1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 us rappeler que l’évolution humaine ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu mais un ins
2 e ne s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans la marche ve
3 ela est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne s’agit que des modalités
4 lications, mais pourtant celles-ci n’existeraient pas sans celle-là. Je ne parlerai donc ici que de notre idée fédéraliste
5 simple, comme toutes les grandes idées, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une formule ; car elle est d’un
6 formule ; car elle est d’un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup plus « moderne » et scienti
7 rée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par l
8 œur de ce système. Car le fédéralisme ne consiste pas seulement dans l’union, comme le mot Bund peut incliner les Suisses a
9 niques à le penser ; et en retour, il ne consiste pas seulement dans l’autonomie des régions, cantons ou nations, ainsi que
10 condition de la vie organique. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un centre ou
11 iculer dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui au
12 En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, mais surtout,
13 ministratifs, linguistiques, religieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de cent ma
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
14 s. — Bien, dis-je, la preuve que la science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plus vi
15 de composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins deux
16 a liberté du choix, c’est-à-dire prévoir à chaque pas au moins deux solutions possibles. Détourner constamment l’imaginatio
17 tériser ? Au challenge de la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, il s’en faut, mais les moyens
18 uel serait le nouveau challenge qui ne manquerait pas de confronter l’humanité, et qui résulterait du succès même de notre
19 s. L’Océan ou les chutes du Niagara ne m’ennuient pas , mais bien la traversée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque
20 e l’absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement climatisé.)
21 tre du plus puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tandis que des
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
22 ir sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culturelle.
23 plus large et humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécialité
24 , ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La culture naît d’une prise de conscience de la vi
25 lture ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au service du développement de l’in
26 er l’idée européenne de l’homme. Cette idée n’est pas simple, mais toujours dialectique ; elle n’est pas achevée, mais ouve
27 as simple, mais toujours dialectique ; elle n’est pas achevée, mais ouverte ; elle trouve son unité dans la diversité des c
28 ujourd’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’
29 et solidaire ; à la fois libre et engagé — et non pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu d’une synthèse vivante, ma
30 t exclusif dans l’organisation du continent n’est pas moins dangereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’une seule
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
31 in de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur a
32 rès les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre
33 Bien sûr ; mais hélas ! l’Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Cou
34 ais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j
35 abes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur
36 ndre l’unité du continent d’une préalable mise au pas , intellectuelle ou politique, d’une unification des mœurs et des doct
37 se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de
38 méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doiv
39 aires mais également valables, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en ten
40 irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Il y a ceux qui nous disent : N
41 es. Il y a ceux qui nous disent : Nous ne boudons pas votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart, vous coure
42 er (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une foi
43 jour contre elles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement pr
44 . Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui nou
45 une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas  ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le m
46 l n’en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas , saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Chu
47 ll pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajouterai, san
48 avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitaire. Si vous vo
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
49 t au Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas le dimanche mais le samedi. Il en résulte que les enfants élevés dans
50 sont stricts : toute absence d’un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes », telle que maladie,
51 e de sa fillette à l’école communale, mais n’en a pas moins été condamné (après « récidives ») à trois, puis à quatre jours
52 rs de la semaine, et qu’enfin tout cela ne mérite pas trop d’indignation, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver de
53 ci, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que pour être quotidiennement perpétrée
54 ables » dans le cas d’une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bonne logique provoquer l’indulgence pour
55 e samedi au dimanche comme jour de repos, ne doit pas davantage intervenir dans la considération des faits qui nous occupen
56 victions, car si les deux points de vue n’étaient pas dissociés, l’on aboutirait fatalement à refuser tous les droits à tou
57 op simples Il est clair qu’une législation non pas plus « souple », mais plus complexe et plus précise, suffirait à réso
58 être tentées d’abuser. Le premier argument n’est pas sérieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines de c
59 e double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « l
60 es proclament à l’envi. Et d’autre part, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivem
61 nt deux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que d’ajouter quelques clauses aux milliers d’autres, uti
62 pulation totale du pays. Comment ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits d’une minorité religieuse, ils confirmeraie
63 a liberté religieuse à l’école. Parce qu’il n’est pas spectaculaire, parce qu’il n’implique ou ne suggère aucun élément pas
64 s par les démocraties occidentales. Je ne partage pas la conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais que toute r
65 4. i. Présenté par la note suivante : « Il n’est pas de petite ou de grande liberté. Il n’y a que la liberté “tout court”.
66 èrement d’accord avec lui : une liberté qui n’est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la liberté. » j. « Confe
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
67 r : pourquoi l’Europe ? Tant qu’à faire, pourquoi pas le monde entier ? Pourquoi nous arrêter dans notre élan ? Sur cet éla
68 , on a toujours l’air de freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos discou
69 ement mondial, passe par l’Europe — ou ne passera pas du tout. J’ai peut-être le droit de parler ainsi, puisqu’au lendemain
70 a bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un
71 irer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu d’avoir
72 suis au contraire convaincu d’avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Voici pour quelles raison
73 in de s’observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur a
74 rès les autres ; 2° La question allemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre
75 Bien sûr ; mais hélas, l’Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Cou
76 ais été les héros d’aucun roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j
77 justement d’éviter les conflits quotidiens et non pas de les affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule têt
78 simple : une seule tête, un parti, une police, et pas d’opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe ! Deux douzaine
79 abes ! disent les Américains. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme ses misères, et sa grandeur
80 ndre l’unité du continent d’une préalable mise au pas , intellectuelle ou politique, d’une unification des mœurs et des doct
81 se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de
82 méthode fédéraliste. Fédérer, en effet, ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doiv
83 aires mais également valables, et qu’il ne s’agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de maintenir en ten
84 irréligions, et avec toutes les classes. Ce n’est pas sur ce plan que sont nos adversaires. Mais en préconisant le fédérali
85 ns à notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire les nations, supprimer toutes les différences ent
86 contre l’État. Parler de démocratie, si l’on n’a pas ce droit, c’est bavarder, ou c’est parler de dictature : voir les dém
87 ultats concrets, les risques s’aggravent à chaque pas . C’est très normal. Tout peut à chaque instant dévier vers on ne sait
88 . Il y a ceux qui nous disent : « Nous ne boudons pas votre mouvement, mais tout de même nous restons à l’écart, vous coure
89 er (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas être absent, c’est être deux fois présent. Merci, messieurs, une foi
90 jour contre elles), ces vigilants de fer ne sont pas là. Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement, p
91 . Quand la bataille devient sérieuse, ils ne sont pas doublement, présents, ils sont simplement absents. Il y a ceux qui no
92 une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas  ! « S’il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le m
93 l n’en soit pas ! « S’il en est, nous ne marchons pas , saute la bombe et périsse le monde : ça nous fait moins peur que Chu
94 ll pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappelle. Et j’ajouterai, san
95 avec Churchill, mais qu’ils ne le sont peut-être pas autant dans leurs rapports avec certain parti totalitaire. Il y a enf
96 nez vraiment tant que ça, pourquoi ne seriez-vous pas le premier ? Diogène avait bien tort quand il cherchait un homme à la
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
97 randeurs européennes viennent de l’esprit, et non pas de la nature ni du nombre. Comment expliquer autrement que ce cap déc
98 esteront sans force et sans vie, si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peup
99 n de l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une vér
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
100 quoi faut-il fédérer l’Europe ? Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen imaginable d’empêcher la guerre atomique. Fédérer nos p
101 grande ouverte où les nations ne disparaîtraient pas davantage que nos cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les g
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
102 resteront sans force et sans vie si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peup
103 de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une vér
104 e notre communauté. Ce sentiment existe, il n’est pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Russes : « Fi
105 aux Russes : « Finissons-en, venez nous mettre au pas , et supprimons cet épuisant conflit en adoptant l’ordre totalitaire,
106 allé à Genève depuis trois mois. Je ne m’étendrai pas sur les aspects techniques de son travail (documentation européenne ;
107 œuvre collective de la fédération. Qu’on ne pense pas , surtout, qu’il s’agisse là d’une manière de nous faufiler par la pet
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
108 Olivier Philip une importance particulière : non pas seulement celle d’une première vue générale des efforts déployés pour
109 ux remarques, entre toutes celles que ne manquera pas de suggérer cette enquête efficace par sa lucidité. La première touch
110 répondre en leur nom que, justement, le but n’est pas de tourner en rond, mais d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défe
111 s d’avancer. Qu’on m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, o
112 m’entende bien : je ne défends pas ici (ce n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque associat
113 ses moyens, je les appelle fédéralistes. Il n’est pas juste de les considérer comme extrémistes, car il est faux de considé
114 stes et les libéraux. Mais cette opposition n’est pas la seule. L’Europe est née, elle a vécu d’antagonismes. Elle mourrait
115 renonçant. Quelle est la solution ? J’avoue n’en pas voir d’autre que dans le régime fédéraliste. Lui seul conserve les av
116 uisse suffit à démontrer que cette solution n’est pas seulement praticable en principe, mais pratique. On ne manquera pas d
117 icable en principe, mais pratique. On ne manquera pas de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
118 s angoissée et sceptique à la fois. Mais il n’est pas moins vrai que pour la première fois, dans toute sa longue histoire,
119 érence qui fait dire aux troupiers : « Il ne faut pas chercher à comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière proprement eu
120 re sur sa récolte. Deux mots sur ceux qui ne sont pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il ne commence pas tou
121 uand Dieu veut perdre une société, il ne commence pas toujours par la rendre folle, il se contente parfois de l’endormir. J
122 peut bien me faire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas indifférent
123 rouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusion, ni
124 i — et voilà nos problèmes pratiques. Et il n’est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la commun
125 a conférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conférence.
126 urels ». Observons tout d’abord qu’il n’en serait pas question si les frontières étaient ouvertes, et l’union fédérale de l
127 es, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilement de prison
128 ques de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonn
129 ruineuse pour la culture. Et surtout ne proposons pas , dans ce domaine, de nouveaux organismes ! C’est la paresse d’esprit
130 du poids mort des organisations ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’une respi
131 seule idée d’une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets
132 l pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe, elle éta
133 te suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réduire les nationalismes ; bien au contraire, c’est elle qui
134 xigences. Il nous faut aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des institutions qui garantissent et manifestent l’
135 e, il est frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité. Les uns veulent embr
136 x que nous. Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant que tel, d’une manière systématique ; et qu
137 demanderont des fonds, qui aujourd’hui n’existent pas . Ils pourraient facilement être créés par le blocage, au titre europé
138 mun, et l’énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée courent à leur perte inéluc
139 l point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La
140 faillirait à sa vraie mission, si elle n’élevait pas , contre une pareille folie, le cri des hommes. Et maintenant, pour q
141 nne ». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nationalisme europée
142 semble de valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas , pour nous, d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’
143 qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons
144 pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le
145 e climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité organisée.
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
146 ean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’est pas sans surprise que j’apprends, à vous lire dans Liberté de l’Esprit, q
147 pour l’Europe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbécile ».
148 ns aucun doute. Mais d’où sort-il ? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconnaître sa doctrine, ni son acti
149 en faveur de l’union européenne, mais je ne sache pas qu’il ait jamais passé pour un « doctrinaire », et je voudrais bien q
150 s remèdes in extremis (que les Européens n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin de la ma
151 n’aiment pas du tout, vous par exemple), ce n’est pas « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre « des joies et des fê
152 ue ? L’État-nation d’abord, mais vous n’en parlez pas . Garry Davis ? Vous l’approuvez. Les fédéralistes ? Jamais. Au contra
153 lle raison attaquez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même,
154 ’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’êtes pas coutumier, tout de même, de l’à-peu-près journalistique. Pour en fini
155 n, contre sa prétendue souveraineté sans limites. Pas une attaque contre le patriotisme et les patries. Or j’ai quelques ra
156 es-nous donc ce que vous proposez. Car je ne vais pas vous faire l’injure de croire que vous trouvez que tout va très bien
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
157 st impossible de sauver l’Europe si l’on ne sauve pas en même temps sa culture ; ou de sauver la culture occidentale si l’o
158 de sauver la culture occidentale si l’on ne sauve pas en même temps sa patrie. Rien ne sert de faire durer, de conserver la
159 t à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si cette unité signifiait sa défaite, non poi
160 d’infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement. Entre 200 mil
161 isposons surtout de ressources humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les traditi
162 uvre spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas , une capacité d’invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’
163 depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons-nous pas inventé ? Je cite pêle-mêle : le marxisme et la psychanalyse, l’exist
164 noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses
165 réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas de malentendu ! Ne nous laissons jamais aller à placer sur le même pl
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
166 à de grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre d’angle, dont il parle dans Nei
167 t bruyamment le devant de la scène… Mais ce n’est pas de l’homme qu’il est temps de parler. Je voudrais proposer trois rema
168 ule et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’un même mouvemen
169 eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Vents n’est pas seulement le poème du lyrisme, le chant profond de l’Amérique. C’est
170 s plus de qui, mais il n’importe : « Nous n’avons pas d’auteur qui donne à l’âme de plus grands mouvements… qui nous rempli