1
On peut penser avec le philosophe Jaspers que l’
Europe
du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et l’hel
2
, renonçant à leur souveraineté absolue au profit
d’
une constitution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une
3
ans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte
de
« bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux
4
tent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord
de
préciser quels sont les éléments de notre expérience helvétique qui m
5
drait d’abord de préciser quels sont les éléments
de
notre expérience helvétique qui méritent d’être donnés en exemple ; p
6
ments de notre expérience helvétique qui méritent
d’
être donnés en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure ils pourr
7
ique qui méritent d’être donnés en exemple ; puis
de
chercher dans quelle mesure ils pourraient être utilisés ou reproduit
8
eproduits sur une plus vaste échelle. La question
de
nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît capitale à cet
9
oire suisse, notre État fédéral avec ses cent ans
d’
existence représente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier les
10
nous autres Suisses. Mais si nous passons du plan
de
cette microhistoire à l’histoire générale, tout change. Nous voyons t
11
out d’abord que cent ans, ce n’est qu’un septième
de
notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’étend que sur le dernier
12
que celle-ci ne s’étend que sur le dernier tiers
de
l’ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l
13
e, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers
de
l’histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dern
14
les-mêmes ne couvrent que le dernier cinquantième
de
la durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il ré
15
nier cinquantième de la durée généralement admise
de
l’humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédér
16
généralement admise de l’humanité sur la planète.
D’
où il résulte que notre expérience fédérale ne représente guère que la
17
lles s’évanouiront probablement, comme une goutte
de
vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites da
18
ns jouer dans le monde. En effet, les proportions
de
notre expérience à l’histoire générale sont à peu près celles de la g
19
ence à l’histoire générale sont à peu près celles
de
la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hauteme
20
n aboutissement et un commencement. C’est le lieu
d’
un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent,
21
nt et un commencement. C’est le lieu d’un passage
de
la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles p
22
es les graines meurent, mais elles peuvent mourir
de
deux manières : les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’h
23
les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime
d’
humus, les autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra,
24
helle infiniment plus vaste ? Telle est la chance
de
la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivron
25
ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance
d’
une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons graine par
26
aîtra tout comme une autre République sérénissime
de
Venise, ne laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gard
27
n cite l’exemple helvétique, à propos d’un projet
d’
États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial, l’objection immédiate
28
ue, à propos d’un projet d’États-Unis d’Europe ou
de
gouvernement mondial, l’objection immédiate qui surgit sur les lèvres
29
l ne s’agit que des modalités typiquement suisses
de
la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’id
30
alités typiquement suisses de la mise en pratique
de
l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expér
31
ratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit
de
l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement pl
32
t s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience
de
laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensions que ses app
33
ce de laboratoire est nécessairement plus réduite
de
dimensions que ses applications, mais pourtant celles-ci n’existeraie
34
nt pas sans celle-là. Je ne parlerai donc ici que
de
notre idée fédéraliste en soi. Elle est très simple, comme toutes les
35
r en quelques mots, en une formule ; car elle est
d’
un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup
36
résistances, mais elle est au contraire le secret
d’
un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit de comp
37
constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit
de
composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après
38
nt entre des forces qu’il s’agit de composer, non
de
soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On ne sa
39
de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou
d’
écraser l’une après l’autre. On ne saurait trop insister sur le double
40
té, comme on voudra, qui est le battement du cœur
de
ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union
41
Tous pour un ». Dans ce sens, il nous sera permis
de
dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique
42
s de dire que la politique fédéraliste n’est rien
d’
autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot.
43
la politique tout court, au sens le plus légitime
de
ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, a
44
onsistent à écraser les diversités par incapacité
de
les composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce
45
s ou moins consciemment les principales décisions
de
notre vie politique pendant des siècles, et qu’elle a finalement pris
46
cles, et qu’elle a finalement pris forme et force
de
loi vers 1848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis
47
her à son sujet. Comme la vie même — étant la vie
de
notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La nécessi
48
llait sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente
de
l’affermir en face du défi que représente l’esprit totalitaire, et au
49
éfi que représente l’esprit totalitaire, et aussi
de
la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite
50
ui semblent avoir inspiré l’action tout empirique
de
nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à t
51
me ne peut naître que du renoncement à toute idée
d’
hégémonie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une des nations co
52
légitime certains « grands » prendre l’initiative
d’
une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui d’
53
« grands » prendre l’initiative d’une fédération
européenne
ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentati
54
d’une fédération européenne ou mondiale. L’échec
de
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe i
55
opéenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui
d’
Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent d’une manièr
56
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives
d’
unifier l’Europe indiquent d’une manière négative cette même vérité si
57
celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’
Europe
indiquent d’une manière négative cette même vérité simple que notre r
58
ans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent
d’
une manière négative cette même vérité simple que notre réussite confi
59
e peuvent conduire qu’à l’unification, caricature
de
l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncemen
60
e ne peut naître que du renoncement à tout esprit
de
système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour
61
sprit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme
d’
une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On pourrait définir
62
l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui
d’
une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un ref
63
fédéraliste comme un refus constant et instinctif
de
recourir aux solutions systématiques, simples de lignes, claires et s
64
de recourir aux solutions systématiques, simples
de
lignes, claires et satisfaisantes pour la logique, mais par là même i
65
estructrices des diversités qui sont la condition
de
la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un pl
66
re en ordre d’après un plan géométrique, à partir
d’
un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes,
67
près un plan géométrique, à partir d’un centre ou
d’
un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, selon leurs car
68
s caractères particuliers, qu’il s’agit à la fois
de
respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît p
69
ticuliers, qu’il s’agit à la fois de respecter et
d’
articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème d
70
er dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas
de
problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi
71
qualités ne se traduit pas seulement dans le mode
d’
élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beaucoup
72
d’élection du Conseil des États, mais surtout, et
d’
une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie pol
73
manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes
de
notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou
74
nne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre
de
leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralism
75
proportion avec le chiffre de leurs habitants ou
de
leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour d
76
arrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour
de
la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise
77
Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique
de
« terribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’
78
mplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent
de
l’extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouve
79
l’extrême complication des institutions suisses,
de
l’espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, co
80
omplication des institutions suisses, de l’espèce
de
mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, féd
81
es institutions suisses, de l’espèce de mouvement
d’
horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, fédéraux, canton
82
, cantonaux, si diversement engrenés, il convient
de
leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libert
83
ontrer que cette complexité est la condition même
de
nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires et nos législ
84
eurs sont constamment rappelés au concret, forcés
de
rester en contact avec les réalités humaines du pays. La Suisse est f
85
s réalités humaines du pays. La Suisse est formée
d’
une multitude de groupes politiques, culturels, administratifs, lingui
86
nes du pays. La Suisse est formée d’une multitude
de
groupes politiques, culturels, administratifs, linguistiques, religie
87
frontières, et qui se recoupent et se recouvrent
de
cent manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un
88
n ou totalitaire, brimeraient nécessairement l’un
de
ces groupes, tendraient à réduire leur variété, et mutileraient ainsi
89
eur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs
de
ses dimensions, la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes,
90
ans plusieurs de ses dimensions, la personne même
de
ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur t
91
ux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile
de
décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plu
92
s, il est plus facile de décréter sur table rase,
de
simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la
93
créter sur table rase, de simplifier les réalités
d’
un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite
94
table rase, de simplifier les réalités d’un trait
de
plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalis
95
, de simplifier les réalités d’un trait de plume,
de
tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en é
96
trait de plume, de tirer des plans à la règle et
de
forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui résiste, ou s
97
ut ce qui dépasse. Mais c’est la vitalité civique
d’
un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéraliste, telle qu’on v
98
u’on vient de la décrire, suppose infiniment plus
de
soins, d’ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle
99
de la décrire, suppose infiniment plus de soins,
d’
ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle gouverne.
100
iniment plus de soins, d’ingéniosité technique et
de
compréhension du peuple qu’elle gouverne. C’est pourquoi je disais pl
101
pourquoi je vois en elle le seul avenir possible
de
l’Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à n
102
quoi je vois en elle le seul avenir possible de l’
Europe
, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous-mêmes
103
stant fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis
de
, « L’idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Édi
104
, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée,
d’
analyse ou de construction. La seule utile, la seule qui réussisse et
105
thode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou
de
construction. La seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse
106
nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe,
de
penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon ! La science
107
uves que vos superstitions seraient bien en peine
de
réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font
108
uperstitions seraient bien en peine de réfuter ou
d’
égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font déjà mille ki
109
! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre
de
la bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vou
110
s spéculations les plus « folles » ! Libre à vous
de
prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n
111
pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui
d’
aller beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui est sérieux, me
112
sant le contester autour de moi, je crois prudent
de
l’accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et
113
ant que dans quelques lustres, les hommes cessent
de
trouver amusant d’aller plus vite, et donc commencent à se demander à
114
es lustres, les hommes cessent de trouver amusant
d’
aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Su
115
pposez que leur plaisir nouveau et principal soit
d’
évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après deux
116
et qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles
d’
application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité urge
117
, inventent mille tours sentimentaux insoupçonnés
de
notre barbarie, créent l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteu
118
r est vénéré par quelques sectes populaires, font
de
la mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être ré
119
ctes populaires, font de la mort une plaisanterie
d’
un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule
120
ublime qui perd son sel à être répétée, étouffent
d’
une seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendr
121
ensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous
de
prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamais un mot
122
Libre à vous de prendre pour but la construction
d’
un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre f
123
s utopies, c’est qu’elles paraissent moins riches
d’
avenir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme
124
e la plupart des utopistes, en effet, font preuve
de
moins de liberté dans leur imagination du futur que la plupart des hi
125
art des utopistes, en effet, font preuve de moins
de
liberté dans leur imagination du futur que la plupart des historiens
126
bee, les utopies sont en réalité des « programmes
d’
action déguisés en descriptions sociologiques imaginaires », et l’acti
127
utre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau,
d’
une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l
128
tain niveau, d’une société en décadence. On isole
de
cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en
129
l’abri des menaces vulgaires comme des créations
de
l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité touj
130
’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés
de
la réalité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire.
131
éalité toujours mouvante, — bref, hors du courant
de
l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins s
132
f, hors du courant de l’Histoire. Est-il possible
d’
imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypothèse ? Quelles
133
e l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir
d’
une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les condit
134
ons requises ? Il faudrait se garder tout d’abord
de
composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choi
135
ns possibles. Détourner constamment l’imagination
de
la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les ob
136
. Détourner constamment l’imagination de la ligne
de
moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’o
137
essent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen
de
la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue de nos effo
138
onner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue
de
nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du succès m
139
es conduites qui pourront résulter du succès même
de
ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent d’imaginer beaucoup de
140
de ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent
d’
imaginer beaucoup de nos meneurs politiques : ils voient les condition
141
os meneurs politiques : ils voient les conditions
de
leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu, le mi
142
fourni jusqu’ici le monde occidental, c’est celui
de
dominer la nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confor
143
e dominer la nature par la science, dans l’espoir
d’
augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la d
144
spoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse
de
nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysiqu
145
vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne
de
la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du
146
nies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort
de
la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progr
147
surable, et semble se poursuivre avec des chances
de
succès toujours accrues. Il en résulte, dans les masses, certaines cr
148
science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend
de
la possession de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bi
149
rs raison ; 2. le bonheur dépend de la possession
de
certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vi
150
c qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons
de
croire ce que nous pensons que « l’état présent » de la science nie o
151
croire ce que nous pensons que « l’état présent »
de
la science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autor
152
a science qu’elle vénère, ou du moins s’informera
de
ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt que semble ma
153
e ses dernières conclusions, à la faveur du temps
d’
arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physique mathématique. Ca
154
du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde
de
la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir atteint, provisoi
155
me qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à
de
l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel,
156
gie, donc en réduisant la matière à quelque chose
d’
immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’est celui, précis
157
elui, précisément, dans lequel la grande majorité
de
nos contemporains traduisent les résultats de la science d’hier, qu’i
158
ité de nos contemporains traduisent les résultats
de
la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les not
159
temporains traduisent les résultats de la science
d’
hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix
160
s tiennent pour la suprême autorité.) Les notions
de
choix arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau
161
prême autorité.) Les notions de choix arbitraire,
de
subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathé
162
es notions de choix arbitraire, de subjectivisme,
de
transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les b
163
e poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que
de
l’« à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notr
164
ionaliste, indéfendable aux yeux de la science et
de
la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer
165
e pratiquement la vitesse des transports. (Passer
d’
Europe en Amérique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époq
166
pratiquement la vitesse des transports. (Passer d’
Europe
en Amérique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque de
167
asser d’Europe en Amérique ne prenait guère moins
de
temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol
168
renait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque
de
Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de démarches a
169
qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée
de
vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir les visas, devises, a
170
tophe Colomb : une journée de vol plus trois mois
de
démarches afin d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.) La pas
171
faveur desquelles les possibilités destructrices
de
la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beauco
172
uctrices de la technique sont « mises à la portée
de
toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les
173
possibilités constructrices pendant les périodes
de
paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisation de notre
174
eut penser que l’unilatéralité, la spécialisation
de
notre effort scientifique, provoque ainsi les forces les mieux faites
175
ion prométhéenne. Une autre conséquence indirecte
de
l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la
176
ntifique doit être indiquée ici. La vulgarisation
de
la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait l
177
être indiquée ici. La vulgarisation de la notion
de
loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la science du
178
psychologie, la sociologie, nous servent en fait
d’
alibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’e
179
nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés
de
justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’on eût app
180
qu’en d’autres temps l’on eût appelées faiblesse
de
caractère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons de perdre en l
181
tère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons
de
perdre en liberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
182
n liberté ce que nous gagnons en confort (qui est
de
l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dan
183
e que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
de
la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du
184
gurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition
d’
un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S
185
le consiste à « avoir » la disposition d’un choix
d’
objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il est vra
186
ppements devons-nous prévoir à partir du complexe
de
tensions que l’on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature,
187
ons que l’on vient de caractériser ? Au challenge
de
la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, i
188
ne victoire totale, il s’en faut, mais les moyens
de
cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistan
189
Nous poursuivons notre effort technique (maîtrise
de
l’énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nati
190
me, politique partisane). Les passions s’emparent
de
la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont
191
estructions sont telles, et le choc psychologique
de
telle nature, que la civilisation occidentale se disloque en îlots pl
192
loque en îlots plus ou moins intacts dans une mer
de
ruines, au-dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les dern
193
u moins intacts dans une mer de ruines, au-dessus
de
laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs mo
194
ux communs moraux se désintègrent. Il reste assez
d’
hommes vivants, de livres, de machines-outils et de connaissances tech
195
se désintègrent. Il reste assez d’hommes vivants,
de
livres, de machines-outils et de connaissances techniques pour mainte
196
rent. Il reste assez d’hommes vivants, de livres,
de
machines-outils et de connaissances techniques pour maintenir ici et
197
’hommes vivants, de livres, de machines-outils et
de
connaissances techniques pour maintenir ici et là des apparences de «
198
echniques pour maintenir ici et là des apparences
de
« vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va
199
rets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés
de
gangsters se multiplient. Dans des communautés illuministes de tous o
200
se multiplient. Dans des communautés illuministes
de
tous ordres, on expérimente des morales nouvelles et des formes nouve
201
nte des morales nouvelles et des formes nouvelles
de
résistance contre l’État vainqueur et son empire, théoriquement unive
202
vainqueur et son empire, théoriquement universel.
De
ces communautés persécutées peut sortir une spiritualité nouvelle, mè
203
utées peut sortir une spiritualité nouvelle, mère
d’
une civilisation imprévisible. 2. Nous répondons au challenge des pass
204
libres et presque instantanés sur toute l’étendue
de
la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde, il n’y a
205
u’une seule civilisation (l’occidentale, enrichie
d’
apports orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine, de type fédé
206
orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine,
de
type fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de s’exacerber ten
207
ales la guerre et la paix ; soit que le challenge
de
nos passions se révèle trop puissant et que notre civilisation y succ
208
y répondions victorieusement par l’établissement
d’
un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifique. (Je note ce s
209
rt scientifique. (Je note ce sentiment, incapable
de
preuve, à titre de curiosité pour l’historien futur.) 4. Surmonter
210
r.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité
d’
une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau c
211
serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas
de
confronter l’humanité, et qui résulterait du succès même de notre eff
212
ter l’humanité, et qui résulterait du succès même
de
notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sen
213
n la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires
de
tous genres, on ne pourrait imaginer le fonctionnement des grandes us
214
ération vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour
de
l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretien
215
our de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès
de
variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de décider s
216
. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretient.
De
fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’en
217
qui l’entretient. De fait, il est bien difficile
de
décider si la monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des imp
218
en difficile de décider si la monotonie crée plus
d’
ennui que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Ni
219
Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée
d’
une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme
220
, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence
de
rythmes vivants, ou leur rupture fréquente et arbitraire. En d’autres
221
traire. En d’autres termes, c’est la mécanisation
de
l’existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et d
222
oint choisi par quelque nécessité interne, en vue
d’
une création, d’une participation, d’une compréhension en profondeur.
223
quelque nécessité interne, en vue d’une création,
d’
une participation, d’une compréhension en profondeur. C’est donc un ac
224
erne, en vue d’une création, d’une participation,
d’
une compréhension en profondeur. C’est donc un accroissement de l’entr
225
ension en profondeur. C’est donc un accroissement
de
l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre challenge imagin
226
ssement de l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci
de
tout autre challenge imaginable, qu’il naît de l’absence même de mena
227
ci de tout autre challenge imaginable, qu’il naît
de
l’absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans un
228
hallenge imaginable, qu’il naît de l’absence même
de
menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bi
229
, l’humanité ne pourra répondre que par une prise
de
position métaphysique. Elle pourra choisir l’anesthésie spirituelle,
230
lisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes
de
conditionnement social et physiologique, dont le principe général ser
231
l et physiologique, dont le principe général sera
d’
obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question mét
232
que, dont le principe général sera d’obnubiler et
de
refouler avec une extrême vigilance toute question métaphysique que l
233
oute question métaphysique que l’Ennui risquerait
de
mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persé
234
robablement nomade, qui pourra devenir la matrice
d’
une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au
235
e par une élite en tous points comparable à celle
de
nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, exerçant u
236
exerçant une autorité analogue sur l’orientation
de
la recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standard
237
e, et définissant de facto les nouveaux standards
d’
utilité et de valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tour
238
sant de facto les nouveaux standards d’utilité et
de
valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la m
239
x standards d’utilité et de valeur. Mais l’effort
de
cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désormais « dépa
240
» — se tournera vers la découverte et la maîtrise
de
réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jo
241
era vers la découverte et la maîtrise de réalités
d’
un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jours, aussi p
242
’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées
de
nos jours, aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’être pour
243
ants du xviiie siècle la destruction instantanée
d’
une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière
244
tantanée d’une ville par suite de la dissociation
d’
un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, e
245
par suite de la dissociation d’un invisible point
de
matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre
246
je désignais en débutant par le terme symbolique
de
Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atom
247
la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi
de
théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contr
248
ires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contribué
d’
une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leur
249
écisive à donner forme à un avenir très différent
de
leurs prévisions. Saint-Simon a fourni les cadres du capitalisme indu
250
Toynbee, A Study of History. a. Rougemont Denis
de
, « Essai sur l’avenir », Pro regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Cal
251
Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous interrog
252
e nous force à nous interroger sur la valeur même
de
l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’auton
253
s force à nous interroger sur la valeur même de l’
Europe
, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’autonomie du c
254
r même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun
de
nous. Que signifie l’autonomie du continent, et que signifierait sa p
255
s qui pèsent sur nous mettent en cause une notion
de
l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis de
256
e une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal
de
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les per
257
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom
d’
Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce
258
iberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’
Europe
. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce qui f
259
om d’Europe. En les perdant, nous serions assurés
de
perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la
260
coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens
de
la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de
261
entier en serait appauvri. C’est donc une notion
de
l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun
262
ait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et
de
la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en ell
263
nité la plus profonde. Et c’est en la définissant
d’
une manière actuelle et concrète que nous poserons les bases de la féd
264
actuelle et concrète que nous poserons les bases
de
la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de
265
bases de la fédération, qui est notre seul espoir
de
la sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que le
266
ui est notre seul espoir de la sauver. Primauté
de
la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nou
267
espoir de la sauver. Primauté de la culture en
Europe
S’il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre é
268
Europe S’il est vrai que les motifs immédiats
de
nous unir sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins ce
269
t vrai que les motifs immédiats de nous unir sont
d’
ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité
270
politique, il n’est pas moins certain que l’unité
de
l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géogra
271
ique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’
Europe
est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographie, l’E
272
e est essentiellement culturelle. Du point de vue
de
la géographie, l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue de
273
t culturelle. Du point de vue de la géographie, l’
Europe
n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent,
274
qui l’habitent, et des autres peuples du monde, l’
Europe
reste aujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer d’une cultur
275
du monde, l’Europe reste aujourd’hui, même privée
de
sa puissance, le foyer d’une culture inégalée, plus intense, plus div
276
ujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer
d’
une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice qu’en to
277
lus diverse et créatrice qu’en toute autre région
de
la planète. Mais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plu
278
ion de la planète. Mais il faut rendre ici au mot
de
culture son sens le plus large et humain. La culture véritable n’est
279
e véritable n’est pas un ornement, un simple luxe
de
l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
280
ement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble
de
spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
281
mble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
de
la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle il
282
concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
d’
une prise de conscience de la vie ; elle illustre, traduit et promeut
283
la rue. La culture naît d’une prise de conscience
de
la vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de
284
ustre, traduit et promeut une certaine conception
de
l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien t
285
e ; elle en donne le sens. Or il est bien typique
de
l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un
286
lle en donne le sens. Or il est bien typique de l’
Europe
, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un but, et
287
lleurs, elle est mise au service du développement
de
l’industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du
288
se au service du développement de l’industrie, ou
de
certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, l
289
ont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants
de
l’économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses acti
290
et qui prescrivent son rôle subordonné. Pour nous
Européens
, tout au contraire, c’est la culture qui exprime le sens humain de la
291
aire, c’est la culture qui exprime le sens humain
de
la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influen
292
qui exprime le sens humain de la vie politique et
de
l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les c
293
; c’est elle qui vise à les influencer, et permet
de
les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définit
294
fluencer, et permet de les critiquer. La primauté
de
la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et
295
uté de la culture appartient donc à la définition
de
l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abor
296
e la culture appartient donc à la définition de l’
Europe
. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abord, pour n
297
r notre culture, cela signifie d’abord, pour nous
Européens
: élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa liberté. C
298
Européens : élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moye
299
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
300
nifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
de
l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités
301
es moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer
de
rapporter sans cesse toutes les activités publiques et privées à une
302
privées à une notion toujours plus haute et large
de
l’homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le
303
notion toujours plus haute et large de l’homme et
de
sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cadre de la vi
304
; aménager et transformer en conséquence le cadre
de
la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme
305
e de la vie et les institutions. La conception
européenne
de l’homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de s
306
et les institutions. La conception européenne
de
l’homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa l
307
e l’homme Élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une d
308
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique
309
on de l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en
Europe
, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie
310
e sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage
d’
une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, mais au cont
311
été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique,
d’
une nation ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours,
312
l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou
d’
une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant
313
ce fut toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’
Europe
, l’effet d’un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tr
314
, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet
d’
un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragique, entr
315
doctrines ou plusieurs confessions, une vingtaine
de
nations, et une infinité d’écoles et de génies individuels : tous, il
316
ssions, une vingtaine de nations, et une infinité
d’
écoles et de génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Eu
317
vingtaine de nations, et une infinité d’écoles et
de
génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à mo
318
s individuels : tous, ils ont contribué à faire l’
Europe
et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simpl
319
nt contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée
européenne
de l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ;
320
é à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne
de
l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; ell
321
le trouve son unité dans la diversité des couples
d’
éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun de nous e
322
tagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun
de
nous et se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianism
323
et protestantisme, attachements régionaux et sens
de
l’universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion
324
ens de l’universel, mémoire et invention, respect
de
la tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et
325
e… Dans cet équilibre tendu, et sans cesse menacé
de
rupture au profit de l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risqu
326
tendu, et sans cesse menacé de rupture au profit
de
l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risque original de l’homme
327
se menacé de rupture au profit de l’un ou l’autre
de
ses éléments, réside le risque original de l’homme européen, son aven
328
’autre de ses éléments, réside le risque original
de
l’homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous p
329
es éléments, réside le risque original de l’homme
européen
, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous participe plus ou
330
ropéen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun
de
nous participe plus ou moins consciemment réside le secret du dynamis
331
mment réside le secret du dynamisme occidental et
de
l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question,
332
idental et de l’inquiétude créatrice qui pousse l’
Européen
à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu,
333
ice qui pousse l’Européen à remettre en question,
de
siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État
334
naisons variées à l’infini qu’il lui est possible
d’
opérer entre les éléments contradictoires constituant son patrimoine,
335
tuant son patrimoine, réside la chance, pour tout
Européen
, d’individualiser de plus en plus ses jugements et son mode de vie. E
336
patrimoine, réside la chance, pour tout Européen,
d’
individualiser de plus en plus ses jugements et son mode de vie. Et en
337
ns ce choix permanent, dans la conscience qu’il a
d’
en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histo
338
ns la conscience qu’il a d’en être responsable, l’
Européen
conçoit la liberté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se l
339
istoire illustre ce débat, qui se livre en chacun
de
nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entr
340
n chacun de nous. Elle est l’histoire des risques
de
la liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrann
341
rté, progressant entre les écueils du désordre et
de
la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’indiv
342
écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma
de
ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits
343
grès est simple. Pour peu que l’individu, abusant
de
ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l
344
Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et
de
sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à ce
345
e sa liberté, devenue facile, cède à la tentation
de
l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste s
346
ile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle
de
l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la
347
llectiviste se déclenche, au nom de la justice ou
de
l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on a
348
à se dresser avec une passion renouvelée le génie
de
la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenan
349
renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire
de
la liberté. Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune d
350
s cherchons maintenant dans quelle notion commune
de
l’homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’indiv
351
intenant dans quelle notion commune de l’homme et
de
sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualisme et d
352
t de sa destinée se fonde cette critique alternée
de
l’individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques
353
qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe
de
notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est l’idé
354
été l’axe de notre histoire, la vision directrice
de
nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
355
ion directrice de nos révolutions : c’est l’idéal
de
la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et r
356
’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
d’
origine chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de
357
e, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle
de
l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité ;
358
on pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu
d’
une synthèse vivante, mais aussi d’un conflit entre des exigences égal
359
engagé ; lieu d’une synthèse vivante, mais aussi
d’
un conflit entre des exigences également valables mais pratiquement an
360
devient infidèle à lui-même et au génie créateur
de
l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes,
361
ent infidèle à lui-même et au génie créateur de l’
Europe
lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’
362
réateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation
de
supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa p
363
de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie
de
s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit q
364
idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous
d’
une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et division des na
365
et des idéologies Cette description succincte
de
l’homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-
366
ologies Cette description succincte de l’homme
européen
nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-uns des problèmes
367
succincte de l’homme européen nous met en mesure
de
clarifier maintenant quelques-uns des problèmes brûlants que nous pos
368
ntinent, a fait pendant des siècles l’originalité
de
l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusio
369
nt, a fait pendant des siècles l’originalité de l’
Europe
et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion de la n
370
siècles l’originalité de l’Europe et la fécondité
de
sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation et de l’État,
371
ité de sa culture. Mais par suite de la collusion
de
la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réa
372
e. Mais par suite de la collusion de la nation et
de
l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelle
373
iques et administratives, qui n’ont aucune raison
de
se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division
374
uvrit nos échanges culturels. Elle laisse chacune
de
nos patries incapable de sauvegarder son autonomie politique, ou d’as
375
els. Elle laisse chacune de nos patries incapable
de
sauvegarder son autonomie politique, ou d’assurer son existence écono
376
apable de sauvegarder son autonomie politique, ou
d’
assurer son existence économique. Cet individualisme national, qui ten
377
anger pour la vie réelle des nations. Dans l’état
de
faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification fo
378
t à l’unification forcée, soit par l’intervention
d’
un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est
379
tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation
d’
un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seu
380
es. Aussi indispensables que les nations à la vie
de
la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à deve
381
Tandis que les frontières étatiques cloisonnent l’
Europe
verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent horizontal
382
ngereuse et utopique que ne serait l’impérialisme
d’
une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni
383
uche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables
de
créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de
384
urd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun
de
ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par
385
cun de ces partis n’est donc capable, à lui seul,
de
sauver l’Europe, ni par suite son propre avenir. De même que les nati
386
artis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’
Europe
, ni par suite son propre avenir. De même que les nations n’ont de cha
387
son propre avenir. De même que les nations n’ont
de
chance de survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
388
e avenir. De même que les nations n’ont de chance
de
survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique de leur s
389
ue si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
de
leur souveraineté absolue, les partis n’ont de chance de poursuivre l
390
ue de leur souveraineté absolue, les partis n’ont
de
chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, ren
391
souveraineté absolue, les partis n’ont de chance
de
poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, renoncent à t
392
ubordonnent leur tactique à la stratégie générale
d’
une action de salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour
393
eur tactique à la stratégie générale d’une action
de
salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour sauver nos d
394
a stratégie générale d’une action de salut public
européen
. c. Rougemont Denis de, « Pour sauver nos diversités (le sens de
395
de salut public européen. c. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) », Fédération, Par
396
t Denis de, « Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) », Fédération, Paris, juin 1948, p. 14-15.
397
Pourquoi l’
Europe
? (25 décembre 1948)d e Deux colosses, ou qui nous semblent tels,
398
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
399
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
400
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
401
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
402
er au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’
Europe
. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divis
403
, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’
Europe
n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nat
404
is l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’
Europe
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille
405
ominé par deux grands empires. Et non seulement l’
Europe
n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
406
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
407
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
408
fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
409
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
410
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
411
omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
412
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
413
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
414
nt comme elles vont : 1° Les différents pays de l’
Europe
seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question
415
lutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’
Europe
, c’est-à-dire la Troisième puissance, qui serait capable d’exiger la
416
à-dire la Troisième puissance, qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
417
e puissance, qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
418
ter pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’
Europe
, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux
419
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
420
, qu’on a tendance à oublier : La population de l’
Europe
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 milli
421
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
422
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
423
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
424
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
425
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
426
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
427
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
428
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
429
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
430
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
431
i, les choses cessent d’être simples, parce que l’
Europe
est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en fai
432
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
433
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela « soulè
434
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
435
. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’
Europe
? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bon
436
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ic
437
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nou
438
ntre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
439
a paix. On nous répète sur le mode solennel que l’
Europe
c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul Valéry
440
c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas ! l’
Europe
réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi l
441
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
442
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
443
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
444
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
445
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
446
x tous, même malgré eux — qu’il nous faut faire l’
Europe
. Mais quelle Europe ! Deux douzaines de nations avec leurs tradition
447
ux — qu’il nous faut faire l’Europe. Mais quelle
Europe
! Deux douzaines de nations avec leurs traditions, presque autant de
448
re l’Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
449
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
450
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
451
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
452
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
453
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
454
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
455
les que polémiques. Et cela n’est rien encore : l’
Europe
consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série
456
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
457
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
458
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leur ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les au
459
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
460
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
461
s ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’
Europe
comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au total so
462
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
463
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
464
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
465
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
466
ue. De là cette inquiétude créatrice qui pousse l’
Européen
, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu,
467
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
468
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
469
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
470
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
471
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
472
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
473
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
474
isquer, qui est la condition première de ce que l’
Européen
appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d
475
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
476
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
477
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
478
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
479
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
480
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
481
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps, par
482
ps, par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
483
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
484
passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’
Europe
, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’E
485
ent ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’
Europe
sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, pu
486
génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’
Europe
, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la
487
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolog
488
re sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
489
qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise
européenne
: c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifi
490
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
491
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
492
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
493
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
494
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
495
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
496
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
497
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
498
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
499
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec to
500
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec tout le monde
501
ou de constitutions. Certes, nous voulons faire l’
Europe
avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acceptent
502
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
503
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de « mystifications » par les forces impérialistes… C’est ain
504
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
« mystifications » par les forces impérialistes… C’est ainsi qu’on pe
505
pose à votre admiration : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
506
suffirait. Mais soyons sérieux : quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
507
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
508
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
509
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’
Europe
, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M.
510
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
511
voulez la paix, vous devez vouloir ses moyens : l’
Europe
unie est le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le
512
l’Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’
Europe
, vous devez vouloir le fédéralisme, si vous voulez demeurer libres, e
513
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
514
’il faut en courir l’aventure. Il dépend de nous,
Européens
, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit
515
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
516
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
517
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
518
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au m
519
le jour soit prochain où les voix concertées de l’
Europe
, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au monde enti
520
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’Europe ? », Rasse
521
forte enfin de l’espérance. d. Rougemont Denis
de
, « Pourquoi l’Europe ? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomad
522
espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’
Europe
? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomadaire du RPF, Paris, 2
523
ette note : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse
de
tant d’essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récem
524
e : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse de tant
d’
essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récemment des
525
nt de faire, en tant que membre du Comité central
de
l’Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les
526
, en tant que membre du Comité central de l’Union
européenne
des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que l’on v
527
à quel point les préoccupations et les positions
de
l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblemen
528
t les préoccupations et les positions de l’auteur
de
Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblement. »
529
règlements scolaires sont stricts : toute absence
d’
un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes
530
réputées légitimes », telle que maladie, réunion
de
famille exceptionnelle, impossibilité de circuler, etc. doit être pun
531
réunion de famille exceptionnelle, impossibilité
de
circuler, etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervall
532
lors subie par les parents ou responsables, et va
de
l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les c
533
s aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir
de
ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine de dossier
534
le se servir de ceux-ci contre celle-là. Je viens
d’
examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes
535
ontre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine
de
dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois pays : la Bel
536
ns plusieurs départements, après que les demandes
de
dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquem
537
loi », il est arrivé fréquemment que le directeur
d’
une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent finalement à inte
538
ent que le directeur d’une école, ou l’inspecteur
d’
académie, consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendr
539
n Algérie ou en Alsace, des amendes ou des peines
de
prison ont été infligées aux pères d’enfants absents plusieurs samedi
540
des peines de prison ont été infligées aux pères
d’
enfants absents plusieurs samedis de suite. D’innombrables démarches a
541
ées aux pères d’enfants absents plusieurs samedis
de
suite. D’innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignemen
542
res d’enfants absents plusieurs samedis de suite.
D’
innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignement, des pré
543
te. D’innombrables démarches auprès des autorités
de
l’enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré
544
quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent,
d’
assurer l’exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la
545
nt beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel
de
la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’e
546
moignent, d’assurer l’exercice réel de la liberté
de
conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit de tolér
547
la liberté de conscience, il arrive que la lettre
d’
un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve de préte
548
il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit
de
tolérance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit d’i
549
e l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve
de
prétexte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation dif
550
il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit
d’
intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton à l’
551
lérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup
d’
un canton à l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé
552
nquait l’école le samedi matin, et qu’il refusait
de
payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se re
553
medi matin, et qu’il refusait de payer une amende
de
2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d
554
ce : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable
d’
une faute, et ses convictions religieuses lui interdisent de l’admettr
555
e, et ses convictions religieuses lui interdisent
de
l’admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinqu
556
uatre emprisonnements, pour cinquante-sept heures
d’
absence de sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a acce
557
isonnements, pour cinquante-sept heures d’absence
de
sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté de pay
558
autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté
de
payer des amendes allant successivement de 3 à 12 francs par absence
559
ccepté de payer des amendes allant successivement
de
3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’
560
llant successivement de 3 à 12 francs par absence
de
sa fillette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (
561
après « récidives ») à trois, puis à quatre jours
de
prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un cant
562
loi paraît plus tolérante. L’instruction primaire
de
son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs suisses, amendes compr
563
ction primaire de son enfant lui a coûté la somme
de
3000 francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer une diza
564
ous disent les gens pressés : qu’il ne s’agit que
de
cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nombre, qu’ils
565
tistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort
de
s’obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la sema
566
e, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question
de
numéros attribués aux jours de la semaine, et qu’enfin tout cela ne m
567
r sur une question de numéros attribués aux jours
de
la semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, d
568
semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop
d’
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver des millio
569
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord
de
sauver des millions d’innocents jetés aux camps de concentration ou a
570
poque où il s’agit d’abord de sauver des millions
d’
innocents jetés aux camps de concentration ou aux travaux forcés. Rema
571
e sauver des millions d’innocents jetés aux camps
de
concentration ou aux travaux forcés. Remarquons tout d’abord que le n
572
que les bonnes gens qui parleraient volontiers «
d’
exceptions négligeables » dans le cas d’une secte brimée, ne voient pa
573
ontiers « d’exceptions négligeables » dans le cas
d’
une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bonne logi
574
, dont le nombre est infime. Ensuite, la question
de
savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au
575
n de savoir si les adventistes ont tort ou raison
de
préférer le samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davan
576
ison de préférer le samedi au dimanche comme jour
de
repos, ne doit pas davantage intervenir dans la considération des fai
577
qui nous occupent. Il s’agit ici du respect légal
de
toutes les convictions religieuses en tant que telles, et non point d
578
uses en tant que telles, et non point du jugement
de
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre de ces convictions,
579
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre
de
ces convictions, car si les deux points de vue n’étaient pas dissocié
580
nutieusement ces libertés. Céder sur une question
de
principe, sous prétexte qu’elle n’intéresse qu’une minorité microscop
581
écise, suffirait à résoudre des conflits du genre
de
ceux que l’on vient de citer. Il serait, par exemple, extrêmement fac
582
citer. Il serait, par exemple, extrêmement facile
d’
introduire dans les règlements scolaires de toutes les démocraties une
583
facile d’introduire dans les règlements scolaires
de
toutes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des «
584
éciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes
d’
absence aux cours » le fait d’appartenir à certaines religions, sectes
585
« motifs légitimes d’absence aux cours » le fait
d’
appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imag
586
ions courantes : on dira qu’il est trop compliqué
de
prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des p
587
ir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux
de
créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tenté
588
ont mille sectes à l’avenir pourront être tentées
d’
abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pénales décriv
589
is pénales décrivent dans le détail des centaines
de
cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lois fiscales,
590
il des centaines de cas bien plus rares que celui
de
nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les «
591
ns à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir
d’
infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien
592
à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit
de
punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateu
593
’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou
de
faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’a
594
ur le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace
de
ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droit
595
itutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient
d’
être raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on d
596
t la Démocratie cesseraient d’être raillées comme
de
belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « pa
597
n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit
d’
une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des
598
uble confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas
d’
accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « libe
599
s d’accorder des droits spéciaux, mais simplement
de
concrétiser la « liberté de conscience » que toutes nos démocraties p
600
iaux, mais simplement de concrétiser la « liberté
de
conscience » que toutes nos démocraties proclament à l’envi. Et d’aut
601
roclament à l’envi. Et d’autre part, il n’y a pas
de
vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement
602
t, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas
de
ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux o
603
s plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que
d’
ajouter quelques clauses aux milliers d’autres, utiles ou non, qui s’a
604
montrent soudain les plus stricts dans leur refus
de
considérer les droits d’une petite confession qui ne menace personne.
605
stricts dans leur refus de considérer les droits
d’
une petite confession qui ne menace personne. On les honore d’avoir sa
606
confession qui ne menace personne. On les honore
d’
avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et de l’avoi
607
i ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé
d’
une extinction probable la langue romanche, et de l’avoir élevée au ra
608
d’une extinction probable la langue romanche, et
de
l’avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parl
609
la langue romanche, et de l’avoir élevée au rang
de
langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins d’un cent
610
ionale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins
d’
un centième de la population totale du pays. Comment ne verraient-ils
611
u’elle ne soit parlée que par moins d’un centième
de
la population totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assu
612
nt ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits
d’
une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qui, depuis
613
ils confirmeraient les principes qui, depuis plus
d’
un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur p
614
s qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même
de
leur indépendance nationale, de leur prospérité et de leur paix ? L’e
615
sont la base même de leur indépendance nationale,
de
leur prospérité et de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des d
616
eur indépendance nationale, de leur prospérité et
de
leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particulièr
617
tent leurs croyances, m’a paru propre à illustrer
d’
une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse
618
er d’une manière bien précise le problème général
de
la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire,
619
aru poser le plus clairement possible la question
de
principe du respect effectif des libertés théoriquement admises par l
620
, mais je sais que toute restriction à la liberté
d’
un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du
621
n à la liberté d’un seul groupe menace la liberté
de
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne
622
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune
de
nos religions, ne l’oublions jamais, est en quelque manière ou quelqu
623
ersécution qu’une autre endure. Est-il nécessaire
d’
ajouter qu’il en va de même pour nos droits politiques et civiques ? O
624
r la liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant
de
la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse
625
çant de la sauver partout. h. Rougemont Denis
de
, « La liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1
626
i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas
de
petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Au
627
ar la note suivante : « Il n’est pas de petite ou
de
grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une r
628
t, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte
de
lui accorder. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans les pages qu
629
’est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature
de
la liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une er
630
Commencer par l’
Europe
(février 1949)f Il paraît que l’idée d’un gouvernement mondial vie
631
l’Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée
d’
un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il était temps
632
que l’idée d’un gouvernement mondial vient enfin
d’
atteindre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air
633
passent en France et c’est très bien : c’est très
européen
… La voici donc en pleine actualité. Tout le monde se déclare pour le
634
mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous avons l’air
de
dire moins, beaucoup moins, en vous parlant de notre petite Europe. N
635
ir de dire moins, beaucoup moins, en vous parlant
de
notre petite Europe. Nous allons faire figure de provinciaux ou de na
636
, beaucoup moins, en vous parlant de notre petite
Europe
. Nous allons faire figure de provinciaux ou de nationalistes attardés
637
de notre petite Europe. Nous allons faire figure
de
provinciaux ou de nationalistes attardés. Et l’on va nous demander :
638
urope. Nous allons faire figure de provinciaux ou
de
nationalistes attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi l’Europe
639
s attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi l’
Europe
? Tant qu’à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous arrêt
640
rticulier : c’est qu’il faut lui montrer un point
d’
application. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans la réalité
641
élan émotif dans la réalité, on a toujours l’air
de
freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bi
642
renons au mot. Et nous vous proposons une méthode
de
travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédia
643
déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est
de
commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix,
644
un objectif immédiat, qui est de commencer par l’
Europe
. Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernement mo
645
a paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’
Europe
— ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler ainsi,
646
u ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit
de
parler ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a trois ans, je m
647
tre le droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain
d’
Hiroshima, il y a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à pro
648
l’un des premiers à proclamer, en Amérique et en
Europe
, qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mo
649
ouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer
de
ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en ar
650
revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu
d’
avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Vo
651
fait un grand pas en avant en embrassant la cause
européenne
. Voici pour quelles raisons, les plus simples du monde, mais d’une lo
652
quelles raisons, les plus simples du monde, mais
d’
une logique à laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me s
653
laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen
de
me soustraire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planèt
654
traire : Devant le nez des premiers enthousiastes
de
la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rid
655
peuples unis — et j’en étais — un certain rideau
de
fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situat
656
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
657
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
658
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
659
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
660
er au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’
Europe
. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisé
661
, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’
Europe
n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nati
662
ais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’
Europe
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille
663
é par les deux grands empires. Et non seulement l’
Europe
n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune de
664
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
665
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
666
fondamental, et que personne ne peut nier : aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
667
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance ; aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les prob
668
une défense sérieuse de son indépendance ; aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
669
ie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
670
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
671
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
672
nt comme elles vont : 1° Les différents pays de l’
Europe
seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question
673
4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien
d’
être enfin la dernière, parce qu’elle laissera peu de monde pour en fa
674
aussi tout cela nous conduit, avec la force même
de
l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
675
et unique solution. Si nous voulons sauver chacun
de
nos pays, il nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver la paix,
676
lutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’
Europe
, c’est-à-dire la troisième puissance qui serait capable d’exiger la p
677
-à-dire la troisième puissance qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
678
me puissance qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
679
ter pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’
Europe
, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les deux
680
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
681
, qu’on a tendance à oublier : La population de l’
Europe
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300 milli
682
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
683
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
684
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
685
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
686
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
687
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
688
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
689
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
690
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
691
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
692
i, les choses cessent d’être simples, parce que l’
Europe
est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en fai
693
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
694
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela « soul
695
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
696
. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’
Europe
? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Très bon
697
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — m
698
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — mais nous nous occup
699
rien contre les thèses — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
700
a paix. On nous répète sur le mode solennel que l’
Europe
c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul Valéry
701
c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas, l’
Europe
réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi l
702
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
703
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
704
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
705
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
706
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
707
ur eux tous, même malgré eux — qu’il nous faire l’
Europe
. Mais alors des malins viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-ils
708
ns viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-ils
de
commun entre eux ? Quelle unité voyez-vous dans tout cela ? Eh bien,
709
e : tous ces gens partagent le même sort, le sort
de
l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les
710
ous ces gens partagent le même sort, le sort de l’
Europe
, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les uns après
711
s gens ont en commun le dégoût et la peur immense
de
la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà
712
aincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens
d’
action. Aux impatients qui rêvent d’unifier le genre humain dans les q
713
et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent
d’
unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que
714
e plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est
de
les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore
715
c’est de les faire prendre une part active à l’un
de
ces congrès où s’élabore notre fédération européenne. Car c’est préci
716
l’un de ces congrès où s’élabore notre fédération
européenne
. Car c’est précisément quand on veut les unir, qu’on découvre à quel
717
ut les unir, qu’on découvre à quel point tous les
Européens
résistent dans leurs différences, et peut-être consistent dans leurs
718
parti au pouvoir et une opposition, un seul type
de
drug-store, et une morale moyenne, dont l’idée générale est justement
719
orale moyenne, dont l’idée générale est justement
d’
éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie,
720
ement d’éviter les conflits quotidiens et non pas
de
les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête,
721
le : une seule tête, un parti, une police, et pas
d’
opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines d
722
as d’opposition permise dans aucun ordre. Mais en
Europe
! Deux douzaines de nations avec leurs traditions, presque autant de
723
dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
724
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
725
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
726
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
727
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
728
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
729
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
730
les que polémiques. Et cela n’est rien encore ; l’
Europe
consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série
731
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
732
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
733
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leurs ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les a
734
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
735
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
736
s ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’
Europe
comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au total so
737
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
738
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
739
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
740
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
741
ue. De là cette inquiétude créatrice qui pousse l’
Européen
, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu,
742
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
743
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
744
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
745
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
746
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
747
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
748
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
749
isquer, qui est la condition première de ce que l’
Européen
appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d
750
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
751
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
752
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
753
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
754
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
755
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
756
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps par l
757
mps par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
758
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
759
passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’
Europe
, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’
760
nt, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’
Europe
sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, pu
761
génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’
Europe
, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la
762
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolo
763
e sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
764
qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise
européenne
: c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifi
765
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
766
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
767
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
768
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
769
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
770
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
771
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
772
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
773
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
774
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.
775
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile d
776
ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile
d’
insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à n
777
isme est la seule qui soit adaptée à nos réalités
européennes
. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de l’Europe, c’est-à-dire, pr
778
ropéennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire
de
l’Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ I
779
nnes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de l’
Europe
, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à
780
rope, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases
de
la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assig
781
s de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions
de
combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, nous voulons f
782
e pareille attitude. Certes, nous voulons faire l’
Europe
avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acceptent
783
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
784
s en préconisant le fédéralisme à tous les étages
de
la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle
785
d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au plan
européen
, et finalement au plan mondial nous savons bien que nous heurtons cer
786
savons bien que nous heurtons certaines habitudes
de
pensée à la fois nationalistes et rationalistes, c’est-à-dire en un m
787
ure des obstacles qu’elle trouve posés en travers
de
sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du
788
u’elle trouve posés en travers de sa route vers l’
Europe
fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne décri
789
et que Nietzsche appelait un jour « le plus froid
de
tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et produit de toute
790
nstres froids » — l’État-nation, cause et produit
de
toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre tour irréduc
791
e que nous voulons supprimer, c’est l’étatisation
de
la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par l
792
on de la nation elle-même ; c’est la confiscation
de
ses forces vives par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin le
793
ation de ses forces vives par la machine imbécile
de
l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nati
794
nous demandons et préparons, comme premier point
de
tout notre programme, l’institution d’une Cour suprême européenne, c’
795
mier point de tout notre programme, l’institution
d’
une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir supérieur aux É
796
notre programme, l’institution d’une Cour suprême
européenne
, c’est-à-dire d’un pouvoir supérieur aux États. Cette Cour suprême do
797
ution d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire
d’
un pouvoir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardie
798
États. Cette Cour suprême doit être la gardienne
d’
une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en app
799
me doit être la gardienne d’une Charte des droits
de
la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoir
800
era sauvegardé le droit qui garantit les libertés
européennes
, le droit d’opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si
801
t qui garantit les libertés européennes, le droit
d’
opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas
802
e droit d’opposition légale contre l’État. Parler
de
démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
803
n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
de
dictature : voir les démocraties dites populaires. Les vues que j’ex
804
nties par une action qui se poursuit dans toute l’
Europe
depuis deux ans et qui est en train d’aboutir à certains résultats co
805
férence des Cinq va peut-être accepter notre plan
de
Parlement européen. Cette assemblée, que nous voulons élue à la fois
806
inq va peut-être accepter notre plan de Parlement
européen
. Cette assemblée, que nous voulons élue à la fois par les parlements
807
a fois par les parlements et par les forces vives
de
chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle aura pour missio
808
réunir dans quelques mois. Elle aura pour mission
de
proposer la création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale d
809
s. Elle aura pour mission de proposer la création
d’
une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelqu
810
on d’une Cour suprême et la Constitution fédérale
de
l’Europe. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous s
811
une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’
Europe
. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous sommes loi
812
instant dévier vers on ne sait quelles alliances
d’
États souverains pris de panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans tr
813
ne sait quelles alliances d’États souverains pris
de
panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait
814
alliances d’États souverains pris de panique, ou
d’
états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait quelles déclara
815
; vers on ne sait quelles déclarations sans rire
de
sécurité collective ; vers on ne sait quelle coalition sur le papier
816
le coalition sur le papier qui se donnerait l’air
de
provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force néces
817
ger l’agression… C’est donc, pour nous, le moment
d’
être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active d
818
ur nous, le moment d’être forts dans les conseils
européens
— de rallier l’opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes,
819
moment d’être forts dans les conseils européens —
de
rallier l’opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et d
820
active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et
d’
imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux dir
821
e populaire, ou pour mieux dire : à l’information
de
la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui
822
’information de la masse. Car on aurait bien tort
de
croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail et créer
823
ui seul, faire tout le travail et créer l’opinion
européenne
. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’av
824
plus entendre, pour l’avoir lue dans une centaine
de
comptes rendus de nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci :
825
r l’avoir lue dans une centaine de comptes rendus
de
nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons
826
une centaine de comptes rendus de nos réunions et
de
nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons que souhaiter bonn
827
eux pionniers du fédéralisme. » C’est une manière
de
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts
828
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons
de
loin vos efforts, et si vous gagnez par miracle, bien entendu, nous v
829
a ceux qui nous applaudissent, comme ces soldats
de
je ne sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sor
830
ans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir
de
la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bra
831
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de ‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ain
832
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ainsi qu’on po
833
cette phrase admirable : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
834
suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
835
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
836
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
837
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’
Europe
, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M.
838
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
839
us disent non sans raison : « Nous sommes saturés
de
discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ou
840
bien tort quand il cherchait un homme à la lueur
de
sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
841
omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait
d’
en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bata
842
d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen
d’
en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous
843
er. Une bataille est en train de se livrer pour l’
Europe
. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gouvernem
844
parlements à convoquer cette année une Assemblée
européenne
. C’est maintenant — ou peut-être jamais — que le fédéralisme court sa
845
ralisme court sa chance, et avec elle les chances
de
la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’
846
ulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’
Europe
unie est le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir
847
l’Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’
Europe
, nous devons vouloir le fédéralisme ; si nous voulons demeurer libres
848
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
849
’il faut en courir l’aventure. Il dépend de nous,
Européens
, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit
850
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
851
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
852
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
853
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au m
854
le jour soit prochain où les voix concertées de l’
Europe
, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au monde enti
855
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commen
856
forte enfin de l’espérance. f. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver la paix : commencer par l’Europe », Fédération, Paris,
857
Denis de, « Pour sauver la paix : commencer par l’
Europe
», Fédération, Paris, février 1949, p. 70-77.
858
L’
Europe
ou le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes vienn
859
le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs
européennes
viennent de l’esprit, et non pas de la nature ni du nombre. Comment e
860
eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas
de
la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déchiq
861
Comment expliquer autrement que ce cap déchiqueté
de
l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa popu
862
r autrement que ce cap déchiqueté de l’Asie — 4 %
de
la superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ait pu
863
de l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins
d’
un sixième de sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant p
864
4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième
de
sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant par ses armes
865
es pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes
de
cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent très dive
866
, furent très diverses et même contradictoires. L’
Europe
a dominé par ses techniques, par sa science de la mise en valeur d’un
867
urope a dominé par ses techniques, par sa science
de
la mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a
868
s techniques, par sa science de la mise en valeur
d’
un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violenc
869
aussi, et par la mise en esclavage ou en servage
de
centaines de millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a d
870
r la mise en esclavage ou en servage de centaines
de
millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une m
871
esclavage ou en servage de centaines de millions
d’
habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beauc
872
u en servage de centaines de millions d’habitants
de
la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beaucoup plus sub
873
abitants de la planète. Finalement, elle a dominé
d’
une manière beaucoup plus subtile, et peut-être plus effective, en imp
874
n imposant à tous les continents un certain angle
de
vision de la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme,
875
à tous les continents un certain angle de vision
de
la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dé
876
ertain angle de vision de la destinée, une notion
de
l’homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts
877
ristianisme, et dont dérivent les grands concepts
de
liberté et de justice, de dignité de la personne et de responsabilité
878
t dont dérivent les grands concepts de liberté et
de
justice, de dignité de la personne et de responsabilité sociale, conc
879
ent les grands concepts de liberté et de justice,
de
dignité de la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se
880
nds concepts de liberté et de justice, de dignité
de
la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament,
881
berté et de justice, de dignité de la personne et
de
responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au xxe siècle, l
882
tiens, les Américains comme les Russes, les chefs
de
l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de te
883
comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux
de
la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique, de science p
884
de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse
de
philosophie ou de technique, de science pure ou d’industrie, de doctr
885
eux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou
de
technique, de science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
886
e. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique,
de
science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou de procédés d
887
e philosophie ou de technique, de science pure ou
d’
industrie, de doctrines politiques ou de procédés de construction, le
888
ou de technique, de science pure ou d’industrie,
de
doctrines politiques ou de procédés de construction, le monde entier
889
e pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
de
procédés de construction, le monde entier porte aujourd’hui les marqu
890
industrie, de doctrines politiques ou de procédés
de
construction, le monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les
891
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes d
892
rques — ou les blessures — du génie créateur de l’
Europe
. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes de sa puis
893
res — du génie créateur de l’Europe. Et certes, l’
Europe
a follement exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on les retour
894
s, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes
de
sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre elle. Mais elle
895
rupules contre elle. Mais elle reste le palladium
d’
une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est mena
896
e le palladium d’une civilisation que tous rêvent
d’
imiter. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la
897
ivilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’
Europe
est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’es
898
se — c’est donc dire que le cœur et la conscience
d’
une culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pou
899
Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti
de
l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres contine
900
le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’
Europe
est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous
901
ur le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti
de
l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont ravi les
902
res continents nous ont ravi les moyens matériels
de
la puissance, et nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont
903
us ont condamnés à ne représenter que l’essentiel
d’
une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’Euro
904
: son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’
Europe
, aujourd’hui, ce n’est donc plus défendre le capitalisme industriel,
905
riel, ni la puissance militaire, ni la suprématie
de
la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État,
906
nche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion
d’
État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. E
907
a Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que
de
cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloniser par les Yankee
908
iniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous
de
ces armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. S
909
armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées
de
nos mains. Si les Européens, dans leur majorité, refusent à la fois d
910
ous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. Si les
Européens
, dans leur majorité, refusent à la fois de se laisser américaniser et
911
Européens, dans leur majorité, refusent à la fois
de
se laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils sen
912
refusent à la fois de se laisser américaniser et
de
se laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur
913
sentent bien que dans le meilleur cas, en retour
de
certains avantages matériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
914
atériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
de
leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aîn
915
s même de leur vie. Ils céderaient contre un plat
de
lentilles leur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diab
916
céderaient contre un plat de lentilles leur droit
d’
aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier e
917
en pâtirait, Russes et Américains compris. Cette
Europe
, pratiquement réduite à l’essentiel de son génie, à ce qu’il a de plu
918
Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel
de
son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la dé
919
en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs
européens
, capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’E
920
ouanes, et créer des pouvoirs européens, capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
921
pouvoirs européens, capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
922
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
923
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul
924
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul moyen de préveni
925
uest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance
européenne
, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se
926
eut assurer l’indépendance européenne, seul moyen
de
prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés
927
que se sont assignés les promoteurs du Mouvement
européen
. Nous verrons, au mois d’août de cette année, le premier résultat de
928
eurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
d’
août de cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’o
929
Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août
de
cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
930
u mois d’août de cette année, le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parl
931
t chacun reconnaît l’urgence, et que le Mouvement
européen
promeut, resteront sans force et sans vie, si elles ne sont pas soute
932
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce
933
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artif
934
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, nous venons de le voir ; c’est
935
iment existe, nous venons de le voir ; c’est lui,
d’
instinct, qui nous fait repousser les tentations russe et américaine.
936
ns russe et américaine. Mais il s’agit maintenant
de
l’informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre consc
937
ricaine. Mais il s’agit maintenant de l’informer,
de
lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscient et agissan
938
aintenant de l’informer, de lui donner des moyens
d’
expression, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche don
939
’informer, de lui donner des moyens d’expression,
de
le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès d
940
t et agissant. Telle est la tâche dont le congrès
de
La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle
941
la nécessité. La section culturelle du Mouvement
européen
s’est constituée pour y collaborer. Elle a commencé par fonder, avan
942
européen de la culture, prévu par les résolutions
de
La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où il t
943
par les résolutions de La Haye, un modeste Bureau
d’
études. Il a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de fév
944
on siège à Genève, où il travaille depuis le mois
de
février de cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) D
945
Genève, où il travaille depuis le mois de février
de
cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) Documentatio
946
r tous les efforts entrepris dans les divers pays
d’
Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducation de « cadres
947
tous les efforts entrepris dans les divers pays d’
Europe
en faveur de l’union des peuples et d’une éducation de « cadres europ
948
pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et
d’
une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts existe
949
faveur de l’union des peuples et d’une éducation
de
« cadres européens ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’i
950
’union des peuples et d’une éducation de « cadres
européens
». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellemen
951
e éducation de « cadres européens ». Des dizaines
d’
instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellement. La première tâch
952
gnorent mutuellement. La première tâche sera donc
de
dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelles et art
953
nt. b) Coordination des activités « culturelles »
de
tous ordres, qui se placent sur un plan européen. Deux exemples entre
954
lles » de tous ordres, qui se placent sur un plan
européen
. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient d’org
955
n européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau
d’
études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsable
956
n. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études
de
Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsables d’une d
957
entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient
d’
organiser une rencontre entre les responsables d’une dizaine d’institu
958
d’organiser une rencontre entre les responsables
d’
une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite europé
959
ne rencontre entre les responsables d’une dizaine
d’
instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et il r
960
s d’une dizaine d’instituts visant à la formation
d’
une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d’historiens,
961
instituts visant à la formation d’une jeune élite
européenne
; et il rassemble une équipe d’historiens, en vue de la révision des
962
une élite européenne ; et il rassemble une équipe
d’
historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent de
963
listes. c) Étude et formulation des grands thèmes
de
la propagande générale du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels
964
nds thèmes de la propagande générale du Mouvement
européen
. Ici, nos intellectuels ont une occasion magnifique de « s’engager »
965
ci, nos intellectuels ont une occasion magnifique
de
« s’engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un m
966
sion magnifique de « s’engager » sans rien trahir
de
leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement de militants, qu’aucun es
967
sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre
d’
un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au me
968
ir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement
de
militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à l’h
969
adre d’un mouvement de militants, qu’aucun esprit
de
parti ne contraint au mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé,
970
vice commandé, ils vont pouvoir prendre leur part
d’
action, assumer conjointement les décisions politiques, juridiques ou
971
pour être exécutées demain par un pouvoir fédéral
de
l’Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’un
972
être exécutées demain par un pouvoir fédéral de l’
Europe
. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’une confére
973
pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bureau
d’
études met au point le programme d’une conférence de la culture, qui d
974
tre, le Bureau d’études met au point le programme
d’
une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne
975
études met au point le programme d’une conférence
de
la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports na
976
es rapports nationaux, préparés par les « Groupes
d’
étude culturels », en formation dans chacun de nos pays, fourniront la
977
pes d’étude culturels », en formation dans chacun
de
nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’on doit espérer que de
978
ont la base des travaux. Et l’on doit espérer que
de
l’ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les
979
s travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble
de
ces rapports documentés, inventoriant les forces et les faiblesses de
980
mentés, inventoriant les forces et les faiblesses
de
nos cultures nationales, se dégageront deux séries de conclusions : l
981
os cultures nationales, se dégageront deux séries
de
conclusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’état de divis
982
: les unes portant sur ce qui existe dans l’état
de
division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naître dans
983
frons, les autres sur ce qui peut naître dans une
Europe
débarrassée de ses frontières étatiques, enfin « rendue dans toute so
984
ur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée
de
ses frontières étatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à la
985
s hommes, des idées et des biens ». ( Message aux
Européens
, congrès de La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douz
986
et des biens ». ( Message aux Européens , congrès
de
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. I
987
( Message aux Européens , congrès de La Haye.) L’
Europe
est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que chacune
988
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite
de
douze cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut ne peut ê
989
nion ne sera jamais réelle sans le concours actif
de
chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accep
990
a jamais réelle sans le concours actif de chacune
d’
elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accepter nos div
991
les. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que
d’
accepter nos divisions présentes, nous voulons concerter nos vocations
992
ocations pour la défense et pour l’épanouissement
d’
un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient per
993
ense et pour l’épanouissement d’un certain nombre
de
valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe
994
un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’
Europe
, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans elles.
995
ines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’
Europe
à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale d
996
perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale
de
l’Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fé
997
e sans elles. Telle est l’interaction vitale de l’
Europe
et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste
998
es. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et
de
la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui
999
urent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie
de
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le
1000
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis
de
, « L’Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, j
1001
dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’
Europe
ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–juillet
1002
« Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis
1003
« Le promoteur de l’émission Demain l’
Europe
nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois de février 1
1004
t… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois
de
février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédéraliste, parle chaq
1005
chaque semaine au micro du « dialogue » qu’est l’
Europe
. De lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desquelles i
1006
semaine au micro du « dialogue » qu’est l’Europe.
De
lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desquelles il no
1007
s chroniques au cours desquelles il nous démontre
de
manière éclatante qu’une ère nouvelle s’ouvre au Vieux Continent. Mon
1008
Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-il fédérer l’
Europe
? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la guerre
1009
faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’il n’y a pas
d’
autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
1010
? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable
d’
empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer
1011
c’est, en effet, créer la seule puissance capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Eur
1012
réer la seule puissance capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte
1013
e l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette
Europe
grande ouverte où les nations ne disparaîtraient pas davantage que no
1014
entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande
Europe
aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à d
1015
à ne faire la guerre à personne, mais à défendre
d’
un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, prospérité, t
1016
berté, prospérité, tels ont été les grands motifs
de
toutes les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et
1017
e main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie
d’
une série de 16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de dif
1018
ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série
de
16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de différents pays
1019
6 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera
de
différents pays. Je prépare également une conférence culturelle europ
1020
s. Je prépare également une conférence culturelle
européenne
qui aura lieu, en octobre, à Lausanne. Ce qui me préoccupe sans relâc
1021
che c’est une œuvre très importante qui a nom : l’
Europe
dont les problèmes culturels, en particulier, accaparent tout mon tem
1022
tout mon temps. En effet, je dirige ici le bureau
d’
études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, très succin
1023
ure. Pouvez-vous, très succinctement, nous parler
de
la mission de ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute i
1024
us, très succinctement, nous parler de la mission
de
ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute indépendance de
1025
ernementaux, cet organisme a pour tâche immédiate
d’
étudier et de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment d
1026
cet organisme a pour tâche immédiate d’étudier et
de
proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité eur
1027
ser toute mesure propre à promouvoir le sentiment
de
l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le
1028
esure propre à promouvoir le sentiment de l’unité
européenne
; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio,
1029
à promouvoir le sentiment de l’unité européenne ;
d’
agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par v
1030
opinion, la presse, le film et la radio, par voie
d’
informations et de recommandations, de coordonner les efforts pour cré
1031
, le film et la radio, par voie d’informations et
de
recommandations, de coordonner les efforts pour créer une union des u
1032
o, par voie d’informations et de recommandations,
de
coordonner les efforts pour créer une union des universités et des me
1033
s et des membres des corps enseignants ; et enfin
d’
exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-c
1034
ls aucun pacte n’est possible. De plus, le Centre
européen
offrira un lieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs de la cult
1035
ible. De plus, le Centre européen offrira un lieu
de
rencontre aux porteurs et aux créateurs de la culture occidentale, af
1036
n lieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs
de
la culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les gr
1037
semble les grandes questions qui affectent la vie
de
l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publi
1038
e les grandes questions qui affectent la vie de l’
Europe
, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k.
1039
ppels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis
de
, « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio,
1040
ublique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet
1041
t Denis de, « Le promoteur de l’émission Demain l’
Europe
nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 1949, p. 950.
1042
e aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)l L’
Europe
dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Politique
1043
ominait le monde entier, lorsque éclata la guerre
de
1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain relevait de se
1044
que éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus
de
la moitié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’i
1045
ement, plus de la moitié du genre humain relevait
de
ses gouvernements, le reste s’inspirait de ses doctrines démocrates o
1046
levait de ses gouvernements, le reste s’inspirait
de
ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétiennes ou humanistes. Ell
1047
s lois, et tous les peuples subissaient l’attrait
de
ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette p
1048
peuples subissaient l’attrait de ses techniques,
de
ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sa
1049
la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’
Europe
la devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchi
1050
physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté
de
l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa gra
1051
qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent
de
la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture,
1052
ueté de l’Asie, quatre pour cent de la superficie
de
la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien
1053
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de m
1054
rques — ou les blessures — du génie créateur de l’
Europe
. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de mains. Ell
1055
nq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé
de
mains. Elle est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’
1056
se et américaine. Elle se retourne contre nous. L’
Europe
déchue n’est plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre natio
1057
ions, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands
de
colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, e
1058
et menacé par les deux Grands de colonisation ou
d’
annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, elle en est réduite
1059
onisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse
de
la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance é
1060
ique et civique, déjà fortement compromise. Cette
Europe
sur la défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les
1061
en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs
européens
capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Es
1062
douanes, et créer des pouvoirs européens capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
1063
s pouvoirs européens capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
1064
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
1065
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui
1066
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le
1067
uest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance
européenne
, qui est à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos
1068
ance européenne, qui est à son tour le seul moyen
de
prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets
1069
que se sont assignés les promoteurs du Mouvement
européen
. Nous verrons au mois d’août de cette année le premier résultat de le
1070
teurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois
d’
août de cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ou
1071
u Mouvement européen. Nous verrons au mois d’août
de
cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
1072
au mois d’août de cette année le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consu
1073
uvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif
de
treize nations. Mais toutes les constructions économiques, juridiques
1074
nt chacun reconnaît l’urgence et que le Mouvement
européen
promeut, resteront sans force et sans vie si elles ne sont pas souten
1075
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
1076
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
1077
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, il n’est pas une chose vague.
1078
t pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche
de
dire aux Russes : « Finissons-en, venez nous mettre au pas, et suppri
1079
ne à Varsovie. » C’est lui aussi qui nous empêche
de
dire à nos amis américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les se
1080
s : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets
de
votre bonheur, nous vendrons notre droit d’aînesse contre vos belles
1081
crets de votre bonheur, nous vendrons notre droit
d’
aînesse contre vos belles autos et vos dollars. » Si nous refusons, c’
1082
efusons, c’est que nous avons encore le sentiment
d’
une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est justement la
1083
que nous avons encore le sentiment d’une qualité
de
vie, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être
1084
s avons encore le sentiment d’une qualité de vie,
de
liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Eur
1085
le sentiment d’une qualité de vie, de liberté et
de
conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais il f
1086
rté et de conscience, qui est justement la raison
d’
être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des m
1087
de conscience, qui est justement la raison d’être
de
l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d
1088
nscience, qui est justement la raison d’être de l’
Europe
. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d’expressi
1089
faut informer ce sentiment, lui donner des moyens
d’
expression, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche
1090
e dans quelques mois, et que prépare notre Bureau
d’
études. Installé à Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur
1091
. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques
de
son travail (documentation européenne ; coordination des efforts entr
1092
aspects techniques de son travail (documentation
européenne
; coordination des efforts entrepris dans tous nos pays, et qui souve
1093
tous nos pays, et qui souvent s’ignorent ; action
de
propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites com
1094
près des élites comme du grand public ; formation
d’
équipes de travail internationales, etc.). Je voudrais simplement défi
1095
lites comme du grand public ; formation d’équipes
de
travail internationales, etc.). Je voudrais simplement définir l’espr
1096
e et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous,
de
mettre la culture en statistiques, ou de traiter théoriquement les pr
1097
ur nous, de mettre la culture en statistiques, ou
de
traiter théoriquement les problèmes éternels de la liberté, de la jus
1098
u de traiter théoriquement les problèmes éternels
de
la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une par
1099
éoriquement les problèmes éternels de la liberté,
de
la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part offrir aux fo
1100
voulons d’une part offrir aux forces culturelles
de
toute l’Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du
1101
une part offrir aux forces culturelles de toute l’
Europe
les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédér
1102
ulturelles de toute l’Europe les moyens pratiques
de
« s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, f
1103
déraliste ; d’autre part, faire valoir les droits
de
l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. F
1104
d’autre part, faire valoir les droits de l’esprit
de
la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sort
1105
s de l’esprit de la culture, dans la construction
de
l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à
1106
l’esprit de la culture, dans la construction de l’
Europe
de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, a
1107
t de la culture, dans la construction de l’Europe
de
demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, afin
1108
re aide nos peuples à s’unir, afin qu’ensuite une
Europe
fédérée vienne en aide à chacune de nos cultures : telle sera la doub
1109
suite une Europe fédérée vienne en aide à chacune
de
nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culture
1110
e de nos cultures : telle sera la double ambition
de
la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’oct
1111
culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois
d’
octobre, sous les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suiss
1112
au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement
européen
. Le fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de
1113
e comme siège du Centre européen de la culture et
de
la Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de considéra
1114
érence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni
de
considérations touristiques. Notre neutralité traditionnelle, reconnu
1115
outes les puissances comme étant « nécessaire à l’
Europe
», rend difficile, pour le moment, notre pleine participation aux con
1116
suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre,
de
l’Europe tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc p
1117
se : notre pays dépend, plus qu’aucun autre, de l’
Europe
tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc participer
1118
plus qu’aucun autre, de l’Europe tout entière et
de
ses destinées. Comment pourra-t-il donc participer aux efforts pour s
1119
ra-t-il donc participer aux efforts pour sauver l’
Europe
? La réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mou
1120
s pour sauver l’Europe ? La réponse ne peut faire
de
doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement européen, on a reconnu
1121
de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement
européen
, on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvions, s
1122
rien notre neutralité, jouer le rôle qu’on attend
de
nous dans l’œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, su
1123
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective
de
la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une m
1124
n. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là
d’
une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se
1125
nse pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une manière
de
nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les
1126
continent se dessine et prend corps, la nécessité
de
lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
1127
péen de la culture. Les plus anciennes traditions
de
la Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens
1128
traditions de la Suisse la désignent comme siège
d’
une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie
1129
-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et
de
la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créati
1130
rdiens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis
de
la Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’esprit international
1131
de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et
de
vingt autres créations de l’esprit international ; gardiens enfin d’u
1132
is de la Croix-Rouge et de vingt autres créations
de
l’esprit international ; gardiens enfin d’une expérience fédéraliste
1133
ations de l’esprit international ; gardiens enfin
d’
une expérience fédéraliste qui peut servir d’exemple au continent, les
1134
nfin d’une expérience fédéraliste qui peut servir
d’
exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation
1135
n accueillant, soutenant et animant le foyer même
d’
une action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe h
1136
istorique, dont on a pu dire que le but était « l’
Europe
helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Centre européen de la cu
1137
it « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis
de
, « Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse », Curie
1138
Préface à Le Problème
de
l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrang
1139
Préface à Le Problème de l’union
européenne
d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle de «
1140
Préface à Le Problème de l’union européenne
d’
Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle de « fai
1141
ip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle
de
« faire l’Europe », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’
1142
Il peut sembler étrange qu’on parle de « faire l’
Europe
», quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’expression se jus
1143
rmation que vient de subir la puissance apparente
de
nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été
1144
de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’
Europe
paraît avoir été défaite, et sa défection à l’Histoire devient une po
1145
ubitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle prend
d’
elle-même une conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe es
1146
ne conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’
Europe
est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de s
1147
uvelle, et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’
Europe
est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions », déclar
1148
s divisions », déclarait le Manifeste du congrès
de
La Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bie
1149
ste du congrès de La Haye, trois ans après la fin
de
la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situat
1150
Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise
de
conscience bien typique, on le voit, d’une situation pré-fédérale, po
1151
re. Prise de conscience bien typique, on le voit,
d’
une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union se déclare
1152
e situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté
d’
union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donne
1153
se assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage
de
M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seulement cel
1154
importance particulière : non pas seulement celle
d’
une première vue générale des efforts déployés pour l’union de l’Europ
1155
re vue générale des efforts déployés pour l’union
de
l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de consc
1156
e générale des efforts déployés pour l’union de l’
Europe
, mais encore celle d’une contribution à cette prise de conscience act
1157
loyés pour l’union de l’Europe, mais encore celle
d’
une contribution à cette prise de conscience active de notre sort, san
1158
e contribution à cette prise de conscience active
de
notre sort, sans laquelle les traités resteront du papier. Je voudrai
1159
emarques, entre toutes celles que ne manquera pas
de
suggérer cette enquête efficace par sa lucidité. La première touche à
1160
à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice
de
l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans
1161
que. Voilà, me semble-t-il, une manière implicite
d’
affirmer que l’Économie obéit beaucoup moins aux « lois » fatales admi
1162
elle-même déterminée par une certaine orientation
de
nos énergies dont j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ, de q
1163
nt j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ,
de
quelque choix métaphysique. La thèse soutenue par notre auteur impliq
1164
ue par notre auteur implique une décision inverse
de
celle dont les suites nécessaires nous ont conduits aux impasses prés
1165
tif des Experts. Je vois bien que ce règne est né
d’
une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle, par er
1166
e règne est né d’une réaction contre la politique
de
l’éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, s
1167
d garde, à évacuer la politique, au sens légitime
de
ce terme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. L
1168
à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né
d’
une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit, le po
1169
politique, pourra marquer, s’il aboutit, le point
de
renversement d’une attitude contraire au génie de l’Europe. En second
1170
a marquer, s’il aboutit, le point de renversement
d’
une attitude contraire au génie de l’Europe. En second lieu, je note q
1171
de renversement d’une attitude contraire au génie
de
l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroite
1172
nversement d’une attitude contraire au génie de l’
Europe
. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroitement cond
1173
de l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours
d’
un historique adroitement condensé, l’auteur souligne, à plusieurs rep
1174
plusieurs reprises, l’influence « déterminante »
de
l’aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la créa
1175
déterminante » de l’aile fédéraliste du Mouvement
européen
, dès qu’il s’agit de la création d’une véritable Autorité européenne.
1176
déraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit
de
la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra discuter p
1177
uvement européen, dès qu’il s’agit de la création
d’
une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus tard sur la
1178
il s’agit de la création d’une véritable Autorité
européenne
. On pourra discuter plus tard sur la paternité réelle de maints proje
1179
pourra discuter plus tard sur la paternité réelle
de
maints projets revendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour eur
1180
evendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour
européenne
des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’acier, la transform
1181
enne des droits de l’homme, le pool du charbon et
de
l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il
1182
’ils sont parfois considérés comme des empêcheurs
de
danser en rond, je me permettrai de répondre en leur nom que, justeme
1183
es empêcheurs de danser en rond, je me permettrai
de
répondre en leur nom que, justement, le but n’est pas de tourner en r
1184
ndre en leur nom que, justement, le but n’est pas
de
tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends
1185
tement, le but n’est pas de tourner en rond, mais
d’
avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le
1186
tu en général, ou même contre l’union des peuples
de
l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent
1187
général, ou même contre l’union des peuples de l’
Europe
. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union,
1188
l’union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous
de
bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr, et comment
1189
, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste
de
les considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme
1190
les considérer comme extrémistes, car il est faux
de
considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais refusent sa co
1191
faux de considérer comme modérés ceux qui parlent
d’
union mais refusent sa condition. Nous avons d’autres noms pour ces de
1192
raux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’
Europe
est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur suppressio
1193
n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu
d’
antagonismes. Elle mourrait de leur suppression artificielle. Elle y p
1194
st née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait
de
leur suppression artificielle. Elle y perdrait le secret de sa créati
1195
ppression artificielle. Elle y perdrait le secret
de
sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’o
1196
secret de sa créativité, qui est aussi le secret
de
sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europe toute libérale ou
1197
t de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’
Europe
toute libérale ou toute socialiste, on ne peut l’imaginer toute catho
1198
corporatiste ou parlementaire… Et dans plusieurs
de
ces domaines, il serait vain de chercher un compromis : chacune des t
1199
Et dans plusieurs de ces domaines, il serait vain
de
chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige d’aller
1200
compromis : chacune des tendances opposées exige
d’
aller au bout de sa vocation, car elle perdrait sa qualité constitutiv
1201
elle perdrait sa qualité constitutive, sa raison
d’
être, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d
1202
t. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir
d’
autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
1203
gime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
de
la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L
1204
ntages de la féconde diversité en y ajoutant ceux
de
l’union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer qu
1205
outant ceux de l’union. Vue théorique ? L’exemple
de
la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement p
1206
le en principe, mais pratique. On ne manquera pas
de
m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, q
1207
s premiers à se montrer prudents, quand il s’agit
de
« faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, j
1208
se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’
Europe
». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai ce lan
1209
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
1210
nviennent à nos calamités. u. Rougemont Denis
de
, Philip Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’union e
1211
Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème
de
l’union européenne », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâ
1212
[Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’union
européenne
», dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la
1213
oblème de l’union européenne », dans Le Problème
de
l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-
1214
’union européenne », dans Le Problème de l’union
européenne
, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1215
oblème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions
de
la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1216
Raisons et buts
d’
une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément contradi
1217
n profondément contradictoire dans laquelle vit l’
Europe
, depuis dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est presque
1218
e désespérée. Elle est aussi plus près que jamais
de
se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de
1219
de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’
Europe
est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée, plus d
1220
ans toute sa longue histoire, — consciemment, — l’
Europe
est en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les
1221
t, — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux
d’
un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dan
1222
yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions
de
la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates
1223
t les mêmes conditions qui pourraient être celles
d’
une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s
1224
Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé
de
s’aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absu
1225
ver depuis dix ans — mais nous prenons conscience
de
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant de deux empires ext
1226
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant
de
deux empires extraeuropéens décourage des millions d’entre nous, mais
1227
d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment
d’
un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’aban
1228
il réveille aussi le sentiment d’un destin commun
de
nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités d
1229
, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités
de
l’histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédé
1230
sses, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence
de
la culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répa
1231
asbourg, cette conférence de la culture. Je parle
d’
un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le pl
1232
ndre. » Il y a aujourd’hui une manière proprement
européenne
d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres
1233
y a aujourd’hui une manière proprement européenne
d’
avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres vi
1234
ui une manière proprement européenne d’avoir peur
de
l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient fai
1235
éenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur
d’
une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le cor
1236
viendraient faire sur notre sol, et sur le corps
de
nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des
1237
et sur le corps de nos enfants ; c’est l’angoisse
de
devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nou
1238
enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets
d’
une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son
1239
on issue. Mais il y a, en même temps, une manière
européenne
d’espérer, un espoir proprement européen, c’est celui de réussir notr
1240
ais il y a, en même temps, une manière européenne
d’
espérer, un espoir proprement européen, c’est celui de réussir notre f
1241
anière européenne d’espérer, un espoir proprement
européen
, c’est celui de réussir notre fédération, et de retrouver par là même
1242
pérer, un espoir proprement européen, c’est celui
de
réussir notre fédération, et de retrouver par là même une puissance c
1243
péen, c’est celui de réussir notre fédération, et
de
retrouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Telle
1244
et de retrouver par là même une puissance capable
d’
imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle n
1245
re dans laquelle nous sommes engagés. À son point
de
crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait r
1246
int de crise, où nous sommes, il dépend en partie
de
nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, e
1247
s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques
de
l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée huma
1248
uissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’
Europe
unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine de ce
1249
s politiques de l’Europe unie, il est grand temps
de
définir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de l
1250
rand temps de définir la visée, la portée humaine
de
cette action, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but
1251
e, la portée humaine de cette action, la vocation
de
la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’o
1252
ine de cette action, la vocation de la communauté
européenne
. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’e
1253
ation de la communauté européenne. Tel est le but
de
cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une répo
1254
l est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend
de
nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que pose
1255
posent nos circonstances historiques : pourquoi l’
Europe
? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains et sp
1256
elles propres à garantir et développer l’exercice
de
la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. On pourrait
1257
er l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l’
Europe
n’est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de cette
1258
rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre
de
cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controver
1259
ns fin sur le titre de cette Conférence. Les mots
européen
, culture, prêtent à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle d’
1260
à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle
d’
Europe, d’unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’
1261
des controverses trop faciles. Dès qu’on parle d’
Europe
, d’unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe
1262
troverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe,
d’
unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! »
1263
trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir l’
Europe
, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! » et finit par
1264
urope, chacun commence par dire : « Il n’y a plus
d’
Europe ! » et finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Eur
1265
ope, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’
Europe
! » et finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Europe, d
1266
rope ! » et finit par offrir une belle définition
de
ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à
1267
it par offrir une belle définition de ce qu’est l’
Europe
, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce di
1268
ffrir une belle définition de ce qu’est l’Europe,
de
ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialog
1269
ition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été,
de
ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix r
1270
s voix reste, à tout prendre, la vraie définition
de
l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, cha
1271
x reste, à tout prendre, la vraie définition de l’
Europe
, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, chacun donne
1272
rope, une et diverse. De même, dès que l’on parle
de
culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites : inventions
1273
ues et beaux-arts, hygiène, éducation, et procédé
de
construction ; littérature, philosophie, et doctrines de l’État ; con
1274
truction ; littérature, philosophie, et doctrines
de
l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité hu
1275
philosophie, et doctrines de l’État ; conceptions
de
la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique
1276
doctrines de l’État ; conceptions de la liberté,
de
la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la v
1277
tat ; conceptions de la liberté, de la justice et
de
la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions.
1278
Culture peut signifier aussi prise de conscience
de
la vie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’ex
1279
i prise de conscience de la vie, besoin perpétuel
d’
approfondir et d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouv
1280
ence de la vie, besoin perpétuel d’approfondir et
d’
illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, t
1281
in perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens
de
l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que
1282
pprofondir et d’illustrer le sens de l’existence,
d’
augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses.
1283
er le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir
de
l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier
1284
re peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés
de
création et de transmission de leurs principes. Je souhaite que notre
1285
er, enfin, l’ensemble des procédés de création et
de
transmission de leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’i
1286
emble des procédés de création et de transmission
de
leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’interdise les déb
1287
s définitions. À toutes fins utiles, elle partira
de
l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirit
1288
ités intellectuelles et spirituelles qui ont fait
de
l’Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réal
1289
intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’
Europe
autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réalité physi
1290
jours par la rendre folle, il se contente parfois
de
l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites d’occupations acc
1291
endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites
d’
occupations accablantes et flatteuses, qui ne leur laissent plus une s
1292
tastrophes. On demande à certains « grands noms »
de
venir participer au sauvetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’ils
1293
« grands noms » de venir participer au sauvetage
de
l’Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis u
1294
ands noms » de venir participer au sauvetage de l’
Europe
. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une confér
1295
ne conférence. D’autres invoquent un besoin subit
de
se retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont
1296
és, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps
de
rééducation sociale », ils auront enfin le temps de méditer sur les r
1297
rééducation sociale », ils auront enfin le temps
de
méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comm
1298
ôtre. Ils comprendront qu’il est certains moments
de
l’histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous
1299
Pour être juste, il faut reconnaître que beaucoup
d’
intellectuels redoutent non sans raison l’atmosphère des congrès, inco
1300
tmosphère des congrès, inconsidérément multipliés
de
nos jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux
1301
rent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin
de
la communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le
1302
éral, établi pour l’information des délégués, n’a
d’
autre ambition que de signaler et de classer les problèmes qui se sont
1303
nformation des délégués, n’a d’autre ambition que
de
signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au
1304
délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et
de
classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enq
1305
s problèmes qui se sont révélés urgents, au terme
d’
une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du Mouv
1306
s pays. Chacun des groupes nationaux du Mouvement
européen
a reçu d’abord un questionnaire sur l’état des problèmes concrets de
1307
n questionnaire sur l’état des problèmes concrets
de
la culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses dét
1308
û l’improviser avec des groupes en pleine période
de
formation. Elle nous a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y
1309
n pleine période de formation. Elle nous a permis
de
mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquemen
1310
aire aussi des lacunes, des obstacles, permettant
de
délimiter des zones critiques où concentrer l’effort. Puis, des étude
1311
concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau
d’
études de Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’
1312
, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études
de
Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’une quinz
1313
fourni plusieurs notes et documents. Sur la base
d’
une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéci
1314
s notes et documents. Sur la base d’une quinzaine
de
rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéciaux, et des docu
1315
ur la base d’une quinzaine de rapports nationaux,
d’
une trentaine de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapp
1316
quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine
de
rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport général a te
1317
es documents précités, le rapport général a tenté
d’
opérer une synthèse provisoire, en guise d’introduction aux travaux de
1318
e provisoire, en guise d’introduction aux travaux
de
la conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant des
1319
n instant destiné à faire l’objet des discussions
de
la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé de
1320
rence. Il en introduit les sujets. Il veut servir
d’
exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront propo
1321
ts. Il veut servir d’exposé des motifs à la série
de
résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point par les
1322
niques restant, bien entendu, réservés aux débuts
de
l’ensemble du congrès, siégeant en commission générale. Il nous appar
1323
mission générale. Il nous apparaît qu’il y a lieu
de
prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’ensei
1324
à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, «
d’
organiser les échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en
1325
frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
de
l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, n
1326
tières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’
Europe
réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent
1327
res nationaux, ne doivent pas chercher des moyens
de
correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent
1328
des moyens de correspondre un peu plus facilement
de
prison à prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargisseme
1329
ement » immédiat, sans condition. Le terme même «
d’
échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
1330
, avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
d’
avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien mal
1331
est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi
d’
échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien malgré eux, souve
1332
x, souvent) des problèmes réputés « secondaires »
de
la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce p
1333
éputés « secondaires » de la culture. Ils tentent
de
s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges
1334
r en consentant à la culture ce petit va-et-vient
d’
échanges surveillés que leurs douaniers et leurs agents fiscaux sauron
1335
ux quelques petits décrets concernant les voyages
de
quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bon
1336
es de quelques professeurs bien vus des pouvoirs,
de
quelques boursiers bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur
1337
hrases bien plates sur l’indispensable solidarité
de
nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les écha
1338
droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’agit
de
lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des obstacl
1339
u’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit
d’
élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des id
1340
de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou
d’
abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des per
1341
nent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes
de
vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, d
1342
ls ont toujours été dans les périodes de vitalité
de
la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits o
1343
les périodes de vitalité de la culture — échanges
de
découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités a
1344
ture — échanges de découvertes à l’état naissant,
de
produits originaux, de curiosités avides, d’expressions authentiques
1345
uvertes à l’état naissant, de produits originaux,
de
curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de p
1346
ant, de produits originaux, de curiosités avides,
d’
expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non
1347
de curiosités avides, d’expressions authentiques
de
la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements
1348
es, d’expressions authentiques de la sensibilité,
de
passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème
1349
de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas
de
simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonner,
1350
assions mêmes, et non pas de simples déplacements
de
forts en thème — nous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer l
1351
: 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode
de
« l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et sim
1352
ion des personnes, des œuvres, et des instruments
de
travail, dans toute l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
1353
des instruments de travail, dans toute l’étendue
de
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bé
1354
instruments de travail, dans toute l’étendue de l’
Europe
. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bénéfice es
1355
l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
de
douane ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, do
1356
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou
de
visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge
1357
re. Et surtout ne proposons pas, dans ce domaine,
de
nouveaux organismes ! C’est la paresse d’esprit qui entraîne tant de
1358
omaine, de nouveaux organismes ! C’est la paresse
d’
esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles machines b
1359
d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer
de
nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture, c’est aussi
1360
poids mort des organisations ! Qu’on n’essaie pas
d’
organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respirat
1361
ser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée
d’
une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Q
1362
s vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas
de
créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe, elle était
1363
. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité
de
notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé
1364
e, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis
de
se reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse lib
1365
origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et
de
s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifeste
1366
n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir
de
mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe o
1367
richir de mille diversités. Qu’on la laisse libre
de
se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins
1368
sités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’
Europe
ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution, voil
1369
er ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien
de
moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les
1370
un effort positif. Il serait insuffisant et vain
de
vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de
1371
implement à la condition libérale qui était celle
de
l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je
1372
condition libérale qui était celle de l’esprit en
Europe
avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouv
1373
était celle de l’esprit en Europe avant la guerre
de
1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’An
1374
s, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire
de
la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passepor
1375
’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie
européenne
des wagons-lits, au chapitre sur les passeports : « Le passeport n’es
1376
Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte
de
visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réd
1377
titutions qui garantissent et manifestent l’unité
de
nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instr
1378
nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’
Europe
unie d’instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il
1379
dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie
d’
instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut au
1380
ersité. Il faut doter l’Europe unie d’instruments
de
travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut aussi former les
1381
er les jeunes hommes qui deviendront les porteurs
de
l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles
1382
» que le xxe siècle a vu naître, il est frappant
de
constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe c
1383
u’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’
Europe
comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis que le
1384
s pays forment un ensemble, un complexe organique
de
culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-
1385
omplexe organique de culture, facile à distinguer
de
ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que
1386
mble n’ait pas encore été étudié en tant que tel,
d’
une manière systématique ; et qu’il n’existe aucune institution capabl
1387
ue ; et qu’il n’existe aucune institution capable
de
renseigner sur l’Europe en général, sur sa situation présente, sur l’
1388
te aucune institution capable de renseigner sur l’
Europe
en général, sur sa situation présente, sur l’état de ses forces et de
1389
en général, sur sa situation présente, sur l’état
de
ses forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes.
1390
a situation présente, sur l’état de ses forces et
de
ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin d’
1391
ur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin
d’
une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sent
1392
difficultés qu’a rencontrées la préparation même
de
cette conférence, et que ses insuffisances inévitables dans l’état ac
1393
s choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès
de
La Haye, avait été demandée la création d’un Centre européen de la cu
1394
ongrès de La Haye, avait été demandée la création
d’
un Centre européen de la culture, dont les attributions furent esquiss
1395
par la résolution culturelle du congrès. Au mois
de
février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’étud
1396
du congrès. Au mois de février 1949, le Mouvement
européen
ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer l’œuvre du C
1397
le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau
d’
études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septe
1398
péen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé
de
préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même an
1399
rgé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois
de
septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg vo
1400
er l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre
de
la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unan
1401
tembre de la même année, l’Assemblée consultative
de
Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation favorable à la cré
1402
nimité une recommandation favorable à la création
d’
un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Ge
1403
tre européen de la culture. Le travail du Bureau
d’
études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus prè
1404
éen de la culture. Le travail du Bureau d’études
de
Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus près la ques
1405
’études de Genève, depuis quelques mois, a permis
de
serrer de plus près la question. Il a conduit aux conclusions pratiqu
1406
t leur réserver. Il en va de même pour le Collège
d’
Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commi
1407
leur réserver. Il en va de même pour le Collège d’
Europe
, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commis euro
1408
llège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait
de
former les « grands commis européens », dont les futures institutions
1409
ège qui permettrait de former les « grands commis
européens
», dont les futures institutions de l’Europe unie auront évidemment b
1410
commis européens », dont les futures institutions
de
l’Europe unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un pro
1411
s européens », dont les futures institutions de l’
Europe
unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet d’Ins
1412
idemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet
d’
Institut européen des sciences politiques et sociales ; et ce projet s
1413
soin. Enfin, je mentionnerai un projet d’Institut
européen
des sciences politiques et sociales ; et ce projet surtout d’un Fonds
1414
ces politiques et sociales ; et ce projet surtout
d’
un Fonds européen pour les recherches scientifiques, dont l’importance
1415
ues et sociales ; et ce projet surtout d’un Fonds
européen
pour les recherches scientifiques, dont l’importance capitale ne saur
1416
mission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait
de
l’enseignement européen, deux mots seulement, mais importants. La pré
1417
out à l’heure, qui s’occuperait de l’enseignement
européen
, deux mots seulement, mais importants. La préparation de cette Confér
1418
x mots seulement, mais importants. La préparation
de
cette Conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur le
1419
t la qualité des rapports reçus sur les questions
d’
éducation, ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays.
1420
le monde se rend parfaitement compte que l’avenir
de
l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite
1421
rend parfaitement compte que l’avenir de l’union
européenne
dépend en premier lieu de la création d’une élite responsable de jeun
1422
enir de l’union européenne dépend en premier lieu
de
la création d’une élite responsable de jeunes gens, formés dans un es
1423
européenne dépend en premier lieu de la création
d’
une élite responsable de jeunes gens, formés dans un esprit supranatio
1424
emier lieu de la création d’une élite responsable
de
jeunes gens, formés dans un esprit supranational. Cette tâche, comme
1425
’écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté
de
plusieurs générations, [mais] réclame aussi un départ extrêmement vif
1426
aussi un départ extrêmement vif et net ». L’effet
de
choc que produira sur l’opinion publique l’institution rapide d’un en
1427
duira sur l’opinion publique l’institution rapide
d’
un enseignement européen constituera la meilleure propagande pour notr
1428
n publique l’institution rapide d’un enseignement
européen
constituera la meilleure propagande pour notre union, et peut-être la
1429
nt facilement être créés par le blocage, au titre
européen
, d’une fraction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouve
1430
ent être créés par le blocage, au titre européen,
d’
une fraction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernem
1431
cage, au titre européen, d’une fraction du budget
de
l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée
1432
és. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment
d’
un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne so
1433
stin spirituel commun, et l’énergie créatrice des
Européens
ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur
1434
ettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre
de
priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de r
1435
s devant un choix. Un ordre de priorité doit être
d’
urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bom
1436
tre d’urgence établi. Il est probable que le prix
de
revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel
1437
ce établi. Il est probable que le prix de revient
d’
une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des instit
1438
institutions que nous venons de proposer. Le prix
d’
une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renais
1439
e bombe atomique couvrirait donc le budget global
d’
une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mor
1440
ouvrirait donc le budget global d’une renaissance
de
la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des
1441
le budget global d’une renaissance de la culture
européenne
. Construire des engins de mort qui coûtent des milliards, quand on re
1442
e de la culture européenne. Construire des engins
de
mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millio
1443
e mort qui coûtent des milliards, quand on refuse
de
trouver les millions qui permettraient de développer la recherche sci
1444
refuse de trouver les millions qui permettraient
de
développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la
1445
ientifique pour la paix et la vie, c’est la folie
de
l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaud
1446
l ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que
de
nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture
1447
e de nous être aussi mal civilisés. La Conférence
européenne
de la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, c
1448
tre aussi mal civilisés. La Conférence européenne
de
la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, cont
1449
pour quelles fins réelles voulons-nous ces moyens
de
culture, et cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La
1450
ns-nous ces moyens de culture, et cette éducation
d’
une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle
1451
ture, et cette éducation d’une conscience commune
de
l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqu
1452
et cette éducation d’une conscience commune de l’
Europe
? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « e
1453
être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement «
européenne
». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nati
1454
pas substituer aux nationalismes locaux une sorte
de
nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au mond
1455
ux nationalismes locaux une sorte de nationalisme
européen
. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujo
1456
smes locaux une sorte de nationalisme européen. L’
Europe
s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu
1457
e sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est,
de
tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa civilis
1458
toujours conçu sa civilisation comme un ensemble
de
valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une
1459
s universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous,
d’
opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Oue
1460
s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation
européenne
aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « cult
1461
opposer une nation européenne aux grandes nations
de
l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthé
1462
nation européenne aux grandes nations de l’Est et
de
l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valab
1463
e aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni
de
vouloir une « culture européenne » synthétique, valable pour nous seu
1464
l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture
européenne
» synthétique, valable pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce s
1465
fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie
de
l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre
1466
ée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’
Europe
, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition
1467
e serait trahir le génie de l’Europe, nous couper
de
ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est de contr
1468
chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est
de
contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le mo
1469
es. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union
de
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de
1470
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen
d’
une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est l
1471
a leur seul salut, par le moyen d’une renaissance
de
leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. E
1472
d’une renaissance de leur culture dans la liberté
de
l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non pl
1473
vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus
de
dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer qu
1474
acceptons pas la scission que symbolise le rideau
de
fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occid
1475
de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen
de
ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’i
1476
amener vers l’Occident les peuples séparés, c’est
de
leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
1477
les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image
d’
une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend
1478
uples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une
Europe
rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieu
1479
d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
d’
une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde
1480
Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une
Europe
qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde. Une Euro
1481
rieux sa vocation particulière dans le monde. Une
Europe
affaiblie, et divisée par vingt nationalismes et autant de barrières
1482
lie, et divisée par vingt nationalismes et autant
de
barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une
1483
ée par vingt nationalismes et autant de barrières
de
douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe procla
1484
arrières de douanes, ne saurait plus être un pôle
d’
attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fer
1485
s, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une
Europe
proclamant des principes sans les appliquer fermement, n’aurait bient
1486
pliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit
de
parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission
1487
e droit de parler. Prendre au sérieux la vocation
européenne
, c’est une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libre
1488
sérieux la vocation européenne, c’est une mission
de
vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir pl
1489
tir plus que jamais responsables. Il leur incombe
de
rappeler sans relâche aux gouvernants, comme aux législateurs sociaux
1490
eurs sociaux et aux experts, qu’un certain nombre
de
principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que
1491
uraient être négligés dans la pratique sans que l’
Europe
perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à
1492
nomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action
de
vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’el
1493
on de vigilance publique, on pourra dire vraiment
de
notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne.
1494
aiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès
de
la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, to
1495
onférence qu’elle fut le congrès de la conscience
européenne
. Une conscience malheureuse, il est vrai, tourmentée, coupable, — com
1496
conscience, en dernière analyse. C’est notre lot
d’
Européens, et c’est notre mission profonde, de préférer toujours la co
1497
onscience, en dernière analyse. C’est notre lot d’
Européens
, et c’est notre mission profonde, de préférer toujours la conscience
1498
lot d’Européens, et c’est notre mission profonde,
de
préférer toujours la conscience au bonheur. Vocation tragique et féco
1499
à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles
de
la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémoniqu
1500
est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal
d’
un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait tr
1501
onheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en
Europe
, n’ait trouvé ses plus hautes expressions que dans quelques tableaux
1502
mes, quelques prières. C’est par la musique seule
de
Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous
1503
es prières. C’est par la musique seule de Bach ou
de
Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respiro
1504
, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans
d’
innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de tr
1505
s pas réunis pour tracer des plans d’innocence et
de
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyen
1506
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement,
de
trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations
1507
ouver les moyens qui permettent le libre exercice
de
nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notr
1508
xercice de nos vocations tourmentées ; des moyens
de
vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. S
1509
ui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons
de
vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent e
1510
foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’
Europe
tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en esprit,
1511
t, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel
de
la musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador
1512
-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une
Europe
heureuse. 6. Présidée par M. Salvador de Madariaga, qui était d’ai
1513
ador de Madariaga, qui était d’ailleurs président
de
la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemon
1514
, qui était d’ailleurs président de la conférence
de
Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec la collab
1515
par M. Denis de Rougemont, avec la collaboration
de
M. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR). 8. Dans son remarq
1516
LR). 8. Dans son remarquable rapport qui a servi
de
base aux travaux de la Commission de l’enseignement et de l’éducation
1517
marquable rapport qui a servi de base aux travaux
de
la Commission de l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougem
1518
qui a servi de base aux travaux de la Commission
de
l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « R
1519
aux travaux de la Commission de l’enseignement et
de
l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’une
1520
nt et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis
de
, « Raisons et buts d’une conférence », Fédération, Paris, janvier 195
1521
NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts
d’
une conférence », Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il s’
1522
oncé par Denis de Rougemont lors de la Conférence
européenne
de la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avo
1523
nis de Rougemont lors de la Conférence européenne
de
la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons
1524
Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins
de
cette édition numérique.
1525
surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté
de
l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que
1526
que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et
de
toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires
1527
de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un
de
nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que
1528
lisme est contre les patries (mais qu’il juge bon
de
le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amou
1529
n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’
Europe
, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela
1530
pe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot
de
vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbécile ». Celui que
1531
que vous critiquez est tel sans aucun doute. Mais
d’
où sort-il ? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconn
1532
vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible
de
l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-nous exclue
1533
montrez, au paragraphe suivant, qu’il serait vain
d’
espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fassions ?
1534
en fassions ? (On m’assure que cela dépend aussi
de
Staline.) 2° « Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils son
1535
rante-deux articles) ». Montrez-nous donc un seul
de
ces articles qui dise, ou laisse entendre, que le Conseil de l’Europe
1536
t le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre
de
cet organisme est qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré s
1537
rès graves imperfections, au progrès vers l’union
européenne
, laquelle reste à faire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on ne compte
1538
ute qu’on ne compte à Strasbourg qu’une trentaine
de
fédéralistes sur cent-un députés.) 3° La Grèce fait partie du Conseil
1539
nt été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle
d’
évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est
1540
qui agit plus que tout autre en faveur de l’union
européenne
, mais je ne sache pas qu’il ait jamais passé pour un « doctrinaire »,
1541
ent, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et
de
l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnost
1542
conseiller certains remèdes in extremis (que les
Européens
n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer » la
1543
us par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin
de
la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons s
1544
des sacrifices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a «
de
faux ou d’imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de
1545
ices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a « de faux ou
d’
imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interr
1546
e » dans le projet des fédéralistes, vous décidez
de
les interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vrai
1547
e. Vous prenez vos « fédéralistes » dans L’Esprit
européen
, recueil de neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hom
1548
« fédéralistes » dans L’Esprit européen, recueil
de
neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tenda
1549
ences prononcées à Genève en 1949, par des hommes
de
tendances aussi opposées que Georg Lukács et Karl Jaspers. Parmi ces
1550
ré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Benda
de
confondre union et unification, de vouloir effacer les diversités san
1551
proche à Benda de confondre union et unification,
de
vouloir effacer les diversités sans lesquelles aucune fédération n’es
1552
fédération n’est possible. » C’est la seule page
de
ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un point de la do
1553
ule page de ce gros livre où vous aviez la chance
de
tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous ci
1554
re où vous aviez la chance de tomber sur un point
de
la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attri
1555
ersité, formule suisse) étant à l’opposé de celle
de
Benda (qui veut l’unification, formule jacobine) vous déclarez que la
1556
vous déclarez que la seconde n’est que « l’aveu »
de
ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rien ne saur
1557
mais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie
de
leurs positions, et votre belle colère se trompe d’adresse. De quoi c
1558
leurs positions, et votre belle colère se trompe
d’
adresse. De quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison atta
1559
tions, et votre belle colère se trompe d’adresse.
De
quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous d
1560
ez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin
d’
identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près
1561
tifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même,
de
l’à-peu-près journalistique. Pour en finir, je vous envoie ma petite
1562
’Attitude fédéraliste . Vous y trouverez beaucoup
d’
attaques contre le nationalisme, contre l’État-nation, contre sa préte
1563
riotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons
de
penser que ce texte exprime le « projet des fédéralistes » plus fidèl
1564
quoi, cette lettre est inutile, si l’on a décidé
d’
appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
1565
s » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
de
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a de
1566
ous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé de l’
Europe
avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a des gens qu
1567
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien
de
s’unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils e
1568
uand vous aurez renoncé à le confondre avec celui
de
Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce
1569
oncé à le confondre avec celui de Benda, ou celui
de
Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce que vous proposez.
1570
proposez. Car je ne vais pas vous faire l’injure
de
croire que vous trouvez que tout va très bien ainsi, ou que vous pens
1571
ant toutes petites et mignonnes. Elles ont besoin
de
vous aussi, non point pour les louer contre nous, mais pour les défen
1572
nous, mais pour les défendre avec nous. P.-S. — «
Europe
vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis de, « Un gage à Jean Paulhan
1573
« Europe vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis
de
, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950
1574
t Denis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté
de
l’esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
1575
Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est imp
1576
Il est impossible de sauver l’
Europe
sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible de sauve
1577
sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible
de
sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de
1578
(5 août 1950)s t Il est impossible de sauver l’
Europe
si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la cultu
1579
i l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou
de
sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa p
1580
e sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert
de
faire durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les
1581
ême temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer,
de
conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa re
1582
sert de faire durer, de conserver la créature — l’
Europe
— si l’on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne
1583
a créature — l’Europe — si l’on tarit les sources
de
sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir le d
1584
recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus
d’
entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’acc
1585
e désir créateur, si on le prive des possibilités
de
s’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’im
1586
és de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’
Europe
est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée par l’Am
1587
le désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’
Europe
disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer c
1588
mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme
d’
une civilisation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret d
1589
i avait su remplacer toutes les autres. Le secret
de
ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture a
1590
sans une culture active rendue à l’efficacité, l’
Europe
ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même
1591
unie, c’est même plus que probable, par les soins
d’
experts étrangers, ou d’une police qui a fait ses preuves ailleurs déj
1592
e probable, par les soins d’experts étrangers, ou
d’
une police qui a fait ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu
1593
es ailleurs déjà. Mais elle aura perdu le ressort
de
son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa gra
1594
e, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir
d’
un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si
1595
à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’
Europe
de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si c
1596
ir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe
de
recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si cett
1597
pe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle
de
son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non point sa con
1598
elle-même ? son destin et non plus sa liberté ? L’
Europe
sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un cap d
1599
l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre
de
la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meu
1600
our la terre de la liberté. Ces deux réalités : l’
Europe
, la culture, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il do
1601
et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc
de
ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les deux colosse
1602
e ? Entre les deux colosses russe et américain, l’
Européen
qui vient de perdre la guerre, fait actuellement ce qu’on peut appele
1603
it actuellement ce qu’on peut appeler une névrose
d’
infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais
1604
ifient pas le désespoir, mais seulement un effort
de
redressement. Entre 200 millions de Russes et 150 millions d’Américai
1605
ent un effort de redressement. Entre 200 millions
de
Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rid
1606
ent. Entre 200 millions de Russes et 150 millions
d’
Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 mi
1607
d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau
de
fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disposons de plus d’un qu
1608
à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions
d’
Européens. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, et près d’un
1609
l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’
Européens
. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers de
1610
300 millions d’Européens. Nous disposons de plus
d’
un quart du charbon, et près d’un tiers de l’électricité que produit a
1611
disposons de plus d’un quart du charbon, et près
d’
un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous dis
1612
de plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers
de
l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surt
1613
it aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout
de
ressources humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’
1614
ont les traditions ne s’imitent pas, une capacité
d’
invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous invent
1615
ut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous inventé, nous les
Européens
, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je c
1616
re : presque tous leurs grands noms sont des noms
de
l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
1617
presque tous leurs grands noms sont des noms de l’
Europe
, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos ma
1618
ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
de
nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou pa
1619
maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés
de
Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus. Le monde moderne tout enti
1620
moderne tout entier peut être appelé une création
européenne
. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos
1621
e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés
d’
art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie e
1622
is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et
de
construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de méde
1623
os objets, nos procédés d’art et de construction,
de
transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos arme
1624
rocédés d’art et de construction, de transport et
de
gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous,
1625
de construction, de transport et de gouvernement,
d’
industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les
1626
, de transport et de gouvernement, d’industrie et
de
médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient
1627
s. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’
Europe
pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus quelques
1628
ous, nous copions tout au plus quelques citations
de
leurs sages, quelques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de
1629
elques citations de leurs sages, quelques statues
de
leurs dieux, ou quelques rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que s
1630
lques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes
de
leurs danses. ⁂ Finalement, que sont les empires qui prétendent parta
1631
du Nord et la Russie de Staline sont des produits
de
notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a de
1632
’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a
de
moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les grat
1633
a de moderne justement. Calvin et le puritanisme,
d’
un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les
1634
isme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système
de
Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclai
1635
ne et la fermeture-éclair qui sont des inventions
européennes
; et de l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’instruction publ
1636
e-éclair qui sont des inventions européennes ; et
de
l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’instruction publique et
1637
nstruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie
de
l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pè
1638
ypertrophie de l’appareil étatique, et des copies
de
l’art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce
1639
ppareil étatique, et des copies de l’art officiel
de
nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’est point par ha
1640
ces deux grands pays semblent appeler ce procédé
de
description : leurs traits les plus frappants et qu’ils croient spéci
1641
en que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus
d’
un sens, sont en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
1642
ité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
de
malentendu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même plan
1643
suffiront. Entre l’Amérique et nous, qu’y a-t-il
de
commun ? Il y a tous les principes fondamentaux de notre civilisation
1644
e commun ? Il y a tous les principes fondamentaux
de
notre civilisation ; il y a l’exercice des mêmes libertés ; il y a de
1645
mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal
de
liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il n’y a en comm
1646
our nous liberté politique. s. Rougemont Denis
de
, « Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », Fra
1647
ue. s. Rougemont Denis de, « Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture », France indépendante, Paris,
1648
ugemont Denis de, « Il est impossible de sauver l’
Europe
sans sauver sa culture », France indépendante, Paris, 5 août 1950, p.
1649
présente cette semaine à ses lecteurs, un extrait
de
l’importante conférence prononcée par Denis de Rougemont au congrès d
1650
rence prononcée par Denis de Rougemont au congrès
de
La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour
1651
à remercier M. de Rougemont pour son autorisation
de
publier ces lignes qui suscitèrent, nous en sommes certains, chez nos
1652
t-John Perse et l’Amérique (1950)m La grandeur
de
cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se
1653
à, posant elle-même ses mesures. La première page
d’
Anabase lorsqu’elle parut, constitua pour nous le fait du prince, tout
1654
rer dans la durée, — ce dont plusieurs doutaient,
de
ma génération. (D’où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un
1655
— ce dont plusieurs doutaient, de ma génération. (
D’
où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un jeune amour veut so
1656
t, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues
de
Manhattan, il marchait lentement, régulièrement, comme ceux qui vont
1657
, comme ceux qui vont très loin, ou qui pensent à
de
grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou da
1658
e grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas
d’
empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont il parle dans Neiges
1659
i n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre
d’
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire de l’instant, homme
1660
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire
de
l’instant, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exe
1661
n », il nous donnait un haut exemple du bon usage
de
l’exil : sans plainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la
1662
avait su rester sensible dans l’action ; soucieux
de
voir, non d’être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des de
1663
er sensible dans l’action ; soucieux de voir, non
d’
être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molesté
1664
re, enfin, dans son retrait, des destins molestés
de
la France, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyam
1665
extravagants » qui tenaient bruyamment le devant
de
la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je
1666
uyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas
de
l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarqu
1667
ène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps
de
parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relations qui se
1668
atique. J’y verrais même la meilleure description
de
l’essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le suj
1669
ture et l’invention du Nouveau Monde ont illustré
d’
accidents séculaires. Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans
1670
oire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte
de
terres en marche vers l’ouest », contre le vent qui souffle en est. D
1671
ers l’ouest », contre le vent qui souffle en est.
De
l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes,
1672
r nylon, les grands rapides « avec leur provision
de
glace pour cinq jours », la « mouette mauve du Mormon », ou cette « c
1673
maïs noir — non violet », enfin « les siffloteurs
de
blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’h
1674
les siffloteurs de blues dans les usines secrètes
de
guerre », au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme
1675
s usines secrètes de guerre », au « pire scandale
de
l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence
1676
au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est
de
l’homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandisseme
1677
homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et
d’
un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poèm
1678
dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement
de
l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa sou
1679
, peuvent être vues comme une seule et même geste
de
l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœ
1680
’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est
d’
un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans l
1681
mouvement lié, que mon poème encore dans le vent,
de
ville en ville, de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de
1682
mon poème encore dans le vent, de ville en ville,
de
fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de la terre… Congénia
1683
de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles
de
la terre… Congénialité du poème et de cette Amérique ourdie par les
1684
tes houles de la terre… Congénialité du poème et
de
cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violenc
1685
ment crée l’énergie, le rayonnement et les trains
d’
ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens
1686
s le poème, il crée littéralement le sens. (Point
de
départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa for
1687
, il crée littéralement le sens. (Point de départ
d’
une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynam
1688
nous filaient entre les doigts — grands virements
de
comptes et glissements sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici
1689
osition me semble offrir ici l’équivalent en mots
d’
un accord en musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons
1690
où l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués
de
l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale,
1691
plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et
de
l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origine
1692
ase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques
de
ce siècle : chants de violence heureuse, refus du désespoir (qui nour
1693
i les rares œuvres toniques de ce siècle : chants
de
violence heureuse, refus du désespoir (qui nourrit la plupart des poè
1694
respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur
de
la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectab
1695
autres les expressions du délaissement, du dégoût
de
vivre ou des chagrins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse… s’
1696
nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment
de
l’acte, distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de
1697
ion vers l’avenir et naissance du chant. Un chant
de
force pour les hommes… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien
1698
poésie des « blues » fait illusion : temps faible
d’
un grand rythme souple, dont il devrait être interdit de l’isoler.) Co
1699
rand rythme souple, dont il devrait être interdit
de
l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’exil int
1700
er.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin
de
l’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’au
1701
e, notre plus grand témoin de l’exil intérieur en
Europe
. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans la souf
1702
témoin de l’exil intérieur en Europe. L’un parle
de
hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s
1703
’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur,
d’
exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au
1704
ope. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre
d’
humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des chose
1705
ce propos une hypothèse critique, qui permettrait
de
situer les grands poèmes du siècle. Si l’élément sentimental domine c
1706
uel, c’est dans l’élément animique que les poèmes
de
Saint-John Perse trouvent leurs lois et leurs cadences : Et c’est pa
1707
à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil
de
ces menées nouvelles au lit du vent. Et c’est conseil encore de fo
1708
velles au lit du vent. Et c’est conseil encore
de
force et de violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents
1709
t du vent. Et c’est conseil encore de force et
de
violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents du Nouveau M
1710
e comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve
de
pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les ri
1711
n rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est
de
l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage fra
1712
urs voluptueuses du plus pur langage français, et
de
cette « rhétorique profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L
1713
rofonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L’
Europe
étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’esp
1714
it un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision
de
l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fu
1715
n de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision
de
l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, ma
1716
ns le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’
Europe
fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est p
1717
rocédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies
d’
un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les p
1718
yriques, et l’édification sur table rase des lois
d’
une cité émergeant de son rêve. C’étaient de très grandes forces en c
1719
tion sur table rase des lois d’une cité émergeant
de
son rêve. C’étaient de très grandes forces en croissance sur toutes
1720
lois d’une cité émergeant de son rêve. C’étaient
de
très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et q
1721
ès grandes forces en croissance sur toutes pistes
de
ce monde, et qui prenaient source plus haute qu’en nos chants, en lie
1722
aient source plus haute qu’en nos chants, en lieu
d’
insulte et de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô mond
1723
plus haute qu’en nos chants, en lieu d’insulte et
de
discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier des
1724
e mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus
d’
états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée
1725
monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états
d’
âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de va
1726
à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme,
de
sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de vastes es
1727
us d’états d’âme, de sentiments individuels, mais
de
« la terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute rac
1728
nts individuels, mais de « la terre distribuée en
de
vastes espaces », des hommes de toute race et de toute façon, de « pa
1729
rre distribuée en de vastes espaces », des hommes
de
toute race et de toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de
1730
de vastes espaces », des hommes de toute race et
de
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par
1731
es », des hommes de toute race et de toute façon,
de
« pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’u
1732
hommes de toute race et de toute façon, de « pans
de
siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’une âme san
1733
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et
de
peuples lus « par nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient d’un
1734
s en voyage » et de peuples lus « par nations » ;
d’
une âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont le poète déchiffr
1735
ar nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient
d’
une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inve
1736
s messages. Itinéraires et inventaires, sommation
de
nos « voies et façons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », — il
1737
sommation de nos « voies et façons » et « chants
d’
un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait
1738
ançais ait ouvert aux Américains les perspectives
de
l’épopée globale que l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans
1739
pée globale que l’histoire désormais leur assigne
de
vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut le précédent de Lafay
1740
un autre ordre, cependant, il y eut le précédent
de
Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le c
1741
s seulement le poème du lyrisme, le chant profond
de
l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour
1742
, dans sa dernière partie, le poème du retour à l’
Europe
, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers
1743
l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir
d’
Automne, sur les derniers roulements d’orage… Demain, ce continent lar
1744
s, un soir d’Automne, sur les derniers roulements
d’
orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit une description charmant
1745
S’ensuit une description charmante et déchirante
d’
une France désuète et qui naguère encore périssait « par excès de sage
1746
suète et qui naguère encore périssait « par excès
de
sagesse », d’une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent
1747
aguère encore périssait « par excès de sagesse »,
d’
une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques
1748
ur avec le vent des Amériques. Au plus haut point
de
ce très haut poème, Saint-John Perse a rejoint notre vœu. Nous l’atte
1749
se a rejoint notre vœu. Nous l’attendrons un soir
d’
automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des h
1750
la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes «
d’
hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la gestion humaine, non dans
1751
prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, —
d’
hommes entendus dans la gestion humaine, non dans la précession des éq
1752
es équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant
d’
une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plu
1753
inoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’une
Europe
future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plus de qui,
1754
, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plus
de
qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âm
1755
us de qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas
d’
auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse
1756
e plus grands mouvements… qui nous remplisse plus
de
la vapeur du dieu qui l’agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Avers
1757
e âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasard
de
ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de
1758
mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables
de
bonheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureu
1759
Où sont les grands poètes capables de bonheur, et
de
grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus
1760
Arabes et Chinois peut-être… m. Rougemont Denis
de
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris
1761
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers
de
la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.