1
sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
a
Nous sommes ici parce que nous savons tous que notre civilisation
2
l’on nous demande quel est le principe simple qui
a
pu rassembler des hommes aussi divers à tant d’égards que ceux que vo
3
l’autre guerre suivra. Si nous la gagnons, nous n’
aurons
pas encore tout sauvé, mais nous aurons, à notre place et selon nos p
4
s, nous n’aurons pas encore tout sauvé, mais nous
aurons
, à notre place et selon nos pouvoirs, fait quelque chose pour la libe
5
la liberté, c’est-à-dire pour la paix. On nous
a
volé le mot « paix » D’autres que nous défendent la paix, je le sa
6
je le sais bien. D’autres que nous et avant nous
ont
lancé des appels pour la paix, de Stockholm, de Prague, de Varsovie t
7
paix, un peu comme le chat aime la souris et nous
avons
des raisons très précises de le penser. Nous publierons à ce sujet bi
8
que les grands chefs totalitaires de divers pays
ont
pris soin d’écrire eux-mêmes depuis longtemps et d’autres textes plus
9
ents. Vous pourrez juger alors vous-mêmes qu’on n’
aura
jamais vu des loups déclarer avec moins de pudeur leur amour passionn
10
s brebis. La vérité, voyez-vous, c’est qu’on nous
a
volé ce mot de paix. On nous l’a kidnappé ; on l’a pris en otage ; on
11
c’est qu’on nous a volé ce mot de paix. On nous l’
a
kidnappé ; on l’a pris en otage ; on nous le présente maintenant deva
12
volé ce mot de paix. On nous l’a kidnappé ; on l’
a
pris en otage ; on nous le présente maintenant devant le front des tr
13
dans nos pays, 14 millions en Europe, paraît-il,
ont
succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité dans le sophism
14
sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous
a
volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un m
15
pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous
a
pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot. Il est très facile
16
. Nous sommes soumis, depuis un an, à ce que l’on
a
nommé une offensive de paix — d’un terme militaire bien caractéristiq
17
as. Pasteur aussi détestait les microbes, mais il
a
su les employer, les enrôler, pour ainsi dire, au service de la santé
18
ue derrière les barbelés, nous comprendrons qu’il
eût
peut-être mieux valu s’occuper de ces problèmes pendant qu’on le pouv
19
très précise et concrète. D’où vient que l’Europe
ait
régné sur le monde, incontestablement depuis quatre ou cinq siècles ?
20
tablement depuis quatre ou cinq siècles ? Quelles
ont
été les sources vives de cette puissance paradoxale ? La péninsule Eu
21
lles ne la destinaient fatalement au rôle qu’elle
a
pourtant joué. D’autres facteurs sont donc intervenus. En fait le ray
22
En fait le rayonnement, la puissance de l’Europe
ont
résulté tout à la fois de ses conceptions religieuses et morales, d’u
23
s surtout et plus encore le fait que cette phrase
ait
paru toute naturelle, qu’elle reflète donc un état d’esprit courant,
24
feront pas si le point de vue de l’adversaire les
a
, par avance, « occupés ». Ainsi donc, pratiquement — j’insiste sur le
25
recteur du secrétariat international du Congrès.
a
. Rougemont Denis de, « Faire la propagande de la liberté, c’est sauv
26
uer, ou presque, paraît-il. L’homme synthétique n’
a
pas encore vu le jour, il est vrai, mais nous ne perdons rien pour l’
27
mieux distinguer, par contraste, combien je dois
avoir
raison. Demandons-nous comment on fait pour fabriquer soit un Yankee,
28
le Mayflower. Il semble bien que cette caravelle
ait
transporté plusieurs centaines de milliers d’émigrants : un Smith de
29
les défauts contradictoires du continent. Il n’y
a
que des Français, des Danois, des Croates, des parpaillots, des mécré
30
partisans motorisés de la paix concentrée. Il n’y
a
que des hommes habitués à différer les uns des autres, et c’est tout
31
à ces 300 millions d’hommes et de femmes, qu’ils
ont
tous en commun, précisément, leur volonté de rester chacun soi-même à
32
z les habitants de notre cap, c’est l’idée qu’ils
ont
tous d’appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patrie,
33
me absentes en Russie soviétique et en Asie. Nous
avons
beaucoup en commun, beaucoup plus que nous ne le croyons. Mais nous n
34
beaucoup plus que nous ne le croyons. Mais nous n’
avons
rien de plus fort, pour nous unir, que cette passion de rester différ
35
Saxons, si nous voulons rester nous-mêmes, il n’y
a
plus une minute à perdre : il nous faut combiner nos ressources. Faut
36
t intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’il
a
perdu. Il n’en demande pas la définition. Il en exige la jouissance i
37
, ceux qui vivent en régime totalitaire, et qui n’
ont
pas nos libertés, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs de
38
ce nette et forte des libertés concrètes que nous
avons
? Si nous voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui serait perd
39
ncipale de l’autre camp. Quand on nous dit : « Qu’
avez
-vous à opposer à l’idéologie stalinienne, à cette grande espérance de
40
ie plus puissante que la leur, mais hélas, vous n’
avez
aucun passé ! », quand on nous dit cela, et que nous cherchons alors
41
tale. Il faut que nous répondions ceci : « Nous n’
avons
pas besoin comme vous d’une mystique qui masque les faits, nous n’avo
42
vous d’une mystique qui masque les faits, nous n’
avons
pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est
43
nous n’avons pas besoin d’une idéologie, car nous
avons
nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bi
44
que nous défendons, mais bien les libertés qu’il
a
conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien plus : q
45
les « mystiques » synthétiques aux peuples qui en
ont
grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs chefs do
46
x peuples qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’
ont
pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence par d
47
ent masquer cette absence par des slogans. Nous n’
avons
nul besoin d’une mystique « aussi puissante » ou « plus puissante » q
48
ts nous suffisent, et quant aux libertés, nous en
avons
plus que nous méritons. Je crois à la vertu de la prise de conscience
49
voyons les faits, et savons les faire voir, nous
aurons
du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé d
50
rcions le Congrès pour la liberté de la culture d’
avoir
bien voulu nous autoriser à reproduire un extrait de la brochure de D
51
obert de Traz, l’Européen (1952)e Peu d’hommes
ont
vu plus juste, entre-deux-guerres. Peu d’écrivains ont si bien voyagé
52
u plus juste, entre-deux-guerres. Peu d’écrivains
ont
si bien voyagé, et mieux dit ce qu’ils avaient vu. La plupart se rend
53
ivains ont si bien voyagé, et mieux dit ce qu’ils
avaient
vu. La plupart se rendaient trop visibles ou trop sensibles, aux dépe
54
era le lit de l’hitlérisme, un peu plus tard : il
a
senti l’appel aux passions collectives, aux philosophies de combat, e
55
mais le ramener à la communauté européenne ». Il
a
, l’un des premiers, ravivé l’idéal de cette communauté indispensable
56
civilisation « grecque et chrétienne — et Rome n’
a
fait qu’amplifier et parfois corrompre ces termes essentiels » que l’
57
perspective ne va-t-elle pas nous mettre debout ?
Avons
-nous donc cessé d’être des mâles, qui formulent et dirigent, et, dans
58
évique, le snobisme oriental, le snobisme nègre n’
ont
-ils pas assez duré, avec leur goût de veulerie et de reniement ? » Et
59
gnifiquement privilégiés, les hommes d’Occident n’
ont
aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent donc
60
mple à suivre. Contre les dangers du dedans, elle
aurait
conclu un pacte d’alliance entre ses fils : ce pacte, elle le propose
61
rnel qu’une longue amitié, dès mon adolescence, n’
a
pu me le faire concevoir de son vivant. Dans le recueil récemment pu
62
œil amical et critique. Pourquoi ce précurseur n’
a-t
-il pas joint l’action dont il avait, bien avant nous, aperçu la néces
63
ce précurseur n’a-t-il pas joint l’action dont il
avait
, bien avant nous, aperçu la nécessité ? Son style même nous suggère u
64
sont des renfermés, et qui en souffrent : il les
avait
vécus, mais libérés en lui. Modeste et probe avec une discrète élégan
65
e Robert de Traz, paru en 1926, et dont Rougemont
a
rendu compte dans le Journal de Genève .
66
ilité et le désir de parler de lui. Bien d’autres
ont
vécu des aventures semblables, mais lui « savait ce qu’il était en tr
67
, mais d’abord il convient de chercher le rôle qu’
a
joué cette œuvre dans le conflit entre l’auteur et son époque. L’écri
68
e nihilisme, exilés dans la transcendance. Il n’y
a
plus de commune mesure entre celui qui pense et ceux qui agissent ; i
69
tre celui qui pense et ceux qui agissent ; il n’y
a
donc plus de communauté réelle. Et c’est pourquoi le xxe siècle verr
70
. Et beaucoup se sont vus exilés par le parti qui
avait
confisqué leur patrie (de Silone à Koestler, en passant par les Allem
71
s ce sens technique ces hommes sont engagés : ils
ont
payé de leur personne le prix d’une signification. Que ces héros soie
72
ité de la vie défaite de leur cité. (Quelques-uns
ont
trouvé dans l’armée, et surtout, dans l’aviation, le moyen de s’expat
73
e, qui meurt pour la libération des Grecs, mais n’
eût
rien fait contre les droits des lords ou des capitalistes en Angleter
74
n, ou bien dans des révolutions mais que d’autres
ont
déclenchées, qui n’en sont plus au stade des revendications mais des
75
labes peuvent gâter l’allure d’un texte, ils n’en
ont
cure. Les meilleurs se rattrapent sur un plan plus profond d’efficaci
76
r lui trouver un sens, et justifier l’auteur de l’
avoir
entreprise. Témoignages cependant ambigus : autobiographiques par nat
77
me d’une vocation plus vraie que les causes qu’il
a
servies et qui se révèlent toujours, au bout du compte, décevantes ?
78
rallèle s’impose entre ces deux figures. Qu’elles
aient
été si différentes à tant d’égards, si contrastées dans leurs données
79
une. L’un Anglais et l’autre Français, et bien qu’
ayant
tous deux vécu leur aventure à l’étranger, parfaits représentants de
80
its représentants de leur nation, dans ce qu’elle
a
justement de plus différent de l’autre. L’un protestant et l’autre ca
81
ons maintenant leur personne, j’entends ce qu’ils
ont
fait de ces données natives, et les tensions qu’ils ont instituées en
82
it de ces données natives, et les tensions qu’ils
ont
instituées entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils se voulaient. Voyons
83
l’un pour des fouilles dans les pays arabes qu’il
avait
étudiés avec passion ; l’autre sur ces avions qu’il essayait déjà de
84
u’il avait étudiés avec passion ; l’autre sur ces
avions
qu’il essayait déjà de manœuvrer en cachette à 16 ans. Les deux intel
85
èlent incompatibles avec l’esprit dans lequel ils
ont
servi. Signe plus personnel : ils avouent dans leurs lettres les dout
86
sion de servir ? Ou serait-ce simplement qu’ils n’
ont
pas le choix, et que la vie parmi les autres, les civils, s’est révél
87
’est révélée pour eux pratiquement intenable ? («
Avez
-vous bien compris que je me suis engagé non pour écrire des livres ma
88
bien que plus vieux que leurs camarades, bien qu’
ayant
eu « tous les membres brisés » au cours de leurs campagnes précédente
89
que plus vieux que leurs camarades, bien qu’ayant
eu
« tous les membres brisés » au cours de leurs campagnes précédentes,
90
sse que le rideau tombe pour moi. On dirait que j’
ai
fini maintenant », écrit Lawrence quelques semaines avant sa mort. (E
91
Saint-Exupéry, dans toutes ses dernières lettres,
a
des phrases qui rendent le même son.) S’approche le moment de la retr
92
accident mortel. Ils sont tués par la machine qui
avait
été la passion de leur vie. Mais leur légende prévaut contre le fait.
93
revenus de tant d’autres dangers, et peut-être n’
ont
-ils disparu que pour assumer d’autres tâches, plus secrètes et plus i
94
ns pour faire nombre. Mais la force d’un Lawrence
a
sa source dans les seules exigences qu’il s’impose. Le dictateur est
95
teur est le parasite des maux publics. Lawrence n’
a
jamais rien demandé que de lui-même. Son pouvoir sur autrui lui fait
96
— cet autre prototype. Voici précisément ce qu’il
eut
d’exemplaire : il a soumis la condition de l’homme moderne aux épreuv
97
Voici précisément ce qu’il eut d’exemplaire : il
a
soumis la condition de l’homme moderne aux épreuves les plus dures da
98
s équivoque de tous : Révolution. On dirait qu’il
a
fait sur lui-même une étude de la résistance du matériel et du moral
99
Et puis il y a l’absence de responsabilité : je n’
ai
à répondre ici que de la propreté de ma peau, de la propreté de mes h
100
minisme que gît la paix parfaite après laquelle j’
ai
si longtemps soupiré. J’ai essayé le libre arbitre, et l’ai rejeté ;
101
faite après laquelle j’ai si longtemps soupiré. J’
ai
essayé le libre arbitre, et l’ai rejeté ; l’autorité, je l’ai rejetée
102
temps soupiré. J’ai essayé le libre arbitre, et l’
ai
rejeté ; l’autorité, je l’ai rejetée (pas l’obéissance, car mon effor
103
libre arbitre, et l’ai rejeté ; l’autorité, je l’
ai
rejetée (pas l’obéissance, car mon effort actuel est de trouver l’éga
104
cice de l’autorité qui m’écœure) ; l’action, je l’
ai
rejetée ; et la vie intellectuelle ; et la vie réceptive des sens ; e
105
les simples mécaniciens de la RAF, non les grands
as
. « C’est pourquoi je suis resté dans le rang, et j’ai servi de mon mi
106
« C’est pourquoi je suis resté dans le rang, et j’
ai
servi de mon mieux… » L’idée même de créer quelque chose « d’intangib
107
me de créer quelque chose « d’intangible », qui l’
avait
soutenu dans son effort d’artiste alors qu’il écrivait les Sept Pilie
108
s sur tout ce que je faisais. Eh bien, en cela, j’
ai
échoué. J’ai donc changé de direction… Je me suis engagé dans la RAF
109
que je faisais. Eh bien, en cela, j’ai échoué. J’
ai
donc changé de direction… Je me suis engagé dans la RAF pour me mettr
110
achine… Je laisse à d’autres le soin de dire si j’
ai
bien ou mal choisi : l’un des avantages d’être une pièce de la machin
111
ièce de la machine, c’est qu’on y apprend qu’on n’
a
pas d’importance ». De tels textes peuvent servir de repères pour ceu
112
viens de traduire semblent indiquer que Lawrence
eût
été capable de justifier, de la manière la plus tentante, le stalinis
113
i en résulte est un travail de second ordre. Je n’
ai
rien rencontré de plus honnête et dévoué que nos hommes politiques —
114
evant les problèmes métaphysiques) d’un homme qui
a
raté ses « sorties » et pour lequel il n’est plus d’autre solution qu
115
is qu’il faut pourtant bien accepter, lorsqu’on n’
a
pas connu, ou que l’on refuse, la transcendance qui pourrait seule le
116
ce que peut un homme sans la foi, Lawrence nous l’
a
montré avec un grand courage, et surtout sans le moindre souci d’être
117
est le fourrier. Les fausses fois totalitaires n’
ont
d’ennemi sérieux que la foi. Pourtant, à ceux qui disent que Lawrence
118
ui disent que Lawrence est décevant parce qu’il n’
a
pas laissé de « message », je répondrai qu’il nous apprend au moins à
119
ble de l’homme. Rien ne tient, à l’épreuve, qui n’
ait
commencé là. 3. Letters, p. 412. 4. T. E. Lawrence, par Charles
120
rées des livres ou des lettres des deux hommes. J’
ai
dû me borner à les paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry n’étant
121
bliées. Quant à La Citadelle, on notera qu’elle n’
a
point son équivalent chez Lawrence. Et certes, rien n’empêche d’imagi
122
s, rien n’empêche d’imaginer que ce dernier, s’il
eût
vécu tranquille dans son cottage, eût pu être tenté par une œuvre ana
123
rnier, s’il eût vécu tranquille dans son cottage,
eût
pu être tenté par une œuvre analogue, transposition lyrique et « litt
124
fonctions militaires importantes, que la guerre l’
eût
sans doute contraint d’accepter. Au total, Saint-Exupéry fut davantag
125
croire aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’ils n’
ont
pas encore pris l’habitude de se sentir Européens. Au lieu d’un bloc
126
smes ne remontent qu’au siècle dernier, et qu’ils
ont
deux-mille ans d’usage commun d’un héritage que le reste de la Terre
127
enlèvement d’Europe par un escargot ! La prudence
a
montré ce qu’elle savait faire. Si l’on veut que l’Europe survive, l’
128
je vous dirai aussi que les foyers de culture qui
ont
fait l’Europe jouaient, à d’autres époques, un rôle différent de celu
129
autres époques, un rôle différent de celui qu’ils
auraient
maintenant. Je ne ferai pas de longues incursions dans le passé, mais
130
de connaissances orales, car les textes écrits n’
avaient
pas de circulation publique. On passait donc ainsi du foyer de cultu
131
tinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y
a
pas de culture vivante sans une incarnation, une implantation locale.
132
t cette ouverture aux échanges universels. Il n’y
a
pas d’Europe vivante sans ces deux courants. Je reviens toujours à ce
133
n sérieux ne peut défendre cette idée. La culture
a
toujours été internationale. Il s’agit de passer de l’ensemble europé
134
nauté européenne des foyers de culture, dont nous
avons
adopté le nom avant-hier. Je verrais les choses de cette façon ; chaq
135
isations concrètes. Pour être valables, celles-ci
ont
besoin d’être essayées dans le vif, passées au crible de la vie quoti
136
ses plans de causeries — je crois qu’on vous les
a
remis. J’explique en quoi ils consistent : ce sont de petits plans de
137
avec la Campagne européenne de la jeunesse, nous
avons
pu mettre en circulation 22 ou 23 de ces plans ; nous sommes prêts à
138
le temps dont ils disposent, les horaires qu’ils
ont
déjà prévus. Ces conférenciers ne seraient pas des professeurs d’éloq
139
pas, des sportifs. Au Centre de la culture, nous
avons
en préparation une Commission d’hygiène et de psychologie sportive. Q
140
sque toujours de tomber dans l’abstrait ; et nous
avons
besoin de votre opinion pour orienter notre action d’alimentation sel
141
te de vos foyers, leur forum. Un dernier mot : on
a
parlé tout à l’heure de culture populaire. Je ne crois pas qu’il y ai
142
n, d’ouverture vers l’avenir, de liberté. Hier, j’
ai
reçu une lettre parlant des foyers où l’on disait : « j’espère que da
143
culture qui doit être le principal locataire… » J’
ai
beaucoup aimé cette formule et me suis dit que je vous la retransmett
144
ez un grand nombre. Je dirai, en terminant, que j’
ai
grande confiance depuis que je vous vois ici rassemblés et surtout de
145
vois ici rassemblés et surtout depuis que je vous
ai
vus approuver ce mot de Communauté. i. Rougemont Denis de, « Les f
146
rnational pour la jeunesse, 1952, p. 7-14. j. On
a
ici modifié le texte imprimé original, dont la syntaxe et la ponctuat
147
’Europe », notre collaborateur M. René-Henri Wüst
a
relaté ici, le 1er novembre, un entretien qu’il eut avec le professeu
148
a relaté ici, le 1er novembre, un entretien qu’il
eut
avec le professeur William Rappard. Les vues personnelles qu’y exprim
149
primait l’éminent interlocuteur de notre confrère
ont
ouvert la porte à un vaste débat sur ce sujet de la constitution de l
150
visé par les déclarations du professeur Rappard,
a
exprimé le désir de présenter son point de vue qui s’oppose totalemen
151
études internationales. Voici les propos que nous
avons
recueillis au cours d’un entretien avec M. de Rougemont. Laissez-moi
152
r dire que je suis très heureux que votre journal
ait
institué ce débat, qui est réellement vital pour la Suisse, et si je
153
ait de l’expérience fédéraliste suisse. Or, ce qu’
a
déclaré M. Rappard me touche personnellement, car j’ai beaucoup lu se
154
claré M. Rappard me touche personnellement, car j’
ai
beaucoup lu ses livres, je m’en suis beaucoup servi et voici qu’il pa
155
gumentation de M. Rappard, dans l’ordre où il les
a
énumérés lui-même. « Je ne crois pas, dit-il, que la petite Europe pu
156
lle est faite ! Ses adversaires les plus acharnés
ont
reconnu qu’il n’était plus temps de s’interroger sur son opportunité,
157
le 13 septembre la Haute Autorité du plan Schuman
a
été installée à Luxembourg : c’est un fait, elle existe, et Anglais e
158
— qui furent ses adversaires les plus absolus — n’
ont
pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouvernem
159
he s’apprêtent à suivre. L’Europe n’existe pas, n’
a
jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le professeur Rappard,
160
uropéenne est maintenant une idée américaine, qui
aurait
trouvé son expression dans le discours prononcé le 31 octobre 1949 pa
161
prend le plus chez M. Rappard, c’est qu’il semble
avoir
oublié qu’il présidait la commission économique du Congrès de l’Europ
162
1947. Avant que l’administrateur du plan Marshall
ait
prononcé son discours, donc avant que l’idée d’une fédération europée
163
on européenne soit devenue américaine, M. Rappard
avait
encore été un des délégués suisses à la conférence de Londres, en 194
164
s études, pour démontrer que l’idée de l’Europe n’
a
pas attendu les Américains, pas plus que la mise en place de la Haute
165
ais hélas ! il est de fait que le rideau de fer l’
a
séparée en deux… N’allez pas plus loin, je connais l’antienne ! Non,
166
onnais l’antienne ! Non, le rideau de fer ne nous
a
pas séparés en deux de la façon dont on voudrait nous le faire croire
167
sommes quelque 320 millions, tandis qu’il n’y en
a
pas quatre-vingt-dix-millions de l’autre… Soit. Mais ces 320 millions
168
llions avec lesquels vous voulez faire l’Europe n’
ont
pas de traditions communes ou d’impérieuses raisons de s’unir, comme
169
unes ou d’impérieuses raisons de s’unir, comme en
avaient
ceux qui ont fait la Suisse moderne. Ah ! oui ? Vous voulez parler de
170
uses raisons de s’unir, comme en avaient ceux qui
ont
fait la Suisse moderne. Ah ! oui ? Vous voulez parler des traditions
171
erbund… À ce taux-là, la France et l’Allemagne en
ont
également. Des traditions communes ? Entre les cantons-villes et les
172
es cantons-villes et les cantons-campagnes : qu’y
a-t
-il de commun entre Genève et Glaris ? Et ne parle-t-on pas du « mirac
173
? Alors, pourquoi pas l’Europe ? Les Européens n’
ont
-ils pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’Eur
174
ils pas des traditions communes que les Suisses n’
avaient
pas ? L’Europe est tout de même plus ancienne que la Suisse, et si l’
175
que, puis à l’Empire de Rome, on constate qu’elle
avait
déjà deux-mille ans d’existence quand les montagnards des trois pays
176
me, et je le répète, depuis que la Haute Autorité
a
été installée le 13 septembre passé. Remarquez que M. Rappard juge na
177
d encore plus. Je ne sache pas que le Royaume-Uni
ait
joué un grand rôle dans la constitution de la Suisse, ou que l’Amériq
178
stitution de la Suisse, ou que l’Amérique du Nord
ait
eu une grande influence sur le cours de notre histoire. Et si cela ét
179
ution de la Suisse, ou que l’Amérique du Nord ait
eu
une grande influence sur le cours de notre histoire. Et si cela était
180
conclusion est en contradiction avec tout ce qui
a
précédé, puisqu’il ne craint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais
181
raint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais il
a
raison d’insister sur le fait que ces problèmes sont vitaux pour notr
182
l’Europe. Ainsi prend fin cet entretien dont nous
avons
essayé de rendre compte aussi fidèlement que possible. k. Rougemo
183
glissée ici, le projet Briand d’union européenne
ayant
été présenté à la SDN en 1929.
184
t ce qui reste après toutes ces amputations, vous
avez
le front de dire que c’est l’Europe ? — Oui, j’ai cette conviction et
185
ez le front de dire que c’est l’Europe ? — Oui, j’
ai
cette conviction et je m’explique. Tout d’abord, vous faites une erre
186
de fer coupe notre Europe par le milieu. Car vous
avez
à l’est du rideau, 88 millions d’habitants, contre 332 millions à l’o
187
ercera sur eux une puissante attraction. Ensuite,
avez
-vous bien compté que les six pays de la Haute Autorité font tous ense
188
an Monnet, parlez aussi des petits États-Unis qui
ont
tout juste autant d’habitants, ou de la petite URSS qui n’en a que 30
189
autant d’habitants, ou de la petite URSS qui n’en
a
que 30 millions de plus. Vous me répondrez que le nombre d’habitants
190
on et culture inégalée dans le monde moderne. Ils
ont
fait à eux seuls, au cours des siècles et grâce à leurs échanges cont
191
riche, la Grèce et la Turquie, enfin la Suisse, n’
aient
rien ajouté à ces gloires, ni que les Six aient décidé de vivre désor
192
n’aient rien ajouté à ces gloires, ni que les Six
aient
décidé de vivre désormais dans un vase clos. La « Petite Europe » a c
193
désormais dans un vase clos. La « Petite Europe »
a
cherché son salut dans l’union. Elle l’a trouvé malgré l’hostilité, l
194
Europe » a cherché son salut dans l’union. Elle l’
a
trouvé malgré l’hostilité, la méfiance ou l’indifférence de ses voisi
195
nvaincre, mais réalistes devant le fait accompli,
ont
envoyé dès le premier jour, une ambassade auprès de la Haute Autorité
196
fait obstacle à une fédération plus étendue, ils
ont
contre eux les leçons de l’Histoire entière et tous les exemples vécu
197
e (1953)n o Le Centre européen de la culture n’
avait
pas attendu le succès remporté l’an dernier par l’Exposition internat
198
tre le rythme intime d’une civilisation. Le décor
a
pris en Europe, depuis la Renaissance italienne et française, une imp
199
seul mot me vient à l’esprit : autorité. Avant d’
avoir
compris ce qui était dit, j’avais reconnu la grandeur d’un ton, d’un
200
torité. Avant d’avoir compris ce qui était dit, j’
avais
reconnu la grandeur d’un ton, d’un style, d’une impatience rigoureuse
201
avec une œuvre dont la difficulté, précisément, n’
a
pas cessé de me séduire et inciter. Je suppose qu’il est devenu banal
202
xcite à découvrir l’angle particulier sous lequel
a
pu les voir, proches ou confondues, son auteur. (Cet angle de vision
203
1931, Collection blanche, 222 Seiten, enthält u.
a
. die zuerst in der von P. Valéry, Valery Larbaud und Léon-Paul Fargue
204
d une civilisation meurt, c’est justement qu’elle
a
perdu le sens de ses fins ou qu’elle renonce à les saisir. De même, l
205
ci avec l’existentiel. La civilisation européenne
a
pour formule quelques options fondamentales, à la fois initiales et f
206
lois qu’y découvre l’esprit. L’erreur scientiste
a
consisté à croire que c’était bien la Réalité en soi qu’étudiaient, m
207
même, mais qu’il nous reste à définir. (Concevoir
a
deux sens aussi, mais en un mot.) 2) L’éclatement d’une bombe H vérif
208
espèrent. Car, intégré, il ne le fut jamais, je l’
ai
rappelé. Mais il est en train de franchir le seuil d’une connaissance
209
ante : « C’est dans la mesure où le christianisme
a
signifié la fin des religions et des magies, nées de la peur, qu’il a
210
s religions et des magies, nées de la peur, qu’il
a
permis le développement de la science, recherche impitoyable de la vé
211
ée dans un corps politique plus large, entrée qui
aurait
été le véritable objet de la discussion avant le vote populaire. Mais
212
ue 2,5 % des voix électorales. Le Conseil fédéral
a
pris des mesures de défense contre les staliniens (exclusions de fonc
213
En fait, ils ne cessent de répéter que la Suisse
a
cessé d’être neutre : si nous décidions officiellement d’abandonner n
214
cet égard. Nombre de pays qui ne sont pas neutres
ont
fait beaucoup moins que nous pour lutter contre le stalinisme. Mais s
215
les Spaak, les de Gasperi, les Adenauer, qui nous
ont
jamais sommés de renoncer à la neutralité, mais ce sont les partisans
216
En tant que professionnel de l’idée européenne, j’
ai
pu mesurer quotidiennement, depuis 5 ans, les résistances têtues que
217
européenne ; la seconde, c’est que son directeur
a
parlé de l’Europe dans son discours du 1er août 1952 à Genève (sans m
218
ans même prononcer le mot de neutralité). Il n’en
a
pas fallu davantage pour que le Conseil fédéral, puis le Conseil d’Ét
219
onseil fédéral, puis le Conseil d’État de Genève,
aient
froidement refusé, l’un après l’autre, d’aider le Centre en aucune ma
220
ises sur l’épaisse inertie de pareils préjugés. J’
ai
cité cet exemple précis pour définir une situation psychologique. Com
221
géographiquement, au centre de l’Europe ; qu’elle
a
pris naissance un peu après le milieu de l’histoire de l’Europe ; que
222
nos intérêts exigent. Les fédéralistes suisses n’
ont
pas attendu les Américains pour proclamer depuis 1933 la nécessité d’
223
isse des contacts étroits avec les mouvements qui
ont
obtenu la création du noyau fédéral des six pays du pool charbon-acie
224
e est trop diverse pour qu’on puisse l’unir. Elle
eut
, disent-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et elle avait atteint
225
t-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et elle
avait
atteint au début de ce siècle une espèce d’unité matérielle : le voya
226
venez-vous parler d’union, quand l’unité foncière
a
disparu ? Il serait fou, et il est impossible de fondre nos diversité
227
oivent être à tout prix surmontées ; les secondes
ont
produit nos vraies richesses, et la meilleure raison de nous fédérer,
228
aboutir de nos jours à l’esprit totalitaire, nous
a
fait croire que l’unité et la diversité étaient des réalités contradi
229
tionalisme, au sens précis et néfaste du terme, n’
a
sévi que pendant un siècle et demi sur les deux-mille ans de notre èr
230
omaine, anglicane, luthérienne et même calviniste
ont
tous la même structure, à très peu de phrases près. Nous l’ignorons,
231
ni la peinture, créations typiques de l’Europe, n’
ont
jamais été nationales : elles furent des œuvres collectives, passant
232
ans frontières. Et enfin, et surtout, ce que nous
avons
de commun, c’est une certaine passion de différer, une certaine maniè
233
crets du « déterminisme historique ». L’Asiatique
a
toujours recherché la perte du moi dans le Tout. Le Soviétique n’a pl
234
ché la perte du moi dans le Tout. Le Soviétique n’
a
plus le droit de dire « je » que lorsqu’il s’avoue criminel. L’Europé
235
» que lorsqu’il s’avoue criminel. L’Européen seul
a
placé la personne au-dessus de la collectivité. Comparées à la commun
236
ode de vivre européen : chez nous seulement elles
ont
été admises (« Il y a plusieurs demeures… »), protégées et aimées en
237
cines dans la réalité, cela ne signifie pas qu’il
ait
cessé de nuire. Les écrivains — poètes et philosophes — qui ont tant
238
uire. Les écrivains — poètes et philosophes — qui
ont
tant fait pour le fomenter au début du xixe siècle, pourraient beauc
239
uin 1953)v w Je voudrais vous demander quelles
ont
été les raisons toutes personnelles qui ont fait de vous un partisan
240
elles ont été les raisons toutes personnelles qui
ont
fait de vous un partisan de l’Europe unie ? Je suis né à Neuchâtel, c
241
s né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui
a
été le dernier à se rallier à la fédération suisse en 1848. Jusqu’à c
242
beaucoup de Suisses. Dès la fin de mes études, j’
ai
longuement habité Paris et la France, et c’est pendant cette période
243
t la France, et c’est pendant cette période que j’
ai
écrit la plupart de mes livres, tous centrés sur la définition d’une
244
tion politique est, à mes yeux, le fédéralisme. J’
ai
participé au lancement des revues L’Ordre nouveau et Esprit et de
245
erkegaard commençait à être connu en France, et j’
avais
coutume de l’opposer à Hegel, préférant, en philosophie comme en poli
246
le drame au système et à la synthèse. En 1938, j’
ai
publié mon Journal d’Allemagne , à la fin duquel je dénonçais Hitler
247
tièrement cerné par les nazis et les fascistes, j’
ai
publié un ouvrage intitulé Mission ou démission de la Suisse , dans
248
eur à l’Université de Francfort de 1935 à 1936, j’
avais
eu l’insolence de professer un cours sur le parallélisme entre les do
249
l’Université de Francfort de 1935 à 1936, j’avais
eu
l’insolence de professer un cours sur le parallélisme entre les doctr
250
e différer les uns des autres : c’est ce que nous
avons
tous en commun. J’écris en ce moment un livre qui sera intitulé : Le
251
ne notion essentiellement européenne, et que nous
avons
eu tort de tenir pour universelle. L’Asiatique n’a jamais eu la notio
252
ion essentiellement européenne, et que nous avons
eu
tort de tenir pour universelle. L’Asiatique n’a jamais eu la notion d
253
eu tort de tenir pour universelle. L’Asiatique n’
a
jamais eu la notion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils p
254
de tenir pour universelle. L’Asiatique n’a jamais
eu
la notion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils peuvent pou
255
, celui que j’appelle la personne. (Cette formule
a
été reprise par Sartre, mais à mon sens dénaturée par lui. L’engageme
256
isme irresponsable qui, depuis le xviiie siècle,
a
préparé la réaction totalitaire que nous subissons. C’est avec la pou
257
s individus que l’État fait son ciment. Les Grecs
ont
inventé l’individu mais le christianisme lui a ajouté la vocation. L’
258
ont inventé l’individu mais le christianisme lui
a
ajouté la vocation. L’individu chargé d’une vocation qui, à la fois,
259
le relie à son prochain, voilà la personne. On l’
a
dit : pour l’individu, il n’y a que des voisins inévitables, pour la
260
la personne. On l’a dit : pour l’individu, il n’y
a
que des voisins inévitables, pour la personne il y a des prochains… M
261
Repartons de 1940. À la fin de cette année-là, j’
ai
été envoyé aux États-Unis pour une série de conférences. De là, j’ai
262
tats-Unis pour une série de conférences. De là, j’
ai
été en Argentine et, à mon retour à New York, en novembre 1941, les É
263
: plus moyen de revenir en Suisse. À New York, j’
ai
fait une nouvelle découverte de l’Europe. Aux yeux des Américains il
264
verte de l’Europe. Aux yeux des Américains il n’y
a
pas des Français, des Suisses, des Allemands, mais seulement des Euro
265
intervenir dans une situation politique que je n’
avais
pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous n’avez qu’à reprendre
266
pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous n’
avez
qu’à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’est exactement ce que n
267
des fédéralistes. J’étais embarqué. Résumons : j’
ai
été conduit à l’idée européenne par ma naissance, ma curiosité et mes
268
sé récent, la peur de l’Allemagne. La France, qui
a
été à l’avant-garde de la construction européenne, en constitue aujou
269
se retourner contre elle le nationalisme qu’elle
a
inventé et dont elle a infecté les autres continents. C’est à nous de
270
le le nationalisme qu’elle a inventé et dont elle
a
infecté les autres continents. C’est à nous de trouver le contrepoiso
271
ide. Et ce sera aussi l’aboutissement de ce que j’
ai
appelé la mission de la Suisse. Je vais vous citer deux alexandrins q
272
uin et la grandeur de l’idée fédéraliste que nous
avons
réalisée en petit, et presque sans nous en rendre compte. Voici le pr
273
Et voici le second : La Suisse dans l’histoire
aura
le dernier mot. Saviez-vous que ces deux vers sont de Victor Hugo ?
274
s notre journal. » x. Aucun livre de Rougemont n’
a
été publié sous ce titre, mais un essai paru dans la revue Preuves en
275
uin-juillet 1953)u Le thème de la mort de Dieu
a
constitué depuis la fin de la guerre la hantise d’une partie assez im
276
cho. Les bien-pensants s’indignent, comme si l’on
avait
proféré un propos d’une extrême gravité : attitude incompréhensible d
277
, je ne vois pas que ce thème, partout mentionné,
ait
été vraiment discuté, jusqu’ici. Du défi désespéré de Nietzsche, de l
278
tzsche, de l’affirmation méthodique de Sartre, on
a
(plutôt vaguement) supputé les effets sur la psychologie moderne, la
279
ychologie moderne, la culture et la société. Mais
a-t
-on jamais demandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’ils ente
280
d’admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils
aient
voulu dire simplement : « Pour ce qui me concerne, Dieu n’existe plus
281
qui me concerne, Dieu n’existe plus », car il n’y
aurait
là rien de nouveau : on retomberait au spleen métaphysique du romanti
282
es rationalistes de l’athéisme occidental, qu’ils
ont
largement reniés. Ils insistent, au contraire, par ce tour dramatique
283
st un cas suffisamment connu7. Et, d’ailleurs, il
a
partiellement démenti son message en écrivant un jour ceci : « La réf
284
gênant pour l’homme. Il n’en résulte pas que Dieu
ait
cessé d’exister, d’aider l’homme ou de le juger. Et dans le fait, num
285
le juger. Et dans le fait, numériquement, il n’y
a
jamais eu dans l’Histoire autant d’hommes qu’aujourd’hui pour affirme
286
. Et dans le fait, numériquement, il n’y a jamais
eu
dans l’Histoire autant d’hommes qu’aujourd’hui pour affirmer qu’ils c
287
re du bruit avec la bouche. Car si Dieu l’Éternel
avait
été vivant, puis était mort, il n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en s
288
l’Éternel avait été vivant, puis était mort, il n’
eût
jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’il est
289
il faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il n’
a
pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, c
290
est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après
avoir
vécu en tant que personne, il se serait donc produit, à un certain mo
291
cise Jaspers. Comment croire que Nietzsche seul l’
ait
appris, que Sartre en ait été spécialement informé ? Si l’on tient po
292
re que Nietzsche seul l’ait appris, que Sartre en
ait
été spécialement informé ? Si l’on tient pour problématique la révéla
293
, génies ou pauvres types essayant de s’en tirer,
ont
prié et prient encore pour qu’il les assiste individuellement dans le
294
t des masses, l’énergie nucléaire non seulement n’
eût
jamais été visible ou sensible, mais encore elle fût demeurée inimagi
295
ut de l’Occident. Même si la conférence de Berlin
avait
unifié l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions ne pouvaient é
296
ur tous les points de l’ordre du jour, elles n’en
ont
pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’union de l
297
ui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six,
a
promis une Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas f
298
divagations, un fait curieux : l’idée européenne
a
fait de tel progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans fei
299
soulignons d’autant plus fortement que la presse
a
manqué de le faire qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie
300
qu’à la conférence de Berlin l’idée d’Europe unie
a
constitué le plus sérieux atout des peuples libres dans leur confront
301
et le projet de fédération qui est sa vraie base
aient
jamais été considéré comme monnaie d’échange éventuelle — MM. Bidault
302
naie d’échange éventuelle — MM. Bidault et Eden l’
ont
précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure d
303
Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui
ont
mis l’Occident en mesure de discuter sur un fondement solide : nous a
304
mesure de discuter sur un fondement solide : nous
avions
quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mai
305
soviétique, lui, nous menace à bout portant : il
a
déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il
306
nce de Genève se terminerait dans les huit jours,
ayant
perdu son intérêt stratégique pour M. Molotov. C’est dans cette pers
307
lequel tous les députés et journalistes européens
ont
pris position en public ou dans le secret de leur cœur, mais que pres
308
secret de leur cœur, mais que presque personne n’
a
lu ! On me confiait récemment, à Paris, le résultat de sondages discr
309
e : il semble qu’un peu moins d’un député sur dix
ait
pris la peine de lire ce texte de 96 pages, plus aride mais bien moin
310
a fin de ce mois. C’est dire que le lecteur moyen
a
bien le droit de demander à son tour, sans rougir de son ignorance :
311
, les Allemands, qui sont les premiers menacés, n’
auraient
-ils pas le droit et le devoir de reconstituer une armée ? — Les Holla
312
e sous le nom de plan Schuman. C’est ce traité qu’
ont
déjà ratifié la Hollande et le Luxembourg, puis l’Allemagne et enfin
313
aux belges et des officiers italiens ? Ceux qui l’
ont
dit et imprimé ont simplement donné la preuve qu’ils n’avaient jamais
314
fficiers italiens ? Ceux qui l’ont dit et imprimé
ont
simplement donné la preuve qu’ils n’avaient jamais lu le traité. En v
315
t imprimé ont simplement donné la preuve qu’ils n’
avaient
jamais lu le traité. En vérité, il s’agit simplement d’un plan de mis
316
, ils combattent un projet fantôme que personne n’
a
jamais défendu. Je vais le montrer par quelques exemples : « Quoi ! s
317
— nous venons de le voir. — « Mais si la France n’
a
pas le droit d’entretenir sa propre armée, comment défendra-t-elle se
318
eur faire croire le contraire de ce qui est. Nous
avons
vu que le premier souci des auteurs français du traité fut justement
319
ue les unités allemandes et les unités françaises
auront
le même statut, dans la même armée, sur la base du même traité. Si vr
320
surtout la psychologie des interlocuteurs. La CED
a
coalisé contre elle les forces par ailleurs contradictoires du commun
321
viver les haines provoquées par les guerres qu’il
a
lui-même causées. D’autre part, les personnes âgées qui vivent encore
322
ED, nous trouvons d’une manière générale ceux qui
ont
compris qu’ils vivent au xxe siècle, que le rêve d’une souveraineté
323
valeur militaire — dont chacun souhaite qu’elle n’
ait
jamais à faire les preuves — la CED ouvre toutes grandes les perspect
324
e ces mesures d’urgence, prises par l’État, qu’on
ait
vue rapportée une fois la paix revenue. Ainsi, le mécanisme de l’État
325
s nationalismes rivaux. Et c’est dans le pays qui
aura
subi le plus durement l’agression napoléonienne, c’est en Prusse, que
326
à accomplir son principe, non à en jouir… Chacun
a
son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois cette fin attein
327
comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il n’
a
plus rien à faire dans le monde. » Et encore : « À chaque époque domi
328
Corse — patriote humilié et récemment conquis —,
a
conduit à des guerres d’agression. Celles-ci ont fait surgir d’autres
329
—, a conduit à des guerres d’agression. Celles-ci
ont
fait surgir d’autres nationalismes, qui vont revendiquer à leur tour
330
folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on
a
vu dans notre siècle, la Norvège, la Turquie, l’Irlande et Israël se
331
rera la conclusion, une fois vaincue, « qu’elle n’
a
plus rien à faire au monde », comme le disait Hegel. Les guerres sero
332
volk », le « prolétariat » et sa dictature… Hegel
avait
vu juste, objectivement parlant. À partir de Napoléon, les nations de
333
ouveraine », à l’imitation des rois absolus qui n’
avaient
de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de Dieu au-de
334
de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y
a
plus de Dieu au-dessus des nations. Le droit divin se traduit donc pa
335
914, elle en mourra. Mais comment cette absurdité
a-t
-elle pu triompher pendant un siècle et plus ? En singeant la religion
336
le catéchisme. Cette religion nationale, que l’on
a
comparée très justement au shintoïsme, n’attaquera même pas le christ
337
dès qu’on les met au compte de la nation où l’on
a
pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a l
338
naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il
a
le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion nati
339
t la foi chrétienne, entre la nation et la paix —
ont
éclaté en 1914. Et l’Europe depuis lors se trouve devant ce choix, do
340
re. ⁂ La souveraineté nationale, tout d’abord. On
a
remarqué, lors des débats sur la CED, que les adversaires du traité c
341
as, et cependant la France existe bel et bien. On
a
défini la souveraineté comme « la faculté pour un État d’agir à sa gu
342
’est pas un seul État européen qui, de nos jours,
ait
conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas
343
uveraineté nationale, vis-à-vis de l’extérieur, n’
a
plus d’autre existence que celle d’une illusion pseudo-religieuse et
344
et surtout angoisse de perdre son identité. Elle
a
donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficulté,
345
iste, en effet, n’est pas simplement un homme qui
a
tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt u
346
son propre sentiment patriotique, de peuples qui
ont
l’honneur de parler sa langue, quand celle-ci se trouve être celle d’
347
le nationalisme, si incroyable que cela paraisse,
a
poussé plus loin dans l’absurde. Non content de prétendre forcer dans
348
istratives, patries locales, nation et langue, il
a
voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’est ainsi que le
349
’il nomme indépendance nationale. Le nationalisme
a
réussi à faire croire aux masses et aux élites modernes que l’indépen
350
ntes du vol à main armée. ⁂ Enfin, l’État-nation,
ayant
renoncé au cujus regio, ejus religio, non par esprit œcuménique mais
351
it œcuménique mais par mépris pour la religion, l’
a
remplacé par le concept de « culture nationale ». On prétend que les
352
nt pas de frontières, mais l’instruction publique
a
changé cela. (Et l’Université, en dépit de son nom, a pareillement ab
353
angé cela. (Et l’Université, en dépit de son nom,
a
pareillement abdiqué devant l’État.) Au « Buy british ! » répond le «
354
lettres, les arts et la philosophie, pourquoi n’y
aurait
-il pas une biologie soviétique et une algèbre allemande ? Ce que l’on
355
omment totalitaires) et les fédéralistes. Quelles
ont
été les manifestations que l’on peut rapporter sans conteste à l’un o
356
s le passé récent de l’Occident ? Le nationalisme
a
représenté au xixe siècle le seul principe de communion civique qui
357
siècle le seul principe de communion civique qui
ait
survécu au raz-de-marée rationaliste et jacobin ; et aussi l’agent pr
358
ats-nations, et non pas l’Europe comme telle, qui
ont
conquis des débouchés à nos produits matériels et culturels, en Asie
359
lus totalitaire. Si l’Europe, entre 1914 et 1954,
a
connu la décadence rapide, la chute de potentiel, le recul mondial qu
360
n double titre, au nationalisme : à celui qu’elle
a
suscité contre elle au-dehors, à celui qu’elle a pratiqué au-dedans.
361
a suscité contre elle au-dehors, à celui qu’elle
a
pratiqué au-dedans. En revanche, le fédéralisme a produit deux témoig
362
a pratiqué au-dedans. En revanche, le fédéralisme
a
produit deux témoignages exemplaires de sa vitalité : les USA et la S
363
sa vitalité : les USA et la Suisse. Ces deux pays
ont
été à la fois les plus prospères et les plus pacifiques de l’ère mode
364
s et les plus pacifiques de l’ère moderne : ils n’
ont
provoqué aucune guerre. Toutes les dernières guerres, sans aucune exc
365
tes les dernières guerres, sans aucune exception,
ont
été déclarées par les pays où régnait sans conteste la religion natio
366
nteraction, non par entités statiques, et qu’elle
a
substitué au principe de non-contradiction qui bloquait le progrès de
367
qui est précisément celle que la science moderne
a
conçue ; et il suppose un monde de relations libres et décentralisées
368
alisme des allégeances politiques et spirituelles
a
toujours été la condition des libertés personnelles en Europe. Mais c
369
e possibilité d’enrichissement de la personne. (J’
ai
souvent défini la liberté comme le droit d’appartenir à plusieurs clu
370
oncret qui se pose aujourd’hui. Les nationalistes
ont
sur nous les avantages du nombre, d’une routine centenaire (qu’ils pr
371
s privés décidés à payer ce qu’il faut. Mais nous
avons
sur eux l’avantage important de défendre une cause qu’ils n’osent pas
372
verainetés nationales n’existent plus, comme je l’
ai
rappelé tout à l’heure. J’estime donc que les fédéralistes doivent r
373
a majorité du peuple et des cantons, ces articles
ont
résolu le problème à la satisfaction générale depuis cent-six ans. On
374
abile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’on
a
le tempérament pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure : il n’est
375
tionalistes un terme vide, la Constitution suisse
a
gardé le concret : elle a créé une souveraineté nouvelle et bien réel
376
la Constitution suisse a gardé le concret : elle
a
créé une souveraineté nouvelle et bien réelle au niveau de la fédérat
377
nomiquement, cela se traduit par la dichotomie qu’
ont
préconisée Robert Aron et Arnaud Dandieu, méthode qui consiste à dist
378
leurs échanges. Mais notre culture occidentale n’
a
jamais coïncidé avec les frontières de nos États actuels, pour l’exce
379
ente raison qu’elle existait bien avant eux. Elle
a
précédé de mille à deux-mille ans la tentative de morceler notre héri
380
», tentative barbare et d’ailleurs avortée, qui n’
a
guère qu’un siècle et demi d’âge en France, moins d’un demi-siècle en
381
Troisième République comme telle. Et les peuples
ont
bien moins besoin de se connaître personnellement que d’être enfin dé
382
États — et demain le Pouvoir fédéral européen — n’
ont
qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la créent
383
ons : qu’est-ce que votre « génie national » s’il
a
besoin d’être entouré par des douaniers pour ne pas se perdre ? Co
384
niers pour ne pas se perdre ? Conclusions J’
ai
tenté par ces quelques exemples, de montrer comment l’analyse fédéral
385
de nos peuples. Dans chaque cas, mes conclusions
ont
été pareilles : elles tendent toutes à nous persuader que, désormais,
386
théorie avec une tactique fédéraliste. Mais elle
a
conduit à l’échec. Elle a servi de prétexte à trop de marchandages en
387
fédéraliste. Mais elle a conduit à l’échec. Elle
a
servi de prétexte à trop de marchandages entre les vraies forces d’un
388
nalement, c’est le nationalisme le plus franc qui
a
triomphé, lors du refus de la CED. Nous voyons donc qu’il n’est pas p
389
s pour la liberté de la culture, depuis cinq ans,
a
démontré la possibilité de lutter librement contre la tyrannie, et de
390
les prétextes humanitaires de la Terreur. Nous n’
avons
pas opposé à la propagande des Bons Tyrans je ne sais quel « front un
391
rsonne et des impératifs de la justice. Mais nous
avons
créé un point de ralliement pour des esprits venus d’horizons différe
392
n. Mais ce fait et ce mode d’expérience — comme l’
eût
dit John Dewey, leur grand aîné — qu’est l’exercice vivant et militan
393
un fait : celui de notre Rassemblement. Peut-être
a-t
-il contribué plus qu’on ne le croit à changer l’atmosphère de l’après
394
éifiée. Les hommes libres se sentaient seuls. Ils
ont
trouvé le lieu où l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. C
395
c Il y a quinze ans j’osais louer Reynold de n’
avoir
pas craint de porter un jugement pessimiste sur l’avenir immédiat de
396
fut là son mérite historique. Et si les faits lui
ont
donné tort, si notre Suisse prospère, modèle européen, c’est pour une
397
ais qui est la part de l’homme, parce que Reynold
a
eu raison et parce qu’il a su se faire entendre. Cités et pays suisse
398
s qui est la part de l’homme, parce que Reynold a
eu
raison et parce qu’il a su se faire entendre. Cités et pays suisses e
399
mme, parce que Reynold a eu raison et parce qu’il
a
su se faire entendre. Cités et pays suisses et Conscience de la Suiss
400
nt venant après l’illustration —, ces deux livres
ont
porté, et je suis de ceux qui tiennent pour capital leur rôle dans la
401
éalités essentielles, hors de quoi notre Suisse n’
eût
jamais existé ! Car comment comprendre la Suisse sans la situer dans
402
ngère. Je ne vois pas un seul peuple européen qui
ait
autant besoin que le nôtre d’exercer ce que Reynold appelle « l’imagi
403
l’un et du multiple » : ces formules que Reynold
a
tirées de l’étude d’une Europe romano-germanique, n’est-il pas frappa
404
re (janvier 1955)ad Deux événements politiques
ont
absorbé l’attention des Européens et des militants de l’Europe unie d
405
projet de CED et les accords de Londres. Londres
a
réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de prépare
406
CED était accusée à tort de préparer ; ce quelle
avait
pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’
407
t réarmement allemand. On leur proposa un vaccin.
Ayant
remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme
408
pas fin à la construction européenne, comme on l’
a
répété bien à tort : il montre simplement qu’une partie d’un parlemen
409
venue majorité grâce à l’appui des communistes) n’
a
pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néce
410
r pas vers l’intégration européenne », comme on l’
a
dit à Washington, puisqu’ils renoncent à affirmer le principe suprana
411
es, reste à faire. Les partisans de l’Europe unie
ont
péché depuis quelques années — et non seulement dans l’affaire de la
412
ED — par complaisance à une double illusion : ils
ont
cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, représent
413
ature, représenterait une perte de temps ; et ils
ont
cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examinons l
414
x illusions. I. — À un moment ou à un autre, nous
avons
tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par un
415
pter l’une après l’autre par les parlements. On n’
a
pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire
416
sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’
eût
représenté l’exigence immédiate d’une fédération politique. C’était p
417
aisons de coulisses parlementaires. Cette méthode
a
réussi (OECE, CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union ont d
418
CECA) jusqu’au jour où les adversaires de l’union
ont
déclenché leur propagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à
419
nion ont déclenché leur propagande massive. Eux n’
ont
pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la
420
pas hésité un instant à agiter les passions : ils
ont
gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvon
421
dans les intérêts particuliers. Or, cette attaque
eût
impliqué une campagne éducative en profondeur, que l’on a négligée de
422
ué une campagne éducative en profondeur, que l’on
a
négligée de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. —
423
eur, que l’on a négligée de mener — ou que l’on n’
a
pas sérieusement soutenue. II. — Les mouvements de militants européen
424
enue. II. — Les mouvements de militants européens
ont
été surpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec a résulté du f
425
urpris par l’échec de la CED. En effet, cet échec
a
résulté du fait qu’on laissait le public dans l’ignorance de la vraie
426
son rejet. Or, les militants européens croyaient
avoir
expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profon
427
e enquête menée par le CEC10 au mois de septembre
a
donné les résultats suivants : le nombre des brochures, tracts, petit
428
quatre-cent-quatre-vingt-onze. Leur tirage total
a
légèrement dépassé trois millions d’exemplaires. Cela paraît considér
429
amment par les manuels d’histoire : l’anti-Europe
a
joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque. Une ré
430
cer la limite entre le sacré et la culture ? Je n’
ai
tenu compte d’écrits de ces trois ordres que dans la mesure où ils on
431
its de ces trois ordres que dans la mesure où ils
ont
fixé la rhétorique de l’une de nos langues nationales. (Il faudrait a
432
ère les titres marqués d’une croix : I. — Livres
ayant
formé nos cultures et notre conscience collective. II. — Livres ayant
433
ures et notre conscience collective. II. — Livres
ayant
contribué à notre éducation occidentale, depuis cent ans. III. — Livr
434
qui excitent aujourd’hui ma pensée. l. — Livres
ayant
formé nos cultures et notre conscience collective 1. Homère : L’Od
435
poétiques. 37. Al-Hallaj : Divan. II. — Livres
ayant
contribué à notre éducation occidentale depuis cent ans 38. Tibull
436
eville : La Démocratie en Amérique. 90. Toynbee :
A
Study of History. 91. W. A. Auden : Collected Poems. 92. Bitzius (Jér
437
L’Association européenne des festivals de musique
a
cinq ans (1956)ap À la fin de 1951, répondant à une invitation lan
438
nt à Genève. Jamais encore, une telle rencontre n’
avait
eu lieu dans les annales de l’Europe. Une seule journée de délibérati
439
opéens qui réunissent ces conditions : — ceux qui
ont
un caractère particulier, une tradition bien définie, des racines loc
440
e de qualité et d’authenticité. ⁂ Une idée simple
a
présidé à la formation de notre association : il s’agissait de présen
441
met à tous les festivals membres de savoir ce qui
a
été fait par d’autres et dans quelles conditions, quelles sont les œu
442
rivalités nationales. En cinq ans, l’association
a
fait ses preuves. Sa brochure Saison, tirée en trois langues à 160 00
443
enis de, « L’Association des festivals de musique
a
cinq ans », Saison, AEFM, 1956, p. 12-13.
444
tions passionnément surréalistes, comme nos aînés
avaient
été d’Action française, ou encore anarcho-gidiens, avec un sérieux re
445
ue de l’Odéon. Il n’était pas lieu de Paris que j’
avais
l’impression de mieux connaître, sans y être jamais entré. Boutique d
446
ux ! Nous en connaissions la légende. Apollinaire
avait
discouru là, devant le jeune André Breton immobile et muet d’admirati
447
rire au fronton d’un considérable poème. (Nous en
avions
appris par cœur de longs fragments, faute de pouvoir acheter l’éditio
448
voir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies : j’
avais
couru tout droit rue de l’Odéon, comme à la source la plus fraîche et
449
e et de ses artisans, et quel savoureux naturel !
Aurions
-nous perdu avec elle ce qu’elle a servi mieux qu’elle-même, et plus g
450
naturel ! Aurions-nous perdu avec elle ce qu’elle
a
servi mieux qu’elle-même, et plus gracieusement que personne ? ag.
451
ripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans l’
avoir
jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que l’Esprit saint, dont l’èr
452
ception de Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux
eut
beau protester dans une lettre fameuse contre « cette fête nouvelle q
453
nconstance ». Et saint Thomas, au siècle suivant,
eut
beau écrire de la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue
454
écrire de la manière la plus précise : « Si Marie
eût
été conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin d’être rachetée pa
455
se : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’
aurait
pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vier
456
arie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pas
eu
besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répo
457
s tard, ne put que sanctionner un sentiment qui n’
avait
pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. Enfin, voici
458
e l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’
avons
vu, une possibilité nouvelle d’admettre la femme, mais sous le couver
459
diction, ne s’en plaignent pas ! On dirait qu’ils
ont
trouvé le secret d’une conciliation vivante des inconciliables. Ils s
460
cère qu’un antipode spirituel au mariage où elles
avaient
été contraintes. Le même auteur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas
461
nt tout de même pas le plus clair de la vie, et n’
avaient
tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions naturelles ? Les
462
ines postures (mudras) décrites par le hatha yoga
ont
pour but « d’utiliser comme moyen de divinisation et ensuite d’intégr
463
garde (ou reprend) sa semence dans son corps, qu’
aurait
-il à craindre de la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantr
464
ls dormiront enlacés, etc. Tous ces préliminaires
ont
pour but « l’autonomisation » de la volupté — considérée comme l’uniq
465
e ma dame me fasse longtemps attendre et que je n’
aie
point d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de
466
ttendre et que je n’aie point d’elle ce qu’elle m’
a
promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez ma vie en
467
se met en guerre avec lui-même, car le sot après
avoir
vidé sa bourse fait triste contenance ! (Marcabru.) Écoutez ! Sa voix
468
bjet aimé lui deviendra bientôt indifférente : J’
ai
une amie, mais je ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je n
469
joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’
ai
cité que des poètes de la première et de la seconde génération des tr
470
ère génération expliciteront ce que leurs modèles
avaient
chanté. « Ce n’est plus de l’amour courtois, si on le matérialise ou
471
ute ruine », et tourmentés en enfer. Noble Amour
a
promis qu’il en serait ainsi, là sera la lamentation des désespérés.
472
ités ou l’absence de réalités « matérielles » qui
aient
pu correspondre, en ces temps, à de telles précisions de langage, la
473
cathare française, les hérétiques du xiie siècle
auraient
connu une version non amendée par les catholiques, et plus proche de
474
elations entre l’Orient et l’Occident médiéval. J’
ai
choisi ces deux cas, solidement attestés, parce qu’ils réfutent le pr
475
en pleine révolution de la psyché occidentale. Il
a
surgi du même mouvement qui fit remonter au demi-jour de la conscienc
476
ariage. Mais il nous resterait indifférent s’il n’
avait
gardé dans nos vies, au travers des nombreux avatars dont nous allons
477
vouer que les réfutations les plus virulentes qui
aient
été publiées portaient beaucoup moins sur cette thèse que sur sa rédu
478
e que sur sa réduction à la seule hypothèse que j’
avais
mentionnée au chapitre VII de ce livre, à savoir que les poèmes des t
479
es d’expression. (Ce sont elles, par malheur, qui
ont
le plus fait pour assurer le succès de l’ouvrage dans un large public
480
s hérétiques reprochaient à l’Église catholique d’
avoir
inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui n’empêchera pa
481
le : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y
a
en amours, … le regard, le parler, l’attouchement, le baiser, et le d
482
s trompeurs, les Inquisiteurs du siècle suivant n’
eussent
pas manqué de lire simplement : juges, prêtres, reclus, et maris ! a
483
our-passion, phénomène historique (4 février 1956)
ai
aj Pourquoi aviez-vous écrit ce livre ? L’amour des découvertes ?
484
mène historique (4 février 1956)ai aj Pourquoi
aviez
-vous écrit ce livre ? L’amour des découvertes ? Mon propos initial ét
485
usqu’à la dégradation qu’il subit de nos jours. J’
ai
tenté de le décrire comme un phénomène historique, d’origine propreme
486
L’amour-passion est un sentiment historique, qui
a
une histoire. Il a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne pa
487
t un sentiment historique, qui a une histoire. Il
a
des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tout
488
histoire. Il a des causes, des raisons. Peut-être
eût
-il pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie s
489
mort, avec ce goût de cendres tel que l’Occident
a
pris l’habitude de le considérer ou de l’éprouver. En Orient et dans
490
ur courtois à l’hérésie néo-manichéenne. Ma thèse
a
été souvent attaquée par les historiens et les maîtres de Sorbonne. C
491
les maîtres de Sorbonne. Certains spécialistes n’
ont
pas aimé que j’établisse des connexions entre les sombres cathares et
492
fameux cathares condamnaient le mariage. On vous
avait
reproché d’avoir fait trop d’hypothèses sur la doctrine de cette héré
493
condamnaient le mariage. On vous avait reproché d’
avoir
fait trop d’hypothèses sur la doctrine de cette hérésie. En effet. Qu
494
op de choses sur cette doctrine. J’avoue que j’en
avais
été réduit à un grand nombre d’hypothèses. Mais, en 1940, le Père Don
495
pes, premier texte cathare en notre possession. J’
eus
le bonheur de voir qu’il confirmait ce que j’avais avancé. C’est pour
496
’eus le bonheur de voir qu’il confirmait ce que j’
avais
avancé. C’est pourquoi je propose aujourd’hui une nouvelle édition, o
497
même mais s’appuie maintenant sur des textes : j’
ai
repris la partie historique. Mais votre propos demeure celui d’un mor
498
réflexion, ne gâchent rien. Pauvres cathares !
ai
. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour-passion, phénomène histor
499
ée et augmentée, aggravée dit M. de Rougemont qui
a
de l’esprit, vient de paraître chez Plon. La première édition, née en
500
ître chez Plon. La première édition, née en 1939,
avait
provoqué une série de polémiques qui attestait l’importance de l’ouvr
501
époque. M. de Rougemont vit peu en France. Après
avoir
passé sept ans aux États-Unis, où ses livres ont un grand retentissem
502
voir passé sept ans aux États-Unis, où ses livres
ont
un grand retentissement, il s’est maintenant fixé à Genève et s’occup
503
ent d’économie politique. La semaine dernière, il
a
toutefois retrouvé Paris pour quelques jours mais avec un emploi du t
504
i du temps qui ne lui laissait aucun loisir. Nous
avons
pu l’isoler quelques minutes entre deux émissions de radio et l’inter
505
et d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y
a
pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en coup
506
nt vides. En troisième, on retrouvait, comme je l’
ai
dit, les gens bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de la rég
507
ier jour — car les plus belles histoires du monde
ont
une fin — la fatale faiblesse de notre État : cette habitude de nous
508
otre âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’
ont
dit Freud, Shakespeare et les Pères de l’Église… Dix années ont passé
509
Shakespeare et les Pères de l’Église… Dix années
ont
passé, et plus que jamais, s’il faut que j’en croie mes yeux, la conf
510
veux dire trop méfiant et même intolérant. Qu’ils
aient
seulement l’air étonnés suppose déjà beaucoup de retenue… À propos de
511
e, laissez-moi recopier un « avis » imprimé que j’
ai
pu lire il y a quelques années, punaisé près de la porte du balcon da
512
des menus incidents du trajet. On sent bien qu’il
a
l’habitude. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée
513
endent ne pas payer de supplément parce qu’il n’y
avait
plus de place dans les troisièmes : ils ont l’air trop contents d’êtr
514
l’air trop contents d’être là, on les refoule. J’
ai
cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît de plus en plus
515
especter le velours gris et dru des secondes : il
a
tort, c’est la classe vulgaire. Des jeunes femmes aux moues insolente
516
le. En face de lui, la beauté même, « ô toi que j’
eusse
aimée », sa fille sans doute, fume en feuilletant un magazine. Je cro
517
aussi, et pour la même raison, des transparents. (
Avez
-vous remarqué que les trains qui vous croisent sont transparents s’il
518
comment ce modèle d’un système politique fédéral
a
pris naissance en 1848 ? Une fédération qui garantit leur souverain
519
souverains. Pendant des siècles, leur lien légal
avait
consisté dans une Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoir que l
520
n légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’
avait
guère plus de pouvoir que l’Assemblée consultative de Strasbourg. Com
521
erains, pourvus du droit de veto, cette Diète « n’
avait
en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se confo
522
mise, déclarait aux Suisses en 1802 : « La Nature
a
fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un h
523
d’habile compris soit d’échappatoire, selon qu’on
a
le tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle a tranquille
524
érament pragmatique ou doctrinaire. En fait, elle
a
tranquillement supprimé le problème de la souveraineté cantonale (ou
525
ait là un obstacle à l’Union ? Ces souverainetés
ont
-elles quelques réalité et consistance, en dehors des débats où elles
526
exercée en fait que par l’État. M. van Kieffens l’
a
définie comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’i
527
ne ». Or, on ne voit plus aucun État européen qui
ait
conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui
528
es. Il en résulte que la souveraineté nationale n’
a
plus guère d’autre existence que psychologique. Refoulée du domaine d
529
et surtout angoisse de perdre son identité. Elle
a
donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficulté,
530
e l’Europe tenue à Rome en 1953, deux arguments m’
ont
frappé comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opinio
531
ourd’hui les décisions principales et le peuple n’
a
sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranation
532
uant à l’essentiel de cette souveraineté, elles l’
ont
perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ? il no
533
iants et par les écrivains du cercle Petöfi, il n’
a
pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’il
534
ouvions pas répondre, ils le savaient. S’ils nous
ont
appelés, cependant, comprenons la consigne ainsi transmise. Ils voula
535
quelque chose. Le monstrueux forfait de Budapest
a
mis le communisme au ban de l’humanité. Il fallait tout d’abord le dé