1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 imple qui a pu rassembler des hommes aussi divers à tant d’égards que ceux que vous voyez sur cette tribune, je répondrai
2 ’intérêts. Nous, intellectuels, nous sommes prêts à prendre notre part, qui pour l’instant encore, n’est pas la moindre d
3 n’aurons pas encore tout sauvé, mais nous aurons, à notre place et selon nos pouvoirs, fait quelque chose pour la liberté
4 isons très précises de le penser. Nous publierons à ce sujet bientôt des textes que les grands chefs totalitaires de dive
5 e, que le but du Kominform, en lançant ses appels à la paix n’est pas du tout de servir une paix durable, mais de donner
6 servir une paix durable, mais de donner un répit à l’armée russe pour renforcer ses armements. Vous pourrez juger alors
7 s, 14 millions en Europe, paraît-il, ont succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité dans le sophisme. Et puis,
8 st pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à mon avis, de distinguer entre le mot paix et la réalité vivante qu’il
9 lement défendue par les « Partisans de la Paix ». À nous donc, à nous tous, de reprendre la tâche, honnêtement cette fois
10 ue par les « Partisans de la Paix ». À nous donc, à nous tous, de reprendre la tâche, honnêtement cette fois-ci, cartes s
11 ir entre-temps. Nous sommes soumis, depuis un an, à ce que l’on a nommé une offensive de paix — d’un terme militaire bien
12 elle peut être notre riposte ? Je n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu de nos élites, pe
13 demain, mais de rappeler les hommes aux réalités, à leurs responsabilités. Nous savons très bien que nos libertés démocra
14 vait, sauver au moins la possibilité de les vivre à notre manière. Pour notre part, nous agirons. Nous allons employer ce
15 bre discussion. Nous voulons des moyens conformes à notre fin et nous voulons cette fin parce que la liberté est à nos ye
16 t nous voulons cette fin parce que la liberté est à nos yeux la condition vitale de toute culture, de toute culture digne
17 er notre culture. Notre culture est menacée À ceux qui pensent que la culture consiste en somme à lire des romans,
18 ceux qui pensent que la culture consiste en somme à lire des romans, à se tenir un peu au courant, à jeter parfois un reg
19 e la culture consiste en somme à lire des romans, à se tenir un peu au courant, à jeter parfois un regard distrait sur un
20 à lire des romans, à se tenir un peu au courant, à jeter parfois un regard distrait sur un tableau quand on passe à la s
21 un regard distrait sur un tableau quand on passe à la salle à manger ou à se consacrer à d’autres activités dites distin
22 un tableau quand on passe à la salle à manger ou à se consacrer à d’autres activités dites distinguées de ce genre, je v
23 nd on passe à la salle à manger ou à se consacrer à d’autres activités dites distinguées de ce genre, je voudrais poser u
24 même le jeu des partis politiques. L’été dernier, à Strasbourg, un ancien ministre français, déplorant, à juste titre, qu
25 t : « Notre Assemblée, Messieurs, se voit réduite à parler de questions culturelles. Cela me fait penser à de vieilles da
26 ler de questions culturelles. Cela me fait penser à de vieilles dames qui font du crochet pendant que les armées ennemies
27 marche. » Eh bien ! Cette phrase typique échappée à un homme d’État, d’autre part fort intelligent, mais surtout et plus
28 ent de l’extérieur. En effet, comparer la culture à de la broderie, accepter qu’il en soit ainsi, le laisser croire, c’es
29 ainsi, le laisser croire, c’est renoncer d’avance à nos meilleurs atouts dans la lutte historique où nous sommes engagés
30 ceux-là mêmes qui pourraient être appelés un jour à défendre l’Europe et qui ne le feront pas si le point de vue de l’adv
31 politiques et point de paix digne de ce nom sans, à la base et avant tout, un esprit de liberté vigilant et militant… La
32 existons dorénavant, me semble-t-il, peut rendre à beaucoup un espoir. Quelques-uns répondent, enfin, pour tous ceux qui
33 r tous ceux qui se taisent et qui se découragent. À vous de les rejoindre. J’ajoute que, pour nous, intellectuels, le fai
34 1. Ce texte est extrait du discours prononcé à Bruxelles, devant le comité international du Congrès pour la Liberté
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
35 ns découverts par Colomb, appartiennent désormais à Fenimore Cooper, au mythe, à notre enfance, — n’y touchons plus. Mais
36 artiennent désormais à Fenimore Cooper, au mythe, à notre enfance, — n’y touchons plus. Mais prenez deux Européens de nat
37 e du base-ball et le prix du dollar. Apprenez-lui à dire yea pour yes, à marcher avec les hanches et à se laver les dents
38 prix du dollar. Apprenez-lui à dire yea pour yes, à marcher avec les hanches et à se laver les dents avec du chewing-gum.
39 dire yea pour yes, à marcher avec les hanches et à se laver les dents avec du chewing-gum. Psychanalysez, agitez sur un
40 insoluble par définition. Car si l’Américain tend à être une moyenne, si le sujet des Soviets est le produit d’un plan, l
41 péen est par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles fournis. Il n’existe donc pas,
42 paix concentrée. Il n’y a que des hommes habitués à différer les uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’Europe.
43 de faire quelque chose qui ne ressemblerait plus à rien d’européen. Après tout, pourquoi voudrait-on « fabriquer » des E
44 t leurs innombrables coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’à côté. Et puisqu’il faut baser l’union sur quelque
45 s coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’ à côté. Et puisqu’il faut baser l’union sur quelque chose qui soit comm
46 t baser l’union sur quelque chose qui soit commun à tous, le problème revient donc à faire comprendre à ces 300 millions
47 qui soit commun à tous, le problème revient donc à faire comprendre à ces 300 millions d’hommes et de femmes, qu’ils ont
48 tous, le problème revient donc à faire comprendre à ces 300 millions d’hommes et de femmes, qu’ils ont tous en commun, pr
49 écisément, leur volonté de rester chacun soi-même à sa façon. Voilà ce qui les distingue en bloc des Russes et des Améric
50 c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à une coutume ou une langue,
51 ’ils ont tous d’appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à une coutume ou une langue, bien distincte
52 d’appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie, à une coutume ou une langue, bien distinctes, et qu’ils p
53 ’abord à une famille, à une région, à une patrie, à une coutume ou une langue, bien distinctes, et qu’ils perdraient leur
54 aient leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preu
55 la preuve par neuf dans le reproche si courant qu’ à tort ou à raison nous faisons à l’Amérique : « Là-bas, répétons-nous,
56 par neuf dans le reproche si courant qu’à tort ou à raison nous faisons à l’Amérique : « Là-bas, répétons-nous, tout se r
57 che si courant qu’à tort ou à raison nous faisons à l’Amérique : « Là-bas, répétons-nous, tout se ressemble ! » (Que diri
58 ester différents, indissolublement liée pour nous à la pratique des libertés réelles et personnelles. C’est pour sauver c
59 ulons rester nous-mêmes, il n’y a plus une minute à perdre : il nous faut combiner nos ressources. Faute de former à temp
60 ous faut combiner nos ressources. Faute de former à temps cette libre union, nous serons unifiés par la force, mis au pas
61 L’éducation européenne consistera donc non point à fabriquer de l’Européen moyen, mais bien à réveiller en chacun de nou
62 point à fabriquer de l’Européen moyen, mais bien à réveiller en chacun de nous, tels que nous sommes, la conscience de n
63 nous sommes, la conscience de nos libertés ; puis à vouloir le moyen de les sauver. L’éducation européenne devra montrer
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
64 ontre la liberté humaine en soi, on en vient vite à ne plus savoir si elle existe ou non, si elle est légitime ou non com
65 définition. Il en exige la jouissance immédiate, à n’importe quel prix. En ce milieu du xxe siècle, c’est moins le prob
66 e. Ils la préfèrent — provisoirement disent-ils — à notre liberté qu’ils nomment purement « formelle », affirmant que leu
67 nous, soyons francs, ne savent plus bien répondre à ces questions. C’est là que gît la force principale de l’autre camp.
68 l’autre camp. Quand on nous dit : « Qu’avez-vous à opposer à l’idéologie stalinienne, à cette grande espérance des prolé
69 amp. Quand on nous dit : « Qu’avez-vous à opposer à l’idéologie stalinienne, à cette grande espérance des prolétaires, à
70 Qu’avez-vous à opposer à l’idéologie stalinienne, à cette grande espérance des prolétaires, à cette religion nouvelle ? »
71 nienne, à cette grande espérance des prolétaires, à cette religion nouvelle ? », nous hésitons souvent avant de répondre.
72 Vous ne pourriez défendre l’Europe qu’en opposant à ses ennemis une idéologie plus puissante que la leur, mais hélas, vou
73 onnaissance de cause. Le temps est venu de passer à la contre-offensive. Laissons les « mystiques » synthétiques aux peup
74 s, nous en avons plus que nous méritons. Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’une part le début de la
75 nner, c’est de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes
76 ontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à se fédérer dans l
77 forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à se fédérer dans leurs différences essentielles. Si v
78 se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à se fédérer dans leurs différences essentielles. Si vous demandez : qu
79 général américain. Chaque personne fait obstacle à la fatalité. Léviathan ne devient fatal que dans la mesure où nous qu
80 delenda Carthago que j’opposais il y a quinze ans à une autre « mystique millénaire », mais déjà morte : — Là où l’homme
81 é de la culture d’avoir bien voulu nous autoriser à reproduire un extrait de la brochure de Denis de Rougemont, Les Libe
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
82  une puissance d’adhésion, qui tantôt s’identifie à son objet, et tantôt, rétablissant la distance, le conçoit et le défi
83 lutionnaire et nationaliste, violente, ignorante, à moitié démolie, et d’où montent, comme les fumées d’un sol volcanique
84 le « dans les ténèbres du dehors, mais le ramener à la communauté européenne ». Il a, l’un des premiers, ravivé l’idéal d
85 st vrai que le spectacle des Nations unies réduit à peu, sinon à rien, les espoirs que de Traz se faisait une vertu et mê
86 e spectacle des Nations unies réduit à peu, sinon à rien, les espoirs que de Traz se faisait une vertu et même une raison
87 fondamentaux. On y reviendra, comme on est revenu à L’Esprit de conquête de Benjamin Constant, malgré le style parfois po
88 ent « aux États-Unis, tentés de la soumettre » et à la Russie « dont le système politique comporte une destruction du sie
89 comporte une destruction du sien », mais encore «  à elle-même… aux idées dissociantes qui la travaillent, qui l’entraînen
90 ention est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes mêmes de pouvoir toujours s’adapter aux circonstances
91 Je dirai mieux : notre capacité de résurrection. À force d’imagination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans u
92 e viril : « Est-ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs,
93 l’Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se reconnaître une mission nouvelle ? En affirman
94 s pour autant, elle donnerait au monde un exemple à suivre. Contre les dangers du dedans, elle aurait conclu un pacte d’a
95 ses fils : ce pacte, elle le proposerait ensuite à l’univers. Les grands conflits du siècle futur, elle les désarmerait
96 avive en moi d’amers regrets. Je voudrais écrire à de Traz sur toutes ces choses, ce soir : il est trop tard. Il m’était
97 ns une conclusion claire. Elles ne visaient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai. Elles font confi
98 claire. Elles ne visaient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai. Elles font confiance à la lucidité
99 les ne visaient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai. Elles font confiance à la lucidité. « Est-ce
100 ient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai. Elles font confiance à la lucidité. « Est-ce rêver, se
101 , à définir, à dire le vrai. Elles font confiance à la lucidité. « Est-ce rêver, se demandait-il, que de conseiller à l’E
102  Est-ce rêver, se demandait-il, que de conseiller à l’Europe… de se reconnaître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
103 r 1952)g Entouré de soins extravagants, soumis à des épreuves exceptionnelles, étudié dans le moindre détail de son co
104 prévisible, le prototype peut se révéler impropre à la fabrication de série : son intérêt n’en est pas amoindri. Car il f
105 n les atteint ? Jusqu’où peut-on les reculer ? Et à quel prix ? Tout cela servira finalement à mieux construire des appar
106 r ? Et à quel prix ? Tout cela servira finalement à mieux construire des appareils utiles. Je me proposer d’envisager Law
107 arité exemplaire du cas de Lawrence, ce n’est pas à la seule analyse de l’œuvre en soi qu’il faut recourir, mais d’abord
108 u xviie siècle nous paraît intégré naturellement à la société de son temps. L’écrivain du xviiie siècle ne l’est guère
109 Italie et chez les Indiens du Mexique ; Bernanos à Majorque, au Brésil ; Joyce à Trieste, en Suisse, en France ; et pres
110 Mexique ; Bernanos à Majorque, au Brésil ; Joyce à Trieste, en Suisse, en France ; et presque tous les écrivains américa
111 parti qui avait confisqué leur patrie (de Silone à Koestler, en passant par les Allemands, les Espagnols, les Russes et
112 ertains, enfin, parlent en quête d’une communauté à rejoindre où à recréer dans l’action, et là seulement les mots pourro
113 parlent en quête d’une communauté à rejoindre où à recréer dans l’action, et là seulement les mots pourront reprendre un
114 pouvoir authentique. Mais ceux-là pensent d’abord à l’action, et dans l’action à se réaliser, à mesurer le pouvoir d’un h
115 x-là pensent d’abord à l’action, et dans l’action à se réaliser, à mesurer le pouvoir d’un homme contre le monde et sur s
116 abord à l’action, et dans l’action à se réaliser, à mesurer le pouvoir d’un homme contre le monde et sur soi-même. Est-ce
117 ntre eux se fussent-ils résignés, dans leur pays, à l’état politique existant. Byron, à cet égard, serait l’exemple extrê
118 es hasardeuses, que les gouvernements soutiennent à contrecœur, et parfois découragent en sous-main, ou bien dans des rév
119 s ces hommes sont, ou furent, des individualistes à la recherche d’une action commune, action conduite à l’étranger, et d
120 a recherche d’une action commune, action conduite à l’étranger, et dont les fins dernières leur importaient bien moins qu
121 l’homme. Ces anarchistes engagés se reconnaissent à un signe certain : entre eux et le rôle qu’ils jouent, souvent à gran
122 ain : entre eux et le rôle qu’ils jouent, souvent à grand péril, il y a toujours une marge de conscience. Et dans cette m
123 titude est vitale, soit qu’il s’agisse d’un ordre à rédiger ou d’une opération technique. Ces scrupules à plier le sens p
124 diger ou d’une opération technique. Ces scrupules à plier le sens précis au rythme ou au jeu des syllabes peuvent gâter l
125 t connues ou instinctives. Ce n’est pas seulement à leur réputation d’aventuriers, de révolutionnaires ou d’aviateur qu’e
126 ige particulier de leurs écrits, mais tout autant à l’efficacité d’une syntaxe qui sait comment « saisir » (expression fa
127 d il vivait ce qu’il raconte. On se reporte alors à des écrits posthumes, à des lettres ou carnets intimes, et l’on s’ape
128 onte. On se reporte alors à des écrits posthumes, à des lettres ou carnets intimes, et l’on s’aperçoit que le problème, l
129 dre que l’homme écrit, et que parfois il retourne à l’action ; pourtant, ce qu’il nous laisse enfin n’est qu’une question
130 ripéties d’une telle passion peuvent bien suffire à l’intérêt de l’œuvre. Elles font pâlir presque toutes nos fictions. E
131 r presque toutes nos fictions. Elles nous forcent à croire qu’ici, enfin, un homme nous parle avec l’autorité d’une expér
132 eur morale et les rigueurs physiques. Mais cédant à l’exigence extrême éveillée par un tel exemple, nous demandons : pour
133 rence4 décrit l’état d’esprit du héros de 30 ans, à la fin de ses campagnes d’Arabie, avant le grand échec de ses espoirs
134 nes d’Arabie, avant le grand échec de ses espoirs à la Conférence de Versailles. Mais comment ne pas penser à Saint-Exupé
135 férence de Versailles. Mais comment ne pas penser à Saint-Exupéry ? Le parallèle s’impose entre ces deux figures. Qu’elle
136 s deux figures. Qu’elles aient été si différentes à tant d’égards, si contrastées dans leurs données individuelles, ne fa
137 is, et bien qu’ayant tous deux vécu leur aventure à l’étranger, parfaits représentants de leur nation, dans ce qu’elle a
138 ’autre bon vivant. L’un chaste, et l’autre aimant à répéter que la femme est le repos du guerrier. L’un tourmenté de scru
139 nt ses aventures avec brio et insistant pour lire à ses amis les versions successives de ses livres en train. L’un réserv
140 dès l’enfance et affirmée pendant l’adolescence : à 20 ans les voilà partis, l’un pour des fouilles dans les pays arabes
141 ions qu’il essayait déjà de manœuvrer en cachette à 16 ans. Les deux intellectuels qui resteront toujours si furieux de l
142 vont choisir des métiers où la technique s’allie à l’art du commandement, et le risque à la discipline. Le travail s’y p
143 que s’allie à l’art du commandement, et le risque à la discipline. Le travail s’y poursuit en équipe avec des camarades f
144 érer un camarade pris en otage, ou de les inciter à la révolte, dans les deux cas il faut parler leur langue, pénétrer le
145 ils se soumettent, non pas au fonctionnaire, mais à la vertu mystérieuse qu’ils attendent de la règle, même injuste. Au r
146 nt leurs camarades d’équipe sont restés les seuls à connaître. Ils se retournent vers le monde des autres, et c’est le dé
147 doit être un commentaire de leur activité, visant à la sauver de l’anecdote historique pour en extraire une sagesse commu
148 élever un monument « durable » ou « intangible » à la mémoire d’un effort collectif. Ils n’écrivent pas plus facilement
149 imples et n’employer que des mots éprouvés… C’est à ce stade que naissent Les Sept Piliers de la Sagesse et Terre des Hom
150 . Et cependant leur drame le plus typique se noue à ce moment précis, devant la tentation de la « vie normale » d’un écri
151 n d’écrire, et bien qu’ils ne puissent ignorer qu’ à des postes moins anonymes, ils seraient plus difficiles à remplacer.
152 stes moins anonymes, ils seraient plus difficiles à remplacer. Inextricable nœud d’orgueil et de masochisme, de loyauté m
153 . Tous deux sont détachés de la foi, et peut-être à la fin de la foi en eux-mêmes ou dans le rôle qu’ils peuvent encore j
154 mi les hommes tels qu’ils les jugent. « J’en suis à désirer sans cesse que le rideau tombe pour moi. On dirait que j’ai f
155 de modestie J’essaierai maintenant de répondre à la question dont ces pages sont nées : « Que signifie pour nous Lawre
156 n pouvoir sur autrui lui fait horreur, il l’avoue à plusieurs reprises. Il n’en use qu’avec répugnance (pour en garder lo
157 lui-même les frais de l’expérience et se refusant à tous les faux-fuyants que nous offrent les causes politiques, le roma
158 ans un camp de la RAF quand il écrit cette lettre à Lionel Curtis, le 30 mai 1923 : Et puis il y a l’absence de responsa
159 puis il y a l’absence de responsabilité : je n’ai à répondre ici que de la propreté de ma peau, de la propreté de mes hab
160 certaine exactitude dans les évolutions physiques à l’exercice. Depuis que je suis ici, il ne s’est présenté à moi pas un
161 ice. Depuis que je suis ici, il ne s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exception de cette po
162 nté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exception de cette possibilité torturante de choisir de m’en aller
163 , au moment où ma volonté de rester s’effondrera. À cela près, ce serait le complet déterminisme — et c’est peut-être dan
164 Orient (qui fut en partie son œuvre en 1921) pèse à ses yeux plus que ses campagnes, mais moins que son activité dans la
165 e. Le mot-clé, je pense, c’est machine… Je laisse à d’autres le soin de dire si j’ai bien ou mal choisi : l’un des avanta
166 t de vue de nos débats politiques, pour se borner à un problème brûlant, qu’est-il possible d’inférer de son exemple ? Le
167 rogrès ; n’être qu’un rouage numéroté ; apprendre à se compter pour rien ; trouver la paix dans le complet déterminisme ;
168 son pouvoir et d’user d’autorité, tout l’opposait à la dictature et à la politique collectiviste. Que reste-t-il à faire
169 ser d’autorité, tout l’opposait à la dictature et à la politique collectiviste. Que reste-t-il à faire pour un tel homme 
170 e et à la politique collectiviste. Que reste-t-il à faire pour un tel homme ? Je le cite encore : « Les idéaux d’une poli
171 une politique sont de ces choses qui vous montent à la tête : leur traduction en termes de compromis avec la structure so
172 ires n’ont d’ennemi sérieux que la foi. Pourtant, à ceux qui disent que Lawrence est décevant parce qu’il n’a pas laissé
173 ssage », je répondrai qu’il nous apprend au moins à n’en pas attendre des hommes. Nous demandons trop aux écrivains. En s
174 honnête, s’il est privé de foi, s’avoue sans rien à révéler, mais par là même il décrit mieux l’état véritable de l’homme
175 mieux l’état véritable de l’homme. Rien ne tient, à l’épreuve, qui n’ait commencé là. 3. Letters, p. 412. 4. T. E.
176 ou des lettres des deux hommes. J’ai dû me borner à les paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry n’étant pas encore publ
177 Saint-Exupéry n’étant pas encore publiées. Quant à La Citadelle, on notera qu’elle n’a point son équivalent chez Lawrenc
178 d’action. Mais on sait que Churchill le destinait à des fonctions militaires importantes, que la guerre l’eût sans doute
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
179 ci donc vingt petits pays, dont pas un seul n’est à l’échelle du siècle. Il semble évident que leur union renverserait d’
180 a Terre jalouse. Ils tirent prétexte des intérêts à court terme de leurs États, mais ils oublient qu’ils forment un seul
181 l s’agit de provoquer. Europe, jadis, fut enlevée à l’Asie par une fougueuse divinité de l’Occident : Jupiter changé en T
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
182 ope (octobre 1952)i Je vais limiter mon exposé à un seul thème, un thème-cathédrale : l’Europe. La thèse que je vais d
183 foyers de culture qui ont fait l’Europe jouaient, à d’autres époques, un rôle différent de celui qu’ils auraient maintena
184 stoire ; avant le Moyen Âge, l’Europe s’est faite à partir des seuls foyers de culture existants : les couvents. Comment
185 x hommes publics : princes, magistrats, légistes. À un stade nouveau, l’éducation du peuple était faite par ces instituti
186 faite par ces institutions, les sermons entendus à l’Église, et tout un courant de connaissances orales, car les textes
187 lique. On passait donc ainsi du foyer de culture à la masse de la population par une série de maillons successifs que je
188 e livre, la revue, le journal, elle est transmise à la masse et ces moyens mêmes de diffusion la rendent abstraite. Elle
189 de diffusion la rendent abstraite. Elle se heurte à des obstacles qui sont : la division de la population en classes soci
190 ns nos pays qu’une seule forme de culture commune à tout le monde, sans distinction de classes, de pays, de langues : la
191 me change de sens en passant d’une classe sociale à l’autre. Finalement, la culture humaniste, née comme une création com
192 r dans ce grand phénomène historique, capable, vu à distance, de dominer tout le xxe siècle : la création de l’Europe un
193 re former ou modifier la réalité — en se limitant à un groupe local. La culture est par essence internationale, universel
194 échanges, fruits d’une grande circulation commune à toute l’Europe, elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2
195 ne à toute l’Europe, elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas de culture vivante sans une inca
196 e l’Europe, elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas de culture vivante sans une incarnation,
197 vante sans ces deux courants. Je reviens toujours à ces réalités : pour faire l’Europe, il faut que les foyers par centai
198 x, et eux seuls, peuvent donner un contenu humain à la construction de l’idée européenne ; vie et chaleur lui viendront d
199 Autorité du charbon et de l’acier, très difficile à comprendre. Contre cette uniformité, qui peut devenir tyrannique et s
200 ble mouvement, il faut que les foyers collaborent à la constitution de l’Europe, mais aussi qu’ils défendent la diversité
201 germe de tyrannie que peut contenir l’aspiration à l’unité. C’est le paradoxe du fédéralisme, au sens doctrinal ; le féd
202 ntraires également valables, condition nécessaire à la construction de l’Europe. Nous devons être en garde constamment d’
203 semble de l’Europe. Vous remarquerez que je saute à dessein le stade national, intermédiaire ; la culture ne s’est jamais
204 lantations locales, et du foyer local directement à l’Europe. Pour en venir à des propositions plus pratiques, je propose
205 foyer local directement à l’Europe. Pour en venir à des propositions plus pratiques, je proposerai que s’établisse un rés
206 le ; le Centre européen de la culture peut mettre à la disposition de cette Communauté européenne des foyers de culture t
207 chiffres, quelques rappels historiques permettant à une personne de faire, sans préparation, une causerie suffisamment do
208 ulation 22 ou 23 de ces plans ; nous sommes prêts à en rédiger de nouveaux, correspondant aux désirs exprimés par vos foy
209 eux de recevoir vos suggestions et de les étudier à Genève. Ensuite, nous pourrions mettre en circulation d’une manière p
210 s de se les procurer gratuitement si possible, ou à prix réduit. Nous vous offrons aussi de faire circuler dans vos foyer
211 — dont d’anciens champions du monde — sont prêtes à faire le tour des foyers de culture, si on les y invite, pour parler
212 ctuel de l’organisation européenne, les positions à prendre sur différents sujets et les possibilités d’action à mener. N
213 ur différents sujets et les possibilités d’action à mener. Nous offrons d’établir des contacts entre la Communauté europé
214 s, et des festivals de musique. Ceux-ci groupent, à l’heure actuelle, 15 des plus grands festivals de musique européenne.
215 s viennent nous voir de temps en temps, demandant à entrer en relation avec les foyers de culture, celle par exemple du C
216 entre européen de la culture se propose de mettre à votre disposition. En retour, il voudrait bien que chacun de vous pre
217 ers, leur forum. Un dernier mot : on a parlé tout à l’heure de culture populaire. Je ne crois pas qu’il y ait une culture
218 . C’est une grande tâche des foyers de contribuer à effacer cette distinction, à faire que le mot « Culture » ne soit plu
219 foyers de contribuer à effacer cette distinction, à faire que le mot « Culture » ne soit plus synonyme d’académisme, de p
220 vous la retransmettrai. Je ne veux faire de peine à personne, mais les maisons de culture sont là pour « bâtir l’Europe »
221 , et très ambitieux sur ce terme de culture, car, à mon sens, l’Europe de demain, l’Europe unie, vaudra exactement ce que
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
222 terlocuteur de notre confrère ont ouvert la porte à un vaste débat sur ce sujet de la constitution de l’Europe et de la p
223 ution de l’Europe et de la position de notre pays à son égard, et M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de
224 résenter son point de vue qui s’oppose totalement à celui du directeur de l’Institut de hautes études internationales. Vo
225 t réellement vital pour la Suisse, et si je tiens à y participer, c’est que je suis réellement très loin de ce que dit le
226 rer nettement le point de vue de ceux qui croient à l’Europe. Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre les princi
227 la Haute Autorité du plan Schuman a été installée à Luxembourg : c’est un fait, elle existe, et Anglais et Scandinaves —
228 es adversaires les plus absolus — n’ont pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouvernement souverai
229 nt pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouvernement souverain, et le Danemark et l’Autriche s’app
230 uverain, et le Danemark et l’Autriche s’apprêtent à suivre. L’Europe n’existe pas, n’a jamais moins existé qu’aujourd’hui
231 commission économique du Congrès de l’Europe tenu à La Haye en 1948, préparé par la conférence de Montreux de 1947. Avant
232 Rappard avait encore été un des délégués suisses à la conférence de Londres, en 1949. Ainsi donc, et sans remonter à Hen
233 de Londres, en 1949. Ainsi donc, et sans remonter à Henri IV ou à Victor Hugo, on trouve suffisamment d’éléments, et dans
234 1949. Ainsi donc, et sans remonter à Henri IV ou à Victor Hugo, on trouve suffisamment d’éléments, et dans l’activité mê
235 hamps de bataille de Villmergen et du Sonderbund… À ce taux-là, la France et l’Allemagne en ont également. Des traditions
236 écisément parce que tout s’opposait, humainement, à la réalisation de cette confédération ? Alors, pourquoi pas l’Europe 
237 emonte au temps de la prépondérance grecque, puis à l’Empire de Rome, on constate qu’elle avait déjà deux-mille ans d’exi
238 ’après le volume des échanges de la Suisse ! Mais à notre point de vue, ce 40 % est-il vraiment si négligeable ? Est-il p
239 égligeable ? Est-il proportionnellement inférieur à notre commerce avec d’autres fédérations comme les États-Unis ou le C
240 jours plus, la Suisse serait coupée de tout accès à la mer et réduite à l’état de province enclavée. Sur quoi, le profess
241 e serait coupée de tout accès à la mer et réduite à l’état de province enclavée. Sur quoi, le professeur Rappard fonde-t-
242 uropéenne est une idée américaine, notre adhésion à l’Europe unie ne pourrait que combler les vœux américains. Alors comm
243 t un début, et non seulement elle ne s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais elle le souhaite
244 ais elle le souhaite. Elle n’est pas plus opposée à une fédération plus vaste que la Confédération des huit ou des treize
245 uit ou des treize cantons ne pouvait être opposée à celle des vingt-deux cantons. Et pourquoi pas l’Europe ? La Fra
246 Cherbuliez ou de Pyrame de Candolle… Renoncer à notre neutralité ? Reste le problème de notre neutralité dans une
247 dans une fédération européenne ? Reconnaissons qu’ à suivre les suggestions de M. Rappard, elle courrait un grave danger.
248 urels d’outre-Manche et d’outre-mer, en cherchant à en faire une seule et même patrie, ne vaudrait-il pas mille fois mieu
249 ne seule et même alliance ? » Alors quoi : est-ce à dire que nous devions entrer dans l’Alliance atlantique, avec ceux qu
250  ? Certes non ! Ce serait, pour le coup, renoncer à notre neutralité. Or, la neutralité ne doit pas nous empêcher de coll
251 r de collaborer ; mais pourquoi renoncerions-nous à cet avantage, et contre quoi, je vous le demande ? Encore une fois, n
252 ncore une fois, non. Il ne s’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais il ne faut pas non plus qu’elle nous empêche d
253 nous empêche de collaborer sur le plan européen. À nous de rechercher une adaptation. Mais ce que je trouve le plus éton
254 et, contre M. Rappard antieuropéen, j’en appelle à M. Rappard, fédéraliste suisse : nul mieux que lui ne sait que les in
255 ojet Briand d’union européenne ayant été présenté à la SDN en 1929.
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
256 uoi ! me dit-on, mais l’Europe, cela va de Moscou à Gibraltar, et du Cap Nord aux Dardanelles ! De cette Europe, vous com
257 r coupe notre Europe par le milieu. Car vous avez à l’est du rideau, 88 millions d’habitants, contre 332 millions à l’oue
258 eau, 88 millions d’habitants, contre 332 millions à l’ouest. Ce n’est donc qu’un peu plus d’un cinquième des Européens qu
259 ture inégalée dans le monde moderne. Ils ont fait à eux seuls, au cours des siècles et grâce à leurs échanges continuels
260 la Turquie, enfin la Suisse, n’aient rien ajouté à ces gloires, ni que les Six aient décidé de vivre désormais dans un v
261 ivilisation. Ceux-ci seraient donc bien mal venus à se plaindre aujourd’hui qu’on les exclut. Les Anglais, qui sont lents
262 hui qu’on les exclut. Les Anglais, qui sont lents à se laisser convaincre, mais réalistes devant le fait accompli, ont en
263 main, les Danois et les Autrichiens, se préparent à faire de même. Les autres en sont encore à se frotter les yeux. Ils s
264 parent à faire de même. Les autres en sont encore à se frotter les yeux. Ils savent pourtant que les portes leur sont ouv
265 savent pourtant que les portes leur sont ouvertes à Luxembourg. La « Petite Europe » se trouve être assez grande pour leu
266 réfléchir et de recalculer leurs intérêts. Quant à ceux qui s’en vont répétant qu’un noyau fédéral fait obstacle à une f
267 n vont répétant qu’un noyau fédéral fait obstacle à une fédération plus étendue, ils ont contre eux les leçons de l’Histo
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
268 Préface à Photo + scène (1953)n o Le Centre européen de la culture n’avait p
269 ts en Occident. Une dizaine de pays prennent part à ce concours. Belle occasion pour les auteurs et les acteurs, les mett
270 ope : Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au fo
271 aust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au fonds commun, selon leur gén
272 l. Voyez l’Hamlet du Piccolo Teatro ; comparez-le à celui de John Gielgud ; voyez le Don Juan de Munich, comparez-le à ce
273 ielgud ; voyez le Don Juan de Munich, comparez-le à celui d’Aix, comme on peut comparer dans nos musées l’évolution d’un
274 au cours des âges, de l’Italie aux Pays-Bas, puis à la France, puis à l’Allemagne — et vous verrez l’unité vraie de notre
275 de l’Italie aux Pays-Bas, puis à la France, puis à l’Allemagne — et vous verrez l’unité vraie de notre Europe : celle qu
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
276 de me remémorer l’espèce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à l’esprit : autorité. Avant d’avoir com
277 oc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à l’esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit, j’avais
278 garantie de leur pouvoir, et ne saurait traduire, à mon avis, qu’une intention profondément délibérée. Car il s’agit ici
279 exerçant sur les mythes de l’âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes », et c’était au sens littéral, non
280 que la coutume sépare, non seulement elle oblige à les voir d’un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir l’angle p
281 à les voir d’un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir l’angle particulier sous lequel a pu les voir, proches ou c
282 on étant son vrai « message ».) Elle propose donc à l’imagination un exercice spirituel, assez analogue, il me semble, à
283 exercice spirituel, assez analogue, il me semble, à ceux qu’imposent aux néophytes les moines bouddhistes de la secte du
284 ambigu s’il en fût, et qui échappe par définition à la pensée systématique et discursive : point de réponse rationnelle a
285 autres moyens disposons-nous, qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-dire d’âme. « La facult
286 ues. Chaque interlocuteur y atteint, tour à tour, à l’expression la plus virulente de sa vérité, et chacun nous convainc
287 saurait être qu’implicite et comme transcendante à l’échange. Ainsi s’opposent et se comparent, dans ces dialogues, mesu
288 rable au « Livre de Job » et aux proverbes zen qu’ à Lamartine ou même à Rilke, reconnaîtront dans les dialogues et les pa
289 Job » et aux proverbes zen qu’à Lamartine ou même à Rilke, reconnaîtront dans les dialogues et les paraboles de Kassner s
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
290 Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)q r
291 Les fins d’une civilisation ne sont pas visibles à son terme, et rien ne se passe jamais comme si elle finissait par les
292 le a perdu le sens de ses fins ou qu’elle renonce à les saisir. De même, les origines d’une civilisation ne doivent pas ê
293 cléaires seraient demeurées impensables, trouvent à Nicée leur prototype ou, pour mieux dire : la décisive épiphanie de l
294 découvre l’esprit. L’erreur scientiste a consisté à croire que c’était bien la Réalité en soi qu’étudiaient, mesuraient e
295 hysiques et naturelles. Nous commençons seulement à entrevoir la nature agonique, et non point rationnelle, de la recherc
296 e toutes nos sciences, de la logique mathématique à la médecine et de la physique à la psychologie. Rien n’existe, au sen
297 ique mathématique à la médecine et de la physique à la psychologie. Rien n’existe, au sens fort, en dehors de leur lutte,
298 plique l’incertitude de leur vocabulaire. Adonnés à la même recherche, ils nous parlent tantôt de musique concrète ou de
299 est pourtant bien le même, mais qu’il nous reste à définir. (Concevoir a deux sens aussi, mais en un mot.) 2) L’éclateme
300 de désintégration — mais tout ce vocabulaire est à reprendre. 3) L’Occident ne saurait se désintégrer, comme beaucoup le
301 il vit. q. Rougemont Denis de, « Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement », The Alliance Revi
302 vérité. Au moment où la physique actuelle retire à la matière ses qualités classiques de vraie matière pour lui accorder
303 elle, fort opportunément, que la science est liée à l’attitude et à la dialectique fondamentale du christianisme. »
304 tunément, que la science est liée à l’attitude et à la dialectique fondamentale du christianisme. »
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
305 ; 2. La neutralité ne doit pas servir de prétexte à la Suisse pour refuser de collaborer à l’union européenne. I En
306 e prétexte à la Suisse pour refuser de collaborer à l’union européenne. I En effet, pour que la Suisse en vienne à d
307 ne. I En effet, pour que la Suisse en vienne à décider qu’elle abandonne sa neutralité traditionnelle, il faudrait q
308 Suisse, — soit une autorité fédérale de l’Europe à laquelle nous puissions adhérer. L’une ou l’autre de ces conditions é
309 t présente. Si nous voulions aujourd’hui renoncer à la neutralité, que se passerait-il ? On ne le voit pas. À qui irions-
310 tralité, que se passerait-il ? On ne le voit pas. À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourrait l’accepter e
311 de ce terme. On ne voit donc pas d’objet concret à une discussion, aujourd’hui, sur l’abandon de notre neutralité. Dans
312 jet de discorde entre les Confédérés ? Cela tient à deux causes bien précises, extérieures à la Suisse, qui sont l’impéri
313 la tient à deux causes bien précises, extérieures à la Suisse, qui sont l’impérialisme bolchévique et la construction de
314 me bolchévique et la construction de l’Europe, et à une troisième cause, intérieure celle-là, qui est la manière dont la
315 pas rester neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela, je répondrai que le choix de notre peuple est fait. Le parti st
316 ure stalinienne, les Russes seraient les premiers à ne pas nous croire. En fait, ils ne cessent de répéter que la Suisse
317 us dira-t-on, pourquoi refusez-vous de participer à la défense commune de l’Europe ? La réponse est qu’en fait, nous somm
318 nse est qu’en fait, nous sommes presque les seuls à pouvoir y participer, le cas échéant ; nous sommes presque les seuls
319 échéant ; nous sommes presque les seuls préparés à le faire, puisque nous entretenons la seule armée solide du continent
320 ue l’abandon de notre neutralité pourrait changer à la situation. Tout ceci revient-il à dire que la neutralité de la Sui
321 rait changer à la situation. Tout ceci revient-il à dire que la neutralité de la Suisse ne pose aucune question réelle ?
322 ons par la seule faute de ceux qui s’en réclament à tout propos et hors de propos, pour refuser de faire face à la situat
323 pos et hors de propos, pour refuser de faire face à la situation concrète de l’Europe et de la Suisse en Europe. Je préci
324 Adenauer, qui nous ont jamais sommés de renoncer à la neutralité, mais ce sont les partisans de la neutralité-tabou qui
325 qui nous somment, nous fédéralistes, de renoncer à toute idée de construction européenne. Ce n’est pas nous qui opposons
326 es résistances têtues que l’on oppose, en Suisse, à notre action. Je vous en donnerai un exemple. Le Centre européen de l
327 rai un exemple. Le Centre européen de la culture, à Genève, s’est vu refuser toute espèce de subvention (en argent ou en
328 lé de l’Europe dans son discours du 1er août 1952 à Genève (sans même prononcer le mot de neutralité). Il n’en a pas fall
329 Europe, en Suisse, se voit automatiquement « mise à l’index ». L’arrière-plan de cette étrange mentalité, c’est la croyan
330 l’histoire de l’Europe ; que son sort dépend donc à tous égards du sort de l’Europe. (Même si M. Rappard démontre que ses
331 ix pays du plan Schuman, nous ne sommes pas prêts à juger négligeable ce client n° 1 !) Les fédéralistes font remarquer q
332 que rien ne s’oppose dans notre statut de neutres à des conversations avec la Haute-Autorité de Luxembourg, conversations
333 33 la nécessité d’une Europe unie. Ils sont seuls à entretenir en Suisse des contacts étroits avec les mouvements qui ont
334 neutralité peut rester un statut politique utile à la Suisse et non nuisible à l’Europe, jusqu’au jour où l’Europe sera
335 tatut politique utile à la Suisse et non nuisible à l’Europe, jusqu’au jour où l’Europe sera fédérée : à ce moment seulem
336 ’Europe, jusqu’au jour où l’Europe sera fédérée : à ce moment seulement, mais de toute évidence, la neutralité suisse per
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
337 elle : le voyageur pouvait la traverser de Madrid à Berlin ou d’Athènes à Stockholm sans souci de « devises » ni de passe
338 vait la traverser de Madrid à Berlin ou d’Athènes à Stockholm sans souci de « devises » ni de passeport : la carte de vis
339 s premières causent notre misère, et doivent être à tout prix surmontées ; les secondes ont produit nos vraies richesses,
340 l’esprit nationaliste, pour aboutir de nos jours à l’esprit totalitaire, nous a fait croire que l’unité et la diversité
341 d’une erreur de logique. Il est aisé de répondre à ces sophismes par un exemple bien connu, et par un rappel à l’histoir
342 ismes par un exemple bien connu, et par un rappel à l’histoire. Logique ou non, la Suisse existe, réfutation vivante de t
343 la nation fermée, imposant la limite d’une langue à des réalités toutes différentes, comme l’économie, les échanges, la d
344 es échanges, la défense, la géographie, se réduit à une tranche très mince de l’immense aventure humaine. Ce manque d’épa
345 d’épaisseur historique du nationalisme suffirait à nous rendre méfiants, lorsqu’il s’agit de porter un jugement sur l’av
346 miste du mot, est une forme d’association périmée à bien des égards. Il n’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qu
347 historiques les mieux établis et les plus faciles à vérifier dénoncent le peu d’importance réelle de nos différences nati
348 que l’on compare l’ensemble des pays de l’Europe à d’autres continents, comme l’Asie, l’Afrique ou l’URSS, les caractère
349 Asie, l’Afrique ou l’URSS, les caractères communs à tous nos peuples apparaissent aussitôt mille fois plus importants que
350 ne et même calviniste ont tous la même structure, à très peu de phrases près. Nous l’ignorons, mais c’est un fait.) Les r
351 e, fût-ce à travers Hegel et Marx. De Kierkegaard à Heidegger, puis Sartre, les mêmes concepts, proprement impensables ho
352 ves, passant de foyers en écoles, du sud au nord, à l’ouest puis à l’est, au cours des âges sans frontières. Et enfin, et
353 foyers en écoles, du sud au nord, à l’ouest puis à l’est, au cours des âges sans frontières. Et enfin, et surtout, ce qu
354 personne au-dessus de la collectivité. Comparées à la communauté fondamentale et millénaire de nos structures de pensées
355 otégées et aimées en tant que vocations. Et c’est à leur dialogue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses plus
356 que vocations. Et c’est à leur dialogue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses plus belles créations. Certes
357 ’union nécessaire. Qu’un tel nationalisme survive à ses raisons, en perdant ses racines dans la réalité, cela ne signifie
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
358 de vous un partisan de l’Europe unie ? Je suis né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui a été le dernier à se rall
359 c’est-à-dire dans le canton qui a été le dernier à se rallier à la fédération suisse en 1848. Jusqu’à cette date, Neuchâ
360 dans le canton qui a été le dernier à se rallier à la fédération suisse en 1848. Jusqu’à cette date, Neuchâtel était une
361 se rallier à la fédération suisse en 1848. Jusqu’ à cette date, Neuchâtel était une principauté dont le souverain se trou
362 en même temps, le roi de Prusse. Je suis donc né à mi-chemin entre France et Allemagne, avec beaucoup d’ancêtres françai
363 nçais et quelques allemands. Quand je me suis mis à voyager pendant mes études — longs séjours en Autriche, en Allemagne,
364 e personnaliste dont la traduction politique est, à mes yeux, le fédéralisme. J’ai participé au lancement des revues L’O
365 C’était aussi le moment où Kierkegaard commençait à être connu en France, et j’avais coutume de l’opposer à Hegel, préfér
366 connu en France, et j’avais coutume de l’opposer à Hegel, préférant, en philosophie comme en politique, la tension et le
367 n politique, la tension et le drame au système et à la synthèse. En 1938, j’ai publié mon Journal d’Allemagne , à la fin
368 . En 1938, j’ai publié mon Journal d’Allemagne , à la fin duquel je dénonçais Hitler comme antieuropéen parce qu’antiféd
369 des « jacobins en chemise brune ». Étant lecteur à l’Université de Francfort de 1935 à 1936, j’avais eu l’insolence de p
370 Étant lecteur à l’Université de Francfort de 1935 à 1936, j’avais eu l’insolence de professer un cours sur le parallélism
371 dire et la détruire, et peut-être commence-t-elle à se déprimer en Amérique. Elle reste la source de nos grandeurs comme
372 ne. (Cette formule a été reprise par Sartre, mais à mon sens dénaturée par lui. L’engagement, c’était pour Mounier, Dandi
373 , à la fois, le distingue de la tribu et le relie à son prochain, voilà la personne. On l’a dit : pour l’individu, il n’y
374 octrinale de mon européanisme. Repartons de 1940. À la fin de cette année-là, j’ai été envoyé aux États-Unis pour une sér
375 de conférences. De là, j’ai été en Argentine et, à mon retour à New York, en novembre 1941, les États-Unis sont entrés e
376 es. De là, j’ai été en Argentine et, à mon retour à New York, en novembre 1941, les États-Unis sont entrés en guerre : pl
377 trés en guerre : plus moyen de revenir en Suisse. À New York, j’ai fait une nouvelle découverte de l’Europe. Aux yeux des
378 était emparé du slogan de la « Nouvelle Europe »… À mon premier retour, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Esprit eu
379 e »… À mon premier retour, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Esprit européen » aux Rencontres internationales de Ge
380 ve… En juillet 1947, rentrant d’un nouveau séjour à New York, je reçus la visite de Raymond Silva, que je ne connaissais
381 e premier congrès fédéraliste qui allait se tenir à Montreux. Comme j’hésitais à intervenir dans une situation politique
382 qui allait se tenir à Montreux. Comme j’hésitais à intervenir dans une situation politique que je n’avais pu suivre que
383 re que de très loin, il me dit : « Vous n’avez qu’ à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’est exactement ce que notre
384 es. J’étais embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’idée européenne par ma naissance, ma curiosité et mes voyages au te
385 utre part par mes années d’Amérique. Quelles sont à votre avis les maladies infantiles de la construction européenne ? Il
386 e j’appellerais française. Je pense non seulement à l’instabilité politique de la France, mais aussi aux difficultés qu’e
387 rance, mais aussi aux difficultés qu’elle éprouve à liquider le passé récent, la peur de l’Allemagne. La France, qui a ét
388 ent, la peur de l’Allemagne. La France, qui a été à l’avant-garde de la construction européenne, en constitue aujourd’hui
389 dont elle a infecté les autres continents. C’est à nous de trouver le contrepoison de ce nationalisme. Mais d’autre part
390 il faut prendre conscience. Vous savez que c’est à ce réveil de la conscience européenne que sont consacrés tous les eff
391 efforts pour l’union politique qui se poursuivent à Strasbourg et à Luxembourg ? Naturellement. Je suis aussi pour la féd
392 nion politique qui se poursuivent à Strasbourg et à Luxembourg ? Naturellement. Je suis aussi pour la fédération des Six.
393 aussi pour la fédération des Six. Il est conforme à la doctrine et surtout à la pratique fédéraliste de commencer par des
394 des Six. Il est conforme à la doctrine et surtout à la pratique fédéraliste de commencer par des petites réalisations, pa
395 que votre pays ne prenne pas une part plus active à la construction européenne ? Je crains que la Suisse ne soit le derni
396 ? Je crains que la Suisse ne soit le dernier pays à entrer dans la fédération européenne. Mais alors, cette adhésion sera
397 de la note suivante : « Nous ne présenterons pas à nos lecteurs cet écrivain pénétrant devenu ardent militant de l’Europ
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
398 entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeunes romanciers s’autorisent de la « mort de Dieu »
399 culture et la société. Mais a-t-on jamais demandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’ils entendent exactement par
400 morale fanatique, c’est-à-dire d’une morale prête à nier telle ou telle réalité8, pour peu que celle-ci fasse obstacle à
401 le réalité8, pour peu que celle-ci fasse obstacle à la passion maîtresse dont on est animé. « La vérité est peut-être tri
402 ’en réjouir, mais pour autant, n’allait pas jusqu’ à nier que la vérité existât. La vérité n’est peut-être pas existential
403 t sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisi
404 ainement ; non pas au sens de créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien d’un dieu.
405 ité donnée, la sienne d’abord (« Je vais me faire à mon idée ») et par suite celle d’autrui (« L’enfer, c’est les autres 
406 urgeois. Ce rapide examen des sources nous ramène à des prises de position peu compliquées. Sartre annonçant que Dieu est
407 le, et, dans ce cas, dire qu’il est mort, revient à faire du bruit avec la bouche. Car si Dieu l’Éternel avait été vivant
408 ieu l’Inconnaissable était mort, cela reviendrait à dire que l’on sait tout ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était
409 en tant que personne, il se serait donc produit, à un certain moment précis, dans le temps et dans l’espace (mais où et
410 u judaïsme et de l’islam, le Dieu qui s’intéresse à chaque homme (et même à chaque passereau dit l’Évangile), et cela dan
411 , le Dieu qui s’intéresse à chaque homme (et même à chaque passereau dit l’Évangile), et cela dans le détail intime de sa
412 nel en un mot, omniscient et omniprésent apparaît à beaucoup de nos contemporains comme aussi incroyable et absurde que t
413 tème solaire, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expansion indéfinie… Et c
414 , atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux de sa tête ! Mais à l’i
415 définie… Et compter les cheveux de sa tête ! Mais à l’inverse, le Dieu personnel redevient non seulement croyable mais in
416 du réel physique. Si nos savants s’étaient bornés à considérer des paysages, des villes, la mer, le ciel, des autos, des
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
417 (1er juin 1954)y J’entends dire tous les jours à Genève : « Nous sommes occupés par les Jaunes ! ». La phrase est plus
418 l, beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres d
419 paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées
420 nte-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir. Mais la Russie est du nombre…) Les neutralistes, qui dénonça
421 est du nombre…) Les neutralistes, qui dénonçaient à grands cris la disproportion des forces au sein des Six, entre la Fra
422 millions d’habitants, seront sans doute rassurés à l’idée d’un bloc russe de 200 millions établissant d’un seul coup la
423 battre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à tenter de l’écraser par une surenchère insensée. Et surtout soulignon
424 s fortement que la presse a manqué de le faire qu’ à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie a constitué le plus séri
425 r un fondement solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commu
426 nos peuples. La « conférence asiatique » s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre
427 les. La « conférence asiatique » s’ouvre à Genève à l’heure choisie par l’Est. Du côté russe, l’idée de manœuvre est clai
428 insolence des envoyés de l’Asie rouge distribuant à nos hommes d’État des camouflets très peu « diplomatiques ». Pendant
429 , elle va laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Dans son p
430 laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Dans son premier dis
431 — à tort ou à raison — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Dans son premier discours à Genève, Zhou Enlai déclarait e
432 ue crainte à la Russie. Dans son premier discours à Genève, Zhou Enlai déclarait en substance : — Bas les pattes en Asie 
433 cation belliciste » toute tentative de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moye
434 de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moyen de rétablir la « paix » dans le S
435 ud-Est de l’Asie, puisque celle-ci serait ouverte à l’expansion russe et chinoise. Mais assurer la paix définitive entre
436 du colonialisme soviétique, une Europe persistant à rester désunie doit rapidement périr par asphyxie à la fois physique
437 pe. L’enchaînement de ces faits laisse peu de jeu à l’imagination et aux surprises. Une remarque finale résumera ma pensé
438 s discussions de « préalables » » et de garanties à obtenir sur le papier contre une Allemagne d’après-demain — que l’His
439 ne saura jamais les noms : ceux qui se décideront à la dernière minute. Entendront-ils cet Hannibal ante portas qu’on vou
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
440 esque personne n’a lu ! On me confiait récemment, à Paris, le résultat de sondages discrets opérés à la Chambre française
441 à Paris, le résultat de sondages discrets opérés à la Chambre française : il semble qu’un peu moins d’un député sur dix
442 es députés français, appelés par M. Mendès France à le ratifier — ou non — vers la fin de ce mois. C’est dire que le lect
443 que le lecteur moyen a bien le droit de demander à son tour, sans rougir de son ignorance : après tout, de quoi s’agit-i
444 divisions, l’Europe était pratiquement désarmée, à l’exception de la Suisse et de la Suède. Or, ces deux pays étaient ne
445 r l’Europe. Ils souhaitaient que nous les aidions à nous aider. Et pourquoi, disaient-ils, les Allemands, qui sont les pr
446 ilemme que fut conçue la CED. — Contre l’opinion ( à l’époque) des dirigeants américains — afin d’empêcher le réarmement a
447 naux, commandés par leurs propres officiers jusqu’ à l’échelon divisionnaire. Ensuite, ces divisions strictement nationale
448 nales seront groupées en corps d’armée et placées à la disposition d’un état-major général, qui, lui, sera européen par s
449 le même uniforme. (Mais n’est-ce pas déjà le cas, à quelques détails près ?) Les généraux de corps d’armée et d’armée pou
450 lent, l’Armée européenne ne pourra donc servir qu’ à des tâches strictement et purement défensives — en cela comparable à
451 ement et purement défensives — en cela comparable à l’armée suisse. Arguments pour et contre la CED Comment expliqu
452 n France surtout, par ce projet ? Si l’on cherche à comprendre objectivement les arguments anticédistes, on s’aperçoit qu
453 ntales du traité, l’intégration n’étant prévue qu’ à l’échelon du corps d’armée — nous venons de le voir. — « Mais si la F
454 rticles 10 et suivants, autorisant un État membre à détacher de son contingent les forces nécessaires à la défense de ses
455 détacher de son contingent les forces nécessaires à la défense de ses territoires associés ou colonies hors de l’Europe.
456 — Un procédé polémique des plus courants consiste à parler de la CED comme d’un « traité de réarmement de l’Allemagne ».
457 tte confusion égare beaucoup de lecteurs, et tend à leur faire croire le contraire de ce qui est. Nous avons vu que le pr
458 é française et la restitution de ses droits égaux à l’Allemagne ». En fait, le traité ne rend à l’Allemagne une souverain
459 égaux à l’Allemagne ». En fait, le traité ne rend à l’Allemagne une souveraineté toute théorique que pour mieux lui perme
460 nfin, certains soutiennent que le traité « impose à l’Europe la volonté américaine ». La vérité sobre et limpide, c’est q
461 est contre ? Après deux ans de discussions et à la veille des décisions finales, la répartition des adversaires et de
462 saires et des partisans de la CED apparaît facile à décrire. On peut même la prévoir selon l’âge, le parti, et surtout la
463 ionnel, et de certains intérêts privés, calculant à court terme. Les communistes veulent une Europe soviétisée. L’Europe
464 sse l’Europe, pourvu que mes bénéfices continuent à rentrer, cela durera bien autant que moi ! En faveur de la CED, nous
465 ’effort diplomatique, depuis deux ans, ne vise qu’ à retarder la décision française. Et même en admettant qu’un Molotov se
466 taire — dont chacun souhaite qu’elle n’ait jamais à faire les preuves — la CED ouvre toutes grandes les perspectives proc
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
467 édéralisme sur un plan théorique serait contraire à l’attitude fédéraliste. En revanche, confronter cette attitude avec l
468 rolifération du nationalisme Goethe, assistant à la bataille de Valmy, s’écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera
469 rançais durent la victoire. Remarquez que ce cri, à ce moment-là, ne signifie point : « Vive la France ! » — pas davantag
470 ame un nouveau mythe. Il est comme une invocation à un dieu nouveau, une sorte de « Gott mit uns ! » aussitôt exaucé, pui
471 ar ce seul cri la bataille sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal,
472 nation à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe d’une nouvelle
473 parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À l’intérieur du pays, la première tâche de l’État sera d’écraser les o
474 ois plus souples. L’uniformisation est sa réponse à tout. Que personne ne diffère, il deviendrait mon juge ! pense l’État
475 nte, et qui se sait illégitime dans sa prétention à régner au nom de tous contre une moitié du peuple. Mais si, à l’inté
476 om de tous contre une moitié du peuple. Mais si, à l’intérieur, l’idée de nation devient entre les mains de l’État un in
477 strument d’oppression et de guerre civile larvée, à l’extérieur elle va devenir un instrument de guerre déclarée. Pourquo
478 autres peuples, par la force au besoin. De plus, à la faveur de ces guerres que l’État présente toujours comme une « déf
479 isitionné et mobilisé par l’État : nous assistons à la première en date de toutes les « nationalisations », celle des pat
480 mécanisme de l’État-nation non seulement conduit à la guerre, mais trouve en elle les conditions du renforcement continu
481 que peuple mûrit un fruit ; son activité consiste à accomplir son principe, non à en jouir… Chacun a son principe auquel
482 n activité consiste à accomplir son principe, non à en jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fo
483 jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il n’a plus rien à faire dans le
484 in. Une fois cette fin atteinte, il n’a plus rien à faire dans le monde. » Et encore : « À chaque époque domine le peuple
485 plus rien à faire dans le monde. » Et encore : «  À chaque époque domine le peuple qui incarne le plus haut concept de l’
486 cept de l’Esprit. » Voici donc les peuples élevés à la dignité d’intentions particulières de l’esprit mondial, mais en mê
487 e fois doué de toute la personnalité dont il tend à priver les hommes réels, comment va-t-il se comporter dans le monde ?
488 atriote humilié et récemment conquis —, a conduit à des guerres d’agression. Celles-ci ont fait surgir d’autres nationali
489 rgir d’autres nationalismes, qui vont revendiquer à leur tour le droit de dominer l’époque, après s’être arrogé (au nom d
490 ) le droit de régner absolument sur leurs sujets. À cette fin, chacun prétendra qu’il incarne « le plus haut concept de l
491 sianisme despotique. Les petits pays se borneront à invoquer leurs traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est
492 ucun de ces « concepts de l’esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune nation ne dominera longtemps, mais aucune n’en tire
493 lusion, une fois vaincue, « qu’elle n’a plus rien à faire au monde », comme le disait Hegel. Les guerres seront menées au
494 u’était l’Europe. Chacune se dira « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n’avaient de comptes à rendre qu’à D
495 itation des rois absolus qui n’avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessus des nati
496 rois absolus qui n’avaient de comptes à rendre qu’ à Dieu seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessus des nations. Le droi
497 scrupule communautaire, main dans la poche, prêts à tirer, vont essayer de faire la loi en Europe. On parlera beaucoup de
498 puisqu’ils n’acceptent aucune instance supérieure à leurs « droits » et limitant leur « absolue souveraineté ». Pendant c
499 e contre cette subordination méprisante de sa foi à l’esprit national. On n’y voit qu’une manière de parler… Et cependant
500 certaine communion vague et puissante, qui permet à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses
501 de beaucoup plus qu’il ne donne, infiniment plus, à l’absurde. Principe de haine, plus que d’amour, la nation revendique
502 r les jacobins, et soumettre alors toute l’Europe à une nation unique, totalitaire, assumant au mépris des personnes ses
503 Appliquons maintenant notre analyse fédéraliste à quelques-uns des éléments du nationalisme choisis parmi les plus typi
504 souveraineté de l’État dans le domaine militaire. À ses yeux donc, une France non absolument et totalement souveraine n’é
505 rance. La seule évocation d’une atteinte possible à la souveraineté absolue lui paraissait suffisante pour trancher le dé
506 souveraineté, c’était évidemment trahir, attenter à l’honneur du pays ; c’était se déclarer cyniquement antifrançais. Tou
507 rançais. Tout se passe donc comme si, en touchant à la souveraineté, on touchait au Sacré. Le très laïque M. Herriot est
508 la nation dans le dessein d’asservir les esprits à l’État. La souveraineté absolue n’existe pas, et cependant la France
509 uveraineté comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posée
510 « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées par le droit ap
511 un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’ à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaque
512 , dans les limites posées par le droit applicable à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui, de nos j
513 qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas un seul qui soit capable de d
514 jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas un seul qui soit capable de déclarer la
515 clos ou de jouer au pirate. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont point posées par le droit, mais par les circo
516 ion pseudo-religieuse et obsessive. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas dans les faits, mais seulement dans les discours de
517 as comme une réalité, mais bien comme un prétexte à refuser les évidences. Refoulée du domaine des forces réelles et des
518 éraliste ne peut donc adopter, devant la croyance à la souveraineté nationale absolue, qu’une attitude de scepticisme int
519 sa névrose. Nous reviendrons sur les conséquences à tirer de ce diagnostic. ⁂ Un autre élément du nationalisme profondéme
520 foncière que voici : on peut annexer des peuples à une nation, des territoires à un État, mais on ne peut rien annexer à
521 annexer des peuples à une nation, des territoires à un État, mais on ne peut rien annexer à une Patrie. Ensuite, l’État e
522 rritoires à un État, mais on ne peut rien annexer à une Patrie. Ensuite, l’État est une structure administrative et polit
523 de confiscation que j’indiquais plus haut. Quant à la Langue, elle ne correspond historiquement et géographiquement ni à
524 correspond historiquement et géographiquement ni à la Patrie, ni à la Nation, ni à l’État. Ces évidences accablantes n’e
525 oriquement et géographiquement ni à la Patrie, ni à la Nation, ni à l’État. Ces évidences accablantes n’empêchent pas le
526 ographiquement ni à la Patrie, ni à la Nation, ni à l’État. Ces évidences accablantes n’empêchent pas le nationaliste moy
527 s le nationaliste moyen de revendiquer l’annexion à son État, au nom de son propre sentiment patriotique, de peuples qui
528 s toutes premières tâches du fédéralisme appliqué à l’Europe. Mais le nationalisme, si incroyable que cela paraisse, a po
529 ment prolongée dans le sous-sol muet. La tendance à l’autarcie économique n’est qu’une transposition particulièrement ins
530 mplique que le bien-être des hommes soit sacrifié à la puissance de l’État, et leurs libertés concrètes à sa liberté abst
531 puissance de l’État, et leurs libertés concrètes à sa liberté abstraite, qu’il nomme indépendance nationale. Le national
532 indépendance nationale. Le nationalisme a réussi à faire croire aux masses et aux élites modernes que l’indépendance nat
533 u’une tendance psychologique morbide, un prétexte à refuser toute mesure réaliste de coopération et à autoriser les trich
534 à refuser toute mesure réaliste de coopération et à autoriser les tricheries les plus effrontées dans le domaine commerci
535 s légalisées mais non moins démoralisantes du vol à main armée. ⁂ Enfin, l’État-nation, ayant renoncé au cujus regio, eju
536 marxiste. Ces excès doivent nous rendre attentifs à l’usage courant qu’ils prolongent. Si nous croyons qu’il est une « cu
537 ez nous, au nom de quoi le refuserait-on ailleurs à des systèmes qui ne s’en distinguent nullement par les principes, mai
538 on : imposer les mêmes frontières au patriotisme, à l’administration, à la langue, à l’économie, et à la culture, nous je
539 es frontières au patriotisme, à l’administration, à la langue, à l’économie, et à la culture, nous jette donc finalement
540 au patriotisme, à l’administration, à la langue, à l’économie, et à la culture, nous jette donc finalement en plein déli
541 à l’administration, à la langue, à l’économie, et à la culture, nous jette donc finalement en plein délire totalitaire, s
542 ifestations que l’on peut rapporter sans conteste à l’un ou l’autre de ces types d’esprit, dans le passé récent de l’Occi
543 Europe comme telle, qui ont conquis des débouchés à nos produits matériels et culturels, en Asie et en Afrique, par le mo
544 lonialisme. Mais dans le même temps qu’il portait à son apogée la puissance mondiale des Européens, le nationalisme dével
545 y provoquant des guerres de plus en plus totales, à mesure qu’il se faisait lui-même de plus en plus totalitaire. Si l’Eu
546 el, le recul mondial que l’on sait, elle le doit, à un double titre, au nationalisme : à celui qu’elle a suscité contre e
547 lle le doit, à un double titre, au nationalisme : à celui qu’elle a suscité contre elle au-dehors, à celui qu’elle a prat
548 à celui qu’elle a suscité contre elle au-dehors, à celui qu’elle a pratiqué au-dedans. En revanche, le fédéralisme a pro
549 ope, tant spirituels que matériels. En s’opposant à l’ouverture indispensable d’un grand marché continental, il entretien
550 tes une économie malsaine, de plus en plus inapte à soutenir la concurrence des voisins et des autres continents. Les con
551 viation, la radio, les armes nouvelles, échappent à tous égards aux cadres nationaux, et cela par leur nature, ou par leu
552 aturé et l’égoïsme politique mal compris opposent à l’union de l’Europe ; il est devenu au surplus une forme de pensée ré
553 n apparition révolutionnaire dans notre Histoire. À l’inverse, le fédéralisme se trouve en pleine consonance avec l’évolu
554 ions insupportables, qu’il faut tenter de réduire à l’uniformité si l’on ne peut les isoler par des cloisons étanches, ma
555 de la théorie des jeux appliquée par von Neumann à la politique et à l’économie, ou de l’organisation technique des entr
556 jeux appliquée par von Neumann à la politique et à l’économie, ou de l’organisation technique des entreprises, la scienc
557 asse la logique des incompatibles en s’appliquant à la recherche des optima. Or cette méthode est typiquement fédéraliste
558 est typiquement fédéraliste, puisqu’elle consiste à rechercher le meilleur équilibre « en tension » de deux groupes diffé
559 la biologie et de la psychologie : je le suggère à des esprits plus compétents. J’entendais simplement marquer cette con
560 uer cette convergence : le fédéralisme correspond à une vision du monde qui est précisément celle que la science moderne
561 n tant qu’on y croit ; se rattacher par la langue à une communauté plus vaste que l’État dont on est le citoyen ; pouvoir
562 on est le citoyen ; pouvoir au surplus s’affilier à une telle école de pensée, d’art ou de doctrine politique, proche ou
563 ent défini la liberté comme le droit d’appartenir à plusieurs clubs !) Ce pluralisme redouté par le nationaliste, interdi
564 . L’idée même de nation est étrangère au dogme et à la foi chrétienne. Le Christ est mort pour le salut des hommes person
565 es du catholicisme et du calvinisme sont unanimes à condamner le nationalisme au nom de leur foi, et à préconiser en reva
566 condamner le nationalisme au nom de leur foi, et à préconiser en revanche une organisation personnaliste et fédéraliste
567 nombre, d’une routine centenaire (qu’ils prennent à tort pour la tradition), du sentimentalisme cocardier, encore si puis
568 s foules, et de l’appui d’intérêts privés décidés à payer ce qu’il faut. Mais nous avons sur eux l’avantage important de
569 n européenne. Il est clair que tous les obstacles à cette union viennent de l’esprit nationaliste, jacobin et paratotalit
570 est l’un de ces hommages que le nationalisme rend à l’Europe unie. Et M. Molotov lui-même propose un plan… Certes, on ne
571 ant le fédéralisme, c’est-à-dire en tenant compte à chaque pas de cette double nécessité : instituer une union réelle, sa
572 res », commandent la stratégie fédéraliste. Quant à la tactique, elle doit tenir compte du fait que nous ne sommes pas se
573 e sitôt d’opposer leurs « solutions de rechange » à notre volonté constructive. Quelles seront les maximes de notre lutte
574 ous disent qu’ils veulent bien d’une Europe unie, à condition qu’elle respecte les souverainetés nationales. Ce qui revie
575 ecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à dire : « Je veux bien me marier, mais à condition de rester célibatai
576 attitude est absurde ; pratiquement, elle conduit à refuser toute proposition concrète d’union — on vient de le voir par
577 provoque une opposition passionnelle qui met fin à tout dialogue raisonnable. La seconde raison, c’est que les souverain
578 nales n’existent plus, comme je l’ai rappelé tout à l’heure. J’estime donc que les fédéralistes doivent refuser le faux
579 est la manière dont ce régime fédéraliste parvint à se faire accepter par les 22 cantons qui étaient encore, au début de
580 parfaitement souverains. Tout le monde admettait, à ce moment, que les alliances qui existaient depuis des siècles entre
581 ante : loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expresséme
582 des cantons, ces articles ont résolu le problème à la satisfaction générale depuis cent-six ans. On peut les qualifier s
583 rez-vous ? Raison de plus pour ne point s’épuiser à la combattre. Laissant aux nationalistes un terme vide, la Constituti
584 es, une souveraineté qui échappe de toute manière à ses nations. Nous savons bien comment vont réagir les nationalistes.
585 bert Aron et Arnaud Dandieu, méthode qui consiste à distinguer dans les activités humaines la part des automatismes néces
586 structures politiques, le fédéralisme va du local à l’européen, non point du national à l’international. Je ne puis ici q
587 e va du local à l’européen, non point du national à l’international. Je ne puis ici qu’indiquer sommairement cette direct
588 rection de recherches économiques. Mais je tenais à marquer son articulation solide avec les nécessités du siècle d’une p
589 ne sensibilité fédéraliste s’irrite immédiatement à ce langage, révélateur des plus dangereux réflexes nationalistes. S’
590 ment des cultures nationales, il y aurait intérêt à favoriser leurs échanges. Mais notre culture occidentale n’a jamais c
591 existait bien avant eux. Elle a précédé de mille à deux-mille ans la tentative de morceler notre héritage commun en « cu
592 par des échanges contrôlés et officiels de nation à nation. Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à au
593 t née dans des foyers locaux qui ne correspondent à aucun de nos États-nations — la Lombardie, l’Ombrie, les Flandres, la
594 ou Oxford. Elle s’est propagée librement de l’un à l’autre de ces foyers. Et grâce à cette interaction perpétuelle, tout
595 de toutes les théories et procédés scientifiques. À quoi servirait, dès lors, de « multiplier les échanges culturels » co
596 ne suis pas du tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se mieux connaître » par le truchement d’œuvres d’art n
597 u tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se mieux connaître » par le truchement d’œuvres d’art nées sur leur t
598 er comme on fait des échanges culturels de nation à nation, c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est r
599 d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation des idées et des œuvres, c’est donc aller diamétraleme
600 une libération surveillée des échanges de prison à prison que nous devons exiger mais l’élargissement immédiat et sans c
601 n nationales et des barrières douanières imposées à la vie culturelle de l’Europe et à ses produits. Les États — et demai
602 ières imposées à la vie culturelle de l’Europe et à ses produits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen — n’o
603 t qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la créent et la transmettent les moyens de vivre décemment.
604 imes d’une action seules susceptibles de conduire à une union vivante de nos peuples. Dans chaque cas, mes conclusions on
605 clusions ont été pareilles : elles tendent toutes à nous persuader que, désormais, le fédéralisme européen doit concentre
606 vec une tactique fédéraliste. Mais elle a conduit à l’échec. Elle a servi de prétexte à trop de marchandages entre les vr
607 lle a conduit à l’échec. Elle a servi de prétexte à trop de marchandages entre les vraies forces d’union et les répugnanc
608 ux, que de la faire dans un seul élan. Tourner un à un les obstacles multipliés par les sceptiques, les méfiants, et les
609 our toutes, ce qui inspire toutes les résistances à notre union : l’esprit nationaliste. aa. Rougemont Denis de, « Fé
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
610 ien sûr, mais ce n’est qu’un risque. Et pourtant, à certains, il apparaît si grand que par crainte de le courir ils chois
611 manitaires de la Terreur. Nous n’avons pas opposé à la propagande des Bons Tyrans je ne sais quel « front uni » exigeant
612 adariaga, entre Jaspers et Croce ? Rien de facile à définir, sans doute. Pas un slogan. Mais ce fait et ce mode d’expérie
613 Peut-être a-t-il contribué plus qu’on ne le croit à changer l’atmosphère de l’après-guerre mondiale. La mode était aux dé
614 uvé le lieu où l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti j
615 st plutôt un réseau d’amitiés agissantes de Paris à Tokyo, de New York à Bombay, de Berlin-Ouest à Santiago et Mexico. C’
616 ’amitiés agissantes de Paris à Tokyo, de New York à Bombay, de Berlin-Ouest à Santiago et Mexico. C’est une volonté de ju
617 is à Tokyo, de New York à Bombay, de Berlin-Ouest à Santiago et Mexico. C’est une volonté de justice qui se moque des opp
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
618 e sens du pire, la conscience d’une menace totale à laquelle, pour faire face, il fallait d’abord croire. Ce fut là son m
619 t d’autres périls. Et Reynold ne s’est pas arrêté à l’éloge des vertus qui tiennent un peuple ensemble. Dans la liste de
620 ant symbolique, vers 1940 précisément : succédant à Grandeur de la Suisse, voici Qu’est-ce que l’Europe ? et l’annonce d’
621 l’Europe ? et l’annonce d’un grand œuvre consacré à la formation du plus vaste ensemble historique dans lequel se situe l
622 , et de la Suisse « concrète » (comme on dit bien à tort), celle qui ne prend vraiment au sérieux que les débats sur le p
623 n sens pratique, tabou de la neutralité — tendent à stériliser chez nous cette faculté. Mais toutes nos réalités se moque
624 nous rattache dans le passé, comme pour l’avenir, à des entités spirituelles, historiques et géographiques qui nous dépas
625 t. Principe d’autorité, principe d’association, «  à la rencontre l’un de l’autre, vers la synthèse de l’un et du multiple
626 édérale et fédéraliste de la Suisse ? De l’Europe à la Suisse, de la Suisse à l’Europe, ces mouvements de systole et de d
627 la Suisse ? De l’Europe à la Suisse, de la Suisse à l’Europe, ces mouvements de systole et de diastole animent l’œuvre en
628 plus « suisse », ni par là même de plus fécondes à méditer par les constructeurs de l’Europe. ac. Rougemont Denis de,
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
629 Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)ad Deux événements politiques ont absorbé l’at
630 alisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce quelle avait pour objet principal de prévenir ;
631 de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la constru
632 deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à tort : il mont
633 construction européenne, comme on l’a répété bien à tort : il montre simplement qu’une partie d’un parlement (devenue maj
634 vers l’intégration européenne », comme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe supranational
635 mme on l’a dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe supranational. En résumé : rien n’est perdu, mai
636 euples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Les partisans de l’Europe unie ont péché depuis quelques année
637 ement dans l’affaire de la CED — par complaisance à une double illusion : ils ont cru que le travail éducatif en profonde
638 s réalités que cachaient ces deux illusions. I. —  À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on n
639 cachaient ces deux illusions. I. — À un moment ou à un autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réuss
640 ès l’autre par les parlements. On n’a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’eût représ
641 ration politique. C’était pratiquement se rallier à la méthode britannique, dite « fonctionnelle » méthode du step by ste
642 fonctionnelle » méthode du step by step, du petit à petit l’oiseau fait son nid9, méthode qui évite d’agiter « inutilemen
643 opagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la CED. Où était l’illusio
644 ous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux
645 ants européens croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profonde, comme on va le vo
646 7 dans les seize pays du CE et en Suisse, s’élève à quatre-cent-quatre-vingt-onze. Leur tirage total a légèrement dépassé
647 urope a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque. Une révolution est l’aboutissement d’une série d’a
648 es et sociales, qui par nature restent invisibles à l’œil des agences de presse, mais sans lesquelles rien ne se ferait.
649 entre européen de la culture », dont le siège est à Genève. L’article de M. Denis de Rougemont est extrait du ">n° 6 d
650 ougemont Denis de, « Rien n’est perdu, tout reste à faire », France Europe, Paris, janvier 1955, p. 5.
23 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
651 Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)ae af S’il s’agis
652 nscience collective. II. — Livres ayant contribué à notre éducation occidentale, depuis cent ans. III. — Livres qui excit
653 l-Hallaj : Divan. II. — Livres ayant contribué à notre éducation occidentale depuis cent ans 38. Tibulle : Élégies.
654 52. G. Apollinaire : Alcools. 53. Marcel Proust : À la recherche du temps perdu. 54. John Donne : Sermons. 55. James Joyc
655 ophiques. ae. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Pour une bibliothèque idéale », Pour une bibliothèque id
24 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
656 e des festivals de musique a cinq ans (1956)ap À la fin de 1951, répondant à une invitation lancée par le Centre europ
657 cinq ans (1956)ap À la fin de 1951, répondant à une invitation lancée par le Centre européen de la culture, sur une p
658 cteurs de quinze grands festivals se réunissaient à Genève. Jamais encore, une telle rencontre n’avait eu lieu dans les a
659 Europe. Une seule journée de délibérations suffit à dégager un accord unanime. Les quinze directeurs décidèrent avec enth
660 e organisation commune. Un secrétariat fut établi à Genève, au CEC, et quelques mois plus tard paraissait une brochure co
661 gible d’un esprit de collaboration se substituant à l’esprit de rivalité, et d’une vision européenne dépassant les intérê
662 les servant. ⁂ L’association nouvelle répondait à un besoin très général. En effet, la multiplication rapide des festiv
663 hestres et les chefs de qualité ne suffisent plus à la demande. Les programmes tendent à devenir uniformes ou routiniers,
664 ffisent plus à la demande. Les programmes tendent à devenir uniformes ou routiniers, et à répondre à des exigences plus c
665 mes tendent à devenir uniformes ou routiniers, et à répondre à des exigences plus commerciales qu’artistiques. Certes, on
666 à devenir uniformes ou routiniers, et à répondre à des exigences plus commerciales qu’artistiques. Certes, on ne peut pa
667 du nombre des festivals. Mais il faut sauvegarder à tout prix la qualité et le prestige des meilleurs. ⁂ Qu’est-ce qu’un
668 ’hiver et qui doit créer une atmosphère spéciale, à laquelle contribuent non seulement la qualité des œuvres et de leur e
669 té et d’authenticité. ⁂ Une idée simple a présidé à la formation de notre association : il s’agissait de présenter l’ense
670 un guide unique en son genre, parce qu’il permet à l’amateur de s’orienter vers la qualité, de se composer selon ses goû
671 e sera pas déçu, et qu’il ira vraiment d’une fête à l’autre. L’échange de « créations », de spectacles nouveaux montés pa
672 d’archives musicales — uniques en Europe — permet à tous les festivals membres de savoir ce qui a été fait par d’autres e
673 les conditions, quelles sont les œuvres nouvelles à créer, à quels artistes, metteurs en scène ou chefs on pourra faire a
674 tions, quelles sont les œuvres nouvelles à créer, à quels artistes, metteurs en scène ou chefs on pourra faire appel, etc
675 stiques de grande envergure conduit l’association à resserrer toujours plus les liens professionnels qui unissent déjà se
676 euves. Sa brochure Saison, tirée en trois langues à 160 000 exemplaires, et distribuée dans toute l’Europe et en Amérique
25 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
677 robe de bure nouée d’une cordelette. Tels étaient à nos yeux les prestiges de l’enseigne « à jamais littéraire » de la Ma
678 étaient à nos yeux les prestiges de l’enseigne «  à jamais littéraire » de la Maison des amis des livres. (Commerce en él
679  : j’avais couru tout droit rue de l’Odéon, comme à la source la plus fraîche et la plus sûre… Qu’est devenue la série de
680 e la série de photos en couleur qui furent prises à la veille de la guerre dans l’appartement d’Adrienne ? De l’ancêtre C
681 d’alors, tous ceux qu’elle estimait défilèrent un à un devant l’objectif — bien nommé — de Gisèle Freund. Ce choix des él
682 publier en album, ne ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ? Il faudrait y ajouter les descriptions vivaces, incisive
26 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
683 rches personnelles, tout cela m’amène aujourd’hui à une conception de la cortezia à peine moins « historique » que celle
684 es) entre cathares et troubadours. Je me risquais à dire : il y a là quelque chose, et l’absence de rapports entre ces ge
685 terai à la fois d’indiquer des relations de cause à effet, et de formuler expressément des conclusions que l’on pourrait
686 age, mais fondant une « Église d’Amour », opposée à l’Église de Rome13, envahit rapidement la France, de Reims à Toulouse
687 de Rome13, envahit rapidement la France, de Reims à Toulouse et de l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur to
688 France, de Reims à Toulouse et de l’Italie jusqu’ à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans le même temps
689 aboutissent parfois, plus ou moins consciemment, à des doctrines naturalistes et même matérialistes avant la lettre. Le
690 la passion au moins autant qu’ils ne parviennent à la transmuer en vertus et en vérités théologiques. Saint Bernard de C
691 ent. D’Henri de Lausanne et Pierre de Bruys jusqu’ à un Amaury de Bène et aux frères ortliebiens de Strasbourg, tous conda
692 celui des « bonshommes » ou Parfaits, puis oppose à la cortezia la mystique de l’Amour divin. De nombreux commentaires du
693 de et le mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme universelle de l’Amour et du culte de
694 t en Reine désormais que l’art va la représenter. À la « Dame des Pensées » de la cortezia, on substituera « Notre Dame »
695 s : le moine est « chevalier de Marie ». En 1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’Immaculée Conception de
696 r Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée et entraînée… La pa
697 uf le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance d’action réelle, tout en demeurant l’enjeu final
698 ar l’agressivité du fils contre le père (obstacle à l’amour pour la mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résul
699 isme social et moral ; le poids de l’interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touch
700 cipe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est d’au
701 : il peut s’avouer sous la forme d’un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne c
702 d’un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virginale, qu’ell
703 cesse pas d’être virginale, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur la femme de chair. L’union mystique avec cett
704 divinité féminine devient alors une participation à la puissance légitime du Dieu lumineux, un « endieusement », c’est-à-
705 e siècle, l’on assiste dans le Midi de la France à un relâchement notable du lien féodal et patriarcal (partage égal des
706 « pariage », d’où perte d’autorité du suzerain) ; à une sorte de pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion d’une reli
707 ; à une sorte de pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion d’une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante
708 e ; à l’invasion d’une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante du culte de l’Amour, dont je viens de rappeler
709 giner au paragraphe précédent. Si nous cherchons à nous représenter la situation psychique et éthique de l’homme en ce t
710 sant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à tenir la sexualité pour « vilaine » ; et nous voyons souvent dans le
711 vaient été contraintes. Le même auteur ajoute qu’ à son avis, « il n’est pas question de voir dans la chasteté, ainsi fei
712 ligieux” (et formaliste) rendu par l’imperfection à la perfection », c’est-à-dire par les troubadours et par les croyants
713 par les troubadours et par les croyants inquiets à la morale des Parfaits. Mais enfin, dit le sceptique d’aujourd’hui, q
714 liquer le succès si rapide d’une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un Languedoc, une Italie du Nord, une Germanie
715 croient qu’il existe une sorte de nature normale, à laquelle la culture et la religion seraient venues surajouter leurs f
716 roblèmes… Cette illusion touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous so
717 on touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir,
718 sion proprement insensée de religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de mor
719 gions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qui
720 clusives, mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés,
721 espace. 4. Une technique de la « chasteté » À partir du vie siècle se répand rapidement dans l’Inde entière, tant
722 se, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse… Le culte se concentre autour de ce principe cosmique fémin
723 ose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du Moyen Âge indien… Le tantrisme est par
724 Les précisions données par le texte font allusion à une technique de l’acte sexuel sans consommation, car « celui qui gar
725 reprend) sa semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre de la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme,
726 its dans un langage intentionnel, secret, obscur, à double sens, dans lequel un état de conscience est exprimé par un ter
727 un terme érotique »19 — ou l’inverse aussi bien. À tel point « qu’on ne peut jamais préciser si maithuna est un acte rée
728 le tantrisme apporte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter la transsubstantialisation du corps humain à l’aide de
729 le Sahajiyâ, amplifie l’érotique rituelle jusqu’ à des proportions étonnantes… On y accorde une grande importance à tout
730 ns étonnantes… On y accorde une grande importance à toute sorte d’« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme le co
731 stique, dormir dans la même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant les quatre mois suivants et tout en continuant à l
732 nt les quatre mois suivants et tout en continuant à la servir comme avant, il dort dans le même lit, du côté gauche. Pend
733 du corps. La « chasteté » tantrique consiste donc à faire l’amour sans le faire, à rechercher l’exaltation mystique et la
734 ique consiste donc à faire l’amour sans le faire, à rechercher l’exaltation mystique et la béatitude à travers une Elle q
735 D’Amour, je sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, dit le premier des troubadours connus, Gu
736 steté, Secret et Merci, et, ces vertus conduisent à la Joie, qui est signe et garantie de Vray Amor. Voici Mesure et Pati
737 ubadour arabe Ibn Dawoud disait : « La soumission à l’aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chas
738 ois. ») Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer d’amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car le sot aprè
739 tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir, je crois que je me l’enlèverai, si l
740 se vieillir… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder la joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité
741 et de la seconde génération des troubadours (1120 à 1180 environ). Au xiiie siècle, ceux de la dernière génération expli
742 uler, bien servir, patiemment attendre.25 Quant à Faux Amour, il se voit vertement dénoncé par Marcabru et ses successe
743 et faux reclus »26. Ils seront détruits « soumis à toute ruine », et tourmentés en enfer. Noble Amour a promis qu’il en
744 service » d’amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant les points sur les i : Ces troubadours, en mêlant
745 ielles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à de telles précisions de langage, la rhétorique courtoise et son systè
746 6. Excuse aux historiens Je ne crois guère à l’histoire « scientifique » comme critère des réalités qui m’intéress
747 nos connaissances », reste donc incroyable jusqu’ à nouvel avis. Je cherche un sens, donc des analogies illustratives et
748 pour établis. Simplement, je les crois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêv
749 spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découvrir et adopter le christianisme, dont les mystères lui sont com
750 lusions définitives L’amour courtois ressemble à l’amour encore chaste — et d’autant plus brûlant — de la première ado
751 — de la première adolescence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par les poètes arabes, homosexuels pour la plupart, co
752 de l’Occident. Il nous semble parfois se réduire à des fadaises sophistiquées, dans le goût des petites cours du Moyen Â
753 peut être purement rêvé, et beaucoup se refusent à y voir autre chose qu’un tournoi verbal. Il peut traduire aussi les r
754 nt, et de plusieurs manières. Tout cela nous aide à mieux comprendre — si rien ne suffit à l’« expliquer » — l’amour cour
755 nous aide à mieux comprendre — si rien ne suffit à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce de contre-en
756 courtois. Au terme de l’espèce de contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compte tenu des objections les plu
757 e tenu des objections les plus sensées que firent à ma thèse minima les partisans d’écoles au moins diverses, me voici ra
758 rticipe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’un Orient symbolique.
759 aucoup moins sur cette thèse que sur sa réduction à la seule hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre VII de ce livre
760 e j’avais mentionnée au chapitre VII de ce livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — selon Rahn, Ar
761 e — une relecture des chapitres VIII et IX suffit à « réduire » à son tour cette simplification tout à fait abusive, dont
762 ure des chapitres VIII et IX suffit à « réduire » à son tour cette simplification tout à fait abusive, dont mes adversair
763 « réduire » à son tour cette simplification tout à fait abusive, dont mes adversaires sont plus responsables que moi — e
764 ressé, comme il arrive.) 13. Comme Amor s’oppose à Roma. Les hérétiques reprochaient à l’Église catholique d’avoir inver
765 Amor s’oppose à Roma. Les hérétiques reprochaient à l’Église catholique d’avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour
766 16. Voir Mircea Eliade, Technique du yoga, p. 176 à 191. 17. Id., ibid., p. 199. 18. Civa Samhitâ, 4, 78 à 102. Cf. A
767 7. Id., ibid., p. 199. 18. Civa Samhitâ, 4, 78 à 102. Cf. Alain Daniélou, Yoga, the Method of Reintegration, 1949, p. 
768 cit., p.  205 et suiv. On trouve parfois « jusqu’ à cinq sens équivalents pour un seul terme ». 20. L. De La Vallée-Pou
769 esseur Jeanroy : « C’est-à-dire, si vous parvenez à supprimer ses conséquences. » 25. Cf. plus haut (p. 22) la descripti
770 us, osculum, coitits. (Noter que Désir correspond à visus — le fameux premier regard qui enflamme – et servir à tactus.)
771 le fameux premier regard qui enflamme – et servir à tactus.) Le thème des Cinq lignes d’amour peut être suivi à travers t
772 ravers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’ à la Renaissance, où on le retrouve chez Marot et Ronsard. Les variatio
773 ur courtois est clair. Et non moins le sens donné à mercy, que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à la Grâce, ch
774 , que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à la Grâce, chez les troubadours… 26. Les cathares condamnaient la gue
27 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
775 pos initial était assez simple. Je voulais mettre à jour un paradoxe dont l’époque semble nourrie mais inconsciente : on
776 n fis 400. En cours de route, en effet, je me mis à rechercher l’origine de l’amour-passion et je m’aperçus qu’il apparai
777 ntemporaine du mariage mais d’aller véritablement à l’essentiel : étudier l’amour-passion à travers le temps, sa naissanc
778 ce, ses premières formes, les autres aussi, jusqu’ à la dégradation qu’il subit de nos jours. J’ai tenté de le décrire com
779 erce, Tibulle ? Et la passion que Catulle portait à la Lesbie ? Faites attention aux textes. Vous verrez qu’il ne s’agit
780 de l’antiquité ne nous présente l’amour comme lié à la mort, avec ce goût de cendres tel que l’Occident a pris l’habitude
781 de l’amour et l’amour de la mort sont-ils apparus à ce moment-là ? Il faut relier l’amour courtois à l’hérésie néo-manich
782 à ce moment-là ? Il faut relier l’amour courtois à l’hérésie néo-manichéenne. Ma thèse a été souvent attaquée par les hi
783 cette doctrine. J’avoue que j’en avais été réduit à un grand nombre d’hypothèses. Mais, en 1940, le Père Dondaine retrouv
784 celui d’un moraliste dans la mesure où il cherche à faire prendre conscience aux gens des motifs de leurs actes. Nous en
785 gens des motifs de leurs actes. Nous en revenons à mon but initial : dénoncer la crise du mariage. Le mythe de Tristan,
786 mariage. Le mythe de Tristan, dégradé, édulcoré, à l’état inconscient habite toujours les esprits. Il n’est pas une femm
787 enu une vertu. Le cinéma fournit assez de preuves à ce que j’avance. Fonder le mariage sur l’amour-passion est un monstru
788 t un monstrueux contresens. Il y a un point aussi à ne pas oublier : dans l’amour-passion, les êtres sont dominés par leu
789 e de l’un ou simplement la fatalité les contraint à s’aimer. Mais alors, s’ils s’aiment malgré eux, poussés par une force
790 s par une force extérieure qu’ils peuvent arriver à haïr, ils ne s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que l’amour fût moins
791 ttestait l’importance de l’ouvrage : on s’accorde à le tenir pour un des livres les plus importants de notre époque. M. d
792 un grand retentissement, il s’est maintenant fixé à Genève et s’occupe essentiellement d’économie politique. La semaine d
28 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
793 es ou décors types juxtaposés, et l’on va de l’un à l’autre en une demi-heure, parfois en deux minutes comme il arrive qu
794 , s’arrêtant au sommet tous ensemble — et s’ouvre à l’autre bout dans l’espace doré d’un ciel méridional que double un la
795 disait Lucien Febvre, mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’
796 eur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, de Goeschenen,
797 est restreint. D’où l’extrême importance accordée à la vie, à la santé de l’individu, à son confort : médecine, hygiène,
798 int. D’où l’extrême importance accordée à la vie, à la santé de l’individu, à son confort : médecine, hygiène, vêtement,
799 ance accordée à la vie, à la santé de l’individu, à son confort : médecine, hygiène, vêtement, technique microscopique, a
800 s vous conduisent en moins d’une heure d’un monde à l’autre, ne servent cependant qu’aux petits déplacements, qui sont de
801 s peints en faux bois jaune clair. On s’attendait à être interrogé, dans les trois langues nationales. À mi-chemin entre
802 tre interrogé, dans les trois langues nationales. À mi-chemin entre l’instituteur et le gendarme, un personnage vêtu d’un
803 ines, comme si le monde où nous vivons était fait à notre mesure, comme si l’humanité où nous plongeons se conformait aux
804 nt il respire naturellement l’honnêteté, tendrait à nous faire oublier que la correction, la décence et la sécurité des c
805 t, comme si notre système de sécurité devait être à chaque instant vérifié, mis au point, méticuleusement nettoyé des moi
806 présenter une cravate insolente, une conversation à voix trop haute, une semelle appuyée sur le banc, quelque geste impré
807 rien. L’indiscrétion du regard suisse me surprend à chacun de mes retours. Comment décrire et comment justifier l’espèce
808 t qu’avec cet air exaspérant de celui qui renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour réagir comme
809 ion de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des expériences de Bikini. Dans
810 cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à première vue les resquilleurs, ces jeunes gens excités qui prétendent
811 nts d’être là, on les refoule. J’ai cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît de plus en plus enclin à respec
812 ue le peuple suisse paraît de plus en plus enclin à respecter le velours gris et dru des secondes : il a tort, c’est la c
813 e dernier refuge des esprits libres. Je me décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverser un couloir de premièr
814 ennent au vaste monde dont je rêvais avec fièvre, à 12 ans, quand je lisais sur les longs wagons bruns qui s’engouffraien
815 sses ». am. Il s’agit d’un extrait de la préface à la Confédération helvétique , que Rougemont publie en 1953.
29 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
816 i garantit leur souveraineté aux fédérés Jusqu’ à cette date, la Suisse n’était qu’une alliance d’États souverains. Pen
817 cantons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »27. La division des petits États, leur impuissance à
818 7. La division des petits États, leur impuissance à adopter en temps utile une politique commune expliquent la chute soud
819 en 1798. L’essai d’unification jacobine entrepris à ce moment-là sous le nom de « République helvétique une et indivisibl
820 d’hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expresséme
821 l’Europe ? Est-il vrai qu’il y ait là un obstacle à l’Union ? Ces souverainetés ont-elles quelques réalité et consistance
822 ehors des débats où elles figurent comme prétexte à refuser les évidences européennes ? Voyons le concret. La souverainet
823 ’a définie comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posée
824 « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées par le droit ap
825 un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’ à l’extérieur, dans les limites posées par le droit applicable à chaque
826 , dans les limites posées par le droit applicable à chaque domaine ». Or, on ne voit plus aucun État européen qui ait con
827 État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la
828 éen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou d
829 e ou de vivre en vase clos. Ces limites décisives à la souveraineté ne sont plus posées par le droit, mais par d’implacab
830 rs des débats de la table ronde de l’Europe tenue à Rome en 1953, deux arguments m’ont frappé comme étant propres à éduqu
831 , deux arguments m’ont frappé comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinion publique. Le premier fut ap
832 . Ernst Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacr
833 me d’une Europe unie ». Le second argument est dû à M. Cotsaridas, publiciste grec : « Dans les domaines militaires, écon
834 souveraineté du peuple car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera
835 qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour.
836 souveraineté, elles l’ont perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? il nous faut donc répondre mai
837 les grands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations. 27. William Rappard, La Constitution fédérale de la S
30 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
838 … (10 novembre 1956)ao Le dimanche 4 novembre, à 7 h 57, Radio-Kossuth diffuse le texte que voici : Attention ! atten
839 grois. Ici la Fédération des écrivains hongrois : À tous les écrivains du monde, à tous les savants, à toutes les associa
840 rivains hongrois : À tous les écrivains du monde, à tous les savants, à toutes les associations d’écrivains et académies,
841 tous les écrivains du monde, à tous les savants, à toutes les associations d’écrivains et académies, à l’élite intellect
842 toutes les associations d’écrivains et académies, à l’élite intellectuelle du monde entier, nous demandons aide et secour
843 nd et en russe. Puis quelques minutes de musique. À 8 h 7, Radio-Kossuth se tait. QUI RÉPONDRA ? À ces dernières paroles
844 e. À 8 h 7, Radio-Kossuth se tait. QUI RÉPONDRA ? À ces dernières paroles de la révolution déclenchée par les étudiants e
845 transmise. Ils voulaient que leur combat survive à leur défaite. Ce message doit être entendu, cet appel propagé dans le
846 « détente » qui vient de montrer sa vraie nature à Budapest, c’est donner dans un guet-apens. Accueillir et fêter les jo
847 tous les esprits libres qui voudraient s’associer à l’action internationale du Congrès pour la liberté de la culture sach