1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 L’ idée fédéraliste (1948)b On peut penser avec le philosophe Jaspers
2 L’idée fédéraliste (1948)b On peut penser avec le philosophe Jaspers que l’Europe du xxe siècle n’a plus le choix « qu
3 On peut penser avec le philosophe Jaspers que l’ Europe du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et
4 ophe Jaspers que l’Europe du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ». La balkanisat
5 urope du xxe siècle n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ». La balkanisation signifierait pra
6 n’a plus le choix « qu’entre la balkanisation et l’ helvétisation ». La balkanisation signifierait pratiquement la désinté
7 « qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ». La balkanisation signifierait pratiquement la désintégration du continen
8 ion ». La balkanisation signifierait pratiquement la désintégration du continent en nationalismes rivaux. L’helvétisation
9 intégration du continent en nationalismes rivaux. L’ helvétisation signifierait l’intégration fédérale des nations, renonça
10 ationalismes rivaux. L’helvétisation signifierait l’ intégration fédérale des nations, renonçant à leur souveraineté absolu
11 rofit d’une constitution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si
12 it une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’ on est disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent au
13 on exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’ admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’esprit.
14 deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’ esprit. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments de
15 t. Il conviendrait d’abord de préciser quels sont les éléments de notre expérience helvétique qui méritent d’être donnés en
16 tilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle. La question de nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît ca
17 vaste échelle. La question de nos dimensions dans l’ espace et dans le temps apparaît capitale à cet égard. En termes d’his
18 question de nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît capitale à cet égard. En termes d’histoire suisse, not
19 ente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier les phases et l’évolution interne, en discuter les avantages et les incon
20 tradition ; nous pouvons en étudier les phases et l’ évolution interne, en discuter les avantages et les inconvénients pour
21 er les phases et l’évolution interne, en discuter les avantages et les inconvénients pour nous autres Suisses. Mais si nous
22 l’évolution interne, en discuter les avantages et les inconvénients pour nous autres Suisses. Mais si nous passons du plan
23 si nous passons du plan de cette microhistoire à l’ histoire générale, tout change. Nous voyons tout d’abord que cent ans,
24 e celle-ci ne s’étend que sur le dernier tiers de l’ ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l’hi
25 laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l’ histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dernier
26 -mêmes ne couvrent que le dernier cinquantième de la durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il résul
27 r cinquantième de la durée généralement admise de l’ humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédérale
28 de la durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédérale ne représente
29 e ne représente guère que la dernière minute dans l’ heure qu’aurait duré la civilisation. Ces considérations, dans leur si
30 ue la dernière minute dans l’heure qu’aurait duré la civilisation. Ces considérations, dans leur simplicité, sont propres
31 leur simplicité, sont propres à nous rappeler que l’ évolution humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas
32 tissement absolu mais un instant transitoire dans la marche vers d’autres formes politiques et sociales, presque impossibl
33 uiront probablement, comme une goutte de vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites dans le temps
34 te, ce rappel à nos dimensions très réduites dans le temps comme dans l’espace nous suggère une analogie, ou une image au
35 dimensions très réduites dans le temps comme dans l’ espace nous suggère une analogie, ou une image au moins, du rôle que n
36 ge au moins, du rôle que nous pourrons jouer dans le monde. En effet, les proportions de notre expérience à l’histoire gén
37 que nous pourrons jouer dans le monde. En effet, les proportions de notre expérience à l’histoire générale sont à peu près
38 . En effet, les proportions de notre expérience à l’ histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’es
39 e à l’histoire générale sont à peu près celles de la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement
40 re générale sont à peu près celles de la graine à l’ arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé, ac
41 mais qui ne prend son sens et sa valeur que dans la mesure où il meurt et se perd dans le développement des forces et des
42 ur que dans la mesure où il meurt et se perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient en germe et qu’
43 a fois un aboutissement et un commencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines
44 et un commencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuv
45 mencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mouri
46 C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mourir de deux m
47 un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mourir de deux manières : les une
48 ent, mais elles peuvent mourir de deux manières : les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’humus, les autres don
49 ne laissent qu’à peine leur poids minime d’humus, les autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra, certes, lu
50 mourra, certes, lui aussi, ainsi que meurent tous les États. Mais peut-être ne mourra-t-il que dans sa réalisation à une éc
51 n à une échelle infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui
52 le infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront.
53 lus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans l’ histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance d’une
54 dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance d’une graine. Transposons maintenant ces symboles
55 ire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance d’une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons
56 ntenant ces symboles. Traduisons graine par idée. Le dilemme revient à ceci : ou bien notre État fédéral, après un siècle
57 parce qu’il aura gardé son idée pour lui seul et l’ aura épuisée en soi ; ou bien au contraire cette idée que notre État a
58 iée aux dimensions continentales. ⁂ Quand on cite l’ exemple helvétique, à propos d’un projet d’États-Unis d’Europe ou de g
59 d’États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial, l’ objection immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la sui
60 ent mondial, l’objection immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pou
61 diate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’est
62 e s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée
63 tés typiquement suisses de la mise en pratique de l’ idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérien
64 ique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’ idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement plus
65 aliste en soi. Elle est très simple, comme toutes les grandes idées, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une
66 ela beaucoup plus « moderne » et scientifique que les théories totalitaires, liées à l’esprit rationaliste ou romantique du
67 ientifique que les théories totalitaires, liées à l’ esprit rationaliste ou romantique du xixe siècle. Elle ne peut être c
68 ndre, un plan statique à réaliser en x années par la réduction impitoyable des résistances, mais elle est au contraire le
69 yable des résistances, mais elle est au contraire le secret d’un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’ag
70 ne après l’autre. On ne saurait trop insister sur le double mouvement, sur l’interaction, sur la dialectique ou sur la bip
71 aurait trop insister sur le double mouvement, sur l’ interaction, sur la dialectique ou sur la bipolarité, comme on voudra,
72 r sur le double mouvement, sur l’interaction, sur la dialectique ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est le batteme
73 ent, sur l’interaction, sur la dialectique ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est le battement du cœur de ce systè
74 ue ou sur la bipolarité, comme on voudra, qui est le battement du cœur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas s
75 , qui est le battement du cœur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union, comme le mot Bund
76 Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’ union, comme le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le pe
77 sme ne consiste pas seulement dans l’union, comme le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le penser ; et en re
78 ent dans l’union, comme le mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le penser ; et en retour, il ne consiste pas se
79 mot Bund peut incliner les Suisses alémaniques à le penser ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonomie
80 ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’ autonomie des régions, cantons ou nations, ainsi que le conçoivent tro
81 onomie des régions, cantons ou nations, ainsi que le conçoivent trop souvent les Suisses romands ; mais il consiste précis
82 ou nations, ainsi que le conçoivent trop souvent les Suisses romands ; mais il consiste précisément dans l’équilibre soupl
83 isses romands ; mais il consiste précisément dans l’ équilibre souple entre l’union et l’autonomie des parties, dans leur c
84 onsiste précisément dans l’équilibre souple entre l’ union et l’autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue
85 cisément dans l’équilibre souple entre l’union et l’ autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue de leur re
86  ». Dans ce sens, il nous sera permis de dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique tout court,
87 e la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot. Elle est do
88 rien d’autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthode
89 au sens le plus légitime de ce mot. Elle est donc l’ antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques par définit
90 par définition, puisqu’elles consistent à écraser les diversités par incapacité de les composer en un tout organique et viv
91 istent à écraser les diversités par incapacité de les composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce que
92 organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce que l’ idée fédéraliste est à la fois très simple à sentir et très délicate à
93 imple à sentir et très délicate à formuler, qu’on la trouve en fait si rarement formulée dans notre histoire. Il est certa
94 ertain qu’elle a guidé plus ou moins consciemment les principales décisions de notre vie politique pendant des siècles, et
95 e n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la
96 la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre praxis politique — elle allait sans
97 hilosopher à son sujet. Comme la vie même — étant la vie de notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La
98 xis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente de l’affermir en face du défi que représente l’esp
99 it sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente de l’ affermir en face du défi que représente l’esprit totalitaire, et aussi
100 ente de l’affermir en face du défi que représente l’ esprit totalitaire, et aussi de la propager, car la meilleure défense
101 que représente l’esprit totalitaire, et aussi de la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à
102 ’esprit totalitaire, et aussi de la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite à en exprimer la th
103 de la propager, car la meilleure défense est dans l’ attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux
104 nse est dans l’attaque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en cherchant à dégager, a
105 à en exprimer la theoria. Nous ne pourrons mieux le faire qu’en cherchant à dégager, après coup, les quelques principes d
106 x le faire qu’en cherchant à dégager, après coup, les quelques principes directeurs qui semblent avoir inspiré l’action tou
107 s principes directeurs qui semblent avoir inspiré l’ action tout empirique de nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naîtr
108 spiré l’action tout empirique de nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à toute idée d’hégémoni
109 atrice exercée par l’une des nations composantes. Les luttes des Waldstätten contre Zurich, puis des cantons campagnards co
110 ontre Zurich, puis des cantons campagnards contre les villes, et finalement l’attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbu
111 tons campagnards contre les villes, et finalement l’ attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbund, illustrent ce princip
112 e fondamental dans notre histoire. C’est pourquoi la Suisse ne verra jamais sans une méfiance légitime certains « grands »
113 une méfiance légitime certains « grands » prendre l’ initiative d’une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléo
114 itiative d’une fédération européenne ou mondiale. L’ échec de Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’
115 et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’ Europe indiquent d’une manière négative cette même vérité simple que n
116 ssite confirme : à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, les
117 à savoir qu’on ne peut atteindre la fin, qui est l’ union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuvent
118 impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’à l’ unification, caricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peu
119 euvent conduire qu’à l’unification, caricature de l’ union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à
120 ’unification, caricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de systèm
121 cement à tout esprit de système. Ce qui vaut pour l’ impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On po
122 i pour celui d’une idéologie. On pourrait définir l’ attitude fédéraliste comme un refus constant et instinctif de recourir
123 simples de lignes, claires et satisfaisantes pour la logique, mais par là même infidèles au réel, vexantes pour les minori
124 mais par là même infidèles au réel, vexantes pour les minorités, destructrices des diversités qui sont la condition de la v
125 minorités, destructrices des diversités qui sont la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre
126 ructrices des diversités qui sont la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan
127 fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera q
128 pas de problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi, supprime ce problème : mais c’est en suppri
129 , supprime ce problème : mais c’est en supprimant les minorités qui le posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe)
130 lème : mais c’est en supprimant les minorités qui le posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe) dans tout système
131 quantitatif ; il y a fédéralisme partout où c’est la qualité qui prime. Par exemple : le totalitarisme voit une injustice
132 tout où c’est la qualité qui prime. Par exemple : le totalitarisme voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’une mi
133 talitarisme voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à
134 ce ou une erreur dans le fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne repr
135 mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédér
136 yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse
137 représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant,
138 ect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière
139 ut, et d’une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse
140 coutumes de notre vie politique et culturelle, où l’ on voit la Suisse romande ou la Suisse italienne jouer un rôle sans pr
141 e notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou la Suisse italienne jouer un rôle sans proportion a
142 et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou la Suisse italienne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre de leu
143 isse italienne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre de leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le
144 habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contraste avec l
145 mètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’ amour de la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui car
146 és. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise l’
147 sur l’amour de la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise l’esprit totalitaire. L’amour (plus
148 ontraste avec le simplisme brutal qui caractérise l’ esprit totalitaire. L’amour (plus encore que le respect ou que la simp
149 isme brutal qui caractérise l’esprit totalitaire. L’ amour (plus encore que le respect ou que la simple tolérance) des comp
150 se l’esprit totalitaire. L’amour (plus encore que le respect ou que la simple tolérance) des complexités culturelles, psyc
151 taire. L’amour (plus encore que le respect ou que la simple tolérance) des complexités culturelles, psychologiques, et mêm
152 s, psychologiques, et même économiques, telle est la santé du régime fédéraliste. Ses pires ennemis sont ceux que Jacob Bu
153 hétique de « terribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’extrême complication des institutions suiss
154 ificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’ extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouvemen
155 extrême complication des institutions suisses, de l’ espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, commu
156 convient de leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionna
157 elés au concret, forcés de rester en contact avec les réalités humaines du pays. La Suisse est formée d’une multitude de gr
158 er en contact avec les réalités humaines du pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes politiques, culturels, a
159 stratifs, linguistiques, religieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de cent manièr
160 ileraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions, la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile
161 facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de for
162 éalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui r
163 te, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais c’est la vitalité civique d’un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéra
164 . Une politique fédéraliste, telle qu’on vient de la décrire, suppose infiniment plus de soins, d’ingéniosité technique et
165 t pourquoi je disais plus haut qu’elle représente la politique par excellence. Et c’est pourquoi je vois en elle le seul a
166 par excellence. Et c’est pourquoi je vois en elle le seul avenir possible de l’Europe, et le don que nous pouvons lui fair
167 urquoi je vois en elle le seul avenir possible de l’ Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous
168 s en elle le seul avenir possible de l’Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à nous-mêmes. b.
169 fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis de, «  L’ idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Éditions
170 b. Rougemont Denis de, « L’idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Éditions patriotiques, 1948, p.
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
171 Essai sur l’ avenir (1948)a 1. Parabole des fées Tout cela est très jol
172 le des fées Tout cela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science, la seule méthode hon
173 ela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprou
174  ! disait le Docteur, mais quoi, la science reste la science, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou
175 Docteur, mais quoi, la science reste la science, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou de construc
176 goureuse, éprouvée, d’analyse ou de construction. La seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse. Vous semblez cr
177 ée, d’analyse ou de construction. La seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse. Vous semblez croire que nous so
178 roire que nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe, de penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon !
179 importe quoi, et que cela changera tout. Pardon ! La science produit des preuves que vos superstitions seraient bien en pe
180 nte des machines qui font déjà mille kilomètres à l’ heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe ato
181 Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vous d
182 , du genre de la bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vous de prendre pour but l’évocation des fé
183 lus « folles » ! Libre à vous de prendre pour but l’ évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner le m
184 es du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-j
185 ous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujo
186 vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’alle
187 voilà qui est utile au surplus. Personne n’osant le contester autour de moi, je crois prudent de l’accepter. J’admets aus
188 t le contester autour de moi, je crois prudent de l’ accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et ne
189 e crois prudent de l’accepter. J’admets aussi que l’ évocation des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. M
190 n des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer maintenant que dans quelques lustres,
191 ez supposer maintenant que dans quelques lustres, les hommes cessent de trouver amusant d’aller plus vite, et donc commence
192 u et principal soit d’évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles d’application
193 ois siècles d’application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité urgente. Ces fées donnent la paix du cœur
194 ation des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’ utilité urgente. Ces fées donnent la paix du cœur dans la souffrance,
195 ieux nouveau, l’utilité urgente. Ces fées donnent la paix du cœur dans la souffrance, inventent mille tours sentimentaux i
196 té urgente. Ces fées donnent la paix du cœur dans la souffrance, inventent mille tours sentimentaux insoupçonnés de notre
197 ntimentaux insoupçonnés de notre barbarie, créent l’ immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques
198 onnés de notre barbarie, créent l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est vénéré par quelques sectes populaires,
199 st vénéré par quelques sectes populaires, font de la mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répét
200 sel à être répétée, étouffent d’une seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but la constr
201 cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évo
202 r atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons à vos enfantillages.1 2. Utopies
203 enfantillages.1 2. Utopies et prévisions La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles paraissent moins riche
204 est qu’elles paraissent moins riches d’avenir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme un système s
205 es d’avenir que le présent. On peut même dire que l’ Utopie se définit comme un système sans avenir. C’est que la plupart d
206 istoriens dans leurs descriptions du passé. Comme l’ a fait remarquer Toynbee, les utopies sont en réalité des « programmes
207 tions du passé. Comme l’a fait remarquer Toynbee, les utopies sont en réalité des « programmes d’action déguisés en descrip
208 s en descriptions sociologiques imaginaires », et l’ action qu’elles proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un cer
209 », et l’action qu’elles proposent n’est autre que l’ arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On
210 e société en décadence. On isole de cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en compose un système
211 dence. On isole de cette société les éléments que l’ on considère comme bons, et l’on en compose un système en équilibre pe
212 té les éléments que l’on considère comme bons, et l’ on en compose un système en équilibre permanent, à l’abri des menaces
213 n en compose un système en équilibre permanent, à l’ abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensible
214 abri des menaces vulgaires comme des créations de l’ esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité toujour
215 prit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire. Est
216 ité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’ Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins stat
217 courant de l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’ avenir d’une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient l
218 e moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de composer
219 omposer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins deux sol
220 s deux solutions possibles. Détourner constamment l’ imagination de la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la rame
221 possibles. Détourner constamment l’imagination de la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obsta
222 e la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est
223 oindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen d
224 acles qu’on pressent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’iss
225 ent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen de la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue de nos efforts
226 la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’ issue de nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du
227 anticipation sur l’issue de nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du succès même de ces efforts. (C’est
228 r beaucoup de nos meneurs politiques : ils voient les conditions de leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus
229 nditions de leur victoire, mais non ses suites.2) L’ effort le plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son suc
230 de leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son succès qu’ai
231 mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ic
232 2) L’effort le plus soutenu, le mieux organisé et le plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ici le monde occidental
233 plus proche de son succès qu’ait fourni jusqu’ici le monde occidental, c’est celui de dominer la nature par la science, da
234 u’ici le monde occidental, c’est celui de dominer la nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel,
235 occidental, c’est celui de dominer la nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de
236 t celui de dominer la nature par la science, dans l’ espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements
237 nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne
238 e, dans l’espoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort
239 fort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est rel
240 tesse de nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xvi
241 nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’ effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xviiie siè
242 igieux s’est relâché à partir du xviiie siècle ; l’ effort pour trouver un équilibre humain plus large et plus fécond que
243 ge et plus fécond que celui du confort en a pâti. L’ effort pour établir un ordre social acceptable, tantôt se disperse ent
244 en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’ effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre
245 s, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès
246 ésordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès constant et mesur
247 l’effort de la science (dont le sous-produit est l’ industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble se p
248 s de succès toujours accrues. Il en résulte, dans les masses, certaines croyances un peu folles, mais assez naturelles, don
249 lles, dont je ne donnerai que trois exemples : 1. la science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de la possession de
250 s exemples : 1. la science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de la possession de certains objets neufs ; 3. aller p
251 ience a toujours raison ; 2. le bonheur dépend de la possession de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien
252 s neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’
253 un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». En retour, no
254 . La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la science joue, donc qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons de
255 nous refusons de croire ce que nous pensons que «  l’ état présent » de la science nie ou condamne, et nous accordons à cett
256 ire ce que nous pensons que « l’état présent » de la science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autorité
257 ie ou condamne, et nous accordons à cette science l’ autorité que nous retirons à la religion et aux morales qui en dériven
258 ns à cette science l’autorité que nous retirons à la religion et aux morales qui en dérivent. La conception du monde la pl
259 ons à la religion et aux morales qui en dérivent. La conception du monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Oc
260 x morales qui en dérivent. La conception du monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour
261 monde la plus courante aujourd’hui est celle que les Occidentaux tiennent pour scientifique. Or elle demeure matérialiste
262 Or elle demeure matérialiste et mécaniste, quand la science est depuis trente ans énergétique et statistique… Cependant,
263 trente ans énergétique et statistique… Cependant, l’ on peut imaginer qu’une large élite rejoindra peu à peu la science qu’
264 t imaginer qu’une large élite rejoindra peu à peu la science qu’elle vénère, ou du moins s’informera de ses dernières conc
265 moins s’informera de ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physiq
266 , à la faveur du temps d’arrêt que semble marquer l’ avant-garde de la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir att
267 temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir atteint, provisoirem
268 , une certaine limite. Je dirais qu’elle a touché le fond, et même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’éne
269 dirais qu’elle a touché le fond, et même qu’elle l’ a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, donc en réduisant l
270 qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’ énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel, po
271 menant un atome à de l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel, pour parler un langage grossier
272 sier. (Mais c’est celui, précisément, dans lequel la grande majorité de nos contemporains traduisent les résultats de la s
273 a grande majorité de nos contemporains traduisent les résultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autor
274 de nos contemporains traduisent les résultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notion
275 ultats de la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjectivisme,
276 ’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont
277 sme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à
278 sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême ne peut nou
279 mathématiciens et les biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi
280 s biologistes. D’autre part, la vitesse poussée à l’ extrême ne peut nous rapprocher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-dir
281 oussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que de l’ « à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notre h
282 qu’à gagner du temps. Mais quand nous aurons tout le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science et la vitesse tendent par
283 s aurons tout le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science et la vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dé
284 le temps, qu’en ferons-nous ? Ainsi la science et la vitesse tendent par leur succès même à dépasser et à dénaturer les ob
285 nt par leur succès même à dépasser et à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait. ⁂ La dominatio
286 même à dépasser et à dénaturer les objectifs que le bon sens matérialiste leur assignait. ⁂ La domination complète du mil
287 fs que le bon sens matérialiste leur assignait. ⁂ La domination complète du milieu naturel par nos techniques est déjà mie
288 réalisation pratique et généralisée, pour toutes les classes et tous les peuples est cependant freinée par diverses passio
289 e et généralisée, pour toutes les classes et tous les peuples est cependant freinée par diverses passions que notre effort
290 se développer, ou même a provoquées. Par exemple, la passion nationaliste, indéfendable aux yeux de la science et de la ra
291 la passion nationaliste, indéfendable aux yeux de la science et de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des trans
292 aliste, indéfendable aux yeux de la science et de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer d’
293 science et de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer d’Europe en Amérique ne prenait guère
294 ique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’ époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de dé
295 e vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.) La passion politique draine et enfl
296 n d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.) La passion politique draine et enflamme nos facultés irrationnelles, sup
297 caux. Ces deux passions produisent des guerres, à la faveur desquelles les possibilités destructrices de la technique sont
298 ns produisent des guerres, à la faveur desquelles les possibilités destructrices de la technique sont « mises à la portée d
299 veur desquelles les possibilités destructrices de la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup
300 ités destructrices de la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le
301 e la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilité
302 les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On
303 ses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut pen
304 e le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisati
305 pendant les périodes de paix. On peut penser que l’ unilatéralité, la spécialisation de notre effort scientifique, provoqu
306 odes de paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisation de notre effort scientifique, provoque ainsi les force
307 tion de notre effort scientifique, provoque ainsi les forces les mieux faites pour mettre en échec son ambition prométhéenn
308 re effort scientifique, provoque ainsi les forces les mieux faites pour mettre en échec son ambition prométhéenne. Une autr
309 prométhéenne. Une autre conséquence indirecte de l’ effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la not
310 de l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste
311 fique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la s
312 au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la science du siècle passé) favorise l’abdication des responsabilités pe
313 lui donnait la science du siècle passé) favorise l’ abdication des responsabilités personnelles. Les « lois » que nous mul
314 se l’abdication des responsabilités personnelles. Les « lois » que nous multiplions avec une hâte suspecte dans des domaine
315 te dans des domaines encore mal étudiés, tels que l’ économie, la psychologie, la sociologie, nous servent en fait d’alibis
316 domaines encore mal étudiés, tels que l’économie, la psychologie, la sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous somme
317 mal étudiés, tels que l’économie, la psychologie, la sociologie, nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés de just
318 er en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’ on eût appelées faiblesse de caractère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi n
319 iberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l
320 ue nous gagnons en confort (qui est de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du ch
321 st de l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’à no
322 té). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’ acte du choix ; nous allons même jusqu’à nous figurer qu’elle consiste
323 jusqu’à nous figurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition d’un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter
324 ix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en répon
325 u… 3. Surmonter la Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des challenges variés, et q
326 nous prévoir à partir du complexe de tensions que l’ on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature, nous n’avons pas
327 que l’on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, il s
328 pondu par une victoire totale, il s’en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos mains. La principal
329 de cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistance au progrès technique déjà n’est plus dans la ma
330 istance au progrès technique déjà n’est plus dans la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planète n’est plus
331 chnique déjà n’est plus dans la matière mais dans l’ homme. Notre existence sur la planète n’est plus menacée par les éléme
332 la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la planète n’est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c
333 e existence sur la planète n’est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire par nos passions. Deux
334 s poursuivons notre effort technique (maîtrise de l’ énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nationa
335 rise de l’énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nationalisme, politique partisane). Les passions
336 des passions (nationalisme, politique partisane). Les passions s’emparent de la technique et provoquent la guerre atomique.
337 politique partisane). Les passions s’emparent de la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont tel
338 passions s’emparent de la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologiq
339 de la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologique de telle nature, q
340 guerre atomique. Les destructions sont telles, et le choc psychologique de telle nature, que la civilisation occidentale s
341 es, et le choc psychologique de telle nature, que la civilisation occidentale se disloque en îlots plus ou moins intacts d
342 une mer de ruines, au-dessus de laquelle se meut l’ esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se désintègrent
343 dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se désintègrent. Il reste assez d’homme
344 ici et là des apparences de « vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne
345 ens profonds sont coupés. Plus rien ne va de soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des
346 es agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de gangsters se multiplient. Dans des communautés illuminist
347 lles et des formes nouvelles de résistance contre l’ État vainqueur et son empire, théoriquement universel. De ces communau
348 ne organisation mondiale contrôlant effectivement les armes atomiques. La guerre devient impossible. Les frontières devienn
349 ale contrôlant effectivement les armes atomiques. La guerre devient impossible. Les frontières deviennent insensibles. L’e
350 es armes atomiques. La guerre devient impossible. Les frontières deviennent insensibles. L’effort technique peut alors élar
351 mpossible. Les frontières deviennent insensibles. L’ effort technique peut alors élargir ses triomphes : neutrali­sation du
352 lacements libres et presque instantanés sur toute l’ étendue de la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde,
353 res et presque instantanés sur toute l’étendue de la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde, il n’y a plu
354 étendue de la planète. Pour la première fois dans l’ histoire du monde, il n’y a plus qu’une seule civilisation (l’occident
355 u monde, il n’y a plus qu’une seule civilisation ( l’ occidentale, enrichie d’apports orientaux tardifs) ; une seule nation
356 seule nation souveraine, de type fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans la p
357 e, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans la prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle, on peut prévoir à
358 du xxe siècle, on peut prévoir à chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle t
359 le, on peut prévoir à chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissant
360 à chances égales la guerre et la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissant et que notre civili
361 e, soit que nous y répondions victorieusement par l’ établissement d’un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifiqu
362 établissement d’un gouvernement mondial, libérant l’ effort scientifique. (Je note ce sentiment, incapable de preuve, à tit
363 t, incapable de preuve, à titre de curiosité pour l’ historien futur.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité d’une
364 uriosité pour l’historien futur.) 4. Surmonter l’ Ennui Dans l’éventualité d’une réponse victorieuse, à la dernière h
365 historien futur.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’ éventualité d’une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serai
366 nse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’humanité, et
367 eau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’ humanité, et qui résulterait du succès même de notre effort le plus co
368 et qui résulterait du succès même de notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sentiment spécifiqu
369 re effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’ Ennui. Ce sentiment spécifiquement moderne est apparu dans la littéra
370 sentiment spécifiquement moderne est apparu dans la littérature avec l’époque industrielle et ses grandes villes. Il est
371 ement moderne est apparu dans la littérature avec l’ époque industrielle et ses grandes villes. Il est contemporain des hor
372 ontemporain des horaires, qui furent probablement la création la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires de tous genr
373 des horaires, qui furent probablement la création la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires de tous genres, on ne po
374 horaires de tous genres, on ne pourrait imaginer le fonctionnement des grandes usines, l’alimentation, la circulation et
375 it imaginer le fonctionnement des grandes usines, l’ alimentation, la circulation et les spectacles dans une agglomération
376 onctionnement des grandes usines, l’alimentation, la circulation et les spectacles dans une agglomération vaste et dense.)
377 grandes usines, l’alimentation, la circulation et les spectacles dans une agglomération vaste et dense.) « L’ennui naquit u
378 ctacles dans une agglomération vaste et dense.) «  L’ ennui naquit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de
379 tion vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour de l’ uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretient.
380 uit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’ excès de variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de d
381 mité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’ entretient. De fait, il est bien difficile de décider si la monotonie
382 ent. De fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des impressions. L’Oc
383 de décider si la monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Niagara ne m’e
384 plus d’ennui que la multiplicité des impressions. L’ Océan ou les chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la travers
385 i que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée d’une gra
386 es chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans
387 rsée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence de rythmes viva
388 ue l’ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’ absence de rythmes vivants, ou leur rupture fréquente et arbitraire. E
389 réquente et arbitraire. En d’autres termes, c’est la mécanisation de l’existence, ou encore : la répartition indifférente
390 ire. En d’autres termes, c’est la mécanisation de l’ existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et des
391 c’est la mécanisation de l’existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et des sollicitations, empêchant
392 ion en profondeur. C’est donc un accroissement de l’ entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre challenge imaginabl
393 ur. C’est donc un accroissement de l’entropie. Or l’ ennui diffère en ceci de tout autre challenge imaginable, qu’il naît d
394 de tout autre challenge imaginable, qu’il naît de l’ absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une t
395 et par là même plus redoutable que tous ceux que la Nature ou nos passions nous imposaient, l’humanité ne pourra répondre
396 ux que la Nature ou nos passions nous imposaient, l’ humanité ne pourra répondre que par une prise de position métaphysique
397 ise de position métaphysique. Elle pourra choisir l’ anesthésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle. 1. L’anesthésie des
398 Elle pourra choisir l’anesthésie spirituelle, ou l’ aventure spirituelle. 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation
399 thésie spirituelle, ou l’aventure spirituelle. 1. L’ anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par
400 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et phys
401 de conditionnement social et physiologique, dont le principe général sera d’obnubiler et de refouler avec une extrême vig
402 extrême vigilance toute question métaphysique que l’ Ennui risquerait de mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-to
403 e l’Ennui risquerait de mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persécutés et pourchassés avec une
404 igueur sans exemple dans notre passé : ils seront les criminels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandestinité
405 minels sociaux par excellence. Ils formeront dans la clandestinité un prolétariat secret, probablement nomade, qui pourra
406 t secret, probablement nomade, qui pourra devenir la matrice d’une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité
407 d’une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’ Humanité choisit au contraire l’aventure spirituelle, celle-ci sera sa
408 t mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au contraire l’ aventure spirituelle, celle-ci sera sans doute initiée par une élite e
409 es populaires, exerçant une autorité analogue sur l’ orientation de la recherche organisée, et définissant de facto les nou
410 erçant une autorité analogue sur l’orientation de la recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standards d
411 e la recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standards d’utilité et de valeur. Mais l’effort de cette éli
412 s nouveaux standards d’utilité et de valeur. Mais l’ effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désorma
413 effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désormais « dépassée » — se tournera vers la découverte et
414 tière — désormais « dépassée » — se tournera vers la découverte et la maîtrise de réalités d’un autre ordre, totalement ig
415 « dépassée » — se tournera vers la découverte et la maîtrise de réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négligé
416 s, aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’ être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’u
417 imaginables pour nous que ne pouvait l’être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une ville par
418 pouvait l’être pour les savants du xviiie siècle la destruction instantanée d’une ville par suite de la dissociation d’un
419 destruction instantanée d’une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière. Ce sont ces réalités in
420 s notre langage, que je désignais en débutant par le terme symbolique de Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettr
421 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi de théoriciens révolut
422 fférent de leurs prévisions. Saint-Simon a fourni les cadres du capitalisme industriel. Marx est l’ancêtre du plus puissant
423 ni les cadres du capitalisme industriel. Marx est l’ ancêtre du plus puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des mo
424 itaire. Il n’avait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-polit
425 ait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-politiques (tels que
426 tiques (tels que Kierkegaard et Jacob Burckhardt) les annonçaient avec précision à la même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee,
427 acob Burckhardt) les annonçaient avec précision à la même époque. 3. Cf. Arnold Toynbee, A Study of History. a. Rougemo
428 of History. a. Rougemont Denis de, « Essai sur l’ avenir », Pro regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Callenbach, 1948, p
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
429 Pour sauver nos diversités ( le sens de La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous
430 s diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous interroger sur la valeur même de l’E
431 a crise actuelle nous force à nous interroger sur la valeur même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que s
432 ous force à nous interroger sur la valeur même de l’ Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’autonomi
433 s interroger sur la valeur même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’autonomie du continent,
434 ns le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’ autonomie du continent, et que signifierait sa perte ? Quel que soit l
435 ent, et que signifierait sa perte ? Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous
436 elle que soit notre patrie, nous sentons bien que les menaces qui pèsent sur nous mettent en cause une notion de l’homme, u
437 ui pèsent sur nous mettent en cause une notion de l’ homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des s
438 déal de liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même
439 symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce qui fait à no
440 rés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’es
441 du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une no
442 up ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’h
443 i fait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et
444 tier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’ homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C
445 appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle q
446 mun. C’est en elle que nous possédons notre unité la plus profonde. Et c’est en la définissant d’une manière actuelle et c
447 ssédons notre unité la plus profonde. Et c’est en la définissant d’une manière actuelle et concrète que nous poserons les
448 ne manière actuelle et concrète que nous poserons les bases de la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Pri
449 tuelle et concrète que nous poserons les bases de la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de la
450 es de la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que les m
451 est notre seul espoir de la sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nous u
452 auté de la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économique et politique, i
453 ique et politique, il n’est pas moins certain que l’ unité de l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de l
454 itique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’ Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographi
455 st essentiellement culturelle. Du point de vue de la géographie, l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des h
456 ent culturelle. Du point de vue de la géographie, l’ Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’hab
457 ’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’ habitent, et des autres peuples du monde, l’Europe reste aujourd’hui,
458 s qui l’habitent, et des autres peuples du monde, l’ Europe reste aujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer d’une
459 e reste aujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer d’une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice
460 diverse et créatrice qu’en toute autre région de la planète. Mais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plus l
461 ais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plus large et humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un
462 mot de culture son sens le plus large et humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit,
463 éritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’ esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme de
464 un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’ homme de la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ;
465 e de spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle illus
466 cialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle illustre, tra
467 rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de l’
468 re, traduit et promeut une certaine conception de l’ existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typi
469 eut une certaine conception de l’existence ; elle l’ éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe, au
470 on de l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture
471 elle en donne le sens. Or il est bien typique de l’ Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un bu
472 il est bien typique de l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ail
473 urs, elle est mise au service du développement de l’ industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du par
474 strie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’économie qui lui dicte
475 olitiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’économie qui lui dictent un programme précis, qui lim
476 les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants de l’ économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses activit
477 né. Pour nous Européens, tout au contraire, c’est la culture qui exprime le sens humain de la vie politique et de l’économ
478 , tout au contraire, c’est la culture qui exprime le sens humain de la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vis
479 e, c’est la culture qui exprime le sens humain de la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer
480 exprime le sens humain de la vie politique et de l’ économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les crit
481 olitique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture app
482 ’est elle qui vise à les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définition
483 ise à les influencer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définition de l’Europe. M
484 encer, et permet de les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et pro
485 quer. La primauté de la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela s
486 de la culture appartient donc à la définition de l’ Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abord,
487 ord, pour nous Européens : élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmo
488 ropéens : élargir et approfondir la conception de l’ homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens
489 de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cess
490 Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les a
491 ie ensuite : harmoniser les moyens et les fins de l’ existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités pu
492 tence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités publiques et privées à une notion toujours plus haute et la
493 vées à une notion toujours plus haute et large de l’ homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cad
494 liberté ; aménager et transformer en conséquence le cadre de la vie et les institutions. La conception européenne de l
495 ménager et transformer en conséquence le cadre de la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme Él
496 transformer en conséquence le cadre de la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme Élargir et ap
497 quence le cadre de la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme Élargir et approfondir la concept
498 les institutions. La conception européenne de l’ homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa libe
499 n européenne de l’homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’a
500 ’homme Élargir et approfondir la conception de l’ homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doct
501 homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’ apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, ma
502 re ce fut toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’ Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parf
503 toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’ effet d’un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragiq
504 ies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’ Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas
505 , ils ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’ idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours
506 faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’ homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; elle n
507 chevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diversité des couples d’éléments antagonistes dont le dialogue se per
508 iversité des couples d’éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque géné
509 protestantisme, attachements régionaux et sens de l’ universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion du
510 de l’universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et la
511 profit de l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risque original de l’homme européen, son aventure. Dans ce débat auqu
512 tre de ses éléments, réside le risque original de l’ homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous part
513 nous participe plus ou moins consciemment réside le secret du dynamisme occidental et de l’inquiétude créatrice qui pouss
514 nt réside le secret du dynamisme occidental et de l’ inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question, de
515 ccidental et de l’inquiétude créatrice qui pousse l’ Européen à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports ave
516 de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et la communauté. Dans les combinaisons variées à
517 ècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’ État et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il
518 rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est po
519 avec le monde, avec l’État et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre
520 et la communauté. Dans les combinaisons variées à l’ infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoi
521 à l’infini qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoires constituant son patrimoine, réside la chance
522 ontradictoires constituant son patrimoine, réside la chance, pour tout Européen, d’individualiser de plus en plus ses juge
523 e de vie. Et enfin, dans ce choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liber
524 dans la conscience qu’il a d’en être responsable, l’ Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire illustre ce débat,
525 qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en cha
526 e débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’ histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils du d
527 hacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrannie…
528 oire des risques de la liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est si
529 , progressant entre les écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’individu
530 entre les écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de
531 Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’ individu, abusant de ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède
532 s droits et de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction co
533 a liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’ anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se d
534 , cède à la tentation de l’anarchie ou à celle de l’ impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la ju
535 ne réaction collectiviste se déclenche, au nom de la justice ou de l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unit
536 ctiviste se déclenche, au nom de la justice ou de l’ ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appe
537 arde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons
538 e dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenant d
539 ouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune de l
540 herchons maintenant dans quelle notion commune de l’ homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individu
541 e sa destinée se fonde cette critique alternée de l’ individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques, n
542 dualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a trouvé son
543 on nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’ axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est
544 mais qui a toujours été l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est l’idéal de la personne h
545 , la vision directrice de nos révolutions : c’est l’ idéal de la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, accep
546 directrice de nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et repr
547 ion d’origine chrétienne, acceptée et reprise par l’ humanisme, est celle de l’homme doublement responsable envers sa vocat
548 acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’ homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité ; à
549 ublement responsable envers sa vocation et envers la cité ; à la fois autonome et solidaire ; à la fois libre et engagé —
550 et homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à
551 dèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même et au
552 vient infidèle à lui-même et au génie créateur de l’ Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, so
553 et au génie créateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfer
554 Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (
555 (nation, parti ou idéologie), soit qu’il prétende l’ imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité e
556 des idéologies Cette description succincte de l’ homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-uns
557 quelques-uns des problèmes brûlants que nous pose la fédération. Tout d’abord, celui des nations. La diversité des nations
558 e la fédération. Tout d’abord, celui des nations. La diversité des nations, correspondant au cloisonnement géographique du
559 raphique du continent, a fait pendant des siècles l’ originalité de l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite
560 nent, a fait pendant des siècles l’originalité de l’ Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion d
561 pendant des siècles l’originalité de l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation
562 et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigi
563 de sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalit
564 Mais par suite de la collusion de la nation et de l’ État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelles,
565 de la collusion de la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelles, linguistiques, é
566 ndividualisme national, qui tend nécessairement à l’ autarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle des
567 écessairement à l’autarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle des nations. Dans l’état de faiblesse
568 tarcie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il les met, il le
569 pire danger pour la vie réelle des nations. Dans l’ état de faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unifica
570 éelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’int
571 tions. Dans l’état de faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’
572 blesse où il les met, il les livrera fatalement à l’ unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soi
573 vrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’ intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti d
574 ar l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’ usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est d
575 l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’ union fédérale est devenue la seule garantie des autonomies nationales
576 dans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en surmontant n
577 s, partis et idéologies. Aussi indispensables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur
578 déologies. Aussi indispensables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent
579 Aussi indispensables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir
580 ables que les nations à la vie de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions m
581 ent à devenir des divisions mortelles. Tandis que les frontières étatiques cloisonnent l’Europe verticalement, les idéologi
582 . Tandis que les frontières étatiques cloisonnent l’ Europe verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent hori
583 res étatiques cloisonnent l’Europe verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent
584 sonnent l’Europe verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’autarcie i
585 urope verticalement, les idéologies et les partis la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’autarcie intellectue
586 la cloisonnent horizontalement. Ils penchent vers l’ autarcie intellectuelle, comme les nations vers l’autarcie économique.
587 ls penchent vers l’autarcie intellectuelle, comme les nations vers l’autarcie économique. Leurs prétentions à un droit excl
588 l’autarcie intellectuelle, comme les nations vers l’ autarcie économique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans l’orga
589 mique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans l’ organisation du continent n’est pas moins dangereuse et utopique que n
590 st pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’ impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, n
591 isme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de
592 le nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union.
593 est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun de ces
594 le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’ union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l
595 partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’ Europe, ni par suite son propre avenir. De même que les nations n’ont
596 rope, ni par suite son propre avenir. De même que les nations n’ont de chance de survivre que si elles renoncent à temps au
597 au dogme tyrannique de leur souveraineté absolue, les partis n’ont de chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent
598 ce de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et subordonnent leur ta
599 isée totalitaire, et subordonnent leur tactique à la stratégie générale d’une action de salut public européen. c. Roug
600 Rougemont Denis de, « Pour sauver nos diversités ( le sens de La Haye) », Fédération, Paris, juin 1948, p. 14-15.
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
601 Pourquoi l’ Europe ? (25 décembre 1948)d e Deux colosses, ou qui nous semblent
602 nt-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue
603 u contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus conten
604 bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. Et l’ on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la
605 cher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance po
606 inira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la P
607 coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l
608 e puissance pourrait les séparer, les retenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’
609 tenir, et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce
610 rcer au compromis, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’ Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est
611 is, c’est-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’ Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vin
612 Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’ Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la t
613 ée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut, pour parler et se faire entendre, dans le monde do
614 u’il faut, pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est
615 dominé par deux grands empires. Et non seulement l’ Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chac
616 rope n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’ann
617 rait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation éco
618 mique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : Aucu
619 des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays ne
620 ndance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. Les conclusions que l’on d
621 e peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’ économie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fai
622 l, les problèmes que lui pose l’économie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique
623 lui pose l’économie moderne. Les conclusions que l’ on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les
624 ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Euro
625 é. Si les choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
626 uent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’ Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La qu
627 ents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c
628 ’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fo
629 nnexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un préte
630 ée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre
631 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’
632 ourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’ Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un,
633 sie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue.
634 dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’ humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver la pai
635 entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c
636 . Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la Troisième
637 plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’ Europe, c’est-à-dire la Troisième puissance, qui serait capable d’exig
638 Troisième puissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Eur
639 uissance, qui serait capable d’exiger la paix, de l’ inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même un
640 rait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore
641 a paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’ on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour teni
642 enter pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’ Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les
643 , serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à
644 rai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
645 re, qu’on a tendance à oublier : La population de l’ Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
646 r : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux
647 ron 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’ Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ce
648 dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants
649 ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’ agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthod
650 gir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action
651 et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d
652 la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples
653 méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la p
654 Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l’ Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’
655 es cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une
656 d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui p
657 e que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le p
658 s difficultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’ unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou écon
659 és. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’ Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Tr
660 les ou même de thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète s
661 e les thèses — ici ! — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal e
662 nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Sha
663 la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’ Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul
664 , c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas ! l’ Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est a
665 as seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’
666 x de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens
667 Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se pa
668 ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures
669 ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le commu
670 nomiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale
671 communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale. C’est avec tous ces hommes — et pour eux tous, même
672 eux tous, même malgré eux — qu’il nous faut faire l’ Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines de nations avec leurs tra
673 elles que polémiques. Et cela n’est rien encore : l’ Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue
674 t cela n’est rien encore : l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes es
675 core : l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et M
676 et engagement, et vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples combinés et permutés, sans parler de leu
677 à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier d
678 étendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Euro
679 s Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bass
680 ais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’ Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au to
681 ique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse l’ Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports ave
682 remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accent
683 stion ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
684 à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette pos
685 re issue que la violence, souvent aussi forcent à l’ invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer,
686 possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pou
687 risquer, qui est la condition première de ce que l’ Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n
688 ’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’ unité du continent d’une préalable mise au pas, intellectuelle ou poli
689 éologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le
690 t d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoi
691 ssible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de c
692 che, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
693 spoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’ éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un
694 . Quand elles y parviendraient pour un temps, par la force, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À su
695 pposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus de simplification du genre humain, du penthotal au plut
696 humain, du penthotal au plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement ce « 
697 du penthotal au plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement ce « petit cap
698 n passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’ Europe, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se rédu
699 ement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’ Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Euro
700 n génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’ Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer p
701 donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. M
702 ra l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie,
703 lème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode polit
704 olitique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, c
705 édestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais li
706 un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définiti
707 ré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’ill
708 qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voil
709 lié par le mariage, répond à cette définition et l’ illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre, et
710 absolument comprendre, et même sentir : sur tous les plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois deux choses, pense
711 locales et pouvoir central limité. Sur le plan de l’ économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et assu
712 encore : risque et assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou d
713 isque et assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politiqu
714 nce. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’é
715 e politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l
716 , le problème restera toujours d’éviter à la fois l’ isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyranni
717 oujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l’ uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordr
718 s l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et pa
719 stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devis
720 contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union d
721 anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversit
722 u encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithès
723 sordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la
724 re. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire,
725 t la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’ antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcé
726 la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
727 tithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste,
728 ormule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’ uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son princi
729 i est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens l
730 tique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens lui-même, mais en fait constamment trahie par la plupart des
731 s ou de constitutions. Certes, nous voulons faire l’ Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acc
732 Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de
733 t le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’ acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, a
734 avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions o
735 qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions,
736 nt, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’ accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes
737 ons qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pa
738 berté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
739 les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ce
740 votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’ écart, vous courez trop de dangers de « mystifications » par les force
741 courez trop de dangers de « mystifications » par les forces impérialistes… C’est ainsi qu’on peut lire dans la revue Espr
742 s impérialistes… C’est ainsi qu’on peut lire dans la revue Esprit cette phrase que je propose à votre admiration : Affi
743 quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent du dehors à juste titre, mais qu’
744 lles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils s
745 e nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’ Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est q
746 ulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
747 pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… »
748 , nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petites natures
749 eur que Churchill… » Ces petites natures récitent la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier. Ils oublient que
750 n n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres
751 mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Chur
752 dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti tota
753 ts avec certain parti totalitaire. Si vous voulez la paix, vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ;
754 s voulez la paix, vous devez vouloir ses moyens : l’ Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez voul
755 vous devez vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le fédéralisme
756  : l’Europe unie est le plus sûr ; si vous voulez l’ Europe, vous devez vouloir le fédéralisme, si vous voulez demeurer lib
757 sûr ; si vous voulez l’Europe, vous devez vouloir le fédéralisme, si vous voulez demeurer libres, enfin, c’est aujourd’hui
758 es, enfin, c’est aujourd’hui qu’il faut en courir l’ aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitess
759 venture. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les
760 endre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclament leu
761 e. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclament leur fédération, pourront se
762 e le jour soit prochain où les voix concertées de l’ Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au mond
763 pourront se faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi
764 ndre au monde entier comme la voix forte enfin de l’ espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’Europe ? », Rassembl
765 l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’ Europe ? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomadaire du RPF, Pa
766 . Présenté par cette note : « Denis de Rougemont, l’ auteur suisse de tant d’essais réputés outre-Atlantique comme en Franc
767 mme en France, et tout récemment des Lettres sur la bombe atomique , vient de faire, en tant que membre du Comité central
768 de faire, en tant que membre du Comité central de l’ Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les ext
769 nne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que l’on va en lire montrent à quel point les préoccupations
770 tes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que l’ on va en lire montrent à quel point les préoccupations et les position
771 xtraits que l’on va en lire montrent à quel point les préoccupations et les positions de l’auteur de Penser avec les mains
772 lire montrent à quel point les préoccupations et les positions de l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du
773 quel point les préoccupations et les positions de l’ auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblement. 
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
774 La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)h i La secte des ad
775 La liberté religieuse à l’ école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième jo
776 rté religieuse à l’école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième jour, se référant au Décalogue, obs
777 septième jour, se référant au Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte
778 Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans ce
779 ve le repos hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans cette croyance, de
780 pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans cette croyance, de même que ceux des juifs orthod
781 que ceux des juifs orthodoxes, ne peuvent suivre l’ école le samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais les règleme
782 x des juifs orthodoxes, ne peuvent suivre l’école le samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais les règlements scol
783 samedi, jour consacré au Sabbat et au culte. Mais les règlements scolaires sont stricts : toute absence d’un élève qui n’es
784 e se répète à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors subie par les parents ou responsables, et va de l’
785 nts ou réguliers. La sanction est alors subie par les parents ou responsables, et va de l’amende à la prison selon les cas
786 s subie par les parents ou responsables, et va de l’ amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conf
787 les parents ou responsables, et va de l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui pe
788 responsables, et va de l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entr
789 s, et va de l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entre une croya
790 prison selon les cas et les pays. On imagine tous les conflits qui peuvent surgir entre une croyance aussi intransigeante e
791 tifs à des familles adventistes dans trois pays : la Belgique, la France et la Suisse. Dans quatre écoles belges (communal
792 milles adventistes dans trois pays : la Belgique, la France et la Suisse. Dans quatre écoles belges (communale, moyenne, n
793 istes dans trois pays : la Belgique, la France et la Suisse. Dans quatre écoles belges (communale, moyenne, normale et un
794 belges (communale, moyenne, normale et un lycée) la preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté
795 a preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté apparente. Les élèves adventistes reçoivent dispen
796 t se passer sans la moindre difficulté apparente. Les élèves adventistes reçoivent dispense pour le samedi et si les examen
797 e. Les élèves adventistes reçoivent dispense pour le samedi et si les examens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que l
798 ventistes reçoivent dispense pour le samedi et si les examens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que les absents puisse
799 xamens ont lieu ce jour-là, on s’arrange pour que les absents puissent subir l’épreuve un autre. En France, dans plusieurs
800 on s’arrange pour que les absents puissent subir l’ épreuve un autre. En France, dans plusieurs départements, après que le
801 En France, dans plusieurs départements, après que les demandes de dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est ar
802 demandes de dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’i
803 au nom de la loi », il est arrivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent fina
804 rivé fréquemment que le directeur d’une école, ou l’ inspecteur d’académie, consentissent finalement à interpréter la loi,
805 ’académie, consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici
806 t finalement à interpréter la loi, et à suspendre les poursuites. Mais on constate néanmoins qu’ici ou là, en Algérie ou en
807 D’innombrables démarches auprès des autorités de l’ enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré da
808 plupart des cas une compréhension effective. Mais la loi demeure invariable. Et quel que soit le désir, dont beaucoup témo
809 Mais la loi demeure invariable. Et quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de la libe
810 oit le désir, dont beaucoup témoignent, d’assurer l’ exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’u
811 beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’espr
812 e réel de la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serv
813 nscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’ esprit de tolérance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’e
814 ce là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’ esprit d’intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un ca
815 texte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton à l’autre. C’est ainsi que l’É
816 e beaucoup d’un canton à l’autre. C’est ainsi que l’ État de Genève accorde le congé du samedi aux israélites, adventistes,
817 l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé du samedi aux israélites, adventistes, etc., qui le demandent p
818 du samedi aux israélites, adventistes, etc., qui le demandent pour motif religieux, tandis que l’État de Vaud le refuse.
819 qui le demandent pour motif religieux, tandis que l’ État de Vaud le refuse. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois,
820 t pour motif religieux, tandis que l’État de Vaud le refuse. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêt
821 f religieux, tandis que l’État de Vaud le refuse. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par les g
822 , Marcel D…, citoyen vaudois, s’est vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant trente heures parce que sa fille manqu
823 pendant trente heures parce que sa fille manquait l’ école le samedi matin, et qu’il refusait de payer une amende de 2 fran
824 trente heures parce que sa fille manquait l’école le samedi matin, et qu’il refusait de payer une amende de 2 francs par a
825 et ses convictions religieuses lui interdisent de l’ admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinquant
826 ent de 3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’ école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidives
827 puis à quatre jours de prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraît p
828 e, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraît plus tolérante. L’instruction primaire de son enfant lui a
829 n canton voisin, où la loi paraît plus tolérante. L’ instruction primaire de son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs
830 L’instruction primaire de son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer
831 gligeables » J’entends bien ce que vous disent les gens pressés : qu’il ne s’agit que de cas fort rares, que les adventi
832 ssés : qu’il ne s’agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort de s’obstiner
833 ur une question de numéros attribués aux jours de la semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, dans
834 u aux travaux forcés. Remarquons tout d’abord que le nombre, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins
835 s tout d’abord que le nombre, ici, ne fait rien à l’ affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que pour
836 perpétrée sur des millions, et il est curieux que les bonnes gens qui parleraient volontiers « d’exceptions négligeables »
837 ent volontiers « d’exceptions négligeables » dans le cas d’une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bon
838 e cet argument devrait en bonne logique provoquer l’ indulgence pour certains criminels sociaux, dont le nombre est infime.
839 ’indulgence pour certains criminels sociaux, dont le nombre est infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes
840 nels sociaux, dont le nombre est infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer
841 bre est infime. Ensuite, la question de savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au dimanche comm
842 si les adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davantage interve
843 r de repos, ne doit pas davantage intervenir dans la considération des faits qui nous occupent. Il s’agit ici du respect l
844 ccupent. Il s’agit ici du respect légal de toutes les convictions religieuses en tant que telles, et non point du jugement
845 ue telles, et non point du jugement de vérité que l’ on peut porter sur l’une ou l’autre de ces convictions, car si les deu
846 r sur l’une ou l’autre de ces convictions, car si les deux points de vue n’étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalemen
847 i les deux points de vue n’étaient pas dissociés, l’ on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religi
848 sociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin,
849 ait fatalement à refuser tous les droits à toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se tromperait
850 oits à toutes les religions moins une — celle que l’ on suit. Enfin, l’on se tromperait gravement en estimant que le problè
851 religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’ on se tromperait gravement en estimant que le problème posé par quelqu
852 fin, l’on se tromperait gravement en estimant que le problème posé par quelques adventistes disséminés est moins actuel ou
853 est moins actuel ou moins urgent, peut-être, que le problème posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont le régime
854 moins urgent, peut-être, que le problème posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respec
855 e le problème posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fond
856 posé par les méthodes totalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, on
857 otalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intérêt évident et
858 inorité microscopique, c’est en réalité céder sur le seul point où les démocraties libérales se distinguent essentiellemen
859 ique, c’est en réalité céder sur le seul point où les démocraties libérales se distinguent essentiellement et radicalement
860 tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à l’ opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’on sait aujourd’hui
861 l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’ on sait aujourd’hui où cela peut conduire. Danger des lois trop sim
862 rait à résoudre des conflits du genre de ceux que l’ on vient de citer. Il serait, par exemple, extrêmement facile d’introd
863 par exemple, extrêmement facile d’introduire dans les règlements scolaires de toutes les démocraties une clause spéciale aj
864 ntroduire dans les règlements scolaires de toutes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légi
865 es les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’apparten
866 iste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cel
867 on dira qu’il est trop compliqué de prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des précédents dont mi
868 ereux de créer des précédents dont mille sectes à l’ avenir pourront être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pas s
869 d’abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines de cas bien plus
870 ’est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines de cas bien plus rares que celui de nos adventis
871 cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les « surfaces corrigées »
872 que celui de nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà
873 nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens
874 es. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les « surfaces corrigées » s’ingénient au-delà du bon sens à distinguer,
875 ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans
876 n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droits et sauvegardant le plei
877 éfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droits et sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscr
878 s décrets garantissant les droits et sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscrites au seuil des grandes
879 ent inscrites au seuil des grandes constitutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient d’être raillées comme de belles
880 au seuil des grandes constitutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient d’être raillées comme de belles abstractions.
881 re raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures ex
882 ts » ou des « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’un
883 « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte à l’ anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’une part, il
884 s droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « liberté de conscience » que toutes nos démocraties proclament à l’e
885 tiles ou non, qui s’accumulent dans nos codes. Si l’ anarchie est mauvaise, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais
886 archie est mauvaise, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais une réglementation simpliste et uniforme, elle aussi,
887 ent par mille applications tyranniques — et que «  la tyrannie est le souverain désordre », comme l’écrivait, en une senten
888 plications tyranniques — et que « la tyrannie est le souverain désordre », comme l’écrivait, en une sentence mémorable, le
889 « la tyrannie est le souverain désordre », comme l’ écrivait, en une sentence mémorable, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet
890 e », comme l’écrivait, en une sentence mémorable, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet égard, on s’étonnera que les Suisses,
891 s Alexandre Vinet. À cet égard, on s’étonnera que les Suisses, si attentifs à respecter dans leur régime fédéraliste les dr
892 ttentifs à respecter dans leur régime fédéraliste les droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montr
893 des religions et des groupes, se montrent soudain les plus stricts dans leur refus de considérer les droits d’une petite co
894 in les plus stricts dans leur refus de considérer les droits d’une petite confession qui ne menace personne. On les honore
895 ’une petite confession qui ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et
896 es honore d’avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et de l’avoir élevée au rang de langue nationale, bi
897 une extinction probable la langue romanche, et de l’ avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée
898 lle ne soit parlée que par moins d’un centième de la population totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assuran
899 pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits d’une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qu
900 its d’une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même de leur ind
901 les principes qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur prospérité et de le
902 e nationale, de leur prospérité et de leur paix ? L’ exemple des adventistes, et des difficultés particulières que susciten
903 aru propre à illustrer d’une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’es
904 d’une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, pa
905 se le problème général de la liberté religieuse à l’ école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou
906 el, aucune idéologie politique, il m’a paru poser le plus clairement possible la question de principe du respect effectif
907 ue, il m’a paru poser le plus clairement possible la question de principe du respect effectif des libertés théoriquement a
908 t effectif des libertés théoriquement admises par les démocraties occidentales. Je ne partage pas la conviction des adventi
909 r les démocraties occidentales. Je ne partage pas la conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais que toute rest
910 ne partage pas la conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais que toute restriction à la liberté d’un seul gro
911 r le Sabbat, mais je sais que toute restriction à la liberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et do
912 restriction à la liberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos re
913 iberté d’un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne l’oublio
914 donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne l’ oublions jamais, est en quelque manière ou quelque lieu du monde, mino
915 Chacune donc doit se voir et se sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-il nécessaire d’ajouter qu’il en
916 droits politiques et civiques ? On ne peut sauver la liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant de la sauver partout.
917 a liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant de la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse à
918 e la sauver partout. h. Rougemont Denis de, «  La liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p
919 h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse à l’ école », Conscience et Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté pa
920 Liberté, Paris, 1949, p. 11-14. i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y
921 pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une religion sans en permettre l’exer
922 court”. Autoriser une religion sans en permettre l’ exercice, c’est, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte de lui
923 ’on se flatte de lui accorder. Denis de Rougemont l’ expose fort bien dans les pages qui suivent et nous sommes entièrement
924 order. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans les pages qui suivent et nous sommes entièrement d’accord avec lui : une
925 t pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une erreu
926 ricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’ original. On a corrigé une erreur ici manifeste.
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
927 Commencer par l’ Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée d’un gouvernement mondi
928 cer par l’Europe (février 1949)f Il paraît que l’ idée d’un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il étai
929  ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’ air depuis au moins trois ans, mais elle y serait sans doute restée si
930 du « premier citoyen du monde ». C’est ainsi que les choses se passent en France et c’est très bien : c’est très européen…
931 France et c’est très bien : c’est très européen… La voici donc en pleine actualité. Tout le monde se déclare pour le Mond
932 n pleine actualité. Tout le monde se déclare pour le Monde et parle au nom des masses mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous
933 e de provinciaux ou de nationalistes attardés. Et l’ on va nous demander : pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pa
934 tes attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi l’ Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous
935 pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous arrêter dans notre élan ? Sur cet élan d
936 t élan des masses rassemblées au Vél’ d’Hiv’ pour le gouvernement mondial, sur ce grand élan pour la paix, nous avons ici
937 r le gouvernement mondial, sur ce grand élan pour la paix, nous avons ici nos idées. Cette idée en particulier : c’est qu’
938 n. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans la réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous ne sommes pas une autr
939 ger un élan émotif dans la réalité, on a toujours l’ air de freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux s
940 es pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous les prenons au mot. Et
941 es mêmes. Mais vos discours, mes chers amis, nous les prenons au mot. Et nous vous proposons une méthode de travail, un mou
942 et un objectif immédiat, qui est de commencer par l’ Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernem
943 t de commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’Europe
944 par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’Europe — ou ne passer
945 Car nous pensons que le chemin vers la paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’Europe — ou ne passera pas du tout.
946 la paix, vers le gouvernement mondial, passe par l’ Europe — ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler
947 urope — ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a trois
948 que et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer
949 qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer de ce que je publi
950 n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’ époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contra
951 d’avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Voici pour quelles raisons, les plus simples du mon
952 la cause européenne. Voici pour quelles raisons, les plus simples du monde, mais d’une logique à laquelle, pour ma part, j
953 e n’imagine aucun moyen de me soustraire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planète unie par les peuples uni
954 ire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rideau
955 des premiers enthousiastes de la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, br
956 certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situation s’est donc précisée, si je pui
957 mbé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situation s’est donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui
958 nt-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue
959 u contraire leur amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus conten
960 bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. Et l’ on ne peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la
961 cher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance po
962 inira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la pa
963 coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’
964 le puissance pourrait les séparer, les retenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’
965 etenir et les forcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce q
966 rcer au compromis, c’est-à-dire à la paix — c’est l’ Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est
967 is, c’est-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’ Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en ving
968 Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’ Europe est divisée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la t
969 ée en vingt nations dont aucune, isolée, n’a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans le monde dom
970 qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par les deux grands empires. Et non seulement l’Europe n
971 er et se faire entendre, dans le monde dominé par les deux grands empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissan
972 iné par les deux grands empires. Et non seulement l’ Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chac
973 rope n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’ann
974 rait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation éco
975 mique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : aucu
976 des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peut nier : aucun de nos pays ne
977 dance ; aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on
978 e peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’ économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer de ce double f
979 les problèmes que lui pose l’économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique
980 ui pose l’économie moderne. ⁂ Les conclusions que l’ on doit tirer de ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les
981 ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Euro
982 é. Si les choses continuent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après
983 uent comme elles vont : 1° Les différents pays de l’ Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La qu
984 ents pays de l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c
985 ’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fo
986 nnexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un préte
987 ée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre
988 3° Rien ne pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s
989 ourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’ Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un
990 ie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue.
991 dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’ humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple comme 2
992 nouvelle… Mais aussi tout cela nous conduit, avec la force même de l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous
993 ssi tout cela nous conduit, avec la force même de l’ évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver ch
994 l nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c
995 . Si nous voulons sauver la paix, ou plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’Europe, c’est-à-dire la troisième
996 plutôt faire la paix, il nous faut d’abord faire l’ Europe, c’est-à-dire la troisième puissance qui serait capable d’exige
997 a troisième puissance qui serait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Eur
998 puissance qui serait capable d’exiger la paix, de l’ inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même un
999 rait capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même unie, serait encore
1000 a paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’ on me dit que l’Europe, même unie, serait encore trop petite pour teni
1001 enter pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’ Europe, même unie, serait encore trop petite pour tenir en respect les
1002 , serait encore trop petite pour tenir en respect les deux Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oubli
1003 rai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer,
1004 re, qu’on a tendance à oublier : La population de l’ Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ 300
1005 r : La population de l’Europe occidentale, donc à l’ ouest du rideau de fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux
1006 ron 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’ Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ce
1007 dire deux fois plus que l’Amérique, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions d’habitants
1008 ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’ agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthod
1009 gir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action
1010 et de sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d
1011 la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples
1012 méthode, les moyens d’une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la p
1013 Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l’ Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’
1014 es cessent d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une
1015 d’être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui p
1016 e que l’Europe est la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le p
1017 s difficultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’ unité de l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou écon
1018 és. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité de l’ Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ? Tr
1019 es ou même de thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mo
1020 en contre les thèses — mais nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal e
1021 nous nous occupons de la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Sha
1022 la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’ Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespeare, c’est Paul
1023 e, c’est Paul Valéry, etc. Bien sûr ; mais hélas, l’ Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est a
1024 as seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’
1025 x de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens
1026 Levi. C’est aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se pa
1027 ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures
1028 ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le commu
1029 nomiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale
1030 communisme consiste à tout mettre en commun, dans la charité générale… C’est avec tous ces hommes — et pour eux tous, même
1031 pour eux tous, même malgré eux — qu’il nous faire l’ Europe. Mais alors des malins viennent nous dire : tous ces gens, qu’o
1032 ? Eh bien, c’est simple : tous ces gens partagent le même sort, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien
1033 st simple : tous ces gens partagent le même sort, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront t
1034 tous ces gens partagent le même sort, le sort de l’ Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les uns
1035 me sort, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’ on ne fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, col
1036 -à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et puis — c’e
1037 l’on ne fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, colonisés, atomisés, etc. Et puis — c’est encore plus
1038 encore plus simple — tous ces gens ont en commun le dégoût et la peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et a
1039 simple — tous ces gens ont en commun le dégoût et la peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire
1040 ens ont en commun le dégoût et la peur immense de la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà la
1041 uerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà la seule question sérieuse, la seule difficulté que nous
1042 voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà la seule question sérieuse, la seule difficulté que nous voulons bien qu
1043 faire la paix. Voilà la seule question sérieuse, la seule difficulté que nous voulons bien que l’on « soulève » pour la v
1044 se, la seule difficulté que nous voulons bien que l’ on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moy
1045 é que nous voulons bien que l’on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens d’action. Aux impa
1046 ’on « soulève » pour la vaincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifier l
1047 ens d’action. Aux impatients qui rêvent d’unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que l’on puiss
1048 atients qui rêvent d’unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de l
1049 d’unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de les faire prendre
1050 ain dans les quinze jours, le plus grand choc que l’ on puisse réserver, c’est de les faire prendre une part active à l’un
1051 lus grand choc que l’on puisse réserver, c’est de les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore notr
1052 n européenne. Car c’est précisément quand on veut les unir, qu’on découvre à quel point tous les Européens résistent dans l
1053 n veut les unir, qu’on découvre à quel point tous les Européens résistent dans leurs différences, et peut-être consistent d
1054 t-être consistent dans leurs oppositions. Mais je le répète, c’est dans l’action seulement, dans l’action pour les dépasse
1055 leurs oppositions. Mais je le répète, c’est dans l’ action seulement, dans l’action pour les dépasser, que l’on connaît vr
1056 je le répète, c’est dans l’action seulement, dans l’ action pour les dépasser, que l’on connaît vraiment ces différences, e
1057 c’est dans l’action seulement, dans l’action pour les dépasser, que l’on connaît vraiment ces différences, et qu’on peut me
1058 n seulement, dans l’action pour les dépasser, que l’ on connaît vraiment ces différences, et qu’on peut mesurer leur vraie
1059 l type de drug-store, et une morale moyenne, dont l’ idée générale est justement d’éviter les conflits quotidiens et non pa
1060 enne, dont l’idée générale est justement d’éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie, c’est enc
1061 nt d’éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête, un p
1062 elles que polémiques. Et cela n’est rien encore ; l’ Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue
1063 t cela n’est rien encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes es
1064 core ; l’Europe consiste dans les combinaisons et les permutations d’une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et M
1065 et engagement, et vingt autres tensions dans tous les ordres, vingt autres couples combinés et permutés, sans parler de leu
1066 à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier d
1067 étendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Euro
1068 s Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bass
1069 ais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’ Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au to
1070 ique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse l’ Européen, de siècle en siècle, à remettre en question ses rapports ave
1071 remettre en question ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accent
1072 stion ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec la société, avec lui-même ; de là tant de dilemmes accentués à plaisir,
1073 à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de là enfin cette pos
1074 re issue que la violence, souvent aussi forcent à l’ invention ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer,
1075 possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pou
1076 risquer, qui est la condition première de ce que l’ Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n
1077 a condition première de ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il n’était d’abord impo
1078 ’il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’ unité du continent d’une préalable mise au pas, intellectuelle ou poli
1079 éologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le
1080 t d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoi
1081 ssible, et chacun peut le voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de c
1082 che, ni la droite, par exemple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
1083 spoir sérieux de convaincre leur adversaire ou de l’ éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un
1084 e. Quand elles y parviendraient pour un temps par la force, il resterait dix autres couples d’adversaires à pacifier. À su
1085 pposer qu’on y parvienne enfin, en combinant tous les moyens connus de simplification du genre humain, du penthotal au plut
1086 humain, du penthotal au plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement, ce «
1087 du penthotal au plutonium en passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’Europe, mais très exactement, ce « petit ca
1088 n passant par le NKVD, le résultat ne serait plus l’ Europe, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réd
1089 ment, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’ Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Euro
1090 n génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’ Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer p
1091 donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer.
1092 ra l’Europe, puisque le problème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie
1093 lème est justement de la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode poli
1094 olitique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, c
1095 édestinée à surmonter la crise européenne : c’est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais li
1096 un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définiti
1097 ré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’ill
1098 qui doivent le rester. Le couple humain, lié par le mariage, répond à cette définition et l’illustre symboliquement. Voil
1099 lié par le mariage, répond à cette définition et l’ illustre symboliquement. Voilà ce qu’il faut absolument comprendre, et
1100 absolument comprendre, et même sentir : sur tous les plans, qui dit fédéralisme dit toujours à la fois deux choses, pense
1101 locales et pouvoir central limité. Sur le plan de l’ économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et assu
1102 encore : risque et assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou d
1103 isque et assurance. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politiqu
1104 nce. Partout, dans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou de politique générale, d’é
1105 e politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l
1106 , le problème restera toujours d’éviter à la fois l’ isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyranni
1107 oujours d’éviter à la fois l’isolation stérile et l’ uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordr
1108 s l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et pa
1109 stérile et l’uniformité contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devis
1110 contrainte, l’anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union d
1111 anarchie et la tyrannie, ou encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversit
1112 u encore le désordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithès
1113 sordre et le faux ordre. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la
1114 re. Et partout la devise est la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire,
1115 t la même : union dans la diversité, c’est-à-dire l’ antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcé
1116 la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle
1117 tithèse exacte de la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste,
1118 ormule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’ uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son princi
1119 i est la réduction forcée à l’uniforme. Telle est la dialectique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens l
1120 tique fédéraliste, simple dans son principe comme le bon sens lui-même, — mais en fait constamment trahie par la plupart d
1121 de constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile d’insister : la méthode du fédéralisme est la seule
1122 e excepter que les Suisses.) Inutile d’insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités e
1123 nutile d’insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à nos réalités européennes. Faire du fédéralis
1124 éennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire de l’ Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il r
1125 re de l’Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que n
1126 e, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assigne
1127 faire les bases de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, n
1128 une pareille attitude. Certes, nous voulons faire l’ Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acc
1129 Europe avec tout le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de
1130 t le monde, c’est-à-dire avec tous les partis qui l’ acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, a
1131 avec tous les partis qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions o
1132 qui l’acceptent, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions,
1133 nt, avec toutes les nations qui ont la liberté de l’ accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes
1134 ons qui ont la liberté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pa
1135 berté de l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que
1136 les religions ou les irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en p
1137 lan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’ent
1138 saires. Mais en préconisant le fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à
1139 n préconisant le fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle na
1140 fédéralisme à tous les étages de la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au
1141 tous les étages de la société, dans la commune et l’ entreprise d’abord, puis à l’échelle nationale, puis au plan européen,
1142 , dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’ échelle nationale, puis au plan européen, et finalement au plan mondia
1143 e tout entière — de par sa nature même, et de par la nature des obstacles qu’elle trouve posés en travers de sa route vers
1144 qu’elle trouve posés en travers de sa route vers l’ Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne
1145 travers de sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes
1146 a route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du Léviathan moderne décrit par Thomas Hobbes, et que Nie
1147 homas Hobbes, et que Nietzsche appelait un jour «  le plus froid de tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et pr
1148 ietzsche appelait un jour « le plus froid de tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et produit de toutes nos gue
1149 r « le plus froid de tous les monstres froids » — l’ État-nation, cause et produit de toutes nos guerres. Sur ce point-là,
1150 ibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire les nations, supprimer toutes les différences entre la France et l’Allema
1151 un instant détruire les nations, supprimer toutes les différences entre la France et l’Allemagne, par exemple, ni contester
1152 s nations, supprimer toutes les différences entre la France et l’Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos p
1153 pprimer toutes les différences entre la France et l’ Allemagne, par exemple, ni contester qu’il faille à nos pays des admin
1154 t autonomes. Ce que nous voulons supprimer, c’est l’ étatisation de la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forc
1155 ue nous voulons supprimer, c’est l’étatisation de la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par la m
1156 ’est l’étatisation de la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par la machine imbécile de l’État, e
1157 e ; c’est la confiscation de ses forces vives par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique de
1158 on de ses forces vives par la machine imbécile de l’ État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationa
1159 par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est
1160 ne imbécile de l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est pourquoi nou
1161 ons, comme premier point de tout notre programme, l’ institution d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir s
1162 supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal po
1163 doit être la gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs é
1164 nne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoirs étatiques, les minorités opprimées, et plus encore : les sim
1165 urront en appeler, contre les pouvoirs étatiques, les minorités opprimées, et plus encore : les simples citoyens. Ainsi ser
1166 tiques, les minorités opprimées, et plus encore : les simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit les lib
1167 ore : les simples citoyens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit les libertés européennes, le droit d’opposition lé
1168 yens. Ainsi sera sauvegardé le droit qui garantit les libertés européennes, le droit d’opposition légale contre l’État. Par
1169 é le droit qui garantit les libertés européennes, le droit d’opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’o
1170 européennes, le droit d’opposition légale contre l’ État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder,
1171 on légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’ on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler de dictature : vo
1172 est bavarder, ou c’est parler de dictature : voir les démocraties dites populaires. Les vues que j’expose ici sont garanti
1173 ctature : voir les démocraties dites populaires. Les vues que j’expose ici sont garanties par une action qui se poursuit d
1174 ranties par une action qui se poursuit dans toute l’ Europe depuis deux ans et qui est en train d’aboutir à certains résult
1175 en train d’aboutir à certains résultats concrets. La Conférence des Cinq va peut-être accepter notre plan de Parlement eur
1176 te assemblée, que nous voulons élue à la fois par les parlements et par les forces vives de chaque pays, doit se réunir dan
1177 voulons élue à la fois par les parlements et par les forces vives de chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle
1178 quelques mois. Elle aura pour mission de proposer la création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe.
1179 ion de proposer la création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelque chose, qui peut deve
1180 d’une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’ Europe. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous somm
1181 où nous obtenons ces premiers résultats concrets, les risques s’aggravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaq
1182 collective ; vers on ne sait quelle coalition sur le papier qui se donnerait l’air de provoquer l’un des deux grands, sans
1183 t quelle coalition sur le papier qui se donnerait l’ air de provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force
1184 quer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force nécessaire pour décourager l’agression… C’est donc, pour nous,
1185 r pour autant la force nécessaire pour décourager l’ agression… C’est donc, pour nous, le moment d’être forts dans les cons
1186 ur décourager l’agression… C’est donc, pour nous, le moment d’être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinio
1187 ’est donc, pour nous, le moment d’être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active derrière nos avant-g
1188 re forts dans les conseils européens — de rallier l’ opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et d’imprimer u
1189 otre propagande populaire, ou pour mieux dire : à l’ information de la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichins
1190 opulaire, ou pour mieux dire : à l’information de la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui se
1191 croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je vou
1192 peut, à lui seul, faire tout le travail et créer l’ opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien ne plus e
1193 hrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’ avoir lue dans une centaine de comptes rendus de nos réunions et de no
1194 sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant l’ officier sortir de la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, cr
1195 l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir de la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo 
1196 r sortir de la tranchée et s’élancer le premier à l’ attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient dans leur trou. Il y a
1197 votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’ écart, vous courez trop de dangers de ‟mystifications” par les forces
1198 us courez trop de dangers de ‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ainsi qu’on pouvait lire dans la revue
1199 érialistes… » C’est ainsi qu’on pouvait lire dans la revue Esprit cette phrase admirable : Affirmer une vigilance de f
1200 quand il s’agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent du dehors, à juste titre, mais qu
1201 lles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils
1202 e nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’ Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est q
1203 ulent bien faire l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
1204 pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… »
1205 , nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Churchill… » Ces petites natures
1206 eur que Churchill… » Ces petites natures récitent la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle d’hier. Ils oublient que
1207 n n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres
1208 mais je le rappelle. Et j’ajouterai, sans élever le ton, que nous sommes libres à tous égards dans nos rapports avec Chur
1209 dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti tota
1210 stes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur les places. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport !
1211 avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur les places. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport ! et nous vous d
1212 ène avait bien tort quand il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’e
1213 Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille est en train de se livrer p
1214 uver. Une bataille est en train de se livrer pour l’ Europe. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gou
1215 lle est en train de se livrer pour l’Europe. Nous l’ avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gouvernements et p
1216 ivrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes, en invitant gouvernements et parlements à convoquer cet
1217 nne. C’est maintenant — ou peut-être jamais — que le fédéralisme court sa chance, et avec elle les chances de la paix. Si
1218 que le fédéralisme court sa chance, et avec elle les chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses
1219 isme court sa chance, et avec elle les chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’Eur
1220 avec elle les chances de la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr 
1221 voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’ Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vo
1222 ous devons vouloir ses moyens : l’Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir le fédéralis
1223 : l’Europe unie est le plus sûr ; si nous voulons l’ Europe, nous devons vouloir le fédéralisme ; si nous voulons demeurer
1224 r ; si nous voulons l’Europe, nous devons vouloir le fédéralisme ; si nous voulons demeurer libres, c’est aujourd’hui qu’i
1225 er libres, c’est aujourd’hui qu’il faut en courir l’ aventure. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitess
1226 venture. Il dépend de nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les
1227 endre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclamant leu
1228 e. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se
1229 e le jour soit prochain où les voix concertées de l’ Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au mond
1230 pourront se faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sau
1231 ndre au monde entier comme la voix forte enfin de l’ espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commencer
1232 spérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commencer par l’Europe », Fédération, Paris, février 1949, p. 
1233 t Denis de, « Pour sauver la paix : commencer par l’ Europe », Fédération, Paris, février 1949, p. 70-77.
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
1234 L’ Europe ou le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes
1235 L’Europe ou le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes viennent de
1236 L’Europe ou le cap du destin (1949)g Toutes les grandeurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature n
1237 g Toutes les grandeurs européennes viennent de l’ esprit, et non pas de la nature ni du nombre. Comment expliquer autrem
1238 s européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déchiquet
1239 ment expliquer autrement que ce cap déchiqueté de l’ Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa populat
1240 utrement que ce cap déchiqueté de l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ait pu rég
1241 ixième de sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant par ses armes et ses lois que par l’attrait universel qu’
1242 la terre, tant par ses armes et ses lois que par l’ attrait universel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie 
1243 ’attrait universel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, d
1244 rsel qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap
1245 xerçaient ses pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent
1246  », furent très diverses et même contradictoires. L’ Europe a dominé par ses techniques, par sa science de la mise en valeu
1247 pe a dominé par ses techniques, par sa science de la mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dom
1248 tile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violence aussi, et par la mise en esclavage ou en servage de centaine
1249 Mais elle a dominé par la violence aussi, et par la mise en esclavage ou en servage de centaines de millions d’habitants
1250 n servage de centaines de millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beaucoup plus subtil
1251 , et peut-être plus effective, en imposant à tous les continents un certain angle de vision de la destinée, une notion de l
1252 tous les continents un certain angle de vision de la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dériv
1253 ain angle de vision de la destinée, une notion de l’ homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts de
1254 l’homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts de liberté et de justice, de dignité de la personne e
1255 concepts de liberté et de justice, de dignité de la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au
1256 iale, concepts dont se réclament, au xxe siècle, les « humanistes » aussi bien que les chrétiens, les Américains comme les
1257 au xxe siècle, les « humanistes » aussi bien que les chrétiens, les Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme
1258 les « humanistes » aussi bien que les chrétiens, les Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chi
1259 ussi bien que les chrétiens, les Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de
1260 e les chrétiens, les Américains comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie
1261 ns, les Américains comme les Russes, les chefs de l’ Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de techn
1262 mme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique, de science pure
1263 trines politiques ou de procédés de construction, le monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les blessures — du gé
1264 e construction, le monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. Et certes
1265 e monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. Et certes, l’Europe a foll
1266 marques — ou les blessures — du génie créateur de l’ Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes de s
1267 sures — du génie créateur de l’Europe. Et certes, l’ Europe a follement exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on les
1268 l’Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre
1269 nt exporté les secrets mêmes de sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre elle. Mais elle reste le palladium d’u
1270 ourne sans scrupules contre elle. Mais elle reste le palladium d’une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Eu
1271 civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’ Europe est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse
1272 ent d’imiter. Dire que l’Europe est menacée — et l’ on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le c
1273 l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’
1274 oint la menace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’une culture désormais universelle sont menacé
1275 ace est sérieuse — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’une culture désormais universelle sont menacés. Pour le
1276 culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’e
1277 universelle sont menacés. Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se tr
1278 ur le bien comme pour le mal, ce qui est sorti de l’ Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents
1279 le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti de l’ esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont ravi les moy
1280 l se trouve que d’autres continents nous ont ravi les moyens matériels de la puissance, et nous en ont en quelque sorte pur
1281 continents nous ont ravi les moyens matériels de la puissance, et nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont con
1282 fiés. Ils nous ont condamnés à ne représenter que l’ essentiel d’une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Déf
1283 on : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’ Europe, aujourd’hui, ce n’est donc plus défendre le capitalisme indust
1284 ’Europe, aujourd’hui, ce n’est donc plus défendre le capitalisme industriel, ni la puissance militaire, ni la suprématie d
1285 donc plus défendre le capitalisme industriel, ni la puissance militaire, ni la suprématie de la race blanche, ni l’ordre
1286 talisme industriel, ni la puissance militaire, ni la suprématie de la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la n
1287 l, ni la puissance militaire, ni la suprématie de la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni
1288 ilitaire, ni la suprématie de la race blanche, ni l’ ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car
1289 a race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en c
1290 ordre social à tout prix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s
1291 rix, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’ Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela
1292 ion d’État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela, nous pourrio
1293 s pourrions aussi bien nous laisser coloniser par les Yankees ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à se servir mie
1294 laisser coloniser par les Yankees ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous de ces armes in
1295 ar nous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. Si les Européens, dans leur majorité, refusent à la fois de se laisser améri
1296 er staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur cas, en retour de certains avantages matériels, ils perdraie
1297 s avantages matériels, ils perdraient ce qui fait le sens même de leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leu
1298 ur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes et Américains compris.
1299 esse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes et Américains compris. Cette Europe,
1300 ins compris. Cette Europe, pratiquement réduite à l’ essentiel de son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allon
1301 e qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la défendre ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plu
1302 comment allons-nous la défendre ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plus tarder fédérer nos nations, u
1303 ersées, leur rendre un grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pie
1304 éens, capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’
1305 iter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’ Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance europée
1306 d d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’ Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul mo
1307 l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’ indépendance européenne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont l
1308 l’indépendance européenne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteu
1309 enne, seul moyen de prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement europé
1310 Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août de cet
1311 Assemblée parlementaire du Continent. Mais toutes les constructions économiques, juridiques, politiques et sociales, dont c
1312 es, politiques et sociales, dont chacun reconnaît l’ urgence, et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et
1313 sociales, dont chacun reconnaît l’urgence, et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie, si elle
1314 n espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’ opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artifici
1315 ses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de not
1316 e communauté. Ce sentiment existe, nous venons de le voir ; c’est lui, d’instinct, qui nous fait repousser les tentations
1317  ; c’est lui, d’instinct, qui nous fait repousser les tentations russe et américaine. Mais il s’agit maintenant de l’inform
1318 russe et américaine. Mais il s’agit maintenant de l’ informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscien
1319 former, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès de L
1320 on, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessi
1321 re conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section
1322 t le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle du Mouvement européen s’est constitu
1323 e La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle du Mouvement européen s’est constituée pour y coll
1324 y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant le Centre européen de la culture, prévu par les résolutions de La Haye,
1325 avant le Centre européen de la culture, prévu par les résolutions de La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à
1326 . Il a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de février de cette année. Son programme tient en trois rubrique
1327 nt en trois rubriques : a) Documentation sur tous les efforts entrepris dans les divers pays d’Europe en faveur de l’union
1328 Documentation sur tous les efforts entrepris dans les divers pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducat
1329 repris dans les divers pays d’Europe en faveur de l’ union des peuples et d’une éducation de « cadres européens ». Des diza
1330 sur un plan européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les r
1331 s de Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsables d’une dizaine d’instituts visant à la formation d’une je
1332 s responsables d’une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d
1333 t il rassemble une équipe d’historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans la source
1334 des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans la source même des pires aberrations nationalistes. c) Étude et formulat
1335 tes. c) Étude et formulation des grands thèmes de la propagande générale du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels ont
1336 engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contra
1337 cun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à l’ hypocrisie en service commandé, ils vont pouvoir prendre leur part d’a
1338 prendre leur part d’action, assumer conjointement les décisions politiques, juridiques ou sociales, qui seront prises par n
1339 r être exécutées demain par un pouvoir fédéral de l’ Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’une c
1340 ain par un pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’une conférence de la cult
1341 Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octob
1342 des met au point le programme d’une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports natio
1343 à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Groupes d’étude culturels », en formation dans chacun de nos pays,
1344 en formation dans chacun de nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble de ces rappo
1345 n de nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’ on doit espérer que de l’ensemble de ces rapports documentés, inventor
1346 la base des travaux. Et l’on doit espérer que de l’ ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les fa
1347 ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront de
1348 s rapports documentés, inventoriant les forces et les faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront deux séries de c
1349 nales, se dégageront deux séries de conclusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’état de division dont nous souf
1350 lusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’ état de division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naîtr
1351 iste dans l’état de division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée de ses fron
1352 tatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message aux
1353 ». ( Message aux Européens , congrès de La Haye.) L’ Europe est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que ch
1354 mprenne que son salut ne peut être assuré que par l’ union, et que cette union ne sera jamais réelle sans le concours actif
1355 on, et que cette union ne sera jamais réelle sans le concours actif de chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformi
1356 actif de chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’ uniformisation que d’accepter nos divisions présentes, nous voulons co
1357 sentes, nous voulons concerter nos vocations pour la défense et pour l’épanouissement d’un certain nombre de valeurs humai
1358 s concerter nos vocations pour la défense et pour l’ épanouissement d’un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Eur
1359 d’un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’ Europe, seraient perdues. Mais l’Europe à son tour serait perdue sans
1360 maines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’ Europe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’interaction vi
1361 pe à son tour serait perdue sans elles. Telle est l’ interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles naissent et meu
1362 due sans elles. Telle est l’interaction vitale de l’ Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédér
1363 Telle est l’interaction vitale de l’Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est
1364 et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’ esprit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans la diversité. g
1365 ent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Eur
1366 nt avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie de l’ union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le ca
1367 rit fédéraliste, qui est le génie de l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le cap du destin »
1368 on dans la diversité. g. Rougemont Denis de, «  L’ Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–ju
1369 iversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, juin–juillet 1949,
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
1370 «  Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949
1371 « Le promoteur de l’ émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la
1372 « Le promoteur de l’émission Demain l’ Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois de fév
1373 ’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois de février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédérali
1374 n du mois de février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédéraliste, parle chaque semaine au micro du « dialogue » qu’e
1375 le chaque semaine au micro du « dialogue » qu’est l’ Europe. De lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desque
1376 . Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-il fédérer l’ Europe ? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la
1377 ’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer la seule pu
1378 tomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer la seule puissance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux
1379 effet, créer la seule puissance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grand
1380 r la seule puissance capable d’exiger la paix, de l’ inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où
1381 ance capable d’exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où les nations ne d
1382 x autres. Imaginez cette Europe grande ouverte où les nations ne disparaîtraient pas davantage que nos cantons n’ont dispar
1383 nos cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendraient aussi impossibles que la guerre e
1384 entre nations deviendraient aussi impossibles que la guerre entre nos cantons. Imaginez ensuite cette grande Europe aussi
1385 nez ensuite cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœu
1386 nde Europe aussi décidée que la Suisse à ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépendance re
1387 conquise. Paix, liberté, prospérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au cour
1388 spérité, tels ont été les grands motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et vous savez
1389 ds motifs de toutes les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et vous savez comment la Suisse a su attei
1390 jour au cours des siècles, et vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant, il y a cent ans
1391 parer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série de 16 volumes édités par l’Unesco,
1392 fera partie d’une série de 16 volumes édités par l’ Unesco, série qui traitera de différents pays. Je prépare également un
1393 lâche c’est une œuvre très importante qui a nom : l’ Europe dont les problèmes culturels, en particulier, accaparent tout m
1394 e œuvre très importante qui a nom : l’Europe dont les problèmes culturels, en particulier, accaparent tout mon temps. En ef
1395 ccaparent tout mon temps. En effet, je dirige ici le bureau d’études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, t
1396 . Pouvez-vous, très succinctement, nous parler de la mission de ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute indé
1397 r et de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion,
1398 toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’ unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le fi
1399 t de l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’ opinion, la presse, le film et la radio, par voie d’informations et de
1400 é européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par voie d’informations et de recommanda
1401 e ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par voie d’informations et de recommandations, de c
1402 dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par voie d’informations et de recommandations, de coordonner l
1403 informations et de recommandations, de coordonner les efforts pour créer une union des universités et des membres des corps
1404 fin d’exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’est possible.
1405 ans lesquels aucun pacte n’est possible. De plus, le Centre européen offrira un lieu de rencontre aux porteurs et aux créa
1406 ieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs de la culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les grand
1407 cidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les grandes questions qui affectent la vie de l’Europe, et s’exprimer à l
1408 iner ensemble les grandes questions qui affectent la vie de l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinio
1409 ble les grandes questions qui affectent la vie de l’ Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique
1410 rope, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’ opinion publique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de l’émissi
1411 à l’opinion publique. k. Rougemont Denis de, «  Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausan
1412 ique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur de l’ émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 19
1413 ont Denis de, « Le promoteur de l’émission Demain l’ Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 1949, p. 950.
1414 moteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet 1949, p. 950.
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
1415 Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 194
1416 ure aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)l L’ Europe dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Pol
1417 en Suisse (7 juillet 1949)l L’Europe dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus d
1418 L’Europe dominait le monde entier, lorsque éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain rele
1419 éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’insp
1420 ié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’inspirait de ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétienn
1421 es, chrétiennes ou humanistes. Elle avait inventé les armes et les lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses t
1422 es ou humanistes. Elle avait inventé les armes et les lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses techniques, de
1423 Elle avait inventé les armes et les lois, et tous les peuples subissaient l’attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur
1424 rmes et les lois, et tous les peuples subissaient l’ attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vi
1425 l’attrait de ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Euro
1426 techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’e
1427 r la vie. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’ Europe la devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap
1428 Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchique
1429 ance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’ esprit, car physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’Asie
1430 ysiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté de l’ Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa grande
1431 ’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui
1432 é de l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien com
1433 Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien comme pour le mal, avait créé ses richesses et sa science, ses m
1434 venait de sa culture, qui pour le bien comme pour le mal, avait créé ses richesses et sa science, ses machines, ses cités
1435 a science, ses machines, ses cités et ses livres. Le monde entier portait les marques — ou les blessures — du génie créate
1436 ses cités et ses livres. Le monde entier portait les marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. En cinq a
1437 livres. Le monde entier portait les marques — ou les blessures — du génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout s’est éc
1438 marques — ou les blessures — du génie créateur de l’ Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de main
1439 eur de l’Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américaine. Elle se re
1440 usse et américaine. Elle se retourne contre nous. L’ Europe déchue n’est plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre
1441 vingt-quatre nations, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands de colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse d
1442 sation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance écon
1443 ique, déjà fortement compromise. Cette Europe sur la défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprit
1444 ette Europe sur la défensive, comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plus
1445 , comment allons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprits s’accordent : il faut sans plus tarder fédérer ses nations, u
1446 ersées, leur rendre un grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs européens capables de traiter sur pied
1447 péens capables de traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’
1448 iter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’ Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance europée
1449 d d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’ Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est
1450 l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’ indépendance européenne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir
1451 rer l’indépendance européenne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les
1452 révenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement europé
1453 Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois d’août de cett
1454 eurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif de treize nations. Mais toutes les construction
1455 lement consultatif de treize nations. Mais toutes les constructions économiques, juridiques, politiques et sociales, dont c
1456 es, politiques et sociales, dont chacun reconnaît l’ urgence et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et
1457 sociales, dont chacun reconnaît l’urgence et que le Mouvement européen promeut, resteront sans force et sans vie si elles
1458 n espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’ opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artific
1459 ses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de not
1460 s, et supprimons cet épuisant conflit en adoptant l’ ordre totalitaire, celui qui règne à Varsovie. » C’est lui aussi qui n
1461 is américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets de votre bonheur, nous vendrons notre droit d’aînesse contre
1462 . » Si nous refusons, c’est que nous avons encore le sentiment d’une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est
1463 e, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui do
1464 conscience, qui est justement la raison d’être de l’ Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d’ex
1465 ce sentiment, lui donner des moyens d’expression, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche vitale que vou
1466 le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche vitale que voudrait assumer le Centre européen de la culture, q
1467 t. Telle est la tâche vitale que voudrait assumer le Centre européen de la culture, qui doit s’ouvrir en Suisse dans quelq
1468 enève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques de son travail (documentation européenne ; coordin
1469 qui souvent s’ignorent ; action de propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites comme du grand public
1470 s’ignorent ; action de propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites comme du grand public ; formatio
1471 t ; action de propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites comme du grand public ; formation d’équipes
1472 nationales, etc.). Je voudrais simplement définir l’ esprit qui l’inspire et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, d
1473 tc.). Je voudrais simplement définir l’esprit qui l’ inspire et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la c
1474 rais simplement définir l’esprit qui l’inspire et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en sta
1475 ide. Il ne s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en statistiques, ou de traiter théoriquement les problèmes ét
1476 ture en statistiques, ou de traiter théoriquement les problèmes éternels de la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais
1477 e traiter théoriquement les problèmes éternels de la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part o
1478 iquement les problèmes éternels de la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part offrir aux force
1479 d’une part offrir aux forces culturelles de toute l’ Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du mouvement
1480 t offrir aux forces culturelles de toute l’Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédéralis
1481 Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’ œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, faire valoir les droits
1482 ouvement fédéraliste ; d’autre part, faire valoir les droits de l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de
1483 aliste ; d’autre part, faire valoir les droits de l’ esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Fair
1484 utre part, faire valoir les droits de l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sorte q
1485 valoir les droits de l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aid
1486 e l’esprit de la culture, dans la construction de l’ Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’u
1487 ruction de l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée
1488 ne en aide à chacune de nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lau
1489 e nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’octobr
1490 doit se réunir à Lausanne au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse soit prévue com
1491 octobre, sous les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la c
1492 s les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suisse soit prévue comme siège du Centre européen de la culture et de
1493 omme siège du Centre européen de la culture et de la Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de considératio
1494 re neutralité traditionnelle, reconnue par toutes les puissances comme étant « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pou
1495 toutes les puissances comme étant « nécessaire à l’ Europe », rend difficile, pour le moment, notre pleine participation a
1496 t « nécessaire à l’Europe », rend difficile, pour le moment, notre pleine participation aux conseils politiques du contine
1497 isse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre, de l’ Europe tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc part
1498 urra-t-il donc participer aux efforts pour sauver l’ Europe ? La réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité
1499 onc participer aux efforts pour sauver l’Europe ? La réponse ne peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvemen
1500 au comité du Mouvement européen, on a reconnu que le domaine culturel était celui où nous pouvions, sans compromettre en r
1501 sans compromettre en rien notre neutralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Q
1502 utralité, jouer le rôle qu’on attend de nous dans l’ œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il
1503 e qu’on attend de nous dans l’œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une mani
1504 il s’agisse là d’une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les objectifs politiques
1505 r la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les objectifs politiques du Mouvement (le Conseil de l’Europe étant acqui
1506 réalisent les objectifs politiques du Mouvement ( le Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que la fédération du cont
1507 e Conseil de l’Europe étant acquis), à mesure que la fédération du continent se dessine et prend corps, la nécessité de lu
1508 édération du continent se dessine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien
1509 e au premier plan. Et c’est bien cela, c’est bien l’ âme du Mouvement, que doit devenir le Centre européen de la culture. L
1510 , c’est bien l’âme du Mouvement, que doit devenir le Centre européen de la culture. Les plus anciennes traditions de la Su
1511 ue doit devenir le Centre européen de la culture. Les plus anciennes traditions de la Suisse la désignent comme siège d’une
1512 n de la culture. Les plus anciennes traditions de la Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens des
1513 lture. Les plus anciennes traditions de la Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens des cols pour
1514 e d’une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et de la Genève d
1515 pire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créations
1516 ens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’esprit international ;
1517 de la Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’ esprit international ; gardiens enfin d’une expérience fédéraliste qui
1518 déraliste qui peut servir d’exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation en accueillant, soutenan
1519 aie vocation en accueillant, soutenant et animant le foyer même d’une action historique, dont on a pu dire que le but étai
1520 me d’une action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Cen
1521 historique, dont on a pu dire que le but était «  l’ Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, « Le Centre européen de
1522 ’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis de, «  Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse », Curieux, Ne
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
1523 Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut se
1524 Préface à Le Problème de l’ union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange q
1525 Il peut sembler étrange qu’on parle de « faire l’ Europe », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’expression
1526 », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’ expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformatio
1527 siècles. Mais l’expression se justifie sitôt que l’ on songe à la brusque transformation que vient de subir la puissance a
1528 s l’expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformation que vient de subir la puissance apparente de n
1529 ge à la brusque transformation que vient de subir la puissance apparente de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’
1530 de subir la puissance apparente de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été défaite, et sa d
1531 te de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’ Europe paraît avoir été défaite, et sa défection à l’Histoire devient
1532 urope paraît avoir été défaite, et sa défection à l’ Histoire devient une possibilité. À peine libérée dans ses ruines, ell
1533 ruines, elle constate qu’elle est détrônée. Entre les deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle
1534 les deux empires vainqueurs, subitement élevés à l’ Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle
1535 mpires vainqueurs, subitement élevés à l’Est et à l’ Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et malheu
1536 une conscience toute nouvelle, et malheureuse. «  L’ Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vien
1537 nouvelle, et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’ Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions »,
1538 « L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions », déclarait le Manifeste d
1539 grave menace vient de ses divisions », déclarait le Manifeste du congrès de La Haye, trois ans après la fin de la guerre
1540 Manifeste du congrès de La Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une
1541 du congrès de La Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situation
1542 e la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union s
1543 peu qu’une volonté d’union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage de M. Olivier Ph
1544 de la crise assumée. Ces circonstances donnent à l’ ouvrage de M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seu
1545 e première vue générale des efforts déployés pour l’ union de l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise
1546 vue générale des efforts déployés pour l’union de l’ Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de conscien
1547 de conscience active de notre sort, sans laquelle les traités resteront du papier. Je voudrais formuler ici deux remarques,
1548 te efficace par sa lucidité. La première touche à l’ économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analyses
1549 té. La première touche à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent une
1550 ’économie, la seconde à la doctrine formatrice de l’ union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans ce
1551 , la seconde à la doctrine formatrice de l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans ce livre. Ell
1552 nt avec rigueur vers une thèse simple : c’est que l’ union économique du continent exige son union politique. Voilà, me sem
1553 semble-t-il, une manière implicite d’affirmer que l’ Économie obéit beaucoup moins aux « lois » fatales admises par le xixe
1554 t beaucoup moins aux « lois » fatales admises par le xixe siècle qu’elle ne traduit dans ses grandes lignes certaines att
1555 relève, au départ, de quelque choix métaphysique. La thèse soutenue par notre auteur implique une décision inverse de cell
1556 uteur implique une décision inverse de celle dont les suites nécessaires nous ont conduits aux impasses présentes. Nous viv
1557 mpasses présentes. Nous vivons, depuis 1920, sous le règne effectif des Experts. Je vois bien que ce règne est né d’une ré
1558 is bien que ce règne est né d’une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Ma
1559 ègne est né d’une réaction contre la politique de l’ éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, si l
1560 pelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, si l’ on n’y prend garde, à évacuer la politique, au sens légitime de ce ter
1561 Mais il tend, si l’on n’y prend garde, à évacuer la politique, au sens légitime de ce terme. Il tend à substituer, en fai
1562 itime de ce terme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une déci
1563 me. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’ Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision propremen
1564 à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’une décision proprement politique,
1565 oprement politique, pourra marquer, s’il aboutit, le point de renversement d’une attitude contraire au génie de l’Europe.
1566 renversement d’une attitude contraire au génie de l’ Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroitemen
1567 qu’au cours d’un historique adroitement condensé, l’ auteur souligne, à plusieurs reprises, l’influence « déterminante » de
1568 ondensé, l’auteur souligne, à plusieurs reprises, l’ influence « déterminante » de l’aile fédéraliste du Mouvement européen
1569 usieurs reprises, l’influence « déterminante » de l’ aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la créatio
1570 aliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus
1571 rité européenne. On pourra discuter plus tard sur la paternité réelle de maints projets revendiqués par les fédéralistes,
1572 aternité réelle de maints projets revendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour européenne des droits de l’homme, le p
1573 rojets revendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour européenne des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’aci
1574 els que la Cour européenne des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’acier, la transformation du Comité des minist
1575 e des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’ acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il par
1576 its de l’homme, le pool du charbon et de l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il paraît d’ore
1577 araît d’ores et déjà hors de question que ce sont les fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Autorité
1578 uestion que ce sont les fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Autorité politique supranationale. S’
1579 sont les fédéralistes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Autorité politique supranationale. S’ils sont parfo
1580 ermettrai de répondre en leur nom que, justement, le but n’est pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bie
1581 ntende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque association
1582 ais rencontré une personne qui ose se dire contre la paix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’union des peupl
1583 ersonne qui ose se dire contre la paix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’union des peuples de l’Europe. Nou
1584 ix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’ union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais
1585 en général, ou même contre l’union des peuples de l’ Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’
1586 s tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent l’ union, bien sûr, et comment donc, tandis que d’autres veulent ses cond
1587 eur paraît possible — tandis que d’autres veulent le nécessaire. Certains déplorent nos divisions, tandis que d’autres veu
1588 nos divisions, tandis que d’autres veulent abolir la cause du mal, qui est la souveraineté nationale. Ces autres qui saven
1589 d’autres veulent abolir la cause du mal, qui est la souveraineté nationale. Ces autres qui savent ce qu’ils veulent, qui
1590 clairement leur fin et qui exigent ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste de les considérer comme extr
1591 e les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme mod
1592 attitudes. M. Philip a des pages excellentes sur le « compromis » nécessaire, dans le domaine économique, entre les dirig
1593 excellentes sur le « compromis » nécessaire, dans le domaine économique, entre les dirigistes et les libéraux. Mais cette
1594 s » nécessaire, dans le domaine économique, entre les dirigistes et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule.
1595 ns le domaine économique, entre les dirigistes et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est née,
1596 et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de
1597 béraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’ Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait de leur supp
1598 de leur suppression artificielle. Elle y perdrait le secret de sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas
1599 erdrait le secret de sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europe toute l
1600 ret de sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’ Europe toute libérale ou toute socialiste, on ne peut l’imaginer toute
1601 pe toute libérale ou toute socialiste, on ne peut l’ imaginer toute catholique ou réformée, toute nordique ou latine, tout
1602 ive, sa raison d’être, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéralis
1603 solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages de la féconde div
1604 que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages de la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue
1605 e fédéraliste. Lui seul conserve les avantages de la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L’ex
1606 ges de la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’ union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer que c
1607 té en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L’ exemple de la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas s
1608 ant ceux de l’union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement prat
1609 is pratique. On ne manquera pas de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de «
1610 à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’ Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, je tiendrai
1611 us ne vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’ on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou
1612 che. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités
1613 s de, Philip Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’union européenne  », dans Le Problème de l’union europé
1614 ivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’ union européenne  », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâtel
1615 hilip, Le Problème de l’union européenne  », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière,
1616 ème de l’union européenne  », dans Le Problème de l’ union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1617 ème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-11.
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
1618 ons et buts d’une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément contradictoire dans laquelle vit l’Europe, dep
1619 ion profondément contradictoire dans laquelle vit l’ Europe, depuis dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est pr
1620 lle vit l’Europe, depuis dix ans, est entrée dans la phase critique. Elle est presque désespérée. Elle est aussi plus près
1621 s de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’ Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée,
1622 n’a jamais étép plus menacée, plus divisée devant le péril, — plus angoissée et sceptique à la fois. Mais il n’est pas moi
1623 dans toute sa longue histoire, — consciemment, —  l’ Europe est en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toute
1624 se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos donné
1625 ux d’un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; m
1626 iel et dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient être celles d’une renaissance. Nos di
1627 — mais nous prenons conscience de leur absurdité. L’ avènement brusque et stupéfiant de deux empires extraeuropéens découra
1628 des millions d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence éc
1629 ntiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin, l’ indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de l’histoire, se voient
1630 un de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’ abandon aux fatalités de l’histoire, se voient combattus par l’élan ve
1631 ’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de l’ histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédérat
1632 fatalités de l’histoire, se voient combattus par l’ élan vers l’union, vers la fédération, dont témoignent notre Mouvement
1633 e l’histoire, se voient combattus par l’élan vers l’ union, vers la fédération, dont témoignent notre Mouvement, l’espoir e
1634 se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédération, dont témoignent notre Mouvement, l’espoir encore tremblan
1635 s la fédération, dont témoignent notre Mouvement, l’ espoir encore tremblant des masses, l’Assemblée de Strasbourg, cette c
1636 Mouvement, l’espoir encore tremblant des masses, l’ Assemblée de Strasbourg, cette conférence de la culture. Je parle d’un
1637 s, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence de la culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu
1638 ce de la culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos p
1639 ure. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos pays, c’est en
1640 lant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos pays, c’est en effet la peur, une peur souven
1641 e le plus populaire dans nos pays, c’est en effet la peur, une peur souvent voilée par cette indifférence qui fait dire au
1642 une manière proprement européenne d’avoir peur de l’ avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient faire
1643 nt européenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et su
1644 d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le corps de nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une g
1645 notre sol, et sur le corps de nos enfants ; c’est l’ angoisse de devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait per
1646 orps de nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle qu
1647 ouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes
1648 ne puissance capable d’imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son poi
1649 , où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’ espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, et viser just
1650 ser juste. Tandis que s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il est grand temps de définir la
1651 squissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’ Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine
1652 s de l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de la communaut
1653 ope unie, il est grand temps de définir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de la communauté européen
1654 inir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but de cette Confére
1655 la portée humaine de cette action, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’on a
1656 la vocation de la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord u
1657 n attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que posent nos circonstances historiques : pourqu
1658 e posent nos circonstances historiques : pourquoi l’ Europe ? qu’a-t-elle à dire aux hommes ? quels sont ses droits humains
1659 s ? quels sont ses droits humains et spirituels à l’ existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui pou
1660 nstitutionnelles propres à garantir et développer l’ exercice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. O
1661 es propres à garantir et développer l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. On pourrait dis
1662 pper l’exercice de la pensée libre, sans laquelle l’ Europe n’est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de
1663 ’est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des
1664 scuter sans fin sur le titre de cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controverses trop faciles. Dès
1665 es trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir l’ Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! » et fin
1666 init par offrir une belle définition de ce qu’est l’ Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et
1667 dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendre, la vraie définition de l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on p
1668 oix reste, à tout prendre, la vraie définition de l’ Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, chacun
1669 ion de l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’ on parle de culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites :
1670 ction ; littérature, philosophie, et doctrines de l’ État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité humai
1671 losophie, et doctrines de l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; e
1672 ctrines de l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie
1673  ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions. Cu
1674 e la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions. Culture peut signifier aussi prise de conscience d
1675 lture peut signifier aussi prise de conscience de la vie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’exist
1676 ie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-
1677 perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’ existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que su
1678 t d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peu
1679 le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’ homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier, e
1680 le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés de cré
1681 ue sur les choses. Culture peut signifier, enfin, l’ ensemble des procédés de création et de transmission de leurs principe
1682 pes. Je souhaite que notre Conférence s’interdise les débats académiques auxquels prêtent ces définitions. À toutes fins ut
1683 éfinitions. À toutes fins utiles, elle partira de l’ idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituel
1684 À toutes fins utiles, elle partira de l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituelles qui ont
1685 s, elle partira de l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’Europe aut
1686 s intellectuelles et spirituelles qui ont fait de l’ Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réalité
1687 ne perdra plus son temps à se demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la culture
1688 e demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’ arbre à ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte. Deux mots sur
1689 Et comme on juge l’arbre à ses fruits, on jugera la culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui ne sont pas venus ici.
1690 rdre une société, il ne commence pas toujours par la rendre folle, il se contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’i
1691 rs par la rendre folle, il se contente parfois de l’ endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites d’occupations accabl
1692 ne leur laissent plus une seconde pour distinguer l’ approche des catastrophes. On demande à certains « grands noms » de ve
1693 grands noms » de venir participer au sauvetage de l’ Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une
1694 soin subit de se retirer pour méditer. Regrettons- le , pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise,
1695  camps de rééducation sociale », ils auront enfin le temps de méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemble
1696 ciale », ils auront enfin le temps de méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comme le nôtre. Ils
1697 e. Ils comprendront qu’il est certains moments de l’ histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous ens
1698 dront qu’il est certains moments de l’histoire où l’ on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous ensemble, et tout
1699 s moments de l’histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous ensemble, et toutes affaires cessantes. P
1700 eaucoup d’intellectuels redoutent non sans raison l’ atmosphère des congrès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je le
1701 grès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui sont écrivain
1702 écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre la création dans une chambre nocturne, et les institutions dont nous all
1703 , entre la création dans une chambre nocturne, et les institutions dont nous allons parler ! « Qu’est-ce que cela peut bien
1704 r ! « Qu’est-ce que cela peut bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écriv
1705 ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’ écrivain n’est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à l
1706 t — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le nou
1707 ivain) — au destin de la communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir, l’écoute
1708 nt il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le p
1709 langue, où sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’ asservir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des va
1710 sa voix porte, qui peut le nourrir ou l’asservir, l’ écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauv
1711 , qui peut le nourrir ou l’asservir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des in
1712 servir, l’écouter ou le censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des institutions qui pourront les d
1713 aleurs à sauver, et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport général, établi pour l’information des délégué
1714 et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport général, établi pour l’information des délégués, n’a d’autre
1715 t les défendre. ⁂ Le rapport général, établi pour l’ information des délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et de c
1716 ’a d’autre ambition que de signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans no
1717 ment européen a reçu d’abord un questionnaire sur l’ état des problèmes concrets de la culture dans son pays. Dix-sept grou
1718 uestionnaire sur l’état des problèmes concrets de la culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses détail
1719 e n’avait jamais encore été tentée. Nous avons dû l’ improviser avec des groupes en pleine période de formation. Elle nous
1720 de de formation. Elle nous a permis de mieux voir l’ intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquement un inventair
1721 nt de délimiter des zones critiques où concentrer l’ effort. Puis, des études plus détaillées, sur des projets concrets, no
1722 es projets concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études de Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur
1723 Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rappor
1724 de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport général a tenté d’opérer une synthèse provisoire, en guise d’
1725 rovisoire, en guise d’introduction aux travaux de la conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant destin
1726 e ce rapport n’est pas un instant destiné à faire l’ objet des discussions de la conférence. Il en introduit les sujets. Il
1727 nstant destiné à faire l’objet des discussions de la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé des m
1728 des discussions de la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions
1729 les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point
1730 tiques qui seront proposées et mises au point par les commissions du congrès. La section culturelle du Mouvement européen6
1731 et mises au point par les commissions du congrès. La section culturelle du Mouvement européen6 avait estimé tout d’abord q
1732 l’autre aux institutions à développer ou à créer, les problèmes non techniques restant, bien entendu, réservés aux débuts d
1733 ues restant, bien entendu, réservés aux débuts de l’ ensemble du congrès, siégeant en commission générale. Il nous apparaît
1734 u de prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’ éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question des
1735 nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’ enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — La s
1736 consacrée à l’éducation et à l’enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — La situation présente est
1737 tion et à l’enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — La situation présente est bien connue. Les c
1738 I. Les échangesq La question des échanges. —  La situation présente est bien connue. Les congressistes auront vite dre
1739 changes. — La situation présente est bien connue. Les congressistes auront vite dressé la liste des obstacles douaniers et
1740 bien connue. Les congressistes auront vite dressé la liste des obstacles douaniers et monétaires, et des mesures prétendue
1741 sures prétendues « protectionnistes » qui loin de les protéger, paralysent nos cultures. Par quelle méthode peut-on surmont
1742 hode peut-on surmonter ces obstacles ? C’est tout le problème qu’il faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À ce
1743 er. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser les échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en serait pas qu
1744 ns tout d’abord qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée
1745 s question si les frontières étaient ouvertes, et l’ union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des ca
1746 ontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l’ Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne d
1747 leur « élargissement » immédiat, sans condition. Le terme même « d’échanges culturels », avouons-le, est devenu bien dépl
1748 . Le terme même « d’échanges culturels », avouons- le , est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi d’échappatoire fac
1749 souvent) des problèmes réputés « secondaires » de la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce peti
1750 ulture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges surveillés que leurs douanier
1751 sulte au mieux quelques petits décrets concernant les voyages de quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques bo
1752 bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur l’ indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Pré
1753 . Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les échanges », prenons-y garde, c’est en fait reconnaître les droits que
1754 ges », prenons-y garde, c’est en fait reconnaître les droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radica
1755 y garde, c’est en fait reconnaître les droits que l’ État s’est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le dr
1756 gés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulati
1757 ’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autre p
1758 oriser ceux qui ne gênent personne, ceux qui sont le moins créateurs ou novateurs, ceux qui font le moins peur aux fonctio
1759 nt le moins créateurs ou novateurs, ceux qui font le moins peur aux fonctionnaires, ceux qui en un mot, ont l’âme naturell
1760 peur aux fonctionnaires, ceux qui en un mot, ont l’ âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redevienne
1761 en un mot, ont l’âme naturellement officielle. Si l’ on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans
1762 l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de
1763 nges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état
1764 ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits orig
1765 italité de la culture — échanges de découvertes à l’ état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expressi
1766 curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de
1767 ous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression
1768 abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de «  l’ organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et simple,
1769 ode de « l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et simple, immédiate, des obstacles à la libre circu
1770 ession pure et simple, immédiate, des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de tr
1771 œuvres, et des instruments de travail, dans toute l’ étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas,
1772 s instruments de travail, dans toute l’étendue de l’ Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bénéf
1773 rimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse po
1774 ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne pro
1775 nt le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas, dan
1776 pour les États, dont la charge est ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas, dans ce domaine, de nouveaux or
1777 , dans ce domaine, de nouveaux organismes ! C’est la paresse d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles
1778 de nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture, c’est aussi alléger du poids mort des organisations ! Qu’on
1779 es organisations ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisé
1780 ns ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisée, n’est-il pa
1781 e pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe
1782 piration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité de notre cul
1783 souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’ unité de notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’
1784 ormer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, ma
1785 ersités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’ Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution
1786 verte, et rien de plus, mais rien de moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les maux que vous a
1787 lus, mais rien de moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les maux que vous allez recenser. I
1788 solution, voilà le remède pratique à presque tous les maux que vous allez recenser. II. Les institutions À la suppres
1789 que tous les maux que vous allez recenser. II. Les institutions À la suppression des obstacles matériels et légaux à
1790 vous allez recenser. II. Les institutions À la suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit cor
1791 suffisant et vain de vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de l’esprit en Europe avant la gue
1792 lement à la condition libérale qui était celle de l’ esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le
1793 érale qui était celle de l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire,
1794 esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Comp
1795 vant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne d
1796 uerre de 1914. C’était le beau temps, je le sais. L’ on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne des wagons
1797 e beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’ Annuaire de la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur l
1798 je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passeports 
1799 agnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passeports : « Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’en
1800 s wagons-lits, au chapitre sur les passeports : «  Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les
1801 passeports : « Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte de visite s
1802 Le passeport n’est exigé que pour la Russie. Pour l’ entrée dans tous les autres pays, la carte de visite suffit » ! Mais c
1803 exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte de visite suffit » ! Mais cette liberté des éch
1804 Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte de visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas su
1805 ette liberté des échanges n’a pas suffi à réduire les nationalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par la suite, a su
1806 nalismes ; bien au contraire, c’est elle qui, par la suite, a succombé devant leurs exigences. Il nous faut aujourd’hui fa
1807 des institutions qui garantissent et manifestent l’ unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie
1808 e nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’ Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’échelle continenta
1809 Europe unie d’instruments de travail qui soient à l’ échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui devie
1810 nt à l’échelle continentale. Il faut aussi former les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l’idée fédérale, sans l
1811 ut aussi former les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et
1812 les jeunes hommes qui deviendront les porteurs de l’ idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles re
1813 orte. Au premier rang figure une institution clé, le Centre européen de la culture. Parmi les innombrables organismes « cu
1814 tion clé, le Centre européen de la culture. Parmi les innombrables organismes « culturels » que le xxe siècle a vu naître,
1815 rmi les innombrables organismes « culturels » que le xxe siècle a vu naître, il est frappant de constater qu’il n’en exis
1816 qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’ Europe comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis
1817 un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis que les autres se limit
1818 t l’Europe comme unité. Les uns veulent embrasser le monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une r
1819 uns veulent embrasser le monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une
1820 iste aucune institution capable de renseigner sur l’ Europe en général, sur sa situation présente, sur l’état de ses forces
1821 Europe en général, sur sa situation présente, sur l’ état de ses forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses l
1822 blesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin d’une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le
1823 le institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées la préparation même
1824 urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées la préparation même de cette conférence,
1825 faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées la préparation même de cette conférence, et que ses insuffisances inévit
1826 t actuel des choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la création d’un Centre europé
1827 ue, dès le congrès de La Haye, avait été demandée la création d’un Centre européen de la culture, dont les attributions fu
1828 création d’un Centre européen de la culture, dont les attributions furent esquissées par la résolution culturelle du congrè
1829 ture, dont les attributions furent esquissées par la résolution culturelle du congrès. Au mois de février 1949, le Mouveme
1830 n culturelle du congrès. Au mois de février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de pr
1831 à Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer l’ œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’Assem
1832 l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimi
1833 re. Enfin, au mois de septembre de la même année, l’ Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unanimité une recomman
1834 , l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’ unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre europ
1835 tait à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’
1836 la création d’un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Genève, depuis quelques mois, a permis
1837 is quelques mois, a permis de serrer de plus près la question. Il a conduit aux conclusions pratiques dont l’exposé détail
1838 tion. Il a conduit aux conclusions pratiques dont l’ exposé détaillé se trouve dans le rapport relatif au Centre culturel.
1839 s pratiques dont l’exposé détaillé se trouve dans le rapport relatif au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu, les p
1840 rouve dans le rapport relatif au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du
1841 f au Centre culturel. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserve
1842 l. Le besoin est donc reconnu, les plans sont là. La Conférence décidera du sort qu’il faut leur réserver. Il en va de mêm
1843 t qu’il faut leur réserver. Il en va de même pour le Collège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « g
1844 rope, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commis européens », dont les futures institutions de l’Europ
1845 t de former les « grands commis européens », dont les futures institutions de l’Europe unie auront évidemment besoin. Enfin
1846 mis européens », dont les futures institutions de l’ Europe unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet
1847 s ; et ce projet surtout d’un Fonds européen pour les recherches scientifiques, dont l’importance capitale ne saurait échap
1848 européen pour les recherches scientifiques, dont l’ importance capitale ne saurait échapper à personne, et dont M. Dautry
1849 rsonne, et dont M. Dautry a magistralement exposé les motifs. III. L’enseignement Quant à la commission proposée tout
1850 autry a magistralement exposé les motifs. III. L’ enseignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’o
1851 osé les motifs. III. L’enseignement Quant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’enseignemen
1852 ignement Quant à la commission proposée tout à l’ heure, qui s’occuperait de l’enseignement européen, deux mots seulemen
1853 sion proposée tout à l’heure, qui s’occuperait de l’ enseignement européen, deux mots seulement, mais importants. La prépar
1854 t européen, deux mots seulement, mais importants. La préparation de cette Conférence, l’abondance et la qualité des rappor
1855 s importants. La préparation de cette Conférence, l’ abondance et la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducati
1856 a préparation de cette Conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducation, ont montré
1857 l’abondance et la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducation, ont montré à quel point ce souci est général d
1858 ys. Tout le monde se rend parfaitement compte que l’ avenir de l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’u
1859 monde se rend parfaitement compte que l’avenir de l’ union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite res
1860 r de l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite responsable de jeunes gens, formés dans un espri
1861 dans un esprit supranational. Cette tâche, comme l’ écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté de plusieurs générati
1862 te tâche, comme l’écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté de plusieurs générations, [mais] réclame aussi un dépar
1863 réclame aussi un départ extrêmement vif et net ». L’ effet de choc que produira sur l’opinion publique l’institution rapide
1864 nt vif et net ». L’effet de choc que produira sur l’ opinion publique l’institution rapide d’un enseignement européen const
1865 effet de choc que produira sur l’opinion publique l’ institution rapide d’un enseignement européen constituera la meilleure
1866 ion rapide d’un enseignement européen constituera la meilleure propagande pour notre union, et peut-être la seule acceptab
1867 illeure propagande pour notre union, et peut-être la seule acceptable. Toutes ces activités et ces institutions demanderon
1868 ent pas. Ils pourraient facilement être créés par le blocage, au titre européen, d’une fraction du budget de l’Éducation,
1869 e, au titre européen, d’une fraction du budget de l’ Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée in
1870 ction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée invoqueront leurs charges écrasant
1871 Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’ économie privée invoqueront leurs charges écrasantes ou leurs bénéfice
1872 tes ou leurs bénéfices diminués. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun, et l’énergie
1873 éfices diminués. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Eu
1874 si le sentiment d’un destin spirituel commun, et l’ énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’
1875 ie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous dev
1876 des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’ économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre n
1877 é doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budge
1878 ient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d
1879 uel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d’une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’un
1880 e prix d’une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renaissance de la culture européenne. Construire
1881 rirait donc le budget global d’une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des mil
1882 coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millions qui permettraient de développer la recherche scientifique po
1883 uver les millions qui permettraient de développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Oc
1884 ient de développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’
1885 elopper la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se deman
1886 herche scientifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’i
1887 tifique pour la paix et la vie, c’est la folie de l’ Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrai
1888 s barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture faillirait à sa vraie mission, si
1889 aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, contre
1890 si elle n’élevait pas, contre une pareille folie, le cri des hommes. Et maintenant, pour quelles fins réelles voulons-nou
1891 e, et cette éducation d’une conscience commune de l’ Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqueme
1892 éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « europé
1893 lismes locaux une sorte de nationalisme européen. L’ Europe s’est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours
1894 oser une nation européenne aux grandes nations de l’ Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétiq
1895 ion européenne aux grandes nations de l’Est et de l’ Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valable
1896 seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanist
1897 rmée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’ Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre am
1898 humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer à l’ union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renais
1899 ’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit,
1900 r le moyen d’une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera
1901 ne renaissance de leur culture dans la liberté de l’ esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus
1902 ons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le me
1903 s. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener ve
1904 ymbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est
1905 ous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’ Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europ
1906 que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’une Europe rénovée pa
1907 ccident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’ image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe q
1908 t de leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’ union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieux sa vocation p
1909 rir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière d
1910 ui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde. Une Europe affaiblie, et divisée par vingt nationalismes et au
1911 raction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit de parler. Prendr
1912 ns les appliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit de parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une
1913 entôt plus le droit de parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission de vigilance dont les intellec
1914 n européenne, c’est une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais respo
1915 principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’existence et à l’auto
1916 sauraient être négligés dans la pratique sans que l’ Europe perde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerço
1917 la pratique sans que l’Europe perde ses droits à l’ existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action
1918 que l’Europe perde ses droits à l’existence et à l’ autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance pub
1919 rra dire vraiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il e
1920 ent de notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, tourm
1921 ’est notre mission profonde, de préférer toujours la conscience au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui nous apparaî
1922 apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’ Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre
1923 clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’ Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une,
1924 l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique,
1925 qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’ idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe,
1926 l’idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait trouvé ses plus hautes expressions que dans
1927 uelques brefs poèmes, quelques prières. C’est par la musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance
1928 seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nostalgique. Et nou
1929 sédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour trace
1930 organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées 
1931 , sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, ou
1932 re foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’ Europe tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en e
1933 escendants puissent encore habiter en esprit, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une Euro
1934 par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador de
1935 r de Madariaga, qui était d’ailleurs président de la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont,
1936 NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec la collaboration de M. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR). 8
1937 quable rapport qui a servi de base aux travaux de la Commission de l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont
1938 i a servi de base aux travaux de la Commission de l’ enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Rais
1939 travaux de la Commission de l’enseignement et de l’ éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’une con
1940 discours prononcé par Denis de Rougemont lors de la Conférence européenne de la culture qui a eu lieu à Lausanne en décem
1941 de Rougemont lors de la Conférence européenne de la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons raj
1942 Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons rajouté le participe passé « été », oublié par erreur dans le texte original. 
1943 e participe passé « été », oublié par erreur dans le texte original.  q. Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoin
1944 », oublié par erreur dans le texte original.  q. Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins de cette édition numéri
1945 ginal.  q. Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins de cette édition numérique.
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
1946 prise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’ Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les
1947 prends, à vous lire dans Liberté de l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’E
1948 berté de l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’Europe sont faits, « sont l
1949 édéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que les États-Unis d’Europe sont faits, « sont là » ; que la Grèce n’en fait
1950 États-Unis d’Europe sont faits, « sont là » ; que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et de toute évidence » les US
1951 it pas partie, mais bien « et de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annonc
1952 t un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que si l’on veut savoir ce que pensent les fédér
1953 que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que si l’ on veut savoir ce que pensent les fédéralistes, c’est Guéhenno, c’est
1954 espoir » ; que si l’on veut savoir ce que pensent les fédéralistes, c’est Guéhenno, c’est Jaspers, et surtout Benda qu’il f
1955 ers, et surtout Benda qu’il faut interroger ; que le fédéralisme est contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cache
1956 l faut interroger ; que le fédéralisme est contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin les fédé
1957 me est contre les patries (mais qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amoureu
1958 is qu’il juge bon de le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’Europ
1959 « n’ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’ Europe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tou
1960 é amoureux ». Heureusement pour l’Europe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez
1961 , ni ses espoirs. Reprenons vos observations dans l’ ordre où je viens de les relever. 1° « La Russie, qu’est-ce que vous e
1962 nons vos observations dans l’ordre où je viens de les relever. 1° « La Russie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous q
1963 ons dans l’ordre où je viens de les relever. 1° «  La Russie, qu’est-ce que vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possibl
1964 us en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible de l’ exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-nous exclue ? V
1965 l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’ avons-nous exclue ? Vous démontrez, au paragraphe suivant, qu’il serai
1966 u paragraphe suivant, qu’il serait vain d’espérer l’ inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fassions ? (On m’assu
1967 m’assure que cela dépend aussi de Staline.) 2° «  Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils sont là !… » Je ne sai
1968 il paraît qu’ils sont là !… » Je ne sais qui vous l’ a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle se
1969 a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle serait vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe
1970 e. Vous voyez la preuve qu’elle serait vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’il
1971 la preuve qu’elle serait vraie dans le fait que «  le Conseil de l’Europe s’est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son sta
1972 de ces articles qui dise, ou laisse entendre, que le Conseil de l’Europe équivaut peu ou prou aux États-Unis d’Europe. Bie
1973 s, montrez-nous une seule déclaration qui exprime la satisfaction des fédéralistes devant ce statut ; qui dise que c’était
1974 voulions : je vous en montrerai trente qui disent le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’
1975 vous en montrerai trente qui disent le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre de cet organisme est qu’il serve provi
1976 erai trente qui disent le contraire. Le mieux que l’ on puisse attendre de cet organisme est qu’il serve provisoirement, à
1977 ré ses très graves imperfections, au progrès vers l’ union européenne, laquelle reste à faire, comme chacun sait. (J’ajoute
1978 rentaine de fédéralistes sur cent-un députés.) 3° La Grèce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mai
1979 Grèce fait partie du Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que pa
1980 Conseil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mais les États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’é
1981 s États-Unis n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’ Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall
1982 ’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’est l’ OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qu
1983 d’État qui agit plus que tout autre en faveur de l’ union européenne, mais je ne sache pas qu’il ait jamais passé pour un
1984 liste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de l’isolement, la mort des ressentiments nationa
1985 , à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et de l’ isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiqu
1986 « annoncé la fin du désespoir et de l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiquer une maladi
1987 , et conseiller certains remèdes in extremis (que les Européens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « ann
1988 out, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous dema
1989 par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons surt
1990 uvrir ce qu’il y a « de faux ou d’imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interroger. Que ne le fa
1991 dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment
1992 éralistes, vous décidez de les interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment embarrassante, vous c
1993 bouddhiste. Vous prenez vos « fédéralistes » dans L’ Esprit européen, recueil de neuf conférences prononcées à Genève en 19
1994 ces neuf, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Benda de confondre union et unification, de
1995 onfondre union et unification, de vouloir effacer les diversités sans lesquelles aucune fédération n’est possible. » C’est
1996 quelles aucune fédération n’est possible. » C’est la seule page de ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un
1997 ’est la seule page de ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’av
1998 où vous aviez la chance de tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attribue
1999 r sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’ avez-vous citée, au lieu de m’attribuer des sottises ? 7° Notre doctri
2000 ribuer des sottises ? 7° Notre doctrine (qui veut l’ union dans la diversité, formule suisse) étant à l’opposé de celle de
2001 ttises ? 7° Notre doctrine (qui veut l’union dans la diversité, formule suisse) étant à l’opposé de celle de Benda (qui ve
2002 sse) étant à l’opposé de celle de Benda (qui veut l’ unification, formule jacobine) vous déclarez que la seconde n’est que
2003 acobine) vous déclarez que la seconde n’est que «  l’ aveu » de ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rie
2004 aime beaucoup votre défense des patries, mais qui les attaque ? L’État-nation d’abord, mais vous n’en parlez pas. Garry Dav
2005 votre défense des patries, mais qui les attaque ? L’ État-nation d’abord, mais vous n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’a
2006 rd, mais vous n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’ approuvez. Les fédéralistes ? Jamais. Au contraire, vous rejoignez ici
2007 n’en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’approuvez. Les fédéralistes ? Jamais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie de
2008 n attaquez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-p
2009 ier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’ à-peu-près journalistique. Pour en finir, je vous envoie ma petite bro
2010 en finir, je vous envoie ma petite brochure sur L’ Attitude fédéraliste . Vous y trouverez beaucoup d’attaques contre le
2011 ste . Vous y trouverez beaucoup d’attaques contre le nationalisme, contre l’État-nation, contre sa prétendue souveraineté
2012 eaucoup d’attaques contre le nationalisme, contre l’ État-nation, contre sa prétendue souveraineté sans limites. Pas une at
2013 souveraineté sans limites. Pas une attaque contre le patriotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons de penser que ce
2014 limites. Pas une attaque contre le patriotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons de penser que ce texte exprime le «
2015 i quelques raisons de penser que ce texte exprime le « projet des fédéralistes » plus fidèlement que M. Benda. Mais quoi,
2016 M. Benda. Mais quoi, cette lettre est inutile, si l’ on a décidé d’appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’au
2017 tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé de l’ Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a des g
2018 « faux et imbécile », quand vous aurez renoncé à le confondre avec celui de Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y
2019 que vous proposez. Car je ne vais pas vous faire l’ injure de croire que vous trouvez que tout va très bien ainsi, ou que
2020 s. Elles ont besoin de vous aussi, non point pour les louer contre nous, mais pour les défendre avec nous. P.-S. — « Europe
2021 , non point pour les louer contre nous, mais pour les défendre avec nous. P.-S. — « Europe vole » ? Un gage. r. Rougemon
2022 enis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’ esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
2023 Il est impossible de sauver l’ Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible de
2024 e (5 août 1950)s t Il est impossible de sauver l’ Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la
2025 50)s t Il est impossible de sauver l’Europe si l’ on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occ
2026 sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rie
2027 culture ; ou de sauver la culture occidentale si l’ on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer,
2028 patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa recréation perp
2029 e sert de faire durer, de conserver la créature — l’ Europe — si l’on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et ri
2030 e durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’ on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non
2031 conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entr
2032 erpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’accomplir dans u
2033 rt non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’accomplir dans une libre communauté. Si l
2034 ités de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’ Europe est réduite à l’impuissance politique, si elle est colonisée pa
2035 s une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’ impuissance politique, si elle est colonisée par l’Amérique, ce qu’ell
2036 ’impuissance politique, si elle est colonisée par l’ Amérique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’Eu
2037 érique, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne n
2038 elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’ Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra rempl
2039 d’une civilisation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret de ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retou
2040 isation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret de ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une
2041 Mais en retour, sans une culture active rendue à l’ efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-êt
2042 r, sans une culture active rendue à l’efficacité, l’ Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est
2043 rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plus que probable, pa
2044 peut-être unie, c’est même plus que probable, par les soins d’experts étrangers, ou d’une police qui a fait ses preuves ail
2045 t ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu le ressort de son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait
2046 ur à partir d’un médiocre destin. Que servirait à l’ Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? e
2047 r elle-même ? son destin et non plus sa liberté ? L’ Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’un
2048 elle est, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’ Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalités :
2049 n cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naisse
2050 sie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meuren
2051 pour la terre de la liberté. Ces deux réalités : l’ Europe, la culture, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est
2052 erre de la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc d
2053 mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les deux colosses russe et américain, l’Européen qui vient de perdre la g
2054 cle ? Entre les deux colosses russe et américain, l’ Européen qui vient de perdre la guerre, fait actuellement ce qu’on peu
2055 usse et américain, l’Européen qui vient de perdre la guerre, fait actuellement ce qu’on peut appeler une névrose d’infério
2056 peut appeler une névrose d’infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de red
2057 nfériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement. Entre 200 millio
2058 s et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disposo
2059 plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers de l’ électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout
2060 un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout de ressources humaines qui n’ont pas
2061 ales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde en
2062 ns ne s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous inventé, nous les Euro
2063 r peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inve
2064 ue n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, l
2065 pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, la théorie des q
2066 cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, l’ existentialisme et le personnalisme, la théorie des quantas et celle d
2067 marxisme et la psychanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociol
2068 chanalyse, l’existentialisme et le personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociologie et les grande
2069 sme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généra
2070 es quantas et celle des groupes, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la physiq
2071 sociologie et les grandes synthèses historiques, la relativité généralisée et la physique nucléaire, l’aviation, la radio
2072 nthèses historiques, la relativité généralisée et la physique nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination
2073 relativité généralisée et la physique nucléaire, l’ aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le
2074 généralisée et la physique nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétr
2075 et la physique nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthéti
2076 que nucléaire, l’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les pl
2077 ’aviation, la radio et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le rad
2078 o et le cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisa
2079 cinéma, la vaccination, la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisation du
2080 la pénicilline et le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisation du travail industriel, la co
2081 t le DDT, le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction méta
2082 le pétrole synthétique, les plastics et le radar, la rationalisation du travail industriel, la construction métallique, le
2083 radar, la rationalisation du travail industriel, la construction métallique, le syndicalisme et les coopératives, et enfi
2084 u travail industriel, la construction métallique, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier 
2085 l, la construction métallique, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’art moderne tout entier : peinture, musique,
2086 ue, le syndicalisme et les coopératives, et enfin l’ art moderne tout entier : peinture, musique, littérature, poésie, théâ
2087 : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’ Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de
2088 s leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, d
2089 fés de Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus. Le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. P
2090 er peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, n
2091 une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art e
2092 nement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour toutes ces cho
2093 ustrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour toutes ces choses, mais nou
2094 médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copio
2095 mes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient l’ Europe pour toutes ces choses, mais nous, nous copions tout au plus qu
2096 s rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que sont les empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amérique du
2097 ent, que sont les empires qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont
2098 s qui prétendent partager le monde à nos dépens ? L’ Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des produits de notre cu
2099 ger le monde à nos dépens ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des produits de notre culture, l’une dès ses o
2100 e en ce qu’elle a de moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Be
2101 tement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cello
2102 le puritanisme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la ferm
2103 gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions
2104 , le système de Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes
2105 aylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes ; et de l’autre
2106 et de l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’ instruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étati
2107 et notre industrie plus l’instruction publique et l’ athéisme, l’hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’ar
2108 ustrie plus l’instruction publique et l’athéisme, l’ hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel d
2109 ruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie de l’ appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pères
2110 rtrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’ art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’e
2111 appeler ce procédé de description : leurs traits les plus frappants et qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des
2112 sans mesure ni critique, méthodiquement, jusqu’à la monstruosité. Si bien que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus
2113 hodiquement, jusqu’à la monstruosité. Si bien que l’ Amérique et la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité no
2114 usqu’à la monstruosité. Si bien que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité notre caricature
2115 endu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même plan l’Amérique et la Russie. Deux constatations très simples me
2116 s laissons jamais aller à placer sur le même plan l’ Amérique et la Russie. Deux constatations très simples me suffiront. E
2117 ais aller à placer sur le même plan l’Amérique et la Russie. Deux constatations très simples me suffiront. Entre l’Amériqu
2118 ux constatations très simples me suffiront. Entre l’ Amérique et nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous les principes fo
2119 ique et nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous les principes fondamentaux de notre civilisation ; il y a l’exercice des
2120 cipes fondamentaux de notre civilisation ; il y a l’ exercice des mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal de libe
2121 ’exercice des mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal de liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il
2122 le même idéal de liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il n’y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pou
2123 es Russes et nous, il n’y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pour eux cela signifie dictature. Pour nous liberté p
2124 Rougemont Denis de, « Il est impossible de sauver l’ Europe sans sauver sa culture », France indépendante, Paris, 5 août 19
2125 nte, Paris, 5 août 1950, p. 1-2. t. Présenté par la note suivante : « France Indépendante présente cette semaine à ses le
2126 sente cette semaine à ses lecteurs, un extrait de l’ importante conférence prononcée par Denis de Rougemont au congrès de L
2127 ce prononcée par Denis de Rougemont au congrès de La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour son
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
2128 Saint-John Perse et l’ Amérique (1950)m La grandeur de cette poésie fait reculer le commen
2129 Saint-John Perse et l’Amérique (1950)m La grandeur de cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un ac
2130 950)m La grandeur de cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses
2131 d’Anabase lorsqu’elle parut, constitua pour nous le fait du prince, toute référence superflue, et depuis lors, nous n’avo
2132 outefois qu’un « pur délice » pouvait entrer dans la durée, — ce dont plusieurs doutaient, de ma génération. (D’où quelque
2133 incomparable.) Beaucoup plus tard, j’ai rencontré l’ auteur dans le climat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’e
2134 Beaucoup plus tard, j’ai rencontré l’auteur dans le climat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’exil. C’était,
2135 é l’auteur dans le climat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’exil. C’était, on l’imagine, en Amérique. Au long
2136 imat fomenté par son œuvre : la grandeur signifie l’ exil. C’était, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues de Manha
2137 œuvre : la grandeur signifie l’exil. C’était, on l’ imagine, en Amérique. Au long des avenues de Manhattan, il marchait le
2138 le, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire de l’ instant, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exempl
2139 , il nous donnait un haut exemple du bon usage de l’ exil : sans plainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la réc
2140 ainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la réceptivité qu’il avait su rester sensible dans l’action ; soucieux d
2141 a réceptivité qu’il avait su rester sensible dans l’ action ; soucieux de voir, non d’être vu ; plus solidaire, enfin, dans
2142 enfin, dans son retrait, des destins molestés de la France, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyammen
2143  partisans extravagants » qui tenaient bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de p
2144 travagants » qui tenaient bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je vou
2145 mment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’ homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarques
2146 parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relations qui se sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nou
2147 ques sur les relations qui se sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amériqu
2148 relations qui se sont révélées entre le poète et l’ âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amérique, un jour,
2149 ’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’ Amérique, un jour, découvrira son épopée. ⁂ Vents me paraît bien plus
2150 in qu’Anabase n’était asiatique. J’y verrais même la meilleure description de l’essor des États-Unis dans l’espace et le t
2151 que. J’y verrais même la meilleure description de l’ essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet
2152 lleure description de l’essor des États-Unis dans l’ espace et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe a
2153 iption de l’essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe animique, ou
2154 tats-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure
2155 et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’invention du Nouve
2156 tait plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’ aventure et l’invention du Nouveau Monde ont illustré d’accidents sécu
2157 principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’ invention du Nouveau Monde ont illustré d’accidents séculaires. Tout s
2158 ccidents séculaires. Tout se passe à la fois dans l’ Histoire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte de terres en mar
2159 . Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans l’ homme, « dans un très haut tumulte de terres en marche vers l’ouest »,
2160 ans un très haut tumulte de terres en marche vers l’ ouest », contre le vent qui souffle en est. De l’Atlantique au Pacifiq
2161 umulte de terres en marche vers l’ouest », contre le vent qui souffle en est. De l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèle
2162 l’ouest », contre le vent qui souffle en est. De l’ Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes, les
2163 ifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes, les allusions précises ne manquent point : l’Audubon des oiseaux, les Bel
2164 istes, les allusions précises ne manquent point : l’ Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles
2165 écises ne manquent point : l’Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles
2166 point : l’Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles » et leur nylon, l
2167 Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur pro
2168 filles « à la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur provision de glace pour cinq jours », la «
2169 « avec leur provision de glace pour cinq jours », la « mouette mauve du Mormon », ou cette « civilisation du maïs noir — n
2170 civilisation du maïs noir — non violet », enfin «  les siffloteurs de blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire
2171 n violet », enfin « les siffloteurs de blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’histoire »… Mais
2172 sines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’ histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence hum
2173 « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est de l’ homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement
2174 s sa présence humaine ; et d’un agrandissement de l’ œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa source
2175 ment de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa source au lieu d’où l’Amérique dans l’espace et
2176 es ». Le poème ainsi prend sa source au lieu d’où l’ Amérique dans l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme
2177 insi prend sa source au lieu d’où l’Amérique dans l’ espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde,
2178 a source au lieu d’où l’Amérique dans l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être
2179 ieu d’où l’Amérique dans l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du monde, peuvent être vues comme u
2180 s l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’ homme épris du monde, peuvent être vues comme une seule et même geste
2181 euvent être vues comme une seule et même geste de l’ âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.
2182 s comme une seule et même geste de l’âme. (Je dis l’ âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’u
2183 et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’ esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à
2184 de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’ intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouv
2185 l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon
2186 tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans le vent, de ville en ville, de fleuve en fleuve, court aux plus vastes h
2187 fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de la terre… Congénialité du poème et de cette Amérique ourdie par les gra
2188 énialité du poème et de cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violence heureuse, et la vision globa
2189 t de cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violence heureuse, et la vision globale du « monde enti
2190 rique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violence heureuse, et la vision globale du « monde entier des choses 
2191 ds vents : le mouvement, la violence heureuse, et la vision globale du « monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée
2192 sion globale du « monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et
2193 monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée l’ énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans
2194 r des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème,
2195 I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéraleme
2196 nt et les trains d’ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens. (Point de départ d’une rhétoriq
2197 ’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens. (Point de départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici d
2198 ans sa formule dynamique, dans son mouvement vers l’ Ouest, rebroussé par les vents. Et le poème aussi ne prend son sens qu
2199 e, dans son mouvement vers l’Ouest, rebroussé par les vents. Et le poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’i
2200 uvement vers l’Ouest, rebroussé par les vents. Et le poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l
2201 nts. Et le poème aussi ne prend son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l’esprit. C’est une animation perpétuelle.
2202 nd son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l’ esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde amé
2203 ricain, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges. Et nous disions les fleuves survolés, et les plaines
2204 épousé dans les rythmes larges. Et nous disions les fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et les cités entières sur
2205 larges. Et nous disions les fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et les cités entières sur leurs disques qui nous fi
2206 les fleuves survolés, et les plaines fuyantes, et les cités entières sur leurs disques qui nous filaient entre les doigts —
2207 ntières sur leurs disques qui nous filaient entre les doigts — grands virements de comptes et glissements sur l’aile. L’ap
2208 — grands virements de comptes et glissements sur l’ aile. L’apposition me semble offrir ici l’équivalent en mots d’un acc
2209 virements de comptes et glissements sur l’aile. L’ apposition me semble offrir ici l’équivalent en mots d’un accord en mu
2210 ts sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici l’ équivalent en mots d’un accord en musique : co-vibration des sens au l
2211 n étrange inceste, en une double allitération, où l’ on étudiera, plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et de l’em
2212 double allitération, où l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi
2213 l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués de l’ étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, ent
2214 s tard, les rôles conjugués de l’étymologie et de l’ emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origines »
2215 l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’ Amérique idéale, entre ses « origines » et son délire global…) II. Ana
2216 n délire global…) II. Anabase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques de ce siècle : chants de violence heureuse, ref
2217 poètes modernes5). Tout y respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable,
2218 5). Tout y respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice
2219 pire à longs traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectable,
2220 traits la maîtrise, et le bonheur de la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectable, y sont aussi
2221 le, y sont aussi fréquents que chez tant d’autres les expressions du délaissement, du dégoût de vivre ou des chagrins intim
2222 un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aur
2223 our agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition.
2224 le produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostalgie devie
2225 est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’a
2226 ue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’acte, distracti
2227 stalgie deviennent ici conquête, pressentiment de l’ acte, distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de for
2228 nquête, pressentiment de l’acte, distraction vers l’ avenir et naissance du chant. Un chant de force pour les hommes… Chose
2229 nir et naissance du chant. Un chant de force pour les hommes… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien ne s’accorde m
2230 e mieux au génie matinal du continent américain. ( La poésie des « blues » fait illusion : temps faible d’un grand rythme s
2231 d rythme souple, dont il devrait être interdit de l’ isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’exil intéri
2232 ) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’ exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre
2233 de hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des choses », l’autre vou
2234 es », l’autre voudrait s’en effacer ; l’un chante la maîtrise en plein midi, l’autre guette une obscure présence aux crépu
2235 une hypothèse critique, qui permettrait de situer les grands poèmes du siècle. Si l’élément sentimental domine chez Apollin
2236 ettrait de situer les grands poèmes du siècle. Si l’ élément sentimental domine chez Apollinaire, interfère avec le spiritu
2237 ntimental domine chez Apollinaire, interfère avec le spirituel chez T. S. Eliot, s’y mêle indiscernablement chez Rilke, s’
2238 Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire place à l’ intellectuel, c’est dans l’élément animique que les poèmes de Saint-Jo
2239 éry pour faire place à l’intellectuel, c’est dans l’ élément animique que les poèmes de Saint-John Perse trouvent leurs loi
2240 l’intellectuel, c’est dans l’élément animique que les poèmes de Saint-John Perse trouvent leurs lois et leurs cadences : E
2241 r un matin, peut-être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de
2242 pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’ image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvelles a
2243 de violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve de pionniers en Ouest. Mais le
2244 Monde, comme un rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus
2245 êve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’ avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage frança
2246 Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage français, et de cette « rhé
2247 profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L’ Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de
2248 un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision de l’ homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut u
2249 laire. III. L’Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste,
2250 . L’Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’ Amérique est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le red
2251 e l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’ espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais
2252 dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’ Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique
2253 ision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’Amérique est planétaire. Sujets et proc
2254 universaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’ Amérique est planétaire. Sujets et procédés, chez Saint-John Perse, ou
2255 ujets et procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies d’un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continen
2256 ’un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la
2257 e américain. Ils sont classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les én
2258 ques. Les continents, les peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’éd
2259 inents, les peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur
2260 peuples et leurs rites, les éléments, la quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur table rase
2261 urs rites, les éléments, la quête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’édification sur table rase des lois d’une
2262 ête et la conquête, les énumérations lyriques, et l’ édification sur table rase des lois d’une cité émergeant de son rêve.
2263 ulte et de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier des choses — et qui vivaient aux crêtes du fut
2264 futur… Au chant des hautes narrations du large… Le pluriel insistant et les catégories, l’adjectif « grandes » et le mot
2265 tes narrations du large… Le pluriel insistant et les catégories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page 
2266 u large… Le pluriel insistant et les catégories, l’ adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page : il ne s’agit
2267 tant et les catégories, l’adjectif « grandes » et le mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme, de sen
2268 états d’âme, de sentiments individuels, mais de «  la terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute race et
2269 euples lus « par nations » ; d’une âme sans nom — l’ inconscient d’une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itiné
2270 âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inventaires, sommation d
2271 nconscient d’une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inventaires, sommation de nos « voies et faç
2272 nos « voies et façons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait ouvert aux A
2273 rprenant qu’un Français ait ouvert aux Américains les perspectives de l’épopée globale que l’histoire désormais leur assign
2274 ais ait ouvert aux Américains les perspectives de l’ épopée globale que l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans un
2275 éricains les perspectives de l’épopée globale que l’ histoire désormais leur assigne de vivre. Dans un autre ordre, cependa
2276 e vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du
2277 nt de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’est aussi, dans s
2278 is Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le
2279 eulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’ Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour à l
2280 l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d
2281 si, dans sa dernière partie, le poème du retour à l’ Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les der
2282 dernière partie, le poème du retour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulem
2283 France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulements d’orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit u
2284 ’une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques. Au plus haut point de ce très haut poème, Saint-J
2285 poème, Saint-John Perse a rejoint notre vœu. Nous l’ attendrons un soir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur la ro
2286 re vœu. Nous l’attendrons un soir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à r
2287 oir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes n
2288 e, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, — d
2289 tes « d’hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la gestion humaine, non dans la précession des équinoxes », et qu’il nou
2290 hommes entendus dans la gestion humaine, non dans la précession des équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’une E
2291 cession des équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne
2292 par le chant d’une Europe future. Car, ainsi que l’ écrit Montesquieu — je ne sais plus de qui, mais il n’importe : « Nous
2293 importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’ âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse plus de la vapeur du
2294 lus grands mouvements… qui nous remplisse plus de la vapeur du dieu qui l’agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Aversion
2295 qui nous remplisse plus de la vapeur du dieu qui l’ agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Aversion du Dieu ! » ou « … av
2296 sement du Dieu ! Aversion du Dieu ! » ou « … avec la bête haut cabrée — une âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasar
2297 ux exemples au hasard de ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de grandir dans le bonheur, — c
2298 ds poètes capables de bonheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus beaux ? J’en vo
2299 nheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Do
2300 s le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus beaux ? J’en vois si peu. Dante, John Donne, parfois Claudel, qu
2301 e… m. Rougemont Denis de, « Saint-John Perse et l’ Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-1
2302 ont Denis de, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.
2303  Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.