1
, renonçant à leur souveraineté absolue au profit
d’
une constitution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une
2
ans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte
de
« bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux
3
tent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord
de
préciser quels sont les éléments de notre expérience helvétique qui m
4
drait d’abord de préciser quels sont les éléments
de
notre expérience helvétique qui méritent d’être donnés en exemple ; p
5
ments de notre expérience helvétique qui méritent
d’
être donnés en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure ils pourr
6
ique qui méritent d’être donnés en exemple ; puis
de
chercher dans quelle mesure ils pourraient être utilisés ou reproduit
7
eproduits sur une plus vaste échelle. La question
de
nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît capitale à cet
8
oire suisse, notre État fédéral avec ses cent ans
d’
existence représente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier les
9
nous autres Suisses. Mais si nous passons du plan
de
cette microhistoire à l’histoire générale, tout change. Nous voyons t
10
out d’abord que cent ans, ce n’est qu’un septième
de
notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’étend que sur le dernier
11
que celle-ci ne s’étend que sur le dernier tiers
de
l’ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l
12
e, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers
de
l’histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dern
13
les-mêmes ne couvrent que le dernier cinquantième
de
la durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il ré
14
nier cinquantième de la durée généralement admise
de
l’humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédér
15
généralement admise de l’humanité sur la planète.
D’
où il résulte que notre expérience fédérale ne représente guère que la
16
lles s’évanouiront probablement, comme une goutte
de
vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites da
17
ns jouer dans le monde. En effet, les proportions
de
notre expérience à l’histoire générale sont à peu près celles de la g
18
ence à l’histoire générale sont à peu près celles
de
la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hauteme
19
n aboutissement et un commencement. C’est le lieu
d’
un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent,
20
nt et un commencement. C’est le lieu d’un passage
de
la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles p
21
es les graines meurent, mais elles peuvent mourir
de
deux manières : les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’h
22
les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime
d’
humus, les autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra,
23
helle infiniment plus vaste ? Telle est la chance
de
la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivron
24
ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance
d’
une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons graine par
25
aîtra tout comme une autre République sérénissime
de
Venise, ne laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gard
26
n cite l’exemple helvétique, à propos d’un projet
d’
États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial, l’objection immédiate
27
ue, à propos d’un projet d’États-Unis d’Europe ou
de
gouvernement mondial, l’objection immédiate qui surgit sur les lèvres
28
l ne s’agit que des modalités typiquement suisses
de
la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’id
29
alités typiquement suisses de la mise en pratique
de
l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expér
30
ratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit
de
l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement pl
31
t s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience
de
laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensions que ses app
32
ce de laboratoire est nécessairement plus réduite
de
dimensions que ses applications, mais pourtant celles-ci n’existeraie
33
nt pas sans celle-là. Je ne parlerai donc ici que
de
notre idée fédéraliste en soi. Elle est très simple, comme toutes les
34
r en quelques mots, en une formule ; car elle est
d’
un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup
35
résistances, mais elle est au contraire le secret
d’
un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit de comp
36
constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit
de
composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après
37
nt entre des forces qu’il s’agit de composer, non
de
soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On ne sa
38
de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou
d’
écraser l’une après l’autre. On ne saurait trop insister sur le double
39
té, comme on voudra, qui est le battement du cœur
de
ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union
40
Tous pour un ». Dans ce sens, il nous sera permis
de
dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique
41
s de dire que la politique fédéraliste n’est rien
d’
autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot.
42
la politique tout court, au sens le plus légitime
de
ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, a
43
onsistent à écraser les diversités par incapacité
de
les composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce
44
s ou moins consciemment les principales décisions
de
notre vie politique pendant des siècles, et qu’elle a finalement pris
45
cles, et qu’elle a finalement pris forme et force
de
loi vers 1848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis
46
her à son sujet. Comme la vie même — étant la vie
de
notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La nécessi
47
llait sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente
de
l’affermir en face du défi que représente l’esprit totalitaire, et au
48
éfi que représente l’esprit totalitaire, et aussi
de
la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite
49
ui semblent avoir inspiré l’action tout empirique
de
nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à t
50
me ne peut naître que du renoncement à toute idée
d’
hégémonie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une des nations co
51
légitime certains « grands » prendre l’initiative
d’
une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui d’
52
d’une fédération européenne ou mondiale. L’échec
de
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe i
53
opéenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui
d’
Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent d’une manièr
54
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives
d’
unifier l’Europe indiquent d’une manière négative cette même vérité si
55
ans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent
d’
une manière négative cette même vérité simple que notre réussite confi
56
e peuvent conduire qu’à l’unification, caricature
de
l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncemen
57
e ne peut naître que du renoncement à tout esprit
de
système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour
58
sprit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme
d’
une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On pourrait définir
59
l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui
d’
une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un ref
60
fédéraliste comme un refus constant et instinctif
de
recourir aux solutions systématiques, simples de lignes, claires et s
61
de recourir aux solutions systématiques, simples
de
lignes, claires et satisfaisantes pour la logique, mais par là même i
62
estructrices des diversités qui sont la condition
de
la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un pl
63
re en ordre d’après un plan géométrique, à partir
d’
un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes,
64
près un plan géométrique, à partir d’un centre ou
d’
un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, selon leurs car
65
s caractères particuliers, qu’il s’agit à la fois
de
respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît p
66
ticuliers, qu’il s’agit à la fois de respecter et
d’
articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème d
67
er dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas
de
problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi
68
qualités ne se traduit pas seulement dans le mode
d’
élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beaucoup
69
d’élection du Conseil des États, mais surtout, et
d’
une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie pol
70
manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes
de
notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou
71
nne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre
de
leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralism
72
proportion avec le chiffre de leurs habitants ou
de
leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour d
73
arrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour
de
la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise
74
Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique
de
« terribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’
75
mplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent
de
l’extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouve
76
l’extrême complication des institutions suisses,
de
l’espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, co
77
omplication des institutions suisses, de l’espèce
de
mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, féd
78
es institutions suisses, de l’espèce de mouvement
d’
horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, fédéraux, canton
79
, cantonaux, si diversement engrenés, il convient
de
leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libert
80
ontrer que cette complexité est la condition même
de
nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires et nos législ
81
eurs sont constamment rappelés au concret, forcés
de
rester en contact avec les réalités humaines du pays. La Suisse est f
82
s réalités humaines du pays. La Suisse est formée
d’
une multitude de groupes politiques, culturels, administratifs, lingui
83
nes du pays. La Suisse est formée d’une multitude
de
groupes politiques, culturels, administratifs, linguistiques, religie
84
frontières, et qui se recoupent et se recouvrent
de
cent manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un
85
n ou totalitaire, brimeraient nécessairement l’un
de
ces groupes, tendraient à réduire leur variété, et mutileraient ainsi
86
eur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs
de
ses dimensions, la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes,
87
ans plusieurs de ses dimensions, la personne même
de
ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur t
88
ux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile
de
décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plu
89
s, il est plus facile de décréter sur table rase,
de
simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la
90
créter sur table rase, de simplifier les réalités
d’
un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite
91
table rase, de simplifier les réalités d’un trait
de
plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalis
92
, de simplifier les réalités d’un trait de plume,
de
tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en é
93
trait de plume, de tirer des plans à la règle et
de
forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui résiste, ou s
94
ut ce qui dépasse. Mais c’est la vitalité civique
d’
un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéraliste, telle qu’on v
95
u’on vient de la décrire, suppose infiniment plus
de
soins, d’ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle
96
de la décrire, suppose infiniment plus de soins,
d’
ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle gouverne.
97
iniment plus de soins, d’ingéniosité technique et
de
compréhension du peuple qu’elle gouverne. C’est pourquoi je disais pl
98
pourquoi je vois en elle le seul avenir possible
de
l’Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à n
99
stant fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis
de
, « L’idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Édi
100
, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée,
d’
analyse ou de construction. La seule utile, la seule qui réussisse et
101
thode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou
de
construction. La seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse
102
nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe,
de
penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon ! La science
103
uves que vos superstitions seraient bien en peine
de
réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font
104
uperstitions seraient bien en peine de réfuter ou
d’
égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font déjà mille ki
105
! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre
de
la bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vou
106
s spéculations les plus « folles » ! Libre à vous
de
prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n
107
pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui
d’
aller beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui est sérieux, me
108
sant le contester autour de moi, je crois prudent
de
l’accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et
109
ant que dans quelques lustres, les hommes cessent
de
trouver amusant d’aller plus vite, et donc commencent à se demander à
110
es lustres, les hommes cessent de trouver amusant
d’
aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Su
111
pposez que leur plaisir nouveau et principal soit
d’
évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après deux
112
et qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles
d’
application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité urge
113
, inventent mille tours sentimentaux insoupçonnés
de
notre barbarie, créent l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteu
114
r est vénéré par quelques sectes populaires, font
de
la mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être ré
115
ctes populaires, font de la mort une plaisanterie
d’
un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule
116
ublime qui perd son sel à être répétée, étouffent
d’
une seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendr
117
ensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous
de
prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamais un mot
118
Libre à vous de prendre pour but la construction
d’
un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre f
119
s utopies, c’est qu’elles paraissent moins riches
d’
avenir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme
120
e la plupart des utopistes, en effet, font preuve
de
moins de liberté dans leur imagination du futur que la plupart des hi
121
art des utopistes, en effet, font preuve de moins
de
liberté dans leur imagination du futur que la plupart des historiens
122
bee, les utopies sont en réalité des « programmes
d’
action déguisés en descriptions sociologiques imaginaires », et l’acti
123
utre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau,
d’
une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l
124
tain niveau, d’une société en décadence. On isole
de
cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en
125
l’abri des menaces vulgaires comme des créations
de
l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité touj
126
’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés
de
la réalité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire.
127
éalité toujours mouvante, — bref, hors du courant
de
l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins s
128
f, hors du courant de l’Histoire. Est-il possible
d’
imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypothèse ? Quelles
129
e l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir
d’
une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les condit
130
ons requises ? Il faudrait se garder tout d’abord
de
composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choi
131
ns possibles. Détourner constamment l’imagination
de
la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les ob
132
. Détourner constamment l’imagination de la ligne
de
moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’o
133
essent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen
de
la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue de nos effo
134
onner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue
de
nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du succès m
135
es conduites qui pourront résulter du succès même
de
ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent d’imaginer beaucoup de
136
de ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent
d’
imaginer beaucoup de nos meneurs politiques : ils voient les condition
137
os meneurs politiques : ils voient les conditions
de
leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu, le mi
138
fourni jusqu’ici le monde occidental, c’est celui
de
dominer la nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confor
139
e dominer la nature par la science, dans l’espoir
d’
augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la d
140
spoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse
de
nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysiqu
141
vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne
de
la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du
142
nies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort
de
la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progr
143
surable, et semble se poursuivre avec des chances
de
succès toujours accrues. Il en résulte, dans les masses, certaines cr
144
science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend
de
la possession de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bi
145
rs raison ; 2. le bonheur dépend de la possession
de
certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vi
146
c qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons
de
croire ce que nous pensons que « l’état présent » de la science nie o
147
croire ce que nous pensons que « l’état présent »
de
la science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autor
148
a science qu’elle vénère, ou du moins s’informera
de
ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt que semble ma
149
e ses dernières conclusions, à la faveur du temps
d’
arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physique mathématique. Ca
150
du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde
de
la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir atteint, provisoi
151
me qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à
de
l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel,
152
gie, donc en réduisant la matière à quelque chose
d’
immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’est celui, précis
153
elui, précisément, dans lequel la grande majorité
de
nos contemporains traduisent les résultats de la science d’hier, qu’i
154
ité de nos contemporains traduisent les résultats
de
la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les not
155
temporains traduisent les résultats de la science
d’
hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix
156
s tiennent pour la suprême autorité.) Les notions
de
choix arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau
157
prême autorité.) Les notions de choix arbitraire,
de
subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathé
158
es notions de choix arbitraire, de subjectivisme,
de
transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les b
159
e poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que
de
l’« à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notr
160
ionaliste, indéfendable aux yeux de la science et
de
la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer
161
e pratiquement la vitesse des transports. (Passer
d’
Europe en Amérique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époq
162
asser d’Europe en Amérique ne prenait guère moins
de
temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol
163
renait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque
de
Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de démarches a
164
qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée
de
vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir les visas, devises, a
165
tophe Colomb : une journée de vol plus trois mois
de
démarches afin d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.) La pas
166
faveur desquelles les possibilités destructrices
de
la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beauco
167
uctrices de la technique sont « mises à la portée
de
toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les
168
possibilités constructrices pendant les périodes
de
paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisation de notre
169
eut penser que l’unilatéralité, la spécialisation
de
notre effort scientifique, provoque ainsi les forces les mieux faites
170
ion prométhéenne. Une autre conséquence indirecte
de
l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la
171
ntifique doit être indiquée ici. La vulgarisation
de
la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait l
172
être indiquée ici. La vulgarisation de la notion
de
loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la science du
173
psychologie, la sociologie, nous servent en fait
d’
alibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’e
174
nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés
de
justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’on eût app
175
qu’en d’autres temps l’on eût appelées faiblesse
de
caractère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons de perdre en l
176
tère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons
de
perdre en liberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
177
n liberté ce que nous gagnons en confort (qui est
de
l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dan
178
e que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
de
la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du
179
gurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition
d’
un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S
180
le consiste à « avoir » la disposition d’un choix
d’
objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il est vra
181
ppements devons-nous prévoir à partir du complexe
de
tensions que l’on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature,
182
ons que l’on vient de caractériser ? Au challenge
de
la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, i
183
ne victoire totale, il s’en faut, mais les moyens
de
cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistan
184
Nous poursuivons notre effort technique (maîtrise
de
l’énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nati
185
me, politique partisane). Les passions s’emparent
de
la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont
186
estructions sont telles, et le choc psychologique
de
telle nature, que la civilisation occidentale se disloque en îlots pl
187
loque en îlots plus ou moins intacts dans une mer
de
ruines, au-dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les dern
188
u moins intacts dans une mer de ruines, au-dessus
de
laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs mo
189
ux communs moraux se désintègrent. Il reste assez
d’
hommes vivants, de livres, de machines-outils et de connaissances tech
190
se désintègrent. Il reste assez d’hommes vivants,
de
livres, de machines-outils et de connaissances techniques pour mainte
191
rent. Il reste assez d’hommes vivants, de livres,
de
machines-outils et de connaissances techniques pour maintenir ici et
192
’hommes vivants, de livres, de machines-outils et
de
connaissances techniques pour maintenir ici et là des apparences de «
193
echniques pour maintenir ici et là des apparences
de
« vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va
194
rets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés
de
gangsters se multiplient. Dans des communautés illuministes de tous o
195
se multiplient. Dans des communautés illuministes
de
tous ordres, on expérimente des morales nouvelles et des formes nouve
196
nte des morales nouvelles et des formes nouvelles
de
résistance contre l’État vainqueur et son empire, théoriquement unive
197
vainqueur et son empire, théoriquement universel.
De
ces communautés persécutées peut sortir une spiritualité nouvelle, mè
198
utées peut sortir une spiritualité nouvelle, mère
d’
une civilisation imprévisible. 2. Nous répondons au challenge des pass
199
libres et presque instantanés sur toute l’étendue
de
la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde, il n’y a
200
u’une seule civilisation (l’occidentale, enrichie
d’
apports orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine, de type fédé
201
orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine,
de
type fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de s’exacerber ten
202
ales la guerre et la paix ; soit que le challenge
de
nos passions se révèle trop puissant et que notre civilisation y succ
203
y répondions victorieusement par l’établissement
d’
un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifique. (Je note ce s
204
rt scientifique. (Je note ce sentiment, incapable
de
preuve, à titre de curiosité pour l’historien futur.) 4. Surmonter
205
r.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité
d’
une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau c
206
serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas
de
confronter l’humanité, et qui résulterait du succès même de notre eff
207
ter l’humanité, et qui résulterait du succès même
de
notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sen
208
n la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires
de
tous genres, on ne pourrait imaginer le fonctionnement des grandes us
209
ération vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour
de
l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretien
210
our de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès
de
variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de décider s
211
. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretient.
De
fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’en
212
qui l’entretient. De fait, il est bien difficile
de
décider si la monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des imp
213
en difficile de décider si la monotonie crée plus
d’
ennui que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Ni
214
Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée
d’
une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme
215
, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence
de
rythmes vivants, ou leur rupture fréquente et arbitraire. En d’autres
216
traire. En d’autres termes, c’est la mécanisation
de
l’existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et d
217
oint choisi par quelque nécessité interne, en vue
d’
une création, d’une participation, d’une compréhension en profondeur.
218
quelque nécessité interne, en vue d’une création,
d’
une participation, d’une compréhension en profondeur. C’est donc un ac
219
erne, en vue d’une création, d’une participation,
d’
une compréhension en profondeur. C’est donc un accroissement de l’entr
220
ension en profondeur. C’est donc un accroissement
de
l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre challenge imagin
221
ssement de l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci
de
tout autre challenge imaginable, qu’il naît de l’absence même de mena
222
ci de tout autre challenge imaginable, qu’il naît
de
l’absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans un
223
hallenge imaginable, qu’il naît de l’absence même
de
menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bi
224
, l’humanité ne pourra répondre que par une prise
de
position métaphysique. Elle pourra choisir l’anesthésie spirituelle,
225
lisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes
de
conditionnement social et physiologique, dont le principe général ser
226
l et physiologique, dont le principe général sera
d’
obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question mét
227
que, dont le principe général sera d’obnubiler et
de
refouler avec une extrême vigilance toute question métaphysique que l
228
oute question métaphysique que l’Ennui risquerait
de
mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persé
229
robablement nomade, qui pourra devenir la matrice
d’
une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au
230
e par une élite en tous points comparable à celle
de
nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, exerçant u
231
exerçant une autorité analogue sur l’orientation
de
la recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standard
232
e, et définissant de facto les nouveaux standards
d’
utilité et de valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tour
233
sant de facto les nouveaux standards d’utilité et
de
valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la m
234
x standards d’utilité et de valeur. Mais l’effort
de
cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désormais « dépa
235
» — se tournera vers la découverte et la maîtrise
de
réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jo
236
era vers la découverte et la maîtrise de réalités
d’
un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jours, aussi p
237
’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées
de
nos jours, aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’être pour
238
ants du xviiie siècle la destruction instantanée
d’
une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière
239
tantanée d’une ville par suite de la dissociation
d’
un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, e
240
par suite de la dissociation d’un invisible point
de
matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre
241
je désignais en débutant par le terme symbolique
de
Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atom
242
la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi
de
théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contr
243
ires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contribué
d’
une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leur
244
écisive à donner forme à un avenir très différent
de
leurs prévisions. Saint-Simon a fourni les cadres du capitalisme indu
245
Toynbee, A Study of History. a. Rougemont Denis
de
, « Essai sur l’avenir », Pro regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Cal
246
Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous interrog
247
e nous force à nous interroger sur la valeur même
de
l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’auton
248
r même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun
de
nous. Que signifie l’autonomie du continent, et que signifierait sa p
249
s qui pèsent sur nous mettent en cause une notion
de
l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis de
250
e une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal
de
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les per
251
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom
d’
Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce
252
om d’Europe. En les perdant, nous serions assurés
de
perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la
253
coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens
de
la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de
254
entier en serait appauvri. C’est donc une notion
de
l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun
255
ait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et
de
la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en ell
256
nité la plus profonde. Et c’est en la définissant
d’
une manière actuelle et concrète que nous poserons les bases de la féd
257
actuelle et concrète que nous poserons les bases
de
la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de
258
bases de la fédération, qui est notre seul espoir
de
la sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que le
259
ui est notre seul espoir de la sauver. Primauté
de
la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nou
260
Europe S’il est vrai que les motifs immédiats
de
nous unir sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins ce
261
t vrai que les motifs immédiats de nous unir sont
d’
ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité
262
politique, il n’est pas moins certain que l’unité
de
l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géogra
263
e est essentiellement culturelle. Du point de vue
de
la géographie, l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue de
264
du monde, l’Europe reste aujourd’hui, même privée
de
sa puissance, le foyer d’une culture inégalée, plus intense, plus div
265
ujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer
d’
une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice qu’en to
266
lus diverse et créatrice qu’en toute autre région
de
la planète. Mais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plu
267
ion de la planète. Mais il faut rendre ici au mot
de
culture son sens le plus large et humain. La culture véritable n’est
268
e véritable n’est pas un ornement, un simple luxe
de
l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
269
ement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble
de
spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
270
mble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
de
la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle il
271
concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
d’
une prise de conscience de la vie ; elle illustre, traduit et promeut
272
la rue. La culture naît d’une prise de conscience
de
la vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de
273
ustre, traduit et promeut une certaine conception
de
l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien t
274
e ; elle en donne le sens. Or il est bien typique
de
l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un
275
lleurs, elle est mise au service du développement
de
l’industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du
276
se au service du développement de l’industrie, ou
de
certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, l
277
ont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants
de
l’économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses acti
278
aire, c’est la culture qui exprime le sens humain
de
la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influen
279
qui exprime le sens humain de la vie politique et
de
l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les c
280
; c’est elle qui vise à les influencer, et permet
de
les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définit
281
fluencer, et permet de les critiquer. La primauté
de
la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et
282
uté de la culture appartient donc à la définition
de
l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abor
283
Européens : élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moye
284
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
285
nifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
de
l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités
286
es moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer
de
rapporter sans cesse toutes les activités publiques et privées à une
287
privées à une notion toujours plus haute et large
de
l’homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le
288
notion toujours plus haute et large de l’homme et
de
sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cadre de la vi
289
; aménager et transformer en conséquence le cadre
de
la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme
290
et les institutions. La conception européenne
de
l’homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa l
291
e l’homme Élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une d
292
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique
293
e sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage
d’
une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, mais au cont
294
été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique,
d’
une nation ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours,
295
l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou
d’
une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant
296
, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet
d’
un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragique, entr
297
doctrines ou plusieurs confessions, une vingtaine
de
nations, et une infinité d’écoles et de génies individuels : tous, il
298
ssions, une vingtaine de nations, et une infinité
d’
écoles et de génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Eu
299
vingtaine de nations, et une infinité d’écoles et
de
génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à mo
300
é à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne
de
l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; ell
301
le trouve son unité dans la diversité des couples
d’
éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun de nous e
302
tagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun
de
nous et se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianism
303
et protestantisme, attachements régionaux et sens
de
l’universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion
304
ens de l’universel, mémoire et invention, respect
de
la tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et
305
e… Dans cet équilibre tendu, et sans cesse menacé
de
rupture au profit de l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risqu
306
tendu, et sans cesse menacé de rupture au profit
de
l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risque original de l’homme
307
se menacé de rupture au profit de l’un ou l’autre
de
ses éléments, réside le risque original de l’homme européen, son aven
308
’autre de ses éléments, réside le risque original
de
l’homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous p
309
ropéen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun
de
nous participe plus ou moins consciemment réside le secret du dynamis
310
mment réside le secret du dynamisme occidental et
de
l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question,
311
ice qui pousse l’Européen à remettre en question,
de
siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État
312
naisons variées à l’infini qu’il lui est possible
d’
opérer entre les éléments contradictoires constituant son patrimoine,
313
patrimoine, réside la chance, pour tout Européen,
d’
individualiser de plus en plus ses jugements et son mode de vie. Et en
314
ns ce choix permanent, dans la conscience qu’il a
d’
en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histo
315
istoire illustre ce débat, qui se livre en chacun
de
nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entr
316
n chacun de nous. Elle est l’histoire des risques
de
la liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrann
317
rté, progressant entre les écueils du désordre et
de
la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’indiv
318
écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma
de
ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits
319
grès est simple. Pour peu que l’individu, abusant
de
ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l
320
Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et
de
sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à ce
321
e sa liberté, devenue facile, cède à la tentation
de
l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste s
322
ile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle
de
l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la
323
llectiviste se déclenche, au nom de la justice ou
de
l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on a
324
à se dresser avec une passion renouvelée le génie
de
la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenan
325
renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire
de
la liberté. Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune d
326
s cherchons maintenant dans quelle notion commune
de
l’homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’indiv
327
intenant dans quelle notion commune de l’homme et
de
sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualisme et d
328
t de sa destinée se fonde cette critique alternée
de
l’individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques
329
qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe
de
notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est l’idé
330
été l’axe de notre histoire, la vision directrice
de
nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
331
ion directrice de nos révolutions : c’est l’idéal
de
la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et r
332
’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
d’
origine chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de
333
e, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle
de
l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité ;
334
on pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu
d’
une synthèse vivante, mais aussi d’un conflit entre des exigences égal
335
engagé ; lieu d’une synthèse vivante, mais aussi
d’
un conflit entre des exigences également valables mais pratiquement an
336
devient infidèle à lui-même et au génie créateur
de
l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes,
337
réateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation
de
supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa p
338
de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie
de
s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit q
339
idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous
d’
une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et division des na
340
et des idéologies Cette description succincte
de
l’homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-
341
succincte de l’homme européen nous met en mesure
de
clarifier maintenant quelques-uns des problèmes brûlants que nous pos
342
ntinent, a fait pendant des siècles l’originalité
de
l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusio
343
siècles l’originalité de l’Europe et la fécondité
de
sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation et de l’État,
344
ité de sa culture. Mais par suite de la collusion
de
la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réa
345
e. Mais par suite de la collusion de la nation et
de
l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelle
346
iques et administratives, qui n’ont aucune raison
de
se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division
347
uvrit nos échanges culturels. Elle laisse chacune
de
nos patries incapable de sauvegarder son autonomie politique, ou d’as
348
els. Elle laisse chacune de nos patries incapable
de
sauvegarder son autonomie politique, ou d’assurer son existence écono
349
apable de sauvegarder son autonomie politique, ou
d’
assurer son existence économique. Cet individualisme national, qui ten
350
anger pour la vie réelle des nations. Dans l’état
de
faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification fo
351
t à l’unification forcée, soit par l’intervention
d’
un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est
352
tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation
d’
un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seu
353
es. Aussi indispensables que les nations à la vie
de
la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à deve
354
ngereuse et utopique que ne serait l’impérialisme
d’
une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni
355
uche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables
de
créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de
356
urd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun
de
ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par
357
cun de ces partis n’est donc capable, à lui seul,
de
sauver l’Europe, ni par suite son propre avenir. De même que les nati
358
son propre avenir. De même que les nations n’ont
de
chance de survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
359
e avenir. De même que les nations n’ont de chance
de
survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique de leur s
360
ue si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
de
leur souveraineté absolue, les partis n’ont de chance de poursuivre l
361
ue de leur souveraineté absolue, les partis n’ont
de
chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, ren
362
souveraineté absolue, les partis n’ont de chance
de
poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, renoncent à t
363
ubordonnent leur tactique à la stratégie générale
d’
une action de salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour
364
eur tactique à la stratégie générale d’une action
de
salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour sauver nos d
365
de salut public européen. c. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) », Fédération, Par
366
t Denis de, « Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) », Fédération, Paris, juin 1948, p. 14-15.
367
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
368
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
369
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
370
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
371
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
372
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
373
fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
374
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
375
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
376
omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
377
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
378
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
379
à-dire la Troisième puissance, qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
380
e puissance, qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
381
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
382
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
383
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
384
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
385
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
386
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
387
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
388
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
389
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
390
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
391
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
392
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
393
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela « soulè
394
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
395
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ic
396
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nou
397
ntre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
398
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
399
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
400
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
401
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
402
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
403
re l’Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
404
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
405
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
406
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
407
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
408
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
409
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
410
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
411
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
412
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leur ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les au
413
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
414
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
415
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
416
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
417
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
418
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
419
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
420
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
421
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
422
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
423
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
424
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
425
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
426
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
427
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
428
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
429
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
430
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
431
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
432
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps, par
433
ps, par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
434
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
435
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolog
436
re sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
437
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
438
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
439
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
440
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
441
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
442
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
443
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
444
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
445
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
446
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec to
447
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec tout le monde
448
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
449
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de « mystifications » par les forces impérialistes… C’est ain
450
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
« mystifications » par les forces impérialistes… C’est ainsi qu’on pe
451
pose à votre admiration : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
452
suffirait. Mais soyons sérieux : quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
453
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
454
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
455
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
456
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
457
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
458
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
459
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
460
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au m
461
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’Europe ? », Rasse
462
forte enfin de l’espérance. d. Rougemont Denis
de
, « Pourquoi l’Europe ? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomad
463
ette note : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse
de
tant d’essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récem
464
e : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse de tant
d’
essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récemment des
465
nt de faire, en tant que membre du Comité central
de
l’Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les
466
à quel point les préoccupations et les positions
de
l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblemen
467
t les préoccupations et les positions de l’auteur
de
Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblement. »
468
règlements scolaires sont stricts : toute absence
d’
un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes
469
réputées légitimes », telle que maladie, réunion
de
famille exceptionnelle, impossibilité de circuler, etc. doit être pun
470
réunion de famille exceptionnelle, impossibilité
de
circuler, etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervall
471
lors subie par les parents ou responsables, et va
de
l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les c
472
s aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir
de
ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine de dossier
473
le se servir de ceux-ci contre celle-là. Je viens
d’
examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes
474
ontre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine
de
dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois pays : la Bel
475
ns plusieurs départements, après que les demandes
de
dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquem
476
loi », il est arrivé fréquemment que le directeur
d’
une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent finalement à inte
477
ent que le directeur d’une école, ou l’inspecteur
d’
académie, consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendr
478
n Algérie ou en Alsace, des amendes ou des peines
de
prison ont été infligées aux pères d’enfants absents plusieurs samedi
479
des peines de prison ont été infligées aux pères
d’
enfants absents plusieurs samedis de suite. D’innombrables démarches a
480
ées aux pères d’enfants absents plusieurs samedis
de
suite. D’innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignemen
481
res d’enfants absents plusieurs samedis de suite.
D’
innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignement, des pré
482
te. D’innombrables démarches auprès des autorités
de
l’enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré
483
quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent,
d’
assurer l’exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la
484
nt beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel
de
la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’e
485
moignent, d’assurer l’exercice réel de la liberté
de
conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit de tolér
486
la liberté de conscience, il arrive que la lettre
d’
un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve de préte
487
il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit
de
tolérance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit d’i
488
e l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve
de
prétexte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation dif
489
il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit
d’
intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton à l’
490
lérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup
d’
un canton à l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé
491
nquait l’école le samedi matin, et qu’il refusait
de
payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se re
492
medi matin, et qu’il refusait de payer une amende
de
2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d
493
ce : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable
d’
une faute, et ses convictions religieuses lui interdisent de l’admettr
494
e, et ses convictions religieuses lui interdisent
de
l’admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinqu
495
uatre emprisonnements, pour cinquante-sept heures
d’
absence de sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a acce
496
isonnements, pour cinquante-sept heures d’absence
de
sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté de pay
497
autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté
de
payer des amendes allant successivement de 3 à 12 francs par absence
498
ccepté de payer des amendes allant successivement
de
3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’
499
llant successivement de 3 à 12 francs par absence
de
sa fillette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (
500
après « récidives ») à trois, puis à quatre jours
de
prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un cant
501
loi paraît plus tolérante. L’instruction primaire
de
son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs suisses, amendes compr
502
ction primaire de son enfant lui a coûté la somme
de
3000 francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer une diza
503
ous disent les gens pressés : qu’il ne s’agit que
de
cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nombre, qu’ils
504
tistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort
de
s’obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la sema
505
e, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question
de
numéros attribués aux jours de la semaine, et qu’enfin tout cela ne m
506
r sur une question de numéros attribués aux jours
de
la semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, d
507
semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop
d’
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver des millio
508
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord
de
sauver des millions d’innocents jetés aux camps de concentration ou a
509
poque où il s’agit d’abord de sauver des millions
d’
innocents jetés aux camps de concentration ou aux travaux forcés. Rema
510
e sauver des millions d’innocents jetés aux camps
de
concentration ou aux travaux forcés. Remarquons tout d’abord que le n
511
que les bonnes gens qui parleraient volontiers «
d’
exceptions négligeables » dans le cas d’une secte brimée, ne voient pa
512
ontiers « d’exceptions négligeables » dans le cas
d’
une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bonne logi
513
, dont le nombre est infime. Ensuite, la question
de
savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au
514
n de savoir si les adventistes ont tort ou raison
de
préférer le samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davan
515
ison de préférer le samedi au dimanche comme jour
de
repos, ne doit pas davantage intervenir dans la considération des fai
516
qui nous occupent. Il s’agit ici du respect légal
de
toutes les convictions religieuses en tant que telles, et non point d
517
uses en tant que telles, et non point du jugement
de
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre de ces convictions,
518
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre
de
ces convictions, car si les deux points de vue n’étaient pas dissocié
519
nutieusement ces libertés. Céder sur une question
de
principe, sous prétexte qu’elle n’intéresse qu’une minorité microscop
520
écise, suffirait à résoudre des conflits du genre
de
ceux que l’on vient de citer. Il serait, par exemple, extrêmement fac
521
citer. Il serait, par exemple, extrêmement facile
d’
introduire dans les règlements scolaires de toutes les démocraties une
522
facile d’introduire dans les règlements scolaires
de
toutes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des «
523
éciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes
d’
absence aux cours » le fait d’appartenir à certaines religions, sectes
524
« motifs légitimes d’absence aux cours » le fait
d’
appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imag
525
ions courantes : on dira qu’il est trop compliqué
de
prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des p
526
ir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux
de
créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tenté
527
ont mille sectes à l’avenir pourront être tentées
d’
abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pénales décriv
528
is pénales décrivent dans le détail des centaines
de
cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lois fiscales,
529
il des centaines de cas bien plus rares que celui
de
nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les «
530
ns à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir
d’
infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien
531
à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit
de
punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateu
532
’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou
de
faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’a
533
ur le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace
de
ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droit
534
itutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient
d’
être raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on d
535
t la Démocratie cesseraient d’être raillées comme
de
belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « pa
536
n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit
d’
une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des
537
uble confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas
d’
accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « libe
538
s d’accorder des droits spéciaux, mais simplement
de
concrétiser la « liberté de conscience » que toutes nos démocraties p
539
iaux, mais simplement de concrétiser la « liberté
de
conscience » que toutes nos démocraties proclament à l’envi. Et d’aut
540
roclament à l’envi. Et d’autre part, il n’y a pas
de
vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement
541
t, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas
de
ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux o
542
s plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que
d’
ajouter quelques clauses aux milliers d’autres, utiles ou non, qui s’a
543
montrent soudain les plus stricts dans leur refus
de
considérer les droits d’une petite confession qui ne menace personne.
544
stricts dans leur refus de considérer les droits
d’
une petite confession qui ne menace personne. On les honore d’avoir sa
545
confession qui ne menace personne. On les honore
d’
avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et de l’avoi
546
i ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé
d’
une extinction probable la langue romanche, et de l’avoir élevée au ra
547
d’une extinction probable la langue romanche, et
de
l’avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parl
548
la langue romanche, et de l’avoir élevée au rang
de
langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins d’un cent
549
ionale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins
d’
un centième de la population totale du pays. Comment ne verraient-ils
550
u’elle ne soit parlée que par moins d’un centième
de
la population totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assu
551
nt ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits
d’
une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qui, depuis
552
ils confirmeraient les principes qui, depuis plus
d’
un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur p
553
s qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même
de
leur indépendance nationale, de leur prospérité et de leur paix ? L’e
554
sont la base même de leur indépendance nationale,
de
leur prospérité et de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des d
555
eur indépendance nationale, de leur prospérité et
de
leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particulièr
556
tent leurs croyances, m’a paru propre à illustrer
d’
une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse
557
er d’une manière bien précise le problème général
de
la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire,
558
aru poser le plus clairement possible la question
de
principe du respect effectif des libertés théoriquement admises par l
559
, mais je sais que toute restriction à la liberté
d’
un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du
560
n à la liberté d’un seul groupe menace la liberté
de
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne
561
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune
de
nos religions, ne l’oublions jamais, est en quelque manière ou quelqu
562
ersécution qu’une autre endure. Est-il nécessaire
d’
ajouter qu’il en va de même pour nos droits politiques et civiques ? O
563
r la liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant
de
la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse
564
çant de la sauver partout. h. Rougemont Denis
de
, « La liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1
565
i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas
de
petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Au
566
ar la note suivante : « Il n’est pas de petite ou
de
grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une r
567
t, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte
de
lui accorder. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans les pages qu
568
’est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature
de
la liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une er
569
l’Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée
d’
un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il était temps
570
que l’idée d’un gouvernement mondial vient enfin
d’
atteindre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air
571
mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous avons l’air
de
dire moins, beaucoup moins, en vous parlant de notre petite Europe. N
572
ir de dire moins, beaucoup moins, en vous parlant
de
notre petite Europe. Nous allons faire figure de provinciaux ou de na
573
de notre petite Europe. Nous allons faire figure
de
provinciaux ou de nationalistes attardés. Et l’on va nous demander :
574
urope. Nous allons faire figure de provinciaux ou
de
nationalistes attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi l’Europe
575
rticulier : c’est qu’il faut lui montrer un point
d’
application. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans la réalité
576
élan émotif dans la réalité, on a toujours l’air
de
freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bi
577
renons au mot. Et nous vous proposons une méthode
de
travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédia
578
déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est
de
commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix,
579
u ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit
de
parler ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a trois ans, je m
580
tre le droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain
d’
Hiroshima, il y a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à pro
581
ouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer
de
ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en ar
582
revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu
d’
avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Vo
583
quelles raisons, les plus simples du monde, mais
d’
une logique à laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me s
584
laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen
de
me soustraire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planèt
585
traire : Devant le nez des premiers enthousiastes
de
la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rid
586
peuples unis — et j’en étais — un certain rideau
de
fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situat
587
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
588
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
589
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
590
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
591
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
592
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
593
fondamental, et que personne ne peut nier : aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
594
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance ; aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les prob
595
une défense sérieuse de son indépendance ; aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
596
ie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
597
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
598
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
599
4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien
d’
être enfin la dernière, parce qu’elle laissera peu de monde pour en fa
600
aussi tout cela nous conduit, avec la force même
de
l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
601
et unique solution. Si nous voulons sauver chacun
de
nos pays, il nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver la paix,
602
-à-dire la troisième puissance qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
603
me puissance qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
604
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
605
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
606
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
607
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
608
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
609
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
610
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
611
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
612
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
613
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
614
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
615
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
616
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela « soul
617
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
618
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — m
619
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — mais nous nous occup
620
rien contre les thèses — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
621
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
622
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
623
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
624
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
625
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
626
ns viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-ils
de
commun entre eux ? Quelle unité voyez-vous dans tout cela ? Eh bien,
627
e : tous ces gens partagent le même sort, le sort
de
l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les
628
s gens ont en commun le dégoût et la peur immense
de
la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà
629
aincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens
d’
action. Aux impatients qui rêvent d’unifier le genre humain dans les q
630
et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent
d’
unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que
631
e plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est
de
les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore
632
c’est de les faire prendre une part active à l’un
de
ces congrès où s’élabore notre fédération européenne. Car c’est préci
633
parti au pouvoir et une opposition, un seul type
de
drug-store, et une morale moyenne, dont l’idée générale est justement
634
orale moyenne, dont l’idée générale est justement
d’
éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie,
635
ement d’éviter les conflits quotidiens et non pas
de
les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête,
636
le : une seule tête, un parti, une police, et pas
d’
opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines d
637
dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
638
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
639
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
640
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
641
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
642
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
643
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
644
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
645
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
646
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leurs ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les a
647
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
648
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
649
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
650
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
651
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
652
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
653
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
654
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
655
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
656
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
657
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
658
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
659
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
660
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
661
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
662
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
663
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
664
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
665
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
666
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps par l
667
mps par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
668
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
669
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolo
670
e sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
671
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
672
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
673
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
674
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
675
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
676
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
677
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
678
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
679
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
680
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.
681
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile d
682
ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile
d’
insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à n
683
ropéennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire
de
l’Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ I
684
rope, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases
de
la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assig
685
s de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions
de
combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, nous voulons f
686
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
687
s en préconisant le fédéralisme à tous les étages
de
la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle
688
savons bien que nous heurtons certaines habitudes
de
pensée à la fois nationalistes et rationalistes, c’est-à-dire en un m
689
ure des obstacles qu’elle trouve posés en travers
de
sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du
690
et que Nietzsche appelait un jour « le plus froid
de
tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et produit de toute
691
nstres froids » — l’État-nation, cause et produit
de
toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre tour irréduc
692
e que nous voulons supprimer, c’est l’étatisation
de
la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par l
693
on de la nation elle-même ; c’est la confiscation
de
ses forces vives par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin le
694
ation de ses forces vives par la machine imbécile
de
l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nati
695
nous demandons et préparons, comme premier point
de
tout notre programme, l’institution d’une Cour suprême européenne, c’
696
mier point de tout notre programme, l’institution
d’
une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir supérieur aux É
697
ution d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire
d’
un pouvoir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardie
698
États. Cette Cour suprême doit être la gardienne
d’
une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en app
699
me doit être la gardienne d’une Charte des droits
de
la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoir
700
t qui garantit les libertés européennes, le droit
d’
opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas
701
e droit d’opposition légale contre l’État. Parler
de
démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
702
n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
de
dictature : voir les démocraties dites populaires. Les vues que j’ex
703
férence des Cinq va peut-être accepter notre plan
de
Parlement européen. Cette assemblée, que nous voulons élue à la fois
704
a fois par les parlements et par les forces vives
de
chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle aura pour missio
705
réunir dans quelques mois. Elle aura pour mission
de
proposer la création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale d
706
s. Elle aura pour mission de proposer la création
d’
une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelqu
707
on d’une Cour suprême et la Constitution fédérale
de
l’Europe. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous s
708
instant dévier vers on ne sait quelles alliances
d’
États souverains pris de panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans tr
709
ne sait quelles alliances d’États souverains pris
de
panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait
710
alliances d’États souverains pris de panique, ou
d’
états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait quelles déclara
711
; vers on ne sait quelles déclarations sans rire
de
sécurité collective ; vers on ne sait quelle coalition sur le papier
712
le coalition sur le papier qui se donnerait l’air
de
provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force néces
713
ger l’agression… C’est donc, pour nous, le moment
d’
être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active d
714
moment d’être forts dans les conseils européens —
de
rallier l’opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et d
715
active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et
d’
imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux dir
716
e populaire, ou pour mieux dire : à l’information
de
la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui
717
’information de la masse. Car on aurait bien tort
de
croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail et créer
718
plus entendre, pour l’avoir lue dans une centaine
de
comptes rendus de nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci :
719
r l’avoir lue dans une centaine de comptes rendus
de
nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons
720
une centaine de comptes rendus de nos réunions et
de
nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons que souhaiter bonn
721
eux pionniers du fédéralisme. » C’est une manière
de
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts
722
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons
de
loin vos efforts, et si vous gagnez par miracle, bien entendu, nous v
723
a ceux qui nous applaudissent, comme ces soldats
de
je ne sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sor
724
ans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir
de
la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bra
725
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de ‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ain
726
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ainsi qu’on po
727
cette phrase admirable : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
728
suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
729
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
730
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
731
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
732
us disent non sans raison : « Nous sommes saturés
de
discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ou
733
bien tort quand il cherchait un homme à la lueur
de
sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
734
omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait
d’
en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bata
735
d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen
d’
en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous
736
ralisme court sa chance, et avec elle les chances
de
la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’
737
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
738
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
739
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
740
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
741
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au m
742
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commen
743
forte enfin de l’espérance. f. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver la paix : commencer par l’Europe », Fédération, Paris,
744
eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas
de
la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déchiq
745
Comment expliquer autrement que ce cap déchiqueté
de
l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa popu
746
r autrement que ce cap déchiqueté de l’Asie — 4 %
de
la superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ait pu
747
de l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins
d’
un sixième de sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant p
748
4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième
de
sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant par ses armes
749
es pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes
de
cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent très dive
750
urope a dominé par ses techniques, par sa science
de
la mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a
751
s techniques, par sa science de la mise en valeur
d’
un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violenc
752
aussi, et par la mise en esclavage ou en servage
de
centaines de millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a d
753
r la mise en esclavage ou en servage de centaines
de
millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une m
754
esclavage ou en servage de centaines de millions
d’
habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beauc
755
u en servage de centaines de millions d’habitants
de
la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beaucoup plus sub
756
abitants de la planète. Finalement, elle a dominé
d’
une manière beaucoup plus subtile, et peut-être plus effective, en imp
757
n imposant à tous les continents un certain angle
de
vision de la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme,
758
à tous les continents un certain angle de vision
de
la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dé
759
ertain angle de vision de la destinée, une notion
de
l’homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts
760
ristianisme, et dont dérivent les grands concepts
de
liberté et de justice, de dignité de la personne et de responsabilité
761
t dont dérivent les grands concepts de liberté et
de
justice, de dignité de la personne et de responsabilité sociale, conc
762
ent les grands concepts de liberté et de justice,
de
dignité de la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se
763
nds concepts de liberté et de justice, de dignité
de
la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament,
764
berté et de justice, de dignité de la personne et
de
responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au xxe siècle, l
765
tiens, les Américains comme les Russes, les chefs
de
l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de te
766
comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux
de
la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique, de science p
767
de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse
de
philosophie ou de technique, de science pure ou d’industrie, de doctr
768
eux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou
de
technique, de science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
769
e. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique,
de
science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou de procédés d
770
e philosophie ou de technique, de science pure ou
d’
industrie, de doctrines politiques ou de procédés de construction, le
771
ou de technique, de science pure ou d’industrie,
de
doctrines politiques ou de procédés de construction, le monde entier
772
e pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
de
procédés de construction, le monde entier porte aujourd’hui les marqu
773
industrie, de doctrines politiques ou de procédés
de
construction, le monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les
774
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes d
775
s, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes
de
sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre elle. Mais elle
776
rupules contre elle. Mais elle reste le palladium
d’
une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est mena
777
e le palladium d’une civilisation que tous rêvent
d’
imiter. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la
778
se — c’est donc dire que le cœur et la conscience
d’
une culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pou
779
Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti
de
l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres contine
780
ur le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti
de
l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont ravi les
781
res continents nous ont ravi les moyens matériels
de
la puissance, et nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont
782
us ont condamnés à ne représenter que l’essentiel
d’
une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’Euro
783
riel, ni la puissance militaire, ni la suprématie
de
la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État,
784
nche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion
d’
État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. E
785
a Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que
de
cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloniser par les Yankee
786
iniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous
de
ces armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. S
787
armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées
de
nos mains. Si les Européens, dans leur majorité, refusent à la fois d
788
Européens, dans leur majorité, refusent à la fois
de
se laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils sen
789
refusent à la fois de se laisser américaniser et
de
se laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur
790
sentent bien que dans le meilleur cas, en retour
de
certains avantages matériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
791
atériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
de
leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aîn
792
s même de leur vie. Ils céderaient contre un plat
de
lentilles leur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diab
793
céderaient contre un plat de lentilles leur droit
d’
aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier e
794
Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel
de
son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la dé
795
ouanes, et créer des pouvoirs européens, capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
796
pouvoirs européens, capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
797
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
798
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul
799
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul moyen de préveni
800
eut assurer l’indépendance européenne, seul moyen
de
prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés
801
eurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
d’
août de cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’o
802
Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août
de
cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
803
u mois d’août de cette année, le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parl
804
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce
805
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artif
806
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, nous venons de le voir ; c’est
807
iment existe, nous venons de le voir ; c’est lui,
d’
instinct, qui nous fait repousser les tentations russe et américaine.
808
ns russe et américaine. Mais il s’agit maintenant
de
l’informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre consc
809
ricaine. Mais il s’agit maintenant de l’informer,
de
lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscient et agissan
810
aintenant de l’informer, de lui donner des moyens
d’
expression, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche don
811
’informer, de lui donner des moyens d’expression,
de
le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès d
812
t et agissant. Telle est la tâche dont le congrès
de
La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle
813
européen de la culture, prévu par les résolutions
de
La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où il t
814
par les résolutions de La Haye, un modeste Bureau
d’
études. Il a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de fév
815
on siège à Genève, où il travaille depuis le mois
de
février de cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) D
816
Genève, où il travaille depuis le mois de février
de
cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) Documentatio
817
r tous les efforts entrepris dans les divers pays
d’
Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducation de « cadres
818
pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et
d’
une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts existe
819
faveur de l’union des peuples et d’une éducation
de
« cadres européens ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’i
820
e éducation de « cadres européens ». Des dizaines
d’
instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellement. La première tâch
821
gnorent mutuellement. La première tâche sera donc
de
dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelles et art
822
nt. b) Coordination des activités « culturelles »
de
tous ordres, qui se placent sur un plan européen. Deux exemples entre
823
n européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau
d’
études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsable
824
n. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études
de
Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsables d’une d
825
entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient
d’
organiser une rencontre entre les responsables d’une dizaine d’institu
826
d’organiser une rencontre entre les responsables
d’
une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite europé
827
ne rencontre entre les responsables d’une dizaine
d’
instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et il r
828
s d’une dizaine d’instituts visant à la formation
d’
une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d’historiens,
829
une élite européenne ; et il rassemble une équipe
d’
historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent de
830
listes. c) Étude et formulation des grands thèmes
de
la propagande générale du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels
831
ci, nos intellectuels ont une occasion magnifique
de
« s’engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un m
832
sion magnifique de « s’engager » sans rien trahir
de
leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement de militants, qu’aucun es
833
sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre
d’
un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au me
834
ir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement
de
militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à l’h
835
adre d’un mouvement de militants, qu’aucun esprit
de
parti ne contraint au mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé,
836
vice commandé, ils vont pouvoir prendre leur part
d’
action, assumer conjointement les décisions politiques, juridiques ou
837
pour être exécutées demain par un pouvoir fédéral
de
l’Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’un
838
pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bureau
d’
études met au point le programme d’une conférence de la culture, qui d
839
tre, le Bureau d’études met au point le programme
d’
une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne
840
études met au point le programme d’une conférence
de
la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports na
841
es rapports nationaux, préparés par les « Groupes
d’
étude culturels », en formation dans chacun de nos pays, fourniront la
842
pes d’étude culturels », en formation dans chacun
de
nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’on doit espérer que de
843
ont la base des travaux. Et l’on doit espérer que
de
l’ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les
844
s travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble
de
ces rapports documentés, inventoriant les forces et les faiblesses de
845
mentés, inventoriant les forces et les faiblesses
de
nos cultures nationales, se dégageront deux séries de conclusions : l
846
os cultures nationales, se dégageront deux séries
de
conclusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’état de divis
847
: les unes portant sur ce qui existe dans l’état
de
division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naître dans
848
ur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée
de
ses frontières étatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à la
849
et des biens ». ( Message aux Européens , congrès
de
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. I
850
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite
de
douze cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut ne peut ê
851
nion ne sera jamais réelle sans le concours actif
de
chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accep
852
a jamais réelle sans le concours actif de chacune
d’
elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accepter nos div
853
les. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que
d’
accepter nos divisions présentes, nous voulons concerter nos vocations
854
ocations pour la défense et pour l’épanouissement
d’
un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient per
855
ense et pour l’épanouissement d’un certain nombre
de
valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe
856
perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale
de
l’Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fé
857
es. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et
de
la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui
858
urent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie
de
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le
859
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis
de
, « L’Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, j
860
« Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis
861
t… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois
de
février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédéraliste, parle chaq
862
semaine au micro du « dialogue » qu’est l’Europe.
De
lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desquelles il no
863
s chroniques au cours desquelles il nous démontre
de
manière éclatante qu’une ère nouvelle s’ouvre au Vieux Continent. Mon
864
faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’il n’y a pas
d’
autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
865
? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable
d’
empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer
866
c’est, en effet, créer la seule puissance capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Eur
867
réer la seule puissance capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte
868
à ne faire la guerre à personne, mais à défendre
d’
un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, prospérité, t
869
berté, prospérité, tels ont été les grands motifs
de
toutes les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et
870
e main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie
d’
une série de 16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de dif
871
ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série
de
16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de différents pays
872
6 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera
de
différents pays. Je prépare également une conférence culturelle europ
873
tout mon temps. En effet, je dirige ici le bureau
d’
études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, très succin
874
ure. Pouvez-vous, très succinctement, nous parler
de
la mission de ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute i
875
us, très succinctement, nous parler de la mission
de
ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute indépendance de
876
ernementaux, cet organisme a pour tâche immédiate
d’
étudier et de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment d
877
cet organisme a pour tâche immédiate d’étudier et
de
proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité eur
878
ser toute mesure propre à promouvoir le sentiment
de
l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le
879
à promouvoir le sentiment de l’unité européenne ;
d’
agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par v
880
opinion, la presse, le film et la radio, par voie
d’
informations et de recommandations, de coordonner les efforts pour cré
881
, le film et la radio, par voie d’informations et
de
recommandations, de coordonner les efforts pour créer une union des u
882
o, par voie d’informations et de recommandations,
de
coordonner les efforts pour créer une union des universités et des me
883
s et des membres des corps enseignants ; et enfin
d’
exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-c
884
ible. De plus, le Centre européen offrira un lieu
de
rencontre aux porteurs et aux créateurs de la culture occidentale, af
885
n lieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs
de
la culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les gr
886
semble les grandes questions qui affectent la vie
de
l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publi
887
ppels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis
de
, « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio,
888
ublique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet
889
ominait le monde entier, lorsque éclata la guerre
de
1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain relevait de se
890
que éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus
de
la moitié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’i
891
ement, plus de la moitié du genre humain relevait
de
ses gouvernements, le reste s’inspirait de ses doctrines démocrates o
892
levait de ses gouvernements, le reste s’inspirait
de
ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétiennes ou humanistes. Ell
893
s lois, et tous les peuples subissaient l’attrait
de
ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette p
894
peuples subissaient l’attrait de ses techniques,
de
ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sa
895
physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté
de
l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa gra
896
qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent
de
la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture,
897
ueté de l’Asie, quatre pour cent de la superficie
de
la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien
898
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de m
899
nq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé
de
mains. Elle est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’
900
ions, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands
de
colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, e
901
et menacé par les deux Grands de colonisation ou
d’
annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, elle en est réduite
902
onisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse
de
la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance é
903
douanes, et créer des pouvoirs européens capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
904
s pouvoirs européens capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
905
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
906
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui
907
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le
908
ance européenne, qui est à son tour le seul moyen
de
prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets
909
teurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois
d’
août de cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ou
910
u Mouvement européen. Nous verrons au mois d’août
de
cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
911
au mois d’août de cette année le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consu
912
uvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif
de
treize nations. Mais toutes les constructions économiques, juridiques
913
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
914
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
915
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, il n’est pas une chose vague.
916
t pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche
de
dire aux Russes : « Finissons-en, venez nous mettre au pas, et suppri
917
ne à Varsovie. » C’est lui aussi qui nous empêche
de
dire à nos amis américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les se
918
s : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets
de
votre bonheur, nous vendrons notre droit d’aînesse contre vos belles
919
crets de votre bonheur, nous vendrons notre droit
d’
aînesse contre vos belles autos et vos dollars. » Si nous refusons, c’
920
efusons, c’est que nous avons encore le sentiment
d’
une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est justement la
921
que nous avons encore le sentiment d’une qualité
de
vie, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être
922
s avons encore le sentiment d’une qualité de vie,
de
liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Eur
923
le sentiment d’une qualité de vie, de liberté et
de
conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais il f
924
rté et de conscience, qui est justement la raison
d’
être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des m
925
de conscience, qui est justement la raison d’être
de
l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d
926
faut informer ce sentiment, lui donner des moyens
d’
expression, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche
927
e dans quelques mois, et que prépare notre Bureau
d’
études. Installé à Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur
928
. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques
de
son travail (documentation européenne ; coordination des efforts entr
929
tous nos pays, et qui souvent s’ignorent ; action
de
propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites com
930
près des élites comme du grand public ; formation
d’
équipes de travail internationales, etc.). Je voudrais simplement défi
931
lites comme du grand public ; formation d’équipes
de
travail internationales, etc.). Je voudrais simplement définir l’espr
932
e et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous,
de
mettre la culture en statistiques, ou de traiter théoriquement les pr
933
ur nous, de mettre la culture en statistiques, ou
de
traiter théoriquement les problèmes éternels de la liberté, de la jus
934
u de traiter théoriquement les problèmes éternels
de
la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une par
935
éoriquement les problèmes éternels de la liberté,
de
la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part offrir aux fo
936
voulons d’une part offrir aux forces culturelles
de
toute l’Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du
937
ulturelles de toute l’Europe les moyens pratiques
de
« s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, f
938
déraliste ; d’autre part, faire valoir les droits
de
l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. F
939
d’autre part, faire valoir les droits de l’esprit
de
la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sort
940
s de l’esprit de la culture, dans la construction
de
l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à
941
t de la culture, dans la construction de l’Europe
de
demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, afin
942
suite une Europe fédérée vienne en aide à chacune
de
nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culture
943
e de nos cultures : telle sera la double ambition
de
la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’oct
944
culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois
d’
octobre, sous les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suiss
945
e comme siège du Centre européen de la culture et
de
la Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de considéra
946
érence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni
de
considérations touristiques. Notre neutralité traditionnelle, reconnu
947
suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre,
de
l’Europe tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc p
948
plus qu’aucun autre, de l’Europe tout entière et
de
ses destinées. Comment pourra-t-il donc participer aux efforts pour s
949
s pour sauver l’Europe ? La réponse ne peut faire
de
doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement européen, on a reconnu
950
rien notre neutralité, jouer le rôle qu’on attend
de
nous dans l’œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, su
951
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective
de
la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une m
952
n. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là
d’
une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se
953
nse pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une manière
de
nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les
954
continent se dessine et prend corps, la nécessité
de
lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
955
péen de la culture. Les plus anciennes traditions
de
la Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens
956
traditions de la Suisse la désignent comme siège
d’
une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie
957
-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et
de
la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créati
958
rdiens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis
de
la Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’esprit international
959
de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et
de
vingt autres créations de l’esprit international ; gardiens enfin d’u
960
is de la Croix-Rouge et de vingt autres créations
de
l’esprit international ; gardiens enfin d’une expérience fédéraliste
961
ations de l’esprit international ; gardiens enfin
d’
une expérience fédéraliste qui peut servir d’exemple au continent, les
962
nfin d’une expérience fédéraliste qui peut servir
d’
exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation
963
n accueillant, soutenant et animant le foyer même
d’
une action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe h
964
it « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis
de
, « Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse », Curie
965
Préface à Le Problème
de
l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrang
966
Préface à Le Problème de l’union européenne
d’
Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle de « fai
967
ip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle
de
« faire l’Europe », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’
968
rmation que vient de subir la puissance apparente
de
nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été
969
ubitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle prend
d’
elle-même une conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe es
970
s divisions », déclarait le Manifeste du congrès
de
La Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bie
971
ste du congrès de La Haye, trois ans après la fin
de
la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situat
972
Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise
de
conscience bien typique, on le voit, d’une situation pré-fédérale, po
973
re. Prise de conscience bien typique, on le voit,
d’
une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union se déclare
974
e situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté
d’
union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donne
975
se assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage
de
M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seulement cel
976
importance particulière : non pas seulement celle
d’
une première vue générale des efforts déployés pour l’union de l’Europ
977
re vue générale des efforts déployés pour l’union
de
l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de consc
978
loyés pour l’union de l’Europe, mais encore celle
d’
une contribution à cette prise de conscience active de notre sort, san
979
e contribution à cette prise de conscience active
de
notre sort, sans laquelle les traités resteront du papier. Je voudrai
980
emarques, entre toutes celles que ne manquera pas
de
suggérer cette enquête efficace par sa lucidité. La première touche à
981
à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice
de
l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans
982
que. Voilà, me semble-t-il, une manière implicite
d’
affirmer que l’Économie obéit beaucoup moins aux « lois » fatales admi
983
elle-même déterminée par une certaine orientation
de
nos énergies dont j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ, de q
984
nt j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ,
de
quelque choix métaphysique. La thèse soutenue par notre auteur impliq
985
ue par notre auteur implique une décision inverse
de
celle dont les suites nécessaires nous ont conduits aux impasses prés
986
tif des Experts. Je vois bien que ce règne est né
d’
une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle, par er
987
e règne est né d’une réaction contre la politique
de
l’éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, s
988
d garde, à évacuer la politique, au sens légitime
de
ce terme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. L
989
à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né
d’
une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit, le po
990
politique, pourra marquer, s’il aboutit, le point
de
renversement d’une attitude contraire au génie de l’Europe. En second
991
a marquer, s’il aboutit, le point de renversement
d’
une attitude contraire au génie de l’Europe. En second lieu, je note q
992
de renversement d’une attitude contraire au génie
de
l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroite
993
de l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours
d’
un historique adroitement condensé, l’auteur souligne, à plusieurs rep
994
plusieurs reprises, l’influence « déterminante »
de
l’aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la créa
995
déraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit
de
la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra discuter p
996
uvement européen, dès qu’il s’agit de la création
d’
une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus tard sur la
997
pourra discuter plus tard sur la paternité réelle
de
maints projets revendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour eur
998
enne des droits de l’homme, le pool du charbon et
de
l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il
999
’ils sont parfois considérés comme des empêcheurs
de
danser en rond, je me permettrai de répondre en leur nom que, justeme
1000
es empêcheurs de danser en rond, je me permettrai
de
répondre en leur nom que, justement, le but n’est pas de tourner en r
1001
ndre en leur nom que, justement, le but n’est pas
de
tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends
1002
tement, le but n’est pas de tourner en rond, mais
d’
avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le
1003
tu en général, ou même contre l’union des peuples
de
l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent
1004
l’union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous
de
bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr, et comment
1005
, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste
de
les considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme
1006
les considérer comme extrémistes, car il est faux
de
considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais refusent sa co
1007
faux de considérer comme modérés ceux qui parlent
d’
union mais refusent sa condition. Nous avons d’autres noms pour ces de
1008
n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu
d’
antagonismes. Elle mourrait de leur suppression artificielle. Elle y p
1009
st née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait
de
leur suppression artificielle. Elle y perdrait le secret de sa créati
1010
ppression artificielle. Elle y perdrait le secret
de
sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’o
1011
secret de sa créativité, qui est aussi le secret
de
sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europe toute libérale ou
1012
corporatiste ou parlementaire… Et dans plusieurs
de
ces domaines, il serait vain de chercher un compromis : chacune des t
1013
Et dans plusieurs de ces domaines, il serait vain
de
chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige d’aller
1014
compromis : chacune des tendances opposées exige
d’
aller au bout de sa vocation, car elle perdrait sa qualité constitutiv
1015
elle perdrait sa qualité constitutive, sa raison
d’
être, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d
1016
t. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir
d’
autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
1017
gime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
de
la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L
1018
ntages de la féconde diversité en y ajoutant ceux
de
l’union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer qu
1019
outant ceux de l’union. Vue théorique ? L’exemple
de
la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement p
1020
le en principe, mais pratique. On ne manquera pas
de
m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, q
1021
s premiers à se montrer prudents, quand il s’agit
de
« faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, j
1022
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
1023
nviennent à nos calamités. u. Rougemont Denis
de
, Philip Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’union e
1024
Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème
de
l’union européenne », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâ
1025
oblème de l’union européenne », dans Le Problème
de
l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-
1026
oblème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions
de
la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1027
Raisons et buts
d’
une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément contradi
1028
e désespérée. Elle est aussi plus près que jamais
de
se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de
1029
t, — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux
d’
un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dan
1030
yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions
de
la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates
1031
t les mêmes conditions qui pourraient être celles
d’
une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s
1032
Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé
de
s’aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absu
1033
ver depuis dix ans — mais nous prenons conscience
de
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant de deux empires ext
1034
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant
de
deux empires extraeuropéens décourage des millions d’entre nous, mais
1035
d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment
d’
un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’aban
1036
il réveille aussi le sentiment d’un destin commun
de
nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités d
1037
, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités
de
l’histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédé
1038
sses, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence
de
la culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répa
1039
asbourg, cette conférence de la culture. Je parle
d’
un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le pl
1040
y a aujourd’hui une manière proprement européenne
d’
avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres vi
1041
ui une manière proprement européenne d’avoir peur
de
l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient fai
1042
éenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur
d’
une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le cor
1043
viendraient faire sur notre sol, et sur le corps
de
nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des
1044
et sur le corps de nos enfants ; c’est l’angoisse
de
devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nou
1045
enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets
d’
une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son
1046
ais il y a, en même temps, une manière européenne
d’
espérer, un espoir proprement européen, c’est celui de réussir notre f
1047
pérer, un espoir proprement européen, c’est celui
de
réussir notre fédération, et de retrouver par là même une puissance c
1048
péen, c’est celui de réussir notre fédération, et
de
retrouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Telle
1049
et de retrouver par là même une puissance capable
d’
imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle n
1050
re dans laquelle nous sommes engagés. À son point
de
crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait r
1051
int de crise, où nous sommes, il dépend en partie
de
nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, e
1052
s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques
de
l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée huma
1053
s politiques de l’Europe unie, il est grand temps
de
définir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de l
1054
rand temps de définir la visée, la portée humaine
de
cette action, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but
1055
e, la portée humaine de cette action, la vocation
de
la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’o
1056
ation de la communauté européenne. Tel est le but
de
cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une répo
1057
l est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend
de
nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que pose
1058
elles propres à garantir et développer l’exercice
de
la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. On pourrait
1059
rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre
de
cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controver
1060
à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle
d’
Europe, d’unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’
1061
troverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe,
d’
unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! »
1062
urope, chacun commence par dire : « Il n’y a plus
d’
Europe ! » et finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Eur
1063
rope ! » et finit par offrir une belle définition
de
ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à
1064
ffrir une belle définition de ce qu’est l’Europe,
de
ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialog
1065
ition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été,
de
ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix r
1066
s voix reste, à tout prendre, la vraie définition
de
l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, cha
1067
rope, une et diverse. De même, dès que l’on parle
de
culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites : inventions
1068
ues et beaux-arts, hygiène, éducation, et procédé
de
construction ; littérature, philosophie, et doctrines de l’État ; con
1069
truction ; littérature, philosophie, et doctrines
de
l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité hu
1070
philosophie, et doctrines de l’État ; conceptions
de
la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique
1071
doctrines de l’État ; conceptions de la liberté,
de
la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la v
1072
tat ; conceptions de la liberté, de la justice et
de
la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions.
1073
Culture peut signifier aussi prise de conscience
de
la vie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’ex
1074
i prise de conscience de la vie, besoin perpétuel
d’
approfondir et d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouv
1075
ence de la vie, besoin perpétuel d’approfondir et
d’
illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, t
1076
in perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens
de
l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que
1077
pprofondir et d’illustrer le sens de l’existence,
d’
augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses.
1078
er le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir
de
l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier
1079
re peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés
de
création et de transmission de leurs principes. Je souhaite que notre
1080
er, enfin, l’ensemble des procédés de création et
de
transmission de leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’i
1081
emble des procédés de création et de transmission
de
leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’interdise les déb
1082
s définitions. À toutes fins utiles, elle partira
de
l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirit
1083
ités intellectuelles et spirituelles qui ont fait
de
l’Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réal
1084
jours par la rendre folle, il se contente parfois
de
l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites d’occupations acc
1085
endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites
d’
occupations accablantes et flatteuses, qui ne leur laissent plus une s
1086
tastrophes. On demande à certains « grands noms »
de
venir participer au sauvetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’ils
1087
« grands noms » de venir participer au sauvetage
de
l’Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis u
1088
ne conférence. D’autres invoquent un besoin subit
de
se retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont
1089
és, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps
de
rééducation sociale », ils auront enfin le temps de méditer sur les r
1090
rééducation sociale », ils auront enfin le temps
de
méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comm
1091
ôtre. Ils comprendront qu’il est certains moments
de
l’histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous
1092
Pour être juste, il faut reconnaître que beaucoup
d’
intellectuels redoutent non sans raison l’atmosphère des congrès, inco
1093
tmosphère des congrès, inconsidérément multipliés
de
nos jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux
1094
rent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin
de
la communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le
1095
éral, établi pour l’information des délégués, n’a
d’
autre ambition que de signaler et de classer les problèmes qui se sont
1096
nformation des délégués, n’a d’autre ambition que
de
signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au
1097
délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et
de
classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enq
1098
s problèmes qui se sont révélés urgents, au terme
d’
une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du Mouv
1099
n questionnaire sur l’état des problèmes concrets
de
la culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses dét
1100
û l’improviser avec des groupes en pleine période
de
formation. Elle nous a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y
1101
n pleine période de formation. Elle nous a permis
de
mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquemen
1102
aire aussi des lacunes, des obstacles, permettant
de
délimiter des zones critiques où concentrer l’effort. Puis, des étude
1103
concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau
d’
études de Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’
1104
, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études
de
Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’une quinz
1105
fourni plusieurs notes et documents. Sur la base
d’
une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéci
1106
s notes et documents. Sur la base d’une quinzaine
de
rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéciaux, et des docu
1107
ur la base d’une quinzaine de rapports nationaux,
d’
une trentaine de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapp
1108
quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine
de
rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport général a te
1109
es documents précités, le rapport général a tenté
d’
opérer une synthèse provisoire, en guise d’introduction aux travaux de
1110
e provisoire, en guise d’introduction aux travaux
de
la conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant des
1111
n instant destiné à faire l’objet des discussions
de
la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé de
1112
rence. Il en introduit les sujets. Il veut servir
d’
exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront propo
1113
ts. Il veut servir d’exposé des motifs à la série
de
résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point par les
1114
niques restant, bien entendu, réservés aux débuts
de
l’ensemble du congrès, siégeant en commission générale. Il nous appar
1115
mission générale. Il nous apparaît qu’il y a lieu
de
prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’ensei
1116
à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, «
d’
organiser les échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en
1117
frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
de
l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, n
1118
res nationaux, ne doivent pas chercher des moyens
de
correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent
1119
des moyens de correspondre un peu plus facilement
de
prison à prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargisseme
1120
ement » immédiat, sans condition. Le terme même «
d’
échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
1121
, avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
d’
avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien mal
1122
est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi
d’
échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien malgré eux, souve
1123
x, souvent) des problèmes réputés « secondaires »
de
la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce p
1124
éputés « secondaires » de la culture. Ils tentent
de
s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges
1125
r en consentant à la culture ce petit va-et-vient
d’
échanges surveillés que leurs douaniers et leurs agents fiscaux sauron
1126
ux quelques petits décrets concernant les voyages
de
quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bon
1127
es de quelques professeurs bien vus des pouvoirs,
de
quelques boursiers bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur
1128
hrases bien plates sur l’indispensable solidarité
de
nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les écha
1129
droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’agit
de
lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des obstacl
1130
u’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit
d’
élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des id
1131
de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou
d’
abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des per
1132
nent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes
de
vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, d
1133
ls ont toujours été dans les périodes de vitalité
de
la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits o
1134
les périodes de vitalité de la culture — échanges
de
découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités a
1135
ture — échanges de découvertes à l’état naissant,
de
produits originaux, de curiosités avides, d’expressions authentiques
1136
uvertes à l’état naissant, de produits originaux,
de
curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de p
1137
ant, de produits originaux, de curiosités avides,
d’
expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non
1138
de curiosités avides, d’expressions authentiques
de
la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements
1139
es, d’expressions authentiques de la sensibilité,
de
passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème
1140
de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas
de
simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonner,
1141
assions mêmes, et non pas de simples déplacements
de
forts en thème — nous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer l
1142
: 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode
de
« l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et sim
1143
ion des personnes, des œuvres, et des instruments
de
travail, dans toute l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
1144
des instruments de travail, dans toute l’étendue
de
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bé
1145
l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
de
douane ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, do
1146
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou
de
visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge
1147
re. Et surtout ne proposons pas, dans ce domaine,
de
nouveaux organismes ! C’est la paresse d’esprit qui entraîne tant de
1148
omaine, de nouveaux organismes ! C’est la paresse
d’
esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles machines b
1149
d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer
de
nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture, c’est aussi
1150
poids mort des organisations ! Qu’on n’essaie pas
d’
organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respirat
1151
ser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée
d’
une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Q
1152
s vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas
de
créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe, elle était
1153
. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité
de
notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé
1154
e, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis
de
se reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse lib
1155
origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et
de
s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifeste
1156
n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir
de
mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe o
1157
richir de mille diversités. Qu’on la laisse libre
de
se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins
1158
er ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien
de
moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les
1159
un effort positif. Il serait insuffisant et vain
de
vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de
1160
implement à la condition libérale qui était celle
de
l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je
1161
était celle de l’esprit en Europe avant la guerre
de
1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’An
1162
s, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire
de
la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passepor
1163
Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte
de
visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réd
1164
titutions qui garantissent et manifestent l’unité
de
nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instr
1165
dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie
d’
instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut au
1166
ersité. Il faut doter l’Europe unie d’instruments
de
travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut aussi former les
1167
er les jeunes hommes qui deviendront les porteurs
de
l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles
1168
» que le xxe siècle a vu naître, il est frappant
de
constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe c
1169
s pays forment un ensemble, un complexe organique
de
culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-
1170
omplexe organique de culture, facile à distinguer
de
ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que
1171
mble n’ait pas encore été étudié en tant que tel,
d’
une manière systématique ; et qu’il n’existe aucune institution capabl
1172
ue ; et qu’il n’existe aucune institution capable
de
renseigner sur l’Europe en général, sur sa situation présente, sur l’
1173
en général, sur sa situation présente, sur l’état
de
ses forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes.
1174
a situation présente, sur l’état de ses forces et
de
ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin d’
1175
ur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin
d’
une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sent
1176
difficultés qu’a rencontrées la préparation même
de
cette conférence, et que ses insuffisances inévitables dans l’état ac
1177
s choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès
de
La Haye, avait été demandée la création d’un Centre européen de la cu
1178
ongrès de La Haye, avait été demandée la création
d’
un Centre européen de la culture, dont les attributions furent esquiss
1179
par la résolution culturelle du congrès. Au mois
de
février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’étud
1180
le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau
d’
études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septe
1181
péen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé
de
préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même an
1182
rgé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois
de
septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg vo
1183
er l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre
de
la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unan
1184
tembre de la même année, l’Assemblée consultative
de
Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation favorable à la cré
1185
nimité une recommandation favorable à la création
d’
un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Ge
1186
tre européen de la culture. Le travail du Bureau
d’
études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus prè
1187
éen de la culture. Le travail du Bureau d’études
de
Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus près la ques
1188
’études de Genève, depuis quelques mois, a permis
de
serrer de plus près la question. Il a conduit aux conclusions pratiqu
1189
t leur réserver. Il en va de même pour le Collège
d’
Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commi
1190
llège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait
de
former les « grands commis européens », dont les futures institutions
1191
commis européens », dont les futures institutions
de
l’Europe unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un pro
1192
idemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet
d’
Institut européen des sciences politiques et sociales ; et ce projet s
1193
ces politiques et sociales ; et ce projet surtout
d’
un Fonds européen pour les recherches scientifiques, dont l’importance
1194
mission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait
de
l’enseignement européen, deux mots seulement, mais importants. La pré
1195
x mots seulement, mais importants. La préparation
de
cette Conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur le
1196
t la qualité des rapports reçus sur les questions
d’
éducation, ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays.
1197
le monde se rend parfaitement compte que l’avenir
de
l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite
1198
enir de l’union européenne dépend en premier lieu
de
la création d’une élite responsable de jeunes gens, formés dans un es
1199
européenne dépend en premier lieu de la création
d’
une élite responsable de jeunes gens, formés dans un esprit supranatio
1200
emier lieu de la création d’une élite responsable
de
jeunes gens, formés dans un esprit supranational. Cette tâche, comme
1201
’écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté
de
plusieurs générations, [mais] réclame aussi un départ extrêmement vif
1202
aussi un départ extrêmement vif et net ». L’effet
de
choc que produira sur l’opinion publique l’institution rapide d’un en
1203
duira sur l’opinion publique l’institution rapide
d’
un enseignement européen constituera la meilleure propagande pour notr
1204
ent être créés par le blocage, au titre européen,
d’
une fraction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernem
1205
cage, au titre européen, d’une fraction du budget
de
l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée
1206
és. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment
d’
un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne so
1207
ettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre
de
priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de r
1208
s devant un choix. Un ordre de priorité doit être
d’
urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bom
1209
tre d’urgence établi. Il est probable que le prix
de
revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel
1210
ce établi. Il est probable que le prix de revient
d’
une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des instit
1211
institutions que nous venons de proposer. Le prix
d’
une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renais
1212
e bombe atomique couvrirait donc le budget global
d’
une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mor
1213
ouvrirait donc le budget global d’une renaissance
de
la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des
1214
e de la culture européenne. Construire des engins
de
mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millio
1215
e mort qui coûtent des milliards, quand on refuse
de
trouver les millions qui permettraient de développer la recherche sci
1216
refuse de trouver les millions qui permettraient
de
développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la
1217
ientifique pour la paix et la vie, c’est la folie
de
l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaud
1218
l ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que
de
nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture
1219
tre aussi mal civilisés. La Conférence européenne
de
la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, cont
1220
pour quelles fins réelles voulons-nous ces moyens
de
culture, et cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La
1221
ns-nous ces moyens de culture, et cette éducation
d’
une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle
1222
ture, et cette éducation d’une conscience commune
de
l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqu
1223
pas substituer aux nationalismes locaux une sorte
de
nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au mond
1224
e sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est,
de
tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa civilis
1225
toujours conçu sa civilisation comme un ensemble
de
valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une
1226
s universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous,
d’
opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Oue
1227
opposer une nation européenne aux grandes nations
de
l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthé
1228
nation européenne aux grandes nations de l’Est et
de
l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valab
1229
e aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni
de
vouloir une « culture européenne » synthétique, valable pour nous seu
1230
fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie
de
l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre
1231
e serait trahir le génie de l’Europe, nous couper
de
ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est de contr
1232
chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est
de
contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le mo
1233
es. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union
de
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de
1234
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen
d’
une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est l
1235
a leur seul salut, par le moyen d’une renaissance
de
leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. E
1236
d’une renaissance de leur culture dans la liberté
de
l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non pl
1237
vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus
de
dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer qu
1238
acceptons pas la scission que symbolise le rideau
de
fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occid
1239
de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen
de
ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’i
1240
amener vers l’Occident les peuples séparés, c’est
de
leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
1241
les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image
d’
une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend
1242
d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
d’
une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde
1243
lie, et divisée par vingt nationalismes et autant
de
barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une
1244
ée par vingt nationalismes et autant de barrières
de
douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe procla
1245
arrières de douanes, ne saurait plus être un pôle
d’
attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fer
1246
pliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit
de
parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission
1247
sérieux la vocation européenne, c’est une mission
de
vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir pl
1248
tir plus que jamais responsables. Il leur incombe
de
rappeler sans relâche aux gouvernants, comme aux législateurs sociaux
1249
eurs sociaux et aux experts, qu’un certain nombre
de
principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que
1250
nomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action
de
vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’el
1251
on de vigilance publique, on pourra dire vraiment
de
notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne.
1252
aiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès
de
la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, to
1253
conscience, en dernière analyse. C’est notre lot
d’
Européens, et c’est notre mission profonde, de préférer toujours la co
1254
lot d’Européens, et c’est notre mission profonde,
de
préférer toujours la conscience au bonheur. Vocation tragique et féco
1255
à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles
de
la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémoniqu
1256
est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal
d’
un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait tr
1257
mes, quelques prières. C’est par la musique seule
de
Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous
1258
es prières. C’est par la musique seule de Bach ou
de
Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respiro
1259
, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans
d’
innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de tr
1260
s pas réunis pour tracer des plans d’innocence et
de
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyen
1261
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement,
de
trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations
1262
ouver les moyens qui permettent le libre exercice
de
nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notr
1263
xercice de nos vocations tourmentées ; des moyens
de
vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. S
1264
ui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons
de
vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent e
1265
t, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel
de
la musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador
1266
ador de Madariaga, qui était d’ailleurs président
de
la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemon
1267
, qui était d’ailleurs président de la conférence
de
Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec la collab
1268
par M. Denis de Rougemont, avec la collaboration
de
M. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR). 8. Dans son remarq
1269
LR). 8. Dans son remarquable rapport qui a servi
de
base aux travaux de la Commission de l’enseignement et de l’éducation
1270
marquable rapport qui a servi de base aux travaux
de
la Commission de l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougem
1271
qui a servi de base aux travaux de la Commission
de
l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « R
1272
aux travaux de la Commission de l’enseignement et
de
l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’une
1273
nt et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis
de
, « Raisons et buts d’une conférence », Fédération, Paris, janvier 195
1274
NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts
d’
une conférence », Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il s’
1275
nis de Rougemont lors de la Conférence européenne
de
la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons
1276
Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins
de
cette édition numérique.
1277
surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté
de
l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que
1278
que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et
de
toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires
1279
de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un
de
nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que
1280
lisme est contre les patries (mais qu’il juge bon
de
le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amou
1281
pe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot
de
vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbécile ». Celui que
1282
que vous critiquez est tel sans aucun doute. Mais
d’
où sort-il ? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconn
1283
vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible
de
l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-nous exclue
1284
montrez, au paragraphe suivant, qu’il serait vain
d’
espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fassions ?
1285
en fassions ? (On m’assure que cela dépend aussi
de
Staline.) 2° « Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils son
1286
rante-deux articles) ». Montrez-nous donc un seul
de
ces articles qui dise, ou laisse entendre, que le Conseil de l’Europe
1287
t le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre
de
cet organisme est qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré s
1288
ute qu’on ne compte à Strasbourg qu’une trentaine
de
fédéralistes sur cent-un députés.) 3° La Grèce fait partie du Conseil
1289
nt été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle
d’
évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est
1290
ent, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et
de
l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnost
1291
us par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin
de
la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons s
1292
des sacrifices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a «
de
faux ou d’imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de
1293
ices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a « de faux ou
d’
imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interr
1294
e » dans le projet des fédéralistes, vous décidez
de
les interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vrai
1295
« fédéralistes » dans L’Esprit européen, recueil
de
neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tenda
1296
ences prononcées à Genève en 1949, par des hommes
de
tendances aussi opposées que Georg Lukács et Karl Jaspers. Parmi ces
1297
ré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Benda
de
confondre union et unification, de vouloir effacer les diversités san
1298
proche à Benda de confondre union et unification,
de
vouloir effacer les diversités sans lesquelles aucune fédération n’es
1299
fédération n’est possible. » C’est la seule page
de
ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un point de la do
1300
ule page de ce gros livre où vous aviez la chance
de
tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous ci
1301
re où vous aviez la chance de tomber sur un point
de
la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attri
1302
ersité, formule suisse) étant à l’opposé de celle
de
Benda (qui veut l’unification, formule jacobine) vous déclarez que la
1303
vous déclarez que la seconde n’est que « l’aveu »
de
ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rien ne saur
1304
mais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie
de
leurs positions, et votre belle colère se trompe d’adresse. De quoi c
1305
leurs positions, et votre belle colère se trompe
d’
adresse. De quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison atta
1306
tions, et votre belle colère se trompe d’adresse.
De
quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous d
1307
ez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin
d’
identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près
1308
tifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même,
de
l’à-peu-près journalistique. Pour en finir, je vous envoie ma petite
1309
’Attitude fédéraliste . Vous y trouverez beaucoup
d’
attaques contre le nationalisme, contre l’État-nation, contre sa préte
1310
riotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons
de
penser que ce texte exprime le « projet des fédéralistes » plus fidèl
1311
quoi, cette lettre est inutile, si l’on a décidé
d’
appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
1312
s » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
de
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a de
1313
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien
de
s’unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils e
1314
uand vous aurez renoncé à le confondre avec celui
de
Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce
1315
oncé à le confondre avec celui de Benda, ou celui
de
Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce que vous proposez.
1316
proposez. Car je ne vais pas vous faire l’injure
de
croire que vous trouvez que tout va très bien ainsi, ou que vous pens
1317
ant toutes petites et mignonnes. Elles ont besoin
de
vous aussi, non point pour les louer contre nous, mais pour les défen
1318
« Europe vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis
de
, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950
1319
t Denis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté
de
l’esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
1320
Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est imp
1321
sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible
de
sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de
1322
i l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou
de
sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa p
1323
e sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert
de
faire durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les
1324
ême temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer,
de
conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa re
1325
a créature — l’Europe — si l’on tarit les sources
de
sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir le d
1326
recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus
d’
entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’acc
1327
e désir créateur, si on le prive des possibilités
de
s’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’im
1328
mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme
d’
une civilisation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret d
1329
i avait su remplacer toutes les autres. Le secret
de
ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture a
1330
unie, c’est même plus que probable, par les soins
d’
experts étrangers, ou d’une police qui a fait ses preuves ailleurs déj
1331
e probable, par les soins d’experts étrangers, ou
d’
une police qui a fait ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu
1332
es ailleurs déjà. Mais elle aura perdu le ressort
de
son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa gra
1333
e, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir
d’
un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si
1334
ir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe
de
recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si cett
1335
pe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle
de
son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non point sa con
1336
l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre
de
la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meu
1337
et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc
de
ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les deux colosse
1338
it actuellement ce qu’on peut appeler une névrose
d’
infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais
1339
ifient pas le désespoir, mais seulement un effort
de
redressement. Entre 200 millions de Russes et 150 millions d’Américai
1340
ent un effort de redressement. Entre 200 millions
de
Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rid
1341
ent. Entre 200 millions de Russes et 150 millions
d’
Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 mi
1342
d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau
de
fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disposons de plus d’un qu
1343
à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions
d’
Européens. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, et près d’un
1344
300 millions d’Européens. Nous disposons de plus
d’
un quart du charbon, et près d’un tiers de l’électricité que produit a
1345
disposons de plus d’un quart du charbon, et près
d’
un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous dis
1346
de plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers
de
l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surt
1347
it aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout
de
ressources humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’
1348
ont les traditions ne s’imitent pas, une capacité
d’
invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous invent
1349
re : presque tous leurs grands noms sont des noms
de
l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
1350
ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
de
nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou pa
1351
maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés
de
Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus. Le monde moderne tout enti
1352
e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés
d’
art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie e
1353
is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et
de
construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de méde
1354
os objets, nos procédés d’art et de construction,
de
transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos arme
1355
rocédés d’art et de construction, de transport et
de
gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous,
1356
de construction, de transport et de gouvernement,
d’
industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les
1357
, de transport et de gouvernement, d’industrie et
de
médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient
1358
ous, nous copions tout au plus quelques citations
de
leurs sages, quelques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de
1359
elques citations de leurs sages, quelques statues
de
leurs dieux, ou quelques rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que s
1360
lques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes
de
leurs danses. ⁂ Finalement, que sont les empires qui prétendent parta
1361
du Nord et la Russie de Staline sont des produits
de
notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a de
1362
’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a
de
moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les grat
1363
a de moderne justement. Calvin et le puritanisme,
d’
un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les
1364
isme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système
de
Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclai
1365
e-éclair qui sont des inventions européennes ; et
de
l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’instruction publique et
1366
nstruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie
de
l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pè
1367
ypertrophie de l’appareil étatique, et des copies
de
l’art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce
1368
ppareil étatique, et des copies de l’art officiel
de
nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’est point par ha
1369
ces deux grands pays semblent appeler ce procédé
de
description : leurs traits les plus frappants et qu’ils croient spéci
1370
en que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus
d’
un sens, sont en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
1371
ité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
de
malentendu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même plan
1372
suffiront. Entre l’Amérique et nous, qu’y a-t-il
de
commun ? Il y a tous les principes fondamentaux de notre civilisation
1373
e commun ? Il y a tous les principes fondamentaux
de
notre civilisation ; il y a l’exercice des mêmes libertés ; il y a de
1374
mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal
de
liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il n’y a en comm
1375
our nous liberté politique. s. Rougemont Denis
de
, « Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », Fra
1376
ue. s. Rougemont Denis de, « Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture », France indépendante, Paris,
1377
présente cette semaine à ses lecteurs, un extrait
de
l’importante conférence prononcée par Denis de Rougemont au congrès d
1378
rence prononcée par Denis de Rougemont au congrès
de
La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour
1379
à remercier M. de Rougemont pour son autorisation
de
publier ces lignes qui suscitèrent, nous en sommes certains, chez nos
1380
t-John Perse et l’Amérique (1950)m La grandeur
de
cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se
1381
à, posant elle-même ses mesures. La première page
d’
Anabase lorsqu’elle parut, constitua pour nous le fait du prince, tout
1382
rer dans la durée, — ce dont plusieurs doutaient,
de
ma génération. (D’où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un
1383
— ce dont plusieurs doutaient, de ma génération. (
D’
où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un jeune amour veut so
1384
t, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues
de
Manhattan, il marchait lentement, régulièrement, comme ceux qui vont
1385
, comme ceux qui vont très loin, ou qui pensent à
de
grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou da
1386
e grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas
d’
empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont il parle dans Neiges
1387
i n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre
d’
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire de l’instant, homme
1388
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire
de
l’instant, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exe
1389
n », il nous donnait un haut exemple du bon usage
de
l’exil : sans plainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la
1390
avait su rester sensible dans l’action ; soucieux
de
voir, non d’être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des de
1391
er sensible dans l’action ; soucieux de voir, non
d’
être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molesté
1392
re, enfin, dans son retrait, des destins molestés
de
la France, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyam
1393
extravagants » qui tenaient bruyamment le devant
de
la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je
1394
uyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas
de
l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarqu
1395
ène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps
de
parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relations qui se
1396
atique. J’y verrais même la meilleure description
de
l’essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le suj
1397
ture et l’invention du Nouveau Monde ont illustré
d’
accidents séculaires. Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans
1398
oire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte
de
terres en marche vers l’ouest », contre le vent qui souffle en est. D
1399
ers l’ouest », contre le vent qui souffle en est.
De
l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes,
1400
r nylon, les grands rapides « avec leur provision
de
glace pour cinq jours », la « mouette mauve du Mormon », ou cette « c
1401
maïs noir — non violet », enfin « les siffloteurs
de
blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’h
1402
les siffloteurs de blues dans les usines secrètes
de
guerre », au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme
1403
s usines secrètes de guerre », au « pire scandale
de
l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence
1404
au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est
de
l’homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandisseme
1405
homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et
d’
un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poèm
1406
dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement
de
l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa sou
1407
, peuvent être vues comme une seule et même geste
de
l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœ
1408
’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est
d’
un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans l
1409
mouvement lié, que mon poème encore dans le vent,
de
ville en ville, de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de
1410
mon poème encore dans le vent, de ville en ville,
de
fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de la terre… Congénia
1411
de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles
de
la terre… Congénialité du poème et de cette Amérique ourdie par les
1412
tes houles de la terre… Congénialité du poème et
de
cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violenc
1413
ment crée l’énergie, le rayonnement et les trains
d’
ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens
1414
s le poème, il crée littéralement le sens. (Point
de
départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa for
1415
, il crée littéralement le sens. (Point de départ
d’
une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynam
1416
nous filaient entre les doigts — grands virements
de
comptes et glissements sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici
1417
osition me semble offrir ici l’équivalent en mots
d’
un accord en musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons
1418
où l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués
de
l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale,
1419
plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et
de
l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origine
1420
ase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques
de
ce siècle : chants de violence heureuse, refus du désespoir (qui nour
1421
i les rares œuvres toniques de ce siècle : chants
de
violence heureuse, refus du désespoir (qui nourrit la plupart des poè
1422
respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur
de
la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectab
1423
autres les expressions du délaissement, du dégoût
de
vivre ou des chagrins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse… s’
1424
nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment
de
l’acte, distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de
1425
ion vers l’avenir et naissance du chant. Un chant
de
force pour les hommes… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien
1426
poésie des « blues » fait illusion : temps faible
d’
un grand rythme souple, dont il devrait être interdit de l’isoler.) Co
1427
rand rythme souple, dont il devrait être interdit
de
l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’exil int
1428
er.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin
de
l’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’au
1429
témoin de l’exil intérieur en Europe. L’un parle
de
hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s
1430
’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur,
d’
exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au
1431
ope. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre
d’
humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des chose
1432
ce propos une hypothèse critique, qui permettrait
de
situer les grands poèmes du siècle. Si l’élément sentimental domine c
1433
uel, c’est dans l’élément animique que les poèmes
de
Saint-John Perse trouvent leurs lois et leurs cadences : Et c’est pa
1434
à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil
de
ces menées nouvelles au lit du vent. Et c’est conseil encore de fo
1435
velles au lit du vent. Et c’est conseil encore
de
force et de violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents
1436
t du vent. Et c’est conseil encore de force et
de
violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents du Nouveau M
1437
e comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve
de
pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les ri
1438
n rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est
de
l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage fra
1439
urs voluptueuses du plus pur langage français, et
de
cette « rhétorique profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L
1440
it un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision
de
l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fu
1441
n de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision
de
l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, ma
1442
rocédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies
d’
un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les p
1443
yriques, et l’édification sur table rase des lois
d’
une cité émergeant de son rêve. C’étaient de très grandes forces en c
1444
tion sur table rase des lois d’une cité émergeant
de
son rêve. C’étaient de très grandes forces en croissance sur toutes
1445
lois d’une cité émergeant de son rêve. C’étaient
de
très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et q
1446
ès grandes forces en croissance sur toutes pistes
de
ce monde, et qui prenaient source plus haute qu’en nos chants, en lie
1447
aient source plus haute qu’en nos chants, en lieu
d’
insulte et de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô mond
1448
plus haute qu’en nos chants, en lieu d’insulte et
de
discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier des
1449
e mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus
d’
états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée
1450
monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états
d’
âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de va
1451
à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme,
de
sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de vastes es
1452
us d’états d’âme, de sentiments individuels, mais
de
« la terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute rac
1453
nts individuels, mais de « la terre distribuée en
de
vastes espaces », des hommes de toute race et de toute façon, de « pa
1454
rre distribuée en de vastes espaces », des hommes
de
toute race et de toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de
1455
de vastes espaces », des hommes de toute race et
de
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par
1456
es », des hommes de toute race et de toute façon,
de
« pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’u
1457
hommes de toute race et de toute façon, de « pans
de
siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’une âme san
1458
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et
de
peuples lus « par nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient d’un
1459
s en voyage » et de peuples lus « par nations » ;
d’
une âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont le poète déchiffr
1460
ar nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient
d’
une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inve
1461
s messages. Itinéraires et inventaires, sommation
de
nos « voies et façons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », — il
1462
sommation de nos « voies et façons » et « chants
d’
un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait
1463
ançais ait ouvert aux Américains les perspectives
de
l’épopée globale que l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans
1464
pée globale que l’histoire désormais leur assigne
de
vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut le précédent de Lafay
1465
un autre ordre, cependant, il y eut le précédent
de
Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le c
1466
s seulement le poème du lyrisme, le chant profond
de
l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour
1467
l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir
d’
Automne, sur les derniers roulements d’orage… Demain, ce continent lar
1468
s, un soir d’Automne, sur les derniers roulements
d’
orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit une description charmant
1469
S’ensuit une description charmante et déchirante
d’
une France désuète et qui naguère encore périssait « par excès de sage
1470
suète et qui naguère encore périssait « par excès
de
sagesse », d’une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent
1471
aguère encore périssait « par excès de sagesse »,
d’
une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques
1472
ur avec le vent des Amériques. Au plus haut point
de
ce très haut poème, Saint-John Perse a rejoint notre vœu. Nous l’atte
1473
se a rejoint notre vœu. Nous l’attendrons un soir
d’
automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des h
1474
la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes «
d’
hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la gestion humaine, non dans
1475
prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, —
d’
hommes entendus dans la gestion humaine, non dans la précession des éq
1476
es équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant
d’
une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plu
1477
, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plus
de
qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âm
1478
us de qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas
d’
auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse
1479
e plus grands mouvements… qui nous remplisse plus
de
la vapeur du dieu qui l’agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Avers
1480
e âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasard
de
ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de
1481
mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables
de
bonheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureu
1482
Où sont les grands poètes capables de bonheur, et
de
grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus
1483
Arabes et Chinois peut-être… m. Rougemont Denis
de
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris
1484
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers
de
la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.