1
ves préalables se présentent aussitôt à l’esprit.
Il
conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments de notre exp
2
en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure
ils
pourraient être utilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle. La
3
alement admise de l’humanité sur la planète. D’où
il
résulte que notre expérience fédérale ne représente guère que la dern
4
sque impossibles à prévoir aujourd’hui, mais dont
il
est certain qu’elles apparaîtront, et dans lesquelles nos formes actu
5
prévoir aujourd’hui, mais dont il est certain qu’
elles
apparaîtront, et dans lesquelles nos formes actuelles s’évanouiront p
6
prend son sens et sa valeur que dans la mesure où
il
meurt et se perd dans le développement des forces et des formes qu’il
7
dans le développement des forces et des formes qu’
il
contient en germe et qu’il préfigure. Une graine, c’est à la fois un
8
orces et des formes qu’il contient en germe et qu’
il
préfigure. Une graine, c’est à la fois un aboutissement et un commenc
9
vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais
elles
peuvent mourir de deux manières : les unes ne laissent qu’à peine leu
10
eurent tous les États. Mais peut-être ne mourra-t-
il
que dans sa réalisation à une échelle infiniment plus vaste ? Telle e
11
ne laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’
il
aura gardé son idée pour lui seul et l’aura épuisée en soi ; ou bien
12
n’est pas applicable aux grands. » On a raison s’
il
ne s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratiqu
13
mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’
il
s’agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessa
14
ai donc ici que de notre idée fédéraliste en soi.
Elle
est très simple, comme toutes les grandes idées, mais non pas simple
15
à définir en quelques mots, en une formule ; car
elle
est d’un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela b
16
sprit rationaliste ou romantique du xixe siècle.
Elle
ne peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est p
17
être comparée qu’à un rythme, à une respiration.
Elle
n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x an
18
ar la réduction impitoyable des résistances, mais
elle
est au contraire le secret d’un équilibre constamment mouvant entre d
19
équilibre constamment mouvant entre des forces qu’
il
s’agit de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’
20
s Suisses alémaniques à le penser ; et en retour,
il
ne consiste pas seulement dans l’autonomie des régions, cantons ou na
21
onçoivent trop souvent les Suisses romands ; mais
il
consiste précisément dans l’équilibre souple entre l’union et l’auton
22
tous » mais aussi « Tous pour un ». Dans ce sens,
il
nous sera permis de dire que la politique fédéraliste n’est rien d’au
23
e tout court, au sens le plus légitime de ce mot.
Elle
est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques
24
talitaires, antipolitiques par définition, puisqu’
elles
consistent à écraser les diversités par incapacité de les composer en
25
en fait si rarement formulée dans notre histoire.
Il
est certain qu’elle a guidé plus ou moins consciemment les principale
26
t formulée dans notre histoire. Il est certain qu’
elle
a guidé plus ou moins consciemment les principales décisions de notre
27
de notre vie politique pendant des siècles, et qu’
elle
a finalement pris forme et force de loi vers 1848 ; mais ce n’est guè
28
e même — étant la vie de notre praxis politique —
elle
allait sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente de l’affermir en f
29
oncrètes, selon leurs caractères particuliers, qu’
il
s’agit à la fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédé
30
n chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste,
il
va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus
31
e majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux
elle
représente une qualité irremplaçable. (On pourrait aussi dire : une f
32
ux, fédéraux, cantonaux, si diversement engrenés,
il
convient de leur montrer que cette complexité est la condition même d
33
la condition même de nos libertés. C’est grâce à
elle
que nos fonctionnaires et nos législateurs sont constamment rappelés
34
nt et se recouvrent de cent manières différentes.
Il
est clair que des lois conçues dans un esprit unitaire, jacobin ou to
35
personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes,
il
est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalité
36
iosité technique et de compréhension du peuple qu’
elle
gouverne. C’est pourquoi je disais plus haut qu’elle représente la po
37
e gouverne. C’est pourquoi je disais plus haut qu’
elle
représente la politique par excellence. Et c’est pourquoi je vois en
38
ique par excellence. Et c’est pourquoi je vois en
elle
le seul avenir possible de l’Europe, et le don que nous pouvons lui f
39
ns seraient bien en peine de réfuter ou d’égaler.
Elle
guérit ! Elle invente des machines qui font déjà mille kilomètres à l
40
en en peine de réfuter ou d’égaler. Elle guérit !
Elle
invente des machines qui font déjà mille kilomètres à l’heure ! Elle
41
chines qui font déjà mille kilomètres à l’heure !
Elle
vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe atomique, ses s
42
a preuve que la science n’est pas folle, c’est qu’
elle
nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plus vite qu’il y a cent ans
43
oit d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’
ils
y arrivent après deux ou trois siècles d’application des bons esprits
44
ns La faiblesse générale des utopies, c’est qu’
elles
paraissent moins riches d’avenir que le présent. On peut même dire qu
45
tions sociologiques imaginaires », et l’action qu’
elles
proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’
46
vante, — bref, hors du courant de l’Histoire. Est-
il
possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypothè
47
hèse ? Quelles seraient les conditions requises ?
Il
faudrait se garder tout d’abord de composer un tableau cohérent. Ména
48
t d’imaginer beaucoup de nos meneurs politiques :
ils
voient les conditions de leur victoire, mais non ses suites.2) L’effo
49
ivre avec des chances de succès toujours accrues.
Il
en résulte, dans les masses, certaines croyances un peu folles, mais
50
à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’
elle
est « vraie ». En retour, nous refusons de croire ce que nous pensons
51
ue les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or
elle
demeure matérialiste et mécaniste, quand la science est depuis trente
52
une large élite rejoindra peu à peu la science qu’
elle
vénère, ou du moins s’informera de ses dernières conclusions, à la fa
53
ment peut-être, une certaine limite. Je dirais qu’
elle
a touché le fond, et même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atom
54
e. Je dirais qu’elle a touché le fond, et même qu’
elle
l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, donc en réduisan
55
traduisent les résultats de la science d’hier, qu’
ils
tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire,
56
choix ; nous allons même jusqu’à nous figurer qu’
elle
consiste à « avoir » la disposition d’un choix d’objets toujours plus
57
jours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’
il
est vrai que les civilisations se développent en réponse à des challe
58
avons pas encore répondu par une victoire totale,
il
s’en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos
59
es derniers lieux communs moraux se désintègrent.
Il
reste assez d’hommes vivants, de livres, de machines-outils et de con
60
. Pour la première fois dans l’histoire du monde,
il
n’y a plus qu’une seule civilisation (l’occidentale, enrichie d’appor
61
avec l’époque industrielle et ses grandes villes.
Il
est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la
62
est l’excès de variété qui l’entretient. De fait,
il
est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’ennui que l
63
re en ceci de tout autre challenge imaginable, qu’
il
naît de l’absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer
64
ondre que par une prise de position métaphysique.
Elle
pourra choisir l’anesthésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle. 1
65
avec une rigueur sans exemple dans notre passé :
ils
seront les criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la cl
66
ils seront les criminels sociaux par excellence.
Ils
formeront dans la clandestinité un prolétariat secret, probablement n
67
est l’ancêtre du plus puissant État totalitaire.
Il
n’avait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tan
68
st en définitive notre vrai bien commun. C’est en
elle
que nous possédons notre unité la plus profonde. Et c’est en la défin
69
a sauver. Primauté de la culture en Europe S’
il
est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économiqu
70
e nous unir sont d’ordre économique et politique,
il
n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement c
71
rice qu’en toute autre région de la planète. Mais
il
faut rendre ici au mot de culture son sens le plus large et humain. L
72
ulture naît d’une prise de conscience de la vie ;
elle
illustre, traduit et promeut une certaine conception de l’existence ;
73
promeut une certaine conception de l’existence ;
elle
l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe,
74
taine conception de l’existence ; elle l’éduque ;
elle
en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, qu
75
tence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or
il
est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi compr
76
oit encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs,
elle
est mise au service du développement de l’industrie, ou de certaines
77
main de la vie politique et de l’économie ; c’est
elle
qui vise à les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de
78
nfinité d’écoles et de génies individuels : tous,
ils
ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’ho
79
dée n’est pas simple, mais toujours dialectique ;
elle
n’est pas achevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diver
80
lectique ; elle n’est pas achevée, mais ouverte ;
elle
trouve son unité dans la diversité des couples d’éléments antagoniste
81
auté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’
il
lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoires constitu
82
n, dans ce choix permanent, dans la conscience qu’
il
a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre
83
llustre ce débat, qui se livre en chacun de nous.
Elle
est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écuei
84
enche, au nom de la justice ou de l’ordre social.
Elle
donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appelle aujourd’hui to
85
gonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’
il
accepte le dialogue et le dépasse en créations nouvelles. Il devient
86
le dialogue et le dépasse en créations nouvelles.
Il
devient infidèle à lui-même et au génie créateur de l’Europe lorsqu’i
87
lui-même et au génie créateur de l’Europe lorsqu’
il
cède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie
88
tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’
il
essaie de s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologi
89
rticularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’
il
prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyrannique.
90
ersité naturelle est devenue division arbitraire.
Elle
appauvrit nos échanges culturels. Elle laisse chacune de nos patries
91
rbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels.
Elle
laisse chacune de nos patries incapable de sauvegarder son autonomie
92
e réelle des nations. Dans l’état de faiblesse où
il
les met, il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l
93
nations. Dans l’état de faiblesse où il les met,
il
les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’interventio
94
ies et les partis la cloisonnent horizontalement.
Ils
penchent vers l’autarcie intellectuelle, comme les nations vers l’aut
95
que ne serait l’impérialisme d’une seule nation.
Il
est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’
96
ue les nations n’ont de chance de survivre que si
elles
renoncent à temps au dogme tyrannique de leur souveraineté absolue, l
97
is n’ont de chance de poursuivre leur lutte que s’
ils
en limitent l’ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et subor
98
ont en train de s’observer, par-dessus nos têtes…
Ils
n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contra
99
êtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-
ils
. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le
100
Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils.
Ils
proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proc
101
nt au contraire leur amour de la paix. Seulement,
ils
le proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus con
102
ciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’
ils
continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des c
103
ations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’
il
faut, pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par deux
104
agique simplicité. Si les choses continuent comme
elles
vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés
105
e — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’
il
en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons
106
voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix,
il
nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la Troisième puissance
107
300 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’
ils
se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
108
t bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’
ils
menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en me
109
enacent de porter tout leur poids d’un seul côté,
ils
seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauv
110
échir l’agresseur, et de sauver la paix du monde.
Il
reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, l
111
st la réalité la plus complexe de la terre, et qu’
il
s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Ce
112
s hommes — et pour eux tous, même malgré eux — qu’
il
nous faut faire l’Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines de nat
113
el panier de crabes ! disent les Américains. Mais
ils
ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères,
114
que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi
il
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l
115
sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’
il
n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’
116
re ou de l’éliminer d’une manière décisive. Quand
elles
y parviendraient pour un temps, par la force, il resterait dix autres
117
les y parviendraient pour un temps, par la force,
il
resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’
118
par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie,
il
existe une méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter
119
inition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’
il
faut absolument comprendre, et même sentir : sur tous les plans, qui
120
remment contraires mais également valables, et qu’
il
ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de ma
121
, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’
il
s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d
122
fois nous suffirait. Mais soyons sérieux : quand
il
s’agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils
123
dans nos congrès contre les « mystifications » qu’
ils
dénoncent du dehors à juste titre, mais qu’ils connaissent beaucoup m
124
qu’ils dénoncent du dehors à juste titre, mais qu’
ils
connaissent beaucoup moins bien que nous (qui nous battons chaque jou
125
ien que nous (qui nous battons chaque jour contre
elles
), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient séri
126
sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse,
ils
ne sont pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a
127
nt sérieuse, ils ne sont pas doublement présents,
ils
sont simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de
128
reprochent certaines de nos alliances tactiques.
Ils
veulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à u
129
ances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe,
ils
veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churc
130
tion : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’
il
en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça
131
tites natures récitent la leçon du jour. C’est qu’
ils
ont oublié celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est alli
132
on du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier.
Ils
oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour battre Hit
133
égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’
ils
ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain part
134
ulez demeurer libres, enfin, c’est aujourd’hui qu’
il
faut en courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre l
135
’est aujourd’hui qu’il faut en courir l’aventure.
Il
dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
136
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse.
Il
dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’
137
hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi.
Il
en résulte que les enfants élevés dans cette croyance, de même que ce
138
ité de circuler, etc. doit être punie, surtout si
elle
se répète à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors
139
e dispense ont été refusées « au nom de la loi »,
il
est arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’inspecteur
140
urer l’exercice réel de la liberté de conscience,
il
arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit de tolérance là où il e
141
ettre d’un décret tue l’esprit de tolérance là où
il
existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit d’intolérance. En Suis
142
sa fille manquait l’école le samedi matin, et qu’
il
refusait de payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à se
143
atre jours de prison. Renonçant alors à la lutte,
il
a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraît plus toléra
144
nds bien ce que vous disent les gens pressés : qu’
il
ne s’agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très pet
145
que les adventistes sont en très petit nombre, qu’
ils
ont tort de s’obstiner sur une question de numéros attribués aux jour
146
mérite pas trop d’indignation, dans une époque où
il
s’agit d’abord de sauver des millions d’innocents jetés aux camps de
147
re quotidiennement perpétrée sur des millions, et
il
est curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d’except
148
ans la considération des faits qui nous occupent.
Il
s’agit ici du respect légal de toutes les convictions religieuses en
149
er sur une question de principe, sous prétexte qu’
elle
n’intéresse qu’une minorité microscopique, c’est en réalité céder sur
150
peut conduire. Danger des lois trop simples
Il
est clair qu’une législation non pas plus « souple », mais plus compl
151
onflits du genre de ceux que l’on vient de citer.
Il
serait, par exemple, extrêmement facile d’introduire dans les règleme
152
n opposera deux objections courantes : on dira qu’
il
est trop compliqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est da
153
ompliqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’
il
est dangereux de créer des précédents dont mille sectes à l’avenir po
154
préciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’
il
s’agit de punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le
155
rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’
il
n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des dé
156
xceptionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie,
elle
se nourrit d’une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas
157
nourrit d’une double confusionj car, d’une part,
il
ne s’agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de conc
158
démocraties proclament à l’envi. Et d’autre part,
il
n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplien
159
cas de ce genre se multiplient abusivement. Quand
ils
se révéleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas un
160
codes. Si l’anarchie est mauvaise, c’est parce qu’
elle
implique le désordre. Mais une réglementation simpliste et uniforme,
161
e. Mais une réglementation simpliste et uniforme,
elle
aussi, implique mille désordres, puisqu’elle se traduit nécessairemen
162
rme, elle aussi, implique mille désordres, puisqu’
elle
se traduit nécessairement par mille applications tyranniques — et que
163
avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’
elle
ne soit parlée que par moins d’un centième de la population totale du
164
a population totale du pays. Comment ne verraient-
ils
pas qu’en assurant les droits d’une minorité religieuse, ils confirme
165
en assurant les droits d’une minorité religieuse,
ils
confirmeraient les principes qui, depuis plus d’un siècle, sont la ba
166
éral de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’
il
n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou ne suggère aucun é
167
le. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’
il
n’implique ou ne suggère aucun élément passionnel, aucune idéologie p
168
n élément passionnel, aucune idéologie politique,
il
m’a paru poser le plus clairement possible la question de principe du
169
visée par la persécution qu’une autre endure. Est-
il
nécessaire d’ajouter qu’il en va de même pour nos droits politiques e
170
’une autre endure. Est-il nécessaire d’ajouter qu’
il
en va de même pour nos droits politiques et civiques ? On ne peut sau
171
, p. 11-14. i. Présenté par la note suivante : «
Il
n’est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “to
172
: « Il n’est pas de petite ou de grande liberté.
Il
n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une religion sans en per
173
Commencer par l’Europe (février 1949)f
Il
paraît que l’idée d’un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre P
174
vernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ;
il
était temps ! C’est une idée qui était dans l’air depuis au moins tro
175
était dans l’air depuis au moins trois ans, mais
elle
y serait sans doute restée si quelques écrivains n’avaient volé au se
176
i nos idées. Cette idée en particulier : c’est qu’
il
faut lui montrer un point d’application. (Or, quand on veut engager u
177
remiers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’
il
n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial.
178
ont en train de s’observer, par-dessus nos têtes…
Ils
n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contra
179
êtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-
ils
. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le
180
Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils.
Ils
proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proc
181
nt au contraire leur amour de la paix. Seulement,
ils
le proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus con
182
ciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’
ils
continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des c
183
ations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’
il
faut pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par les d
184
agique simplicité. Si les choses continuent comme
elles
vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés
185
— une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’
il
en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est s
186
ui risque bien d’être enfin la dernière, parce qu’
elle
laissera peu de monde pour en faire une nouvelle… Mais aussi tout cel
187
ution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays,
il
nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt fa
188
voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix,
il
nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la troisième puissance
189
300 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’
ils
se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
190
t bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’
ils
menacent de porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en me
191
enacent de porter tout leur poids d’un seul côté,
ils
seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauv
192
échir l’agresseur, et de sauver la paix du monde.
Il
reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, l
193
st la réalité la plus complexe de la terre, et qu’
il
s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. C
194
s hommes — et pour eux tous, même malgré eux — qu’
il
nous faire l’Europe. Mais alors des malins viennent nous dire : tous
195
malins viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-
ils
de commun entre eux ? Quelle unité voyez-vous dans tout cela ? Eh bie
196
l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien,
ils
seront tous les uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, et
197
el panier de crabes ! disent les Américains. Mais
ils
ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères,
198
que l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi
il
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l
199
la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’
il
n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’
200
re ou de l’éliminer d’une manière décisive. Quand
elles
y parviendraient pour un temps par la force, il resterait dix autres
201
lles y parviendraient pour un temps par la force,
il
resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À supposer qu’
202
par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie,
il
existe une méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter
203
inition et l’illustre symboliquement. Voilà ce qu’
il
faut absolument comprendre, et même sentir : sur tous les plans, qui
204
remment contraires mais également valables, et qu’
il
ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de ma
205
, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’
il
s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d
206
dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂
Il
reste à préciser les positions de combat que nous assigne une pareill
207
une transformation profonde du monde actuel. Car
elle
vise tout entière — de par sa nature même, et de par la nature des ob
208
nature même, et de par la nature des obstacles qu’
elle
trouve posés en travers de sa route vers l’Europe fédérée et vers la
209
ance et l’Allemagne, par exemple, ni contester qu’
il
faille à nos pays des administrations largement autonomes. Ce que nou
210
e chaque pays, doit se réunir dans quelques mois.
Elle
aura pour mission de proposer la création d’une Cour suprême et la Co
211
tout le travail et créer l’opinion européenne. ⁂
Il
est une phrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’avoir lu
212
fois nous suffirait. Mais soyons sérieux ; quand
il
s’agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils
213
dans nos congrès contre les « mystifications » qu’
ils
dénoncent du dehors, à juste titre, mais qu’ils connaissent beaucoup
214
u’ils dénoncent du dehors, à juste titre, mais qu’
ils
connaissent beaucoup moins bien que nous (qui nous battons chaque jou
215
ien que nous (qui nous battons chaque jour contre
elles
), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient séri
216
sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse,
ils
ne sont pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a
217
t sérieuse, ils ne sont pas doublement, présents,
ils
sont simplement absents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines de
218
reprochent certaines de nos alliances tactiques.
Ils
veulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à u
219
ances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe,
ils
veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churc
220
tion : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’
il
en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça
221
tites natures récitent la leçon du jour. C’est qu’
ils
ont oublié celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est alli
222
on du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier.
Ils
oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour battre Hit
223
égards dans nos rapports avec Churchill, mais qu’
ils
ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain part
224
aison : « Nous sommes saturés de discours ! Ce qu’
il
nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ours en laisse pour am
225
om — mais sans rien déchirer, bien entendu. Ce qu’
il
nous faut, disent-ils, ce sont des apôtres ! En avez-vous ? » Pour ce
226
échirer, bien entendu. Ce qu’il nous faut, disent-
ils
, ce sont des apôtres ! En avez-vous ? » Pour ceux-là, nous avons du t
227
r ceux-là, nous avons du travail. Je leur dis : s’
il
vous faut des apôtres, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi
228
us pas le premier ? Diogène avait bien tort quand
il
cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en
229
il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne.
Il
eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en
230
ais — que le fédéralisme court sa chance, et avec
elle
les chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir
231
ous voulons demeurer libres, c’est aujourd’hui qu’
il
faut en courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre l
232
’est aujourd’hui qu’il faut en courir l’aventure.
Il
dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
233
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse.
Il
dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’
234
aleur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais
elle
a dominé par la violence aussi, et par la mise en esclavage ou en ser
235
e millions d’habitants de la planète. Finalement,
elle
a dominé d’une manière beaucoup plus subtile, et peut-être plus effec
236
s, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’
il
s’agisse de philosophie ou de technique, de science pure ou d’industr
237
puissance ; on les retourne sans scrupules contre
elle
. Mais elle reste le palladium d’une civilisation que tous rêvent d’im
238
on les retourne sans scrupules contre elle. Mais
elle
reste le palladium d’une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire
239
est sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or,
il
se trouve que d’autres continents nous ont ravi les moyens matériels
240
ssance, et nous en ont en quelque sorte purifiés.
Ils
nous ont condamnés à ne représenter que l’essentiel d’une civilisatio
241
, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’
il
ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser col
242
er par les Yankees ou annexer par les staliniens.
Ils
ont appris à se servir mieux que nous de ces armes inventées par nous
243
x que nous de ces armes inventées par nous, et qu’
ils
ont arrachées de nos mains. Si les Européens, dans leur majorité, ref
244
méricaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’
ils
sentent bien que dans le meilleur cas, en retour de certains avantage
245
r cas, en retour de certains avantages matériels,
ils
perdraient ce qui fait le sens même de leur vie. Ils céderaient contr
246
perdraient ce qui fait le sens même de leur vie.
Ils
céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aînesse. Ils sign
247
contre un plat de lentilles leur droit d’aînesse.
Ils
signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier en pâtirait,
248
ement réduite à l’essentiel de son génie, à ce qu’
il
a de plus défendable, comment allons-nous la défendre ? Là-dessus, to
249
endre ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent :
il
faut sans plus tarder fédérer nos nations, unir leurs forces dispersé
250
éen promeut, resteront sans force et sans vie, si
elles
ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de t
251
epousser les tentations russe et américaine. Mais
il
s’agit maintenant de l’informer, de lui donner des moyens d’expressio
252
ent européen s’est constituée pour y collaborer.
Elle
a commencé par fonder, avant le Centre européen de la culture, prévu
253
solutions de La Haye, un modeste Bureau d’études.
Il
a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de février de ce
254
este Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où
il
travaille depuis le mois de février de cette année. Son programme tie
255
opéens ». Des dizaines d’instituts existent, mais
ils
s’ignorent mutuellement. La première tâche sera donc de dresser un in
256
à la formation d’une jeune élite européenne ; et
il
rassemble une équipe d’historiens, en vue de la révision des manuels
257
u mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé,
ils
vont pouvoir prendre leur part d’action, assumer conjointement les dé
258
est une culture qui est faite de douze cultures.
Il
faut que chacune comprenne que son salut ne peut être assuré que par
259
jamais réelle sans le concours actif de chacune d’
elles
. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accepter nos division
260
dues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans
elles
. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles n
261
’interaction vitale de l’Europe et de la culture.
Elles
naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de l’
262
, nous suivons ses chroniques au cours desquelles
il
nous démontre de manière éclatante qu’une ère nouvelle s’ouvre au Vie
263
x Continent. Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-
il
fédérer l’Europe ? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’e
264
ont, pourquoi faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’
il
n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Féd
265
aux créateurs de la culture occidentale, afin qu’
ils
puissent examiner ensemble les grandes questions qui affectent la vie
266
mocrates ou marxistes, chrétiennes ou humanistes.
Elle
avait inventé les armes et les lois, et tous les peuples subissaient
267
, l’Europe la devait à l’esprit, car physiquement
elle
ne figure qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent de la supe
268
ut s’est écroulé. La puissance a changé de mains.
Elle
est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchu
269
a changé de mains. Elle est russe et américaine.
Elle
se retourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus qu’un petit conti
270
annexion. Naguère encore maîtresse de la planète,
elle
en est réduite à lutter pour assurer sa survivance économique, et son
271
auver ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent :
il
faut sans plus tarder fédérer ses nations, unir leurs forces dispersé
272
péen promeut, resteront sans force et sans vie si
elles
ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de t
273
ntiment de notre communauté. Ce sentiment existe,
il
n’est pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Rus
274
est justement la raison d’être de l’Europe. Mais
il
faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d’expression, le re
275
ement définir l’esprit qui l’inspire et le guide.
Il
ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en statistiques,
276
out entière et de ses destinées. Comment pourra-t-
il
donc participer aux efforts pour sauver l’Europe ? La réponse ne peut
277
de la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’
il
s’agisse là d’une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car
278
de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u
Il
peut sembler étrange qu’on parle de « faire l’Europe », quand elle ex
279
étrange qu’on parle de « faire l’Europe », quand
elle
existe depuis tant de siècles. Mais l’expression se justifie sitôt qu
280
une possibilité. À peine libérée dans ses ruines,
elle
constate qu’elle est détrônée. Entre les deux empires vainqueurs, sub
281
À peine libérée dans ses ruines, elle constate qu’
elle
est détrônée. Entre les deux empires vainqueurs, subitement élevés à
282
inqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest,
elle
prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’
283
ques tiennent une place importante dans ce livre.
Elles
convergent avec rigueur vers une thèse simple : c’est que l’union éco
284
ent exige son union politique. Voilà, me semble-t-
il
, une manière implicite d’affirmer que l’Économie obéit beaucoup moins
285
x « lois » fatales admises par le xixe siècle qu’
elle
ne traduit dans ses grandes lignes certaines attitudes humaines ou dé
286
ions fondamentales. Déterminante en bien des cas,
elle
apparaît elle-même déterminée par une certaine orientation de nos éne
287
ation de nos énergies dont j’ai toujours pensé qu’
elle
relève, au départ, de quelque choix métaphysique. La thèse soutenue p
288
ce (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais
il
tend, si l’on n’y prend garde, à évacuer la politique, au sens légiti
289
acuer la politique, au sens légitime de ce terme.
Il
tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuma
290
Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’
il
est né d’une décision proprement politique, pourra marquer, s’il abou
291
décision proprement politique, pourra marquer, s’
il
aboutit, le point de renversement d’une attitude contraire au génie d
292
l’aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’
il
s’agit de la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra
293
sformation du Comité des ministres en Sénat. Mais
il
paraît d’ores et déjà hors de question que ce sont les fédéralistes q
294
et pour une Autorité politique supranationale. S’
ils
sont parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je me
295
uveraineté nationale. Ces autres qui savent ce qu’
ils
veulent, qui disent clairement leur fin et qui exigent ses moyens, je
296
exigent ses moyens, je les appelle fédéralistes.
Il
n’est pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux
297
as juste de les considérer comme extrémistes, car
il
est faux de considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais re
298
opposition n’est pas la seule. L’Europe est née,
elle
a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur suppression artificielle
299
le. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes.
Elle
mourrait de leur suppression artificielle. Elle y perdrait le secret
300
. Elle mourrait de leur suppression artificielle.
Elle
y perdrait le secret de sa créativité, qui est aussi le secret de sa
301
parlementaire… Et dans plusieurs de ces domaines,
il
serait vain de chercher un compromis : chacune des tendances opposées
302
pposées exige d’aller au bout de sa vocation, car
elle
perdrait sa qualité constitutive, sa raison d’être, en y renonçant. Q
303
es sont les premiers à se montrer prudents, quand
il
s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux uni
304
, quand il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’
ils
sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai ce langage : Vous dit
305
tiendrai ce langage : Vous dites, messieurs, qu’
il
faut être prudents quand on s’engage dans une action si vaste. C’est
306
gés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez,
il
sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, co
307
epuis dix ans, est entrée dans la phase critique.
Elle
est presque désespérée. Elle est aussi plus près que jamais de se rés
308
s la phase critique. Elle est presque désespérée.
Elle
est aussi plus près que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est
309
s près que jamais de se résoudre en une synthèse.
Il
est vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais été
310
est vrai que l’Europe est en train de se défaire.
Elle
n’a jamais étép plus menacée, plus divisée devant le péril, — plus an
311
il, — plus angoissée et sceptique à la fois. Mais
il
n’est pas moins vrai que pour la première fois, dans toute sa longue
312
ropéens décourage des millions d’entre nous, mais
il
réveille aussi le sentiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin,
313
ette indifférence qui fait dire aux troupiers : «
Il
ne faut pas chercher à comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière p
314
es engagés. À son point de crise, où nous sommes,
il
dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais i
315
e nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais
il
faut aller vite, et viser juste. Tandis que s’esquissent, à Strasbour
316
rasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie,
il
est grand temps de définir la visée, la portée humaine de cette actio
317
nstances historiques : pourquoi l’Europe ? qu’a-t-
elle
à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’e
318
pe, d’unir l’Europe, chacun commence par dire : «
Il
n’y a plus d’Europe ! » et finit par offrir une belle définition de c
319
belle définition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’
elle
a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusie
320
ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’
elle
devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tou
321
ls prêtent ces définitions. À toutes fins utiles,
elle
partira de l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelle
322
e l’Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’
elle
est dans sa réalité physique, autre chose que ce fameux « Cap de l’As
323
as venus ici. Quand Dieu veut perdre une société,
il
ne commence pas toujours par la rendre folle, il se contente parfois
324
il ne commence pas toujours par la rendre folle,
il
se contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses é
325
e contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’
il
surcharge ses élites d’occupations accablantes et flatteuses, qui ne
326
s » de venir participer au sauvetage de l’Europe.
Ils
nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence.
327
r au sauvetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’
ils
ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence. D’autres invoquent un
328
urope. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’
ils
ont promis une conférence. D’autres invoquent un besoin subit de se r
329
pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’
ils
sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps de
330
, dans certains « camps de rééducation sociale »,
ils
auront enfin le temps de méditer sur les raisons urgentes qui motivai
331
s qui motivaient un rassemblement comme le nôtre.
Ils
comprendront qu’il est certains moments de l’histoire où l’on ne peut
332
rassemblement comme le nôtre. Ils comprendront qu’
il
est certains moments de l’histoire où l’on ne peut renverser les dest
333
e, et toutes affaires cessantes. Pour être juste,
il
faut reconnaître que beaucoup d’intellectuels redoutent non sans rais
334
ivain n’est pas indifférent au sort des livres qu’
il
publie, ni à leur diffusion, ni aux entraves qu’elle rencontre partou
335
l publie, ni à leur diffusion, ni aux entraves qu’
elle
rencontre partout aujourd’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et
336
ujourd’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et
il
n’est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de
337
uvais écrivain) — au destin de la communauté dont
il
écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir,
338
avec des groupes en pleine période de formation.
Elle
nous a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresse
339
à faire l’objet des discussions de la conférence.
Il
en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la séri
340
ons de la conférence. Il en introduit les sujets.
Il
veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions pratiques q
341
mble du congrès, siégeant en commission générale.
Il
nous apparaît qu’il y a lieu de prévoir une nouvelle commission, cons
342
rmonter ces obstacles ? C’est tout le problème qu’
il
faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À cet égard, il me
343
re. Reste à savoir dans quel esprit. À cet égard,
il
me paraît que certaines expressions chères aux experts et aux documen
344
s échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’
il
n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’uni
345
pondre un peu plus facilement de prison à prison.
Elles
doivent au contraire exiger leur « élargissement » immédiat, sans con
346
problèmes réputés « secondaires » de la culture.
Ils
tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient
347
s fiscaux sauront bientôt réduire à presque rien.
Il
en résulte au mieux quelques petits décrets concernant les voyages de
348
naître les droits que l’État s’est arrogés, et qu’
il
s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser d
349
Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’
ils
ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — échang
350
La seule idée d’une respiration organisée, n’est-
il
pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décr
351
s de créer par décrets l’unité de notre culture :
elle
existe, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer
352
r décrets l’unité de notre culture : elle existe,
elle
était aux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de s’enri
353
e culture : elle existe, elle était aux origines,
elle
n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir de mille diversités.
354
nos échanges doit correspondre un effort positif.
Il
serait insuffisant et vain de vouloir revenir simplement à la conditi
355
uire les nationalismes ; bien au contraire, c’est
elle
qui, par la suite, a succombé devant leurs exigences. Il nous faut au
356
par la suite, a succombé devant leurs exigences.
Il
nous faut aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des instit
357
tent l’unité de nos cultures dans leur diversité.
Il
faut doter l’Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’éche
358
s de travail qui soient à l’échelle continentale.
Il
faut aussi former les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l
359
mes « culturels » que le xxe siècle a vu naître,
il
est frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour
360
ècle a vu naître, il est frappant de constater qu’
il
n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité. Les
361
ique, ou à une discipline particulière. Pourtant,
il
est incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organ
362
cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous.
Il
est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant que
363
tant que tel, d’une manière systématique ; et qu’
il
n’existe aucune institution capable de renseigner sur l’Europe en gén
364
ois, a permis de serrer de plus près la question.
Il
a conduit aux conclusions pratiques dont l’exposé détaillé se trouve
365
plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’
il
faut leur réserver. Il en va de même pour le Collège d’Europe, à Brug
366
érence décidera du sort qu’il faut leur réserver.
Il
en va de même pour le Collège d’Europe, à Bruges, collège qui permett
367
deront des fonds, qui aujourd’hui n’existent pas.
Ils
pourraient facilement être créés par le blocage, au titre européen, d
368
Un ordre de priorité doit être d’urgence établi.
Il
est probable que le prix de revient d’une seule bombe atomique dépass
369
t moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’
il
ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi ma
370
e de la culture faillirait à sa vraie mission, si
elle
n’élevait pas, contre une pareille folie, le cri des hommes. Et main
371
ommune de l’Europe ? La question doit être posée.
Elle
est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il soit bien clair q
372
est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’
il
soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes
373
pe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier.
Elle
a toujours conçu sa civilisation comme un ensemble de valeurs univers
374
sation comme un ensemble de valeurs universelles.
Il
ne s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation européenne aux gr
375
s doivent se sentir plus que jamais responsables.
Il
leur incombe de rappeler sans relâche aux gouvernants, comme aux légi
376
e, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’
elle
fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureus
377
onscience européenne. Une conscience malheureuse,
il
est vrai, tourmentée, coupable, — comme toute conscience, en dernière
378
n idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré.
Il
est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait trouvé ses plus hautes
379
», Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o.
Il
s’agit du discours prononcé par Denis de Rougemont lors de la Confére
380
’est Guéhenno, c’est Jaspers, et surtout Benda qu’
il
faut interroger ; que le fédéralisme est contre les patries (mais qu’
381
ue le fédéralisme est contre les patries (mais qu’
il
juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jam
382
eusement pour l’Europe, et pour les fédéralistes,
il
n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « im
383
ritiquez est tel sans aucun doute. Mais d’où sort-
il
? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconnaître sa d
384
ie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’
il
soit possible de l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’a
385
xclue ? Vous démontrez, au paragraphe suivant, qu’
il
serait vain d’espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous
386
Staline.) 2° « Les États-Unis d’Europe… Eh bien,
il
paraît qu’ils sont là !… » Je ne sais qui vous l’a dit, mais c’est un
387
« Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’
ils
sont là !… » Je ne sais qui vous l’a dit, mais c’est une fausse nouve
388
’est une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’
elle
serait vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à
389
nseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’
il
a déjà son statut (en quarante-deux articles) ». Montrez-nous donc un
390
que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’
il
serve provisoirement, à sa place, et malgré ses très graves imperfect
391
ur de l’union européenne, mais je ne sache pas qu’
il
ait jamais passé pour un « doctrinaire », et je voudrais bien qu’il s
392
é pour un « doctrinaire », et je voudrais bien qu’
il
se déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé
393
colère se trompe d’adresse. De quoi ce lapsus est-
il
révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous des gens que vous n’ave
394
tre, ont parlé de l’Europe avec une vague idée qu’
elle
ferait bien de s’unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout
395
des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’
ils
estiment un peu obscur. Si mon projet vous paraît encore « faux et im
396
ien qu’en se faisant toutes petites et mignonnes.
Elles
ont besoin de vous aussi, non point pour les louer contre nous, mais
397
Il
est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950
398
Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t
Il
est impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps
399
’Europe est réduite à l’impuissance politique, si
elle
est colonisée par l’Amérique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie p
400
ique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’
elle
désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’Europe disparaît du je
401
icacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance.
Elle
sera peut-être unie, c’est même plus que probable, par les soins d’ex
402
police qui a fait ses preuves ailleurs déjà. Mais
elle
aura perdu le ressort de son pouvoir transformateur du monde, ce pouv
403
berté ? L’Europe sans sa culture, réduite à ce qu’
elle
est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé
404
aissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-
il
donc de ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les deux
405
ation européenne. Pour le bien comme pour le mal,
il
imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de con
406
ture, l’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’
elle
a de moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les
407
scription : leurs traits les plus frappants et qu’
ils
croient spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre fonds,
408
me suffiront. Entre l’Amérique et nous, qu’y a-t-
il
de commun ? Il y a tous les principes fondamentaux de notre civilisat
409
erté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous,
il
n’y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pour eux cela signifie
410
us liberté politique. s. Rougemont Denis de, «
Il
est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », France in
411
eur de cette poésie fait reculer le commentaire :
elle
est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses mesures. La premiè
412
e fait reculer le commentaire : elle est un acte,
elle
se pose là, posant elle-même ses mesures. La première page d’Anabase
413
me ses mesures. La première page d’Anabase lorsqu’
elle
parut, constitua pour nous le fait du prince, toute référence superfl
414
e, en Amérique. Au long des avenues de Manhattan,
il
marchait lentement, régulièrement, comme ceux qui vont très loin, ou
415
empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont
il
parle dans Neiges, « hôte précaire de l’instant, homme sans preuve ni
416
aire de l’instant, homme sans preuve ni témoin »,
il
nous donnait un haut exemple du bon usage de l’exil : sans plainte, a
417
grand litige ; aussi actif dans la réceptivité qu’
il
avait su rester sensible dans l’action ; soucieux de voir, non d’être
418
vant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’
il
est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les rel
419
ndale de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’
il
s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement de l’œil au
420
trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème,
il
crée littéralement le sens. (Point de départ d’une rhétorique.) Un co
421
aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’
il
inspire à l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant
422
, du dégoût de vivre ou des chagrins intimes. Qu’
ils
n’aillent dire : tristesse… s’y plaisant… Interdiction faite au poète
423
ion : temps faible d’un grand rythme souple, dont
il
devrait être interdit de l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus g
424
ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’
il
prend conseil de ces menées nouvelles au lit du vent. Et c’est con
425
, ouvrent les voies d’un grand lyrisme américain.
Ils
sont classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les élém
426
f « grandes » et le mot « monde » à chaque page :
il
ne s’agit plus d’états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la
427
çons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », —
il
semblera surprenant qu’un Français ait ouvert aux Américains les pers
428
ar excès de sagesse », d’une France vers laquelle
il
rêve son retour avec le vent des Amériques. Au plus haut point de ce
429
ne, non dans la précession des équinoxes », et qu’
il
nous aide ! par le chant d’une Europe future. Car, ainsi que l’écrit
430
’écrit Montesquieu — je ne sais plus de qui, mais
il
n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âme de plus gra