1
le philosophe Jaspers que l’Europe du xxe siècle
n’
a plus le choix « qu’entre la balkanisation et l’helvétisation ». La b
2
change. Nous voyons tout d’abord que cent ans, ce
n’
est qu’un septième de notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’éte
3
ptième de notre histoire nationale ; que celle-ci
ne
s’étend que sur le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’est
4
ur le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle
n’
est à son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, q
5
de l’histoire des civilisations, qui elles-mêmes
ne
couvrent que le dernier cinquantième de la durée généralement admise
6
te. D’où il résulte que notre expérience fédérale
ne
représente guère que la dernière minute dans l’heure qu’aurait duré l
7
t propres à nous rappeler que l’évolution humaine
ne
s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement abs
8
ion humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous
ne
sommes pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans l
9
objet hautement organisé, achevé en soi, mais qui
ne
prend son sens et sa valeur que dans la mesure où il meurt et se perd
10
elles peuvent mourir de deux manières : les unes
ne
laissent qu’à peine leur poids minime d’humus, les autres donnent un
11
ainsi que meurent tous les États. Mais peut-être
ne
mourra-t-il que dans sa réalisation à une échelle infiniment plus vas
12
comme une autre République sérénissime de Venise,
ne
laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gardé son idée
13
Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais
n’
est pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne s’agit que des mo
14
est pas applicable aux grands. » On a raison s’il
ne
s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratique d
15
ons que ses applications, mais pourtant celles-ci
n’
existeraient pas sans celle-là. Je ne parlerai donc ici que de notre i
16
nt celles-ci n’existeraient pas sans celle-là. Je
ne
parlerai donc ici que de notre idée fédéraliste en soi. Elle est très
17
rationaliste ou romantique du xixe siècle. Elle
ne
peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas
18
comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle
n’
est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x année
19
e à l’autre, ou d’écraser l’une après l’autre. On
ne
saurait trop insister sur le double mouvement, sur l’interaction, sur
20
ttement du cœur de ce système. Car le fédéralisme
ne
consiste pas seulement dans l’union, comme le mot Bund peut incliner
21
uisses alémaniques à le penser ; et en retour, il
ne
consiste pas seulement dans l’autonomie des régions, cantons ou natio
22
sera permis de dire que la politique fédéraliste
n’
est rien d’autre que la politique tout court, au sens le plus légitime
23
nt pris forme et force de loi vers 1848 ; mais ce
n’
est guère qu’au xxe siècle qu’on s’est mis à la commenter et à philos
24
taque, nous invite à en exprimer la theoria. Nous
ne
pourrons mieux le faire qu’en cherchant à dégager, après coup, les qu
25
tout empirique de nos ancêtres. 1. Le fédéralisme
ne
peut naître que du renoncement à toute idée d’hégémonie éducatrice ou
26
tal dans notre histoire. C’est pourquoi la Suisse
ne
verra jamais sans une méfiance légitime certains « grands » prendre l
27
mple que notre réussite confirme : à savoir qu’on
ne
peut atteindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens
28
en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels
ne
peuvent conduire qu’à l’unification, caricature de l’union véritable.
29
aricature de l’union véritable. 2. Le fédéralisme
ne
peut naître que du renoncement à tout esprit de système. Ce qui vaut
30
ont la condition de la vie organique. Fédérer, ce
n’
est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un cen
31
er et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme
ne
connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitar
32
qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité
ne
représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il v
33
une fonction.) En Suisse, ce respect des qualités
ne
se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États
34
ls, administratifs, linguistiques, religieux, qui
n’
ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de
35
s libres, après Heisenberg et la Bombe, de penser
n’
importe quoi, et que cela changera tout. Pardon ! La science produit d
36
’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée
n’
a fait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfantillag
37
illages. — Bien, dis-je, la preuve que la science
n’
est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup
38
vous. Et voilà qui est utile au surplus. Personne
n’
osant le contester autour de moi, je crois prudent de l’accepter. J’ad
39
accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées
ne
sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer
40
aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et
ne
mène à rien… pour le moment. Mais veuillez supposer maintenant que da
41
d’un moteur atomique : jamais un moteur atomique
n’
a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons à vos enfantillages.1
42
ues imaginaires », et l’action qu’elles proposent
n’
est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société e
43
ces un peu folles, mais assez naturelles, dont je
ne
donnerai que trois exemples : 1. la science a toujours raison ; 2. le
44
tes. D’autre part, la vitesse poussée à l’extrême
ne
peut nous rapprocher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-dire des ques
45
que notre hâte même voulait et croyait fuir. Nous
ne
pensons encore qu’à gagner du temps. Mais quand nous aurons tout le t
46
esse des transports. (Passer d’Europe en Amérique
ne
prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colo
47
es les bourses », beaucoup plus généreusement que
ne
le sont les possibilités constructrices pendant les périodes de paix.
48
de caractériser ? Au challenge de la Nature, nous
n’
avons pas encore répondu par une victoire totale, il s’en faut, mais l
49
a principale résistance au progrès technique déjà
n’
est plus dans la matière mais dans l’homme. Notre existence sur la pla
50
mais dans l’homme. Notre existence sur la planète
n’
est plus menacée par les éléments, mais par nos machines, c’est-à-dire
51
», mais les liens profonds sont coupés. Plus rien
ne
va de soi. La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agent
52
our la première fois dans l’histoire du monde, il
n’
y a plus qu’une seule civilisation (l’occidentale, enrichie d’apports
53
nière heure, quel serait le nouveau challenge qui
ne
manquerait pas de confronter l’humanité, et qui résulterait du succès
54
u xixe siècle. (Sans horaires de tous genres, on
ne
pourrait imaginer le fonctionnement des grandes usines, l’alimentatio
55
des impressions. L’Océan ou les chutes du Niagara
ne
m’ennuient pas, mais bien la traversée d’une grande ville inconnue. C
56
l naît de l’absence même de menaces définies. (On
ne
peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement cl
57
ature ou nos passions nous imposaient, l’humanité
ne
pourra répondre que par une prise de position métaphysique. Elle pour
58
de nos jours, aussi peu imaginables pour nous que
ne
pouvait l’être pour les savants du xviiie siècle la destruction inst
59
t l’ancêtre du plus puissant État totalitaire. Il
n’
avait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tandis
60
ous unir sont d’ordre économique et politique, il
n’
est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement cult
61
relle. Du point de vue de la géographie, l’Europe
n’
est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et
62
ens le plus large et humain. La culture véritable
n’
est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spé
63
xe de l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui
ne
concernent pas l’homme de la rue. La culture naît d’une prise de cons
64
ofondir la conception de l’homme et de sa liberté
n’
a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation
65
modeler l’idée européenne de l’homme. Cette idée
n’
est pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’est pas achevée, ma
66
’est pas simple, mais toujours dialectique ; elle
n’
est pas achevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diversit
67
appelle aujourd’hui totalitaires) contre lesquels
ne
tarde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la div
68
ues, nous voyons se définir un certain idéal, qui
n’
a trouvé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe de n
69
inguistiques, économiques et administratives, qui
n’
ont aucune raison de se recouvrir en fait, cette diversité naturelle e
70
e la seule garantie des autonomies nationales. Ce
n’
est qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité.
71
n droit exclusif dans l’organisation du continent
n’
est pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’un
72
tinent n’est pas moins dangereuse et utopique que
ne
serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la
73
droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
ne
sont capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capabl
74
nt capables de créer l’union. Aucun de ces partis
n’
est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son pro
75
suite son propre avenir. De même que les nations
n’
ont de chance de survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyra
76
rannique de leur souveraineté absolue, les partis
n’
ont de chance de poursuivre leur lutte que s’ils en limitent l’ambitio
77
en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils
n’
ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire
78
ue, de plus en plus contenue et glaciale. Et l’on
ne
peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix
79
-à-dire à la Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe
n’
est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nation
80
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée,
n’
a plus la taille qu’il faut, pour parler et se faire entendre, dans le
81
ar deux grands empires. Et non seulement l’Europe
n’
est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des n
82
terre. Voici le fait fondamental, et que personne
ne
peut nier : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense
83
et que personne ne peut nier : Aucun de nos pays
ne
peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Auc
84
e sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays
ne
peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. L
85
s uns après les autres ; 2° La question allemande
ne
sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la gue
86
permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien
ne
pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une g
87
s bons sujets d’articles ou même de thèses, et je
ne
dirai rien contre les thèses — ici ! — mais nous nous occupons de la
88
etc. Bien sûr ; mais hélas ! l’Europe réelle, ce
n’
est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages
89
s Silone et Carlo Levi. C’est aussi tous ceux qui
n’
ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-cho
90
n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui
ne
savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui cro
91
es, d’innombrables morales contradictoires, et je
ne
sais combien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathéma
92
miques moins rationnelles que polémiques. Et cela
n’
est rien encore : l’Europe consiste dans les combinaisons et les permu
93
arler de leur ménages à trois, et nul d’entre eux
ne
saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à
94
saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux
ne
peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américai
95
anier de crabes ! disent les Américains. Mais ils
ne
doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et
96
t de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent
n’
ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention
97
liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il
n’
était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une
98
e voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple,
n’
ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de convaincre leur adversair
99
au plutonium en passant par le NKVD, le résultat
ne
serait plus l’Europe, mais très exactement ce « petit cap de l’Asie »
100
ie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce
n’
est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est
101
est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce
n’
est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et q
102
ment contraires mais également valables, et qu’il
ne
s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maint
103
u les irréligions, et avec toutes les classes. Ce
n’
est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ceux qui nous dis
104
s adversaires. Il y a ceux qui nous disent : Nous
ne
boudons pas votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart
105
e de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce
n’
est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs,
106
s chaque jour contre elles), ces vigilants de fer
ne
sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doub
107
t pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils
ne
sont pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a ceu
108
ix, mais à une condition : c’est que M. Churchill
n’
en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et p
109
M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nous
ne
marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins
110
Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on
n’
aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajoute
111
rds dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils
ne
le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti t
112
croyance, de même que ceux des juifs orthodoxes,
ne
peuvent suivre l’école le samedi, jour consacré au Sabbat et au culte
113
aires sont stricts : toute absence d’un élève qui
n’
est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes », telle que ma
114
absence de sa fillette à l’école communale, mais
n’
en a pas moins été condamné (après « récidives ») à trois, puis à quat
115
bien ce que vous disent les gens pressés : qu’il
ne
s’agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très petit
116
és aux jours de la semaine, et qu’enfin tout cela
ne
mérite pas trop d’indignation, dans une époque où il s’agit d’abord d
117
rcés. Remarquons tout d’abord que le nombre, ici,
ne
fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être
118
bre, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice
n’
est pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement per
119
ns négligeables » dans le cas d’une secte brimée,
ne
voient pas que cet argument devrait en bonne logique provoquer l’indu
120
éférer le samedi au dimanche comme jour de repos,
ne
doit pas davantage intervenir dans la considération des faits qui nou
121
de ces convictions, car si les deux points de vue
n’
étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les d
122
r une question de principe, sous prétexte qu’elle
n’
intéresse qu’une minorité microscopique, c’est en réalité céder sur le
123
urront être tentées d’abuser. Le premier argument
n’
est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centain
124
Lorsqu’il s’agit de punir ou de faire payer, rien
n’
est trop compliqué pour le législateur ! S’il n’apportait qu’une trace
125
n n’est trop compliqué pour le législateur ! S’il
n’
apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des décre
126
passe-droits » ou des « mesures exceptionnelles »
n’
ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj
127
urrit d’une double confusionj car, d’une part, il
ne
s’agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrét
128
ocraties proclament à l’envi. Et d’autre part, il
n’
y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient a
129
révéleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce
ne
serait pas une affaire que d’ajouter quelques clauses aux milliers d’
130
considérer les droits d’une petite confession qui
ne
menace personne. On les honore d’avoir sauvé d’une extinction probabl
131
élevée au rang de langue nationale, bien qu’elle
ne
soit parlée que par moins d’un centième de la population totale du pa
132
centième de la population totale du pays. Comment
ne
verraient-ils pas qu’en assurant les droits d’une minorité religieuse
133
l de la liberté religieuse à l’école. Parce qu’il
n’
est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou ne suggère aucun élém
134
Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il
n’
implique ou ne suggère aucun élément passionnel, aucune idéologie poli
135
’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou
ne
suggère aucun élément passionnel, aucune idéologie politique, il m’a
136
ment admises par les démocraties occidentales. Je
ne
partage pas la conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais
137
et donc aussi du mien. Chacune de nos religions,
ne
l’oublions jamais, est en quelque manière ou quelque lieu du monde, m
138
même pour nos droits politiques et civiques ? On
ne
peut sauver la liberté, dans notre monde, qu’en s’efforçant de la sau
139
. 11-14. i. Présenté par la note suivante : « Il
n’
est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout
140
« Il n’est pas de petite ou de grande liberté. Il
n’
y a que la liberté “tout court”. Autoriser une religion sans en permet
141
s entièrement d’accord avec lui : une liberté qui
n’
est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la liberté. » j.
142
lui : une liberté qui n’est pas inconditionnelle
n’
est qu’une caricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’origi
143
y serait sans doute restée si quelques écrivains
n’
avaient volé au secours du « premier citoyen du monde ». C’est ainsi q
144
la réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous
ne
sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais
145
le gouvernement mondial, passe par l’Europe — ou
ne
passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler ainsi, puisqu’
146
iers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il
n’
y avait qu’une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je
147
e à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je
n’
ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis p
148
ot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je
ne
suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu
149
, mais d’une logique à laquelle, pour ma part, je
n’
imagine aucun moyen de me soustraire : Devant le nez des premiers enth
150
en train de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils
n’
ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire
151
ue, de plus en plus contenue et glaciale. Et l’on
ne
peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix
152
-à-dire à la paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe
n’
est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nations
153
est divisée en vingt nations dont aucune, isolée,
n’
a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans le
154
es deux grands empires. Et non seulement l’Europe
n’
est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des n
155
terre. Voici le fait fondamental, et que personne
ne
peut nier : aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense
156
et que personne ne peut nier : aucun de nos pays
ne
peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance ; au
157
sérieuse de son indépendance ; aucun de nos pays
ne
peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. ⁂
158
s uns après les autres ; 2° La question allemande
ne
sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la gue
159
permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien
ne
pourra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une g
160
bons sujets d’articles ou même de thèses — et je
ne
dirai rien contre les thèses — mais nous nous occupons de la paix. On
161
, etc. Bien sûr ; mais hélas, l’Europe réelle, ce
n’
est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages
162
s Silone et Carlo Levi. C’est aussi tous ceux qui
n’
ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-cho
163
n’ont jamais été les héros d’aucun roman, et qui
ne
savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui cro
164
rt, le sort de l’Europe, c’est-à-dire que si l’on
ne
fait rien, ils seront tous les uns après les autres annexés, colonisé
165
es, d’innombrables morales contradictoires, et je
ne
sais combien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’anathéma
166
miques moins rationnelles que polémiques. Et cela
n’
est rien encore ; l’Europe consiste dans les combinaisons et les permu
167
rler de leurs ménages à trois, et nul d’entre eux
ne
saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux ne peut prétendre à
168
saurait vivre sans les autres, et nul d’entre eux
ne
peut prétendre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les Américai
169
anier de crabes ! disent les Américains. Mais ils
ne
doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et
170
t de dilemmes accentués à plaisir, et qui souvent
n’
ont d’autre issue que la violence, souvent aussi forcent à l’invention
171
liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’il
n’
était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent d’une
172
e voir : ni la gauche, ni la droite, par exemple,
n’
ont aujourd’hui le moindre espoir sérieux de convaincre leur adversair
173
au plutonium en passant par le NKVD, le résultat
ne
serait plus l’Europe, mais très exactement, ce « petit cap de l’Asie
174
ie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce
n’
est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est
175
est la méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce
n’
est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et q
176
ment contraires mais également valables, et qu’il
ne
s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maint
177
isseurs modernes d’États ou de constitutions. (On
ne
peut guère excepter que les Suisses.) Inutile d’insister : la méthode
178
u les irréligions, et avec toutes les classes. Ce
n’
est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le f
179
ot : jacobines ou totalitaires qui s’ignorent. Ce
ne
serait rien encore. Nous savons que notre action doit aboutir une tra
180
-là, nous serons à notre tour irréductibles. Nous
ne
prétendons pas un instant détruire les nations, supprimer toutes les
181
gale contre l’État. Parler de démocratie, si l’on
n’
a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler de dictature : voir le
182
mmes loin de chanter victoire : notre vraie lutte
ne
fait que commencer. Au moment où nous obtenons ces premiers résultats
183
normal. Tout peut à chaque instant dévier vers on
ne
sait quelles alliances d’États souverains pris de panique, ou d’états
184
d’états-majors d’ailleurs sans troupes ; vers on
ne
sait quelles déclarations sans rire de sécurité collective ; vers on
185
ations sans rire de sécurité collective ; vers on
ne
sait quelle coalition sur le papier qui se donnerait l’air de provoqu
186
opéenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien
ne
plus entendre, pour l’avoir lue dans une centaine de comptes rendus d
187
ons et de nos congrès, et c’est celle-ci : « Nous
ne
pouvons que souhaiter bonne chance aux courageux pionniers du fédéral
188
x qui nous applaudissent, comme ces soldats de je
ne
sais quel pays, dans l’autre guerre, qui, voyant l’officier sortir de
189
s leur trou. Il y a ceux qui nous disent : « Nous
ne
boudons pas votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart
190
e de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce
n’
est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs,
191
s chaque jour contre elles), ces vigilants de fer
ne
sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doub
192
t pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils
ne
sont pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a ce
193
ix, mais à une condition : c’est que M. Churchill
n’
en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et p
194
M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nous
ne
marchons pas, saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins
195
Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on
n’
aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajoute
196
rds dans nos rapports avec Churchill, mais qu’ils
ne
le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti t
197
s, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi
ne
seriez-vous pas le premier ? Diogène avait bien tort quand il chercha
198
quelque sorte purifiés. Ils nous ont condamnés à
ne
représenter que l’essentiel d’une civilisation : son génie, ses mesur
199
s, sa culture. Défendre l’Europe, aujourd’hui, ce
n’
est donc plus défendre le capitalisme industriel, ni la puissance mili
200
ar l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il
ne
s’agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloni
201
mpires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre
ne
peut assurer l’indépendance européenne, seul moyen de prévenir la gue
202
omeut, resteront sans force et sans vie, si elles
ne
sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous
203
et élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce
n’
est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire
204
mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti
ne
contraint au mensonge ou à l’hypocrisie en service commandé, ils vont
205
ures. Il faut que chacune comprenne que son salut
ne
peut être assuré que par l’union, et que cette union ne sera jamais r
206
t être assuré que par l’union, et que cette union
ne
sera jamais réelle sans le concours actif de chacune d’elles. Aussi l
207
, pourquoi faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’il
n’
y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédére
208
aginez cette Europe grande ouverte où les nations
ne
disparaîtraient pas davantage que nos cantons n’ont disparu en se féd
209
ne disparaîtraient pas davantage que nos cantons
n’
ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendr
210
cette grande Europe aussi décidée que la Suisse à
ne
faire la guerre à personne, mais à défendre d’un seul cœur son indépe
211
pre usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte
n’
est possible. De plus, le Centre européen offrira un lieu de rencontre
212
urope la devait à l’esprit, car physiquement elle
ne
figure qu’un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent de la superfi
213
ne. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue
n’
est plus qu’un petit continent, divisé en vingt-quatre nations, à demi
214
mpires neufs de l’Est et de l’Ouest. Rien d’autre
ne
peut assurer l’indépendance européenne, qui est à son tour le seul mo
215
romeut, resteront sans force et sans vie si elles
ne
sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous
216
t élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce
n’
est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire
217
ment de notre communauté. Ce sentiment existe, il
n’
est pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Russes
218
d’études. Installé à Genève depuis trois mois. Je
ne
m’étendrai pas sur les aspects techniques de son travail (documentati
219
nt définir l’esprit qui l’inspire et le guide. Il
ne
s’agit nullement, pour nous, de mettre la culture en statistiques, ou
220
e la culture et de la Conférence culturelle, cela
ne
relève ni du hasard ni de considérations touristiques. Notre neutrali
221
onseils politiques du continent. Et pourtant, nul
ne
songe à défendre un isolationnisme suisse : notre pays dépend, plus q
222
per aux efforts pour sauver l’Europe ? La réponse
ne
peut faire de doute. Tant à Berne qu’au comité du Mouvement européen,
223
s dans l’œuvre collective de la fédération. Qu’on
ne
pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’une manière de nous faufiler
224
muler ici deux remarques, entre toutes celles que
ne
manquera pas de suggérer cette enquête efficace par sa lucidité. La p
225
ois » fatales admises par le xixe siècle qu’elle
ne
traduit dans ses grandes lignes certaines attitudes humaines ou décis
226
, par erreur, doctrinaire). Mais il tend, si l’on
n’
y prend garde, à évacuer la politique, au sens légitime de ce terme. I
227
ai de répondre en leur nom que, justement, le but
n’
est pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je
228
n rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je
ne
défends pas ici (ce n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre
229
Qu’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce
n’
est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque a
230
je fais partie, mais une idée et une méthode. Je
n’
ai jamais rencontré une personne qui ose se dire contre la paix, ou co
231
réfèrent s’en tenir au possible — et presque rien
ne
leur paraît possible — tandis que d’autres veulent le nécessaire. Cer
232
igent ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il
n’
est pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de
233
dirigistes et les libéraux. Mais cette opposition
n’
est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle m
234
t aussi le secret de sa puissance. Pas plus qu’on
ne
peut rêver l’Europe toute libérale ou toute socialiste, on ne peut l’
235
r l’Europe toute libérale ou toute socialiste, on
ne
peut l’imaginer toute catholique ou réformée, toute nordique ou latin
236
en y renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue
n’
en pas voir d’autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve
237
e la Suisse suffit à démontrer que cette solution
n’
est pas seulement praticable en principe, mais pratique. On ne manquer
238
ulement praticable en principe, mais pratique. On
ne
manquera pas de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se mon
239
aste. C’est aller trop vite en besogne : car vous
ne
vous êtes, jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y
240
rai que l’Europe est en train de se défaire. Elle
n’
a jamais étép plus menacée, plus divisée devant le péril, — plus angoi
241
— plus angoissée et sceptique à la fois. Mais il
n’
est pas moins vrai que pour la première fois, dans toute sa longue his
242
renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple,
n’
ont cessé de s’aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience
243
e indifférence qui fait dire aux troupiers : « Il
ne
faut pas chercher à comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière prop
244
ercice de la pensée libre, sans laquelle l’Europe
n’
est plus rien. On pourrait discuter sans fin sur le titre de cette Con
245
d’unir l’Europe, chacun commence par dire : « Il
n’
y a plus d’Europe ! » et finit par offrir une belle définition de ce q
246
ité. Si nous faisons du bon travail ici, personne
ne
perdra plus son temps à se demander ce qu’est la culture. Et comme on
247
la culture sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui
ne
sont pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il ne commenc
248
venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il
ne
commence pas toujours par la rendre folle, il se contente parfois de
249
ites d’occupations accablantes et flatteuses, qui
ne
leur laissent plus une seconde pour distinguer l’approche des catastr
250
x surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu
ne
plaise, dans certains « camps de rééducation sociale », ils auront en
251
qu’il est certains moments de l’histoire où l’on
ne
peut renverser les destins qu’en y allant tous ensemble, et toutes af
252
que cela peut bien me faire ? dit le poète. Cela
ne
m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas i
253
as à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain
n’
est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusi
254
urd’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et il
n’
est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la
255
général, établi pour l’information des délégués,
n’
a d’autre ambition que de signaler et de classer les problèmes qui se
256
illées. Je tiens à souligner qu’une telle enquête
n’
avait jamais encore été tentée. Nous avons dû l’improviser avec des gr
257
x de la conférence. Précisons bien que ce rapport
n’
est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la confé
258
changes culturels ». Observons tout d’abord qu’il
n’
en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union
259
Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux,
ne
doivent pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilemen
260
part, presque automatiquement, favoriser ceux qui
ne
gênent personne, ceux qui sont le moins créateurs ou novateurs, ceux
261
a charge est ruineuse pour la culture. Et surtout
ne
proposons pas, dans ce domaine, de nouveaux organismes ! C’est la par
262
i alléger du poids mort des organisations ! Qu’on
n’
essaie pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d
263
ibre ! La seule idée d’une respiration organisée,
n’
est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer pa
264
, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on
n’
essaie pas de créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe
265
ture : elle existe, elle était aux origines, elle
n’
a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu
266
, au chapitre sur les passeports : « Le passeport
n’
est exigé que pour la Russie. Pour l’entrée dans tous les autres pays,
267
visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges
n’
a pas suffi à réduire les nationalismes ; bien au contraire, c’est ell
268
e a vu naître, il est frappant de constater qu’il
n’
en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité. Les uns
269
t mieux que nous. Il est étrange que cet ensemble
n’
ait pas encore été étudié en tant que tel, d’une manière systématique
270
nt que tel, d’une manière systématique ; et qu’il
n’
existe aucune institution capable de renseigner sur l’Europe en généra
271
besoin d’une telle institution soit urgent, rien
ne
saurait mieux le faire sentir que les difficultés qu’a rencontrées la
272
herches scientifiques, dont l’importance capitale
ne
saurait échapper à personne, et dont M. Dautry a magistralement expos
273
stitutions demanderont des fonds, qui aujourd’hui
n’
existent pas. Ils pourraient facilement être créés par le blocage, au
274
tuel commun, et l’énergie créatrice des Européens
ne
sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur per
275
oderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il
ne
vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi mal c
276
la culture faillirait à sa vraie mission, si elle
n’
élevait pas, contre une pareille folie, le cri des hommes. Et mainten
277
nt « européenne ». Qu’il soit bien clair que nous
n’
entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nationa
278
ion comme un ensemble de valeurs universelles. Il
ne
s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation européenne aux grand
279
’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet
ne
sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous n
280
de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous
ne
pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission que
281
car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous
n’
acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous p
282
nationalismes et autant de barrières de douanes,
ne
saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des pri
283
amant des principes sans les appliquer fermement,
n’
aurait bientôt plus le droit de parler. Prendre au sérieux la vocation
284
experts, qu’un certain nombre de principes moraux
ne
sauraient être négligés dans la pratique sans que l’Europe perde ses
285
ssuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe,
n’
ait trouvé ses plus hautes expressions que dans quelques tableaux clas
286
espirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous
ne
sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité
287
ge à Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce
n’
est pas sans surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’Es
288
s d’Europe sont faits, « sont là » ; que la Grèce
n’
en fait pas partie, mais bien « et de toute évidence » les USA ; que M
289
e le « cacher ») ; et qu’enfin les fédéralistes «
n’
ont jamais été amoureux ». Heureusement pour l’Europe, et pour les féd
290
ement pour l’Europe, et pour les fédéralistes, il
n’
y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbéc
291
est tel sans aucun doute. Mais d’où sort-il ? Je
ne
connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconnaître sa doctrine,
292
Europe… Eh bien, il paraît qu’ils sont là !… » Je
ne
sais qui vous l’a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez la
293
reste à faire, comme chacun sait. (J’ajoute qu’on
ne
compte à Strasbourg qu’une trentaine de fédéralistes sur cent-un dépu
294
rope, depuis le 11 août 1949, mais les États-Unis
n’
y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C’es
295
ut autre en faveur de l’union européenne, mais je
ne
sache pas qu’il ait jamais passé pour un « doctrinaire », et je voudr
296
r certains remèdes in extremis (que les Européens
n’
aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fi
297
péens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce
n’
est pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et
298
fédéralistes, vous décidez de les interroger. Que
ne
le faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment embarrassante, vou
299
les diversités sans lesquelles aucune fédération
n’
est possible. » C’est la seule page de ce gros livre où vous aviez la
300
mber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que
ne
l’avez-vous citée, au lieu de m’attribuer des sottises ? 7° Notre doc
301
n, formule jacobine) vous déclarez que la seconde
n’
est que « l’aveu » de ce que la première dissimule. Après quoi, bien s
302
emière dissimule. Après quoi, bien sûr, plus rien
ne
saurait vous arrêter. J’aime beaucoup votre défense des patries, mais
303
ui les attaque ? L’État-nation d’abord, mais vous
n’
en parlez pas. Garry Davis ? Vous l’approuvez. Les fédéralistes ? Jama
304
our quelle raison attaquez-vous des gens que vous
n’
avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout d
305
vous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous
n’
êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près journalistique. Pour
306
est, dites-nous donc ce que vous proposez. Car je
ne
vais pas vous faire l’injure de croire que vous trouvez que tout va t
307
t Il est impossible de sauver l’Europe si l’on
ne
sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occident
308
ure ; ou de sauver la culture occidentale si l’on
ne
sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de co
309
i l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien
ne
sert de faire durer, de conserver la créature — l’Europe — si l’on ta
310
les sources de sa recréation perpétuelle. Et rien
ne
sert non plus d’entretenir le désir créateur, si on le prive des poss
311
e disparaît du jeu des forces mondiales, personne
ne
pourra remplacer cette âme d’une civilisation qui avait su remplacer
312
ne culture active rendue à l’efficacité, l’Europe
ne
peut recouvrer la puissance. Elle sera peut-être unie, c’est même plu
313
servirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce
n’
était pas celle de son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite
314
Europe sans sa culture, réduite à ce qu’elle est,
ne
serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la
315
t, ne serait plus qu’un cap de l’Asie — et l’Asie
n’
a jamais passé pour la terre de la liberté. Ces deux réalités : l’Euro
316
er une névrose d’infériorité. Pourtant, les faits
ne
justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement
317
Nous disposons surtout de ressources humaines qui
n’
ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les
318
une main-d’œuvre spécialisée dont les traditions
ne
s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous
319
s Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que
n’
avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychan
320
sont des noms de l’Europe, et les très rares qui
n’
en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, au
321
os grands-pères. Caricatures évidemment ; mais ce
n’
est point par hasard que ces deux grands pays semblent appeler ce proc
322
les plus frappants et qu’ils croient spécifiques,
ne
sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas,
323
ture. ⁂ Mais ici, attention ! pas de malentendu !
Ne
nous laissons jamais aller à placer sur le même plan l’Amérique et la
324
é humaine. Tandis qu’entre les Russes et nous, il
n’
y a en commun qu’un mot : le mot démocratie… Pour eux cela signifie di
325
, toute référence superflue, et depuis lors, nous
n’
avons rien appris, sinon toutefois qu’un « pur délice » pouvait entrer
326
ensent à de grands objets. Ce sont des hommes qui
n’
ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont il parle d
327
enaient bruyamment le devant de la scène… Mais ce
n’
est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer tro
328
⁂ Vents me paraît bien plus américain qu’Anabase
n’
était asiatique. J’y verrais même la meilleure description de l’essor
329
dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet
n’
était plutôt le principe animique, ou lyrique, que l’aventure et l’inv
330
ins aux savants atomistes, les allusions précises
ne
manquent point : l’Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes
331
Ouest, rebroussé par les vents. Et le poème aussi
ne
prend son sens que dans le mouvement qu’il inspire à l’esprit. C’est
332
perpétuelle. Tout est mouvant au monde américain,
ne
peut être saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges. Et nous d
333
dégoût de vivre ou des chagrins intimes. Qu’ils
n’
aillent dire : tristesse… s’y plaisant… Interdiction faite au poète !
334
s… Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien
ne
s’accorde mieux au génie matinal du continent américain. (La poésie d
335
grandes » et le mot « monde » à chaque page : il
ne
s’agit plus d’états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la te
336
il y eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents
n’
est pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique.
337
e future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je
ne
sais plus de qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui
338
rit Montesquieu — je ne sais plus de qui, mais il
n’
importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âme de plus grands
339
e ne sais plus de qui, mais il n’importe : « Nous
n’
avons pas d’auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui no