1
, renonçant à leur souveraineté absolue au profit
d’
une constitution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une
2
ans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte
de
« bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admettre, deux
3
tent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord
de
préciser quels sont les éléments de notre expérience helvétique qui m
4
drait d’abord de préciser quels sont les éléments
de
notre expérience helvétique qui méritent d’être donnés en exemple ; p
5
ments de notre expérience helvétique qui méritent
d’
être donnés en exemple ; puis de chercher dans quelle mesure ils pourr
6
ique qui méritent d’être donnés en exemple ; puis
de
chercher dans quelle mesure ils pourraient être utilisés ou reproduit
7
eproduits sur une plus vaste échelle. La question
de
nos dimensions dans l’espace et dans le temps apparaît capitale à cet
8
oire suisse, notre État fédéral avec ses cent ans
d’
existence représente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier les
9
nous autres Suisses. Mais si nous passons du plan
de
cette microhistoire à l’histoire générale, tout change. Nous voyons t
10
out d’abord que cent ans, ce n’est qu’un septième
de
notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’étend que sur le dernier
11
que celle-ci ne s’étend que sur le dernier tiers
de
l’ère chrétienne, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers de l
12
e, laquelle n’est à son tour que le dernier tiers
de
l’histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dern
13
les-mêmes ne couvrent que le dernier cinquantième
de
la durée généralement admise de l’humanité sur la planète. D’où il ré
14
nier cinquantième de la durée généralement admise
de
l’humanité sur la planète. D’où il résulte que notre expérience fédér
15
généralement admise de l’humanité sur la planète.
D’
où il résulte que notre expérience fédérale ne représente guère que la
16
lles s’évanouiront probablement, comme une goutte
de
vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très réduites da
17
ns jouer dans le monde. En effet, les proportions
de
notre expérience à l’histoire générale sont à peu près celles de la g
18
ence à l’histoire générale sont à peu près celles
de
la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hauteme
19
n aboutissement et un commencement. C’est le lieu
d’
un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent,
20
nt et un commencement. C’est le lieu d’un passage
de
la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles p
21
un commencement. C’est le lieu d’un passage de la
vie
à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent
22
cement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la
vie
par la mort. Toutes les graines meurent, mais elles peuvent mourir de
23
es les graines meurent, mais elles peuvent mourir
de
deux manières : les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime d’h
24
les unes ne laissent qu’à peine leur poids minime
d’
humus, les autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra,
25
helle infiniment plus vaste ? Telle est la chance
de
la Suisse dans l’histoire, pour ce siècle ou pour ceux qui le suivron
26
ce siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance
d’
une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons graine par
27
aîtra tout comme une autre République sérénissime
de
Venise, ne laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gard
28
n cite l’exemple helvétique, à propos d’un projet
d’
États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial, l’objection immédiate
29
ue, à propos d’un projet d’États-Unis d’Europe ou
de
gouvernement mondial, l’objection immédiate qui surgit sur les lèvres
30
l ne s’agit que des modalités typiquement suisses
de
la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’id
31
alités typiquement suisses de la mise en pratique
de
l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expér
32
ratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’agit
de
l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement pl
33
t s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience
de
laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensions que ses app
34
ce de laboratoire est nécessairement plus réduite
de
dimensions que ses applications, mais pourtant celles-ci n’existeraie
35
nt pas sans celle-là. Je ne parlerai donc ici que
de
notre idée fédéraliste en soi. Elle est très simple, comme toutes les
36
r en quelques mots, en une formule ; car elle est
d’
un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup
37
résistances, mais elle est au contraire le secret
d’
un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit de comp
38
constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit
de
composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après
39
nt entre des forces qu’il s’agit de composer, non
de
soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On ne sa
40
de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou
d’
écraser l’une après l’autre. On ne saurait trop insister sur le double
41
té, comme on voudra, qui est le battement du cœur
de
ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union
42
Tous pour un ». Dans ce sens, il nous sera permis
de
dire que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique
43
s de dire que la politique fédéraliste n’est rien
d’
autre que la politique tout court, au sens le plus légitime de ce mot.
44
la politique tout court, au sens le plus légitime
de
ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, a
45
onsistent à écraser les diversités par incapacité
de
les composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce
46
s ou moins consciemment les principales décisions
de
notre vie politique pendant des siècles, et qu’elle a finalement pris
47
s consciemment les principales décisions de notre
vie
politique pendant des siècles, et qu’elle a finalement pris forme et
48
cles, et qu’elle a finalement pris forme et force
de
loi vers 1848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis
49
commenter et à philosopher à son sujet. Comme la
vie
même — étant la vie de notre praxis politique — elle allait sans dire
50
osopher à son sujet. Comme la vie même — étant la
vie
de notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La néce
51
her à son sujet. Comme la vie même — étant la vie
de
notre praxis politique — elle allait sans dire, jusqu’ici. La nécessi
52
llait sans dire, jusqu’ici. La nécessité présente
de
l’affermir en face du défi que représente l’esprit totalitaire, et au
53
éfi que représente l’esprit totalitaire, et aussi
de
la propager, car la meilleure défense est dans l’attaque, nous invite
54
ui semblent avoir inspiré l’action tout empirique
de
nos ancêtres. 1. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à t
55
me ne peut naître que du renoncement à toute idée
d’
hégémonie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une des nations co
56
légitime certains « grands » prendre l’initiative
d’
une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui d’
57
d’une fédération européenne ou mondiale. L’échec
de
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe i
58
opéenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui
d’
Hitler dans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent d’une manièr
59
Napoléon et celui d’Hitler dans leurs tentatives
d’
unifier l’Europe indiquent d’une manière négative cette même vérité si
60
ans leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent
d’
une manière négative cette même vérité simple que notre réussite confi
61
e peuvent conduire qu’à l’unification, caricature
de
l’union véritable. 2. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncemen
62
e ne peut naître que du renoncement à tout esprit
de
système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour
63
sprit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme
d’
une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On pourrait définir
64
l’impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui
d’
une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un ref
65
fédéraliste comme un refus constant et instinctif
de
recourir aux solutions systématiques, simples de lignes, claires et s
66
de recourir aux solutions systématiques, simples
de
lignes, claires et satisfaisantes pour la logique, mais par là même i
67
estructrices des diversités qui sont la condition
de
la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un pl
68
trices des diversités qui sont la condition de la
vie
organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan géom
69
re en ordre d’après un plan géométrique, à partir
d’
un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes,
70
près un plan géométrique, à partir d’un centre ou
d’
un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, selon leurs car
71
s caractères particuliers, qu’il s’agit à la fois
de
respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît p
72
ticuliers, qu’il s’agit à la fois de respecter et
d’
articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème d
73
er dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas
de
problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi
74
des qualités ne se traduit pas seulement dans le
mode
d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beauc
75
qualités ne se traduit pas seulement dans le mode
d’
élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beaucoup
76
d’élection du Conseil des États, mais surtout, et
d’
une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie pol
77
manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes
de
notre vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou
78
eaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre
vie
politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande ou la Suisse
79
nne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre
de
leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralism
80
proportion avec le chiffre de leurs habitants ou
de
leurs kilomètres carrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour d
81
arrés. 4. Enfin le fédéralisme repose sur l’amour
de
la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise
82
Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique
de
« terribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’
83
mplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent
de
l’extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouve
84
l’extrême complication des institutions suisses,
de
l’espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, co
85
omplication des institutions suisses, de l’espèce
de
mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, féd
86
es institutions suisses, de l’espèce de mouvement
d’
horlogerie fine que composent nos rouages, communaux, fédéraux, canton
87
, cantonaux, si diversement engrenés, il convient
de
leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libert
88
ontrer que cette complexité est la condition même
de
nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires et nos législ
89
eurs sont constamment rappelés au concret, forcés
de
rester en contact avec les réalités humaines du pays. La Suisse est f
90
s réalités humaines du pays. La Suisse est formée
d’
une multitude de groupes politiques, culturels, administratifs, lingui
91
nes du pays. La Suisse est formée d’une multitude
de
groupes politiques, culturels, administratifs, linguistiques, religie
92
frontières, et qui se recoupent et se recouvrent
de
cent manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un
93
n ou totalitaire, brimeraient nécessairement l’un
de
ces groupes, tendraient à réduire leur variété, et mutileraient ainsi
94
eur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs
de
ses dimensions, la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes,
95
ans plusieurs de ses dimensions, la personne même
de
ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur t
96
ux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile
de
décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plu
97
s, il est plus facile de décréter sur table rase,
de
simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la
98
créter sur table rase, de simplifier les réalités
d’
un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite
99
table rase, de simplifier les réalités d’un trait
de
plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalis
100
, de simplifier les réalités d’un trait de plume,
de
tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en é
101
trait de plume, de tirer des plans à la règle et
de
forcer ensuite leur réalisation en écrasant tout ce qui résiste, ou s
102
ut ce qui dépasse. Mais c’est la vitalité civique
d’
un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéraliste, telle qu’on v
103
u’on vient de la décrire, suppose infiniment plus
de
soins, d’ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle
104
de la décrire, suppose infiniment plus de soins,
d’
ingéniosité technique et de compréhension du peuple qu’elle gouverne.
105
iniment plus de soins, d’ingéniosité technique et
de
compréhension du peuple qu’elle gouverne. C’est pourquoi je disais pl
106
pourquoi je vois en elle le seul avenir possible
de
l’Europe, et le don que nous pouvons lui faire en restant fidèles à n
107
stant fidèles à nous-mêmes. b. Rougemont Denis
de
, « L’idée fédéraliste », La Démocratie suisse (1848-1948), Morat, Édi
108
, la seule méthode honnête, rigoureuse, éprouvée,
d’
analyse ou de construction. La seule utile, la seule qui réussisse et
109
thode honnête, rigoureuse, éprouvée, d’analyse ou
de
construction. La seule utile, la seule qui réussisse et qui progresse
110
nous sommes libres, après Heisenberg et la Bombe,
de
penser n’importe quoi, et que cela changera tout. Pardon ! La science
111
uves que vos superstitions seraient bien en peine
de
réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font
112
uperstitions seraient bien en peine de réfuter ou
d’
égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font déjà mille ki
113
! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre
de
la bombe atomique, ses spéculations les plus « folles » ! Libre à vou
114
s spéculations les plus « folles » ! Libre à vous
de
prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n
115
pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui
d’
aller beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voilà qui est sérieux, me
116
sant le contester autour de moi, je crois prudent
de
l’accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et
117
ant que dans quelques lustres, les hommes cessent
de
trouver amusant d’aller plus vite, et donc commencent à se demander à
118
es lustres, les hommes cessent de trouver amusant
d’
aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Su
119
pposez que leur plaisir nouveau et principal soit
d’
évoquer quelque chose comme les fées, et qu’ils y arrivent après deux
120
et qu’ils y arrivent après deux ou trois siècles
d’
application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité urge
121
, inventent mille tours sentimentaux insoupçonnés
de
notre barbarie, créent l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteu
122
r est vénéré par quelques sectes populaires, font
de
la mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être ré
123
ctes populaires, font de la mort une plaisanterie
d’
un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule
124
ublime qui perd son sel à être répétée, étouffent
d’
une seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendr
125
ensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous
de
prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamais un mot
126
Libre à vous de prendre pour but la construction
d’
un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre f
127
s utopies, c’est qu’elles paraissent moins riches
d’
avenir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme
128
e la plupart des utopistes, en effet, font preuve
de
moins de liberté dans leur imagination du futur que la plupart des hi
129
art des utopistes, en effet, font preuve de moins
de
liberté dans leur imagination du futur que la plupart des historiens
130
bee, les utopies sont en réalité des « programmes
d’
action déguisés en descriptions sociologiques imaginaires », et l’acti
131
utre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau,
d’
une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l
132
tain niveau, d’une société en décadence. On isole
de
cette société les éléments que l’on considère comme bons, et l’on en
133
l’abri des menaces vulgaires comme des créations
de
l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la réalité touj
134
’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés
de
la réalité toujours mouvante, — bref, hors du courant de l’Histoire.
135
éalité toujours mouvante, — bref, hors du courant
de
l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’une manière moins s
136
f, hors du courant de l’Histoire. Est-il possible
d’
imaginer l’avenir d’une manière moins statique par hypothèse ? Quelles
137
e l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir
d’
une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les condit
138
ons requises ? Il faudrait se garder tout d’abord
de
composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choi
139
ns possibles. Détourner constamment l’imagination
de
la ligne de moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les ob
140
. Détourner constamment l’imagination de la ligne
de
moindre résistance à ses désirs, et la ramener sur les obstacles qu’o
141
essent à gauche et à droite. (C’est le vrai moyen
de
la passionner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue de nos effo
142
onner.) Mimer enfin, par anticipation sur l’issue
de
nos efforts présents, les conduites qui pourront résulter du succès m
143
es conduites qui pourront résulter du succès même
de
ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent d’imaginer beaucoup de
144
de ces efforts. (C’est ce qu’oublient ou refusent
d’
imaginer beaucoup de nos meneurs politiques : ils voient les condition
145
os meneurs politiques : ils voient les conditions
de
leur victoire, mais non ses suites.2) L’effort le plus soutenu, le mi
146
fourni jusqu’ici le monde occidental, c’est celui
de
dominer la nature par la science, dans l’espoir d’augmenter le confor
147
e dominer la nature par la science, dans l’espoir
d’
augmenter le confort matériel, la vitesse de nos déplacements, et la d
148
spoir d’augmenter le confort matériel, la vitesse
de
nos déplacements, et la durée moyenne de la vie. L’effort métaphysiqu
149
vitesse de nos déplacements, et la durée moyenne
de
la vie. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du
150
se de nos déplacements, et la durée moyenne de la
vie
. L’effort métaphysique et religieux s’est relâché à partir du xviiie
151
nies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort
de
la science (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progr
152
surable, et semble se poursuivre avec des chances
de
succès toujours accrues. Il en résulte, dans les masses, certaines cr
153
science a toujours raison ; 2. le bonheur dépend
de
la possession de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bi
154
rs raison ; 2. le bonheur dépend de la possession
de
certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vi
155
c qu’elle est « vraie ». En retour, nous refusons
de
croire ce que nous pensons que « l’état présent » de la science nie o
156
croire ce que nous pensons que « l’état présent »
de
la science nie ou condamne, et nous accordons à cette science l’autor
157
a science qu’elle vénère, ou du moins s’informera
de
ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt que semble ma
158
e ses dernières conclusions, à la faveur du temps
d’
arrêt que semble marquer l’avant-garde de la physique mathématique. Ca
159
du temps d’arrêt que semble marquer l’avant-garde
de
la physique mathématique. Car celle-ci semble avoir atteint, provisoi
160
me qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à
de
l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’immatériel,
161
gie, donc en réduisant la matière à quelque chose
d’
immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’est celui, précis
162
elui, précisément, dans lequel la grande majorité
de
nos contemporains traduisent les résultats de la science d’hier, qu’i
163
ité de nos contemporains traduisent les résultats
de
la science d’hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les not
164
temporains traduisent les résultats de la science
d’
hier, qu’ils tiennent pour la suprême autorité.) Les notions de choix
165
s tiennent pour la suprême autorité.) Les notions
de
choix arbitraire, de subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau
166
prême autorité.) Les notions de choix arbitraire,
de
subjectivisme, de transcendance, sont de nouveau reçues par les mathé
167
es notions de choix arbitraire, de subjectivisme,
de
transcendance, sont de nouveau reçues par les mathématiciens et les b
168
e poussée à l’extrême ne peut nous rapprocher que
de
l’« à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notr
169
ionaliste, indéfendable aux yeux de la science et
de
la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer
170
e pratiquement la vitesse des transports. (Passer
d’
Europe en Amérique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époq
171
asser d’Europe en Amérique ne prenait guère moins
de
temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol
172
renait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque
de
Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de démarches a
173
qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée
de
vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir les visas, devises, a
174
tophe Colomb : une journée de vol plus trois mois
de
démarches afin d’obtenir les visas, devises, affidavits, etc.) La pas
175
faveur desquelles les possibilités destructrices
de
la technique sont « mises à la portée de toutes les bourses », beauco
176
uctrices de la technique sont « mises à la portée
de
toutes les bourses », beaucoup plus généreusement que ne le sont les
177
possibilités constructrices pendant les périodes
de
paix. On peut penser que l’unilatéralité, la spécialisation de notre
178
eut penser que l’unilatéralité, la spécialisation
de
notre effort scientifique, provoque ainsi les forces les mieux faites
179
ion prométhéenne. Une autre conséquence indirecte
de
l’effort scientifique doit être indiquée ici. La vulgarisation de la
180
ntifique doit être indiquée ici. La vulgarisation
de
la notion de loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait l
181
être indiquée ici. La vulgarisation de la notion
de
loi (au sens déterministe et mécaniste que lui donnait la science du
182
psychologie, la sociologie, nous servent en fait
d’
alibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’e
183
nous servent en fait d’alibis. Nous sommes tentés
de
justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’on eût app
184
qu’en d’autres temps l’on eût appelées faiblesse
de
caractère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons de perdre en l
185
tère, défaitisme ou lâcheté. Ainsi nous acceptons
de
perdre en liberté ce que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
186
n liberté ce que nous gagnons en confort (qui est
de
l’ordre de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dan
187
e que nous gagnons en confort (qui est de l’ordre
de
la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du
188
gurer qu’elle consiste à « avoir » la disposition
d’
un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S
189
le consiste à « avoir » la disposition d’un choix
d’
objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’il est vra
190
ppements devons-nous prévoir à partir du complexe
de
tensions que l’on vient de caractériser ? Au challenge de la Nature,
191
ons que l’on vient de caractériser ? Au challenge
de
la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, i
192
ne victoire totale, il s’en faut, mais les moyens
de
cette victoire sont désormais entre nos mains. La principale résistan
193
Nous poursuivons notre effort technique (maîtrise
de
l’énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nati
194
me, politique partisane). Les passions s’emparent
de
la technique et provoquent la guerre atomique. Les destructions sont
195
estructions sont telles, et le choc psychologique
de
telle nature, que la civilisation occidentale se disloque en îlots pl
196
loque en îlots plus ou moins intacts dans une mer
de
ruines, au-dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les dern
197
u moins intacts dans une mer de ruines, au-dessus
de
laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs mo
198
ux communs moraux se désintègrent. Il reste assez
d’
hommes vivants, de livres, de machines-outils et de connaissances tech
199
se désintègrent. Il reste assez d’hommes vivants,
de
livres, de machines-outils et de connaissances techniques pour mainte
200
rent. Il reste assez d’hommes vivants, de livres,
de
machines-outils et de connaissances techniques pour maintenir ici et
201
’hommes vivants, de livres, de machines-outils et
de
connaissances techniques pour maintenir ici et là des apparences de «
202
echniques pour maintenir ici et là des apparences
de
« vie normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va
203
ques pour maintenir ici et là des apparences de «
vie
normale », mais les liens profonds sont coupés. Plus rien ne va de so
204
rets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés
de
gangsters se multiplient. Dans des communautés illuministes de tous o
205
se multiplient. Dans des communautés illuministes
de
tous ordres, on expérimente des morales nouvelles et des formes nouve
206
nte des morales nouvelles et des formes nouvelles
de
résistance contre l’État vainqueur et son empire, théoriquement unive
207
vainqueur et son empire, théoriquement universel.
De
ces communautés persécutées peut sortir une spiritualité nouvelle, mè
208
utées peut sortir une spiritualité nouvelle, mère
d’
une civilisation imprévisible. 2. Nous répondons au challenge des pass
209
libres et presque instantanés sur toute l’étendue
de
la planète. Pour la première fois dans l’histoire du monde, il n’y a
210
u’une seule civilisation (l’occidentale, enrichie
d’
apports orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine, de type fédé
211
orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine,
de
type fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de s’exacerber ten
212
ales la guerre et la paix ; soit que le challenge
de
nos passions se révèle trop puissant et que notre civilisation y succ
213
y répondions victorieusement par l’établissement
d’
un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifique. (Je note ce s
214
rt scientifique. (Je note ce sentiment, incapable
de
preuve, à titre de curiosité pour l’historien futur.) 4. Surmonter
215
r.) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité
d’
une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau c
216
serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas
de
confronter l’humanité, et qui résulterait du succès même de notre eff
217
ter l’humanité, et qui résulterait du succès même
de
notre effort le plus constant ? Ce serait à coup sûr l’Ennui. Ce sen
218
n la plus typique du xixe siècle. (Sans horaires
de
tous genres, on ne pourrait imaginer le fonctionnement des grandes us
219
ération vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour
de
l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretien
220
our de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès
de
variété qui l’entretient. De fait, il est bien difficile de décider s
221
. Mais c’est l’excès de variété qui l’entretient.
De
fait, il est bien difficile de décider si la monotonie crée plus d’en
222
qui l’entretient. De fait, il est bien difficile
de
décider si la monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des imp
223
en difficile de décider si la monotonie crée plus
d’
ennui que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Ni
224
Niagara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée
d’
une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme
225
, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence
de
rythmes vivants, ou leur rupture fréquente et arbitraire. En d’autres
226
traire. En d’autres termes, c’est la mécanisation
de
l’existence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et d
227
oint choisi par quelque nécessité interne, en vue
d’
une création, d’une participation, d’une compréhension en profondeur.
228
quelque nécessité interne, en vue d’une création,
d’
une participation, d’une compréhension en profondeur. C’est donc un ac
229
erne, en vue d’une création, d’une participation,
d’
une compréhension en profondeur. C’est donc un accroissement de l’entr
230
ension en profondeur. C’est donc un accroissement
de
l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre challenge imagin
231
ssement de l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci
de
tout autre challenge imaginable, qu’il naît de l’absence même de mena
232
ci de tout autre challenge imaginable, qu’il naît
de
l’absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans un
233
hallenge imaginable, qu’il naît de l’absence même
de
menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bi
234
, l’humanité ne pourra répondre que par une prise
de
position métaphysique. Elle pourra choisir l’anesthésie spirituelle,
235
lisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes
de
conditionnement social et physiologique, dont le principe général ser
236
l et physiologique, dont le principe général sera
d’
obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question mét
237
que, dont le principe général sera d’obnubiler et
de
refouler avec une extrême vigilance toute question métaphysique que l
238
oute question métaphysique que l’Ennui risquerait
de
mettre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persé
239
robablement nomade, qui pourra devenir la matrice
d’
une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au
240
e par une élite en tous points comparable à celle
de
nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, exerçant u
241
exerçant une autorité analogue sur l’orientation
de
la recherche organisée, et définissant de facto les nouveaux standard
242
e, et définissant de facto les nouveaux standards
d’
utilité et de valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tour
243
sant de facto les nouveaux standards d’utilité et
de
valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la m
244
x standards d’utilité et de valeur. Mais l’effort
de
cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désormais « dépa
245
» — se tournera vers la découverte et la maîtrise
de
réalités d’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jo
246
era vers la découverte et la maîtrise de réalités
d’
un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jours, aussi p
247
’un autre ordre, totalement ignorées ou négligées
de
nos jours, aussi peu imaginables pour nous que ne pouvait l’être pour
248
ants du xviiie siècle la destruction instantanée
d’
une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière
249
tantanée d’une ville par suite de la dissociation
d’
un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, e
250
par suite de la dissociation d’un invisible point
de
matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et sans nom dans notre
251
je désignais en débutant par le terme symbolique
de
Fées. 1. Cette page est empruntée à mes Lettres sur la bombe atom
252
la bombe atomique , 1946. 2. Ceci est vrai aussi
de
théoriciens révolutionnaires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contr
253
ires comme Saint-Simon et Marx, qui ont contribué
d’
une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leur
254
écisive à donner forme à un avenir très différent
de
leurs prévisions. Saint-Simon a fourni les cadres du capitalisme indu
255
Toynbee, A Study of History. a. Rougemont Denis
de
, « Essai sur l’avenir », Pro regno pro sanctuario, Nijkerk, G. F. Cal
256
Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) (juin 1948)c La crise actuelle nous force à nous interrog
257
e nous force à nous interroger sur la valeur même
de
l’Europe, dans le monde, et pour chacun de nous. Que signifie l’auton
258
r même de l’Europe, dans le monde, et pour chacun
de
nous. Que signifie l’autonomie du continent, et que signifierait sa p
259
s qui pèsent sur nous mettent en cause une notion
de
l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis de
260
e une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal
de
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les per
261
liberté, que symbolise depuis des siècles le nom
d’
Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce
262
om d’Europe. En les perdant, nous serions assurés
de
perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la
263
coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens
de
la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de
264
ce qui fait à nos yeux la valeur et le sens de la
vie
. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme
265
entier en serait appauvri. C’est donc une notion
de
l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun
266
ait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et
de
la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en ell
267
nité la plus profonde. Et c’est en la définissant
d’
une manière actuelle et concrète que nous poserons les bases de la féd
268
actuelle et concrète que nous poserons les bases
de
la fédération, qui est notre seul espoir de la sauver. Primauté de
269
bases de la fédération, qui est notre seul espoir
de
la sauver. Primauté de la culture en Europe S’il est vrai que le
270
ui est notre seul espoir de la sauver. Primauté
de
la culture en Europe S’il est vrai que les motifs immédiats de nou
271
Europe S’il est vrai que les motifs immédiats
de
nous unir sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins ce
272
t vrai que les motifs immédiats de nous unir sont
d’
ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité
273
politique, il n’est pas moins certain que l’unité
de
l’Europe est essentiellement culturelle. Du point de vue de la géogra
274
e est essentiellement culturelle. Du point de vue
de
la géographie, l’Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue de
275
du monde, l’Europe reste aujourd’hui, même privée
de
sa puissance, le foyer d’une culture inégalée, plus intense, plus div
276
ujourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer
d’
une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice qu’en to
277
lus diverse et créatrice qu’en toute autre région
de
la planète. Mais il faut rendre ici au mot de culture son sens le plu
278
ion de la planète. Mais il faut rendre ici au mot
de
culture son sens le plus large et humain. La culture véritable n’est
279
e véritable n’est pas un ornement, un simple luxe
de
l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
280
ement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble
de
spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
281
mble de spécialités qui ne concernent pas l’homme
de
la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vie ; elle il
282
concernent pas l’homme de la rue. La culture naît
d’
une prise de conscience de la vie ; elle illustre, traduit et promeut
283
la rue. La culture naît d’une prise de conscience
de
la vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de
284
. La culture naît d’une prise de conscience de la
vie
; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de l’exis
285
ustre, traduit et promeut une certaine conception
de
l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne le sens. Or il est bien t
286
e ; elle en donne le sens. Or il est bien typique
de
l’Europe, aujourd’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un
287
lleurs, elle est mise au service du développement
de
l’industrie, ou de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du
288
se au service du développement de l’industrie, ou
de
certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, l
289
ont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants
de
l’économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses acti
290
aire, c’est la culture qui exprime le sens humain
de
la vie politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influen
291
c’est la culture qui exprime le sens humain de la
vie
politique et de l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et
292
qui exprime le sens humain de la vie politique et
de
l’économie ; c’est elle qui vise à les influencer, et permet de les c
293
; c’est elle qui vise à les influencer, et permet
de
les critiquer. La primauté de la culture appartient donc à la définit
294
fluencer, et permet de les critiquer. La primauté
de
la culture appartient donc à la définition de l’Europe. Maintenir et
295
uté de la culture appartient donc à la définition
de
l’Europe. Maintenir et promouvoir notre culture, cela signifie d’abor
296
Européens : élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moye
297
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté. Cela signifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
298
nifie ensuite : harmoniser les moyens et les fins
de
l’existence ; s’efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités
299
es moyens et les fins de l’existence ; s’efforcer
de
rapporter sans cesse toutes les activités publiques et privées à une
300
privées à une notion toujours plus haute et large
de
l’homme et de sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le
301
notion toujours plus haute et large de l’homme et
de
sa liberté ; aménager et transformer en conséquence le cadre de la vi
302
; aménager et transformer en conséquence le cadre
de
la vie et les institutions. La conception européenne de l’homme
303
ager et transformer en conséquence le cadre de la
vie
et les institutions. La conception européenne de l’homme Élargi
304
et les institutions. La conception européenne
de
l’homme Élargir et approfondir la conception de l’homme et de sa l
305
e l’homme Élargir et approfondir la conception
de
l’homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une d
306
largir et approfondir la conception de l’homme et
de
sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique
307
e sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage
d’
une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, mais au cont
308
été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique,
d’
une nation ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours,
309
l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou
d’
une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant
310
, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet
d’
un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragique, entr
311
doctrines ou plusieurs confessions, une vingtaine
de
nations, et une infinité d’écoles et de génies individuels : tous, il
312
ssions, une vingtaine de nations, et une infinité
d’
écoles et de génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Eu
313
vingtaine de nations, et une infinité d’écoles et
de
génies individuels : tous, ils ont contribué à faire l’Europe et à mo
314
é à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne
de
l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; ell
315
le trouve son unité dans la diversité des couples
d’
éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun de nous e
316
tagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun
de
nous et se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianism
317
et protestantisme, attachements régionaux et sens
de
l’universel, mémoire et invention, respect de la tradition et passion
318
ens de l’universel, mémoire et invention, respect
de
la tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et
319
e… Dans cet équilibre tendu, et sans cesse menacé
de
rupture au profit de l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risqu
320
tendu, et sans cesse menacé de rupture au profit
de
l’un ou l’autre de ses éléments, réside le risque original de l’homme
321
se menacé de rupture au profit de l’un ou l’autre
de
ses éléments, réside le risque original de l’homme européen, son aven
322
’autre de ses éléments, réside le risque original
de
l’homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous p
323
ropéen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun
de
nous participe plus ou moins consciemment réside le secret du dynamis
324
mment réside le secret du dynamisme occidental et
de
l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question,
325
ice qui pousse l’Européen à remettre en question,
de
siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État
326
naisons variées à l’infini qu’il lui est possible
d’
opérer entre les éléments contradictoires constituant son patrimoine,
327
patrimoine, réside la chance, pour tout Européen,
d’
individualiser de plus en plus ses jugements et son mode de vie. Et en
328
ns ce choix permanent, dans la conscience qu’il a
d’
en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histo
329
istoire illustre ce débat, qui se livre en chacun
de
nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entr
330
n chacun de nous. Elle est l’histoire des risques
de
la liberté, progressant entre les écueils du désordre et de la tyrann
331
rté, progressant entre les écueils du désordre et
de
la tyrannie… Le schéma de ce progrès est simple. Pour peu que l’indiv
332
écueils du désordre et de la tyrannie… Le schéma
de
ce progrès est simple. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits
333
grès est simple. Pour peu que l’individu, abusant
de
ses droits et de sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l
334
Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et
de
sa liberté, devenue facile, cède à la tentation de l’anarchie ou à ce
335
e sa liberté, devenue facile, cède à la tentation
de
l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste s
336
ile, cède à la tentation de l’anarchie ou à celle
de
l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la
337
llectiviste se déclenche, au nom de la justice ou
de
l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on a
338
à se dresser avec une passion renouvelée le génie
de
la diversité, c’est-à-dire de la liberté. Si nous cherchons maintenan
339
renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire
de
la liberté. Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune d
340
s cherchons maintenant dans quelle notion commune
de
l’homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’indiv
341
intenant dans quelle notion commune de l’homme et
de
sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualisme et d
342
t de sa destinée se fonde cette critique alternée
de
l’individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes les époques
343
qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe
de
notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’est l’idé
344
été l’axe de notre histoire, la vision directrice
de
nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
345
ion directrice de nos révolutions : c’est l’idéal
de
la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et r
346
’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion
d’
origine chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de
347
e, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle
de
l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité ;
348
on pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu
d’
une synthèse vivante, mais aussi d’un conflit entre des exigences égal
349
engagé ; lieu d’une synthèse vivante, mais aussi
d’
un conflit entre des exigences également valables mais pratiquement an
350
devient infidèle à lui-même et au génie créateur
de
l’Europe lorsqu’il cède à la tentation de supprimer les antagonismes,
351
réateur de l’Europe lorsqu’il cède à la tentation
de
supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa p
352
de supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie
de
s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit q
353
idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous
d’
une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et division des na
354
et des idéologies Cette description succincte
de
l’homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-
355
succincte de l’homme européen nous met en mesure
de
clarifier maintenant quelques-uns des problèmes brûlants que nous pos
356
ntinent, a fait pendant des siècles l’originalité
de
l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais par suite de la collusio
357
siècles l’originalité de l’Europe et la fécondité
de
sa culture. Mais par suite de la collusion de la nation et de l’État,
358
ité de sa culture. Mais par suite de la collusion
de
la nation et de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réa
359
e. Mais par suite de la collusion de la nation et
de
l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelle
360
iques et administratives, qui n’ont aucune raison
de
se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division
361
uvrit nos échanges culturels. Elle laisse chacune
de
nos patries incapable de sauvegarder son autonomie politique, ou d’as
362
els. Elle laisse chacune de nos patries incapable
de
sauvegarder son autonomie politique, ou d’assurer son existence écono
363
apable de sauvegarder son autonomie politique, ou
d’
assurer son existence économique. Cet individualisme national, qui ten
364
cie, constitue aujourd’hui le pire danger pour la
vie
réelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il les met, il les li
365
anger pour la vie réelle des nations. Dans l’état
de
faiblesse où il les met, il les livrera fatalement à l’unification fo
366
t à l’unification forcée, soit par l’intervention
d’
un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est
367
tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation
d’
un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seu
368
logies. Aussi indispensables que les nations à la
vie
de la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à d
369
es. Aussi indispensables que les nations à la vie
de
la culture et à la liberté, ces diversités à leur tour tendent à deve
370
ngereuse et utopique que ne serait l’impérialisme
d’
une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni
371
uche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables
de
créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à lui seul, de
372
urd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun
de
ces partis n’est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par
373
cun de ces partis n’est donc capable, à lui seul,
de
sauver l’Europe, ni par suite son propre avenir. De même que les nati
374
son propre avenir. De même que les nations n’ont
de
chance de survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
375
e avenir. De même que les nations n’ont de chance
de
survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique de leur s
376
ue si elles renoncent à temps au dogme tyrannique
de
leur souveraineté absolue, les partis n’ont de chance de poursuivre l
377
ue de leur souveraineté absolue, les partis n’ont
de
chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, ren
378
souveraineté absolue, les partis n’ont de chance
de
poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambition, renoncent à t
379
ubordonnent leur tactique à la stratégie générale
d’
une action de salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour
380
eur tactique à la stratégie générale d’une action
de
salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour sauver nos d
381
de salut public européen. c. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) », Fédération, Par
382
t Denis de, « Pour sauver nos diversités (le sens
de
La Haye) », Fédération, Paris, juin 1948, p. 14-15.
383
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
384
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
385
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
386
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
387
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
388
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
389
fondamental, et que personne ne peut nier : Aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
390
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl
391
à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
392
omie moderne. Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
393
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
394
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
395
à-dire la Troisième puissance, qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
396
e puissance, qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
397
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
398
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
399
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
400
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
401
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
402
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
403
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
404
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
405
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
406
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
407
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
408
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
409
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela « soulè
410
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
411
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ic
412
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses, et je ne dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nou
413
ntre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
414
s nous occupons de la paix. On nous répète sur le
mode
solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespe
415
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
416
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
417
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
418
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
419
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
420
re l’Europe. Mais quelle Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
421
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
422
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
423
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
424
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
425
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
426
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
427
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
428
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
429
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leur ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les au
430
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
431
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
432
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
433
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
434
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
435
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
436
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
437
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
438
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
439
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
440
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
441
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
442
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle sa liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
443
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
444
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
445
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
446
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
447
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
448
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
449
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps, par
450
ps, par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
451
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
452
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolog
453
re sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
454
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
455
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
456
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
457
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
458
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
459
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
460
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
461
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
462
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
463
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec to
464
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. Certes, nous voulons faire l’Europe avec tout le monde
465
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
466
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de « mystifications » par les forces impérialistes… C’est ain
467
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
« mystifications » par les forces impérialistes… C’est ainsi qu’on pe
468
pose à votre admiration : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
469
suffirait. Mais soyons sérieux : quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
470
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
471
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
472
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
473
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
474
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
475
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
476
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
477
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au m
478
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. d. Rougemont Denis de, « Pourquoi l’Europe ? », Rasse
479
forte enfin de l’espérance. d. Rougemont Denis
de
, « Pourquoi l’Europe ? », Rassemblement : bulletin intérieur hebdomad
480
ette note : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse
de
tant d’essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récem
481
e : « Denis de Rougemont, l’auteur suisse de tant
d’
essais réputés outre-Atlantique comme en France, et tout récemment des
482
nt de faire, en tant que membre du Comité central
de
l’Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les
483
à quel point les préoccupations et les positions
de
l’auteur de Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblemen
484
t les préoccupations et les positions de l’auteur
de
Penser avec les mains rejoignent celles du Rassemblement. »
485
règlements scolaires sont stricts : toute absence
d’
un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes
486
réputées légitimes », telle que maladie, réunion
de
famille exceptionnelle, impossibilité de circuler, etc. doit être pun
487
réunion de famille exceptionnelle, impossibilité
de
circuler, etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervall
488
lors subie par les parents ou responsables, et va
de
l’amende à la prison selon les cas et les pays. On imagine tous les c
489
s aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir
de
ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine de dossier
490
le se servir de ceux-ci contre celle-là. Je viens
d’
examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes
491
ontre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine
de
dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois pays : la Bel
492
ns plusieurs départements, après que les demandes
de
dispense ont été refusées « au nom de la loi », il est arrivé fréquem
493
loi », il est arrivé fréquemment que le directeur
d’
une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent finalement à inte
494
ent que le directeur d’une école, ou l’inspecteur
d’
académie, consentissent finalement à interpréter la loi, et à suspendr
495
n Algérie ou en Alsace, des amendes ou des peines
de
prison ont été infligées aux pères d’enfants absents plusieurs samedi
496
des peines de prison ont été infligées aux pères
d’
enfants absents plusieurs samedis de suite. D’innombrables démarches a
497
ées aux pères d’enfants absents plusieurs samedis
de
suite. D’innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignemen
498
res d’enfants absents plusieurs samedis de suite.
D’
innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignement, des pré
499
te. D’innombrables démarches auprès des autorités
de
l’enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré
500
quel que soit le désir, dont beaucoup témoignent,
d’
assurer l’exercice réel de la liberté de conscience, il arrive que la
501
nt beaucoup témoignent, d’assurer l’exercice réel
de
la liberté de conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’e
502
moignent, d’assurer l’exercice réel de la liberté
de
conscience, il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit de tolér
503
la liberté de conscience, il arrive que la lettre
d’
un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve de préte
504
il arrive que la lettre d’un décret tue l’esprit
de
tolérance là où il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit d’i
505
e l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve
de
prétexte facile à l’esprit d’intolérance. En Suisse, la situation dif
506
il existe, ou serve de prétexte facile à l’esprit
d’
intolérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’un canton à l’
507
lérance. En Suisse, la situation diffère beaucoup
d’
un canton à l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé
508
nquait l’école le samedi matin, et qu’il refusait
de
payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se re
509
medi matin, et qu’il refusait de payer une amende
de
2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d
510
ce : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable
d’
une faute, et ses convictions religieuses lui interdisent de l’admettr
511
e, et ses convictions religieuses lui interdisent
de
l’admettre. À ce jour M. D… a subi quatre emprisonnements, pour cinqu
512
uatre emprisonnements, pour cinquante-sept heures
d’
absence de sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a acce
513
isonnements, pour cinquante-sept heures d’absence
de
sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté de pay
514
autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté
de
payer des amendes allant successivement de 3 à 12 francs par absence
515
ccepté de payer des amendes allant successivement
de
3 à 12 francs par absence de sa fillette à l’école communale, mais n’
516
llant successivement de 3 à 12 francs par absence
de
sa fillette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (
517
après « récidives ») à trois, puis à quatre jours
de
prison. Renonçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un cant
518
loi paraît plus tolérante. L’instruction primaire
de
son enfant lui a coûté la somme de 3000 francs suisses, amendes compr
519
ction primaire de son enfant lui a coûté la somme
de
3000 francs suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer une diza
520
ous disent les gens pressés : qu’il ne s’agit que
de
cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nombre, qu’ils
521
tistes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort
de
s’obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la sema
522
e, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question
de
numéros attribués aux jours de la semaine, et qu’enfin tout cela ne m
523
r sur une question de numéros attribués aux jours
de
la semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, d
524
semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop
d’
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver des millio
525
indignation, dans une époque où il s’agit d’abord
de
sauver des millions d’innocents jetés aux camps de concentration ou a
526
poque où il s’agit d’abord de sauver des millions
d’
innocents jetés aux camps de concentration ou aux travaux forcés. Rema
527
e sauver des millions d’innocents jetés aux camps
de
concentration ou aux travaux forcés. Remarquons tout d’abord que le n
528
que les bonnes gens qui parleraient volontiers «
d’
exceptions négligeables » dans le cas d’une secte brimée, ne voient pa
529
ontiers « d’exceptions négligeables » dans le cas
d’
une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bonne logi
530
, dont le nombre est infime. Ensuite, la question
de
savoir si les adventistes ont tort ou raison de préférer le samedi au
531
n de savoir si les adventistes ont tort ou raison
de
préférer le samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davan
532
ison de préférer le samedi au dimanche comme jour
de
repos, ne doit pas davantage intervenir dans la considération des fai
533
qui nous occupent. Il s’agit ici du respect légal
de
toutes les convictions religieuses en tant que telles, et non point d
534
uses en tant que telles, et non point du jugement
de
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre de ces convictions,
535
vérité que l’on peut porter sur l’une ou l’autre
de
ces convictions, car si les deux points de vue n’étaient pas dissocié
536
nutieusement ces libertés. Céder sur une question
de
principe, sous prétexte qu’elle n’intéresse qu’une minorité microscop
537
écise, suffirait à résoudre des conflits du genre
de
ceux que l’on vient de citer. Il serait, par exemple, extrêmement fac
538
citer. Il serait, par exemple, extrêmement facile
d’
introduire dans les règlements scolaires de toutes les démocraties une
539
facile d’introduire dans les règlements scolaires
de
toutes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des «
540
éciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes
d’
absence aux cours » le fait d’appartenir à certaines religions, sectes
541
« motifs légitimes d’absence aux cours » le fait
d’
appartenir à certaines religions, sectes ou confessions. À cela j’imag
542
ions courantes : on dira qu’il est trop compliqué
de
prévoir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des p
543
ir tous les cas possibles, ou qu’il est dangereux
de
créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tenté
544
ont mille sectes à l’avenir pourront être tentées
d’
abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pénales décriv
545
is pénales décrivent dans le détail des centaines
de
cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lois fiscales,
546
il des centaines de cas bien plus rares que celui
de
nos adventistes. Les lois fiscales, les lois sur les loyers et les «
547
ns à distinguer, à nuancer, à préciser, à prévoir
d’
infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien
548
à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’agit
de
punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateu
549
’infimes variations. Lorsqu’il s’agit de punir ou
de
faire payer, rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’a
550
ur le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace
de
ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droit
551
itutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient
d’
être raillées comme de belles abstractions. Quant à la crainte qu’on d
552
t la Démocratie cesseraient d’être raillées comme
de
belles abstractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « pa
553
n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit
d’
une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des
554
uble confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas
d’
accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « libe
555
s d’accorder des droits spéciaux, mais simplement
de
concrétiser la « liberté de conscience » que toutes nos démocraties p
556
iaux, mais simplement de concrétiser la « liberté
de
conscience » que toutes nos démocraties proclament à l’envi. Et d’aut
557
roclament à l’envi. Et d’autre part, il n’y a pas
de
vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement
558
t, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas
de
ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux o
559
s plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que
d’
ajouter quelques clauses aux milliers d’autres, utiles ou non, qui s’a
560
montrent soudain les plus stricts dans leur refus
de
considérer les droits d’une petite confession qui ne menace personne.
561
stricts dans leur refus de considérer les droits
d’
une petite confession qui ne menace personne. On les honore d’avoir sa
562
confession qui ne menace personne. On les honore
d’
avoir sauvé d’une extinction probable la langue romanche, et de l’avoi
563
i ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé
d’
une extinction probable la langue romanche, et de l’avoir élevée au ra
564
d’une extinction probable la langue romanche, et
de
l’avoir élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle ne soit parl
565
la langue romanche, et de l’avoir élevée au rang
de
langue nationale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins d’un cent
566
ionale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins
d’
un centième de la population totale du pays. Comment ne verraient-ils
567
u’elle ne soit parlée que par moins d’un centième
de
la population totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assu
568
nt ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits
d’
une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qui, depuis
569
ils confirmeraient les principes qui, depuis plus
d’
un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur p
570
s qui, depuis plus d’un siècle, sont la base même
de
leur indépendance nationale, de leur prospérité et de leur paix ? L’e
571
sont la base même de leur indépendance nationale,
de
leur prospérité et de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des d
572
eur indépendance nationale, de leur prospérité et
de
leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particulièr
573
tent leurs croyances, m’a paru propre à illustrer
d’
une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse
574
er d’une manière bien précise le problème général
de
la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire,
575
aru poser le plus clairement possible la question
de
principe du respect effectif des libertés théoriquement admises par l
576
, mais je sais que toute restriction à la liberté
d’
un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du
577
n à la liberté d’un seul groupe menace la liberté
de
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune de nos religions, ne
578
tous les autres — et donc aussi du mien. Chacune
de
nos religions, ne l’oublions jamais, est en quelque manière ou quelqu
579
ersécution qu’une autre endure. Est-il nécessaire
d’
ajouter qu’il en va de même pour nos droits politiques et civiques ? O
580
r la liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant
de
la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La liberté religieuse
581
çant de la sauver partout. h. Rougemont Denis
de
, « La liberté religieuse à l’école », Conscience et Liberté, Paris, 1
582
i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas
de
petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Au
583
ar la note suivante : « Il n’est pas de petite ou
de
grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une r
584
t, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte
de
lui accorder. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans les pages qu
585
’est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature
de
la liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une er
586
l’Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée
d’
un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il était temps
587
que l’idée d’un gouvernement mondial vient enfin
d’
atteindre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air
588
mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous avons l’air
de
dire moins, beaucoup moins, en vous parlant de notre petite Europe. N
589
ir de dire moins, beaucoup moins, en vous parlant
de
notre petite Europe. Nous allons faire figure de provinciaux ou de na
590
de notre petite Europe. Nous allons faire figure
de
provinciaux ou de nationalistes attardés. Et l’on va nous demander :
591
urope. Nous allons faire figure de provinciaux ou
de
nationalistes attardés. Et l’on va nous demander : pourquoi l’Europe
592
rticulier : c’est qu’il faut lui montrer un point
d’
application. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans la réalité
593
élan émotif dans la réalité, on a toujours l’air
de
freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bi
594
renons au mot. Et nous vous proposons une méthode
de
travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédia
595
déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est
de
commencer par l’Europe. Car nous pensons que le chemin vers la paix,
596
u ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit
de
parler ainsi, puisqu’au lendemain d’Hiroshima, il y a trois ans, je m
597
tre le droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain
d’
Hiroshima, il y a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à pro
598
ouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer
de
ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en ar
599
revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu
d’
avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Vo
600
quelles raisons, les plus simples du monde, mais
d’
une logique à laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me s
601
laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen
de
me soustraire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planèt
602
traire : Devant le nez des premiers enthousiastes
de
la Planète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rid
603
peuples unis — et j’en étais — un certain rideau
de
fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a commencé. La situat
604
server, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie
de
se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de l
605
rment-ils. Ils proclament au contraire leur amour
de
la paix. Seulement, ils le proclament d’une voix de plus en plus bour
606
ur amour de la paix. Seulement, ils le proclament
d’
une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale
607
contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’empêcher
de
penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela
608
cune des nations qui la composent se voit menacée
d’
annexion politique ou de colonisation économique, par l’un des deux em
609
composent se voit menacée d’annexion politique ou
de
colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent l
610
fondamental, et que personne ne peut nier : aucun
de
nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép
611
s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse
de
son indépendance ; aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les prob
612
une défense sérieuse de son indépendance ; aucun
de
nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi
613
ie moderne. ⁂ Les conclusions que l’on doit tirer
de
ce double fait sont d’une tragique simplicité. Si les choses continue
614
usions que l’on doit tirer de ce double fait sont
d’
une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1
615
tinuent comme elles vont : 1° Les différents pays
de
l’Europe seront annexés ou colonisés les uns après les autres ; 2° La
616
4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien
d’
être enfin la dernière, parce qu’elle laissera peu de monde pour en fa
617
aussi tout cela nous conduit, avec la force même
de
l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver
618
et unique solution. Si nous voulons sauver chacun
de
nos pays, il nous faut unir ces pays. Si nous voulons sauver la paix,
619
-à-dire la troisième puissance qui serait capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit
620
me puissance qui serait capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Et si l’on me dit que l’Europe, même
621
iffre, qu’on a tendance à oublier : La population
de
l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est d’environ
622
de l’Europe occidentale, donc à l’ouest du rideau
de
fer, est d’environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Am
623
occidentale, donc à l’ouest du rideau de fer, est
d’
environ 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’Amérique, et a
624
t tous ses satellites réunis. Si ces 300 millions
d’
habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’il
625
qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent
de
porter tout leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
626
s, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids
d’
un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agre
627
leur poids d’un seul côté, ils seraient en mesure
d’
agir, de faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. I
628
ds d’un seul côté, ils seraient en mesure d’agir,
de
faire réfléchir l’agresseur, et de sauver la paix du monde. Il reste
629
mesure d’agir, de faire réfléchir l’agresseur, et
de
sauver la paix du monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’
630
monde. Il reste à trouver la méthode, les moyens
d’
une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce qu
631
s d’une action immédiate. Ici, les choses cessent
d’
être simples, parce que l’Europe est la réalité la plus complexe de la
632
arce que l’Europe est la réalité la plus complexe
de
la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur l
633
ité la plus complexe de la terre, et qu’il s’agit
d’
en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela « soul
634
ultés. On nous dit : qu’est-ce que c’est, l’unité
de
l’Europe ? Est-ce que c’est culturel ? ou politique ? ou économique ?
635
? ou politique ? ou économique ? Très bons sujets
d’
articles ou même de thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — m
636
économique ? Très bons sujets d’articles ou même
de
thèses — et je ne dirai rien contre les thèses — mais nous nous occup
637
rien contre les thèses — mais nous nous occupons
de
la paix. On nous répète sur le mode solennel que l’Europe c’est Pasca
638
s nous occupons de la paix. On nous répète sur le
mode
solennel que l’Europe c’est Pascal et Goethe, c’est Dante et Shakespe
639
société des esprits. C’est aussi les personnages
de
Courteline et ceux de Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces p
640
C’est aussi les personnages de Courteline et ceux
de
Bourget, et ceux de Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la p
641
onnages de Courteline et ceux de Bourget, et ceux
de
Kafka, et c’est aussi ces paysans ahuris par la politique qui vient d
642
st aussi tous ceux qui n’ont jamais été les héros
d’
aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans
643
s d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose
de
ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais bea
644
ns viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-ils
de
commun entre eux ? Quelle unité voyez-vous dans tout cela ? Eh bien,
645
e : tous ces gens partagent le même sort, le sort
de
l’Europe, c’est-à-dire que si l’on ne fait rien, ils seront tous les
646
s gens ont en commun le dégoût et la peur immense
de
la guerre, et nous voulons pour eux et avec eux faire la paix. Voilà
647
aincre. ⁂ J’en reviens à la méthode et aux moyens
d’
action. Aux impatients qui rêvent d’unifier le genre humain dans les q
648
et aux moyens d’action. Aux impatients qui rêvent
d’
unifier le genre humain dans les quinze jours, le plus grand choc que
649
e plus grand choc que l’on puisse réserver, c’est
de
les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore
650
c’est de les faire prendre une part active à l’un
de
ces congrès où s’élabore notre fédération européenne. Car c’est préci
651
parti au pouvoir et une opposition, un seul type
de
drug-store, et une morale moyenne, dont l’idée générale est justement
652
orale moyenne, dont l’idée générale est justement
d’
éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie,
653
ement d’éviter les conflits quotidiens et non pas
de
les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête,
654
le : une seule tête, un parti, une police, et pas
d’
opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines d
655
dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaines
de
nations avec leurs traditions, presque autant de langues, cinq ou six
656
de nations avec leurs traditions, presque autant
de
langues, cinq ou six grandes cultures, d’innombrables morales contrad
657
autant de langues, cinq ou six grandes cultures,
d’
innombrables morales contradictoires, et je ne sais combien de partis
658
es morales contradictoires, et je ne sais combien
de
partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’exp
659
ires, et je ne sais combien de partis politiques,
de
styles, d’écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques m
660
ne sais combien de partis politiques, de styles,
d’
écoles qui s’anathématisent, et d’expériences économiques moins ration
661
ues, de styles, d’écoles qui s’anathématisent, et
d’
expériences économiques moins rationnelles que polémiques. Et cela n’e
662
onsiste dans les combinaisons et les permutations
d’
une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et d
663
mbinaisons et les permutations d’une longue série
d’
antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droite, insulaires e
664
autres couples combinés et permutés, sans parler
de
leurs ménages à trois, et nul d’entre eux ne saurait vivre sans les a
665
ntre eux ne peut prétendre à dominer. Quel panier
de
crabes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que l
666
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse
de
l’Europe comme ses misères, et sa grandeur comme ses bassesses, et au
667
son dynamisme incomparable, sont nés précisément
de
ces tensions, de ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cet
668
comparable, sont nés précisément de ces tensions,
de
ces dialogues, de cette infinie polémique. De là cette inquiétude cré
669
és précisément de ces tensions, de ces dialogues,
de
cette infinie polémique. De là cette inquiétude créatrice qui pousse
670
ns, de ces dialogues, de cette infinie polémique.
De
là cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen, de siècle en siè
671
cette inquiétude créatrice qui pousse l’Européen,
de
siècle en siècle, à remettre en question ses rapports avec Dieu, avec
672
, avec le monde, avec la société, avec lui-même ;
de
là tant de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont d’autre
673
ilemmes accentués à plaisir, et qui souvent n’ont
d’
autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention ; de
674
a violence, souvent aussi forcent à l’invention ;
de
là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la co
675
ent à l’invention ; de là enfin cette possibilité
de
choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’E
676
ion ; de là enfin cette possibilité de choisir et
de
se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appell
677
r et de se risquer, qui est la condition première
de
ce que l’Européen appelle la liberté. Voilà pourquoi il serait crimin
678
serait criminel, s’il n’était d’abord impossible,
de
faire dépendre l’unité du continent d’une préalable mise au pas, inte
679
mpossible, de faire dépendre l’unité du continent
d’
une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unificat
680
éalable mise au pas, intellectuelle ou politique,
d’
une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéol
681
cation des mœurs et des doctrines, ou du triomphe
d’
une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni l
682
mple, n’ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux
de
convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’une manière décisive. Q
683
e espoir sérieux de convaincre leur adversaire ou
de
l’éliminer d’une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour
684
ux de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer
d’
une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps par l
685
mps par la force, il resterait dix autres couples
d’
adversaires à pacifier. À supposer qu’on y parvienne enfin, en combina
686
vienne enfin, en combinant tous les moyens connus
de
simplification du genre humain, du penthotal au plutonium en passant
687
fera l’Europe, puisque le problème est justement
de
la faire sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’une idéolo
688
e sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut
d’
une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédes
689
s mais également valables, et qu’il ne s’agit pas
de
subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en tensio
690
autre, mais au contraire de maintenir en tension,
de
composer en vivant équilibre. Ainsi sur le plan politique : autonomie
691
és locales et pouvoir central limité. Sur le plan
de
l’économie : secteur libre et secteur dirigé, ou encore : risque et a
692
les plans, la formule est la même. Qu’il s’agisse
de
contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’esthétique,
693
est la même. Qu’il s’agisse de contrats privés ou
de
politique générale, d’économie ou d’esthétique, le problème restera t
694
isse de contrats privés ou de politique générale,
d’
économie ou d’esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la f
695
ts privés ou de politique générale, d’économie ou
d’
esthétique, le problème restera toujours d’éviter à la fois l’isolatio
696
mie ou d’esthétique, le problème restera toujours
d’
éviter à la fois l’isolation stérile et l’uniformité contrainte, l’ana
697
ans la diversité, c’est-à-dire l’antithèse exacte
de
la formule totalitaire, qui est la réduction forcée à l’uniforme. Tel
698
ent trahie par la plupart des bâtisseurs modernes
d’
États ou de constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.
699
par la plupart des bâtisseurs modernes d’États ou
de
constitutions. (On ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile d
700
ne peut guère excepter que les Suisses.) Inutile
d’
insister : la méthode du fédéralisme est la seule qui soit adaptée à n
701
ropéennes. Faire du fédéralisme, c’est donc faire
de
l’Europe, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases de la paix. ⁂ I
702
rope, c’est-à-dire, pratiquement, faire les bases
de
la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions de combat que nous assig
703
s de la paix. ⁂ Il reste à préciser les positions
de
combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, nous voulons f
704
ptent, avec toutes les nations qui ont la liberté
de
l’accepter, avec toutes les religions ou les irréligions, et avec tou
705
s en préconisant le fédéralisme à tous les étages
de
la société, dans la commune et l’entreprise d’abord, puis à l’échelle
706
savons bien que nous heurtons certaines habitudes
de
pensée à la fois nationalistes et rationalistes, c’est-à-dire en un m
707
ure des obstacles qu’elle trouve posés en travers
de
sa route vers l’Europe fédérée et vers la paix — à la destruction du
708
et que Nietzsche appelait un jour « le plus froid
de
tous les monstres froids » — l’État-nation, cause et produit de toute
709
nstres froids » — l’État-nation, cause et produit
de
toutes nos guerres. Sur ce point-là, nous serons à notre tour irréduc
710
e que nous voulons supprimer, c’est l’étatisation
de
la nation elle-même ; c’est la confiscation de ses forces vives par l
711
on de la nation elle-même ; c’est la confiscation
de
ses forces vives par la machine imbécile de l’État, et c’est enfin le
712
ation de ses forces vives par la machine imbécile
de
l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nati
713
nous demandons et préparons, comme premier point
de
tout notre programme, l’institution d’une Cour suprême européenne, c’
714
mier point de tout notre programme, l’institution
d’
une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir supérieur aux É
715
ution d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire
d’
un pouvoir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardie
716
États. Cette Cour suprême doit être la gardienne
d’
une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en app
717
me doit être la gardienne d’une Charte des droits
de
la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre les pouvoir
718
t qui garantit les libertés européennes, le droit
d’
opposition légale contre l’État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas
719
e droit d’opposition légale contre l’État. Parler
de
démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
720
n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler
de
dictature : voir les démocraties dites populaires. Les vues que j’ex
721
férence des Cinq va peut-être accepter notre plan
de
Parlement européen. Cette assemblée, que nous voulons élue à la fois
722
a fois par les parlements et par les forces vives
de
chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle aura pour missio
723
réunir dans quelques mois. Elle aura pour mission
de
proposer la création d’une Cour suprême et la Constitution fédérale d
724
s. Elle aura pour mission de proposer la création
d’
une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelqu
725
on d’une Cour suprême et la Constitution fédérale
de
l’Europe. C’est quelque chose, qui peut devenir beaucoup… Mais nous s
726
instant dévier vers on ne sait quelles alliances
d’
États souverains pris de panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans tr
727
ne sait quelles alliances d’États souverains pris
de
panique, ou d’états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait
728
alliances d’États souverains pris de panique, ou
d’
états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on ne sait quelles déclara
729
; vers on ne sait quelles déclarations sans rire
de
sécurité collective ; vers on ne sait quelle coalition sur le papier
730
le coalition sur le papier qui se donnerait l’air
de
provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force néces
731
ger l’agression… C’est donc, pour nous, le moment
d’
être forts dans les conseils européens — de rallier l’opinion active d
732
moment d’être forts dans les conseils européens —
de
rallier l’opinion active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et d
733
active derrière nos avant-gardes fédéralistes, et
d’
imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux dir
734
e populaire, ou pour mieux dire : à l’information
de
la masse. Car on aurait bien tort de croire que Vichinski peut, à lui
735
’information de la masse. Car on aurait bien tort
de
croire que Vichinski peut, à lui seul, faire tout le travail et créer
736
plus entendre, pour l’avoir lue dans une centaine
de
comptes rendus de nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci :
737
r l’avoir lue dans une centaine de comptes rendus
de
nos réunions et de nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons
738
une centaine de comptes rendus de nos réunions et
de
nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous ne pouvons que souhaiter bonn
739
eux pionniers du fédéralisme. » C’est une manière
de
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons de loin vos efforts
740
dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons
de
loin vos efforts, et si vous gagnez par miracle, bien entendu, nous v
741
a ceux qui nous applaudissent, comme ces soldats
de
je ne sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sor
742
ans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir
de
la tranchée et s’élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bra
743
de même nous restons à l’écart, vous courez trop
de
dangers de ‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ain
744
us restons à l’écart, vous courez trop de dangers
de
‟mystifications” par les forces impérialistes… » C’est ainsi qu’on po
745
cette phrase admirable : Affirmer une vigilance
de
fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c
746
suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il s’agit
de
voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dénoncent
747
battons chaque jour contre elles), ces vigilants
de
fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont p
748
bsents. Il y a ceux qui nous reprochent certaines
de
nos alliances tactiques. Ils veulent bien faire l’Europe, ils veulent
749
t la leçon du jour. C’est qu’ils ont oublié celle
d’
hier. Ils oublient que Staline lui-même s’est allié à Churchill pour b
750
us disent non sans raison : « Nous sommes saturés
de
discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ou
751
bien tort quand il cherchait un homme à la lueur
de
sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plu
752
omme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait
d’
en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bata
753
d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen
d’
en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous
754
ralisme court sa chance, et avec elle les chances
de
la paix. Si nous voulons la paix, nous devons vouloir ses moyens : l’
755
rd’hui qu’il faut en courir l’aventure. Il dépend
de
nous, Européens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous q
756
courir l’aventure. Il dépend de nous, Européens,
de
prendre la guerre de vitesse. Il dépend de nous que le jour soit proc
757
l dépend de nous, Européens, de prendre la guerre
de
vitesse. Il dépend de nous que le jour soit prochain où les voix conc
758
péens, de prendre la guerre de vitesse. Il dépend
de
nous que le jour soit prochain où les voix concertées de l’Europe, pr
759
que le jour soit prochain où les voix concertées
de
l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au m
760
ntendre au monde entier comme la voix forte enfin
de
l’espérance. f. Rougemont Denis de, « Pour sauver la paix : commen
761
forte enfin de l’espérance. f. Rougemont Denis
de
, « Pour sauver la paix : commencer par l’Europe », Fédération, Paris,
762
eurs européennes viennent de l’esprit, et non pas
de
la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déchiq
763
Comment expliquer autrement que ce cap déchiqueté
de
l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième de sa popu
764
r autrement que ce cap déchiqueté de l’Asie — 4 %
de
la superficie du globe, moins d’un sixième de sa population — ait pu
765
de l’Asie — 4 % de la superficie du globe, moins
d’
un sixième de sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant p
766
4 % de la superficie du globe, moins d’un sixième
de
sa population — ait pu régner sur toute la terre, tant par ses armes
767
l qu’exerçaient ses pouvoirs sur les choses et la
vie
? Les causes de cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap »,
768
es pouvoirs sur les choses et la vie ? Les causes
de
cette puissance, naguère mondiale, du « petit cap », furent très dive
769
urope a dominé par ses techniques, par sa science
de
la mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a
770
s techniques, par sa science de la mise en valeur
d’
un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violenc
771
aussi, et par la mise en esclavage ou en servage
de
centaines de millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a d
772
r la mise en esclavage ou en servage de centaines
de
millions d’habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une m
773
esclavage ou en servage de centaines de millions
d’
habitants de la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beauc
774
u en servage de centaines de millions d’habitants
de
la planète. Finalement, elle a dominé d’une manière beaucoup plus sub
775
abitants de la planète. Finalement, elle a dominé
d’
une manière beaucoup plus subtile, et peut-être plus effective, en imp
776
n imposant à tous les continents un certain angle
de
vision de la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme,
777
à tous les continents un certain angle de vision
de
la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dé
778
ertain angle de vision de la destinée, une notion
de
l’homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands concepts
779
ristianisme, et dont dérivent les grands concepts
de
liberté et de justice, de dignité de la personne et de responsabilité
780
t dont dérivent les grands concepts de liberté et
de
justice, de dignité de la personne et de responsabilité sociale, conc
781
ent les grands concepts de liberté et de justice,
de
dignité de la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se
782
nds concepts de liberté et de justice, de dignité
de
la personne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament,
783
berté et de justice, de dignité de la personne et
de
responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au xxe siècle, l
784
tiens, les Américains comme les Russes, les chefs
de
l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de te
785
comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux
de
la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique, de science p
786
de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’agisse
de
philosophie ou de technique, de science pure ou d’industrie, de doctr
787
eux de la Chine. Qu’il s’agisse de philosophie ou
de
technique, de science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
788
e. Qu’il s’agisse de philosophie ou de technique,
de
science pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou de procédés d
789
e philosophie ou de technique, de science pure ou
d’
industrie, de doctrines politiques ou de procédés de construction, le
790
ou de technique, de science pure ou d’industrie,
de
doctrines politiques ou de procédés de construction, le monde entier
791
e pure ou d’industrie, de doctrines politiques ou
de
procédés de construction, le monde entier porte aujourd’hui les marqu
792
industrie, de doctrines politiques ou de procédés
de
construction, le monde entier porte aujourd’hui les marques — ou les
793
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. Et certes, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes d
794
s, l’Europe a follement exporté les secrets mêmes
de
sa puissance ; on les retourne sans scrupules contre elle. Mais elle
795
rupules contre elle. Mais elle reste le palladium
d’
une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est mena
796
e le palladium d’une civilisation que tous rêvent
d’
imiter. Dire que l’Europe est menacée — et l’on sait à quel point la
797
se — c’est donc dire que le cœur et la conscience
d’
une culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pou
798
Pour le bien comme pour le mal, ce qui est sorti
de
l’Europe est sorti de l’esprit. Or, il se trouve que d’autres contine
799
ur le mal, ce qui est sorti de l’Europe est sorti
de
l’esprit. Or, il se trouve que d’autres continents nous ont ravi les
800
res continents nous ont ravi les moyens matériels
de
la puissance, et nous en ont en quelque sorte purifiés. Ils nous ont
801
us ont condamnés à ne représenter que l’essentiel
d’
une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’Euro
802
riel, ni la puissance militaire, ni la suprématie
de
la race blanche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion d’État,
803
nche, ni l’ordre social à tout prix, ni la notion
d’
État, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. E
804
a Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que
de
cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloniser par les Yankee
805
iniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous
de
ces armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées de nos mains. S
806
armes inventées par nous, et qu’ils ont arrachées
de
nos mains. Si les Européens, dans leur majorité, refusent à la fois d
807
Européens, dans leur majorité, refusent à la fois
de
se laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils sen
808
refusent à la fois de se laisser américaniser et
de
se laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur
809
sentent bien que dans le meilleur cas, en retour
de
certains avantages matériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
810
atériels, ils perdraient ce qui fait le sens même
de
leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aîn
811
, ils perdraient ce qui fait le sens même de leur
vie
. Ils céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aînesse. Ils
812
s même de leur vie. Ils céderaient contre un plat
de
lentilles leur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diab
813
céderaient contre un plat de lentilles leur droit
d’
aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier e
814
Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel
de
son génie, à ce qu’il a de plus défendable, comment allons-nous la dé
815
ouanes, et créer des pouvoirs européens, capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
816
pouvoirs européens, capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
817
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
818
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul
819
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, seul moyen de préveni
820
eut assurer l’indépendance européenne, seul moyen
de
prévenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés
821
eurs du Mouvement européen. Nous verrons, au mois
d’
août de cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’o
822
Mouvement européen. Nous verrons, au mois d’août
de
cette année, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
823
u mois d’août de cette année, le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parl
824
nt européen promeut, resteront sans force et sans
vie
, si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir no
825
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce
826
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artif
827
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, nous venons de le voir ; c’est
828
iment existe, nous venons de le voir ; c’est lui,
d’
instinct, qui nous fait repousser les tentations russe et américaine.
829
ns russe et américaine. Mais il s’agit maintenant
de
l’informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre consc
830
ricaine. Mais il s’agit maintenant de l’informer,
de
lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscient et agissan
831
aintenant de l’informer, de lui donner des moyens
d’
expression, de le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche don
832
’informer, de lui donner des moyens d’expression,
de
le rendre conscient et agissant. Telle est la tâche dont le congrès d
833
t et agissant. Telle est la tâche dont le congrès
de
La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle
834
européen de la culture, prévu par les résolutions
de
La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où il t
835
par les résolutions de La Haye, un modeste Bureau
d’
études. Il a son siège à Genève, où il travaille depuis le mois de fév
836
on siège à Genève, où il travaille depuis le mois
de
février de cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) D
837
Genève, où il travaille depuis le mois de février
de
cette année. Son programme tient en trois rubriques : a) Documentatio
838
r tous les efforts entrepris dans les divers pays
d’
Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducation de « cadres
839
pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et
d’
une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts existe
840
faveur de l’union des peuples et d’une éducation
de
« cadres européens ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’i
841
e éducation de « cadres européens ». Des dizaines
d’
instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellement. La première tâch
842
gnorent mutuellement. La première tâche sera donc
de
dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelles et art
843
nt. b) Coordination des activités « culturelles »
de
tous ordres, qui se placent sur un plan européen. Deux exemples entre
844
n européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau
d’
études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsable
845
n. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études
de
Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsables d’une d
846
entre vingt : le Bureau d’études de Genève vient
d’
organiser une rencontre entre les responsables d’une dizaine d’institu
847
d’organiser une rencontre entre les responsables
d’
une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite europé
848
ne rencontre entre les responsables d’une dizaine
d’
instituts visant à la formation d’une jeune élite européenne ; et il r
849
s d’une dizaine d’instituts visant à la formation
d’
une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d’historiens,
850
une élite européenne ; et il rassemble une équipe
d’
historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent de
851
listes. c) Étude et formulation des grands thèmes
de
la propagande générale du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels
852
ci, nos intellectuels ont une occasion magnifique
de
« s’engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un m
853
sion magnifique de « s’engager » sans rien trahir
de
leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement de militants, qu’aucun es
854
sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre
d’
un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au me
855
ir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvement
de
militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au mensonge ou à l’h
856
adre d’un mouvement de militants, qu’aucun esprit
de
parti ne contraint au mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé,
857
vice commandé, ils vont pouvoir prendre leur part
d’
action, assumer conjointement les décisions politiques, juridiques ou
858
pour être exécutées demain par un pouvoir fédéral
de
l’Europe. En outre, le Bureau d’études met au point le programme d’un
859
pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bureau
d’
études met au point le programme d’une conférence de la culture, qui d
860
tre, le Bureau d’études met au point le programme
d’
une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne
861
études met au point le programme d’une conférence
de
la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports na
862
es rapports nationaux, préparés par les « Groupes
d’
étude culturels », en formation dans chacun de nos pays, fourniront la
863
pes d’étude culturels », en formation dans chacun
de
nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’on doit espérer que de
864
ont la base des travaux. Et l’on doit espérer que
de
l’ensemble de ces rapports documentés, inventoriant les forces et les
865
s travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble
de
ces rapports documentés, inventoriant les forces et les faiblesses de
866
mentés, inventoriant les forces et les faiblesses
de
nos cultures nationales, se dégageront deux séries de conclusions : l
867
os cultures nationales, se dégageront deux séries
de
conclusions : les unes portant sur ce qui existe dans l’état de divis
868
: les unes portant sur ce qui existe dans l’état
de
division dont nous souffrons, les autres sur ce qui peut naître dans
869
ur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée
de
ses frontières étatiques, enfin « rendue dans toute son étendue à la
870
et des biens ». ( Message aux Européens , congrès
de
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. I
871
La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite
de
douze cultures. Il faut que chacune comprenne que son salut ne peut ê
872
nion ne sera jamais réelle sans le concours actif
de
chacune d’elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accep
873
a jamais réelle sans le concours actif de chacune
d’
elles. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que d’accepter nos div
874
les. Aussi loin de souhaiter l’uniformisation que
d’
accepter nos divisions présentes, nous voulons concerter nos vocations
875
ocations pour la défense et pour l’épanouissement
d’
un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient per
876
ense et pour l’épanouissement d’un certain nombre
de
valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient perdues. Mais l’Europe
877
perdue sans elles. Telle est l’interaction vitale
de
l’Europe et de la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fé
878
es. Telle est l’interaction vitale de l’Europe et
de
la culture. Elles naissent et meurent avec l’esprit fédéraliste, qui
879
urent avec l’esprit fédéraliste, qui est le génie
de
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis de, « L’Europe ou le
880
l’union dans la diversité. g. Rougemont Denis
de
, « L’Europe ou le cap du destin », Cahiers du Monde nouveau, Paris, j
881
« Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)k Depuis
882
t… » (1er juillet 1949)k Depuis la fin du mois
de
février 1949, M. Denis de Rougemont, le grand fédéraliste, parle chaq
883
semaine au micro du « dialogue » qu’est l’Europe.
De
lundi en lundi, nous suivons ses chroniques au cours desquelles il no
884
s chroniques au cours desquelles il nous démontre
de
manière éclatante qu’une ère nouvelle s’ouvre au Vieux Continent. Mon
885
faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’il n’y a pas
d’
autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays
886
? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable
d’
empêcher la guerre atomique. Fédérer nos pays, c’est, en effet, créer
887
c’est, en effet, créer la seule puissance capable
d’
exiger la paix, de l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Eur
888
réer la seule puissance capable d’exiger la paix,
de
l’inventer pour les deux autres. Imaginez cette Europe grande ouverte
889
à ne faire la guerre à personne, mais à défendre
d’
un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, prospérité, t
890
berté, prospérité, tels ont été les grands motifs
de
toutes les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et
891
e main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie
d’
une série de 16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de dif
892
ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série
de
16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de différents pays
893
6 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera
de
différents pays. Je prépare également une conférence culturelle europ
894
tout mon temps. En effet, je dirige ici le bureau
d’
études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, très succin
895
ure. Pouvez-vous, très succinctement, nous parler
de
la mission de ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute i
896
us, très succinctement, nous parler de la mission
de
ce Centre européen de la culture ? Constitué en toute indépendance de
897
ernementaux, cet organisme a pour tâche immédiate
d’
étudier et de proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment d
898
cet organisme a pour tâche immédiate d’étudier et
de
proposer toute mesure propre à promouvoir le sentiment de l’unité eur
899
ser toute mesure propre à promouvoir le sentiment
de
l’unité européenne ; d’agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le
900
à promouvoir le sentiment de l’unité européenne ;
d’
agir dans ce sens sur l’opinion, la presse, le film et la radio, par v
901
opinion, la presse, le film et la radio, par voie
d’
informations et de recommandations, de coordonner les efforts pour cré
902
, le film et la radio, par voie d’informations et
de
recommandations, de coordonner les efforts pour créer une union des u
903
o, par voie d’informations et de recommandations,
de
coordonner les efforts pour créer une union des universités et des me
904
s et des membres des corps enseignants ; et enfin
d’
exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-c
905
ible. De plus, le Centre européen offrira un lieu
de
rencontre aux porteurs et aux créateurs de la culture occidentale, af
906
n lieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs
de
la culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble les gr
907
r ensemble les grandes questions qui affectent la
vie
de l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion pu
908
semble les grandes questions qui affectent la vie
de
l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publi
909
ppels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis
de
, « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio,
910
ublique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur
de
l’émission Demain l’Europe nous dit… », Le Radio, Lausanne, 1 juillet
911
ominait le monde entier, lorsque éclata la guerre
de
1939. Politiquement, plus de la moitié du genre humain relevait de se
912
que éclata la guerre de 1939. Politiquement, plus
de
la moitié du genre humain relevait de ses gouvernements, le reste s’i
913
ement, plus de la moitié du genre humain relevait
de
ses gouvernements, le reste s’inspirait de ses doctrines démocrates o
914
levait de ses gouvernements, le reste s’inspirait
de
ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétiennes ou humanistes. Ell
915
s lois, et tous les peuples subissaient l’attrait
de
ses techniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette p
916
peuples subissaient l’attrait de ses techniques,
de
ses pouvoirs sur la matière et sur la vie. Cette puissance inouïe, sa
917
hniques, de ses pouvoirs sur la matière et sur la
vie
. Cette puissance inouïe, sans précédent, l’Europe la devait à l’espri
918
physiquement elle ne figure qu’un cap déchiqueté
de
l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la planète. Toute sa gra
919
qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent
de
la superficie de la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture,
920
ueté de l’Asie, quatre pour cent de la superficie
de
la planète. Toute sa grandeur venait de sa culture, qui pour le bien
921
es marques — ou les blessures — du génie créateur
de
l’Europe. En cinq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé de m
922
nq ans, tout s’est écroulé. La puissance a changé
de
mains. Elle est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’
923
ions, à demi ruiné, et menacé par les deux Grands
de
colonisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, e
924
et menacé par les deux Grands de colonisation ou
d’
annexion. Naguère encore maîtresse de la planète, elle en est réduite
925
onisation ou d’annexion. Naguère encore maîtresse
de
la planète, elle en est réduite à lutter pour assurer sa survivance é
926
douanes, et créer des pouvoirs européens capables
de
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ou
927
s pouvoirs européens capables de traiter sur pied
d’
égalité avec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne
928
traiter sur pied d’égalité avec les empires neufs
de
l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance euro
929
pied d’égalité avec les empires neufs de l’Est et
de
l’Ouest. Rien d’autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui
930
ec les empires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien
d’
autre ne peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le
931
ance européenne, qui est à son tour le seul moyen
de
prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets
932
teurs du Mouvement européen. Nous verrons au mois
d’
août de cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ou
933
u Mouvement européen. Nous verrons au mois d’août
de
cette année le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ouvrira,
934
au mois d’août de cette année le premier résultat
de
leurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consu
935
uvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif
de
treize nations. Mais toutes les constructions économiques, juridiques
936
nt européen promeut, resteront sans force et sans
vie
si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nou
937
tenues par un élan profond, par un espoir nouveau
de
tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
938
r un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan
de
l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande arti
939
au contraire une véritable éducation du sentiment
de
notre communauté. Ce sentiment existe, il n’est pas une chose vague.
940
t pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche
de
dire aux Russes : « Finissons-en, venez nous mettre au pas, et suppri
941
ne à Varsovie. » C’est lui aussi qui nous empêche
de
dire à nos amis américains : « Mais entrez donc, apportez-nous les se
942
s : « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets
de
votre bonheur, nous vendrons notre droit d’aînesse contre vos belles
943
crets de votre bonheur, nous vendrons notre droit
d’
aînesse contre vos belles autos et vos dollars. » Si nous refusons, c’
944
efusons, c’est que nous avons encore le sentiment
d’
une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est justement la
945
que nous avons encore le sentiment d’une qualité
de
vie, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être
946
e nous avons encore le sentiment d’une qualité de
vie
, de liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l
947
s avons encore le sentiment d’une qualité de vie,
de
liberté et de conscience, qui est justement la raison d’être de l’Eur
948
le sentiment d’une qualité de vie, de liberté et
de
conscience, qui est justement la raison d’être de l’Europe. Mais il f
949
rté et de conscience, qui est justement la raison
d’
être de l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des m
950
de conscience, qui est justement la raison d’être
de
l’Europe. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d
951
faut informer ce sentiment, lui donner des moyens
d’
expression, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est la tâche
952
e dans quelques mois, et que prépare notre Bureau
d’
études. Installé à Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur
953
. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques
de
son travail (documentation européenne ; coordination des efforts entr
954
tous nos pays, et qui souvent s’ignorent ; action
de
propagande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites com
955
près des élites comme du grand public ; formation
d’
équipes de travail internationales, etc.). Je voudrais simplement défi
956
lites comme du grand public ; formation d’équipes
de
travail internationales, etc.). Je voudrais simplement définir l’espr
957
e et le guide. Il ne s’agit nullement, pour nous,
de
mettre la culture en statistiques, ou de traiter théoriquement les pr
958
ur nous, de mettre la culture en statistiques, ou
de
traiter théoriquement les problèmes éternels de la liberté, de la jus
959
u de traiter théoriquement les problèmes éternels
de
la liberté, de la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une par
960
éoriquement les problèmes éternels de la liberté,
de
la justice, ou du progrès. Mais nous voulons d’une part offrir aux fo
961
voulons d’une part offrir aux forces culturelles
de
toute l’Europe les moyens pratiques de « s’engager » dans l’œuvre du
962
ulturelles de toute l’Europe les moyens pratiques
de
« s’engager » dans l’œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, f
963
déraliste ; d’autre part, faire valoir les droits
de
l’esprit de la culture, dans la construction de l’Europe de demain. F
964
d’autre part, faire valoir les droits de l’esprit
de
la culture, dans la construction de l’Europe de demain. Faire en sort
965
s de l’esprit de la culture, dans la construction
de
l’Europe de demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à
966
t de la culture, dans la construction de l’Europe
de
demain. Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’unir, afin
967
suite une Europe fédérée vienne en aide à chacune
de
nos cultures : telle sera la double ambition de la Conférence culture
968
e de nos cultures : telle sera la double ambition
de
la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’oct
969
culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois
d’
octobre, sous les auspices du Mouvement européen. Le fait que la Suiss
970
e comme siège du Centre européen de la culture et
de
la Conférence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni de considéra
971
érence culturelle, cela ne relève ni du hasard ni
de
considérations touristiques. Notre neutralité traditionnelle, reconnu
972
suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre,
de
l’Europe tout entière et de ses destinées. Comment pourra-t-il donc p
973
plus qu’aucun autre, de l’Europe tout entière et
de
ses destinées. Comment pourra-t-il donc participer aux efforts pour s
974
s pour sauver l’Europe ? La réponse ne peut faire
de
doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement européen, on a reconnu
975
rien notre neutralité, jouer le rôle qu’on attend
de
nous dans l’œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas, su
976
rôle qu’on attend de nous dans l’œuvre collective
de
la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une m
977
n. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là
d’
une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se
978
nse pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une manière
de
nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les
979
continent se dessine et prend corps, la nécessité
de
lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est b
980
péen de la culture. Les plus anciennes traditions
de
la Suisse la désignent comme siège d’une telle institution. Gardiens
981
traditions de la Suisse la désignent comme siège
d’
une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie
982
-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et
de
la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et de vingt autres créati
983
rdiens du Vatican et de la Genève de Calvin, puis
de
la Croix-Rouge et de vingt autres créations de l’esprit international
984
de la Genève de Calvin, puis de la Croix-Rouge et
de
vingt autres créations de l’esprit international ; gardiens enfin d’u
985
is de la Croix-Rouge et de vingt autres créations
de
l’esprit international ; gardiens enfin d’une expérience fédéraliste
986
ations de l’esprit international ; gardiens enfin
d’
une expérience fédéraliste qui peut servir d’exemple au continent, les
987
nfin d’une expérience fédéraliste qui peut servir
d’
exemple au continent, les Suisses seront fidèles à leur vraie vocation
988
n accueillant, soutenant et animant le foyer même
d’
une action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe h
989
it « l’Europe helvétisée ». l. Rougemont Denis
de
, « Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse », Curie
990
Préface à Le Problème
de
l’union européenne d’Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrang
991
Préface à Le Problème de l’union européenne
d’
Olivier Philip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle de « fai
992
ip (1950)u Il peut sembler étrange qu’on parle
de
« faire l’Europe », quand elle existe depuis tant de siècles. Mais l’
993
rmation que vient de subir la puissance apparente
de
nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été
994
ubitement élevés à l’Est et à l’Ouest, elle prend
d’
elle-même une conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe es
995
s divisions », déclarait le Manifeste du congrès
de
La Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise de conscience bie
996
ste du congrès de La Haye, trois ans après la fin
de
la guerre. Prise de conscience bien typique, on le voit, d’une situat
997
Haye, trois ans après la fin de la guerre. Prise
de
conscience bien typique, on le voit, d’une situation pré-fédérale, po
998
re. Prise de conscience bien typique, on le voit,
d’
une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union se déclare
999
e situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté
d’
union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donne
1000
se assumée. Ces circonstances donnent à l’ouvrage
de
M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seulement cel
1001
importance particulière : non pas seulement celle
d’
une première vue générale des efforts déployés pour l’union de l’Europ
1002
re vue générale des efforts déployés pour l’union
de
l’Europe, mais encore celle d’une contribution à cette prise de consc
1003
loyés pour l’union de l’Europe, mais encore celle
d’
une contribution à cette prise de conscience active de notre sort, san
1004
e contribution à cette prise de conscience active
de
notre sort, sans laquelle les traités resteront du papier. Je voudrai
1005
emarques, entre toutes celles que ne manquera pas
de
suggérer cette enquête efficace par sa lucidité. La première touche à
1006
à l’économie, la seconde à la doctrine formatrice
de
l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans
1007
que. Voilà, me semble-t-il, une manière implicite
d’
affirmer que l’Économie obéit beaucoup moins aux « lois » fatales admi
1008
elle-même déterminée par une certaine orientation
de
nos énergies dont j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ, de q
1009
nt j’ai toujours pensé qu’elle relève, au départ,
de
quelque choix métaphysique. La thèse soutenue par notre auteur impliq
1010
ue par notre auteur implique une décision inverse
de
celle dont les suites nécessaires nous ont conduits aux impasses prés
1011
tif des Experts. Je vois bien que ce règne est né
d’
une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle, par er
1012
e règne est né d’une réaction contre la politique
de
l’éloquence (qu’on appelle, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, s
1013
d garde, à évacuer la politique, au sens légitime
de
ce terme. Il tend à substituer, en fait, les Pouvoirs à l’Autorité. L
1014
à l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né
d’
une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit, le po
1015
politique, pourra marquer, s’il aboutit, le point
de
renversement d’une attitude contraire au génie de l’Europe. En second
1016
a marquer, s’il aboutit, le point de renversement
d’
une attitude contraire au génie de l’Europe. En second lieu, je note q
1017
de renversement d’une attitude contraire au génie
de
l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’un historique adroite
1018
de l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours
d’
un historique adroitement condensé, l’auteur souligne, à plusieurs rep
1019
plusieurs reprises, l’influence « déterminante »
de
l’aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit de la créa
1020
déraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’agit
de
la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra discuter p
1021
uvement européen, dès qu’il s’agit de la création
d’
une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus tard sur la
1022
pourra discuter plus tard sur la paternité réelle
de
maints projets revendiqués par les fédéralistes, tels que la Cour eur
1023
enne des droits de l’homme, le pool du charbon et
de
l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il
1024
’ils sont parfois considérés comme des empêcheurs
de
danser en rond, je me permettrai de répondre en leur nom que, justeme
1025
es empêcheurs de danser en rond, je me permettrai
de
répondre en leur nom que, justement, le but n’est pas de tourner en r
1026
ndre en leur nom que, justement, le but n’est pas
de
tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends
1027
tement, le but n’est pas de tourner en rond, mais
d’
avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le
1028
tu en général, ou même contre l’union des peuples
de
l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains souhaitent
1029
l’union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous
de
bonne volonté… Mais certains souhaitent l’union, bien sûr, et comment
1030
, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste
de
les considérer comme extrémistes, car il est faux de considérer comme
1031
les considérer comme extrémistes, car il est faux
de
considérer comme modérés ceux qui parlent d’union mais refusent sa co
1032
faux de considérer comme modérés ceux qui parlent
d’
union mais refusent sa condition. Nous avons d’autres noms pour ces de
1033
n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu
d’
antagonismes. Elle mourrait de leur suppression artificielle. Elle y p
1034
st née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait
de
leur suppression artificielle. Elle y perdrait le secret de sa créati
1035
ppression artificielle. Elle y perdrait le secret
de
sa créativité, qui est aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’o
1036
secret de sa créativité, qui est aussi le secret
de
sa puissance. Pas plus qu’on ne peut rêver l’Europe toute libérale ou
1037
corporatiste ou parlementaire… Et dans plusieurs
de
ces domaines, il serait vain de chercher un compromis : chacune des t
1038
Et dans plusieurs de ces domaines, il serait vain
de
chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige d’aller
1039
compromis : chacune des tendances opposées exige
d’
aller au bout de sa vocation, car elle perdrait sa qualité constitutiv
1040
elle perdrait sa qualité constitutive, sa raison
d’
être, en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d
1041
t. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir
d’
autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
1042
gime fédéraliste. Lui seul conserve les avantages
de
la féconde diversité en y ajoutant ceux de l’union. Vue théorique ? L
1043
ntages de la féconde diversité en y ajoutant ceux
de
l’union. Vue théorique ? L’exemple de la Suisse suffit à démontrer qu
1044
outant ceux de l’union. Vue théorique ? L’exemple
de
la Suisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement p
1045
le en principe, mais pratique. On ne manquera pas
de
m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, q
1046
s premiers à se montrer prudents, quand il s’agit
de
« faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unionistes, j
1047
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
1048
nviennent à nos calamités. u. Rougemont Denis
de
, Philip Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème de l’union e
1049
Olivier, « [Préface] Olivier Philip, Le Problème
de
l’union européenne », dans Le Problème de l’union européenne, Neuchâ
1050
oblème de l’union européenne », dans Le Problème
de
l’union européenne, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1950, p. 9-
1051
oblème de l’union européenne, Neuchâtel, Éditions
de
la Baconnière, 1950, p. 9-11.
1052
Raisons et buts
d’
une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément contradi
1053
e désespérée. Elle est aussi plus près que jamais
de
se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de
1054
t, — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux
d’
un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dan
1055
yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions
de
la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates
1056
t les mêmes conditions qui pourraient être celles
d’
une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s
1057
Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé
de
s’aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absu
1058
ver depuis dix ans — mais nous prenons conscience
de
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant de deux empires ext
1059
leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfiant
de
deux empires extraeuropéens décourage des millions d’entre nous, mais
1060
d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment
d’
un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’aban
1061
il réveille aussi le sentiment d’un destin commun
de
nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités d
1062
, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités
de
l’histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédé
1063
sses, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence
de
la culture. Je parle d’un espoir tremblant. Le sentiment le plus répa
1064
asbourg, cette conférence de la culture. Je parle
d’
un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le pl
1065
y a aujourd’hui une manière proprement européenne
d’
avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres vi
1066
ui une manière proprement européenne d’avoir peur
de
l’avenir : et c’est la peur d’une guerre que d’autres viendraient fai
1067
éenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur
d’
une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le cor
1068
viendraient faire sur notre sol, et sur le corps
de
nos enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des
1069
et sur le corps de nos enfants ; c’est l’angoisse
de
devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nou
1070
enfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets
d’
une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son
1071
ais il y a, en même temps, une manière européenne
d’
espérer, un espoir proprement européen, c’est celui de réussir notre f
1072
pérer, un espoir proprement européen, c’est celui
de
réussir notre fédération, et de retrouver par là même une puissance c
1073
péen, c’est celui de réussir notre fédération, et
de
retrouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Telle
1074
et de retrouver par là même une puissance capable
d’
imposer la paix. Telle est la situation contradictoire dans laquelle n
1075
re dans laquelle nous sommes engagés. À son point
de
crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait r
1076
int de crise, où nous sommes, il dépend en partie
de
nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, e
1077
s’esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques
de
l’Europe unie, il est grand temps de définir la visée, la portée huma
1078
s politiques de l’Europe unie, il est grand temps
de
définir la visée, la portée humaine de cette action, la vocation de l
1079
rand temps de définir la visée, la portée humaine
de
cette action, la vocation de la communauté européenne. Tel est le but
1080
e, la portée humaine de cette action, la vocation
de
la communauté européenne. Tel est le but de cette Conférence. Ce qu’o
1081
ation de la communauté européenne. Tel est le but
de
cette Conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une répo
1082
l est le but de cette Conférence. Ce qu’on attend
de
nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que pose
1083
elles propres à garantir et développer l’exercice
de
la pensée libre, sans laquelle l’Europe n’est plus rien. On pourrait
1084
rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre
de
cette Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controver
1085
à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle
d’
Europe, d’unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’
1086
troverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe,
d’
unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il n’y a plus d’Europe ! »
1087
urope, chacun commence par dire : « Il n’y a plus
d’
Europe ! » et finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Eur
1088
rope ! » et finit par offrir une belle définition
de
ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à
1089
ffrir une belle définition de ce qu’est l’Europe,
de
ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialog
1090
ition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été,
de
ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix r
1091
s voix reste, à tout prendre, la vraie définition
de
l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, cha
1092
rope, une et diverse. De même, dès que l’on parle
de
culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites : inventions
1093
ues et beaux-arts, hygiène, éducation, et procédé
de
construction ; littérature, philosophie, et doctrines de l’État ; con
1094
truction ; littérature, philosophie, et doctrines
de
l’État ; conceptions de la liberté, de la justice et de la dignité hu
1095
philosophie, et doctrines de l’État ; conceptions
de
la liberté, de la justice et de la dignité humaine ; esprit critique
1096
doctrines de l’État ; conceptions de la liberté,
de
la justice et de la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la v
1097
tat ; conceptions de la liberté, de la justice et
de
la dignité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions.
1098
a dignité humaine ; esprit critique ; et toute la
vie
des religions. Culture peut signifier aussi prise de conscience de la
1099
Culture peut signifier aussi prise de conscience
de
la vie, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’ex
1100
re peut signifier aussi prise de conscience de la
vie
, besoin perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens de l’existence
1101
i prise de conscience de la vie, besoin perpétuel
d’
approfondir et d’illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouv
1102
ence de la vie, besoin perpétuel d’approfondir et
d’
illustrer le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, t
1103
in perpétuel d’approfondir et d’illustrer le sens
de
l’existence, d’augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que
1104
pprofondir et d’illustrer le sens de l’existence,
d’
augmenter le pouvoir de l’homme, tant sur lui-même que sur les choses.
1105
er le sens de l’existence, d’augmenter le pouvoir
de
l’homme, tant sur lui-même que sur les choses. Culture peut signifier
1106
re peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés
de
création et de transmission de leurs principes. Je souhaite que notre
1107
er, enfin, l’ensemble des procédés de création et
de
transmission de leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’i
1108
emble des procédés de création et de transmission
de
leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’interdise les déb
1109
s définitions. À toutes fins utiles, elle partira
de
l’idée que la culture, ce sont les réalités intellectuelles et spirit
1110
ités intellectuelles et spirituelles qui ont fait
de
l’Europe autre chose et beaucoup plus que ce qu’elle est dans sa réal
1111
jours par la rendre folle, il se contente parfois
de
l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites d’occupations acc
1112
endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élites
d’
occupations accablantes et flatteuses, qui ne leur laissent plus une s
1113
tastrophes. On demande à certains « grands noms »
de
venir participer au sauvetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’ils
1114
« grands noms » de venir participer au sauvetage
de
l’Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis u
1115
ne conférence. D’autres invoquent un besoin subit
de
se retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont
1116
és, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps
de
rééducation sociale », ils auront enfin le temps de méditer sur les r
1117
rééducation sociale », ils auront enfin le temps
de
méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comm
1118
ôtre. Ils comprendront qu’il est certains moments
de
l’histoire où l’on ne peut renverser les destins qu’en y allant tous
1119
Pour être juste, il faut reconnaître que beaucoup
d’
intellectuels redoutent non sans raison l’atmosphère des congrès, inco
1120
tmosphère des congrès, inconsidérément multipliés
de
nos jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux
1121
rent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin
de
la communauté dont il écrit la langue, où sa voix porte, qui peut le
1122
éral, établi pour l’information des délégués, n’a
d’
autre ambition que de signaler et de classer les problèmes qui se sont
1123
nformation des délégués, n’a d’autre ambition que
de
signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au
1124
délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et
de
classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enq
1125
s problèmes qui se sont révélés urgents, au terme
d’
une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du Mouv
1126
n questionnaire sur l’état des problèmes concrets
de
la culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses dét
1127
û l’improviser avec des groupes en pleine période
de
formation. Elle nous a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y
1128
n pleine période de formation. Elle nous a permis
de
mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser systématiquemen
1129
aire aussi des lacunes, des obstacles, permettant
de
délimiter des zones critiques où concentrer l’effort. Puis, des étude
1130
concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau
d’
études de Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’
1131
, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études
de
Genève a fourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’une quinz
1132
fourni plusieurs notes et documents. Sur la base
d’
une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéci
1133
s notes et documents. Sur la base d’une quinzaine
de
rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéciaux, et des docu
1134
ur la base d’une quinzaine de rapports nationaux,
d’
une trentaine de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapp
1135
quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine
de
rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport général a te
1136
es documents précités, le rapport général a tenté
d’
opérer une synthèse provisoire, en guise d’introduction aux travaux de
1137
e provisoire, en guise d’introduction aux travaux
de
la conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant des
1138
n instant destiné à faire l’objet des discussions
de
la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé de
1139
rence. Il en introduit les sujets. Il veut servir
d’
exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront propo
1140
ts. Il veut servir d’exposé des motifs à la série
de
résolutions pratiques qui seront proposées et mises au point par les
1141
niques restant, bien entendu, réservés aux débuts
de
l’ensemble du congrès, siégeant en commission générale. Il nous appar
1142
mission générale. Il nous apparaît qu’il y a lieu
de
prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’ensei
1143
à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, «
d’
organiser les échanges culturels ». Observons tout d’abord qu’il n’en
1144
frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale
de
l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, n
1145
res nationaux, ne doivent pas chercher des moyens
de
correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent
1146
des moyens de correspondre un peu plus facilement
de
prison à prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargisseme
1147
ement » immédiat, sans condition. Le terme même «
d’
échanges culturels », avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
1148
, avouons-le, est devenu bien déplaisant, à force
d’
avoir servi d’échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien mal
1149
est devenu bien déplaisant, à force d’avoir servi
d’
échappatoire facile aux fonctionnaires chargés (bien malgré eux, souve
1150
x, souvent) des problèmes réputés « secondaires »
de
la culture. Ils tentent de s’en tirer en consentant à la culture ce p
1151
éputés « secondaires » de la culture. Ils tentent
de
s’en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges
1152
r en consentant à la culture ce petit va-et-vient
d’
échanges surveillés que leurs douaniers et leurs agents fiscaux sauron
1153
ux quelques petits décrets concernant les voyages
de
quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bon
1154
es de quelques professeurs bien vus des pouvoirs,
de
quelques boursiers bons élèves ; et quelques phrases bien plates sur
1155
hrases bien plates sur l’indispensable solidarité
de
nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les écha
1156
droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’agit
de
lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des obstacl
1157
u’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit
d’
élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des id
1158
de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou
d’
abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des per
1159
nent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes
de
vitalité de la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, d
1160
ls ont toujours été dans les périodes de vitalité
de
la culture — échanges de découvertes à l’état naissant, de produits o
1161
les périodes de vitalité de la culture — échanges
de
découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités a
1162
ture — échanges de découvertes à l’état naissant,
de
produits originaux, de curiosités avides, d’expressions authentiques
1163
uvertes à l’état naissant, de produits originaux,
de
curiosités avides, d’expressions authentiques de la sensibilité, de p
1164
ant, de produits originaux, de curiosités avides,
d’
expressions authentiques de la sensibilité, de passions mêmes, et non
1165
de curiosités avides, d’expressions authentiques
de
la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements
1166
es, d’expressions authentiques de la sensibilité,
de
passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème
1167
de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas
de
simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonner,
1168
assions mêmes, et non pas de simples déplacements
de
forts en thème — nous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer l
1169
: 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode
de
« l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et sim
1170
ion des personnes, des œuvres, et des instruments
de
travail, dans toute l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
1171
des instruments de travail, dans toute l’étendue
de
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou de visas, dont le bé
1172
l’étendue de l’Europe. Supprimer tous ces droits
de
douane ou de visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, do
1173
l’Europe. Supprimer tous ces droits de douane ou
de
visas, dont le bénéfice est dérisoire pour les États, dont la charge
1174
re. Et surtout ne proposons pas, dans ce domaine,
de
nouveaux organismes ! C’est la paresse d’esprit qui entraîne tant de
1175
omaine, de nouveaux organismes ! C’est la paresse
d’
esprit qui entraîne tant de Comités à proposer de nouvelles machines b
1176
d’esprit qui entraîne tant de Comités à proposer
de
nouvelles machines bureaucratiques. Restaurer la culture, c’est aussi
1177
poids mort des organisations ! Qu’on n’essaie pas
d’
organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respirat
1178
organisations ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la
vie
, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respiration organisée, n
1179
ser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée
d’
une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Q
1180
s vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas
de
créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe, elle était
1181
. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité
de
notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé
1182
e, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis
de
se reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse lib
1183
origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et
de
s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifeste
1184
n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir
de
mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe o
1185
richir de mille diversités. Qu’on la laisse libre
de
se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins
1186
er ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien
de
moins, voilà la solution, voilà le remède pratique à presque tous les
1187
un effort positif. Il serait insuffisant et vain
de
vouloir revenir simplement à la condition libérale qui était celle de
1188
implement à la condition libérale qui était celle
de
l’esprit en Europe avant la guerre de 1914. C’était le beau temps, je
1189
était celle de l’esprit en Europe avant la guerre
de
1914. C’était le beau temps, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’An
1190
s, je le sais. L’on pouvait lire, dans l’Annuaire
de
la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passepor
1191
Pour l’entrée dans tous les autres pays, la carte
de
visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réd
1192
titutions qui garantissent et manifestent l’unité
de
nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instr
1193
dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie
d’
instruments de travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut au
1194
ersité. Il faut doter l’Europe unie d’instruments
de
travail qui soient à l’échelle continentale. Il faut aussi former les
1195
er les jeunes hommes qui deviendront les porteurs
de
l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles
1196
» que le xxe siècle a vu naître, il est frappant
de
constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe c
1197
s pays forment un ensemble, un complexe organique
de
culture, facile à distinguer de ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-
1198
omplexe organique de culture, facile à distinguer
de
ses voisins, et qu’en tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que
1199
mble n’ait pas encore été étudié en tant que tel,
d’
une manière systématique ; et qu’il n’existe aucune institution capabl
1200
ue ; et qu’il n’existe aucune institution capable
de
renseigner sur l’Europe en général, sur sa situation présente, sur l’
1201
en général, sur sa situation présente, sur l’état
de
ses forces et de ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes.
1202
a situation présente, sur l’état de ses forces et
de
ses faiblesses, sur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin d’
1203
ur ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin
d’
une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sent
1204
difficultés qu’a rencontrées la préparation même
de
cette conférence, et que ses insuffisances inévitables dans l’état ac
1205
s choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès
de
La Haye, avait été demandée la création d’un Centre européen de la cu
1206
ongrès de La Haye, avait été demandée la création
d’
un Centre européen de la culture, dont les attributions furent esquiss
1207
par la résolution culturelle du congrès. Au mois
de
février 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’étud
1208
le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau
d’
études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septe
1209
péen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé
de
préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre de la même an
1210
rgé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au mois
de
septembre de la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg vo
1211
er l’œuvre du Centre. Enfin, au mois de septembre
de
la même année, l’Assemblée consultative de Strasbourg votait à l’unan
1212
tembre de la même année, l’Assemblée consultative
de
Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation favorable à la cré
1213
nimité une recommandation favorable à la création
d’
un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Ge
1214
tre européen de la culture. Le travail du Bureau
d’
études de Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus prè
1215
éen de la culture. Le travail du Bureau d’études
de
Genève, depuis quelques mois, a permis de serrer de plus près la ques
1216
’études de Genève, depuis quelques mois, a permis
de
serrer de plus près la question. Il a conduit aux conclusions pratiqu
1217
t leur réserver. Il en va de même pour le Collège
d’
Europe, à Bruges, collège qui permettrait de former les « grands commi
1218
llège d’Europe, à Bruges, collège qui permettrait
de
former les « grands commis européens », dont les futures institutions
1219
commis européens », dont les futures institutions
de
l’Europe unie auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un pro
1220
idemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet
d’
Institut européen des sciences politiques et sociales ; et ce projet s
1221
ces politiques et sociales ; et ce projet surtout
d’
un Fonds européen pour les recherches scientifiques, dont l’importance
1222
mission proposée tout à l’heure, qui s’occuperait
de
l’enseignement européen, deux mots seulement, mais importants. La pré
1223
x mots seulement, mais importants. La préparation
de
cette Conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur le
1224
t la qualité des rapports reçus sur les questions
d’
éducation, ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays.
1225
le monde se rend parfaitement compte que l’avenir
de
l’union européenne dépend en premier lieu de la création d’une élite
1226
enir de l’union européenne dépend en premier lieu
de
la création d’une élite responsable de jeunes gens, formés dans un es
1227
européenne dépend en premier lieu de la création
d’
une élite responsable de jeunes gens, formés dans un esprit supranatio
1228
emier lieu de la création d’une élite responsable
de
jeunes gens, formés dans un esprit supranational. Cette tâche, comme
1229
’écrit M. Jean Bayet8, « exigera la bonne volonté
de
plusieurs générations, [mais] réclame aussi un départ extrêmement vif
1230
aussi un départ extrêmement vif et net ». L’effet
de
choc que produira sur l’opinion publique l’institution rapide d’un en
1231
duira sur l’opinion publique l’institution rapide
d’
un enseignement européen constituera la meilleure propagande pour notr
1232
ent être créés par le blocage, au titre européen,
d’
une fraction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernem
1233
cage, au titre européen, d’une fraction du budget
de
l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernements et l’économie privée
1234
és. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment
d’
un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne so
1235
ettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre
de
priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de r
1236
s devant un choix. Un ordre de priorité doit être
d’
urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une seule bom
1237
tre d’urgence établi. Il est probable que le prix
de
revient d’une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel
1238
ce établi. Il est probable que le prix de revient
d’
une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des instit
1239
institutions que nous venons de proposer. Le prix
d’
une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renais
1240
e bombe atomique couvrirait donc le budget global
d’
une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mor
1241
ouvrirait donc le budget global d’une renaissance
de
la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des
1242
e de la culture européenne. Construire des engins
de
mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millio
1243
e mort qui coûtent des milliards, quand on refuse
de
trouver les millions qui permettraient de développer la recherche sci
1244
refuse de trouver les millions qui permettraient
de
développer la recherche scientifique pour la paix et la vie, c’est la
1245
pper la recherche scientifique pour la paix et la
vie
, c’est la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande p
1246
ientifique pour la paix et la vie, c’est la folie
de
l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaud
1247
l ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que
de
nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture
1248
tre aussi mal civilisés. La Conférence européenne
de
la culture faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, cont
1249
pour quelles fins réelles voulons-nous ces moyens
de
culture, et cette éducation d’une conscience commune de l’Europe ? La
1250
ns-nous ces moyens de culture, et cette éducation
d’
une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle
1251
ture, et cette éducation d’une conscience commune
de
l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiqu
1252
pas substituer aux nationalismes locaux une sorte
de
nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouverte au mond
1253
e sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est,
de
tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa civilis
1254
toujours conçu sa civilisation comme un ensemble
de
valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une
1255
s universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous,
d’
opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Oue
1256
opposer une nation européenne aux grandes nations
de
l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthé
1257
nation européenne aux grandes nations de l’Est et
de
l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valab
1258
e aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni
de
vouloir une « culture européenne » synthétique, valable pour nous seu
1259
fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie
de
l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre
1260
e serait trahir le génie de l’Europe, nous couper
de
ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est de contr
1261
chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est
de
contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le mo
1262
es. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union
de
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de
1263
nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen
d’
une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est l
1264
a leur seul salut, par le moyen d’une renaissance
de
leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. E
1265
d’une renaissance de leur culture dans la liberté
de
l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non pl
1266
vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus
de
dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer qu
1267
acceptons pas la scission que symbolise le rideau
de
fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occid
1268
de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen
de
ramener vers l’Occident les peuples séparés, c’est de leur offrir l’i
1269
amener vers l’Occident les peuples séparés, c’est
de
leur offrir l’image d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
1270
les peuples séparés, c’est de leur offrir l’image
d’
une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend
1271
d’une Europe rénovée par l’union dans la liberté,
d’
une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde
1272
lie, et divisée par vingt nationalismes et autant
de
barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une
1273
ée par vingt nationalismes et autant de barrières
de
douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe procla
1274
arrières de douanes, ne saurait plus être un pôle
d’
attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fer
1275
pliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droit
de
parler. Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission
1276
sérieux la vocation européenne, c’est une mission
de
vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir pl
1277
tir plus que jamais responsables. Il leur incombe
de
rappeler sans relâche aux gouvernants, comme aux législateurs sociaux
1278
eurs sociaux et aux experts, qu’un certain nombre
de
principes moraux ne sauraient être négligés dans la pratique sans que
1279
nomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action
de
vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre Conférence qu’el
1280
on de vigilance publique, on pourra dire vraiment
de
notre Conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne.
1281
aiment de notre Conférence qu’elle fut le congrès
de
la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, to
1282
conscience, en dernière analyse. C’est notre lot
d’
Européens, et c’est notre mission profonde, de préférer toujours la co
1283
lot d’Européens, et c’est notre mission profonde,
de
préférer toujours la conscience au bonheur. Vocation tragique et féco
1284
à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, filles
de
la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémoniqu
1285
est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal
d’
un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait tr
1286
mes, quelques prières. C’est par la musique seule
de
Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous
1287
es prières. C’est par la musique seule de Bach ou
de
Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respiro
1288
, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans
d’
innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de tr
1289
s pas réunis pour tracer des plans d’innocence et
de
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyen
1290
prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement,
de
trouver les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations
1291
ouver les moyens qui permettent le libre exercice
de
nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notr
1292
xercice de nos vocations tourmentées ; des moyens
de
vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. S
1293
ui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons
de
vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent e
1294
t, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel
de
la musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador
1295
ador de Madariaga, qui était d’ailleurs président
de
la conférence de Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemon
1296
, qui était d’ailleurs président de la conférence
de
Lausanne (NDLR). 7. Dirigé par M. Denis de Rougemont, avec la collab
1297
par M. Denis de Rougemont, avec la collaboration
de
M. Raymond Silva comme secrétaire général (NDLR). 8. Dans son remarq
1298
LR). 8. Dans son remarquable rapport qui a servi
de
base aux travaux de la Commission de l’enseignement et de l’éducation
1299
marquable rapport qui a servi de base aux travaux
de
la Commission de l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougem
1300
qui a servi de base aux travaux de la Commission
de
l’enseignement et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « R
1301
aux travaux de la Commission de l’enseignement et
de
l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’une
1302
nt et de l’éducation (NDLR). n. Rougemont Denis
de
, « Raisons et buts d’une conférence », Fédération, Paris, janvier 195
1303
NDLR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts
d’
une conférence », Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il s’
1304
nis de Rougemont lors de la Conférence européenne
de
la culture qui a eu lieu à Lausanne en décembre 1949. p. Nous avons
1305
Les sous-titres ont été rajoutés pour les besoins
de
cette édition numérique.
1306
surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté
de
l’Esprit, que les fédéralistes ont exclu la Russie de l’Europe ; que
1307
que la Grèce n’en fait pas partie, mais bien « et
de
toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires
1308
de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un
de
nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ; que
1309
lisme est contre les patries (mais qu’il juge bon
de
le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes « n’ont jamais été amou
1310
pe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot
de
vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbécile ». Celui que
1311
que vous critiquez est tel sans aucun doute. Mais
d’
où sort-il ? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconn
1312
vous en faites ? Croyez-vous qu’il soit possible
de
l’exclure sans lui faire violence ? » Mais quand l’avons-nous exclue
1313
montrez, au paragraphe suivant, qu’il serait vain
d’
espérer l’inclure. Que diable voulez-vous donc que nous en fassions ?
1314
en fassions ? (On m’assure que cela dépend aussi
de
Staline.) 2° « Les États-Unis d’Europe… Eh bien, il paraît qu’ils son
1315
rante-deux articles) ». Montrez-nous donc un seul
de
ces articles qui dise, ou laisse entendre, que le Conseil de l’Europe
1316
t le contraire. Le mieux que l’on puisse attendre
de
cet organisme est qu’il serve provisoirement, à sa place, et malgré s
1317
ute qu’on ne compte à Strasbourg qu’une trentaine
de
fédéralistes sur cent-un députés.) 3° La Grèce fait partie du Conseil
1318
nt été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle
d’
évidence. (C’est l’OECE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est
1319
ent, à mon insu, « annoncé la fin du désespoir et
de
l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnost
1320
us par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin
de
la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons s
1321
des sacrifices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a «
de
faux ou d’imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de
1322
ices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a « de faux ou
d’
imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interr
1323
e » dans le projet des fédéralistes, vous décidez
de
les interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vrai
1324
« fédéralistes » dans L’Esprit européen, recueil
de
neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tenda
1325
ences prononcées à Genève en 1949, par des hommes
de
tendances aussi opposées que Georg Lukács et Karl Jaspers. Parmi ces
1326
ré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Benda
de
confondre union et unification, de vouloir effacer les diversités san
1327
proche à Benda de confondre union et unification,
de
vouloir effacer les diversités sans lesquelles aucune fédération n’es
1328
fédération n’est possible. » C’est la seule page
de
ce gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un point de la do
1329
ule page de ce gros livre où vous aviez la chance
de
tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous ci
1330
re où vous aviez la chance de tomber sur un point
de
la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attri
1331
ersité, formule suisse) étant à l’opposé de celle
de
Benda (qui veut l’unification, formule jacobine) vous déclarez que la
1332
vous déclarez que la seconde n’est que « l’aveu »
de
ce que la première dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rien ne saur
1333
mais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie
de
leurs positions, et votre belle colère se trompe d’adresse. De quoi c
1334
leurs positions, et votre belle colère se trompe
d’
adresse. De quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison atta
1335
tions, et votre belle colère se trompe d’adresse.
De
quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous d
1336
ez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin
d’
identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près
1337
tifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même,
de
l’à-peu-près journalistique. Pour en finir, je vous envoie ma petite
1338
’Attitude fédéraliste . Vous y trouverez beaucoup
d’
attaques contre le nationalisme, contre l’État-nation, contre sa préte
1339
riotisme et les patries. Or j’ai quelques raisons
de
penser que ce texte exprime le « projet des fédéralistes » plus fidèl
1340
quoi, cette lettre est inutile, si l’on a décidé
d’
appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
1341
s » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé
de
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a de
1342
l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien
de
s’unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils e
1343
uand vous aurez renoncé à le confondre avec celui
de
Benda, ou celui de Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce
1344
oncé à le confondre avec celui de Benda, ou celui
de
Churchill pendant qu’on y est, dites-nous donc ce que vous proposez.
1345
proposez. Car je ne vais pas vous faire l’injure
de
croire que vous trouvez que tout va très bien ainsi, ou que vous pens
1346
ant toutes petites et mignonnes. Elles ont besoin
de
vous aussi, non point pour les louer contre nous, mais pour les défen
1347
« Europe vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis
de
, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950
1348
t Denis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté
de
l’esprit, Paris, avril 1950, p. 33-34.
1349
Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)s t Il est imp
1350
sa culture (5 août 1950)s t Il est impossible
de
sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de
1351
i l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou
de
sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa p
1352
e sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert
de
faire durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les
1353
ême temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer,
de
conserver la créature — l’Europe — si l’on tarit les sources de sa re
1354
a créature — l’Europe — si l’on tarit les sources
de
sa recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus d’entretenir le d
1355
recréation perpétuelle. Et rien ne sert non plus
d’
entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’acc
1356
e désir créateur, si on le prive des possibilités
de
s’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’im
1357
mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme
d’
une civilisation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret d
1358
i avait su remplacer toutes les autres. Le secret
de
ses mesures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture a
1359
unie, c’est même plus que probable, par les soins
d’
experts étrangers, ou d’une police qui a fait ses preuves ailleurs déj
1360
e probable, par les soins d’experts étrangers, ou
d’
une police qui a fait ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu
1361
es ailleurs déjà. Mais elle aura perdu le ressort
de
son pouvoir transformateur du monde, ce pouvoir qui avait fait sa gra
1362
e, ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir
d’
un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si
1363
ir d’un médiocre destin. Que servirait à l’Europe
de
recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si cett
1364
pe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle
de
son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non point sa con
1365
l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre
de
la liberté. Ces deux réalités : l’Europe, la culture, naissent et meu
1366
et meurent du même mouvement. ⁂ Qu’en est-il donc
de
ce mouvement, au milieu de notre xxe siècle ? Entre les deux colosse
1367
it actuellement ce qu’on peut appeler une névrose
d’
infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais
1368
ifient pas le désespoir, mais seulement un effort
de
redressement. Entre 200 millions de Russes et 150 millions d’Américai
1369
ent un effort de redressement. Entre 200 millions
de
Russes et 150 millions d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rid
1370
ent. Entre 200 millions de Russes et 150 millions
d’
Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 mi
1371
d’Américains, nous sommes ici à l’ouest du rideau
de
fer, près de 300 millions d’Européens. Nous disposons de plus d’un qu
1372
à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions
d’
Européens. Nous disposons de plus d’un quart du charbon, et près d’un
1373
300 millions d’Européens. Nous disposons de plus
d’
un quart du charbon, et près d’un tiers de l’électricité que produit a
1374
disposons de plus d’un quart du charbon, et près
d’
un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous dis
1375
de plus d’un quart du charbon, et près d’un tiers
de
l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous disposons surt
1376
it aujourd’hui la planète. Nous disposons surtout
de
ressources humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’
1377
ont les traditions ne s’imitent pas, une capacité
d’
invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons-nous invent
1378
re : presque tous leurs grands noms sont des noms
de
l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
1379
ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
de
nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou pa
1380
maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés
de
Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus. Le monde moderne tout enti
1381
e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés
d’
art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie e
1382
is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et
de
construction, de transport et de gouvernement, d’industrie et de méde
1383
os objets, nos procédés d’art et de construction,
de
transport et de gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos arme
1384
rocédés d’art et de construction, de transport et
de
gouvernement, d’industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous,
1385
de construction, de transport et de gouvernement,
d’
industrie et de médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les
1386
, de transport et de gouvernement, d’industrie et
de
médecine, et nos armes. Les Hindous, les Chinois, les Noirs, copient
1387
ous, nous copions tout au plus quelques citations
de
leurs sages, quelques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes de
1388
elques citations de leurs sages, quelques statues
de
leurs dieux, ou quelques rythmes de leurs danses. ⁂ Finalement, que s
1389
lques statues de leurs dieux, ou quelques rythmes
de
leurs danses. ⁂ Finalement, que sont les empires qui prétendent parta
1390
du Nord et la Russie de Staline sont des produits
de
notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a de
1391
’une dès ses origines, et l’autre en ce qu’elle a
de
moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’un côté, plus les grat
1392
a de moderne justement. Calvin et le puritanisme,
d’
un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les
1393
isme, d’un côté, plus les gratte-ciel, le système
de
Taylor-Bedault à tous les degrés, la cellophane et la fermeture-éclai
1394
e-éclair qui sont des inventions européennes ; et
de
l’autre côté, Marx et notre industrie plus l’instruction publique et
1395
nstruction publique et l’athéisme, l’hypertrophie
de
l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pè
1396
ypertrophie de l’appareil étatique, et des copies
de
l’art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce
1397
ppareil étatique, et des copies de l’art officiel
de
nos grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce n’est point par ha
1398
ces deux grands pays semblent appeler ce procédé
de
description : leurs traits les plus frappants et qu’ils croient spéci
1399
en que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus
d’
un sens, sont en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
1400
ité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas
de
malentendu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même plan
1401
suffiront. Entre l’Amérique et nous, qu’y a-t-il
de
commun ? Il y a tous les principes fondamentaux de notre civilisation
1402
e commun ? Il y a tous les principes fondamentaux
de
notre civilisation ; il y a l’exercice des mêmes libertés ; il y a de
1403
mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal
de
liberté humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il n’y a en comm
1404
our nous liberté politique. s. Rougemont Denis
de
, « Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture », Fra
1405
ue. s. Rougemont Denis de, « Il est impossible
de
sauver l’Europe sans sauver sa culture », France indépendante, Paris,
1406
présente cette semaine à ses lecteurs, un extrait
de
l’importante conférence prononcée par Denis de Rougemont au congrès d
1407
rence prononcée par Denis de Rougemont au congrès
de
La Fédération à Beaune. Nous tenons à remercier M. de Rougemont pour
1408
à remercier M. de Rougemont pour son autorisation
de
publier ces lignes qui suscitèrent, nous en sommes certains, chez nos
1409
t-John Perse et l’Amérique (1950)m La grandeur
de
cette poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se
1410
à, posant elle-même ses mesures. La première page
d’
Anabase lorsqu’elle parut, constitua pour nous le fait du prince, tout
1411
rer dans la durée, — ce dont plusieurs doutaient,
de
ma génération. (D’où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un
1412
— ce dont plusieurs doutaient, de ma génération. (
D’
où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un jeune amour veut so
1413
t, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues
de
Manhattan, il marchait lentement, régulièrement, comme ceux qui vont
1414
, comme ceux qui vont très loin, ou qui pensent à
de
grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou da
1415
e grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas
d’
empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont il parle dans Neiges
1416
i n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre
d’
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire de l’instant, homme
1417
angle, dont il parle dans Neiges, « hôte précaire
de
l’instant, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exe
1418
n », il nous donnait un haut exemple du bon usage
de
l’exil : sans plainte, au cœur du grand litige ; aussi actif dans la
1419
avait su rester sensible dans l’action ; soucieux
de
voir, non d’être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des de
1420
er sensible dans l’action ; soucieux de voir, non
d’
être vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molesté
1421
re, enfin, dans son retrait, des destins molestés
de
la France, que tant de « partisans extravagants » qui tenaient bruyam
1422
extravagants » qui tenaient bruyamment le devant
de
la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je
1423
uyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas
de
l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois remarqu
1424
ène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps
de
parler. Je voudrais proposer trois remarques sur les relations qui se
1425
atique. J’y verrais même la meilleure description
de
l’essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le suj
1426
ture et l’invention du Nouveau Monde ont illustré
d’
accidents séculaires. Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans
1427
oire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte
de
terres en marche vers l’ouest », contre le vent qui souffle en est. D
1428
ers l’ouest », contre le vent qui souffle en est.
De
l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes,
1429
r nylon, les grands rapides « avec leur provision
de
glace pour cinq jours », la « mouette mauve du Mormon », ou cette « c
1430
maïs noir — non violet », enfin « les siffloteurs
de
blues dans les usines secrètes de guerre », au « pire scandale de l’h
1431
les siffloteurs de blues dans les usines secrètes
de
guerre », au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme
1432
s usines secrètes de guerre », au « pire scandale
de
l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’agit, dans sa présence
1433
au « pire scandale de l’histoire »… Mais « c’est
de
l’homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandisseme
1434
homme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et
d’
un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poèm
1435
dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement
de
l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème ainsi prend sa sou
1436
, peuvent être vues comme une seule et même geste
de
l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœ
1437
’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est
d’
un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans l
1438
mouvement lié, que mon poème encore dans le vent,
de
ville en ville, de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de
1439
mon poème encore dans le vent, de ville en ville,
de
fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles de la terre… Congénia
1440
de fleuve en fleuve, court aux plus vastes houles
de
la terre… Congénialité du poème et de cette Amérique ourdie par les
1441
tes houles de la terre… Congénialité du poème et
de
cette Amérique ourdie par les grands vents : le mouvement, la violenc
1442
ment crée l’énergie, le rayonnement et les trains
d’
ondes, — et d’autre part, dans le poème, il crée littéralement le sens
1443
s le poème, il crée littéralement le sens. (Point
de
départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa for
1444
, il crée littéralement le sens. (Point de départ
d’
une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynam
1445
nous filaient entre les doigts — grands virements
de
comptes et glissements sur l’aile. L’apposition me semble offrir ici
1446
osition me semble offrir ici l’équivalent en mots
d’
un accord en musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons
1447
où l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués
de
l’étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale,
1448
plus tard, les rôles conjugués de l’étymologie et
de
l’emportement lyrique4. (Ainsi l’Amérique idéale, entre ses « origine
1449
ase et Vents sont parmi les rares œuvres toniques
de
ce siècle : chants de violence heureuse, refus du désespoir (qui nour
1450
i les rares œuvres toniques de ce siècle : chants
de
violence heureuse, refus du désespoir (qui nourrit la plupart des poè
1451
respire à longs traits la maîtrise, et le bonheur
de
la victoire. Les mots faveur et favorable, éloges, délice et délectab
1452
autres les expressions du délaissement, du dégoût
de
vivre ou des chagrins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse… s’
1453
nostalgie deviennent ici conquête, pressentiment
de
l’acte, distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de
1454
ion vers l’avenir et naissance du chant. Un chant
de
force pour les hommes… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien
1455
poésie des « blues » fait illusion : temps faible
d’
un grand rythme souple, dont il devrait être interdit de l’isoler.) Co
1456
rand rythme souple, dont il devrait être interdit
de
l’isoler.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin de l’exil int
1457
er.) Comparez avec Rilke, notre plus grand témoin
de
l’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’au
1458
témoin de l’exil intérieur en Europe. L’un parle
de
hauteur, d’exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s
1459
’exil intérieur en Europe. L’un parle de hauteur,
d’
exultation, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au
1460
ope. L’un parle de hauteur, d’exultation, l’autre
d’
humilité dans la souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des chose
1461
ce propos une hypothèse critique, qui permettrait
de
situer les grands poèmes du siècle. Si l’élément sentimental domine c
1462
uel, c’est dans l’élément animique que les poèmes
de
Saint-John Perse trouvent leurs lois et leurs cadences : Et c’est pa
1463
à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil
de
ces menées nouvelles au lit du vent. Et c’est conseil encore de fo
1464
velles au lit du vent. Et c’est conseil encore
de
force et de violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents
1465
t du vent. Et c’est conseil encore de force et
de
violence. « Anima » violente et sauvage comme les vents du Nouveau M
1466
e comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve
de
pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée par les ri
1467
n rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est
de
l’avoir domptée par les rigueurs voluptueuses du plus pur langage fra
1468
urs voluptueuses du plus pur langage français, et
de
cette « rhétorique profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L
1469
it un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision
de
l’homme dans le temps, l’Amérique est vision de l’espace. L’Europe fu
1470
n de l’homme dans le temps, l’Amérique est vision
de
l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra peut-être, ma
1471
rocédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies
d’
un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les p
1472
yriques, et l’édification sur table rase des lois
d’
une cité émergeant de son rêve. C’étaient de très grandes forces en c
1473
tion sur table rase des lois d’une cité émergeant
de
son rêve. C’étaient de très grandes forces en croissance sur toutes
1474
lois d’une cité émergeant de son rêve. C’étaient
de
très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et q
1475
ès grandes forces en croissance sur toutes pistes
de
ce monde, et qui prenaient source plus haute qu’en nos chants, en lie
1476
aient source plus haute qu’en nos chants, en lieu
d’
insulte et de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô mond
1477
plus haute qu’en nos chants, en lieu d’insulte et
de
discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier des
1478
e mot « monde » à chaque page : il ne s’agit plus
d’
états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée
1479
monde » à chaque page : il ne s’agit plus d’états
d’
âme, de sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de va
1480
à chaque page : il ne s’agit plus d’états d’âme,
de
sentiments individuels, mais de « la terre distribuée en de vastes es
1481
us d’états d’âme, de sentiments individuels, mais
de
« la terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute rac
1482
nts individuels, mais de « la terre distribuée en
de
vastes espaces », des hommes de toute race et de toute façon, de « pa
1483
rre distribuée en de vastes espaces », des hommes
de
toute race et de toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de
1484
de vastes espaces », des hommes de toute race et
de
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par
1485
es », des hommes de toute race et de toute façon,
de
« pans de siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’u
1486
hommes de toute race et de toute façon, de « pans
de
siècles en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’une âme san
1487
toute façon, de « pans de siècles en voyage » et
de
peuples lus « par nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient d’un
1488
s en voyage » et de peuples lus « par nations » ;
d’
une âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont le poète déchiffr
1489
ar nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient
d’
une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inve
1490
s messages. Itinéraires et inventaires, sommation
de
nos « voies et façons » et « chants d’un peuple, le plus ivre », — il
1491
sommation de nos « voies et façons » et « chants
d’
un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait
1492
ançais ait ouvert aux Américains les perspectives
de
l’épopée globale que l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans
1493
pée globale que l’histoire désormais leur assigne
de
vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut le précédent de Lafay
1494
un autre ordre, cependant, il y eut le précédent
de
Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le c
1495
s seulement le poème du lyrisme, le chant profond
de
l’Amérique. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour
1496
l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir
d’
Automne, sur les derniers roulements d’orage… Demain, ce continent lar
1497
s, un soir d’Automne, sur les derniers roulements
d’
orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit une description charmant
1498
S’ensuit une description charmante et déchirante
d’
une France désuète et qui naguère encore périssait « par excès de sage
1499
suète et qui naguère encore périssait « par excès
de
sagesse », d’une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent
1500
aguère encore périssait « par excès de sagesse »,
d’
une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques
1501
ur avec le vent des Amériques. Au plus haut point
de
ce très haut poème, Saint-John Perse a rejoint notre vœu. Nous l’atte
1502
se a rejoint notre vœu. Nous l’attendrons un soir
d’
automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la terre des h
1503
la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes «
d’
hommes nouveaux, — d’hommes entendus dans la gestion humaine, non dans
1504
prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, —
d’
hommes entendus dans la gestion humaine, non dans la précession des éq
1505
es équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant
d’
une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plu
1506
, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plus
de
qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âm
1507
us de qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas
d’
auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui nous remplisse
1508
e plus grands mouvements… qui nous remplisse plus
de
la vapeur du dieu qui l’agite. » 4. « Avertissement du Dieu ! Avers
1509
e âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasard
de
ma mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables de bonheur, et de
1510
mémoire.) 5. Où sont les grands poètes capables
de
bonheur, et de grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureu
1511
Où sont les grands poètes capables de bonheur, et
de
grandir dans le bonheur, — ceux dont les chants heureux sont les plus
1512
Arabes et Chinois peut-être… m. Rougemont Denis
de
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers de la Pléiade, Paris
1513
, « Saint-John Perse et l’Amérique », Les Cahiers
de
la Pléiade, Paris, septembre 1950, p. 136-139.