1
tution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne
serait
une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’a
2
e sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on
est
disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt
3
esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels
sont
les éléments de notre expérience helvétique qui méritent d’être donné
4
nts de notre expérience helvétique qui méritent d’
être
donnés en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure ils pourraien
5
uis de chercher dans quelle mesure ils pourraient
être
utilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle. La question de nos
6
ange. Nous voyons tout d’abord que cent ans, ce n’
est
qu’un septième de notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’étend
7
le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’
est
à son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, qui
8
sation. Ces considérations, dans leur simplicité,
sont
propres à nous rappeler que l’évolution humaine ne s’arrêtera pas ave
9
humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne
sommes
pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans la march
10
e impossibles à prévoir aujourd’hui, mais dont il
est
certain qu’elles apparaîtront, et dans lesquelles nos formes actuelle
11
ortions de notre expérience à l’histoire générale
sont
à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C
12
sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’
est
-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé, achevé en soi,
13
ation à une échelle infiniment plus vaste ? Telle
est
la chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux q
14
immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers
est
la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’e
15
èvres des étrangers est la suivante : « Tout cela
est
bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands.
16
ut cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’
est
pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne s’agit que des modal
17
e l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire
est
nécessairement plus réduite de dimensions que ses applications, mais
18
nc ici que de notre idée fédéraliste en soi. Elle
est
très simple, comme toutes les grandes idées, mais non pas simple à dé
19
finir en quelques mots, en une formule ; car elle
est
d’un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beauc
20
liste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut
être
comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie
21
omparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’
est
pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années p
22
réduction impitoyable des résistances, mais elle
est
au contraire le secret d’un équilibre constamment mouvant entre des f
23
ctique ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui
est
le battement du cœur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pa
24
ais aussi « Tous pour un ». Dans ce sens, il nous
sera
permis de dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la
25
era permis de dire que la politique fédéraliste n’
est
rien d’autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de
26
t court, au sens le plus légitime de ce mot. Elle
est
donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques par
27
t. ⁂ C’est peut-être parce que l’idée fédéraliste
est
à la fois très simple à sentir et très délicate à formuler, qu’on la
28
fait si rarement formulée dans notre histoire. Il
est
certain qu’elle a guidé plus ou moins consciemment les principales dé
29
pris forme et force de loi vers 1848 ; mais ce n’
est
guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philosoph
30
8 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’
est
mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même —
31
et à philosopher à son sujet. Comme la vie même —
étant
la vie de notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici.
32
et aussi de la propager, car la meilleure défense
est
dans l’attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourron
33
me : à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui
est
l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuv
34
r les minorités, destructrices des diversités qui
sont
la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ord
35
t la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’
est
pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un centre
36
elles, psychologiques, et même économiques, telle
est
la santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis sont ceux que Jacob
37
la santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis
sont
ceux que Jacob Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique de «
38
il convient de leur montrer que cette complexité
est
la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctio
39
à elle que nos fonctionnaires et nos législateurs
sont
constamment rappelés au concret, forcés de rester en contact avec les
40
act avec les réalités humaines du pays. La Suisse
est
formée d’une multitude de groupes politiques, culturels, administrati
41
et se recouvrent de cent manières différentes. Il
est
clair que des lois conçues dans un esprit unitaire, jacobin ou totali
42
sonne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il
est
plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’
43
1948)a 1. Parabole des fées Tout cela
est
très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science
44
se et qui progresse. Vous semblez croire que nous
sommes
libres, après Heisenberg et la Bombe, de penser n’importe quoi, et qu
45
science produit des preuves que vos superstitions
seraient
bien en peine de réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des
46
lages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’
est
pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plu
47
beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui
est
sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne n
48
oilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui
est
utile au surplus. Personne n’osant le contester autour de moi, je cro
49
t. Supposez que leur plaisir nouveau et principal
soit
d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après de
50
t l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteur
est
vénéré par quelques sectes populaires, font de la mort une plaisanter
51
plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à
être
répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques, etc.
52
sé. Comme l’a fait remarquer Toynbee, les utopies
sont
en réalité des « programmes d’action déguisés en descriptions sociolo
53
s imaginaires », et l’action qu’elles proposent n’
est
autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en d
54
mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire.
Est
-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypo
55
ne manière moins statique par hypothèse ? Quelles
seraient
les conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de compo
56
e de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’
est
relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilib
57
ntradictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui
sont
des désordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produi
58
Seul l’effort de la science (dont le sous-produit
est
l’industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble s
59
ion de certains objets neufs ; 3. aller plus vite
est
un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la sc
60
plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue
est
à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ».
61
yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle
est
« vraie ». En retour, nous refusons de croire ce que nous pensons que
62
conception du monde la plus courante aujourd’hui
est
celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or elle demeure
63
ourante aujourd’hui est celle que les Occidentaux
tiennent
pour scientifique. Or elle demeure matérialiste et mécaniste, quand l
64
meure matérialiste et mécaniste, quand la science
est
depuis trente ans énergétique et statistique… Cependant, l’on peut im
65
uisent les résultats de la science d’hier, qu’ils
tiennent
pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjec
66
x arbitraire, de subjectivisme, de transcendance,
sont
de nouveau reçues par les mathématiciens et les biologistes. D’autre
67
ion complète du milieu naturel par nos techniques
est
déjà mieux qu’imaginable. Sa réalisation pratique et généralisée, pou
68
isée, pour toutes les classes et tous les peuples
est
cependant freinée par diverses passions que notre effort technique a
69
es les possibilités destructrices de la technique
sont
« mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusem
70
bourses », beaucoup plus généreusement que ne le
sont
les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut
71
nséquence indirecte de l’effort scientifique doit
être
indiquée ici. La vulgarisation de la notion de loi (au sens détermini
72
a sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous
sommes
tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’
73
re en liberté ce que nous gagnons en confort (qui
est
de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise
74
rs plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il
est
vrai que les civilisations se développent en réponse à des challenges
75
, il s’en faut, mais les moyens de cette victoire
sont
désormais entre nos mains. La principale résistance au progrès techni
76
principale résistance au progrès technique déjà n’
est
plus dans la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planèt
77
is dans l’homme. Notre existence sur la planète n’
est
plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire pa
78
t provoquent la guerre atomique. Les destructions
sont
telles, et le choc psychologique de telle nature, que la civilisation
79
ences de « vie normale », mais les liens profonds
sont
coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent
80
soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore
sont
des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de ga
81
t prévoir à chances égales la guerre et la paix ;
soit
que le challenge de nos passions se révèle trop puissant et que notre
82
op puissant et que notre civilisation y succombe,
soit
que nous y répondions victorieusement par l’établissement d’un gouver
83
ne réponse victorieuse, à la dernière heure, quel
serait
le nouveau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’humanité,
84
succès même de notre effort le plus constant ? Ce
serait
à coup sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu d
85
sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne
est
apparu dans la littérature avec l’époque industrielle et ses grandes
86
c l’époque industrielle et ses grandes villes. Il
est
contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plu
87
des villes. Il est contemporain des horaires, qui
furent
probablement la création la plus typique du xixe siècle. (Sans horai
88
l’excès de variété qui l’entretient. De fait, il
est
bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’ennui que la mu
89
thésie des masses ou insensibilisation à l’ennui,
sera
obtenue par des méthodes de conditionnement social et physiologique,
90
social et physiologique, dont le principe général
sera
d’obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question
91
c une rigueur sans exemple dans notre passé : ils
seront
les criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandesti
92
sit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci
sera
sans doute initiée par une élite en tous points comparable à celle de
93
aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’
être
pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une v
94
dissociation d’un invisible point de matière. Ce
sont
ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre langage, que je
95
par le terme symbolique de Fées. 1. Cette page
est
empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est v
96
s Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci
est
vrai aussi de théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx,
97
fourni les cadres du capitalisme industriel. Marx
est
l’ancêtre du plus puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des
98
ontinent, et que signifierait sa perte ? Quel que
soit
le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
99
erait sa perte ? Quel que soit le parti dont nous
sommes
membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons bien que les m
100
le parti dont nous sommes membres, et quelle que
soit
notre patrie, nous sentons bien que les menaces qui pèsent sur nous m
101
des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous
serions
assurés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le
102
a valeur et le sens de la vie. Le monde entier en
serait
appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est e
103
t donc une notion de l’homme et de la liberté qui
est
en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle que nous possédon
104
que nous poserons les bases de la fédération, qui
est
notre seul espoir de la sauver. Primauté de la culture en Europe
105
auver. Primauté de la culture en Europe S’il
est
vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économique et
106
il est vrai que les motifs immédiats de nous unir
sont
d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’uni
107
s unir sont d’ordre économique et politique, il n’
est
pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culture
108
l n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe
est
essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographie, l’Europ
109
lle. Du point de vue de la géographie, l’Europe n’
est
qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et de
110
s le plus large et humain. La culture véritable n’
est
pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécia
111
ce ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il
est
bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise
112
ope, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y
soit
encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au servic
113
ncore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle
est
mise au service du développement de l’industrie, ou de certaines visé
114
’industrie, ou de certaines visées politiques. Ce
sont
les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’économie qui lui d
115
conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais
été
, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
116
tion ou d’une caste choisie, mais au contraire ce
fut
toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialog
117
choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce
sera
, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien so
118
odeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’
est
pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’est pas achevée, mais
119
st pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’
est
pas achevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diversité d
120
ans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui
est
possible d’opérer entre les éléments contradictoires constituant son
121
choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en
être
responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire ill
122
re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle
est
l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
123
sordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès
est
simple. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et de sa liber
124
vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours
été
l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
125
chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme,
est
celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
126
alables mais pratiquement antagonistes. Cet homme
est
fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en cré
127
ède à la tentation de supprimer les antagonismes,
soit
qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou id
128
ns sa particularité (nation, parti ou idéologie),
soit
qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyranniq
129
e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle
est
devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
130
il les livrera fatalement à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
131
e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédéral
132
parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale
est
devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en s
133
la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’
est
qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. C
134
droit exclusif dans l’organisation du continent n’
est
pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’une s
135
ent n’est pas moins dangereuse et utopique que ne
serait
l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite
136
e ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il
est
bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
137
oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne
sont
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à
138
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’
est
donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre
139
)d e Deux colosses, ou qui nous semblent tels,
sont
en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
140
-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’
est
plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations d
141
rope n’est plus une puissance, parce que l’Europe
est
divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
142
deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’
est
plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
143
conclusions que l’on doit tirer de ce double fait
sont
d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont
144
e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe
seront
annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
145
ns après les autres ; 2° La question allemande ne
sera
pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
146
a Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que
soit
le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
147
e guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en
est
un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver
148
’Europe, c’est-à-dire la Troisième puissance, qui
serait
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l
149
utres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie,
serait
encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rap
150
Europe, même unie, serait encore trop petite pour
tenir
en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’o
151
ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
est
d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
152
. Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc,
soit
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
153
faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres,
soit
qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
154
ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils
seraient
en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
155
d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’
être
simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la ter
156
choses cessent d’être simples, parce que l’Europe
est
la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire u
157
me on dit, quelques difficultés. On nous dit : qu’
est
-ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou po
158
dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’Europe ?
Est
-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bons suje
159
tc. Bien sûr ; mais hélas ! l’Europe réelle, ce n’
est
pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de
160
arlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais
été
les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui s
161
ques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’
est
rien encore : l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutat
162
assesses, et au total son dynamisme incomparable,
sont
nés précisément de ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie p
163
ette possibilité de choisir et de se risquer, qui
est
la condition première de ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà
164
l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il
serait
criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité
165
iberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’
était
d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une préa
166
plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne
serait
plus l’Europe, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi
167
» à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’
est
donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est jus
168
idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème
est
justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
169
t la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’
est
pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui
170
surance. Partout, dans tous les plans, la formule
est
la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale,
171
e désordre et le faux ordre. Et partout la devise
est
la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
172
l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui
est
la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéralist
173
, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
est
la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sen
174
les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’
est
pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ceux qui nous disent
175
toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
sont
nos adversaires. Il y a ceux qui nous disent : Nous ne boudons pas vo
176
de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’
est
pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une
177
à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas
être
absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nou
178
ent fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est
être
deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais s
179
Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais
soyons
sérieux : quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « myst
180
haque jour contre elles), ces vigilants de fer ne
sont
pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublemen
181
as là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne
sont
pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui
182
érieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils
sont
simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de nos
183
ais à une condition : c’est que M. Churchill n’en
soit
pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
184
c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en
est
, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous f
185
celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’
est
allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas
186
lle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous
sommes
libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
187
ns nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le
sont
peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitai
188
ix, vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie
est
le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le fédérali
189
guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour
soit
prochain où les voix concertées de l’Europe, proclament leur fédérati
190
Sabbat et au culte. Mais les règlements scolaires
sont
stricts : toute absence d’un élève qui n’est pas justifiée par des ra
191
res sont stricts : toute absence d’un élève qui n’
est
pas justifiée par des raisons « réputées légitimes », telle que malad
192
eptionnelle, impossibilité de circuler, etc. doit
être
punie, surtout si elle se répète à intervalles fréquents ou réguliers
193
à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction
est
alors subie par les parents ou responsables, et va de l’amende à la p
194
munale, moyenne, normale et un lycée) la preuve a
été
faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté apparente. L
195
artements, après que les demandes de dispense ont
été
refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que le direc
196
ispense ont été refusées « au nom de la loi », il
est
arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’inspecteur d’ac
197
n Alsace, des amendes ou des peines de prison ont
été
infligées aux pères d’enfants absents plusieurs samedis de suite. D’i
198
tive. Mais la loi demeure invariable. Et quel que
soit
le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de la l
199
Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’
est
vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant trente heures parce
200
payer une amende de 2 francs par absence : c’eût
été
à ses yeux se reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions re
201
llette à l’école communale, mais n’en a pas moins
été
condamné (après « récidives ») à trois, puis à quatre jours de prison
202
s’agit que de cas fort rares, que les adventistes
sont
en très petit nombre, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question
203
e, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’
est
pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement perpét
204
affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour
être
unique que pour être quotidiennement perpétrée sur des millions, et i
205
e n’est pas moins grave pour être unique que pour
être
quotidiennement perpétrée sur des millions, et il est curieux que les
206
quotidiennement perpétrée sur des millions, et il
est
curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d’exceptions
207
e pour certains criminels sociaux, dont le nombre
est
infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes ont tort ou
208
ces convictions, car si les deux points de vue n’
étaient
pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à
209
problème posé par quelques adventistes disséminés
est
moins actuel ou moins urgent, peut-être, que le problème posé par les
210
t conduire. Danger des lois trop simples Il
est
clair qu’une législation non pas plus « souple », mais plus complexe
211
lits du genre de ceux que l’on vient de citer. Il
serait
, par exemple, extrêmement facile d’introduire dans les règlements sco
212
pposera deux objections courantes : on dira qu’il
est
trop compliqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est danger
213
liqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il
est
dangereux de créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourro
214
précédents dont mille sectes à l’avenir pourront
être
tentées d’abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pén
215
ront être tentées d’abuser. Le premier argument n’
est
pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines
216
rsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien n’
est
trop compliqué pour le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace de
217
et sauvegardant le plein respect des libertés qui
furent
inscrites au seuil des grandes constitutions, la Liberté et la Démocr
218
utions, la Liberté et la Démocratie cesseraient d’
être
raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit a
219
éleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce ne
serait
pas une affaire que d’ajouter quelques clauses aux milliers d’autres,
220
n, qui s’accumulent dans nos codes. Si l’anarchie
est
mauvaise, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais une réglemen
221
e applications tyranniques — et que « la tyrannie
est
le souverain désordre », comme l’écrivait, en une sentence mémorable,
222
evée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne
soit
parlée que par moins d’un centième de la population totale du pays. C
223
aient les principes qui, depuis plus d’un siècle,
sont
la base même de leur indépendance nationale, de leur prospérité et de
224
de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’
est
pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou ne suggère aucun élément
225
. Chacune de nos religions, ne l’oublions jamais,
est
en quelque manière ou quelque lieu du monde, minoritaire. Chacune don
226
tir visée par la persécution qu’une autre endure.
Est
-il nécessaire d’ajouter qu’il en va de même pour nos droits politique
227
11-14. i. Présenté par la note suivante : « Il n’
est
pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout cou
228
pose fort bien dans les pages qui suivent et nous
sommes
entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’est pas incondition
229
entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’
est
pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la liberté. » j. « C
230
ui : une liberté qui n’est pas inconditionnelle n’
est
qu’une caricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’original
231
nement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il
était
temps ! C’est une idée qui était dans l’air depuis au moins trois ans
232
indre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui
était
dans l’air depuis au moins trois ans, mais elle y serait sans doute r
233
dans l’air depuis au moins trois ans, mais elle y
serait
sans doute restée si quelques écrivains n’avaient volé au secours du
234
réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous ne
sommes
pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos di
235
us ne sommes pas une autre école, nos buts finaux
sont
bien les mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous les prenons a
236
roposons une méthode de travail, un mouvement qui
est
déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est de commencer par l’
237
est déjà au travail, et un objectif immédiat, qui
est
de commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la pai
238
au lendemain d’Hiroshima, il y a trois ans, je me
suis
trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il
239
à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne
suis
pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu d’av
240
. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je
suis
au contraire convaincu d’avoir fait un grand pas en avant en embrassa
241
de la Planète unie par les peuples unis — et j’en
étais
— un certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la guerre froid
242
s unis — et j’en étais — un certain rideau de fer
est
tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situation s’es
243
t. Et la guerre froide a commencé. La situation s’
est
donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui nous semblent t
244
s dire… Deux colosses, ou qui nous semblent tels,
sont
en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
245
-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’
est
plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nations do
246
urope n’est plus une puissance parce que l’Europe
est
divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
247
deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’
est
plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
248
conclusions que l’on doit tirer de ce double fait
sont
d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont
249
e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe
seront
annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
250
ns après les autres ; 2° La question allemande ne
sera
pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
251
Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel que
soit
le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
252
guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en
est
un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple c
253
umanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela
est
simple comme 2 et 2 font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque
254
: tout cela va vers une guerre qui risque bien d’
être
enfin la dernière, parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire
255
l’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance qui
serait
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l
256
utres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie,
serait
encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je rappelle
257
Europe, même unie, serait encore trop petite pour
tenir
en respect les deux Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a t
258
ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
est
d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
259
. Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc,
soit
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
260
faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres,
soit
qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
261
ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils
seraient
en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
262
d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’
être
simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la ter
263
choses cessent d’être simples, parce que l’Europe
est
la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire u
264
me on dit, quelques difficultés. On nous dit : qu’
est
-ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou po
265
dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’Europe ?
Est
-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bons suje
266
etc. Bien sûr ; mais hélas, l’Europe réelle, ce n’
est
pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de
267
arlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais
été
les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui s
268
urope, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils
seront
tous les uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et p
269
peut mesurer leur vraie valeur. En Amérique, tout
est
plus simple, évidemment : vous avez une langue, une nation, une doctr
270
tore, et une morale moyenne, dont l’idée générale
est
justement d’éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronte
271
ques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’
est
rien encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutat
272
assesses, et au total son dynamisme incomparable,
sont
nés précisément de ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie p
273
ette possibilité de choisir et de se risquer, qui
est
la condition première de ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà
274
l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il
serait
criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité
275
iberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’
était
d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une préa
276
plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne
serait
plus l’Europe, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quo
277
» à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’
est
donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est jus
278
idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème
est
justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
279
t la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’
est
pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui
280
surance. Partout, dans tous les plans, la formule
est
la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale,
281
e désordre et le faux ordre. Et partout la devise
est
la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
282
l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui
est
la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéralist
283
, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
est
la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sen
284
.) Inutile d’insister : la méthode du fédéralisme
est
la seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéra
285
ster : la méthode du fédéralisme est la seule qui
soit
adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéralisme, c’est donc
286
les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’
est
pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le fédé
287
toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
sont
nos adversaires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous les étages
288
: jacobines ou totalitaires qui s’ignorent. Ce ne
serait
rien encore. Nous savons que notre action doit aboutir une transforma
289
duit de toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous
serons
à notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruir
290
voir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit
être
la gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal
291
ées, et plus encore : les simples citoyens. Ainsi
sera
sauvegardé le droit qui garantit les libertés européennes, le droit d
292
ties dites populaires. Les vues que j’expose ici
sont
garanties par une action qui se poursuit dans toute l’Europe depuis d
293
ursuit dans toute l’Europe depuis deux ans et qui
est
en train d’aboutir à certains résultats concrets. La Conférence des C
294
elque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous
sommes
loin de chanter victoire : notre vraie lutte ne fait que commencer. A
295
r l’agression… C’est donc, pour nous, le moment d’
être
forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active derri
296
ut le travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il
est
une phrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’avoir lue da
297
cle, bien entendu, nous vous rejoindrons, nous en
serons
tous… » Il y a ceux qui nous applaudissent, comme ces soldats de je n
298
de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’
est
pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une
299
à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas
être
absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nou
300
ent fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est
être
deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais s
301
Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais
soyons
sérieux ; quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « myst
302
haque jour contre elles), ces vigilants de fer ne
sont
pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublemen
303
as là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne
sont
pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qu
304
rieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils
sont
simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de nos
305
ais à une condition : c’est que M. Churchill n’en
soit
pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
306
c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en
est
, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous f
307
celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’
est
allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas
308
lle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous
sommes
libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
309
ns nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le
sont
peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitai
310
fin ceux qui nous disent non sans raison : « Nous
sommes
saturés de discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez
311
mmes saturés de discours ! Ce qu’il nous faut, ce
sont
des gestes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur
312
bien entendu. Ce qu’il nous faut, disent-ils, ce
sont
des apôtres ! En avez-vous ? » Pour ceux-là, nous avons du travail. J
313
leur dis : s’il vous faut des apôtres, si vous y
tenez
vraiment tant que ça, pourquoi ne seriez-vous pas le premier ? Diogèn
314
si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi ne
seriez
-vous pas le premier ? Diogène avait bien tort quand il cherchait un h
315
’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille
est
en train de se livrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous les
316
x, nous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie
est
le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir le fédéra
317
guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour
soit
prochain où les voix concertées de l’Europe, proclamant leur fédérati
318
te puissance, naguère mondiale, du « petit cap »,
furent
très diverses et même contradictoires. L’Europe a dominé par ses tech
319
tion que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe
est
menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est do
320
est menacée — et l’on sait à quel point la menace
est
sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’une culture
321
la conscience d’une culture désormais universelle
sont
menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe
322
t menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui
est
sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autre
323
n comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe
est
sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont
324
sa culture. Défendre l’Europe, aujourd’hui, ce n’
est
donc plus défendre le capitalisme industriel, ni la puissance militai
325
er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’
Est
et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne
326
uropéenne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels
sont
les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement eu
327
nir la guerre. Tels sont les buts concrets que se
sont
assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
328
ut, resteront sans force et sans vie, si elles ne
sont
pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
329
élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce n’
est
pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
330
ession, de le rendre conscient et agissant. Telle
est
la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la néce
331
té. La section culturelle du Mouvement européen s’
est
constituée pour y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant le C
332
le mois de février de cette année. Son programme
tient
en trois rubriques : a) Documentation sur tous les efforts entrepris
333
is ils s’ignorent mutuellement. La première tâche
sera
donc de dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelle
334
en vue de la révision des manuels scolaires, qui
furent
depuis cent ans la source même des pires aberrations nationalistes. c
335
décisions politiques, juridiques ou sociales, qui
seront
prises par nos comités, pour être exécutées demain par un pouvoir féd
336
sociales, qui seront prises par nos comités, pour
être
exécutées demain par un pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bur
337
ramme d’une conférence de la culture, qui doit se
tenir
fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Gr
338
age aux Européens , congrès de La Haye.) L’Europe
est
une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que chacune comp
339
congrès de La Haye.) L’Europe est une culture qui
est
faite de douze cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut
340
faut que chacune comprenne que son salut ne peut
être
assuré que par l’union, et que cette union ne sera jamais réelle sans
341
tre assuré que par l’union, et que cette union ne
sera
jamais réelle sans le concours actif de chacune d’elles. Aussi loin d
342
in nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe,
seraient
perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est
343
urope, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour
serait
perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de l
344
Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle
est
l’interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles naissent et
345
aissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui
est
le génie de l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’
346
parle chaque semaine au micro du « dialogue » qu’
est
l’Europe. De lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours des
347
e reconquise. Paix, liberté, prospérité, tels ont
été
les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au
348
ans cette annexe toute neuve du Palais Wilson, qu’
êtes
-vous en train de préparer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur
349
e usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’
est
possible. De plus, le Centre européen offrira un lieu de rencontre au
350
u génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout s’
est
écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américaine
351
est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle
est
russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’
352
. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’
est
plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre nations, à demi ru
353
. Naguère encore maîtresse de la planète, elle en
est
réduite à lutter pour assurer sa survivance économique, et son indépe
354
er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’
Est
et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne
355
re ne peut assurer l’indépendance européenne, qui
est
à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens.
356
de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels
sont
les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement eu
357
à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se
sont
assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois d
358
eut, resteront sans force et sans vie si elles ne
sont
pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
359
élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’
est
pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
360
nt de notre communauté. Ce sentiment existe, il n’
est
pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Russes :
361
qualité de vie, de liberté et de conscience, qui
est
justement la raison d’être de l’Europe. Mais il faut informer ce sent
362
é et de conscience, qui est justement la raison d’
être
de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyen
363
ion, le rendre enfin conscient et agissant. Telle
est
la tâche vitale que voudrait assumer le Centre européen de la culture
364
vienne en aide à chacune de nos cultures : telle
sera
la double ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à
365
ices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse
soit
prévue comme siège du Centre européen de la culture et de la Conféren
366
onnelle, reconnue par toutes les puissances comme
étant
« nécessaire à l’Europe », rend difficile, pour le moment, notre plei
367
nt européen, on a reconnu que le domaine culturel
était
celui où nous pouvions, sans compromettre en rien notre neutralité, j
368
s politiques du Mouvement (le Conseil de l’Europe
étant
acquis), à mesure que la fédération du continent se dessine et prend
369
i peut servir d’exemple au continent, les Suisses
seront
fidèles à leur vraie vocation en accueillant, soutenant et animant le
370
e action historique, dont on a pu dire que le but
était
« l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Centre europé
371
jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir
été
défaite, et sa défection à l’Histoire devient une possibilité. À pein
372
ne libérée dans ses ruines, elle constate qu’elle
est
détrônée. Entre les deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Es
373
es deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’
Est
et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, e
374
cience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe
est
menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
375
et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’Europe
est
divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions », déclarait
376
e formatrice de l’union. Les analyses économiques
tiennent
une place importante dans ce livre. Elles convergent avec rigueur ver
377
e effectif des Experts. Je vois bien que ce règne
est
né d’une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle,
378
uvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il
est
né d’une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit,
379
il paraît d’ores et déjà hors de question que ce
sont
les fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Auto
380
pour une Autorité politique supranationale. S’ils
sont
parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je me perm
381
de répondre en leur nom que, justement, le but n’
est
pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne
382
u’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’
est
pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque asso
383
même contre l’union des peuples de l’Europe. Nous
sommes
tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr, et
384
s veulent ses conditions. Certains préfèrent s’en
tenir
au possible — et presque rien ne leur paraît possible — tandis que d’
385
que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui
est
la souveraineté nationale. Ces autres qui savent ce qu’ils veulent, q
386
ent ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il n’
est
pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de con
387
juste de les considérer comme extrémistes, car il
est
faux de considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais refuse
388
rigistes et les libéraux. Mais cette opposition n’
est
pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mour
389
ais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe
est
née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur suppression ar
390
. Elle y perdrait le secret de sa créativité, qui
est
aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europ
391
lementaire… Et dans plusieurs de ces domaines, il
serait
vain de chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige
392
lle perdrait sa qualité constitutive, sa raison d’
être
, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d’aut
393
itutive, sa raison d’être, en y renonçant. Quelle
est
la solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéra
394
la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’
est
pas seulement praticable en principe, mais pratique. On ne manquera p
395
On ne manquera pas de m’objecter que les Suisses
sont
les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Euro
396
and il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils
sont
déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai ce langage : Vous dites, m
397
’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je
tiendrai
ce langage : Vous dites, messieurs, qu’il faut être prudents quand o
398
i ce langage : Vous dites, messieurs, qu’il faut
être
prudents quand on s’engage dans une action si vaste. C’est aller trop
399
est aller trop vite en besogne : car vous ne vous
êtes
, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
400
i, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y
serez
, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte
401
dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
sera
temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, convien
402
toire dans laquelle vit l’Europe, depuis dix ans,
est
entrée dans la phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est
403
dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle
est
presque désespérée. Elle est aussi plus près que jamais de se résoudr
404
phase critique. Elle est presque désespérée. Elle
est
aussi plus près que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est vra
405
rès que jamais de se résoudre en une synthèse. Il
est
vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép pl
406
ésoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe
est
en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée, plus divis
407
plus angoissée et sceptique à la fois. Mais il n’
est
pas moins vrai que pour la première fois, dans toute sa longue histoi
408
te sa longue histoire, — consciemment, — l’Europe
est
en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les cond
409
sprit objectif, toutes les conditions de la ruine
sont
réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont
410
tre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce
sont
les mêmes conditions qui pourraient être celles d’une renaissance. No
411
mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient
être
celles d’une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont
412
e devenir les objets d’une guerre des autres, qui
serait
perdue par nous, quelle que soit son issue. Mais il y a, en même temp
413
es autres, qui serait perdue par nous, quelle que
soit
son issue. Mais il y a, en même temps, une manière européenne d’espér
414
me une puissance capable d’imposer la paix. Telle
est
la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son
415
st la situation contradictoire dans laquelle nous
sommes
engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en partie de
416
ous sommes engagés. À son point de crise, où nous
sommes
, il dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désespoir. Ma
417
bourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il
est
grand temps de définir la visée, la portée humaine de cette action, l
418
ion, la vocation de la communauté européenne. Tel
est
le but de cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abor
419
l’Europe ? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels
sont
ses droits humains et spirituels à l’existence indépendante ? Et c’es
420
cice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’
est
plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de cette Confér
421
et finit par offrir une belle définition de ce qu’
est
l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens.
422
définition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a
été
, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs vo
423
urope, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait
être
à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la
424
utiles, elle partira de l’idée que la culture, ce
sont
les réalités intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’Europe
425
urope autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle
est
dans sa réalité physique, autre chose que ce fameux « Cap de l’Asie »
426
onne ne perdra plus son temps à se demander ce qu’
est
la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la cultu
427
culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui ne
sont
pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il ne commence pas
428
r méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils
sont
un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps de réédu
429
semblement comme le nôtre. Ils comprendront qu’il
est
certains moments de l’histoire où l’on ne peut renverser les destins
430
tous ensemble, et toutes affaires cessantes. Pour
être
juste, il faut reconnaître que beaucoup d’intellectuels redoutent non
431
nds, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui
sont
écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre la création dans un
432
t les institutions dont nous allons parler ! « Qu’
est
-ce que cela peut bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à t
433
à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’
est
pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusion,
434
d’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et il n’
est
pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la co
435
ue de signaler et de classer les problèmes qui se
sont
révélés urgents, au terme d’une enquête dans nos divers pays. Chacun
436
ept groupes ont donné des réponses détaillées. Je
tiens
à souligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. No
437
ligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore
été
tentée. Nous avons dû l’improviser avec des groupes en pleine période
438
us détaillées, sur des projets concrets, nous ont
été
remises. Enfin, le Bureau d’études de Genève a fourni plusieurs notes
439
de la conférence. Précisons bien que ce rapport n’
est
pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conféren
440
es motifs à la série de résolutions pratiques qui
seront
proposées et mises au point par les commissions du congrès. La sectio
441
La question des échanges. — La situation présente
est
bien connue. Les congressistes auront vite dressé la liste des obstac
442
ns chères aux experts et aux documents officiels,
seraient
propres à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser
443
es culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en
serait
pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
444
qu’il n’en serait pas question si les frontières
étaient
ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, pri
445
terme même « d’échanges culturels », avouons-le,
est
devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile a
446
c’est en fait reconnaître les droits que l’État s’
est
arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’élev
447
, favoriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui
sont
le moins créateurs ou novateurs, ceux qui font le moins peur aux fonc
448
les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours
été
dans les périodes de vitalité de la culture — échanges de découvertes
449
es droits de douane ou de visas, dont le bénéfice
est
dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture
450
fice est dérisoire pour les États, dont la charge
est
ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas, dans ce domain
451
re ! La seule idée d’une respiration organisée, n’
est
-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par d
452
rets l’unité de notre culture : elle existe, elle
était
aux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir d
453
échanges doit correspondre un effort positif. Il
serait
insuffisant et vain de vouloir revenir simplement à la condition libé
454
ir revenir simplement à la condition libérale qui
était
celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau
455
au chapitre sur les passeports : « Le passeport n’
est
exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la
456
doter l’Europe unie d’instruments de travail qui
soient
à l’échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui
457
« culturels » que le xxe siècle a vu naître, il
est
frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour obje
458
e, ou à une discipline particulière. Pourtant, il
est
incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organique
459
s, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous. Il
est
étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant que tel,
460
Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore
été
étudié en tant que tel, d’une manière systématique ; et qu’il n’exist
461
es lacunes. Que le besoin d’une telle institution
soit
urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir que les difficultés qu’
462
ces inévitables dans l’état actuel des choses. Je
tiens
à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la créa
463
à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait
été
demandée la création d’un Centre européen de la culture, dont les att
464
tre européen de la culture, dont les attributions
furent
esquissées par la résolution culturelle du congrès. Au mois de févrie
465
le rapport relatif au Centre culturel. Le besoin
est
donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il
466
e culturel. Le besoin est donc reconnu, les plans
sont
là. La Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserver. Il en va
467
ons d’éducation, ont montré à quel point ce souci
est
général dans nos pays. Tout le monde se rend parfaitement compte que
468
urd’hui n’existent pas. Ils pourraient facilement
être
créés par le blocage, au titre européen, d’une fraction du budget de
469
l commun, et l’énergie créatrice des Européens ne
sont
pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur perte in
470
ements devant un choix. Un ordre de priorité doit
être
d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule
471
ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il
est
probable que le prix de revient d’une seule bombe atomique dépasse la
472
’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux
être
restés barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La Conférence
473
drait pas mieux être restés barbares, que de nous
être
aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture faillirai
474
conscience commune de l’Europe ? La question doit
être
posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit
475
e de l’Europe ? La question doit être posée. Elle
est
d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit bien clair que n
476
t d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il
soit
bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes loca
477
ux une sorte de nationalisme européen. L’Europe s’
est
, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa civ
478
er une nation européenne aux grandes nations de l’
Est
et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique,
479
able pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce
serait
trahir le génie de l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes e
480
n, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui
sera
leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leur culture dans
481
de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui
est
leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce
482
prit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne
sera
pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pou
483
t autant de barrières de douanes, ne saurait plus
être
un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les ap
484
n certain nombre de principes moraux ne sauraient
être
négligés dans la pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’exis
485
pourra dire vraiment de notre Conférence qu’elle
fut
le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, i
486
cience européenne. Une conscience malheureuse, il
est
vrai, tourmentée, coupable, — comme toute conscience, en dernière ana
487
paraît plus clairement depuis que se dressent à l’
Est
comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, d
488
jeunes, filles de la nôtre, dont l’une, qui nous
est
chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré. Il
489
déal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré. Il
est
frappant que le bonheur, en Europe, n’ait trouvé ses plus hautes expr
490
irons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne
sommes
pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité organis
491
6. Présidée par M. Salvador de Madariaga, qui
était
d’ailleurs président de la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé
492
1949. p. Nous avons rajouté le participe passé «
été
», oublié par erreur dans le texte original. q. Les sous-titres ont
493
dans le texte original. q. Les sous-titres ont
été
rajoutés pour les besoins de cette édition numérique.
494
à Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’
est
pas sans surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’Espri
495
Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’Europe
sont
faits, « sont là » ; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « e
496
urope ; que les États-Unis d’Europe sont faits, «
sont
là » ; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et de toute évi
497
n « et de toute évidence » les USA ; que M. Spaak
est
un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir »
498
Benda qu’il faut interroger ; que le fédéralisme
est
contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enf
499
») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais
été
amoureux ». Heureusement pour l’Europe, et pour les fédéralistes, il
500
tre projet « imbécile ». Celui que vous critiquez
est
tel sans aucun doute. Mais d’où sort-il ? Je ne connais pas un seul f
501
re où je viens de les relever. 1° « La Russie, qu’
est
-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible de l’exclure
502
qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il
soit
possible de l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-
503
ue ? Vous démontrez, au paragraphe suivant, qu’il
serait
vain d’espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fas
504
es États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils
sont
là !… » Je ne sais qui vous l’a dit, mais c’est une fausse nouvelle.
505
une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle
serait
vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbo
506
vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’
est
réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux arti
507
e mieux que l’on puisse attendre de cet organisme
est
qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré ses très graves imp
508
puis le 11 août 1949, mais les États-Unis n’y ont
été
nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE
509
r L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE qui
est
née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qui agit plus
510
l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak
est
un homme d’État qui agit plus que tout autre en faveur de l’union eur
511
ens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’
est
pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et de
512
embarrassante, vous choisissez Julien Benda, qui
est
à peu près aussi fédéraliste que vous êtes stalinien ou moi bouddhist
513
da, qui est à peu près aussi fédéraliste que vous
êtes
stalinien ou moi bouddhiste. Vous prenez vos « fédéralistes » dans L’
514
es diversités sans lesquelles aucune fédération n’
est
possible. » C’est la seule page de ce gros livre où vous aviez la cha
515
i veut l’union dans la diversité, formule suisse)
étant
à l’opposé de celle de Benda (qui veut l’unification, formule jacobin
516
formule jacobine) vous déclarez que la seconde n’
est
que « l’aveu » de ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr,
517
lle colère se trompe d’adresse. De quoi ce lapsus
est
-il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous des gens que vous n’
518
ous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’
êtes
pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près journalistique. Pour en
519
fidèlement que M. Benda. Mais quoi, cette lettre
est
inutile, si l’on a décidé d’appeler « fédéralistes » tous ceux, qui,
520
i de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y
est
, dites-nous donc ce que vous proposez. Car je ne vais pas vous faire
521
Il
est
impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t
522
ope sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il
est
impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa c
523
’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe
est
réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amériq
524
pe est réduite à l’impuissance politique, si elle
est
colonisée par l’Amérique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par l
525
tes les autres. Le secret de ses mesures vivantes
sera
perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture active rendue à l’efficacit
526
té, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle
sera
peut-être unie, c’est même plus que probable, par les soins d’experts
527
rvirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’
était
pas celle de son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non
528
? L’Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle
est
, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour
529
ope sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne
serait
plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre d
530
e, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en
est
-il donc de ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les d
531
ions de Russes et 150 millions d’Américains, nous
sommes
ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nou
532
tre et sculpture : presque tous leurs grands noms
sont
des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris
533
des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en
sont
pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terra
534
Je dirai plus. Le monde moderne tout entier peut
être
appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il im
535
elques rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que
sont
les empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amériqu
536
pens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline
sont
des produits de notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en
537
degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui
sont
des inventions européennes ; et de l’autre côté, Marx et notre indust
538
grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’
est
point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce procédé
539
plus frappants et qu’ils croient spécifiques, ne
sont
souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas, sur t
540
érique et la Russie moderne, dans plus d’un sens,
sont
en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas de malentend
541
liberté politique. s. Rougemont Denis de, « Il
est
impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », France indépe
542
gemont au congrès de La Fédération à Beaune. Nous
tenons
à remercier M. de Rougemont pour son autorisation de publier ces lign
543
on de publier ces lignes qui suscitèrent, nous en
sommes
certains, chez nos amis un intérêt très vif et une approbation complè
544
e cette poésie fait reculer le commentaire : elle
est
un acte, elle se pose là, posant elle-même ses mesures. La première p
545
très loin, ou qui pensent à de grands objets. Ce
sont
des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre d’angl
546
sensible dans l’action ; soucieux de voir, non d’
être
vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molestés de
547
rance, que tant de « partisans extravagants » qui
tenaient
bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il
548
aient bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’
est
pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois
549
t de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il
est
temps de parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relatio
550
proposer trois remarques sur les relations qui se
sont
révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ou
551
Vents me paraît bien plus américain qu’Anabase n’
était
asiatique. J’y verrais même la meilleure description de l’essor des É
552
ans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’
était
plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’inventio
553
che vers l’ouest », contre le vent qui souffle en
est
. De l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomist
554
reur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent
être
vues comme une seule et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pa
555
nt de départ d’une rhétorique.) Un continent nous
est
ici donné dans sa formule dynamique, dans son mouvement vers l’Ouest,
556
à l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout
est
mouvant au monde américain, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans
557
lle. Tout est mouvant au monde américain, ne peut
être
saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges. Et nous disions les
558
nes » et son délire global…) II. Anabase et Vents
sont
parmi les rares œuvres toniques de ce siècle : chants de violence heu
559
eur et favorable, éloges, délice et délectable, y
sont
aussi fréquents que chez tant d’autres les expressions du délaissemen
560
Interdiction faite au poète ! … Mais si un homme
tient
pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour ! et mon a
561
sse, qu’on le produise dans le jour ! et mon avis
est
qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostal
562
faible d’un grand rythme souple, dont il devrait
être
interdit de l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin d
563
être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest
est
à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvel
564
me un rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle
est
de l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage
565
» dont parlait un jour Baudelaire. III. L’Europe
étant
vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L
566
étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique
est
vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peu
567
emps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe
fut
universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est plané
568
ste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique
est
planétaire. Sujets et procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les vo
569
vrent les voies d’un grand lyrisme américain. Ils
sont
classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les éléments,
570
l y eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’
est
pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’
571
» (Deux exemples au hasard de ma mémoire.) 5. Où
sont
les grands poètes capables de bonheur, et de grandir dans le bonheur,
572
r dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux
sont
les plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Donne, parfois Claudel