1
égards que ceux que vous voyez sur cette tribune,
je
répondrai : Nous sommes ici parce que nous croyons tous que la paix e
2
ition l’une de l’autre et pratiquement synonymes.
J’
espère bien que vous êtes de ceux qui se méfient des grands mots du ge
3
ce qu’on met derrière ces syllabes prestigieuses.
J’
espère, parce que c’est précisément notre rôle d’intellectuels libres
4
peut-être le premier point de notre programme et
j’
y reviendrai. Mais j’entends dire partout avec découragement : La mena
5
point de notre programme et j’y reviendrai. Mais
j’
entends dire partout avec découragement : La menace, les menaces dont
6
« paix » D’autres que nous défendent la paix,
je
le sais bien. D’autres que nous et avant nous ont lancé des appels po
7
pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à
mon
avis, de distinguer entre le mot paix et la réalité vivante qu’il dev
8
pagande de la Liberté Quelles sont nos armes ?
Je
pense que leur nature doit nous être indiquée par la nature même de l
9
on d’artillerie. Quelle peut être notre riposte ?
Je
n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu
10
n de propagande qui nous incombe au premier chef.
Je
désire m’expliquer sur ce point. On peut et l’on doit détester la pro
11
gande qui nous incombe au premier chef. Je désire
m’
expliquer sur ce point. On peut et l’on doit détester la propagande, m
12
d’autres activités dites distinguées de ce genre,
je
voudrais poser une simple question très précise et concrète. D’où vie
13
t réduite à parler de questions culturelles. Cela
me
fait penser à de vieilles dames qui font du crochet pendant que les a
14
r avance, « occupés ». Ainsi donc, pratiquement —
j’
insiste sur le mot « pratiquement » — point d’Europe sans culture, poi
15
, mais le seul fait que nous existons dorénavant,
me
semble-t-il, peut rendre à beaucoup un espoir. Quelques-uns répondent
16
t et qui se découragent. À vous de les rejoindre.
J’
ajoute que, pour nous, intellectuels, le fait d’assumer publiquement n
17
un Européen ?b C’est absolument impossible. Et
je
vais essayer de dire pourquoi. On peut tout fabriquer, ou presque, pa
18
is un Européen. À l’appui de cette thèse absolue,
j’
invoquerai tout d’abord deux exemples connus qui feront mieux distingu
19
i feront mieux distinguer, par contraste, combien
je
dois avoir raison. Demandons-nous comment on fait pour fabriquer soit
20
mélange de Français et d’Allemands, des Suisses.
Je
n’entrevois aucun espoir d’obtenir par de tels procédés l’Européen sy
21
ur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins.
J’
en vois la preuve par neuf dans le reproche si courant qu’à tort ou à
22
x libertés, nous en avons plus que nous méritons.
Je
crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’une part le débu
23
es. Si vous demandez : quelles sont nos chances ?
Je
dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que d’un
24
etites démissions personnelles. Et c’est pourquoi
je
conclurai, une fois de plus, par ce delenda Carthago que j’opposais i
25
ai, une fois de plus, par ce delenda Carthago que
j’
opposais il y a quinze ans à une autre « mystique millénaire », mais d
26
ssant la distance, le conçoit et le définit ». Et
je
constate qu’il l’appliquait de préférence au phénomène unique par ses
27
ais nulle part mieux que dans L’Esprit de Genève.
Je
viens de relire cet ouvrage, paru en 1929 : c’est un classique. Seuls
28
nclusion forment ensemble un essai politique dont
je
ne vois pas encore l’égal dans notre époque. Il en est de plus « effi
29
rofondes », que l’Europe se fera, une et diverse.
Je
ne vois pas une phrase, dans cet essai final, animé par un long mouve
30
notre temps que sur celui de sa naissance — 1929,
je
le répète. « Petite Europe, toute seule dans un monde en tumulte, il
31
avec leur goût de veulerie et de reniement ? » Et
je
crois entendre de Traz ajouter sur un ton plus encore convaincu qu’in
32
peut-être dans notre capacité de renouvellement.
Je
dirai mieux : notre capacité de résurrection. À force d’imagination e
33
uoi ne pas le dire ici ? Cette relecture avive en
moi
d’amers regrets. Je voudrais écrire à de Traz sur toutes ces choses,
34
i ? Cette relecture avive en moi d’amers regrets.
Je
voudrais écrire à de Traz sur toutes ces choses, ce soir : il est tro
35
toutes ces choses, ce soir : il est trop tard. Il
m’
était encore plus fraternel qu’une longue amitié, dès mon adolescence,
36
t encore plus fraternel qu’une longue amitié, dès
mon
adolescence, n’a pu me le faire concevoir de son vivant. Dans le rec
37
qu’une longue amitié, dès mon adolescence, n’a pu
me
le faire concevoir de son vivant. Dans le recueil récemment publié d
38
s le recueil récemment publié de ses chroniques2,
j’
en trouve quelques-unes sur l’Europe : sur nos congrès de La Haye et d
39
lui. Modeste et probe avec une discrète élégance,
je
le vois lentement dépasser les baladins et les bruyants de son époque
40
nalement à mieux construire des appareils utiles.
Je
me proposer d’envisager Lawrence comme prototype d’une race d’écrivai
41
ement à mieux construire des appareils utiles. Je
me
proposer d’envisager Lawrence comme prototype d’une race d’écrivains
42
me à terme. Mais voyons maintenant leur personne,
j’
entends ce qu’ils ont fait de ces données natives, et les tensions qu’
43
quement intenable ? (« Avez-vous bien compris que
je
me suis engagé non pour écrire des livres mais parce que j’étais fauc
44
ment intenable ? (« Avez-vous bien compris que je
me
suis engagé non pour écrire des livres mais parce que j’étais fauché
45
engagé non pour écrire des livres mais parce que
j’
étais fauché ? », écrit Lawrence en 1923. L’argent n’est ici qu’un sym
46
jouer parmi les hommes tels qu’ils les jugent. «
J’
en suis à désirer sans cesse que le rideau tombe pour moi. On dirait q
47
uis à désirer sans cesse que le rideau tombe pour
moi
. On dirait que j’ai fini maintenant », écrit Lawrence quelques semain
48
cesse que le rideau tombe pour moi. On dirait que
j’
ai fini maintenant », écrit Lawrence quelques semaines avant sa mort.
49
portantes5. III. Un « message » de modestie
J’
essaierai maintenant de répondre à la question dont ces pages sont née
50
issisme collectif qu’est la passion nationaliste.
Je
vois leur antithèse dans les héros de l’intégrité personnelle, dont L
51
onne. Il dépasse tous les autres dans ce sens. Et
je
ne lui vois d’égal, dans l’exigence quant à soi-même, le mépris de la
52
tat de cette étude — la meilleure description que
je
puisse imaginer de la réalité moderne en tant que telle. Lawrence est
53
3 : Et puis il y a l’absence de responsabilité :
je
n’ai à répondre ici que de la propreté de ma peau, de la propreté de
54
té : je n’ai à répondre ici que de la propreté de
ma
peau, de la propreté de mes habits, et d’une certaine exactitude dans
55
que de la propreté de ma peau, de la propreté de
mes
habits, et d’une certaine exactitude dans les évolutions physiques à
56
les évolutions physiques à l’exercice. Depuis que
je
suis ici, il ne s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est pre
57
e. Depuis que je suis ici, il ne s’est présenté à
moi
pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exception de cette possib
58
ion de cette possibilité torturante de choisir de
m’
en aller d’ici, au moment où ma volonté de rester s’effondrera. À cela
59
ante de choisir de m’en aller d’ici, au moment où
ma
volonté de rester s’effondrera. À cela près, ce serait le complet dét
60
erminisme que gît la paix parfaite après laquelle
j’
ai si longtemps soupiré. J’ai essayé le libre arbitre, et l’ai rejeté
61
arfaite après laquelle j’ai si longtemps soupiré.
J’
ai essayé le libre arbitre, et l’ai rejeté ; l’autorité, je l’ai rejet
62
yé le libre arbitre, et l’ai rejeté ; l’autorité,
je
l’ai rejetée (pas l’obéissance, car mon effort actuel est de trouver
63
’autorité, je l’ai rejetée (pas l’obéissance, car
mon
effort actuel est de trouver l’égalité dans la seule subordination. C
64
subordination. C’est l’exercice de l’autorité qui
m’
écœure) ; l’action, je l’ai rejetée ; et la vie intellectuelle ; et la
65
’exercice de l’autorité qui m’écœure) ; l’action,
je
l’ai rejetée ; et la vie intellectuelle ; et la vie réceptive des sen
66
ns ; et les assauts d’esprit. Autant d’échecs, et
ma
raison me dit qu’en conséquence l’obéissance, le non-savoir échoueron
67
s assauts d’esprit. Autant d’échecs, et ma raison
me
dit qu’en conséquence l’obéissance, le non-savoir échoueront aussi, p
68
que les racines de l’échec commun doivent être en
moi
, — et pourtant, en dépit de la raison, je m’y essaie. Douze ans plus
69
tre en moi, — et pourtant, en dépit de la raison,
je
m’y essaie. Douze ans plus tard, et très peu de temps avant sa mort,
70
en moi, — et pourtant, en dépit de la raison, je
m’
y essaie. Douze ans plus tard, et très peu de temps avant sa mort, il
71
n activité dans la RAF « car la conquête de l’air
me
paraît être la seule tâche majeure de notre génération ; et je me sui
72
e la seule tâche majeure de notre génération ; et
je
me suis convaincu que le progrès, aujourd’hui, n’est pas le fait du g
73
a seule tâche majeure de notre génération ; et je
me
suis convaincu que le progrès, aujourd’hui, n’est pas le fait du géni
74
ait du génie isolé, mais de l’effort commun. Pour
moi
, c’est la multitude des rudes chauffeurs de camion, couvrant chaque n
75
ns de la RAF, non les grands as. « C’est pourquoi
je
suis resté dans le rang, et j’ai servi de mon mieux… » L’idée même de
76
. « C’est pourquoi je suis resté dans le rang, et
j’
ai servi de mon mieux… » L’idée même de créer quelque chose « d’intang
77
quoi je suis resté dans le rang, et j’ai servi de
mon
mieux… » L’idée même de créer quelque chose « d’intangible », qui l’a
78
ie ; car « toute création est tangible. Et ce que
j’
essayais, je crois, c’était de poser une superstructure d’idées sur to
79
oute création est tangible. Et ce que j’essayais,
je
crois, c’était de poser une superstructure d’idées sur tout ce que je
80
poser une superstructure d’idées sur tout ce que
je
faisais. Eh bien, en cela, j’ai échoué. J’ai donc changé de direction
81
ées sur tout ce que je faisais. Eh bien, en cela,
j’
ai échoué. J’ai donc changé de direction… Je me suis engagé dans la RA
82
ce que je faisais. Eh bien, en cela, j’ai échoué.
J’
ai donc changé de direction… Je me suis engagé dans la RAF pour me met
83
cela, j’ai échoué. J’ai donc changé de direction…
Je
me suis engagé dans la RAF pour me mettre au service d’une entreprise
84
a, j’ai échoué. J’ai donc changé de direction… Je
me
suis engagé dans la RAF pour me mettre au service d’une entreprise mé
85
de direction… Je me suis engagé dans la RAF pour
me
mettre au service d’une entreprise mécanique, non pas comme un chef,
86
mais comme un rouage dans la machine. Le mot-clé,
je
pense, c’est machine… Je laisse à d’autres le soin de dire si j’ai bi
87
la machine. Le mot-clé, je pense, c’est machine…
Je
laisse à d’autres le soin de dire si j’ai bien ou mal choisi : l’un d
88
machine… Je laisse à d’autres le soin de dire si
j’
ai bien ou mal choisi : l’un des avantages d’être une pièce de la mach
89
ible d’inférer de son exemple ? Les citations que
je
viens de traduire semblent indiquer que Lawrence eût été capable de j
90
viste. Que reste-t-il à faire pour un tel homme ?
Je
le cite encore : « Les idéaux d’une politique sont de ces choses qui
91
le qui en résulte est un travail de second ordre.
Je
n’ai rien rencontré de plus honnête et dévoué que nos hommes politiqu
92
onnête et dévoué que nos hommes politiques — mais
je
me ferais plutôt balayeur. Un nihilisme décent, c’est ce que j’espère
93
ête et dévoué que nos hommes politiques — mais je
me
ferais plutôt balayeur. Un nihilisme décent, c’est ce que j’espère, e
94
lutôt balayeur. Un nihilisme décent, c’est ce que
j’
espère, en général. Je pense qu’un pays bien constitué comme le nôtre,
95
ilisme décent, c’est ce que j’espère, en général.
Je
pense qu’un pays bien constitué comme le nôtre, peut se permettre 1 %
96
nihilistes. Voilà qui laisse assez de place pour
moi
. L’ennui avec le communisme, c’est qu’il accepte trop du mobilier d’a
97
est qu’il accepte trop du mobilier d’aujourd’hui.
Je
hais les meubles. » Qu’on ne voie pas là une dérobade devant le grand
98
cevant parce qu’il n’a pas laissé de « message »,
je
répondrai qu’il nous apprend au moins à n’en pas attendre des hommes.
99
tirées des livres ou des lettres des deux hommes.
J’
ai dû me borner à les paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry n’étan
100
es livres ou des lettres des deux hommes. J’ai dû
me
borner à les paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry n’étant pas en
101
ive, l’heure est venue de l’impatience créatrice.
Je
n’imagine pas de meilleur mot d’ordre pour une Campagne européenne de
102
foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)i
Je
vais limiter mon exposé à un seul thème, un thème-cathédrale : l’Euro
103
re et l’Europe (octobre 1952)i Je vais limiter
mon
exposé à un seul thème, un thème-cathédrale : l’Europe. La thèse que
104
ème, un thème-cathédrale : l’Europe. La thèse que
je
vais développer rapidement pourrait s’exprimer de cette manière, sous
105
ulture, ou : les foyers de culture sont l’Europe.
Je
précise tout de suite que je prends le terme foyer de culture au sens
106
lture sont l’Europe. Je précise tout de suite que
je
prends le terme foyer de culture au sens le plus général, le plus lar
107
culture au sens le plus général, le plus large ;
je
vous dirai aussi que les foyers de culture qui ont fait l’Europe joua
108
le différent de celui qu’ils auraient maintenant.
Je
ne ferai pas de longues incursions dans le passé, mais je rappellerai
109
rai pas de longues incursions dans le passé, mais
je
rappellerai la leçon de l’histoire ; avant le Moyen Âge, l’Europe s’e
110
pulation par une série de maillons successifs que
je
vous rappelle : la méditation se formulant en écrits, l’enseignement
111
ais réunis par des préoccupations communes. Ainsi
je
vois l’activité des foyers de culture s’insérer dans ce grand phénomè
112
hommes politiques et ne nous intéresse pas ici. ⁂
Je
voudrais maintenant vous présenter un certain nombre de thèmes : 1° I
113
’y a pas d’Europe vivante sans ces deux courants.
Je
reviens toujours à ces réalités : pour faire l’Europe, il faut que le
114
défendre les droits de leurs diversités locales.
J’
insiste sur ce double mouvement, il faut que les foyers collaborent à
115
s et l’ensemble de l’Europe. Vous remarquerez que
je
saute à dessein le stade national, intermédiaire ; la culture ne s’es
116
Pour en venir à des propositions plus pratiques,
je
proposerai que s’établisse un réseau européen de distribution de livr
117
ulture, dont nous avons adopté le nom avant-hier.
Je
verrais les choses de cette façon ; chaque foyer, quelle que soit sa
118
forme, sa structure, se donnerait pour tâche — et
je
voudrais qu’il le fasse expressément par un vœu formulé si possible i
119
urrait vraiment s’incarner. Pour préciser encore,
je
voudrais que ce même réseau de distribution, de diffusion et de criti
120
de culture tout d’abord ses plans de causeries —
je
crois qu’on vous les a remis. J’explique en quoi ils consistent : ce
121
s de causeries — je crois qu’on vous les a remis.
J’
explique en quoi ils consistent : ce sont de petits plans de 5 ou 6 pa
122
s gratuites pour jeunes ou membres de nos foyers.
Je
signale également notre Association des instituts d’études européenne
123
remarquables. Enfin, il y aurait lieu d’étudier,
me
semble-t-il, une sorte d’organisation de voyages et d’échanges, comme
124
ar le Centre d’échanges internationaux en France.
Je
vous signale que d’autres associations viennent nous voir de temps en
125
: on a parlé tout à l’heure de culture populaire.
Je
ne crois pas qu’il y ait une culture populaire, comme je ne crois pas
126
rois pas qu’il y ait une culture populaire, comme
je
ne crois pas aux cultures nationales. Il y a la culture, qu’il s’agit
127
ion, d’ouverture vers l’avenir, de liberté. Hier,
j’
ai reçu une lettre parlant des foyers où l’on disait : « j’espère que
128
une lettre parlant des foyers où l’on disait : «
j’
espère que dans un foyer la maison seule ne compte pas, ni la mystique
129
a culture qui doit être le principal locataire… »
J’
ai beaucoup aimé cette formule et me suis dit que je vous la retransme
130
locataire… » J’ai beaucoup aimé cette formule et
me
suis dit que je vous la retransmettrai. Je ne veux faire de peine à p
131
ai beaucoup aimé cette formule et me suis dit que
je
vous la retransmettrai. Je ne veux faire de peine à personne, mais le
132
ule et me suis dit que je vous la retransmettrai.
Je
ne veux faire de peine à personne, mais les maisons de culture sont l
133
uoi ? d’hommes à la fois libres et responsables !
Je
voudrais que vous soyez très ambitieux pour vos foyers de culture, et
134
et très ambitieux sur ce terme de culture, car, à
mon
sens, l’Europe de demain, l’Europe unie, vaudra exactement ce que vau
135
de Culture dont vous représentez un grand nombre.
Je
dirai, en terminant, que j’ai grande confiance depuis que je vous voi
136
ntez un grand nombre. Je dirai, en terminant, que
j’
ai grande confiance depuis que je vous vois ici rassemblés et surtout
137
n terminant, que j’ai grande confiance depuis que
je
vous vois ici rassemblés et surtout depuis que je vous ai vus approuv
138
je vous vois ici rassemblés et surtout depuis que
je
vous ai vus approuver ce mot de Communauté. i. Rougemont Denis de,
139
ours d’un entretien avec M. de Rougemont. Laissez-
moi
commencer par dire que je suis très heureux que votre journal ait ins
140
de Rougemont. Laissez-moi commencer par dire que
je
suis très heureux que votre journal ait institué ce débat, qui est ré
141
t, qui est réellement vital pour la Suisse, et si
je
tiens à y participer, c’est que je suis réellement très loin de ce qu
142
Suisse, et si je tiens à y participer, c’est que
je
suis réellement très loin de ce que dit le professeur Rappard. Ce que
143
loin de ce que dit le professeur Rappard. Ce que
je
préconise, ce n’est certes pas une européanisation de la Suisse, mais
144
édéraliste suisse. Or, ce qu’a déclaré M. Rappard
me
touche personnellement, car j’ai beaucoup lu ses livres, je m’en suis
145
déclaré M. Rappard me touche personnellement, car
j’
ai beaucoup lu ses livres, je m’en suis beaucoup servi et voici qu’il
146
personnellement, car j’ai beaucoup lu ses livres,
je
m’en suis beaucoup servi et voici qu’il paraît renier les conclusions
147
sonnellement, car j’ai beaucoup lu ses livres, je
m’
en suis beaucoup servi et voici qu’il paraît renier les conclusions de
148
ouvrages ; c’est pourquoi après cette interview,
je
pense qu’il est nécessaire de montrer nettement le point de vue de ce
149
rd, dans l’ordre où il les a énumérés lui-même. «
Je
ne crois pas, dit-il, que la petite Europe puisse se faire et durer »
150
lergi, et le projet de Briand de 1923l. Et ce qui
me
surprend le plus chez M. Rappard, c’est qu’il semble avoir oublié qu’
151
e fer l’a séparée en deux… N’allez pas plus loin,
je
connais l’antienne ! Non, le rideau de fer ne nous a pas séparés en d
152
s traditions communes des Vaudois et des Bernois,
je
pense ? Longue tradition en effet… comme celle qui « unissait » prote
153
éalisation ». Mais c’est nier l’évidence même, et
je
le répète, depuis que la Haute Autorité a été installée le 13 septemb
154
le 60 % restant de notre commerce extérieur ? Et
je
ne vois vraiment pas pourquoi, si la Haute Autorité se solidifie touj
155
professeur Rappard fonde-t-il cette déclaration,
je
ne le comprends pas, et l’argument de cette finis Helvetiae me semble
156
rends pas, et l’argument de cette finis Helvetiae
me
semble un rien démagogique. Non, rien ne sera fait contre nous si nou
157
et de la part du professeur Rappard encore plus.
Je
ne sache pas que le Royaume-Uni ait joué un grand rôle dans la consti
158
ique ? Et sa comparaison d’un Sonderbund européen
me
semble tout aussi erronée. Cette fédération n’est pas une ligue sépar
159
renoncerions-nous à cet avantage, et contre quoi,
je
vous le demande ? Encore une fois, non. Il ne s’agit pas de renoncer
160
À nous de rechercher une adaptation. Mais ce que
je
trouve le plus étonnant dans ces déclarations de M. Rappard, c’est pr
161
r notre pays, et, contre M. Rappard antieuropéen,
j’
en appelle à M. Rappard, fédéraliste suisse : nul mieux que lui ne sai
162
randeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)m
Je
vais partout disant que l’Europe est faite. On me demande : laquelle
163
Je vais partout disant que l’Europe est faite. On
me
demande : laquelle ? — Eh bien, l’Europe des Six, l’Europe de Luxembo
164
Jean Monnet. On lève les bras au ciel : — Quoi !
me
dit-on, mais l’Europe, cela va de Moscou à Gibraltar, et du Cap Nord
165
avez le front de dire que c’est l’Europe ? — Oui,
j’
ai cette conviction et je m’explique. Tout d’abord, vous faites une er
166
c’est l’Europe ? — Oui, j’ai cette conviction et
je
m’explique. Tout d’abord, vous faites une erreur en répétant que le r
167
est l’Europe ? — Oui, j’ai cette conviction et je
m’
explique. Tout d’abord, vous faites une erreur en répétant que le ride
168
te URSS qui n’en a que 30 millions de plus. Vous
me
répondrez que le nombre d’habitants ne fait pas tout. Et, en effet, P
169
s de civilisation occidentale, États-Unis inclus.
J’
y reviendrai. m. Rougemont Denis de, « Grandeur de la Petite Europe
170
t Bernard Groethuysen, mais non signée)6, lorsque
j’
essaie de me remémorer l’espèce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un s
171
oethuysen, mais non signée)6, lorsque j’essaie de
me
remémorer l’espèce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me v
172
que j’essaie de me remémorer l’espèce de choc que
j’
en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à l’esprit : autorité. Avant
173
èce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot
me
vient à l’esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit,
174
autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit,
j’
avais reconnu la grandeur d’un ton, d’un style, d’une impatience rigou
175
comme l’antique injonction du Sphinx : devine, ou
je
te dévore ! Une constante énergie de l’énoncé. Et une grande force d’
176
de force d’exclusion. Seuls les mondains, pensais-
je
, savent encore exclure avec cette parfaite assurance, mais par manie,
177
vertu d’une réflexion passionnément originale. Et
je
tentais de décrire — dans le premier article, je crois bien, publié e
178
je tentais de décrire — dans le premier article,
je
crois bien, publié en France sur Kassner — « l’acuité lente de la réf
179
armes » de cette prose et son autorité. Telle fut
ma
première impression. Vingt ans plus tard, je la vois confirmée par un
180
fut ma première impression. Vingt ans plus tard,
je
la vois confirmée par un commerce rarement interrompu avec une œuvre
181
dont la difficulté, précisément, n’a pas cessé de
me
séduire et inciter. Je suppose qu’il est devenu banal de déplorer l’o
182
cisément, n’a pas cessé de me séduire et inciter.
Je
suppose qu’il est devenu banal de déplorer l’obscurité des essais et
183
rantie de leur pouvoir, et ne saurait traduire, à
mon
avis, qu’une intention profondément délibérée. Car il s’agit ici d’un
184
e maïeutique, s’exerçant sur les mythes de l’âme.
Je
parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes », et c’était au sen
185
ination un exercice spirituel, assez analogue, il
me
semble, à ceux qu’imposent aux néophytes les moines bouddhistes de la
186
fins deviennent conscientes et manifestes. « Dans
ma
fin est mon commencement », écrit T. S. Eliot, d’après saint Jean de
187
nent conscientes et manifestes. « Dans ma fin est
mon
commencement », écrit T. S. Eliot, d’après saint Jean de la Croix, sa
188
ou l’espèrent. Car, intégré, il ne le fut jamais,
je
l’ai rappelé. Mais il est en train de franchir le seuil d’une connais
189
rope et neutralité (6 mars 1953)s La thèse que
je
voudrais défendre devant vous tient en deux phrases : 1. Une discussi
190
er neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela,
je
répondrai que le choix de notre peuple est fait. Le parti stalinien n
191
n concrète de l’Europe et de la Suisse en Europe.
Je
précise : ce ne sont pas les partisans de la fédération européenne, l
192
s lors la neutralité devient un problème épineux.
J’
aborde ici la seconde partie de ma thèse. II En tant que profess
193
oblème épineux. J’aborde ici la seconde partie de
ma
thèse. II En tant que professionnel de l’idée européenne, j’ai
194
En tant que professionnel de l’idée européenne,
j’
ai pu mesurer quotidiennement, depuis 5 ans, les résistances têtues qu
195
êtues que l’on oppose, en Suisse, à notre action.
Je
vous en donnerai un exemple. Le Centre européen de la culture, à Genè
196
problèmes. Les vraies raisons de ces deux refus,
je
le sais, sont d’un ordre psychologique bien plus encore que politique
197
prises sur l’épaisse inertie de pareils préjugés.
J’
ai cité cet exemple précis pour définir une situation psychologique. C
198
ychologique. Comment pourrons-nous la redresser ?
Je
vous propose, pour aujourd’hui, une série de dix arguments, qui peuve
199
ssion de différer, une certaine manière de dire «
moi
», et de nous distinguer ainsi de la tribu ou du corps magique collec
200
e ». L’Asiatique a toujours recherché la perte du
moi
dans le Tout. Le Soviétique n’a plus le droit de dire « je » que lors
201
e Tout. Le Soviétique n’a plus le droit de dire «
je
» que lorsqu’il s’avoue criminel. L’Européen seul a placé la personne
202
Pourquoi
je
suis Européen (20 juin 1953)v w Je voudrais vous demander quelles
203
Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)v w
Je
voudrais vous demander quelles ont été les raisons toutes personnelle
204
i ont fait de vous un partisan de l’Europe unie ?
Je
suis né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui a été le dernier
205
e trouvait être, en même temps, le roi de Prusse.
Je
suis donc né à mi-chemin entre France et Allemagne, avec beaucoup d’a
206
d’ancêtres français et quelques allemands. Quand
je
me suis mis à voyager pendant mes études — longs séjours en Autriche,
207
ancêtres français et quelques allemands. Quand je
me
suis mis à voyager pendant mes études — longs séjours en Autriche, en
208
allemands. Quand je me suis mis à voyager pendant
mes
études — longs séjours en Autriche, en Allemagne, en Italie, en Franc
209
n France — retrouvant des cousins un peu partout,
je
ne me suis jamais senti étranger dans aucun de nos pays. Tel est, si
210
ce — retrouvant des cousins un peu partout, je ne
me
suis jamais senti étranger dans aucun de nos pays. Tel est, si vous l
211
t, si vous le voulez, l’aspect « cosmopolite » de
mon
européanisme : il m’est instinctif, comme d’ailleurs beaucoup de Suis
212
l’aspect « cosmopolite » de mon européanisme : il
m’
est instinctif, comme d’ailleurs beaucoup de Suisses. Dès la fin de me
213
mme d’ailleurs beaucoup de Suisses. Dès la fin de
mes
études, j’ai longuement habité Paris et la France, et c’est pendant c
214
rs beaucoup de Suisses. Dès la fin de mes études,
j’
ai longuement habité Paris et la France, et c’est pendant cette périod
215
et la France, et c’est pendant cette période que
j’
ai écrit la plupart de mes livres, tous centrés sur la définition d’un
216
endant cette période que j’ai écrit la plupart de
mes
livres, tous centrés sur la définition d’une doctrine personnaliste d
217
personnaliste dont la traduction politique est, à
mes
yeux, le fédéralisme. J’ai participé au lancement des revues L’Ordre
218
uction politique est, à mes yeux, le fédéralisme.
J’
ai participé au lancement des revues L’Ordre nouveau et Esprit et
219
Kierkegaard commençait à être connu en France, et
j’
avais coutume de l’opposer à Hegel, préférant, en philosophie comme en
220
et le drame au système et à la synthèse. En 1938,
j’
ai publié mon Journal d’Allemagne , à la fin duquel je dénonçais Hitl
221
au système et à la synthèse. En 1938, j’ai publié
mon
Journal d’Allemagne , à la fin duquel je dénonçais Hitler comme anti
222
publié mon Journal d’Allemagne , à la fin duquel
je
dénonçais Hitler comme antieuropéen parce qu’antifédéraliste. Mobilis
223
entièrement cerné par les nazis et les fascistes,
j’
ai publié un ouvrage intitulé Mission ou démission de la Suisse , dan
224
Mission ou démission de la Suisse , dans lequel
j’
exposais plus nettement qu’auparavant la liaison nécessaire entre la c
225
enne. C’est donc bien en tant que fédéraliste que
je
réagissais violemment aux hitlériens, que je décrivais alors comme de
226
que je réagissais violemment aux hitlériens, que
je
décrivais alors comme des « jacobins en chemise brune ». Étant lecteu
227
cteur à l’Université de Francfort de 1935 à 1936,
j’
avais eu l’insolence de professer un cours sur le parallélisme entre l
228
autres : c’est ce que nous avons tous en commun.
J’
écris en ce moment un livre qui sera intitulé : Le Sens de nos vies x,
229
intitulé : Le Sens de nos vies x, et dans lequel
j’
esquisse une histoire de l’homme européen, ou plutôt de sa manière de
230
homme européen, ou plutôt de sa manière de dire «
je
» ou « moi ». C’est là une notion essentiellement européenne, et que
231
péen, ou plutôt de sa manière de dire « je » ou «
moi
». C’est là une notion essentiellement européenne, et que nous avons
232
os faiblesses : notre risque créateur. Mais quand
je
parle d’individu, il faut s’entendre. Le véritable Européen, c’est l’
233
ponsable, à la fois autonome et engagé, celui que
j’
appelle la personne. (Cette formule a été reprise par Sartre, mais à m
234
. (Cette formule a été reprise par Sartre, mais à
mon
sens dénaturée par lui. L’engagement, c’était pour Mounier, Dandieu,
235
s nous nous éloignons de notre sujet… Tout ce que
je
viens de vous dire résume la phase doctrinale de mon européanisme. Re
236
viens de vous dire résume la phase doctrinale de
mon
européanisme. Repartons de 1940. À la fin de cette année-là, j’ai été
237
e. Repartons de 1940. À la fin de cette année-là,
j’
ai été envoyé aux États-Unis pour une série de conférences. De là, j’a
238
États-Unis pour une série de conférences. De là,
j’
ai été en Argentine et, à mon retour à New York, en novembre 1941, les
239
e conférences. De là, j’ai été en Argentine et, à
mon
retour à New York, en novembre 1941, les États-Unis sont entrés en gu
240
re : plus moyen de revenir en Suisse. À New York,
j’
ai fait une nouvelle découverte de l’Europe. Aux yeux des Américains i
241
ses, des Allemands, mais seulement des Européens.
Ma
position fédéraliste européenne était par essence antihitlérienne, la
242
enne, la guerre contre Hitler se présentait, pour
moi
, comme une guerre pour l’Europe unie. Je ne me doutais pas, alors, qu
243
t, pour moi, comme une guerre pour l’Europe unie.
Je
ne me doutais pas, alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan de la «
244
r moi, comme une guerre pour l’Europe unie. Je ne
me
doutais pas, alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan de la « Nouvel
245
ait emparé du slogan de la « Nouvelle Europe »… À
mon
premier retour, en 1946, je fus invité à parler sur « l’Esprit europé
246
Nouvelle Europe »… À mon premier retour, en 1946,
je
fus invité à parler sur « l’Esprit européen » aux Rencontres internat
247
et 1947, rentrant d’un nouveau séjour à New York,
je
reçus la visite de Raymond Silva, que je ne connaissais pas, et qui,
248
ew York, je reçus la visite de Raymond Silva, que
je
ne connaissais pas, et qui, sans préambule, me demanda d’ouvrir par u
249
ue je ne connaissais pas, et qui, sans préambule,
me
demanda d’ouvrir par un discours le premier congrès fédéraliste qui a
250
fédéraliste qui allait se tenir à Montreux. Comme
j’
hésitais à intervenir dans une situation politique que je n’avais pu s
251
ais à intervenir dans une situation politique que
je
n’avais pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous n’avez qu’à re
252
que que je n’avais pu suivre que de très loin, il
me
dit : « Vous n’avez qu’à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’est
253
nt ce que notre congrès attend. » Ainsi fut fait.
Mon
discours publié en brochures par Fédération fut largement répandu par
254
u mouvement, l’Union européenne des fédéralistes.
J’
étais embarqué. Résumons : j’ai été conduit à l’idée européenne par ma
255
ne des fédéralistes. J’étais embarqué. Résumons :
j’
ai été conduit à l’idée européenne par ma naissance, ma curiosité et m
256
sumons : j’ai été conduit à l’idée européenne par
ma
naissance, ma curiosité et mes voyages au temps de mes études, mon év
257
été conduit à l’idée européenne par ma naissance,
ma
curiosité et mes voyages au temps de mes études, mon évolution philos
258
idée européenne par ma naissance, ma curiosité et
mes
voyages au temps de mes études, mon évolution philosophique et même t
259
aissance, ma curiosité et mes voyages au temps de
mes
études, mon évolution philosophique et même théologique, enfin par un
260
curiosité et mes voyages au temps de mes études,
mon
évolution philosophique et même théologique, enfin par une double pri
261
oquée d’une part par le nazisme, d’autre part par
mes
années d’Amérique. Quelles sont à votre avis les maladies infantiles
262
uction européenne ? Il y a d’abord la maladie que
j’
appellerais française. Je pense non seulement à l’instabilité politiqu
263
a d’abord la maladie que j’appellerais française.
Je
pense non seulement à l’instabilité politique de la France, mais auss
264
ent à Strasbourg et à Luxembourg ? Naturellement.
Je
suis aussi pour la fédération des Six. Il est conforme à la doctrine
265
e part plus active à la construction européenne ?
Je
crains que la Suisse ne soit le dernier pays à entrer dans la fédérat
266
olide. Et ce sera aussi l’aboutissement de ce que
j’
ai appelé la mission de la Suisse. Je vais vous citer deux alexandrins
267
nt de ce que j’ai appelé la mission de la Suisse.
Je
vais vous citer deux alexandrins qui résument parfaitement notre isol
268
v. Rougemont Denis de, « [Entretien] Pourquoi
je
suis Européen », Jeune Europe, Paris, 20 juin 1953, p. 7-8. w. Propo
269
de décrire un monde « absurde », etc. Cependant,
je
ne vois pas que ce thème, partout mentionné, ait été vraiment discuté
270
u’ils aient voulu dire simplement : « Pour ce qui
me
concerne, Dieu n’existe plus », car il n’y aurait là rien de nouveau
271
et, secondement, la crédibilité de l’information.
Je
ne discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzsche est un cas suf
272
l’ignorance générale fait remonter la rumeur dont
je
parle, J.-P. Sartre. L’argument majeur de ce philosophe ne porte pas,
273
refus de la réalité donnée, la sienne d’abord («
Je
vais me faire à mon idée ») et par suite celle d’autrui (« L’enfer, c
274
e la réalité donnée, la sienne d’abord (« Je vais
me
faire à mon idée ») et par suite celle d’autrui (« L’enfer, c’est les
275
é donnée, la sienne d’abord (« Je vais me faire à
mon
idée ») et par suite celle d’autrui (« L’enfer, c’est les autres »).
276
croyable et absurde que toutes les absurdités que
je
viens d’énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même ai
277
ers l’homme, vers un homme bien déterminé, vers «
moi
», et le voit de plus en plus près, dans le secret de son cœur, dans
278
Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)y
J’
entends dire tous les jours à Genève : « Nous sommes occupés par les J
279
pe des Six, a promis une Europe des Trente-Deux. (
J’
avoue que le compte n’est pas facile à établir. Mais la Russie est du
280
on et aux surprises. Une remarque finale résumera
ma
pensée : Si la CED était votée demain, la conférence de Genève se ter
281
leur cœur, mais que presque personne n’a lu ! On
me
confiait récemment, à Paris, le résultat de sondages discrets opérés
282
e son ignorance : après tout, de quoi s’agit-il ?
Je
vais tenter de lui répondre objectivement, sans cacher pour autant me
283
i répondre objectivement, sans cacher pour autant
mes
préférences. Naissance de l’idée Quelle était la situation lorsq
284
n projet fantôme que personne n’a jamais défendu.
Je
vais le montrer par quelques exemples : « Quoi ! s’écrie-t-on, nos so
285
reconstituée, mais alors sans contrôle possible.
J’
entends et lis aussi des phrases de ce genre : « Ce traité désastreux
286
certains se disent : périsse l’Europe, pourvu que
mes
bénéfices continuent à rentrer, cela durera bien autant que moi ! En
287
continuent à rentrer, cela durera bien autant que
moi
! En faveur de la CED, nous trouvons d’une manière générale ceux qui
288
l’Afrique, du Proche-Orient… En faveur de la CED,
je
vois l’Histoire, le réalisme, la raison, la volonté de sauver nos lib
289
un des États membres, suffira pour notre défense.
Je
me pose moi-même la question. Mais je vois un pays réaliste qui, lui,
290
des États membres, suffira pour notre défense. Je
me
pose moi-même la question. Mais je vois un pays réaliste qui, lui, ne
291
re défense. Je me pose moi-même la question. Mais
je
vois un pays réaliste qui, lui, ne doute pas de l’efficacité de la CE
292
décrire activement notre méthode. L’obstacle dont
je
parle est le nationalisme. Faire la critique du nationalisme, c’est d
293
e à tout. Que personne ne diffère, il deviendrait
mon
juge ! pense l’État idéologique, né d’une révolution sanglante, et qu
294
peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son
moi
, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religio
295
les rapports d’usurpation et de confiscation que
j’
indiquais plus haut. Quant à la Langue, elle ne correspond historiquem
296
uliser et l’extirper de l’enseignement, voilà qui
me
paraît l’une des toutes premières tâches du fédéralisme appliqué à l’
297
le domaine de la biologie et de la psychologie :
je
le suggère à des esprits plus compétents. J’entendais simplement marq
298
ie : je le suggère à des esprits plus compétents.
J’
entendais simplement marquer cette convergence : le fédéralisme corres
299
me n’est pas seulement en prise avec l’époque, si
je
puis dire, il est aussi dans le droit fil des traditions les plus féc
300
une possibilité d’enrichissement de la personne. (
J’
ai souvent défini la liberté comme le droit d’appartenir à plusieurs c
301
eurs et de la santé mentale de l’Occident. Enfin,
je
rappellerai que le fédéralisme est dans la ligne de la pensée chrétie
302
de notre lutte, dans cette situation de fait ? ⁂
J’
envisagerai trois exemples typiques, l’un concernant la politique, le
303
uverainetés nationales. Ce qui revient à dire : «
Je
veux bien me marier, mais à condition de rester célibataire ! » Logiq
304
ationales. Ce qui revient à dire : « Je veux bien
me
marier, mais à condition de rester célibataire ! » Logiquement, cette
305
sur le thème de « l’abandon des souverainetés » ?
Je
ne le crois pas, pour deux raisons. La première, c’est que la souvera
306
s souverainetés nationales n’existent plus, comme
je
l’ai rappelé tout à l’heure. J’estime donc que les fédéralistes doiv
307
tent plus, comme je l’ai rappelé tout à l’heure.
J’
estime donc que les fédéralistes doivent refuser le faux dilemme : sou
308
sur la base d’une expérience historique probante,
je
leur propose une solution pratique. Parmi les fédérations réussies, o
309
bien réelle au niveau de la fédération. Tout cela
me
paraît plein d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Tout cela n
310
é d’adversaires réels de l’union. Mais là encore,
je
demande que les fédéralistes refusent de se battre pour des mots trom
311
pour la protection des nationalismes intégraux, —
je
serai content. 2° — Dans le domaine économique, également, cherchons
312
uropéen, non point du national à l’international.
Je
ne puis ici qu’indiquer sommairement cette direction de recherches éc
313
t cette direction de recherches économiques. Mais
je
tenais à marquer son articulation solide avec les nécessités du siècl
314
le problème de la culture. Il est une phrase que
je
retrouve dans tous les plans et projets « culturels » élaborés par le
315
érêt. Ce n’est pas en tant qu’Italien que Raphaël
m’
intéresse, ni Shakespeare en tant qu’Anglais. Et je ne suis pas du tou
316
’intéresse, ni Shakespeare en tant qu’Anglais. Et
je
ne suis pas du tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se m
317
gissement immédiat et sans condition du prévenu —
j’
entends : la suppression totale des mesures de discrimination national
318
uaniers pour ne pas se perdre ? Conclusions
J’
ai tenté par ces quelques exemples, de montrer comment l’analyse fédér
319
ne union vivante de nos peuples. Dans chaque cas,
mes
conclusions ont été pareilles : elles tendent toutes à nous persuader
320
’avons pas opposé à la propagande des Bons Tyrans
je
ne sais quel « front uni » exigeant farouchement le sacrifice « tempo
321
y, de Paris, de Hambourg, de Rangoon et de Milan.
Je
voudrais simplement mettre en relief un fait : celui de notre Rassemb
322
Reynold et l’Europe (1955)ac Il y a quinze ans
j’
osais louer Reynold de n’avoir pas craint de porter un jugement pessim
323
s l’illustration —, ces deux livres ont porté, et
je
suis de ceux qui tiennent pour capital leur rôle dans la défense de c
324
n peuple ensemble. Dans la liste de ses ouvrages,
je
trouve un tournant symbolique, vers 1940 précisément : succédant à Gr
325
invention, soit unifiée par une force étrangère.
Je
ne vois pas un seul peuple européen qui ait autant besoin que le nôtr
326
de Reynold et lui donnent sa valeur exemplaire :
je
n’en connais pas de plus « suisse », ni par là même de plus fécondes
327
s études dans certaines universités américaines),
je
me bornerais aux écrits religieux, ou créateurs de communautés, ou sc
328
tudes dans certaines universités américaines), je
me
bornerais aux écrits religieux, ou créateurs de communautés, ou scien
329
ù tracer la limite entre le sacré et la culture ?
Je
n’ai tenu compte d’écrits de ces trois ordres que dans la mesure où i
330
en Angleterre et en Allemagne.) Pour les autres,
je
propose les distinctions suivantes, que j’indique par un chiffre roma
331
utres, je propose les distinctions suivantes, que
j’
indique par un chiffre romain derrière les titres marqués d’une croix
332
cent ans. III. — Livres qui excitent aujourd’hui
ma
pensée. l. — Livres ayant formé nos cultures et notre conscience co
333
iroir. III. — Livres qui excitent aujourd’hui
ma
pensée 88. Benjamin Constant : Journal intime. 89. De Tocqueville
334
«
Je
vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)ag Je vivais en ce temps-là
335
« Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)ag
Je
vivais en ce temps-là, terminant mes études, dans la petite ville de
336
er 1956)ag Je vivais en ce temps-là, terminant
mes
études, dans la petite ville de Neuchâtel, et nous étions passionnéme
337
rue de l’Odéon. Il n’était pas lieu de Paris que
j’
avais l’impression de mieux connaître, sans y être jamais entré. Bouti
338
ute idée commerciale…) Bien des années plus tard,
je
devais découvrir que le culte des Lettres chez Adrienne Monnier était
339
saint San Sérémoni » célébré par Valery Larbaud.
Je
nous vois encore dans sa petite cuisine, en train de peler de fines p
340
e peler de fines patates pour un dîner improvisé.
Je
rentrais d’Amérique, je voulais tout savoir sur nos amis, leurs œuvre
341
pour un dîner improvisé. Je rentrais d’Amérique,
je
voulais tout savoir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies : j’avai
342
savoir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies :
j’
avais couru tout droit rue de l’Odéon, comme à la source la plus fraîc
343
ment que personne ? ag. Rougemont Denis de, « ‟
Je
vivais en ce temps-là…” », Mercure de France, Paris, janvier 1956, p.
344
roblèmes soulevés par L’Amour et l’Occident 11,
j’
éprouve le besoin de rassembler ici tout un faisceau d’observations no
345
contraire elles élargissent pour mieux l’asseoir
ma
thèse originelle, que je réitère, sur la liaison profonde entre la co
346
ent pour mieux l’asseoir ma thèse originelle, que
je
réitère, sur la liaison profonde entre la cortezia et l’atmosphère re
347
ortezia et l’atmosphère religieuse du catharisme.
Je
n’indiquais que par analogies la nature des relations possibles entre
348
Les polémiques parfois fort vives provoquées par
ma
thèse, plus ou moins bien comprise12, les découvertes multipliées dep
349
e de nouvelles recherches personnelles, tout cela
m’
amène aujourd’hui à une conception de la cortezia à peine moins « hist
350
rtezia à peine moins « historique » que celle que
j’
esquissais alors, mais sans doute plus psychologique. Je rappelais la
351
issais alors, mais sans doute plus psychologique.
Je
rappelais la relation de fait (lieux et dates remarquablement identiq
352
lement identiques) entre cathares et troubadours.
Je
me risquais à dire : il y a là quelque chose, et l’absence de rapport
353
ent identiques) entre cathares et troubadours. Je
me
risquais à dire : il y a là quelque chose, et l’absence de rapports e
354
ue chose, et l’absence de rapports entre ces gens
me
paraîtrait plus étonnante encore que n’importe quelle hypothèse, « sé
355
use » ou non, sur la nature de ces rapports. Mais
je
me gardais de démontrer le détail précis des influences à la manière
356
» ou non, sur la nature de ces rapports. Mais je
me
gardais de démontrer le détail précis des influences à la manière de
357
e réel n’est défini que par des documents écrits.
J’
irai maintenant un peu plus loin, mais dans mon sens, non dans le leur
358
ts. J’irai maintenant un peu plus loin, mais dans
mon
sens, non dans le leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une de c
359
plus loin, mais dans mon sens, non dans le leur.
Je
ne prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textuelles et
360
perd stupidement son existence dans la réponse ».
Je
voudrais au contraire approfondir, tout en la précisant autant qu’il
361
la problématique de l’amour courtois — parce que
je
la crois vitale pour l’Occident moderne, et pour notre conduite moral
362
rne, et pour notre conduite morale et religieuse.
Je
vais donc poser quelques faits, comme un piège. J’éviterai à la fois
363
e vais donc poser quelques faits, comme un piège.
J’
éviterai à la fois d’indiquer des relations de cause à effet, et de fo
364
cette montée puissante du culte de l’Amour, dont
je
viens de rappeler les manifestations. Nous voici donc devant une réal
365
nction sexuelle »17. Ainsi parle Shiva18 : « Pour
mes
dévots, je vais décrire le geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détr
366
lle »17. Ainsi parle Shiva18 : « Pour mes dévots,
je
vais décrire le geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténè
367
ême grand bonheur… la joie de l’anéantissement du
moi
». Et cette « béatitude érotique », obtenue par l’arrêt, non du plais
368
vent comme de purs « rhétoriqueurs23 ». D’Amour,
je
sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, d
369
es amoureux consiste en Joie, Patience et Mesure…
J’
approuve que ma dame me fasse longtemps attendre et que je n’aie point
370
siste en Joie, Patience et Mesure… J’approuve que
ma
dame me fasse longtemps attendre et que je n’aie point d’elle ce qu’e
371
Joie, Patience et Mesure… J’approuve que ma dame
me
fasse longtemps attendre et que je n’aie point d’elle ce qu’elle m’a
372
ve que ma dame me fasse longtemps attendre et que
je
n’aie point d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Servi
373
attendre et que je n’aie point d’elle ce qu’elle
m’
a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez ma vie en
374
Marcabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez
ma
vie en hommage, belle de dure merci, pourvu que vous m’accordiez que
375
en hommage, belle de dure merci, pourvu que vous
m’
accordiez que par vous au ciel je tende ! (Uc de Saint-Circ.) Chaque
376
pourvu que vous m’accordiez que par vous au ciel
je
tende ! (Uc de Saint-Circ.) Chaque jour je m’améliore et me purifie,
377
ciel je tende ! (Uc de Saint-Circ.) Chaque jour
je
m’améliore et me purifie, car je sers et révère la plus gente dame du
378
el je tende ! (Uc de Saint-Circ.) Chaque jour je
m’
améliore et me purifie, car je sers et révère la plus gente dame du mo
379
(Uc de Saint-Circ.) Chaque jour je m’améliore et
me
purifie, car je sers et révère la plus gente dame du monde. (Arnaut D
380
c.) Chaque jour je m’améliore et me purifie, car
je
sers et révère la plus gente dame du monde. (Arnaut Daniel.) (De mêm
381
sir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir,
je
crois que je me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien
382
) à l’extrême : Par excès de désir, je crois que
je
me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arna
383
l’extrême : Par excès de désir, je crois que je
me
l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut
384
’objet aimé lui deviendra bientôt indifférente :
J’
ai une amie, mais je ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je
385
endra bientôt indifférente : J’ai une amie, mais
je
ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je l’
386
, mais je ne sais qui elle est, car jamais de par
ma
foi je ne la vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant qu
387
je ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi
je
ne la vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la po
388
le est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et
je
l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la possession de cet a
389
oi je ne la vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne
me
plaît autant que la possession de cet amour lointain. La « joie d’Am
390
Prouesse, elle est aussi fontaine de Jouvence :
Je
veux garder (ma dame) pour me rafraîchir le cœur et renouveler mon co
391
est aussi fontaine de Jouvence : Je veux garder (
ma
dame) pour me rafraîchir le cœur et renouveler mon corps, si bien que
392
aine de Jouvence : Je veux garder (ma dame) pour
me
rafraîchir le cœur et renouveler mon corps, si bien que je ne puisse
393
ma dame) pour me rafraîchir le cœur et renouveler
mon
corps, si bien que je ne puisse vieillir… Celui-là vivra cent ans qui
394
chir le cœur et renouveler mon corps, si bien que
je
ne puisse vieillir… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder l
395
r la joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.)
Je
n’ai cité que des poètes de la première et de la seconde génération d
396
e de bonté, par qui le monde entier est illuminé,
je
te crie merci. Contre ces clameurs gémissantes, défends-moi, de peur
397
e merci. Contre ces clameurs gémissantes, défends-
moi
, de peur que je ne sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je m
398
es clameurs gémissantes, défends-moi, de peur que
je
ne sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je me tiens pour ton
399
ne sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux
je
me tiens pour ton prisonnier et, réconforté par toi sur toutes choses
400
sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je
me
tiens pour ton prisonnier et, réconforté par toi sur toutes choses, j
401
sonnier et, réconforté par toi sur toutes choses,
j’
espère que tu seras mon guide. Enfin, contre certains des troubadours
402
par toi sur toutes choses, j’espère que tu seras
mon
guide. Enfin, contre certains des troubadours qui sans doute abusaie
403
orie sentimentale. 6. Excuse aux historiens
Je
ne crois guère à l’histoire « scientifique » comme critère des réalit
404
e « scientifique » comme critère des réalités qui
m’
intéressent dans cet ouvrage. Je lui laisse le soin d’affirmer que tel
405
des réalités qui m’intéressent dans cet ouvrage.
Je
lui laisse le soin d’affirmer que telle « filiation » reste indémontr
406
ces », reste donc incroyable jusqu’à nouvel avis.
Je
cherche un sens, donc des analogies illustratives et illuminatives. E
407
des analogies illustratives et illuminatives. Et
je
ne prétends aucunement confirmer une thèse quelconque en appelant l’a
408
use » tient aujourd’hui pour établis. Simplement,
je
les crois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits
409
relations entre l’Orient et l’Occident médiéval.
J’
ai choisi ces deux cas, solidement attestés, parce qu’ils réfutent le
410
t le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela
me
paraît vraisemblable, tout cela peut être « vrai » aux divers sens du
411
Au terme de l’espèce de contre-enquête à laquelle
je
viens de me livrer, et compte tenu des objections les plus sensées qu
412
l’espèce de contre-enquête à laquelle je viens de
me
livrer, et compte tenu des objections les plus sensées que firent à m
413
tenu des objections les plus sensées que firent à
ma
thèse minima les partisans d’écoles au moins diverses, me voici ramen
414
minima les partisans d’écoles au moins diverses,
me
voici ramené par une sorte de spirale au-dessus de mes premières cons
415
oici ramené par une sorte de spirale au-dessus de
mes
premières constatations : l’amour courtois est né au xiie siècle, en
416
icipe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à
mes
yeux, dans l’homme occidental, le retour d’un Orient symbolique. Il n
417
èse que sur sa réduction à la seule hypothèse que
j’
avais mentionnée au chapitre VII de ce livre, à savoir que les poèmes
418
ur cette simplification tout à fait abusive, dont
mes
adversaires sont plus responsables que moi — en dépit de certaines im
419
, dont mes adversaires sont plus responsables que
moi
— en dépit de certaines imprudences d’expression. (Ce sont elles, par
420
, op. cit., p. 210 et 212. 22. Id., ibid. 23.
Je
m’excuse de ne pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de p
421
p. cit., p. 210 et 212. 22. Id., ibid. 23. Je
m’
excuse de ne pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de paro
422
ette double trahison. Qu’il soit bien entendu que
je
n’épingle ici que des dépouilles de sens… 24. Note du professeur Jea
423
z-vous écrit ce livre ? L’amour des découvertes ?
Mon
propos initial était assez simple. Je voulais mettre à jour un parado
424
ouvertes ? Mon propos initial était assez simple.
Je
voulais mettre à jour un paradoxe dont l’époque semble nourrie mais i
425
re l’amour pour la mort avec l’amour pour la vie.
Je
voulais donner 150 pages ; j’en fis 400. En cours de route, en effet,
426
’amour pour la vie. Je voulais donner 150 pages ;
j’
en fis 400. En cours de route, en effet, je me mis à rechercher l’orig
427
ages ; j’en fis 400. En cours de route, en effet,
je
me mis à rechercher l’origine de l’amour-passion et je m’aperçus qu’i
428
s ; j’en fis 400. En cours de route, en effet, je
me
mis à rechercher l’origine de l’amour-passion et je m’aperçus qu’il a
429
mis à rechercher l’origine de l’amour-passion et
je
m’aperçus qu’il apparaissait pour la première fois clairement dans le
430
s à rechercher l’origine de l’amour-passion et je
m’
aperçus qu’il apparaissait pour la première fois clairement dans le my
431
ois clairement dans le mythe de Tristan. Dès lors
je
dépassais largement mon sujet : il ne s’agissait plus d’exposer ce qu
432
mythe de Tristan. Dès lors je dépassais largement
mon
sujet : il ne s’agissait plus d’exposer ce que j’appelle la crise con
433
on sujet : il ne s’agissait plus d’exposer ce que
j’
appelle la crise contemporaine du mariage mais d’aller véritablement à
434
jusqu’à la dégradation qu’il subit de nos jours.
J’
ai tenté de le décrire comme un phénomène historique, d’origine propre
435
ier l’amour courtois à l’hérésie néo-manichéenne.
Ma
thèse a été souvent attaquée par les historiens et les maîtres de Sor
436
orbonne. Certains spécialistes n’ont pas aimé que
j’
établisse des connexions entre les sombres cathares et les joyeux trou
437
doctrine de cette hérésie. En effet. Quand parut
mon
livre, on ignorait encore beaucoup trop de choses sur cette doctrine.
438
ncore beaucoup trop de choses sur cette doctrine.
J’
avoue que j’en avais été réduit à un grand nombre d’hypothèses. Mais,
439
up trop de choses sur cette doctrine. J’avoue que
j’
en avais été réduit à un grand nombre d’hypothèses. Mais, en 1940, le
440
cipes, premier texte cathare en notre possession.
J’
eus le bonheur de voir qu’il confirmait ce que j’avais avancé. C’est p
441
J’eus le bonheur de voir qu’il confirmait ce que
j’
avais avancé. C’est pourquoi je propose aujourd’hui une nouvelle éditi
442
confirmait ce que j’avais avancé. C’est pourquoi
je
propose aujourd’hui une nouvelle édition, où l’idée du livre reste la
443
la même mais s’appuie maintenant sur des textes :
j’
ai repris la partie historique. Mais votre propos demeure celui d’un m
444
. Mais votre propos demeure celui d’un moraliste.
J’
en conviens. Mon livre est celui d’un moraliste dans la mesure où il c
445
opos demeure celui d’un moraliste. J’en conviens.
Mon
livre est celui d’un moraliste dans la mesure où il cherche à faire p
446
ens des motifs de leurs actes. Nous en revenons à
mon
but initial : dénoncer la crise du mariage. Le mythe de Tristan, dégr
447
ertu. Le cinéma fournit assez de preuves à ce que
j’
avance. Fonder le mariage sur l’amour-passion est un monstrueux contre
448
nt arriver à haïr, ils ne s’aiment pas vraiment !
J’
aimerais que l’amour fût moins fatal et qu’on choisît davantage les ge
449
s de création du monde juste avant l’homme, c’est
ma
Suisse telle que je la vois, de très loin, dans mon souvenir. J’y rev
450
de juste avant l’homme, c’est ma Suisse telle que
je
la vois, de très loin, dans mon souvenir. J’y reviens. Les gros plans
451
a Suisse telle que je la vois, de très loin, dans
mon
souvenir. J’y reviens. Les gros plans tout d’un coup anéantissent l’e
452
que je la vois, de très loin, dans mon souvenir.
J’
y reviens. Les gros plans tout d’un coup anéantissent l’exaltant panor
453
ctes qui se côtoient partout mais qui s’ignorent,
je
ne sais combien de races, de classes et de dialectes jalousement prés
454
ration par le signal d’un raccourci métaphorique.
J’
idéalise, mais pourquoi pas ? S’il me fallait décrire nos petits dépla
455
étaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S’il
me
fallait décrire nos petits déplacements du point de vue de l’usager m
456
s déplacements du point de vue de l’usager moyen,
je
dirais que je les trouve divisés en trois classes, pour la commodité
457
du point de vue de l’usager moyen, je dirais que
je
les trouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’exposé. D
458
trois classes, pour la commodité de l’exposé. De
mon
temps, les gens bien voyageaient en troisième, les gens chics parfois
459
troisième, les gens chics parfois en seconde, et
je
ne savais rien des premières sinon qu’un morceau de dentelle ornait l
460
étaient vides. En troisième, on retrouvait, comme
je
l’ai dit, les gens bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de l
461
al. Revenant en Suisse après la longue absence de
mes
années américaines et plus que jamais frappé par ce trait national —
462
ul sans doute, chez nous, qui mérite l’adjectif —
je
me disais : « C’est notre force, et ce sera peut-être un jour, au der
463
sans doute, chez nous, qui mérite l’adjectif — je
me
disais : « C’est notre force, et ce sera peut-être un jour, au dernie
464
nées ont passé, et plus que jamais, s’il faut que
j’
en croie mes yeux, la confiance règne. Mais ce miracle est si bien dég
465
ssé, et plus que jamais, s’il faut que j’en croie
mes
yeux, la confiance règne. Mais ce miracle est si bien déguisé en exac
466
in-train de nos corruptions. Donc les Suisses que
je
vois en troisième classe offrent l’image de l’homme sûr de son monde.
467
ie new-yorkaise, où personne ne vous voit jamais,
me
propose par contraste une réponse. C’est qu’en Suisse on se sent rega
468
un air, un rien. L’indiscrétion du regard suisse
me
surprend à chacun de mes retours. Comment décrire et comment justifie
469
scrétion du regard suisse me surprend à chacun de
mes
retours. Comment décrire et comment justifier l’espèce particulière d
470
s il faut y être pour sentir et pour réagir comme
je
le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout co
471
ur sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que
je
m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur
472
sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je
m’
éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur don
473
le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l’indulgence
me
reprend. Tout compte fait, je leur donne raison. Quand on possède la
474
n peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait,
je
leur donne raison. Quand on possède la pax helvetica, on ne saurait s
475
elvetica, on ne saurait se montrer trop vigilant,
je
veux dire trop méfiant et même intolérant. Qu’ils aient seulement l’a
476
propos de cette pax helvetica, si vous pensez que
j’
exagère, laissez-moi recopier un « avis » imprimé que j’ai pu lire il
477
helvetica, si vous pensez que j’exagère, laissez-
moi
recopier un « avis » imprimé que j’ai pu lire il y a quelques années,
478
ère, laissez-moi recopier un « avis » imprimé que
j’
ai pu lire il y a quelques années, punaisé près de la porte du balcon
479
nt l’air trop contents d’être là, on les refoule.
J’
ai cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît de plus en pl
480
e placide qui leur fait face, mi-flatté, mi-gêné.
Je
me sens devenir réactionnaire, ce qui m’effraye encore un peu, bien q
481
lacide qui leur fait face, mi-flatté, mi-gêné. Je
me
sens devenir réactionnaire, ce qui m’effraye encore un peu, bien que
482
mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire, ce qui
m’
effraye encore un peu, bien que je voie venir le jour où certaine « ré
483
onnaire, ce qui m’effraye encore un peu, bien que
je
voie venir le jour où certaine « réaction » sera le dernier refuge de
484
tion » sera le dernier refuge des esprits libres.
Je
me décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverser un couloi
485
n » sera le dernier refuge des esprits libres. Je
me
décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverser un couloir d
486
ais il faut traverser un couloir de premières. Et
je
m’arrête, fasciné. Un vieux monsieur en noir, au col rond, dur et hau
487
il faut traverser un couloir de premières. Et je
m’
arrête, fasciné. Un vieux monsieur en noir, au col rond, dur et haut,
488
nole. En face de lui, la beauté même, « ô toi que
j’
eusse aimée », sa fille sans doute, fume en feuilletant un magazine. J
489
ille sans doute, fume en feuilletant un magazine.
Je
croyais autrefois que les premières étaient vides. C’était vrai, les
490
vu. Les passagers de première classe, en Suisse,
je
les nomme les imperméables. Ils traversent et passent, rien ne les to
491
u travers.) Ils appartiennent au vaste monde dont
je
rêvais avec fièvre, à 12 ans, quand je lisais sur les longs wagons br
492
monde dont je rêvais avec fièvre, à 12 ans, quand
je
lisais sur les longs wagons bruns qui s’engouffraient au tunnel du Go
493
curesti. Voici la Suisse en raccourci, telle que
je
l’aime : croisement des traditions locales les plus touchantes et des
494
ntonale (ou nationale), et cela d’une manière qui
me
paraît pleine d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Loin d’exi
495
de l’Europe tenue à Rome en 1953, deux arguments
m’
ont frappé comme étant propres à éduquer le sens européen de notre opi