1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 que notre civilisation peut mourir demain et que ce n’est pas là une phrase1. Nous sommes ici parce que nous savons tous
2 nre de paix et de liberté et qui demandent à voir ce qu’on met derrière ces syllabes prestigieuses. J’espère, parce que c’
3 st une phase idéologique et nous savons que, dans ce domaine, la guerre est déclarée depuis longtemps. Si nous gagnons cet
4 ague, de Varsovie tout récemment. C’est justement ce qui nous inquiète pour la paix, car nous pensons qu’ils aiment la pai
5 ons très précises de le penser. Nous publierons à ce sujet bientôt des textes que les grands chefs totalitaires de divers
6 s. La vérité, voyez-vous, c’est qu’on nous a volé ce mot de paix. On nous l’a kidnappé ; on l’a pris en otage ; on nous le
7 14 millions en Europe, paraît-il, ont succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité dans le sophisme. Et puis, vo
8 tout cela ne sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la pai
9 s vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot. Il es
10 qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à mon avis, de d
11 entre-temps. Nous sommes soumis, depuis un an, à ce que l’on a nommé une offensive de paix — d’un terme militaire bien ca
12 erme militaire bien caractéristique. Il s’agit de ce qu’on appelait jadis — naguère — une préparation d’artillerie. Quelle
13 e notre riposte ? Je n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu de nos élites, peut-être même s
14 Je n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu de nos élites, peut-être même sans raison : c’es
15 ncombe au premier chef. Je désire m’expliquer sur ce point. On peut et l’on doit détester la propagande, mais on ne veut p
16 t qu’elle joue — avec quel succès ! — contre tout ce que nous aimons. On peut aussi détester les microbes, mais cette opin
17 ur notre part, nous agirons. Nous allons employer ce qu’on appelle les grands moyens, la radio, le film et la presse pour
18 itale de toute culture, de toute culture digne de ce nom. Pour nous intellectuels, hommes de culture, faire la propagande
19 nsacrer à d’autres activités dites distinguées de ce genre, je voudrais poser une simple question très précise et concrète
20 ême en Europe, prennent au sérieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui est sérieux, croient-ils, ce sont les ar
21 u sérieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui est sérieux, croient-ils, ce sont les armements ou les échanges é
22 t de leur force. Ce qui est sérieux, croient-ils, ce sont les armements ou les échanges économiques, voire même le jeu des
23 civiques et politiques et point de paix digne de ce nom sans, à la base et avant tout, un esprit de liberté vigilant et m
24 notre pensée même ; car si nous reculions devant ce défi de l’histoire, que pourrions-nous encore penser écrire ou dire s
25 sans une sorte de mépris pour nous-mêmes ? 1. Ce texte est extrait du discours prononcé à Bruxelles, devant le comité
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
26 t déjà conçu, il naîtra donc. Cet homme sera tout ce qu’on voudra, mais jamais un Européen. À l’appui de cette thèse absol
27 me l’Europe. Et c’est pourquoi faire un Européen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait plus à rien
28 lonté de rester chacun soi-même à sa façon. Voilà ce qui les distingue en bloc des Russes et des Américains, voilà le prin
29 e principe paradoxal de leur communauté profonde. Ce qu’il y a de plus humain chez tout homme, c’est l’idée qui lui vient
30 e son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Ce qu’il y a de plus européen chez les habitants de notre cap, c’est l’i
31 semble ! » (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
32 qu’il soit intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu. Il n’en demande pas la définition. Il en exige la joui
33 a jouissance immédiate, à n’importe quel prix. En ce milieu du xxe siècle, c’est moins le problème de la liberté qui nous
34 té qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons aujourd’hui dans l’angoi
35 souvent mal définis : on pourrait s’arranger sur ce plan-là, peut-être. Les passions nationalistes ne sont plus que des s
36 que ou pratique, promise ou réalisée. Par contre, ce qu’il est impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tous
37 Par contre, ce qu’il est impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voul
38 la première condition de succès, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-elles purement f
39 d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’i
40 plus : qui sont le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesu
41 ’est pourquoi je conclurai, une fois de plus, par ce delenda Carthago que j’opposais il y a quinze ans à une autre « mysti
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
42 Peu d’écrivains ont si bien voyagé, et mieux dit ce qu’ils avaient vu. La plupart se rendaient trop visibles ou trop sens
43 , qu’on nomme Europe. « Si le désir de comprendre ce qui se passe vous possède, comment n’irait-on pas, en écartant les pr
44 eaux de l’Allemagne, dès 1923, dessinent en creux ce qui sera le lit de l’hitlérisme, un peu plus tard : il a senti l’appe
45 ophies de combat, et qu’il ne fallait pas laisser ce peuple « dans les ténèbres du dehors, mais le ramener à la communauté
46 dans le grand style du libéralisme viril : « Est- ce rêver encore que de conseiller à l’Europe, pour se redresser, pour im
47 urait conclu un pacte d’alliance entre ses fils : ce pacte, elle le proposerait ensuite à l’univers. Les grands conflits d
48 voudrais écrire à de Traz sur toutes ces choses, ce soir : il est trop tard. Il m’était encore plus fraternel qu’une long
49 ’extérieur, d’un œil amical et critique. Pourquoi ce précurseur n’a-t-il pas joint l’action dont il avait, bien avant nous
50 e vrai. Elles font confiance à la lucidité. « Est- ce rêver, se demandait-il, que de conseiller à l’Europe… de se reconnaît
51 l’Europe… de se reconnaître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver, il le savait, mais ce n’est plus assez de conseill
52 ? » Non, ce n’était pas rêver, il le savait, mais ce n’est plus assez de conseiller. Ce convaincu n’était pas de l’espèce
53 e savait, mais ce n’est plus assez de conseiller. Ce convaincu n’était pas de l’espèce des militants d’une politique. Ce m
54 it pas de l’espèce des militants d’une politique. Ce moraliste voulait d’abord comprendre : pudeur ou foi dans la seule fo
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
55 vécu des aventures semblables, mais lui « savait ce qu’il était en train de faire, tandis que les autres travaillaient d’
56 uer la singularité exemplaire du cas de Lawrence, ce n’est pas à la seule analyse de l’œuvre en soi qu’il faut recourir, m
57 r d’un homme contre le monde et sur soi-même. Est- ce encore une compensation ? Le dépit amoureux peut rendre chaste ou au
58 ière. Car l’action sert de gage aux mots, et dans ce sens technique ces hommes sont engagés : ils ont payé de leur personn
59 me des conquérants et comme des révolutionnaires. Ce trait mérite une attention spéciale. Peu sont des partisans au premie
60 commandement — leur sont connues ou instinctives. Ce n’est pas seulement à leur réputation d’aventuriers, de révolutionnai
61 ernières que poursuivait l’auteur quand il vivait ce qu’il raconte. On se reporte alors à des écrits posthumes, à des lett
62 et que parfois il retourne à l’action ; pourtant, ce qu’il nous laisse enfin n’est qu’une question, l’exemple d’une « pass
63 nger, parfaits représentants de leur nation, dans ce qu’elle a justement de plus différent de l’autre. L’un protestant et
64 deux hommes aux caractères mieux contrastés. Tout ce qui chez l’un et l’autre forma l’individu : race, nation, milieu, rel
65 . Mais voyons maintenant leur personne, j’entends ce qu’ils ont fait de ces données natives, et les tensions qu’ils ont in
66 ives, et les tensions qu’ils ont instituées entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils se voulaient. Voyons leur création, leur
67 qu’ils ont instituées entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils se voulaient. Voyons leur création, leur action, et leur drame
68 pe avec des camarades frustes et durs. Bien plus, ce travail les entraîne loin de leur patrie, dans des régions sauvages.
69 ubtils qui fondent le prestige de leurs chefs. De ce commerce prolongé et de la coutume du désert, tous les deux garderont
70 ples et n’employer que des mots éprouvés… C’est à ce stade que naissent Les Sept Piliers de la Sagesse et Terre des Hommes
71 Et cependant leur drame le plus typique se noue à ce moment précis, devant la tentation de la « vie normale » d’un écrivai
72  », ou d’une réelle passion de servir ? Ou serait- ce simplement qu’ils n’ont pas le choix, et que la vie parmi les autres,
73 es nécessités de l’action l’y contraignent, comme ce fut le cas dans sa campagne d’Arabie ; et il ne peut se retenir de dé
74 er autrui sera toujours un viol, et s’il condamne ce viol, c’est qu’il se veut intègre, au prix d’un sacrifice dont il res
75 s réel est là : s’il faut que quelqu’un paye, que ce soit lui, aux dépens de son propre individu et pour l’éducation de sa
76 n de sa personne. Il dépasse tous les autres dans ce sens. Et je ne lui vois d’égal, dans l’exigence quant à soi-même, le
77 z Kafka, — cet autre prototype. Voici précisément ce qu’il eut d’exemplaire : il a soumis la condition de l’homme moderne
78 ù ma volonté de rester s’effondrera. À cela près, ce serait le complet déterminisme — et c’est peut-être dans le complet d
79 l’Angleterre, qui fait notre âge mécanique. » Et ce sont aussi les simples mécaniciens de la RAF, non les grands as. « C’
80 la renie ; car « toute création est tangible. Et ce que j’essayais, je crois, c’était de poser une superstructure d’idées
81 tait de poser une superstructure d’idées sur tout ce que je faisais. Eh bien, en cela, j’ai échoué. J’ai donc changé de di
82 erais plutôt balayeur. Un nihilisme décent, c’est ce que j’espère, en général. Je pense qu’un pays bien constitué comme le
83 à une dérobade devant le grand choix politique de ce siècle : démocratie ou totalitarisme. Ces petites phrases d’un humour
84 une petite place dans la cité, un rôle utile dans ce monde qu’il juge assez absurde — par excès de conscience éthique — ma
85 il fallait qu’on nous montre où nous en sommes et ce que peut un homme sans la foi, Lawrence nous l’a montré avec un grand
86 il, est une faible défense contre les monstres de ce temps. Bien plus : objectivement, il en est le fourrier. Les fausses
87 s Edmonde. 5. Chaque phrase et chaque nuance de ce parallèle pourraient être appuyées par des documents précis et par de
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
88 L’Heure de l’impatience (mars 1952)h Ce n’est pas un pamphlétaire irresponsable, c’est un homme politique avi
89 harité des Américains ! » Traduisons, maintenant, ce cri d’alarme en chiffres dûment vérifiés. Cela donne, en millions d’h
90 comme l’avenir, la raison comme les rêves. Qu’est- ce qui les retient ? Une sorte de myopie de la mémoire et du jugement. I
91 t d’Europe par un escargot ! La prudence a montré ce qu’elle savait faire. Si l’on veut que l’Europe survive, l’heure est
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
92 une traduction. Vous reconnaîtrez que c’est peu — ce n’est même rien — pour former l’homme et le jugement personnel. Le ré
93 s l’activité des foyers de culture s’insérer dans ce grand phénomène historique, capable, vu à distance, de dominer tout l
94 droits de leurs diversités locales. J’insiste sur ce double mouvement, il faut que les foyers collaborent à la constitutio
95 ici — de devenir un centre de diffusion locale de ce matériel européen, si vous permettez cette expression. Chaque foyer s
96 s’incarner. Pour préciser encore, je voudrais que ce même réseau de distribution, de diffusion et de critique soit aliment
97 les a remis. J’explique en quoi ils consistent : ce sont de petits plans de 5 ou 6 pages, englobant une vingtaine de suje
98 —, avec comme relais les foyers de culture. Voici ce que le Centre européen de la culture se propose de mettre à votre dis
99 pour vos foyers de culture, et très ambitieux sur ce terme de culture, car, à mon sens, l’Europe de demain, l’Europe unie,
100 urope de demain, l’Europe unie, vaudra exactement ce que vaudront ces centaines et ces milliers de Foyers de Culture dont
101 és et surtout depuis que je vous ai vus approuver ce mot de Communauté. i. Rougemont Denis de, « Les foyers de culture
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
102 s de Rougemont réagit (14 novembre 1952)k Sous ce titre de « La Suisse et l’Europe », notre collaborateur M. René-Henri
103 confrère ont ouvert la porte à un vaste débat sur ce sujet de la constitution de l’Europe et de la position de notre pays
104 suis très heureux que votre journal ait institué ce débat, qui est réellement vital pour la Suisse, et si je tiens à y pa
105 iciper, c’est que je suis réellement très loin de ce que dit le professeur Rappard. Ce que je préconise, ce n’est certes p
106 nt très loin de ce que dit le professeur Rappard. Ce que je préconise, ce n’est certes pas une européanisation de la Suiss
107 e dit le professeur Rappard. Ce que je préconise, ce n’est certes pas une européanisation de la Suisse, mais bien au contr
108 spirerait de l’expérience fédéraliste suisse. Or, ce qu’a déclaré M. Rappard me touche personnellement, car j’ai beaucoup
109 hove-Kalergi, et le projet de Briand de 1923l. Et ce qui me surprend le plus chez M. Rappard, c’est qu’il semble avoir oub
110 les sont les proportions de cette séparation ? De ce côté-ci du fameux rideau, nous sommes quelque 320 millions, tandis qu
111 mps de bataille de Villmergen et du Sonderbund… À ce taux-là, la France et l’Allemagne en ont également. Des traditions co
112 u passé le plan Marshall ! Quant au plan Schuman, ce n’est plus un projet mais une réalisation en cours… Non, voyez-vous,
113 dant qui ne peuvent nous laisser indifférents, et ce sont ceux de notre économie, puisque, comme le note M. Rappard, notre
114 changes de la Suisse ! Mais à notre point de vue, ce 40 % est-il vraiment si négligeable ? Est-il proportionnellement infé
115 f au lieu de nous contenter de traiter de chimère ce plan qui est entré maintenant dans sa phase de réalisation. Mais ne c
116 un début, et non seulement elle ne s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais elle le souhaite. E
117 s une seule et même alliance ? » Alors quoi : est- ce à dire que nous devions entrer dans l’Alliance atlantique, avec ceux
118 oire, nos grands amis politiques » ? Certes non ! Ce serait, pour le coup, renoncer à notre neutralité. Or, la neutralité
119 ropéen. À nous de rechercher une adaptation. Mais ce que je trouve le plus étonnant dans ces déclarations de M. Rappard, c
120 que sa conclusion est en contradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’il ne craint pas d’inclure l’alliance militaire
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
121 e-Bretagne, l’Irlande, la Grèce et la Turquie. Et ce qui reste après toutes ces amputations, vous avez le front de dire qu
122 lions d’habitants, contre 332 millions à l’ouest. Ce n’est donc qu’un peu plus d’un cinquième des Européens que nous perdo
123 lus de 155 millions d’habitants ? Si vous appelez ce groupe la « Petite Europe », disait l’autre jour Jean Monnet, parlez
124 rocédés, de maîtres et de disciples, presque tout ce qui compte dans la peinture, dans la musique et dans l’architecture e
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
125 en Occident. Une dizaine de pays prennent part à ce concours. Belle occasion pour les auteurs et les acteurs, les metteur
126 n aussi, pour le public, de prendre conscience de ce fait que l’art n’est pas le produit d’une nation mais de toute une cu
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
127 ient à l’esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit, j’avais reconnu la grandeur d’un ton, d’un style, d’un
128 omo » de saint Anselme. Kassner gravite autour de ce mystère, l’approche par le moyen de paraboles, de questions, de compa
129 disposons-nous, qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-dire d’âme. « La faculté principale de
130 comparer » remarque Montesquieu, et il ajoute : «  Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une cho
131 tres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. » Ainsi Kas
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
132 on ne saurait la délimiter. Mais il y a plus dans ce cas particulier, car au contraire de ce que l’on pourrait croire de l
133 plus dans ce cas particulier, car au contraire de ce que l’on pourrait croire de la plupart des civilisations antiques, as
134 une bombe H vérifie cette harmonie préétablie, ou ce mariage de notre esprit et du cosmos pour le meilleur et pour le pire
135 es : on parle alors de désintégration — mais tout ce vocabulaire est à reprendre. 3) L’Occident ne saurait se désintégrer,
136 de l’antimatière pourrait marquer symboliquement ce seuil. Rien de plus congénial au mouvement dialectique, au complexe d
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
137 efficacité. Il resterait gratuit, au pire sens de ce terme. On ne voit donc pas d’objet concret à une discussion, aujourd’
138 tous les autres pays. Ici encore, on ne voit pas ce que l’abandon de notre neutralité pourrait changer à la situation. To
139 l’Europe et de la Suisse en Europe. Je précise : ce ne sont pas les partisans de la fédération européenne, les Schuman, l
140 t jamais sommés de renoncer à la neutralité, mais ce sont les partisans de la neutralité-tabou qui nous somment, nous fédé
141 renoncer à toute idée de construction européenne. Ce n’est pas nous qui opposons fédération de l’Europe et neutralité suis
142 man, nous ne sommes pas prêts à juger négligeable ce client n° 1 !) Les fédéralistes font remarquer que les grands industr
143 l’existence de 15 divisions suisses (la moitié de ce que demandait Eisenhower pour toute l’Europe) et la nécessité techniq
144 urope, jusqu’au jour où l’Europe sera fédérée : à ce moment seulement, mais de toute évidence, la neutralité suisse perdra
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
145 le au Moyen Âge et elle avait atteint au début de ce siècle une espèce d’unité matérielle : le voyageur pouvait la travers
146 Mais d’où proviennent ces confusions courantes ? Ce qui fausse notre optique moderne, c’est le phénomène national. L’espr
147 tranche très mince de l’immense aventure humaine. Ce manque d’épaisseur historique du nationalisme suffirait à nous rendre
148 isme, anticléricalisme) ou bien imitent à rebours ce qu’elles combattent, ou bien prétendent faire mieux mais dans le même
149 ngage est le même, il dérive de la théologie, fût- ce à travers Hegel et Marx. De Kierkegaard à Heidegger, puis Sartre, les
150 s des âges sans frontières. Et enfin, et surtout, ce que nous avons de commun, c’est une certaine passion de différer, une
151 le, certaine littérature aussi pour laquelle tout ce qui est national est sacré, entretiennent un esprit nationaliste qui
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
152 re passion de différer les uns des autres : c’est ce que nous avons tous en commun. J’écris en ce moment un livre qui sera
153 ’est ce que nous avons tous en commun. J’écris en ce moment un livre qui sera intitulé : Le Sens de nos vies x, et dans le
154 u la notion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour l’interdire et la détruire, et peut-être commence
155 ns… Mais nous nous éloignons de notre sujet… Tout ce que je viens de vous dire résume la phase doctrinale de mon européani
156 dre vos textes de 1939 et 1940 : c’est exactement ce que notre congrès attend. » Ainsi fut fait. Mon discours publié en br
157 nents. C’est à nous de trouver le contrepoison de ce nationalisme. Mais d’autre part il y a nos forces réelles, dont il fa
158 l faut prendre conscience. Vous savez que c’est à ce réveil de la conscience européenne que sont consacrés tous les effort
159 preuve que la fédération est ferme et solide. Et ce sera aussi l’aboutissement de ce que j’ai appelé la mission de la Sui
160 me et solide. Et ce sera aussi l’aboutissement de ce que j’ai appelé la mission de la Suisse. Je vais vous citer deux alex
161 x. Aucun livre de Rougemont n’a été publié sous ce titre, mais un essai paru dans la revue Preuves en juin 1952. L’Aven
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
162 e « absurde », etc. Cependant, je ne vois pas que ce thème, partout mentionné, ait été vraiment discuté, jusqu’ici. Du déf
163 mais demandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’ils entendent exactement par là ? De quel Dieu s’agit-il, en somme
164 e ? Exiger sur tout cela un peu d’honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir quelques difficultés inextricables
165 sée du type occidental. Gardons-nous d’admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils aient voulu dire simplement : « Pou
166 ure — qu’ils aient voulu dire simplement : « Pour ce qui me concerne, Dieu n’existe plus », car il n’y aurait là rien de n
167 argement reniés. Ils insistent, au contraire, par ce tour dramatique au goût de l’immédiate après-guerre, sur la nouveauté
168 écrivant un jour ceci : « La réfutation de Dieu : ce n’est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout au
169 dont je parle, J.-P. Sartre. L’argument majeur de ce philosophe ne porte pas, bien entendu, sur l’essence de Dieu et du di
170 trui), mais au sens de « capable de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui
171 e plus précise, d’individualiste petit-bourgeois. Ce rapide examen des sources nous ramène à des prises de position peu co
172 . Car où bien « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas il ne peut pas mourir ; ou bien il signifie la Vie, l’Éternité, l
173 Total, l’Être en soi, l’Inconnaissable, et, dans ce cas, dire qu’il est mort, revient à faire du bruit avec la bouche. Ca
174 ire que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, cela reviendrai
175 ort, cela reviendrait à dire que l’on sait tout ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après avoir vécu en ta
176 absurdités que je viens d’énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même aisément explicable. Un Dieu personn
177 lée et étudiée que dans le noyau de l’atome, dans ce cœur du réel physique. Si nos savants s’étaient bornés à considérer d
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
178 Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)y J’entends dire tous les jours
179  ! ». La phrase est plus vraie qu’on ne le croit. Ce ne sont pas seulement des palaces et quelques belles villas qu’« occu
180 tuelle — MM. Bidault et Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un
181 e et l’Allemagne par le moyen de leur fédération, ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux
182 ation, ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait fermer l’Europe aux armées rouges. Sous la double poussée de l
183 eur crier de Genève ? y. Rougemont Denis de, «  Ce petit cap de l’Asie », Jeune Europe, Paris, 1 juin 1954, p. 1 et 8.
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
184 ins d’un député sur dix ait pris la peine de lire ce texte de 96 pages, plus aride mais bien moins compliqué qu’un roman p
185 ès France à le ratifier — ou non — vers la fin de ce mois. C’est dire que le lecteur moyen a bien le droit de demander à s
186 en première ligne ? C’est pour tenter de résoudre ce dilemme que fut conçue la CED. — Contre l’opinion (à l’époque) des di
187 r, plus connue sous le nom de plan Schuman. C’est ce traité qu’ont déjà ratifié la Hollande et le Luxembourg, puis l’Allem
188 six pays porteront le même uniforme. (Mais n’est- ce pas déjà le cas, à quelques détails près ?) Les généraux de corps d’a
189 is dans n’importe lequel des pays membres. (C’est ce qui s’est passé déjà pendant les deux dernières guerres.) Enfin, les
190 une Assemblée parlementaire, qui existent déjà : ce seraient en effet la Cour et l’Assemblée du plan Schuman. Voilà donc
191 des polémiques soulevées, en France surtout, par ce projet ? Si l’on cherche à comprendre objectivement les arguments ant
192 allemand par d’anciens feldweibel hitlériens ? » Ce serait en effet scandaleux pour le sentiment national des résistants
193 eurs, et tend à leur faire croire le contraire de ce qui est. Nous avons vu que le premier souci des auteurs français du t
194 e possible. J’entends et lis aussi des phrases de ce genre : « Ce traité désastreux va supprimer d’un trait de plume notre
195 ’entends et lis aussi des phrases de ce genre : «  Ce traité désastreux va supprimer d’un trait de plume notre glorieuse ar
196 me armée, sur la base du même traité. Si vraiment ce traité signifie la disparition de l’armée française, il empêche pour
197 c’est-à-dire si elle refuse la CED, alors et dans ce cas précisément, elle tombera sous la dépendance des USA ; et cela ma
198 sterait. Ils veulent donc une Europe divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme : il faut donc le flatter et r
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
199 ssistant à la bataille de Valmy, s’écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle ». C’est en effet au cri d
200 a bataille de Valmy, s’écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle ». C’est en effet au cri de « Vive la
201 ue les Français durent la victoire. Remarquez que ce cri, à ce moment-là, ne signifie point : « Vive la France ! » — pas d
202 nçais durent la victoire. Remarquez que ce cri, à ce moment-là, ne signifie point : « Vive la France ! » — pas davantage q
203 e « Gott mit uns ! » aussitôt exaucé, puisque par ce seul cri la bataille sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme
204 fait du peuple tout entier, mais d’un parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À l’intérieur du pays, la première
205 sente la nation comme une croisade pour l’idée. «  Ce ne sont pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnen
206 atholiques, protestants et agnostiques « oubliant ce qui les divise » doivent se sentir « Français d’abord », nulle Église
207 e de la nation où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de
208 en 1914. Et l’Europe depuis lors se trouve devant ce choix, dont nous devons la rendre consciente : ou bien aller vers la
209 Nous reviendrons sur les conséquences à tirer de ce diagnostic. ⁂ Un autre élément du nationalisme profondément induré da
210 doute la possibilité d’une Europe unie. Dissocier ce conglomérat monstrueux, réfuter cette confusion séculaire, la ridicul
211 ies locales, nation et langue, il a voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’est ainsi que le charbon est deven
212 tion. Nulle part, l’État ne trahit mieux que dans ce domaine son mépris foncier des hommes. Car l’autarcie implique que le
213 ne biologie soviétique et une algèbre allemande ? Ce que l’on donne au nationalisme, chez nous, au nom de quoi le refusera
214 ussi l’agent principal de l’expansion européenne. Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’Europe comme telle, qui
215 tion créatrice. Il serait bien utile de prolonger ce parallèle dans le domaine de la biologie et de la psychologie : je le
216 comme le droit d’appartenir à plusieurs clubs !) Ce pluralisme redouté par le nationaliste, interdit par le totalitaire,
217 , et de l’appui d’intérêts privés décidés à payer ce qu’il faut. Mais nous avons sur eux l’avantage important de défendre
218 on qu’elle respecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à dire : « Je veux bien me marier, mais à condition de re
219 l’un des plus stables du monde, depuis un siècle. Ce que l’on sait moins, c’est la manière dont ce régime fédéraliste parv
220 le. Ce que l’on sait moins, c’est la manière dont ce régime fédéraliste parvint à se faire accepter par les 22 cantons qui
221 rfaitement souverains. Tout le monde admettait, à ce moment, que les alliances qui existaient depuis des siècles entre les
222 simple confédération, croyant dissimuler derrière ce petit préfixe leur qualité d’adversaires réels de l’union. Mais là en
223 lus libéral que planificateur, et il doit refuser ce faux dilemme, pour la même raison qu’il refuse de choisir entre les a
224 ouple et sans cesse réajustée de distinguer entre ce qui doit être mis en commun pour mieux fonctionner, et ce qui doit re
225 oit être mis en commun pour mieux fonctionner, et ce qui doit rester autonome pour mieux vivre et créer. Économiquement, c
226 sensibilité fédéraliste s’irrite immédiatement à ce langage, révélateur des plus dangereux réflexes nationalistes. S’il
227 que suédoises ne présente qu’un médiocre intérêt. Ce n’est pas en tant qu’Italien que Raphaël m’intéresse, ni Shakespeare
228 nal d’un peuple sont en général les plus mauvais. Ce n’est pas Mallarmé, ni Renoir, c’est Déroulède et Detaille qui représ
229 dans des cadres administratifs ou nationaux ; et ce n’est pas une libération surveillée des échanges de prison à prison q
230 t caractères nationaux, nous leur dirons : qu’est- ce que votre « génie national » s’il a besoin d’être entouré par des dou
231 quer de front, franchement, une fois pour toutes, ce qui inspire toutes les résistances à notre union : l’esprit nationali
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
232 cédés fascistes. Le risque est là, bien sûr, mais ce n’est qu’un risque. Et pourtant, à certains, il apparaît si grand que
233 facile à définir, sans doute. Pas un slogan. Mais ce fait et ce mode d’expérience — comme l’eût dit John Dewey, leur grand
234 finir, sans doute. Pas un slogan. Mais ce fait et ce mode d’expérience — comme l’eût dit John Dewey, leur grand aîné — qu’
235 l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est
236 r à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est
237 un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est plutôt un réseau d’amitiés agi
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
238 elle, pour faire face, il fallait d’abord croire. Ce fut là son mérite historique. Et si les faits lui ont donné tort, si
239 iennent pour capital leur rôle dans la défense de ce pays, pendant la dernière guerre mondiale. Mais nous sommes au-delà,
240 : succédant à Grandeur de la Suisse, voici Qu’est- ce que l’Europe ? et l’annonce d’un grand œuvre consacré à la formation
241 péen qui ait autant besoin que le nôtre d’exercer ce que Reynold appelle « l’imagination historique ». On sait quels préju
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
242 rds de Londres. Londres a réalisé dans l’euphorie ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce quelle avait pour ob
243 ce que la CED était accusée à tort de préparer ; ce quelle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait
244 e quelle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’instant qu’on la rejetait, sous prétex
245 stant qu’on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’elle seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement c
246 ait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce vertige de contradictions ? Il y faudrait une parabole. En voici une.
247 r proposa un vaccin. Ayant remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme il arrive en général, ils
248 oriens futurs le soin de tirer les conclusions de ce pataquès exemplaire, nous nous bornons ici à relever deux faits : — L
249 : rien n’est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation europé
250 péenne publiés depuis 1947 dans les seize pays du CE et en Suisse, s’élève à quatre-cent-quatre-vingt-onze. Leur tirage to
251 Rougemont est extrait du ">n° 6 du bulletin de ce Centre (122, rue de Lausanne). ad. Rougemont Denis de, « Rien n’est
23 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
252 a qualité et le prestige des meilleurs. ⁂ Qu’est- ce qu’un bon festival de musique ? Telle est la première question que s’
253 Pratiquement, l’association s’efforce d’atteindre ce but par les moyens suivants : La publication annuelle de la brochure
254 e — permet à tous les festivals membres de savoir ce qui a été fait par d’autres et dans quelles conditions, quelles sont
24 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
255 « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)ag Je vivais en ce temps-là, terminant m
256 n ce temps-là… » (janvier 1956)ag Je vivais en ce temps-là, terminant mes études, dans la petite ville de Neuchâtel, et
257 subversive bien entendu. L’un des deux temples de ce culte (l’autre étant comme on pense la NRF ) se cachait derrière une
258 evant l’objectif — bien nommé — de Gisèle Freund. Ce choix des élus d’Adrienne, qu’on pourrait publier en album, ne ferait
259 savoureux naturel ! Aurions-nous perdu avec elle ce qu’elle a servi mieux qu’elle-même, et plus gracieusement que personn
260 onne ? ag. Rougemont Denis de, « ‟Je vivais en ce temps-là…” », Mercure de France, Paris, janvier 1956, p. 50-51.
25 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
261 Bernard de Clairvaux et Abélard sont les pôles de ce drame dans l’Église, et au niveau de la spéculation. Mais hors de l’É
262 ucoup professent que l’homme étant divin, rien de ce qu’il fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait engager
263 rgi de l’âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant porter par lui, mais comme pour mieux le c
264 (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdip
265  : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est d’autant plus contraignant que la
266 r la situation psychique et éthique de l’homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impliqué bon gré ma
267 on, voire d’une divinisation du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver la contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en
268 quer le succès si rapide d’une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un Languedoc, une Italie du Nord, une Germanie rh
269 ou cicatrices mentales tout inconscientes et, de ce fait, aisément confondues avec l’instinct. Elles furent tantôt des ar
270 ient à la Déesse… Le culte se concentre autour de ce principe cosmique féminin ; la méditation tient compte de ses « pouvo
271 d’Amour » sont donc déjà fixées, comme un rituel. Ce sont Mesure, Service, Prouesse, Longue Attente, Chasteté, Secret et M
272 e longtemps attendre et que je n’aie point d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Prene
273 cle, ceux de la dernière génération expliciteront ce que leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus de l’amour courtois
274 liciteront ce que leurs modèles avaient chanté. «  Ce n’est plus de l’amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se
275 et des drames, et non plus seulement pour chanter ce que l’on pourrait encore tenir, chez les troubadours du Midi, pour un
276 pothèse que j’avais mentionnée au chapitre VII de ce livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — selon
277 en dépit de certaines imprudences d’expression. ( Ce sont elles, par malheur, qui ont le plus fait pour assurer le succès
278 r inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en la personne du pape Innocent
26 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
279 4 février 1956)ai aj Pourquoi aviez-vous écrit ce livre ? L’amour des découvertes ? Mon propos initial était assez simp
280 : on fonde aujourd’hui le mariage sur la passion, ce qui est une stupidité car c’est confondre l’amour pour la mort avec l
281 ement mon sujet : il ne s’agissait plus d’exposer ce que j’appelle la crise contemporaine du mariage mais d’aller véritabl
282 e nous présente l’amour comme lié à la mort, avec ce goût de cendres tel que l’Occident a pris l’habitude de le considérer
283 l’amour et l’amour de la mort sont-ils apparus à ce moment-là ? Il faut relier l’amour courtois à l’hérésie néo-manichéen
284 ession. J’eus le bonheur de voir qu’il confirmait ce que j’avais avancé. C’est pourquoi je propose aujourd’hui une nouvell
285 u une vertu. Le cinéma fournit assez de preuves à ce que j’avance. Fonder le mariage sur l’amour-passion est un monstrueux
27 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
286 es parois à peine moins translucides que le ciel, ce temps de création du monde juste avant l’homme, c’est ma Suisse telle
287 e, alimentation rationnelle… Comment bouger, dans ce complexe bien réglé ? N’oublions pas que l’horlogerie est une science
288 itable voyage, on s’en tire en coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux mesures de musique russe indéfini
289 la découverte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui en ouvre une autre, tand
290 années américaines et plus que jamais frappé par ce trait national — le seul sans doute, chez nous, qui mérite l’adjectif
291 adjectif — je me disais : « C’est notre force, et ce sera peut-être un jour, au dernier jour — car les plus belles histoir
292 que j’en croie mes yeux, la confiance règne. Mais ce miracle est si bien déguisé en exacte banalité que les Suisses le pre
293 ge courant, c’est le normal qui est exceptionnel. Ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner l
294 s d’être là, on les refoule. J’ai cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît de plus en plus enclin à respecter
295 latté, mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire, ce qui m’effraye encore un peu, bien que je voie venir le jour où certai
296 vieux monsieur en noir, au col rond, dur et haut, ce doit être un évêque anglican, somnole. En face de lui, la beauté même
297 s. Ils traversent et passent, rien ne les touche. Ce sont aussi, et pour la même raison, des transparents. (Avez-vous rema
298 ecine de France, Paris, août 1956, p. 33-35. al. Ce texte est une nouvelle version, remaniée, de « La lutte des classes »
28 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
299 le citer en exemple. Mais combien savent comment ce modèle d’un système politique fédéral a pris naissance en 1848 ? Un
300 1798. L’essai d’unification jacobine entrepris à ce moment-là sous le nom de « République helvétique une et indivisible »
301 nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de ce
29 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
302 s. Vous connaissez les faits. Inutile de rappeler ce qui se passe. Aidez la Hongrie. Aidez le peuple hongrois. Aidez les é
303 voulaient que leur combat survive à leur défaite. Ce message doit être entendu, cet appel propagé dans le monde entier. Ch
304 équences pratiques. Pour notre part, nous pensons ce qui suit : Serrer la main d’un communiste occidental, qui approuve «