1
ait l’intégration fédérale des nations, renonçant
à
leur souveraineté absolue au profit d’une constitution commune. Dans
2
Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple
à
suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux réserves préala
3
bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé
à
l’admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’espri
4
, deux réserves préalables se présentent aussitôt
à
l’esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments
5
is si nous passons du plan de cette microhistoire
à
l’histoire générale, tout change. Nous voyons tout d’abord que cent a
6
dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’est
à
son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, qui el
7
onsidérations, dans leur simplicité, sont propres
à
nous rappeler que l’évolution humaine ne s’arrêtera pas avec nous, qu
8
ormes politiques et sociales, presque impossibles
à
prévoir aujourd’hui, mais dont il est certain qu’elles apparaîtront,
9
une goutte de vin dans la mer. Ensuite, ce rappel
à
nos dimensions très réduites dans le temps comme dans l’espace nous s
10
de. En effet, les proportions de notre expérience
à
l’histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu
11
oire générale sont à peu près celles de la graine
à
l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé,
12
ommencement. C’est le lieu d’un passage de la vie
à
la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mo
13
peut-être ne mourra-t-il que dans sa réalisation
à
une échelle infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse
14
s. Traduisons graine par idée. Le dilemme revient
à
ceci : ou bien notre État fédéral, après un siècle et demi ou deux, d
15
mme toutes les grandes idées, mais non pas simple
à
définir en quelques mots, en une formule ; car elle est d’un type org
16
scientifique que les théories totalitaires, liées
à
l’esprit rationaliste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut êtr
17
ue du xixe siècle. Elle ne peut être comparée qu’
à
un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre,
18
iècle. Elle ne peut être comparée qu’à un rythme,
à
une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan stati
19
hme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie
à
rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par la réduction i
20
’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique
à
réaliser en x années par la réduction impitoyable des résistances, ma
21
qu’il s’agit de composer, non de soumettre l’une
à
l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On ne saurait trop insiste
22
le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques
à
le penser ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonom
23
olitiques par définition, puisqu’elles consistent
à
écraser les diversités par incapacité de les composer en un tout orga
24
que l’idée fédéraliste est à la fois très simple
à
sentir et très délicate à formuler, qu’on la trouve en fait si rareme
25
t à la fois très simple à sentir et très délicate
à
formuler, qu’on la trouve en fait si rarement formulée dans notre his
26
ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis
à
la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant
27
’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et
à
philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre pr
28
e qu’on s’est mis à la commenter et à philosopher
à
son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre praxis politique
29
meilleure défense est dans l’attaque, nous invite
à
en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en chercha
30
. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en cherchant
à
dégager, après coup, les quelques principes directeurs qui semblent a
31
Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement
à
toute idée d’hégémonie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une
32
même vérité simple que notre réussite confirme :
à
savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonça
33
tteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant
à
des moyens impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’à l’unifica
34
ns impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’
à
l’unification, caricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne
35
Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement
à
tout esprit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’une nation
36
pas mettre en ordre d’après un plan géométrique,
à
partir d’un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités c
37
té ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’
à
ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. P
38
plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’
à
ses yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait auss
39
nt nécessairement l’un de ces groupes, tendraient
à
réduire leur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dim
40
réalités d’un trait de plume, de tirer des plans
à
la règle et de forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qu
41
don que nous pouvons lui faire en restant fidèles
à
nous-mêmes. b. Rougemont Denis de, « L’idée fédéraliste », La Démo
42
vente des machines qui font déjà mille kilomètres
à
l’heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe
43
que, ses spéculations les plus « folles » ! Libre
à
vous de prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais u
44
ait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons
à
vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’est pas
45
. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert
à
rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer mainte
46
ue l’évocation des fées ne sert à rien et ne mène
à
rien… pour le moment. Mais veuillez supposer maintenant que dans quel
47
ver amusant d’aller plus vite, et donc commencent
à
se demander à quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et pr
48
aller plus vite, et donc commencent à se demander
à
quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et principal soit d
49
e plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel
à
être répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques,
50
seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre
à
vous de prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamai
51
que n’a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons
à
vos enfantillages.1 2. Utopies et prévisions La faiblesse gén
52
les proposent n’est autre que l’arrêt artificiel,
à
un certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette soci
53
’on en compose un système en équilibre permanent,
à
l’abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensi
54
d’abord de composer un tableau cohérent. Ménager
à
chaque pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au
55
que pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir
à
chaque pas au moins deux solutions possibles. Détourner constamment l
56
t l’imagination de la ligne de moindre résistance
à
ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche e
57
s, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent
à
gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enf
58
ener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et
à
droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par anti
59
L’effort métaphysique et religieux s’est relâché
à
partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilibre humain
60
s vite est un bien en soi. La vitesse accrue est
à
nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». E
61
de la science nie ou condamne, et nous accordons
à
cette science l’autorité que nous retirons à la religion et aux moral
62
dons à cette science l’autorité que nous retirons
à
la religion et aux morales qui en dérivent. La conception du monde la
63
u moins s’informera de ses dernières conclusions,
à
la faveur du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de la phy
64
même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome
à
de l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatéri
65
tome à de l’énergie, donc en réduisant la matière
à
quelque chose d’immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’
66
les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée
à
l’extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-
67
oulait et croyait fuir. Nous ne pensons encore qu’
à
gagner du temps. Mais quand nous aurons tout le temps, qu’en ferons-n
68
cience et la vitesse tendent par leur succès même
à
dépasser et à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste le
69
itesse tendent par leur succès même à dépasser et
à
dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait.
70
érique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’
à
l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de
71
locaux. Ces deux passions produisent des guerres,
à
la faveur desquelles les possibilités destructrices de la technique s
72
ilités destructrices de la technique sont « mises
à
la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne
73
ise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’
à
nous figurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition d’un choix d
74
allons même jusqu’à nous figurer qu’elle consiste
à
« avoir » la disposition d’un choix d’objets toujours plus étendu…
75
i que les civilisations se développent en réponse
à
des challenges variés, et que chaque réponse victorieuse suscite un n
76
lenge 3, quels développements devons-nous prévoir
à
partir du complexe de tensions que l’on vient de caractériser ? Au ch
77
la question sociale, au lieu de s’exacerber tend
à
se résorber dans la prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle
78
sée. En ce milieu du xxe siècle, on peut prévoir
à
chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos pa
79
Dans l’éventualité d’une réponse victorieuse,
à
la dernière heure, quel serait le nouveau challenge qui ne manquerait
80
empête, mais bien dans un appartement climatisé.)
À
ce challenge en quelque sorte négatif, et par là même plus redoutable
81
. 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation
à
l’ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et p
82
ion métaphysique que l’Ennui risquerait de mettre
à
nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persécutés et
83
e initiée par une élite en tous points comparable
à
celle de nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, e
84
ymbolique de Fées. 1. Cette page est empruntée
à
mes Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi de
85
et Marx, qui ont contribué d’une manière décisive
à
donner forme à un avenir très différent de leurs prévisions. Saint-Si
86
t contribué d’une manière décisive à donner forme
à
un avenir très différent de leurs prévisions. Saint-Simon a fourni le
87
Jacob Burckhardt) les annonçaient avec précision
à
la même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee, A Study of History. a. Roug
88
aye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force
à
nous interroger sur la valeur même de l’Europe, dans le monde, et pou
89
erions assurés de perdre du même coup ce qui fait
à
nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait ap
90
politique et de l’économie ; c’est elle qui vise
à
les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture
91
tiquer. La primauté de la culture appartient donc
à
la définition de l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cel
92
s cesse toutes les activités publiques et privées
à
une notion toujours plus haute et large de l’homme et de sa liberté ;
93
t de génies individuels : tous, ils ont contribué
à
faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée
94
els : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et
à
modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple, ma
95
ue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle
à
chaque génération : antiquité et christianisme, Église et État, catho
96
t de l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen
à
remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, av
97
t et la communauté. Dans les combinaisons variées
à
l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradic
98
ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède
à
la tentation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction
99
enue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou
à
celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au
100
ustice ou de l’ordre social. Elle donne naissance
à
des régimes unitaires (qu’on appelle aujourd’hui totalitaires) contre
101
rd’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas
à
se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’es
102
l’individualisme et du collectivisme, renaissant
à
toutes les époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a
103
s pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle
à
lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en créations no
104
passe en créations nouvelles. Il devient infidèle
à
lui-même et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentati
105
e et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède
à
la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’en
106
arti ou idéologie), soit qu’il prétende l’imposer
à
tous d’une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et divisio
107
et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides
à
des réalités culturelles, linguistiques, économiques et administrativ
108
individualisme national, qui tend nécessairement
à
l’autarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle d
109
aiblesse où il les met, il les livrera fatalement
à
l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
110
idéologies. Aussi indispensables que les nations
à
la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tend
111
nsables que les nations à la vie de la culture et
à
la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des division
112
vie de la culture et à la liberté, ces diversités
à
leur tour tendent à devenir des divisions mortelles. Tandis que les f
113
à la liberté, ces diversités à leur tour tendent
à
devenir des divisions mortelles. Tandis que les frontières étatiques
114
ons vers l’autarcie économique. Leurs prétentions
à
un droit exclusif dans l’organisation du continent n’est pas moins da
115
l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable,
à
lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre avenir. De même
116
’ont de chance de survivre que si elles renoncent
à
temps au dogme tyrannique de leur souveraineté absolue, les partis n’
117
lutte que s’ils en limitent l’ambition, renoncent
à
toute visée totalitaire, et subordonnent leur tactique à la stratégie
118
visée totalitaire, et subordonnent leur tactique
à
la stratégie générale d’une action de salut public européen. c. R
119
ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent
à
se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seu
120
retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire
à
la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, par
121
nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul,
à
une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut r
122
glée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent
à
la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette gue
123
e entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer
à
cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que
124
ous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance
à
oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du ri
125
ier : La population de l’Europe occidentale, donc
à
l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire de
126
gresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
à
trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les chose
127
beaucoup — que les mesures économiques consistent
à
faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en c
128
aire des économies, et que le communisme consiste
à
tout mettre en commun, dans la charité générale. C’est avec tous ces
129
tions et progrès, individu et collectivité, ordre
à
tout prix et justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
130
combinés et permutés, sans parler de leur ménages
à
trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’
131
les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre
à
dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne d
132
trice qui pousse l’Européen, de siècle en siècle,
à
remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la s
133
avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués
à
plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent
134
utre issue que la violence, souvent aussi forcent
à
l’invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risqu
135
ce, il resterait dix autres couples d’adversaires
à
pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les m
136
rait dix autres couples d’adversaires à pacifier.
À
supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus
137
, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie »
à
quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéolog
138
de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais
à
défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous par
139
ne méthode politique, qui nous paraît prédestinée
à
surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer
140
ter. Le couple humain, lié par le mariage, répond
à
cette définition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut ab
141
bles, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une
à
l’autre, mais au contraire de maintenir en tension, de composer en vi
142
formule totalitaire, qui est la réduction forcée
à
l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son pri
143
s votre mouvement, mais tout de même nous restons
à
l’écart, vous courez trop de dangers de « mystifications » par les fo
144
ans la revue Esprit cette phrase que je propose
à
votre admiration : Affirmer une vigilance de fer (à l’égard du mouve
145
re l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais
à
une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est,
146
er. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié
à
Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler
147
terai, sans élever le ton, que nous sommes libres
à
tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont
148
rbonne. Les extraits que l’on va en lire montrent
à
quel point les préoccupations et les positions de l’auteur de Penser
149
La liberté religieuse
à
l’école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième
150
, etc. doit être punie, surtout si elle se répète
à
intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors subie par l
151
ar les parents ou responsables, et va de l’amende
à
la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui
152
ens d’examiner une vingtaine de dossiers relatifs
à
des familles adventistes dans trois pays : la Belgique, la France et
153
l’inspecteur d’académie, consentissent finalement
à
interpréter la loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate n
154
consentissent finalement à interpréter la loi, et
à
suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici ou là, en
155
ance là où il existe, ou serve de prétexte facile
à
l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un
156
Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton
à
l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé du samedi
157
er une amende de 2 francs par absence : c’eût été
à
ses yeux se reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions reli
158
ctions religieuses lui interdisent de l’admettre.
À
ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinquante-sept heur
159
é de payer des amendes allant successivement de 3
à
12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’en a
160
ement de 3 à 12 francs par absence de sa fillette
à
l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidi
161
en a pas moins été condamné (après « récidives »)
à
trois, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il
162
été condamné (après « récidives ») à trois, puis
à
quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fi
163
s, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors
à
la lutte, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraî
164
ons tout d’abord que le nombre, ici, ne fait rien
à
l’affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que p
165
étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement
à
refuser tous les droits à toutes les religions moins une — celle que
166
n aboutirait fatalement à refuser tous les droits
à
toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se
167
fondamentales, ont un intérêt évident et capital
à
respecter minutieusement ces libertés. Céder sur une question de prin
168
es tyrannies : c’est sacrifier des droits humains
à
l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’on sait aujourd’h
169
», mais plus complexe et plus précise, suffirait
à
résoudre des conflits du genre de ceux que l’on vient de citer. Il se
170
utes les démocraties une clause spéciale ajoutant
à
la liste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’appar
171
itimes d’absence aux cours » le fait d’appartenir
à
certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imagine qu’on op
172
nir à certaines religions, sectes ou confessions.
À
cela j’imagine qu’on opposera deux objections courantes : on dira qu’
173
ngereux de créer des précédents dont mille sectes
à
l’avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pa
174
faces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens
à
distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lo
175
s » s’ingénient au-delà du bon sens à distinguer,
à
nuancer, à préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit
176
ient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer,
à
préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir o
177
du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser,
à
prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire p
178
être raillées comme de belles abstractions. Quant
à
la crainte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures
179
es « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte
à
l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’une part,
180
i. Et d’autre part, il n’y a pas de vraisemblance
à
ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se r
181
gard, on s’étonnera que les Suisses, si attentifs
à
respecter dans leur régime fédéraliste les droits des langues, des ra
182
es que suscitent leurs croyances, m’a paru propre
à
illustrer d’une manière bien précise le problème général de la libert
183
cise le problème général de la liberté religieuse
à
l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique
184
sur le Sabbat, mais je sais que toute restriction
à
la liberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et
185
h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse
à
l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté
186
on va nous demander : pourquoi l’Europe ? Tant qu’
à
faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous arrêter dans notr
187
a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers
à
proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à
188
rique et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade
à
la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retir
189
était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot
à
retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant r
190
e n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais
à
l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au con
191
ns, les plus simples du monde, mais d’une logique
à
laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me soustraire : D
192
ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent
à
se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seu
193
retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire
à
la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parc
194
nier : aucun de nos pays ne peut prétendre, seul,
à
une défense sérieuse de son indépendance ; aucun de nos pays ne peut
195
glée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent
à
la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette gue
196
e entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer
à
cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel qu
197
je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance
à
oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du ri
198
ier : La population de l’Europe occidentale, donc
à
l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire de
199
gresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
à
trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les chose
200
beaucoup — que les mesures économiques consistent
à
faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en c
201
aire des économies, et que le communisme consiste
à
tout mettre en commun, dans la charité générale… C’est avec tous ces
202
l’on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens
à
la méthode et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifie
203
erver, c’est de les faire prendre une part active
à
l’un de ces congrès où s’élabore notre fédération européenne. Car c’e
204
récisément quand on veut les unir, qu’on découvre
à
quel point tous les Européens résistent dans leurs différences, et pe
205
tions et progrès, individu et collectivité, ordre
à
tout prix et justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
206
ombinés et permutés, sans parler de leurs ménages
à
trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’
207
les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre
à
dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne d
208
trice qui pousse l’Européen, de siècle en siècle,
à
remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la s
209
avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués
à
plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent
210
utre issue que la violence, souvent aussi forcent
à
l’invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risqu
211
ce, il resterait dix autres couples d’adversaires
à
pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les m
212
rait dix autres couples d’adversaires à pacifier.
À
supposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus
213
mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie »
à
quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéolog
214
e la faire sans commencer par la dénaturer. Mais
à
défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous par
215
ne méthode politique, qui nous paraît prédestinée
à
surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer
216
ter. Le couple humain, lié par le mariage, répond
à
cette définition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut ab
217
bles, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une
à
l’autre, mais au contraire de maintenir en tension, de composer en vi
218
formule totalitaire, qui est la réduction forcée
à
l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son pri
219
hode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée
à
nos réalités européennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de l
220
tiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il reste
à
préciser les positions de combat que nous assigne une pareille attitu
221
s adversaires. Mais en préconisant le fédéralisme
à
tous les étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abor
222
té, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis
à
l’échelle nationale, puis au plan européen, et finalement au plan mon
223
sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix —
à
la destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes, et que
224
toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons
à
notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire
225
Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille
à
nos pays des administrations largement autonomes. Ce que nous voulons
226
dienne d’une Charte des droits de la personne. Et
à
ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs étatiques, les m
227
ope depuis deux ans et qui est en train d’aboutir
à
certains résultats concrets. La Conférence des Cinq va peut-être acce
228
miers résultats concrets, les risques s’aggravent
à
chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaque instant dévier vers
229
ravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut
à
chaque instant dévier vers on ne sait quelles alliances d’États souve
230
-gardes fédéralistes, et d’imprimer un grand élan
à
notre propagande populaire, ou pour mieux dire : à l’information de l
231
notre propagande populaire, ou pour mieux dire :
à
l’information de la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vich
232
on aurait bien tort de croire que Vichinski peut,
à
lui seul, faire tout le travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il e
233
ier sortir de la tranchée et s’élancer le premier
à
l’attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient dans leur trou. Il y
234
s votre mouvement, mais tout de même nous restons
à
l’écart, vous courez trop de dangers de ‟mystifications” par les forc
235
re l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais
à
une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est,
236
er. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié
à
Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler
237
terai, sans élever le ton, que nous sommes libres
à
tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont
238
ogène avait bien tort quand il cherchait un homme
à
la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même.
239
ralistes, en invitant gouvernements et parlements
à
convoquer cette année une Assemblée européenne. C’est maintenant — ou
240
subtile, et peut-être plus effective, en imposant
à
tous les continents un certain angle de vision de la destinée, une no
241
er. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait
à
quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la
242
en quelque sorte purifiés. Ils nous ont condamnés
à
ne représenter que l’essentiel d’une civilisation : son génie, ses me
243
suprématie de la race blanche, ni l’ordre social
à
tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou
244
ees ou annexer par les staliniens. Ils ont appris
à
se servir mieux que nous de ces armes inventées par nous, et qu’ils o
245
cains compris. Cette Europe, pratiquement réduite
à
l’essentiel de son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment al
246
pratiquement réduite à l’essentiel de son génie,
à
ce qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la défendre ? Là-d
247
Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège
à
Genève, où il travaille depuis le mois de février de cette année. Son
248
les responsables d’une dizaine d’instituts visant
à
la formation d’une jeune élite européenne ; et il rassemble une équip
249
aucun esprit de parti ne contraint au mensonge ou
à
l’hypocrisie en service commandé, ils vont pouvoir prendre leur part
250
ence de la culture, qui doit se tenir fin octobre
à
Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Groupes d’étude
251
étatiques, enfin « rendue dans toute son étendue
à
la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message
252
i, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe
à
son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale de
253
e cette grande Europe aussi décidée que la Suisse
à
ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son ind
254
aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre
à
personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise.
255
e la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais
à
défendre d’un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, p
256
s en train de préparer ? Je mets la dernière main
à
un ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série de 16 volumes éd
257
culturelle européenne qui aura lieu, en octobre,
à
Lausanne. Ce qui me préoccupe sans relâche c’est une œuvre très impor
258
iate d’étudier et de proposer toute mesure propre
à
promouvoir le sentiment de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens s
259
s qui affectent la vie de l’Europe, et s’exprimer
à
leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis
260
Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels
à
l’opinion publique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de l’émi
261
ssance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait
à
l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’A
262
petit continent, divisé en vingt-quatre nations,
à
demi ruiné, et menacé par les deux Grands de colonisation ou d’annexi
263
core maîtresse de la planète, elle en est réduite
à
lutter pour assurer sa survivance économique, et son indépendance pol
264
e peut assurer l’indépendance européenne, qui est
à
son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Te
265
tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée
à
nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les prom
266
en adoptant l’ordre totalitaire, celui qui règne
à
Varsovie. » C’est lui aussi qui nous empêche de dire à nos amis améri
267
sovie. » C’est lui aussi qui nous empêche de dire
à
nos amis américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets d
268
s, et que prépare notre Bureau d’études. Installé
à
Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techni
269
n. Faire en sorte que la culture aide nos peuples
à
s’unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune d
270
afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide
à
chacune de nos cultures : telle sera la double ambition de la Confére
271
n de la Conférence culturelle, qui doit se réunir
à
Lausanne au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement européen.
272
ar toutes les puissances comme étant « nécessaire
à
l’Europe », rend difficile, pour le moment, notre pleine participatio
273
olitiques du continent. Et pourtant, nul ne songe
à
défendre un isolationnisme suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun
274
’Europe ? La réponse ne peut faire de doute. Tant
à
Berne qu’au comité du Mouvement européen, on a reconnu que le domaine
275
anière de nous faufiler par la petite porte ! Car
à
mesure que se réalisent les objectifs politiques du Mouvement (le Con
276
Mouvement (le Conseil de l’Europe étant acquis),
à
mesure que la fédération du continent se dessine et prend corps, la n
277
’exemple au continent, les Suisses seront fidèles
à
leur vraie vocation en accueillant, soutenant et animant le foyer mêm
278
Préface
à
Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut
279
ais l’expression se justifie sitôt que l’on songe
à
la brusque transformation que vient de subir la puissance apparente d
280
’Europe paraît avoir été défaite, et sa défection
à
l’Histoire devient une possibilité. À peine libérée dans ses ruines,
281
re les deux empires vainqueurs, subitement élevés
à
l’Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouve
282
empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et
à
l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et mal
283
in de la crise assumée. Ces circonstances donnent
à
l’ouvrage de M. Olivier Philip une importance particulière : non pas
284
de l’Europe, mais encore celle d’une contribution
à
cette prise de conscience active de notre sort, sans laquelle les tra
285
uête efficace par sa lucidité. La première touche
à
l’économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analy
286
dité. La première touche à l’économie, la seconde
à
la doctrine formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent
287
trinaire). Mais il tend, si l’on n’y prend garde,
à
évacuer la politique, au sens légitime de ce terme. Il tend à substit
288
politique, au sens légitime de ce terme. Il tend
à
substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parc
289
erme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs
à
l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision propre
290
storique adroitement condensé, l’auteur souligne,
à
plusieurs reprises, l’influence « déterminante » de l’aile fédéralist
291
on. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit
à
démontrer que cette solution n’est pas seulement praticable en princi
292
s de m’objecter que les Suisses sont les premiers
à
se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’
293
ence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent
à
nos calamités. u. Rougemont Denis de, Philip Olivier, « [Préface]
294
it dire aux troupiers : « Il ne faut pas chercher
à
comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière proprement européenne d’
295
contradictoire dans laquelle nous sommes engagés.
À
son point de crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l
296
er vite, et viser juste. Tandis que s’esquissent,
à
Strasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temp
297
’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse
à
la question dangereuse que posent nos circonstances historiques : pou
298
ces historiques : pourquoi l’Europe ? qu’a-t-elle
à
dire aux hommes ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’exi
299
mes ? quels sont ses droits humains et spirituels
à
l’existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui
300
es mesures pratiques et institutionnelles propres
à
garantir et développer l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l
301
e Conférence. Les mots européen, culture, prêtent
à
des controverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir l’Eur
302
, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être
à
son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la v
303
e qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue
à
plusieurs voix reste, à tout prendre, la vraie définition de l’Europe
304
son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste,
à
tout prendre, la vraie définition de l’Europe, une et diverse. De mêm
305
même, dès que l’on parle de culture, chacun donne
à
ce mot des réalités hétéroclites : inventions techniques et beaux-art
306
ats académiques auxquels prêtent ces définitions.
À
toutes fins utiles, elle partira de l’idée que la culture, ce sont le
307
on travail ici, personne ne perdra plus son temps
à
se demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses frui
308
er ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre
à
ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux q
309
istinguer l’approche des catastrophes. On demande
à
certains « grands noms » de venir participer au sauvetage de l’Europe
310
pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’
à
Dieu ne plaise, dans certains « camps de rééducation sociale », ils a
311
bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas
à
trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas indifférent au
312
s indifférent au sort des livres qu’il publie, ni
à
leur diffusion, ni aux entraves qu’elle rencontre partout aujourd’hui
313
censurer, — et voilà tout le problème des valeurs
à
sauver, et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport g
314
oupes ont donné des réponses détaillées. Je tiens
à
souligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. Nous
315
is de mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait
à
dresser systématiquement un inventaire aussi des lacunes, des obstacl
316
bien que ce rapport n’est pas un instant destiné
à
faire l’objet des discussions de la conférence. Il en introduit les s
317
it les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs
à
la série de résolutions pratiques qui seront proposées et mises au po
318
u problème des échanges, l’autre aux institutions
à
développer ou à créer, les problèmes non techniques restant, bien ent
319
changes, l’autre aux institutions à développer ou
à
créer, les problèmes non techniques restant, bien entendu, réservés a
320
ieu de prévoir une nouvelle commission, consacrée
à
l’éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question
321
e nouvelle commission, consacrée à l’éducation et
à
l’enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — L
322
est tout le problème qu’il faudra résoudre. Reste
à
savoir dans quel esprit. À cet égard, il me paraît que certaines expr
323
erts et aux documents officiels, seraient propres
à
nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser les échang
324
de correspondre un peu plus facilement de prison
à
prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement » immé
325
turels », avouons-le, est devenu bien déplaisant,
à
force d’avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés
326
culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant
à
la culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que leurs douan
327
s et leurs agents fiscaux sauront bientôt réduire
à
presque rien. Il en résulte au mieux quelques petits décrets concerna
328
d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires
à
la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autr
329
vitalité de la culture — échanges de découvertes
à
l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expre
330
pression pure et simple, immédiate, des obstacles
à
la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de
331
la paresse d’esprit qui entraîne tant de Comités
à
proposer de nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture,
332
oins, voilà la solution, voilà le remède pratique
à
presque tous les maux que vous allez recenser. II. Les institution
333
e vous allez recenser. II. Les institutions
À
la suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit
334
la suppression des obstacles matériels et légaux
à
nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisa
335
insuffisant et vain de vouloir revenir simplement
à
la condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la
336
» ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi
à
réduire les nationalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par la
337
l’Europe unie d’instruments de travail qui soient
à
l’échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui de
338
e monde entier, tandis que les autres se limitent
à
une nation, à une région géographique, ou à une discipline particuliè
339
, tandis que les autres se limitent à une nation,
à
une région géographique, ou à une discipline particulière. Pourtant,
340
itent à une nation, à une région géographique, ou
à
une discipline particulière. Pourtant, il est incontestable que nos p
341
nsemble, un complexe organique de culture, facile
à
distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent sou
342
évitables dans l’état actuel des choses. Je tiens
à
rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la créati
343
is de février 1949, le Mouvement européen ouvrait
à
Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enf
344
ée, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait
à
l’unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre eu
345
votait à l’unanimité une recommandation favorable
à
la création d’un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau
346
erver. Il en va de même pour le Collège d’Europe,
à
Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commis europée
347
s, dont l’importance capitale ne saurait échapper
à
personne, et dont M. Dautry a magistralement exposé les motifs. II
348
xposé les motifs. III. L’enseignement Quant
à
la commission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’enseigne
349
seignement Quant à la commission proposée tout
à
l’heure, qui s’occuperait de l’enseignement européen, deux mots seule
350
s reçus sur les questions d’éducation, ont montré
à
quel point ce souci est général dans nos pays. Tout le monde se rend
351
réveillés, les États et l’économie privée courent
à
leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant u
352
et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne.
À
tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être re
353
La Conférence européenne de la culture faillirait
à
sa vraie mission, si elle n’élevait pas, contre une pareille folie, l
354
t humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer
à
l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une ren
355
ns la pratique sans que l’Europe perde ses droits
à
l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette act
356
ns que l’Europe perde ses droits à l’existence et
à
l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance
357
à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons,
à
Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra dire vraiment
358
s apparaît plus clairement depuis que se dressent
à
l’Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nô
359
s clairement depuis que se dressent à l’Est comme
à
l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’un
360
Conférence européenne de la culture qui a eu lieu
à
Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons rajouté le participe passé
361
Un gage
à
Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’est pas sans surprise
362
r ami, Ce n’est pas sans surprise que j’apprends,
à
vous lire dans Liberté de l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la
363
le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni
à
Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux articles) ».
364
de cet organisme est qu’il serve provisoirement,
à
sa place, et malgré ses très graves imperfections, au progrès vers l’
365
u progrès vers l’union européenne, laquelle reste
à
faire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on ne compte à Strasbourg qu’u
366
ire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on ne compte
à
Strasbourg qu’une trentaine de fédéralistes sur cent-un députés.) 3°
367
il se déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment,
à
mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de l’isolement, la mort de
368
européen, recueil de neuf conférences prononcées
à
Genève en 1949, par des hommes de tendances aussi opposées que Georg
369
te déclaré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche
à
Benda de confondre union et unification, de vouloir effacer les diver
370
re « faux et imbécile », quand vous aurez renoncé
à
le confondre avec celui de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on
371
» ? Un gage. r. Rougemont Denis de, « Un gage
à
Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
372
ans une libre communauté. Si l’Europe est réduite
à
l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’
373
⁂ Mais en retour, sans une culture active rendue
à
l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut
374
r du monde, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur
à
partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une
375
deur à partir d’un médiocre destin. Que servirait
à
l’Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix
376
us sa liberté ? L’Europe sans sa culture, réduite
à
ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a ja
377
ses et 150 millions d’Américains, nous sommes ici
à
l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disp
378
sont les empires qui prétendent partager le monde
à
nos dépens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des prod
379
lus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault
à
tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des in
380
ent spécifiques, ne sont souvent que des emprunts
à
notre fonds, mais développés là-bas, sur table rase, sans mesure ni c
381
e, sans mesure ni critique, méthodiquement, jusqu’
à
la monstruosité. Si bien que l’Amérique et la Russie moderne, dans pl
382
pas de malentendu ! Ne nous laissons jamais aller
à
placer sur le même plan l’Amérique et la Russie. Deux constatations t
383
te : « France Indépendante présente cette semaine
à
ses lecteurs, un extrait de l’importante conférence prononcée par Den
384
ar Denis de Rougemont au congrès de La Fédération
à
Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son autorisation
385
au congrès de La Fédération à Beaune. Nous tenons
à
remercier M. de Rougemont pour son autorisation de publier ces lignes
386
nt, comme ceux qui vont très loin, ou qui pensent
à
de grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou
387
es Belles du Sud, les jambes longues des filles «
à
la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur
388
ect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement
à
tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans le vent, de ville en
389
rend son sens que dans le mouvement qu’il inspire
à
l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde
390
la plupart des poètes modernes5). Tout y respire
à
longs traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots fave
391
veut prince, et l’autre moine-mendiant. Risquons
à
ce propos une hypothèse critique, qui permettrait de situer les grand
392
ez Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire place
à
l’intellectuel, c’est dans l’élément animique que les poèmes de Saint
393
ences : Et c’est par un matin, peut-être, pareil
à
celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Q
394
, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est
à
l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvelle
395
ories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde »
à
chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme, de sentiments individu
396
ussi, dans sa dernière partie, le poème du retour
à
l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les
397
a dernière partie, le poème du retour à l’Europe,
à
la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers rou
398
vent, sur la route et la terre des hommes, prêts
à
rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la g
399
n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne
à
l’âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse plus de la vapeur