1 1948, Articles divers (1948-1950). L’idée fédéraliste (1948)
1 helvétisation signifierait l’intégration fédérale des nations, renonçant à leur souveraineté absolue au profit d’une consti
2 renonçant à leur souveraineté absolue au profit d’ une constitution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une so
3 commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple à suivre ». Même si l’on est disposé à l’admet
4 re ils pourraient être utilisés ou reproduits sur une plus vaste échelle. La question de nos dimensions dans l’espace et da
5 ral avec ses cent ans d’existence représente déjà une tradition ; nous pouvons en étudier les phases et l’évolution interne
6 est à son tour que le dernier tiers de l’histoire des civilisations, qui elles-mêmes ne couvrent que le dernier cinquantièm
7 s’arrêtera pas avec nous, que nous ne sommes pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans la marche vers
8 e nous ne sommes pas un aboutissement absolu mais un instant transitoire dans la marche vers d’autres formes politiques et
9 ormes actuelles s’évanouiront probablement, comme une goutte de vin dans la mer. Ensuite, ce rappel à nos dimensions très r
10 es dans le temps comme dans l’espace nous suggère une analogie, ou une image au moins, du rôle que nous pourrons jouer dans
11 comme dans l’espace nous suggère une analogie, ou une image au moins, du rôle que nous pourrons jouer dans le monde. En eff
12 près celles de la graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’ une graine ? C’est un objet hautement organisé, achevé en soi, mais qui n
13 graine à l’arbre. Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un objet hautement organisé, achevé en soi, mais qui ne prend son sens e
14 sure où il meurt et se perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient en germe et qu’il préfigure. Une
15 rt et se perd dans le développement des forces et des formes qu’il contient en germe et qu’il préfigure. Une graine, c’est
16 ormes qu’il contient en germe et qu’il préfigure. Une graine, c’est à la fois un aboutissement et un commencement. C’est le
17 e et qu’il préfigure. Une graine, c’est à la fois un aboutissement et un commencement. C’est le lieu d’un passage de la vi
18 . Une graine, c’est à la fois un aboutissement et un commencement. C’est le lieu d’un passage de la vie à la vie par la mo
19 aboutissement et un commencement. C’est le lieu d’ un passage de la vie à la vie par la mort. Toutes les graines meurent, m
20 ine leur poids minime d’humus, les autres donnent un nouvel arbre. Notre État fédéral mourra, certes, lui aussi, ainsi que
21 eut-être ne mourra-t-il que dans sa réalisation à une échelle infiniment plus vaste ? Telle est la chance de la Suisse dans
22 siècle ou pour ceux qui le suivront. La chance d’ une graine. Transposons maintenant ces symboles. Traduisons graine par id
23 evient à ceci : ou bien notre État fédéral, après un siècle et demi ou deux, disparaîtra tout comme une autre République s
24 un siècle et demi ou deux, disparaîtra tout comme une autre République sérénissime de Venise, ne laissant qu’un souvenir ou
25 République sérénissime de Venise, ne laissant qu’ un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gardé son idée pour lui seul e
26 énissime de Venise, ne laissant qu’un souvenir ou un décor, parce qu’il aura gardé son idée pour lui seul et l’aura épuisé
27 e cette idée que notre État aura su incarner dans un objet très petit mais hautement élaboré, se développera dans un ensem
28 petit mais hautement élaboré, se développera dans un ensemble où son identité formelle se perdra, certes, mais pour revivr
29 ⁂ Quand on cite l’exemple helvétique, à propos d’ un projet d’États-Unis d’Europe ou de gouvernement mondial, l’objection
30 , l’objection immédiate qui surgit sur les lèvres des étrangers est la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit
31 est la suivante : « Tout cela est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands. » On a raison s’il
32 able aux grands. » On a raison s’il ne s’agit que des modalités typiquement suisses de la mise en pratique de l’idée fédéra
33 érale. On a tort s’il s’agit de l’idée elle-même. Une expérience de laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensio
34 ais non pas simple à définir en quelques mots, en une formule ; car elle est d’un type organique et non pas mécanique ou pa
35 en quelques mots, en une formule ; car elle est d’ un type organique et non pas mécanique ou passionnel, en cela beaucoup p
36 du xixe siècle. Elle ne peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un
37 cle. Elle ne peut être comparée qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique
38 qu’à un rythme, à une respiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par la ré
39 spiration. Elle n’est pas une utopie à rejoindre, un plan statique à réaliser en x années par la réduction impitoyable des
40 réaliser en x années par la réduction impitoyable des résistances, mais elle est au contraire le secret d’un équilibre cons
41 sistances, mais elle est au contraire le secret d’ un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit de compos
42 e secret d’un équilibre constamment mouvant entre des forces qu’il s’agit de composer, non de soumettre l’une à l’autre, ou
43 ur, il ne consiste pas seulement dans l’autonomie des régions, cantons ou nations, ainsi que le conçoivent trop souvent les
44 s l’équilibre souple entre l’union et l’autonomie des parties, dans leur composition vivante en vue de leur renforcement mu
45 on vivante en vue de leur renforcement mutuel : «  Un pour tous » mais aussi « Tous pour un ». Dans ce sens, il nous sera p
46 mutuel : « Un pour tous » mais aussi « Tous pour un  ». Dans ce sens, il nous sera permis de dire que la politique fédéral
47 itime de ce mot. Elle est donc l’antithèse exacte des méthodes totalitaires, antipolitiques par définition, puisqu’elles co
48 les diversités par incapacité de les composer en un tout organique et vivant. ⁂ C’est peut-être parce que l’idée fédérali
49 ncipales décisions de notre vie politique pendant des siècles, et qu’elle a finalement pris forme et force de loi vers 1848
50 nie éducatrice ou organisatrice exercée par l’une des nations composantes. Les luttes des Waldstätten contre Zurich, puis d
51 cée par l’une des nations composantes. Les luttes des Waldstätten contre Zurich, puis des cantons campagnards contre les vi
52 s. Les luttes des Waldstätten contre Zurich, puis des cantons campagnards contre les villes, et finalement l’attitude génér
53 re les villes, et finalement l’attitude généreuse des vainqueurs du Sonderbund, illustrent ce principe fondamental dans not
54 re. C’est pourquoi la Suisse ne verra jamais sans une méfiance légitime certains « grands » prendre l’initiative d’une fédé
55 gitime certains « grands » prendre l’initiative d’ une fédération européenne ou mondiale. L’échec de Napoléon et celui d’Hit
56 s leurs tentatives d’unifier l’Europe indiquent d’ une manière négative cette même vérité simple que notre réussite confirme
57 eindre la fin, qui est l’union, qu’en renonçant à des moyens impérialistes, lesquels ne peuvent conduire qu’à l’unification
58 rit de système. Ce qui vaut pour l’impérialisme d’ une nation vaut aussi pour celui d’une idéologie. On pourrait définir l’a
59 impérialisme d’une nation vaut aussi pour celui d’ une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un refus
60 On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systématiques,
61 réel, vexantes pour les minorités, destructrices des diversités qui sont la condition de la vie organique. Fédérer, ce n’e
62 ue. Fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’un centre ou d’un axe, mais arranger ens
63 en ordre d’après un plan géométrique, à partir d’ un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, se
64 ès un plan géométrique, à partir d’un centre ou d’ un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, selon leurs carac
65 r d’un centre ou d’un axe, mais arranger ensemble des réalités concrètes, selon leurs caractères particuliers, qu’il s’agit
66 s’agit à la fois de respecter et d’articuler dans un tout. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On
67 out. 3. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi, supprime ce
68 té qui prime. Par exemple : le totalitarisme voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’une minorité ait les mêmes dr
69 exemple : le totalitarisme voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’une major
70 voit une injustice ou une erreur dans le fait qu’ une minorité ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la
71 s le fait qu’une minorité ait les mêmes droits qu’ une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre
72 C’est qu’à ses yeux la minorité ne représente qu’ un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une m
73 plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’ une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité
74 té puisse compter pour autant, voire pour plus qu’ une majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux elle représente une q
75 certains cas, parce qu’à ses yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait aussi dire : une fonction.) En Su
76 qualité irremplaçable. (On pourrait aussi dire : une fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seule
77 aussi dire : une fonction.) En Suisse, ce respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conse
78 pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États, mais surtout, et d’une manière beaucoup plus efficace, dans le
79 élection du Conseil des États, mais surtout, et d’ une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de notre vie politi
80 encore que le respect ou que la simple tolérance) des complexités culturelles, psychologiques, et même économiques, telle e
81 is sont ceux que Jacob Burckhardt qualifiait dans une lettre prophétique de « terribles simplificateurs ». Lorsque les étra
82 es étrangers s’étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de l’espèce de mouvement d’horlogerie fine que
83 réalités humaines du pays. La Suisse est formée d’ une multitude de groupes politiques, culturels, administratifs, linguisti
84 nt de cent manières différentes. Il est clair que des lois conçues dans un esprit unitaire, jacobin ou totalitaire, brimera
85 fférentes. Il est clair que des lois conçues dans un esprit unitaire, jacobin ou totalitaire, brimeraient nécessairement l
86 éter sur table rase, de simplifier les réalités d’ un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite le
87 lifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle et de forcer ensuite leur réalisation en écrasant to
88 ce qui dépasse. Mais c’est la vitalité civique d’ un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéraliste, telle qu’on vie
89 vitalité civique d’un peuple qu’on écrase ainsi. Une politique fédéraliste, telle qu’on vient de la décrire, suppose infin
2 1948, Articles divers (1948-1950). Essai sur l’avenir (1948)
90 Essai sur l’avenir (1948)a 1. Parabole des fées Tout cela est très joli ! disait le Docteur, mais quoi, la
91 e cela changera tout. Pardon ! La science produit des preuves que vos superstitions seraient bien en peine de réfuter ou d’
92 e réfuter ou d’égaler. Elle guérit ! Elle invente des machines qui font déjà mille kilomètres à l’heure ! Elle vérifie par
93 éjà mille kilomètres à l’heure ! Elle vérifie par des faits éclatants, du genre de la bombe atomique, ses spéculations les
94  » ! Libre à vous de prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner le moindre moteur
95 ur but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfa
96 ent de l’accepter. J’admets aussi que l’évocation des fées ne sert à rien et ne mène à rien… pour le moment. Mais veuillez
97 rrivent après deux ou trois siècles d’application des bons esprits. Voilà le sérieux nouveau, l’utilité urgente. Ces fées d
98 é par quelques sectes populaires, font de la mort une plaisanterie d’un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouf
99 es populaires, font de la mort une plaisanterie d’ un goût sublime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’une seule p
100 lime qui perd son sel à être répétée, étouffent d’ une seule pensée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendre p
101 ibre à vous de prendre pour but la construction d’ un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre fée
102 but la construction d’un moteur atomique : jamais un moteur atomique n’a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons à vos e
103 2. Utopies et prévisions La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles paraissent moins riches d’avenir que le prése
104 . On peut même dire que l’Utopie se définit comme un système sans avenir. C’est que la plupart des utopistes, en effet, fo
105 it remarquer Toynbee, les utopies sont en réalité des « programmes d’action déguisés en descriptions sociologiques imaginai
106 s proposent n’est autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une société en décadence. On isole de cette société
107 re que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’ une société en décadence. On isole de cette société les éléments que l’on
108 que l’on considère comme bons, et l’on en compose un système en équilibre permanent, à l’abri des menaces vulgaires comme
109 mpose un système en équilibre permanent, à l’abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensible aux déf
110 e permanent, à l’abri des menaces vulgaires comme des créations de l’esprit, insensible aux défis toujours renouvelés de la
111 l’Histoire. Est-il possible d’imaginer l’avenir d’ une manière moins statique par hypothèse ? Quelles seraient les condition
112  ? Il faudrait se garder tout d’abord de composer un tableau cohérent. Ménager à chaque pas la liberté du choix, c’est-à-d
113 partir du xviiie siècle ; l’effort pour trouver un équilibre humain plus large et plus fécond que celui du confort en a
114 celui du confort en a pâti. L’effort pour établir un ordre social acceptable, tantôt se disperse entre vingt sectes politi
115 ictoires, tantôt se crispe en tyrannies, qui sont des désordres fixés. Seul l’effort de la science (dont le sous-produit es
116 (dont le sous-produit est l’industrie) enregistre un progrès constant et mesurable, et semble se poursuivre avec des chanc
117 nstant et mesurable, et semble se poursuivre avec des chances de succès toujours accrues. Il en résulte, dans les masses, c
118 en résulte, dans les masses, certaines croyances un peu folles, mais assez naturelles, dont je ne donnerai que trois exem
119 de certains objets neufs ; 3. aller plus vite est un bien en soi. La vitesse accrue est à nos yeux la preuve que la scien
120 et statistique… Cependant, l’on peut imaginer qu’ une large élite rejoindra peu à peu la science qu’elle vénère, ou du moin
121 i semble avoir atteint, provisoirement peut-être, une certaine limite. Je dirais qu’elle a touché le fond, et même qu’elle
122 fond, et même qu’elle l’a déjà percé, en ramenant un atome à de l’énergie, donc en réduisant la matière à quelque chose d’
123 matière à quelque chose d’immatériel, pour parler un langage grossier. (Mais c’est celui, précisément, dans lequel la gran
124 approcher que de l’« à quoi bon ? », c’est-à-dire des questions métaphysiques que notre hâte même voulait et croyait fuir.
125 de la raison, neutralise pratiquement la vitesse des transports. (Passer d’Europe en Amérique ne prenait guère moins de te
126 emps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colomb : une journée de vol plus trois mois de démarches afin d’obtenir les visas,
127 et préjugés locaux. Ces deux passions produisent des guerres, à la faveur desquelles les possibilités destructrices de la
128 s pour mettre en échec son ambition prométhéenne. Une autre conséquence indirecte de l’effort scientifique doit être indiqu
129 la science du siècle passé) favorise l’abdication des responsabilités personnelles. Les « lois » que nous multiplions avec
130 sonnelles. Les « lois » que nous multiplions avec une hâte suspecte dans des domaines encore mal étudiés, tels que l’économ
131 que nous multiplions avec une hâte suspecte dans des domaines encore mal étudiés, tels que l’économie, la psychologie, la
132 ibis. Nous sommes tentés de justifier en leur nom des attitudes qu’en d’autres temps l’on eût appelées faiblesse de caractè
133 rer qu’elle consiste à « avoir » la disposition d’ un choix d’objets toujours plus étendu… 3. Surmonter la Guerre S’i
134 que les civilisations se développent en réponse à des challenges variés, et que chaque réponse victorieuse suscite un nouve
135 variés, et que chaque réponse victorieuse suscite un nouveau challenge 3, quels développements devons-nous prévoir à parti
136 de la Nature, nous n’avons pas encore répondu par une victoire totale, il s’en faut, mais les moyens de cette victoire sont
137 ’énergie atomique) en laissant en friche le champ des passions (nationalisme, politique partisane). Les passions s’emparent
138 e se disloque en îlots plus ou moins intacts dans une mer de ruines, au-dessus de laquelle se meut l’esprit du nihilisme. L
139 connaissances techniques pour maintenir ici et là des apparences de « vie normale », mais les liens profonds sont coupés. P
140 La méfiance règne. Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de gangst
141 Ceux qui voyagent encore sont des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de gangsters se multiplient.
142 encore sont des agents secrets, des policiers ou des fugitifs. Les sociétés de gangsters se multiplient. Dans des communau
143 s. Les sociétés de gangsters se multiplient. Dans des communautés illuministes de tous ordres, on expérimente des morales n
144 autés illuministes de tous ordres, on expérimente des morales nouvelles et des formes nouvelles de résistance contre l’État
145 s ordres, on expérimente des morales nouvelles et des formes nouvelles de résistance contre l’État vainqueur et son empire,
146 ersel. De ces communautés persécutées peut sortir une spiritualité nouvelle, mère d’une civilisation imprévisible. 2. Nous
147 ées peut sortir une spiritualité nouvelle, mère d’ une civilisation imprévisible. 2. Nous répondons au challenge des passion
148 tion imprévisible. 2. Nous répondons au challenge des passions nationalistes et politiques par une organisation mondiale co
149 enge des passions nationalistes et politiques par une organisation mondiale contrôlant effectivement les armes atomiques. L
150 e fois dans l’histoire du monde, il n’y a plus qu’ une seule civilisation (l’occidentale, enrichie d’apports orientaux tardi
151 identale, enrichie d’apports orientaux tardifs) ; une seule nation souveraine, de type fédéraliste ; et la question sociale
152 répondions victorieusement par l’établissement d’ un gouvernement mondial, libérant l’effort scientifique. (Je note ce sen
153 ) 4. Surmonter l’Ennui Dans l’éventualité d’ une réponse victorieuse, à la dernière heure, quel serait le nouveau chal
154 rielle et ses grandes villes. Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la création la plus typique du xixe
155 genres, on ne pourrait imaginer le fonctionnement des grandes usines, l’alimentation, la circulation et les spectacles dans
156 imentation, la circulation et les spectacles dans une agglomération vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour de l’uniformi
157 e agglomération vaste et dense.) « L’ennui naquit un jour de l’uniformité », dit-on. Mais c’est l’excès de variété qui l’e
158 a monotonie crée plus d’ennui que la multiplicité des impressions. L’Océan ou les chutes du Niagara ne m’ennuient pas, mais
159 agara ne m’ennuient pas, mais bien la traversée d’ une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme dan
160 nde ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’est l’absence de rythmes vivants, ou leur r
161 xistence, ou encore : la répartition indifférente des efforts et des sollicitations, empêchant toute concentration sur un p
162 core : la répartition indifférente des efforts et des sollicitations, empêchant toute concentration sur un point choisi par
163 sollicitations, empêchant toute concentration sur un point choisi par quelque nécessité interne, en vue d’une création, d’
164 nt choisi par quelque nécessité interne, en vue d’ une création, d’une participation, d’une compréhension en profondeur. C’e
165 elque nécessité interne, en vue d’une création, d’ une participation, d’une compréhension en profondeur. C’est donc un accro
166 ne, en vue d’une création, d’une participation, d’ une compréhension en profondeur. C’est donc un accroissement de l’entropi
167 on, d’une compréhension en profondeur. C’est donc un accroissement de l’entropie. Or l’ennui diffère en ceci de tout autre
168 menaces définies. (On ne peut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement climatisé.) À ce challenge en
169 ut pas s’ennuyer dans une tempête, mais bien dans un appartement climatisé.) À ce challenge en quelque sorte négatif, et p
170 imposaient, l’humanité ne pourra répondre que par une prise de position métaphysique. Elle pourra choisir l’anesthésie spir
171 uelle, ou l’aventure spirituelle. 1. L’anesthésie des masses ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes
172 ou insensibilisation à l’ennui, sera obtenue par des méthodes de conditionnement social et physiologique, dont le principe
173 cipe général sera d’obnubiler et de refouler avec une extrême vigilance toute question métaphysique que l’Ennui risquerait
174 ré-tout se verront persécutés et pourchassés avec une rigueur sans exemple dans notre passé : ils seront les criminels soci
175 r excellence. Ils formeront dans la clandestinité un prolétariat secret, probablement nomade, qui pourra devenir la matric
176 bablement nomade, qui pourra devenir la matrice d’ une civilisation spirituelle et mondiale. 2. Si l’Humanité choisit au con
177 spirituelle, celle-ci sera sans doute initiée par une élite en tous points comparable à celle de nos savants actuels, dotée
178 comparable à celle de nos savants actuels, dotée des mêmes prestiges populaires, exerçant une autorité analogue sur l’orie
179 s, dotée des mêmes prestiges populaires, exerçant une autorité analogue sur l’orientation de la recherche organisée, et déf
180 a vers la découverte et la maîtrise de réalités d’ un autre ordre, totalement ignorées ou négligées de nos jours, aussi peu
181 ts du xviiie siècle la destruction instantanée d’ une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière. C
182 ntanée d’une ville par suite de la dissociation d’ un invisible point de matière. Ce sont ces réalités indescriptibles, et
183 es comme Saint-Simon et Marx, qui ont contribué d’ une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leurs p
184 contribué d’une manière décisive à donner forme à un avenir très différent de leurs prévisions. Saint-Simon a fourni les c
185 s puissant État totalitaire. Il n’avait pas prévu des mouvements comme le fascisme et le nazisme, tandis que des penseurs s
186 ments comme le fascisme et le nazisme, tandis que des penseurs solitaires et a-politiques (tels que Kierkegaard et Jacob Bu
3 1948, Articles divers (1948-1950). Pour sauver nos diversités (le sens de La Haye) (juin 1948)
187 les menaces qui pèsent sur nous mettent en cause une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise
188 sur nous mettent en cause une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des siècles le
189 t en cause une notion de l’homme, un mode de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. E
190 de vie, un idéal de liberté, que symbolise depuis des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perd
191 e. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai b
192 té la plus profonde. Et c’est en la définissant d’ une manière actuelle et concrète que nous poserons les bases de la fédéra
193 point de vue de la géographie, l’Europe n’est qu’ un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et des autr
194 Europe n’est qu’un cap de l’Asie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et des autres peuples du monde, l’Europe reste
195 ie. Du point de vue des hommes qui l’habitent, et des autres peuples du monde, l’Europe reste aujourd’hui, même privée de s
196 ourd’hui, même privée de sa puissance, le foyer d’ une culture inégalée, plus intense, plus diverse et créatrice qu’en toute
197 s large et humain. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécialités q
198 main. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concern
199 t pas un ornement, un simple luxe de l’esprit, ou un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. La c
200 ncernent pas l’homme de la rue. La culture naît d’ une prise de conscience de la vie ; elle illustre, traduit et promeut une
201 nce de la vie ; elle illustre, traduit et promeut une certaine conception de l’existence ; elle l’éduque ; elle en donne le
202 ’hui, que la culture ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au service du dével
203 e ainsi comprise y soit encore un but, et non pas un moyen. Ailleurs, elle est mise au service du développement de l’indus
204 oir, les dirigeants de l’économie qui lui dictent un programme précis, qui limitent ses activités, et qui prescrivent son
205 cesse toutes les activités publiques et privées à une notion toujours plus haute et large de l’homme et de sa liberté ; amé
206 sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’ une doctrine unique, d’une nation ou d’une caste choisie, mais au contrai
207 té, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’ une nation ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et
208 ’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’ une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant qu
209 et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’ un dialogue permanent, bien souvent dramatique, parfois tragique, entre
210 tre plusieurs doctrines ou plusieurs confessions, une vingtaine de nations, et une infinité d’écoles et de génies individue
211 usieurs confessions, une vingtaine de nations, et une infinité d’écoles et de génies individuels : tous, ils ont contribué
212 ouverte ; elle trouve son unité dans la diversité des couples d’éléments antagonistes dont le dialogue se perpétue en chacu
213 i se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils du désordre et d
214 ation de l’anarchie ou à celle de l’impérialisme, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de la justice ou de l’ord
215 tice ou de l’ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appelle aujourd’hui totalitaires) contre les
216 s) contre lesquels ne tarde pas à se dresser avec une passion renouvelée le génie de la diversité, c’est-à-dire de la liber
217 sant à toutes les époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a trouvé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a t
218 pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu d’ une synthèse vivante, mais aussi d’un conflit entre des exigences égaleme
219 ngagé ; lieu d’une synthèse vivante, mais aussi d’ un conflit entre des exigences également valables mais pratiquement anta
220 e synthèse vivante, mais aussi d’un conflit entre des exigences également valables mais pratiquement antagonistes. Cet homm
221 déologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous d’ une manière uniforme, donc tyrannique. Diversité et division des natio
222 iforme, donc tyrannique. Diversité et division des nations et des idéologies Cette description succincte de l’homme e
223 rannique. Diversité et division des nations et des idéologies Cette description succincte de l’homme européen nous me
224 et en mesure de clarifier maintenant quelques-uns des problèmes brûlants que nous pose la fédération. Tout d’abord, celui d
225 que nous pose la fédération. Tout d’abord, celui des nations. La diversité des nations, correspondant au cloisonnement géo
226 on. Tout d’abord, celui des nations. La diversité des nations, correspondant au cloisonnement géographique du continent, a
227 nnement géographique du continent, a fait pendant des siècles l’originalité de l’Europe et la fécondité de sa culture. Mais
228 de l’État, fixant les mêmes frontières rigides à des réalités culturelles, linguistiques, économiques et administratives,
229 tue aujourd’hui le pire danger pour la vie réelle des nations. Dans l’état de faiblesse où il les met, il les livrera fatal
230 à l’unification forcée, soit par l’intervention d’ un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est p
231 on d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’ un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédérale est devenue la seule
232 oi l’union fédérale est devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en surmontant nos divisions que no
233 rté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions mortelles. Tandis que les frontières étatiques cloisonnent
234 s vers l’autarcie économique. Leurs prétentions à un droit exclusif dans l’organisation du continent n’est pas moins dange
235 ereuse et utopique que ne serait l’impérialisme d’ une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le
236 ordonnent leur tactique à la stratégie générale d’ une action de salut public européen. c. Rougemont Denis de, « Pour sa
4 1948, Articles divers (1948-1950). Pourquoi l’Europe ? (25 décembre 1948)
237 amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’ une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. E
238 e déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir, et les
239 la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir, et les forcer au c
240 a Paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance, parce que l’Europe est divisée en vingt nations dont aucun
241 nds empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui l
242 issance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de c
243 politique ou de colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et
244 er : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résou
245 ions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’ une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1° L
246 lemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra
247 er à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité to
248 erre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un , l’humanité tout entière sortirait vaincue. Si nous voulons sauver la
249 r en respect les deux Grands, je vous rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe
250 soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’ un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agress
251 onde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’ une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l
252 complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique Cela « soulève », comme
253 s hélas ! l’Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceu
254 Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceux de Bourget
255 ssi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens Silone et Carlo Levi. C’
256 — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dan
257 siste dans les combinaisons et les permutations d’ une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droi
258 ossible, de faire dépendre l’unité du continent d’ une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unification
259 lable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’ une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologi
260 s, intellectuelle ou politique, d’une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord
261 elle ou politique, d’une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossible,
262 tion des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’ une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la g
263 de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’ une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps, par la
264 nière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps, par la force, il resterait dix autres couples d’adversaires à
265 réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la
266 sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’ une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédestin
267 naturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise e
268 er, en effet, ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple h
269 ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par
270 ase que je propose à votre admiration : Affirmer une vigilance de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas ê
271 l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nou
272 s’est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappell
273 tre-Atlantique comme en France, et tout récemment des Lettres sur la bombe atomique , vient de faire, en tant que membre d
274 ue membre du Comité central de l’Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que l’on va en
275 é central de l’Union européenne des fédéralistes, une conférence en Sorbonne. Les extraits que l’on va en lire montrent à q
5 1949, Articles divers (1948-1950). La liberté religieuse à l’école (2e semestre 1949)
276 ieuse à l’école (2e semestre 1949)h i La secte des adventistes du septième jour, se référant au Décalogue, observe le re
277 ants élevés dans cette croyance, de même que ceux des juifs orthodoxes, ne peuvent suivre l’école le samedi, jour consacré
278 glements scolaires sont stricts : toute absence d’ un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes »,
279 te absence d’un élève qui n’est pas justifiée par des raisons « réputées légitimes », telle que maladie, réunion de famille
280 magine tous les conflits qui peuvent surgir entre une croyance aussi intransigeante et des règlements aussi sévères, pour p
281 surgir entre une croyance aussi intransigeante et des règlements aussi sévères, pour peu qu’on veuille se servir de ceux-ci
282 r de ceux-ci contre celle-là. Je viens d’examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois
283 s d’examiner une vingtaine de dossiers relatifs à des familles adventistes dans trois pays : la Belgique, la France et la S
284 tre écoles belges (communale, moyenne, normale et un lycée) la preuve a été faite que tout peut se passer sans la moindre
285 nge pour que les absents puissent subir l’épreuve un autre. En France, dans plusieurs départements, après que les demandes
286 i », il est arrivé fréquemment que le directeur d’ une école, ou l’inspecteur d’académie, consentissent finalement à interpr
287 néanmoins qu’ici ou là, en Algérie ou en Alsace, des amendes ou des peines de prison ont été infligées aux pères d’enfants
288 ci ou là, en Algérie ou en Alsace, des amendes ou des peines de prison ont été infligées aux pères d’enfants absents plusie
289 samedis de suite. D’innombrables démarches auprès des autorités de l’enseignement, des préfets et des ministres semblent av
290 démarches auprès des autorités de l’enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré dans la plupart des
291 s des autorités de l’enseignement, des préfets et des ministres semblent avoir rencontré dans la plupart des cas une compré
292 semblent avoir rencontré dans la plupart des cas une compréhension effective. Mais la loi demeure invariable. Et quel que
293 liberté de conscience, il arrive que la lettre d’ un décret tue l’esprit de tolérance là où il existe, ou serve de prétext
294 rance. En Suisse, la situation diffère beaucoup d’ un canton à l’autre. C’est ainsi que l’État de Genève accorde le congé d
295 école le samedi matin, et qu’il refusait de payer une amende de 2 francs par absence : c’eût été à ses yeux se reconnaître
296  : c’eût été à ses yeux se reconnaître coupable d’ une faute, et ses convictions religieuses lui interdisent de l’admettre.
297 pour cinquante-sept heures d’absence de sa fille. Un autre père, Albert B…, citoyen bernois, a accepté de payer des amende
298 e, Albert B…, citoyen bernois, a accepté de payer des amendes allant successivement de 3 à 12 francs par absence de sa fill
299 nçant alors à la lutte, il a envoyé sa fille dans un canton voisin, où la loi paraît plus tolérante. L’instruction primair
300 suisses, amendes comprises. Nous pourrions citer une dizaine d’autres situations, fort analogues. « Exceptions négligeab
301 s petit nombre, qu’ils ont tort de s’obstiner sur une question de numéros attribués aux jours de la semaine, et qu’enfin to
302 tout cela ne mérite pas trop d’indignation, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver des millions d’innocents jetés
303 n, dans une époque où il s’agit d’abord de sauver des millions d’innocents jetés aux camps de concentration ou aux travaux
304 ord que le nombre, ici, ne fait rien à l’affaire. Une injustice n’est pas moins grave pour être unique que pour être quotid
305 nique que pour être quotidiennement perpétrée sur des millions, et il est curieux que les bonnes gens qui parleraient volon
306 tiers « d’exceptions négligeables » dans le cas d’ une secte brimée, ne voient pas que cet argument devrait en bonne logique
307 it pas davantage intervenir dans la considération des faits qui nous occupent. Il s’agit ici du respect légal de toutes les
308 user tous les droits à toutes les religions moins une — celle que l’on suit. Enfin, l’on se tromperait gravement en estiman
309 ys dont le régime se fonde sur le respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intérêt évident et capital à respecter
310 e respect déclaré des libertés fondamentales, ont un intérêt évident et capital à respecter minutieusement ces libertés. C
311 respecter minutieusement ces libertés. Céder sur une question de principe, sous prétexte qu’elle n’intéresse qu’une minori
312 de principe, sous prétexte qu’elle n’intéresse qu’ une minorité microscopique, c’est en réalité céder sur le seul point où l
313 es se distinguent essentiellement et radicalement des tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à l’opportunité ou aux
314 t et radicalement des tyrannies : c’est sacrifier des droits humains à l’opportunité ou aux intérêts du grand nombre, et l’
315 sait aujourd’hui où cela peut conduire. Danger des lois trop simples Il est clair qu’une législation non pas plus « s
316 Danger des lois trop simples Il est clair qu’ une législation non pas plus « souple », mais plus complexe et plus préci
317 us complexe et plus précise, suffirait à résoudre des conflits du genre de ceux que l’on vient de citer. Il serait, par exe
318 es règlements scolaires de toutes les démocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes d’absence
319 mocraties une clause spéciale ajoutant à la liste des « motifs légitimes d’absence aux cours » le fait d’appartenir à certa
320 es cas possibles, ou qu’il est dangereux de créer des précédents dont mille sectes à l’avenir pourront être tentées d’abuse
321 érieux. Les lois pénales décrivent dans le détail des centaines de cas bien plus rares que celui de nos adventistes. Les lo
322 mpliqué pour le législateur ! S’il n’apportait qu’ une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant
323 u’une trace de ce génie méfiant dans la rédaction des décrets garantissant les droits et sauvegardant le plein respect des
324 ssant les droits et sauvegardant le plein respect des libertés qui furent inscrites au seuil des grandes constitutions, la
325 espect des libertés qui furent inscrites au seuil des grandes constitutions, la Liberté et la Démocratie cesseraient d’être
326 ractions. Quant à la crainte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la port
327 inte qu’on dit avoir, que des « passe-droits » ou des « mesures exceptionnelles » n’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se
328 ’ouvrent la porte à l’anarchie, elle se nourrit d’ une double confusionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des dr
329 ionj car, d’une part, il ne s’agit pas d’accorder des droits spéciaux, mais simplement de concrétiser la « liberté de consc
330 utre part, il n’y a pas de vraisemblance à ce que des cas de ce genre se multiplient abusivement. Quand ils se révéleraient
331 eux ou trois fois plus nombreux, ce ne serait pas une affaire que d’ajouter quelques clauses aux milliers d’autres, utiles
332 e, c’est parce qu’elle implique le désordre. Mais une réglementation simpliste et uniforme, elle aussi, implique mille déso
333 est le souverain désordre », comme l’écrivait, en une sentence mémorable, le Vaudois Alexandre Vinet. À cet égard, on s’éto
334 respecter dans leur régime fédéraliste les droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montrent soudain
335 s leur régime fédéraliste les droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montrent soudain les plus str
336 me fédéraliste les droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montrent soudain les plus stricts dans l
337 s droits des langues, des races, des religions et des groupes, se montrent soudain les plus stricts dans leur refus de cons
338 tricts dans leur refus de considérer les droits d’ une petite confession qui ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé
339 ne menace personne. On les honore d’avoir sauvé d’ une extinction probable la langue romanche, et de l’avoir élevée au rang
340 nale, bien qu’elle ne soit parlée que par moins d’ un centième de la population totale du pays. Comment ne verraient-ils pa
341 ne verraient-ils pas qu’en assurant les droits d’ une minorité religieuse, ils confirmeraient les principes qui, depuis plu
342 s confirmeraient les principes qui, depuis plus d’ un siècle, sont la base même de leur indépendance nationale, de leur pro
343 e, de leur prospérité et de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particulières que suscitent leurs cro
344 é et de leur paix ? L’exemple des adventistes, et des difficultés particulières que suscitent leurs croyances, m’a paru pro
345 nt leurs croyances, m’a paru propre à illustrer d’ une manière bien précise le problème général de la liberté religieuse à l
346 sible la question de principe du respect effectif des libertés théoriquement admises par les démocraties occidentales. Je n
347 ies occidentales. Je ne partage pas la conviction des adventistes sur le Sabbat, mais je sais que toute restriction à la li
348 mais je sais que toute restriction à la liberté d’ un seul groupe menace la liberté de tous les autres — et donc aussi du m
349 se voir et se sentir visée par la persécution qu’ une autre endure. Est-il nécessaire d’ajouter qu’il en va de même pour no
350 . Il n’y a que la liberté “tout court”. Autoriser une religion sans en permettre l’exercice, c’est, en fait, refuser cette
351 nt et nous sommes entièrement d’accord avec lui : une liberté qui n’est pas inconditionnelle n’est qu’une caricature de la
352 e liberté qui n’est pas inconditionnelle n’est qu’ une caricature de la liberté. » j. « Confession » dans l’original. On a
353 j. « Confession » dans l’original. On a corrigé une erreur ici manifeste.
6 1949, Articles divers (1948-1950). Commencer par l’Europe (février 1949)
354 ’Europe (février 1949)f Il paraît que l’idée d’ un gouvernement mondial vient enfin d’atteindre Paris ; il était temps !
355 enfin d’atteindre Paris ; il était temps ! C’est une idée qui était dans l’air depuis au moins trois ans, mais elle y sera
356 le monde se déclare pour le Monde et parle au nom des masses mondiales. Qui dira plus ? Ici, nous avons l’air de dire moins
357 rquoi nous arrêter dans notre élan ? Sur cet élan des masses rassemblées au Vél’ d’Hiv’ pour le gouvernement mondial, sur c
358 dée en particulier : c’est qu’il faut lui montrer un point d’application. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans l
359 n point d’application. (Or, quand on veut engager un élan émotif dans la réalité, on a toujours l’air de freiner.) Nous ne
360 a toujours l’air de freiner.) Nous ne sommes pas une autre école, nos buts finaux sont bien les mêmes. Mais vos discours,
361 , nous les prenons au mot. Et nous vous proposons une méthode de travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objec
362 t. Et nous vous proposons une méthode de travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est d
363 travail, un mouvement qui est déjà au travail, et un objectif immédiat, qui est de commencer par l’Europe. Car nous penson
364 roshima, il y a trois ans, je me suis trouvé l’un des premiers à proclamer, en Amérique et en Europe, qu’il n’y avait qu’un
365 mer, en Amérique et en Europe, qu’il n’y avait qu’ une parade à la bombe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mo
366 mbe, c’était le gouvernement mondial. Je n’ai pas un mot à retirer de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un ins
367 de ce que je publiais à l’époque. Je ne suis pas un instant revenu en arrière. Je suis au contraire convaincu d’avoir fai
368 ière. Je suis au contraire convaincu d’avoir fait un grand pas en avant en embrassant la cause européenne. Voici pour quel
369 uelles raisons, les plus simples du monde, mais d’ une logique à laquelle, pour ma part, je n’imagine aucun moyen de me sous
370 gine aucun moyen de me soustraire : Devant le nez des premiers enthousiastes de la Planète unie par les peuples unis — et j
371 anète unie par les peuples unis — et j’en étais — un certain rideau de fer est tombé, brutalement. Et la guerre froide a c
372 amour de la paix. Seulement, ils le proclament d’ une voix de plus en plus bourrue, de plus en plus contenue et glaciale. E
373 e déclarer la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir et les f
374 la paix sur ce ton-là, cela finira par des coups. Une seule puissance pourrait les séparer, les retenir et les forcer au co
375 a paix — c’est l’Europe. Mais l’Europe n’est plus une puissance parce que l’Europe est divisée en vingt nations dont aucune
376 nds empires. Et non seulement l’Europe n’est plus une puissance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui l
377 issance qui pourrait exiger la paix, mais chacune des nations qui la composent se voit menacée d’annexion politique ou de c
378 politique ou de colonisation économique, par l’un des deux empires qui se disputent la terre. Voici le fait fondamental, et
379 er : aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance ; aucun de nos pays ne peut réso
380 ions que l’on doit tirer de ce double fait sont d’ une tragique simplicité. Si les choses continuent comme elles vont : 1° L
381 lemande ne sera pas réglée, c’est-à-dire fournira un prétexte permanent à la guerre entre USA et URSS ; 3° Rien ne pourra
382 er à cette guerre entre la Russie et l’Amérique — une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’humanité t
383 rre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un , l’humanité tout entière sortirait vaincue. Tout cela est simple comm
384 st simple comme 2 et 2 font 4 : tout cela va vers une guerre qui risque bien d’être enfin la dernière, parce qu’elle laisse
385 parce qu’elle laissera peu de monde pour en faire une nouvelle… Mais aussi tout cela nous conduit, avec la force même de l’
386 s conduit, avec la force même de l’évidence, vers une seule et unique solution. Si nous voulons sauver chacun de nos pays,
387 tenir en respect les deux Grands, je rappellerai un seul chiffre, qu’on a tendance à oublier : La population de l’Europe
388 soit qu’ils menacent de porter tout leur poids d’ un seul côté, ils seraient en mesure d’agir, de faire réfléchir l’agress
389 onde. Il reste à trouver la méthode, les moyens d’ une action immédiate. Ici, les choses cessent d’être simples, parce que l
390 complexe de la terre, et qu’il s’agit d’en faire une unité qui puisse peser sur le plan politique. Cela « soulève », comme
391 is hélas, l’Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceu
392 Europe réelle, ce n’est pas seulement une société des esprits. C’est aussi les personnages de Courteline et ceux de Bourget
393 ssi ces paysans ahuris par la politique qui vient des villes, ceux qu’ont décrit nos amis italiens Silone et Carlo Levi. C’
394 — que les mesures économiques consistent à faire des économies, et que le communisme consiste à tout mettre en commun, dan
395 algré eux — qu’il nous faire l’Europe. Mais alors des malins viennent nous dire : tous ces gens, qu’ont-ils de commun entre
396 l’on puisse réserver, c’est de les faire prendre une part active à l’un de ces congrès où s’élabore notre fédération europ
397 que, tout est plus simple, évidemment : vous avez une langue, une nation, une doctrine dominante, un parti au pouvoir et un
398 t plus simple, évidemment : vous avez une langue, une nation, une doctrine dominante, un parti au pouvoir et une opposition
399 e, évidemment : vous avez une langue, une nation, une doctrine dominante, un parti au pouvoir et une opposition, un seul ty
400 z une langue, une nation, une doctrine dominante, un parti au pouvoir et une opposition, un seul type de drug-store, et un
401 n, une doctrine dominante, un parti au pouvoir et une opposition, un seul type de drug-store, et une morale moyenne, dont l
402 dominante, un parti au pouvoir et une opposition, un seul type de drug-store, et une morale moyenne, dont l’idée générale
403 et une opposition, un seul type de drug-store, et une morale moyenne, dont l’idée générale est justement d’éviter les confl
404 affronter. En Russie, c’est encore plus simple : une seule tête, un parti, une police, et pas d’opposition permise dans au
405 ussie, c’est encore plus simple : une seule tête, un parti, une police, et pas d’opposition permise dans aucun ordre. Mais
406 st encore plus simple : une seule tête, un parti, une police, et pas d’opposition permise dans aucun ordre. Mais en Europe 
407 siste dans les combinaisons et les permutations d’ une longue série d’antagonismes essentiels : Nord et Midi, gauche et droi
408 ossible, de faire dépendre l’unité du continent d’ une préalable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’une unification
409 lable mise au pas, intellectuelle ou politique, d’ une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologi
410 s, intellectuelle ou politique, d’une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord
411 elle ou politique, d’une unification des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’une idéologie. C’est d’abord impossible,
412 tion des mœurs et des doctrines, ou du triomphe d’ une idéologie. C’est d’abord impossible, et chacun peut le voir : ni la g
413 de convaincre leur adversaire ou de l’éliminer d’ une manière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps par la f
414 nière décisive. Quand elles y parviendraient pour un temps par la force, il resterait dix autres couples d’adversaires à p
415 réduit l’Europe sans son génie. Ce n’est donc pas une idéologie qui fera l’Europe, puisque le problème est justement de la
416 sans commencer par la dénaturer. Mais à défaut d’ une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédestin
417 aturer. Mais à défaut d’une idéologie, il existe une méthode politique, qui nous paraît prédestinée à surmonter la crise e
418 er, en effet, ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple h
419 ce n’est pas unifier, mais lier par un pacte juré des éléments divers, et qui doivent le rester. Le couple humain, lié par
420 préciser les positions de combat que nous assigne une pareille attitude. Certes, nous voulons faire l’Europe avec tout le m
421 s nationalistes et rationalistes, c’est-à-dire en un mot : jacobines ou totalitaires qui s’ignorent. Ce ne serait rien enc
422 encore. Nous savons que notre action doit aboutir une transformation profonde du monde actuel. Car elle vise tout entière —
423 ière — de par sa nature même, et de par la nature des obstacles qu’elle trouve posés en travers de sa route vers l’Europe f
424 crit par Thomas Hobbes, et que Nietzsche appelait un jour « le plus froid de tous les monstres froids » — l’État-nation, c
425 notre tour irréductibles. Nous ne prétendons pas un instant détruire les nations, supprimer toutes les différences entre
426 par exemple, ni contester qu’il faille à nos pays des administrations largement autonomes. Ce que nous voulons supprimer, c
427 de l’État, et c’est enfin le dogme et la pratique des souverainetés nationales absolues. Et c’est pourquoi nous demandons e
428 er point de tout notre programme, l’institution d’ une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’un pouvoir supérieur aux État
429 ion d’une Cour suprême européenne, c’est-à-dire d’ un pouvoir supérieur aux États. Cette Cour suprême doit être la gardienn
430 tats. Cette Cour suprême doit être la gardienne d’ une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en appele
431 Cour suprême doit être la gardienne d’une Charte des droits de la personne. Et à ce tribunal pourront en appeler, contre l
432 es. Les vues que j’expose ici sont garanties par une action qui se poursuit dans toute l’Europe depuis deux ans et qui est
433 utir à certains résultats concrets. La Conférence des Cinq va peut-être accepter notre plan de Parlement européen. Cette as
434 Elle aura pour mission de proposer la création d’ une Cour suprême et la Constitution fédérale de l’Europe. C’est quelque c
435 e papier qui se donnerait l’air de provoquer l’un des deux grands, sans créer pour autant la force nécessaire pour décourag
436 ière nos avant-gardes fédéralistes, et d’imprimer un grand élan à notre propagande populaire, ou pour mieux dire : à l’inf
437 e travail et créer l’opinion européenne. ⁂ Il est une phrase que je voudrais bien ne plus entendre, pour l’avoir lue dans u
438 rais bien ne plus entendre, pour l’avoir lue dans une centaine de comptes rendus de nos réunions et de nos congrès, et c’es
439 e aux courageux pionniers du fédéralisme. » C’est une manière de dire : « Allez-y, faites-vous tuer, nous suivrons de loin
440 evue Esprit cette phrase admirable : Affirmer une vigilance de fer (à l’égard du mouvement fédéraliste), ce n’est pas ê
441 l’Europe, ils veulent bien faire la paix, mais à une condition : c’est que M. Churchill n’en soit pas ! « S’il en est, nou
442 s’est allié à Churchill pour battre Hitler. C’est un fait qu’on n’aime pas rappeler dans leurs milieux, mais je le rappell
443 saturés de discours ! Ce qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur les
444 qu’il nous faut, ce sont des gestes ; sortez avec un ours en laisse pour ameuter le peuple sur les places. Faites des gest
445 sse pour ameuter le peuple sur les places. Faites des gestes ! Déchirez votre passeport ! et nous vous donnerons notre nom
446 entendu. Ce qu’il nous faut, disent-ils, ce sont des apôtres ! En avez-vous ? » Pour ceux-là, nous avons du travail. Je le
447 us avons du travail. Je leur dis : s’il vous faut des apôtres, si vous y tenez vraiment tant que ça, pourquoi ne seriez-vou
448 mier ? Diogène avait bien tort quand il cherchait un homme à la lueur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lu
449 ur de sa lanterne. Il eût mieux fait d’en devenir un lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille est en t
450 n lui-même. C’est le plus sûr moyen d’en trouver. Une bataille est en train de se livrer pour l’Europe. Nous l’avons provoq
451 uvernements et parlements à convoquer cette année une Assemblée européenne. C’est maintenant — ou peut-être jamais — que le
7 1949, Articles divers (1948-1950). L’Europe ou le cap du destin (1949)
452 techniques, par sa science de la mise en valeur d’ un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violence
453 cience de la mise en valeur d’un sol fertile sous un climat bénin. Mais elle a dominé par la violence aussi, et par la mis
454 itants de la planète. Finalement, elle a dominé d’ une manière beaucoup plus subtile, et peut-être plus effective, en imposa
455 plus effective, en imposant à tous les continents un certain angle de vision de la destinée, une notion de l’homme issue d
456 inents un certain angle de vision de la destinée, une notion de l’homme issue du christianisme, et dont dérivent les grands
457 pules contre elle. Mais elle reste le palladium d’ une civilisation que tous rêvent d’imiter. Dire que l’Europe est menacée
458 — c’est donc dire que le cœur et la conscience d’ une culture désormais universelle sont menacés. Pour le bien comme pour l
459 ont condamnés à ne représenter que l’essentiel d’ une civilisation : son génie, ses mesures, sa culture. Défendre l’Europe,
460 t le sens même de leur vie. Ils céderaient contre un plat de lentilles leur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec
461 e lentilles leur droit d’aînesse. Ils signeraient un pacte avec le diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes et Améri
462 ations, unir leurs forces dispersées, leur rendre un grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs europée
463 grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs européens, capables de traiter sur pied d’égalité avec les e
464 eurs efforts, lorsque s’ouvrira, dans Strasbourg, une Assemblée parlementaire du Continent. Mais toutes les constructions é
465 e et sans vie, si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de
466 es ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion et cet espo
467 nos peuples. Cet élan de l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais
468 l’opinion et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une véritab
469 de artificielle qui les créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de notre communauté. Ce sentiment ex
470 il s’agit maintenant de l’informer, de lui donner des moyens d’expression, de le rendre conscient et agissant. Telle est la
471 e est la tâche dont le congrès de La Haye, il y a un an, proclamait la nécessité. La section culturelle du Mouvement europ
472 la culture, prévu par les résolutions de La Haye, un modeste Bureau d’études. Il a son siège à Genève, où il travaille dep
473 ans les divers pays d’Europe en faveur de l’union des peuples et d’une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’in
474 ys d’Europe en faveur de l’union des peuples et d’ une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts existent,
475 uples et d’une éducation de « cadres européens ». Des dizaines d’instituts existent, mais ils s’ignorent mutuellement. La p
476 uellement. La première tâche sera donc de dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelles et artistiques du
477 première tâche sera donc de dresser un inventaire des forces spirituelles, intellectuelles et artistiques du Continent. b)
478 lles et artistiques du Continent. b) Coordination des activités « culturelles » de tous ordres, qui se placent sur un plan
479  culturelles » de tous ordres, qui se placent sur un plan européen. Deux exemples entre vingt : le Bureau d’études de Genè
480  : le Bureau d’études de Genève vient d’organiser une rencontre entre les responsables d’une dizaine d’instituts visant à l
481 ’organiser une rencontre entre les responsables d’ une dizaine d’instituts visant à la formation d’une jeune élite européenn
482 d’une dizaine d’instituts visant à la formation d’ une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d’historiens, en
483 on d’une jeune élite européenne ; et il rassemble une équipe d’historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui
484 le une équipe d’historiens, en vue de la révision des manuels scolaires, qui furent depuis cent ans la source même des pire
485 laires, qui furent depuis cent ans la source même des pires aberrations nationalistes. c) Étude et formulation des grands t
486 berrations nationalistes. c) Étude et formulation des grands thèmes de la propagande générale du Mouvement européen. Ici, n
487 du Mouvement européen. Ici, nos intellectuels ont une occasion magnifique de « s’engager » sans rien trahir de leur fonctio
488 ans rien trahir de leur fonction. Dans le cadre d’ un mouvement de militants, qu’aucun esprit de parti ne contraint au mens
489 s par nos comités, pour être exécutées demain par un pouvoir fédéral de l’Europe. En outre, le Bureau d’études met au poin
490 e, le Bureau d’études met au point le programme d’ une conférence de la culture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. D
491 ulture, qui doit se tenir fin octobre à Lausanne. Des rapports nationaux, préparés par les « Groupes d’étude culturels », e
492 ation dans chacun de nos pays, fourniront la base des travaux. Et l’on doit espérer que de l’ensemble de ces rapports docum
493 souffrons, les autres sur ce qui peut naître dans une Europe débarrassée de ses frontières étatiques, enfin « rendue dans t
494 due dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message aux Européens , congrès d
495 te son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message aux Européens , congrès de La Haye.)
496 e à la libre circulation des hommes, des idées et des biens ». ( Message aux Européens , congrès de La Haye.) L’Europe est
497 aux Européens , congrès de La Haye.) L’Europe est une culture qui est faite de douze cultures. Il faut que chacune comprenn
498 ations pour la défense et pour l’épanouissement d’ un certain nombre de valeurs humaines qui, sans l’Europe, seraient perdu
8 1949, Articles divers (1948-1950). « Le promoteur de l’émission Demain l’Europe nous dit… » (1er juillet 1949)
499 squelles il nous démontre de manière éclatante qu’ une ère nouvelle s’ouvre au Vieux Continent. Monsieur de Rougemont, pourq
500 ne faire la guerre à personne, mais à défendre d’ un seul cœur son indépendance reconquise. Paix, liberté, prospérité, tel
501 es les confédérations qui ont vu le jour au cours des siècles, et vous savez comment la Suisse a su atteindre ces trois but
502 en train de préparer ? Je mets la dernière main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’une série de 16 volumes édité
503 main à un ouvrage sur la Suisse qui fera partie d’ une série de 16 volumes édités par l’Unesco, série qui traitera de différ
504 traitera de différents pays. Je prépare également une conférence culturelle européenne qui aura lieu, en octobre, à Lausann
505 Lausanne. Ce qui me préoccupe sans relâche c’est une œuvre très importante qui a nom : l’Europe dont les problèmes culture
506 . En effet, je dirige ici le bureau d’études pour un Centre européen de la culture. Pouvez-vous, très succinctement, nous
507 n de la culture ? Constitué en toute indépendance des contrôles gouvernementaux, cet organisme a pour tâche immédiate d’étu
508 mmandations, de coordonner les efforts pour créer une union des universités et des membres des corps enseignants ; et enfin
509 s, de coordonner les efforts pour créer une union des universités et des membres des corps enseignants ; et enfin d’exercer
510 s efforts pour créer une union des universités et des membres des corps enseignants ; et enfin d’exercer un contrôle vigila
511 ur créer une union des universités et des membres des corps enseignants ; et enfin d’exercer un contrôle vigilant pour rest
512 embres des corps enseignants ; et enfin d’exercer un contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-clés sans l
513 contrôle vigilant pour restaurer le propre usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’est possible. De plus, le Centr
514 est possible. De plus, le Centre européen offrira un lieu de rencontre aux porteurs et aux créateurs de la culture occiden
515 a vie de l’Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à l’opinion publique. k. Rougemont Denis de, « Le promoteur
9 1949, Articles divers (1948-1950). Le Centre européen de la culture aura son siège en Suisse (7 juillet 1949)
516 it à l’esprit, car physiquement elle ne figure qu’ un cap déchiqueté de l’Asie, quatre pour cent de la superficie de la pla
517 tourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus qu’ un petit continent, divisé en vingt-quatre nations, à demi ruiné, et men
518 ations, unir leurs forces dispersées, leur rendre un grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs europée
519 grand marché en supprimant les douanes, et créer des pouvoirs européens capables de traiter sur pied d’égalité avec les em
520 nne, qui est à son tour le seul moyen de prévenir une guerre livrée à nos dépens. Tels sont les buts concrets que se sont a
521 ce et sans vie si elles ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de
522 es ne sont pas soutenues par un élan profond, par un espoir nouveau de tous nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet esp
523 nos peuples. Cet élan de l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais
524 l’opinion, et cet espoir des masses, ce n’est pas une propagande artificielle qui les créera, mais au contraire une véritab
525 de artificielle qui les créera, mais au contraire une véritable éducation du sentiment de notre communauté. Ce sentiment ex
526 tre communauté. Ce sentiment existe, il n’est pas une chose vague. C’est lui qui nous empêche de dire aux Russes : « Finiss
527 usons, c’est que nous avons encore le sentiment d’ une qualité de vie, de liberté et de conscience, qui est justement la rai
528 e. Mais il faut informer ce sentiment, lui donner des moyens d’expression, le rendre enfin conscient et agissant. Telle est
529 travail (documentation européenne ; coordination des efforts entrepris dans tous nos pays, et qui souvent s’ignorent ; act
530 gande par la presse, la radio, les revues, auprès des élites comme du grand public ; formation d’équipes de travail interna
531 ulture aide nos peuples à s’unir, afin qu’ensuite une Europe fédérée vienne en aide à chacune de nos cultures : telle sera
532 u continent. Et pourtant, nul ne songe à défendre un isolationnisme suisse : notre pays dépend, plus qu’aucun autre, de l’
533 Qu’on ne pense pas, surtout, qu’il s’agisse là d’ une manière de nous faufiler par la petite porte ! Car à mesure que se ré
534 essine et prend corps, la nécessité de lui donner une âme passe au premier plan. Et c’est bien cela, c’est bien l’âme du Mo
535 raditions de la Suisse la désignent comme siège d’ une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie s
536 ent comme siège d’une telle institution. Gardiens des cols pour le Saint-Empire au xiiie siècle ; gardiens du Vatican et d
537 ions de l’esprit international ; gardiens enfin d’ une expérience fédéraliste qui peut servir d’exemple au continent, les Su
538 accueillant, soutenant et animant le foyer même d’ une action historique, dont on a pu dire que le but était « l’Europe helv
10 1950, Articles divers (1948-1950). Préface à Le Problème de l’union européenne d’Olivier Philip (1950)
539 ir la puissance apparente de nos pays dans le jeu des forces mondiales : l’Europe paraît avoir été défaite, et sa défection
540 été défaite, et sa défection à l’Histoire devient une possibilité. À peine libérée dans ses ruines, elle constate qu’elle e
541 evés à l’Est et à l’Ouest, elle prend d’elle-même une conscience toute nouvelle, et malheureuse. « L’Europe est menacée, l’
542 . Prise de conscience bien typique, on le voit, d’ une situation pré-fédérale, pour peu qu’une volonté d’union se déclare, a
543 e voit, d’une situation pré-fédérale, pour peu qu’ une volonté d’union se déclare, au sein de la crise assumée. Ces circonst
544 nstances donnent à l’ouvrage de M. Olivier Philip une importance particulière : non pas seulement celle d’une première vue
545 n pas seulement celle d’une première vue générale des efforts déployés pour l’union de l’Europe, mais encore celle d’une co
546 yés pour l’union de l’Europe, mais encore celle d’ une contribution à cette prise de conscience active de notre sort, sans l
547 ice de l’union. Les analyses économiques tiennent une place importante dans ce livre. Elles convergent avec rigueur vers un
548 dans ce livre. Elles convergent avec rigueur vers une thèse simple : c’est que l’union économique du continent exige son un
549 exige son union politique. Voilà, me semble-t-il, une manière implicite d’affirmer que l’Économie obéit beaucoup moins aux
550 ou décisions fondamentales. Déterminante en bien des cas, elle apparaît elle-même déterminée par une certaine orientation
551 n des cas, elle apparaît elle-même déterminée par une certaine orientation de nos énergies dont j’ai toujours pensé qu’elle
552 ique. La thèse soutenue par notre auteur implique une décision inverse de celle dont les suites nécessaires nous ont condui
553 Nous vivons, depuis 1920, sous le règne effectif des Experts. Je vois bien que ce règne est né d’une réaction contre la po
554 f des Experts. Je vois bien que ce règne est né d’ une réaction contre la politique de l’éloquence (qu’on appelle, par erreu
555 l’Autorité. Le plan Schuman, parce qu’il est né d’ une décision proprement politique, pourra marquer, s’il aboutit, le point
556 marquer, s’il aboutit, le point de renversement d’ une attitude contraire au génie de l’Europe. En second lieu, je note qu’a
557 e l’Europe. En second lieu, je note qu’au cours d’ un historique adroitement condensé, l’auteur souligne, à plusieurs repri
558 ement européen, dès qu’il s’agit de la création d’ une véritable Autorité européenne. On pourra discuter plus tard sur la pa
559 par les fédéralistes, tels que la Cour européenne des droits de l’homme, le pool du charbon et de l’acier, la transformatio
560 harbon et de l’acier, la transformation du Comité des ministres en Sénat. Mais il paraît d’ores et déjà hors de question qu
561 istes qui ont mené la lutte pour le Pacte et pour une Autorité politique supranationale. S’ils sont parfois considérés comm
562 pranationale. S’ils sont parfois considérés comme des empêcheurs de danser en rond, je me permettrai de répondre en leur no
563 fends pas ici (ce n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque association dont je fais partie, m
564 n’est pas le lieu, ni mon goût) une secte contre une autre, ou quelque association dont je fais partie, mais une idée et u
565 ou quelque association dont je fais partie, mais une idée et une méthode. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose se
566 association dont je fais partie, mais une idée et une méthode. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose se dire contre
567 une idée et une méthode. Je n’ai jamais rencontré une personne qui ose se dire contre la paix, ou contre la vertu en généra
568 ontre la vertu en général, ou même contre l’union des peuples de l’Europe. Nous sommes tous de bonne volonté… Mais certains
569 ’autres noms pour ces deux attitudes. M. Philip a des pages excellentes sur le « compromis » nécessaire, dans le domaine éc
570 ieurs de ces domaines, il serait vain de chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige d’aller au bout de s
571 il serait vain de chercher un compromis : chacune des tendances opposées exige d’aller au bout de sa vocation, car elle per
572 , qu’il faut être prudents quand on s’engage dans une action si vaste. C’est aller trop vite en besogne : car vous ne vous
11 1950, Articles divers (1948-1950). Raisons et buts d’une conférence (janvier 1950)
573 Raisons et buts d’ une conférence (janvier 1950)n o La condition profondément contradicto
574 est aussi plus près que jamais de se résoudre en une synthèse. Il est vrai que l’Europe est en train de se défaire. Elle n
575 — l’Europe est en train de se faire ! Aux yeux d’ un esprit objectif, toutes les conditions de la ruine sont réunies dans
576 les mêmes conditions qui pourraient être celles d’ une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s’ag
577 upéfiant de deux empires extraeuropéens décourage des millions d’entre nous, mais il réveille aussi le sentiment d’un desti
578 entre nous, mais il réveille aussi le sentiment d’ un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abando
579 ignent notre Mouvement, l’espoir encore tremblant des masses, l’Assemblée de Strasbourg, cette conférence de la culture. Je
580 bourg, cette conférence de la culture. Je parle d’ un espoir tremblant. Le sentiment le plus répandu, j’allais dire le plus
581 populaire dans nos pays, c’est en effet la peur, une peur souvent voilée par cette indifférence qui fait dire aux troupier
582 t pas chercher à comprendre. » Il y a aujourd’hui une manière proprement européenne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la
583 nne d’avoir peur de l’avenir : et c’est la peur d’ une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le corps
584 nfants ; c’est l’angoisse de devenir les objets d’ une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son is
585 est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des autres, qui serait perdue par nous, quelle que soit son issue. Mais i
586 e que soit son issue. Mais il y a, en même temps, une manière européenne d’espérer, un espoir proprement européen, c’est ce
587 en même temps, une manière européenne d’espérer, un espoir proprement européen, c’est celui de réussir notre fédération,
588 sir notre fédération, et de retrouver par là même une puissance capable d’imposer la paix. Telle est la situation contradic
589 rence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que posent nos circonstances histori
590 els à l’existence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui pourront assurer cette existence ; des mesures p
591 istence indépendante ? Et c’est ensuite une étude des moyens qui pourront assurer cette existence ; des mesures pratiques e
592 des moyens qui pourront assurer cette existence ; des mesures pratiques et institutionnelles propres à garantir et développ
593 Conférence. Les mots européen, culture, prêtent à des controverses trop faciles. Dès qu’on parle d’Europe, d’unir l’Europe,
594 « Il n’y a plus d’Europe ! » et finit par offrir une belle définition de ce qu’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu
595 à tout prendre, la vraie définition de l’Europe, une et diverse. De même, dès que l’on parle de culture, chacun donne à ce
596 que l’on parle de culture, chacun donne à ce mot des réalités hétéroclites : inventions techniques et beaux-arts, hygiène,
597 gnité humaine ; esprit critique ; et toute la vie des religions. Culture peut signifier aussi prise de conscience de la vie
598 choses. Culture peut signifier, enfin, l’ensemble des procédés de création et de transmission de leurs principes. Je souhai
599 qui ne sont pas venus ici. Quand Dieu veut perdre une société, il ne commence pas toujours par la rendre folle, il se conte
600 ablantes et flatteuses, qui ne leur laissent plus une seconde pour distinguer l’approche des catastrophes. On demande à cer
601 ssent plus une seconde pour distinguer l’approche des catastrophes. On demande à certains « grands noms » de venir particip
602 vetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence. D’autres invoquent un besoin
603 répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence. D’autres invoquent un besoin subit de se retirer pour méd
604 ils ont promis une conférence. D’autres invoquent un besoin subit de se retirer pour méditer. Regrettons-le, pour eux surt
605 iter. Regrettons-le, pour eux surtout. S’ils sont un jour jetés, ce qu’à Dieu ne plaise, dans certains « camps de rééducat
606 e méditer sur les raisons urgentes qui motivaient un rassemblement comme le nôtre. Ils comprendront qu’il est certains mom
607 ellectuels redoutent non sans raison l’atmosphère des congrès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je les comprends, e
608 rtout ceux d’entre eux qui sont écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre la création dans une chambre nocturne, et
609 ntre eux qui sont écrivains. Il y a des gouffres, des abîmes, entre la création dans une chambre nocturne, et les instituti
610 des gouffres, des abîmes, entre la création dans une chambre nocturne, et les institutions dont nous allons parler ! « Qu’
611 aire ? dit le poète. Cela ne m’aide pas à trouver une image… » Certes, mais l’écrivain n’est pas indifférent au sort des li
612 es, mais l’écrivain n’est pas indifférent au sort des livres qu’il publie, ni à leur diffusion, ni aux entraves qu’elle ren
613 ratiques. Et il n’est pas indifférent — (ou c’est un mauvais écrivain) — au destin de la communauté dont il écrit la langu
614 outer ou le censurer, — et voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le
615 t voilà tout le problème des valeurs à sauver, et des institutions qui pourront les défendre. ⁂ Le rapport général, établi
616 . ⁂ Le rapport général, établi pour l’information des délégués, n’a d’autre ambition que de signaler et de classer les prob
617 problèmes qui se sont révélés urgents, au terme d’ une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du Mouveme
618 terme d’une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du Mouvement européen a reçu d’abord un questionnai
619 es nationaux du Mouvement européen a reçu d’abord un questionnaire sur l’état des problèmes concrets de la culture dans so
620 ropéen a reçu d’abord un questionnaire sur l’état des problèmes concrets de la culture dans son pays. Dix-sept groupes ont
621 culture dans son pays. Dix-sept groupes ont donné des réponses détaillées. Je tiens à souligner qu’une telle enquête n’avai
622 des réponses détaillées. Je tiens à souligner qu’ une telle enquête n’avait jamais encore été tentée. Nous avons dû l’impro
623 ncore été tentée. Nous avons dû l’improviser avec des groupes en pleine période de formation. Elle nous a permis de mieux v
624 capital qu’il y aurait à dresser systématiquement un inventaire aussi des lacunes, des obstacles, permettant de délimiter
625 it à dresser systématiquement un inventaire aussi des lacunes, des obstacles, permettant de délimiter des zones critiques o
626 systématiquement un inventaire aussi des lacunes, des obstacles, permettant de délimiter des zones critiques où concentrer
627 s lacunes, des obstacles, permettant de délimiter des zones critiques où concentrer l’effort. Puis, des études plus détaill
628 des zones critiques où concentrer l’effort. Puis, des études plus détaillées, sur des projets concrets, nous ont été remise
629 r l’effort. Puis, des études plus détaillées, sur des projets concrets, nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études de
630 ourni plusieurs notes et documents. Sur la base d’ une quinzaine de rapports nationaux, d’une trentaine de rapports spéciaux
631 la base d’une quinzaine de rapports nationaux, d’ une trentaine de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport
632 tionaux, d’une trentaine de rapports spéciaux, et des documents précités, le rapport général a tenté d’opérer une synthèse
633 nts précités, le rapport général a tenté d’opérer une synthèse provisoire, en guise d’introduction aux travaux de la confér
634 nférence. Précisons bien que ce rapport n’est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conférence. Il
635 port n’est pas un instant destiné à faire l’objet des discussions de la conférence. Il en introduit les sujets. Il veut ser
636 en introduit les sujets. Il veut servir d’exposé des motifs à la série de résolutions pratiques qui seront proposées et mi
637 issions suffiraient : l’une consacrée au problème des échanges, l’autre aux institutions à développer ou à créer, les probl
638 érale. Il nous apparaît qu’il y a lieu de prévoir une nouvelle commission, consacrée à l’éducation et à l’enseignement. I
639 enseignement. I. Les échangesq La question des échanges. — La situation présente est bien connue. Les congressistes
640 ue. Les congressistes auront vite dressé la liste des obstacles douaniers et monétaires, et des mesures prétendues « protec
641 a liste des obstacles douaniers et monétaires, et des mesures prétendues « protectionnistes » qui loin de les protéger, par
642 de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre
643 res des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Ell
644 e doivent pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent au contraire ex
645 fonctionnaires chargés (bien malgré eux, souvent) des problèmes réputés « secondaires » de la culture. Ils tentent de s’en
646 nant les voyages de quelques professeurs bien vus des pouvoirs, de quelques boursiers bons élèves ; et quelques phrases bie
647 es sur l’indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les échanges », prenons-y
648 er radicalement — le droit d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des personnes, et d
649 aisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autre part, presque aut
650 obstacles arbitraires à la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autre part, presque automatiquemen
651 res à la circulation des idées, des personnes, et des œuvres ; c’est d’autre part, presque automatiquement, favoriser ceux
652 ont le moins peur aux fonctionnaires, ceux qui en un mot, ont l’âme naturellement officielle. Si l’on veut que les échange
653 au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation des échanges », 2° exiger la suppression pure et simple, immédiate, des o
654 exiger la suppression pure et simple, immédiate, des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des in
655 , immédiate, des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de travail, dans toute l’ét
656 s obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de travail, dans toute l’étendue de l’Euro
657 a libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de travail, dans toute l’étendue de l’Europe. Supprimer t
658 rer la culture, c’est aussi alléger du poids mort des organisations ! Qu’on n’essaie pas d’organiser la vie, qu’on la laiss
659 r la vie, qu’on la laisse libre ! La seule idée d’ une respiration organisée, n’est-il pas vrai, vous coupe le souffle. Qu’o
660 nser. II. Les institutions À la suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit correspondre un eff
661 ériels et légaux à nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisant et vain de vouloir revenir simp
662 lire, dans l’Annuaire de la Compagnie européenne des wagons-lits, au chapitre sur les passeports : « Le passeport n’est ex
663 la carte de visite suffit » ! Mais cette liberté des échanges n’a pas suffi à réduire les nationalismes ; bien au contrair
664 t leurs exigences. Il nous faut aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des institutions qui garantissent et mani
665 aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des institutions qui garantissent et manifestent l’unité de nos cultures
666 es resteront lettre morte. Au premier rang figure une institution clé, le Centre européen de la culture. Parmi les innombra
667 l est frappant de constater qu’il n’en existe pas un seul qui ait pour objet l’Europe comme unité. Les uns veulent embrass
668 monde entier, tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particulière.
669 tandis que les autres se limitent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particulière. Pourtant, il e
670 ent à une nation, à une région géographique, ou à une discipline particulière. Pourtant, il est incontestable que nos pays
671 urtant, il est incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organique de culture, facile à distinguer de se
672 t incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organique de culture, facile à distinguer de ses voisins, et
673 le n’ait pas encore été étudié en tant que tel, d’ une manière systématique ; et qu’il n’existe aucune institution capable d
674 ses possibilités et ses lacunes. Que le besoin d’ une telle institution soit urgent, rien ne saurait mieux le faire sentir
675 ses insuffisances inévitables dans l’état actuel des choses. Je tiens à rappeler que, dès le congrès de La Haye, avait été
676 grès de La Haye, avait été demandée la création d’ un Centre européen de la culture, dont les attributions furent esquissée
677 rier 1949, le Mouvement européen ouvrait à Genève un Bureau d’études 7 chargé de préparer l’œuvre du Centre. Enfin, au moi
678 e consultative de Strasbourg votait à l’unanimité une recommandation favorable à la création d’un Centre européen de la cul
679 mité une recommandation favorable à la création d’ un Centre européen de la culture. Le travail du Bureau d’études de Genè
680 auront évidemment besoin. Enfin, je mentionnerai un projet d’Institut européen des sciences politiques et sociales ; et c
681 in, je mentionnerai un projet d’Institut européen des sciences politiques et sociales ; et ce projet surtout d’un Fonds eur
682 s politiques et sociales ; et ce projet surtout d’ un Fonds européen pour les recherches scientifiques, dont l’importance c
683 on de cette Conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur les questions d’éducation, ont montré à quel point
684 uropéenne dépend en premier lieu de la création d’ une élite responsable de jeunes gens, formés dans un esprit supranational
685 une élite responsable de jeunes gens, formés dans un esprit supranational. Cette tâche, comme l’écrit M. Jean Bayet8, « ex
686 té de plusieurs générations, [mais] réclame aussi un départ extrêmement vif et net ». L’effet de choc que produira sur l’o
687 ira sur l’opinion publique l’institution rapide d’ un enseignement européen constituera la meilleure propagande pour notre
688 tes ces activités et ces institutions demanderont des fonds, qui aujourd’hui n’existent pas. Ils pourraient facilement être
689 t être créés par le blocage, au titre européen, d’ une fraction du budget de l’Éducation, dans chaque pays. Les gouvernement
690 . Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’ un destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne sont
691 n destin spirituel commun, et l’énergie créatrice des Européens ne sont pas réveillés, les États et l’économie privée coure
692 able. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il est probab
693 devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le
694 établi. Il est probable que le prix de revient d’ une seule bombe atomique dépasse largement le budget annuel des instituti
695 bombe atomique dépasse largement le budget annuel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d’une seule bombe a
696 stitutions que nous venons de proposer. Le prix d’ une seule bombe atomique couvrirait donc le budget global d’une renaissan
697 bombe atomique couvrirait donc le budget global d’ une renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mort q
698 renaissance de la culture européenne. Construire des engins de mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver
699 péenne. Construire des engins de mort qui coûtent des milliards, quand on refuse de trouver les millions qui permettraient
700 à sa vraie mission, si elle n’élevait pas, contre une pareille folie, le cri des hommes. Et maintenant, pour quelles fins
701 n’élevait pas, contre une pareille folie, le cri des hommes. Et maintenant, pour quelles fins réelles voulons-nous ces mo
702 -nous ces moyens de culture, et cette éducation d’ une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle es
703 entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nationalisme européen. L’Europe s’est, de tout temps, ouvert
704 tier. Elle a toujours conçu sa civilisation comme un ensemble de valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous, d
705 lles. Il ne s’agit donc pas, pour nous, d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de
706 es nations de l’Est et de l’Ouest ; ni de vouloir une « culture européenne » synthétique, valable pour nous seuls et fermée
707 os pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’ une renaissance de leur culture dans la liberté de l’esprit, qui est leur
708 s peuples séparés, c’est de leur offrir l’image d’ une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’une Europe qui prend au
709 une Europe rénovée par l’union dans la liberté, d’ une Europe qui prend au sérieux sa vocation particulière dans le monde. U
710 u sérieux sa vocation particulière dans le monde. Une Europe affaiblie, et divisée par vingt nationalismes et autant de bar
711 ant de barrières de douanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appli
712 uanes, ne saurait plus être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fermement, n’aurai
713 être un pôle d’attraction. Une Europe proclamant des principes sans les appliquer fermement, n’aurait bientôt plus le droi
714 Prendre au sérieux la vocation européenne, c’est une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent s
715 t une mission de vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais responsables. Il leur i
716 comme aux législateurs sociaux et aux experts, qu’ un certain nombre de principes moraux ne sauraient être négligés dans la
717 ’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une conscience malheureuse, il est vrai, tourmentée, coupable, — comme to
718 la nôtre, dont l’une, qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré. Il est frappant que l
719 st chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’ un bonheur assuré. Il est frappant que le bonheur, en Europe, n’ait trou
720 t nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobreme
721 le libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons d
722 s puissent encore habiter en esprit, par la grâce des chefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une Europe heureus
723 hefs-d’œuvre futurs, au ciel de la musique — dans une Europe heureuse. 6. Présidée par M. Salvador de Madariaga, qui éta
724 LR). n. Rougemont Denis de, « Raisons et buts d’ une conférence », Fédération, Paris, janvier 1950, p. 19-25. o. Il s’agi
12 1950, Articles divers (1948-1950). Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)
725 Un gage à Jean Paulhan ! (avril 1950)r Cher ami, Ce n’est pas sans su
726 et de toute évidence » les USA ; que M. Spaak est un de nos « doctrinaires » ; que j’ai « annoncé la fin du désespoir » ;
727 l’Europe, et pour les fédéralistes, il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela. Vous jugez notre projet « imbécile ». Cel
728 ucun doute. Mais d’où sort-il ? Je ne connais pas un seul fédéraliste qui puisse y reconnaître sa doctrine, ni son action,
729 t là !… » Je ne sais qui vous l’a dit, mais c’est une fausse nouvelle. Vous voyez la preuve qu’elle serait vraie dans le fa
730 (en quarante-deux articles) ». Montrez-nous donc un seul de ces articles qui dise, ou laisse entendre, que le Conseil de
731 aux États-Unis d’Europe. Bien plus, montrez-nous une seule déclaration qui exprime la satisfaction des fédéralistes devant
732 une seule déclaration qui exprime la satisfaction des fédéralistes devant ce statut ; qui dise que c’était cela que nous vo
733 n sait. (J’ajoute qu’on ne compte à Strasbourg qu’ une trentaine de fédéralistes sur cent-un députés.) 3° La Grèce fait part
734 CE qui est née du plan Marshall.) 4° M. Spaak est un homme d’État qui agit plus que tout autre en faveur de l’union europé
735 mais je ne sache pas qu’il ait jamais passé pour un « doctrinaire », et je voudrais bien qu’il se déclare « fédéraliste »
736 cé la fin du désespoir et de l’isolement, la mort des ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiquer une maladie mortell
737 ressentiments nationaux » ? Hélas ! Diagnostiquer une maladie mortelle, et conseiller certains remèdes in extremis (que les
738 « annoncer » la fin de la maladie, ni promettre «  des joies et des fêtes ». Nous demandons surtout des sacrifices. 6° Pour
739 la fin de la maladie, ni promettre « des joies et des fêtes ». Nous demandons surtout des sacrifices. 6° Pour découvrir ce
740  des joies et des fêtes ». Nous demandons surtout des sacrifices. 6° Pour découvrir ce qu’il y a « de faux ou d’imbécile »
741 u’il y a « de faux ou d’imbécile » dans le projet des fédéralistes, vous décidez de les interroger. Que ne le faites-vous ?
742 interroger. Que ne le faites-vous ? Mais non, par une erreur vraiment embarrassante, vous choisissez Julien Benda, qui est
743 neuf conférences prononcées à Genève en 1949, par des hommes de tendances aussi opposées que Georg Lukács et Karl Jaspers.
744 que Georg Lukács et Karl Jaspers. Parmi ces neuf, un seul fédéraliste déclaré. Voyez donc la page 60 : « Je reproche à Ben
745 gros livre où vous aviez la chance de tomber sur un point de la doctrine fédéraliste. Que ne l’avez-vous citée, au lieu d
746 Que ne l’avez-vous citée, au lieu de m’attribuer des sottises ? 7° Notre doctrine (qui veut l’union dans la diversité, for
747 urait vous arrêter. J’aime beaucoup votre défense des patries, mais qui les attaque ? L’État-nation d’abord, mais vous n’en
748 listes ? Jamais. Au contraire, vous rejoignez ici une partie de leurs positions, et votre belle colère se trompe d’adresse.
749 -il révélateur ? Pour quelle raison attaquez-vous des gens que vous n’avez pas pris le soin d’identifier ? Vous n’êtes pas
750 ontre sa prétendue souveraineté sans limites. Pas une attaque contre le patriotisme et les patries. Or j’ai quelques raison
751 aisons de penser que ce texte exprime le « projet des fédéralistes » plus fidèlement que M. Benda. Mais quoi, cette lettre
752 décidé d’appeler « fédéralistes » tous ceux, qui, un jour ou l’autre, ont parlé de l’Europe avec une vague idée qu’elle fe
753 i, un jour ou l’autre, ont parlé de l’Europe avec une vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a des gens qui appelle
754 vague idée qu’elle ferait bien de s’unir. Il y a des gens qui appellent surréaliste tout écrit qu’ils estiment un peu obsc
755 appellent surréaliste tout écrit qu’ils estiment un peu obscur. Si mon projet vous paraît encore « faux et imbécile », qu
756 les défendre avec nous. P.-S. — « Europe vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis de, « Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté
757 ope vole » ? Un gage. r. Rougemont Denis de, «  Un gage à Jean Paulhan ! », Liberté de l’esprit, Paris, avril 1950, p. 3
13 1950, Articles divers (1948-1950). Il est impossible de sauver l’Europe sans sauver sa culture (5 août 1950)
758 us d’entretenir le désir créateur, si on le prive des possibilités de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe es
759 on le prive des possibilités de s’accomplir dans une libre communauté. Si l’Europe est réduite à l’impuissance politique,
760 vahie par la Russie, si l’Europe disparaît du jeu des forces mondiales, personne ne pourra remplacer cette âme d’une civili
761 ndiales, personne ne pourra remplacer cette âme d’ une civilisation qui avait su remplacer toutes les autres. Le secret de s
762 sures vivantes sera perdu. ⁂ Mais en retour, sans une culture active rendue à l’efficacité, l’Europe ne peut recouvrer la p
763 probable, par les soins d’experts étrangers, ou d’ une police qui a fait ses preuves ailleurs déjà. Mais elle aura perdu le
764 ce pouvoir qui avait fait sa grandeur à partir d’ un médiocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si c
765 ocre destin. Que servirait à l’Europe de recevoir une unité, si ce n’était pas celle de son choix ? et si cette unité signi
766 ture, réduite à ce qu’elle est, ne serait plus qu’ un cap de l’Asie — et l’Asie n’a jamais passé pour la terre de la libert
767 a guerre, fait actuellement ce qu’on peut appeler une névrose d’infériorité. Pourtant, les faits ne justifient pas le déses
768 ts ne justifient pas le désespoir, mais seulement un effort de redressement. Entre 200 millions de Russes et 150 millions
769 00 millions d’Européens. Nous disposons de plus d’ un quart du charbon, et près d’un tiers de l’électricité que produit auj
770 isposons de plus d’un quart du charbon, et près d’ un tiers de l’électricité que produit aujourd’hui la planète. Nous dispo
771 es humaines qui n’ont pas leurs égales ailleurs : une main-d’œuvre spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas, une ca
772 spécialisée dont les traditions ne s’imitent pas, une capacité d’invention que le monde entier peut nous envier. ⁂ Qu’avons
773 l’existentialisme et le personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociologie et les grandes synthèses
774 le personnalisme, la théorie des quantas et celle des groupes, la sociologie et les grandes synthèses historiques, la relat
775 t sculpture : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur
776 er de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par nos livres. ⁂ Je dirai plus. Le monde moderne
777 us. Le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, il imite à la fo
778 ? L’Amérique du Nord et la Russie de Staline sont des produits de notre culture, l’une dès ses origines, et l’autre en ce q
779 de moderne justement. Calvin et le puritanisme, d’ un côté, plus les gratte-ciel, le système de Taylor-Bedault à tous les d
780 és, la cellophane et la fermeture-éclair qui sont des inventions européennes ; et de l’autre côté, Marx et notre industrie
781 héisme, l’hypertrophie de l’appareil étatique, et des copies de l’art officiel de nos grands-pères. Caricatures évidemment 
782 t qu’ils croient spécifiques, ne sont souvent que des emprunts à notre fonds, mais développés là-bas, sur table rase, sans
783 que l’Amérique et la Russie moderne, dans plus d’ un sens, sont en réalité notre caricature. ⁂ Mais ici, attention ! pas d
784 mentaux de notre civilisation ; il y a l’exercice des mêmes libertés ; il y a devant nous le même idéal de liberté humaine.
785 u’entre les Russes et nous, il n’y a en commun qu’ un mot : le mot démocratie… Pour eux cela signifie dictature. Pour nous
786 dépendante présente cette semaine à ses lecteurs, un extrait de l’importante conférence prononcée par Denis de Rougemont a
787 scitèrent, nous en sommes certains, chez nos amis un intérêt très vif et une approbation complète. »
788 es certains, chez nos amis un intérêt très vif et une approbation complète. »
14 1950, Articles divers (1948-1950). Saint-John Perse et l’Amérique (1950)
789 tte poésie fait reculer le commentaire : elle est un acte, elle se pose là, posant elle-même ses mesures. La première page
790 ors, nous n’avons rien appris, sinon toutefois qu’ un « pur délice » pouvait entrer dans la durée, — ce dont plusieurs dout
791 D’où quelque résistance aux poèmes qui suivirent. Un jeune amour veut son objet incomparable.) Beaucoup plus tard, j’ai re
792 exil. C’était, on l’imagine, en Amérique. Au long des avenues de Manhattan, il marchait lentement, régulièrement, comme ceu
793 loin, ou qui pensent à de grands objets. Ce sont des hommes qui n’ont pas d’empressement. Ou dans cette chambre d’angle, d
794 t, homme sans preuve ni témoin », il nous donnait un haut exemple du bon usage de l’exil : sans plainte, au cœur du grand
795 tre vu ; plus solidaire, enfin, dans son retrait, des destins molestés de la France, que tant de « partisans extravagants »
796 le poète et l’âme lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amérique, un jour, découvrira son épopée. ⁂ Vents me pa
797 du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’Amérique, un jour, découvrira son épopée. ⁂ Vents me paraît bien plus américain q
798 verrais même la meilleure description de l’essor des États-Unis dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’était p
799 à la fois dans l’Histoire et dans l’homme, « dans un très haut tumulte de terres en marche vers l’ouest », contre le vent
800 qui souffle en est. De l’Atlantique au Pacifique, des Pères pèlerins aux savants atomistes, les allusions précises ne manqu
801 allusions précises ne manquent point : l’Audubon des oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sort
802 es oiseaux, les Belles du Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides «
803 Sud, les jambes longues des filles « à la sortie des salles » et leur nylon, les grands rapides « avec leur provision de g
804 mme qu’il s’agit, dans sa présence humaine ; et d’ un agrandissement de l’œil aux plus hautes mers intérieures ». Le poème
805 s l’homme épris du monde, peuvent être vues comme une seule et même geste de l’âme. (Je dis l’âme, et non pas l’esprit, ni
806 sprit, ni l’intellect et ni le cœur.) Et c’est d’ un même mouvement à tout ce mouvement lié, que mon poème encore dans le
807 heureuse, et la vision globale du « monde entier des choses ». ⁂ I. Le mouvement crée l’énergie, le rayonnement et les tra
808 il crée littéralement le sens. (Point de départ d’ une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynamiqu
809 ment le sens. (Point de départ d’une rhétorique.) Un continent nous est ici donné dans sa formule dynamique, dans son mouv
810 dans le mouvement qu’il inspire à l’esprit. C’est une animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde américain, ne peut ê
811 ition me semble offrir ici l’équivalent en mots d’ un accord en musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons.
812 ent en mots d’un accord en musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons. Parfois aussi, sens et son se poursui
813 musique : co-vibration des sens au lieu de celle des sons. Parfois aussi, sens et son se poursuivent, s’attirent, se mêlen
814 s et son se poursuivent, s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une double allitération, où l’on étudiera, plus t
815 , s’attirent, se mêlent en un étrange inceste, en une double allitération, où l’on étudiera, plus tard, les rôles conjugués
816 xpressions du délaissement, du dégoût de vivre ou des chagrins intimes. Qu’ils n’aillent dire : tristesse… s’y plaisant… I
817 plaisant… Interdiction faite au poète ! … Mais si un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jou
818  ! et mon avis est qu’on le tue, sinon, Il y aura une sédition. La révolte et la nostalgie deviennent ici conquête, presse
819 distraction vers l’avenir et naissance du chant. Un chant de force pour les hommes… Choses vivantes, ô choses — excellent
820 génie matinal du continent américain. (La poésie des « blues » fait illusion : temps faible d’un grand rythme souple, dont
821 ésie des « blues » fait illusion : temps faible d’ un grand rythme souple, dont il devrait être interdit de l’isoler.) Comp
822 ns la souffrance ; l’un s’ouvre « au monde entier des choses », l’autre voudrait s’en effacer ; l’un chante la maîtrise en
823 chante la maîtrise en plein midi, l’autre guette une obscure présence aux crépuscules spirituels ; l’un se veut prince, et
824 , et l’autre moine-mendiant. Risquons à ce propos une hypothèse critique, qui permettrait de situer les grands poèmes du si
825 vent leurs lois et leurs cadences : Et c’est par un matin, peut-être, pareil à celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l
826 celui-ci, Lorsque le ciel en Ouest est à l’image des grandes crues, Qu’il prend conseil de ces menées nouvelles au lit du
827 t sauvage comme les vents du Nouveau Monde, comme un rêve de pionniers en Ouest. Mais le miracle est de l’avoir domptée pa
828 et de cette « rhétorique profonde » dont parlait un jour Baudelaire. III. L’Europe étant vision de l’homme dans le temps,
829 cédés, chez Saint-John Perse, ouvrent les voies d’ un grand lyrisme américain. Ils sont classiques. Les continents, les peu
830 rations lyriques, et l’édification sur table rase des lois d’une cité émergeant de son rêve. C’étaient de très grandes for
831 iques, et l’édification sur table rase des lois d’ une cité émergeant de son rêve. C’étaient de très grandes forces en croi
832 e donnaient licence par le monde — ô monde entier des choses — et qui vivaient aux crêtes du futur… Au chant des hautes nar
833 s — et qui vivaient aux crêtes du futur… Au chant des hautes narrations du large… Le pluriel insistant et les catégories,
834 de « la terre distribuée en de vastes espaces », des hommes de toute race et de toute façon, de « pans de siècles en voyag
835 en voyage » et de peuples lus « par nations » ; d’ une âme sans nom — l’inconscient d’une époque — dont le poète déchiffre l
836 nations » ; d’une âme sans nom — l’inconscient d’ une époque — dont le poète déchiffre les messages. Itinéraires et inventa
837 ommation de nos « voies et façons » et « chants d’ un peuple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’un Français ait o
838 uple, le plus ivre », — il semblera surprenant qu’ un Français ait ouvert aux Américains les perspectives de l’épopée globa
839 l’histoire désormais leur assigne de vivre. Dans un autre ordre, cependant, il y eut le précédent de Lafayette. ⁂ Mais Ve
840 etour à l’Europe, à la France. Nous reviendrons, un soir d’Automne, sur les derniers roulements d’orage… Demain, ce conti
841 s d’orage… Demain, ce continent largué… S’ensuit une description charmante et déchirante d’une France désuète et qui naguè
842 ’ensuit une description charmante et déchirante d’ une France désuète et qui naguère encore périssait « par excès de sagesse
843 uère encore périssait « par excès de sagesse », d’ une France vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques. A
844 nce vers laquelle il rêve son retour avec le vent des Amériques. Au plus haut point de ce très haut poème, Saint-John Perse
845 John Perse a rejoint notre vœu. Nous l’attendrons un soir d’automne, avec le souffle du grand vent, sur la route et la ter
846 e souffle du grand vent, sur la route et la terre des hommes, prêts à rendre nos comptes « d’hommes nouveaux, — d’hommes en
847 s dans la gestion humaine, non dans la précession des équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’une Europe future. C
848 équinoxes », et qu’il nous aide ! par le chant d’ une Europe future. Car, ainsi que l’écrit Montesquieu — je ne sais plus d
849 ion du Dieu ! » ou « … avec la bête haut cabrée — une âme plus scabreuse ! » (Deux exemples au hasard de ma mémoire.) 5. O