1
e notre civilisation peut mourir demain et que ce
n’
est pas là une phrase1. Nous sommes ici parce que nous savons tous que
2
à prendre notre part, qui pour l’instant encore,
n’
est pas la moindre dans cette défense qui vous intéresse tous directem
3
, l’autre guerre suivra. Si nous la gagnons, nous
n’
aurons pas encore tout sauvé, mais nous aurons, à notre place et selon
4
but du Kominform, en lançant ses appels à la paix
n’
est pas du tout de servir une paix durable, mais de donner un répit à
5
ements. Vous pourrez juger alors vous-mêmes qu’on
n’
aura jamais vu des loups déclarer avec moins de pudeur leur amour pass
6
roupes dans l’intention de nous désarmer. Si vous
n’
êtes pas dans le camp politique qui s’est emparé du mot « paix », vous
7
sophisme. Et puis, vous le savez tous, tout cela
ne
sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on no
8
vous le savez tous, tout cela ne sonne pas vrai,
n’
est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage,
9
on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce
n’
est pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à mon avis, de dist
10
la liberté, se dénoncent eux-mêmes. La vraie paix
n’
est pas défendue quand la liberté ne l’est pas ; elle n’est donc nulle
11
La vraie paix n’est pas défendue quand la liberté
ne
l’est pas ; elle n’est donc nullement défendue par les « Partisans de
12
pas défendue quand la liberté ne l’est pas ; elle
n’
est donc nullement défendue par les « Partisans de la Paix ». À nous d
13
d’artillerie. Quelle peut être notre riposte ? Je
n’
hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu de
14
peut et l’on doit détester la propagande, mais on
ne
veut pas nier qu’elle existe et qu’elle joue — avec quel succès ! — c
15
t aussi détester les microbes, mais cette opinion
ne
les tue pas. Pasteur aussi détestait les microbes, mais il a su les e
16
es, qu’elle vise d’abord, et les élites aussi qui
ne
sont pas moins contaminées. Certes, nous n’allons pas opposer aux cam
17
i qui ne sont pas moins contaminées. Certes, nous
n’
allons pas opposer aux campagnes massives et mécaniques des totalitair
18
s totalitaires, des procédés de même nature. Nous
n’
opposerons pas au fanatisme un autre fanatisme qui dans notre cas, ser
19
erait absolument artificiel. Notre but, en effet,
n’
est pas d’endormir ou d’hypnotiser les esprits mais au contraire, de r
20
is au contraire, de réveiller les consciences. Il
n’
est pas de répandre une mystique qui promet la lune pour demain, mais
21
itaient pourtant qu’on les défende. La démocratie
n’
est pas une panacée. Elle ne résout aucun des grands problèmes humains
22
éfende. La démocratie n’est pas une panacée. Elle
ne
résout aucun des grands problèmes humains et personnels, mais s’ils s
23
’ils respirent et qu’ils perdraient demain, s’ils
ne
se réveillaient pas… Pour nous, la défense de la paix suppose des moy
24
cette puissance paradoxale ? La péninsule Europe
ne
représente, en effet, que 5 % des terres du globe. Ni son étendue, ni
25
bre de ses habitants, ni ses richesses naturelles
ne
la destinaient fatalement au rôle qu’elle a pourtant joué. D’autres f
26
sprit courant, voilà qui prouve que notre culture
n’
est pas menacée seulement de l’extérieur. En effet, comparer la cultur
27
campagnes culturelles, soyez bien certains qu’il
ne
joue pas aux vieilles dames, qu’il ne fait pas de la broderie, et que
28
tains qu’il ne joue pas aux vieilles dames, qu’il
ne
fait pas de la broderie, et que les armées qu’il met en marche sont p
29
t être appelés un jour à défendre l’Europe et qui
ne
le feront pas si le point de vue de l’adversaire les a, par avance, «
30
iquer, ou presque, paraît-il. L’homme synthétique
n’
a pas encore vu le jour, il est vrai, mais nous ne perdons rien pour l
31
n’a pas encore vu le jour, il est vrai, mais nous
ne
perdons rien pour l’attendre : il est déjà conçu, il naîtra donc. Cet
32
us faciles). Pour réussir un bon Américain moyen,
ne
prenez pas un Mohican : ces premiers habitants du bois et du rocher,
33
s à Fenimore Cooper, au mythe, à notre enfance, —
n’
y touchons plus. Mais prenez deux Européens de nations différentes, si
34
taines de milliers d’émigrants : un Smith de plus
ne
la fera pas couler. Apprenez maintenant au jeune homme la phrase célè
35
t stériles. Un mélange de catholiques et de juifs
ne
donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de Marx et de Ma
36
ts ; pas plus qu’un mélange de Marx et de Maurras
ne
donnera des libéraux ; ou qu’un mélange de Français et d’Allemands, d
37
lange de Français et d’Allemands, des Suisses. Je
n’
entrevois aucun espoir d’obtenir par de tels procédés l’Européen synth
38
nos vertus, nos croyances, nos partis pris vitaux
ne
sauraient être additionnés dans un seul homme. Ils ne pourraient que
39
auraient être additionnés dans un seul homme. Ils
ne
pourraient que se neutraliser et s’annuler réciproquement. La vérité,
40
différer de son voisin et des modèles fournis. Il
n’
existe donc pas, il ne peut exister d’Européen moyen, résumant les ver
41
et des modèles fournis. Il n’existe donc pas, il
ne
peut exister d’Européen moyen, résumant les vertus et les défauts con
42
s et les défauts contradictoires du continent. Il
n’
y a que des Français, des Danois, des Croates, des parpaillots, des mé
43
des partisans motorisés de la paix concentrée. Il
n’
y a que des hommes habitués à différer les uns des autres, et c’est to
44
péen, ce serait tenter de faire quelque chose qui
ne
ressemblerait plus à rien d’européen. Après tout, pourquoi voudrait-o
45
si on les empêchait de vivre à leur manière, qui
n’
est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preuve par neuf dans le r
46
ble ! » (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce
n’
est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « d
47
volution, des libertés publiques ou morales, pour
ne
citer que ces trois grands exemples, sont à peu près les mêmes chez t
48
avons beaucoup en commun, beaucoup plus que nous
ne
le croyons. Mais nous n’avons rien de plus fort, pour nous unir, que
49
, beaucoup plus que nous ne le croyons. Mais nous
n’
avons rien de plus fort, pour nous unir, que cette passion de rester d
50
ou Saxons, si nous voulons rester nous-mêmes, il
n’
y a plus une minute à perdre : il nous faut combiner nos ressources. F
51
n fait de notre droit de différer, sans lequel il
n’
est point de dialogue créateur. Et que c’est cela qui fait la valeur d
52
e c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’il
n’
est plus d’espoir que dans l’union, — celle qui veut surmonter nos div
53
tre la liberté humaine en soi, on en vient vite à
ne
plus savoir si elle existe ou non, si elle est légitime ou non comme
54
el ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu. Il
n’
en demande pas la définition. Il en exige la jouissance immédiate, à n
55
éfinition. Il en exige la jouissance immédiate, à
n’
importe quel prix. En ce milieu du xxe siècle, c’est moins le problèm
56
parce que le monde est divisé en deux partis, qui
ne
se définissent clairement que par rapport à la liberté. D’un côté, le
57
re, ceux qui vivent en régime totalitaire, et qui
n’
ont pas nos libertés, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs
58
ce plan-là, peut-être. Les passions nationalistes
ne
sont plus que des survivances, d’ailleurs également réparties entre l
59
. Les conceptions de la justice sociale elle-même
ne
suffisent pas pour distinguer nettement les adversaires : il serait p
60
t clair que l’enjeu est en définitive la liberté,
n’
est-il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des
61
défendre ? Beaucoup d’entre nous, soyons francs,
ne
savent plus bien répondre à ces questions. C’est là que gît la force
62
ent avant de répondre. Quand on nous dit : « Vous
ne
pourriez défendre l’Europe qu’en opposant à ses ennemis une idéologie
63
ogie plus puissante que la leur, mais hélas, vous
n’
avez aucun passé ! », quand on nous dit cela, et que nous cherchons al
64
totale. Il faut que nous répondions ceci : « Nous
n’
avons pas besoin comme vous d’une mystique qui masque les faits, nous
65
me vous d’une mystique qui masque les faits, nous
n’
avons pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n
66
une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce
n’
est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a
67
aux peuples qui en ont grand besoin, parce qu’ils
n’
ont pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence pa
68
ivent masquer cette absence par des slogans. Nous
n’
avons nul besoin d’une mystique « aussi puissante » ou « plus puissant
69
aits objectifs sont meilleurs que notre lassitude
ne
le pensait. Rendus conscients des forces véritables de l’Europe et de
70
e personne fait obstacle à la fatalité. Léviathan
ne
devient fatal que dans la mesure où nous quittons la lutte. Léviathan
71
à morte : — Là où l’homme veut être total, l’État
ne
sera jamais totalitaire. c. Rougemont Denis de, « Défense de nos l
72
Les Libertés que nous pouvons perdre , dont nous
ne
saurions trop recommander la lecture. »
73
comprendre ce qui se passe vous possède, comment
n’
irait-on pas, en écartant les préjugés et les abstractions, questionne
74
collectives, aux philosophies de combat, et qu’il
ne
fallait pas laisser ce peuple « dans les ténèbres du dehors, mais le
75
usion forment ensemble un essai politique dont je
ne
vois pas encore l’égal dans notre époque. Il en est de plus « efficac
76
la civilisation « grecque et chrétienne — et Rome
n’
a fait qu’amplifier et parfois corrompre ces termes essentiels » que l
77
ondes », que l’Europe se fera, une et diverse. Je
ne
vois pas une phrase, dans cet essai final, animé par un long mouvemen
78
long mouvement d’éloquence lucide et sereine, qui
ne
porte encore mieux sur notre temps que sur celui de sa naissance — 19
79
servitude. « L’Europe vassale ! Cette perspective
ne
va-t-elle pas nous mettre debout ? Avons-nous donc cessé d’être des m
80
t dirigent, et, dans notre détresse complaisante,
ne
souhaitons-nous plus qu’être séduits et passivement satisfaits ? Le s
81
chévique, le snobisme oriental, le snobisme nègre
n’
ont-ils pas assez duré, avec leur goût de veulerie et de reniement ? »
82
magnifiquement privilégiés, les hommes d’Occident
n’
ont aucun motif de déserter leur propre cause. Qu’ils se rapprochent d
83
le produit d’une collaboration séculaire et l’on
ne
saurait en supprimer l’apport d’aucun peuple sans la défigurer et l’a
84
n. À force d’imagination et de courage, nos rêves
ne
se perdent pas dans une extase somnolente : ils sont actifs. » Enfin
85
nt son unité conquise sur des différences qu’elle
ne
détruirait pas pour autant, elle donnerait au monde un exemple à suiv
86
es continents que les océans séparent. » Pourquoi
ne
pas le dire ici ? Cette relecture avive en moi d’amers regrets. Je vo
87
ternel qu’une longue amitié, dès mon adolescence,
n’
a pu me le faire concevoir de son vivant. Dans le recueil récemment p
88
un œil amical et critique. Pourquoi ce précurseur
n’
a-t-il pas joint l’action dont il avait, bien avant nous, aperçu la né
89
rment la pensée dans une conclusion claire. Elles
ne
visaient point à entraîner, mais à cerner, à définir, à dire le vrai.
90
Europe… de se reconnaître une mission ? » Non, ce
n’
était pas rêver, il le savait, mais ce n’est plus assez de conseiller.
91
Non, ce n’était pas rêver, il le savait, mais ce
n’
est plus assez de conseiller. Ce convaincu n’était pas de l’espèce des
92
s ce n’est plus assez de conseiller. Ce convaincu
n’
était pas de l’espèce des militants d’une politique. Ce moraliste voul
93
impropre à la fabrication de série : son intérêt
n’
en est pas amoindri. Car il fournit une connaissance nouvelle de certa
94
es, souvent moins purs ou moins achevés. Lawrence
ne
fut un écrivain que par accident, semble-t-il. Mais cet accident fit
95
la singularité exemplaire du cas de Lawrence, ce
n’
est pas à la seule analyse de l’œuvre en soi qu’il faut recourir, mais
96
ociété de son temps. L’écrivain du xviiie siècle
ne
l’est guère moins, bien qu’il mette en question, ou raille agressivem
97
ns le nihilisme, exilés dans la transcendance. Il
n’
y a plus de commune mesure entre celui qui pense et ceux qui agissent
98
e entre celui qui pense et ceux qui agissent ; il
n’
y a donc plus de communauté réelle. Et c’est pourquoi le xxe siècle v
99
l’existence quotidienne : « Premier point : nous
ne
sommes pas liés au sol », écrit Lawrence, à propos de la RAF.) Ils co
100
ême, qui meurt pour la libération des Grecs, mais
n’
eût rien fait contre les droits des lords ou des capitalistes en Angle
101
évolutions mais que d’autres ont déclenchées, qui
n’
en sont plus au stade des revendications mais des coups de feu, et qui
102
s syllabes peuvent gâter l’allure d’un texte, ils
n’
en ont cure. Les meilleurs se rattrapent sur un plan plus profond d’ef
103
mandement — leur sont connues ou instinctives. Ce
n’
est pas seulement à leur réputation d’aventuriers, de révolutionnaires
104
rite de Saint-Exupéry). Soulignons que ces écrits
ne
sont nullement pour eux les substituts de l’action terminée ou provis
105
s par nature, ils livrent peu de confidences. Ils
n’
avouent guère d’autre ambition que celle d’un serviteur de la cause co
106
e celle d’un serviteur de la cause collective, et
ne
donnent de l’individu qu’un portrait simplifié et dûment stylisé. Nés
107
e, loin d’y recevoir la réponse la plus attendue,
n’
y apparaît que plus fondamental : c’est pour tenter de le résoudre que
108
à l’action ; pourtant, ce qu’il nous laisse enfin
n’
est qu’une question, l’exemple d’une « passion » dont l’enjeu n’est pa
109
uestion, l’exemple d’une « passion » dont l’enjeu
n’
est pas clair. Et certes, les péripéties d’une telle passion peuvent b
110
poirs à la Conférence de Versailles. Mais comment
ne
pas penser à Saint-Exupéry ? Le parallèle s’impose entre ces deux fig
111
si contrastées dans leurs données individuelles,
ne
fait qu’accentuer l’intérêt d’un rapprochement entre les deux personn
112
uencer et de manier les hommes par des moyens qui
ne
sont pas ceux du règlement, et qui ne doivent rien aux titres officie
113
moyens qui ne sont pas ceux du règlement, et qui
ne
doivent rien aux titres officiels : goût de l’autorité, non du pouvoi
114
se sont illustrés. (Pour le courage physique, ils
n’
en parlent jamais qu’avec un scepticisme dénué de coquetterie.) Le seu
115
angible » à la mémoire d’un effort collectif. Ils
n’
écrivent pas plus facilement l’un que l’autre ; se vantent parfois, ma
116
n langage ; cependant ils veulent être simples et
n’
employer que des mots éprouvés… C’est à ce stade que naissent Les Sept
117
assion de servir ? Ou serait-ce simplement qu’ils
n’
ont pas le choix, et que la vie parmi les autres, les civils, s’est ré
118
tais fauché ? », écrit Lawrence en 1923. L’argent
n’
est ici qu’un symbole : il pouvait en gagner autrement.) Il va de soi
119
e hantés par leur besoin d’écrire, et bien qu’ils
ne
puissent ignorer qu’à des postes moins anonymes, ils seraient plus di
120
taines vocations religieuses, et cette similitude
ne
manque pas de les frapper. Lawrence décrit son engagement dans l’armé
121
nt revenus de tant d’autres dangers, et peut-être
n’
ont-ils disparu que pour assumer d’autres tâches, plus secrètes et plu
122
lle, dont Lawrence est le prototype. Le dictateur
n’
est fort que de la faiblesse des autres, et sa grandeur est négative :
123
tateur est le parasite des maux publics. Lawrence
n’
a jamais rien demandé que de lui-même. Son pouvoir sur autrui lui fait
124
fait horreur, il l’avoue à plusieurs reprises. Il
n’
en use qu’avec répugnance (pour en garder longtemps le remords) si les
125
e ce fut le cas dans sa campagne d’Arabie ; et il
ne
peut se retenir de dénoncer dans cet usage, même légal, un abus. Forc
126
e. Il dépasse tous les autres dans ce sens. Et je
ne
lui vois d’égal, dans l’exigence quant à soi-même, le mépris de la fr
127
Et puis il y a l’absence de responsabilité : je
n’
ai à répondre ici que de la propreté de ma peau, de la propreté de mes
128
hysiques à l’exercice. Depuis que je suis ici, il
ne
s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exce
129
je me suis convaincu que le progrès, aujourd’hui,
n’
est pas le fait du génie isolé, mais de l’effort commun. Pour moi, c’e
130
pièce de la machine, c’est qu’on y apprend qu’on
n’
a pas d’importance ». De tels textes peuvent servir de repères pour ce
131
sophie. Car Lawrence, comme plusieurs de sa race,
ne
se situe dans nos problèmes que d’une manière fragmentaire, en des oc
132
ctiviste. (L’effort commun qui porte le progrès ;
n’
être qu’un rouage numéroté ; apprendre à se compter pour rien ; trouve
133
qui en résulte est un travail de second ordre. Je
n’
ai rien rencontré de plus honnête et dévoué que nos hommes politiques
134
ilier d’aujourd’hui. Je hais les meubles. » Qu’on
ne
voie pas là une dérobade devant le grand choix politique de ce siècle
135
omme qui a raté ses « sorties » et pour lequel il
n’
est plus d’autre solution que de s’assurer une petite place dans la ci
136
mais qu’il faut pourtant bien accepter, lorsqu’on
n’
a pas connu, ou que l’on refuse, la transcendance qui pourrait seule l
137
sa sincérité, à travers tant de déguisements. On
ne
peut s’empêcher de l’aimer. Mais il n’est pas question de le suivre.
138
ements. On ne peut s’empêcher de l’aimer. Mais il
n’
est pas question de le suivre. Le nihilisme, si « décent » soit-il, es
139
en est le fourrier. Les fausses fois totalitaires
n’
ont d’ennemi sérieux que la foi. Pourtant, à ceux qui disent que Lawre
140
qui disent que Lawrence est décevant parce qu’il
n’
a pas laissé de « message », je répondrai qu’il nous apprend au moins
141
age », je répondrai qu’il nous apprend au moins à
n’
en pas attendre des hommes. Nous demandons trop aux écrivains. En somm
142
il décrit mieux l’état véritable de l’homme. Rien
ne
tient, à l’épreuve, qui n’ait commencé là. 3. Letters, p. 412. 4
143
table de l’homme. Rien ne tient, à l’épreuve, qui
n’
ait commencé là. 3. Letters, p. 412. 4. T. E. Lawrence, par Char
144
r à les paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry
n’
étant pas encore publiées. Quant à La Citadelle, on notera qu’elle n’a
145
publiées. Quant à La Citadelle, on notera qu’elle
n’
a point son équivalent chez Lawrence. Et certes, rien n’empêche d’imag
146
int son équivalent chez Lawrence. Et certes, rien
n’
empêche d’imaginer que ce dernier, s’il eût vécu tranquille dans son c
147
L’Heure de l’impatience (mars 1952)h Ce
n’
est pas un pamphlétaire irresponsable, c’est un homme politique avisé
148
e croire aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’ils
n’
ont pas encore pris l’habitude de se sentir Européens. Au lieu d’un bl
149
s, voici donc vingt petits pays, dont pas un seul
n’
est à l’échelle du siècle. Il semble évident que leur union renversera
150
taires, mais ils oublient que leurs nationalismes
ne
remontent qu’au siècle dernier, et qu’ils ont deux-mille ans d’usage
151
ane au détriment des autres. Le cœur ni le poumon
ne
vivraient isolés, et leur santé dépend d’une bonne circulation. Enfin
152
santé dépend d’une bonne circulation. Enfin, rien
n’
est plus clair au monde que la nécessité de notre union, rien n’est mo
153
ir au monde que la nécessité de notre union, rien
n’
est moins contesté et cependant, comme il arrive parfois dans les cauc
154
comme il arrive parfois dans les cauchemars, rien
ne
peut avancer, tout s’entrave. Cette lenteur insensée, angoissante, du
155
, l’heure est venue de l’impatience créatrice. Je
n’
imagine pas de meilleur mot d’ordre pour une Campagne européenne de la
156
différent de celui qu’ils auraient maintenant. Je
ne
ferai pas de longues incursions dans le passé, mais je rappellerai la
157
nt de connaissances orales, car les textes écrits
n’
avaient pas de circulation publique. On passait donc ainsi du foyer d
158
la division de la population en classes sociales
ne
parlant pas le même langage, la division en nations, qui existe depui
159
e un rôle beaucoup plus vaste qu’au Moyen Âge. Il
n’
existe guère aujourd’hui dans nos pays qu’une seule forme de culture c
160
ournaux. C’est une forme de diffusion facile, qui
ne
connaît pas de frontières et ne nécessite aucune traduction. Vous rec
161
usion facile, qui ne connaît pas de frontières et
ne
nécessite aucune traduction. Vous reconnaîtrez que c’est peu — ce n’e
162
traduction. Vous reconnaîtrez que c’est peu — ce
n’
est même rien — pour former l’homme et le jugement personnel. Le résul
163
fragmente en toutes sortes de petits morceaux. On
ne
peut plus dire : l’Europe, c’est une forme de culture, la substance d
164
st affaire d’ingénieurs ou d’hommes politiques et
ne
nous intéresse pas ici. ⁂ Je voudrais maintenant vous présenter un ce
165
ous présenter un certain nombre de thèmes : 1° Il
n’
est pas possible que la culture puisse agir — c’est-à-dire former ou m
166
destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il
n’
y a pas de culture vivante sans une incarnation, une implantation loca
167
arnation, une implantation locale. Un foyer local
ne
peut être appelé foyer de culture que s’il réalise à la fois cette po
168
re et cette ouverture aux échanges universels. Il
n’
y a pas d’Europe vivante sans ces deux courants. Je reviens toujours à
169
ur lui viendront de la réalité quotidienne. 3° Il
ne
faut pas que l’Europe se fabrique comme un immense trust super-étatiq
170
le fédéralisme est une tension permanente — pour
ne
pas dire une contradiction — entre le mouvement vers l’union et les a
171
ein le stade national, intermédiaire ; la culture
ne
s’est jamais faite par les nations, c’est une plaisanterie, une thèse
172
ontée dans les livres d’école depuis cent ans. Il
n’
existe pas de culture nationale, aucun historien sérieux ne peut défen
173
pas de culture nationale, aucun historien sérieux
ne
peut défendre cette idée. La culture a toujours été internationale. I
174
oraires qu’ils ont déjà prévus. Ces conférenciers
ne
seraient pas des professeurs d’éloquence ni des hommes politiques, ma
175
n a parlé tout à l’heure de culture populaire. Je
ne
crois pas qu’il y ait une culture populaire, comme je ne crois pas au
176
s pas qu’il y ait une culture populaire, comme je
ne
crois pas aux cultures nationales. Il y a la culture, qu’il s’agit d’
177
cette distinction, à faire que le mot « Culture »
ne
soit plus synonyme d’académisme, de propriété bourgeoise, de luxe int
178
it : « j’espère que dans un foyer la maison seule
ne
compte pas, ni la mystique locale, c’est la culture qui doit être le
179
et me suis dit que je vous la retransmettrai. Je
ne
veux faire de peine à personne, mais les maisons de culture sont là p
180
it le professeur Rappard. Ce que je préconise, ce
n’
est certes pas une européanisation de la Suisse, mais bien au contrair
181
dans l’ordre où il les a énumérés lui-même. « Je
ne
crois pas, dit-il, que la petite Europe puisse se faire et durer »…
182
s adversaires les plus acharnés ont reconnu qu’il
n’
était plus temps de s’interroger sur son opportunité, mais bien de tra
183
s — qui furent ses adversaires les plus absolus —
n’
ont pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouver
184
mark et l’Autriche s’apprêtent à suivre. L’Europe
n’
existe pas, n’a jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le profe
185
iche s’apprêtent à suivre. L’Europe n’existe pas,
n’
a jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le professeur Rappard,
186
tes études, pour démontrer que l’idée de l’Europe
n’
a pas attendu les Américains, pas plus que la mise en place de la Haut
187
de fait que le rideau de fer l’a séparée en deux…
N’
allez pas plus loin, je connais l’antienne ! Non, le rideau de fer ne
188
in, je connais l’antienne ! Non, le rideau de fer
ne
nous a pas séparés en deux de la façon dont on voudrait nous le faire
189
remièrement, on peut espérer que cette séparation
ne
sera que provisoire, et ensuite, vous êtes-vous demandé quelles sont
190
u, nous sommes quelque 320 millions, tandis qu’il
n’
y en a pas quatre-vingt-dix-millions de l’autre… Soit. Mais ces 320 mi
191
millions avec lesquels vous voulez faire l’Europe
n’
ont pas de traditions communes ou d’impérieuses raisons de s’unir, com
192
qu’y a-t-il de commun entre Genève et Glaris ? Et
ne
parle-t-on pas du « miracle suisse » précisément parce que tout s’opp
193
on ? Alors, pourquoi pas l’Europe ? Les Européens
n’
ont-ils pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’
194
t-ils pas des traditions communes que les Suisses
n’
avaient pas ? L’Europe est tout de même plus ancienne que la Suisse, e
195
ffirmations du professeur Rappard, « cette Europe
ne
connaît même pas encore un début de véritable réalisation ». Mais c’e
196
assé le plan Marshall ! Quant au plan Schuman, ce
n’
est plus un projet mais une réalisation en cours… Non, voyez-vous, ces
197
lisation en cours… Non, voyez-vous, ces arguments
ne
sont pas sérieux. … mais des réalités économiques Il en est d’a
198
s économiques Il en est d’autres cependant qui
ne
peuvent nous laisser indifférents, et ce sont ceux de notre économie,
199
merce extérieur avec les six pays du plan Schuman
ne
représentait l’an dernier que le 40 % du volume de nos échanges. C’es
200
60 % restant de notre commerce extérieur ? Et je
ne
vois vraiment pas pourquoi, si la Haute Autorité se solidifie toujour
201
ofesseur Rappard fonde-t-il cette déclaration, je
ne
le comprends pas, et l’argument de cette finis Helvetiae me semble un
202
elvetiae me semble un rien démagogique. Non, rien
ne
sera fait contre nous si nous gardons un contact actif au lieu de nou
203
tré maintenant dans sa phase de réalisation. Mais
ne
croyez-vous pas, qu’isolés de la mer et de ceux qui furent toujours à
204
de la part du professeur Rappard encore plus. Je
ne
sache pas que le Royaume-Uni ait joué un grand rôle dans la constitut
205
e idée américaine, notre adhésion à l’Europe unie
ne
pourrait que combler les vœux américains. Alors comment oser sincèrem
206
en me semble tout aussi erronée. Cette fédération
n’
est pas une ligue séparée, elle n’est pas en révolte contre une ligue
207
ette fédération n’est pas une ligue séparée, elle
n’
est pas en révolte contre une ligue plus vaste : elle est un début, et
208
vaste : elle est un début, et non seulement elle
ne
s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais e
209
onnent leur adhésion, mais elle le souhaite. Elle
n’
est pas plus opposée à une fédération plus vaste que la Confédération
210
e la Confédération des huit ou des treize cantons
ne
pouvait être opposée à celle des vingt-deux cantons. Et pourquoi p
211
iste anglais, Josiah Tucker, doyen de Gloucester,
n’
écrivait-il pas un an avant l’adoption par les États-Unis de leur cons
212
abitudes nous donnent une certitude, c’est qu’ils
ne
pourront jamais trouver un centre d’union et un seul intérêt commun »
213
commun » ! Et dans un de ses ouvrages, M. Rappard
ne
manque pas de relever, avec l’ironie qu’il faut, quelques prédictions
214
ons de M. Rappard, elle courrait un grave danger.
Ne
dit-il pas en effet : « Au lieu d’isoler quelques pays de l’Europe co
215
en cherchant à en faire une seule et même patrie,
ne
vaudrait-il pas mille fois mieux les unir tous dans une seule et même
216
p, renoncer à notre neutralité. Or, la neutralité
ne
doit pas nous empêcher de collaborer ; mais pourquoi renoncerions-nou
217
oi, je vous le demande ? Encore une fois, non. Il
ne
s’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais il ne faut pas non pl
218
’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais il
ne
faut pas non plus qu’elle nous empêche de collaborer sur le plan euro
219
ntradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’il
ne
craint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais il a raison d’insiste
220
. Rappard, fédéraliste suisse : nul mieux que lui
ne
sait que les intérêts de la Suisse ne peuvent être dissociés de ceux
221
eux que lui ne sait que les intérêts de la Suisse
ne
peuvent être dissociés de ceux de l’Europe. Ainsi prend fin cet entre
222
er. De la moitié restante, le Conseil de l’Europe
ne
groupe encore que quinze pays, sans le Portugal, sans l’Espagne, sans
223
ns d’habitants, contre 332 millions à l’ouest. Ce
n’
est donc qu’un peu plus d’un cinquième des Européens que nous perdons,
224
uste autant d’habitants, ou de la petite URSS qui
n’
en a que 30 millions de plus. Vous me répondrez que le nombre d’habit
225
lus. Vous me répondrez que le nombre d’habitants
ne
fait pas tout. Et, en effet, Paul Valéry faisait remarquer que si l’o
226
llons plus loin. Les chiffres et les statistiques
n’
épuisent pas la réalité. Les six pays que groupe la Haute Autorité for
227
Europe ? » La Sibérie, certes, est plus vaste… Il
n’
en résulte pas que la Grande-Bretagne, les Pays scandinaves, l’Espagne
228
utriche, la Grèce et la Turquie, enfin la Suisse,
n’
aient rien ajouté à ces gloires, ni que les Six aient décidé de vivre
229
ène (1953)n o Le Centre européen de la culture
n’
avait pas attendu le succès remporté l’an dernier par l’Exposition int
230
importance que le drame sacré japonais ou hindou
ne
pouvait lui accorder. Enfin, l’art photographique dérive non seulemen
231
ublic, de prendre conscience de ce fait que l’art
n’
est pas le produit d’une nation mais de toute une culture, — ici l’eur
232
poser une allure à la fois calme et circonspecte,
n’
admettant que des gestes précis et maîtrisés, puis de la briser soudai
233
u avec une œuvre dont la difficulté, précisément,
n’
a pas cessé de me séduire et inciter. Je suppose qu’il est devenu bana
234
Elle est pourtant la garantie de leur pouvoir, et
ne
saurait traduire, à mon avis, qu’une intention profondément délibérée
235
on pathétique, de l’adjectif. L’ellipse de pensée
n’
est nullement, chez Kassner, un procédé de rhétorique, une manière de
236
on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous
ne
pouvions espérer qu’après une grande lecture. » Ainsi Kassner, dans s
237
et chacun nous convainc si bien que la conclusion
ne
saurait être qu’implicite et comme transcendante à l’échange. Ainsi s
238
(janvier 1953)q r Les fins d’une civilisation
ne
sont pas visibles à son terme, et rien ne se passe jamais comme si el
239
isation ne sont pas visibles à son terme, et rien
ne
se passe jamais comme si elle finissait par les atteindre : au contra
240
saisir. De même, les origines d’une civilisation
ne
doivent pas être recherchées dans son passé le plus reculé : elles ne
241
recherchées dans son passé le plus reculé : elles
ne
sont saisissables que dans la dialectique de ses succès et de ses éch
242
ccidentale : ni dans le temps ni dans l’espace on
ne
saurait la délimiter. Mais il y a plus dans ce cas particulier, car a
243
précolombiennes ou africaines, celle de l’Europe
ne
saurait être interprétée ni définie par un ensemble de mesures sacrée
244
mots du Credo : « sous Ponce Pilate ». Les Pères
ne
savaient pas que le dogme de l’incarnation — c’est-à-dire du vrai Die
245
médecine et de la physique à la psychologie. Rien
n’
existe, au sens fort, en dehors de leur lutte, dont le réel figure la
246
meilleur et pour le pire sans quoi nulle science
ne
serait possible. Cette même possibilité de réciprocité créatrice ou c
247
ition d’une peinture dite abstraite, ambition qui
n’
est point ou ne doit pas être celle de coïncider, soit avec des struct
248
nture dite abstraite, ambition qui n’est point ou
ne
doit pas être celle de coïncider, soit avec des structures préformées
249
out ce vocabulaire est à reprendre. 3) L’Occident
ne
saurait se désintégrer, comme beaucoup le redoutent ou l’espèrent. Ca
250
coup le redoutent ou l’espèrent. Car, intégré, il
ne
le fut jamais, je l’ai rappelé. Mais il est en train de franchir le s
251
où naquit l’Occident, tout avide de systèmes qui
ne
l’apaiseront jamais, qui le consument et dont il vit. q. Rougemont
252
, et nous devons donc l’éviter ; 2. La neutralité
ne
doit pas servir de prétexte à la Suisse pour refuser de collaborer à
253
laire. Mais ni l’une ni l’autre de ces conditions
n’
est présente. Si nous voulions aujourd’hui renoncer à la neutralité, q
254
enoncer à la neutralité, que se passerait-il ? On
ne
le voit pas. À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourra
255
l resterait gratuit, au pire sens de ce terme. On
ne
voit donc pas d’objet concret à une discussion, aujourd’hui, sur l’ab
256
uropéennes, or vous êtes des Européens, donc vous
ne
pouvez pas rester neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela, je r
257
hoix de notre peuple est fait. Le parti stalinien
ne
peut réunir chez nous que 2,5 % des voix électorales. Le Conseil fédé
258
e stalinienne, les Russes seraient les premiers à
ne
pas nous croire. En fait, ils ne cessent de répéter que la Suisse a c
259
t les premiers à ne pas nous croire. En fait, ils
ne
cessent de répéter que la Suisse a cessé d’être neutre : si nous déci
260
fficiellement d’abandonner notre neutralité, rien
ne
serait donc changé à cet égard. Nombre de pays qui ne sont pas neutre
261
erait donc changé à cet égard. Nombre de pays qui
ne
sont pas neutres ont fait beaucoup moins que nous pour lutter contre
262
us forte que tous les autres pays. Ici encore, on
ne
voit pas ce que l’abandon de notre neutralité pourrait changer à la s
263
revient-il à dire que la neutralité de la Suisse
ne
pose aucune question réelle ? Certes non. Notre neutralité est devenu
264
Europe et de la Suisse en Europe. Je précise : ce
ne
sont pas les partisans de la fédération européenne, les Schuman, les
265
oncer à toute idée de construction européenne. Ce
n’
est pas nous qui opposons fédération de l’Europe et neutralité suisse,
266
ve (sans même prononcer le mot de neutralité). Il
n’
en a pas fallu davantage pour que le Conseil fédéral, puis le Conseil
267
èmes d’une campagne efficace : Les fédéralistes
ne
demandent pas l’abandon de la neutralité, mesure qui serait actuellem
268
neutralité reste pour la Suisse un atout, qu’elle
ne
doit pas jouer sans d’impérieuses raisons. Les fédéralistes rappelle
269
pe. (Même si M. Rappard démontre que ses échanges
ne
sont que de 40 % avec les six pays du plan Schuman, nous ne sommes pa
270
e de 40 % avec les six pays du plan Schuman, nous
ne
sommes pas prêts à juger négligeable ce client n° 1 !) Les fédéralist
271
doit porter. Les fédéralistes constatent que rien
ne
s’oppose dans notre statut de neutres à des conversations avec la Hau
272
e nos intérêts exigent. Les fédéralistes suisses
n’
ont pas attendu les Américains pour proclamer depuis 1933 la nécessité
273
ls pensent que l’expérience suisse du fédéralisme
n’
est pas sans valeur pour l’Europe en construction, et que la vraie que
274
’Europe en construction, et que la vraie question
n’
est pas d’européaniser la Suisse, mais plutôt d’helvétiser l’Europe. L
275
magistrats aux vues courtes s’efforcent encore de
ne
pas regarder en face : la Suisse ne sera pas sauvée si l’Europe est p
276
ent encore de ne pas regarder en face : la Suisse
ne
sera pas sauvée si l’Europe est perdue, demain, faute de s’unir.
277
confusions. En effet, l’absence actuelle d’union
ne
signifie pas que l’unité millénaire de l’Europe n’existe plus. Ensuit
278
e signifie pas que l’unité millénaire de l’Europe
n’
existe plus. Ensuite, il faudrait distinguer entre nos divisions prése
279
nationalisme, au sens précis et néfaste du terme,
n’
a sévi que pendant un siècle et demi sur les deux-mille ans de notre è
280
forme d’association périmée à bien des égards. Il
n’
est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépe
281
s et le sénat, d’où viennent nos parlements. Rien
ne
se ressemble plus que nos folklores, prétendus « nationaux » par la s
282
e ni la peinture, créations typiques de l’Europe,
n’
ont jamais été nationales : elles furent des œuvres collectives, passa
283
erché la perte du moi dans le Tout. Le Soviétique
n’
a plus le droit de dire « je » que lorsqu’il s’avoue criminel. L’Europ
284
t sacré, entretiennent un esprit nationaliste qui
n’
est plus gagé sur les faits, sur les diversités vivantes, et qui frein
285
ons, en perdant ses racines dans la réalité, cela
ne
signifie pas qu’il ait cessé de nuire. Les écrivains — poètes et phil
286
rance — retrouvant des cousins un peu partout, je
ne
me suis jamais senti étranger dans aucun de nos pays. Tel est, si vou
287
ns eu tort de tenir pour universelle. L’Asiatique
n’
a jamais eu la notion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils
288
ilà la personne. On l’a dit : pour l’individu, il
n’
y a que des voisins inévitables, pour la personne il y a des prochains
289
écouverte de l’Europe. Aux yeux des Américains il
n’
y a pas des Français, des Suisses, des Allemands, mais seulement des E
290
pour moi, comme une guerre pour l’Europe unie. Je
ne
me doutais pas, alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan de la « Nou
291
York, je reçus la visite de Raymond Silva, que je
ne
connaissais pas, et qui, sans préambule, me demanda d’ouvrir par un d
292
à intervenir dans une situation politique que je
n’
avais pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous n’avez qu’à repre
293
is pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous
n’
avez qu’à reprendre vos textes de 1939 et 1940 : c’est exactement ce q
294
empirique, et seul réaliste. En tant que Suisse,
ne
regrettez-vous pas que votre pays ne prenne pas une part plus active
295
que Suisse, ne regrettez-vous pas que votre pays
ne
prenne pas une part plus active à la construction européenne ? Je cra
296
construction européenne ? Je crains que la Suisse
ne
soit le dernier pays à entrer dans la fédération européenne. Mais alo
297
s Maignial, précédés de la note suivante : « Nous
ne
présenterons pas à nos lecteurs cet écrivain pénétrant devenu ardent
298
ans notre journal. » x. Aucun livre de Rougemont
n’
a été publié sous ce titre, mais un essai paru dans la revue Preuves e
299
ens, qui devraient savoir que l’existence de Dieu
n’
est pas affectée par une polémique locale dans le temps et dans l’espa
300
s le temps et dans l’espace. Mais l’inconséquence
n’
est pas moindre dans le camp, d’ailleurs divisé, des agnostiques. Déjà
301
sans Dieu. Malraux se demande si la mort de Dieu
n’
entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeu
302
décrire un monde « absurde », etc. Cependant, je
ne
vois pas que ce thème, partout mentionné, ait été vraiment discuté, j
303
dire simplement : « Pour ce qui me concerne, Dieu
n’
existe plus », car il n’y aurait là rien de nouveau : on retomberait a
304
ce qui me concerne, Dieu n’existe plus », car il
n’
y aurait là rien de nouveau : on retomberait au spleen métaphysique du
305
secondement, la crédibilité de l’information. Je
ne
discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzsche est un cas suffis
306
ivant un jour ceci : « La réfutation de Dieu : ce
n’
est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre
307
J.-P. Sartre. L’argument majeur de ce philosophe
ne
porte pas, bien entendu, sur l’essence de Dieu et du diable, mais sur
308
peut trancher une question d’existence réelle. Il
ne
faut pas que Dieu et le diable existent, car alors la responsabilité
309
Il était loin de s’en réjouir, mais pour autant,
n’
allait pas jusqu’à nier que la vérité existât. La vérité n’est peut-êt
310
pas jusqu’à nier que la vérité existât. La vérité
n’
est peut-être pas existentialiste. Dieu limite peut-être fortement la
311
homme. Il suffit pour que Sartre décrète que Dieu
n’
existe pas, et bien plus, qu’il est mort. D’où peut lui venir cette pa
312
ci couvre une étrange équivoque. En effet, Sartre
ne
prend pas le mot « responsable » au sens authentique et littéral de «
313
elle d’autrui (« L’enfer, c’est les autres »). Il
n’
en marque pas moins la limite de l’arrogance intellectuelle, le terme
314
irant d’un individualisme de surcompensation, qui
ne
pourra plus que se nier lui-même s’il veut rejoindre la morale. Il se
315
el que Sartre l’imagine : gênant pour l’homme. Il
n’
en résulte pas que Dieu ait cessé d’exister, d’aider l’homme ou de le
316
u de le juger. Et dans le fait, numériquement, il
n’
y a jamais eu dans l’Histoire autant d’hommes qu’aujourd’hui pour affi
317
crédibilité de la nouvelle. (Il est clair qu’elle
ne
peut être estimée sur le fait qu’une majorité la récuse.) ⁂ Hors du p
318
est mort » est un non-sens. Car où bien « Dieu »
ne
signifie rien — et dans ce cas il ne peut pas mourir ; ou bien il sig
319
ien « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas il
ne
peut pas mourir ; ou bien il signifie la Vie, l’Éternité, le Total, l
320
u l’Éternel avait été vivant, puis était mort, il
n’
eût jamais été Dieu l’Éternel, en sorte qu’il faudrait dire que s’il e
321
u’il faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il
n’
a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort,
322
surdités que je viens d’énumérer. À vrai dire, ce
n’
est pas surprenant. C’est même aisément explicable. Un Dieu personnel
323
disait Pascal. Et de même, l’énergie fondamentale
ne
peut être décelée et étudiée que dans le noyau de l’atome, dans ce cœ
324
ort des masses, l’énergie nucléaire non seulement
n’
eût jamais été visible ou sensible, mais encore elle fût demeurée inim
325
ns politiques, économiques et sociales. Puisqu’il
n’
est sensible qu’au cœur, c’est-à-dire au plus intime d’une personne bi
326
el reste l’Absurde, en dehors d’une rencontre qui
ne
peut avoir lieu que dans l’intime, comme la transformation de l’énerg
327
isme. 8. Car Dieu, même si quelqu’un croit qu’il
n’
est pas, reste en tout cas une réalité pour l’écrasante majorité des h
328
ar les Jaunes ! ». La phrase est plus vraie qu’on
ne
le croit. Ce ne sont pas seulement des palaces et quelques belles vil
329
». La phrase est plus vraie qu’on ne le croit. Ce
ne
sont pas seulement des palaces et quelques belles villas qu’« occupen
330
é l’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions
ne
pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent,
331
hec sur tous les points de l’ordre du jour, elles
n’
en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’unio
332
ne Europe des Trente-Deux. (J’avoue que le compte
n’
est pas facile à établir. Mais la Russie est du nombre…) Les neutralis
333
e européenne a fait de tel progrès que M. Molotov
ne
peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à t
334
olide : nous avions quelque chose à défendre, qui
n’
était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples.
335
peu « diplomatiques ». Pendant des mois, l’Europe
ne
fera plus rien pour son union ; bien plus, elle va laisser pourrir la
336
u de nous immiscer dans vos affaires. L’Indochine
ne
vous regarde pas, mais le problème allemand nous intéresse beaucoup…
337
nous intéresse beaucoup… Le colonialisme européen
n’
existe plus que dans les dénonciations que récitent les Russes et leur
338
élan irrépressible vers l’indépendance nationale
ne
sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fi
339
la Russie. Ils voient encore notre colonialisme.
Ne
sauront-ils pas voir aussi, M. Nehru le premier, que nous nous en all
340
tant que l’Amérique, l’Europe unie. Mais l’Europe
ne
sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération de
341
le monde dépend d’une poignée de députés dont on
ne
saura jamais les noms : ceux qui se décideront à la dernière minute.
342
oût 1954)z La Communauté européenne de défense
n’
est pour le moment qu’un traité, ou mieux, un projet de traité, dont t
343
le secret de leur cœur, mais que presque personne
n’
a lu ! On me confiait récemment, à Paris, le résultat de sondages disc
344
ls, les Allemands, qui sont les premiers menacés,
n’
auraient-ils pas le droit et le devoir de reconstituer une armée ? — L
345
onc décisif. Après deux ans de débats passionnés,
ne
serait-il pas grand temps de voir d’un peu plus près de quoi l’on par
346
commun. Ils prévoient aussi qu’aucun État membre
ne
recrutera plus de forces armées nationales pour son propre compte, en
347
et imprimé ont simplement donné la preuve qu’ils
n’
avaient jamais lu le traité. En vérité, il s’agit simplement d’un plan
348
es des six pays porteront le même uniforme. (Mais
n’
est-ce pas déjà le cas, à quelques détails près ?) Les généraux de cor
349
rps d’armée et d’armée pourront être choisis dans
n’
importe lequel des pays membres. (C’est ce qui s’est passé déjà pendan
350
s ou unanimité des États, selon les cas) que l’on
ne
saurait imaginer d’autre emploi de l’armée qu’en cas d’agression qual
351
politiques qui la contrôlent, l’Armée européenne
ne
pourra donc servir qu’à des tâches strictement et purement défensives
352
nt, ils combattent un projet fantôme que personne
n’
a jamais défendu. Je vais le montrer par quelques exemples : « Quoi !
353
spositions fondamentales du traité, l’intégration
n’
étant prévue qu’à l’échelon du corps d’armée — nous venons de le voir.
354
e — nous venons de le voir. — « Mais si la France
n’
a pas le droit d’entretenir sa propre armée, comment défendra-t-elle s
355
droits égaux à l’Allemagne ». En fait, le traité
ne
rend à l’Allemagne une souveraineté toute théorique que pour mieux lu
356
La vérité sobre et limpide, c’est que si l’Europe
ne
se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-dire
357
le rêve d’une souveraineté nationale sans limites
n’
est plus qu’un rêve, que l’Europe n’est pas menacée par une armée alle
358
sans limites n’est plus qu’un rêve, que l’Europe
n’
est pas menacée par une armée allemande inexistante, mais par une expa
359
is par une expansion soviétique bien réelle, pour
ne
rien dire des révoltes montantes de l’Asie, de l’Afrique, du Proche-O
360
question. Mais je vois un pays réaliste qui, lui,
ne
doute pas de l’efficacité de la CED : c’est la Russie, dont tout l’ef
361
dont tout l’effort diplomatique, depuis deux ans,
ne
vise qu’à retarder la décision française. Et même en admettant qu’un
362
olotov se trompe, qu’il surestime la CED, comment
ne
pas voir qu’au-delà de sa valeur militaire — dont chacun souhaite qu’
363
a valeur militaire — dont chacun souhaite qu’elle
n’
ait jamais à faire les preuves — la CED ouvre toutes grandes les persp
364
a victoire. Remarquez que ce cri, à ce moment-là,
ne
signifie point : « Vive la France ! » — pas davantage que le cri : «
365
davantage que le cri : « Les Soviets partout ! »
ne
signifiera sous Lénine : « Vive la Russie ! » Il proclame un nouveau
366
’avenir et de volonté. Toutefois, cette idéologie
n’
est pas le fait du peuple tout entier, mais d’un parti ; et ce parti a
367
ants, car la nation est religion et les religions
ne
transigent pas. L’État se voit donc contraint de renforcer la police,
368
niformisation est sa réponse à tout. Que personne
ne
diffère, il deviendrait mon juge ! pense l’État idéologique, né d’une
369
ifice « temporaire » de certaines libertés. Or il
n’
est presque aucune de ces mesures d’urgence, prises par l’État, qu’on
370
te la nation comme une croisade pour l’idée. « Ce
ne
sont pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnent s
371
d comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il
n’
a plus rien à faire dans le monde. » Et encore : « À chaque époque dom
372
ds voisins. Aucun de ces « concepts de l’esprit »
ne
parvenant à s’imposer, aucune nation ne dominera longtemps, mais aucu
373
’esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune nation
ne
dominera longtemps, mais aucune n’en tirera la conclusion, une fois v
374
aucune nation ne dominera longtemps, mais aucune
n’
en tirera la conclusion, une fois vaincue, « qu’elle n’a plus rien à f
375
tirera la conclusion, une fois vaincue, « qu’elle
n’
a plus rien à faire au monde », comme le disait Hegel. Les guerres ser
376
souveraine », à l’imitation des rois absolus qui
n’
avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de Die
377
ient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il
n’
y a plus de Dieu au-dessus des nations. Le droit divin se traduit donc
378
onc par le droit de l’État le plus fort. Celui-ci
ne
connaît plus d’autres obligations que les contrats passés avec ses co
379
iances ou traités de commerce révoqués dès qu’ils
ne
payent plus. C’est ainsi qu’une demi-douzaine d’« États-gangsters »,
380
ossible en principe et par définition, puisqu’ils
n’
acceptent aucune instance supérieure à leurs « droits » et limitant le
381
que l’on a comparée très justement au shintoïsme,
n’
attaquera même pas le christianisme, elle se contentera de l’annexer d
382
vent se sentir « Français d’abord », nulle Église
ne
proteste contre cette subordination méprisante de sa foi à l’esprit n
383
tion méprisante de sa foi à l’esprit national. On
n’
y voit qu’une manière de parler… Et cependant cet esprit national est
384
ion où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul
n’
oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous.
385
un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’il
ne
donne, infiniment plus, à l’absurde. Principe de haine, plus que d’am
386
ne France non absolument et totalement souveraine
n’
était plus la France. La seule évocation d’une atteinte possible à la
387
té un fanatique de la religion de la nation. S’il
n’
était pas aveuglé par la superstition jacobine, il verrait comme nous
388
rrait comme nous tous que la souveraineté absolue
n’
est qu’un mythe, inventé par les prêtres de la nation dans le dessein
389
vir les esprits à l’État. La souveraineté absolue
n’
existe pas, et cependant la France existe bel et bien. On a défini la
390
par le droit applicable à chaque domaine ». Or il
n’
est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la facul
391
vé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il
n’
en est pas un seul qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclu
392
u pirate. Ces limites décisives à la souveraineté
ne
sont point posées par le droit, mais par les circonstances réelles du
393
souveraineté nationale, vis-à-vis de l’extérieur,
n’
a plus d’autre existence que celle d’une illusion pseudo-religieuse et
394
ues sur la souveraineté nationale. Le fédéraliste
ne
peut donc adopter, devant la croyance à la souveraineté nationale abs
395
n souci de clinicien : le nationaliste, en effet,
n’
est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dan
396
ainte morbide de perdre une puissance magique qui
n’
existe pas ! Il s’agit beaucoup moins de le réfuter que d’éviter d’exc
397
à une nation, des territoires à un État, mais on
ne
peut rien annexer à une Patrie. Ensuite, l’État est une structure adm
398
s nations les plus diverses. D’autre part, l’État
n’
entretient avec la nation que les rapports d’usurpation et de confisca
399
ue j’indiquais plus haut. Quant à la Langue, elle
ne
correspond historiquement et géographiquement ni à la Patrie, ni à la
400
la Nation, ni à l’État. Ces évidences accablantes
n’
empêchent pas le nationaliste moyen de revendiquer l’annexion à son Ét
401
tés de Versailles, Trianon et Saint-Germain, pour
ne
citer que ceux-là. Elle sert de prétexte au premier nigaud venu pour
402
ous-sol muet. La tendance à l’autarcie économique
n’
est qu’une transposition particulièrement insensée de la volonté d’iso
403
que représente l’État-nation. Nulle part, l’État
ne
trahit mieux que dans ce domaine son mépris foncier des hommes. Car l
404
sens jacobin). C’est pratiquement idiot, mais on
ne
s’en aperçoit que si c’est dit dans une langue étrangère, ou par un l
405
ie économique est irréalisable au xxe siècle, et
n’
existe pas, même en URSS. Tout comme la souveraineté absolue, elle ne
406
en URSS. Tout comme la souveraineté absolue, elle
ne
représente rien d’autre qu’une tendance psychologique morbide, un pré
407
e « culture nationale ». On prétend que les idées
ne
connaissent pas de frontières, mais l’instruction publique a changé c
408
les lettres, les arts et la philosophie, pourquoi
n’
y aurait-il pas une biologie soviétique et une algèbre allemande ? Ce
409
quoi le refuserait-on ailleurs à des systèmes qui
ne
s’en distinguent nullement par les principes, mais uniquement par une
410
res et les plus pacifiques de l’ère moderne : ils
n’
ont provoqué aucune guerre. Toutes les dernières guerres, sans aucune
411
aux frontières des États-nations. Le nationalisme
n’
est donc pas seulement une dernière résistance que le sentiment patrio
412
me la juxtaposition de monades ou d’autarcies qui
ne
cessent de s’ignorer que pour s’entrechoquer brutalement. Nos coutume
413
systèmes philosophiques en perpétuelle polémique
ne
lui apparaissent pas comme autant de contradictions insupportables, q
414
’il faut tenter de réduire à l’uniformité si l’on
ne
peut les isoler par des cloisons étanches, mais comme autant de valeu
415
nd habitable. ⁂ Mais il y a plus. Le fédéralisme
n’
est pas seulement en prise avec l’époque, si je puis dire, il est auss
416
hique et la liberté fédéralistes. Le nationaliste
n’
y voit qu’une dispersion qui l’angoisse et où il craint de perdre son
417
ous faut faire l’Europe en dépit d’eux, mais nous
ne
pouvons la faire sans eux. Voilà le problème concret qui se pose aujo
418
l’avantage important de défendre une cause qu’ils
n’
osent pas attaquer : celle de l’union européenne. Il est clair que tou
419
re. Mais il est clair aussi que les nationalistes
n’
osent pas se déclarer contre l’union. Ils la sabotent, en fait, sous d
420
t M. Molotov lui-même propose un plan… Certes, on
ne
peut espérer faire l’Europe qu’en appliquant le fédéralisme, c’est-à-
421
tactique, elle doit tenir compte du fait que nous
ne
sommes pas seuls en Europe, et que les nationalistes ne cesseront pas
422
mes pas seuls en Europe, et que les nationalistes
ne
cesseront pas de sitôt d’opposer leurs « solutions de rechange » à no
423
le thème de « l’abandon des souverainetés » ? Je
ne
le crois pas, pour deux raisons. La première, c’est que la souveraine
424
de raison, c’est que les souverainetés nationales
n’
existent plus, comme je l’ai rappelé tout à l’heure. J’estime donc qu
425
es cantons souverains étaient trop lâches : elles
ne
permettaient pas une défense commune efficace. Tout le monde admettai
426
ons sont souverains en tant que leur souveraineté
n’
est pas limitée par la constitution fédérale, et comme tels, ils exerc
427
, et comme tels, ils exercent tous les droits qui
ne
sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération
428
pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure : il
n’
est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et po
429
u moins fictive, direz-vous ? Raison de plus pour
ne
point s’épuiser à la combattre. Laissant aux nationalistes un terme v
430
a réalité derrière les étiquettes. Le fédéralisme
n’
est pas plus libéral que planificateur, et il doit refuser ce faux dil
431
nier la nécessité d’une coopération continentale,
ne
proposent que des marchandages entre autarcies nationales un peu amél
432
péen, non point du national à l’international. Je
ne
puis ici qu’indiquer sommairement cette direction de recherches écono
433
er leurs échanges. Mais notre culture occidentale
n’
a jamais coïncidé avec les frontières de nos États actuels, pour l’exc
434
s », tentative barbare et d’ailleurs avortée, qui
n’
a guère qu’un siècle et demi d’âge en France, moins d’un demi-siècle e
435
urquie et en Irlande. Jamais la culture en Europe
ne
s’est développée par des échanges contrôlés et officiels de nation à
436
à nation. Elle est née dans des foyers locaux qui
ne
correspondent à aucun de nos États-nations — la Lombardie, l’Ombrie,
437
Espagnols des œuvres d’art en tant que suédoises
ne
présente qu’un médiocre intérêt. Ce n’est pas en tant qu’Italien que
438
suédoises ne présente qu’un médiocre intérêt. Ce
n’
est pas en tant qu’Italien que Raphaël m’intéresse, ni Shakespeare en
439
téresse, ni Shakespeare en tant qu’Anglais. Et je
ne
suis pas du tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se mieu
440
d’un peuple sont en général les plus mauvais. Ce
n’
est pas Mallarmé, ni Renoir, c’est Déroulède et Detaille qui représent
441
ns des cadres administratifs ou nationaux ; et ce
n’
est pas une libération surveillée des échanges de prison à prison que
442
s États — et demain le Pouvoir fédéral européen —
n’
ont qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la crée
443
il a besoin d’être entouré par des douaniers pour
ne
pas se perdre ? Conclusions J’ai tenté par ces quelques exemple
444
sée par les Anglais et baptisée « fonctionnelle »
n’
était pas incompatible en théorie avec une tactique fédéraliste. Mais
445
, lors du refus de la CED. Nous voyons donc qu’il
n’
est pas plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux, que de l
446
ptiques, les méfiants, et les saboteurs sournois,
n’
est pas plus facile que d’attaquer de front, franchement, une fois pou
447
és fascistes. Le risque est là, bien sûr, mais ce
n’
est qu’un risque. Et pourtant, à certains, il apparaît si grand que pa
448
d que par crainte de le courir ils choisissent de
ne
point résister du tout, et de s’inscrire par exemple aux « partisans
449
ar les prétextes humanitaires de la Terreur. Nous
n’
avons pas opposé à la propagande des Bons Tyrans je ne sais quel « fro
450
ons pas opposé à la propagande des Bons Tyrans je
ne
sais quel « front uni » exigeant farouchement le sacrifice « temporai
451
semblement. Peut-être a-t-il contribué plus qu’on
ne
le croit à changer l’atmosphère de l’après-guerre mondiale. La mode é
452
n peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce
n’
est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas
453
sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce
n’
est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est plu
454
ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce
n’
est pas un bastion de défense. C’est plutôt un réseau d’amitiés agissa
455
)ac Il y a quinze ans j’osais louer Reynold de
n’
avoir pas craint de porter un jugement pessimiste sur l’avenir immédia
456
ommes au-delà, devant d’autres périls. Et Reynold
ne
s’est pas arrêté à l’éloge des vertus qui tiennent un peuple ensemble
457
concrète » (comme on dit bien à tort), celle qui
ne
prend vraiment au sérieux que les débats sur le prix du lait ; mais v
458
réalités essentielles, hors de quoi notre Suisse
n’
eût jamais existé ! Car comment comprendre la Suisse sans la situer da
459
verse notre histoire et pointe vers un avenir qui
ne
peut être distinct de celui d’une Europe soit fédérée par la libre in
460
vention, soit unifiée par une force étrangère. Je
ne
vois pas un seul peuple européen qui ait autant besoin que le nôtre d
461
outes nos réalités se moquent de ces excuses : il
n’
est que de regarder la carte. Tout nous rattache dans le passé, comme
462
nt très largement, mais sans lesquelles notre vie
ne
serait pas concevable. Prendre conscience de l’être suisse, au-delà d
463
tirées de l’étude d’une Europe romano-germanique,
n’
est-il pas frappant de constater qu’elles résument l’expérience fédéra
464
Reynold et lui donnent sa valeur exemplaire : je
n’
en connais pas de plus « suisse », ni par là même de plus fécondes à m
465
Rien
n’
est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)ad Deux événements poli
466
s ici à relever deux faits : — Le rejet de la CED
ne
met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à
467
devenue majorité grâce à l’appui des communistes)
n’
a pas encore senti la nécessité historique de cette construction — néc
468
irmer le principe supranational. En résumé : rien
n’
est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer pro
469
national. En résumé : rien n’est perdu, mais rien
n’
est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus qu
470
autre, nous avons tous été tentés de penser qu’on
ne
pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes », t
471
dopter l’une après l’autre par les parlements. On
n’
a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnair
472
’union ont déclenché leur propagande massive. Eux
n’
ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre
473
ndeur, que l’on a négligée de mener — ou que l’on
n’
a pas sérieusement soutenue. II. — Les mouvements de militants europée
474
des agences de presse, mais sans lesquelles rien
ne
se ferait. L’Europe unie est une révolution. Elle doit passer par tou
475
ue de Lausanne). ad. Rougemont Denis de, « Rien
n’
est perdu, tout reste à faire », France Europe, Paris, janvier 1955, p
476
alvin, Marx, ou Descartes, Einstein, etc. Mais on
ne
peut les placer sur le même plan que nos œuvres critiques ou d’imagin
477
racer la limite entre le sacré et la culture ? Je
n’
ai tenu compte d’écrits de ces trois ordres que dans la mesure où ils
478
ient à Genève. Jamais encore, une telle rencontre
n’
avait eu lieu dans les annales de l’Europe. Une seule journée de délib
479
des valeurs. Le public, sollicité de tous côtés,
ne
sait plus où aller et voudrait qu’on l’oriente. Les artistes, orchest
480
Les artistes, orchestres et les chefs de qualité
ne
suffisent plus à la demande. Les programmes tendent à devenir uniform
481
nces plus commerciales qu’artistiques. Certes, on
ne
peut pas souhaiter, encore moins obtenir, une diminution du nombre de
482
icale d’une région. Voilà pourquoi l’association
n’
admet comme membres que ceux des festivals européens qui réunissent ce
483
de la musique européenne, et d’être assuré qu’il
ne
sera pas déçu, et qu’il ira vraiment d’une fête à l’autre. L’échange
484
La musique, création la plus typique de l’Europe,
n’
était-elle pas faite pour manifester la première cette communauté prof
485
très savamment discrète de la rue de l’Odéon. Il
n’
était pas lieu de Paris que j’avais l’impression de mieux connaître, s
486
ouvoir acheter l’édition rare.) Bon pour ceux qui
n’
y « croyaient » pas, d’entrer là sans façon ni vergogne pour acheter b
487
is plus sérieux et plus aimable que tout cela, et
ne
se plaçait à vrai dire que sous la seule invocation « du grand saint
488
élus d’Adrienne, qu’on pourrait publier en album,
ne
ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ? Il faudrait y ajouter les
489
ezia et l’atmosphère religieuse du catharisme. Je
n’
indiquais que par analogies la nature des relations possibles entre un
490
ces gens me paraîtrait plus étonnante encore que
n’
importe quelle hypothèse, « sérieuse » ou non, sur la nature de ces ra
491
manière de beaucoup d’historiens pour qui le réel
n’
est défini que par des documents écrits. J’irai maintenant un peu plus
492
us loin, mais dans mon sens, non dans le leur. Je
ne
prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textuelles et « s
493
» après quoi, comme le dit Jaspers, « la question
ne
s’arrête plus devant le mystère et perd stupidement son existence dan
494
nt et souffrent la passion au moins autant qu’ils
ne
parviennent à la transmuer en vertus et en vérités théologiques. Sain
495
u’il fait avec son corps — cette part du diable —
ne
saurait engager le salut de son âme : « Point de péché au-dessous du
496
ulte de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé
ne
pouvaient manquer d’opposer une croyance et un culte qui répondissent
497
lle que l’usage de l’Église ignore, que la raison
n’
approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui introduit la n
498
e, que la raison n’approuve pas, que la tradition
n’
autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la superstition
499
cise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle
n’
aurait pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de l
500
traînée… La papauté, plusieurs siècles plus tard,
ne
put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu le dogme pou
501
lus tard, ne put que sanctionner un sentiment qui
n’
avait pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. Enfin,
502
in de la femme, à condition que cette Déesse-Mère
ne
cesse pas d’être virginale, qu’elle échappe donc à l’interdit mainten
503
re d’une divinisation du principe féminin. Ce qui
ne
peut qu’aviver la contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en confli
504
hez lesquels nous constatons cette contradiction,
ne
s’en plaignent pas ! On dirait qu’ils ont trouvé le secret d’une conc
505
é par leur Église. Beaucoup de troubadours — cela
n’
est pas douteux — étaient cathares ou, du moins, très au courant des i
506
intes. Le même auteur ajoute qu’à son avis, « il
n’
est pas question de voir dans la chasteté, ainsi feinte, une habitude
507
, où les passions « religieuses » et la théologie
n’
occupaient tout de même pas le plus clair de la vie, et n’avaient tout
508
ient tout de même pas le plus clair de la vie, et
n’
avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions naturelles
509
19 — ou l’inverse aussi bien. À tel point « qu’on
ne
peut jamais préciser si maithuna est un acte réel ou simplement une a
510
devient la proie de la triste loi karmique, comme
n’
importe quel débauché. » Mais la femme, dans tout cela ? Elle reste ob
511
du corps humain à l’aide de l’acte même qui, pour
n’
importe quel ascétisme, symbolise l’état par excellence du péché et de
512
que ma dame me fasse longtemps attendre et que je
n’
aie point d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service
513
ra bientôt indifférente : J’ai une amie, mais je
ne
sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je l’aim
514
ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je
ne
la vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la posse
515
a foi je ne la vis… et je l’aime fort… Nulle joie
ne
me plaît autant que la possession de cet amour lointain. La « joie d
516
ssion de cet amour lointain. La « joie d’Amour »
n’
est pas seulement libératrice du désir dominé par Mesure et Prouesse,
517
r le cœur et renouveler mon corps, si bien que je
ne
puisse vieillir… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder la j
518
a joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je
n’
ai cité que des poètes de la première et de la seconde génération des
519
iteront ce que leurs modèles avaient chanté. « Ce
n’
est plus de l’amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se re
520
écompense », écrit Daude de Prades, qui cependant
ne
craint pas de donner des précisions sur les gestes érotiques que l’on
521
On y accède par quatre degrés très doux, mais là
n’
entrent ni vilains ni malotrus, ces gens-là sont logés dans le faubour
522
i qui couve Faux Amour ». (Et en effet, le diable
n’
est-il pas le père de la création matérielle… et de la procréation, se
523
clameurs gémissantes, défends-moi, de peur que je
ne
sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je me tiens pour ton pr
524
ées par le « service » d’amour courtois, Cercamon
n’
hésite pas à écrire en mettant les points sur les i : Ces troubadours
525
e sentimentale. 6. Excuse aux historiens Je
ne
crois guère à l’histoire « scientifique » comme critère des réalités
526
s analogies illustratives et illuminatives. Et je
ne
prétends aucunement confirmer une thèse quelconque en appelant l’atte
527
cette hypothèse soit un jour vérifiée ou non, il
n’
en reste pas moins que l’origine manichéenne du Roman est attestée par
528
Tout cela nous aide à mieux comprendre — si rien
ne
suffit à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce de
529
mariage. Mais il nous resterait indifférent s’il
n’
avait gardé dans nos vies, au travers des nombreux avatars dont nous a
530
ti le nom même du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui
n’
empêchera pas l’Église de Rome, en la personne du pape Innocent III qu
531
nocent III qui rêvait de « l’empire du monde » et
ne
pouvait tolérer la défection de l’Italie du Nord et du Languedoc, de
532
210 et 212. 22. Id., ibid. 23. Je m’excuse de
ne
pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de paroles de chans
533
e double trahison. Qu’il soit bien entendu que je
n’
épingle ici que des dépouilles de sens… 24. Note du professeur Jeanro
534
ris trompeurs, les Inquisiteurs du siècle suivant
n’
eussent pas manqué de lire simplement : juges, prêtres, reclus, et mar
535
n. Dès lors je dépassais largement mon sujet : il
ne
s’agissait plus d’exposer ce que j’appelle la crise contemporaine du
536
religieuse. Voulez-vous dire que l’amour-passion
n’
est pas un des caractères permanents de la nature humaine ? Exactement
537
Il a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu
ne
pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie siècle. Ma
538
ut-être eût-il pu ne pas exister. En tout cas, il
n’
apparaît pas avant le xiie siècle. Mais Ovide, Properce, Tibulle ? Et
539
? Faites attention aux textes. Vous verrez qu’il
ne
s’agit que d’amour charnel. Aucun texte de l’antiquité ne nous présen
540
t que d’amour charnel. Aucun texte de l’antiquité
ne
nous présente l’amour comme lié à la mort, avec ce goût de cendres te
541
et les maîtres de Sorbonne. Certains spécialistes
n’
ont pas aimé que j’établisse des connexions entre les sombres cathares
542
’état inconscient habite toujours les esprits. Il
n’
est pas une femme qui ne rêve de connaître le grand amour, la passion
543
toujours les esprits. Il n’est pas une femme qui
ne
rêve de connaître le grand amour, la passion unique, totale, mortelle
544
un monstrueux contresens. Il y a un point aussi à
ne
pas oublier : dans l’amour-passion, les êtres sont dominés par leur a
545
ssion, les êtres sont dominés par leur amour. Ils
ne
peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l’un
546
s sont dominés par leur amour. Ils ne peuvent pas
ne
pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l’un ou simplement
547
rce extérieure qu’ils peuvent arriver à haïr, ils
ne
s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que l’amour fût moins fatal et qu’
548
e mariage plus difficile. Le temps, la réflexion,
ne
gâchent rien. Pauvres cathares ! ai. Rougemont Denis de, « [Entret
549
r quelques jours mais avec un emploi du temps qui
ne
lui laissait aucun loisir. Nous avons pu l’isoler quelques minutes en
550
défilent, des visages s’immobilisent et plus rien
n’
est étrange ni beau, tout rejoint l’habituel indifférent, le rôle util
551
s qui se côtoient partout mais qui s’ignorent, je
ne
sais combien de races, de classes et de dialectes jalousement préserv
552
oupe et sociétés. Mais petits groupes de gens qui
ne
se connaissent que trop, et sociétés solides si leur but est restrein
553
le… Comment bouger, dans ce complexe bien réglé ?
N’
oublions pas que l’horlogerie est une science des petits mouvements. E
554
uisent en moins d’une heure d’un monde à l’autre,
ne
servent cependant qu’aux petits déplacements, qui sont des voyages co
555
les vrais, parce qu’entre le départ et l’arrivée
ne
s’établit jamais cette monotonie des heures de plaine et d’océan de n
556
e des heures de plaine et d’océan de nuit où rien
ne
bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage
557
ine et d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme il
n’
y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en c
558
ures de musique russe indéfiniment répétées, pour
ne
garder que le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la ruptur
559
oisième, les gens chics parfois en seconde, et je
ne
savais rien des premières sinon qu’un morceau de dentelle ornait le h
560
arfaitement « en règle », il fallait simplement «
ne
pas faire attendre », en vertu de cette discipline spontanée, voire p
561
L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne
ne
vous voit jamais, me propose par contraste une réponse. C’est qu’en S
562
des, mais directs, trop sérieux et choqués par on
ne
sait quoi… ? Vous les soutenez d’abord avec curiosité, puis vous trou
563
nfini, en vertu de quelque inertie, et finalement
ne
se détournent qu’avec cet air exaspérant de celui qui renonce à compr
564
nne raison. Quand on possède la pax helvetica, on
ne
saurait se montrer trop vigilant, je veux dire trop méfiant et même i
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ile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de
ne
pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des expériences de B
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l’industrie. L’authentique usager de cette classe
n’
est pas curieux, comme les gens de troisième, des menus incidents du t
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it qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée
ne
vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Rien d’étonn
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quilleurs, ces jeunes gens excités qui prétendent
ne
pas payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de place dans les
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prétendent ne pas payer de supplément parce qu’il
n’
y avait plus de place dans les troisièmes : ils ont l’air trop content
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ent juste. Ces gens traversent le pays comme s’il
n’
existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de la sentence ésotériq
571
onfirmation de la sentence ésotérique : l’œil qui
ne
voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, j
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de la sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas
n’
est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, je les nomme
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les imperméables. Ils traversent et passent, rien
ne
les touche. Ce sont aussi, et pour la même raison, des transparents.
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isent sont transparents s’ils vont très vite ? On
ne
cesse de voir le paysage au travers.) Ils appartiennent au vaste mond
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plus d’un siècle. Les partisans de l’Europe unie
ne
manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comment ce m
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neté aux fédérés Jusqu’à cette date, la Suisse
n’
était qu’une alliance d’États souverains. Pendant des siècles, leur li
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ien légal avait consisté dans une Diète, laquelle
n’
avait guère plus de pouvoir que l’Assemblée consultative de Strasbourg
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uverains, pourvus du droit de veto, cette Diète «
n’
avait en fait d’emprise sur les cantons que dans la mesure où elle se
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e a fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre
ne
peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’allianc
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ons sont souverains en tant que leur souveraineté
n’
est pas limitée par la constitution fédérale et, comme tels, ils exerc
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et, comme tels, ils exercent tous les droits qui
ne
sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération
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es ? Voyons le concret. La souveraineté nationale
n’
est exercée en fait que par l’État. M. van Kieffens l’a définie comme
583
ar le droit applicable à chaque domaine ». Or, on
ne
voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa
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ase clos. Ces limites décisives à la souveraineté
ne
sont plus posées par le droit, mais par d’implacables circonstances t
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ques. Il en résulte que la souveraineté nationale
n’
a plus guère d’autre existence que psychologique. Refoulée du domaine
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« Il faut dire franchement à nos nations qu’elles
ne
pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté
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ujourd’hui les décisions principales et le peuple
n’
a sur elles aucun contrôle. Au contraire, les organisations supranatio
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scite la perte de la souveraineté nationale. » Il
n’
est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifie
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udiants et par les écrivains du cercle Petöfi, il
n’
a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’i
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ns du cercle Petöfi, il n’a pas été répondu. Nous
ne
pouvions pas répondre, ils le savaient. S’ils nous ont appelés, cepen
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ture sachent qu’ils trouveront ici des hommes qui
n’
oublient pas l’appel des écrivains de Budapest, qui ne le laisseront p
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blient pas l’appel des écrivains de Budapest, qui
ne
le laisseront pas oublier, et dont tout le programme est maintenant d