1
tous que le salut reste encore possible, mais qu’
il
suppose deux conditions premières : la liberté et la paix. Si l’on no
2
ix et la liberté sont en réalité indivisibles, qu’
elles
sont la condition l’une de l’autre et pratiquement synonymes. J’espèr
3
n premier lieu par la menace totalitaire, d’où qu’
elle
vienne. Nous savons que la phase actuelle de la lutte contre la tyran
4
i nous inquiète pour la paix, car nous pensons qu’
ils
aiment la paix, un peu comme le chat aime la souris et nous avons des
5
is longtemps et d’autres textes plus récents d’où
il
ressort, par exemple, que le but du Kominform, en lançant ses appels
6
aïfs dans nos pays, 14 millions en Europe, paraît-
il
, ont succombé à ce raisonnement d’une écrasante simplicité dans le so
7
ris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot.
Il
est très facile, à mon avis, de distinguer entre le mot paix et la ré
8
inguer entre le mot paix et la réalité vivante qu’
il
devrait désigner. Ceux qui prétendent défendre la paix sans vouloir e
9
’est pas défendue quand la liberté ne l’est pas ;
elle
n’est donc nullement défendue par les « Partisans de la Paix ». À nou
10
paix — d’un terme militaire bien caractéristique.
Il
s’agit de ce qu’on appelait jadis — naguère — une préparation d’artil
11
tester la propagande, mais on ne veut pas nier qu’
elle
existe et qu’elle joue — avec quel succès ! — contre tout ce que nous
12
de, mais on ne veut pas nier qu’elle existe et qu’
elle
joue — avec quel succès ! — contre tout ce que nous aimons. On peut a
13
e pas. Pasteur aussi détestait les microbes, mais
il
a su les employer, les enrôler, pour ainsi dire, au service de la san
14
cette manière la propagande pour vacciner contre
elle
les masses, qu’elle vise d’abord, et les élites aussi qui ne sont pas
15
opagande pour vacciner contre elle les masses, qu’
elle
vise d’abord, et les élites aussi qui ne sont pas moins contaminées.
16
mais au contraire, de réveiller les consciences.
Il
n’est pas de répandre une mystique qui promet la lune pour demain, ma
17
perdons un jour, nous penserons dans les camps qu’
elles
méritaient pourtant qu’on les défende. La démocratie n’est pas une pa
18
les défende. La démocratie n’est pas une panacée.
Elle
ne résout aucun des grands problèmes humains et personnels, mais s’il
19
es grands problèmes humains et personnels, mais s’
ils
sont un jour résolus sans équivoque derrière les barbelés, nous compr
20
voque derrière les barbelés, nous comprendrons qu’
il
eût peut-être mieux valu s’occuper de ces problèmes pendant qu’on le
21
r informer les peuples libres sur la liberté dont
ils
vivent, qu’ils ignorent, comme l’air qu’ils respirent et qu’ils perdr
22
peuples libres sur la liberté dont ils vivent, qu’
ils
ignorent, comme l’air qu’ils respirent et qu’ils perdraient demain, s
23
dont ils vivent, qu’ils ignorent, comme l’air qu’
ils
respirent et qu’ils perdraient demain, s’ils ne se réveillaient pas…
24
’ils ignorent, comme l’air qu’ils respirent et qu’
ils
perdraient demain, s’ils ne se réveillaient pas… Pour nous, la défens
25
r qu’ils respirent et qu’ils perdraient demain, s’
ils
ne se réveillaient pas… Pour nous, la défense de la paix suppose des
26
défense de la paix suppose des moyens de liberté,
elle
suppose la libre discussion. Nous voulons des moyens conformes à notr
27
aturelles ne la destinaient fatalement au rôle qu’
elle
a pourtant joué. D’autres facteurs sont donc intervenus. En fait le r
28
en mieux les libertés de la personne. C’est là qu’
il
faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle,
29
endante, donc de nos libertés les plus concrètes.
Il
s’en faut cependant, hélas ! de beaucoup, que la plupart de nos conte
30
secret de leur force. Ce qui est sérieux, croient-
ils
, ce sont les armements ou les échanges économiques, voire même le jeu
31
ait que cette phrase ait paru toute naturelle, qu’
elle
reflète donc un état d’esprit courant, voilà qui prouve que notre cul
32
comparer la culture à de la broderie, accepter qu’
il
en soit ainsi, le laisser croire, c’est renoncer d’avance à nos meill
33
la science linguistique dans son empire ou lorsqu’
il
lance une offensive contre la conception chrétienne du monde — sur un
34
e — sur une base purement scientifique, déclare-t-
il
— avec l’aide de 500 000 propagandistes entraînés, munis de films, d’
35
ses campagnes culturelles, soyez bien certains qu’
il
ne joue pas aux vieilles dames, qu’il ne fait pas de la broderie, et
36
certains qu’il ne joue pas aux vieilles dames, qu’
il
ne fait pas de la broderie, et que les armées qu’il met en marche son
37
ne fait pas de la broderie, et que les armées qu’
il
met en marche sont plus redoutables encore que celles qu’évoquait M.
38
eulent occuper bien autre chose que des terrains,
elles
veulent occuper le cœur et les esprits de ceux-là mêmes qui pourraien
39
ul fait que nous existons dorénavant, me semble-t-
il
, peut rendre à beaucoup un espoir. Quelques-uns répondent, enfin, pou
40
rquoi. On peut tout fabriquer, ou presque, paraît-
il
. L’homme synthétique n’a pas encore vu le jour, il est vrai, mais nou
41
l. L’homme synthétique n’a pas encore vu le jour,
il
est vrai, mais nous ne perdons rien pour l’attendre : il est déjà con
42
vrai, mais nous ne perdons rien pour l’attendre :
il
est déjà conçu, il naîtra donc. Cet homme sera tout ce qu’on voudra,
43
perdons rien pour l’attendre : il est déjà conçu,
il
naîtra donc. Cet homme sera tout ce qu’on voudra, mais jamais un Euro
44
quer soit un Yankee, soit un citoyen des Soviets (
il
faut toujours partir des cas les plus faciles). Pour réussir un bon A
45
mith, changez son arbre généalogique. Déclarez qu’
il
descend en droite ligne des émigrants venus d’Angleterre sur le fameu
46
gleterre sur le fameux bateau nommé le Mayflower.
Il
semble bien que cette caravelle ait transporté plusieurs centaines de
47
ne sauraient être additionnés dans un seul homme.
Ils
ne pourraient que se neutraliser et s’annuler réciproquement. La véri
48
à différer de son voisin et des modèles fournis.
Il
n’existe donc pas, il ne peut exister d’Européen moyen, résumant les
49
sin et des modèles fournis. Il n’existe donc pas,
il
ne peut exister d’Européen moyen, résumant les vertus et les défauts
50
rtus et les défauts contradictoires du continent.
Il
n’y a que des Français, des Danois, des Croates, des parpaillots, des
51
et des partisans motorisés de la paix concentrée.
Il
n’y a que des hommes habitués à différer les uns des autres, et c’est
52
sent le continent. Mais nous venons de montrer qu’
il
serait vain de rêver cette union sous forme de mélange. Il nous faut
53
vain de rêver cette union sous forme de mélange.
Il
nous faut faire l’Europe, voilà le vrai problème. Pour la faire, il n
54
l’Europe, voilà le vrai problème. Pour la faire,
il
nous faut partir des quelque 300 millions d’hommes réels qui peuplent
55
réels qui peuplent la partie libre du continent.
Il
faut les prendre comme ils sont, avec leurs vingt nations, leurs troi
56
tie libre du continent. Il faut les prendre comme
ils
sont, avec leurs vingt nations, leurs trois religions, leurs douze la
57
supérieures à celles du pays d’à côté. Et puisqu’
il
faut baser l’union sur quelque chose qui soit commun à tous, le probl
58
ndre à ces 300 millions d’hommes et de femmes, qu’
ils
ont tous en commun, précisément, leur volonté de rester chacun soi-mê
59
ient un jour — angoissante pour l’adolescent — qu’
il
est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Ce qu’
60
’adolescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’
il
est un cas absolument unique. Ce qu’il y a de plus européen chez les
61
chez les habitants de notre cap, c’est l’idée qu’
ils
ont tous d’appartenir d’abord à une famille, à une région, à une patr
62
une coutume ou une langue, bien distinctes, et qu’
ils
perdraient leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière
63
sont à peu près les mêmes chez tous nos peuples.
Elles
sont tout autres, et parfois même absentes en Russie soviétique et en
64
ersonnelles. C’est pour sauver ces différences qu’
il
faut maintenant nous fédérer. Si nous voulons rester Français, Vaudoi
65
ais ou Saxons, si nous voulons rester nous-mêmes,
il
n’y a plus une minute à perdre : il nous faut combiner nos ressources
66
r nous-mêmes, il n’y a plus une minute à perdre :
il
nous faut combiner nos ressources. Faute de former à temps cette libr
67
t en fait de notre droit de différer, sans lequel
il
n’est point de dialogue créateur. Et que c’est cela qui fait la valeu
68
que c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’
il
n’est plus d’espoir que dans l’union, — celle qui veut surmonter nos
69
aine en soi, on en vient vite à ne plus savoir si
elle
existe ou non, si elle est légitime ou non comme idéal ou comme réali
70
t vite à ne plus savoir si elle existe ou non, si
elle
est légitime ou non comme idéal ou comme réalité. Mais un homme en pr
71
éal ou comme réalité. Mais un homme en prison, qu’
il
soit intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu. Il n’en
72
soit intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’
il
a perdu. Il n’en demande pas la définition. Il en exige la jouissance
73
ctuel ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu.
Il
n’en demande pas la définition. Il en exige la jouissance immédiate,
74
qu’il a perdu. Il n’en demande pas la définition.
Il
en exige la jouissance immédiate, à n’importe quel prix. En ce milieu
75
me totalitaire, et qui n’ont pas nos libertés, qu’
ils
jugent trompeuses. Tous les autres motifs de conflit que l’on pourrai
76
t pas pour distinguer nettement les adversaires :
il
serait possible de discuter longtemps pour savoir de quel côté du rid
77
pratique, promise ou réalisée. Par contre, ce qu’
il
est impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tous, des
78
liberté, et que les autres veulent la dictature.
Ils
la préfèrent — provisoirement disent-ils — à notre liberté qu’ils nom
79
ctature. Ils la préfèrent — provisoirement disent-
ils
— à notre liberté qu’ils nomment purement « formelle », affirmant que
80
— provisoirement disent-ils — à notre liberté qu’
ils
nomment purement « formelle », affirmant que leur dictature prépare u
81
ure prépare une liberté « réelle ». Mais alors, s’
il
est clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-il pas urge
82
r que l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-
il
pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des libert
83
nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-
elles
purement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et sommes-nous prêts
84
déjà battus. Pour gagner, mais alors à coup sûr,
il
faut que nous soyons en état de répondre instantanément, avec une con
85
ondre instantanément, avec une conviction totale.
Il
faut que nous répondions ceci : « Nous n’avons pas besoin comme vous
86
ssé que nous défendons, mais bien les libertés qu’
il
a conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien plus :
87
! » Ce langage seul peut nous sauver. Encore faut-
il
que nous soyons en mesure de le tenir sans équivoque, et en pleine co
88
ues aux peuples qui en ont grand besoin, parce qu’
ils
n’ont pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence
89
demandez : quelles sont nos chances ? Je dirai qu’
elles
dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’un général américa
90
’écrivains ont si bien voyagé, et mieux dit ce qu’
ils
avaient vu. La plupart se rendaient trop visibles ou trop sensibles,
91
trop sensibles, aux dépens de leurs découvertes ;
ils
rapportaient des états d’âme ; mais lui, de ses Dépaysements f, nous
92
e, interrogée sur place, ou vue du Proche-Orient.
Il
avouait une curiosité « inextinguible », non celle du reporter mais c
93
, non celle du reporter mais celle du moraliste :
il
la définissait comme « une puissance d’adhésion, qui tantôt s’identif
94
ce, le conçoit et le définit ». Et je constate qu’
il
l’appliquait de préférence au phénomène unique par ses variétés mêmes
95
i sera le lit de l’hitlérisme, un peu plus tard :
il
a senti l’appel aux passions collectives, aux philosophies de combat,
96
ns collectives, aux philosophies de combat, et qu’
il
ne fallait pas laisser ce peuple « dans les ténèbres du dehors, mais
97
rs, mais le ramener à la communauté européenne ».
Il
a, l’un des premiers, ravivé l’idéal de cette communauté indispensabl
98
e la SDN, peuvent nous paraître hors de saison, s’
il
est vrai que le spectacle des Nations unies réduit à peu, sinon à rie
99
t je ne vois pas encore l’égal dans notre époque.
Il
en est de plus « efficaces », non de plus justes, et peu de plus actu
100
, naturel et concis. C’est dans le fédéralisme qu’
il
voit « la base de l’internationale moderne ». C’est de la nécessité,
101
st de la nécessité, plutôt que d’une mystique, qu’
il
attend « la refonte de l’Europe ». C’est par la civilisation « grecqu
102
ite Europe, toute seule dans un monde en tumulte,
il
faudra bien qu’elle comprenne que ses rivalités intérieures sont arch
103
seule dans un monde en tumulte, il faudra bien qu’
elle
comprenne que ses rivalités intérieures sont archaïques » et qu’au-de
104
e. « L’Europe vassale ! Cette perspective ne va-t-
elle
pas nous mettre debout ? Avons-nous donc cessé d’être des mâles, qui
105
ue, le snobisme oriental, le snobisme nègre n’ont-
ils
pas assez duré, avec leur goût de veulerie et de reniement ? » Et je
106
de même !… » Mais aussitôt, rectifiant la tenue,
il
propose la formule conciliatrice et constructive : « Héritiers magnif
107
ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’
ils
se rapprochent donc pour mieux en délibérer. Qu’ils fassent, avec san
108
s se rapprochent donc pour mieux en délibérer. Qu’
ils
fassent, avec sang-froid, l’inventaire de leur patrimoine commun. La
109
es ne se perdent pas dans une extase somnolente :
ils
sont actifs. » Enfin cette page dans le grand style du libéralisme vi
110
firmant son unité conquise sur des différences qu’
elle
ne détruirait pas pour autant, elle donnerait au monde un exemple à s
111
ifférences qu’elle ne détruirait pas pour autant,
elle
donnerait au monde un exemple à suivre. Contre les dangers du dedans,
112
n exemple à suivre. Contre les dangers du dedans,
elle
aurait conclu un pacte d’alliance entre ses fils : ce pacte, elle le
113
lu un pacte d’alliance entre ses fils : ce pacte,
elle
le proposerait ensuite à l’univers. Les grands conflits du siècle fut
114
à l’univers. Les grands conflits du siècle futur,
elle
les désarmerait en harmonisant non plus de petits États que divisent
115
écrire à de Traz sur toutes ces choses, ce soir :
il
est trop tard. Il m’était encore plus fraternel qu’une longue amitié,
116
ur toutes ces choses, ce soir : il est trop tard.
Il
m’était encore plus fraternel qu’une longue amitié, dès mon adolescen
117
et de Bruxelles, sur l’idée de culture en Europe.
Il
suit le Mouvement européen de l’extérieur, d’un œil amical et critiqu
118
amical et critique. Pourquoi ce précurseur n’a-t-
il
pas joint l’action dont il avait, bien avant nous, aperçu la nécessit
119
oi ce précurseur n’a-t-il pas joint l’action dont
il
avait, bien avant nous, aperçu la nécessité ? Son style même nous sug
120
, enferment la pensée dans une conclusion claire.
Elles
ne visaient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vr
121
raîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai.
Elles
font confiance à la lucidité. « Est-ce rêver, se demandait-il, que de
122
iance à la lucidité. « Est-ce rêver, se demandait-
il
, que de conseiller à l’Europe… de se reconnaître une mission ? » Non,
123
naître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver,
il
le savait, mais ce n’est plus assez de conseiller. Ce convaincu n’éta
124
même se transformait en une attention passionnée.
Il
voulait être ouvert, plutôt qu’ouvrir. Tous ses personnages romanesqu
125
nesques sont des renfermés, et qui en souffrent :
il
les avait vécus, mais libérés en lui. Modeste et probe avec une discr
126
de série : son intérêt n’en est pas amoindri. Car
il
fournit une connaissance nouvelle de certaines limites de vitesse, de
127
de résistance, ou de maniabilité. Que se passe-t-
il
quand on les atteint ? Jusqu’où peut-on les reculer ? Et à quel prix
128
nce ne fut un écrivain que par accident, semble-t-
il
. Mais cet accident fit sa gloire, et nous donne seul la possibilité e
129
des aventures semblables, mais lui « savait ce qu’
il
était en train de faire, tandis que les autres travaillaient d’instin
130
n’est pas à la seule analyse de l’œuvre en soi qu’
il
faut recourir, mais d’abord il convient de chercher le rôle qu’a joué
131
l’œuvre en soi qu’il faut recourir, mais d’abord
il
convient de chercher le rôle qu’a joué cette œuvre dans le conflit en
132
n du xviiie siècle ne l’est guère moins, bien qu’
il
mette en question, ou raille agressivement, mais de l’intérieur où il
133
, ou raille agressivement, mais de l’intérieur où
il
est installé, les principes de l’ordre existant (Rousseau, à peu près
134
dans le nihilisme, exilés dans la transcendance.
Il
n’y a plus de commune mesure entre celui qui pense et ceux qui agisse
135
sure entre celui qui pense et ceux qui agissent ;
il
n’y a donc plus de communauté réelle. Et c’est pourquoi le xxe siècl
136
dont la valeur importe moins que les épreuves qu’
elle
impose. Nous voici tout près de Lawrence et d’une classe d’écrivains
137
tera sans doute la plus typique de notre siècle.
Ils
sont héros par autre chose que par leur œuvre : par l’action dont cet
138
: par l’action dont cette œuvre témoigne, et dont
elle
tire son efficacité particulière. Car l’action sert de gage aux mots,
139
dans ce sens technique ces hommes sont engagés :
ils
ont payé de leur personne le prix d’une signification. Que ces héros
140
aventure hors de chez eux, sourdement irrités qu’
ils
sont de se sentir étrangers dans leur peuple. S’expatrier devient une
141
e au point, une traduction spatiale du conflit qu’
ils
constatent entre leurs exigences intimes et l’insipidité de la vie dé
142
és au sol », écrit Lawrence, à propos de la RAF.)
Ils
courent leur aventure hors de chez eux, à la fois comme des conquéran
143
ef, et peut-être plusieurs d’entre eux se fussent-
ils
résignés, dans leur pays, à l’état politique existant. Byron, à cet é
144
es générales et les nuancent d’ailleurs autant qu’
il
faut. Si divers que nous les jugions par la valeur morale ou littérai
145
sent à un signe certain : entre eux et le rôle qu’
ils
jouent, souvent à grand péril, il y a toujours une marge de conscienc
146
ement le don mais une certaine facilité. C’est qu’
ils
se sont formés dans un monde où l’erreur entraîne des sanctions imméd
147
s immédiates, où l’exactitude est vitale, soit qu’
il
s’agisse d’un ordre à rédiger ou d’une opération technique. Ces scrup
148
u des syllabes peuvent gâter l’allure d’un texte,
ils
n’en ont cure. Les meilleurs se rattrapent sur un plan plus profond d
149
cependant ambigus : autobiographiques par nature,
ils
livrent peu de confidences. Ils n’avouent guère d’autre ambition que
150
iques par nature, ils livrent peu de confidences.
Ils
n’avouent guère d’autre ambition que celle d’un serviteur de la cause
151
t dûment stylisé. Nés d’un besoin de s’expliquer,
ils
restent obscurs sur un point décisif : celui des fins dernières que p
152
des fins dernières que poursuivait l’auteur quand
il
vivait ce qu’il raconte. On se reporte alors à des écrits posthumes,
153
es que poursuivait l’auteur quand il vivait ce qu’
il
raconte. On se reporte alors à des écrits posthumes, à des lettres ou
154
de le résoudre que l’homme écrit, et que parfois
il
retourne à l’action ; pourtant, ce qu’il nous laisse enfin n’est qu’u
155
parfois il retourne à l’action ; pourtant, ce qu’
il
nous laisse enfin n’est qu’une question, l’exemple d’une « passion »
156
sion peuvent bien suffire à l’intérêt de l’œuvre.
Elles
font pâlir presque toutes nos fictions. Elles nous forcent à croire q
157
re. Elles font pâlir presque toutes nos fictions.
Elles
nous forcent à croire qu’ici, enfin, un homme nous parle avec l’autor
158
buts souverains les justifier ? Si l’on répond qu’
elles
dénudent l’homme dans sa plus sobre vérité, nous demandons alors : qu
159
homme d’une vocation plus vraie que les causes qu’
il
a servies et qui se révèlent toujours, au bout du compte, décevantes
160
aiment le moins les Anglais ; quant à l’honneur,
il
est plus facile de mourir pour lui que d’en vivre ; mieux vaut mourir
161
Le parallèle s’impose entre ces deux figures. Qu’
elles
aient été si différentes à tant d’égards, si contrastées dans leurs d
162
parfaits représentants de leur nation, dans ce qu’
elle
a justement de plus différent de l’autre. L’un protestant et l’autre
163
ussi extrêmes dans leur domaine qu’hostiles entre
elles
: la puritaine et la jésuite. L’un ascète, l’autre bon vivant. L’un c
164
e scrupules dans l’action et plein d’humour quand
il
parlait de son œuvre écrite, l’autre contant ses aventures avec brio
165
voyons maintenant leur personne, j’entends ce qu’
ils
ont fait de ces données natives, et les tensions qu’ils ont instituée
166
t fait de ces données natives, et les tensions qu’
ils
ont instituées entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils se voulaient. Voy
167
et les tensions qu’ils ont instituées entre ce qu’
ils
étaient et ce qu’ils se voulaient. Voyons leur création, leur action,
168
s ont instituées entre ce qu’ils étaient et ce qu’
ils
se voulaient. Voyons leur création, leur action, et leur drame. Une u
169
s, l’un pour des fouilles dans les pays arabes qu’
il
avait étudiés avec passion ; l’autre sur ces avions qu’il essayait dé
170
étudiés avec passion ; l’autre sur ces avions qu’
il
essayait déjà de manœuvrer en cachette à 16 ans. Les deux intellectue
171
ses dans le désert avec les mêmes Arabes. Soit qu’
il
s’agisse de négocier avec ceux-ci pour libérer un camarade pris en ot
172
ou de les inciter à la révolte, dans les deux cas
il
faut parler leur langue, pénétrer leurs modes de penser, s’assimiler
173
leux pour les fonctions sans risques de ceux dont
ils
reçoivent les ordres, donne la mesure de leur sens du service : ils s
174
ordres, donne la mesure de leur sens du service :
ils
se soumettent, non pas au fonctionnaire, mais à la vertu mystérieuse
175
au fonctionnaire, mais à la vertu mystérieuse qu’
ils
attendent de la règle, même injuste. Au reste, leurs plus grandes act
176
ures. Parfois cependant, cet art de persuader (qu’
ils
tiennent en partie des Arabes) leur vaut des appuis surprenants de la
177
appuis surprenants de la part d’un grand chef qu’
ils
savent séduire sans passer par la voie du service. Les voici maintena
178
rades d’équipe sont restés les seuls à connaître.
Ils
se retournent vers le monde des autres, et c’est le début de l’écœure
179
ement. Signe objectif d’une mésentente profonde :
ils
entrent en conflit avec la politique des pouvoirs établis dans leur p
180
ans leur patrie (ou en son nom), ceux-là mêmes qu’
ils
viennent de servir, mais dont les buts ou les méthodes soudain se rév
181
révèlent incompatibles avec l’esprit dans lequel
ils
ont servi. Signe plus personnel : ils avouent dans leurs lettres les
182
dans lequel ils ont servi. Signe plus personnel :
ils
avouent dans leurs lettres les doutes les plus profonds, et les mieux
183
tivés, quant à la valeur de l’action par laquelle
ils
se sont illustrés. (Pour le courage physique, ils n’en parlent jamais
184
ils se sont illustrés. (Pour le courage physique,
ils
n’en parlent jamais qu’avec un scepticisme dénué de coquetterie.) Le
185
rer dans une maison de campagne, avec le livre qu’
ils
portent en eux, toujours le même, et qui doit être un commentaire de
186
intangible » à la mémoire d’un effort collectif.
Ils
n’écrivent pas plus facilement l’un que l’autre ; se vantent parfois,
187
excessive et de leurs ratures infinies. C’est qu’
ils
se refusent aux entraînements de l’idéologie ou du lyrisme, s’appliqu
188
te la morale classique et son langage ; cependant
ils
veulent être simples et n’employer que des mots éprouvés… C’est à ce
189
ampagne, ou d’accepter quelque fonction publique,
ils
reprennent subitement du service. Ils se confondent volontairement da
190
n publique, ils reprennent subitement du service.
Ils
se confondent volontairement dans le rang, pour y subir les disciplin
191
bstant les circonstances historiques différentes,
il
paraît difficile de distinguer leurs vrais motifs, parmi tant de prét
192
er leurs vrais motifs, parmi tant de prétextes qu’
ils
allèguent. S’agirait-il d’une fuite devant leur « personnage », ou d’
193
rmi tant de prétextes qu’ils allèguent. S’agirait-
il
d’une fuite devant leur « personnage », ou d’une réelle passion de se
194
le passion de servir ? Ou serait-ce simplement qu’
ils
n’ont pas le choix, et que la vie parmi les autres, les civils, s’est
195
rence en 1923. L’argent n’est ici qu’un symbole :
il
pouvait en gagner autrement.) Il va de soi que leurs supérieurs, gêné
196
qu’un symbole : il pouvait en gagner autrement.)
Il
va de soi que leurs supérieurs, gênés par ces gloires encombrantes (c
197
n que hantés par leur besoin d’écrire, et bien qu’
ils
ne puissent ignorer qu’à des postes moins anonymes, ils seraient plus
198
puissent ignorer qu’à des postes moins anonymes,
ils
seraient plus difficiles à remplacer. Inextricable nœud d’orgueil et
199
la fin de la foi en eux-mêmes ou dans le rôle qu’
ils
peuvent encore jouer parmi les hommes tels qu’ils les jugent. « J’en
200
ils peuvent encore jouer parmi les hommes tels qu’
ils
les jugent. « J’en suis à désirer sans cesse que le rideau tombe pour
201
erre pour l’autre. Et survient l’accident mortel.
Ils
sont tués par la machine qui avait été la passion de leur vie. Mais l
202
ndant longtemps on refusera de les croire morts :
ils
sont revenus de tant d’autres dangers, et peut-être n’ont-ils disparu
203
enus de tant d’autres dangers, et peut-être n’ont-
ils
disparu que pour assumer d’autres tâches, plus secrètes et plus impor
204
dans sa panique devant une liberté sans contenu.
Il
est des dictateurs de toutes sortes, il est vrai, mais la prostitutio
205
contenu. Il est des dictateurs de toutes sortes,
il
est vrai, mais la prostitution leur est commune : ils se prêtent aux
206
est vrai, mais la prostitution leur est commune :
ils
se prêtent aux plus basses luxures, comme par exemple au narcissisme
207
iblesse des autres, et sa grandeur est négative :
il
est le symbole des secrètes démissions que nous lui apportons pour fa
208
Lawrence a sa source dans les seules exigences qu’
il
s’impose. Le dictateur est le parasite des maux publics. Lawrence n’a
209
ui-même. Son pouvoir sur autrui lui fait horreur,
il
l’avoue à plusieurs reprises. Il n’en use qu’avec répugnance (pour en
210
ui fait horreur, il l’avoue à plusieurs reprises.
Il
n’en use qu’avec répugnance (pour en garder longtemps le remords) si
211
omme ce fut le cas dans sa campagne d’Arabie ; et
il
ne peut se retenir de dénoncer dans cet usage, même légal, un abus. F
212
n abus. Forcer autrui sera toujours un viol, et s’
il
condamne ce viol, c’est qu’il se veut intègre, au prix d’un sacrifice
213
jours un viol, et s’il condamne ce viol, c’est qu’
il
se veut intègre, au prix d’un sacrifice dont il reste le maître. Son
214
u’il se veut intègre, au prix d’un sacrifice dont
il
reste le maître. Son héroïsme le plus réel est là : s’il faut que que
215
e le maître. Son héroïsme le plus réel est là : s’
il
faut que quelqu’un paye, que ce soit lui, aux dépens de son propre in
216
opre individu et pour l’éducation de sa personne.
Il
dépasse tous les autres dans ce sens. Et je ne lui vois d’égal, dans
217
a, — cet autre prototype. Voici précisément ce qu’
il
eut d’exemplaire : il a soumis la condition de l’homme moderne aux ép
218
pe. Voici précisément ce qu’il eut d’exemplaire :
il
a soumis la condition de l’homme moderne aux épreuves les plus dures
219
plus équivoque de tous : Révolution. On dirait qu’
il
a fait sur lui-même une étude de la résistance du matériel et du mora
220
telle. Lawrence est dans un camp de la RAF quand
il
écrit cette lettre à Lionel Curtis, le 30 mai 1923 : Et puis il y a
221
s physiques à l’exercice. Depuis que je suis ici,
il
ne s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’e
222
ns plus tard, et très peu de temps avant sa mort,
il
tire de ses « essais » les conclusions suivantes : le Règlement du Pr
223
’avait soutenu dans son effort d’artiste alors qu’
il
écrivait les Sept Piliers, il la renie ; car « toute création est tan
224
d’artiste alors qu’il écrivait les Sept Piliers,
il
la renie ; car « toute création est tangible. Et ce que j’essayais, j
225
ues, pour se borner à un problème brûlant, qu’est-
il
possible d’inférer de son exemple ? Les citations que je viens de tra
226
inisme et les mouvements totalitaires en général.
Il
fut pourtant leur adversaire et il se fût battu contre eux. Faudra-t-
227
es en général. Il fut pourtant leur adversaire et
il
se fût battu contre eux. Faudra-t-il l’accuser d’inconséquence ? Le p
228
dversaire et il se fût battu contre eux. Faudra-t-
il
l’accuser d’inconséquence ? Le problème est un peu différent. Sans au
229
un peu différent. Sans aucun doute, la morale qu’
il
professe, au terme de son expérience de douze années dans l’aviation,
230
utes ses formes, surtout morales, l’écœurement qu’
il
ressent devant la nécessité d’imposer son pouvoir et d’user d’autorit
231
ture et à la politique collectiviste. Que reste-t-
il
à faire pour un tel homme ? Je le cite encore : « Les idéaux d’une po
232
ce pour moi. L’ennui avec le communisme, c’est qu’
il
accepte trop du mobilier d’aujourd’hui. Je hais les meubles. » Qu’on
233
n homme qui a raté ses « sorties » et pour lequel
il
n’est plus d’autre solution que de s’assurer une petite place dans la
234
lace dans la cité, un rôle utile dans ce monde qu’
il
juge assez absurde — par excès de conscience éthique — mais qu’il fau
235
surde — par excès de conscience éthique — mais qu’
il
faut pourtant bien accepter, lorsqu’on n’a pas connu, ou que l’on ref
236
sformer. Attitude exemplaire par son honnêteté. S’
il
fallait qu’on nous montre où nous en sommes et ce que peut un homme s
237
uisements. On ne peut s’empêcher de l’aimer. Mais
il
n’est pas question de le suivre. Le nihilisme, si « décent » soit-il,
238
on de le suivre. Le nihilisme, si « décent » soit-
il
, est une faible défense contre les monstres de ce temps. Bien plus :
239
monstres de ce temps. Bien plus : objectivement,
il
en est le fourrier. Les fausses fois totalitaires n’ont d’ennemi séri
240
eux qui disent que Lawrence est décevant parce qu’
il
n’a pas laissé de « message », je répondrai qu’il nous apprend au moi
241
il n’a pas laissé de « message », je répondrai qu’
il
nous apprend au moins à n’en pas attendre des hommes. Nous demandons
242
trop aux écrivains. En sommes, nous attendons qu’
ils
remplacent la religion. Le plus honnête, s’il est privé de foi, s’avo
243
qu’ils remplacent la religion. Le plus honnête, s’
il
est privé de foi, s’avoue sans rien à révéler, mais par là même il dé
244
oi, s’avoue sans rien à révéler, mais par là même
il
décrit mieux l’état véritable de l’homme. Rien ne tient, à l’épreuve,
245
core publiées. Quant à La Citadelle, on notera qu’
elle
n’a point son équivalent chez Lawrence. Et certes, rien n’empêche d’i
246
rtes, rien n’empêche d’imaginer que ce dernier, s’
il
eût vécu tranquille dans son cottage, eût pu être tenté par une œuvre
247
choquante encore que surprenante. Le paradoxe qu’
elle
éclaire si crûment s’explique d’ailleurs par des raisons connues de c
248
Européens refusent de se croire aussi nombreux qu’
ils
sont, parce qu’ils n’ont pas encore pris l’habitude de se sentir Euro
249
de se croire aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’
ils
n’ont pas encore pris l’habitude de se sentir Européens. Au lieu d’un
250
ys, dont pas un seul n’est à l’échelle du siècle.
Il
semble évident que leur union renverserait d’un coup la situation. To
251
Une sorte de myopie de la mémoire et du jugement.
Ils
tirent prétexte de leurs traditions, parlent d’ennemis héréditaires,
252
traditions, parlent d’ennemis héréditaires, mais
ils
oublient que leurs nationalismes ne remontent qu’au siècle dernier, e
253
nalismes ne remontent qu’au siècle dernier, et qu’
ils
ont deux-mille ans d’usage commun d’un héritage que le reste de la Te
254
n d’un héritage que le reste de la Terre jalouse.
Ils
tirent prétexte des intérêts à court terme de leurs États, mais ils o
255
e des intérêts à court terme de leurs États, mais
ils
oublient qu’ils forment un seul corps, et qu’il est fou d’essayer de
256
court terme de leurs États, mais ils oublient qu’
ils
forment un seul corps, et qu’il est fou d’essayer de sauver un seul o
257
ils oublient qu’ils forment un seul corps, et qu’
il
est fou d’essayer de sauver un seul organe au détriment des autres. L
258
on, rien n’est moins contesté et cependant, comme
il
arrive parfois dans les cauchemars, rien ne peut avancer, tout s’entr
259
insensée, angoissante, durera jusqu’au réveil qu’
il
s’agit de provoquer. Europe, jadis, fut enlevée à l’Asie par une foug
260
rope par un escargot ! La prudence a montré ce qu’
elle
savait faire. Si l’on veut que l’Europe survive, l’heure est venue de
261
à d’autres époques, un rôle différent de celui qu’
ils
auraient maintenant. Je ne ferai pas de longues incursions dans le pa
262
tants : les couvents. Comment la culture devenait-
elle
vivante ? D’abord elle naissait dans la méditation, puis cette médita
263
omment la culture devenait-elle vivante ? D’abord
elle
naissait dans la méditation, puis cette méditation était transcrite,
264
on était transcrite, formulée en œuvres écrites ;
elle
circulait ensuite, enseignée dans les écoles et plus tard dans les un
265
: [par]j l’école, le livre, la revue, le journal,
elle
est transmise à la masse et ces moyens mêmes de diffusion la rendent
266
s moyens mêmes de diffusion la rendent abstraite.
Elle
se heurte à des obstacles qui sont : la division de la population en
267
joue un rôle beaucoup plus vaste qu’au Moyen Âge.
Il
n’existe guère aujourd’hui dans nos pays qu’une seule forme de cultur
268
sens de l’Europe. Pourtant, cette culture existe,
elle
se poursuit. Comment pourra-t-elle retrouver aujourd’hui sa fonction
269
ulture existe, elle se poursuit. Comment pourra-t-
elle
retrouver aujourd’hui sa fonction éducatrice : former des hommes et d
270
sa vocation particulière dans le groupe humain où
il
se retrouve inséré. Faire l’Europe, c’est d’abord former des hommes.
271
t vous présenter un certain nombre de thèmes : 1°
Il
n’est pas possible que la culture puisse agir — c’est-à-dire former o
272
e, universelle et non pas nationale ni régionale.
Elle
suppose des échanges multiples entre les classes sociales et les peup
273
’une grande circulation commune à toute l’Europe,
elle
est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas de cul
274
est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2°
Il
n’y a pas de culture vivante sans une incarnation, une implantation l
275
local ne peut être appelé foyer de culture que s’
il
réalise à la fois cette possibilité d’incarnation de la culture et ce
276
lture et cette ouverture aux échanges universels.
Il
n’y a pas d’Europe vivante sans ces deux courants. Je reviens toujour
277
ns toujours à ces réalités : pour faire l’Europe,
il
faut que les foyers par centaines et par milliers, si possible, appor
278
aleur lui viendront de la réalité quotidienne. 3°
Il
ne faut pas que l’Europe se fabrique comme un immense trust super-éta
279
sités locales. J’insiste sur ce double mouvement,
il
faut que les foyers collaborent à la constitution de l’Europe, mais a
280
rent à la constitution de l’Europe, mais aussi qu’
ils
défendent la diversité européenne contre le germe de tyrannie que peu
281
racontée dans les livres d’école depuis cent ans.
Il
n’existe pas de culture nationale, aucun historien sérieux ne peut dé
282
e idée. La culture a toujours été internationale.
Il
s’agit de passer de l’ensemble européen aux implantations locales, et
283
ture, se donnerait pour tâche — et je voudrais qu’
il
le fasse expressément par un vœu formulé si possible ici — de devenir
284
crois qu’on vous les a remis. J’explique en quoi
ils
consistent : ce sont de petits plans de 5 ou 6 pages, englobant une v
285
dans tous les pays européens, avec le temps dont
ils
disposent, les horaires qu’ils ont déjà prévus. Ces conférenciers ne
286
avec le temps dont ils disposent, les horaires qu’
ils
ont déjà prévus. Ces conférenciers ne seraient pas des professeurs d’
287
musique européenne. En nouant des liens avec eux,
il
serait possible de monter des représentations gratuites pour jeunes o
288
s. Enfin, il y aurait lieu d’étudier, me semble-t-
il
, une sorte d’organisation de voyages et d’échanges, comme celle établ
289
s allant du nord de l’Écosse au sud de l’Italie ;
il
serait intéressant de jalonner ces sentiers de foyers où les voyageur
290
propose de mettre à votre disposition. En retour,
il
voudrait bien que chacun de vous prenne l’habitude de lui écrire pour
291
as aux cultures nationales. Il y a la culture, qu’
il
s’agit d’implanter dans des sols différents avec des méthodes qui peu
292
e, de propriété bourgeoise, de luxe intellectuel.
Il
faut qu’ils coopèrent dans un effort général pour donner au mot cultu
293
iété bourgeoise, de luxe intellectuel. Il faut qu’
ils
coopèrent dans un effort général pour donner au mot culture un conten
294
», non pour organiser les tournois de ping-pong.
Elles
sont là pour des activités récréatives, bien entendu, mais surtout po
295
st a relaté ici, le 1er novembre, un entretien qu’
il
eut avec le professeur William Rappard. Les vues personnelles qu’y ex
296
s livres, je m’en suis beaucoup servi et voici qu’
il
paraît renier les conclusions de la plupart de ses ouvrages ; c’est p
297
c’est pourquoi après cette interview, je pense qu’
il
est nécessaire de montrer nettement le point de vue de ceux qui croie
298
de l’argumentation de M. Rappard, dans l’ordre où
il
les a énumérés lui-même. « Je ne crois pas, dit-il, que la petite Eur
299
l les a énumérés lui-même. « Je ne crois pas, dit-
il
, que la petite Europe puisse se faire et durer »… L’Europe est fait
300
faire et durer »… L’Europe est faite ! Mais
elle
est faite ! Ses adversaires les plus acharnés ont reconnu qu’il n’éta
301
Ses adversaires les plus acharnés ont reconnu qu’
il
n’était plus temps de s’interroger sur son opportunité, mais bien de
302
er sur son opportunité, mais bien de traiter avec
elle
. La petite Europe est faite depuis que le 13 septembre la Haute Autor
303
man a été installée à Luxembourg : c’est un fait,
elle
existe, et Anglais et Scandinaves — qui furent ses adversaires les pl
304
qui me surprend le plus chez M. Rappard, c’est qu’
il
semble avoir oublié qu’il présidait la commission économique du Congr
305
ez M. Rappard, c’est qu’il semble avoir oublié qu’
il
présidait la commission économique du Congrès de l’Europe tenu à La H
306
Oui, mais… le rideau de fer ? Mais hélas !
il
est de fait que le rideau de fer l’a séparée en deux… N’allez pas plu
307
deau, nous sommes quelque 320 millions, tandis qu’
il
n’y en a pas quatre-vingt-dix-millions de l’autre… Soit. Mais ces 320
308
antons-villes et les cantons-campagnes : qu’y a-t-
il
de commun entre Genève et Glaris ? Et ne parle-t-on pas du « miracle
309
lors, pourquoi pas l’Europe ? Les Européens n’ont-
ils
pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’Europe
310
grecque, puis à l’Empire de Rome, on constate qu’
elle
avait déjà deux-mille ans d’existence quand les montagnards des trois
311
as sérieux. … mais des réalités économiques
Il
en est d’autres cependant qui ne peuvent nous laisser indifférents, e
312
a Suisse ! Mais à notre point de vue, ce 40 % est-
il
vraiment si négligeable ? Est-il proportionnellement inférieur à notr
313
vue, ce 40 % est-il vraiment si négligeable ? Est-
il
proportionnellement inférieur à notre commerce avec d’autres fédérati
314
enclavée. Sur quoi, le professeur Rappard fonde-t-
il
cette déclaration, je ne le comprends pas, et l’argument de cette fin
315
ée. Cette fédération n’est pas une ligue séparée,
elle
n’est pas en révolte contre une ligue plus vaste : elle est un début,
316
’est pas en révolte contre une ligue plus vaste :
elle
est un début, et non seulement elle ne s’oppose pas à ce que d’autres
317
plus vaste : elle est un début, et non seulement
elle
ne s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mai
318
que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais
elle
le souhaite. Elle n’est pas plus opposée à une fédération plus vaste
319
lui donnent leur adhésion, mais elle le souhaite.
Elle
n’est pas plus opposée à une fédération plus vaste que la Confédérati
320
s, Josiah Tucker, doyen de Gloucester, n’écrivait-
il
pas un an avant l’adoption par les États-Unis de leur constitution fé
321
rs habitudes nous donnent une certitude, c’est qu’
ils
ne pourront jamais trouver un centre d’union et un seul intérêt commu
322
appard ne manque pas de relever, avec l’ironie qu’
il
faut, quelques prédictions identiques de Cherbuliez ou de Pyrame de C
323
issons qu’à suivre les suggestions de M. Rappard,
elle
courrait un grave danger. Ne dit-il pas en effet : « Au lieu d’isoler
324
M. Rappard, elle courrait un grave danger. Ne dit-
il
pas en effet : « Au lieu d’isoler quelques pays de l’Europe continent
325
à en faire une seule et même patrie, ne vaudrait-
il
pas mille fois mieux les unir tous dans une seule et même alliance ?
326
quoi, je vous le demande ? Encore une fois, non.
Il
ne s’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais il ne faut pas non
327
e s’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais
il
ne faut pas non plus qu’elle nous empêche de collaborer sur le plan e
328
cette neutralité, mais il ne faut pas non plus qu’
elle
nous empêche de collaborer sur le plan européen. À nous de rechercher
329
contradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’
il
ne craint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais il a raison d’insi
330
e craint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais
il
a raison d’insister sur le fait que ces problèmes sont vitaux pour no
331
orité, que certains nomment la Schumanie, bien qu’
elle
soit présidée par Jean Monnet. On lève les bras au ciel : — Quoi ! me
332
argé du plus petit nombre d’habitants pencherait.
Il
faut donc tenir compte des richesses naturelles et de la production m
333
rope des Six est la deuxième puissance du monde :
elle
vient tout de suite après les USA, bien avant l’URSS même augmentée d
334
sation et culture inégalée dans le monde moderne.
Ils
ont fait à eux seuls, au cours des siècles et grâce à leurs échanges
335
te Europe ? » La Sibérie, certes, est plus vaste…
Il
n’en résulte pas que la Grande-Bretagne, les Pays scandinaves, l’Espa
336
Petite Europe » a cherché son salut dans l’union.
Elle
l’a trouvé malgré l’hostilité, la méfiance ou l’indifférence de ses v
337
Les autres en sont encore à se frotter les yeux.
Ils
savent pourtant que les portes leur sont ouvertes à Luxembourg. La «
338
éral fait obstacle à une fédération plus étendue,
ils
ont contre eux les leçons de l’Histoire entière et tous les exemples
339
ès le départ son patronage et son appui pratique.
Il
salue cette année l’épanouissement de cette initiative. Si la musique
340
nie, Faust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-
ils
? À ceux qui les recréent, puisant chacun au fonds commun, selon leur
341
pas cessé de me séduire et inciter. Je suppose qu’
il
est devenu banal de déplorer l’obscurité des essais et dialogues de K
342
r l’obscurité des essais et dialogues de Kassner.
Elle
est pourtant la garantie de leur pouvoir, et ne saurait traduire, à m
343
vis, qu’une intention profondément délibérée. Car
il
s’agit ici d’une maïeutique, s’exerçant sur les mythes de l’âme. Je p
344
auter les évidences ou platitudes intermédiaires.
Elle
est un acte de vision. Nous montrant d’un seul coup, sans transition,
345
ieurs objets que la coutume sépare, non seulement
elle
oblige à les voir d’un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir
346
elle oblige à les voir d’un œil neuf, mais encore
elle
excite à découvrir l’angle particulier sous lequel a pu les voir, pro
347
(Cet angle de vision étant son vrai « message ».)
Elle
propose donc à l’imagination un exercice spirituel, assez analogue, i
348
magination un exercice spirituel, assez analogue,
il
me semble, à ceux qu’imposent aux néophytes les moines bouddhistes de
349
onne, générateur de l’Occident. Problème ambigu s’
il
en fût, et qui échappe par définition à la pensée systématique et dis
350
l’âme est de comparer » remarque Montesquieu, et
il
ajoute : « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’
351
ent, s’oriente vers le mystère crucial. S’agirait-
il
d’une théologie ? Certainement non. Kassner veut voir. D’une gnose al
352
à son terme, et rien ne se passe jamais comme si
elle
finissait par les atteindre : au contraire, quand une civilisation me
353
quand une civilisation meurt, c’est justement qu’
elle
a perdu le sens de ses fins ou qu’elle renonce à les saisir. De même,
354
stement qu’elle a perdu le sens de ses fins ou qu’
elle
renonce à les saisir. De même, les origines d’une civilisation ne doi
355
être recherchées dans son passé le plus reculé :
elles
ne sont saisissables que dans la dialectique de ses succès et de ses
356
ent de « vérifier » ou de reconnaître, même quand
ils
essaieraient de l’éliminer. Tant il est vrai que les polémiques sur l
357
, même quand ils essaieraient de l’éliminer. Tant
il
est vrai que les polémiques sur le principe de contradiction et le ti
358
ritualisme ou matérialisme, le réel vivant — faut-
il
dire le réalisant — apparaît ainsi comme la frontière (au sens Far We
359
de leur vocabulaire. Adonnés à la même recherche,
ils
nous parlent tantôt de musique concrète ou de peinture abstraite, et
360
ple. Et de même les savants nous disent tantôt qu’
ils
découvrent ou qu’ils inventent ; deux descriptions apparemment contr
361
avants nous disent tantôt qu’ils découvrent ou qu’
ils
inventent ; deux descriptions apparemment contradictoires et notoire
362
e l’esprit qui est pourtant bien le même, mais qu’
il
nous reste à définir. (Concevoir a deux sens aussi, mais en un mot.)
363
eaucoup le redoutent ou l’espèrent. Car, intégré,
il
ne le fut jamais, je l’ai rappelé. Mais il est en train de franchir l
364
tégré, il ne le fut jamais, je l’ai rappelé. Mais
il
est en train de franchir le seuil d’une connaissance nouvelle. La déc
365
ne l’apaiseront jamais, qui le consument et dont
il
vit. q. Rougemont Denis de, « Des conciles à la bombe atomique ou
366
des religions et des magies, nées de la peur, qu’
il
a permis le développement de la science, recherche impitoyable de la
367
effet, pour que la Suisse en vienne à décider qu’
elle
abandonne sa neutralité traditionnelle, il faudrait que l’une ou l’au
368
r qu’elle abandonne sa neutralité traditionnelle,
il
faudrait que l’une ou l’autre des conditions suivantes soit donnée :
369
rd’hui renoncer à la neutralité, que se passerait-
il
? On ne le voit pas. À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qu
370
trait à la fois dénué de sagesse et d’efficacité.
Il
resterait gratuit, au pire sens de ce terme. On ne voit donc pas d’ob
371
neutralité. Dans ces conditions, comment se fait-
il
que la question de la neutralité soit sans cesse reposée depuis le fi
372
aient les premiers à ne pas nous croire. En fait,
ils
ne cessent de répéter que la Suisse a cessé d’être neutre : si nous d
373
que nous pour lutter contre le stalinisme. Mais s’
il
en est ainsi, nous dira-t-on, pourquoi refusez-vous de participer à l
374
ourrait changer à la situation. Tout ceci revient-
il
à dire que la neutralité de la Suisse ne pose aucune question réelle
375
enève (sans même prononcer le mot de neutralité).
Il
n’en a pas fallu davantage pour que le Conseil fédéral, puis le Conse
376
alité, mesure qui serait actuellement sans effet.
Ils
laissent aux communistes le soin de verser des larmes de crocodile su
377
des larmes de crocodile sur cet abandon prétendu.
Ils
estiment que la neutralité reste pour la Suisse un atout, qu’elle ne
378
e la neutralité reste pour la Suisse un atout, qu’
elle
ne doit pas jouer sans d’impérieuses raisons. Les fédéralistes rappe
379
uée, géographiquement, au centre de l’Europe ; qu’
elle
a pris naissance un peu après le milieu de l’histoire de l’Europe ; q
380
lamer depuis 1933 la nécessité d’une Europe unie.
Ils
sont seuls à entretenir en Suisse des contacts étroits avec les mouve
381
, traditionnelles ou récemment acquises. De plus,
ils
pensent que l’expérience suisse du fédéralisme n’est pas sans valeur
382
Europe est trop diverse pour qu’on puisse l’unir.
Elle
eut, disent-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et elle avait att
383
iverse pour qu’on puisse l’unir. Elle eut, disent-
ils
, son unité spirituelle au Moyen Âge et elle avait atteint au début de
384
disent-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et
elle
avait atteint au début de ce siècle une espèce d’unité matérielle : l
385
arler d’union, quand l’unité foncière a disparu ?
Il
serait fou, et il est impossible de fondre nos diversités de langues,
386
nd l’unité foncière a disparu ? Il serait fou, et
il
est impossible de fondre nos diversités de langues, de religions, de
387
té millénaire de l’Europe n’existe plus. Ensuite,
il
faudrait distinguer entre nos divisions présentes et nos diversités t
388
erie condamnable doublée d’une erreur de logique.
Il
est aisé de répondre à ces sophismes par un exemple bien connu, et pa
389
onalisme suffirait à nous rendre méfiants, lorsqu’
il
s’agit de porter un jugement sur l’avenir, comme dans le cas de l’uni
390
le cas de l’union de l’Europe. Mais il y a plus.
Il
est parfaitement clair que la nation, au sens dix-neuviémiste du mot,
391
ne forme d’association périmée à bien des égards.
Il
n’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire ind
392
on, soit du point de vue de sa défense. Qu’en est-
il
du point de vue de la culture, qui fut l’élément décisif pour la form
393
anticléricalisme) ou bien imitent à rebours ce qu’
elles
combattent, ou bien prétendent faire mieux mais dans le même sens éth
394
dans l’un et l’autre cas, le langage est le même,
il
dérive de la théologie, fût-ce à travers Hegel et Marx. De Kierkegaar
395
pent. Nos formes d’expression sont identiques, qu’
il
s’agisse du sonnet, dans toutes les langues d’Europe, du roman (dériv
396
piques de l’Europe, n’ont jamais été nationales :
elles
furent des œuvres collectives, passant de foyers en écoles, du sud au
397
tique n’a plus le droit de dire « je » que lorsqu’
il
s’avoue criminel. L’Européen seul a placé la personne au-dessus de la
398
l du mode de vivre européen : chez nous seulement
elles
ont été admises (« Il y a plusieurs demeures… »), protégées et aimées
399
racines dans la réalité, cela ne signifie pas qu’
il
ait cessé de nuire. Les écrivains — poètes et philosophes — qui ont t
400
z, l’aspect « cosmopolite » de mon européanisme :
il
m’est instinctif, comme d’ailleurs beaucoup de Suisses. Dès la fin de
401
u et Esprit et des groupes personnalistes dont
elles
étaient les deux foyers. C’était aussi le moment où Kierkegaard comme
402
voulait faire l’Europe, oui, mais comme Hitler :
il
voulait un État européen et non l’Europe réelle. Il voulait nommer de
403
voulait un État européen et non l’Europe réelle.
Il
voulait nommer des préfets… L’état d’esprit jacobin, centralisateur,
404
otion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’
ils
peuvent pour l’interdire et la détruire, et peut-être commence-t-elle
405
interdire et la détruire, et peut-être commence-t-
elle
à se déprimer en Amérique. Elle reste la source de nos grandeurs comm
406
t-être commence-t-elle à se déprimer en Amérique.
Elle
reste la source de nos grandeurs comme de nos faiblesses : notre risq
407
risque créateur. Mais quand je parle d’individu,
il
faut s’entendre. Le véritable Européen, c’est l’individu à la fois li
408
voilà la personne. On l’a dit : pour l’individu,
il
n’y a que des voisins inévitables, pour la personne il y a des procha
409
e découverte de l’Europe. Aux yeux des Américains
il
n’y a pas des Français, des Suisses, des Allemands, mais seulement de
410
itique que je n’avais pu suivre que de très loin,
il
me dit : « Vous n’avez qu’à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’
411
tique de la France, mais aussi aux difficultés qu’
elle
éprouve à liquider le passé récent, la peur de l’Allemagne. La France
412
tre jour, l’Amérique, l’URSS, la Chine et l’Inde.
Il
oubliait simplement l’Europe ! Cette Europe qui voit se retourner con
413
urope ! Cette Europe qui voit se retourner contre
elle
le nationalisme qu’elle a inventé et dont elle a infecté les autres c
414
voit se retourner contre elle le nationalisme qu’
elle
a inventé et dont elle a infecté les autres continents. C’est à nous
415
re elle le nationalisme qu’elle a inventé et dont
elle
a infecté les autres continents. C’est à nous de trouver le contrepoi
416
Mais d’autre part il y a nos forces réelles, dont
il
faut prendre conscience. Vous savez que c’est à ce réveil de la consc
417
es efforts du Centre européen de la culture. Faut-
il
comprendre que vous êtes partisan des efforts pour l’union politique
418
lement. Je suis aussi pour la fédération des Six.
Il
est conforme à la doctrine et surtout à la pratique fédéraliste de co
419
ivains que les circonstances rendaient influents,
il
est quotidiennement répété par leurs disciples et cité comme allant d
420
emandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’
ils
entendent exactement par là ? De quel Dieu s’agit-il, en somme ? De c
421
entendent exactement par là ? De quel Dieu s’agit-
il
, en somme ? De celui qu’ils imaginent ou de celui que beaucoup prient
422
? De quel Dieu s’agit-il, en somme ? De celui qu’
ils
imaginent ou de celui que beaucoup prient ? D’une caricature commode
423
ous d’admettre — ce serait leur faire injure — qu’
ils
aient voulu dire simplement : « Pour ce qui me concerne, Dieu n’exist
424
our ce qui me concerne, Dieu n’existe plus », car
il
n’y aurait là rien de nouveau : on retomberait au spleen métaphysique
425
itudes rationalistes de l’athéisme occidental, qu’
ils
ont largement reniés. Ils insistent, au contraire, par ce tour dramat
426
athéisme occidental, qu’ils ont largement reniés.
Ils
insistent, au contraire, par ce tour dramatique au goût de l’immédiat
427
la nouveauté du message, et sur son objectivité.
Ils
prétendent annoncer une nouvelle, la mauvaise nouvelle de la mort réc
428
e est un cas suffisamment connu7. Et, d’ailleurs,
il
a partiellement démenti son message en écrivant un jour ceci : « La r
429
on peut trancher une question d’existence réelle.
Il
ne faut pas que Dieu et le diable existent, car alors la responsabili
430
« La vérité est peut-être triste », disait Renan.
Il
était loin de s’en réjouir, mais pour autant, n’allait pas jusqu’à ni
431
a responsabilité — cependant réelle — de l’homme.
Il
suffit pour que Sartre décrète que Dieu n’existe pas, et bien plus, q
432
e décrète que Dieu n’existe pas, et bien plus, qu’
il
est mort. D’où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’
433
té d’affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-
il
. Et c’est d’une manière analogue que Malraux et Jaspers interprètent
434
un dieu. Ce dernier trait est capital. On sent qu’
il
trahit un refus de la réalité donnée, la sienne d’abord (« Je vais me
435
e celle d’autrui (« L’enfer, c’est les autres »).
Il
n’en marque pas moins la limite de l’arrogance intellectuelle, le ter
436
sation, qui ne pourra plus que se nier lui-même s’
il
veut rejoindre la morale. Il se niera donc au profit de quelque dicta
437
e se nier lui-même s’il veut rejoindre la morale.
Il
se niera donc au profit de quelque dictature collectiviste, car là se
438
quelque dictature collectiviste, car là seulement
il
croira retrouver « l’engagement » que sa doctrine prônait, mais renda
439
u tel que Sartre l’imagine : gênant pour l’homme.
Il
n’en résulte pas que Dieu ait cessé d’exister, d’aider l’homme ou de
440
e ou de le juger. Et dans le fait, numériquement,
il
n’y a jamais eu dans l’Histoire autant d’hommes qu’aujourd’hui pour a
441
e autant d’hommes qu’aujourd’hui pour affirmer qu’
ils
croient leur Dieu vivant. (Cf. les statistiques du christianisme, de
442
Voyons maintenant la crédibilité de la nouvelle. (
Il
est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait qu’une majorité la
443
t la crédibilité de la nouvelle. (Il est clair qu’
elle
ne peut être estimée sur le fait qu’une majorité la récuse.) ⁂ Hors d
444
ù bien « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas
il
ne peut pas mourir ; ou bien il signifie la Vie, l’Éternité, le Total
445
— et dans ce cas il ne peut pas mourir ; ou bien
il
signifie la Vie, l’Éternité, le Total, l’Être en soi, l’Inconnaissabl
446
n soi, l’Inconnaissable, et, dans ce cas, dire qu’
il
est mort, revient à faire du bruit avec la bouche. Car si Dieu l’Éter
447
Dieu l’Éternel avait été vivant, puis était mort,
il
n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’i
448
, il n’eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’
il
faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui es
449
ieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’
il
est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’In
450
e qu’il faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’
il
n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mor
451
tait mort, après avoir vécu en tant que personne,
il
se serait donc produit, à un certain moment précis, dans le temps et
452
de s’en tirer, ont prié et prient encore pour qu’
il
les assiste individuellement dans leurs grandes et petites épreuves,
453
n’eût jamais été visible ou sensible, mais encore
elle
fût demeurée inimaginable. De même, il est absurde de « chercher Dieu
454
s encore elle fût demeurée inimaginable. De même,
il
est absurde de « chercher Dieu dans la nature » ou dans l’Histoire, o
455
tions politiques, économiques et sociales. Puisqu’
il
n’est sensible qu’au cœur, c’est-à-dire au plus intime d’une personne
456
s intime d’une personne bien réelle et distincte.
Il
est donc normal que le Dieu personnel reste l’Absurde, en dehors d’un
457
ianisme. 8. Car Dieu, même si quelqu’un croit qu’
il
n’est pas, reste en tout cas une réalité pour l’écrasante majorité de
458
les Asiatiques. C’est de l’attention mondiale qu’
ils
se sont emparés, et du jeu politique, et de l’initiative, et du calen
459
un échec sur tous les points de l’ordre du jour,
elles
n’en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’u
460
ue, cela saute aux yeux. Après tout, l’Europe est-
elle
autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste pl
461
Europe est-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ?
Elle
retrouverait ainsi sa juste place, dans une conception sainement géog
462
ope ne fera plus rien pour son union ; bien plus,
elle
va laisser pourrir la CED, seule capable — à tort ou à raison — d’ins
463
sme soviétique, lui, nous menace à bout portant :
il
a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. I
464
six nations de l’Est, et quatre nations en Asie.
Il
baptise « paix » cette conquête par la force et « provocation bellici
465
eut bien être détourné de ses fins par la Russie.
Ils
voient encore notre colonialisme. Ne sauront-ils pas voir aussi, M. N
466
Ils voient encore notre colonialisme. Ne sauront-
ils
pas voir aussi, M. Nehru le premier, que nous nous en allons, mais qu
467
arlement français repousse demain la CED, et avec
elle
ses suites et ses implications, la Communauté politique et son élargi
468
ui se décideront à la dernière minute. Entendront-
ils
cet Hannibal ante portas qu’on voudrait leur crier de Genève ? y.
469
sondages discrets opérés à la Chambre française :
il
semble qu’un peu moins d’un député sur dix ait pris la peine de lire
470
oins compliqué qu’un roman policier ordinaire. Or
il
se trouve que le sort du traité, et par suite le sort de l’Europe, dé
471
lourde et coûteuse la tâche de protéger l’Europe.
Ils
souhaitaient que nous les aidions à nous aider. Et pourquoi, disaient
472
s les aidions à nous aider. Et pourquoi, disaient-
ils
, les Allemands, qui sont les premiers menacés, n’auraient-ils pas le
473
emands, qui sont les premiers menacés, n’auraient-
ils
pas le droit et le devoir de reconstituer une armée ? — Les Hollandai
474
e. Son nom seul leur rappelait de durs souvenirs.
Elle
pouvait aussi bien les attaquer que les protéger. Elle pouvait même s
475
pouvait aussi bien les attaquer que les protéger.
Elle
pouvait même s’allier un jour aux Russes. Il fallait donc empêcher ce
476
r. Elle pouvait même s’allier un jour aux Russes.
Il
fallait donc empêcher cela. Mais, d’autre part, comment défendre séri
477
eu. La France hésite encore, mais tout indique qu’
elle
doit se prononcer dans un délai très court. Son choix sera donc décis
478
f. Après deux ans de débats passionnés, ne serait-
il
pas grand temps de voir d’un peu plus près de quoi l’on parle ? Quel
479
communes, des forces armées et un budget commun.
Ils
prévoient aussi qu’aucun État membre ne recrutera plus de forces armé
480
n des ressources militaires des six pays ? S’agit-
il
de mélanger les soldats allemands et français dans des compagnies com
481
dit et imprimé ont simplement donné la preuve qu’
ils
n’avaient jamais lu le traité. En vérité, il s’agit simplement d’un p
482
qu’ils n’avaient jamais lu le traité. En vérité,
il
s’agit simplement d’un plan de mise sur pied de contingents nationaux
483
. Si la CED est acceptée demain, que se passera-t-
il
donc, pratiquement ? Trois choses, dont la première seulement sera vi
484
militaires, et une efficacité technique accrue.)
Il
s’agit donc, en fin de compte, de l’organisation dès le temps de paix
485
ment les arguments anticédistes, on s’aperçoit qu’
ils
sont rarement motivés par le texte réel du traité. Le plus souvent, i
486
vés par le texte réel du traité. Le plus souvent,
ils
combattent un projet fantôme que personne n’a jamais défendu. Je vais
487
« Quoi ! s’écrie-t-on, nos soldats français vont-
ils
être commandés en allemand par d’anciens feldweibel hitlériens ? » Ce
488
d’entretenir sa propre armée, comment défendra-t-
elle
ses colonies ? » poursuit l’opposant. Or, le cas est dûment prévu par
489
notre glorieuse armée française, en même temps qu’
il
réarmera l’Allemagne ! » Ici, le sentiment oblitère la logique. Il es
490
emagne ! » Ici, le sentiment oblitère la logique.
Il
est clair, en effet, que les unités allemandes et les unités français
491
ité signifie la disparition de l’armée française,
il
empêche pour les mêmes raisons la réapparition d’une armée allemande.
492
les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-dire si
elle
refuse la CED, alors et dans ce cas précisément, elle tombera sous la
493
refuse la CED, alors et dans ce cas précisément,
elle
tombera sous la dépendance des USA ; et cela malgré elle et malgré eu
494
mbera sous la dépendance des USA ; et cela malgré
elle
et malgré eux, par une nécessité inéluctable. Qui est pour ? qui e
495
logie des interlocuteurs. La CED a coalisé contre
elle
les forces par ailleurs contradictoires du communisme, du nationalism
496
. L’Europe unie serait forte et leur résisterait.
Ils
veulent donc une Europe divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nat
497
. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme :
il
faut donc le flatter et raviver les haines provoquées par les guerres
498
raviver les haines provoquées par les guerres qu’
il
a lui-même causées. D’autre part, les personnes âgées qui vivent enco
499
ur nation pourrait se défendre seule, pour peu qu’
elle
soit « bien gouvernée ». Enfin certains se disent : périsse l’Europe,
500
ns d’une manière générale ceux qui ont compris qu’
ils
vivent au xxe siècle, que le rêve d’une souveraineté nationale sans
501
és, et la jeunesse. Certes, on peut se demander s’
il
est bien sûr que la CED telle qu’elle est, si prudente et respectueus
502
se demander s’il est bien sûr que la CED telle qu’
elle
est, si prudente et respectueuse des droits de chacun des États membr
503
Et même en admettant qu’un Molotov se trompe, qu’
il
surestime la CED, comment ne pas voir qu’au-delà de sa valeur militai
504
de sa valeur militaire — dont chacun souhaite qu’
elle
n’ait jamais à faire les preuves — la CED ouvre toutes grandes les pe
505
ne signifiera sous Lénine : « Vive la Russie ! »
Il
proclame un nouveau mythe. Il est comme une invocation à un dieu nouv
506
Vive la Russie ! » Il proclame un nouveau mythe.
Il
est comme une invocation à un dieu nouveau, une sorte de « Gott mit u
507
ment de l’idéologie, le tout au nom de la nation.
Il
confond dans une même répression la réaction qui veut le renverser, e
508
n est sa réponse à tout. Que personne ne diffère,
il
deviendrait mon juge ! pense l’État idéologique, né d’une révolution
509
ression et de guerre civile larvée, à l’extérieur
elle
va devenir un instrument de guerre déclarée. Pourquoi la nation doit-
510
ologie de la nation est par essence conquérante :
elle
veut apporter la Liberté aux autres peuples, par la force au besoin.
511
l’instinct patriotique est mis en jeu et bientôt
il
se voit réquisitionné et mobilisé par l’État : nous assistons à la pr
512
smes locaux ! Notons au passage que la guerre, qu’
elle
soit civile ou étrangère, froide ou déclarée, justifie toujours le sa
513
acrifice « temporaire » de certaines libertés. Or
il
n’est presque aucune de ces mesures d’urgence, prises par l’État, qu’
514
non seulement conduit à la guerre, mais trouve en
elle
les conditions du renforcement continuel de son pouvoir. Mais voici q
515
national est « un dans la marche de l’Histoire ».
Il
se fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur
516
ipe, non à en jouir… Chacun a son principe auquel
il
tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il n’a plus rien à
517
tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte,
il
n’a plus rien à faire dans le monde. » Et encore : « À chaque époque
518
tion, une fois doué de toute la personnalité dont
il
tend à priver les hommes réels, comment va-t-il se comporter dans le
519
t il tend à priver les hommes réels, comment va-t-
il
se comporter dans le monde ? L’idéal primitif de la nation, confisqué
520
ur leurs sujets. À cette fin, chacun prétendra qu’
il
incarne « le plus haut concept de l’esprit ». Pour la Prusse, l’idée
521
n’en tirera la conclusion, une fois vaincue, « qu’
elle
n’a plus rien à faire au monde », comme le disait Hegel. Les guerres
522
avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais
il
n’y a plus de Dieu au-dessus des nations. Le droit divin se traduit d
523
alliances ou traités de commerce révoqués dès qu’
ils
ne payent plus. C’est ainsi qu’une demi-douzaine d’« États-gangsters
524
es nations », et de « droit international », mais
il
est clair que ces États-nations-Individus rendent tout ordre internat
525
impossible en principe et par définition, puisqu’
ils
n’acceptent aucune instance supérieure à leurs « droits » et limitant
526
vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1914,
elle
en mourra. Mais comment cette absurdité a-t-elle pu triompher pendant
527
elle en mourra. Mais comment cette absurdité a-t-
elle
pu triompher pendant un siècle et plus ? En singeant la religion et s
528
hintoïsme, n’attaquera même pas le christianisme,
elle
se contentera de l’annexer dans les occasions décisives. Lorsqu’un Ma
529
ieu bien réel, et que l’on croit vraiment, puisqu’
il
peut exiger le sacrifice de la vie même du citoyen. Mais que nous off
530
de la vie même du citoyen. Mais que nous offre-t-
il
en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et puissante, q
531
té dans une espèce de transcendance. À vrai dire,
il
s’agit encore d’un égoïsme, mais tellement élargi qu’il en devient ve
532
git encore d’un égoïsme, mais tellement élargi qu’
il
en devient vertu. On l’enseigne dans les écoles sous le nom de « patr
533
e dans les écoles sous le nom de « patriotisme ».
Il
est admis que tout orgueil, toute vanité, et jusqu’aux vantardises le
534
de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi,
il
a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion na
535
st un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’
il
ne donne, infiniment plus, à l’absurde. Principe de haine, plus que d
536
ue d’amour, la nation revendique des absolus dont
il
est manifeste qu’elle est spirituellement indigne et matériellement i
537
n revendique des absolus dont il est manifeste qu’
elle
est spirituellement indigne et matériellement incapable : celui de la
538
oirs locaux, dévaloriser les frontières ; ou bien
il
faut aller jusqu’au bout de la logique instituée par les jacobins, et
539
alité un fanatique de la religion de la nation. S’
il
n’était pas aveuglé par la superstition jacobine, il verrait comme no
540
n’était pas aveuglé par la superstition jacobine,
il
verrait comme nous tous que la souveraineté absolue n’est qu’un mythe
541
es par le droit applicable à chaque domaine ». Or
il
n’est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la fa
542
servé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur.
Il
n’en est pas un seul qui soit capable de déclarer la guerre ou de con
543
e déclarer la guerre ou de conclure la paix comme
il
l’entend, d’assurer seul sa prospérité, de se défendre seul pendant p
544
du siècle, techniques, économiques et politiques.
Il
en résulte que la souveraineté nationale, vis-à-vis de l’extérieur, n
545
aine des forces réelles et des pouvoirs concrets,
elle
est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de g
546
trée, et surtout angoisse de perdre son identité.
Elle
a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficult
547
ècle, et même de les apercevoir. D’où la prise qu’
ils
offrent aux manœuvres les plus grossières du communisme, jouant sur l
548
e perdre une puissance magique qui n’existe pas !
Il
s’agit beaucoup moins de le réfuter que d’éviter d’exciter sa névrose
549
oncrète, encore moins par ses limites naturelles.
Il
suffit de constater que la forme de l’État est à peu près la même de
550
ion que j’indiquais plus haut. Quant à la Langue,
elle
ne correspond historiquement et géographiquement ni à la Patrie, ni à
551
anon et Saint-Germain, pour ne citer que ceux-là.
Elle
sert de prétexte au premier nigaud venu pour mettre en doute la possi
552
ministratives, patries locales, nation et langue,
il
a voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’est ainsi que l
553
charbon est devenu français ou allemand selon qu’
il
se trouvait d’un côté ou de l’autre de la frontière linguistique, idé
554
urs libertés concrètes à sa liberté abstraite, qu’
il
nomme indépendance nationale. Le nationalisme a réussi à faire croire
555
même en URSS. Tout comme la souveraineté absolue,
elle
ne représente rien d’autre qu’une tendance psychologique morbide, un
556
oivent nous rendre attentifs à l’usage courant qu’
ils
prolongent. Si nous croyons qu’il est une « culture nationale », fran
557
age courant qu’ils prolongent. Si nous croyons qu’
il
est une « culture nationale », française ou danoise, par exemple, com
558
, les arts et la philosophie, pourquoi n’y aurait-
il
pas une biologie soviétique et une algèbre allemande ? Ce que l’on do
559
moyen du colonialisme. Mais dans le même temps qu’
il
portait à son apogée la puissance mondiale des Européens, le national
560
adence. D’une part, chez les peuples lointains qu’
il
venait de coloniser et d’humilier, il suscitait un esprit de révolte
561
ointains qu’il venait de coloniser et d’humilier,
il
suscitait un esprit de révolte et d’« indépendance nationale » qui al
562
ssée contre la France impérialiste. D’autre part,
il
épuisait l’Europe en y provoquant des guerres de plus en plus totales
563
des guerres de plus en plus totales, à mesure qu’
il
se faisait lui-même de plus en plus totalitaire. Si l’Europe, entre 1
564
ute de potentiel, le recul mondial que l’on sait,
elle
le doit, à un double titre, au nationalisme : à celui qu’elle a susci
565
, à un double titre, au nationalisme : à celui qu’
elle
a suscité contre elle au-dehors, à celui qu’elle a pratiqué au-dedans
566
u nationalisme : à celui qu’elle a suscité contre
elle
au-dehors, à celui qu’elle a pratiqué au-dedans. En revanche, le fédé
567
’elle a suscité contre elle au-dehors, à celui qu’
elle
a pratiqué au-dedans. En revanche, le fédéralisme a produit deux témo
568
ospères et les plus pacifiques de l’ère moderne :
ils
n’ont provoqué aucune guerre. Toutes les dernières guerres, sans aucu
569
x de l’Histoire, la cause paraît jugée. Qu’en est-
il
au regard de l’avenir ? Le nationalisme apparaît en pleine contradict
570
ture indispensable d’un grand marché continental,
il
entretient dans les pays protectionnistes une économie malsaine, de p
571
ique mal compris opposent à l’union de l’Europe ;
il
est devenu au surplus une forme de pensée réactionnaire, un système d
572
ces rigides et définies d’abord par leur contour.
Elle
conçoit les rapports humains et politiques comme un complexe de tensi
573
comme autant de contradictions insupportables, qu’
il
faut tenter de réduire à l’uniformité si l’on ne peut les isoler par
574
en interaction, non par entités statiques, et qu’
elle
a substitué au principe de non-contradiction qui bloquait le progrès
575
ces physiques, le principe de complémentarité. Qu’
il
s’agisse de la théorie des jeux appliquée par von Neumann à la politi
576
cette méthode est typiquement fédéraliste, puisqu’
elle
consiste à rechercher le meilleur équilibre « en tension » de deux gr
577
is leur individualité et leur relation créatrice.
Il
serait bien utile de prolonger ce parallèle dans le domaine de la bio
578
sément celle que la science moderne a conçue ; et
il
suppose un monde de relations libres et décentralisées qui est précis
579
eulement en prise avec l’époque, si je puis dire,
il
est aussi dans le droit fil des traditions les plus fécondes de l’Occ
580
e n’y voit qu’une dispersion qui l’angoisse et où
il
craint de perdre son identité. Le fédéraliste au contraire y voit une
581
tégie et tactique du fédéralisme Et cependant,
il
nous faut bien admettre que ces nationalistes condamnés en principe,
582
même, en fait, plus nombreux que nous en Europe.
Il
nous faut faire l’Europe en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la fair
583
avantages du nombre, d’une routine centenaire (qu’
ils
prennent à tort pour la tradition), du sentimentalisme cocardier, enc
584
e l’appui d’intérêts privés décidés à payer ce qu’
il
faut. Mais nous avons sur eux l’avantage important de défendre une ca
585
eux l’avantage important de défendre une cause qu’
ils
n’osent pas attaquer : celle de l’union européenne. Il est clair que
586
osent pas attaquer : celle de l’union européenne.
Il
est clair que tous les obstacles à cette union viennent de l’esprit n
587
it nationaliste, jacobin et paratotalitaire. Mais
il
est clair aussi que les nationalistes n’osent pas se déclarer contre
588
onalistes n’osent pas se déclarer contre l’union.
Ils
la sabotent, en fait, sous différents prétextes, mais ils lui rendent
589
abotent, en fait, sous différents prétextes, mais
ils
lui rendent l’hommage d’une adhésion de principe. M. Herriot est l’un
590
nt la stratégie fédéraliste. Quant à la tactique,
elle
doit tenir compte du fait que nous ne sommes pas seuls en Europe, et
591
meuse querelle de la souveraineté nationale. Faut-
il
la sacrifier ? Suffit-il de la limiter ? Ou bien peut-on la conserver
592
eraineté nationale. Faut-il la sacrifier ? Suffit-
il
de la limiter ? Ou bien peut-on la conserver tout en faisant l’Europe
593
s nationalistes, comme M. Herriot, nous disent qu’
ils
veulent bien d’une Europe unie, à condition qu’elle respecte les souv
594
ls veulent bien d’une Europe unie, à condition qu’
elle
respecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à dire : « Je v
595
ement, cette attitude est absurde ; pratiquement,
elle
conduit à refuser toute proposition concrète d’union — on vient de le
596
jet de la CED. Ceci dit, les fédéralistes doivent-
ils
engager la bataille sur le thème de « l’abandon des souverainetés » ?
597
ntre les cantons souverains étaient trop lâches :
elles
ne permettaient pas une défense commune efficace. Tout le monde admet
598
expressément cette souveraineté, en même temps qu’
elle
en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les tex
599
itée par la constitution fédérale, et comme tels,
ils
exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral.
600
ent pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure :
il
n’est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et
601
s fédéraliste que celle de la Suisse, et pourtant
elle
garantit la souveraineté de ses membres ! Souveraineté plus ou moins
602
vide, la Constitution suisse a gardé le concret :
elle
a créé une souveraineté nouvelle et bien réelle au niveau de la fédér
603
comment vont réagir les nationalistes. Là encore,
ils
vont soulever une controverse purement verbale. Ils vont réclamer, au
604
s vont soulever une controverse purement verbale.
Ils
vont réclamer, au lieu de la fédération, une simple confédération, cr
605
isme n’est pas plus libéral que planificateur, et
il
doit refuser ce faux dilemme, pour la même raison qu’il refuse de cho
606
t refuser ce faux dilemme, pour la même raison qu’
il
refuse de choisir entre les autonomies régionales absolues et l’unifi
607
— Deux mots enfin sur le problème de la culture.
Il
est une phrase que je retrouve dans tous les plans et projets « cultu
608
les États, par l’Unesco, et même par Strasbourg :
il
s’agit, nous dit-on, « d’organiser des échanges culturels entre natio
609
eur des plus dangereux réflexes nationalistes. S’
il
existait vraiment des cultures nationales, il y aurait intérêt à favo
610
de nos États actuels, pour l’excellente raison qu’
elle
existait bien avant eux. Elle a précédé de mille à deux-mille ans la
611
xcellente raison qu’elle existait bien avant eux.
Elle
a précédé de mille à deux-mille ans la tentative de morceler notre hé
612
hanges contrôlés et officiels de nation à nation.
Elle
est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à aucun de nos Ét
613
exemple, puis Florence ou Paris, Bâle ou Oxford.
Elle
s’est propagée librement de l’un à l’autre de ces foyers. Et grâce à
614
étuelle, toutes ses formes nous sont communes, qu’
il
s’agisse de la symphonie ou du concerto, du roman ou du sonnet, de l’
615
tant qu’Anglais. Et je ne suis pas du tout sûr qu’
il
faille « apprendre à nos peuples à se mieux connaître » par le truche
616
enfance la méfiance et la haine de leurs voisins.
Il
résulte de ces brèves remarques que préconiser comme on fait des écha
617
est par essence un phénomène d’échanges libres ;
elle
meurt d’être enfermée dans des cadres administratifs ou nationaux ; e
618
dirons : qu’est-ce que votre « génie national » s’
il
a besoin d’être entouré par des douaniers pour ne pas se perdre ?
619
r comment l’analyse fédéraliste, en même temps qu’
elle
rend compte des causes nationalistes de la décadence de l’Europe, dég
620
s chaque cas, mes conclusions ont été pareilles :
elles
tendent toutes à nous persuader que, désormais, le fédéralisme europé
621
le en théorie avec une tactique fédéraliste. Mais
elle
a conduit à l’échec. Elle a servi de prétexte à trop de marchandages
622
tique fédéraliste. Mais elle a conduit à l’échec.
Elle
a servi de prétexte à trop de marchandages entre les vraies forces d’
623
phé, lors du refus de la CED. Nous voyons donc qu’
il
n’est pas plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux, que d
624
ctuels occidentaux et asiatiques nous répètent qu’
il
est impossible de résister au fanatisme politique sans devenir soi-mê
625
s ce n’est qu’un risque. Et pourtant, à certains,
il
apparaît si grand que par crainte de le courir ils choisissent de ne
626
il apparaît si grand que par crainte de le courir
ils
choisissent de ne point résister du tout, et de s’inscrire par exempl
627
ait : celui de notre Rassemblement. Peut-être a-t-
il
contribué plus qu’on ne le croit à changer l’atmosphère de l’après-gu
628
re déifiée. Les hommes libres se sentaient seuls.
Ils
ont trouvé le lieu où l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocatio
629
d’une menace totale à laquelle, pour faire face,
il
fallait d’abord croire. Ce fut là son mérite historique. Et si les fa
630
’homme, parce que Reynold a eu raison et parce qu’
il
a su se faire entendre. Cités et pays suisses et Conscience de la Sui
631
s toutes nos réalités se moquent de ces excuses :
il
n’est que de regarder la carte. Tout nous rattache dans le passé, com
632
e, comme se trouve être la seule Suisse, et comme
elle
encore travaillée dans les profondeurs du passé, dans cet inconscient
633
de l’étude d’une Europe romano-germanique, n’est-
il
pas frappant de constater qu’elles résument l’expérience fédérale et
634
germanique, n’est-il pas frappant de constater qu’
elles
résument l’expérience fédérale et fédéraliste de la Suisse ? De l’Eur
635
qu’on la rejetait, sous prétexte de rejeter ce qu’
elle
seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce vertig
636
re plus simplement ce vertige de contradictions ?
Il
y faudrait une parabole. En voici une. Il y avait une fois des député
637
e. En voici une. Il y avait une fois des députés.
Ils
étaient très effrayés par une maladie dont ils craignaient la contagi
638
s. Ils étaient très effrayés par une maladie dont
ils
craignaient la contagion, et qu’ils nommaient réarmement allemand. On
639
maladie dont ils craignaient la contagion, et qu’
ils
nommaient réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remar
640
de ce vaccin évoquait le nom de la maladie, comme
il
arrive en général, ils votèrent contre le remède. Aussitôt le mal se
641
le nom de la maladie, comme il arrive en général,
ils
votèrent contre le remède. Aussitôt le mal se déclara. Mais pour quel
642
se déclara. Mais pour quelque raison mystérieuse,
ils
en parurent soulagés. Laissant aux historiens futurs le soin de tirer
643
ion européenne, comme on l’a répété bien à tort :
il
montre simplement qu’une partie d’un parlement (devenue majorité grâc
644
i demeure intacte après leur vote. — En revanche,
il
est douteux que les accords de Londres représentent « un premier pas
645
ropéenne », comme on l’a dit à Washington, puisqu’
ils
renoncent à affirmer le principe supranational. En résumé : rien n’es
646
la CED — par complaisance à une double illusion :
ils
ont cru que le travail éducatif en profondeur, lent par nature, repré
647
ar nature, représenterait une perte de temps ; et
ils
ont cru que la propagande pour l’idée européenne était faite. Examino
648
ont pas hésité un instant à agiter les passions :
ils
ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous po
649
ns tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui :
elle
consistait à croire qu’il est plus facile de faire l’Europe par pièce
650
le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’
il
est plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux que de la fa
651
que de la faire dans un seul élan fédérateur : qu’
il
est plus facile de tourner les obstacles que de les attaquer là où il
652
e tourner les obstacles que de les attaquer là où
ils
sont : dans les routines de l’esprit nationaliste, autant et plus que
653
n ne se ferait. L’Europe unie est une révolution.
Elle
doit passer par tous les stades préparatoires des révolutions réussie
654
« Pour une bibliothèque idéale » (1956)ae af S’
il
s’agissait de nommer les cent grands livres de l’humanité (ceux que l
655
’écrits de ces trois ordres que dans la mesure où
ils
ont fixé la rhétorique de l’une de nos langues nationales. (Il faudra
656
a rhétorique de l’une de nos langues nationales. (
Il
faudrait ajouter les traductions de la Bible en Angleterre et en Alle
657
cette notice : « Né en 1906. Brillant essayiste,
il
s’est fait l’ardent défenseur du mouvement fédéraliste : Le Paysan d
658
nir, une diminution du nombre des festivals. Mais
il
faut sauvegarder à tout prix la qualité et le prestige des meilleurs.
659
e a présidé à la formation de notre association :
il
s’agissait de présenter l’ensemble des meilleurs festivals comme une
660
au public un guide unique en son genre, parce qu’
il
permet à l’amateur de s’orienter vers la qualité, de se composer selo
661
eux de la musique européenne, et d’être assuré qu’
il
ne sera pas déçu, et qu’il ira vraiment d’une fête à l’autre. L’échan
662
e, et d’être assuré qu’il ne sera pas déçu, et qu’
il
ira vraiment d’une fête à l’autre. L’échange de « créations », de spe
663
re dix-sept des meilleurs festivals de huit pays.
Elle
fournit ainsi un exemple, encore modeste, mais convaincant, de cette
664
ue, création la plus typique de l’Europe, n’était-
elle
pas faite pour manifester la première cette communauté profonde des r
665
ine très savamment discrète de la rue de l’Odéon.
Il
n’était pas lieu de Paris que j’avais l’impression de mieux connaître
666
’ancêtre Claudel aux jeunes d’alors, tous ceux qu’
elle
estimait défilèrent un à un devant l’objectif — bien nommé — de Gisèl
667
ienne, qu’on pourrait publier en album, ne ferait-
il
pas un bel hommage à sa mémoire ? Il faudrait y ajouter les descripti
668
m, ne ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ?
Il
faudrait y ajouter les descriptions vivaces, incisives et toujours am
669
ptions vivaces, incisives et toujours amicales qu’
elle
donna de plusieurs des modèles dans son Navire d’argent et sa Gazette
670
quel savoureux naturel ! Aurions-nous perdu avec
elle
ce qu’elle a servi mieux qu’elle-même, et plus gracieusement que pers
671
reux naturel ! Aurions-nous perdu avec elle ce qu’
elle
a servi mieux qu’elle-même, et plus gracieusement que personne ? ag
672
d’observations nouvelles. Le lecteur va juger si
elles
infirment ou si au contraire elles élargissent pour mieux l’asseoir m
673
ur va juger si elles infirment ou si au contraire
elles
élargissent pour mieux l’asseoir ma thèse originelle, que je réitère,
674
raire approfondir, tout en la précisant autant qu’
il
est possible, la problématique de l’amour courtois — parce que je la
675
mpes sacrales de l’Église un spiritualisme épuré,
ils
aboutissent parfois, plus ou moins consciemment, à des doctrines natu
676
issent et souffrent la passion au moins autant qu’
ils
ne parviennent à la transmuer en vertus et en vérités théologiques. S
677
professent que l’homme étant divin, rien de ce qu’
il
fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait engager le sa
678
naît dans le Midi de la France, patrie cathare :
elle
célèbre la Dame des pensées, l’idée platonicienne du principe féminin
679
a comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’
il
aime sans l’avoir jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que l’Espri
680
au même désir profond, surgi de l’âme collective.
Il
fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant porter par lui, m
681
s précise : « Si Marie eût été conçue sans péché,
elle
n’aurait pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte d
682
. Enfin, voici un dernier trait dont on verra qu’
il
est tout impossible de le rattacher latéralement aux précédents. C’es
683
ur pour la femme se trouve partiellement libéré :
il
peut s’avouer sous la forme d’un culte rendu à l’archétype divin de l
684
tte Déesse-Mère ne cesse pas d’être virginale, qu’
elle
échappe donc à l’interdit maintenu sur la femme de chair. L’union mys
685
’homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’
il
se trouve impliqué bon gré mal gré dans la lutte qui divise profondém
686
le mariage est tenu pour sacrement, cependant qu’
il
repose en fait sur des bases d’intérêt matériel et social, et se voit
687
el et social, et se voit imposé aux époux sans qu’
il
soit tenu compte de leurs sentiments. En même temps, le relâchement d
688
me poète un adorateur enthousiaste de la Dame, qu’
il
exalte, et un contempteur de la femme, qu’il rabaisse : qu’on se rapp
689
, qu’il exalte, et un contempteur de la femme, qu’
il
rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers d’un Marcabru ou d’un
690
ntradiction, ne s’en plaignent pas ! On dirait qu’
ils
ont trouvé le secret d’une conciliation vivante des inconciliables. I
691
et d’une conciliation vivante des inconciliables.
Ils
semblent refléter, mais en la surmontant, la division des consciences
692
geois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’
elles
fussent mariées — que le mariage était condamné par leur Église. Beau
693
s l’air depuis deux-cents ans. Dans tous les cas,
ils
chantaient pour des châtelaines dont il fallait apaiser par des chans
694
les cas, ils chantaient pour des châtelaines dont
il
fallait apaiser par des chansons la mauvaise conscience, et qui leur
695
ur sincère qu’un antipode spirituel au mariage où
elles
avaient été contraintes. Le même auteur ajoute qu’à son avis, « il n
696
traintes. Le même auteur ajoute qu’à son avis, «
il
n’est pas question de voir dans la chasteté, ainsi feinte, une habitu
697
s modernes, en effet, depuis Rousseau, croient qu’
il
existe une sorte de nature normale, à laquelle la culture et la relig
698
de ce fait, aisément confondues avec l’instinct.
Elles
furent tantôt des artifices cruels, tantôt des rites sacrés ou des ge
699
cellence une technique, bien que fondamentalement
il
soit une métaphysique et une mystique… La méditation éveille certaine
700
forment le corps humain en un corps mystique.16
Il
s’agit, par le cérémonial du yoga tantrique, de transcender la condit
701
(ou reprend) sa semence dans son corps, qu’aurait-
il
à craindre de la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrism
702
quel débauché. » Mais la femme, dans tout cela ?
Elle
reste objet d’un culte. Considérée comme « source unique de joie et d
703
os, l’amante synthétise toute la nature féminine,
elle
est mère, sœur, épouse, fille… elle est le chemin du salut »20. Ainsi
704
ure féminine, elle est mère, sœur, épouse, fille…
elle
est le chemin du salut »20. Ainsi le tantrisme apporte cette nouveaut
705
mme un domestique, dormir dans la même chambre qu’
elle
, puis à ses pieds. Pendant les quatre mois suivants et tout en contin
706
ts et tout en continuant à la servir comme avant,
il
dort dans le même lit, du côté gauche. Pendant encore quatre mois, il
707
lit, du côté gauche. Pendant encore quatre mois,
il
dormira du côté droit, après ils dormiront enlacés, etc. Tous ces pré
708
core quatre mois, il dormira du côté droit, après
ils
dormiront enlacés, etc. Tous ces préliminaires ont pour but « l’auton
709
exaltation mystique et la béatitude à travers une
Elle
qu’il s’agit de « servir » en posture humiliée, mais en gardant cette
710
on mystique et la béatitude à travers une Elle qu’
il
s’agit de « servir » en posture humiliée, mais en gardant cette maîtr
711
de purs « rhétoriqueurs23 ». D’Amour, je sais qu’
il
donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, dit le premi
712
fasse longtemps attendre et que je n’aie point d’
elle
ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Pr
713
temps attendre et que je n’aie point d’elle ce qu’
elle
m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez ma vie
714
oigné de l’amour coupable et de son « angoisse ».
Il
va plus loin dans la libération : la présence physique de l’objet aim
715
ndifférente : J’ai une amie, mais je ne sais qui
elle
est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je l’aime fort… Nulle
716
bératrice du désir dominé par Mesure et Prouesse,
elle
est aussi fontaine de Jouvence : Je veux garder (ma dame) pour me ra
717
Dame. Et Guiraut de Calenson : Dans le palais où
elle
siège (la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux pre
718
x premières passe aisément les trois autres, mais
il
lui est difficile d’en sortir. Il vit dans la joie, celui qui peut y
719
is autres, mais il lui est difficile d’en sortir.
Il
vit dans la joie, celui qui peut y rester. On y accède par quatre deg
720
vir, patiemment attendre.25 Quant à Faux Amour,
il
se voit vertement dénoncé par Marcabru et ses successeurs, en des ter
721
de ses aspects. Et tout d’abord, dit Marcabru, «
Il
lie partie avec le diable, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet
722
couve Faux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-
il
pas le père de la création matérielle… et de la procréation, selon le
723
faux abbés, fausses recluses et faux reclus »26.
Ils
seront détruits « soumis à toute ruine », et tourmentés en enfer. No
724
et tourmentés en enfer. Noble Amour a promis qu’
il
en serait ainsi, là sera la lamentation des désespérés. Ah ! noble Am
725
, corrompent les amants, les femmes et les époux.
Ils
vous disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi les maris devie
726
louanges et d’interdits, demeure un fait patent :
il
suffit de lire. Elle va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle
727
dits, demeure un fait patent : il suffit de lire.
Elle
va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle d’Arthur, du Graal, e
728
Que cette hypothèse soit un jour vérifiée ou non,
il
n’en reste pas moins que l’origine manichéenne du Roman est attestée
729
hoisi ces deux cas, solidement attestés, parce qu’
ils
réfutent le préjugé moderne en vertu duquel toute communication entre
730
autant plus brûlant — de la première adolescence.
Il
ressemble aussi à l’amour chanté par les poètes arabes, homosexuels p
731
a plupart, comme le furent plusieurs troubadours.
Il
s’exprime dans des termes qui seront repris par presque tous les gran
732
presque tous les grands mystiques de l’Occident.
Il
nous semble parfois se réduire à des fadaises sophistiquées, dans le
733
ées, dans le goût des petites cours du Moyen Âge.
Il
peut être purement rêvé, et beaucoup se refusent à y voir autre chose
734
fusent à y voir autre chose qu’un tournoi verbal.
Il
peut traduire aussi les réalités précises, mais non moins ambiguës, d
735
e, en pleine révolution de la psyché occidentale.
Il
a surgi du même mouvement qui fit remonter au demi-jour de la conscie
736
, le culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge.
Il
participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans
737
mme occidental, le retour d’un Orient symbolique.
Il
nous devient intelligible par certaines de ses marques historiques :
738
ou déclarée au concept chrétien du mariage. Mais
il
nous resterait indifférent s’il n’avait gardé dans nos vies, au trave
739
du mariage. Mais il nous resterait indifférent s’
il
n’avait gardé dans nos vies, au travers des nombreux avatars dont nou
740
ur et l’Occident . (Nouv. édit. Plon. 1956). 12.
Il
faut avouer que les réfutations les plus virulentes qui aient été pub
741
t de certaines imprudences d’expression. (Ce sont
elles
, par malheur, qui ont le plus fait pour assurer le succès de l’ouvrag
742
s de l’ouvrage dans un large public pressé, comme
il
arrive.) 13. Comme Amor s’oppose à Roma. Les hérétiques reprochaient
743
étique et rythmique par cette double trahison. Qu’
il
soit bien entendu que je n’épingle ici que des dépouilles de sens… 2
744
r l’origine de l’amour-passion et je m’aperçus qu’
il
apparaissait pour la première fois clairement dans le mythe de Trista
745
stan. Dès lors je dépassais largement mon sujet :
il
ne s’agissait plus d’exposer ce que j’appelle la crise contemporaine
746
rmes, les autres aussi, jusqu’à la dégradation qu’
il
subit de nos jours. J’ai tenté de le décrire comme un phénomène histo
747
est un sentiment historique, qui a une histoire.
Il
a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tou
748
oire. Il a des causes, des raisons. Peut-être eût-
il
pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie sièc
749
Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tout cas,
il
n’apparaît pas avant le xiie siècle. Mais Ovide, Properce, Tibulle ?
750
bie ? Faites attention aux textes. Vous verrez qu’
il
ne s’agit que d’amour charnel. Aucun texte de l’antiquité ne nous pré
751
e la passion est glorifiée dans la mesure même où
elle
est déraisonnable, où elle fait souffrir, où elle exerce ses ravages
752
dans la mesure même où elle est déraisonnable, où
elle
fait souffrir, où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et de s
753
elle est déraisonnable, où elle fait souffrir, où
elle
exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi. Pourquoi cette révo
754
uoi l’amour de l’amour et l’amour de la mort sont-
ils
apparus à ce moment-là ? Il faut relier l’amour courtois à l’hérésie
755
mour de la mort sont-ils apparus à ce moment-là ?
Il
faut relier l’amour courtois à l’hérésie néo-manichéenne. Ma thèse a
756
en notre possession. J’eus le bonheur de voir qu’
il
confirmait ce que j’avais avancé. C’est pourquoi je propose aujourd’h
757
livre est celui d’un moraliste dans la mesure où
il
cherche à faire prendre conscience aux gens des motifs de leurs actes
758
à l’état inconscient habite toujours les esprits.
Il
n’est pas une femme qui ne rêve de connaître le grand amour, la passi
759
r-passion, les êtres sont dominés par leur amour.
Ils
ne peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l
760
a fatalité les contraint à s’aimer. Mais alors, s’
ils
s’aiment malgré eux, poussés par une force extérieure qu’ils peuvent
761
t malgré eux, poussés par une force extérieure qu’
ils
peuvent arriver à haïr, ils ne s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que
762
e force extérieure qu’ils peuvent arriver à haïr,
ils
ne s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que l’amour fût moins fatal et
763
isît davantage les gens qu’on aime : par volonté.
Il
faut unir Éros et Agapè. Et plus prosaïquement, rendre le mariage plu
764
-Unis, où ses livres ont un grand retentissement,
il
s’est maintenant fixé à Genève et s’occupe essentiellement d’économie
765
lement d’économie politique. La semaine dernière,
il
a toutefois retrouvé Paris pour quelques jours mais avec un emploi du
766
en une demi-heure, parfois en deux minutes comme
il
arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres : il se ferme sur un p
767
arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres :
il
se ferme sur un paysage de plateaux nordiques et rhénans — collines o
768
i bien que l’homme de poids y sera surtout local.
Il
sera le grand homme d’une vallée, d’une cité, plus rarement celui d’u
769
ens moyens, oui, disait Lucien Febvre, mais quand
ils
réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils a
770
se dégager de leur canton — alors, pas de milieu,
ils
atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, d
771
ge — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’
il
monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des sommets. L’intuition
772
e ses trains locaux. Les trains suisses, bien qu’
ils
vous conduisent en moins d’une heure d’un monde à l’autre, ne servent
773
plaine et d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme
il
n’y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire e
774
i métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S’
il
me fallait décrire nos petits déplacements du point de vue de l’usage
775
quelque usage ignoré du commun. Presque toujours
elles
étaient vides. En troisième, on retrouvait, comme je l’ai dit, les ge
776
son affaire, on était parfaitement « en règle »,
il
fallait simplement « ne pas faire attendre », en vertu de cette disci
777
spect d’un wagon suisse de troisième classe, tant
il
respire naturellement l’honnêteté, tendrait à nous faire oublier que
778
lise… Dix années ont passé, et plus que jamais, s’
il
faut que j’en croie mes yeux, la confiance règne. Mais ce miracle est
779
banalité que les Suisses le prennent pour banal.
Ils
pensent mener la vie normale du genre humain, l’anarchie et la guerre
780
Ainsi pensent les Français du climat tempéré dont
ils
jouissent à peu près seuls au monde, tandis que les déserts, les volc
781
paix et de raison qui doivent nous étonner lorsqu’
ils
paraissent, phénomènes hautement improbables, très rarement observés
782
laise qu’éprouvent les étrangers sensibles lorsqu’
ils
prennent place dans nos trains locaux ? L’expérience de la vie new-yo
783
rant de celui qui renonce à comprendre… Ah ! mais
il
faut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je m’
784
je veux dire trop méfiant et même intolérant. Qu’
ils
aient seulement l’air étonnés suppose déjà beaucoup de retenue… À pro
785
e, des menus incidents du trajet. On sent bien qu’
il
a l’habitude. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensé
786
et. On sent bien qu’il a l’habitude. On dirait qu’
il
s’installe dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfe
787
ui prétendent ne pas payer de supplément parce qu’
il
n’y avait plus de place dans les troisièmes : ils ont l’air trop cont
788
’il n’y avait plus de place dans les troisièmes :
ils
ont l’air trop contents d’être là, on les refoule. J’ai cru remarquer
789
à respecter le velours gris et dru des secondes :
il
a tort, c’est la classe vulgaire. Des jeunes femmes aux moues insolen
790
ylons ou de cette « Cadillac » promise, affirment-
elles
, par le jeune mâle placide qui leur fait face, mi-flatté, mi-gêné. Je
791
res. Je me décide à regagner les troisièmes. Mais
il
faut traverser un couloir de premières. Et je m’arrête, fasciné. Un v
792
voient juste. Ces gens traversent le pays comme s’
il
n’existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de la sentence ésoté
793
ens traversent le pays comme s’il n’existait pas,
ils
vont plus loin. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil qui ne
794
classe, en Suisse, je les nomme les imperméables.
Ils
traversent et passent, rien ne les touche. Ce sont aussi, et pour la
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les trains qui vous croisent sont transparents s’
ils
vont très vite ? On ne cesse de voir le paysage au travers.) Ils appa
796
ite ? On ne cesse de voir le paysage au travers.)
Ils
appartiennent au vaste monde dont je rêvais avec fièvre, à 12 ans, qu
797
sion, remaniée, de « La lutte des classes ». am.
Il
s’agit d’un extrait de la préface à la Confédération helvétique , que
798
t d’emprise sur les cantons que dans la mesure où
elle
se conformait à leurs volontés »27. La division des petits États, leu
799
tempérament pragmatique ou doctrinaire. En fait,
elle
a tranquillement supprimé le problème de la souveraineté cantonale (o
800
expressément cette souveraineté, en même temps qu’
elle
la limite, ou plutôt qu’elle en délègue partiellement l’exercice au p
801
té, en même temps qu’elle la limite, ou plutôt qu’
elle
en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les tex
802
itée par la constitution fédérale et, comme tels,
ils
exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral.
803
re notre souveraineté ? Non : la recouvrer Est-
il
vrai que nos souverainetés doivent être abandonnées, si l’on veut fai
804
re abandonnées, si l’on veut faire l’Europe ? Est-
il
vrai qu’il y ait là un obstacle à l’Union ? Ces souverainetés ont-ell
805
là un obstacle à l’Union ? Ces souverainetés ont-
elles
quelques réalité et consistance, en dehors des débats où elles figure
806
s réalité et consistance, en dehors des débats où
elles
figurent comme prétexte à refuser les évidences européennes ? Voyons
807
e déclarer la guerre ou de conclure la paix comme
il
l’entend, d’assurer sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, d
808
constances techniques, économiques et politiques.
Il
en résulte que la souveraineté nationale n’a plus guère d’autre exist
809
omaine des forces réelles et de pouvoirs concrets
elle
est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle nostalgies de g
810
trée, et surtout angoisse de perdre son identité.
Elle
a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’où la difficult
811
ècle, et même de les apercevoir. D’où la prise qu’
ils
offrent aux manœuvres les plus grossières du communisme, jouant sur l
812
premier fut apporté par M. Ernst Friedlaender : «
Il
faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur
813
der : « Il faut dire franchement à nos nations qu’
elles
ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souverain
814
que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-
ils
, de voir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Europe u
815
ui les décisions principales et le peuple n’a sur
elles
aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranationales, les
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peuple car le peuple sera associé à leur gestion.
Il
importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissipée la crain
817
suscite la perte de la souveraineté nationale. »
Il
n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacri
818
inale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté,
elles
l’ont perdu, et sans retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ?
819
retour. À la question : pourquoi l’Europe unie ?
il
nous faut donc répondre maintenant : pour que l’Europe recouvre, entr
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du monde entier, nous demandons aide et secours.
Il
reste peu de temps. Vous connaissez les faits. Inutile de rappeler ce
821
étudiants et par les écrivains du cercle Petöfi,
il
n’a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient.
822
a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre,
ils
le savaient. S’ils nous ont appelés, cependant, comprenons la consign
823
Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’
ils
nous ont appelés, cependant, comprenons la consigne ainsi transmise.
824
ependant, comprenons la consigne ainsi transmise.
Ils
voulaient que leur combat survive à leur défaite. Ce message doit êtr
825
udapest a mis le communisme au ban de l’humanité.
Il
fallait tout d’abord le déclarer. Mais il faut en tirer les conséquen
826
manité. Il fallait tout d’abord le déclarer. Mais
il
faut en tirer les conséquences pratiques. Pour notre part, nous penso
827
Budapest. Discuter ses raisons, c’est oublier qu’
elles
« justifient » nécessairement les massacres de Budapest. Continuer le
828
un s’interroge et décide librement de l’action qu’
il
entend mener, dans sa sphère d’influence personnelle ou civique, cont
829
Congrès pour la liberté de la culture sachent qu’
ils
trouveront ici des hommes qui n’oublient pas l’appel des écrivains de