1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 ait l’intégration fédérale des nations, renonçant à leur souveraineté absolue au profit d’une constitution commune. Dans
2 Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux réserves préala
3  bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’espri
4 , deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments
5 is si nous passons du plan de cette microhistoire à l’histoire générale, tout change. Nous voyons tout d’abord que cent a
6 dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, qui el
7 onsidérations, dans leur simplicité, sont propres à nous rappeler que l’évolution humaine ne s’arrêtera pas avec nous, qu
8 ormes politiques et sociales, presque impossibles à prévoir aujourd’hui, mais dont il est certain qu’elles apparaîtront,
9 une goutte de vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites dans le temps comme dans l’espace nous s
10 de. En effet, les proportions de notre expérience à l’histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu
11 oire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé,
12 ommencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mo
13 peut-être ne mourra-t-il que dans sa réalisation à une échelle infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse
14 s. Traduisons graine par idée. Le dilemme revient à ceci : ou bien notre État fédéral, après un siècle et demi ou deux, d
15 mme toutes les grandes idées, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une formule ; car elle est d’un type org
16 scientifique que les théories totalitaires, liées à l’esprit rationaliste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut êtr
17 ue du xixe siècle. Elle ne peut être comparée qu’ à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre,
18 iècle. Elle ne peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan stati
19 hme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par la réduction i
20 ’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par la réduction impitoyable des résistances, ma
21 qu’il s’agit de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On ne saurait trop insiste
22 le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le penser ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonom
23 olitiques par définition, puisqu’elles consistent à écraser les diversités par incapacité de les composer en un tout orga
24 que l’idée fédéraliste est à la fois très simple à sentir et très délicate à formuler, qu’on la trouve en fait si rareme
25 t à la fois très simple à sentir et très délicate à formuler, qu’on la trouve en fait si rarement formulée dans notre his
26 ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant
27 ’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre pr
28 e qu’on s’est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre praxis politique
29 meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en chercha
30 . Nous ne pourrons mieux le faire qu’en cherchant à dégager, après coup, les quelques principes directeurs qui semblent a
31 Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à toute idée d’hégémonie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une
32 même vérité simple que notre réussite confirme : à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonça
33 tteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’à l’unifica
34 ns impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’ à l’unification, caricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne
35 Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’une nation
36 pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités c
37 té ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’ à ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. P
38 plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’ à ses yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait auss
39 nt nécessairement l’un de ces groupes, tendraient à réduire leur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dim
40 réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qu
41 don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis de, « L’idée fédéraliste », La Démo
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
42 vente des machines qui font déjà mille kilomètres à l’heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe
43 que, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vous de prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais u
44 ait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’est pas
45 . J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer mainte
46 ue l’évocation des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer maintenant que dans quel
47 ver amusant d’aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et pr
48 aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et principal soit d
49 e plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques,
50 seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamai
51 que n’a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons à vos enfantillages.1 2. Utopies et prévisions La faiblesse gén
52 les proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette soci
53 ’on en compose un système en équilibre permanent, à l’abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensi
54 d’abord de composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au
55 que pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins deux solutions possibles. Détourner constamment l
56 t l’imagination de la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche e
57 s, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enf
58 ener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par anti
59 L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilibre humain
60 s vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». E
61 de la science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autorité que nous retirons à la religion et aux moral
62 dons à cette science l’autorité que nous retirons à la religion et aux morales qui en dérivent. La conception du monde la
63 u moins s’informera de ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de la phy
64 même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatéri
65 tome à de l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’
66 les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-
67 oulait et croyait fuir. Nous ne pensons encore qu’ à gagner du temps. Mais quand nous aurons tout le temps, qu’en ferons-n
68 cience et la vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste le
69 itesse tendent par leur succès même à dépasser et à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait.
70 érique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’ à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de
71 locaux. Ces deux passions produisent des guerres, à la faveur desquelles les possibilités destructrices de la technique s
72 ilités destructrices de la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne
73 ise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’ à nous figurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition d’un choix d
74 allons même jusqu’à nous figurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition d’un choix d’objets toujours plus étendu…
75 i que les civilisations se développent en réponse à des challenges variés, et que chaque réponse victorieuse suscite un n
76 lenge 3, quels développements devons-nous prévoir à partir du complexe de tensions que l’on vient de caractériser ? Au ch
77 la question sociale, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans la prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle
78 sée. En ce milieu du xxe siècle, on peut prévoir à chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos pa
79 Dans l’éventualité d’une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau challenge qui ne manquerait
80 empête, mais bien dans un appartement climatisé.) À ce challenge en quelque sorte négatif, et par là même plus redoutable
81 . 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et p
82 ion métaphysique que l’Ennui risquerait de mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persécutés et
83 e initiée par une élite en tous points comparable à celle de nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, e
84 ymbolique de Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi de
85 et Marx, qui ont contribué d’une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leurs prévisions. Saint-Si
86 t contribué d’une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leurs prévisions. Saint-Simon a fourni le
87 Jacob Burckhardt) les annonçaient avec précision à la même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee, A Study of History. a. Roug
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
88 aye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous interroger sur la valeur même de l’Europe, dans le monde, et pou
89 erions assurés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait ap
90 politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture
91 tiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cel
92 s cesse toutes les activités publiques et privées à une notion toujours plus haute et large de l’homme et de sa liberté ;
93 t de génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée
94 els : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple, ma
95 ue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianisme, Église et État, catho
96 t de l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, av
97 t et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradic
98 ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction
99 enue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au
100 ustice ou de l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appelle aujourd’hui totalitaires) contre
101 rd’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’es
102 l’individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a
103 s pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en créations no
104 passe en créations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentati
105 e et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’en
106 arti ou idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et divisio
107 et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelles, linguistiques, économiques et administrativ
108 individualisme national, qui tend nécessairement à l’autarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle d
109 aiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
110 idéologies. Aussi indispensables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tend
111 nsables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des division
112 vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions mortelles. Tandis que les f
113 à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions mortelles. Tandis que les frontières étatiques
114 ons vers l’autarcie économique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans l’organisation du continent n’est pas moins da
115 l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre avenir. De même
116 ’ont de chance de survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique de leur souveraineté absolue, les partis n’
117 lutte que s’ils en limitent l’ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et subordonnent leur tactique à la stratégie
118 visée totalitaire, et subordonnent leur tactique à la stratégie générale d’une action de salut public européen. c. R
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
119 ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seu
120 retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, par
121 nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut r
122 glée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette gue
123 e entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que
124 ous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du ri
125 ier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire de
126 gresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les chose
127 beaucoup — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en c
128 aire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale. C’est avec tous ces
129 tions et progrès, individu et collectivité, ordre à tout prix et justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
130 combinés et permutés, sans parler de leur ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’
131 les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne d
132 trice qui pousse l’Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la s
133 avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent
134 utre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risqu
135 ce, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les m
136 rait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus
137 , mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéolog
138 de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous par
139 ne méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer
140 ter. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut ab
141 bles, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tension, de composer en vi
142 formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son pri
143 s votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart, vous courez trop de dangers de « mystifications » par les fo
144 ans la revue Esprit cette phrase que je propose à votre admiration : Affirmer une vigilance de fer (à l’égard du mouve
145 re l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est,
146 er. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler
147 terai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont
148 rbonne. Les extraits que l’on va en lire montrent à quel point les préoccupations et les positions de l’auteur de Penser
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
149 La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième
150 , etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors subie par l
151 ar les parents ou responsables, et va de l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui
152 ens d’examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois pays : la Belgique, la France et
153 l’inspecteur d’académie, consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate n
154 consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici ou là, en
155 ance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un
156 Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton à l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé du samedi
157 er une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions reli
158 ctions religieuses lui interdisent de l’admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinquante-sept heur
159 é de payer des amendes allant successivement de 3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’en a
160 ement de 3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidi
161 en a pas moins été condamné (après « récidives ») à trois, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il
162 été condamné (après « récidives ») à trois, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fi
163 s, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraî
164 ons tout d’abord que le nombre, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que p
165 étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religions moins une — celle que
166 n aboutirait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se
167 fondamentales, ont un intérêt évident et capital à respecter minutieusement ces libertés. Céder sur une question de prin
168 es tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’on sait aujourd’h
169  », mais plus complexe et plus précise, suffirait à résoudre des conflits du genre de ceux que l’on vient de citer. Il se
170 utes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’appar
171 itimes d’absence aux cours » le fait d’appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imagine qu’on op
172 nir à certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imagine qu’on opposera deux objections courantes : on dira qu’
173 ngereux de créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pa
174 faces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lo
175 s » s’ingénient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit
176 ient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir o
177 du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire p
178 être raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures
179 es « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’une part,
180 i. Et d’autre part, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se r
181 gard, on s’étonnera que les Suisses, si attentifs à respecter dans leur régime fédéraliste les droits des langues, des ra
182 es que suscitent leurs croyances, m’a paru propre à illustrer d’une manière bien précise le problème général de la libert
183 cise le problème général de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique
184 sur le Sabbat, mais je sais que toute restriction à la liberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et
185 h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
186 on va nous demander : pourquoi l’Europe ? Tant qu’ à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous arrêter dans notr
187 a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à
188 rique et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retir
189 était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant r
190 e n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au con
191 ns, les plus simples du monde, mais d’une logique à laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me soustraire : D
192 ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seu
193 retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parc
194 nier : aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance ; aucun de nos pays ne peut
195 glée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette gue
196 e entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel qu
197 je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du ri
198 ier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire de
199 gresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les chose
200 beaucoup — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en c
201 aire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale… C’est avec tous ces
202 l’on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifie
203 erver, c’est de les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore notre fédération européenne. Car c’e
204 récisément quand on veut les unir, qu’on découvre à quel point tous les Européens résistent dans leurs différences, et pe
205 tions et progrès, individu et collectivité, ordre à tout prix et justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
206 ombinés et permutés, sans parler de leurs ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’
207 les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne d
208 trice qui pousse l’Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la s
209 avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent
210 utre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risqu
211 ce, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les m
212 rait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus
213 mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéolog
214 e la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous par
215 ne méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer
216 ter. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut ab
217 bles, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tension, de composer en vi
218 formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son pri
219 hode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de l
220 tiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assigne une pareille attitu
221 s adversaires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abor
222 té, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au plan européen, et finalement au plan mon
223 sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes, et que
224 toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire
225 Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos pays des administrations largement autonomes. Ce que nous voulons
226 dienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs étatiques, les m
227 ope depuis deux ans et qui est en train d’aboutir à certains résultats concrets. La Conférence des Cinq va peut-être acce
228 miers résultats concrets, les risques s’aggravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaque instant dévier vers
229 ravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaque instant dévier vers on ne sait quelles alliances d’États souve
230 -gardes fédéralistes, et d’imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux dire : à l’information de l
231 notre propagande populaire, ou pour mieux dire : à l’information de la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vich
232 on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il e
233 ier sortir de la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient dans leur trou. Il y
234 s votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart, vous courez trop de dangers de ‟mystifications” par les forc
235 re l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est,
236 er. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler
237 terai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont
238 ogène avait bien tort quand il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même.
239 ralistes, en invitant gouvernements et parlements à convoquer cette année une Assemblée européenne. C’est maintenant — ou
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
240 subtile, et peut-être plus effective, en imposant à tous les continents un certain angle de vision de la destinée, une no
241 er. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la
242 en quelque sorte purifiés. Ils nous ont condamnés à ne représenter que l’essentiel d’une civilisation : son génie, ses me
243 suprématie de la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou
244 ees ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous de ces armes inventées par nous, et qu’ils o
245 cains compris. Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel de son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment al
246 pratiquement réduite à l’essentiel de son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la défendre ? Là-d
247 Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de février de cette année. Son
248 les responsables d’une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et il rassemble une équip
249 aucun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé, ils vont pouvoir prendre leur part
250 ence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Groupes d’étude
251 étatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message
252 i, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale de
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
253 e cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son ind
254 aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise.
255 e la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, p
256 s en train de préparer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série de 16 volumes éd
257 culturelle européenne qui aura lieu, en octobre, à Lausanne. Ce qui me préoccupe sans relâche c’est une œuvre très impor
258 iate d’étudier et de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens s
259 s qui affectent la vie de l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis
260 Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de l’émi
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
261 ssance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’A
262 petit continent, divisé en vingt-quatre nations, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands de colonisation ou d’annexi
263 core maîtresse de la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance économique, et son indépendance pol
264 e peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Te
265 tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les prom
266 en adoptant l’ordre totalitaire, celui qui règne à Varsovie. » C’est lui aussi qui nous empêche de dire à nos amis améri
267 sovie. » C’est lui aussi qui nous empêche de dire à nos amis américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets d
268 s, et que prépare notre Bureau d’études. Installé à Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techni
269 n. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune d
270 afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune de nos cultures : telle sera la double ambition de la Confére
271 n de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement européen.
272 ar toutes les puissances comme étant « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pour le moment, notre pleine participatio
273 olitiques du continent. Et pourtant, nul ne songe à défendre un isolationnisme suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun
274 ’Europe ? La réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement européen, on a reconnu que le domaine
275 anière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les objectifs politiques du Mouvement (le Con
276 Mouvement (le Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que la fédération du continent se dessine et prend corps, la n
277 ’exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation en accueillant, soutenant et animant le foyer mêm
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
278 Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut
279 ais l’expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformation que vient de subir la puissance apparente d
280 ’Europe paraît avoir été défaite, et sa défection à l’Histoire devient une possibilité. À peine libérée dans ses ruines,
281 re les deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouve
282 empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et mal
283 in de la crise assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage de M. Olivier Philip une importance particulière : non pas
284 de l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de conscience active de notre sort, sans laquelle les tra
285 uête efficace par sa lucidité. La première touche à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analy
286 dité. La première touche à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent
287 trinaire). Mais il tend, si l’on n’y prend garde, à évacuer la politique, au sens légitime de ce terme. Il tend à substit
288 politique, au sens légitime de ce terme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parc
289 erme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision propre
290 storique adroitement condensé, l’auteur souligne, à plusieurs reprises, l’influence « déterminante » de l’aile fédéralist
291 on. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement praticable en princi
292 s de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’
293 ence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités. u. Rougemont Denis de, Philip Olivier, « [Préface]
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
294 it dire aux troupiers : « Il ne faut pas chercher à comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière proprement européenne d’
295 contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l
296 er vite, et viser juste. Tandis que s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temp
297 ’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que posent nos circonstances historiques : pou
298 ces historiques : pourquoi l’Europe ? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’exi
299 mes ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui
300 es mesures pratiques et institutionnelles propres à garantir et développer l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l
301 e Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir l’Eur
302 , de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la v
303 e qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la vraie définition de l’Europe
304 son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la vraie définition de l’Europe, une et diverse. De mêm
305 même, dès que l’on parle de culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites : inventions techniques et beaux-art
306 ats académiques auxquels prêtent ces définitions. À toutes fins utiles, elle partira de l’idée que la culture, ce sont le
307 on travail ici, personne ne perdra plus son temps à se demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses frui
308 er ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux q
309 istinguer l’approche des catastrophes. On demande à certains « grands noms » de venir participer au sauvetage de l’Europe
310 pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’ à Dieu ne plaise, dans certains « camps de rééducation sociale », ils a
311 bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas indifférent au
312 s indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusion, ni aux entraves qu’elle rencontre partout aujourd’hui
313 censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport g
314 oupes ont donné des réponses détaillées. Je tiens à souligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. Nous
315 is de mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquement un inventaire aussi des lacunes, des obstacl
316 bien que ce rapport n’est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conférence. Il en introduit les s
317 it les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront proposées et mises au po
318 u problème des échanges, l’autre aux institutions à développer ou à créer, les problèmes non techniques restant, bien ent
319 changes, l’autre aux institutions à développer ou à créer, les problèmes non techniques restant, bien entendu, réservés a
320 ieu de prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question
321 e nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — L
322 est tout le problème qu’il faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À cet égard, il me paraît que certaines expr
323 erts et aux documents officiels, seraient propres à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser les échang
324 de correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement » immé
325 turels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés
326 culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que leurs douan
327 s et leurs agents fiscaux sauront bientôt réduire à presque rien. Il en résulte au mieux quelques petits décrets concerna
328 d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autr
329 vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expre
330 pression pure et simple, immédiate, des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de
331 la paresse d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture,
332 oins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les maux que vous allez recenser. II. Les institution
333 e vous allez recenser. II. Les institutions À la suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit
334 la suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisa
335 insuffisant et vain de vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la
336 » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réduire les nationalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par la
337 l’Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui de
338 e monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particuliè
339 , tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particulière. Pourtant,
340 itent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particulière. Pourtant, il est incontestable que nos p
341 nsemble, un complexe organique de culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent sou
342 évitables dans l’état actuel des choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la créati
343 is de février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enf
344 ée, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre eu
345 votait à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau
346 erver. Il en va de même pour le Collège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commis europée
347 s, dont l’importance capitale ne saurait échapper à personne, et dont M. Dautry a magistralement exposé les motifs. II
348 xposé les motifs. III. L’enseignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’enseigne
349 seignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’enseignement européen, deux mots seule
350 s reçus sur les questions d’éducation, ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays. Tout le monde se rend
351 réveillés, les États et l’économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant u
352 et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être re
353 La Conférence européenne de la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, contre une pareille folie, l
354 t humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une ren
355 ns la pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette act
356 ns que l’Europe perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance
357 à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra dire vraiment
358 s apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nô
359 s clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’un
360 Conférence européenne de la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons rajouté le participe passé
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
361 Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’est pas sans surprise
362 r ami, Ce n’est pas sans surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la
363 le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux articles) ».
364 de cet organisme est qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré ses très graves imperfections, au progrès vers l’
365 u progrès vers l’union européenne, laquelle reste à faire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on ne compte à Strasbourg qu’u
366 ire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on ne compte à Strasbourg qu’une trentaine de fédéralistes sur cent-un députés.) 3°
367 il se déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de l’isolement, la mort de
368 européen, recueil de neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tendances aussi opposées que Georg
369 te déclaré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Benda de confondre union et unification, de vouloir effacer les diver
370 re « faux et imbécile », quand vous aurez renoncé à le confondre avec celui de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on
371  » ? Un gage. r. Rougemont Denis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
372 ans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’
373 ⁂ Mais en retour, sans une culture active rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut
374 r du monde, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une
375 deur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix 
376 us sa liberté ? L’Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a ja
377 ses et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disp
378 sont les empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des prod
379 lus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des in
380 ent spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas, sur table rase, sans mesure ni c
381 e, sans mesure ni critique, méthodiquement, jusqu’ à la monstruosité. Si bien que l’Amérique et la Russie moderne, dans pl
382 pas de malentendu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même plan l’Amérique et la Russie. Deux constatations t
383 te : « France Indépendante présente cette semaine à ses lecteurs, un extrait de l’importante conférence prononcée par Den
384 ar Denis de Rougemont au congrès de La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son autorisation
385 au congrès de La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son autorisation de publier ces lignes
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
386 nt, comme ceux qui vont très loin, ou qui pensent à de grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou
387 es Belles du Sud, les jambes longues des filles «  à la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur
388 ect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans le vent, de ville en
389 rend son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde
390 la plupart des poètes modernes5). Tout y respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots fave
391 veut prince, et l’autre moine-mendiant. Risquons à ce propos une hypothèse critique, qui permettrait de situer les grand
392 ez Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire place à l’intellectuel, c’est dans l’élément animique que les poèmes de Saint
393 ences : Et c’est par un matin, peut-être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Q
394 , pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvelle
395 ories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme, de sentiments individu
396 ussi, dans sa dernière partie, le poème du retour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les
397 a dernière partie, le poème du retour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers rou
398 vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la g
399 n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse plus de la vapeur