1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 tution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’a
2 e sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt
3 esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments de notre expérience helvétique qui méritent d’être donné
4 nts de notre expérience helvétique qui méritent d’ être donnés en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure ils pourraien
5 uis de chercher dans quelle mesure ils pourraient être utilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle. La question de nos
6 ange. Nous voyons tout d’abord que cent ans, ce n’ est qu’un septième de notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’étend
7 le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’ est à son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, qui
8 sation. Ces considérations, dans leur simplicité, sont propres à nous rappeler que l’évolution humaine ne s’arrêtera pas ave
9 humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans la march
10 e impossibles à prévoir aujourd’hui, mais dont il est certain qu’elles apparaîtront, et dans lesquelles nos formes actuelle
11 ortions de notre expérience à l’histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C
12 sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’ est -ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé, achevé en soi,
13 ation à une échelle infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux q
14 immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’e
15 èvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. 
16 ut cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’ est pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne s’agit que des modal
17 e l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensions que ses applications, mais
18 nc ici que de notre idée fédéraliste en soi. Elle est très simple, comme toutes les grandes idées, mais non pas simple à dé
19 finir en quelques mots, en une formule ; car elle est d’un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beauc
20 liste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie
21 omparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’ est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années p
22 réduction impitoyable des résistances, mais elle est au contraire le secret d’un équilibre constamment mouvant entre des f
23 ctique ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est le battement du cœur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pa
24 ais aussi « Tous pour un ». Dans ce sens, il nous sera permis de dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la
25 era permis de dire que la politique fédéraliste n’ est rien d’autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de
26 t court, au sens le plus légitime de ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques par
27 t. ⁂ C’est peut-être parce que l’idée fédéraliste est à la fois très simple à sentir et très délicate à formuler, qu’on la
28 fait si rarement formulée dans notre histoire. Il est certain qu’elle a guidé plus ou moins consciemment les principales dé
29 pris forme et force de loi vers 1848 ; mais ce n’ est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philosoph
30 8 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’ est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même —
31 et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici.
32 et aussi de la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourron
33 me : à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuv
34 r les minorités, destructrices des diversités qui sont la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ord
35 t la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’ est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un centre
36 elles, psychologiques, et même économiques, telle est la santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis sont ceux que Jacob
37 la santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis sont ceux que Jacob Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique de «
38 il convient de leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctio
39 à elle que nos fonctionnaires et nos législateurs sont constamment rappelés au concret, forcés de rester en contact avec les
40 act avec les réalités humaines du pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes politiques, culturels, administrati
41 et se recouvrent de cent manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un esprit unitaire, jacobin ou totali
42 sonne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
43 1948)a 1. Parabole des fées Tout cela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science
44 se et qui progresse. Vous semblez croire que nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe, de penser n’importe quoi, et qu
45 science produit des preuves que vos superstitions seraient bien en peine de réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des
46 lages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’ est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plu
47 beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne n
48 oilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne n’osant le contester autour de moi, je cro
49 t. Supposez que leur plaisir nouveau et principal soit d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après de
50 t l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques sectes populaires, font de la mort une plaisanter
51 plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques, etc.
52 sé. Comme l’a fait remarquer Toynbee, les utopies sont en réalité des « programmes d’action déguisés en descriptions sociolo
53 s imaginaires », et l’action qu’elles proposent n’ est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en d
54 mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire. Est -il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypo
55 ne manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de compo
56 e de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’ est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilib
57 ntradictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produi
58 Seul l’effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble s
59 ion de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la sc
60 plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ».
61 yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons de croire ce que nous pensons que
62 conception du monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or elle demeure
63 ourante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or elle demeure matérialiste et mécaniste, quand l
64 meure matérialiste et mécaniste, quand la science est depuis trente ans énergétique et statistique… Cependant, l’on peut im
65 uisent les résultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjec
66 x arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les biologistes. D’autre
67 ion complète du milieu naturel par nos techniques est déjà mieux qu’imaginable. Sa réalisation pratique et généralisée, pou
68 isée, pour toutes les classes et tous les peuples est cependant freinée par diverses passions que notre effort technique a
69 es les possibilités destructrices de la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusem
70 bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut
71 nséquence indirecte de l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la notion de loi (au sens détermini
72 a sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’
73 re en liberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise
74 rs plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des challenges
75 , il s’en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistance au progrès techni
76 principale résistance au progrès technique déjà n’ est plus dans la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planèt
77 is dans l’homme. Notre existence sur la planète n’ est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire pa
78 t provoquent la guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologique de telle nature, que la civilisation
79 ences de « vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent
80 soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de ga
81 t prévoir à chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissant et que notre
82 op puissant et que notre civilisation y succombe, soit que nous y répondions victorieusement par l’établissement d’un gouver
83 ne réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’humanité,
84 succès même de notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu d
85 sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu dans la littérature avec l’époque industrielle et ses grandes
86 c l’époque industrielle et ses grandes villes. Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plu
87 des villes. Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plus typique du xixe siècle. (Sans horai
88 l’excès de variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’ennui que la mu
89 thésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et physiologique,
90 social et physiologique, dont le principe général sera d’obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question
91 c une rigueur sans exemple dans notre passé : ils seront les criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandesti
92 sit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci sera sans doute initiée par une élite en tous points comparable à celle de
93 aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’ être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une v
94 dissociation d’un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre langage, que je
95 par le terme symbolique de Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est v
96 s Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi de théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx,
97 fourni les cadres du capitalisme industriel. Marx est l’ancêtre du plus puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
98 ontinent, et que signifierait sa perte ? Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
99 erait sa perte ? Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons bien que les m
100 le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons bien que les menaces qui pèsent sur nous m
101 des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le
102 a valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est e
103 t donc une notion de l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle que nous possédon
104 que nous poserons les bases de la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de la culture en Europe
105 auver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économique et
106 il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’uni
107 s unir sont d’ordre économique et politique, il n’ est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culture
108 l n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographie, l’Europ
109 lle. Du point de vue de la géographie, l’Europe n’ est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et de
110 s le plus large et humain. La culture véritable n’ est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécia
111 ce ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise
112 ope, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au servic
113 ncore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au service du développement de l’industrie, ou de certaines visé
114 ’industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’économie qui lui d
115 conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais été , en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
116 tion ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialog
117 choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera , tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien so
118 odeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’ est pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’est pas achevée, mais
119 st pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’ est pas achevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diversité d
120 ans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoires constituant son
121 choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire ill
122 re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
123 sordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et de sa liber
124 vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
125 chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
126 alables mais pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en cré
127 ède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou id
128 ns sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyranniq
129 e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
130 il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
131 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédéral
132 parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en s
133 la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’ est qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. C
134 droit exclusif dans l’organisation du continent n’ est pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’une s
135 ent n’est pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite
136 e ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
137 oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à
138 capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’ est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
139 )d e Deux colosses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
140 -dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’ est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations d
141 rope n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
142 deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’ est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
143 conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont 
144 e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
145 ns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
146 a Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
147 e guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver
148 ’Europe, c’est-à-dire la Troisième puissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l
149 utres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rap
150 Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’o
151 ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
152 . Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
153 faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
154 ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
155 d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’ être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la ter
156 choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire u
157 me on dit, quelques difficultés. On nous dit : qu’ est -ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou po
158 dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est -ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bons suje
159 tc. Bien sûr ; mais hélas ! l’Europe réelle, ce n’ est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de
160 arlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui s
161 ques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’ est rien encore : l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutat
162 assesses, et au total son dynamisme incomparable, sont nés précisément de ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie p
163 ette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà
164 l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité
165 iberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’ était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une préa
166 plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi
167  » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’ est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est jus
168 idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
169 t la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’ est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui
170 surance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale,
171 e désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
172 l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéralist
173 , qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sen
174 les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’ est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ceux qui nous disent
175 toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ceux qui nous disent : Nous ne boudons pas vo
176 de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’ est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une
177 à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nou
178 ent fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais s
179 Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais soyons sérieux : quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « myst
180 haque jour contre elles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublemen
181 as là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui
182 érieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de nos
183 ais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
184 c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est , nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous f
185 celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’ est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas
186 lle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
187 ns nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitai
188 ix, vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le fédérali
189 guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclament leur fédérati
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
190 Sabbat et au culte. Mais les règlements scolaires sont stricts : toute absence d’un élève qui n’est pas justifiée par des ra
191 res sont stricts : toute absence d’un élève qui n’ est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes », telle que malad
192 eptionnelle, impossibilité de circuler, etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervalles fréquents ou réguliers
193 à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors subie par les parents ou responsables, et va de l’amende à la p
194 munale, moyenne, normale et un lycée) la preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté apparente. L
195 artements, après que les demandes de dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que le direc
196 ispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’inspecteur d’ac
197 n Alsace, des amendes ou des peines de prison ont été infligées aux pères d’enfants absents plusieurs samedis de suite. D’i
198 tive. Mais la loi demeure invariable. Et quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de la l
199 Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’ est vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant trente heures parce
200 payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions re
201 llette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidives ») à trois, puis à quatre jours de prison
202 s’agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question
203 e, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’ est pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement perpét
204 affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement perpétrée sur des millions, et i
205 e n’est pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement perpétrée sur des millions, et il est curieux que les
206 quotidiennement perpétrée sur des millions, et il est curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d’exceptions
207 e pour certains criminels sociaux, dont le nombre est infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes ont tort ou
208 ces convictions, car si les deux points de vue n’ étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à
209 problème posé par quelques adventistes disséminés est moins actuel ou moins urgent, peut-être, que le problème posé par les
210 t conduire. Danger des lois trop simples Il est clair qu’une législation non pas plus « souple », mais plus complexe
211 lits du genre de ceux que l’on vient de citer. Il serait , par exemple, extrêmement facile d’introduire dans les règlements sco
212 pposera deux objections courantes : on dira qu’il est trop compliqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est danger
213 liqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourro
214 précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pén
215 ront être tentées d’abuser. Le premier argument n’ est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines
216 rsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien n’ est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace de
217 et sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscrites au seuil des grandes constitutions, la Liberté et la Démocr
218 utions, la Liberté et la Démocratie cesseraient d’ être raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit a
219 éleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que d’ajouter quelques clauses aux milliers d’autres,
220 n, qui s’accumulent dans nos codes. Si l’anarchie est mauvaise, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais une réglemen
221 e applications tyranniques — et que « la tyrannie est le souverain désordre », comme l’écrivait, en une sentence mémorable,
222 evée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins d’un centième de la population totale du pays. C
223 aient les principes qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur prospérité et de
224 de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’ est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou ne suggère aucun élément
225 . Chacune de nos religions, ne l’oublions jamais, est en quelque manière ou quelque lieu du monde, minoritaire. Chacune don
226 tir visée par la persécution qu’une autre endure. Est -il nécessaire d’ajouter qu’il en va de même pour nos droits politique
227 11-14. i. Présenté par la note suivante : « Il n’ est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout cou
228 pose fort bien dans les pages qui suivent et nous sommes entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’est pas incondition
229 entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’ est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la liberté. » j. « C
230 ui : une liberté qui n’est pas inconditionnelle n’ est qu’une caricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’original
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
231 nement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air depuis au moins trois ans
232 indre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air depuis au moins trois ans, mais elle y serait sans doute r
233 dans l’air depuis au moins trois ans, mais elle y serait sans doute restée si quelques écrivains n’avaient volé au secours du
234 réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos di
235 us ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous les prenons a
236 roposons une méthode de travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est de commencer par l’
237 est déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est de commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la pai
238 au lendemain d’Hiroshima, il y a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il
239 à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu d’av
240 . Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu d’avoir fait un grand pas en avant en embrassa
241 de la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la guerre froid
242 s unis — et j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situation s’es
243 t. Et la guerre froide a commencé. La situation s’ est donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui nous semblent t
244 s dire… Deux colosses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
245 -dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’ est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nations do
246 urope n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’i
247 deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’ est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nati
248 conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont 
249 e elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allema
250 ns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre e
251 Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vainc
252 guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple c
253 umanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple comme 2 et 2 font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque
254  : tout cela va vers une guerre qui risque bien d’ être enfin la dernière, parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire
255 l’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l
256 utres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je rappelle
257 Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a t
258 ope occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, e
259 . Si ces 300 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur
260 faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraien
261 ent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la pai
262 d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’ être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la ter
263 choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire u
264 me on dit, quelques difficultés. On nous dit : qu’ est -ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou po
265 dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’Europe ? Est -ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bons suje
266 etc. Bien sûr ; mais hélas, l’Europe réelle, ce n’ est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de
267 arlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui s
268 urope, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et p
269 peut mesurer leur vraie valeur. En Amérique, tout est plus simple, évidemment : vous avez une langue, une nation, une doctr
270 tore, et une morale moyenne, dont l’idée générale est justement d’éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronte
271 ques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’ est rien encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutat
272 assesses, et au total son dynamisme incomparable, sont nés précisément de ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie p
273 ette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà
274 l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité
275 iberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’ était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une préa
276 plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quo
277  » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’ est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est jus
278 idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
279 t la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’ est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui
280 surance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale,
281 e désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
282 l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéralist
283 , qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sen
284 .) Inutile d’insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéra
285 ster : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéralisme, c’est donc
286 les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’ est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le fédé
287 toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous les étages
288 : jacobines ou totalitaires qui s’ignorent. Ce ne serait rien encore. Nous savons que notre action doit aboutir une transforma
289 duit de toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruir
290 voir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal
291 ées, et plus encore : les simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit les libertés européennes, le droit d
292 ties dites populaires. Les vues que j’expose ici sont garanties par une action qui se poursuit dans toute l’Europe depuis d
293 ursuit dans toute l’Europe depuis deux ans et qui est en train d’aboutir à certains résultats concrets. La Conférence des C
294 elque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous sommes loin de chanter victoire : notre vraie lutte ne fait que commencer. A
295 r l’agression… C’est donc, pour nous, le moment d’ être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active derri
296 ut le travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’avoir lue da
297 cle, bien entendu, nous vous rejoindrons, nous en serons tous… » Il y a ceux qui nous applaudissent, comme ces soldats de je n
298 de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’ est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une
299 à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nou
300 ent fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais s
301 Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « myst
302 haque jour contre elles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublemen
303 as là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qu
304 rieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de nos
305 ais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
306 c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est , nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous f
307 celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’ est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas
308 lle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
309 ns nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitai
310 fin ceux qui nous disent non sans raison : « Nous sommes saturés de discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez
311 mmes saturés de discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur
312 bien entendu. Ce qu’il nous faut, disent-ils, ce sont des apôtres ! En avez-vous ? » Pour ceux-là, nous avons du travail. J
313 leur dis : s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi ne seriez-vous pas le premier ? Diogèn
314 si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi ne seriez -vous pas le premier ? Diogène avait bien tort quand il cherchait un h
315 ’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous les
316 x, nous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir le fédéra
317 guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclamant leur fédérati
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
318 te puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent très diverses et même contradictoires. L’Europe a dominé par ses tech
319 tion que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est do
320 est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’une culture
321 la conscience d’une culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe
322 t menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autre
323 n comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont
324 sa culture. Défendre l’Europe, aujourd’hui, ce n’ est donc plus défendre le capitalisme industriel, ni la puissance militai
325 er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’ Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne
326 uropéenne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement eu
327 nir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
328 ut, resteront sans force et sans vie, si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
329 élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce n’ est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
330 ession, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la néce
331 té. La section culturelle du Mouvement européen s’ est constituée pour y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant le C
332 le mois de février de cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) Documentation sur tous les efforts entrepris
333 is ils s’ignorent mutuellement. La première tâche sera donc de dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelle
334 en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans la source même des pires aberrations nationalistes. c
335 décisions politiques, juridiques ou sociales, qui seront prises par nos comités, pour être exécutées demain par un pouvoir féd
336 sociales, qui seront prises par nos comités, pour être exécutées demain par un pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bur
337 ramme d’une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Gr
338 age aux Européens , congrès de La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que chacune comp
339 congrès de La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut
340 faut que chacune comprenne que son salut ne peut être assuré que par l’union, et que cette union ne sera jamais réelle sans
341 tre assuré que par l’union, et que cette union ne sera jamais réelle sans le concours actif de chacune d’elles. Aussi loin d
342 in nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est
343 urope, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de l
344 Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles naissent et
345 aissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
346 parle chaque semaine au micro du « dialogue » qu’ est l’Europe. De lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours des
347 e reconquise. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au
348 ans cette annexe toute neuve du Palais Wilson, qu’ êtes -vous en train de préparer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur
349 e usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’ est possible. De plus, le Centre européen offrira un lieu de rencontre au
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
350 u génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout s’ est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américaine
351 est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’
352 . Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’ est plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre nations, à demi ru
353 . Naguère encore maîtresse de la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance économique, et son indépe
354 er sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’ Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne
355 re ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens.
356 de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement eu
357 à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois d
358 eut, resteront sans force et sans vie si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos
359 élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’ est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une
360 nt de notre communauté. Ce sentiment existe, il n’ est pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Russes :
361 qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais il faut informer ce sent
362 é et de conscience, qui est justement la raison d’ être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyen
363 ion, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche vitale que voudrait assumer le Centre européen de la culture
364 vienne en aide à chacune de nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à
365 ices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la culture et de la Conféren
366 onnelle, reconnue par toutes les puissances comme étant « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pour le moment, notre plei
367 nt européen, on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvions, sans compromettre en rien notre neutralité, j
368 s politiques du Mouvement (le Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que la fédération du continent se dessine et prend
369 i peut servir d’exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation en accueillant, soutenant et animant le
370 e action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Centre europé
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
371 jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été défaite, et sa défection à l’Histoire devient une possibilité. À pein
372 ne libérée dans ses ruines, elle constate qu’elle est détrônée. Entre les deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Es
373 es deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’ Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, e
374 cience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
375 et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions », déclarait
376 e formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans ce livre. Elles convergent avec rigueur ver
377 e effectif des Experts. Je vois bien que ce règne est né d’une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle,
378 uvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit,
379 il paraît d’ores et déjà hors de question que ce sont les fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Auto
380 pour une Autorité politique supranationale. S’ils sont parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je me perm
381 de répondre en leur nom que, justement, le but n’ est pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne
382 u’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’ est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque asso
383 même contre l’union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr, et
384 s veulent ses conditions. Certains préfèrent s’en tenir au possible — et presque rien ne leur paraît possible — tandis que d’
385 que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui est la souveraineté nationale. Ces autres qui savent ce qu’ils veulent, q
386 ent ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il n’ est pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de con
387 juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais refuse
388 rigistes et les libéraux. Mais cette opposition n’ est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mour
389 ais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur suppression ar
390 . Elle y perdrait le secret de sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europ
391 lementaire… Et dans plusieurs de ces domaines, il serait vain de chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige
392 lle perdrait sa qualité constitutive, sa raison d’ être , en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d’aut
393 itutive, sa raison d’être, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéra
394 la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’ est pas seulement praticable en principe, mais pratique. On ne manquera p
395 On ne manquera pas de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Euro
396 and il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai ce langage : Vous dites, m
397 ’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai ce langage : Vous dites, messieurs, qu’il faut être prudents quand o
398 i ce langage : Vous dites, messieurs, qu’il faut être prudents quand on s’engage dans une action si vaste. C’est aller trop
399 est aller trop vite en besogne : car vous ne vous êtes , jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
400 i, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez , il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte
401 dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, convien
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
402 toire dans laquelle vit l’Europe, depuis dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est
403 dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est aussi plus près que jamais de se résoudr
404 phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est aussi plus près que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est vra
405 rès que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép pl
406 ésoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée, plus divis
407  plus angoissée et sceptique à la fois. Mais il n’ est pas moins vrai que pour la première fois, dans toute sa longue histoi
408 te sa longue histoire, — consciemment, — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les cond
409 sprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont
410 tre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient être celles d’une renaissance. No
411 mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient être celles d’une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont
412 e devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son issue. Mais il y a, en même temp
413 es autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son issue. Mais il y a, en même temps, une manière européenne d’espér
414 me une puissance capable d’imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son
415 st la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en partie de
416 ous sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes , il dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désespoir. Ma
417 bourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine de cette action, l
418 ion, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abor
419 l’Europe ? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’existence indépendante ? Et c’es
420 cice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’ est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de cette Confér
421 et finit par offrir une belle définition de ce qu’ est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens.
422 définition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été , de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs vo
423 urope, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la
424 utiles, elle partira de l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’Europe
425 urope autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réalité physique, autre chose que ce fameux « Cap de l’Asie »
426 onne ne perdra plus son temps à se demander ce qu’ est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la cultu
427 culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui ne sont pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il ne commence pas
428 r méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps de réédu
429 semblement comme le nôtre. Ils comprendront qu’il est certains moments de l’histoire où l’on ne peut renverser les destins
430 tous ensemble, et toutes affaires cessantes. Pour être juste, il faut reconnaître que beaucoup d’intellectuels redoutent non
431 nds, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui sont écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre la création dans un
432 t les institutions dont nous allons parler ! « Qu’ est -ce que cela peut bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à t
433 à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’ est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusion,
434 d’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et il n’ est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la co
435 ue de signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans nos divers pays. Chacun
436 ept groupes ont donné des réponses détaillées. Je tiens à souligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. No
437 ligner qu’une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. Nous avons dû l’improviser avec des groupes en pleine période
438 us détaillées, sur des projets concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études de Genève a fourni plusieurs notes
439 de la conférence. Précisons bien que ce rapport n’ est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conféren
440 es motifs à la série de résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point par les commissions du congrès. La sectio
441 La question des échanges. — La situation présente est bien connue. Les congressistes auront vite dressé la liste des obstac
442 ns chères aux experts et aux documents officiels, seraient propres à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser
443 es culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
444 qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, pri
445 terme même « d’échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire facile a
446 c’est en fait reconnaître les droits que l’État s’ est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’élev
447 , favoriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui sont le moins créateurs ou novateurs, ceux qui font le moins peur aux fonc
448 les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — échanges de découvertes
449 es droits de douane ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture
450 fice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas, dans ce domain
451 re ! La seule idée d’une respiration organisée, n’ est -il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par d
452 rets l’unité de notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir d
453 échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisant et vain de vouloir revenir simplement à la condition libé
454 ir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau
455 au chapitre sur les passeports : « Le passeport n’ est exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la
456 doter l’Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui
457 « culturels » que le xxe siècle a vu naître, il est frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour obje
458 e, ou à une discipline particulière. Pourtant, il est incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organique
459 s, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous. Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant que tel,
460 Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant que tel, d’une manière systématique ; et qu’il n’exist
461 es lacunes. Que le besoin d’une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir que les difficultés qu’
462 ces inévitables dans l’état actuel des choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la créa
463 à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la création d’un Centre européen de la culture, dont les att
464 tre européen de la culture, dont les attributions furent esquissées par la résolution culturelle du congrès. Au mois de févrie
465 le rapport relatif au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il
466 e culturel. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserver. Il en va
467 ons d’éducation, ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays. Tout le monde se rend parfaitement compte que
468 urd’hui n’existent pas. Ils pourraient facilement être créés par le blocage, au titre européen, d’une fraction du budget de
469 l commun, et l’énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur perte in
470 ements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule
471 ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bombe atomique dépasse la
472 ’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La Conférence
473 drait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture faillirai
474 conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit
475 e de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit bien clair que n
476 t d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes loca
477 ux une sorte de nationalisme européen. L’Europe s’ est , de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa civ
478 er une nation européenne aux grandes nations de l’ Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique,
479 able pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes e
480 n, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leur culture dans
481 de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce
482 prit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pou
483 t autant de barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les ap
484 n certain nombre de principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’exis
485 pourra dire vraiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, i
486 cience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, tourmentée, coupable, — comme toute conscience, en dernière ana
487 paraît plus clairement depuis que se dressent à l’ Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, d
488 jeunes, filles de la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré. Il
489 déal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait trouvé ses plus hautes expr
490 irons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité organis
491 6. Présidée par M. Salvador de Madariaga, qui était d’ailleurs président de la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé
492 1949. p. Nous avons rajouté le participe passé «  été  », oublié par erreur dans le texte original.  q. Les sous-titres ont
493 dans le texte original.  q. Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins de cette édition numérique.
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
494 à Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’ est pas sans surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’Espri
495 Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’Europe sont faits, « sont là » ; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « e
496 urope ; que les États-Unis d’Europe sont faits, «  sont là » ; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et de toute évi
497 n « et de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir »
498 Benda qu’il faut interroger ; que le fédéralisme est contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enf
499  ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’Europe, et pour les fédéralistes, il
500 tre projet « imbécile ». Celui que vous critiquez est tel sans aucun doute. Mais d’où sort-il ? Je ne connais pas un seul f
501 re où je viens de les relever. 1° « La Russie, qu’ est -ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible de l’exclure
502 qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible de l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-
503 ue ? Vous démontrez, au paragraphe suivant, qu’il serait vain d’espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fas
504 es États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils sont là !… » Je ne sais qui vous l’a dit, mais c’est une fausse nouvelle.
505 une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle serait vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbo
506 vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’ est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux arti
507 e mieux que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré ses très graves imp
508 puis le 11 août 1949, mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE
509 r L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qui agit plus
510 l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qui agit plus que tout autre en faveur de l’union eur
511 ens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’ est pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et de
512 embarrassante, vous choisissez Julien Benda, qui est à peu près aussi fédéraliste que vous êtes stalinien ou moi bouddhist
513 da, qui est à peu près aussi fédéraliste que vous êtes stalinien ou moi bouddhiste. Vous prenez vos « fédéralistes » dans L’
514 es diversités sans lesquelles aucune fédération n’ est possible. » C’est la seule page de ce gros livre où vous aviez la cha
515 i veut l’union dans la diversité, formule suisse) étant à l’opposé de celle de Benda (qui veut l’unification, formule jacobin
516 formule jacobine) vous déclarez que la seconde n’ est que « l’aveu » de ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr,
517 lle colère se trompe d’adresse. De quoi ce lapsus est -il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous des gens que vous n’
518 ous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’ êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près journalistique. Pour en
519 fidèlement que M. Benda. Mais quoi, cette lettre est inutile, si l’on a décidé d’appeler « fédéralistes » tous ceux, qui,
520 i de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y est , dites-nous donc ce que vous proposez. Car je ne vais pas vous faire
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
521 Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t
522 ope sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa c
523 ’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amériq
524 pe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par l
525 tes les autres. Le secret de ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture active rendue à l’efficacit
526 té, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plus que probable, par les soins d’experts
527 rvirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’ était pas celle de son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non
528  ? L’Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est , ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour
529 ope sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre d
530 e, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est -il donc de ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les d
531 ions de Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nou
532 tre et sculpture : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris
533 des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terra
534 Je dirai plus. Le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il im
535 elques rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que sont les empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amériqu
536 pens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des produits de notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en
537 degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes ; et de l’autre côté, Marx et notre indust
538 grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’ est point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce procédé
539 plus frappants et qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas, sur t
540 érique et la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas de malentend
541 liberté politique. s. Rougemont Denis de, « Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », France indépe
542 gemont au congrès de La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son autorisation de publier ces lign
543 on de publier ces lignes qui suscitèrent, nous en sommes certains, chez nos amis un intérêt très vif et une approbation complè
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
544 e cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses mesures. La première p
545 très loin, ou qui pensent à de grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre d’angl
546 sensible dans l’action ; soucieux de voir, non d’ être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molestés de
547 rance, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il
548 aient bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’ est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois
549 t de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relatio
550 proposer trois remarques sur les relations qui se sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ou
551 Vents me paraît bien plus américain qu’Anabase n’ était asiatique. J’y verrais même la meilleure description de l’essor des É
552 ans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’ était plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’inventio
553 che vers l’ouest », contre le vent qui souffle en est . De l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomist
554 reur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être vues comme une seule et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pa
555 nt de départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynamique, dans son mouvement vers l’Ouest,
556 à l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde américain, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans
557 lle. Tout est mouvant au monde américain, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges. Et nous disions les
558 nes » et son délire global…) II. Anabase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques de ce siècle : chants de violence heu
559 eur et favorable, éloges, délice et délectable, y sont aussi fréquents que chez tant d’autres les expressions du délaissemen
560 Interdiction faite au poète ! … Mais si un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour ! et mon a
561 sse, qu’on le produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostal
562 faible d’un grand rythme souple, dont il devrait être interdit de l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin d
563 être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvel
564 me un rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage
565  » dont parlait un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L
566 étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peu
567 emps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est plané
568 ste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est planétaire. Sujets et procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les vo
569 vrent les voies d’un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les éléments,
570 l y eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’ est pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’
571 » (Deux exemples au hasard de ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de grandir dans le bonheur,
572 r dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Donne, parfois Claudel