1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)a Nous sommes ici
2 e ces syllabes prestigieuses. J’espère, parce que c’est précisément notre rôle d’intellectuels libres que de monter une garde
3 Stockholm, de Prague, de Varsovie tout récemment. C’est justement ce qui nous inquiète pour la paix, car nous pensons qu’ils
4 passionné pour les brebis. La vérité, voyez-vous, c’est qu’on nous a volé ce mot de paix. On nous l’a kidnappé ; on l’a pris
5 qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à mon avis, de distinguer entre le mot pa
6 al vu de nos élites, peut-être même sans raison : c’est une mission de propagande qui nous incombe au premier chef. Je désire
7 es de culture, faire la propagande de la liberté, c’est , en fin de compte et du même coup sauver notre culture. Notre cult
8 nt de mieux en mieux les libertés de la personne. C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même mat
9 accepter qu’il en soit ainsi, le laisser croire, c’est renoncer d’avance à nos meilleurs atouts dans la lutte historique où
10 té vigilant et militant… La tâche est très vaste, c’est l’évidence, mais le seul fait que nous existons dorénavant, me semble
11 nt Denis de, « Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture », Les Amis de la liberté, Paris, décembre 1950–
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
12 Comment fabriquer un Européen ?b C’est absolument impossible. Et je vais essayer de dire pourquoi. On peut t
13 e, et servez frais. Pour fabriquer un Soviétique, c’est plus rapide. Prenez un Russe, passez-le au MVD — sorte de DDT moral n
14 utraliser et s’annuler réciproquement. La vérité, c’est que le problème posé est insoluble par définition. Car si l’Américain
15 hommes habitués à différer les uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi faire un Européen,
16 tres, et c’est tout cela qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi faire un Européen, ce serait tenter de faire quelque chose q
17 ourquoi voudrait-on « fabriquer » des Européens ? C’est uniquement parce que l’on veut unir les 25 États souverains qui se di
18 nde. Ce qu’il y a de plus humain chez tout homme, c’est l’idée qui lui vient un jour — angoissante pour l’adolescent — qu’il
19 de plus européen chez les habitants de notre cap, c’est l’idée qu’ils ont tous d’appartenir d’abord à une famille, à une régi
20 la pratique des libertés réelles et personnelles. C’est pour sauver ces différences qu’il faut maintenant nous fédérer. Si no
21 equel il n’est point de dialogue créateur. Et que c’est cela qui fait la valeur de l’Europe. Et que c’est cela précisément qu
22 c’est cela qui fait la valeur de l’Europe. Et que c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’il n’est plus d’espoir que dan
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
23 n’importe quel prix. En ce milieu du xxe siècle, c’est moins le problème de la liberté qui nous importe, que son drame. De l
24 i dans l’angoisse d’une nouvelle guerre mondiale, c’est parce que le monde est divisé en deux partis, qui ne se définissent c
25 qui est évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voulons la liberté, et que les autres veulent la dictature.
26 sommes engagés, la première condition de succès, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-ell
27 cs, ne savent plus bien répondre à ces questions. C’est là que gît la force principale de l’autre camp. Quand on nous dit : «
28 . Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’une part le début de la guérison, quand le mal est d’ordre psychiqu
29 la guérison, quand le mal est d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi, quand les faits objectif
30 ir, nous aurons du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le
31 rtés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et d
32 s à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non poin
33 s la mesure où nous quittons la lutte. Léviathan, c’est la somme exacte de nos petites démissions personnelles. Et c’est pour
34 exacte de nos petites démissions personnelles. Et c’est pourquoi je conclurai, une fois de plus, par ce delenda Carthago que
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
35 e. Je viens de relire cet ouvrage, paru en 1929 : c’est un classique. Seuls quelques chapitres médians, qui décrivent (et cri
36 cule, quand de Traz reste vif, naturel et concis. C’est dans le fédéralisme qu’il voit « la base de l’internationale moderne 
37 ’il voit « la base de l’internationale moderne ». C’est de la nécessité, plutôt que d’une mystique, qu’il attend « la refonte
38 ystique, qu’il attend « la refonte de l’Europe ». C’est par la civilisation « grecque et chrétienne — et Rome n’a fait qu’amp
39 ue l’Europe est devenue patrie de la personne. Et c’est enfin en s’opposant non seulement « aux États-Unis, tentés de la soum
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
40 ent ; il n’y a donc plus de communauté réelle. Et c’est pourquoi le xxe siècle verra tant de nomades et de vrais émigrés. Le
41 s ou des capitalistes en Angleterre. À vrai dire, c’est un goût de la lutte contre la vie, avec des camarades donnés par le h
42 non seulement le don mais une certaine facilité. C’est qu’ils se sont formés dans un monde où l’erreur entraîne des sanction
43 pour leur imposer un angle de vision déterminé — c’est tout le secret du commandement — leur sont connues ou instinctives. C
44 lus attendue, n’y apparaît que plus fondamental : c’est pour tenter de le résoudre que l’homme écrit, et que parfois il retou
45 igue et la cruauté, vers la désillusion finale. » C’est en ces termes que la plus sobre des biographies de Lawrence4 décrit l
46 e. Ils se retournent vers le monde des autres, et c’est le début de l’écœurement. Signe objectif d’une mésentente profonde :
47 exigence excessive et de leurs ratures infinies. C’est qu’ils se refusent aux entraînements de l’idéologie ou du lyrisme, s’
48 être simples et n’employer que des mots éprouvés… C’est à ce stade que naissent Les Sept Piliers de la Sagesse et Terre des H
49 sera toujours un viol, et s’il condamne ce viol, c’est qu’il se veut intègre, au prix d’un sacrifice dont il reste le maître
50 cela près, ce serait le complet déterminisme — et c’est peut-être dans le complet déterminisme que gît la paix parfaite après
51 de trouver l’égalité dans la seule subordination. C’est l’exercice de l’autorité qui m’écœure) ; l’action, je l’ai rejetée ;
52 u génie isolé, mais de l’effort commun. Pour moi, c’est la multitude des rudes chauffeurs de camion, couvrant chaque nuit tou
53 mples mécaniciens de la RAF, non les grands as. «  C’est pourquoi je suis resté dans le rang, et j’ai servi de mon mieux… » L’
54 un rouage dans la machine. Le mot-clé, je pense, c’est machine… Je laisse à d’autres le soin de dire si j’ai bien ou mal cho
55 ’un des avantages d’être une pièce de la machine, c’est qu’on y apprend qu’on n’a pas d’importance ». De tels textes peuvent
56 e me ferais plutôt balayeur. Un nihilisme décent, c’est ce que j’espère, en général. Je pense qu’un pays bien constitué comme
57 ez de place pour moi. L’ennui avec le communisme, c’est qu’il accepte trop du mobilier d’aujourd’hui. Je hais les meubles. »
58 une lettre hâtive, traduisent une attitude mûrie. C’est la morale du Château de Kafka, la ligne de repli (devant les problème
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
59 )h Ce n’est pas un pamphlétaire irresponsable, c’est un homme politique avisé et mieux averti que quiconque, Paul-Henri Sp
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
60 ma, télévision, « comics” illustrés des journaux. C’est une forme de diffusion facile, qui ne connaît pas de frontières et ne
61 écessite aucune traduction. Vous reconnaîtrez que c’est peu — ce n’est même rien — pour former l’homme et le jugement personn
62 petits morceaux. On ne peut plus dire : l’Europe, c’est une forme de culture, la substance de la culture est ignorée de la ma
63 humain où il se retrouve inséré. Faire l’Europe, c’est d’abord former des hommes. Tout le reste est affaire d’ingénieurs ou
64 yrannie que peut contenir l’aspiration à l’unité. C’est le paradoxe du fédéralisme, au sens doctrinal ; le fédéralisme est un
65 la culture ne s’est jamais faite par les nations, c’est une plaisanterie, une thèse sans fondement racontée dans les livres d
66 vent différer, être populaires ou universitaires. C’est une grande tâche des foyers de contribuer à effacer cette distinction
67 aison seule ne compte pas, ni la mystique locale, c’est la culture qui doit être le principal locataire… » J’ai beaucoup aimé
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
68 al pour la Suisse, et si je tiens à y participer, c’est que je suis réellement très loin de ce que dit le professeur Rappard.
69 r les conclusions de la plupart de ses ouvrages ; c’est pourquoi après cette interview, je pense qu’il est nécessaire de mont
70 té du plan Schuman a été installée à Luxembourg : c’est un fait, elle existe, et Anglais et Scandinaves — qui furent ses adve
71 tobre 1949 par l’administrateur du plan Marshall. C’est peut-être une idée américaine pour les Américains, mais pour nous ? C
72 américaine pour les Américains, mais pour nous ? C’est un peu vite oublier la Pan-Europe du comte Coudenhove-Kalergi, et le
73 l. Et ce qui me surprend le plus chez M. Rappard, c’est qu’il semble avoir oublié qu’il présidait la commission économique du
74 encore un début de véritable réalisation ». Mais c’est nier l’évidence même, et je le répète, depuis que la Haute Autorité a
75 que la réalisation de celui-ci est déjà achevée ? C’est du passé le plan Marshall ! Quant au plan Schuman, ce n’est plus un p
76 an dernier que le 40 % du volume de nos échanges. C’est donc, de la part de M. Rappard, juger de la viabilité de l’Europe d’a
77 ages, leurs habitudes nous donnent une certitude, c’est qu’ils ne pourront jamais trouver un centre d’union et un seul intérê
78 lus étonnant dans ces déclarations de M. Rappard, c’est précisément que sa conclusion est en contradiction avec tout ce qui a
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
79 s ces amputations, vous avez le front de dire que c’est l’Europe ? — Oui, j’ai cette conviction et je m’explique. Tout d’abor
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
80 té des langages, des écoles, des sensibilités. Et c’est cela que notre union doit préserver, pour les nouveaux départs que le
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
81 u zen. Le thème profond, omniprésent, de l’œuvre, c’est le problème du Dieu-homme, d’où naît celui de la personne, générateur
82  : « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
83 dre : au contraire, quand une civilisation meurt, c’est justement qu’elle a perdu le sens de ses fins ou qu’elle renonce à le
84 cosmos, mais d’illustrer l’instant de leur amour. C’est celui de leur haine chez beaucoup de mauvais peintres : on parle alor
85 ise en regard. Introduit par la note suivante : «  C’est dans la mesure où le christianisme a signifié la fin des religions et
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
86 sons fédération de l’Europe et neutralité suisse, c’est eux. Et dès lors la neutralité devient un problème épineux. J’aborde
87 internationales) pour deux raisons : la première, c’est que le Centre est au service de l’idée européenne ; la seconde, c’est
88 est au service de l’idée européenne ; la seconde, c’est que son directeur a parlé de l’Europe dans son discours du 1er août 1
89 dex ». L’arrière-plan de cette étrange mentalité, c’est la croyance en la neutralité-tabou. On s’imagine que prononcer le mot
90 -tabou. On s’imagine que prononcer le mot Europe, c’est déjà violer le tabou. Nous sommes ici dans le domaine du « sacré », s
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
91 ichesses, et la meilleure raison de nous fédérer, c’est que seule l’union fédérale peut les sauver et les garantir dans notre
92 courantes ? Ce qui fausse notre optique moderne, c’est le phénomène national. L’esprit jacobin, devenu plus tard l’esprit na
93 à très peu de phrases près. Nous l’ignorons, mais c’est un fait.) Les réactions parfois violentes au christianisme (athéisme,
94 t enfin, et surtout, ce que nous avons de commun, c’est une certaine passion de différer, une certaine manière de dire « moi 
95 »), protégées et aimées en tant que vocations. Et c’est à leur dialogue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses pl
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
96 es, j’ai longuement habité Paris et la France, et c’est pendant cette période que j’ai écrit la plupart de mes livres, tous c
97 éraliste, et la nécessité d’une union européenne. C’est donc bien en tant que fédéraliste que je réagissais violemment aux hi
98 ns notre passion de différer les uns des autres : c’est ce que nous avons tous en commun. J’écris en ce moment un livre qui s
99 u plutôt de sa manière de dire « je » ou « moi ». C’est là une notion essentiellement européenne, et que nous avons eu tort d
100 ividu, il faut s’entendre. Le véritable Européen, c’est l’individu à la fois libre et responsable, à la fois autonome et enga
101 éparé la réaction totalitaire que nous subissons. C’est avec la poussière des individus que l’État fait son ciment. Les Grecs
102 ’avez qu’à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’est exactement ce que notre congrès attend. » Ainsi fut fait. Mon discour
103 nté et dont elle a infecté les autres continents. C’est à nous de trouver le contrepoison de ce nationalisme. Mais d’autre pa
104 , dont il faut prendre conscience. Vous savez que c’est à ce réveil de la conscience européenne que sont consacrés tous les e
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
105 firmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est d’une manière analogue que Malraux et Jaspers interprètent ici le cri
106 n idée ») et par suite celle d’autrui (« L’enfer, c’est les autres »). Il n’en marque pas moins la limite de l’arrogance inte
107 , en sorte qu’il faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable éta
108 d’énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même aisément explicable. Un Dieu personnel est incroyable et absurde
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
109 ues belles villas qu’« occupent » les Asiatiques. C’est de l’attention mondiale qu’ils se sont emparés, et du jeu politique,
110 t perdu son intérêt stratégique pour M. Molotov. C’est dans cette perspective — qui déclasse brutalement les discussions de
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
111 à le ratifier — ou non — vers la fin de ce mois. C’est dire que le lecteur moyen a bien le droit de demander à son tour, san
112 t de la Suède. Or, ces deux pays étaient neutres. C’est dire que l’Europe dépendait, pour sa défense éventuelle, de quelques
113 , et de celui qui se trouvait en première ligne ? C’est pour tenter de résoudre ce dilemme que fut conçue la CED. — Contre l’
114 l’acier, plus connue sous le nom de plan Schuman. C’est ce traité qu’ont déjà ratifié la Hollande et le Luxembourg, puis l’Al
115 choisis dans n’importe lequel des pays membres. ( C’est ce qui s’est passé déjà pendant les deux dernières guerres.) Enfin, l
116 tional des résistants de la dernière guerre. Mais c’est absolument exclu par les dispositions fondamentales du traité, l’inté
117 te renaissance possible d’une Wehrmacht autonome. C’est au contraire si l’on refuse la CED que cette Wehrmacht sera reconstit
118 es raisons la réapparition d’une armée allemande. C’est en vertu d’une erreur semblable que d’excellents patriotes redoutent
119 volonté américaine ». La vérité sobre et limpide, c’est que si l’Europe ne se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa déf
120 donc une Europe divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme : il faut donc le flatter et raviver les haines provo
121 ui, lui, ne doute pas de l’efficacité de la CED : c’est la Russie, dont tout l’effort diplomatique, depuis deux ans, ne vise
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
122 ipal que rencontre aujourd’hui l’idée européenne, c’est décrire activement notre méthode. L’obstacle dont je parle est le nat
123 nationalisme. Faire la critique du nationalisme, c’est dégager du même coup les principes au nom desquels on le juge néfaste
124 ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle ». C’est en effet au cri de « Vive la Nation », clamé sur tout le front des tr
125 l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe d’une nouvelle communauté n
126 acobins, va susciter des nationalismes rivaux. Et c’est dans le pays qui aura subi le plus durement l’agression napoléonienne
127 subi le plus durement l’agression napoléonienne, c’est en Prusse, que la philosophie du nationalisme va se constituer. Hegel
128 de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit donc que nation et Patrie diffèrent p
129 traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siècle, la Norvège, la Turquie, l’Irlande
130 s de commerce révoqués dès qu’ils ne payent plus. C’est ainsi qu’une demi-douzaine d’« États-gangsters », follement susceptib
131 tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt un homme qui souffre de la crainte morbide de perdre une
132 rations, par les soins de l’instruction publique, c’est la confusion établie entre « Patrie », « État », « Nation » et « Lang
133 voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’est ainsi que le charbon est devenu français ou allemand selon qu’il se t
134 un son patriotique et vertueux (au sens jacobin). C’est pratiquement idiot, mais on ne s’en aperçoit que si c’est dit dans un
135 atiquement idiot, mais on ne s’en aperçoit que si c’est dit dans une langue étrangère, ou par un lointain Mossadegh, ruinant
136 ndition des libertés personnelles en Europe. Mais c’est aussi le principe vivant du fédéralisme. Être d’une patrie locale en
137 emps ou l’espace, selon ses goûts et sa vocation, c’est pratiquer l’éthique et la liberté fédéralistes. Le nationaliste n’y v
138 ne le crois pas, pour deux raisons. La première, c’est que la souveraineté nationale est encore un mythe puissamment agissan
139 n à tout dialogue raisonnable. La seconde raison, c’est que les souverainetés nationales n’existent plus, comme je l’ai rappe
140 monde, depuis un siècle. Ce que l’on sait moins, c’est la manière dont ce régime fédéraliste parvint à se faire accepter par
141 es refusent de se battre pour des mots trompeurs. C’est le contenu et la visée fédéraliste du traité, non pas son étiquette,
142 s plus mauvais. Ce n’est pas Mallarmé, ni Renoir, c’est Déroulède et Detaille qui représentent valablement la Troisième Répub
143 n fait des échanges culturels de nation à nation, c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est reconnaître aux
144 t essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est reconnaître aux États le droit d’élever ou d’abaisser des obstacles a
145 traires à la circulation des idées et des œuvres, c’est donc aller diamétralement à l’encontre du but allégué. Seule une Euro
146 européen — n’ont qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la créent et la transmettent les moyens de vivre
147 , plus ou moins avouées comme telles. Finalement, c’est le nationalisme le plus franc qui a triomphé, lors du refus de la CED
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
148 parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est plutôt un réseau d’amitiés agissantes de Paris à Tokyo, de New York à
149 k à Bombay, de Berlin-Ouest à Santiago et Mexico. C’est une volonté de justice qui se moque des opportunismes et c’est une ac
150 onté de justice qui se moque des opportunismes et c’est une action permanente. Quelle que soit la valeur des sourires que pro
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
151 tort, si notre Suisse prospère, modèle européen, c’est pour une part minime mais qui est la part de l’homme, parce que Reyno
152 suisse, au-delà des apparences souvent médiocres, c’est prendre conscience de l’Europe. Car l’Europe est faite dans l’ensembl
22 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
153 teraient en criant : « Des preuves ! » ou « Comme c’est vrai ! » ⁂ 1. La révolution psychique du xiie siècle Une hérési
154 de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet d’Héloïse. Cette m
155 t, dès cette époque, le titre de regina coeli, et c’est en Reine désormais que l’art va la représenter. À la « Dame des Pensé
156 ible de le rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie siècle que s’atteste en Europe une modification radicale du
157 ément pressenties dans leur fascinante nouveauté… C’est au cœur de cette situation inextricable, c’est comme une résultante d
158 é… C’est au cœur de cette situation inextricable, c’est comme une résultante de tant de confusions qui devaient s’y nouer, qu
159 u Shiva et Bouddha)… est fortement personnifiée : c’est la Déesse, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse…
160 ique du contrôle du corps et de l’énergie vitale. C’est ainsi que certaines postures (mudras) décrites par le hatha yoga ont
161 steté pour son pouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sen
162 époux. Ils vous disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi les maris deviennent jaloux et les dames sont dans l’angoiss
163 us surprenant. Sous sa forme connue de nos jours, c’est l’histoire romancée de l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat,
164 s les autres tendent pour leur finale résolution, c’est celui qu’on nomme par honnêteté le don de mercy. » Le contraste avec
23 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
165 iage sur la passion, ce qui est une stupidité car c’est confondre l’amour pour la mort avec l’amour pour la vie. Je voulais d
166 a un bouleversement au xiie siècle : subitement, c’est le mariage qui est en butte au mépris tandis que la passion est glori
167 r de voir qu’il confirmait ce que j’avais avancé. C’est pourquoi je propose aujourd’hui une nouvelle édition, où l’idée du li
24 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
168 e temps de création du monde juste avant l’homme, c’est ma Suisse telle que je la vois, de très loin, dans mon souvenir. J’y
169 le rôle utile et le compartiment. Compartiments, c’est le mot-clé de la Suisse. Douze paysages ou décors types juxtaposés, e
170 ez nous, qui mérite l’adjectif — je me disais : «  C’est notre force, et ce sera peut-être un jour, au dernier jour — car les
171 t des autres hommes. En dépit du langage courant, c’est le normal qui est exceptionnel. Ce sont les cas d’ordre, de paix et d
172 oit jamais, me propose par contraste une réponse. C’est qu’en Suisse on se sent regardé, examiné, jugé, jaugé, plus que nulle
173 le velours gris et dru des secondes : il a tort, c’est la classe vulgaire. Des jeunes femmes aux moues insolentes, vêtues co
25 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
174 » (Étant entendu que l’accent porte sur fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir
26 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
175 occidental, qui approuve « librement » son parti, c’est saluer un complice du crime de Budapest. Publier ses écrits, c’est co
176 omplice du crime de Budapest. Publier ses écrits, c’est contribuer au genre de propagande intellectuelle qui mène au crime de
177 mène au crime de Budapest. Discuter ses raisons, c’est oublier qu’elles « justifient » nécessairement les massacres de Budap
178 qui vient de montrer sa vraie nature à Budapest, c’est donner dans un guet-apens. Accueillir et fêter les jolies troupes d’a
179 els asservis que nous envoie le régime de Moscou, c’est oublier la voix des écrivains martyrs qui nous appelaient de Budapest
180 vains martyrs qui nous appelaient de Budapest, et c’est trahir leur testament. Que chacun s’interroge et décide librement de