1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 st disposé à l’admettre, deux réserves préalables se présentent aussitôt à l’esprit. Il conviendrait d’abord de préciser q
2 ème de notre histoire nationale ; que celle-ci ne s’ étend que sur le dernier tiers de l’ère chrétienne, laquelle n’est à s
3 ropres à nous rappeler que l’évolution humaine ne s’ arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu
4 raîtront, et dans lesquelles nos formes actuelles s’ évanouiront probablement, comme une goutte de vin dans la mer. Ensuite
5 ns et sa valeur que dans la mesure où il meurt et se perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient en
6 dans un objet très petit mais hautement élaboré, se développera dans un ensemble où son identité formelle se perdra, cert
7 loppera dans un ensemble où son identité formelle se perdra, certes, mais pour revivre magnifiée aux dimensions continenta
8 is n’est pas applicable aux grands. » On a raison s’ il ne s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en prati
9 pas applicable aux grands. » On a raison s’il ne s’ agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratique de l
10 la mise en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’ il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est néces
11 se en pratique de l’idée fédérale. On a tort s’il s’ agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessaire
12 ilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’ agit de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou d’écraser l’une
13 848 ; mais ce n’est guère qu’au xxe siècle qu’on s’ est mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Comme la vie même
14 rètes, selon leurs caractères particuliers, qu’il s’ agit à la fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéral
15 fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, m
16 erribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’ étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de l’espè
17 gieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de cent manières différentes. Il est clair
18 pas les mêmes frontières, et qui se recoupent et se recouvrent de cent manières différentes. Il est clair que des lois co
19 s de ses dimensions, la personne même de ceux qui s’ y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, d
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
20 r amusant d’aller plus vite, et donc commencent à se demander à quoi cela sert. Supposez que leur plaisir nouveau et princ
21 ir que le présent. On peut même dire que l’Utopie se définit comme un système sans avenir. C’est que la plupart des utopis
22 es seraient les conditions requises ? Il faudrait se garder tout d’abord de composer un tableau cohérent. Ménager à chaque
23 nne de la vie. L’effort métaphysique et religieux s’ est relâché à partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équi
24 t pour établir un ordre social acceptable, tantôt se disperse entre vingt sectes politiques contradictoires, tantôt se cri
25 e vingt sectes politiques contradictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de l
26 istre un progrès constant et mesurable, et semble se poursuivre avec des chances de succès toujours accrues. Il en résulte
27 peu à peu la science qu’elle vénère, ou du moins s’ informera de ses dernières conclusions, à la faveur du temps d’arrêt q
28 es passions que notre effort technique a laissées se développer, ou même a provoquées. Par exemple, la passion nationalist
29 re de la nécessité). Nous oublions que la liberté se réalise dans l’acte du choix ; nous allons même jusqu’à nous figurer
30 oujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’ il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des chal
31 la Guerre S’il est vrai que les civilisations se développent en réponse à des challenges variés, et que chaque réponse
32 ns pas encore répondu par une victoire totale, il s’ en faut, mais les moyens de cette victoire sont désormais entre nos ma
33 (nationalisme, politique partisane). Les passions s’ emparent de la technique et provoquent la guerre atomique. Les destruc
34 de telle nature, que la civilisation occidentale se disloque en îlots plus ou moins intacts dans une mer de ruines, au-de
35 cts dans une mer de ruines, au-dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se dési
36 t du nihilisme. Les derniers lieux communs moraux se désintègrent. Il reste assez d’hommes vivants, de livres, de machines
37 iciers ou des fugitifs. Les sociétés de gangsters se multiplient. Dans des communautés illuministes de tous ordres, on exp
38 fédéraliste ; et la question sociale, au lieu de s’ exacerber tend à se résorber dans la prospérité organisée. En ce milie
39 a question sociale, au lieu de s’exacerber tend à se résorber dans la prospérité organisée. En ce milieu du xxe siècle, o
40 t la paix ; soit que le challenge de nos passions se révèle trop puissant et que notre civilisation y succombe, soit que n
41 absence même de menaces définies. (On ne peut pas s’ ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement climatisé.) À
42 tre à nu. Dans ce cas, les spirituels-malgré-tout se verront persécutés et pourchassés avec une rigueur sans exemple dans
43 valeur. Mais l’effort de cette élite, au lieu de se tourner vers la matière — désormais « dépassée » — se tournera vers l
44 ourner vers la matière — désormais « dépassée » — se tournera vers la découverte et la maîtrise de réalités d’un autre ord
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
45 la sauver. Primauté de la culture en Europe S’ il est vrai que les motifs immédiats de nous unir sont d’ordre économi
46 armoniser les moyens et les fins de l’existence ; s’ efforcer de rapporter sans cesse toutes les activités publiques et pri
47 couples d’éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque génération : ant
48 dont le dialogue se perpétue en chacun de nous et se renouvelle à chaque génération : antiquité et christianisme, Église e
49 rté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la libert
50 lle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la justice ou de l’ordre social. Elle donne nais
51 ’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’est-à
52 uelle notion commune de l’homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualisme et du collectivisme
53 sme, renaissant à toutes les époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a trouvé son nom qu’au xxe siècle, m
54 supprimer les antagonismes, soit qu’il essaie de s’ enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’i
55 es et administratives, qui n’ont aucune raison de se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arb
56 rtis n’ont de chance de poursuivre leur lutte que s’ ils en limitent l’ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et su
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
57 sses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’ observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affi
58 ver, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la p
59 lus en plus contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’ empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce t
60 laciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par de
61 peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule
62 ée, n’a plus la taille qu’il faut, pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par deux grands empires. Et non
63 a paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par
64 isation économique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peu
65 à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’ opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont
66 que — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’ il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulo
67 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’u
68 la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’ agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela
69 roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — qu
70 ien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’ anathématisent, et d’expériences économiques moins rationnelles que po
71  ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle s
72 le sa liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’ il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent
73 très exactement ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui f
74 t contraires mais également valables, et qu’il ne s’ agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de mainteni
75 ans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’ agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’es
76 is nous suffirait. Mais soyons sérieux : quand il s’ agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dé
77 dition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «  S’ il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde :
78 é celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’ est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime p
79 de l’Europe, proclament leur fédération, pourront se faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espéran
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
80 h i La secte des adventistes du septième jour, se référant au Décalogue, observe le repos hebdomadaire non pas le diman
81 e circuler, etc. doit être punie, surtout si elle se répète à intervalles fréquents ou réguliers. La sanction est alors su
82 règlements aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir de ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine
83 et un lycée) la preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre difficulté apparente. Les élèves adventistes r
84 samedi et si les examens ont lieu ce jour-là, on s’ arrange pour que les absents puissent subir l’épreuve un autre. En Fra
85 e. Le 1er avril 1948, Marcel D…, citoyen vaudois, s’ est vu arrêté par les gendarmes et incarcéré pendant trente heures par
86 de de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d’une faute, et ses convictions religieuses lui
87 en ce que vous disent les gens pressés : qu’il ne s’ agit que de cas fort rares, que les adventistes sont en très petit nom
88 tes sont en très petit nombre, qu’ils ont tort de s’ obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la semaine
89 ite pas trop d’indignation, dans une époque où il s’ agit d’abord de sauver des millions d’innocents jetés aux camps de con
90 la considération des faits qui nous occupent. Il s’ agit ici du respect légal de toutes les convictions religieuses en tan
91 ions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se tromperait gravement en estimant que le problème posé par quelques ad
92 es méthodes totalitaires. Les pays dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intér
93 er sur le seul point où les démocraties libérales se distinguent essentiellement et radicalement des tyrannies : c’est sac
94 lois sur les loyers et les « surfaces corrigées » s’ ingénient au-delà du bon sens à distinguer, à nuancer, à préciser, à p
95 éciser, à prévoir d’infimes variations. Lorsqu’il s’ agit de punir ou de faire payer, rien n’est trop compliqué pour le lég
96 , rien n’est trop compliqué pour le législateur ! S’ il n’apportait qu’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des
97 ionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit d’une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’a
98 it d’une double confusionj car, d’une part, il ne s’ agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétise
99 pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux ou trois fois
100 de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient deux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une a
101 clauses aux milliers d’autres, utiles ou non, qui s’ accumulent dans nos codes. Si l’anarchie est mauvaise, c’est parce qu’
102 elle aussi, implique mille désordres, puisqu’elle se traduit nécessairement par mille applications tyranniques — et que « 
103 able, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet égard, on s’ étonnera que les Suisses, si attentifs à respecter dans leur régime fé
104 langues, des races, des religions et des groupes, se montrent soudain les plus stricts dans leur refus de considérer les d
105 que lieu du monde, minoritaire. Chacune donc doit se voir et se sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-i
106 monde, minoritaire. Chacune donc doit se voir et se sentir visée par la persécution qu’une autre endure. Est-il nécessair
107 e peut sauver la liberté, dans notre monde, qu’en s’ efforçant de la sauver partout. h. Rougemont Denis de, « La libert
108 cice, c’est, en fait, refuser cette liberté qu’on se flatte de lui accorder. Denis de Rougemont l’expose fort bien dans le
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
109 er citoyen du monde ». C’est ainsi que les choses se passent en France et c’est très bien : c’est très européen… La voici
110 La voici donc en pleine actualité. Tout le monde se déclare pour le Monde et parle au nom des masses mondiales. Qui dira
111 ent. Et la guerre froide a commencé. La situation s’ est donc précisée, si je puis dire… Deux colosses, ou qui nous semblen
112 sses, ou qui nous semblent tels, sont en train de s’ observer, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affi
113 ver, par-dessus nos têtes… Ils n’ont pas envie de se battre, affirment-ils. Ils proclament au contraire leur amour de la p
114 lus en plus contenue et glaciale. Et l’on ne peut s’ empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce t
115 laciale. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que s’ ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par de
116 peut s’empêcher de penser que s’ils continuent à se déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule
117 lée, n’a plus la taille qu’il faut pour parler et se faire entendre, dans le monde dominé par les deux grands empires. Et
118 a paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de colonisation économique, par
119 isation économique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et que personne ne peu
120 à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra s’ opposer à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont
121 ue — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’ il en est un, l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est
122 millions d’habitants faisaient bloc, soit qu’ils se déclarent neutres, soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’u
123 la réalité la plus complexe de la terre, et qu’il s’ agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela
124 roman, et qui ne savent pas grand-chose de ce qui se passe dans le monde, ceux qui croient — et j’en connais beaucoup — qu
125 prendre une part active à l’un de ces congrès où s’ élabore notre fédération européenne. Car c’est précisément quand on ve
126 ien de partis politiques, de styles, d’écoles qui s’ anathématisent, et d’expériences économiques moins rationnelles que po
127  ; de là enfin cette possibilité de choisir et de se risquer, qui est la condition première de ce que l’Européen appelle l
128 le la liberté. Voilà pourquoi il serait criminel, s’ il n’était d’abord impossible, de faire dépendre l’unité du continent
129 rès exactement, ce « petit cap de l’Asie » à quoi se réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui f
130 t contraires mais également valables, et qu’il ne s’ agit pas de subordonner l’une à l’autre, mais au contraire de mainteni
131 ans tous les plans, la formule est la même. Qu’il s’ agisse de contrats privés ou de politique générale, d’économie ou d’es
132 -à-dire en un mot : jacobines ou totalitaires qui s’ ignorent. Ce ne serait rien encore. Nous savons que notre action doit
133 ue j’expose ici sont garanties par une action qui se poursuit dans toute l’Europe depuis deux ans et qui est en train d’ab
134 ents et par les forces vives de chaque pays, doit se réunir dans quelques mois. Elle aura pour mission de proposer la créa
135 nons ces premiers résultats concrets, les risques s’ aggravent à chaque pas. C’est très normal. Tout peut à chaque instant
136 ers on ne sait quelle coalition sur le papier qui se donnerait l’air de provoquer l’un des deux grands, sans créer pour au
137 , qui, voyant l’officier sortir de la tranchée et s’ élancer le premier à l’attaque, criaient bravo ! bravo ! et restaient
138 is nous suffirait. Mais soyons sérieux ; quand il s’ agit de voter dans nos congrès contre les « mystifications » qu’ils dé
139 dition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! «  S’ il en est, nous ne marchons pas, saute la bombe et périsse le monde :
140 é celle d’hier. Ils oublient que Staline lui-même s’ est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime p
141 our ceux-là, nous avons du travail. Je leur dis : s’ il vous faut des apôtres, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourqu
142 moyen d’en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous l’avons provoquée, nous les fédéralistes,
143 de l’Europe, proclamant leur fédération, pourront se faire entendre au monde entier comme la voix forte enfin de l’espéran
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
144 sonne et de responsabilité sociale, concepts dont se réclament, au xxe siècle, les « humanistes » aussi bien que les chré
145 les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s’ agisse de philosophie ou de technique, de science pure ou d’industrie,
146 , ni le nationalisme, car l’Amérique ou la Russie s’ en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi b
147 me, car l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’ il ne s’agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser c
148 l’Amérique ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s’ agissait que de cela, nous pourrions aussi bien nous laisser coloniser
149 s ou annexer par les staliniens. Ils ont appris à se servir mieux que nous de ces armes inventées par nous, et qu’ils ont
150 opéens, dans leur majorité, refusent à la fois de se laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils senten
151 fusent à la fois de se laisser américaniser et de se laisser staliniser, c’est qu’ils sentent bien que dans le meilleur ca
152 ns-nous la défendre ? Là-dessus, tous les esprits s’ accordent : il faut sans plus tarder fédérer nos nations, unir leurs f
153 évenir la guerre. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons, au
154 ée, le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parlementaire du Continent. Ma
155 usser les tentations russe et américaine. Mais il s’ agit maintenant de l’informer, de lui donner des moyens d’expression,
156 sité. La section culturelle du Mouvement européen s’ est constituée pour y collaborer. Elle a commencé par fonder, avant l
157 ns ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’ ignorent mutuellement. La première tâche sera donc de dresser un inven
158 des activités « culturelles » de tous ordres, qui se placent sur un plan européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau d
159 os intellectuels ont une occasion magnifique de «  s’ engager » sans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’un mouvem
160 rogramme d’une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par le
161 ces et les faiblesses de nos cultures nationales, se dégageront deux séries de conclusions : les unes portant sur ce qui e
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
162 démontre de manière éclatante qu’une ère nouvelle s’ ouvre au Vieux Continent. Monsieur de Rougemont, pourquoi faut-il fédé
163 nt pas davantage que nos cantons n’ont disparu en se fédérant, mais où les guerres entre nations deviendraient aussi impos
164 mment la Suisse a su atteindre ces trois buts, en se fédérant, il y a cent ans. À l’instant même où nous venons vous surpr
165 es questions qui affectent la vie de l’Europe, et s’ exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rouge
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
166 re humain relevait de ses gouvernements, le reste s’ inspirait de ses doctrines démocrates ou marxistes, chrétiennes ou hum
167 du génie créateur de l’Europe. En cinq ans, tout s’ est écroulé. La puissance a changé de mains. Elle est russe et américa
168 angé de mains. Elle est russe et américaine. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus qu’un petit continen
169 lons-nous la sauver ? Là-dessus, tous les esprits s’ accordent : il faut sans plus tarder fédérer ses nations, unir leurs f
170 rée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont assignés les promoteurs du Mouvement européen. Nous verrons au m
171 née le premier résultat de leurs efforts, lorsque s’ ouvrira, dans Strasbourg, le Parlement consultatif de treize nations.
172 ssumer le Centre européen de la culture, qui doit s’ ouvrir en Suisse dans quelques mois, et que prépare notre Bureau d’étu
173 orts entrepris dans tous nos pays, et qui souvent s’ ignorent ; action de propagande par la presse, la radio, les revues, a
174 définir l’esprit qui l’inspire et le guide. Il ne s’ agit nullement, pour nous, de mettre la culture en statistiques, ou de
175 elles de toute l’Europe les moyens pratiques de «  s’ engager » dans l’œuvre du mouvement fédéraliste ; d’autre part, faire
176 Faire en sorte que la culture aide nos peuples à s’ unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune de n
177 le ambition de la Conférence culturelle, qui doit se réunir à Lausanne au mois d’octobre, sous les auspices du Mouvement e
178 la fédération. Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’ agisse là d’une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à m
179 s faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se réalisent les objectifs politiques du Mouvement (le Conseil de l’Euro
180 acquis), à mesure que la fédération du continent se dessine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au p
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
181 existe depuis tant de siècles. Mais l’expression se justifie sitôt que l’on songe à la brusque transformation que vient d
182 ion pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonstances donnent à l’o
183 ne décision proprement politique, pourra marquer, s’ il aboutit, le point de renversement d’une attitude contraire au génie
184 aile fédéraliste du Mouvement européen, dès qu’il s’ agit de la création d’une véritable Autorité européenne. On pourra dis
185 te et pour une Autorité politique supranationale. S’ ils sont parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je
186 de. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose se dire contre la paix, ou contre la vertu en général, ou même contre l’
187 autres veulent ses conditions. Certains préfèrent s’ en tenir au possible — et presque rien ne leur paraît possible — tandi
188 de m’objecter que les Suisses sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils
189 sont les premiers à se montrer prudents, quand il s’ agit de « faire l’Europe ». C’est qu’ils sont déjà fédérés. Aux unioni
190 tes, messieurs, qu’il faut être prudents quand on s’ engage dans une action si vaste. C’est aller trop vite en besogne : ca
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
191 ésespérée. Elle est aussi plus près que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se
192 ynthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n’a jamais étép plus menacée, plus divisée devant le pé
193 toire, — consciemment, — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux d’un esprit objectif, toutes les conditions de la ru
194 s divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s’ aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absurdi
195 e écœurée, l’abandon aux fatalités de l’histoire, se voient combattus par l’élan vers l’union, vers la fédération, dont té
196 is il faut aller vite, et viser juste. Tandis que s’ esquissent, à Strasbourg, les cadres politiques de l’Europe unie, il e
197 leurs principes. Je souhaite que notre Conférence s’ interdise les débats académiques auxquels prêtent ces définitions. À t
198 travail ici, personne ne perdra plus son temps à se demander ce qu’est la culture. Et comme on juge l’arbre à ses fruits,
199 ne commence pas toujours par la rendre folle, il se contente parfois de l’endormir. Je veux dire qu’il surcharge ses élit
200 conférence. D’autres invoquent un besoin subit de se retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont un
201 er pour méditer. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps
202 n que de signaler et de classer les problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans nos divers pays. Ch
203 tés « secondaires » de la culture. Ils tentent de s’ en tirer en consentant à la culture ce petit va-et-vient d’échanges su
204 , c’est en fait reconnaître les droits que l’État s’ est arrogés, et qu’il s’agit de lui dénier radicalement — le droit d’é
205 tre les droits que l’État s’est arrogés, et qu’il s’ agit de lui dénier radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des
206 elle était aux origines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de s’enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre
207 gines, elle n’a cessé depuis de se reformer et de s’ enrichir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester !
208 hir de mille diversités. Qu’on la laisse libre de se manifester ! L’Europe ouverte, et rien de plus, mais rien de moins, v
209 embrasser le monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline
210 uant à la commission proposée tout à l’heure, qui s’ occuperait de l’enseignement européen, deux mots seulement, mais impor
211 ce souci est général dans nos pays. Tout le monde se rend parfaitement compte que l’avenir de l’union européenne dépend en
212 la folie de l’Occident moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que
213 ent moderne. À tel point qu’on se demande parfois s’ il ne vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi
214 caux une sorte de nationalisme européen. L’Europe s’ est, de tout temps, ouverte au monde entier. Elle a toujours conçu sa
215 comme un ensemble de valeurs universelles. Il ne s’ agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation européenne aux grandes
216 tre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous
217 ce dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler sans
218 nde, qui nous apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Ouest deux civilisations plus jeunes, fill
219 Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il s’ agit du discours prononcé par Denis de Rougemont lors de la Conférence
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
220 t vraie dans le fait que « le Conseil de l’Europe s’ est réuni à Strasbourg… et qu’il a déjà son statut (en quarante-deux a
221 our un « doctrinaire », et je voudrais bien qu’il se déclare « fédéraliste »… 5° Ai-je vraiment, à mon insu, « annoncé la
222 partie de leurs positions, et votre belle colère se trompe d’adresse. De quoi ce lapsus est-il révélateur ? Pour quelle r
223 Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’ unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils esti
224 pensez que nos patries pourront durer rien qu’en se faisant toutes petites et mignonnes. Elles ont besoin de vous aussi,
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
225 ésir créateur, si on le prive des possibilités de s’ accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’impui
226 e main-d’œuvre spécialisée dont les traditions ne s’ imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous en
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
227 t reculer le commentaire : elle est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses mesures. La première page d’Anabase lor
228 is proposer trois remarques sur les relations qui se sont révélées entre le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans
229 u Monde ont illustré d’accidents séculaires. Tout se passe à la fois dans l’Histoire et dans l’homme, « dans un très haut
230 le de l’histoire »… Mais « c’est de l’homme qu’il s’ agit, dans sa présence humaine ; et d’un agrandissement de l’œil aux p
231 ieu de celle des sons. Parfois aussi, sens et son se poursuivent, s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une doub
232 sons. Parfois aussi, sens et son se poursuivent, s’ attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une double allitération,
233 is aussi, sens et son se poursuivent, s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une double allitération, où l’on étu
234 rins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse… s’ y plaisant… Interdiction faite au poète ! … Mais si un homme tient pou
235 Choses vivantes, ô choses — excellentes ! Rien ne s’ accorde mieux au génie matinal du continent américain. (La poésie des
236 ion, l’autre d’humilité dans la souffrance ; l’un s’ ouvre « au monde entier des choses », l’autre voudrait s’en effacer ;
237 « au monde entier des choses », l’autre voudrait s’ en effacer ; l’un chante la maîtrise en plein midi, l’autre guette une
238 bscure présence aux crépuscules spirituels ; l’un se veut prince, et l’autre moine-mendiant. Risquons à ce propos une hypo
239 re, interfère avec le spirituel chez T. S. Eliot, s’ y mêle indiscernablement chez Rilke, s’évanouit chez Valéry pour faire
240 S. Eliot, s’y mêle indiscernablement chez Rilke, s’ évanouit chez Valéry pour faire place à l’intellectuel, c’est dans l’é
241 nos chants, en lieu d’insulte et de discorde Qui se donnaient licence par le monde — ô monde entier des choses — et qui v
242 andes » et le mot « monde » à chaque page : il ne s’ agit plus d’états d’âme, de sentiments individuels, mais de « la terre
243 roulements d’orage… Demain, ce continent largué… S’ ensuit une description charmante et déchirante d’une France désuète et