1
L’
idée fédéraliste (1948)b On peut penser avec le philosophe Jaspers
2
L’idée fédéraliste (1948)b On peut penser avec
le
philosophe Jaspers que l’Europe du xxe siècle n’a plus le choix « qu
3
On peut penser avec le philosophe Jaspers que
l’
Europe du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et
4
ophe Jaspers que l’Europe du xxe siècle n’a plus
le
choix « qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ». La balkanisat
5
urope du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre
la
balkanisation et l’helvétisation ». La balkanisation signifierait pra
6
n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et
l’
helvétisation ». La balkanisation signifierait pratiquement la désinté
7
« qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ».
La
balkanisation signifierait pratiquement la désintégration du continen
8
ion ». La balkanisation signifierait pratiquement
la
désintégration du continent en nationalismes rivaux. L’helvétisation
9
intégration du continent en nationalismes rivaux.
L’
helvétisation signifierait l’intégration fédérale des nations, renonça
10
ationalismes rivaux. L’helvétisation signifierait
l’
intégration fédérale des nations, renonçant à leur souveraineté absolu
11
rofit d’une constitution commune. Dans cette vue,
la
Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si
12
it une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si
l’
on est disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent au
13
on exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à
l’
admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’esprit.
14
deux réserves préalables se présentent aussitôt à
l’
esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments de
15
t. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont
les
éléments de notre expérience helvétique qui méritent d’être donnés en
16
tilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle.
La
question de nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît ca
17
vaste échelle. La question de nos dimensions dans
l’
espace et dans le temps apparaît capitale à cet égard. En termes d’his
18
question de nos dimensions dans l’espace et dans
le
temps apparaît capitale à cet égard. En termes d’histoire suisse, not
19
ente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier
les
phases et l’évolution interne, en discuter les avantages et les incon
20
tradition ; nous pouvons en étudier les phases et
l’
évolution interne, en discuter les avantages et les inconvénients pour
21
er les phases et l’évolution interne, en discuter
les
avantages et les inconvénients pour nous autres Suisses. Mais si nous
22
l’évolution interne, en discuter les avantages et
les
inconvénients pour nous autres Suisses. Mais si nous passons du plan
23
si nous passons du plan de cette microhistoire à
l’
histoire générale, tout change. Nous voyons tout d’abord que cent ans,
24
e celle-ci ne s’étend que sur le dernier tiers de
l’
ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l’hi
25
laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de
l’
histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dernier
26
-mêmes ne couvrent que le dernier cinquantième de
la
durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il résul
27
r cinquantième de la durée généralement admise de
l’
humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédérale
28
de la durée généralement admise de l’humanité sur
la
planète. D’où il résulte que notre expérience fédérale ne représente
29
e ne représente guère que la dernière minute dans
l’
heure qu’aurait duré la civilisation. Ces considérations, dans leur si
30
ue la dernière minute dans l’heure qu’aurait duré
la
civilisation. Ces considérations, dans leur simplicité, sont propres
31
leur simplicité, sont propres à nous rappeler que
l’
évolution humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas
32
tissement absolu mais un instant transitoire dans
la
marche vers d’autres formes politiques et sociales, presque impossibl
33
uiront probablement, comme une goutte de vin dans
la
mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites dans le temps
34
te, ce rappel à nos dimensions très réduites dans
le
temps comme dans l’espace nous suggère une analogie, ou une image au
35
dimensions très réduites dans le temps comme dans
l’
espace nous suggère une analogie, ou une image au moins, du rôle que n
36
ge au moins, du rôle que nous pourrons jouer dans
le
monde. En effet, les proportions de notre expérience à l’histoire gén
37
que nous pourrons jouer dans le monde. En effet,
les
proportions de notre expérience à l’histoire générale sont à peu près
38
. En effet, les proportions de notre expérience à
l’
histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’es
39
e à l’histoire générale sont à peu près celles de
la
graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement
40
re générale sont à peu près celles de la graine à
l’
arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé, ac
41
mais qui ne prend son sens et sa valeur que dans
la
mesure où il meurt et se perd dans le développement des forces et des
42
ur que dans la mesure où il meurt et se perd dans
le
développement des forces et des formes qu’il contient en germe et qu’
43
a fois un aboutissement et un commencement. C’est
le
lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines
44
et un commencement. C’est le lieu d’un passage de
la
vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuv
45
mencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à
la
vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mouri
46
C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par
la
mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mourir de deux m
47
un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes
les
graines meurent, mais elles peuvent mourir de deux manières : les une
48
ent, mais elles peuvent mourir de deux manières :
les
unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’humus, les autres don
49
ne laissent qu’à peine leur poids minime d’humus,
les
autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra, certes, lu
50
mourra, certes, lui aussi, ainsi que meurent tous
les
États. Mais peut-être ne mourra-t-il que dans sa réalisation à une éc
51
n à une échelle infiniment plus vaste ? Telle est
la
chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui
52
le infiniment plus vaste ? Telle est la chance de
la
Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront.
53
lus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans
l’
histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance d’une
54
dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui
le
suivront. La chance d’une graine. Transposons maintenant ces symboles
55
ire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront.
La
chance d’une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons
56
ntenant ces symboles. Traduisons graine par idée.
Le
dilemme revient à ceci : ou bien notre État fédéral, après un siècle
57
parce qu’il aura gardé son idée pour lui seul et
l’
aura épuisée en soi ; ou bien au contraire cette idée que notre État a
58
iée aux dimensions continentales. ⁂ Quand on cite
l’
exemple helvétique, à propos d’un projet d’États-Unis d’Europe ou de g
59
d’États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial,
l’
objection immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la sui
60
ent mondial, l’objection immédiate qui surgit sur
les
lèvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pou
61
diate qui surgit sur les lèvres des étrangers est
la
suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’est
62
e s’agit que des modalités typiquement suisses de
la
mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée
63
tés typiquement suisses de la mise en pratique de
l’
idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérien
64
ique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de
l’
idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement plus
65
aliste en soi. Elle est très simple, comme toutes
les
grandes idées, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une
66
ela beaucoup plus « moderne » et scientifique que
les
théories totalitaires, liées à l’esprit rationaliste ou romantique du
67
ientifique que les théories totalitaires, liées à
l’
esprit rationaliste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut être c
68
ndre, un plan statique à réaliser en x années par
la
réduction impitoyable des résistances, mais elle est au contraire le
69
yable des résistances, mais elle est au contraire
le
secret d’un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’ag
70
ne après l’autre. On ne saurait trop insister sur
le
double mouvement, sur l’interaction, sur la dialectique ou sur la bip
71
aurait trop insister sur le double mouvement, sur
l’
interaction, sur la dialectique ou sur la bipolarité, comme on voudra,
72
r sur le double mouvement, sur l’interaction, sur
la
dialectique ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est le batteme
73
ent, sur l’interaction, sur la dialectique ou sur
la
bipolarité, comme on voudra, qui est le battement du cœur de ce systè
74
ue ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est
le
battement du cœur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas s
75
, qui est le battement du cœur de ce système. Car
le
fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union, comme le mot Bund
76
Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans
l’
union, comme le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le pe
77
sme ne consiste pas seulement dans l’union, comme
le
mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le penser ; et en re
78
ent dans l’union, comme le mot Bund peut incliner
les
Suisses alémaniques à le penser ; et en retour, il ne consiste pas se
79
mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à
le
penser ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonomie
80
; et en retour, il ne consiste pas seulement dans
l’
autonomie des régions, cantons ou nations, ainsi que le conçoivent tro
81
onomie des régions, cantons ou nations, ainsi que
le
conçoivent trop souvent les Suisses romands ; mais il consiste précis
82
ou nations, ainsi que le conçoivent trop souvent
les
Suisses romands ; mais il consiste précisément dans l’équilibre soupl
83
isses romands ; mais il consiste précisément dans
l’
équilibre souple entre l’union et l’autonomie des parties, dans leur c
84
onsiste précisément dans l’équilibre souple entre
l’
union et l’autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue
85
cisément dans l’équilibre souple entre l’union et
l’
autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue de leur re
86
». Dans ce sens, il nous sera permis de dire que
la
politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique tout court,
87
e la politique fédéraliste n’est rien d’autre que
la
politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot. Elle est do
88
rien d’autre que la politique tout court, au sens
le
plus légitime de ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthode
89
au sens le plus légitime de ce mot. Elle est donc
l’
antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques par définit
90
par définition, puisqu’elles consistent à écraser
les
diversités par incapacité de les composer en un tout organique et viv
91
istent à écraser les diversités par incapacité de
les
composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce que
92
organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce que
l’
idée fédéraliste est à la fois très simple à sentir et très délicate à
93
imple à sentir et très délicate à formuler, qu’on
la
trouve en fait si rarement formulée dans notre histoire. Il est certa
94
ertain qu’elle a guidé plus ou moins consciemment
les
principales décisions de notre vie politique pendant des siècles, et
95
e n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à
la
commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la
96
la commenter et à philosopher à son sujet. Comme
la
vie même — étant la vie de notre praxis politique — elle allait sans
97
hilosopher à son sujet. Comme la vie même — étant
la
vie de notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La
98
xis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici.
La
nécessité présente de l’affermir en face du défi que représente l’esp
99
it sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente de
l’
affermir en face du défi que représente l’esprit totalitaire, et aussi
100
ente de l’affermir en face du défi que représente
l’
esprit totalitaire, et aussi de la propager, car la meilleure défense
101
que représente l’esprit totalitaire, et aussi de
la
propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à
102
’esprit totalitaire, et aussi de la propager, car
la
meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à en exprimer la th
103
de la propager, car la meilleure défense est dans
l’
attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux
104
nse est dans l’attaque, nous invite à en exprimer
la
theoria. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en cherchant à dégager, a
105
à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux
le
faire qu’en cherchant à dégager, après coup, les quelques principes d
106
x le faire qu’en cherchant à dégager, après coup,
les
quelques principes directeurs qui semblent avoir inspiré l’action tou
107
s principes directeurs qui semblent avoir inspiré
l’
action tout empirique de nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naîtr
108
spiré l’action tout empirique de nos ancêtres. 1.
Le
fédéralisme ne peut naître que du renoncement à toute idée d’hégémoni
109
atrice exercée par l’une des nations composantes.
Les
luttes des Waldstätten contre Zurich, puis des cantons campagnards co
110
ontre Zurich, puis des cantons campagnards contre
les
villes, et finalement l’attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbu
111
tons campagnards contre les villes, et finalement
l’
attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbund, illustrent ce princip
112
e fondamental dans notre histoire. C’est pourquoi
la
Suisse ne verra jamais sans une méfiance légitime certains « grands »
113
une méfiance légitime certains « grands » prendre
l’
initiative d’une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléo
114
itiative d’une fédération européenne ou mondiale.
L’
échec de Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’
115
et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier
l’
Europe indiquent d’une manière négative cette même vérité simple que n
116
ssite confirme : à savoir qu’on ne peut atteindre
la
fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, les
117
à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est
l’
union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuvent
118
impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’à
l’
unification, caricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peu
119
euvent conduire qu’à l’unification, caricature de
l’
union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à
120
’unification, caricature de l’union véritable. 2.
Le
fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de systèm
121
cement à tout esprit de système. Ce qui vaut pour
l’
impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On po
122
i pour celui d’une idéologie. On pourrait définir
l’
attitude fédéraliste comme un refus constant et instinctif de recourir
123
simples de lignes, claires et satisfaisantes pour
la
logique, mais par là même infidèles au réel, vexantes pour les minori
124
mais par là même infidèles au réel, vexantes pour
les
minorités, destructrices des diversités qui sont la condition de la v
125
minorités, destructrices des diversités qui sont
la
condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre
126
ructrices des diversités qui sont la condition de
la
vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan
127
fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3.
Le
fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera q
128
pas de problème des minorités. On objectera que
le
totalitarisme, lui aussi, supprime ce problème : mais c’est en suppri
129
, supprime ce problème : mais c’est en supprimant
les
minorités qui le posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe)
130
lème : mais c’est en supprimant les minorités qui
le
posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe) dans tout système
131
quantitatif ; il y a fédéralisme partout où c’est
la
qualité qui prime. Par exemple : le totalitarisme voit une injustice
132
tout où c’est la qualité qui prime. Par exemple :
le
totalitarisme voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’une mi
133
talitarisme voit une injustice ou une erreur dans
le
fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à
134
ce ou une erreur dans le fait qu’une minorité ait
les
mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne repr
135
mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux
la
minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédér
136
yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et
le
plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse
137
représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour
le
fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant,
138
ect des qualités ne se traduit pas seulement dans
le
mode d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière
139
ut, et d’une manière beaucoup plus efficace, dans
les
coutumes de notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse
140
coutumes de notre vie politique et culturelle, où
l’
on voit la Suisse romande ou la Suisse italienne jouer un rôle sans pr
141
e notre vie politique et culturelle, où l’on voit
la
Suisse romande ou la Suisse italienne jouer un rôle sans proportion a
142
et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou
la
Suisse italienne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre de leu
143
isse italienne jouer un rôle sans proportion avec
le
chiffre de leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le
144
habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin
le
fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contraste avec l
145
mètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur
l’
amour de la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui car
146
és. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour de
la
complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise l’
147
sur l’amour de la complexité, par contraste avec
le
simplisme brutal qui caractérise l’esprit totalitaire. L’amour (plus
148
ontraste avec le simplisme brutal qui caractérise
l’
esprit totalitaire. L’amour (plus encore que le respect ou que la simp
149
isme brutal qui caractérise l’esprit totalitaire.
L’
amour (plus encore que le respect ou que la simple tolérance) des comp
150
se l’esprit totalitaire. L’amour (plus encore que
le
respect ou que la simple tolérance) des complexités culturelles, psyc
151
taire. L’amour (plus encore que le respect ou que
la
simple tolérance) des complexités culturelles, psychologiques, et mêm
152
s, psychologiques, et même économiques, telle est
la
santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis sont ceux que Jacob Bu
153
hétique de « terribles simplificateurs ». Lorsque
les
étrangers s’étonnent de l’extrême complication des institutions suiss
154
ificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de
l’
extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouvemen
155
extrême complication des institutions suisses, de
l’
espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, commu
156
convient de leur montrer que cette complexité est
la
condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionna
157
elés au concret, forcés de rester en contact avec
les
réalités humaines du pays. La Suisse est formée d’une multitude de gr
158
er en contact avec les réalités humaines du pays.
La
Suisse est formée d’une multitude de groupes politiques, culturels, a
159
stratifs, linguistiques, religieux, qui n’ont pas
les
mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de cent manièr
160
ileraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions,
la
personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile
161
facile de décréter sur table rase, de simplifier
les
réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de for
162
éalités d’un trait de plume, de tirer des plans à
la
règle et de forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui r
163
te, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais c’est
la
vitalité civique d’un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéra
164
. Une politique fédéraliste, telle qu’on vient de
la
décrire, suppose infiniment plus de soins, d’ingéniosité technique et
165
t pourquoi je disais plus haut qu’elle représente
la
politique par excellence. Et c’est pourquoi je vois en elle le seul a
166
par excellence. Et c’est pourquoi je vois en elle
le
seul avenir possible de l’Europe, et le don que nous pouvons lui fair
167
urquoi je vois en elle le seul avenir possible de
l’
Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous
168
s en elle le seul avenir possible de l’Europe, et
le
don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous-mêmes. b.
169
fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis de, «
L’
idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Éditions
170
b. Rougemont Denis de, « L’idée fédéraliste »,
La
Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Éditions patriotiques, 1948, p.
171
Essai sur
l’
avenir (1948)a 1. Parabole des fées Tout cela est très jol
172
le des fées Tout cela est très joli ! disait
le
Docteur, mais quoi, la science reste la science, la seule méthode hon
173
ela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi,
la
science reste la science, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprou
174
! disait le Docteur, mais quoi, la science reste
la
science, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou
175
Docteur, mais quoi, la science reste la science,
la
seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou de construc
176
goureuse, éprouvée, d’analyse ou de construction.
La
seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse. Vous semblez cr
177
ée, d’analyse ou de construction. La seule utile,
la
seule qui réussisse et qui progresse. Vous semblez croire que nous so
178
roire que nous sommes libres, après Heisenberg et
la
Bombe, de penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon !
179
importe quoi, et que cela changera tout. Pardon !
La
science produit des preuves que vos superstitions seraient bien en pe
180
nte des machines qui font déjà mille kilomètres à
l’
heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe ato
181
Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de
la
bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vous d
182
, du genre de la bombe atomique, ses spéculations
les
plus « folles » ! Libre à vous de prendre pour but l’évocation des fé
183
lus « folles » ! Libre à vous de prendre pour but
l’
évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner le m
184
es du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner
le
moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-j
185
ous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-je,
la
preuve que la science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujo
186
vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que
la
science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’alle
187
voilà qui est utile au surplus. Personne n’osant
le
contester autour de moi, je crois prudent de l’accepter. J’admets aus
188
t le contester autour de moi, je crois prudent de
l’
accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et ne
189
e crois prudent de l’accepter. J’admets aussi que
l’
évocation des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. M
190
n des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour
le
moment. Mais veuillez supposer maintenant que dans quelques lustres,
191
ez supposer maintenant que dans quelques lustres,
les
hommes cessent de trouver amusant d’aller plus vite, et donc commence
192
u et principal soit d’évoquer quelque chose comme
les
fées, et qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles d’application
193
ois siècles d’application des bons esprits. Voilà
le
sérieux nouveau, l’utilité urgente. Ces fées donnent la paix du cœur
194
ation des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau,
l’
utilité urgente. Ces fées donnent la paix du cœur dans la souffrance,
195
ieux nouveau, l’utilité urgente. Ces fées donnent
la
paix du cœur dans la souffrance, inventent mille tours sentimentaux i
196
té urgente. Ces fées donnent la paix du cœur dans
la
souffrance, inventent mille tours sentimentaux insoupçonnés de notre
197
ntimentaux insoupçonnés de notre barbarie, créent
l’
immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques
198
onnés de notre barbarie, créent l’immobilité dont
le
sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques sectes populaires,
199
st vénéré par quelques sectes populaires, font de
la
mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répét
200
sel à être répétée, étouffent d’une seule pensée
les
explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but la constr
201
cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but
la
construction d’un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évo
202
r atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué
la
moindre fée. Nous vous laissons à vos enfantillages.1 2. Utopies
203
enfantillages.1 2. Utopies et prévisions
La
faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles paraissent moins riche
204
est qu’elles paraissent moins riches d’avenir que
le
présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme un système s
205
es d’avenir que le présent. On peut même dire que
l’
Utopie se définit comme un système sans avenir. C’est que la plupart d
206
istoriens dans leurs descriptions du passé. Comme
l’
a fait remarquer Toynbee, les utopies sont en réalité des « programmes
207
tions du passé. Comme l’a fait remarquer Toynbee,
les
utopies sont en réalité des « programmes d’action déguisés en descrip
208
s en descriptions sociologiques imaginaires », et
l’
action qu’elles proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un cer
209
», et l’action qu’elles proposent n’est autre que
l’
arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On
210
e société en décadence. On isole de cette société
les
éléments que l’on considère comme bons, et l’on en compose un système
211
dence. On isole de cette société les éléments que
l’
on considère comme bons, et l’on en compose un système en équilibre pe
212
té les éléments que l’on considère comme bons, et
l’
on en compose un système en équilibre permanent, à l’abri des menaces
213
n en compose un système en équilibre permanent, à
l’
abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensible
214
abri des menaces vulgaires comme des créations de
l’
esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité toujour
215
prit, insensible aux défis toujours renouvelés de
la
réalité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire. Est
216
ité toujours mouvante, — bref, hors du courant de
l’
Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins stat
217
courant de l’Histoire. Est-il possible d’imaginer
l’
avenir d’une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient l
218
e moins statique par hypothèse ? Quelles seraient
les
conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de composer
219
omposer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas
la
liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins deux sol
220
s deux solutions possibles. Détourner constamment
l’
imagination de la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la rame
221
possibles. Détourner constamment l’imagination de
la
ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obsta
222
e la ligne de moindre résistance à ses désirs, et
la
ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est
223
oindre résistance à ses désirs, et la ramener sur
les
obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen d
224
acles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est
le
vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’iss
225
ent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de
la
passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue de nos efforts
226
la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur
l’
issue de nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du
227
anticipation sur l’issue de nos efforts présents,
les
conduites qui pourront résulter du succès même de ces efforts. (C’est
228
r beaucoup de nos meneurs politiques : ils voient
les
conditions de leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus
229
nditions de leur victoire, mais non ses suites.2)
L’
effort le plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son suc
230
de leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort
le
plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son succès qu’ai
231
mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu,
le
mieux organisé et le plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ic
232
2) L’effort le plus soutenu, le mieux organisé et
le
plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ici le monde occidental
233
plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ici
le
monde occidental, c’est celui de dominer la nature par la science, da
234
u’ici le monde occidental, c’est celui de dominer
la
nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel,
235
occidental, c’est celui de dominer la nature par
la
science, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de
236
t celui de dominer la nature par la science, dans
l’
espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements
237
nature par la science, dans l’espoir d’augmenter
le
confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne
238
e, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel,
la
vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort
239
fort matériel, la vitesse de nos déplacements, et
la
durée moyenne de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est rel
240
tesse de nos déplacements, et la durée moyenne de
la
vie. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xvi
241
nos déplacements, et la durée moyenne de la vie.
L’
effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xviiie siè
242
igieux s’est relâché à partir du xviiie siècle ;
l’
effort pour trouver un équilibre humain plus large et plus fécond que
243
ge et plus fécond que celui du confort en a pâti.
L’
effort pour établir un ordre social acceptable, tantôt se disperse ent
244
en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul
l’
effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre
245
s, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de
la
science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès
246
ésordres fixés. Seul l’effort de la science (dont
le
sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès constant et mesur
247
l’effort de la science (dont le sous-produit est
l’
industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble se p
248
s de succès toujours accrues. Il en résulte, dans
les
masses, certaines croyances un peu folles, mais assez naturelles, don
249
lles, dont je ne donnerai que trois exemples : 1.
la
science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de la possession de
250
s exemples : 1. la science a toujours raison ; 2.
le
bonheur dépend de la possession de certains objets neufs ; 3. aller p
251
ience a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de
la
possession de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien
252
s neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi.
La
vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’
253
un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux
la
preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». En retour, no
254
. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que
la
science joue, donc qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons de
255
nous refusons de croire ce que nous pensons que «
l’
état présent » de la science nie ou condamne, et nous accordons à cett
256
ire ce que nous pensons que « l’état présent » de
la
science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autorité
257
ie ou condamne, et nous accordons à cette science
l’
autorité que nous retirons à la religion et aux morales qui en dériven
258
ns à cette science l’autorité que nous retirons à
la
religion et aux morales qui en dérivent. La conception du monde la pl
259
ons à la religion et aux morales qui en dérivent.
La
conception du monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Oc
260
x morales qui en dérivent. La conception du monde
la
plus courante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour
261
monde la plus courante aujourd’hui est celle que
les
Occidentaux tiennent pour scientifique. Or elle demeure matérialiste
262
Or elle demeure matérialiste et mécaniste, quand
la
science est depuis trente ans énergétique et statistique… Cependant,
263
trente ans énergétique et statistique… Cependant,
l’
on peut imaginer qu’une large élite rejoindra peu à peu la science qu’
264
t imaginer qu’une large élite rejoindra peu à peu
la
science qu’elle vénère, ou du moins s’informera de ses dernières conc
265
moins s’informera de ses dernières conclusions, à
la
faveur du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physiq
266
, à la faveur du temps d’arrêt que semble marquer
l’
avant-garde de la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir att
267
temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de
la
physique mathématique. Car celle-ci semble avoir atteint, provisoirem
268
, une certaine limite. Je dirais qu’elle a touché
le
fond, et même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’éne
269
dirais qu’elle a touché le fond, et même qu’elle
l’
a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, donc en réduisant l
270
qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de
l’
énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel, po
271
menant un atome à de l’énergie, donc en réduisant
la
matière à quelque chose d’immatériel, pour parler un langage grossier
272
sier. (Mais c’est celui, précisément, dans lequel
la
grande majorité de nos contemporains traduisent les résultats de la s
273
a grande majorité de nos contemporains traduisent
les
résultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autor
274
de nos contemporains traduisent les résultats de
la
science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notion
275
ultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour
la
suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjectivisme,
276
’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.)
Les
notions de choix arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont
277
sme, de transcendance, sont de nouveau reçues par
les
mathématiciens et les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à
278
sont de nouveau reçues par les mathématiciens et
les
biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême ne peut nou
279
mathématiciens et les biologistes. D’autre part,
la
vitesse poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi
280
s biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à
l’
extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-dir
281
oussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que de
l’
« à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notre h
282
qu’à gagner du temps. Mais quand nous aurons tout
le
temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science et la vitesse tendent par
283
s aurons tout le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi
la
science et la vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dé
284
le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science et
la
vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dénaturer les ob
285
nt par leur succès même à dépasser et à dénaturer
les
objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait. ⁂ La dominatio
286
même à dépasser et à dénaturer les objectifs que
le
bon sens matérialiste leur assignait. ⁂ La domination complète du mil
287
fs que le bon sens matérialiste leur assignait. ⁂
La
domination complète du milieu naturel par nos techniques est déjà mie
288
réalisation pratique et généralisée, pour toutes
les
classes et tous les peuples est cependant freinée par diverses passio
289
e et généralisée, pour toutes les classes et tous
les
peuples est cependant freinée par diverses passions que notre effort
290
se développer, ou même a provoquées. Par exemple,
la
passion nationaliste, indéfendable aux yeux de la science et de la ra
291
la passion nationaliste, indéfendable aux yeux de
la
science et de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des trans
292
aliste, indéfendable aux yeux de la science et de
la
raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer d’
293
science et de la raison, neutralise pratiquement
la
vitesse des transports. (Passer d’Europe en Amérique ne prenait guère
294
ique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à
l’
époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de dé
295
e vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir
les
visas, devises, affidavits, etc.) La passion politique draine et enfl
296
n d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.)
La
passion politique draine et enflamme nos facultés irrationnelles, sup
297
caux. Ces deux passions produisent des guerres, à
la
faveur desquelles les possibilités destructrices de la technique sont
298
ns produisent des guerres, à la faveur desquelles
les
possibilités destructrices de la technique sont « mises à la portée d
299
veur desquelles les possibilités destructrices de
la
technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup
300
ités destructrices de la technique sont « mises à
la
portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le
301
e la technique sont « mises à la portée de toutes
les
bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilité
302
les bourses », beaucoup plus généreusement que ne
le
sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On
303
ses », beaucoup plus généreusement que ne le sont
les
possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut pen
304
e le sont les possibilités constructrices pendant
les
périodes de paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisati
305
pendant les périodes de paix. On peut penser que
l’
unilatéralité, la spécialisation de notre effort scientifique, provoqu
306
odes de paix. On peut penser que l’unilatéralité,
la
spécialisation de notre effort scientifique, provoque ainsi les force
307
tion de notre effort scientifique, provoque ainsi
les
forces les mieux faites pour mettre en échec son ambition prométhéenn
308
re effort scientifique, provoque ainsi les forces
les
mieux faites pour mettre en échec son ambition prométhéenne. Une autr
309
prométhéenne. Une autre conséquence indirecte de
l’
effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la not
310
de l’effort scientifique doit être indiquée ici.
La
vulgarisation de la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste
311
fique doit être indiquée ici. La vulgarisation de
la
notion de loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la s
312
au sens déterministe et mécaniste que lui donnait
la
science du siècle passé) favorise l’abdication des responsabilités pe
313
lui donnait la science du siècle passé) favorise
l’
abdication des responsabilités personnelles. Les « lois » que nous mul
314
se l’abdication des responsabilités personnelles.
Les
« lois » que nous multiplions avec une hâte suspecte dans des domaine
315
te dans des domaines encore mal étudiés, tels que
l’
économie, la psychologie, la sociologie, nous servent en fait d’alibis
316
domaines encore mal étudiés, tels que l’économie,
la
psychologie, la sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous somme
317
mal étudiés, tels que l’économie, la psychologie,
la
sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés de just
318
er en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps
l’
on eût appelées faiblesse de caractère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi n
319
iberté ce que nous gagnons en confort (qui est de
l’
ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l
320
ue nous gagnons en confort (qui est de l’ordre de
la
nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du ch
321
st de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que
la
liberté se réalise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’à no
322
té). Nous oublions que la liberté se réalise dans
l’
acte du choix ; nous allons même jusqu’à nous figurer qu’elle consiste
323
jusqu’à nous figurer qu’elle consiste à « avoir »
la
disposition d’un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter
324
ix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter
la
Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en répon
325
u… 3. Surmonter la Guerre S’il est vrai que
les
civilisations se développent en réponse à des challenges variés, et q
326
nous prévoir à partir du complexe de tensions que
l’
on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature, nous n’avons pas
327
que l’on vient de caractériser ? Au challenge de
la
Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, il s
328
pondu par une victoire totale, il s’en faut, mais
les
moyens de cette victoire sont désormais entre nos mains. La principal
329
de cette victoire sont désormais entre nos mains.
La
principale résistance au progrès technique déjà n’est plus dans la ma
330
istance au progrès technique déjà n’est plus dans
la
matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planète n’est plus
331
chnique déjà n’est plus dans la matière mais dans
l’
homme. Notre existence sur la planète n’est plus menacée par les éléme
332
la matière mais dans l’homme. Notre existence sur
la
planète n’est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c
333
e existence sur la planète n’est plus menacée par
les
éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire par nos passions. Deux
334
s poursuivons notre effort technique (maîtrise de
l’
énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nationa
335
rise de l’énergie atomique) en laissant en friche
le
champ des passions (nationalisme, politique partisane). Les passions
336
des passions (nationalisme, politique partisane).
Les
passions s’emparent de la technique et provoquent la guerre atomique.
337
politique partisane). Les passions s’emparent de
la
technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont tel
338
passions s’emparent de la technique et provoquent
la
guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologiq
339
de la technique et provoquent la guerre atomique.
Les
destructions sont telles, et le choc psychologique de telle nature, q
340
guerre atomique. Les destructions sont telles, et
le
choc psychologique de telle nature, que la civilisation occidentale s
341
es, et le choc psychologique de telle nature, que
la
civilisation occidentale se disloque en îlots plus ou moins intacts d
342
une mer de ruines, au-dessus de laquelle se meut
l’
esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se désintègrent
343
dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme.
Les
derniers lieux communs moraux se désintègrent. Il reste assez d’homme
344
ici et là des apparences de « vie normale », mais
les
liens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne
345
ens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi.
La
méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des
346
es agents secrets, des policiers ou des fugitifs.
Les
sociétés de gangsters se multiplient. Dans des communautés illuminist
347
lles et des formes nouvelles de résistance contre
l’
État vainqueur et son empire, théoriquement universel. De ces communau
348
ne organisation mondiale contrôlant effectivement
les
armes atomiques. La guerre devient impossible. Les frontières devienn
349
ale contrôlant effectivement les armes atomiques.
La
guerre devient impossible. Les frontières deviennent insensibles. L’e
350
es armes atomiques. La guerre devient impossible.
Les
frontières deviennent insensibles. L’effort technique peut alors élar
351
mpossible. Les frontières deviennent insensibles.
L’
effort technique peut alors élargir ses triomphes : neutralisation du
352
lacements libres et presque instantanés sur toute
l’
étendue de la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde,
353
res et presque instantanés sur toute l’étendue de
la
planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde, il n’y a plu
354
étendue de la planète. Pour la première fois dans
l’
histoire du monde, il n’y a plus qu’une seule civilisation (l’occident
355
u monde, il n’y a plus qu’une seule civilisation (
l’
occidentale, enrichie d’apports orientaux tardifs) ; une seule nation
356
seule nation souveraine, de type fédéraliste ; et
la
question sociale, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans la p
357
e, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans
la
prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle, on peut prévoir à
358
du xxe siècle, on peut prévoir à chances égales
la
guerre et la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle t
359
le, on peut prévoir à chances égales la guerre et
la
paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissant
360
à chances égales la guerre et la paix ; soit que
le
challenge de nos passions se révèle trop puissant et que notre civili
361
e, soit que nous y répondions victorieusement par
l’
établissement d’un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifiqu
362
établissement d’un gouvernement mondial, libérant
l’
effort scientifique. (Je note ce sentiment, incapable de preuve, à tit
363
t, incapable de preuve, à titre de curiosité pour
l’
historien futur.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité d’une
364
uriosité pour l’historien futur.) 4. Surmonter
l’
Ennui Dans l’éventualité d’une réponse victorieuse, à la dernière h
365
historien futur.) 4. Surmonter l’Ennui Dans
l’
éventualité d’une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serai
366
nse victorieuse, à la dernière heure, quel serait
le
nouveau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’humanité, et
367
eau challenge qui ne manquerait pas de confronter
l’
humanité, et qui résulterait du succès même de notre effort le plus co
368
et qui résulterait du succès même de notre effort
le
plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiqu
369
re effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr
l’
Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu dans la littéra
370
sentiment spécifiquement moderne est apparu dans
la
littérature avec l’époque industrielle et ses grandes villes. Il est
371
ement moderne est apparu dans la littérature avec
l’
époque industrielle et ses grandes villes. Il est contemporain des hor
372
ontemporain des horaires, qui furent probablement
la
création la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires de tous genr
373
des horaires, qui furent probablement la création
la
plus typique du xixe siècle. (Sans horaires de tous genres, on ne po
374
horaires de tous genres, on ne pourrait imaginer
le
fonctionnement des grandes usines, l’alimentation, la circulation et
375
it imaginer le fonctionnement des grandes usines,
l’
alimentation, la circulation et les spectacles dans une agglomération
376
onctionnement des grandes usines, l’alimentation,
la
circulation et les spectacles dans une agglomération vaste et dense.)
377
grandes usines, l’alimentation, la circulation et
les
spectacles dans une agglomération vaste et dense.) « L’ennui naquit u
378
ctacles dans une agglomération vaste et dense.) «
L’
ennui naquit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de
379
tion vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour de
l’
uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretient.
380
uit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’est
l’
excès de variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de d
381
mité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui
l’
entretient. De fait, il est bien difficile de décider si la monotonie
382
ent. De fait, il est bien difficile de décider si
la
monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des impressions. L’Oc
383
de décider si la monotonie crée plus d’ennui que
la
multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Niagara ne m’e
384
plus d’ennui que la multiplicité des impressions.
L’
Océan ou les chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la travers
385
i que la multiplicité des impressions. L’Océan ou
les
chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée d’une gra
386
es chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien
la
traversée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans
387
rsée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque
l’
ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence de rythmes viva
388
ue l’ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’est
l’
absence de rythmes vivants, ou leur rupture fréquente et arbitraire. E
389
réquente et arbitraire. En d’autres termes, c’est
la
mécanisation de l’existence, ou encore : la répartition indifférente
390
ire. En d’autres termes, c’est la mécanisation de
l’
existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et des
391
c’est la mécanisation de l’existence, ou encore :
la
répartition indifférente des efforts et des sollicitations, empêchant
392
ion en profondeur. C’est donc un accroissement de
l’
entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre challenge imaginabl
393
ur. C’est donc un accroissement de l’entropie. Or
l’
ennui diffère en ceci de tout autre challenge imaginable, qu’il naît d
394
de tout autre challenge imaginable, qu’il naît de
l’
absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une t
395
et par là même plus redoutable que tous ceux que
la
Nature ou nos passions nous imposaient, l’humanité ne pourra répondre
396
ux que la Nature ou nos passions nous imposaient,
l’
humanité ne pourra répondre que par une prise de position métaphysique
397
ise de position métaphysique. Elle pourra choisir
l’
anesthésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle. 1. L’anesthésie des
398
Elle pourra choisir l’anesthésie spirituelle, ou
l’
aventure spirituelle. 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation
399
thésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle. 1.
L’
anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par
400
1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation à
l’
ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et phys
401
de conditionnement social et physiologique, dont
le
principe général sera d’obnubiler et de refouler avec une extrême vig
402
extrême vigilance toute question métaphysique que
l’
Ennui risquerait de mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-to
403
e l’Ennui risquerait de mettre à nu. Dans ce cas,
les
spirituels-malgré-tout se verront persécutés et pourchassés avec une
404
igueur sans exemple dans notre passé : ils seront
les
criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandestinité
405
minels sociaux par excellence. Ils formeront dans
la
clandestinité un prolétariat secret, probablement nomade, qui pourra
406
t secret, probablement nomade, qui pourra devenir
la
matrice d’une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité
407
d’une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si
l’
Humanité choisit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci sera sa
408
t mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au contraire
l’
aventure spirituelle, celle-ci sera sans doute initiée par une élite e
409
es populaires, exerçant une autorité analogue sur
l’
orientation de la recherche organisée, et définissant de facto les nou
410
erçant une autorité analogue sur l’orientation de
la
recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standards d
411
e la recherche organisée, et définissant de facto
les
nouveaux standards d’utilité et de valeur. Mais l’effort de cette éli
412
s nouveaux standards d’utilité et de valeur. Mais
l’
effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désorma
413
effort de cette élite, au lieu de se tourner vers
la
matière — désormais « dépassée » — se tournera vers la découverte et
414
tière — désormais « dépassée » — se tournera vers
la
découverte et la maîtrise de réalités d’un autre ordre, totalement ig
415
« dépassée » — se tournera vers la découverte et
la
maîtrise de réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négligé
416
s, aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait
l’
être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’u
417
imaginables pour nous que ne pouvait l’être pour
les
savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une ville par
418
pouvait l’être pour les savants du xviiie siècle
la
destruction instantanée d’une ville par suite de la dissociation d’un
419
destruction instantanée d’une ville par suite de
la
dissociation d’un invisible point de matière. Ce sont ces réalités in
420
s notre langage, que je désignais en débutant par
le
terme symbolique de Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettr
421
1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur
la
bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi de théoriciens révolut
422
fférent de leurs prévisions. Saint-Simon a fourni
les
cadres du capitalisme industriel. Marx est l’ancêtre du plus puissant
423
ni les cadres du capitalisme industriel. Marx est
l’
ancêtre du plus puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des mo
424
itaire. Il n’avait pas prévu des mouvements comme
le
fascisme et le nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-polit
425
ait pas prévu des mouvements comme le fascisme et
le
nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-politiques (tels que
426
tiques (tels que Kierkegaard et Jacob Burckhardt)
les
annonçaient avec précision à la même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee,
427
acob Burckhardt) les annonçaient avec précision à
la
même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee, A Study of History. a. Rougemo
428
of History. a. Rougemont Denis de, « Essai sur
l’
avenir », Pro regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Callenbach, 1948, p
429
Pour sauver nos diversités (
le
sens de La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous
430
s diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)c
La
crise actuelle nous force à nous interroger sur la valeur même de l’E
431
a crise actuelle nous force à nous interroger sur
la
valeur même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que s
432
ous force à nous interroger sur la valeur même de
l’
Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’autonomi
433
s interroger sur la valeur même de l’Europe, dans
le
monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’autonomie du continent,
434
ns le monde, et pour chacun de nous. Que signifie
l’
autonomie du continent, et que signifierait sa perte ? Quel que soit l
435
ent, et que signifierait sa perte ? Quel que soit
le
parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous
436
elle que soit notre patrie, nous sentons bien que
les
menaces qui pèsent sur nous mettent en cause une notion de l’homme, u
437
ui pèsent sur nous mettent en cause une notion de
l’
homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des s
438
déal de liberté, que symbolise depuis des siècles
le
nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même
439
symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En
les
perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce qui fait à no
440
rés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux
la
valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’es
441
du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et
le
sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une no
442
up ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de
la
vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’h
443
i fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie.
Le
monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et
444
tier en serait appauvri. C’est donc une notion de
l’
homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C
445
appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de
la
liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle q
446
mun. C’est en elle que nous possédons notre unité
la
plus profonde. Et c’est en la définissant d’une manière actuelle et c
447
ssédons notre unité la plus profonde. Et c’est en
la
définissant d’une manière actuelle et concrète que nous poserons les
448
ne manière actuelle et concrète que nous poserons
les
bases de la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Pri
449
tuelle et concrète que nous poserons les bases de
la
fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de la
450
es de la fédération, qui est notre seul espoir de
la
sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que les m
451
est notre seul espoir de la sauver. Primauté de
la
culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nous u
452
auté de la culture en Europe S’il est vrai que
les
motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économique et politique, i
453
ique et politique, il n’est pas moins certain que
l’
unité de l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de l
454
itique, il n’est pas moins certain que l’unité de
l’
Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographi
455
st essentiellement culturelle. Du point de vue de
la
géographie, l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des h
456
ent culturelle. Du point de vue de la géographie,
l’
Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’hab
457
’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui
l’
habitent, et des autres peuples du monde, l’Europe reste aujourd’hui,
458
s qui l’habitent, et des autres peuples du monde,
l’
Europe reste aujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer d’une
459
e reste aujourd’hui, même privée de sa puissance,
le
foyer d’une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice
460
diverse et créatrice qu’en toute autre région de
la
planète. Mais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plus l
461
ais il faut rendre ici au mot de culture son sens
le
plus large et humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un
462
mot de culture son sens le plus large et humain.
La
culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit,
463
éritable n’est pas un ornement, un simple luxe de
l’
esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme de
464
un ensemble de spécialités qui ne concernent pas
l’
homme de la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ;
465
e de spécialités qui ne concernent pas l’homme de
la
rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle illus
466
cialités qui ne concernent pas l’homme de la rue.
La
culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle illustre, tra
467
rue. La culture naît d’une prise de conscience de
la
vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de l’
468
re, traduit et promeut une certaine conception de
l’
existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typi
469
eut une certaine conception de l’existence ; elle
l’
éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe, au
470
on de l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne
le
sens. Or il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture
471
elle en donne le sens. Or il est bien typique de
l’
Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un bu
472
il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que
la
culture ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ail
473
urs, elle est mise au service du développement de
l’
industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du par
474
strie, ou de certaines visées politiques. Ce sont
les
chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’économie qui lui dicte
475
olitiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir,
les
dirigeants de l’économie qui lui dictent un programme précis, qui lim
476
les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de
l’
économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses activit
477
né. Pour nous Européens, tout au contraire, c’est
la
culture qui exprime le sens humain de la vie politique et de l’économ
478
, tout au contraire, c’est la culture qui exprime
le
sens humain de la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vis
479
e, c’est la culture qui exprime le sens humain de
la
vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer
480
exprime le sens humain de la vie politique et de
l’
économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les crit
481
olitique et de l’économie ; c’est elle qui vise à
les
influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture app
482
’est elle qui vise à les influencer, et permet de
les
critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définition
483
ise à les influencer, et permet de les critiquer.
La
primauté de la culture appartient donc à la définition de l’Europe. M
484
encer, et permet de les critiquer. La primauté de
la
culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et pro
485
quer. La primauté de la culture appartient donc à
la
définition de l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela s
486
de la culture appartient donc à la définition de
l’
Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abord,
487
ord, pour nous Européens : élargir et approfondir
la
conception de l’homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmo
488
ropéens : élargir et approfondir la conception de
l’
homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens
489
de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser
les
moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cess
490
Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et
les
fins de l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les a
491
ie ensuite : harmoniser les moyens et les fins de
l’
existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités pu
492
tence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes
les
activités publiques et privées à une notion toujours plus haute et la
493
vées à une notion toujours plus haute et large de
l’
homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cad
494
liberté ; aménager et transformer en conséquence
le
cadre de la vie et les institutions. La conception européenne de l
495
ménager et transformer en conséquence le cadre de
la
vie et les institutions. La conception européenne de l’homme Él
496
transformer en conséquence le cadre de la vie et
les
institutions. La conception européenne de l’homme Élargir et ap
497
quence le cadre de la vie et les institutions.
La
conception européenne de l’homme Élargir et approfondir la concept
498
les institutions. La conception européenne de
l’
homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa libe
499
n européenne de l’homme Élargir et approfondir
la
conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’a
500
’homme Élargir et approfondir la conception de
l’
homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doct
501
homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe,
l’
apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, ma
502
re ce fut toujours, et ce sera, tant qu’il y aura
l’
Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parf
503
toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe,
l’
effet d’un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragiq
504
ies individuels : tous, ils ont contribué à faire
l’
Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas
505
, ils ont contribué à faire l’Europe et à modeler
l’
idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours
506
faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de
l’
homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; elle n
507
chevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans
la
diversité des couples d’éléments antagonistes dont le dialogue se per
508
iversité des couples d’éléments antagonistes dont
le
dialogue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque géné
509
protestantisme, attachements régionaux et sens de
l’
universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion du
510
de l’universel, mémoire et invention, respect de
la
tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et la
511
profit de l’un ou l’autre de ses éléments, réside
le
risque original de l’homme européen, son aventure. Dans ce débat auqu
512
tre de ses éléments, réside le risque original de
l’
homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous part
513
nous participe plus ou moins consciemment réside
le
secret du dynamisme occidental et de l’inquiétude créatrice qui pouss
514
nt réside le secret du dynamisme occidental et de
l’
inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question, de
515
ccidental et de l’inquiétude créatrice qui pousse
l’
Européen à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports ave
516
de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec
le
monde, avec l’État et la communauté. Dans les combinaisons variées à
517
ècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec
l’
État et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il
518
rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et
la
communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est po
519
avec le monde, avec l’État et la communauté. Dans
les
combinaisons variées à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre
520
et la communauté. Dans les combinaisons variées à
l’
infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoi
521
à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre
les
éléments contradictoires constituant son patrimoine, réside la chance
522
ontradictoires constituant son patrimoine, réside
la
chance, pour tout Européen, d’individualiser de plus en plus ses juge
523
e de vie. Et enfin, dans ce choix permanent, dans
la
conscience qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liber
524
dans la conscience qu’il a d’en être responsable,
l’
Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire illustre ce débat,
525
qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit
la
liberté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en cha
526
e débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est
l’
histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils du d
527
hacun de nous. Elle est l’histoire des risques de
la
liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrannie…
528
oire des risques de la liberté, progressant entre
les
écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est si
529
, progressant entre les écueils du désordre et de
la
tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’individu
530
entre les écueils du désordre et de la tyrannie…
Le
schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de
531
Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que
l’
individu, abusant de ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède
532
s droits et de sa liberté, devenue facile, cède à
la
tentation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction co
533
a liberté, devenue facile, cède à la tentation de
l’
anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se d
534
, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle de
l’
impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la ju
535
ne réaction collectiviste se déclenche, au nom de
la
justice ou de l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unit
536
ctiviste se déclenche, au nom de la justice ou de
l’
ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appe
537
arde pas à se dresser avec une passion renouvelée
le
génie de la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons
538
e dresser avec une passion renouvelée le génie de
la
diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenant d
539
ouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire de
la
liberté. Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune de l
540
herchons maintenant dans quelle notion commune de
l’
homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individu
541
e sa destinée se fonde cette critique alternée de
l’
individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques, n
542
dualisme et du collectivisme, renaissant à toutes
les
époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a trouvé son
543
on nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été
l’
axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est
544
mais qui a toujours été l’axe de notre histoire,
la
vision directrice de nos révolutions : c’est l’idéal de la personne h
545
, la vision directrice de nos révolutions : c’est
l’
idéal de la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, accep
546
directrice de nos révolutions : c’est l’idéal de
la
personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et repr
547
ion d’origine chrétienne, acceptée et reprise par
l’
humanisme, est celle de l’homme doublement responsable envers sa vocat
548
acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de
l’
homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité ; à
549
ublement responsable envers sa vocation et envers
la
cité ; à la fois autonome et solidaire ; à la fois libre et engagé —
550
et homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte
le
dialogue et le dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à
551
dèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et
le
dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même et au
552
vient infidèle à lui-même et au génie créateur de
l’
Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, so
553
et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à
la
tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfer
554
Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer
les
antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (
555
(nation, parti ou idéologie), soit qu’il prétende
l’
imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité e
556
des idéologies Cette description succincte de
l’
homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-uns
557
quelques-uns des problèmes brûlants que nous pose
la
fédération. Tout d’abord, celui des nations. La diversité des nations
558
e la fédération. Tout d’abord, celui des nations.
La
diversité des nations, correspondant au cloisonnement géographique du
559
raphique du continent, a fait pendant des siècles
l’
originalité de l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite
560
nent, a fait pendant des siècles l’originalité de
l’
Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion d
561
pendant des siècles l’originalité de l’Europe et
la
fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation
562
et la fécondité de sa culture. Mais par suite de
la
collusion de la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigi
563
de sa culture. Mais par suite de la collusion de
la
nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalit
564
Mais par suite de la collusion de la nation et de
l’
État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelles,
565
de la collusion de la nation et de l’État, fixant
les
mêmes frontières rigides à des réalités culturelles, linguistiques, é
566
ndividualisme national, qui tend nécessairement à
l’
autarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle des
567
écessairement à l’autarcie, constitue aujourd’hui
le
pire danger pour la vie réelle des nations. Dans l’état de faiblesse
568
tarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour
la
vie réelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il les met, il le
569
pire danger pour la vie réelle des nations. Dans
l’
état de faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unifica
570
éelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il
les
met, il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’int
571
tions. Dans l’état de faiblesse où il les met, il
les
livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’
572
blesse où il les met, il les livrera fatalement à
l’
unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soi
573
vrera fatalement à l’unification forcée, soit par
l’
intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti d
574
ar l’intervention d’un empire du dehors, soit par
l’
usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est d
575
l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi
l’
union fédérale est devenue la seule garantie des autonomies nationales
576
dans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue
la
seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en surmontant n
577
s, partis et idéologies. Aussi indispensables que
les
nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur
578
déologies. Aussi indispensables que les nations à
la
vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent
579
Aussi indispensables que les nations à la vie de
la
culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir
580
ables que les nations à la vie de la culture et à
la
liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions m
581
ent à devenir des divisions mortelles. Tandis que
les
frontières étatiques cloisonnent l’Europe verticalement, les idéologi
582
. Tandis que les frontières étatiques cloisonnent
l’
Europe verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent hori
583
res étatiques cloisonnent l’Europe verticalement,
les
idéologies et les partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent
584
sonnent l’Europe verticalement, les idéologies et
les
partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’autarcie i
585
urope verticalement, les idéologies et les partis
la
cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’autarcie intellectue
586
la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers
l’
autarcie intellectuelle, comme les nations vers l’autarcie économique.
587
ls penchent vers l’autarcie intellectuelle, comme
les
nations vers l’autarcie économique. Leurs prétentions à un droit excl
588
l’autarcie intellectuelle, comme les nations vers
l’
autarcie économique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans l’orga
589
mique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans
l’
organisation du continent n’est pas moins dangereuse et utopique que n
590
st pas moins dangereuse et utopique que ne serait
l’
impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, n
591
isme d’une seule nation. Il est bien clair que ni
la
droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de
592
le nation. Il est bien clair que ni la droite, ni
la
gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union.
593
est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni
le
centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun de ces
594
le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer
l’
union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l
595
partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver
l’
Europe, ni par suite son propre avenir. De même que les nations n’ont
596
rope, ni par suite son propre avenir. De même que
les
nations n’ont de chance de survivre que si elles renoncent à temps au
597
au dogme tyrannique de leur souveraineté absolue,
les
partis n’ont de chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent
598
ce de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent
l’
ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et subordonnent leur ta
599
isée totalitaire, et subordonnent leur tactique à
la
stratégie générale d’une action de salut public européen. c. Roug
600
Rougemont Denis de, « Pour sauver nos diversités (
le
sens de La Haye) », Fédération, Paris, juin 1948, p. 14-15.
601
Pourquoi
l’
Europe ? (25 décembre 1948)d e Deux colosses, ou qui nous semblent
602
nt-ils. Ils proclament au contraire leur amour de
la
paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue
603
u contraire leur amour de la paix. Seulement, ils
le
proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus conten
604
bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. Et
l’
on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la
605
cher de penser que s’ils continuent à se déclarer
la
paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance po
606
inira par des coups. Une seule puissance pourrait
les
séparer, les retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la P
607
coups. Une seule puissance pourrait les séparer,
les
retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l
608
e puissance pourrait les séparer, les retenir, et
les
forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’
609
tenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à
la
Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce
610
rcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est
l’
Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est
611
is, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais
l’
Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vin
612
Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que
l’
Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la t
613
ée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus
la
taille qu’il faut, pour parler et se faire entendre, dans le monde do
614
u’il faut, pour parler et se faire entendre, dans
le
monde dominé par deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est
615
dominé par deux grands empires. Et non seulement
l’
Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chac
616
rope n’est plus une puissance qui pourrait exiger
la
paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’ann
617
rait exiger la paix, mais chacune des nations qui
la
composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation éco
618
mique, par l’un des deux empires qui se disputent
la
terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : Aucu
619
des deux empires qui se disputent la terre. Voici
le
fait fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne
620
ndance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul,
les
problèmes que lui pose l’économie moderne. Les conclusions que l’on d
621
e peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose
l’
économie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fai
622
l, les problèmes que lui pose l’économie moderne.
Les
conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique
623
lui pose l’économie moderne. Les conclusions que
l’
on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les
624
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si
les
choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Euro
625
é. Si les choses continuent comme elles vont : 1°
Les
différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
626
uent comme elles vont : 1° Les différents pays de
l’
Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La qu
627
ents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés
les
uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c
628
’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
les
autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fo
629
nnexés ou colonisés les uns après les autres ; 2°
La
question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un préte
630
ée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à
la
guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre
631
3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre
la
Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’
632
ourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et
l’
Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un,
633
sie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit
le
vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue.
634
dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un,
l’
humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver la pai
635
entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver
la
paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c
636
. Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire
la
paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la Troisième
637
plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire
l’
Europe, c’est-à-dire la Troisième puissance, qui serait capable d’exig
638
Troisième puissance, qui serait capable d’exiger
la
paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Eur
639
uissance, qui serait capable d’exiger la paix, de
l’
inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même un
640
rait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour
les
deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore
641
a paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si
l’
on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour teni
642
enter pour les deux autres. Et si l’on me dit que
l’
Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les
643
, serait encore trop petite pour tenir en respect
les
deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à
644
rai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier :
La
population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
645
re, qu’on a tendance à oublier : La population de
l’
Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
646
r : La population de l’Europe occidentale, donc à
l’
ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux
647
ron 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que
l’
Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ce
648
dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que
la
Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants
649
ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir
l’
agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthod
650
gir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver
la
paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action
651
et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver
la
méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d
652
la paix du monde. Il reste à trouver la méthode,
les
moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples
653
méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici,
les
choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la p
654
Ici, les choses cessent d’être simples, parce que
l’
Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’
655
es cessent d’être simples, parce que l’Europe est
la
réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une
656
d’être simples, parce que l’Europe est la réalité
la
plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui p
657
e que l’Europe est la réalité la plus complexe de
la
terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le p
658
s difficultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est,
l’
unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou écon
659
és. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de
l’
Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Tr
660
les ou même de thèses, et je ne dirai rien contre
les
thèses — ici ! — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète s
661
e les thèses — ici ! — mais nous nous occupons de
la
paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal e
662
nous nous occupons de la paix. On nous répète sur
le
mode solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Sha
663
la paix. On nous répète sur le mode solennel que
l’
Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul
664
, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas !
l’
Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est a
665
as seulement une société des esprits. C’est aussi
les
personnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’
666
x de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par
la
politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens
667
Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été
les
héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se pa
668
ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
le
monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures
669
ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que
les
mesures économiques consistent à faire des économies, et que le commu
670
nomiques consistent à faire des économies, et que
le
communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale
671
communisme consiste à tout mettre en commun, dans
la
charité générale. C’est avec tous ces hommes — et pour eux tous, même
672
eux tous, même malgré eux — qu’il nous faut faire
l’
Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines de nations avec leurs tra
673
elles que polémiques. Et cela n’est rien encore :
l’
Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue
674
t cela n’est rien encore : l’Europe consiste dans
les
combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes es
675
core : l’Europe consiste dans les combinaisons et
les
permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et M
676
et engagement, et vingt autres tensions dans tous
les
ordres, vingt autres couples combinés et permutés, sans parler de leu
677
à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans
les
autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier d
678
étendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent
les
Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Euro
679
s Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que
la
richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bass
680
ais ils ne doivent pas oublier que la richesse de
l’
Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au to
681
ique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
l’
Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports ave
682
remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
le
monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accent
683
stion ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec
la
société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
684
à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que
la
violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette pos
685
re issue que la violence, souvent aussi forcent à
l’
invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer,
686
possibilité de choisir et de se risquer, qui est
la
condition première de ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pou
687
risquer, qui est la condition première de ce que
l’
Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n
688
’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre
l’
unité du continent d’une préalable mise au pas, intellectuelle ou poli
689
éologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut
le
voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le
690
t d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni
la
gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoi
691
ssible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni
la
droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de c
692
che, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui
le
moindre espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
693
spoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de
l’
éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un
694
. Quand elles y parviendraient pour un temps, par
la
force, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À su
695
pposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous
les
moyens connus de simplification du genre humain, du penthotal au plut
696
humain, du penthotal au plutonium en passant par
le
NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement ce «
697
du penthotal au plutonium en passant par le NKVD,
le
résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement ce « petit cap
698
n passant par le NKVD, le résultat ne serait plus
l’
Europe, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se rédu
699
ement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit
l’
Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Euro
700
n génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera
l’
Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer p
701
donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque
le
problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. M
702
ra l’Europe, puisque le problème est justement de
la
faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie,
703
lème est justement de la faire sans commencer par
la
dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode polit
704
olitique, qui nous paraît prédestinée à surmonter
la
crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, c
705
édestinée à surmonter la crise européenne : c’est
la
méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais li
706
un pacte juré des éléments divers, et qui doivent
le
rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définiti
707
ré des éléments divers, et qui doivent le rester.
Le
couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’ill
708
qui doivent le rester. Le couple humain, lié par
le
mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voil
709
lié par le mariage, répond à cette définition et
l’
illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre, et
710
absolument comprendre, et même sentir : sur tous
les
plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois deux choses, pense
711
locales et pouvoir central limité. Sur le plan de
l’
économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et assu
712
encore : risque et assurance. Partout, dans tous
les
plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou d
713
isque et assurance. Partout, dans tous les plans,
la
formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politiqu
714
nce. Partout, dans tous les plans, la formule est
la
même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’é
715
e politique générale, d’économie ou d’esthétique,
le
problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l
716
, le problème restera toujours d’éviter à la fois
l’
isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyranni
717
oujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et
l’
uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordr
718
s l’isolation stérile et l’uniformité contrainte,
l’
anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et pa
719
stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et
la
tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devis
720
contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore
le
désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union d
721
anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et
le
faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversit
722
u encore le désordre et le faux ordre. Et partout
la
devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithès
723
sordre et le faux ordre. Et partout la devise est
la
même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la
724
re. Et partout la devise est la même : union dans
la
diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire,
725
t la même : union dans la diversité, c’est-à-dire
l’
antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcé
726
la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
la
formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
727
tithèse exacte de la formule totalitaire, qui est
la
réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste,
728
ormule totalitaire, qui est la réduction forcée à
l’
uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son princi
729
i est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est
la
dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens l
730
tique fédéraliste, simple dans son principe comme
le
bon sens lui-même, mais en fait constamment trahie par la plupart des
731
s ou de constitutions. Certes, nous voulons faire
l’
Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acc
732
Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous
les
partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de
733
t le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui
l’
acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, a
734
avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes
les
nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions o
735
qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont
la
liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions,
736
nt, avec toutes les nations qui ont la liberté de
l’
accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes
737
ons qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes
les
religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pa
738
berté de l’accepter, avec toutes les religions ou
les
irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
739
les religions ou les irréligions, et avec toutes
les
classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ce
740
votre mouvement, mais tout de même nous restons à
l’
écart, vous courez trop de dangers de « mystifications » par les force
741
courez trop de dangers de « mystifications » par
les
forces impérialistes… C’est ainsi qu’on peut lire dans la revue Espr
742
s impérialistes… C’est ainsi qu’on peut lire dans
la
revue Esprit cette phrase que je propose à votre admiration : Affi
743
quand il s’agit de voter dans nos congrès contre
les
« mystifications » qu’ils dénoncent du dehors à juste titre, mais qu’
744
lles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand
la
bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils s
745
e nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire
l’
Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est q
746
ulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire
la
paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
747
pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute
la
bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… »
748
, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
le
monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petites natures
749
eur que Churchill… » Ces petites natures récitent
la
leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier. Ils oublient que
750
n n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je
le
rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres
751
mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever
le
ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Chur
752
dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
le
sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti tota
753
ts avec certain parti totalitaire. Si vous voulez
la
paix, vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ;
754
s voulez la paix, vous devez vouloir ses moyens :
l’
Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez voul
755
vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie est
le
plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le fédéralisme
756
: l’Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez
l’
Europe, vous devez vouloir le fédéralisme, si vous voulez demeurer lib
757
sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir
le
fédéralisme, si vous voulez demeurer libres, enfin, c’est aujourd’hui
758
es, enfin, c’est aujourd’hui qu’il faut en courir
l’
aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitess
759
venture. Il dépend de nous, Européens, de prendre
la
guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les
760
endre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que
le
jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclament leu
761
e. Il dépend de nous que le jour soit prochain où
les
voix concertées de l’Europe, proclament leur fédération, pourront se
762
e le jour soit prochain où les voix concertées de
l’
Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au mond
763
pourront se faire entendre au monde entier comme
la
voix forte enfin de l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi
764
ndre au monde entier comme la voix forte enfin de
l’
espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’Europe ? », Rassembl
765
l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi
l’
Europe ? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomadaire du RPF, Pa
766
. Présenté par cette note : « Denis de Rougemont,
l’
auteur suisse de tant d’essais réputés outre-Atlantique comme en Franc
767
mme en France, et tout récemment des Lettres sur
la
bombe atomique , vient de faire, en tant que membre du Comité central
768
de faire, en tant que membre du Comité central de
l’
Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les ext
769
nne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne.
Les
extraits que l’on va en lire montrent à quel point les préoccupations
770
tes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que
l’
on va en lire montrent à quel point les préoccupations et les position
771
xtraits que l’on va en lire montrent à quel point
les
préoccupations et les positions de l’auteur de Penser avec les mains
772
lire montrent à quel point les préoccupations et
les
positions de l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du
773
quel point les préoccupations et les positions de
l’
auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblement.
774
La
liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)h i La secte des ad
775
La liberté religieuse à
l’
école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième jo
776
rté religieuse à l’école (2e semestre 1949)h i
La
secte des adventistes du septième jour, se référant au Décalogue, obs
777
septième jour, se référant au Décalogue, observe
le
repos hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte
778
Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas
le
dimanche mais le samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans ce
779
ve le repos hebdomadaire non pas le dimanche mais
le
samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans cette croyance, de
780
pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte que
les
enfants élevés dans cette croyance, de même que ceux des juifs orthod
781
que ceux des juifs orthodoxes, ne peuvent suivre
l’
école le samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais les règleme
782
x des juifs orthodoxes, ne peuvent suivre l’école
le
samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais les règlements scol
783
samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais
les
règlements scolaires sont stricts : toute absence d’un élève qui n’es
784
e se répète à intervalles fréquents ou réguliers.
La
sanction est alors subie par les parents ou responsables, et va de l’
785
nts ou réguliers. La sanction est alors subie par
les
parents ou responsables, et va de l’amende à la prison selon les cas
786
s subie par les parents ou responsables, et va de
l’
amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conf
787
les parents ou responsables, et va de l’amende à
la
prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui pe
788
responsables, et va de l’amende à la prison selon
les
cas et les pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entr
789
s, et va de l’amende à la prison selon les cas et
les
pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entre une croya
790
prison selon les cas et les pays. On imagine tous
les
conflits qui peuvent surgir entre une croyance aussi intransigeante e
791
tifs à des familles adventistes dans trois pays :
la
Belgique, la France et la Suisse. Dans quatre écoles belges (communal
792
milles adventistes dans trois pays : la Belgique,
la
France et la Suisse. Dans quatre écoles belges (communale, moyenne, n
793
istes dans trois pays : la Belgique, la France et
la
Suisse. Dans quatre écoles belges (communale, moyenne, normale et un
794
belges (communale, moyenne, normale et un lycée)
la
preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté
795
a preuve a été faite que tout peut se passer sans
la
moindre difficulté apparente. Les élèves adventistes reçoivent dispen
796
t se passer sans la moindre difficulté apparente.
Les
élèves adventistes reçoivent dispense pour le samedi et si les examen
797
e. Les élèves adventistes reçoivent dispense pour
le
samedi et si les examens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que l
798
ventistes reçoivent dispense pour le samedi et si
les
examens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que les absents puisse
799
xamens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que
les
absents puissent subir l’épreuve un autre. En France, dans plusieurs
800
on s’arrange pour que les absents puissent subir
l’
épreuve un autre. En France, dans plusieurs départements, après que le
801
En France, dans plusieurs départements, après que
les
demandes de dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est ar
802
demandes de dispense ont été refusées « au nom de
la
loi », il est arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’i
803
au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que
le
directeur d’une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent fina
804
rivé fréquemment que le directeur d’une école, ou
l’
inspecteur d’académie, consentissent finalement à interpréter la loi,
805
’académie, consentissent finalement à interpréter
la
loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici
806
t finalement à interpréter la loi, et à suspendre
les
poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici ou là, en Algérie ou en
807
D’innombrables démarches auprès des autorités de
l’
enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré da
808
plupart des cas une compréhension effective. Mais
la
loi demeure invariable. Et quel que soit le désir, dont beaucoup témo
809
Mais la loi demeure invariable. Et quel que soit
le
désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de la libe
810
oit le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer
l’
exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’u
811
beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de
la
liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’espr
812
e réel de la liberté de conscience, il arrive que
la
lettre d’un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serv
813
nscience, il arrive que la lettre d’un décret tue
l’
esprit de tolérance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’e
814
ce là où il existe, ou serve de prétexte facile à
l’
esprit d’intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un ca
815
texte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse,
la
situation diffère beaucoup d’un canton à l’autre. C’est ainsi que l’É
816
e beaucoup d’un canton à l’autre. C’est ainsi que
l’
État de Genève accorde le congé du samedi aux israélites, adventistes,
817
l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde
le
congé du samedi aux israélites, adventistes, etc., qui le demandent p
818
du samedi aux israélites, adventistes, etc., qui
le
demandent pour motif religieux, tandis que l’État de Vaud le refuse.
819
qui le demandent pour motif religieux, tandis que
l’
État de Vaud le refuse. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois,
820
t pour motif religieux, tandis que l’État de Vaud
le
refuse. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêt
821
f religieux, tandis que l’État de Vaud le refuse.
Le
1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par les g
822
, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par
les
gendarmes et incarcéré pendant trente heures parce que sa fille manqu
823
pendant trente heures parce que sa fille manquait
l’
école le samedi matin, et qu’il refusait de payer une amende de 2 fran
824
trente heures parce que sa fille manquait l’école
le
samedi matin, et qu’il refusait de payer une amende de 2 francs par a
825
et ses convictions religieuses lui interdisent de
l’
admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinquant
826
ent de 3 à 12 francs par absence de sa fillette à
l’
école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidives
827
puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à
la
lutte, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraît p
828
e, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où
la
loi paraît plus tolérante. L’instruction primaire de son enfant lui a
829
n canton voisin, où la loi paraît plus tolérante.
L’
instruction primaire de son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs
830
L’instruction primaire de son enfant lui a coûté
la
somme de 3000 francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer
831
gligeables » J’entends bien ce que vous disent
les
gens pressés : qu’il ne s’agit que de cas fort rares, que les adventi
832
ssés : qu’il ne s’agit que de cas fort rares, que
les
adventistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort de s’obstiner
833
ur une question de numéros attribués aux jours de
la
semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, dans
834
u aux travaux forcés. Remarquons tout d’abord que
le
nombre, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins
835
s tout d’abord que le nombre, ici, ne fait rien à
l’
affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que pour
836
perpétrée sur des millions, et il est curieux que
les
bonnes gens qui parleraient volontiers « d’exceptions négligeables »
837
ent volontiers « d’exceptions négligeables » dans
le
cas d’une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bon
838
e cet argument devrait en bonne logique provoquer
l’
indulgence pour certains criminels sociaux, dont le nombre est infime.
839
’indulgence pour certains criminels sociaux, dont
le
nombre est infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes
840
nels sociaux, dont le nombre est infime. Ensuite,
la
question de savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer
841
bre est infime. Ensuite, la question de savoir si
les
adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au dimanche comm
842
si les adventistes ont tort ou raison de préférer
le
samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davantage interve
843
r de repos, ne doit pas davantage intervenir dans
la
considération des faits qui nous occupent. Il s’agit ici du respect l
844
ccupent. Il s’agit ici du respect légal de toutes
les
convictions religieuses en tant que telles, et non point du jugement
845
ue telles, et non point du jugement de vérité que
l’
on peut porter sur l’une ou l’autre de ces convictions, car si les deu
846
r sur l’une ou l’autre de ces convictions, car si
les
deux points de vue n’étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalemen
847
i les deux points de vue n’étaient pas dissociés,
l’
on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religi
848
sociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous
les
droits à toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin,
849
ait fatalement à refuser tous les droits à toutes
les
religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se tromperait
850
oits à toutes les religions moins une — celle que
l’
on suit. Enfin, l’on se tromperait gravement en estimant que le problè
851
religions moins une — celle que l’on suit. Enfin,
l’
on se tromperait gravement en estimant que le problème posé par quelqu
852
fin, l’on se tromperait gravement en estimant que
le
problème posé par quelques adventistes disséminés est moins actuel ou
853
est moins actuel ou moins urgent, peut-être, que
le
problème posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont le régime
854
moins urgent, peut-être, que le problème posé par
les
méthodes totalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respec
855
e le problème posé par les méthodes totalitaires.
Les
pays dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fond
856
posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont
le
régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, on
857
otalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur
le
respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intérêt évident et
858
inorité microscopique, c’est en réalité céder sur
le
seul point où les démocraties libérales se distinguent essentiellemen
859
ique, c’est en réalité céder sur le seul point où
les
démocraties libérales se distinguent essentiellement et radicalement
860
tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à
l’
opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’on sait aujourd’hui
861
l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et
l’
on sait aujourd’hui où cela peut conduire. Danger des lois trop sim
862
rait à résoudre des conflits du genre de ceux que
l’
on vient de citer. Il serait, par exemple, extrêmement facile d’introd
863
par exemple, extrêmement facile d’introduire dans
les
règlements scolaires de toutes les démocraties une clause spéciale aj
864
ntroduire dans les règlements scolaires de toutes
les
démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légi
865
es les démocraties une clause spéciale ajoutant à
la
liste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’apparten
866
iste des « motifs légitimes d’absence aux cours »
le
fait d’appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cel
867
on dira qu’il est trop compliqué de prévoir tous
les
cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des précédents dont mi
868
ereux de créer des précédents dont mille sectes à
l’
avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pas s
869
d’abuser. Le premier argument n’est pas sérieux.
Les
lois pénales décrivent dans le détail des centaines de cas bien plus
870
’est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans
le
détail des centaines de cas bien plus rares que celui de nos adventis
871
cas bien plus rares que celui de nos adventistes.
Les
lois fiscales, les lois sur les loyers et les « surfaces corrigées »
872
que celui de nos adventistes. Les lois fiscales,
les
lois sur les loyers et les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà
873
nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur
les
loyers et les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens
874
es. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et
les
« surfaces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens à distinguer,
875
ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour
le
législateur ! S’il n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans
876
n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans
la
rédaction des décrets garantissant les droits et sauvegardant le plei
877
éfiant dans la rédaction des décrets garantissant
les
droits et sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscr
878
s décrets garantissant les droits et sauvegardant
le
plein respect des libertés qui furent inscrites au seuil des grandes
879
ent inscrites au seuil des grandes constitutions,
la
Liberté et la Démocratie cesseraient d’être raillées comme de belles
880
au seuil des grandes constitutions, la Liberté et
la
Démocratie cesseraient d’être raillées comme de belles abstractions.
881
re raillées comme de belles abstractions. Quant à
la
crainte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures ex
882
ts » ou des « mesures exceptionnelles » n’ouvrent
la
porte à l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’un
883
« mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte à
l’
anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’une part, il
884
s droits spéciaux, mais simplement de concrétiser
la
« liberté de conscience » que toutes nos démocraties proclament à l’e
885
tiles ou non, qui s’accumulent dans nos codes. Si
l’
anarchie est mauvaise, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais
886
archie est mauvaise, c’est parce qu’elle implique
le
désordre. Mais une réglementation simpliste et uniforme, elle aussi,
887
ent par mille applications tyranniques — et que «
la
tyrannie est le souverain désordre », comme l’écrivait, en une senten
888
plications tyranniques — et que « la tyrannie est
le
souverain désordre », comme l’écrivait, en une sentence mémorable, le
889
« la tyrannie est le souverain désordre », comme
l’
écrivait, en une sentence mémorable, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet
890
e », comme l’écrivait, en une sentence mémorable,
le
Vaudois Alexandre Vinet. À cet égard, on s’étonnera que les Suisses,
891
s Alexandre Vinet. À cet égard, on s’étonnera que
les
Suisses, si attentifs à respecter dans leur régime fédéraliste les dr
892
ttentifs à respecter dans leur régime fédéraliste
les
droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montr
893
des religions et des groupes, se montrent soudain
les
plus stricts dans leur refus de considérer les droits d’une petite co
894
in les plus stricts dans leur refus de considérer
les
droits d’une petite confession qui ne menace personne. On les honore
895
’une petite confession qui ne menace personne. On
les
honore d’avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et
896
es honore d’avoir sauvé d’une extinction probable
la
langue romanche, et de l’avoir élevée au rang de langue nationale, bi
897
une extinction probable la langue romanche, et de
l’
avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée
898
lle ne soit parlée que par moins d’un centième de
la
population totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assuran
899
pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assurant
les
droits d’une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qu
900
its d’une minorité religieuse, ils confirmeraient
les
principes qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même de leur ind
901
les principes qui, depuis plus d’un siècle, sont
la
base même de leur indépendance nationale, de leur prospérité et de le
902
e nationale, de leur prospérité et de leur paix ?
L’
exemple des adventistes, et des difficultés particulières que susciten
903
aru propre à illustrer d’une manière bien précise
le
problème général de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’es
904
d’une manière bien précise le problème général de
la
liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, pa
905
se le problème général de la liberté religieuse à
l’
école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou
906
el, aucune idéologie politique, il m’a paru poser
le
plus clairement possible la question de principe du respect effectif
907
ue, il m’a paru poser le plus clairement possible
la
question de principe du respect effectif des libertés théoriquement a
908
t effectif des libertés théoriquement admises par
les
démocraties occidentales. Je ne partage pas la conviction des adventi
909
r les démocraties occidentales. Je ne partage pas
la
conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais que toute rest
910
ne partage pas la conviction des adventistes sur
le
Sabbat, mais je sais que toute restriction à la liberté d’un seul gro
911
r le Sabbat, mais je sais que toute restriction à
la
liberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et do
912
restriction à la liberté d’un seul groupe menace
la
liberté de tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos re
913
iberté d’un seul groupe menace la liberté de tous
les
autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne l’oublio
914
donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne
l’
oublions jamais, est en quelque manière ou quelque lieu du monde, mino
915
Chacune donc doit se voir et se sentir visée par
la
persécution qu’une autre endure. Est-il nécessaire d’ajouter qu’il en
916
droits politiques et civiques ? On ne peut sauver
la
liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant de la sauver partout.
917
a liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant de
la
sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse à
918
e la sauver partout. h. Rougemont Denis de, «
La
liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p
919
h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse à
l’
école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté pa
920
Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté par
la
note suivante : « Il n’est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y
921
pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que
la
liberté “tout court”. Autoriser une religion sans en permettre l’exer
922
court”. Autoriser une religion sans en permettre
l’
exercice, c’est, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte de lui
923
’on se flatte de lui accorder. Denis de Rougemont
l’
expose fort bien dans les pages qui suivent et nous sommes entièrement
924
order. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans
les
pages qui suivent et nous sommes entièrement d’accord avec lui : une
925
t pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de
la
liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une erreu
926
ricature de la liberté. » j. « Confession » dans
l’
original. On a corrigé une erreur ici manifeste.
927
Commencer par
l’
Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée d’un gouvernement mondi
928
cer par l’Europe (février 1949)f Il paraît que
l’
idée d’un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il étai
929
; il était temps ! C’est une idée qui était dans
l’
air depuis au moins trois ans, mais elle y serait sans doute restée si
930
du « premier citoyen du monde ». C’est ainsi que
les
choses se passent en France et c’est très bien : c’est très européen…
931
France et c’est très bien : c’est très européen…
La
voici donc en pleine actualité. Tout le monde se déclare pour le Mond
932
n pleine actualité. Tout le monde se déclare pour
le
Monde et parle au nom des masses mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous
933
e de provinciaux ou de nationalistes attardés. Et
l’
on va nous demander : pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pa
934
tes attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi
l’
Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous
935
pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pas
le
monde entier ? Pourquoi nous arrêter dans notre élan ? Sur cet élan d
936
t élan des masses rassemblées au Vél’ d’Hiv’ pour
le
gouvernement mondial, sur ce grand élan pour la paix, nous avons ici
937
r le gouvernement mondial, sur ce grand élan pour
la
paix, nous avons ici nos idées. Cette idée en particulier : c’est qu’
938
n. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans
la
réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous ne sommes pas une autr
939
ger un élan émotif dans la réalité, on a toujours
l’
air de freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux s
940
es pas une autre école, nos buts finaux sont bien
les
mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous les prenons au mot. Et
941
es mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous
les
prenons au mot. Et nous vous proposons une méthode de travail, un mou
942
et un objectif immédiat, qui est de commencer par
l’
Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernem
943
t de commencer par l’Europe. Car nous pensons que
le
chemin vers la paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’Europe
944
par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers
la
paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’Europe — ou ne passer
945
Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers
le
gouvernement mondial, passe par l’Europe — ou ne passera pas du tout.
946
la paix, vers le gouvernement mondial, passe par
l’
Europe — ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler
947
urope — ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être
le
droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a trois
948
que et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à
la
bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer
949
qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était
le
gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer de ce que je publi
950
n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à
l’
époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contra
951
d’avoir fait un grand pas en avant en embrassant
la
cause européenne. Voici pour quelles raisons, les plus simples du mon
952
la cause européenne. Voici pour quelles raisons,
les
plus simples du monde, mais d’une logique à laquelle, pour ma part, j
953
e n’imagine aucun moyen de me soustraire : Devant
le
nez des premiers enthousiastes de la Planète unie par les peuples uni
954
ire : Devant le nez des premiers enthousiastes de
la
Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rideau
955
des premiers enthousiastes de la Planète unie par
les
peuples unis — et j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, br
956
certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et
la
guerre froide a commencé. La situation s’est donc précisée, si je pui
957
mbé, brutalement. Et la guerre froide a commencé.
La
situation s’est donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui
958
nt-ils. Ils proclament au contraire leur amour de
la
paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue
959
u contraire leur amour de la paix. Seulement, ils
le
proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus conten
960
bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. Et
l’
on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la
961
cher de penser que s’ils continuent à se déclarer
la
paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance po
962
inira par des coups. Une seule puissance pourrait
les
séparer, les retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la pa
963
coups. Une seule puissance pourrait les séparer,
les
retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’
964
le puissance pourrait les séparer, les retenir et
les
forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’
965
etenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à
la
paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce q
966
rcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est
l’
Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est
967
is, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais
l’
Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en ving
968
Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que
l’
Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la t
969
ée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus
la
taille qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans le monde dom
970
qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans
le
monde dominé par les deux grands empires. Et non seulement l’Europe n
971
er et se faire entendre, dans le monde dominé par
les
deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissan
972
iné par les deux grands empires. Et non seulement
l’
Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chac
973
rope n’est plus une puissance qui pourrait exiger
la
paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’ann
974
rait exiger la paix, mais chacune des nations qui
la
composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation éco
975
mique, par l’un des deux empires qui se disputent
la
terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : aucu
976
des deux empires qui se disputent la terre. Voici
le
fait fondamental, et que personne ne peut nier : aucun de nos pays ne
977
dance ; aucun de nos pays ne peut résoudre, seul,
les
problèmes que lui pose l’économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on
978
e peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose
l’
économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer de ce double f
979
les problèmes que lui pose l’économie moderne. ⁂
Les
conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique
980
ui pose l’économie moderne. ⁂ Les conclusions que
l’
on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les
981
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si
les
choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Euro
982
é. Si les choses continuent comme elles vont : 1°
Les
différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
983
uent comme elles vont : 1° Les différents pays de
l’
Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La qu
984
ents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés
les
uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c
985
’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
les
autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fo
986
nnexés ou colonisés les uns après les autres ; 2°
La
question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un préte
987
ée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à
la
guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre
988
3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre
la
Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s
989
ourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et
l’
Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un
990
ie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit
le
vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue.
991
dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un,
l’
humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple comme 2
992
nouvelle… Mais aussi tout cela nous conduit, avec
la
force même de l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous
993
ssi tout cela nous conduit, avec la force même de
l’
évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver ch
994
l nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver
la
paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c
995
. Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire
la
paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la troisième
996
plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire
l’
Europe, c’est-à-dire la troisième puissance qui serait capable d’exige
997
a troisième puissance qui serait capable d’exiger
la
paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Eur
998
puissance qui serait capable d’exiger la paix, de
l’
inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même un
999
rait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour
les
deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore
1000
a paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si
l’
on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour teni
1001
enter pour les deux autres. Et si l’on me dit que
l’
Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les
1002
, serait encore trop petite pour tenir en respect
les
deux Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oubli
1003
rai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier :
La
population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
1004
re, qu’on a tendance à oublier : La population de
l’
Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
1005
r : La population de l’Europe occidentale, donc à
l’
ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux
1006
ron 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que
l’
Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ce
1007
dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que
la
Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants
1008
ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir
l’
agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthod
1009
gir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver
la
paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action
1010
et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver
la
méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d
1011
la paix du monde. Il reste à trouver la méthode,
les
moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples
1012
méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici,
les
choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la p
1013
Ici, les choses cessent d’être simples, parce que
l’
Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’
1014
es cessent d’être simples, parce que l’Europe est
la
réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une
1015
d’être simples, parce que l’Europe est la réalité
la
plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui p
1016
e que l’Europe est la réalité la plus complexe de
la
terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le p
1017
s difficultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est,
l’
unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou écon
1018
és. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de
l’
Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Tr
1019
es ou même de thèses — et je ne dirai rien contre
les
thèses — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mo
1020
en contre les thèses — mais nous nous occupons de
la
paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal e
1021
nous nous occupons de la paix. On nous répète sur
le
mode solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Sha
1022
la paix. On nous répète sur le mode solennel que
l’
Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul
1023
e, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas,
l’
Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est a
1024
as seulement une société des esprits. C’est aussi
les
personnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’
1025
x de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par
la
politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens
1026
Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été
les
héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se pa
1027
ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
le
monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures
1028
ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que
les
mesures économiques consistent à faire des économies, et que le commu
1029
nomiques consistent à faire des économies, et que
le
communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale
1030
communisme consiste à tout mettre en commun, dans
la
charité générale… C’est avec tous ces hommes — et pour eux tous, même
1031
pour eux tous, même malgré eux — qu’il nous faire
l’
Europe. Mais alors des malins viennent nous dire : tous ces gens, qu’o
1032
? Eh bien, c’est simple : tous ces gens partagent
le
même sort, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien
1033
st simple : tous ces gens partagent le même sort,
le
sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront t
1034
tous ces gens partagent le même sort, le sort de
l’
Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les uns
1035
me sort, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si
l’
on ne fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, col
1036
-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous
les
uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et puis — c’e
1037
l’on ne fait rien, ils seront tous les uns après
les
autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et puis — c’est encore plus
1038
encore plus simple — tous ces gens ont en commun
le
dégoût et la peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et a
1039
simple — tous ces gens ont en commun le dégoût et
la
peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire
1040
ens ont en commun le dégoût et la peur immense de
la
guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà la
1041
uerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire
la
paix. Voilà la seule question sérieuse, la seule difficulté que nous
1042
voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà
la
seule question sérieuse, la seule difficulté que nous voulons bien qu
1043
faire la paix. Voilà la seule question sérieuse,
la
seule difficulté que nous voulons bien que l’on « soulève » pour la v
1044
se, la seule difficulté que nous voulons bien que
l’
on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moy
1045
é que nous voulons bien que l’on « soulève » pour
la
vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens d’action. Aux impa
1046
’on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à
la
méthode et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifier l
1047
ens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifier
le
genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que l’on puiss
1048
atients qui rêvent d’unifier le genre humain dans
les
quinze jours, le plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de l
1049
d’unifier le genre humain dans les quinze jours,
le
plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de les faire prendre
1050
ain dans les quinze jours, le plus grand choc que
l’
on puisse réserver, c’est de les faire prendre une part active à l’un
1051
lus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de
les
faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore notr
1052
n européenne. Car c’est précisément quand on veut
les
unir, qu’on découvre à quel point tous les Européens résistent dans l
1053
n veut les unir, qu’on découvre à quel point tous
les
Européens résistent dans leurs différences, et peut-être consistent d
1054
t-être consistent dans leurs oppositions. Mais je
le
répète, c’est dans l’action seulement, dans l’action pour les dépasse
1055
leurs oppositions. Mais je le répète, c’est dans
l’
action seulement, dans l’action pour les dépasser, que l’on connaît vr
1056
je le répète, c’est dans l’action seulement, dans
l’
action pour les dépasser, que l’on connaît vraiment ces différences, e
1057
c’est dans l’action seulement, dans l’action pour
les
dépasser, que l’on connaît vraiment ces différences, et qu’on peut me
1058
n seulement, dans l’action pour les dépasser, que
l’
on connaît vraiment ces différences, et qu’on peut mesurer leur vraie
1059
l type de drug-store, et une morale moyenne, dont
l’
idée générale est justement d’éviter les conflits quotidiens et non pa
1060
enne, dont l’idée générale est justement d’éviter
les
conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie, c’est enc
1061
nt d’éviter les conflits quotidiens et non pas de
les
affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête, un p
1062
elles que polémiques. Et cela n’est rien encore ;
l’
Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue
1063
t cela n’est rien encore ; l’Europe consiste dans
les
combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes es
1064
core ; l’Europe consiste dans les combinaisons et
les
permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et M
1065
et engagement, et vingt autres tensions dans tous
les
ordres, vingt autres couples combinés et permutés, sans parler de leu
1066
à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans
les
autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier d
1067
étendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent
les
Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Euro
1068
s Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que
la
richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bass
1069
ais ils ne doivent pas oublier que la richesse de
l’
Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au to
1070
ique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
l’
Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports ave
1071
remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
le
monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accent
1072
stion ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec
la
société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
1073
à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que
la
violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette pos
1074
re issue que la violence, souvent aussi forcent à
l’
invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer,
1075
possibilité de choisir et de se risquer, qui est
la
condition première de ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pou
1076
risquer, qui est la condition première de ce que
l’
Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n
1077
a condition première de ce que l’Européen appelle
la
liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d’abord impo
1078
’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre
l’
unité du continent d’une préalable mise au pas, intellectuelle ou poli
1079
éologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut
le
voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le
1080
t d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni
la
gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoi
1081
ssible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni
la
droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de c
1082
che, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui
le
moindre espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
1083
spoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de
l’
éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un
1084
e. Quand elles y parviendraient pour un temps par
la
force, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À su
1085
pposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous
les
moyens connus de simplification du genre humain, du penthotal au plut
1086
humain, du penthotal au plutonium en passant par
le
NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement, ce «
1087
du penthotal au plutonium en passant par le NKVD,
le
résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement, ce « petit ca
1088
n passant par le NKVD, le résultat ne serait plus
l’
Europe, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réd
1089
ment, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit
l’
Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Euro
1090
n génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera
l’
Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer p
1091
donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque
le
problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer.
1092
ra l’Europe, puisque le problème est justement de
la
faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie
1093
lème est justement de la faire sans commencer par
la
dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode poli
1094
olitique, qui nous paraît prédestinée à surmonter
la
crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, c
1095
édestinée à surmonter la crise européenne : c’est
la
méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais li
1096
un pacte juré des éléments divers, et qui doivent
le
rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définiti
1097
ré des éléments divers, et qui doivent le rester.
Le
couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’ill
1098
qui doivent le rester. Le couple humain, lié par
le
mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voil
1099
lié par le mariage, répond à cette définition et
l’
illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre, et
1100
absolument comprendre, et même sentir : sur tous
les
plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois deux choses, pense
1101
locales et pouvoir central limité. Sur le plan de
l’
économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et assu
1102
encore : risque et assurance. Partout, dans tous
les
plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou d
1103
isque et assurance. Partout, dans tous les plans,
la
formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politiqu
1104
nce. Partout, dans tous les plans, la formule est
la
même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’é
1105
e politique générale, d’économie ou d’esthétique,
le
problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l
1106
, le problème restera toujours d’éviter à la fois
l’
isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyranni
1107
oujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et
l’
uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordr
1108
s l’isolation stérile et l’uniformité contrainte,
l’
anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et pa
1109
stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et
la
tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devis
1110
contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore
le
désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union d
1111
anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et
le
faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversit
1112
u encore le désordre et le faux ordre. Et partout
la
devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithès
1113
sordre et le faux ordre. Et partout la devise est
la
même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la
1114
re. Et partout la devise est la même : union dans
la
diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire,
1115
t la même : union dans la diversité, c’est-à-dire
l’
antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcé
1116
la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de
la
formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
1117
tithèse exacte de la formule totalitaire, qui est
la
réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste,
1118
ormule totalitaire, qui est la réduction forcée à
l’
uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son princi
1119
i est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est
la
dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens l
1120
tique fédéraliste, simple dans son principe comme
le
bon sens lui-même, — mais en fait constamment trahie par la plupart d
1121
de constitutions. (On ne peut guère excepter que
les
Suisses.) Inutile d’insister : la méthode du fédéralisme est la seule
1122
e excepter que les Suisses.) Inutile d’insister :
la
méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités e
1123
nutile d’insister : la méthode du fédéralisme est
la
seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéralis
1124
éennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de
l’
Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il r
1125
re de l’Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire
les
bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que n
1126
e, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de
la
paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assigne
1127
faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser
les
positions de combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, n
1128
une pareille attitude. Certes, nous voulons faire
l’
Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acc
1129
Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous
les
partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de
1130
t le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui
l’
acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, a
1131
avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes
les
nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions o
1132
qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont
la
liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions,
1133
nt, avec toutes les nations qui ont la liberté de
l’
accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes
1134
ons qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes
les
religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pa
1135
berté de l’accepter, avec toutes les religions ou
les
irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
1136
les religions ou les irréligions, et avec toutes
les
classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en p
1137
lan que sont nos adversaires. Mais en préconisant
le
fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’ent
1138
saires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous
les
étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à
1139
n préconisant le fédéralisme à tous les étages de
la
société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle na
1140
fédéralisme à tous les étages de la société, dans
la
commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au
1141
tous les étages de la société, dans la commune et
l’
entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au plan européen,
1142
, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à
l’
échelle nationale, puis au plan européen, et finalement au plan mondia
1143
e tout entière — de par sa nature même, et de par
la
nature des obstacles qu’elle trouve posés en travers de sa route vers
1144
qu’elle trouve posés en travers de sa route vers
l’
Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne
1145
travers de sa route vers l’Europe fédérée et vers
la
paix — à la destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes
1146
a route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à
la
destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes, et que Nie
1147
homas Hobbes, et que Nietzsche appelait un jour «
le
plus froid de tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et pr
1148
ietzsche appelait un jour « le plus froid de tous
les
monstres froids » — l’État-nation, cause et produit de toutes nos gue
1149
r « le plus froid de tous les monstres froids » —
l’
État-nation, cause et produit de toutes nos guerres. Sur ce point-là,
1150
ibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire
les
nations, supprimer toutes les différences entre la France et l’Allema
1151
un instant détruire les nations, supprimer toutes
les
différences entre la France et l’Allemagne, par exemple, ni contester
1152
s nations, supprimer toutes les différences entre
la
France et l’Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos p
1153
pprimer toutes les différences entre la France et
l’
Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos pays des admin
1154
t autonomes. Ce que nous voulons supprimer, c’est
l’
étatisation de la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forc
1155
ue nous voulons supprimer, c’est l’étatisation de
la
nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par la m
1156
’est l’étatisation de la nation elle-même ; c’est
la
confiscation de ses forces vives par la machine imbécile de l’État, e
1157
e ; c’est la confiscation de ses forces vives par
la
machine imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique de
1158
on de ses forces vives par la machine imbécile de
l’
État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationa
1159
par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin
le
dogme et la pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est
1160
ne imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme et
la
pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est pourquoi nou
1161
ons, comme premier point de tout notre programme,
l’
institution d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir s
1162
supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être
la
gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal po
1163
doit être la gardienne d’une Charte des droits de
la
personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs é
1164
nne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre
les
pouvoirs étatiques, les minorités opprimées, et plus encore : les sim
1165
urront en appeler, contre les pouvoirs étatiques,
les
minorités opprimées, et plus encore : les simples citoyens. Ainsi ser
1166
tiques, les minorités opprimées, et plus encore :
les
simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit les lib
1167
ore : les simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé
le
droit qui garantit les libertés européennes, le droit d’opposition lé
1168
yens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit
les
libertés européennes, le droit d’opposition légale contre l’État. Par
1169
é le droit qui garantit les libertés européennes,
le
droit d’opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’o
1170
européennes, le droit d’opposition légale contre
l’
État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder,
1171
on légale contre l’État. Parler de démocratie, si
l’
on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler de dictature : vo
1172
est bavarder, ou c’est parler de dictature : voir
les
démocraties dites populaires. Les vues que j’expose ici sont garanti
1173
ctature : voir les démocraties dites populaires.
Les
vues que j’expose ici sont garanties par une action qui se poursuit d
1174
ranties par une action qui se poursuit dans toute
l’
Europe depuis deux ans et qui est en train d’aboutir à certains résult
1175
en train d’aboutir à certains résultats concrets.
La
Conférence des Cinq va peut-être accepter notre plan de Parlement eur
1176
te assemblée, que nous voulons élue à la fois par
les
parlements et par les forces vives de chaque pays, doit se réunir dan
1177
voulons élue à la fois par les parlements et par
les
forces vives de chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle
1178
quelques mois. Elle aura pour mission de proposer
la
création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe.
1179
ion de proposer la création d’une Cour suprême et
la
Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelque chose, qui peut deve
1180
d’une Cour suprême et la Constitution fédérale de
l’
Europe. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous somm
1181
où nous obtenons ces premiers résultats concrets,
les
risques s’aggravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaq
1182
collective ; vers on ne sait quelle coalition sur
le
papier qui se donnerait l’air de provoquer l’un des deux grands, sans
1183
t quelle coalition sur le papier qui se donnerait
l’
air de provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force
1184
quer l’un des deux grands, sans créer pour autant
la
force nécessaire pour décourager l’agression… C’est donc, pour nous,
1185
r pour autant la force nécessaire pour décourager
l’
agression… C’est donc, pour nous, le moment d’être forts dans les cons
1186
ur décourager l’agression… C’est donc, pour nous,
le
moment d’être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinio
1187
’est donc, pour nous, le moment d’être forts dans
les
conseils européens — de rallier l’opinion active derrière nos avant-g
1188
re forts dans les conseils européens — de rallier
l’
opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et d’imprimer u
1189
otre propagande populaire, ou pour mieux dire : à
l’
information de la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichins
1190
opulaire, ou pour mieux dire : à l’information de
la
masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui se
1191
croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout
le
travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je vou
1192
peut, à lui seul, faire tout le travail et créer
l’
opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien ne plus e
1193
hrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour
l’
avoir lue dans une centaine de comptes rendus de nos réunions et de no
1194
sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant
l’
officier sortir de la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, cr
1195
l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir de
la
tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo
1196
r sortir de la tranchée et s’élancer le premier à
l’
attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient dans leur trou. Il y a
1197
votre mouvement, mais tout de même nous restons à
l’
écart, vous courez trop de dangers de ‟mystifications” par les forces
1198
us courez trop de dangers de ‟mystifications” par
les
forces impérialistes… » C’est ainsi qu’on pouvait lire dans la revue
1199
érialistes… » C’est ainsi qu’on pouvait lire dans
la
revue Esprit cette phrase admirable : Affirmer une vigilance de f
1200
quand il s’agit de voter dans nos congrès contre
les
« mystifications » qu’ils dénoncent du dehors, à juste titre, mais qu
1201
lles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand
la
bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils
1202
e nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire
l’
Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est q
1203
ulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire
la
paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
1204
pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute
la
bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… »
1205
, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse
le
monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petites natures
1206
eur que Churchill… » Ces petites natures récitent
la
leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier. Ils oublient que
1207
n n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je
le
rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres
1208
mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever
le
ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Chur
1209
dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne
le
sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti tota
1210
stes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter
le
peuple sur les places. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport !
1211
avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur
les
places. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport ! et nous vous d
1212
ène avait bien tort quand il cherchait un homme à
la
lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’e
1213
Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est
le
plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille est en train de se livrer p
1214
uver. Une bataille est en train de se livrer pour
l’
Europe. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gou
1215
lle est en train de se livrer pour l’Europe. Nous
l’
avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gouvernements et p
1216
ivrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous
les
fédéralistes, en invitant gouvernements et parlements à convoquer cet
1217
nne. C’est maintenant — ou peut-être jamais — que
le
fédéralisme court sa chance, et avec elle les chances de la paix. Si
1218
que le fédéralisme court sa chance, et avec elle
les
chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses
1219
isme court sa chance, et avec elle les chances de
la
paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’Eur
1220
avec elle les chances de la paix. Si nous voulons
la
paix, nous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr
1221
voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens :
l’
Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vo
1222
ous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie est
le
plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir le fédéralis
1223
: l’Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons
l’
Europe, nous devons vouloir le fédéralisme ; si nous voulons demeurer
1224
r ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir
le
fédéralisme ; si nous voulons demeurer libres, c’est aujourd’hui qu’i
1225
er libres, c’est aujourd’hui qu’il faut en courir
l’
aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitess
1226
venture. Il dépend de nous, Européens, de prendre
la
guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les
1227
endre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que
le
jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclamant leu
1228
e. Il dépend de nous que le jour soit prochain où
les
voix concertées de l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se
1229
e le jour soit prochain où les voix concertées de
l’
Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au mond
1230
pourront se faire entendre au monde entier comme
la
voix forte enfin de l’espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sau
1231
ndre au monde entier comme la voix forte enfin de
l’
espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commencer
1232
spérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver
la
paix : commencer par l’Europe », Fédération, Paris, février 1949, p.
1233
t Denis de, « Pour sauver la paix : commencer par
l’
Europe », Fédération, Paris, février 1949, p. 70-77.
1234
L’
Europe ou le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes
1235
L’Europe ou
le
cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes viennent de
1236
L’Europe ou le cap du destin (1949)g Toutes
les
grandeurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature n
1237
g Toutes les grandeurs européennes viennent de
l’
esprit, et non pas de la nature ni du nombre. Comment expliquer autrem
1238
s européennes viennent de l’esprit, et non pas de
la
nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déchiquet
1239
ment expliquer autrement que ce cap déchiqueté de
l’
Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa populat
1240
utrement que ce cap déchiqueté de l’Asie — 4 % de
la
superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ait pu rég
1241
ixième de sa population — ait pu régner sur toute
la
terre, tant par ses armes et ses lois que par l’attrait universel qu’
1242
la terre, tant par ses armes et ses lois que par
l’
attrait universel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie
1243
’attrait universel qu’exerçaient ses pouvoirs sur
les
choses et la vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, d
1244
rsel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et
la
vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap
1245
xerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie ?
Les
causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent
1246
», furent très diverses et même contradictoires.
L’
Europe a dominé par ses techniques, par sa science de la mise en valeu
1247
pe a dominé par ses techniques, par sa science de
la
mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dom
1248
tile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par
la
violence aussi, et par la mise en esclavage ou en servage de centaine
1249
Mais elle a dominé par la violence aussi, et par
la
mise en esclavage ou en servage de centaines de millions d’habitants
1250
n servage de centaines de millions d’habitants de
la
planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beaucoup plus subtil
1251
, et peut-être plus effective, en imposant à tous
les
continents un certain angle de vision de la destinée, une notion de l
1252
tous les continents un certain angle de vision de
la
destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dériv
1253
ain angle de vision de la destinée, une notion de
l’
homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts de
1254
l’homme issue du christianisme, et dont dérivent
les
grands concepts de liberté et de justice, de dignité de la personne e
1255
concepts de liberté et de justice, de dignité de
la
personne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au
1256
iale, concepts dont se réclament, au xxe siècle,
les
« humanistes » aussi bien que les chrétiens, les Américains comme les
1257
au xxe siècle, les « humanistes » aussi bien que
les
chrétiens, les Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme
1258
les « humanistes » aussi bien que les chrétiens,
les
Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chi
1259
ussi bien que les chrétiens, les Américains comme
les
Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de
1260
e les chrétiens, les Américains comme les Russes,
les
chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie
1261
ns, les Américains comme les Russes, les chefs de
l’
Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de techn
1262
mme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de
la
Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique, de science pure
1263
trines politiques ou de procédés de construction,
le
monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les blessures — du gé
1264
e construction, le monde entier porte aujourd’hui
les
marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. Et certes
1265
e monde entier porte aujourd’hui les marques — ou
les
blessures — du génie créateur de l’Europe. Et certes, l’Europe a foll
1266
marques — ou les blessures — du génie créateur de
l’
Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes de s
1267
sures — du génie créateur de l’Europe. Et certes,
l’
Europe a follement exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on les
1268
l’Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté
les
secrets mêmes de sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre
1269
nt exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on
les
retourne sans scrupules contre elle. Mais elle reste le palladium d’u
1270
ourne sans scrupules contre elle. Mais elle reste
le
palladium d’une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Eu
1271
civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que
l’
Europe est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse
1272
ent d’imiter. Dire que l’Europe est menacée — et
l’
on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le c
1273
l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point
la
menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’
1274
oint la menace est sérieuse — c’est donc dire que
le
cœur et la conscience d’une culture désormais universelle sont menacé
1275
ace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et
la
conscience d’une culture désormais universelle sont menacés. Pour le
1276
culture désormais universelle sont menacés. Pour
le
bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’e
1277
universelle sont menacés. Pour le bien comme pour
le
mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se tr
1278
ur le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de
l’
Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents
1279
le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de
l’
esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont ravi les moy
1280
l se trouve que d’autres continents nous ont ravi
les
moyens matériels de la puissance, et nous en ont en quelque sorte pur
1281
continents nous ont ravi les moyens matériels de
la
puissance, et nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont con
1282
fiés. Ils nous ont condamnés à ne représenter que
l’
essentiel d’une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Déf
1283
on : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre
l’
Europe, aujourd’hui, ce n’est donc plus défendre le capitalisme indust
1284
’Europe, aujourd’hui, ce n’est donc plus défendre
le
capitalisme industriel, ni la puissance militaire, ni la suprématie d
1285
donc plus défendre le capitalisme industriel, ni
la
puissance militaire, ni la suprématie de la race blanche, ni l’ordre
1286
talisme industriel, ni la puissance militaire, ni
la
suprématie de la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la n
1287
l, ni la puissance militaire, ni la suprématie de
la
race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni
1288
ilitaire, ni la suprématie de la race blanche, ni
l’
ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car
1289
a race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni
la
notion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en c
1290
ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni
le
nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s
1291
rix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car
l’
Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela
1292
ion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou
la
Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela, nous pourrio
1293
s pourrions aussi bien nous laisser coloniser par
les
Yankees ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à se servir mie
1294
laisser coloniser par les Yankees ou annexer par
les
staliniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous de ces armes in
1295
ar nous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. Si
les
Européens, dans leur majorité, refusent à la fois de se laisser améri
1296
er staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans
le
meilleur cas, en retour de certains avantages matériels, ils perdraie
1297
s avantages matériels, ils perdraient ce qui fait
le
sens même de leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leu
1298
ur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec
le
diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes et Américains compris.
1299
esse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et
le
monde entier en pâtirait, Russes et Américains compris. Cette Europe,
1300
ins compris. Cette Europe, pratiquement réduite à
l’
essentiel de son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allon
1301
e qu’il a de plus défendable, comment allons-nous
la
défendre ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plu
1302
comment allons-nous la défendre ? Là-dessus, tous
les
esprits s’accordent : il faut sans plus tarder fédérer nos nations, u
1303
ersées, leur rendre un grand marché en supprimant
les
douanes, et créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pie
1304
éens, capables de traiter sur pied d’égalité avec
les
empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’
1305
iter sur pied d’égalité avec les empires neufs de
l’
Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance europée
1306
d d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de
l’
Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul mo
1307
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer
l’
indépendance européenne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont l
1308
l’indépendance européenne, seul moyen de prévenir
la
guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteu
1309
enne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont
les
buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement europé
1310
Tels sont les buts concrets que se sont assignés
les
promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août de cet
1311
Assemblée parlementaire du Continent. Mais toutes
les
constructions économiques, juridiques, politiques et sociales, dont c
1312
es, politiques et sociales, dont chacun reconnaît
l’
urgence, et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et
1313
sociales, dont chacun reconnaît l’urgence, et que
le
Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie, si elle
1314
n espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de
l’
opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artifici
1315
ses, ce n’est pas une propagande artificielle qui
les
créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de not
1316
e communauté. Ce sentiment existe, nous venons de
le
voir ; c’est lui, d’instinct, qui nous fait repousser les tentations
1317
; c’est lui, d’instinct, qui nous fait repousser
les
tentations russe et américaine. Mais il s’agit maintenant de l’inform
1318
russe et américaine. Mais il s’agit maintenant de
l’
informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscien
1319
former, de lui donner des moyens d’expression, de
le
rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès de L
1320
on, de le rendre conscient et agissant. Telle est
la
tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessi
1321
re conscient et agissant. Telle est la tâche dont
le
congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section
1322
t le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait
la
nécessité. La section culturelle du Mouvement européen s’est constitu
1323
e La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité.
La
section culturelle du Mouvement européen s’est constituée pour y coll
1324
y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant
le
Centre européen de la culture, prévu par les résolutions de La Haye,
1325
avant le Centre européen de la culture, prévu par
les
résolutions de La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à
1326
. Il a son siège à Genève, où il travaille depuis
le
mois de février de cette année. Son programme tient en trois rubrique
1327
nt en trois rubriques : a) Documentation sur tous
les
efforts entrepris dans les divers pays d’Europe en faveur de l’union
1328
Documentation sur tous les efforts entrepris dans
les
divers pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducat
1329
repris dans les divers pays d’Europe en faveur de
l’
union des peuples et d’une éducation de « cadres européens ». Des diza
1330
sur un plan européen. Deux exemples entre vingt :
le
Bureau d’études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les r
1331
s de Genève vient d’organiser une rencontre entre
les
responsables d’une dizaine d’instituts visant à la formation d’une je
1332
s responsables d’une dizaine d’instituts visant à
la
formation d’une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d
1333
t il rassemble une équipe d’historiens, en vue de
la
révision des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans la source
1334
des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans
la
source même des pires aberrations nationalistes. c) Étude et formulat
1335
tes. c) Étude et formulation des grands thèmes de
la
propagande générale du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels ont
1336
engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans
le
cadre d’un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contra
1337
cun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à
l’
hypocrisie en service commandé, ils vont pouvoir prendre leur part d’a
1338
prendre leur part d’action, assumer conjointement
les
décisions politiques, juridiques ou sociales, qui seront prises par n
1339
r être exécutées demain par un pouvoir fédéral de
l’
Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’une c
1340
ain par un pouvoir fédéral de l’Europe. En outre,
le
Bureau d’études met au point le programme d’une conférence de la cult
1341
Europe. En outre, le Bureau d’études met au point
le
programme d’une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octob
1342
des met au point le programme d’une conférence de
la
culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports natio
1343
à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par
les
« Groupes d’étude culturels », en formation dans chacun de nos pays,
1344
en formation dans chacun de nos pays, fourniront
la
base des travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble de ces rappo
1345
n de nos pays, fourniront la base des travaux. Et
l’
on doit espérer que de l’ensemble de ces rapports documentés, inventor
1346
la base des travaux. Et l’on doit espérer que de
l’
ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les fa
1347
ensemble de ces rapports documentés, inventoriant
les
forces et les faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront de
1348
s rapports documentés, inventoriant les forces et
les
faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront deux séries de c
1349
nales, se dégageront deux séries de conclusions :
les
unes portant sur ce qui existe dans l’état de division dont nous souf
1350
lusions : les unes portant sur ce qui existe dans
l’
état de division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naîtr
1351
iste dans l’état de division dont nous souffrons,
les
autres sur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée de ses fron
1352
tatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à
la
libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message aux
1353
». ( Message aux Européens , congrès de La Haye.)
L’
Europe est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que ch
1354
mprenne que son salut ne peut être assuré que par
l’
union, et que cette union ne sera jamais réelle sans le concours actif
1355
on, et que cette union ne sera jamais réelle sans
le
concours actif de chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformi
1356
actif de chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter
l’
uniformisation que d’accepter nos divisions présentes, nous voulons co
1357
sentes, nous voulons concerter nos vocations pour
la
défense et pour l’épanouissement d’un certain nombre de valeurs humai
1358
s concerter nos vocations pour la défense et pour
l’
épanouissement d’un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Eur
1359
d’un certain nombre de valeurs humaines qui, sans
l’
Europe, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans
1360
maines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais
l’
Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vi
1361
pe à son tour serait perdue sans elles. Telle est
l’
interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles naissent et meu
1362
due sans elles. Telle est l’interaction vitale de
l’
Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédér
1363
Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de
la
culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est
1364
et de la culture. Elles naissent et meurent avec
l’
esprit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans la diversité. g
1365
ent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est
le
génie de l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Eur
1366
nt avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de
l’
union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le ca
1367
rit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans
la
diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le cap du destin »
1368
on dans la diversité. g. Rougemont Denis de, «
L’
Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–ju
1369
iversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou
le
cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–juillet 1949,
1370
«
Le
promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949
1371
« Le promoteur de
l’
émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la
1372
« Le promoteur de l’émission Demain
l’
Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois de fév
1373
’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis
la
fin du mois de février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédérali
1374
n du mois de février 1949, M. Denis de Rougemont,
le
grand fédéraliste, parle chaque semaine au micro du « dialogue » qu’e
1375
le chaque semaine au micro du « dialogue » qu’est
l’
Europe. De lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desque
1376
. Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-il fédérer
l’
Europe ? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la
1377
’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher
la
guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer la seule pu
1378
tomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer
la
seule puissance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux
1379
effet, créer la seule puissance capable d’exiger
la
paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grand
1380
r la seule puissance capable d’exiger la paix, de
l’
inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où
1381
ance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour
les
deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où les nations ne d
1382
x autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où
les
nations ne disparaîtraient pas davantage que nos cantons n’ont dispar
1383
nos cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où
les
guerres entre nations deviendraient aussi impossibles que la guerre e
1384
entre nations deviendraient aussi impossibles que
la
guerre entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aussi
1385
nez ensuite cette grande Europe aussi décidée que
la
Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœu
1386
nde Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire
la
guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance re
1387
conquise. Paix, liberté, prospérité, tels ont été
les
grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au cour
1388
spérité, tels ont été les grands motifs de toutes
les
confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et vous savez
1389
ds motifs de toutes les confédérations qui ont vu
le
jour au cours des siècles, et vous savez comment la Suisse a su attei
1390
jour au cours des siècles, et vous savez comment
la
Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant, il y a cent ans
1391
parer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur
la
Suisse qui fera partie d’une série de 16 volumes édités par l’Unesco,
1392
fera partie d’une série de 16 volumes édités par
l’
Unesco, série qui traitera de différents pays. Je prépare également un
1393
lâche c’est une œuvre très importante qui a nom :
l’
Europe dont les problèmes culturels, en particulier, accaparent tout m
1394
e œuvre très importante qui a nom : l’Europe dont
les
problèmes culturels, en particulier, accaparent tout mon temps. En ef
1395
ccaparent tout mon temps. En effet, je dirige ici
le
bureau d’études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, t
1396
. Pouvez-vous, très succinctement, nous parler de
la
mission de ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute indé
1397
r et de proposer toute mesure propre à promouvoir
le
sentiment de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion,
1398
toute mesure propre à promouvoir le sentiment de
l’
unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le fi
1399
t de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur
l’
opinion, la presse, le film et la radio, par voie d’informations et de
1400
é européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion,
la
presse, le film et la radio, par voie d’informations et de recommanda
1401
e ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse,
le
film et la radio, par voie d’informations et de recommandations, de c
1402
dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et
la
radio, par voie d’informations et de recommandations, de coordonner l
1403
informations et de recommandations, de coordonner
les
efforts pour créer une union des universités et des membres des corps
1404
fin d’exercer un contrôle vigilant pour restaurer
le
propre usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’est possible.
1405
ans lesquels aucun pacte n’est possible. De plus,
le
Centre européen offrira un lieu de rencontre aux porteurs et aux créa
1406
ieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs de
la
culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les grand
1407
cidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble
les
grandes questions qui affectent la vie de l’Europe, et s’exprimer à l
1408
iner ensemble les grandes questions qui affectent
la
vie de l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinio
1409
ble les grandes questions qui affectent la vie de
l’
Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique
1410
rope, et s’exprimer à leur sujet par des appels à
l’
opinion publique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de l’émissi
1411
à l’opinion publique. k. Rougemont Denis de, «
Le
promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausan
1412
ique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de
l’
émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 19
1413
ont Denis de, « Le promoteur de l’émission Demain
l’
Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 1949, p. 950.
1414
moteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… »,
Le
Radio, Lausanne, 1 juillet 1949, p. 950.
1415
Le
Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 194
1416
ure aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)l
L’
Europe dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Pol
1417
en Suisse (7 juillet 1949)l L’Europe dominait
le
monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus d
1418
L’Europe dominait le monde entier, lorsque éclata
la
guerre de 1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain rele
1419
éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus de
la
moitié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’insp
1420
ié du genre humain relevait de ses gouvernements,
le
reste s’inspirait de ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétienn
1421
es, chrétiennes ou humanistes. Elle avait inventé
les
armes et les lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses t
1422
es ou humanistes. Elle avait inventé les armes et
les
lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses techniques, de
1423
Elle avait inventé les armes et les lois, et tous
les
peuples subissaient l’attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur
1424
rmes et les lois, et tous les peuples subissaient
l’
attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vi
1425
l’attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur
la
matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Euro
1426
techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur
la
vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’e
1427
r la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent,
l’
Europe la devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap
1428
Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe
la
devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchique
1429
ance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à
l’
esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’Asie
1430
ysiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de
l’
Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa grande
1431
’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent de
la
superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui
1432
é de l’Asie, quatre pour cent de la superficie de
la
planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien com
1433
Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour
le
bien comme pour le mal, avait créé ses richesses et sa science, ses m
1434
venait de sa culture, qui pour le bien comme pour
le
mal, avait créé ses richesses et sa science, ses machines, ses cités
1435
a science, ses machines, ses cités et ses livres.
Le
monde entier portait les marques — ou les blessures — du génie créate
1436
ses cités et ses livres. Le monde entier portait
les
marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. En cinq a
1437
livres. Le monde entier portait les marques — ou
les
blessures — du génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout s’est éc
1438
marques — ou les blessures — du génie créateur de
l’
Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de main
1439
eur de l’Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé.
La
puissance a changé de mains. Elle est russe et américaine. Elle se re
1440
usse et américaine. Elle se retourne contre nous.
L’
Europe déchue n’est plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre
1441
vingt-quatre nations, à demi ruiné, et menacé par
les
deux Grands de colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse d
1442
sation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de
la
planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance écon
1443
ique, déjà fortement compromise. Cette Europe sur
la
défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprit
1444
ette Europe sur la défensive, comment allons-nous
la
sauver ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plus
1445
, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous
les
esprits s’accordent : il faut sans plus tarder fédérer ses nations, u
1446
ersées, leur rendre un grand marché en supprimant
les
douanes, et créer des pouvoirs européens capables de traiter sur pied
1447
péens capables de traiter sur pied d’égalité avec
les
empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’
1448
iter sur pied d’égalité avec les empires neufs de
l’
Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance europée
1449
d d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de
l’
Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est
1450
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer
l’
indépendance européenne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir
1451
rer l’indépendance européenne, qui est à son tour
le
seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les
1452
révenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont
les
buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement europé
1453
Tels sont les buts concrets que se sont assignés
les
promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois d’août de cett
1454
eurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg,
le
Parlement consultatif de treize nations. Mais toutes les construction
1455
lement consultatif de treize nations. Mais toutes
les
constructions économiques, juridiques, politiques et sociales, dont c
1456
es, politiques et sociales, dont chacun reconnaît
l’
urgence et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et
1457
sociales, dont chacun reconnaît l’urgence et que
le
Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie si elles
1458
n espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de
l’
opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artific
1459
ses, ce n’est pas une propagande artificielle qui
les
créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de not
1460
s, et supprimons cet épuisant conflit en adoptant
l’
ordre totalitaire, celui qui règne à Varsovie. » C’est lui aussi qui n
1461
is américains : « Mais entrez donc, apportez-nous
les
secrets de votre bonheur, nous vendrons notre droit d’aînesse contre
1462
. » Si nous refusons, c’est que nous avons encore
le
sentiment d’une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est
1463
e, de liberté et de conscience, qui est justement
la
raison d’être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui do
1464
conscience, qui est justement la raison d’être de
l’
Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d’ex
1465
ce sentiment, lui donner des moyens d’expression,
le
rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche vitale que vou
1466
le rendre enfin conscient et agissant. Telle est
la
tâche vitale que voudrait assumer le Centre européen de la culture, q
1467
t. Telle est la tâche vitale que voudrait assumer
le
Centre européen de la culture, qui doit s’ouvrir en Suisse dans quelq
1468
enève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur
les
aspects techniques de son travail (documentation européenne ; coordin
1469
qui souvent s’ignorent ; action de propagande par
la
presse, la radio, les revues, auprès des élites comme du grand public
1470
s’ignorent ; action de propagande par la presse,
la
radio, les revues, auprès des élites comme du grand public ; formatio
1471
t ; action de propagande par la presse, la radio,
les
revues, auprès des élites comme du grand public ; formation d’équipes
1472
nationales, etc.). Je voudrais simplement définir
l’
esprit qui l’inspire et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, d
1473
tc.). Je voudrais simplement définir l’esprit qui
l’
inspire et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la c
1474
rais simplement définir l’esprit qui l’inspire et
le
guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en sta
1475
ide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre
la
culture en statistiques, ou de traiter théoriquement les problèmes ét
1476
ture en statistiques, ou de traiter théoriquement
les
problèmes éternels de la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais
1477
e traiter théoriquement les problèmes éternels de
la
liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part o
1478
iquement les problèmes éternels de la liberté, de
la
justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part offrir aux force
1479
d’une part offrir aux forces culturelles de toute
l’
Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du mouvement
1480
t offrir aux forces culturelles de toute l’Europe
les
moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédéralis
1481
Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans
l’
œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, faire valoir les droits
1482
ouvement fédéraliste ; d’autre part, faire valoir
les
droits de l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de
1483
aliste ; d’autre part, faire valoir les droits de
l’
esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Fair
1484
utre part, faire valoir les droits de l’esprit de
la
culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sorte q
1485
valoir les droits de l’esprit de la culture, dans
la
construction de l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aid
1486
e l’esprit de la culture, dans la construction de
l’
Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’u
1487
ruction de l’Europe de demain. Faire en sorte que
la
culture aide nos peuples à s’unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée
1488
ne en aide à chacune de nos cultures : telle sera
la
double ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lau
1489
e nos cultures : telle sera la double ambition de
la
Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’octobr
1490
doit se réunir à Lausanne au mois d’octobre, sous
les
auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse soit prévue com
1491
octobre, sous les auspices du Mouvement européen.
Le
fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la c
1492
s les auspices du Mouvement européen. Le fait que
la
Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la culture et de
1493
omme siège du Centre européen de la culture et de
la
Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de considératio
1494
re neutralité traditionnelle, reconnue par toutes
les
puissances comme étant « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pou
1495
toutes les puissances comme étant « nécessaire à
l’
Europe », rend difficile, pour le moment, notre pleine participation a
1496
t « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pour
le
moment, notre pleine participation aux conseils politiques du contine
1497
isse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre, de
l’
Europe tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc part
1498
urra-t-il donc participer aux efforts pour sauver
l’
Europe ? La réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité
1499
onc participer aux efforts pour sauver l’Europe ?
La
réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvemen
1500
au comité du Mouvement européen, on a reconnu que
le
domaine culturel était celui où nous pouvions, sans compromettre en r
1501
sans compromettre en rien notre neutralité, jouer
le
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Q
1502
utralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans
l’
œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il
1503
e qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de
la
fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une mani
1504
il s’agisse là d’une manière de nous faufiler par
la
petite porte ! Car à mesure que se réalisent les objectifs politiques
1505
r la petite porte ! Car à mesure que se réalisent
les
objectifs politiques du Mouvement (le Conseil de l’Europe étant acqui
1506
réalisent les objectifs politiques du Mouvement (
le
Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que la fédération du cont
1507
e Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que
la
fédération du continent se dessine et prend corps, la nécessité de lu
1508
édération du continent se dessine et prend corps,
la
nécessité de lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien
1509
e au premier plan. Et c’est bien cela, c’est bien
l’
âme du Mouvement, que doit devenir le Centre européen de la culture. L
1510
, c’est bien l’âme du Mouvement, que doit devenir
le
Centre européen de la culture. Les plus anciennes traditions de la Su
1511
ue doit devenir le Centre européen de la culture.
Les
plus anciennes traditions de la Suisse la désignent comme siège d’une
1512
n de la culture. Les plus anciennes traditions de
la
Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens des
1513
lture. Les plus anciennes traditions de la Suisse
la
désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens des cols pour
1514
e d’une telle institution. Gardiens des cols pour
le
Saint-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et de la Genève d
1515
pire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et de
la
Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créations
1516
ens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis de
la
Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’esprit international ;
1517
de la Croix-Rouge et de vingt autres créations de
l’
esprit international ; gardiens enfin d’une expérience fédéraliste qui
1518
déraliste qui peut servir d’exemple au continent,
les
Suisses seront fidèles à leur vraie vocation en accueillant, soutenan
1519
aie vocation en accueillant, soutenant et animant
le
foyer même d’une action historique, dont on a pu dire que le but étai
1520
me d’une action historique, dont on a pu dire que
le
but était « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Cen
1521
historique, dont on a pu dire que le but était «
l’
Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Centre européen de
1522
’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, «
Le
Centre européen de la culture aura son siège en Suisse », Curieux, Ne
1523
Préface à
Le
Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut se
1524
Préface à Le Problème de
l’
union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange q
1525
Il peut sembler étrange qu’on parle de « faire
l’
Europe », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’expression
1526
», quand elle existe depuis tant de siècles. Mais
l’
expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformatio
1527
siècles. Mais l’expression se justifie sitôt que
l’
on songe à la brusque transformation que vient de subir la puissance a
1528
s l’expression se justifie sitôt que l’on songe à
la
brusque transformation que vient de subir la puissance apparente de n
1529
ge à la brusque transformation que vient de subir
la
puissance apparente de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’
1530
de subir la puissance apparente de nos pays dans
le
jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été défaite, et sa d
1531
te de nos pays dans le jeu des forces mondiales :
l’
Europe paraît avoir été défaite, et sa défection à l’Histoire devient
1532
urope paraît avoir été défaite, et sa défection à
l’
Histoire devient une possibilité. À peine libérée dans ses ruines, ell
1533
ruines, elle constate qu’elle est détrônée. Entre
les
deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle
1534
les deux empires vainqueurs, subitement élevés à
l’
Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle
1535
mpires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à
l’
Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et malheu
1536
une conscience toute nouvelle, et malheureuse. «
L’
Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vien
1537
nouvelle, et malheureuse. « L’Europe est menacée,
l’
Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions »,
1538
« L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et
la
plus grave menace vient de ses divisions », déclarait le Manifeste d
1539
grave menace vient de ses divisions », déclarait
le
Manifeste du congrès de La Haye, trois ans après la fin de la guerre
1540
Manifeste du congrès de La Haye, trois ans après
la
fin de la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une
1541
du congrès de La Haye, trois ans après la fin de
la
guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situation
1542
e la guerre. Prise de conscience bien typique, on
le
voit, d’une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union s
1543
peu qu’une volonté d’union se déclare, au sein de
la
crise assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage de M. Olivier Ph
1544
de la crise assumée. Ces circonstances donnent à
l’
ouvrage de M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seu
1545
e première vue générale des efforts déployés pour
l’
union de l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise
1546
vue générale des efforts déployés pour l’union de
l’
Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de conscien
1547
de conscience active de notre sort, sans laquelle
les
traités resteront du papier. Je voudrais formuler ici deux remarques,
1548
te efficace par sa lucidité. La première touche à
l’
économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analyses
1549
té. La première touche à l’économie, la seconde à
la
doctrine formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent une
1550
’économie, la seconde à la doctrine formatrice de
l’
union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans ce
1551
, la seconde à la doctrine formatrice de l’union.
Les
analyses économiques tiennent une place importante dans ce livre. Ell
1552
nt avec rigueur vers une thèse simple : c’est que
l’
union économique du continent exige son union politique. Voilà, me sem
1553
semble-t-il, une manière implicite d’affirmer que
l’
Économie obéit beaucoup moins aux « lois » fatales admises par le xixe
1554
t beaucoup moins aux « lois » fatales admises par
le
xixe siècle qu’elle ne traduit dans ses grandes lignes certaines att
1555
relève, au départ, de quelque choix métaphysique.
La
thèse soutenue par notre auteur implique une décision inverse de cell
1556
uteur implique une décision inverse de celle dont
les
suites nécessaires nous ont conduits aux impasses présentes. Nous viv
1557
mpasses présentes. Nous vivons, depuis 1920, sous
le
règne effectif des Experts. Je vois bien que ce règne est né d’une ré
1558
is bien que ce règne est né d’une réaction contre
la
politique de l’éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Ma
1559
ègne est né d’une réaction contre la politique de
l’
éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, si l
1560
pelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, si
l’
on n’y prend garde, à évacuer la politique, au sens légitime de ce ter
1561
Mais il tend, si l’on n’y prend garde, à évacuer
la
politique, au sens légitime de ce terme. Il tend à substituer, en fai
1562
itime de ce terme. Il tend à substituer, en fait,
les
Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une déci
1563
me. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à
l’
Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision propremen
1564
à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité.
Le
plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision proprement politique,
1565
oprement politique, pourra marquer, s’il aboutit,
le
point de renversement d’une attitude contraire au génie de l’Europe.
1566
renversement d’une attitude contraire au génie de
l’
Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroitemen
1567
qu’au cours d’un historique adroitement condensé,
l’
auteur souligne, à plusieurs reprises, l’influence « déterminante » de
1568
ondensé, l’auteur souligne, à plusieurs reprises,
l’
influence « déterminante » de l’aile fédéraliste du Mouvement européen
1569
usieurs reprises, l’influence « déterminante » de
l’
aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la créatio
1570
aliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de
la
création d’une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus
1571
rité européenne. On pourra discuter plus tard sur
la
paternité réelle de maints projets revendiqués par les fédéralistes,
1572
aternité réelle de maints projets revendiqués par
les
fédéralistes, tels que la Cour européenne des droits de l’homme, le p
1573
rojets revendiqués par les fédéralistes, tels que
la
Cour européenne des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’aci
1574
els que la Cour européenne des droits de l’homme,
le
pool du charbon et de l’acier, la transformation du Comité des minist
1575
e des droits de l’homme, le pool du charbon et de
l’
acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il par
1576
its de l’homme, le pool du charbon et de l’acier,
la
transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il paraît d’ore
1577
araît d’ores et déjà hors de question que ce sont
les
fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Autorité
1578
uestion que ce sont les fédéralistes qui ont mené
la
lutte pour le Pacte et pour une Autorité politique supranationale. S’
1579
sont les fédéralistes qui ont mené la lutte pour
le
Pacte et pour une Autorité politique supranationale. S’ils sont parfo
1580
ermettrai de répondre en leur nom que, justement,
le
but n’est pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bie
1581
ntende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas
le
lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque association
1582
ais rencontré une personne qui ose se dire contre
la
paix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’union des peupl
1583
ersonne qui ose se dire contre la paix, ou contre
la
vertu en général, ou même contre l’union des peuples de l’Europe. Nou
1584
ix, ou contre la vertu en général, ou même contre
l’
union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais
1585
en général, ou même contre l’union des peuples de
l’
Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’
1586
s tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent
l’
union, bien sûr, et comment donc, tandis que d’autres veulent ses cond
1587
eur paraît possible — tandis que d’autres veulent
le
nécessaire. Certains déplorent nos divisions, tandis que d’autres veu
1588
nos divisions, tandis que d’autres veulent abolir
la
cause du mal, qui est la souveraineté nationale. Ces autres qui saven
1589
d’autres veulent abolir la cause du mal, qui est
la
souveraineté nationale. Ces autres qui savent ce qu’ils veulent, qui
1590
clairement leur fin et qui exigent ses moyens, je
les
appelle fédéralistes. Il n’est pas juste de les considérer comme extr
1591
e les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste de
les
considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme mod
1592
attitudes. M. Philip a des pages excellentes sur
le
« compromis » nécessaire, dans le domaine économique, entre les dirig
1593
excellentes sur le « compromis » nécessaire, dans
le
domaine économique, entre les dirigistes et les libéraux. Mais cette
1594
s » nécessaire, dans le domaine économique, entre
les
dirigistes et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule.
1595
ns le domaine économique, entre les dirigistes et
les
libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est née,
1596
et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas
la
seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de
1597
béraux. Mais cette opposition n’est pas la seule.
L’
Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur supp
1598
de leur suppression artificielle. Elle y perdrait
le
secret de sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas
1599
erdrait le secret de sa créativité, qui est aussi
le
secret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europe toute l
1600
ret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver
l’
Europe toute libérale ou toute socialiste, on ne peut l’imaginer toute
1601
pe toute libérale ou toute socialiste, on ne peut
l’
imaginer toute catholique ou réformée, toute nordique ou latine, tout
1602
ive, sa raison d’être, en y renonçant. Quelle est
la
solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéralis
1603
solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans
le
régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages de la féconde div
1604
que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve
les
avantages de la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue
1605
e fédéraliste. Lui seul conserve les avantages de
la
féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L’ex
1606
ges de la féconde diversité en y ajoutant ceux de
l’
union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer que c
1607
té en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ?
L’
exemple de la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas s
1608
ant ceux de l’union. Vue théorique ? L’exemple de
la
Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement prat
1609
is pratique. On ne manquera pas de m’objecter que
les
Suisses sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de «
1610
à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire
l’
Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai
1611
us ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que
l’
on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou
1612
che. Quand vous y serez, il sera temps de voir si
la
prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités
1613
s de, Philip Olivier, « [Préface] Olivier Philip,
Le
Problème de l’union européenne », dans Le Problème de l’union europé
1614
ivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de
l’
union européenne », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâtel
1615
hilip, Le Problème de l’union européenne », dans
Le
Problème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière,
1616
ème de l’union européenne », dans Le Problème de
l’
union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1617
ème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de
la
Baconnière, 1950, p. 9-11.
1618
ons et buts d’une conférence (janvier 1950)n o
La
condition profondément contradictoire dans laquelle vit l’Europe, dep
1619
ion profondément contradictoire dans laquelle vit
l’
Europe, depuis dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est pr
1620
lle vit l’Europe, depuis dix ans, est entrée dans
la
phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est aussi plus près
1621
s de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que
l’
Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée,
1622
n’a jamais étép plus menacée, plus divisée devant
le
péril, — plus angoissée et sceptique à la fois. Mais il n’est pas moi
1623
dans toute sa longue histoire, — consciemment, —
l’
Europe est en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toute
1624
se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes
les
conditions de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos donné
1625
ux d’un esprit objectif, toutes les conditions de
la
ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; m
1626
iel et dans nos données immédiates ; mais ce sont
les
mêmes conditions qui pourraient être celles d’une renaissance. Nos di
1627
— mais nous prenons conscience de leur absurdité.
L’
avènement brusque et stupéfiant de deux empires extraeuropéens découra
1628
des millions d’entre nous, mais il réveille aussi
le
sentiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence éc
1629
ntiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin,
l’
indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de l’histoire, se voient
1630
un de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée,
l’
abandon aux fatalités de l’histoire, se voient combattus par l’élan ve
1631
’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de
l’
histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédérat
1632
fatalités de l’histoire, se voient combattus par
l’
élan vers l’union, vers la fédération, dont témoignent notre Mouvement
1633
e l’histoire, se voient combattus par l’élan vers
l’
union, vers la fédération, dont témoignent notre Mouvement, l’espoir e
1634
se voient combattus par l’élan vers l’union, vers
la
fédération, dont témoignent notre Mouvement, l’espoir encore tremblan
1635
s la fédération, dont témoignent notre Mouvement,
l’
espoir encore tremblant des masses, l’Assemblée de Strasbourg, cette c
1636
Mouvement, l’espoir encore tremblant des masses,
l’
Assemblée de Strasbourg, cette conférence de la culture. Je parle d’un
1637
s, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence de
la
culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu
1638
ce de la culture. Je parle d’un espoir tremblant.
Le
sentiment le plus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos p
1639
ure. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment
le
plus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos pays, c’est en
1640
lant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire
le
plus populaire dans nos pays, c’est en effet la peur, une peur souven
1641
e le plus populaire dans nos pays, c’est en effet
la
peur, une peur souvent voilée par cette indifférence qui fait dire au
1642
une manière proprement européenne d’avoir peur de
l’
avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient faire
1643
nt européenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est
la
peur d’une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et su
1644
d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur
le
corps de nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une g
1645
notre sol, et sur le corps de nos enfants ; c’est
l’
angoisse de devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait per
1646
orps de nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir
les
objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle qu
1647
ouver par là même une puissance capable d’imposer
la
paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes
1648
ne puissance capable d’imposer la paix. Telle est
la
situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son poi
1649
, où nous sommes, il dépend en partie de nous que
l’
espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, et viser just
1650
ser juste. Tandis que s’esquissent, à Strasbourg,
les
cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temps de définir la
1651
squissent, à Strasbourg, les cadres politiques de
l’
Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine
1652
s de l’Europe unie, il est grand temps de définir
la
visée, la portée humaine de cette action, la vocation de la communaut
1653
ope unie, il est grand temps de définir la visée,
la
portée humaine de cette action, la vocation de la communauté européen
1654
inir la visée, la portée humaine de cette action,
la
vocation de la communauté européenne. Tel est le but de cette Confére
1655
la portée humaine de cette action, la vocation de
la
communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’on a
1656
la vocation de la communauté européenne. Tel est
le
but de cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord u
1657
n attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à
la
question dangereuse que posent nos circonstances historiques : pourqu
1658
e posent nos circonstances historiques : pourquoi
l’
Europe ? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains
1659
s ? quels sont ses droits humains et spirituels à
l’
existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui pou
1660
nstitutionnelles propres à garantir et développer
l’
exercice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. O
1661
es propres à garantir et développer l’exercice de
la
pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. On pourrait dis
1662
pper l’exercice de la pensée libre, sans laquelle
l’
Europe n’est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de
1663
’est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur
le
titre de cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des
1664
scuter sans fin sur le titre de cette Conférence.
Les
mots européen, culture, prêtent à des controverses trop faciles. Dès
1665
es trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir
l’
Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! » et fin
1666
init par offrir une belle définition de ce qu’est
l’
Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et
1667
dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre,
la
vraie définition de l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on p
1668
oix reste, à tout prendre, la vraie définition de
l’
Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, chacun
1669
ion de l’Europe, une et diverse. De même, dès que
l’
on parle de culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites :
1670
ction ; littérature, philosophie, et doctrines de
l’
État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité humai
1671
losophie, et doctrines de l’État ; conceptions de
la
liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; e
1672
ctrines de l’État ; conceptions de la liberté, de
la
justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie
1673
; conceptions de la liberté, de la justice et de
la
dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions. Cu
1674
e la dignité humaine ; esprit critique ; et toute
la
vie des religions. Culture peut signifier aussi prise de conscience d
1675
lture peut signifier aussi prise de conscience de
la
vie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’exist
1676
ie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer
le
sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-
1677
perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de
l’
existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que su
1678
t d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter
le
pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peu
1679
le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de
l’
homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier, e
1680
le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur
les
choses. Culture peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés de cré
1681
ue sur les choses. Culture peut signifier, enfin,
l’
ensemble des procédés de création et de transmission de leurs principe
1682
pes. Je souhaite que notre Conférence s’interdise
les
débats académiques auxquels prêtent ces définitions. À toutes fins ut
1683
éfinitions. À toutes fins utiles, elle partira de
l’
idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituel
1684
À toutes fins utiles, elle partira de l’idée que
la
culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituelles qui ont
1685
s, elle partira de l’idée que la culture, ce sont
les
réalités intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’Europe aut
1686
s intellectuelles et spirituelles qui ont fait de
l’
Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réalité
1687
ne perdra plus son temps à se demander ce qu’est
la
culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la culture
1688
e demander ce qu’est la culture. Et comme on juge
l’
arbre à ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte. Deux mots sur
1689
Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera
la
culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui ne sont pas venus ici.
1690
rdre une société, il ne commence pas toujours par
la
rendre folle, il se contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’i
1691
rs par la rendre folle, il se contente parfois de
l’
endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites d’occupations accabl
1692
ne leur laissent plus une seconde pour distinguer
l’
approche des catastrophes. On demande à certains « grands noms » de ve
1693
grands noms » de venir participer au sauvetage de
l’
Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une
1694
soin subit de se retirer pour méditer. Regrettons-
le
, pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise,
1695
camps de rééducation sociale », ils auront enfin
le
temps de méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemble
1696
ciale », ils auront enfin le temps de méditer sur
les
raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comme le nôtre. Ils
1697
e. Ils comprendront qu’il est certains moments de
l’
histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous ens
1698
dront qu’il est certains moments de l’histoire où
l’
on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous ensemble, et tout
1699
s moments de l’histoire où l’on ne peut renverser
les
destins qu’en y allant tous ensemble, et toutes affaires cessantes. P
1700
eaucoup d’intellectuels redoutent non sans raison
l’
atmosphère des congrès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je le
1701
grès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je
les
comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui sont écrivain
1702
écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre
la
création dans une chambre nocturne, et les institutions dont nous all
1703
, entre la création dans une chambre nocturne, et
les
institutions dont nous allons parler ! « Qu’est-ce que cela peut bien
1704
r ! « Qu’est-ce que cela peut bien me faire ? dit
le
poète. Cela ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écriv
1705
ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais
l’
écrivain n’est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à l
1706
t — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de
la
communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le nou
1707
ivain) — au destin de la communauté dont il écrit
la
langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir, l’écoute
1708
nt il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut
le
nourrir ou l’asservir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le p
1709
langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou
l’
asservir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des va
1710
sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir,
l’
écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauv
1711
, qui peut le nourrir ou l’asservir, l’écouter ou
le
censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des in
1712
servir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout
le
problème des valeurs à sauver, et des institutions qui pourront les d
1713
aleurs à sauver, et des institutions qui pourront
les
défendre. ⁂ Le rapport général, établi pour l’information des délégué
1714
et des institutions qui pourront les défendre. ⁂
Le
rapport général, établi pour l’information des délégués, n’a d’autre
1715
t les défendre. ⁂ Le rapport général, établi pour
l’
information des délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et de c
1716
’a d’autre ambition que de signaler et de classer
les
problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans no
1717
ment européen a reçu d’abord un questionnaire sur
l’
état des problèmes concrets de la culture dans son pays. Dix-sept grou
1718
uestionnaire sur l’état des problèmes concrets de
la
culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses détail
1719
e n’avait jamais encore été tentée. Nous avons dû
l’
improviser avec des groupes en pleine période de formation. Elle nous
1720
de de formation. Elle nous a permis de mieux voir
l’
intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquement un inventair
1721
nt de délimiter des zones critiques où concentrer
l’
effort. Puis, des études plus détaillées, sur des projets concrets, no
1722
es projets concrets, nous ont été remises. Enfin,
le
Bureau d’études de Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur
1723
Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur
la
base d’une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rappor
1724
de rapports spéciaux, et des documents précités,
le
rapport général a tenté d’opérer une synthèse provisoire, en guise d’
1725
rovisoire, en guise d’introduction aux travaux de
la
conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant destin
1726
e ce rapport n’est pas un instant destiné à faire
l’
objet des discussions de la conférence. Il en introduit les sujets. Il
1727
nstant destiné à faire l’objet des discussions de
la
conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé des m
1728
des discussions de la conférence. Il en introduit
les
sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions
1729
les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à
la
série de résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point
1730
tiques qui seront proposées et mises au point par
les
commissions du congrès. La section culturelle du Mouvement européen6
1731
et mises au point par les commissions du congrès.
La
section culturelle du Mouvement européen6 avait estimé tout d’abord q
1732
l’autre aux institutions à développer ou à créer,
les
problèmes non techniques restant, bien entendu, réservés aux débuts d
1733
ues restant, bien entendu, réservés aux débuts de
l’
ensemble du congrès, siégeant en commission générale. Il nous apparaît
1734
u de prévoir une nouvelle commission, consacrée à
l’
éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question des
1735
nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à
l’
enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — La s
1736
consacrée à l’éducation et à l’enseignement. I.
Les
échangesq La question des échanges. — La situation présente est
1737
tion et à l’enseignement. I. Les échangesq
La
question des échanges. — La situation présente est bien connue. Les c
1738
I. Les échangesq La question des échanges. —
La
situation présente est bien connue. Les congressistes auront vite dre
1739
changes. — La situation présente est bien connue.
Les
congressistes auront vite dressé la liste des obstacles douaniers et
1740
bien connue. Les congressistes auront vite dressé
la
liste des obstacles douaniers et monétaires, et des mesures prétendue
1741
sures prétendues « protectionnistes » qui loin de
les
protéger, paralysent nos cultures. Par quelle méthode peut-on surmont
1742
hode peut-on surmonter ces obstacles ? C’est tout
le
problème qu’il faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À ce
1743
er. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser
les
échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en serait pas qu
1744
ns tout d’abord qu’il n’en serait pas question si
les
frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée
1745
s question si les frontières étaient ouvertes, et
l’
union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des ca
1746
ontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de
l’
Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne d
1747
leur « élargissement » immédiat, sans condition.
Le
terme même « d’échanges culturels », avouons-le, est devenu bien dépl
1748
. Le terme même « d’échanges culturels », avouons-
le
, est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire fac
1749
souvent) des problèmes réputés « secondaires » de
la
culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce peti
1750
ulture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à
la
culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que leurs douanier
1751
sulte au mieux quelques petits décrets concernant
les
voyages de quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques bo
1752
bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur
l’
indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Pré
1753
. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser
les
échanges », prenons-y garde, c’est en fait reconnaître les droits que
1754
ges », prenons-y garde, c’est en fait reconnaître
les
droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radica
1755
y garde, c’est en fait reconnaître les droits que
l’
État s’est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le dr
1756
gés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement —
le
droit d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulati
1757
’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à
la
circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autre p
1758
oriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui sont
le
moins créateurs ou novateurs, ceux qui font le moins peur aux fonctio
1759
nt le moins créateurs ou novateurs, ceux qui font
le
moins peur aux fonctionnaires, ceux qui en un mot, ont l’âme naturell
1760
peur aux fonctionnaires, ceux qui en un mot, ont
l’
âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redevienne
1761
en un mot, ont l’âme naturellement officielle. Si
l’
on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans
1762
l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que
les
échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de
1763
nges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans
les
périodes de vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état
1764
ont toujours été dans les périodes de vitalité de
la
culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits orig
1765
italité de la culture — échanges de découvertes à
l’
état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expressi
1766
curiosités avides, d’expressions authentiques de
la
sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de
1767
ous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer
la
méthode de « l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression
1768
abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de «
l’
organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et simple,
1769
ode de « l’organisation des échanges », 2° exiger
la
suppression pure et simple, immédiate, des obstacles à la libre circu
1770
ession pure et simple, immédiate, des obstacles à
la
libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de tr
1771
œuvres, et des instruments de travail, dans toute
l’
étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas,
1772
s instruments de travail, dans toute l’étendue de
l’
Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bénéf
1773
rimer tous ces droits de douane ou de visas, dont
le
bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse po
1774
ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour
les
États, dont la charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne pro
1775
nt le bénéfice est dérisoire pour les États, dont
la
charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas, dan
1776
pour les États, dont la charge est ruineuse pour
la
culture. Et surtout ne proposons pas, dans ce domaine, de nouveaux or
1777
, dans ce domaine, de nouveaux organismes ! C’est
la
paresse d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles
1778
de nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer
la
culture, c’est aussi alléger du poids mort des organisations ! Qu’on
1779
es organisations ! Qu’on n’essaie pas d’organiser
la
vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisé
1780
ns ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la vie, qu’on
la
laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisée, n’est-il pa
1781
e pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre !
La
seule idée d’une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe
1782
piration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe
le
souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité de notre cul
1783
souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets
l’
unité de notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’
1784
ormer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on
la
laisse libre de se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, ma
1785
ersités. Qu’on la laisse libre de se manifester !
L’
Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution
1786
verte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà
la
solution, voilà le remède pratique à presque tous les maux que vous a
1787
lus, mais rien de moins, voilà la solution, voilà
le
remède pratique à presque tous les maux que vous allez recenser. I
1788
solution, voilà le remède pratique à presque tous
les
maux que vous allez recenser. II. Les institutions À la suppres
1789
que tous les maux que vous allez recenser. II.
Les
institutions À la suppression des obstacles matériels et légaux à
1790
vous allez recenser. II. Les institutions À
la
suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit cor
1791
suffisant et vain de vouloir revenir simplement à
la
condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la gue
1792
lement à la condition libérale qui était celle de
l’
esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le
1793
érale qui était celle de l’esprit en Europe avant
la
guerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire,
1794
esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était
le
beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Comp
1795
vant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je
le
sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne d
1796
uerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais.
L’
on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne des wagons
1797
e beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans
l’
Annuaire de la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur l
1798
je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de
la
Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passeports
1799
agnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur
les
passeports : « Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’en
1800
s wagons-lits, au chapitre sur les passeports : «
Le
passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les
1801
passeports : « Le passeport n’est exigé que pour
la
Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte de visite s
1802
Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour
l’
entrée dans tous les autres pays, la carte de visite suffit » ! Mais c
1803
exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous
les
autres pays, la carte de visite suffit » ! Mais cette liberté des éch
1804
Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays,
la
carte de visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas su
1805
ette liberté des échanges n’a pas suffi à réduire
les
nationalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par la suite, a su
1806
nalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par
la
suite, a succombé devant leurs exigences. Il nous faut aujourd’hui fa
1807
des institutions qui garantissent et manifestent
l’
unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie
1808
e nos cultures dans leur diversité. Il faut doter
l’
Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’échelle continenta
1809
Europe unie d’instruments de travail qui soient à
l’
échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui devie
1810
nt à l’échelle continentale. Il faut aussi former
les
jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l’idée fédérale, sans l
1811
ut aussi former les jeunes hommes qui deviendront
les
porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et
1812
les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de
l’
idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles re
1813
orte. Au premier rang figure une institution clé,
le
Centre européen de la culture. Parmi les innombrables organismes « cu
1814
tion clé, le Centre européen de la culture. Parmi
les
innombrables organismes « culturels » que le xxe siècle a vu naître,
1815
rmi les innombrables organismes « culturels » que
le
xxe siècle a vu naître, il est frappant de constater qu’il n’en exis
1816
qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet
l’
Europe comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis
1817
un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité.
Les
uns veulent embrasser le monde entier, tandis que les autres se limit
1818
t l’Europe comme unité. Les uns veulent embrasser
le
monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une r
1819
uns veulent embrasser le monde entier, tandis que
les
autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une
1820
iste aucune institution capable de renseigner sur
l’
Europe en général, sur sa situation présente, sur l’état de ses forces
1821
Europe en général, sur sa situation présente, sur
l’
état de ses forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses l
1822
blesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que
le
besoin d’une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le
1823
le institution soit urgent, rien ne saurait mieux
le
faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées la préparation même
1824
urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir que
les
difficultés qu’a rencontrées la préparation même de cette conférence,
1825
faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées
la
préparation même de cette conférence, et que ses insuffisances inévit
1826
t actuel des choses. Je tiens à rappeler que, dès
le
congrès de La Haye, avait été demandée la création d’un Centre europé
1827
ue, dès le congrès de La Haye, avait été demandée
la
création d’un Centre européen de la culture, dont les attributions fu
1828
création d’un Centre européen de la culture, dont
les
attributions furent esquissées par la résolution culturelle du congrè
1829
ture, dont les attributions furent esquissées par
la
résolution culturelle du congrès. Au mois de février 1949, le Mouveme
1830
n culturelle du congrès. Au mois de février 1949,
le
Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de pr
1831
à Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer
l’
œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’Assem
1832
l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de
la
même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimi
1833
re. Enfin, au mois de septembre de la même année,
l’
Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimité une recomman
1834
, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à
l’
unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre europ
1835
tait à l’unanimité une recommandation favorable à
la
création d’un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’
1836
la création d’un Centre européen de la culture.
Le
travail du Bureau d’études de Genève, depuis quelques mois, a permis
1837
is quelques mois, a permis de serrer de plus près
la
question. Il a conduit aux conclusions pratiques dont l’exposé détail
1838
tion. Il a conduit aux conclusions pratiques dont
l’
exposé détaillé se trouve dans le rapport relatif au Centre culturel.
1839
s pratiques dont l’exposé détaillé se trouve dans
le
rapport relatif au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu, les p
1840
rouve dans le rapport relatif au Centre culturel.
Le
besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du
1841
f au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu,
les
plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserve
1842
l. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là.
La
Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserver. Il en va de mêm
1843
t qu’il faut leur réserver. Il en va de même pour
le
Collège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « g
1844
rope, à Bruges, collège qui permettrait de former
les
« grands commis européens », dont les futures institutions de l’Europ
1845
t de former les « grands commis européens », dont
les
futures institutions de l’Europe unie auront évidemment besoin. Enfin
1846
mis européens », dont les futures institutions de
l’
Europe unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet
1847
s ; et ce projet surtout d’un Fonds européen pour
les
recherches scientifiques, dont l’importance capitale ne saurait échap
1848
européen pour les recherches scientifiques, dont
l’
importance capitale ne saurait échapper à personne, et dont M. Dautry
1849
rsonne, et dont M. Dautry a magistralement exposé
les
motifs. III. L’enseignement Quant à la commission proposée tout
1850
autry a magistralement exposé les motifs. III.
L’
enseignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’o
1851
osé les motifs. III. L’enseignement Quant à
la
commission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’enseignemen
1852
ignement Quant à la commission proposée tout à
l’
heure, qui s’occuperait de l’enseignement européen, deux mots seulemen
1853
sion proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de
l’
enseignement européen, deux mots seulement, mais importants. La prépar
1854
t européen, deux mots seulement, mais importants.
La
préparation de cette Conférence, l’abondance et la qualité des rappor
1855
s importants. La préparation de cette Conférence,
l’
abondance et la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducati
1856
a préparation de cette Conférence, l’abondance et
la
qualité des rapports reçus sur les questions d’éducation, ont montré
1857
l’abondance et la qualité des rapports reçus sur
les
questions d’éducation, ont montré à quel point ce souci est général d
1858
ys. Tout le monde se rend parfaitement compte que
l’
avenir de l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’u
1859
monde se rend parfaitement compte que l’avenir de
l’
union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite res
1860
r de l’union européenne dépend en premier lieu de
la
création d’une élite responsable de jeunes gens, formés dans un espri
1861
dans un esprit supranational. Cette tâche, comme
l’
écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté de plusieurs générati
1862
te tâche, comme l’écrit M. Jean Bayet8, « exigera
la
bonne volonté de plusieurs générations, [mais] réclame aussi un dépar
1863
réclame aussi un départ extrêmement vif et net ».
L’
effet de choc que produira sur l’opinion publique l’institution rapide
1864
nt vif et net ». L’effet de choc que produira sur
l’
opinion publique l’institution rapide d’un enseignement européen const
1865
effet de choc que produira sur l’opinion publique
l’
institution rapide d’un enseignement européen constituera la meilleure
1866
ion rapide d’un enseignement européen constituera
la
meilleure propagande pour notre union, et peut-être la seule acceptab
1867
illeure propagande pour notre union, et peut-être
la
seule acceptable. Toutes ces activités et ces institutions demanderon
1868
ent pas. Ils pourraient facilement être créés par
le
blocage, au titre européen, d’une fraction du budget de l’Éducation,
1869
e, au titre européen, d’une fraction du budget de
l’
Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée in
1870
ction du budget de l’Éducation, dans chaque pays.
Les
gouvernements et l’économie privée invoqueront leurs charges écrasant
1871
Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et
l’
économie privée invoqueront leurs charges écrasantes ou leurs bénéfice
1872
tes ou leurs bénéfices diminués. Nous invoquerons
le
fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun, et l’énergie
1873
éfices diminués. Nous invoquerons le fait que, si
le
sentiment d’un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Eu
1874
si le sentiment d’un destin spirituel commun, et
l’
énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’
1875
ie créatrice des Européens ne sont pas réveillés,
les
États et l’économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous dev
1876
des Européens ne sont pas réveillés, les États et
l’
économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre n
1877
é doit être d’urgence établi. Il est probable que
le
prix de revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budge
1878
ient d’une seule bombe atomique dépasse largement
le
budget annuel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d
1879
uel des institutions que nous venons de proposer.
Le
prix d’une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’un
1880
e prix d’une seule bombe atomique couvrirait donc
le
budget global d’une renaissance de la culture européenne. Construire
1881
rirait donc le budget global d’une renaissance de
la
culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des mil
1882
coûtent des milliards, quand on refuse de trouver
les
millions qui permettraient de développer la recherche scientifique po
1883
uver les millions qui permettraient de développer
la
recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Oc
1884
ient de développer la recherche scientifique pour
la
paix et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’
1885
elopper la recherche scientifique pour la paix et
la
vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se deman
1886
herche scientifique pour la paix et la vie, c’est
la
folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’i
1887
tifique pour la paix et la vie, c’est la folie de
l’
Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrai
1888
s barbares, que de nous être aussi mal civilisés.
La
Conférence européenne de la culture faillirait à sa vraie mission, si
1889
aussi mal civilisés. La Conférence européenne de
la
culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, contre
1890
si elle n’élevait pas, contre une pareille folie,
le
cri des hommes. Et maintenant, pour quelles fins réelles voulons-nou
1891
e, et cette éducation d’une conscience commune de
l’
Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqueme
1892
éducation d’une conscience commune de l’Europe ?
La
question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « europé
1893
lismes locaux une sorte de nationalisme européen.
L’
Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours
1894
oser une nation européenne aux grandes nations de
l’
Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétiq
1895
ion européenne aux grandes nations de l’Est et de
l’
Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valable
1896
seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir
le
génie de l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanist
1897
rmée sur elle-même : ce serait trahir le génie de
l’
Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre am
1898
humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer à
l’
union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renais
1899
’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par
le
moyen d’une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit,
1900
r le moyen d’une renaissance de leur culture dans
la
liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera
1901
ne renaissance de leur culture dans la liberté de
l’
esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus
1902
ons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas
la
scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le me
1903
s. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise
le
rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener ve
1904
ymbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que
le
meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est
1905
ous pensons que le meilleur moyen de ramener vers
l’
Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europ
1906
que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident
les
peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europe rénovée pa
1907
ccident les peuples séparés, c’est de leur offrir
l’
image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe q
1908
t de leur offrir l’image d’une Europe rénovée par
l’
union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieux sa vocation p
1909
rir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans
la
liberté, d’une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière d
1910
ui prend au sérieux sa vocation particulière dans
le
monde. Une Europe affaiblie, et divisée par vingt nationalismes et au
1911
raction. Une Europe proclamant des principes sans
les
appliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit de parler. Prendr
1912
ns les appliquer fermement, n’aurait bientôt plus
le
droit de parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une
1913
entôt plus le droit de parler. Prendre au sérieux
la
vocation européenne, c’est une mission de vigilance dont les intellec
1914
n européenne, c’est une mission de vigilance dont
les
intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais respo
1915
principes moraux ne sauraient être négligés dans
la
pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’existence et à l’auto
1916
sauraient être négligés dans la pratique sans que
l’
Europe perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerço
1917
la pratique sans que l’Europe perde ses droits à
l’
existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action
1918
que l’Europe perde ses droits à l’existence et à
l’
autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance pub
1919
rra dire vraiment de notre Conférence qu’elle fut
le
congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il e
1920
ent de notre Conférence qu’elle fut le congrès de
la
conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, tourm
1921
’est notre mission profonde, de préférer toujours
la
conscience au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui nous apparaî
1922
apparaît plus clairement depuis que se dressent à
l’
Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre
1923
clairement depuis que se dressent à l’Est comme à
l’
Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une,
1924
l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de
la
nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique,
1925
qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique,
l’
idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe,
1926
l’idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que
le
bonheur, en Europe, n’ait trouvé ses plus hautes expressions que dans
1927
uelques brefs poèmes, quelques prières. C’est par
la
musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance
1928
seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons
la
substance idéale, que nous en respirons le climat nostalgique. Et nou
1929
sédons la substance idéale, que nous en respirons
le
climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour trace
1930
organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver
les
moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées
1931
, sobrement, de trouver les moyens qui permettent
le
libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, ou
1932
re foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons
l’
Europe tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en e
1933
escendants puissent encore habiter en esprit, par
la
grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une Euro
1934
par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de
la
musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador de
1935
r de Madariaga, qui était d’ailleurs président de
la
conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont,
1936
NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec
la
collaboration de M. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR). 8
1937
quable rapport qui a servi de base aux travaux de
la
Commission de l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont
1938
i a servi de base aux travaux de la Commission de
l’
enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Rais
1939
travaux de la Commission de l’enseignement et de
l’
éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’une con
1940
discours prononcé par Denis de Rougemont lors de
la
Conférence européenne de la culture qui a eu lieu à Lausanne en décem
1941
de Rougemont lors de la Conférence européenne de
la
culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons raj
1942
Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons rajouté
le
participe passé « été », oublié par erreur dans le texte original.
1943
e participe passé « été », oublié par erreur dans
le
texte original. q. Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoin
1944
», oublié par erreur dans le texte original. q.
Les
sous-titres ont été rajoutés pour les besoins de cette édition numéri
1945
ginal. q. Les sous-titres ont été rajoutés pour
les
besoins de cette édition numérique.
1946
prise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de
l’
Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les
1947
prends, à vous lire dans Liberté de l’Esprit, que
les
fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’E
1948
berté de l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu
la
Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’Europe sont faits, « sont l
1949
édéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que
les
États-Unis d’Europe sont faits, « sont là » ; que la Grèce n’en fait
1950
États-Unis d’Europe sont faits, « sont là » ; que
la
Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et de toute évidence » les US
1951
it pas partie, mais bien « et de toute évidence »
les
USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annonc
1952
t un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé
la
fin du désespoir » ; que si l’on veut savoir ce que pensent les fédér
1953
que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que si
l’
on veut savoir ce que pensent les fédéralistes, c’est Guéhenno, c’est
1954
espoir » ; que si l’on veut savoir ce que pensent
les
fédéralistes, c’est Guéhenno, c’est Jaspers, et surtout Benda qu’il f
1955
ers, et surtout Benda qu’il faut interroger ; que
le
fédéralisme est contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cache
1956
l faut interroger ; que le fédéralisme est contre
les
patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin les fédé
1957
me est contre les patries (mais qu’il juge bon de
le
« cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amoureu
1958
is qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin
les
fédéralistes « n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’Europ
1959
« n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour
l’
Europe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tou
1960
é amoureux ». Heureusement pour l’Europe, et pour
les
fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez
1961
, ni ses espoirs. Reprenons vos observations dans
l’
ordre où je viens de les relever. 1° « La Russie, qu’est-ce que vous e
1962
nons vos observations dans l’ordre où je viens de
les
relever. 1° « La Russie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous q
1963
ons dans l’ordre où je viens de les relever. 1° «
La
Russie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possibl
1964
us en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible de
l’
exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-nous exclue ? V
1965
l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand
l’
avons-nous exclue ? Vous démontrez, au paragraphe suivant, qu’il serai
1966
u paragraphe suivant, qu’il serait vain d’espérer
l’
inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fassions ? (On m’assu
1967
m’assure que cela dépend aussi de Staline.) 2° «
Les
États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils sont là !… » Je ne sai
1968
il paraît qu’ils sont là !… » Je ne sais qui vous
l’
a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle se
1969
a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez
la
preuve qu’elle serait vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe
1970
e. Vous voyez la preuve qu’elle serait vraie dans
le
fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’il
1971
la preuve qu’elle serait vraie dans le fait que «
le
Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son sta
1972
de ces articles qui dise, ou laisse entendre, que
le
Conseil de l’Europe équivaut peu ou prou aux États-Unis d’Europe. Bie
1973
s, montrez-nous une seule déclaration qui exprime
la
satisfaction des fédéralistes devant ce statut ; qui dise que c’était
1974
voulions : je vous en montrerai trente qui disent
le
contraire. Le mieux que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’
1975
vous en montrerai trente qui disent le contraire.
Le
mieux que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’il serve provi
1976
erai trente qui disent le contraire. Le mieux que
l’
on puisse attendre de cet organisme est qu’il serve provisoirement, à
1977
ré ses très graves imperfections, au progrès vers
l’
union européenne, laquelle reste à faire, comme chacun sait. (J’ajoute
1978
rentaine de fédéralistes sur cent-un députés.) 3°
La
Grèce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mai
1979
Grèce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis
le
11 août 1949, mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que pa
1980
Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mais
les
États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’é
1981
s États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par
L’
Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall
1982
’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est
l’
OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qu
1983
d’État qui agit plus que tout autre en faveur de
l’
union européenne, mais je ne sache pas qu’il ait jamais passé pour un
1984
liste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé
la
fin du désespoir et de l’isolement, la mort des ressentiments nationa
1985
, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de
l’
isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiqu
1986
« annoncé la fin du désespoir et de l’isolement,
la
mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiquer une maladi
1987
, et conseiller certains remèdes in extremis (que
les
Européens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « ann
1988
out, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer »
la
fin de la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous dema
1989
par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin de
la
maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons surt
1990
uvrir ce qu’il y a « de faux ou d’imbécile » dans
le
projet des fédéralistes, vous décidez de les interroger. Que ne le fa
1991
dans le projet des fédéralistes, vous décidez de
les
interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment
1992
éralistes, vous décidez de les interroger. Que ne
le
faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment embarrassante, vous c
1993
bouddhiste. Vous prenez vos « fédéralistes » dans
L’
Esprit européen, recueil de neuf conférences prononcées à Genève en 19
1994
ces neuf, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc
la
page 60 : « Je reproche à Benda de confondre union et unification, de
1995
onfondre union et unification, de vouloir effacer
les
diversités sans lesquelles aucune fédération n’est possible. » C’est
1996
quelles aucune fédération n’est possible. » C’est
la
seule page de ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un
1997
’est la seule page de ce gros livre où vous aviez
la
chance de tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’av
1998
où vous aviez la chance de tomber sur un point de
la
doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attribue
1999
r sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne
l’
avez-vous citée, au lieu de m’attribuer des sottises ? 7° Notre doctri
2000
ribuer des sottises ? 7° Notre doctrine (qui veut
l’
union dans la diversité, formule suisse) étant à l’opposé de celle de
2001
ttises ? 7° Notre doctrine (qui veut l’union dans
la
diversité, formule suisse) étant à l’opposé de celle de Benda (qui ve
2002
sse) étant à l’opposé de celle de Benda (qui veut
l’
unification, formule jacobine) vous déclarez que la seconde n’est que
2003
acobine) vous déclarez que la seconde n’est que «
l’
aveu » de ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rie
2004
aime beaucoup votre défense des patries, mais qui
les
attaque ? L’État-nation d’abord, mais vous n’en parlez pas. Garry Dav
2005
votre défense des patries, mais qui les attaque ?
L’
État-nation d’abord, mais vous n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’a
2006
rd, mais vous n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous
l’
approuvez. Les fédéralistes ? Jamais. Au contraire, vous rejoignez ici
2007
n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’approuvez.
Les
fédéralistes ? Jamais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie de
2008
n attaquez-vous des gens que vous n’avez pas pris
le
soin d’identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-p
2009
ier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de
l’
à-peu-près journalistique. Pour en finir, je vous envoie ma petite bro
2010
en finir, je vous envoie ma petite brochure sur
L’
Attitude fédéraliste . Vous y trouverez beaucoup d’attaques contre le
2011
ste . Vous y trouverez beaucoup d’attaques contre
le
nationalisme, contre l’État-nation, contre sa prétendue souveraineté
2012
eaucoup d’attaques contre le nationalisme, contre
l’
État-nation, contre sa prétendue souveraineté sans limites. Pas une at
2013
souveraineté sans limites. Pas une attaque contre
le
patriotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons de penser que ce
2014
limites. Pas une attaque contre le patriotisme et
les
patries. Or j’ai quelques raisons de penser que ce texte exprime le «
2015
i quelques raisons de penser que ce texte exprime
le
« projet des fédéralistes » plus fidèlement que M. Benda. Mais quoi,
2016
M. Benda. Mais quoi, cette lettre est inutile, si
l’
on a décidé d’appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’au
2017
tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé de
l’
Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a des g
2018
« faux et imbécile », quand vous aurez renoncé à
le
confondre avec celui de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y
2019
que vous proposez. Car je ne vais pas vous faire
l’
injure de croire que vous trouvez que tout va très bien ainsi, ou que
2020
s. Elles ont besoin de vous aussi, non point pour
les
louer contre nous, mais pour les défendre avec nous. P.-S. — « Europe
2021
, non point pour les louer contre nous, mais pour
les
défendre avec nous. P.-S. — « Europe vole » ? Un gage. r. Rougemon
2022
enis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de
l’
esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
2023
Il est impossible de sauver
l’
Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible de
2024
e (5 août 1950)s t Il est impossible de sauver
l’
Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la
2025
50)s t Il est impossible de sauver l’Europe si
l’
on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occ
2026
sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver
la
culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rie
2027
culture ; ou de sauver la culture occidentale si
l’
on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer,
2028
patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver
la
créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa recréation perp
2029
e sert de faire durer, de conserver la créature —
l’
Europe — si l’on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et ri
2030
e durer, de conserver la créature — l’Europe — si
l’
on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non
2031
conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit
les
sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entr
2032
erpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir
le
désir créateur, si on le prive des possibilités de s’accomplir dans u
2033
rt non plus d’entretenir le désir créateur, si on
le
prive des possibilités de s’accomplir dans une libre communauté. Si l
2034
ités de s’accomplir dans une libre communauté. Si
l’
Europe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée pa
2035
s une libre communauté. Si l’Europe est réduite à
l’
impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’ell
2036
’impuissance politique, si elle est colonisée par
l’
Amérique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’Eu
2037
érique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par
la
Russie, si l’Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne n
2038
elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si
l’
Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra rempl
2039
d’une civilisation qui avait su remplacer toutes
les
autres. Le secret de ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retou
2040
isation qui avait su remplacer toutes les autres.
Le
secret de ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une
2041
Mais en retour, sans une culture active rendue à
l’
efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-êt
2042
r, sans une culture active rendue à l’efficacité,
l’
Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est
2043
rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer
la
puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plus que probable, pa
2044
peut-être unie, c’est même plus que probable, par
les
soins d’experts étrangers, ou d’une police qui a fait ses preuves ail
2045
t ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu
le
ressort de son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait
2046
ur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à
l’
Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? e
2047
r elle-même ? son destin et non plus sa liberté ?
L’
Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un
2048
elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et
l’
Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalités :
2049
n cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour
la
terre de la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naisse
2050
sie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre de
la
liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meuren
2051
pour la terre de la liberté. Ces deux réalités :
l’
Europe, la culture, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est
2052
erre de la liberté. Ces deux réalités : l’Europe,
la
culture, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc d
2053
mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre
les
deux colosses russe et américain, l’Européen qui vient de perdre la g
2054
cle ? Entre les deux colosses russe et américain,
l’
Européen qui vient de perdre la guerre, fait actuellement ce qu’on peu
2055
usse et américain, l’Européen qui vient de perdre
la
guerre, fait actuellement ce qu’on peut appeler une névrose d’infério
2056
peut appeler une névrose d’infériorité. Pourtant,
les
faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de red
2057
nfériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas
le
désespoir, mais seulement un effort de redressement. Entre 200 millio
2058
s et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à
l’
ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disposo
2059
plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers de
l’
électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout
2060
un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui
la
planète. Nous disposons surtout de ressources humaines qui n’ont pas
2061
ales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont
les
traditions ne s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde en
2062
ns ne s’imitent pas, une capacité d’invention que
le
monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous inventé, nous les Euro
2063
r peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous inventé, nous
les
Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inve
2064
ue n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle :
le
marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, l
2065
pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et
la
psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, la théorie des q
2066
cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse,
l’
existentialisme et le personnalisme, la théorie des quantas et celle d
2067
marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme et
le
personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociol
2068
chanalyse, l’existentialisme et le personnalisme,
la
théorie des quantas et celle des groupes, la sociologie et les grande
2069
sme, la théorie des quantas et celle des groupes,
la
sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généra
2070
es quantas et celle des groupes, la sociologie et
les
grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la physiq
2071
sociologie et les grandes synthèses historiques,
la
relativité généralisée et la physique nucléaire, l’aviation, la radio
2072
nthèses historiques, la relativité généralisée et
la
physique nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination
2073
relativité généralisée et la physique nucléaire,
l’
aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le
2074
généralisée et la physique nucléaire, l’aviation,
la
radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétr
2075
et la physique nucléaire, l’aviation, la radio et
le
cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthéti
2076
que nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma,
la
vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les pl
2077
’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination,
la
pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le rad
2078
o et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et
le
DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisa
2079
cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT,
le
pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisation du
2080
la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique,
les
plastics et le radar, la rationalisation du travail industriel, la co
2081
t le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et
le
radar, la rationalisation du travail industriel, la construction méta
2082
le pétrole synthétique, les plastics et le radar,
la
rationalisation du travail industriel, la construction métallique, le
2083
radar, la rationalisation du travail industriel,
la
construction métallique, le syndicalisme et les coopératives, et enfi
2084
u travail industriel, la construction métallique,
le
syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier
2085
l, la construction métallique, le syndicalisme et
les
coopératives, et enfin l’art moderne tout entier : peinture, musique,
2086
ue, le syndicalisme et les coopératives, et enfin
l’
art moderne tout entier : peinture, musique, littérature, poésie, théâ
2087
: presque tous leurs grands noms sont des noms de
l’
Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de
2088
s leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et
les
très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, d
2089
fés de Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus.
Le
monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. P
2090
er peut être appelé une création européenne. Pour
le
bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, n
2091
une création européenne. Pour le bien comme pour
le
mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art e
2092
nement, d’industrie et de médecine, et nos armes.
Les
Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour toutes ces cho
2093
ustrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous,
les
Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour toutes ces choses, mais nou
2094
médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois,
les
Noirs, copient l’Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copio
2095
mes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient
l’
Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus qu
2096
s rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que sont
les
empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amérique du
2097
ent, que sont les empires qui prétendent partager
le
monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont
2098
s qui prétendent partager le monde à nos dépens ?
L’
Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des produits de notre cu
2099
ger le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et
la
Russie de Staline sont des produits de notre culture, l’une dès ses o
2100
e en ce qu’elle a de moderne justement. Calvin et
le
puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Be
2101
tement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus
les
gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cello
2102
le puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel,
le
système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la ferm
2103
gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous
les
degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions
2104
, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés,
la
cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes
2105
aylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et
la
fermeture-éclair qui sont des inventions européennes ; et de l’autre
2106
et de l’autre côté, Marx et notre industrie plus
l’
instruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étati
2107
et notre industrie plus l’instruction publique et
l’
athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’ar
2108
ustrie plus l’instruction publique et l’athéisme,
l’
hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel d
2109
ruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie de
l’
appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pères
2110
rtrophie de l’appareil étatique, et des copies de
l’
art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’e
2111
appeler ce procédé de description : leurs traits
les
plus frappants et qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des
2112
sans mesure ni critique, méthodiquement, jusqu’à
la
monstruosité. Si bien que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus
2113
hodiquement, jusqu’à la monstruosité. Si bien que
l’
Amérique et la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité no
2114
usqu’à la monstruosité. Si bien que l’Amérique et
la
Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité notre caricature
2115
endu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur
le
même plan l’Amérique et la Russie. Deux constatations très simples me
2116
s laissons jamais aller à placer sur le même plan
l’
Amérique et la Russie. Deux constatations très simples me suffiront. E
2117
ais aller à placer sur le même plan l’Amérique et
la
Russie. Deux constatations très simples me suffiront. Entre l’Amériqu
2118
ux constatations très simples me suffiront. Entre
l’
Amérique et nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous les principes fo
2119
ique et nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous
les
principes fondamentaux de notre civilisation ; il y a l’exercice des
2120
cipes fondamentaux de notre civilisation ; il y a
l’
exercice des mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal de libe
2121
’exercice des mêmes libertés ; il y a devant nous
le
même idéal de liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il
2122
le même idéal de liberté humaine. Tandis qu’entre
les
Russes et nous, il n’y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pou
2123
es Russes et nous, il n’y a en commun qu’un mot :
le
mot démocratie… Pour eux cela signifie dictature. Pour nous liberté p
2124
Rougemont Denis de, « Il est impossible de sauver
l’
Europe sans sauver sa culture », France indépendante, Paris, 5 août 19
2125
nte, Paris, 5 août 1950, p. 1-2. t. Présenté par
la
note suivante : « France Indépendante présente cette semaine à ses le
2126
sente cette semaine à ses lecteurs, un extrait de
l’
importante conférence prononcée par Denis de Rougemont au congrès de L
2127
ce prononcée par Denis de Rougemont au congrès de
La
Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son
2128
Saint-John Perse et
l’
Amérique (1950)m La grandeur de cette poésie fait reculer le commen
2129
Saint-John Perse et l’Amérique (1950)m
La
grandeur de cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un ac
2130
950)m La grandeur de cette poésie fait reculer
le
commentaire : elle est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses
2131
d’Anabase lorsqu’elle parut, constitua pour nous
le
fait du prince, toute référence superflue, et depuis lors, nous n’avo
2132
outefois qu’un « pur délice » pouvait entrer dans
la
durée, — ce dont plusieurs doutaient, de ma génération. (D’où quelque
2133
incomparable.) Beaucoup plus tard, j’ai rencontré
l’
auteur dans le climat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’e
2134
Beaucoup plus tard, j’ai rencontré l’auteur dans
le
climat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’exil. C’était,
2135
é l’auteur dans le climat fomenté par son œuvre :
la
grandeur signifie l’exil. C’était, on l’imagine, en Amérique. Au long
2136
imat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie
l’
exil. C’était, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues de Manha
2137
œuvre : la grandeur signifie l’exil. C’était, on
l’
imagine, en Amérique. Au long des avenues de Manhattan, il marchait le
2138
le, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire de
l’
instant, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exempl
2139
, il nous donnait un haut exemple du bon usage de
l’
exil : sans plainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la réc
2140
ainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans
la
réceptivité qu’il avait su rester sensible dans l’action ; soucieux d
2141
a réceptivité qu’il avait su rester sensible dans
l’
action ; soucieux de voir, non d’être vu ; plus solidaire, enfin, dans
2142
enfin, dans son retrait, des destins molestés de
la
France, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyammen
2143
partisans extravagants » qui tenaient bruyamment
le
devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de p
2144
travagants » qui tenaient bruyamment le devant de
la
scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je vou
2145
mment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de
l’
homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarques
2146
parler. Je voudrais proposer trois remarques sur
les
relations qui se sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nou
2147
ques sur les relations qui se sont révélées entre
le
poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amériqu
2148
relations qui se sont révélées entre le poète et
l’
âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amérique, un jour,
2149
’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où
l’
Amérique, un jour, découvrira son épopée. ⁂ Vents me paraît bien plus
2150
in qu’Anabase n’était asiatique. J’y verrais même
la
meilleure description de l’essor des États-Unis dans l’espace et le t
2151
que. J’y verrais même la meilleure description de
l’
essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet
2152
lleure description de l’essor des États-Unis dans
l’
espace et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe a
2153
iption de l’essor des États-Unis dans l’espace et
le
temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe animique, ou
2154
tats-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si
le
sujet n’était plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure
2155
et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt
le
principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’invention du Nouve
2156
tait plutôt le principe animique, ou lyrique, que
l’
aventure et l’invention du Nouveau Monde ont illustré d’accidents sécu
2157
principe animique, ou lyrique, que l’aventure et
l’
invention du Nouveau Monde ont illustré d’accidents séculaires. Tout s
2158
ccidents séculaires. Tout se passe à la fois dans
l’
Histoire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte de terres en mar
2159
. Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans
l’
homme, « dans un très haut tumulte de terres en marche vers l’ouest »,
2160
ans un très haut tumulte de terres en marche vers
l’
ouest », contre le vent qui souffle en est. De l’Atlantique au Pacifiq
2161
umulte de terres en marche vers l’ouest », contre
le
vent qui souffle en est. De l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèle
2162
l’ouest », contre le vent qui souffle en est. De
l’
Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes, les
2163
ifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes,
les
allusions précises ne manquent point : l’Audubon des oiseaux, les Bel
2164
istes, les allusions précises ne manquent point :
l’
Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles
2165
écises ne manquent point : l’Audubon des oiseaux,
les
Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles
2166
point : l’Audubon des oiseaux, les Belles du Sud,
les
jambes longues des filles « à la sortie des salles » et leur nylon, l
2167
Belles du Sud, les jambes longues des filles « à
la
sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur pro
2168
filles « à la sortie des salles » et leur nylon,
les
grands rapides « avec leur provision de glace pour cinq jours », la «
2169
« avec leur provision de glace pour cinq jours »,
la
« mouette mauve du Mormon », ou cette « civilisation du maïs noir — n
2170
civilisation du maïs noir — non violet », enfin «
les
siffloteurs de blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire
2171
n violet », enfin « les siffloteurs de blues dans
les
usines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’histoire »… Mais
2172
sines secrètes de guerre », au « pire scandale de
l’
histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence hum
2173
« pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est de
l’
homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement
2174
s sa présence humaine ; et d’un agrandissement de
l’
œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa source
2175
ment de l’œil aux plus hautes mers intérieures ».
Le
poème ainsi prend sa source au lieu d’où l’Amérique dans l’espace et
2176
es ». Le poème ainsi prend sa source au lieu d’où
l’
Amérique dans l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme
2177
insi prend sa source au lieu d’où l’Amérique dans
l’
espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde,
2178
a source au lieu d’où l’Amérique dans l’espace et
le
temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être
2179
ieu d’où l’Amérique dans l’espace et le temps, et
la
fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être vues comme u
2180
s l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans
l’
homme épris du monde, peuvent être vues comme une seule et même geste
2181
euvent être vues comme une seule et même geste de
l’
âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.
2182
s comme une seule et même geste de l’âme. (Je dis
l’
âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’u
2183
et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas
l’
esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à
2184
de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni
l’
intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouv
2185
l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni
le
cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon
2186
tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans
le
vent, de ville en ville, de fleuve en fleuve, court aux plus vastes h
2187
fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de
la
terre… Congénialité du poème et de cette Amérique ourdie par les gra
2188
énialité du poème et de cette Amérique ourdie par
les
grands vents : le mouvement, la violence heureuse, et la vision globa
2189
t de cette Amérique ourdie par les grands vents :
le
mouvement, la violence heureuse, et la vision globale du « monde enti
2190
rique ourdie par les grands vents : le mouvement,
la
violence heureuse, et la vision globale du « monde entier des choses
2191
ds vents : le mouvement, la violence heureuse, et
la
vision globale du « monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée
2192
sion globale du « monde entier des choses ». ⁂ I.
Le
mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et
2193
monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée
l’
énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans
2194
r des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée l’énergie,
le
rayonnement et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème,
2195
I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et
les
trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéraleme
2196
nt et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans
le
poème, il crée littéralement le sens. (Point de départ d’une rhétoriq
2197
’autre part, dans le poème, il crée littéralement
le
sens. (Point de départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici d
2198
ans sa formule dynamique, dans son mouvement vers
l’
Ouest, rebroussé par les vents. Et le poème aussi ne prend son sens qu
2199
e, dans son mouvement vers l’Ouest, rebroussé par
les
vents. Et le poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’i
2200
uvement vers l’Ouest, rebroussé par les vents. Et
le
poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l
2201
nts. Et le poème aussi ne prend son sens que dans
le
mouvement qu’il inspire à l’esprit. C’est une animation perpétuelle.
2202
nd son sens que dans le mouvement qu’il inspire à
l’
esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde amé
2203
ricain, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans
les
rythmes larges. Et nous disions les fleuves survolés, et les plaines
2204
épousé dans les rythmes larges. Et nous disions
les
fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et les cités entières sur
2205
larges. Et nous disions les fleuves survolés, et
les
plaines fuyantes, et les cités entières sur leurs disques qui nous fi
2206
les fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et
les
cités entières sur leurs disques qui nous filaient entre les doigts —
2207
ntières sur leurs disques qui nous filaient entre
les
doigts — grands virements de comptes et glissements sur l’aile. L’ap
2208
— grands virements de comptes et glissements sur
l’
aile. L’apposition me semble offrir ici l’équivalent en mots d’un acc
2209
virements de comptes et glissements sur l’aile.
L’
apposition me semble offrir ici l’équivalent en mots d’un accord en mu
2210
ts sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici
l’
équivalent en mots d’un accord en musique : co-vibration des sens au l
2211
n étrange inceste, en une double allitération, où
l’
on étudiera, plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et de l’em
2212
double allitération, où l’on étudiera, plus tard,
les
rôles conjugués de l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi
2213
l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués de
l’
étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, ent
2214
s tard, les rôles conjugués de l’étymologie et de
l’
emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origines »
2215
l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi
l’
Amérique idéale, entre ses « origines » et son délire global…) II. Ana
2216
n délire global…) II. Anabase et Vents sont parmi
les
rares œuvres toniques de ce siècle : chants de violence heureuse, ref
2217
poètes modernes5). Tout y respire à longs traits
la
maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable,
2218
5). Tout y respire à longs traits la maîtrise, et
le
bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice
2219
pire à longs traits la maîtrise, et le bonheur de
la
victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectable,
2220
traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire.
Les
mots faveur et favorable, éloges, délice et délectable, y sont aussi
2221
le, y sont aussi fréquents que chez tant d’autres
les
expressions du délaissement, du dégoût de vivre ou des chagrins intim
2222
un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on
le
produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aur
2223
our agréable sa tristesse, qu’on le produise dans
le
jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition.
2224
le produise dans le jour ! et mon avis est qu’on
le
tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostalgie devie
2225
est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition.
La
révolte et la nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’a
2226
ue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et
la
nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’acte, distracti
2227
stalgie deviennent ici conquête, pressentiment de
l’
acte, distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de for
2228
nquête, pressentiment de l’acte, distraction vers
l’
avenir et naissance du chant. Un chant de force pour les hommes… Chose
2229
nir et naissance du chant. Un chant de force pour
les
hommes… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien ne s’accorde m
2230
e mieux au génie matinal du continent américain. (
La
poésie des « blues » fait illusion : temps faible d’un grand rythme s
2231
d rythme souple, dont il devrait être interdit de
l’
isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’exil intéri
2232
) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de
l’
exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre
2233
de hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans
la
souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des choses », l’autre vou
2234
es », l’autre voudrait s’en effacer ; l’un chante
la
maîtrise en plein midi, l’autre guette une obscure présence aux crépu
2235
une hypothèse critique, qui permettrait de situer
les
grands poèmes du siècle. Si l’élément sentimental domine chez Apollin
2236
ettrait de situer les grands poèmes du siècle. Si
l’
élément sentimental domine chez Apollinaire, interfère avec le spiritu
2237
ntimental domine chez Apollinaire, interfère avec
le
spirituel chez T. S. Eliot, s’y mêle indiscernablement chez Rilke, s’
2238
Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire place à
l’
intellectuel, c’est dans l’élément animique que les poèmes de Saint-Jo
2239
éry pour faire place à l’intellectuel, c’est dans
l’
élément animique que les poèmes de Saint-John Perse trouvent leurs loi
2240
l’intellectuel, c’est dans l’élément animique que
les
poèmes de Saint-John Perse trouvent leurs lois et leurs cadences : E
2241
r un matin, peut-être, pareil à celui-ci, Lorsque
le
ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de
2242
pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à
l’
image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvelles a
2243
de violence. « Anima » violente et sauvage comme
les
vents du Nouveau Monde, comme un rêve de pionniers en Ouest. Mais le
2244
Monde, comme un rêve de pionniers en Ouest. Mais
le
miracle est de l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus
2245
êve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est de
l’
avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage frança
2246
Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par
les
rigueurs voluptueuses du plus pur langage français, et de cette « rhé
2247
profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III.
L’
Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de
2248
un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision de
l’
homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut u
2249
laire. III. L’Europe étant vision de l’homme dans
le
temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste,
2250
. L’Europe étant vision de l’homme dans le temps,
l’
Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le red
2251
e l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de
l’
espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais
2252
dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace.
L’
Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique
2253
ision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et
le
redeviendra peut-être, mais l’Amérique est planétaire. Sujets et proc
2254
universaliste, et le redeviendra peut-être, mais
l’
Amérique est planétaire. Sujets et procédés, chez Saint-John Perse, ou
2255
ujets et procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent
les
voies d’un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continen
2256
’un grand lyrisme américain. Ils sont classiques.
Les
continents, les peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la
2257
e américain. Ils sont classiques. Les continents,
les
peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les én
2258
ques. Les continents, les peuples et leurs rites,
les
éléments, la quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’éd
2259
inents, les peuples et leurs rites, les éléments,
la
quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur
2260
peuples et leurs rites, les éléments, la quête et
la
conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur table rase
2261
urs rites, les éléments, la quête et la conquête,
les
énumérations lyriques, et l’édification sur table rase des lois d’une
2262
ête et la conquête, les énumérations lyriques, et
l’
édification sur table rase des lois d’une cité émergeant de son rêve.
2263
ulte et de discorde Qui se donnaient licence par
le
monde — ô monde entier des choses — et qui vivaient aux crêtes du fut
2264
futur… Au chant des hautes narrations du large…
Le
pluriel insistant et les catégories, l’adjectif « grandes » et le mot
2265
tes narrations du large… Le pluriel insistant et
les
catégories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page
2266
u large… Le pluriel insistant et les catégories,
l’
adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page : il ne s’agit
2267
tant et les catégories, l’adjectif « grandes » et
le
mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme, de sen
2268
états d’âme, de sentiments individuels, mais de «
la
terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute race et
2269
euples lus « par nations » ; d’une âme sans nom —
l’
inconscient d’une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itiné
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âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont
le
poète déchiffre les messages. Itinéraires et inventaires, sommation d
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nconscient d’une époque — dont le poète déchiffre
les
messages. Itinéraires et inventaires, sommation de nos « voies et faç
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nos « voies et façons » et « chants d’un peuple,
le
plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait ouvert aux A
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rprenant qu’un Français ait ouvert aux Américains
les
perspectives de l’épopée globale que l’histoire désormais leur assign
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ais ait ouvert aux Américains les perspectives de
l’
épopée globale que l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans un
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éricains les perspectives de l’épopée globale que
l’
histoire désormais leur assigne de vivre. Dans un autre ordre, cependa
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e vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut
le
précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du
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nt de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement
le
poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’est aussi, dans s
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is Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme,
le
chant profond de l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le
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eulement le poème du lyrisme, le chant profond de
l’
Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour à l
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l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie,
le
poème du retour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d
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si, dans sa dernière partie, le poème du retour à
l’
Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les der
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dernière partie, le poème du retour à l’Europe, à
la
France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulem
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France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur
les
derniers roulements d’orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit u
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’une France vers laquelle il rêve son retour avec
le
vent des Amériques. Au plus haut point de ce très haut poème, Saint-J
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poème, Saint-John Perse a rejoint notre vœu. Nous
l’
attendrons un soir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur la ro
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re vœu. Nous l’attendrons un soir d’automne, avec
le
souffle du grand vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à r
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oir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur
la
route et la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes n
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e, avec le souffle du grand vent, sur la route et
la
terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, — d
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tes « d’hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans
la
gestion humaine, non dans la précession des équinoxes », et qu’il nou
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hommes entendus dans la gestion humaine, non dans
la
précession des équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’une E
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cession des équinoxes », et qu’il nous aide ! par
le
chant d’une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne
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par le chant d’une Europe future. Car, ainsi que
l’
écrit Montesquieu — je ne sais plus de qui, mais il n’importe : « Nous
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importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à
l’
âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse plus de la vapeur du
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lus grands mouvements… qui nous remplisse plus de
la
vapeur du dieu qui l’agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Aversion
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qui nous remplisse plus de la vapeur du dieu qui
l’
agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Aversion du Dieu ! » ou « … av
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sement du Dieu ! Aversion du Dieu ! » ou « … avec
la
bête haut cabrée — une âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasar
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ux exemples au hasard de ma mémoire.) 5. Où sont
les
grands poètes capables de bonheur, et de grandir dans le bonheur, — c
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ds poètes capables de bonheur, et de grandir dans
le
bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus beaux ? J’en vo
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nheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont
les
chants heureux sont les plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Do
2300
s le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont
les
plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Donne, parfois Claudel, qu
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e… m. Rougemont Denis de, « Saint-John Perse et
l’
Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-1
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ont Denis de, « Saint-John Perse et l’Amérique »,
Les
Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.
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Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de
la
Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.