1
cle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation
et
l’helvétisation ». La balkanisation signifierait pratiquement la dési
2
elle. La question de nos dimensions dans l’espace
et
dans le temps apparaît capitale à cet égard. En termes d’histoire sui
3
ne tradition ; nous pouvons en étudier les phases
et
l’évolution interne, en discuter les avantages et les inconvénients p
4
et l’évolution interne, en discuter les avantages
et
les inconvénients pour nous autres Suisses. Mais si nous passons du p
5
re dans la marche vers d’autres formes politiques
et
sociales, presque impossibles à prévoir aujourd’hui, mais dont il est
6
, mais dont il est certain qu’elles apparaîtront,
et
dans lesquelles nos formes actuelles s’évanouiront probablement, comm
7
ganisé, achevé en soi, mais qui ne prend son sens
et
sa valeur que dans la mesure où il meurt et se perd dans le développe
8
sens et sa valeur que dans la mesure où il meurt
et
se perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient
9
meurt et se perd dans le développement des forces
et
des formes qu’il contient en germe et qu’il préfigure. Une graine, c’
10
des forces et des formes qu’il contient en germe
et
qu’il préfigure. Une graine, c’est à la fois un aboutissement et un c
11
ure. Une graine, c’est à la fois un aboutissement
et
un commencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la
12
eci : ou bien notre État fédéral, après un siècle
et
demi ou deux, disparaîtra tout comme une autre République sérénissime
13
or, parce qu’il aura gardé son idée pour lui seul
et
l’aura épuisée en soi ; ou bien au contraire cette idée que notre Éta
14
s étrangers est la suivante : « Tout cela est bel
et
bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. » On a
15
en une formule ; car elle est d’un type organique
et
non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup plus « moderne » et
16
ou passionnel, en cela beaucoup plus « moderne »
et
scientifique que les théories totalitaires, liées à l’esprit rational
17
ut incliner les Suisses alémaniques à le penser ;
et
en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonomie des régions,
18
précisément dans l’équilibre souple entre l’union
et
l’autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue de leur
19
r incapacité de les composer en un tout organique
et
vivant. ⁂ C’est peut-être parce que l’idée fédéraliste est à la fois
20
ée fédéraliste est à la fois très simple à sentir
et
très délicate à formuler, qu’on la trouve en fait si rarement formulé
21
sions de notre vie politique pendant des siècles,
et
qu’elle a finalement pris forme et force de loi vers 1848 ; mais ce n
22
t des siècles, et qu’elle a finalement pris forme
et
force de loi vers 1848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on
23
qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter
et
à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre
24
face du défi que représente l’esprit totalitaire,
et
aussi de la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, no
25
, puis des cantons campagnards contre les villes,
et
finalement l’attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbund, illustr
26
ation européenne ou mondiale. L’échec de Napoléon
et
celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent d’u
27
ir l’attitude fédéraliste comme un refus constant
et
instinctif de recourir aux solutions systématiques, simples de lignes
28
lutions systématiques, simples de lignes, claires
et
satisfaisantes pour la logique, mais par là même infidèles au réel, v
29
particuliers, qu’il s’agit à la fois de respecter
et
d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problèm
30
ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre,
et
le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puis
31
de d’élection du Conseil des États, mais surtout,
et
d’une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie
32
fficace, dans les coutumes de notre vie politique
et
culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou la Suisse italienne jou
33
nce) des complexités culturelles, psychologiques,
et
même économiques, telle est la santé du régime fédéraliste. Ses pires
34
bertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires
et
nos législateurs sont constamment rappelés au concret, forcés de rest
35
s, religieux, qui n’ont pas les mêmes frontières,
et
qui se recoupent et se recouvrent de cent manières différentes. Il es
36
ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent
et
se recouvrent de cent manières différentes. Il est clair que des lois
37
e ces groupes, tendraient à réduire leur variété,
et
mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions, la personne même
38
’un trait de plume, de tirer des plans à la règle
et
de forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui résiste, o
39
infiniment plus de soins, d’ingéniosité technique
et
de compréhension du peuple qu’elle gouverne. C’est pourquoi je disais
40
t qu’elle représente la politique par excellence.
Et
c’est pourquoi je vois en elle le seul avenir possible de l’Europe, e
41
vois en elle le seul avenir possible de l’Europe,
et
le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous-mêmes.
42
struction. La seule utile, la seule qui réussisse
et
qui progresse. Vous semblez croire que nous sommes libres, après Heis
43
z croire que nous sommes libres, après Heisenberg
et
la Bombe, de penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon
44
Heisenberg et la Bombe, de penser n’importe quoi,
et
que cela changera tout. Pardon ! La science produit des preuves que v
45
a cent ans. Voilà qui est sérieux, me dites-vous.
Et
voilà qui est utile au surplus. Personne n’osant le contester autour
46
ets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien
et
ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer maintenant que
47
mes cessent de trouver amusant d’aller plus vite,
et
donc commencent à se demander à quoi cela sert. Supposez que leur pla
48
quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau
et
principal soit d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y ar
49
ipal soit d’évoquer quelque chose comme les fées,
et
qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles d’application des bons
50
us laissons à vos enfantillages.1 2. Utopies
et
prévisions La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles parai
51
isés en descriptions sociologiques imaginaires »,
et
l’action qu’elles proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un
52
ciété les éléments que l’on considère comme bons,
et
l’on en compose un système en équilibre permanent, à l’abri des menac
53
n de la ligne de moindre résistance à ses désirs,
et
la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’
54
ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche
et
à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par an
55
es.2) L’effort le plus soutenu, le mieux organisé
et
le plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ici le monde occiden
56
confort matériel, la vitesse de nos déplacements,
et
la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est
57
la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysique
et
religieux s’est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour tr
58
ffort pour trouver un équilibre humain plus large
et
plus fécond que celui du confort en a pâti. L’effort pour établir un
59
t est l’industrie) enregistre un progrès constant
et
mesurable, et semble se poursuivre avec des chances de succès toujour
60
rie) enregistre un progrès constant et mesurable,
et
semble se poursuivre avec des chances de succès toujours accrues. Il
61
« l’état présent » de la science nie ou condamne,
et
nous accordons à cette science l’autorité que nous retirons à la reli
62
cience l’autorité que nous retirons à la religion
et
aux morales qui en dérivent. La conception du monde la plus courante
63
t pour scientifique. Or elle demeure matérialiste
et
mécaniste, quand la science est depuis trente ans énergétique et stat
64
uand la science est depuis trente ans énergétique
et
statistique… Cependant, l’on peut imaginer qu’une large élite rejoind
65
taine limite. Je dirais qu’elle a touché le fond,
et
même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, don
66
ce, sont de nouveau reçues par les mathématiciens
et
les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême ne peut
67
estions métaphysiques que notre hâte même voulait
et
croyait fuir. Nous ne pensons encore qu’à gagner du temps. Mais quand
68
ut le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science
et
la vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dénaturer les
69
a vitesse tendent par leur succès même à dépasser
et
à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait
70
déjà mieux qu’imaginable. Sa réalisation pratique
et
généralisée, pour toutes les classes et tous les peuples est cependan
71
pratique et généralisée, pour toutes les classes
et
tous les peuples est cependant freinée par diverses passions que notr
72
nationaliste, indéfendable aux yeux de la science
et
de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Pas
73
es, affidavits, etc.) La passion politique draine
et
enflamme nos facultés irrationnelles, superstitions et préjugés locau
74
flamme nos facultés irrationnelles, superstitions
et
préjugés locaux. Ces deux passions produisent des guerres, à la faveu
75
isation de la notion de loi (au sens déterministe
et
mécaniste que lui donnait la science du siècle passé) favorise l’abdi
76
e développent en réponse à des challenges variés,
et
que chaque réponse victorieuse suscite un nouveau challenge 3, quels
77
rtisane). Les passions s’emparent de la technique
et
provoquent la guerre atomique. Les destructions sont telles, et le ch
78
la guerre atomique. Les destructions sont telles,
et
le choc psychologique de telle nature, que la civilisation occidental
79
z d’hommes vivants, de livres, de machines-outils
et
de connaissances techniques pour maintenir ici et là des apparences d
80
et de connaissances techniques pour maintenir ici
et
là des apparences de « vie normale », mais les liens profonds sont co
81
tous ordres, on expérimente des morales nouvelles
et
des formes nouvelles de résistance contre l’État vainqueur et son emp
82
s nouvelles de résistance contre l’État vainqueur
et
son empire, théoriquement universel. De ces communautés persécutées p
83
répondons au challenge des passions nationalistes
et
politiques par une organisation mondiale contrôlant effectivement les
84
es : neutralisation du milieu naturel, longévité
et
santé accrues, déplacements libres et presque instantanés sur toute l
85
, longévité et santé accrues, déplacements libres
et
presque instantanés sur toute l’étendue de la planète. Pour la premiè
86
ne seule nation souveraine, de type fédéraliste ;
et
la question sociale, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans l
87
iècle, on peut prévoir à chances égales la guerre
et
la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissa
88
challenge de nos passions se révèle trop puissant
et
que notre civilisation y succombe, soit que nous y répondions victori
89
e qui ne manquerait pas de confronter l’humanité,
et
qui résulterait du succès même de notre effort le plus constant ? Ce
90
ru dans la littérature avec l’époque industrielle
et
ses grandes villes. Il est contemporain des horaires, qui furent prob
91
es grandes usines, l’alimentation, la circulation
et
les spectacles dans une agglomération vaste et dense.) « L’ennui naqu
92
on et les spectacles dans une agglomération vaste
et
dense.) « L’ennui naquit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’es
93
nce de rythmes vivants, ou leur rupture fréquente
et
arbitraire. En d’autres termes, c’est la mécanisation de l’existence,
94
encore : la répartition indifférente des efforts
et
des sollicitations, empêchant toute concentration sur un point choisi
95
matisé.) À ce challenge en quelque sorte négatif,
et
par là même plus redoutable que tous ceux que la Nature ou nos passio
96
btenue par des méthodes de conditionnement social
et
physiologique, dont le principe général sera d’obnubiler et de refoul
97
ogique, dont le principe général sera d’obnubiler
et
de refouler avec une extrême vigilance toute question métaphysique qu
98
les spirituels-malgré-tout se verront persécutés
et
pourchassés avec une rigueur sans exemple dans notre passé : ils sero
99
devenir la matrice d’une civilisation spirituelle
et
mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au contraire l’aventure spirituell
100
ogue sur l’orientation de la recherche organisée,
et
définissant de facto les nouveaux standards d’utilité et de valeur. M
101
nissant de facto les nouveaux standards d’utilité
et
de valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tourner vers l
102
ais « dépassée » — se tournera vers la découverte
et
la maîtrise de réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négl
103
de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles,
et
sans nom dans notre langage, que je désignais en débutant par le term
104
de théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon
et
Marx, qui ont contribué d’une manière décisive à donner forme à un av
105
’avait pas prévu des mouvements comme le fascisme
et
le nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-politiques (tels
106
et le nazisme, tandis que des penseurs solitaires
et
a-politiques (tels que Kierkegaard et Jacob Burckhardt) les annonçaie
107
solitaires et a-politiques (tels que Kierkegaard
et
Jacob Burckhardt) les annonçaient avec précision à la même époque. 3
108
er sur la valeur même de l’Europe, dans le monde,
et
pour chacun de nous. Que signifie l’autonomie du continent, et que si
109
n de nous. Que signifie l’autonomie du continent,
et
que signifierait sa perte ? Quel que soit le parti dont nous sommes m
110
Quel que soit le parti dont nous sommes membres,
et
quelle que soit notre patrie, nous sentons bien que les menaces qui p
111
dre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur
et
le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une
112
serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme
et
de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en
113
que nous possédons notre unité la plus profonde.
Et
c’est en la définissant d’une manière actuelle et concrète que nous p
114
Et c’est en la définissant d’une manière actuelle
et
concrète que nous poserons les bases de la fédération, qui est notre
115
fs immédiats de nous unir sont d’ordre économique
et
politique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est ess
116
’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent,
et
des autres peuples du monde, l’Europe reste aujourd’hui, même privée
117
’une culture inégalée, plus intense, plus diverse
et
créatrice qu’en toute autre région de la planète. Mais il faut rendre
118
ndre ici au mot de culture son sens le plus large
et
humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de
119
de conscience de la vie ; elle illustre, traduit
et
promeut une certaine conception de l’existence ; elle l’éduque ; elle
120
e la culture ainsi comprise y soit encore un but,
et
non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au service du développement
121
un programme précis, qui limitent ses activités,
et
qui prescrivent son rôle subordonné. Pour nous Européens, tout au con
122
re qui exprime le sens humain de la vie politique
et
de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de le
123
’économie ; c’est elle qui vise à les influencer,
et
permet de les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à
124
tient donc à la définition de l’Europe. Maintenir
et
promouvoir notre culture, cela signifie d’abord, pour nous Européens
125
a signifie d’abord, pour nous Européens : élargir
et
approfondir la conception de l’homme et de sa liberté. Cela signifie
126
: élargir et approfondir la conception de l’homme
et
de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les f
127
té. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens
et
les fins de l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes l
128
pporter sans cesse toutes les activités publiques
et
privées à une notion toujours plus haute et large de l’homme et de sa
129
iques et privées à une notion toujours plus haute
et
large de l’homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséq
130
ne notion toujours plus haute et large de l’homme
et
de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cadre de la
131
e et large de l’homme et de sa liberté ; aménager
et
transformer en conséquence le cadre de la vie et les institutions.
132
et transformer en conséquence le cadre de la vie
et
les institutions. La conception européenne de l’homme Élargir e
133
La conception européenne de l’homme Élargir
et
approfondir la conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais été,
134
Élargir et approfondir la conception de l’homme
et
de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine uni
135
caste choisie, mais au contraire ce fut toujours,
et
ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialogue permanent,
136
plusieurs confessions, une vingtaine de nations,
et
une infinité d’écoles et de génies individuels : tous, ils ont contri
137
ne vingtaine de nations, et une infinité d’écoles
et
de génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à
138
iduels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe
et
à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple,
139
es dont le dialogue se perpétue en chacun de nous
et
se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianisme, Églis
140
et se renouvelle à chaque génération : antiquité
et
christianisme, Église et État, catholicisme et protestantisme, attach
141
e génération : antiquité et christianisme, Église
et
État, catholicisme et protestantisme, attachements régionaux et sens
142
té et christianisme, Église et État, catholicisme
et
protestantisme, attachements régionaux et sens de l’universel, mémoir
143
licisme et protestantisme, attachements régionaux
et
sens de l’universel, mémoire et invention, respect de la tradition et
144
hements régionaux et sens de l’universel, mémoire
et
invention, respect de la tradition et passion du progrès, science et
145
el, mémoire et invention, respect de la tradition
et
passion du progrès, science et sagesse, germanisme et latinité, indiv
146
ct de la tradition et passion du progrès, science
et
sagesse, germanisme et latinité, individualisme et collectivisme, dro
147
assion du progrès, science et sagesse, germanisme
et
latinité, individualisme et collectivisme, droits et devoirs, liberté
148
t sagesse, germanisme et latinité, individualisme
et
collectivisme, droits et devoirs, liberté et justice… Dans cet équili
149
latinité, individualisme et collectivisme, droits
et
devoirs, liberté et justice… Dans cet équilibre tendu, et sans cesse
150
isme et collectivisme, droits et devoirs, liberté
et
justice… Dans cet équilibre tendu, et sans cesse menacé de rupture au
151
rs, liberté et justice… Dans cet équilibre tendu,
et
sans cesse menacé de rupture au profit de l’un ou l’autre de ses élém
152
ciemment réside le secret du dynamisme occidental
et
de l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en questio
153
es rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État
et
la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est
154
n, d’individualiser de plus en plus ses jugements
et
son mode de vie. Et enfin, dans ce choix permanent, dans la conscienc
155
de plus en plus ses jugements et son mode de vie.
Et
enfin, dans ce choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en être
156
iberté, progressant entre les écueils du désordre
et
de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’in
157
e. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits
et
de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à
158
maintenant dans quelle notion commune de l’homme
et
de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualisme e
159
fonde cette critique alternée de l’individualisme
et
du collectivisme, renaissant à toutes les époques, nous voyons se déf
160
aine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée
et
reprise par l’humanisme, est celle de l’homme doublement responsable
161
l’homme doublement responsable envers sa vocation
et
envers la cité ; à la fois autonome et solidaire ; à la fois libre et
162
a vocation et envers la cité ; à la fois autonome
et
solidaire ; à la fois libre et engagé — et non pas seulement libre ou
163
à la fois autonome et solidaire ; à la fois libre
et
engagé — et non pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu d’une
164
tonome et solidaire ; à la fois libre et engagé —
et
non pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu d’une synthèse viv
165
fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue
et
le dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même et
166
éations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même
et
au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de suppri
167
e manière uniforme, donc tyrannique. Diversité
et
division des nations et des idéologies Cette description succincte
168
tyrannique. Diversité et division des nations
et
des idéologies Cette description succincte de l’homme européen nou
169
ait pendant des siècles l’originalité de l’Europe
et
la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion de la nati
170
ture. Mais par suite de la collusion de la nation
et
de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culture
171
réalités culturelles, linguistiques, économiques
et
administratives, qui n’ont aucune raison de se recouvrir en fait, cet
172
Cette règle vaut aussi pour nos doctrines, partis
et
idéologies. Aussi indispensables que les nations à la vie de la cultu
173
spensables que les nations à la vie de la culture
et
à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisi
174
loisonnent l’Europe verticalement, les idéologies
et
les partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’autarc
175
anisation du continent n’est pas moins dangereuse
et
utopique que ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien
176
l’ambition, renoncent à toute visée totalitaire,
et
subordonnent leur tactique à la stratégie générale d’une action de sa
177
de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue
et
glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à
178
us bourrue, de plus en plus contenue et glaciale.
Et
l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer
179
eule puissance pourrait les séparer, les retenir,
et
les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mai
180
solée, n’a plus la taille qu’il faut, pour parler
et
se faire entendre, dans le monde dominé par deux grands empires. Et n
181
re, dans le monde dominé par deux grands empires.
Et
non seulement l’Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger l
182
se disputent la terre. Voici le fait fondamental,
et
que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul
183
rnira un prétexte permanent à la guerre entre USA
et
URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et
184
e pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie
et
l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est
185
iger la paix, de l’inventer pour les deux autres.
Et
si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pou
186
ions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique,
et
autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millio
187
fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie
et
tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants faisaient
188
en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur,
et
de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
189
rope est la réalité la plus complexe de la terre,
et
qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politi
190
? Très bons sujets d’articles ou même de thèses,
et
je ne dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons
191
te sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal
et
Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr
192
que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante
et
Shakespeare, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas ! l’Europe
193
sprits. C’est aussi les personnages de Courteline
et
ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris
194
les personnages de Courteline et ceux de Bourget,
et
ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui
195
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka,
et
c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes,
196
lles, ceux qu’ont décrit nos amis italiens Silone
et
Carlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’au
197
eux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman,
et
qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux
198
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient —
et
j’en connais beaucoup — que les mesures économiques consistent à fair
199
res économiques consistent à faire des économies,
et
que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité g
200
la charité générale. C’est avec tous ces hommes —
et
pour eux tous, même malgré eux — qu’il nous faut faire l’Europe. Mai
201
cultures, d’innombrables morales contradictoires,
et
je ne sais combien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’an
202
tiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent,
et
d’expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela
203
es économiques moins rationnelles que polémiques.
Et
cela n’est rien encore : l’Europe consiste dans les combinaisons et l
204
encore : l’Europe consiste dans les combinaisons
et
les permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord
205
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord
et
Midi, gauche et droite, insulaires et continentaux, catholiques et pr
206
d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche
et
droite, insulaires et continentaux, catholiques et protestants, croya
207
iels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires
et
continentaux, catholiques et protestants, croyants et athées, traditi
208
t droite, insulaires et continentaux, catholiques
et
protestants, croyants et athées, traditions et progrès, individu et c
209
ontinentaux, catholiques et protestants, croyants
et
athées, traditions et progrès, individu et collectivité, ordre à tout
210
es et protestants, croyants et athées, traditions
et
progrès, individu et collectivité, ordre à tout prix et justice d’abo
211
oyants et athées, traditions et progrès, individu
et
collectivité, ordre à tout prix et justice d’abord, régionalisme et u
212
grès, individu et collectivité, ordre à tout prix
et
justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté et engagement
213
rdre à tout prix et justice d’abord, régionalisme
et
universalisme, liberté et engagement, et vingt autres tensions dans t
214
e d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
et
engagement, et vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autr
215
onalisme et universalisme, liberté et engagement,
et
vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples comb
216
ns tous les ordres, vingt autres couples combinés
et
permutés, sans parler de leur ménages à trois, et nul d’entre eux ne
217
et permutés, sans parler de leur ménages à trois,
et
nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux
218
nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres,
et
nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes !
219
er que la richesse de l’Europe comme ses misères,
et
sa grandeur comme ses bassesses, et au total son dynamisme incomparab
220
ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses,
et
au total son dynamisme incomparable, sont nés précisément de ces tens
221
ême ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
et
qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcen
222
ention ; de là enfin cette possibilité de choisir
et
de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen app
223
ctuelle ou politique, d’une unification des mœurs
et
des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossib
224
iomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossible,
et
chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont
225
mais lier par un pacte juré des éléments divers,
et
qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à
226
in, lié par le mariage, répond à cette définition
et
l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre,
227
ement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre,
et
même sentir : sur tous les plans, qui dit fédéralisme dit toujours à
228
s apparemment contraires mais également valables,
et
qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire
229
quilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
et
solidarité, ou encore : libertés locales et pouvoir central limité. S
230
nomie et solidarité, ou encore : libertés locales
et
pouvoir central limité. Sur le plan de l’économie : secteur libre et
231
limité. Sur le plan de l’économie : secteur libre
et
secteur dirigé, ou encore : risque et assurance. Partout, dans tous l
232
cteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque
et
assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’i
233
a toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile
et
l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le déso
234
on stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie
et
la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la de
235
l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre
et
le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diver
236
tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre.
Et
partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire
237
er, avec toutes les religions ou les irréligions,
et
avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos advers
238
S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe
et
périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petit
239
rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle.
Et
j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards
240
’essais réputés outre-Atlantique comme en France,
et
tout récemment des Lettres sur la bombe atomique , vient de faire, e
241
en lire montrent à quel point les préoccupations
et
les positions de l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celle
242
suivre l’école le samedi, jour consacré au Sabbat
et
au culte. Mais les règlements scolaires sont stricts : toute absence
243
est alors subie par les parents ou responsables,
et
va de l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous
244
bles, et va de l’amende à la prison selon les cas
et
les pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entre une c
245
nt surgir entre une croyance aussi intransigeante
et
des règlements aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir de ceu
246
entistes dans trois pays : la Belgique, la France
et
la Suisse. Dans quatre écoles belges (communale, moyenne, normale et
247
quatre écoles belges (communale, moyenne, normale
et
un lycée) la preuve a été faite que tout peut se passer sans la moind
248
ves adventistes reçoivent dispense pour le samedi
et
si les examens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que les absents
249
e, consentissent finalement à interpréter la loi,
et
à suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici ou là,
250
près des autorités de l’enseignement, des préfets
et
des ministres semblent avoir rencontré dans la plupart des cas une co
251
ension effective. Mais la loi demeure invariable.
Et
quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’exercic
252
itoyen vaudois, s’est vu arrêté par les gendarmes
et
incarcéré pendant trente heures parce que sa fille manquait l’école l
253
ce que sa fille manquait l’école le samedi matin,
et
qu’il refusait de payer une amende de 2 francs par absence : c’eût ét
254
é à ses yeux se reconnaître coupable d’une faute,
et
ses convictions religieuses lui interdisent de l’admettre. À ce jour
255
ion de numéros attribués aux jours de la semaine,
et
qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, dans une époque
256
être quotidiennement perpétrée sur des millions,
et
il est curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d’exc
257
s les convictions religieuses en tant que telles,
et
non point du jugement de vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’a
258
es libertés fondamentales, ont un intérêt évident
et
capital à respecter minutieusement ces libertés. Céder sur une questi
259
ocraties libérales se distinguent essentiellement
et
radicalement des tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à l’o
260
à l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre,
et
l’on sait aujourd’hui où cela peut conduire. Danger des lois trop
261
ation non pas plus « souple », mais plus complexe
et
plus précise, suffirait à résoudre des conflits du genre de ceux que
262
istes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers
et
les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens à distingu
263
la rédaction des décrets garantissant les droits
et
sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscrites au se
264
es au seuil des grandes constitutions, la Liberté
et
la Démocratie cesseraient d’être raillées comme de belles abstraction
265
» que toutes nos démocraties proclament à l’envi.
Et
d’autre part, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce ge
266
ue le désordre. Mais une réglementation simpliste
et
uniforme, elle aussi, implique mille désordres, puisqu’elle se tradui
267
cessairement par mille applications tyranniques —
et
que « la tyrannie est le souverain désordre », comme l’écrivait, en u
268
les droits des langues, des races, des religions
et
des groupes, se montrent soudain les plus stricts dans leur refus de
269
uvé d’une extinction probable la langue romanche,
et
de l’avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit p
270
e leur indépendance nationale, de leur prospérité
et
de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particul
271
rité et de leur paix ? L’exemple des adventistes,
et
des difficultés particulières que suscitent leurs croyances, m’a paru
272
eul groupe menace la liberté de tous les autres —
et
donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne l’oublions jamais, e
273
du monde, minoritaire. Chacune donc doit se voir
et
se sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-il nécess
274
er qu’il en va de même pour nos droits politiques
et
civiques ? On ne peut sauver la liberté, dans notre monde, qu’en s’ef
275
, « La liberté religieuse à l’école », Conscience
et
Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté par la note suivante : «
276
ont l’expose fort bien dans les pages qui suivent
et
nous sommes entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’est pas
277
. C’est ainsi que les choses se passent en France
et
c’est très bien : c’est très européen… La voici donc en pleine actual
278
actualité. Tout le monde se déclare pour le Monde
et
parle au nom des masses mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous avons l’
279
gure de provinciaux ou de nationalistes attardés.
Et
l’on va nous demander : pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi
280
iscours, mes chers amis, nous les prenons au mot.
Et
nous vous proposons une méthode de travail, un mouvement qui est déjà
281
de travail, un mouvement qui est déjà au travail,
et
un objectif immédiat, qui est de commencer par l’Europe. Car nous pen
282
trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique
et
en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouve
283
siastes de la Planète unie par les peuples unis —
et
j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la g
284
un certain rideau de fer est tombé, brutalement.
Et
la guerre froide a commencé. La situation s’est donc précisée, si je
285
de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue
et
glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à
286
us bourrue, de plus en plus contenue et glaciale.
Et
l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer
287
seule puissance pourrait les séparer, les retenir
et
les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mai
288
isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parler
et
se faire entendre, dans le monde dominé par les deux grands empires.
289
dans le monde dominé par les deux grands empires.
Et
non seulement l’Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger l
290
se disputent la terre. Voici le fait fondamental,
et
que personne ne peut nier : aucun de nos pays ne peut prétendre, seul
291
rnira un prétexte permanent à la guerre entre USA
et
URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et
292
e pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie
et
l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est
293
e sortirait vaincue. Tout cela est simple comme 2
et
2 font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien d’être enfin
294
avec la force même de l’évidence, vers une seule
et
unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays, il nous f
295
iger la paix, de l’inventer pour les deux autres.
Et
si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pou
296
ions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique,
et
autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millio
297
fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie
et
tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants faisaient
298
en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur,
et
de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
299
rope est la réalité la plus complexe de la terre,
et
qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politi
300
? Très bons sujets d’articles ou même de thèses —
et
je ne dirai rien contre les thèses — mais nous nous occupons de la pa
301
te sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal
et
Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr
302
que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante
et
Shakespeare, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas, l’Europe
303
sprits. C’est aussi les personnages de Courteline
et
ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris
304
les personnages de Courteline et ceux de Bourget,
et
ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui
305
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka,
et
c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes,
306
lles, ceux qu’ont décrit nos amis italiens Silone
et
Carlo Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’au
307
eux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman,
et
qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux
308
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient —
et
j’en connais beaucoup — que les mesures économiques consistent à fair
309
res économiques consistent à faire des économies,
et
que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité g
310
la charité générale… C’est avec tous ces hommes —
et
pour eux tous, même malgré eux — qu’il nous faire l’Europe. Mais alor
311
rès les autres annexés, colonisés, atomisés, etc.
Et
puis — c’est encore plus simple — tous ces gens ont en commun le dégo
312
us simple — tous ces gens ont en commun le dégoût
et
la peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux fa
313
commun le dégoût et la peur immense de la guerre,
et
nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà la seule quest
314
ur immense de la guerre, et nous voulons pour eux
et
avec eux faire la paix. Voilà la seule question sérieuse, la seule di
315
ve » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode
et
aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifier le genre hum
316
s les Européens résistent dans leurs différences,
et
peut-être consistent dans leurs oppositions. Mais je le répète, c’est
317
asser, que l’on connaît vraiment ces différences,
et
qu’on peut mesurer leur vraie valeur. En Amérique, tout est plus simp
318
tion, une doctrine dominante, un parti au pouvoir
et
une opposition, un seul type de drug-store, et une morale moyenne, do
319
ir et une opposition, un seul type de drug-store,
et
une morale moyenne, dont l’idée générale est justement d’éviter les c
320
le est justement d’éviter les conflits quotidiens
et
non pas de les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une s
321
us simple : une seule tête, un parti, une police,
et
pas d’opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douz
322
cultures, d’innombrables morales contradictoires,
et
je ne sais combien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’an
323
tiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent,
et
d’expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela
324
es économiques moins rationnelles que polémiques.
Et
cela n’est rien encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons et l
325
encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons
et
les permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord
326
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord
et
Midi, gauche et droite, insulaires et continentaux, catholiques et pr
327
d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche
et
droite, insulaires et continentaux, catholiques et protestants, croya
328
iels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires
et
continentaux, catholiques et protestants, croyants et athées, traditi
329
t droite, insulaires et continentaux, catholiques
et
protestants, croyants et athées, traditions et progrès, individu et c
330
ontinentaux, catholiques et protestants, croyants
et
athées, traditions et progrès, individu et collectivité, ordre à tout
331
es et protestants, croyants et athées, traditions
et
progrès, individu et collectivité, ordre à tout prix et justice d’abo
332
oyants et athées, traditions et progrès, individu
et
collectivité, ordre à tout prix et justice d’abord, régionalisme et u
333
grès, individu et collectivité, ordre à tout prix
et
justice d’abord, régionalisme et universalisme, liberté et engagement
334
rdre à tout prix et justice d’abord, régionalisme
et
universalisme, liberté et engagement, et vingt autres tensions dans t
335
e d’abord, régionalisme et universalisme, liberté
et
engagement, et vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autr
336
onalisme et universalisme, liberté et engagement,
et
vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples comb
337
ns tous les ordres, vingt autres couples combinés
et
permutés, sans parler de leurs ménages à trois, et nul d’entre eux ne
338
t permutés, sans parler de leurs ménages à trois,
et
nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux
339
nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres,
et
nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes !
340
er que la richesse de l’Europe comme ses misères,
et
sa grandeur comme ses bassesses, et au total son dynamisme incomparab
341
ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses,
et
au total son dynamisme incomparable, sont nés précisément de ces tens
342
ême ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
et
qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcen
343
ention ; de là enfin cette possibilité de choisir
et
de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen app
344
ctuelle ou politique, d’une unification des mœurs
et
des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossib
345
iomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossible,
et
chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont
346
mais lier par un pacte juré des éléments divers,
et
qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à
347
in, lié par le mariage, répond à cette définition
et
l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre,
348
ement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre,
et
même sentir : sur tous les plans, qui dit fédéralisme dit toujours à
349
s apparemment contraires mais également valables,
et
qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire
350
quilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
et
solidarité, ou encore : libertés locales et pouvoir central limité. S
351
nomie et solidarité, ou encore : libertés locales
et
pouvoir central limité. Sur le plan de l’économie : secteur libre et
352
limité. Sur le plan de l’économie : secteur libre
et
secteur dirigé, ou encore : risque et assurance. Partout, dans tous l
353
cteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque
et
assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’i
354
a toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile
et
l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le déso
355
on stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie
et
la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la de
356
l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre
et
le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diver
357
tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre.
Et
partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire
358
er, avec toutes les religions ou les irréligions,
et
avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos advers
359
à tous les étages de la société, dans la commune
et
l’entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au plan europé
360
uis à l’échelle nationale, puis au plan européen,
et
finalement au plan mondial nous savons bien que nous heurtons certain
361
aines habitudes de pensée à la fois nationalistes
et
rationalistes, c’est-à-dire en un mot : jacobines ou totalitaires qui
362
r elle vise tout entière — de par sa nature même,
et
de par la nature des obstacles qu’elle trouve posés en travers de sa
363
osés en travers de sa route vers l’Europe fédérée
et
vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne décrit par Thoma
364
on du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes,
et
que Nietzsche appelait un jour « le plus froid de tous les monstres f
365
tous les monstres froids » — l’État-nation, cause
et
produit de toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre t
366
supprimer toutes les différences entre la France
et
l’Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos pays des ad
367
s forces vives par la machine imbécile de l’État,
et
c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationales abso
368
chine imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme
et
la pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est pourquoi
369
a pratique des souverainetés nationales absolues.
Et
c’est pourquoi nous demandons et préparons, comme premier point de to
370
onales absolues. Et c’est pourquoi nous demandons
et
préparons, comme premier point de tout notre programme, l’institution
371
gardienne d’une Charte des droits de la personne.
Et
à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs étatiques, les
372
les pouvoirs étatiques, les minorités opprimées,
et
plus encore : les simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé le droit qu
373
i se poursuit dans toute l’Europe depuis deux ans
et
qui est en train d’aboutir à certains résultats concrets. La Conféren
374
ue nous voulons élue à la fois par les parlements
et
par les forces vives de chaque pays, doit se réunir dans quelques moi
375
ission de proposer la création d’une Cour suprême
et
la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelque chose, qui peut d
376
on active derrière nos avant-gardes fédéralistes,
et
d’imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux
377
Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail
et
créer l’opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien
378
ns une centaine de comptes rendus de nos réunions
et
de nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons que souhaiter b
379
comptes rendus de nos réunions et de nos congrès,
et
c’est celle-ci : « Nous ne pouvons que souhaiter bonne chance aux cou
380
tes-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts,
et
si vous gagnez par miracle, bien entendu, nous vous rejoindrons, nous
381
rre, qui, voyant l’officier sortir de la tranchée
et
s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaie
382
le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo !
et
restaient dans leur trou. Il y a ceux qui nous disent : « Nous ne bou
383
S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe
et
périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petit
384
rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle.
Et
j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards
385
s. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport !
et
nous vous donnerons notre nom — mais sans rien déchirer, bien entendu
386
nous les fédéralistes, en invitant gouvernements
et
parlements à convoquer cette année une Assemblée européenne. C’est ma
387
être jamais — que le fédéralisme court sa chance,
et
avec elle les chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devon
388
s les grandeurs européennes viennent de l’esprit,
et
non pas de la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce
389
pu régner sur toute la terre, tant par ses armes
et
ses lois que par l’attrait universel qu’exerçaient ses pouvoirs sur l
390
iversel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses
et
la vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit
391
mondiale, du « petit cap », furent très diverses
et
même contradictoires. L’Europe a dominé par ses techniques, par sa sc
392
bénin. Mais elle a dominé par la violence aussi,
et
par la mise en esclavage ou en servage de centaines de millions d’hab
393
lle a dominé d’une manière beaucoup plus subtile,
et
peut-être plus effective, en imposant à tous les continents un certai
394
ée, une notion de l’homme issue du christianisme,
et
dont dérivent les grands concepts de liberté et de justice, de dignit
395
, et dont dérivent les grands concepts de liberté
et
de justice, de dignité de la personne et de responsabilité sociale, c
396
liberté et de justice, de dignité de la personne
et
de responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au xxe siècle
397
ou les blessures — du génie créateur de l’Europe.
Et
certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes de sa puissanc
398
rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est menacée —
et
l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que l
399
menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur
et
la conscience d’une culture désormais universelle sont menacés. Pour
400
us ont ravi les moyens matériels de la puissance,
et
nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont condamnés à ne re
401
lisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent.
Et
s’il ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisse
402
r mieux que nous de ces armes inventées par nous,
et
qu’ils ont arrachées de nos mains. Si les Européens, dans leur majori
403
té, refusent à la fois de se laisser américaniser
et
de se laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meill
404
aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable.
Et
le monde entier en pâtirait, Russes et Américains compris. Cette Euro
405
le diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes
et
Américains compris. Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel
406
rendre un grand marché en supprimant les douanes,
et
créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’égalité
407
ur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est
et
de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, s
408
constructions économiques, juridiques, politiques
et
sociales, dont chacun reconnaît l’urgence, et que le Mouvement europé
409
ues et sociales, dont chacun reconnaît l’urgence,
et
que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie,
410
Mouvement européen promeut, resteront sans force
et
sans vie, si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un
411
ouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion
et
cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui l
412
nct, qui nous fait repousser les tentations russe
et
américaine. Mais il s’agit maintenant de l’informer, de lui donner de
413
r des moyens d’expression, de le rendre conscient
et
agissant. Telle est la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an
414
rs pays d’Europe en faveur de l’union des peuples
et
d’une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts exi
415
ventaire des forces spirituelles, intellectuelles
et
artistiques du Continent. b) Coordination des activités « culturelles
416
ant à la formation d’une jeune élite européenne ;
et
il rassemble une équipe d’historiens, en vue de la révision des manue
417
ême des pires aberrations nationalistes. c) Étude
et
formulation des grands thèmes de la propagande générale du Mouvement
418
acun de nos pays, fourniront la base des travaux.
Et
l’on doit espérer que de l’ensemble de ces rapports documentés, inven
419
ces rapports documentés, inventoriant les forces
et
les faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront deux séries
420
ndue à la libre circulation des hommes, des idées
et
des biens ». ( Message aux Européens , congrès de La Haye.) L’Europe
421
ue son salut ne peut être assuré que par l’union,
et
que cette union ne sera jamais réelle sans le concours actif de chacu
422
s voulons concerter nos vocations pour la défense
et
pour l’épanouissement d’un certain nombre de valeurs humaines qui, sa
423
elles. Telle est l’interaction vitale de l’Europe
et
de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, q
424
tale de l’Europe et de la culture. Elles naissent
et
meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans l
425
érations qui ont vu le jour au cours des siècles,
et
vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se féd
426
x, cet organisme a pour tâche immédiate d’étudier
et
de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité
427
ir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film
et
la radio, par voie d’informations et de recommandations, de coordonne
428
sse, le film et la radio, par voie d’informations
et
de recommandations, de coordonner les efforts pour créer une union de
429
les efforts pour créer une union des universités
et
des membres des corps enseignants ; et enfin d’exercer un contrôle vi
430
niversités et des membres des corps enseignants ;
et
enfin d’exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage d
431
uropéen offrira un lieu de rencontre aux porteurs
et
aux créateurs de la culture occidentale, afin qu’ils puissent examine
432
andes questions qui affectent la vie de l’Europe,
et
s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Ro
433
ennes ou humanistes. Elle avait inventé les armes
et
les lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses techniques
434
nistes. Elle avait inventé les armes et les lois,
et
tous les peuples subissaient l’attrait de ses techniques, de ses pouv
435
de ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière
et
sur la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe la devai
436
bien comme pour le mal, avait créé ses richesses
et
sa science, ses machines, ses cités et ses livres. Le monde entier po
437
richesses et sa science, ses machines, ses cités
et
ses livres. Le monde entier portait les marques — ou les blessures —
438
é. La puissance a changé de mains. Elle est russe
et
américaine. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus
439
nt, divisé en vingt-quatre nations, à demi ruiné,
et
menacé par les deux Grands de colonisation ou d’annexion. Naguère enc
440
e à lutter pour assurer sa survivance économique,
et
son indépendance politique et civique, déjà fortement compromise. Cet
441
vivance économique, et son indépendance politique
et
civique, déjà fortement compromise. Cette Europe sur la défensive, co
442
rendre un grand marché en supprimant les douanes,
et
créer des pouvoirs européens capables de traiter sur pied d’égalité a
443
ur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est
et
de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, q
444
constructions économiques, juridiques, politiques
et
sociales, dont chacun reconnaît l’urgence et que le Mouvement europée
445
ques et sociales, dont chacun reconnaît l’urgence
et
que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie s
446
Mouvement européen promeut, resteront sans force
et
sans vie si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un e
447
uveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion,
et
cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui l
448
usses : « Finissons-en, venez nous mettre au pas,
et
supprimons cet épuisant conflit en adoptant l’ordre totalitaire, celu
449
ons notre droit d’aînesse contre vos belles autos
et
vos dollars. » Si nous refusons, c’est que nous avons encore le senti
450
ore le sentiment d’une qualité de vie, de liberté
et
de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais i
451
es moyens d’expression, le rendre enfin conscient
et
agissant. Telle est la tâche vitale que voudrait assumer le Centre eu
452
, qui doit s’ouvrir en Suisse dans quelques mois,
et
que prépare notre Bureau d’études. Installé à Genève depuis trois moi
453
ination des efforts entrepris dans tous nos pays,
et
qui souvent s’ignorent ; action de propagande par la presse, la radio
454
oudrais simplement définir l’esprit qui l’inspire
et
le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en
455
évue comme siège du Centre européen de la culture
et
de la Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de consid
456
rticipation aux conseils politiques du continent.
Et
pourtant, nul ne songe à défendre un isolationnisme suisse : notre pa
457
nd, plus qu’aucun autre, de l’Europe tout entière
et
de ses destinées. Comment pourra-t-il donc participer aux efforts pou
458
mesure que la fédération du continent se dessine
et
prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au premier plan
459
sité de lui donner une âme passe au premier plan.
Et
c’est bien cela, c’est bien l’âme du Mouvement, que doit devenir le C
460
int-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican
et
de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres cré
461
et de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge
et
de vingt autres créations de l’esprit international ; gardiens enfin
462
s à leur vraie vocation en accueillant, soutenant
et
animant le foyer même d’une action historique, dont on a pu dire que
463
es mondiales : l’Europe paraît avoir été défaite,
et
sa défection à l’Histoire devient une possibilité. À peine libérée da
464
eux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est
et
à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et m
465
prend d’elle-même une conscience toute nouvelle,
et
malheureuse. « L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus
466
se. « L’Europe est menacée, l’Europe est divisée,
et
la plus grave menace vient de ses divisions », déclarait le Manifest
467
opéenne des droits de l’homme, le pool du charbon
et
de l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais
468
fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte
et
pour une Autorité politique supranationale. S’ils sont parfois consid
469
ue association dont je fais partie, mais une idée
et
une méthode. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose se dire co
470
onté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr,
et
comment donc, tandis que d’autres veulent ses conditions. Certains pr
471
ions. Certains préfèrent s’en tenir au possible —
et
presque rien ne leur paraît possible — tandis que d’autres veulent le
472
ce qu’ils veulent, qui disent clairement leur fin
et
qui exigent ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas jus
473
dans le domaine économique, entre les dirigistes
et
les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est
474
épublicaine, toute corporatiste ou parlementaire…
Et
dans plusieurs de ces domaines, il serait vain de chercher un comprom
475
Raisons
et
buts d’une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément
476
e, plus divisée devant le péril, — plus angoissée
et
sceptique à la fois. Mais il n’est pas moins vrai que pour la premièr
477
nditions de la ruine sont réunies dans notre ciel
et
dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditions qui p
478
conscience de leur absurdité. L’avènement brusque
et
stupéfiant de deux empires extraeuropéens décourage des millions d’en
479
proprement européenne d’avoir peur de l’avenir :
et
c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient faire sur notre s
480
rre que d’autres viendraient faire sur notre sol,
et
sur le corps de nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets
481
uropéen, c’est celui de réussir notre fédération,
et
de retrouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Tel
482
ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite,
et
viser juste. Tandis que s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politi
483
à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains
et
spirituels à l’existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude de
484
umains et spirituels à l’existence indépendante ?
Et
c’est ensuite une étude des moyens qui pourront assurer cette existen
485
t assurer cette existence ; des mesures pratiques
et
institutionnelles propres à garantir et développer l’exercice de la p
486
pratiques et institutionnelles propres à garantir
et
développer l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’es
487
commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! »
et
finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Europe, de ce qu
488
lle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens.
Et
ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la vraie définiti
489
out prendre, la vraie définition de l’Europe, une
et
diverse. De même, dès que l’on parle de culture, chacun donne à ce mo
490
des réalités hétéroclites : inventions techniques
et
beaux-arts, hygiène, éducation, et procédé de construction ; littérat
491
ons techniques et beaux-arts, hygiène, éducation,
et
procédé de construction ; littérature, philosophie, et doctrines de l
492
océdé de construction ; littérature, philosophie,
et
doctrines de l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de
493
l’État ; conceptions de la liberté, de la justice
et
de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religio
494
tice et de la dignité humaine ; esprit critique ;
et
toute la vie des religions. Culture peut signifier aussi prise de con
495
science de la vie, besoin perpétuel d’approfondir
et
d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme
496
ifier, enfin, l’ensemble des procédés de création
et
de transmission de leurs principes. Je souhaite que notre Conférence
497
la culture, ce sont les réalités intellectuelles
et
spirituelles qui ont fait de l’Europe autre chose et beaucoup plus qu
498
spirituelles qui ont fait de l’Europe autre chose
et
beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réalité physique, autre chos
499
lus son temps à se demander ce qu’est la culture.
Et
comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la culture sur sa récol
500
il surcharge ses élites d’occupations accablantes
et
flatteuses, qui ne leur laissent plus une seconde pour distinguer l’a
501
nverser les destins qu’en y allant tous ensemble,
et
toutes affaires cessantes. Pour être juste, il faut reconnaître que b
502
rément multipliés de nos jours. Je les comprends,
et
je comprends surtout ceux d’entre eux qui sont écrivains. Il y a des
503
mes, entre la création dans une chambre nocturne,
et
les institutions dont nous allons parler ! « Qu’est-ce que cela peut
504
entraves qu’elle rencontre partout aujourd’hui —
et
voilà nos problèmes pratiques. Et il n’est pas indifférent — (ou c’es
505
t aujourd’hui — et voilà nos problèmes pratiques.
Et
il n’est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin
506
ourrir ou l’asservir, l’écouter ou le censurer, —
et
voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des institutions qui
507
— et voilà tout le problème des valeurs à sauver,
et
des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport général, éta
508
es délégués, n’a d’autre ambition que de signaler
et
de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une
509
ureau d’études de Genève a fourni plusieurs notes
et
documents. Sur la base d’une quinzaine de rapports nationaux, d’une t
510
nationaux, d’une trentaine de rapports spéciaux,
et
des documents précités, le rapport général a tenté d’opérer une synth
511
rie de résolutions pratiques qui seront proposées
et
mises au point par les commissions du congrès. La section culturelle
512
une nouvelle commission, consacrée à l’éducation
et
à l’enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. —
513
ront vite dressé la liste des obstacles douaniers
et
monétaires, et des mesures prétendues « protectionnistes » qui loin d
514
é la liste des obstacles douaniers et monétaires,
et
des mesures prétendues « protectionnistes » qui loin de les protéger,
515
raît que certaines expressions chères aux experts
et
aux documents officiels, seraient propres à nous égarer. On parle bea
516
pas question si les frontières étaient ouvertes,
et
l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des
517
t-vient d’échanges surveillés que leurs douaniers
et
leurs agents fiscaux sauront bientôt réduire à presque rien. Il en ré
518
des pouvoirs, de quelques boursiers bons élèves ;
et
quelques phrases bien plates sur l’indispensable solidarité de nos na
519
reconnaître les droits que l’État s’est arrogés,
et
qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abai
520
raires à la circulation des idées, des personnes,
et
des œuvres ; c’est d’autre part, presque automatiquement, favoriser c
521
uthentiques de la sensibilité, de passions mêmes,
et
non pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1°
522
de forts en thème — nous devons : 1° abandonner,
et
au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges », 2°
523
ion des échanges », 2° exiger la suppression pure
et
simple, immédiate, des obstacles à la libre circulation des personnes
524
à la libre circulation des personnes, des œuvres,
et
des instruments de travail, dans toute l’étendue de l’Europe. Supprim
525
ats, dont la charge est ruineuse pour la culture.
Et
surtout ne proposons pas, dans ce domaine, de nouveaux organismes ! C
526
ux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer
et
de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manife
527
laisse libre de se manifester ! L’Europe ouverte,
et
rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution, voilà le remède
528
tions À la suppression des obstacles matériels
et
légaux à nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait
529
espondre un effort positif. Il serait insuffisant
et
vain de vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était
530
nous faut aujourd’hui faire un grand pas de plus,
et
créer des institutions qui garantissent et manifestent l’unité de nos
531
plus, et créer des institutions qui garantissent
et
manifestent l’unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut dote
532
e fédérale, sans laquelle nos réformes techniques
et
matérielles resteront lettre morte. Au premier rang figure une instit
533
e de culture, facile à distinguer de ses voisins,
et
qu’en tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous. Il est ét
534
dié en tant que tel, d’une manière systématique ;
et
qu’il n’existe aucune institution capable de renseigner sur l’Europe
535
r sa situation présente, sur l’état de ses forces
et
de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin
536
forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités
et
ses lacunes. Que le besoin d’une telle institution soit urgent, rien
537
contrées la préparation même de cette conférence,
et
que ses insuffisances inévitables dans l’état actuel des choses. Je t
538
rojet d’Institut européen des sciences politiques
et
sociales ; et ce projet surtout d’un Fonds européen pour les recherch
539
ut européen des sciences politiques et sociales ;
et
ce projet surtout d’un Fonds européen pour les recherches scientifiqu
540
portance capitale ne saurait échapper à personne,
et
dont M. Dautry a magistralement exposé les motifs. III. L’enseigne
541
. La préparation de cette Conférence, l’abondance
et
la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducation, ont mont
542
s, [mais] réclame aussi un départ extrêmement vif
et
net ». L’effet de choc que produira sur l’opinion publique l’institut
543
tituera la meilleure propagande pour notre union,
et
peut-être la seule acceptable. Toutes ces activités et ces institutio
544
ut-être la seule acceptable. Toutes ces activités
et
ces institutions demanderont des fonds, qui aujourd’hui n’existent pa
545
l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements
et
l’économie privée invoqueront leurs charges écrasantes ou leurs bénéf
546
ue, si le sentiment d’un destin spirituel commun,
et
l’énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et
547
ce des Européens ne sont pas réveillés, les États
et
l’économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettr
548
développer la recherche scientifique pour la paix
et
la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se de
549
s, contre une pareille folie, le cri des hommes.
Et
maintenant, pour quelles fins réelles voulons-nous ces moyens de cult
550
fins réelles voulons-nous ces moyens de culture,
et
cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La question do
551
ne nation européenne aux grandes nations de l’Est
et
de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, va
552
européenne » synthétique, valable pour nous seuls
et
fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe, nous co
553
l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes
et
humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union de nos pays
554
la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force.
Et
notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique aille
555
particulière dans le monde. Une Europe affaiblie,
et
divisée par vingt nationalismes et autant de barrières de douanes, ne
556
ope affaiblie, et divisée par vingt nationalismes
et
autant de barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attrac
557
e aux gouvernants, comme aux législateurs sociaux
et
aux experts, qu’un certain nombre de principes moraux ne sauraient êt
558
sans que l’Europe perde ses droits à l’existence
et
à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilanc
559
en dernière analyse. C’est notre lot d’Européens,
et
c’est notre mission profonde, de préférer toujours la conscience au b
560
jours la conscience au bonheur. Vocation tragique
et
féconde, qui nous apparaît plus clairement depuis que se dressent à l
561
ale, que nous en respirons le climat nostalgique.
Et
nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence
562
mmes pas réunis pour tracer des plans d’innocence
et
de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les mo
563
se aux travaux de la Commission de l’enseignement
et
de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’u
564
cation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons
et
buts d’une conférence », Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25.
565
; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien «
et
de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinair
566
les fédéralistes, c’est Guéhenno, c’est Jaspers,
et
surtout Benda qu’il faut interroger ; que le fédéralisme est contre l
567
patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ;
et
qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amoureux ». Heureusement
568
amais été amoureux ». Heureusement pour l’Europe,
et
pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vo
569
le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg…
et
qu’il a déjà son statut (en quarante-deux articles) ». Montrez-nous d
570
nisme est qu’il serve provisoirement, à sa place,
et
malgré ses très graves imperfections, au progrès vers l’union europée
571
s qu’il ait jamais passé pour un « doctrinaire »,
et
je voudrais bien qu’il se déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment,
572
aiment, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir
et
de l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagn
573
x » ? Hélas ! Diagnostiquer une maladie mortelle,
et
conseiller certains remèdes in extremis (que les Européens n’aiment p
574
» la fin de la maladie, ni promettre « des joies
et
des fêtes ». Nous demandons surtout des sacrifices. 6° Pour découvrir
575
mmes de tendances aussi opposées que Georg Lukács
et
Karl Jaspers. Parmi ces neuf, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc
576
age 60 : « Je reproche à Benda de confondre union
et
unification, de vouloir effacer les diversités sans lesquelles aucune
577
vous rejoignez ici une partie de leurs positions,
et
votre belle colère se trompe d’adresse. De quoi ce lapsus est-il révé
578
ns limites. Pas une attaque contre le patriotisme
et
les patries. Or j’ai quelques raisons de penser que ce texte exprime
579
u obscur. Si mon projet vous paraît encore « faux
et
imbécile », quand vous aurez renoncé à le confondre avec celui de Ben
580
urront durer rien qu’en se faisant toutes petites
et
mignonnes. Elles ont besoin de vous aussi, non point pour les louer c
581
n tarit les sources de sa recréation perpétuelle.
Et
rien ne sert non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive
582
une unité, si ce n’était pas celle de son choix ?
et
si cette unité signifiait sa défaite, non point sa conquête sur elle-
583
non point sa conquête sur elle-même ? son destin
et
non plus sa liberté ? L’Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle
584
qu’elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie —
et
l’Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalité
585
es deux réalités : l’Europe, la culture, naissent
et
meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc de ce mouvement, au mi
586
notre xxe siècle ? Entre les deux colosses russe
et
américain, l’Européen qui vient de perdre la guerre, fait actuellemen
587
ort de redressement. Entre 200 millions de Russes
et
150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer
588
ns. Nous disposons de plus d’un quart du charbon,
et
près d’un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète.
589
ous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme
et
la psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, la théorie de
590
le marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme
et
le personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la soc
591
lisme et le personnalisme, la théorie des quantas
et
celle des groupes, la sociologie et les grandes synthèses historiques
592
e des quantas et celle des groupes, la sociologie
et
les grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la ph
593
synthèses historiques, la relativité généralisée
et
la physique nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccinat
594
ée et la physique nucléaire, l’aviation, la radio
et
le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synth
595
adio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline
et
le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rational
596
e et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics
et
le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction m
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riel, la construction métallique, le syndicalisme
et
les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier : peinture, musi
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métallique, le syndicalisme et les coopératives,
et
enfin l’art moderne tout entier : peinture, musique, littérature, poé
599
: peinture, musique, littérature, poésie, théâtre
et
sculpture : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe,
600
tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe,
et
les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maître
601
n comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs
et
nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de
602
fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art
et
de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de m
603
s procédés d’art et de construction, de transport
et
de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindou
604
ion, de transport et de gouvernement, d’industrie
et
de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copie
605
t et de gouvernement, d’industrie et de médecine,
et
nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour
606
rtager le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord
et
la Russie de Staline sont des produits de notre culture, l’une dès se
607
roduits de notre culture, l’une dès ses origines,
et
l’autre en ce qu’elle a de moderne justement. Calvin et le puritanism
608
utre en ce qu’elle a de moderne justement. Calvin
et
le puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor
609
e Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane
et
la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes ; et de l’aut
610
ture-éclair qui sont des inventions européennes ;
et
de l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’instruction publique
611
inventions européennes ; et de l’autre côté, Marx
et
notre industrie plus l’instruction publique et l’athéisme, l’hypertro
612
rx et notre industrie plus l’instruction publique
et
l’athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l
613
’athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étatique,
et
des copies de l’art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemm
614
de description : leurs traits les plus frappants
et
qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre
615
, jusqu’à la monstruosité. Si bien que l’Amérique
et
la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité notre caricat
616
jamais aller à placer sur le même plan l’Amérique
et
la Russie. Deux constatations très simples me suffiront. Entre l’Amér
617
tions très simples me suffiront. Entre l’Amérique
et
nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous les principes fondamentaux
618
al de liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes
et
nous, il n’y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pour eux cela
619
ommes certains, chez nos amis un intérêt très vif
et
une approbation complète. »
620
Saint-John Perse
et
l’Amérique (1950)m La grandeur de cette poésie fait reculer le com
621
ous le fait du prince, toute référence superflue,
et
depuis lors, nous n’avons rien appris, sinon toutefois qu’un « pur dé
622
les relations qui se sont révélées entre le poète
et
l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amérique, un jou
623
scription de l’essor des États-Unis dans l’espace
et
le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe animique,
624
le principe animique, ou lyrique, que l’aventure
et
l’invention du Nouveau Monde ont illustré d’accidents séculaires. Tou
625
culaires. Tout se passe à la fois dans l’Histoire
et
dans l’homme, « dans un très haut tumulte de terres en marche vers l’
626
bes longues des filles « à la sortie des salles »
et
leur nylon, les grands rapides « avec leur provision de glace pour ci
627
l’homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ;
et
d’un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le p
628
d sa source au lieu d’où l’Amérique dans l’espace
et
le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent ê
629
u lieu d’où l’Amérique dans l’espace et le temps,
et
la fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être vues comm
630
épris du monde, peuvent être vues comme une seule
et
même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intelle
631
une seule et même geste de l’âme. (Je dis l’âme,
et
non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même
632
Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect
et
ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouvement lié, q
633
non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.)
Et
c’est d’un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème enco
634
vastes houles de la terre… Congénialité du poème
et
de cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la viol
635
rands vents : le mouvement, la violence heureuse,
et
la vision globale du « monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement c
636
⁂ I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement
et
les trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéra
637
’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, —
et
d’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens. (Point de
638
mouvement vers l’Ouest, rebroussé par les vents.
Et
le poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’il inspire
639
saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges.
Et
nous disions les fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et les ci
640
es larges. Et nous disions les fleuves survolés,
et
les plaines fuyantes, et les cités entières sur leurs disques qui nou
641
ns les fleuves survolés, et les plaines fuyantes,
et
les cités entières sur leurs disques qui nous filaient entre les doig
642
nt entre les doigts — grands virements de comptes
et
glissements sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici l’équivale
643
ns au lieu de celle des sons. Parfois aussi, sens
et
son se poursuivent, s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en u
644
a, plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie
et
de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « orig
645
(Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origines »
et
son délire global…) II. Anabase et Vents sont parmi les rares œuvres
646
s « origines » et son délire global…) II. Anabase
et
Vents sont parmi les rares œuvres toniques de ce siècle : chants de v
647
nes5). Tout y respire à longs traits la maîtrise,
et
le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, déli
648
se, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur
et
favorable, éloges, délice et délectable, y sont aussi fréquents que c
649
ire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice
et
délectable, y sont aussi fréquents que chez tant d’autres les express
650
le sa tristesse, qu’on le produise dans le jour !
et
mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte
651
e tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte
et
la nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’acte, distra
652
ressentiment de l’acte, distraction vers l’avenir
et
naissance du chant. Un chant de force pour les hommes… Choses vivante
653
aux crépuscules spirituels ; l’un se veut prince,
et
l’autre moine-mendiant. Risquons à ce propos une hypothèse critique,
654
es poèmes de Saint-John Perse trouvent leurs lois
et
leurs cadences : Et c’est par un matin, peut-être, pareil à celui-ci
655
hn Perse trouvent leurs lois et leurs cadences :
Et
c’est par un matin, peut-être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en
656
onseil de ces menées nouvelles au lit du vent.
Et
c’est conseil encore de force et de violence. « Anima » violente et
657
lit du vent. Et c’est conseil encore de force
et
de violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents du Nouvea
658
core de force et de violence. « Anima » violente
et
sauvage comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve de pionniers
659
gueurs voluptueuses du plus pur langage français,
et
de cette « rhétorique profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III
660
t vision de l’espace. L’Europe fut universaliste,
et
le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est planétaire. Sujets et p
661
peut-être, mais l’Amérique est planétaire. Sujets
et
procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies d’un grand lyrisme
662
Ils sont classiques. Les continents, les peuples
et
leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les énumérations
663
es peuples et leurs rites, les éléments, la quête
et
la conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur table ra
664
quête et la conquête, les énumérations lyriques,
et
l’édification sur table rase des lois d’une cité émergeant de son rêv
665
rces en croissance sur toutes pistes de ce monde,
et
qui prenaient source plus haute qu’en nos chants, en lieu d’insulte e
666
ce plus haute qu’en nos chants, en lieu d’insulte
et
de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier d
667
icence par le monde — ô monde entier des choses —
et
qui vivaient aux crêtes du futur… Au chant des hautes narrations du l
668
hautes narrations du large… Le pluriel insistant
et
les catégories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque p
669
sistant et les catégories, l’adjectif « grandes »
et
le mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme, de
670
en de vastes espaces », des hommes de toute race
et
de toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de peuples lus «
671
de toute façon, de « pans de siècles en voyage »
et
de peuples lus « par nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient d
672
dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires
et
inventaires, sommation de nos « voies et façons » et « chants d’un pe
673
néraires et inventaires, sommation de nos « voies
et
façons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », — il semblera surpr
674
inventaires, sommation de nos « voies et façons »
et
« chants d’un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un
675
inent largué… S’ensuit une description charmante
et
déchirante d’une France désuète et qui naguère encore périssait « par
676
tion charmante et déchirante d’une France désuète
et
qui naguère encore périssait « par excès de sagesse », d’une France v
677
omne, avec le souffle du grand vent, sur la route
et
la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux,
678
humaine, non dans la précession des équinoxes »,
et
qu’il nous aide ! par le chant d’une Europe future. Car, ainsi que l’
679
5. Où sont les grands poètes capables de bonheur,
et
de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les p
680
nte, John Donne, parfois Claudel, quelques Arabes
et
Chinois peut-être… m. Rougemont Denis de, « Saint-John Perse et l’A
681
être… m. Rougemont Denis de, « Saint-John Perse
et
l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 13