ne pourrez tirer des dialogues qu’une connaissance plus int
29 iption d’une petite ville pauvre du Sud ? Ou bien toutes ces choses à la fois ? Je me demandais aussi : comment se peut-il que
5 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
30 at au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’
31 eurs préparaient leurs billets pour l’inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse, en ce temps-là. On était sûr de
32 sentir en règle, donc de nous croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme si le monde où nous vivons était
33 gé, jaugé, plus que nulle part ailleurs au monde. Tout se passe en somme, inconsciemment, comme si notre système de sécurité
34 que je m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur donne raison. Quand on possède la pax helvetica,
35 e d’hôtel des bords du lac Léman : Afin d’éviter tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas do
6 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
36 change de la parole, mais donne aussi parfois, au tout premier regard, une lucidité sans recours. Vous prenez cette amie dan
37 rop changé ! » Mais d’un coup d’œil, vous avez lu toute son histoire. Ainsi j’ai retrouvé l’Europe. Sur son visage et dans so
38 éviterai de faire du sentiment puisque aussi bien tout se passe en public, puis j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle
39 croit que les bonnes manières viendront à bout de tout . Mais, si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à corps qu
40 elève : il se trouve que c’est notre gentleman de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtem
41 rûlé dans le pétrole, que reste-t-il ? À peu près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela qui était chez les « nazis », che
42 -t-il ? À peu près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela qui était chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous
43 us le régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute son étendue réelle, sous nos yeux. On doit considérer comme liquidée,
44 s pressé que de s’asservir aux dogmes d’un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’est la politique qui le gagne. Admirable
45 end l’air d’attaquer la cause des prolétaires, et tout essai de critique libre se voit taxer de réaction. Cette mauvaise foi
46 ge, on avait oublié qu’il y eût un problème juif. Tout se passe comme si l’écrasement du foyer même de ce mal infernal n’ava
47 êve du progrès par exemple — j’y faisais allusion tout à l’heure — semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique
48 , chez les voisins où elle s’est transplantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent et l’abus qu’ils nous sem
49 e sa puissance, et les germes de ses maladies. Et tout cela sur des terres plus fertiles, ou peut-être moins surveillées, a
50 ou peut-être moins surveillées, a grandi hors de toutes proportions et nous apparaît aujourd’hui étrange, inhumain, menaçant.
51 ment, et jusqu’à la morale, autrefois religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut nôtre à l’origine. Mais alors, comment
52 orale, autrefois religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut nôtre à l’origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créat
53 esque ? Pourquoi n’ont-elles produit chez nous ni tout leur bien, ni tout leur mal ? C’est qu’en Europe, elles se trouvaient
54 ont-elles produit chez nous ni tout leur bien, ni tout leur mal ? C’est qu’en Europe, elles se trouvaient toujours en état d
55 u’il trahit, la conception européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équilibre mal
56 colosse russe et le colosse américain, et malgré toutes les tentations que représentent leurs succès littéralement démesurés.
57 commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour possible, à vues hum
58 ociologique assez grossière suffit à révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double tropisme. Les masses i
59 utumes européennes, que deux classes par ailleurs tout opposées : les intellectuels non embrigadés d’une part, les provincia
60 is plusieurs Européens qui se la posent en termes tout à fait urgents et familiers, quand ils se demandent si c’est l’Europe
61 siècle, ne s’est guère sentie et conçue comme un tout , comme un corps organisé, c’est surtout parce qu’elle n’avait pas l’o
62 en deux opérations : production et consommation. Tout leur effort est donc de les équilibrer, de les faire jouer sans à-cou
63 appliquer en sortant, là où nous cherchons avant tout un approfondissement de la conscience. En Russie, je ne crois pas êtr
64 onté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domine en cr
65 ues leur sens aigu des implications politiques de toute pensée, même gratuite d’apparence. Demandons-nous ce que nous avons à
66 e, c’est pratiquement, et aujourd’hui, empêcher à tout prix la guerre. Et c’est aussi rendre inutiles les mitraillettes de l
67 de la justice économique. Empêcher les guerres à tout prix… Or, les guerres et les révolutions, contrairement à ce que pens
68 e Parti, d’oppression par l’État, ce n’est pas du tout de prêcher ce qu’on appelle un « individualisme impénitent ». C’est a
69 Grande-Bretagne. Parce qu’ils ont su devenir, en toute liberté, les plus sociaux, ils sont aussi les moins touchés, les moin
70 ue jamais de s’exalter à son tour en impérialisme tout court. Un gouvernement totalitaire sera toujours impérialiste, c’est
71 des nationalismes. Telle est la cause de presque toutes nos guerres. J’ai dit, et je ne le répéterai jamais assez, qu’il faut
72 us vastes. Il les appelle, il les espère, il fait tout pour les amorcer, par la vertu de l’exemple vécu. Telle est la santé
73 les de sauvegarder la liberté dans l’ordre. Après tout , c’est l’Europe qui a sécrété ce contagieux nationalisme, c’est à ell
74 en elle ? Pour ma part, j’entretiens une croyance toute mystique au sujet de la vocation. Je crois qu’un être est maintenu en
75 ques autres, et ce sera ma conclusion. Une raison toute physique, géographique d’abord : l’Europe, cette Grèce agrandie, est
76 l’homme. Si, par exemple, vous multipliez par 10 toutes les dimensions d’une maison, vous ne pourrez plus gravir les escalier
77 ns rationnels. Il faut bien constater que presque tout les gêne : l’esprit critique les gêne, les différences individuelles
78 ope, et c’est là sa grandeur, a justement vécu de toutes ces choses gênantes, elle s’arrange à merveille de leur complexité ;
79 mplexité ; elle y voit même la saveur de la vie ! Tout cela va compter — à la longue. Un beau jour, il n’est pas impossible,
80 des relations humaines. Voilà pourquoi l’Europe a toutes les chances de rester la patrie de l’invention — alors que les empire
81 faut demander et obtenir — obtenir de nous-mêmes tout d’abord — c’est que le génie de l’Europe découvre, et qu’il propage,
7 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
82 s protestants, à un moralisme centré sur l’homme. Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises renonçaient si
83 valable pour bien d’autres Églises, et qui résume toute une époque. Je pense qu’avec la guerre, cette époque a pris fin. Et j
84 ment, dans ses formes déclarées et spectaculaires tout au moins ; et que son élévation brutale puis sa chute ont été pour to
85 son élévation brutale puis sa chute ont été pour toutes les Églises une épreuve de force, un challenge, une purification, une
86 le dire. Les nations qui ont perdu la guerre ont tout perdu ; mais celles qui l’ont gagnée n’ont rien gagné : elles ont seu
87 éfuter les arguments de l’incroyance : elles ont, tout simplement à donner leurs croyances, avec une agressive naïveté ; ten
88 pirituelles. Sans « dévotion » à rien d’avouable… Toute la culture de l’Occident — musique, peinture, philosophie, littératur
89 tionales. Que dis-je, il peut ! Il le doit, et de toute urgence ! S’il y échoue, je ne vois aucune raison d’attendre autre ch
90 de Dieu une vocation précise », et il ajoute : «  toute vocation est sans précédent, et paraît donc ‟invraisemblable” à celui
8 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
91 et s’inspire des valeurs d’Hollywood, en dépit de toutes les censures ? Car en Europe, le vice et la vertu restent fort étroit
92 , ou l’affair d’un soir (car ils appellent affair tout autre chose que le business comme nous disons). Le mariage à l’améric
93 eur inextinguible qui la possède de perfectionner tout ce qui tombe à portée de sa main (et un peu plus). On ne saurait dire
94 elle règne au sein de son foyer ; car elle règne, tout simplement, dans toute la vie, et le foyer n’est qu’une partie de ses
95 son foyer ; car elle règne, tout simplement, dans toute la vie, et le foyer n’est qu’une partie de ses domaines. Il s’agit de
96 de l’aménager pour qu’il fonctionne au service de tout le reste : la carrière du mari et la sienne propre, l’hygiène des enf
97 matriarcat américain. MOM est partout, elle est tout et dans tous, et d’elle dépend le reste des États-Unis. Déguisée en b
98 . Et le reste, souvent, se perd dans les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’Amérique n’avait qu’un goût modéré pour l
99 qu’aux États-Unis l’on divorce davantage que dans tout autre pays du monde, Suisse comprise. Mais ce que les statistiques ou
100 ent de noter, c’est qu’on y divorce d’une manière tout à fait différente. Aux yeux des intéressés, le divorce américain ne s
101 lles. C’est qu’en Europe, l’on se préoccupe avant tout du passé, d’un capital de souvenirs et d’habitudes communes, dont la
102 pture du couple entraînera la perte. En Amérique, tout cela pèse bien peu au regard des chances de repartir à neuf, de débla
103 carrière dans ce domaine, comme si elle excusait tout parce qu’elle amuse. Vous penserez que ce n’est pas sérieux, et peut-
104 uent de sens et de sérieux. Il n’y entre pas pour toute la vie, mais pour un bail de « trois-six-neuf ». Une jeune héritière
105 on, le divorce à l’américaine est considéré avant tout comme la mise en ordre de deux vies. Derrière tous les motifs allégué
106 e de la Réforme calvinienne, et transplantée dans toute sa virulence en Amérique, détermine de nos jours encore les mœurs sex
107 ns de la population de New York, sont indemnes de toute trace directe d’éducation puritaine au foyer. Mais les standards mora
108 avec un certain pédantisme, craignant par-dessus tout que les enfants n’aillent se former des complexes… Et pourtant, dans
109 que l’on vient d’esquisser donneraient matière à tout un livre. Mais il me paraît vain de l’écrire, car l’Amérique est en p
110 e est en pleine transition, à cet égard plus qu’à tout autre. Il convient donc de n’indiquer qu’à la volée quelques remarque
111 ys est sex-obsessed, mais il se peut qu’elle soit tout simplement sexy, et que l’obsession n’existe que chez lesdits critiqu
112 , fatigués de leurs brèves et frustes pariades ?) Tout cela, au stade présent du moins, trop volontaire et rationnel pour qu
113 isse un fléchissement vital. Possible aussi, d’un tout autre point de vue, que la morale bourgeoise, issue des puritains, ai
114 té, et que sa disparition assainisse l’atmosphère tout en affadissant la vie, provisoirement. Entre les moralistes puritains
115 s de Hollywood qui tentent follement de l’exciter tout en le contenant dans de « justes » limites, fixées par le Comité Hays
9 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
116 bre d’une maison d’édition, ni un salon — rien de tout cela n’existe en Amérique — mais une party. Et cette party n’était pa
117 ur » ou « vache ») leur défaut de responsabilité. Tout cela ne les empêche pas, bien au contraire, de rechercher surtout la
118 araît méchamment subversif, « réactionnaire », et tout est dit… 25 janvier 1941 Cinquième colonne. — Quelques fragments de
119 antimilitarisme, crainte du régime tyrannique que toute guerre risque d’instaurer. Mais c’est aussi parce qu’on ne croit plus
120 z mes amis. Je n’en ai pas de plus charmants dans toute la ville, et je les ai vus presque chaque jour le mois dernier. Mais
121 on. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de toute la nuit. Voilà qui est clair : ou écrire, ou sortir. 20 mars 1942 Plu
122 terminer dans la nuit. À deux heures du matin, si tout a bien marché, je monterai chez « Saint-Ex » faire une partie d’échec
123 Parties d’échecs sur la galerie, après le bain, à toutes les heures du jour et de la nuit. Profité de ce bref loisir pour repr
124 gagner. « Faire une carrière », mais vues d’ici, toutes les « carrières » sont des échecs humains. « Contribuer au progrès co
125 t les mêmes. Et elles impliquent le renoncement à toutes ces coquetteries de style imitées de nos auteurs anciens qu’on trouva
126 n monstre, si l’on veut mériter quelque maîtrise. Toute création est en soi monstrueuse, qu’il s’agisse de l’automobile, du s
127 e de me rassembler, de me retrouver, pour rentrer tout entier en Europe après ces deux années de violente dérive. … mais sa
128 payer. Et quand vous n’avez plus d’argent, c’est tout d’un coup le monsieur qui ne tient pas à ce que vous causiez des ennu
129 omme pour défendre l’esprit, — qui était pourtant tout ce qu’il restait à défendre par nous, dans l’exil… 6. Quartier du
10 1947, Articles divers (1946-1948). La jeune littérature des États-Unis devant le roman américain (7 juin 1947)
130 an américain (7 juin 1947)m Je ne connais dans tout New York qu’une seule vraie terrasse de café, celle du Brevoort, au b
131 ai connu Carson McCullers. Elle avait l’air d’une toute jeune fille montée en graine, avec ses petits bas rouges au-dessous d
132 ompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier
133 composait, on sculptait, on jouait du piano dans toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les
134 t, de sculpture précolombienne. Je crois bien que toute la jeune littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune c
135 en route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de ses mains tremblantes une
136 ançaise, c’est que la première ne professe pas du tout ce culte du roman américain qui caractérise la seconde. Carson McCull
11 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
137 n combat de coqs avec le problème de la bombe. Et tout cela n’est que trop naturel. Il est parfaitement naturel que nous aim
138 Leur lien n’est pas facile à distinguer. Essayons tout d’abord de les décrire. Voici l’URSS, et cette patrie de la révoluti
139 e la loi et la violence des préjugés de races… Et tout cela au moment précis où l’Amérique du Nord se voit chargée de la con
140 tion augmente et que le pays manque à peu près de tout après seize ans de guerre et d’invasion. À peine les Anglais ont-ils
141 e sont unis à cause des richesses qu’ils avaient, tout au contraire. C’est toujours de la pauvreté que montent les appels à
12 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
142 ouffes de cheveux blancs en auréole. À le voir de tout près, je le trouve plutôt petit, massif, la tête rentrée dans des épa
143 iaux, serviables et surtout ils sont dépourvus de toute espèce d’inhibition sociale. Je vous en donnerai un bon exemple. Il y
144 e partenaire le plus faible. Elle s’oppose donc à tout ce que les autres proposent. Elle soupçonne une menace dans chacun de
145 plus faibles, surtout par rapport aux États-Unis. Tout ce qui vient de nous les inquiète, et ils se croient forcés de tout r
146 de nous les inquiète, et ils se croient forcés de tout refuser. — Alors que faire ? — Je ne vois qu’une solution possible. C
13 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
147 . Comme dirait Péguy, c’était un rassemblement de toutes les croyances et incroyances. Les membres de ce mouvement ont été dis
148 de Rougemont, qui nous a répondu simplement : De tout temps, j’ai été fédéraliste, et je me suis fait une philosophie qui c
149 . Mais ce qui me paraît important et encourageant tout à la fois, c’est qu’on assiste au même phénomène qu’il y a cent ans.
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
150 ndu d’abord sur une certaine idée de l’homme. Car toute politique implique une certaine idée de l’homme, et contribue à promo
151 plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de la communauté. Car dans ce cas, notre jar
152 rions de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous en parlons, si nous le voulons, c’est que nous savo
153 n’est les objections qui surgissent aussitôt : «  Tout cela, dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas appli
154 typique, et particulièrement concluante. ⁂ Comme toutes les grandes idées, l’idée fédéraliste est très simple, mais non pas s
155 e on voudra, qui est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner à retomber sans ces
156 dit Bund, qui signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de centralisation. En Suisse romande, au contraire, ceux qui s
157 péen, nous allons voir se dessiner deux tendances toutes semblables à celles que je viens de signaler en Suisse. Nous aurons d
158 et nous aurons des fédéralistes préoccupés avant tout de sauvegarder les droits de chaque nation contre les empiètements du
159 eut-être parce que cette idée, comme je le disais tout à l’heure, est à la fois simple à sentir et très délicate à formuler.
160 s-uns des principes directeurs qui, d’une manière tout empirique, ont formé la fédération suisse. Et je vais les choisir par
161 La fédération ne peut naître que du renoncement à toute idée d’hégémonie organisatrice, exercée par l’une des nations composa
162 rice, exercée par l’une des nations composantes. Toute l’histoire suisse illustre ce principe. Chaque fois qu’un des cantons
163 e fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système. Ce que je viens de dire au sujet de l’impérialisme
164 tructeurs des diversités qui sont la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’est pas mett
165 à partir d’un centre ou d’un axe ; fédérer, c’est tout simplement arranger ensemble, composer tant bien que mal ces réalités
166 it à la fois de respecter, et d’articuler dans un tout . Troisième principe. — Le fédéralisme ne connaît pas de problème des
167 nt. Il y a totalitarisme (au moins en germe) dans tout système quantitatif ; il y a fédéralisme partout où c’est la qualité
168 as pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nations en un seul bloc, mais au contraire, de sauvegarder leurs
169 erdues si l’on tentait d’unifier le continent, de tout mélanger, et d’obtenir une sorte de nation européenne, où Latins et G
170 elle-même, à sa manière et selon son génie. Après tout , le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande,
171 ès tout, le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’être aussi poumo
172 , et de forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écra
173 on en écrasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité civique
174 e fédéraliste n’est rien d’autre que la politique tout court, la politique par excellence — c’est-à-dire l’art d’organiser l
175 diversités, par incapacité de les composer en un tout organique et vivant. Enfin, sixième principe : Une fédération se form
176 enne se composer lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manières. Ici, c’est une entente économique, là c’est une p
177 des réseaux variés d’échanges européens. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela, qui paraît si dispersé, si peu effi
178 es européens. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela, qui paraît si dispersé, si peu efficace souvent, forme peu à pe
179 e domine le siècle. Elle est son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont secondaires ou illusoires, ou
180 ’est l’agitation de l’opinion et des peuples dans toute l’Europe qui les poussera. De cette agitation, que je voudrais baptis
15 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
181 re soumis « depuis toujours ». Je crains bien que tout cela ne repose sur la confusion des termes amour et sexualité. En fai
182 ibre. Bien plus, l’amour est le principe actif de toute libération humaine. Il est la liberté même. (Et quant à ceux qui croi
183 e questionnaire, il est l’idéal par excellence de tout ce qui mérite le nom d’homme. Ama et fac quod vis, dit saint Augustin
184 sens aurait ici une « prise de position ». (Avec toutes les imprudences du monde, il m’a fallu 350 pages serrées pour en esqu
185 l’Occident .) Quant au problème sexuel, c’est une tout autre affaire. La liberté dans la sexualité, nous en jouissons et nou
186 , nous en jouissons et nous en souffrons plus que toute autre civilisation connue. C’est la raison même pour laquelle une enq
187 n beau jour en tous termes que dans ce domaine-là tout est permis, on sentirait à peine la différence. Si par exemple elles
188 lement le nombre des homosexuels. Ils ont en fait toute liberté de vivre à leur guise, jouissent des mêmes droits politiques
189 ste assez pour que le piquant d’une tricherie que toutes nos modes, romans et films favorisentf. Si l’on estime au contraire,
16 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
190 bbels et Gaida insultaient les Yankees barbares.) Tout le raisonnement de L’Humanité repose sur la conviction typiquement to
191 nent servir la paix et la justice en embrouillant tout , au nom de fleur dialectique. Pour ma part, j’essaierai de débrouille
192 ler quelques faits, au nom de la simple vérité. ⁂ Tout d’abord, il est notoirement faux d’écrire que Henry Miller a puisé so
193 cherchent à faire de l’argent, comme les nôtres, tout en publiant parfois une œuvre de qualité qui ne rapporte rien ; 3° Or
194 les conduire à leur conclusion naturelle, — reste toute la question de la culture américaine dans ses rapports avec « l’espri
195 on moyenne. Sur la dictature de l’argent aux USA, tout a été dit, et les cent anecdotes personnelles que je pourrais verser
196 s éditeurs de livres et de revues demandent avant tout d’un écrit qu’il se vende. On m’assure que l’éditeur d’Ambre fit savo
197 . Mais la question n’est pas si simple. Car après tout , c’est le goût du public qui fait le succès financier d’un roman, bie
198 au service de l’idéologie majoritaire, nous voici tout près des problèmes que pose la « culture des masses » en Russie comme
199 Russie comme en Amérique. Un communiste moins que tout autre a le droit d’ironiser sur ce sujet. L’éditeur américain, pour
200 que qui rétablit les proportions. Pour L’Humanité tout se résume dans le pessimisme de Miller, dont le succès, je l’ai montr
17 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
201 vait en présence l’Allemagne et les démocraties : tout se passait entre nous, Européens, nous sentions donc surtout nos divi
202 rd’hui les deux Grands ont paru dans leur force : tout se passe en dehors de nous, tout nous menace ensemble et nous pousse
203 ans leur force : tout se passe en dehors de nous, tout nous menace ensemble et nous pousse à l’union. Séparés, isolés, nous
204 nt ! Je veux que nos pays s’effondrent un à un en toute souveraineté nationale, qu’ils se cantonnent dans le double refus de
205 nationalistes feront l’opposition indispensable à tout régime démocratique. Le refus sur deux fronts n’est pas une politique
18 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
206 end naissance. Tu as un destin si tu es distinct. Tout homme, dès qu’il se voit isolé par le sort, entre en superstition : c
207 a piste se crée sous les pas qui la suivent. (Par toute autre voie sûre et connue, où que j’arrive, je me perdrais en route.)
208 , ou parce qu’elle est un peu moins apparence que tout le reste et un peu plus apparition. Certains soirs, il descend lentem
209 cient, on a vite fait d’en dresser le catalogue : tout se ramène à quelques personnages constants et à des formes géométriqu
210 une obsession morbide du sens des signes. ⁂ Quand tout se ferme devant moi, et que rien ne m’indique plus comment agir et co
211 te. « Cela rate au moins neuf fois sur dix, comme toutes vos expériences de laboratoire. Et comme vous, je ne retiens que le d
212 ême. ⁂ Erreur commune : s’il n’y a pas de hasard, tout serait donc déterminé ? Nous n’aurions plus qu’à suivre une voie rigi
213 urions plus qu’à suivre une voie rigide, fixée de toute nécessité par le Destin ? Erreur commune et dont il faut rougir. Il n
214 l’étais avoué : celle du changement instantané de tout , en sorte que nul ne s’en doute. Ne serait-ce pas sur cette croyance
215 « Croire », disait Kierkegaard, « que Dieu peut à tout instant, voilà la santé de la foi. » ⁂ Amoureux égale superstitieux,
216 foi. » ⁂ Amoureux égale superstitieux, parce que tout amour est unique, et doit donc inventer ses signaux, indices, repères
19 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
217 ureau étroit et blanc comme une cellule de moine, tout embrumé par la fumée des pipes, que je rencontre, conversant avec Bri
218 teur de La Part du diable m’en parlera lui aussi, tout à l’heure. Mais, d’abord, il faut faire le point. Denis de Rougemont
219 Nietzsche, voyez Baudelaire, et Kierkegaard, dont toute l’œuvre n’est qu’immense effort pour atteindre les gens et qui est mo
220 dit Sartre, la voix pleine d’indignation, l’on a tout transformé, l’on a mis des cretonnes partout. Vous voyez ça : des cre
221 de découvrir un monde nouveau et de l’organiser. Tout est à recréer. Ils n’ont encore rien à dire, ou ce qu’ils voudraient
222 ative. Le modèle en est fourni par la Suisse dont tout le système est fondé sur une dialectique : un pour tous, tous pour un
223 ne peut naître, disais-je, que d’un renoncement à toute idée d’hégémonie organisatrice, d’abord, à tout esprit de système ens
224 toute idée d’hégémonie organisatrice, d’abord, à tout esprit de système ensuite. Il ignore le problème des minorités (car c
225 la mesure de notre absence de présence au monde. Tout comme la guerre et la mort, il est simple et rigide. Le fédéralisme,
226 il vient de me parler. Il faut, me répond-il, que toutes les professions, toutes les classes soient représentées. Je vous le r
227 l faut, me répond-il, que toutes les professions, toutes les classes soient représentées. Je vous le répète ; c’est dans la me
228 tées. Je vous le répète ; c’est dans la mesure où toutes les aspirations pourront s’exprimer que le fédéralisme européen pourr
229 pas vos travaux… La bombe n’est pas dangereuse du tout , me répond-il. C’est un objet. Les objets ne m’ont jamais fait peur,
20 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
230 depuis des mois : choisir ou non entre les blocs. Tout cela repose sur l’idée simple que nous sommes pris entre deux grands
231 -Blanche. Autrement dit, l’URSS est présente dans toute l’Europe aux élections et dans les parlements, elle a ses troupes dis
232 ors de la Conférence des Seize. L’URSS s’oppose à toute tentative d’unir les nations de l’Europe : c’est qu’elle veut diviser
233 ation des koulaks et le pacte germano-soviétique. Tout au contraire, en Amérique, on dénonce l’injustice commise ou établie
234 t non pas une simple tactique. Et ainsi de suite. Toutes les comparaisons précises et objectives que l’on peut établir entre l
235 es transforme en satellites, enfin tire devant le tout un rideau de fer, la Russie est un bloc dans tous les sens du terme.
236 communication, s’ouvre enfin plus qu’aucun pays à toutes les influences du monde, et sait très bien que sa propre santé dépend
237 oit ses ennemis et les esclaves de l’Amérique. Et tout le verbiage des communistes contre un prétendu « bloc américain » n’a
21 1948, Articles divers (1946-1948). Ce sont les Français qui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (14 février 1948)
238 s trusts et Wall Street, acharnés à nous asservir tout en feignant de donner du lait en poudre aux enfants. Il faut avouer q
239 hants, « et ce qui tombe », écrit Lanson, « c’est tout ce qui n’est pas la notation sèche du fait », c’est la poésie, c’est
240 et même des Saintes Écritures, dont s’est nourrie toute notre enfance. Il est vrai qu’en tout cela je n’ai cité que des tradu
241 st nourrie toute notre enfance. Il est vrai qu’en tout cela je n’ai cité que des traductions, et que ni Goethe, ni Swift, ni
242 oisit. À ce propos, il est curieux de relever que tout se passe comme si les grands chefs-d’œuvre se prêtaient mieux au résu
243 ent et le nuançaient, que doit-on dire de presque toutes les traductions ? Et surtout des adaptations destinées à la scène ou
244 lui procurer ? Pour ma part, je salue de mes vœux toute entreprise qui tend à populariser la connaissance des chefs-d’œuvre.
245 t les masses y sont le despote qu’il s’agit avant tout d’éclairer. Mais il n’est pas vain d’exiger que les fabricants de con