1
st disposé à l’admettre, deux réserves préalables
se
présentent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord de préciser q
2
ème de notre histoire nationale ; que celle-ci ne
s’
étend que sur le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’est à s
3
ropres à nous rappeler que l’évolution humaine ne
s’
arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu
4
raîtront, et dans lesquelles nos formes actuelles
s’
évanouiront probablement, comme une goutte de vin dans la mer. Ensuite
5
ns et sa valeur que dans la mesure où il meurt et
se
perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient en
6
dans un objet très petit mais hautement élaboré,
se
développera dans un ensemble où son identité formelle se perdra, cert
7
loppera dans un ensemble où son identité formelle
se
perdra, certes, mais pour revivre magnifiée aux dimensions continenta
8
is n’est pas applicable aux grands. » On a raison
s’
il ne s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en prati
9
pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne
s’
agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratique de l
10
la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort
s’
il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est néces
11
se en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il
s’
agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessaire
12
ilibre constamment mouvant entre des forces qu’il
s’
agit de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une
13
848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on
s’
est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même
14
rètes, selon leurs caractères particuliers, qu’il
s’
agit à la fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéral
15
fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne
se
traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, m
16
erribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers
s’
étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de l’espè
17
gieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui
se
recoupent et se recouvrent de cent manières différentes. Il est clair
18
pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et
se
recouvrent de cent manières différentes. Il est clair que des lois co
19
s de ses dimensions, la personne même de ceux qui
s’
y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, d
20
r amusant d’aller plus vite, et donc commencent à
se
demander à quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et princ
21
ir que le présent. On peut même dire que l’Utopie
se
définit comme un système sans avenir. C’est que la plupart des utopis
22
es seraient les conditions requises ? Il faudrait
se
garder tout d’abord de composer un tableau cohérent. Ménager à chaque
23
nne de la vie. L’effort métaphysique et religieux
s’
est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équi
24
t pour établir un ordre social acceptable, tantôt
se
disperse entre vingt sectes politiques contradictoires, tantôt se cri
25
e vingt sectes politiques contradictoires, tantôt
se
crispe en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de l
26
istre un progrès constant et mesurable, et semble
se
poursuivre avec des chances de succès toujours accrues. Il en résulte
27
peu à peu la science qu’elle vénère, ou du moins
s’
informera de ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt q
28
es passions que notre effort technique a laissées
se
développer, ou même a provoquées. Par exemple, la passion nationalist
29
re de la nécessité). Nous oublions que la liberté
se
réalise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’à nous figurer
30
oujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre
S’
il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des chal
31
la Guerre S’il est vrai que les civilisations
se
développent en réponse à des challenges variés, et que chaque réponse
32
ns pas encore répondu par une victoire totale, il
s’
en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos ma
33
(nationalisme, politique partisane). Les passions
s’
emparent de la technique et provoquent la guerre atomique. Les destruc
34
de telle nature, que la civilisation occidentale
se
disloque en îlots plus ou moins intacts dans une mer de ruines, au-de
35
cts dans une mer de ruines, au-dessus de laquelle
se
meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se dési
36
t du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux
se
désintègrent. Il reste assez d’hommes vivants, de livres, de machines
37
iciers ou des fugitifs. Les sociétés de gangsters
se
multiplient. Dans des communautés illuministes de tous ordres, on exp
38
fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de
s’
exacerber tend à se résorber dans la prospérité organisée. En ce milie
39
a question sociale, au lieu de s’exacerber tend à
se
résorber dans la prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle, o
40
t la paix ; soit que le challenge de nos passions
se
révèle trop puissant et que notre civilisation y succombe, soit que n
41
absence même de menaces définies. (On ne peut pas
s’
ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement climatisé.) À
42
tre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout
se
verront persécutés et pourchassés avec une rigueur sans exemple dans
43
valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de
se
tourner vers la matière — désormais « dépassée » — se tournera vers l
44
ourner vers la matière — désormais « dépassée » —
se
tournera vers la découverte et la maîtrise de réalités d’un autre ord
45
la sauver. Primauté de la culture en Europe
S’
il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économi
46
armoniser les moyens et les fins de l’existence ;
s’
efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités publiques et pri
47
couples d’éléments antagonistes dont le dialogue
se
perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque génération : ant
48
dont le dialogue se perpétue en chacun de nous et
se
renouvelle à chaque génération : antiquité et christianisme, Église e
49
rté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui
se
livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la libert
50
lle de l’impérialisme, une réaction collectiviste
se
déclenche, au nom de la justice ou de l’ordre social. Elle donne nais
51
’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas à
se
dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’est-à
52
uelle notion commune de l’homme et de sa destinée
se
fonde cette critique alternée de l’individualisme et du collectivisme
53
sme, renaissant à toutes les époques, nous voyons
se
définir un certain idéal, qui n’a trouvé son nom qu’au xxe siècle, m
54
supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de
s’
enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’i
55
es et administratives, qui n’ont aucune raison de
se
recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arb
56
rtis n’ont de chance de poursuivre leur lutte que
s’
ils en limitent l’ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et su
57
sses, ou qui nous semblent tels, sont en train de
s’
observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affi
58
ver, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
se
battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la p
59
lus en plus contenue et glaciale. Et l’on ne peut
s’
empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce t
60
laciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que
s’
ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par de
61
peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à
se
déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule
62
ée, n’a plus la taille qu’il faut, pour parler et
se
faire entendre, dans le monde dominé par deux grands empires. Et non
63
a paix, mais chacune des nations qui la composent
se
voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par
64
isation économique, par l’un des deux empires qui
se
disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peu
65
à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra
s’
opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont
66
que — une guerre dont quel que soit le vainqueur,
s’
il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulo
67
millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils
se
déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’u
68
la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il
s’
agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela
69
roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui
se
passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — qu
70
ien de partis politiques, de styles, d’écoles qui
s’
anathématisent, et d’expériences économiques moins rationnelles que po
71
; de là enfin cette possibilité de choisir et de
se
risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle s
72
le sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel,
s’
il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent
73
très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi
se
réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui f
74
t contraires mais également valables, et qu’il ne
s’
agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de mainteni
75
ans tous les plans, la formule est la même. Qu’il
s’
agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’es
76
is nous suffirait. Mais soyons sérieux : quand il
s’
agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dé
77
dition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
S’
il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde :
78
é celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même
s’
est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime p
79
de l’Europe, proclament leur fédération, pourront
se
faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espéran
80
h i La secte des adventistes du septième jour,
se
référant au Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas le diman
81
e circuler, etc. doit être punie, surtout si elle
se
répète à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors su
82
règlements aussi sévères, pour peu qu’on veuille
se
servir de ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine
83
et un lycée) la preuve a été faite que tout peut
se
passer sans la moindre difficulté apparente. Les élèves adventistes r
84
samedi et si les examens ont lieu ce jour-là, on
s’
arrange pour que les absents puissent subir l’épreuve un autre. En Fra
85
e. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois,
s’
est vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant trente heures par
86
de de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux
se
reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions religieuses lui
87
en ce que vous disent les gens pressés : qu’il ne
s’
agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nom
88
tes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort de
s’
obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la semaine
89
ite pas trop d’indignation, dans une époque où il
s’
agit d’abord de sauver des millions d’innocents jetés aux camps de con
90
la considération des faits qui nous occupent. Il
s’
agit ici du respect légal de toutes les convictions religieuses en tan
91
ions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on
se
tromperait gravement en estimant que le problème posé par quelques ad
92
es méthodes totalitaires. Les pays dont le régime
se
fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intér
93
er sur le seul point où les démocraties libérales
se
distinguent essentiellement et radicalement des tyrannies : c’est sac
94
lois sur les loyers et les « surfaces corrigées »
s’
ingénient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à p
95
éciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il
s’
agit de punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le lég
96
, rien n’est trop compliqué pour le législateur !
S’
il n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des
97
ionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle
se
nourrit d’une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’a
98
it d’une double confusionj car, d’une part, il ne
s’
agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétise
99
pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre
se
multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux ou trois fois
100
de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils
se
révéleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une a
101
clauses aux milliers d’autres, utiles ou non, qui
s’
accumulent dans nos codes. Si l’anarchie est mauvaise, c’est parce qu’
102
elle aussi, implique mille désordres, puisqu’elle
se
traduit nécessairement par mille applications tyranniques — et que «
103
able, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet égard, on
s’
étonnera que les Suisses, si attentifs à respecter dans leur régime fé
104
langues, des races, des religions et des groupes,
se
montrent soudain les plus stricts dans leur refus de considérer les d
105
que lieu du monde, minoritaire. Chacune donc doit
se
voir et se sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-i
106
monde, minoritaire. Chacune donc doit se voir et
se
sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-il nécessair
107
e peut sauver la liberté, dans notre monde, qu’en
s’
efforçant de la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La libert
108
cice, c’est, en fait, refuser cette liberté qu’on
se
flatte de lui accorder. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans le
109
er citoyen du monde ». C’est ainsi que les choses
se
passent en France et c’est très bien : c’est très européen… La voici
110
La voici donc en pleine actualité. Tout le monde
se
déclare pour le Monde et parle au nom des masses mondiales. Qui dira
111
ent. Et la guerre froide a commencé. La situation
s’
est donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui nous semblen
112
sses, ou qui nous semblent tels, sont en train de
s’
observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affi
113
ver, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de
se
battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la p
114
lus en plus contenue et glaciale. Et l’on ne peut
s’
empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce t
115
laciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que
s’
ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par de
116
peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à
se
déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule
117
lée, n’a plus la taille qu’il faut pour parler et
se
faire entendre, dans le monde dominé par les deux grands empires. Et
118
a paix, mais chacune des nations qui la composent
se
voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par
119
isation économique, par l’un des deux empires qui
se
disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peu
120
à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra
s’
opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont
121
ue — une guerre dont, quel que soit le vainqueur,
s’
il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est
122
millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils
se
déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’u
123
la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il
s’
agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela
124
roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui
se
passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — qu
125
prendre une part active à l’un de ces congrès où
s’
élabore notre fédération européenne. Car c’est précisément quand on ve
126
ien de partis politiques, de styles, d’écoles qui
s’
anathématisent, et d’expériences économiques moins rationnelles que po
127
; de là enfin cette possibilité de choisir et de
se
risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle l
128
le la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel,
s’
il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent
129
rès exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi
se
réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui f
130
t contraires mais également valables, et qu’il ne
s’
agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de mainteni
131
ans tous les plans, la formule est la même. Qu’il
s’
agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’es
132
-à-dire en un mot : jacobines ou totalitaires qui
s’
ignorent. Ce ne serait rien encore. Nous savons que notre action doit
133
ue j’expose ici sont garanties par une action qui
se
poursuit dans toute l’Europe depuis deux ans et qui est en train d’ab
134
ents et par les forces vives de chaque pays, doit
se
réunir dans quelques mois. Elle aura pour mission de proposer la créa
135
nons ces premiers résultats concrets, les risques
s’
aggravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaque instant
136
ers on ne sait quelle coalition sur le papier qui
se
donnerait l’air de provoquer l’un des deux grands, sans créer pour au
137
, qui, voyant l’officier sortir de la tranchée et
s’
élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient
138
is nous suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il
s’
agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dé
139
dition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «
S’
il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde :
140
é celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même
s’
est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime p
141
our ceux-là, nous avons du travail. Je leur dis :
s’
il vous faut des apôtres, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourqu
142
moyen d’en trouver. Une bataille est en train de
se
livrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes,
143
de l’Europe, proclamant leur fédération, pourront
se
faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espéran
144
sonne et de responsabilité sociale, concepts dont
se
réclament, au xxe siècle, les « humanistes » aussi bien que les chré
145
les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il
s’
agisse de philosophie ou de technique, de science pure ou d’industrie,
146
, ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie
s’
en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi b
147
me, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et
s’
il ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser c
148
l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne
s’
agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloniser
149
s ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à
se
servir mieux que nous de ces armes inventées par nous, et qu’ils ont
150
opéens, dans leur majorité, refusent à la fois de
se
laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils senten
151
fusent à la fois de se laisser américaniser et de
se
laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur ca
152
ns-nous la défendre ? Là-dessus, tous les esprits
s’
accordent : il faut sans plus tarder fédérer nos nations, unir leurs f
153
évenir la guerre. Tels sont les buts concrets que
se
sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au
154
ée, le premier résultat de leurs efforts, lorsque
s’
ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parlementaire du Continent. Ma
155
usser les tentations russe et américaine. Mais il
s’
agit maintenant de l’informer, de lui donner des moyens d’expression,
156
sité. La section culturelle du Mouvement européen
s’
est constituée pour y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant l
157
ns ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils
s’
ignorent mutuellement. La première tâche sera donc de dresser un inven
158
des activités « culturelles » de tous ordres, qui
se
placent sur un plan européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau d
159
os intellectuels ont une occasion magnifique de «
s’
engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvem
160
rogramme d’une conférence de la culture, qui doit
se
tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par le
161
ces et les faiblesses de nos cultures nationales,
se
dégageront deux séries de conclusions : les unes portant sur ce qui e
162
démontre de manière éclatante qu’une ère nouvelle
s’
ouvre au Vieux Continent. Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-il fédé
163
nt pas davantage que nos cantons n’ont disparu en
se
fédérant, mais où les guerres entre nations deviendraient aussi impos
164
mment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en
se
fédérant, il y a cent ans. À l’instant même où nous venons vous surpr
165
es questions qui affectent la vie de l’Europe, et
s’
exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rouge
166
re humain relevait de ses gouvernements, le reste
s’
inspirait de ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétiennes ou hum
167
du génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout
s’
est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américa
168
angé de mains. Elle est russe et américaine. Elle
se
retourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus qu’un petit continen
169
lons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprits
s’
accordent : il faut sans plus tarder fédérer ses nations, unir leurs f
170
rée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que
se
sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au m
171
née le premier résultat de leurs efforts, lorsque
s’
ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif de treize nations.
172
ssumer le Centre européen de la culture, qui doit
s’
ouvrir en Suisse dans quelques mois, et que prépare notre Bureau d’étu
173
orts entrepris dans tous nos pays, et qui souvent
s’
ignorent ; action de propagande par la presse, la radio, les revues, a
174
définir l’esprit qui l’inspire et le guide. Il ne
s’
agit nullement, pour nous, de mettre la culture en statistiques, ou de
175
elles de toute l’Europe les moyens pratiques de «
s’
engager » dans l’œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, faire
176
Faire en sorte que la culture aide nos peuples à
s’
unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune de n
177
le ambition de la Conférence culturelle, qui doit
se
réunir à Lausanne au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement e
178
la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il
s’
agisse là d’une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à m
179
s faufiler par la petite porte ! Car à mesure que
se
réalisent les objectifs politiques du Mouvement (le Conseil de l’Euro
180
acquis), à mesure que la fédération du continent
se
dessine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au p
181
existe depuis tant de siècles. Mais l’expression
se
justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformation que vient d
182
ion pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union
se
déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donnent à l’o
183
ne décision proprement politique, pourra marquer,
s’
il aboutit, le point de renversement d’une attitude contraire au génie
184
aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il
s’
agit de la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra dis
185
te et pour une Autorité politique supranationale.
S’
ils sont parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je
186
de. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose
se
dire contre la paix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’
187
autres veulent ses conditions. Certains préfèrent
s’
en tenir au possible — et presque rien ne leur paraît possible — tandi
188
de m’objecter que les Suisses sont les premiers à
se
montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils
189
sont les premiers à se montrer prudents, quand il
s’
agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unioni
190
tes, messieurs, qu’il faut être prudents quand on
s’
engage dans une action si vaste. C’est aller trop vite en besogne : ca
191
ésespérée. Elle est aussi plus près que jamais de
se
résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se
192
ynthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de
se
défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée, plus divisée devant le pé
193
toire, — consciemment, — l’Europe est en train de
se
faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions de la ru
194
s divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de
s’
aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absurdi
195
e écœurée, l’abandon aux fatalités de l’histoire,
se
voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédération, dont té
196
is il faut aller vite, et viser juste. Tandis que
s’
esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il e
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leurs principes. Je souhaite que notre Conférence
s’
interdise les débats académiques auxquels prêtent ces définitions. À t
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travail ici, personne ne perdra plus son temps à
se
demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits,
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ne commence pas toujours par la rendre folle, il
se
contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élit
200
conférence. D’autres invoquent un besoin subit de
se
retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont un
201
er pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout.
S’
ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps
202
n que de signaler et de classer les problèmes qui
se
sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans nos divers pays. Ch
203
tés « secondaires » de la culture. Ils tentent de
s’
en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges su
204
, c’est en fait reconnaître les droits que l’État
s’
est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’é
205
tre les droits que l’État s’est arrogés, et qu’il
s’
agit de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des
206
elle était aux origines, elle n’a cessé depuis de
se
reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre
207
gines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de
s’
enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester !
208
hir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de
se
manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, v
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embrasser le monde entier, tandis que les autres
se
limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline
210
uant à la commission proposée tout à l’heure, qui
s’
occuperait de l’enseignement européen, deux mots seulement, mais impor
211
ce souci est général dans nos pays. Tout le monde
se
rend parfaitement compte que l’avenir de l’union européenne dépend en
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la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on
se
demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que
213
ent moderne. À tel point qu’on se demande parfois
s’
il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi
214
caux une sorte de nationalisme européen. L’Europe
s’
est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa
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comme un ensemble de valeurs universelles. Il ne
s’
agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation européenne aux grandes
216
tre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui
se
pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous
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ce dont les intellectuels des pays libres doivent
se
sentir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler sans
218
nde, qui nous apparaît plus clairement depuis que
se
dressent à l’Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, fill
219
Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il
s’
agit du discours prononcé par Denis de Rougemont lors de la Conférence
220
t vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe
s’
est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux a
221
our un « doctrinaire », et je voudrais bien qu’il
se
déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé la
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partie de leurs positions, et votre belle colère
se
trompe d’adresse. De quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle r
223
Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de
s’
unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils esti
224
pensez que nos patries pourront durer rien qu’en
se
faisant toutes petites et mignonnes. Elles ont besoin de vous aussi,
225
ésir créateur, si on le prive des possibilités de
s’
accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’impui
226
e main-d’œuvre spécialisée dont les traditions ne
s’
imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous en
227
t reculer le commentaire : elle est un acte, elle
se
pose là, posant elle-même ses mesures. La première page d’Anabase lor
228
is proposer trois remarques sur les relations qui
se
sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans
229
u Monde ont illustré d’accidents séculaires. Tout
se
passe à la fois dans l’Histoire et dans l’homme, « dans un très haut
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le de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il
s’
agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement de l’œil aux p
231
ieu de celle des sons. Parfois aussi, sens et son
se
poursuivent, s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une doub
232
sons. Parfois aussi, sens et son se poursuivent,
s’
attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une double allitération,
233
is aussi, sens et son se poursuivent, s’attirent,
se
mêlent en un étrange inceste, en une double allitération, où l’on étu
234
rins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse…
s’
y plaisant… Interdiction faite au poète ! … Mais si un homme tient pou
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Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien ne
s’
accorde mieux au génie matinal du continent américain. (La poésie des
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ion, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un
s’
ouvre « au monde entier des choses », l’autre voudrait s’en effacer ;
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« au monde entier des choses », l’autre voudrait
s’
en effacer ; l’un chante la maîtrise en plein midi, l’autre guette une
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bscure présence aux crépuscules spirituels ; l’un
se
veut prince, et l’autre moine-mendiant. Risquons à ce propos une hypo
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re, interfère avec le spirituel chez T. S. Eliot,
s’
y mêle indiscernablement chez Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire
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S. Eliot, s’y mêle indiscernablement chez Rilke,
s’
évanouit chez Valéry pour faire place à l’intellectuel, c’est dans l’é
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nos chants, en lieu d’insulte et de discorde Qui
se
donnaient licence par le monde — ô monde entier des choses — et qui v
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andes » et le mot « monde » à chaque page : il ne
s’
agit plus d’états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la terre
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roulements d’orage… Demain, ce continent largué…
S’
ensuit une description charmante et déchirante d’une France désuète et