1
L’idée fédéraliste (
1948
)b On peut penser avec le philosophe Jaspers que l’Europe du xxe s
2
suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre,
deux
réserves préalables se présentent aussitôt à l’esprit. Il conviendrai
3
es d’histoire suisse, notre État fédéral avec ses
cent
ans d’existence représente déjà une tradition ; nous pouvons en étudi
4
nérale, tout change. Nous voyons tout d’abord que
cent
ans, ce n’est qu’un septième de notre histoire nationale ; que celle-
5
les graines meurent, mais elles peuvent mourir de
deux
manières : les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’humus,
6
t la chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce
siècle
ou pour ceux qui le suivront. La chance d’une graine. Transposons mai
7
ent à ceci : ou bien notre État fédéral, après un
siècle
et demi ou deux, disparaîtra tout comme une autre République séréniss
8
en notre État fédéral, après un siècle et demi ou
deux
, disparaîtra tout comme une autre République sérénissime de Venise, n
9
ales décisions de notre vie politique pendant des
siècles
, et qu’elle a finalement pris forme et force de loi vers 1848 ; mais
10
elle a finalement pris forme et force de loi vers
1848
; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commente
11
inspiré l’action tout empirique de nos ancêtres.
1.
Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à toute idée d’hégém
12
à l’unification, caricature de l’union véritable.
2.
Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de sys
13
la fois de respecter et d’articuler dans un tout.
3.
Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objecter
14
de leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés.
4.
Enfin le fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contras
15
ontières, et qui se recoupent et se recouvrent de
cent
manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un espri
16
de, « L’idée fédéraliste », La Démocratie suisse (
1848-1948
), Morat, Éditions patriotiques, 1948, p. 461-464.
17
suisse (1848-1948), Morat, Éditions patriotiques,
1948,
p. 461-464.
18
Essai sur l’avenir (
1948
)a 1. Parabole des fées Tout cela est très joli ! disait l
19
Essai sur l’avenir (1948)a
1.
Parabole des fées Tout cela est très joli ! disait le Docteur,
20
guérit ! Elle invente des machines qui font déjà
mille
kilomètres à l’heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre
21
aujourd’hui d’aller beaucoup plus vite qu’il y a
cent
ans. Voilà qui est sérieux, me dites-vous. Et voilà qui est utile au
22
chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après
deux
ou trois siècles d’application des bons esprits. Voilà le sérieux nou
23
omme les fées, et qu’ils y arrivent après deux ou
trois
siècles d’application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’u
24
es fées, et qu’ils y arrivent après deux ou trois
siècles
d’application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité u
25
ent la paix du cœur dans la souffrance, inventent
mille
tours sentimentaux insoupçonnés de notre barbarie, créent l’immobilit
26
ée. Nous vous laissons à vos enfantillages.1
2.
Utopies et prévisions La faiblesse générale des utopies, c’est qu’
27
choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins
deux
solutions possibles. Détourner constamment l’imagination de la ligne
28
ordre social acceptable, tantôt se disperse entre
vingt
sectes politiques contradictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui
29
s, mais assez naturelles, dont je ne donnerai que
trois
exemples : 1. la science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de
30
urelles, dont je ne donnerai que trois exemples :
1.
la science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de la possession
31
rois exemples : 1. la science a toujours raison ;
2.
le bonheur dépend de la possession de certains objets neufs ; 3. alle
32
épend de la possession de certains objets neufs ;
3.
aller plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux
33
ialiste et mécaniste, quand la science est depuis
trente
ans énergétique et statistique… Cependant, l’on peut imaginer qu’une
34
pe en Amérique ne prenait guère moins de temps en
1946
qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mo
35
ue de Christophe Colomb : une journée de vol plus
trois
mois de démarches afin d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.
36
tionnelles, superstitions et préjugés locaux. Ces
deux
passions produisent des guerres, à la faveur desquelles les possibili
37
iniste et mécaniste que lui donnait la science du
siècle
passé) favorise l’abdication des responsabilités personnelles. Les «
38
tion d’un choix d’objets toujours plus étendu…
3.
Surmonter la Guerre S’il est vrai que les civilisations se dévelop
39
réponse victorieuse suscite un nouveau challenge
3,
quels développements devons-nous prévoir à partir du complexe de tens
40
par nos machines, c’est-à-dire par nos passions.
Deux
issues me paraissent dès lors imaginables. 1. Nous poursuivons notre
41
Deux issues me paraissent dès lors imaginables.
1.
Nous poursuivons notre effort technique (maîtrise de l’énergie atomiq
42
é nouvelle, mère d’une civilisation imprévisible.
2.
Nous répondons au challenge des passions nationalistes et politiques
43
à titre de curiosité pour l’historien futur.)
4.
Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité d’une réponse victorieuse, à
44
nesthésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle.
1.
L’anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue
45
trice d’une civilisation spirituelle et mondiale.
2.
Si l’Humanité choisit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci s
46
s en débutant par le terme symbolique de Fées.
1.
Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946.
47
empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique ,
1946.
2. Ceci est vrai aussi de théoriciens révolutionnaires comme Saint-S
48
tée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946.
2.
Ceci est vrai aussi de théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon
49
les annonçaient avec précision à la même époque.
3.
Cf. Arnold Toynbee, A Study of History. a. Rougemont Denis de, « Es
50
regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Callenbach,
1948,
p. 401-407.
51
sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin
1948
)c La crise actuelle nous force à nous interroger sur la valeur mêm
52
ie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des
siècles
le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du mê
53
qui pousse l’Européen à remettre en question, de
siècle
en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et la c
54
e l’Européen à remettre en question, de siècle en
siècle
, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et la communauté.
55
ent géographique du continent, a fait pendant des
siècles
l’originalité de l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par sui
56
s (le sens de La Haye) », Fédération, Paris, juin
1948,
p. 14-15.
57
Pourquoi l’Europe ? (
25
décembre 1948)d e Deux colosses, ou qui nous semblent tels, sont e
58
Pourquoi l’Europe ? (25 décembre
1948
)d e Deux colosses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’o
59
Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)d e
Deux
colosses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’observer, par
60
une puissance, parce que l’Europe est divisée en
vingt
nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut, pour parl
61
er et se faire entendre, dans le monde dominé par
deux
grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qu
62
tique ou de colonisation économique, par l’un des
deux
empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que
63
cité. Si les choses continuent comme elles vont :
1°
Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns a
64
t annexés ou colonisés les uns après les autres ;
2°
La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un pr
65
rétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ;
3°
Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique
66
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les
deux
autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop
67
rait encore trop petite pour tenir en respect les
deux
Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oubli
68
e, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
300
millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que l
69
onc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
millions
, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie
70
de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire
deux
fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie et tous ses satelli
71
e la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces
300
millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres
72
Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300
millions
d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu
73
l nous faut faire l’Europe. Mais quelle Europe !
Deux
douzaines de nations avec leurs traditions, presque autant de langues
74
avec leurs traditions, presque autant de langues,
cinq
ou six grandes cultures, d’innombrables morales contradictoires, et j
75
rs traditions, presque autant de langues, cinq ou
six
grandes cultures, d’innombrables morales contradictoires, et je ne sa
76
lisme et universalisme, liberté et engagement, et
vingt
autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples combinés e
77
t, et vingt autres tensions dans tous les ordres,
vingt
autres couples combinés et permutés, sans parler de leur ménages à tr
78
mbinés et permutés, sans parler de leur ménages à
trois
, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre
79
te inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de
siècle
en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le mon
80
ude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en
siècle
, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l
81
draient pour un temps, par la force, il resterait
dix
autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne
82
plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois
deux
choses, pense à la fois deux choses apparemment contraires mais égale
83
t toujours à la fois deux choses, pense à la fois
deux
choses apparemment contraires mais également valables, et qu’il ne s’
84
édéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être
deux
fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais soyons
85
: bulletin intérieur hebdomadaire du RPF, Paris,
25
décembre 1948, p. 1-2. e. Présenté par cette note : « Denis de Rouge
86
intérieur hebdomadaire du RPF, Paris, 25 décembre
1948,
p. 1-2. e. Présenté par cette note : « Denis de Rougemont, l’auteur
87
La liberté religieuse à l’école (
2e
semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième jour, se ré
88
La liberté religieuse à l’école (2e semestre
1949
)h i La secte des adventistes du septième jour, se référant au Déca
89
dossiers relatifs à des familles adventistes dans
trois
pays : la Belgique, la France et la Suisse. Dans quatre écoles belges
90
pays : la Belgique, la France et la Suisse. Dans
quatre
écoles belges (communale, moyenne, normale et un lycée) la preuve a é
91
eligieux, tandis que l’État de Vaud le refuse. Le
1er
avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par les genda
92
tandis que l’État de Vaud le refuse. Le 1er avril
1948,
Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par les gendarmes et inca
93
vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant
trente
heures parce que sa fille manquait l’école le samedi matin, et qu’il
94
i matin, et qu’il refusait de payer une amende de
2
francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d’u
95
interdisent de l’admettre. À ce jour M. D… a subi
quatre
emprisonnements, pour cinquante-sept heures d’absence de sa fille. Un
96
ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour
cinquante-sept
heures d’absence de sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen berno
97
pté de payer des amendes allant successivement de
3
à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’en
98
de payer des amendes allant successivement de 3 à
12
francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’en a pa
99
a pas moins été condamné (après « récidives ») à
trois
, puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envo
100
té condamné (après « récidives ») à trois, puis à
quatre
jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dan
101
on primaire de son enfant lui a coûté la somme de
3000
francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer une dizaine d
102
sses, amendes comprises. Nous pourrions citer une
dizaine
d’autres situations, fort analogues. « Exceptions négligeables »
103
ans une époque où il s’agit d’abord de sauver des
millions
d’innocents jetés aux camps de concentration ou aux travaux forcés. R
104
e que pour être quotidiennement perpétrée sur des
millions
, et il est curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d
105
r l’une ou l’autre de ces convictions, car si les
deux
points de vue n’étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à r
106
s ou confessions. À cela j’imagine qu’on opposera
deux
objections courantes : on dira qu’il est trop compliqué de prévoir to
107
qu’il est dangereux de créer des précédents dont
mille
sectes à l’avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument
108
ux. Les lois pénales décrivent dans le détail des
centaines
de cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lois fiscale
109
ultiplient abusivement. Quand ils se révéleraient
deux
ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que d’ajout
110
nt abusivement. Quand ils se révéleraient deux ou
trois
fois plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que d’ajouter quelqu
111
as une affaire que d’ajouter quelques clauses aux
milliers
d’autres, utiles ou non, qui s’accumulent dans nos codes. Si l’anarch
112
ation simpliste et uniforme, elle aussi, implique
mille
désordres, puisqu’elle se traduit nécessairement par mille applicatio
113
ordres, puisqu’elle se traduit nécessairement par
mille
applications tyranniques — et que « la tyrannie est le souverain déso
114
onfirmeraient les principes qui, depuis plus d’un
siècle
, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur prospérité
115
gieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris,
1949,
p. 11-14. i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas de petit
116
Commencer par l’Europe (février
1949
)f Il paraît que l’idée d’un gouvernement mondial vient enfin d’att
117
est une idée qui était dans l’air depuis au moins
trois
ans, mais elle y serait sans doute restée si quelques écrivains n’ava
118
er ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a
trois
ans, je me suis trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique et
119
a situation s’est donc précisée, si je puis dire…
Deux
colosses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’observer, par
120
s une puissance parce que l’Europe est divisée en
vingt
nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parle
121
t se faire entendre, dans le monde dominé par les
deux
grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qu
122
tique ou de colonisation économique, par l’un des
deux
empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que
123
cité. Si les choses continuent comme elles vont :
1°
Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns a
124
t annexés ou colonisés les uns après les autres ;
2°
La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un pr
125
rétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ;
3°
Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique
126
ère sortirait vaincue. Tout cela est simple comme
2
et 2 font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien d’être enf
127
ortirait vaincue. Tout cela est simple comme 2 et
2
font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien d’être enfin la
128
t vaincue. Tout cela est simple comme 2 et 2 font
4
: tout cela va vers une guerre qui risque bien d’être enfin la derniè
129
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les
deux
autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop
130
rait encore trop petite pour tenir en respect les
deux
Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier :
131
e, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
300
millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que l
132
onc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
millions
, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie
133
de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire
deux
fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie et tous ses satelli
134
e la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces
300
millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres
135
Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300
millions
d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu
136
nts qui rêvent d’unifier le genre humain dans les
quinze
jours, le plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de les fair
137
sition permise dans aucun ordre. Mais en Europe !
Deux
douzaines de nations avec leurs traditions, presque autant de langues
138
avec leurs traditions, presque autant de langues,
cinq
ou six grandes cultures, d’innombrables morales contradictoires, et j
139
rs traditions, presque autant de langues, cinq ou
six
grandes cultures, d’innombrables morales contradictoires, et je ne sa
140
lisme et universalisme, liberté et engagement, et
vingt
autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples combinés e
141
t, et vingt autres tensions dans tous les ordres,
vingt
autres couples combinés et permutés, sans parler de leurs ménages à t
142
binés et permutés, sans parler de leurs ménages à
trois
, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre
143
te inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de
siècle
en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le mon
144
ude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en
siècle
, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l
145
ndraient pour un temps par la force, il resterait
dix
autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne
146
plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois
deux
choses, pense à la fois deux choses apparemment contraires mais égale
147
t toujours à la fois deux choses, pense à la fois
deux
choses apparemment contraires mais également valables, et qu’il ne s’
148
action qui se poursuit dans toute l’Europe depuis
deux
ans et qui est en train d’aboutir à certains résultats concrets. La C
149
à certains résultats concrets. La Conférence des
Cinq
va peut-être accepter notre plan de Parlement européen. Cette assembl
150
pier qui se donnerait l’air de provoquer l’un des
deux
grands, sans créer pour autant la force nécessaire pour décourager l’
151
bien ne plus entendre, pour l’avoir lue dans une
centaine
de comptes rendus de nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-c
152
édéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être
deux
fois présent. Merci, messieurs, une fois nous suffirait. Mais soyons
153
mencer par l’Europe », Fédération, Paris, février
1949,
p. 70-77.
154
L’Europe ou le cap du destin (
1949
)g Toutes les grandeurs européennes viennent de l’esprit, et non pa
155
iquer autrement que ce cap déchiqueté de l’Asie —
4
% de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ai
156
ssi, et par la mise en esclavage ou en servage de
centaines
de millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’un
157
a mise en esclavage ou en servage de centaines de
millions
d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière be
158
de février de cette année. Son programme tient en
trois
rubriques : a) Documentation sur tous les efforts entrepris dans les
159
s et d’une éducation de « cadres européens ». Des
dizaines
d’instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellement. La première t
160
tous ordres, qui se placent sur un plan européen.
Deux
exemples entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient d’organiser
161
placent sur un plan européen. Deux exemples entre
vingt
: le Bureau d’études de Genève vient d’organiser une rencontre entre
162
aniser une rencontre entre les responsables d’une
dizaine
d’instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et i
163
révision des manuels scolaires, qui furent depuis
cent
ans la source même des pires aberrations nationalistes. c) Étude et f
164
blesses de nos cultures nationales, se dégageront
deux
séries de conclusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’éta
165
Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de
douze
cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut ne peut être as
166
», Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–juillet
1949,
p. 47-50.
167
moteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (
1er
juillet 1949)k Depuis la fin du mois de février 1949, M. Denis de
168
émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet
1949
)k Depuis la fin du mois de février 1949, M. Denis de Rougemont, le
169
uillet 1949)k Depuis la fin du mois de février
1949,
M. Denis de Rougemont, le grand fédéraliste, parle chaque semaine au
170
capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les
deux
autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où les nations ne dispar
171
es confédérations qui ont vu le jour au cours des
siècles
, et vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se
172
t vous savez comment la Suisse a su atteindre ces
trois
buts, en se fédérant, il y a cent ans. À l’instant même où nous venon
173
atteindre ces trois buts, en se fédérant, il y a
cent
ans. À l’instant même où nous venons vous surprendre dans cette annex
174
rage sur la Suisse qui fera partie d’une série de
16
volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de différents pays. J
175
Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne,
1
juillet 1949, p. 950.
176
Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet
1949,
p. 950.
177
européen de la culture aura son siège en Suisse (
7
juillet 1949)l L’Europe dominait le monde entier, lorsque éclata l
178
de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet
1949
)l L’Europe dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1
179
nait le monde entier, lorsque éclata la guerre de
1939.
Politiquement, plus de la moitié du genre humain relevait de ses gouv
180
nt elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’Asie,
quatre
pour cent de la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de
181
igure qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour
cent
de la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa cultur
182
les blessures — du génie créateur de l’Europe. En
cinq
ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est rus
183
échue n’est plus qu’un petit continent, divisé en
vingt-quatre
nations, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands de colonisation
184
t-quatre nations, à demi ruiné, et menacé par les
deux
Grands de colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de la
185
ira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif de
treize
nations. Mais toutes les constructions économiques, juridiques, polit
186
e notre Bureau d’études. Installé à Genève depuis
trois
mois. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques de son travail
187
la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de
vingt
autres créations de l’esprit international ; gardiens enfin d’une exp
188
e aura son siège en Suisse », Curieux, Neuchâtel,
7
juillet 1949, p. 6.
189
siège en Suisse », Curieux, Neuchâtel, 7 juillet
1949,
p. 6.
190
Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (
1950
)u Il peut sembler étrange qu’on parle de « faire l’Europe », quand
191
aire l’Europe », quand elle existe depuis tant de
siècles
. Mais l’expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque tran
192
es, elle constate qu’elle est détrônée. Entre les
deux
empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle pren
193
», déclarait le Manifeste du congrès de La Haye,
trois
ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bien typique, on l
194
tés resteront du papier. Je voudrais formuler ici
deux
remarques, entre toutes celles que ne manquera pas de suggérer cette
195
duits aux impasses présentes. Nous vivons, depuis
1920,
sous le règne effectif des Experts. Je vois bien que ce règne est né
196
t sa condition. Nous avons d’autres noms pour ces
deux
attitudes. M. Philip a des pages excellentes sur le « compromis » néc
197
européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière,
1950,
p. 9-11.
198
Raisons et buts d’une conférence (janvier
1950
)n o La condition profondément contradictoire dans laquelle vit l’E
199
contradictoire dans laquelle vit l’Europe, depuis
dix
ans, est entrée dans la phase critique. Elle est presque désespérée.
200
es, par exemple, n’ont cessé de s’aggraver depuis
dix
ans — mais nous prenons conscience de leur absurdité. L’avènement bru
201
r absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant de
deux
empires extraeuropéens décourage des millions d’entre nous, mais il r
202
iant de deux empires extraeuropéens décourage des
millions
d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment d’un destin commun
203
ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte.
Deux
mots sur ceux qui ne sont pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une s
204
s problèmes concrets de la culture dans son pays.
Dix-sept
groupes ont donné des réponses détaillées. Je tiens à souligner qu’un
205
Mouvement européen6 avait estimé tout d’abord que
deux
commissions suffiraient : l’une consacrée au problème des échanges, l
206
n, consacrée à l’éducation et à l’enseignement.
I
. Les échangesq La question des échanges. — La situation présente
207
es déplacements de forts en thème — nous devons :
1°
abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation des
208
er la méthode de « l’organisation des échanges »,
2°
exiger la suppression pure et simple, immédiate, des obstacles à la l
209
a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir de
mille
diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe ouverte
210
presque tous les maux que vous allez recenser.
II
. Les institutions À la suppression des obstacles matériels et léga
211
it celle de l’esprit en Europe avant la guerre de
1914.
C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire
212
olution culturelle du congrès. Au mois de février
1949,
le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de
213
ment européen ouvrait à Genève un Bureau d’études
7
chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de
214
M. Dautry a magistralement exposé les motifs.
III
. L’enseignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui
215
ure, qui s’occuperait de l’enseignement européen,
deux
mots seulement, mais importants. La préparation de cette Conférence,
216
ne. Construire des engins de mort qui coûtent des
milliards
, quand on refuse de trouver les millions qui permettraient de dévelop
217
ent des milliards, quand on refuse de trouver les
millions
qui permettraient de développer la recherche scientifique pour la pai
218
ns le monde. Une Europe affaiblie, et divisée par
vingt
nationalismes et autant de barrières de douanes, ne saurait plus être
219
nt depuis que se dressent à l’Est comme à l’Ouest
deux
civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une, qui nous e
220
ciel de la musique — dans une Europe heureuse.
6.
Présidée par M. Salvador de Madariaga, qui était d’ailleurs président
221
s président de la conférence de Lausanne (NDLR).
7.
Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec la collaboration de M. Raymond
222
. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR).
8.
Dans son remarquable rapport qui a servi de base aux travaux de la Co
223
ts d’une conférence », Fédération, Paris, janvier
1950,
p. 19-25. o. Il s’agit du discours prononcé par Denis de Rougemont l
224
e la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre
1949.
p. Nous avons rajouté le participe passé « été », oublié par erreur
225
Un gage à Jean Paulhan ! (avril
1950
)r Cher ami, Ce n’est pas sans surprise que j’apprends, à vous lire
226
rvations dans l’ordre où je viens de les relever.
1°
« La Russie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit po
227
? (On m’assure que cela dépend aussi de Staline.)
2°
« Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils sont là !… » Je
228
éuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en
quarante-deux
articles) ». Montrez-nous donc un seul de ces articles qui dise, ou l
229
ait cela que nous voulions : je vous en montrerai
trente
qui disent le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre de cet org
230
e trentaine de fédéralistes sur cent-un députés.)
3°
La Grèce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949,
231
èce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis le
11
août 1949, mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L
232
partie du Conseil de l’Europe, depuis le 11 août
1949,
mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité.
233
nce. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall.)
4°
M. Spaak est un homme d’État qui agit plus que tout autre en faveur d
234
e voudrais bien qu’il se déclare « fédéraliste »…
5°
Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de l’iso
235
s fêtes ». Nous demandons surtout des sacrifices.
6°
Pour découvrir ce qu’il y a « de faux ou d’imbécile » dans le projet
236
fédéralistes » dans L’Esprit européen, recueil de
neuf
conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tendances
237
ecueil de neuf conférences prononcées à Genève en
1949,
par des hommes de tendances aussi opposées que Georg Lukács et Karl J
238
osées que Georg Lukács et Karl Jaspers. Parmi ces
neuf
, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à
239
, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc la page
60
: « Je reproche à Benda de confondre union et unification, de vouloir
240
vous citée, au lieu de m’attribuer des sottises ?
7°
Notre doctrine (qui veut l’union dans la diversité, formule suisse) é
241
an Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril
1950,
p. 33-34.
242
ssible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (
5
août 1950)s t Il est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauv
243
de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août
1950
)s t Il est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en m
244
n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces
deux
réalités : l’Europe, la culture, naissent et meurent du même mouvemen
245
ement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les
deux
colosses russe et américain, l’Européen qui vient de perdre la guerre
246
, mais seulement un effort de redressement. Entre
200
millions de Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’
247
is seulement un effort de redressement. Entre 200
millions
de Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du
248
de redressement. Entre 200 millions de Russes et
150
millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, pr
249
redressement. Entre 200 millions de Russes et 150
millions
d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300
250
us sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de
300
millions d’Européens. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, e
251
ommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300
millions
d’Européens. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, et près d’
252
Qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis
cent
ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle
253
idemment ; mais ce n’est point par hasard que ces
deux
grands pays semblent appeler ce procédé de description : leurs traits
254
placer sur le même plan l’Amérique et la Russie.
Deux
constatations très simples me suffiront. Entre l’Amérique et nous, qu
255
sauver sa culture », France indépendante, Paris,
5
août 1950, p. 1-2. t. Présenté par la note suivante : « France Indép
256
sa culture », France indépendante, Paris, 5 août
1950,
p. 1-2. t. Présenté par la note suivante : « France Indépendante pré
257
Saint-John Perse et l’Amérique (
1950
)m La grandeur de cette poésie fait reculer le commentaire : elle e
258
e qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer
trois
remarques sur les relations qui se sont révélées entre le poète et l’
259
rands rapides « avec leur provision de glace pour
cinq
jours », la « mouette mauve du Mormon », ou cette « civilisation du m
260
vision globale du « monde entier des choses ». ⁂
I
. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, —
261
le, entre ses « origines » et son délire global…)
II
. Anabase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques de ce siècle :
262
Vents sont parmi les rares œuvres toniques de ce
siècle
: chants de violence heureuse, refus du désespoir (qui nourrit la plu
263
e, qui permettrait de situer les grands poèmes du
siècle
. Si l’élément sentimental domine chez Apollinaire, interfère avec le
264
rique profonde » dont parlait un jour Baudelaire.
III
. L’Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est visio
265
mes de toute race et de toute façon, de « pans de
siècles
en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’une âme sans nom —
266
plisse plus de la vapeur du dieu qui l’agite. »
4.
« Avertissement du Dieu ! Aversion du Dieu ! » ou « … avec la bête ha
267
la bête haut cabrée — une âme plus scabreuse ! » (
Deux
exemples au hasard de ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capa
268
use ! » (Deux exemples au hasard de ma mémoire.)
5.
Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de grandir dans le
269
ue », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre
1950,
p. 136-139.