1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 jamais vu des loups déclarer avec moins de pudeur leur amour passionné pour les brebis. La vérité, voyez-vous, c’est qu’on n
2 Liberté Quelles sont nos armes ? Je pense que leur nature doit nous être indiquée par la nature même de la lutte en cour
3 main, mais de rappeler les hommes aux réalités, à leurs responsabilités. Nous savons très bien que nos libertés démocratiques
4 , prennent au sérieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui est sérieux, croient-ils, ce sont les armements ou les
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
5 péens de nations différentes, si possible. Mariez leur fils avec la fille de deux autres Européens. Attendez une génération.
6 ntinent. Il faut les prendre comme ils sont, avec leurs vingt nations, leurs trois religions, leurs douze langues, leurs tren
7 prendre comme ils sont, avec leurs vingt nations, leurs trois religions, leurs douze langues, leurs trente-six partis et leur
8 avec leurs vingt nations, leurs trois religions, leurs douze langues, leurs trente-six partis et leurs innombrables coutumes
9 ions, leurs trois religions, leurs douze langues, leurs trente-six partis et leurs innombrables coutumes, toutes supérieures
10 , leurs douze langues, leurs trente-six partis et leurs innombrables coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’à côté.
11 e femmes, qu’ils ont tous en commun, précisément, leur volonté de rester chacun soi-même à sa façon. Voilà ce qui les distin
12 et des Américains, voilà le principe paradoxal de leur communauté profonde. Ce qu’il y a de plus humain chez tout homme, c’e
13 une langue, bien distinctes, et qu’ils perdraient leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas c
14 ent leurs libertés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preuve pa
15 t de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preuve par neuf dans le reproche si courant qu’
16 d’autres liens entre les hommes d’Europe. Il y a leur héritage commun de civilisation, de valeurs spirituelles, de formes p
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
17 ’ils nomment purement « formelle », affirmant que leur dictature prépare une liberté « réelle ». Mais alors, s’il est clair
18 à ses ennemis une idéologie plus puissante que la leur , mais hélas, vous n’avez aucun passé ! », quand on nous dit cela, et
19 besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des slogans. Nous n’avons nul
20 « aussi puissante » ou « plus puissante » que les leurs . Car les faits nous suffisent, et quant aux libertés, nous en avons p
21 ent, non point à s’unifier mais à se fédérer dans leurs différences essentielles. Si vous demandez : quelles sont nos chances
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
22 nt trop visibles ou trop sensibles, aux dépens de leurs découvertes ; ils rapportaient des états d’âme ; mais lui, de ses Dép
23 le snobisme nègre n’ont-ils pas assez duré, avec leur goût de veulerie et de reniement ? » Et je crois entendre de Traz ajo
24 s hommes d’Occident n’ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent donc pour mieux en délibérer. Qu’
25 Qu’ils fassent, avec sang-froid, l’inventaire de leur patrimoine commun. La civilisation européenne est le produit d’une co
26 tion est intact. Nos méthodes critiques doivent à leurs principes mêmes de pouvoir toujours s’adapter aux circonstances impré
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
27 sont vus exilés par le parti qui avait confisqué leur patrie (de Silone à Koestler, en passant par les Allemands, les Espag
28 e siècle. Ils sont héros par autre chose que par leur œuvre : par l’action dont cette œuvre témoigne, et dont elle tire son
29 chnique ces hommes sont engagés : ils ont payé de leur personne le prix d’une signification. Que ces héros soient les nomade
30 d’en voir la raison générale. La plupart courent leur aventure hors de chez eux, sourdement irrités qu’ils sont de se senti
31 t irrités qu’ils sont de se sentir étrangers dans leur peuple. S’expatrier devient une mise au point, une traduction spatial
32 ction spatiale du conflit qu’ils constatent entre leurs exigences intimes et l’insipidité de la vie défaite de leur cité. (Qu
33 nces intimes et l’insipidité de la vie défaite de leur cité. (Quelques-uns ont trouvé dans l’armée, et surtout, dans l’aviat
34 oyen de s’expatrier sans passer les frontières de leur pays. L’aviateur est toujours en instance de départ, et par là, sépar
35 écrit Lawrence, à propos de la RAF.) Ils courent leur aventure hors de chez eux, à la fois comme des conquérants et comme d
36 usieurs d’entre eux se fussent-ils résignés, dans leur pays, à l’état politique existant. Byron, à cet égard, serait l’exemp
37 Jünger, d’Edschmid, de Koestler, de Malraux, dans leur première période ; mieux encore, de T. E. Lawrence, de Saint-Exupéry,
38 r morale ou littéraire, par l’importance aussi de leur rôle historique et la sincérité de leurs convictions, tous ces hommes
39 aussi de leur rôle historique et la sincérité de leurs convictions, tous ces hommes sont, ou furent, des individualistes à l
40 conduite à l’étranger, et dont les fins dernières leur importaient bien moins que l’expérience elle-même, moins que le fait
41 une marge de conscience. Et dans cette marge naît leur œuvre écrite. Souvent l’homme d’un seul livre, sous des titres divers
42 recettes pour manier les esprits, et surtout pour leur imposer un angle de vision déterminé — c’est tout le secret du comman
43 éterminé — c’est tout le secret du commandement — leur sont connues ou instinctives. Ce n’est pas seulement à leur réputatio
44 connues ou instinctives. Ce n’est pas seulement à leur réputation d’aventuriers, de révolutionnaires ou d’aviateur qu’est dû
45 u d’aviateur qu’est dû le prestige particulier de leurs écrits, mais tout autant à l’efficacité d’une syntaxe qui sait commen
46 différentes à tant d’égards, si contrastées dans leurs données individuelles, ne fait qu’accentuer l’intérêt d’un rapprochem
47 formule d’homme qui, malgré tout ou presque tout, leur est commune. L’un Anglais et l’autre Français, et bien qu’ayant tous
48 l’autre Français, et bien qu’ayant tous deux vécu leur aventure à l’étranger, parfaits représentants de leur nation, dans ce
49 aventure à l’étranger, parfaits représentants de leur nation, dans ce qu’elle a justement de plus différent de l’autre. L’u
50 catholique, et bien que tous les deux éloignés de leur foi, irrévocablement marqués par deux morales aussi extrêmes dans leu
51 ment marqués par deux morales aussi extrêmes dans leur domaine qu’hostiles entre elles : la puritaine et la jésuite. L’un as
52 être opposé terme à terme. Mais voyons maintenant leur personne, j’entends ce qu’ils ont fait de ces données natives, et les
53 qu’ils étaient et ce qu’ils se voulaient. Voyons leur création, leur action, et leur drame. Une ultime structure de destiné
54 et ce qu’ils se voulaient. Voyons leur création, leur action, et leur drame. Une ultime structure de destinée semble gouver
55 voulaient. Voyons leur création, leur action, et leur drame. Une ultime structure de destinée semble gouverner ces deux vie
56 cture de destinée semble gouverner ces deux vies. Leur vocation s’est marquée dès l’enfance et affirmée pendant l’adolescenc
57 durs. Bien plus, ce travail les entraîne loin de leur patrie, dans des régions sauvages. Les voici doublement dépaysés, et
58 er à la révolte, dans les deux cas il faut parler leur langue, pénétrer leurs modes de penser, s’assimiler les procédés subt
59 les deux cas il faut parler leur langue, pénétrer leurs modes de penser, s’assimiler les procédés subtils qui fondent le pres
60 r les procédés subtils qui fondent le prestige de leurs chefs. De ce commerce prolongé et de la coutume du désert, tous les d
61 péry.) Tous les deux se moquent des grades, qu’on leur en donne ou non, et sont perpétuellement sur pied de fronde. Leur mép
62 non, et sont perpétuellement sur pied de fronde. Leur mépris orgueilleux pour les fonctions sans risques de ceux dont ils r
63 dont ils reçoivent les ordres, donne la mesure de leur sens du service : ils se soumettent, non pas au fonctionnaire, mais à
64 ls attendent de la règle, même injuste. Au reste, leurs plus grandes actions furent accomplies en dépit des pouvoirs et des i
65 persuader (qu’ils tiennent en partie des Arabes) leur vaut des appuis surprenants de la part d’un grand chef qu’ils savent
66 voie du service. Les voici maintenant formés par leur action, trempés par les dangers et les déboires, par les succès aussi
67 les succès aussi, durement gagnés, et que souvent leurs camarades d’équipe sont restés les seuls à connaître. Ils se retourne
68 nflit avec la politique des pouvoirs établis dans leur patrie (ou en son nom), ceux-là mêmes qu’ils viennent de servir, mais
69 nt servi. Signe plus personnel : ils avouent dans leurs lettres les doutes les plus profonds, et les mieux motivés, quant à l
70 jours le même, et qui doit être un commentaire de leur activité, visant à la sauver de l’anecdote historique pour en extrair
71 antent parfois, mais plus souvent se plaignent de leur exigence excessive et de leurs ratures infinies. C’est qu’ils se refu
72 ent se plaignent de leur exigence excessive et de leurs ratures infinies. C’est qu’ils se refusent aux entraînements de l’idé
73 Hommes. L’aventure paraît consommée. Et cependant leur drame le plus typique se noue à ce moment précis, devant la tentation
74 es différentes, il paraît difficile de distinguer leurs vrais motifs, parmi tant de prétextes qu’ils allèguent. S’agirait-il
75 qu’ils allèguent. S’agirait-il d’une fuite devant leur « personnage », ou d’une réelle passion de servir ? Ou serait-ce simp
76 il pouvait en gagner autrement.) Il va de soi que leurs supérieurs, gênés par ces gloires encombrantes (ces « licornes » comm
77 (ces « licornes » comme disait Lawrence), font de leur mieux pour les décourager ; mais eux s’obstinent, bien que plus vieux
78 r ; mais eux s’obstinent, bien que plus vieux que leurs camarades, bien qu’ayant eu « tous les membres brisés » au cours de l
79 ’ayant eu « tous les membres brisés » au cours de leurs campagnes précédentes, bien que hantés par leur besoin d’écrire, et b
80 leurs campagnes précédentes, bien que hantés par leur besoin d’écrire, et bien qu’ils ne puissent ignorer qu’à des postes m
81 t tués par la machine qui avait été la passion de leur vie. Mais leur légende prévaut contre le fait. Pendant longtemps on r
82 achine qui avait été la passion de leur vie. Mais leur légende prévaut contre le fait. Pendant longtemps on refusera de les
83 toutes sortes, il est vrai, mais la prostitution leur est commune : ils se prêtent aux plus basses luxures, comme par exemp
84 collectif qu’est la passion nationaliste. Je vois leur antithèse dans les héros de l’intégrité personnelle, dont Lawrence es
85 uvements totalitaires en général. Il fut pourtant leur adversaire et il se fût battu contre eux. Faudra-t-il l’accuser d’inc
86 e sont de ces choses qui vous montent à la tête : leur traduction en termes de compromis avec la structure sociale qui en ré
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
87 ’est à l’échelle du siècle. Il semble évident que leur union renverserait d’un coup la situation. Tout les y pousse : la log
88 sse : la logique de l’Histoire comme le calcul de leurs vrais intérêts, les nécessités de leur défense comme celles de leur v
89 calcul de leurs vrais intérêts, les nécessités de leur défense comme celles de leur vie culturelle, le passé comme l’avenir,
90 s, les nécessités de leur défense comme celles de leur vie culturelle, le passé comme l’avenir, la raison comme les rêves. Q
91 la mémoire et du jugement. Ils tirent prétexte de leurs traditions, parlent d’ennemis héréditaires, mais ils oublient que leu
92 ent d’ennemis héréditaires, mais ils oublient que leurs nationalismes ne remontent qu’au siècle dernier, et qu’ils ont deux-m
93 Ils tirent prétexte des intérêts à court terme de leurs États, mais ils oublient qu’ils forment un seul corps, et qu’il est f
94 res. Le cœur ni le poumon ne vivraient isolés, et leur santé dépend d’une bonne circulation. Enfin, rien n’est plus clair au
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
95 centaines et par milliers, si possible, apportent leur coopération active. Eux, et eux seuls, peuvent donner un contenu huma
96 isante, les foyers doivent défendre les droits de leurs diversités locales. J’insiste sur ce double mouvement, il faut que le
97 s l’union et les autonomies locales qui défendent leurs particularités ; paradoxe même de la vie, lutte permanente entre deux
98 crible de la vie quotidienne, puis modifiées dans leur pensée, si cela est nécessaire. De cette manière, l’idée européenne p
99 rs de culture, si on les y invite, pour parler de leurs expériences et lancer des groupes intéressés par ces questions passio
100 voudrait être la plaque tournante de vos foyers, leur forum. Un dernier mot : on a parlé tout à l’heure de culture populair
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
101 e s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais elle le souhaite. Elle n’est pas plus opposée à une fé
102 es trois pays du Benelux trouvent assurément dans leur passé singulièrement plus de raisons de se redouter et de se méfier…
103 pas un an avant l’adoption par les États-Unis de leur constitution fédérale que « L’idée que l’Amérique pourrait devenir, s
104 es Américains, les différences qui existent entre leurs gouvernements, leurs usages, leurs habitudes nous donnent une certitu
105 fférences qui existent entre leurs gouvernements, leurs usages, leurs habitudes nous donnent une certitude, c’est qu’ils ne p
106 existent entre leurs gouvernements, leurs usages, leurs habitudes nous donnent une certitude, c’est qu’ils ne pourront jamais
107 urope continentale (face au péril bolchévique) de leurs alliés naturels d’outre-Manche et d’outre-mer, en cherchant à en fair
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
108 fait à eux seuls, au cours des siècles et grâce à leurs échanges continuels d’idées de procédés, de maîtres et de disciples,
109 les plus grandes philosophies. Le rayonnement de leurs écoles d’art et de pensée s’étend sur la planète entière. « Petite Eu
110 tter les yeux. Ils savent pourtant que les portes leur sont ouvertes à Luxembourg. La « Petite Europe » se trouve être assez
111  Petite Europe » se trouve être assez grande pour leur laisser tout le temps de réfléchir et de recalculer leurs intérêts. Q
112 isser tout le temps de réfléchir et de recalculer leurs intérêts. Quant à ceux qui s’en vont répétant qu’un noyau fédéral fai
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
113 phes et les peintres de méditer non seulement sur leur métier propre, mais sur les surprises créatrices ménagées par leur co
114 e, mais sur les surprises créatrices ménagées par leur collaboration. Belle occasion aussi, pour le public, de prendre consc
115 s recréent, puisant chacun au fonds commun, selon leur génie régional. Voyez l’Hamlet du Piccolo Teatro ; comparez-le à celu
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
116 gues de Kassner. Elle est pourtant la garantie de leur pouvoir, et ne saurait traduire, à mon avis, qu’une intention profond
117 grandes intuitions tautologiques de l’Inde : par leurs images plutôt que leurs concepts ; sans conclusion. Mais l’angle de v
118 ologiques de l’Inde : par leurs images plutôt que leurs concepts ; sans conclusion. Mais l’angle de vision s’est imposé. Et l
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
119 seraient demeurées impensables, trouvent à Nicée leur prototype ou, pour mieux dire : la décisive épiphanie de leur archéty
120 pe ou, pour mieux dire : la décisive épiphanie de leur archétype. La réalité se définit, pour une civilisation donnée, par l
121 mentale du sujet et de l’anti-sujet affrontés, et leur interaction antinomique, nous apparaissent dans le détail très fin de
122 ologie. Rien n’existe, au sens fort, en dehors de leur lutte, dont le réel figure la résultante. Au-delà de tout idéalisme o
123 s aventuriers des arts, explique l’incertitude de leur vocabulaire. Adonnés à la même recherche, ils nous parlent tantôt de
124 rmatrice du cosmos, mais d’illustrer l’instant de leur amour. C’est celui de leur haine chez beaucoup de mauvais peintres :
125 illustrer l’instant de leur amour. C’est celui de leur haine chez beaucoup de mauvais peintres : on parle alors de désintégr
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
126 e manière. Les prétextes allégués sont vagues, et leur sincérité pose des problèmes. Les vraies raisons de ces deux refus, j
127 ls suisses qui souriaient, il y a 2 ans, quand on leur parlait du plan Schuman, s’inquiètent de le voir réalisé sans eux. Ce
128 ns de Suisse entendent rester les porteurs, parmi leurs compatriotes, de cette vérité fondamentale, mais qu’une opinion somno
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
129 quence l’union fédérale de nos pays, sauvegardant leurs diversités, était une rêverie condamnable doublée d’une erreur de log
130 consacrée par l’Église romaine et la Réforme avec leur notion de la personne, cette manière de se croire et de se sentir uni
131 ale et politique, nos divisions présentes perdent leur profondeur et se révèlent éphémères. Au contraire, nos diversités red
132 égées et aimées en tant que vocations. Et c’est à leur dialogue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses plus bell
133 ue vocations. Et c’est à leur dialogue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses plus belles créations. Certes, l’éc
15 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
134 ient influents, il est quotidiennement répété par leurs disciples et cité comme allant de soi par ceux qui vivent de l’écho.
135 e occidental. Gardons-nous d’admettre — ce serait leur faire injure — qu’ils aient voulu dire simplement : « Pour ce qui me
136 ndu, sur l’essence de Dieu et du diable, mais sur leur existence qui, selon lui, diminuerait ou supprimerait la responsabili
137 ommes qu’aujourd’hui pour affirmer qu’ils croient leur Dieu vivant. (Cf. les statistiques du christianisme, de l’islam et de
138 core pour qu’il les assiste individuellement dans leurs grandes et petites épreuves, le Dieu personnel en un mot, omniscient
16 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
139 du vrai problème, des vrais périls urgents et de leur solution pour le salut de l’Occident. Même si la conférence de Berlin
140 tué le plus sérieux atout des peuples libres dans leur confrontation avec Moscou. Non point que le projet de CED et le proje
141 dans les dénonciations que récitent les Russes et leurs satellites en Asie. Mais le colonialisme soviétique, lui, nous menace
142 ve entre la France et l’Allemagne par le moyen de leur fédération, ce serait agir en « bellicistes », puisque ce serait ferm
143 dront-ils cet Hannibal ante portas qu’on voudrait leur crier de Genève ? y. Rougemont Denis de, « Ce petit cap de l’Asie 
17 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
144 ont pris position en public ou dans le secret de leur cœur, mais que presque personne n’a lu ! On me confiait récemment, à
145 uelle, de quelques divisions américaines occupant leur secteur en Allemagne. Déjà engagés en Corée, les Américains trouvaien
146 ne Wehrmacht autonome, renaissant de ses cendres, leur paraissait plus menaçante que rassurante. Son nom seul leur rappelait
147 ssait plus menaçante que rassurante. Son nom seul leur rappelait de durs souvenirs. Elle pouvait aussi bien les attaquer que
148 sur pied de contingents nationaux, commandés par leurs propres officiers jusqu’à l’échelon divisionnaire. Ensuite, ces divis
149 e confusion égare beaucoup de lecteurs, et tend à leur faire croire le contraire de ce qui est. Nous avons vu que le premier
150 Europe soviétisée. L’Europe unie serait forte et leur résisterait. Ils veulent donc une Europe divisée. Or, ce qui nous div
151 ntretiennent l’illusion touchante mais tenace que leur nation pourrait se défendre seule, pour peu qu’elle soit « bien gouve
18 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
152 ir d’autres nationalismes, qui vont revendiquer à leur tour le droit de dominer l’époque, après s’être arrogé (au nom de la
153 de la liberté) le droit de régner absolument sur leurs sujets. À cette fin, chacun prétendra qu’il incarne « le plus haut co
154 spotique. Les petits pays se borneront à invoquer leurs traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a
155 ts pays se borneront à invoquer leurs traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siè
156 invoquer leurs traditions, leur folklore, ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siècle, la Norvège, la Tur
157 vrer au jeu pénible de restaurer artificiellement leur « langue nationale », parfaitement oubliée depuis longtemps, afin de
158 t oubliée depuis longtemps, afin de mieux prouver leur raison d’être. Nationalisme de reflet, d’imitation, parfois plus proc
159 isqu’ils n’acceptent aucune instance supérieure à leurs « droits » et limitant leur « absolue souveraineté ». Pendant cent an
160 nstance supérieure à leurs « droits » et limitant leur « absolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’Europe qui se croit rat
161 s millions d’hommes, qui en oublient du même coup leurs rudiments d’Histoire. Ces contradictions essentielles — entre la souv
162 res les plus grossières du communisme, jouant sur leur affectivité inquiète comme Iago sur la jalousie d’Othello. D’où enfin
163 hommes soit sacrifié à la puissance de l’État, et leurs libertés concrètes à sa liberté abstraite, qu’il nomme indépendance n
164 t à tous égards aux cadres nationaux, et cela par leur nature, ou par leur portée, ou par leur coût de production, ou enfin
165 cadres nationaux, et cela par leur nature, ou par leur portée, ou par leur coût de production, ou enfin par les échanges que
166 cela par leur nature, ou par leur portée, ou par leur coût de production, ou enfin par les échanges que ces techniques mult
167 e formé de pièces rigides et définies d’abord par leur contour. Elle conçoit les rapports humains et politiques comme un com
168 es différents, sauvegardant de la sorte à la fois leur individualité et leur relation créatrice. Il serait bien utile de pro
169 rdant de la sorte à la fois leur individualité et leur relation créatrice. Il serait bien utile de prolonger ce parallèle da
170 nt unanimes à condamner le nationalisme au nom de leur foi, et à préconiser en revanche une organisation personnaliste et fé
171 nationalistes ne cesseront pas de sitôt d’opposer leurs « solutions de rechange » à notre volonté constructive. Quelles seron
172 la base d’une expérience historique probante, je leur propose une solution pratique. Parmi les fédérations réussies, on peu
173 étroit se heurtait au veto des cantons, jaloux de leur souveraineté sacrée. La solution qui s’imposa finalement, au lendemai
174 te : loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expressément ce
175 isse, unis par la présente alliance… forment dans leur ensemble la Confédération suisse. Article 3. — Les cantons sont souv
176 icle 3. — Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la constitution fédérale, et comme
177 rticle 5. — La Confédération garantit aux cantons leur territoire, la souveraineté dans les limites fixées par l’article 3,
178 eraineté dans les limites fixées par l’article 3, leurs constitutions, la liberté et les droits du peuple… (etc.) Ratifiés p
179 ion, croyant dissimuler derrière ce petit préfixe leur qualité d’adversaires réels de l’union. Mais là encore, je demande qu
180 tures nationales, il y aurait intérêt à favoriser leurs échanges. Mais notre culture occidentale n’a jamais coïncidé avec les
181 aître » par le truchement d’œuvres d’art nées sur leur territoire actuel. Les artistes les plus typiques de l’esprit nationa
182 n débarrassés de l’enseignement nationaliste, qui leur inculque dès l’enfance la méfiance et la haine de leurs voisins. Il r
183 inculque dès l’enfance la méfiance et la haine de leurs voisins. Il résulte de ces brèves remarques que préconiser comme on f
184 lange de nos vertus et caractères nationaux, nous leur dirons : qu’est-ce que votre « génie national » s’il a besoin d’être
19 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
185 e mode d’expérience — comme l’eût dit John Dewey, leur grand aîné — qu’est l’exercice vivant et militant de la liberté de l’
20 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
186 rté, et je suis de ceux qui tiennent pour capital leur rôle dans la défense de ce pays, pendant la dernière guerre mondiale.
187 t dans nos cantons, nos familles, nos esprits. Et leur conciliation vivante nous définit. Principe d’autorité, principe d’as
21 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
188 gion, et qu’ils nommaient réarmement allemand. On leur proposa un vaccin. Ayant remarqué que le nom de ce vaccin évoquait le
189 onstruction — nécessité qui demeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que les accords de Londres représ
190 e plus que l’éducation européenne des peuples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Les partisans de l’Europe u
191 ion européenne des peuples, de leurs cadres et de leurs élites, reste à faire. Les partisans de l’Europe unie ont péché depui
192 jour où les adversaires de l’union ont déclenché leur propagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à agiter les pass
193 Suisse, s’élève à quatre-cent-quatre-vingt-onze. Leur tirage total a légèrement dépassé trois millions d’exemplaires. Cela
194 ance presque totale où sont restés nos peuples et leurs élites, devant le problème européen ? Avant toute propagande massive,
195 ance des mœurs des oiseaux : ceux-ci construisent leur nid en un jour, toutes affaires cessantes. 10. « Centre européen de
22 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
196 ribuent non seulement la qualité des œuvres et de leur exécution, mais le paysage, l’ambiance d’une cité, et la tradition mu
23 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
197 d’Amérique, je voulais tout savoir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies : j’avais couru tout droit rue de l’Odéon, comme
198 voulais tout savoir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies : j’avais couru tout droit rue de l’Odéon, comme à la source la
24 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
199 un peu plus loin, mais dans mon sens, non dans le leur . Je ne prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textuelles
200 t faire l’ange fait la bête » semble illustré par leurs excès ; mais ceux-ci traduisent bien plutôt la nature révolutionnaire
201 t imposé aux époux sans qu’il soit tenu compte de leurs sentiments. En même temps, le relâchement de l’autorité et des pouvoi
202 s, ces libertés très obscurément pressenties dans leur fascinante nouveauté… C’est au cœur de cette situation inextricable,
203 ultivé ou non, qui écoute les troubadours et fait leur gloire mondaine dans toute l’Europe. Or nous voyons cette religion de
204 ssent mariées — que le mariage était condamné par leur Église. Beaucoup de troubadours — cela n’est pas douteux — étaient ca
205 r par des chansons la mauvaise conscience, et qui leur demandaient non pas tant une illusion d’amour sincère qu’un antipode
206 culture et la religion seraient venues surajouter leurs faux problèmes… Cette illusion touchante peut les aider à vivre, mais
207 peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies
208 ux de la dernière génération expliciteront ce que leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus de l’amour courtois, si on le
209 us désiré, et auquel tous les autres tendent pour leur finale résolution, c’est celui qu’on nomme par honnêteté le don de me
210 né à mercy, que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à la Grâce, chez les troubadours… 26. Les cathares condamnaient
25 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
211 à faire prendre conscience aux gens des motifs de leurs actes. Nous en revenons à mon but initial : dénoncer la crise du mari
212 dans l’amour-passion, les êtres sont dominés par leur amour. Ils ne peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diab
26 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
213 ebvre, mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond
214 e se connaissent que trop, et sociétés solides si leur but est restreint. D’où l’extrême importance accordée à la vie, à la
215 omantiques contraints par les dimensions mêmes de leur État au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le
216 sinon qu’un morceau de dentelle ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelque usage ignoré du commun. Presque
217 du jeu. En bons élèves, les voyageurs préparaient leur billet pour l’inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse. O
218 eu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur donne raison. Quand on possède la pax helvetica, on ne saurait se mon
219 es, discutent avec un accent révoltant le prix de leurs nylons ou de cette « Cadillac » promise, affirment-elles, par le jeun
220 e, affirment-elles, par le jeune mâle placide qui leur fait face, mi-flatté, mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire, ce q
27 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
221 naissance en 1848 ? Une fédération qui garantit leur souveraineté aux fédérés Jusqu’à cette date, la Suisse n’était qu’
222 alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur lien légal avait consisté dans une Diète, laquelle n’avait guère plus
223 antons que dans la mesure où elle se conformait à leurs volontés »27. La division des petits États, leur impuissance à adopte
224 leurs volontés »27. La division des petits États, leur impuissance à adopter en temps utile une politique commune expliquent
225 hui. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souveraineté, la Constitution suisse de 1848 garantit expressément ce
226 isse, unis par la présente alliance… forment dans leur ensemble la Confédération suisse. Article 3. — Les cantons sont souv
227 icle 3. — Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la constitution fédérale et, comme
228 rticle 5. — La Confédération garantit aux cantons leur territoire, la souveraineté dans les limites fixées par l’article 3,
229 eraineté dans les limites fixées par l’article 3, leurs constitutions, la liberté et les droits du peuple, etc. Perdre no
230 res les plus grossières du communisme, jouant sur leur affectivité inquiète comme Iago sur la jalousie d’Othello. D’où enfin
231 chement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » (Étant en
232 urront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive. » (Étant entendu que l’accent porte sur fictive
233 rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse informe d’une Europe unie ». Le seco
234 uveraineté du peuple car le peuple sera associé à leur gestion. Il importe d’expliquer cela aux masses, car ainsi sera dissi
235 e de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette souveraineté, ell
28 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
236 ns la consigne ainsi transmise. Ils voulaient que leur combat survive à leur défaite. Ce message doit être entendu, cet appe
237 ransmise. Ils voulaient que leur combat survive à leur défaite. Ce message doit être entendu, cet appel propagé dans le mond
238 qui nous appelaient de Budapest, et c’est trahir leur testament. Que chacun s’interroge et décide librement de l’action qu’