1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 e civilisation peut mourir demain et que ce n’est pas là une phrase1. Nous sommes ici parce que nous savons tous que le sal
2 ndre notre part, qui pour l’instant encore, n’est pas la moindre dans cette défense qui vous intéresse tous directement. No
3 guerre suivra. Si nous la gagnons, nous n’aurons pas encore tout sauvé, mais nous aurons, à notre place et selon nos pouvo
4 Kominform, en lançant ses appels à la paix n’est pas du tout de servir une paix durable, mais de donner un répit à l’armée
5 dans l’intention de nous désarmer. Si vous n’êtes pas dans le camp politique qui s’est emparé du mot « paix », vous êtes, n
6 . Et puis, vous le savez tous, tout cela ne sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris
7 le savez tous, tout cela ne sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’e
8 s a volé, ce qu’on nous a pris en otage, ce n’est pas la paix, c’est un mot. Il est très facile, à mon avis, de distinguer
9 erté, se dénoncent eux-mêmes. La vraie paix n’est pas défendue quand la liberté ne l’est pas ; elle n’est donc nullement dé
10 paix n’est pas défendue quand la liberté ne l’est pas  ; elle n’est donc nullement défendue par les « Partisans de la Paix »
11 . Quelle peut être notre riposte ? Je n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que ce nom soit très mal vu de nos élites,
12 l’on doit détester la propagande, mais on ne veut pas nier qu’elle existe et qu’elle joue — avec quel succès ! — contre tou
13 ester les microbes, mais cette opinion ne les tue pas . Pasteur aussi détestait les microbes, mais il a su les employer, les
14 lle vise d’abord, et les élites aussi qui ne sont pas moins contaminées. Certes, nous n’allons pas opposer aux campagnes ma
15 sont pas moins contaminées. Certes, nous n’allons pas opposer aux campagnes massives et mécaniques des totalitaires, des pr
16 s, des procédés de même nature. Nous n’opposerons pas au fanatisme un autre fanatisme qui dans notre cas, serait absolument
17 absolument artificiel. Notre but, en effet, n’est pas d’endormir ou d’hypnotiser les esprits mais au contraire, de réveille
18 contraire, de réveiller les consciences. Il n’est pas de répandre une mystique qui promet la lune pour demain, mais de rapp
19 t pourtant qu’on les défende. La démocratie n’est pas une panacée. Elle ne résout aucun des grands problèmes humains et per
20 u’ils perdraient demain, s’ils ne se réveillaient pas … Pour nous, la défense de la paix suppose des moyens de liberté, elle
21 courant, voilà qui prouve que notre culture n’est pas menacée seulement de l’extérieur. En effet, comparer la culture à de
22 es culturelles, soyez bien certains qu’il ne joue pas aux vieilles dames, qu’il ne fait pas de la broderie, et que les armé
23 ’il ne joue pas aux vieilles dames, qu’il ne fait pas de la broderie, et que les armées qu’il met en marche sont plus redou
24 s un jour à défendre l’Europe et qui ne le feront pas si le point de vue de l’adversaire les a, par avance, « occupés ». Ai
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
25 r, ou presque, paraît-il. L’homme synthétique n’a pas encore vu le jour, il est vrai, mais nous ne perdons rien pour l’atte
26 ). Pour réussir un bon Américain moyen, ne prenez pas un Mohican : ces premiers habitants du bois et du rocher, seuls vrais
27 illiers d’émigrants : un Smith de plus ne la fera pas couler. Apprenez maintenant au jeune homme la phrase célèbre de Linco
28 Un mélange de catholiques et de juifs ne donnera pas des protestants ; pas plus qu’un mélange de Marx et de Maurras ne don
29 n voisin et des modèles fournis. Il n’existe donc pas , il ne peut exister d’Européen moyen, résumant les vertus et les défa
30 les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preuve par neuf dans le reproche
31 » (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’est pas la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la
32 e union, nous serons unifiés par la force, mis au pas , ou froidement liquidés. L’éducation européenne consistera donc non p
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
33 sait très bien ce qu’il a perdu. Il n’en demande pas la définition. Il en exige la jouissance immédiate, à n’importe quel
34 ux qui vivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos libertés, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs de con
35 ions de la justice sociale elle-même ne suffisent pas pour distinguer nettement les adversaires : il serait possible de dis
36 ue l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des libertés c
37 Il faut que nous répondions ceci : « Nous n’avons pas besoin comme vous d’une mystique qui masque les faits, nous n’avons p
38 d’une mystique qui masque les faits, nous n’avons pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas
39 éologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a conqui
40 uples qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des s
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
41 ce qui se passe vous possède, comment n’irait-on pas , en écartant les préjugés et les abstractions, questionner sur place
42 , aux philosophies de combat, et qu’il ne fallait pas laisser ce peuple « dans les ténèbres du dehors, mais le ramener à la
43 rment ensemble un essai politique dont je ne vois pas encore l’égal dans notre époque. Il en est de plus « efficaces », non
44 que l’Europe se fera, une et diverse. Je ne vois pas une phrase, dans cet essai final, animé par un long mouvement d’éloqu
45 L’Europe vassale ! Cette perspective ne va-t-elle pas nous mettre debout ? Avons-nous donc cessé d’être des mâles, qui form
46 le snobisme oriental, le snobisme nègre n’ont-ils pas assez duré, avec leur goût de veulerie et de reniement ? » Et je croi
47 magination et de courage, nos rêves ne se perdent pas dans une extase somnolente : ils sont actifs. » Enfin cette page dans
48 onquise sur des différences qu’elle ne détruirait pas pour autant, elle donnerait au monde un exemple à suivre. Contre les
49 continents que les océans séparent. » Pourquoi ne pas le dire ici ? Cette relecture avive en moi d’amers regrets. Je voudra
50 ical et critique. Pourquoi ce précurseur n’a-t-il pas joint l’action dont il avait, bien avant nous, aperçu la nécessité ?
51 de se reconnaître une mission ? » Non, ce n’était pas rêver, il le savait, mais ce n’est plus assez de conseiller. Ce conva
52 st plus assez de conseiller. Ce convaincu n’était pas de l’espèce des militants d’une politique. Ce moraliste voulait d’abo
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
53 à la fabrication de série : son intérêt n’en est pas amoindri. Car il fournit une connaissance nouvelle de certaines limit
54 ngularité exemplaire du cas de Lawrence, ce n’est pas à la seule analyse de l’œuvre en soi qu’il faut recourir, mais d’abor
55 ce quotidienne : « Premier point : nous ne sommes pas liés au sol », écrit Lawrence, à propos de la RAF.) Ils courent leur
56 ent — leur sont connues ou instinctives. Ce n’est pas seulement à leur réputation d’aventuriers, de révolutionnaires ou d’a
57 n, l’exemple d’une « passion » dont l’enjeu n’est pas clair. Et certes, les péripéties d’une telle passion peuvent bien suf
58 rs à la Conférence de Versailles. Mais comment ne pas penser à Saint-Exupéry ? Le parallèle s’impose entre ces deux figures
59 t de manier les hommes par des moyens qui ne sont pas ceux du règlement, et qui ne doivent rien aux titres officiels : goût
60 de leur sens du service : ils se soumettent, non pas au fonctionnaire, mais à la vertu mystérieuse qu’ils attendent de la
61 la mémoire d’un effort collectif. Ils n’écrivent pas plus facilement l’un que l’autre ; se vantent parfois, mais plus souv
62 de servir ? Ou serait-ce simplement qu’ils n’ont pas le choix, et que la vie parmi les autres, les civils, s’est révélée p
63 ations religieuses, et cette similitude ne manque pas de les frapper. Lawrence décrit son engagement dans l’armée de l’air
64 epuis que je suis ici, il ne s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exception de cette possibilit
65 re, et l’ai rejeté ; l’autorité, je l’ai rejetée ( pas l’obéissance, car mon effort actuel est de trouver l’égalité dans la
66 suis convaincu que le progrès, aujourd’hui, n’est pas le fait du génie isolé, mais de l’effort commun. Pour moi, c’est la m
67 mettre au service d’une entreprise mécanique, non pas comme un chef, mais comme un rouage dans la machine. Le mot-clé, je p
68 ce de la machine, c’est qu’on y apprend qu’on n’a pas d’importance ». De tels textes peuvent servir de repères pour ceux qu
69 aujourd’hui. Je hais les meubles. » Qu’on ne voie pas là une dérobade devant le grand choix politique de ce siècle : démocr
70 qu’il faut pourtant bien accepter, lorsqu’on n’a pas connu, ou que l’on refuse, la transcendance qui pourrait seule le tra
71 . On ne peut s’empêcher de l’aimer. Mais il n’est pas question de le suivre. Le nihilisme, si « décent » soit-il, est une f
72 disent que Lawrence est décevant parce qu’il n’a pas laissé de « message », je répondrai qu’il nous apprend au moins à n’e
73 , je répondrai qu’il nous apprend au moins à n’en pas attendre des hommes. Nous demandons trop aux écrivains. En sommes, no
74 paraphraser, les lettres de Saint-Exupéry n’étant pas encore publiées. Quant à La Citadelle, on notera qu’elle n’a point so
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
75 L’Heure de l’impatience (mars 1952)h Ce n’est pas un pamphlétaire irresponsable, c’est un homme politique avisé et mieu
76 re aussi nombreux qu’ils sont, parce qu’ils n’ont pas encore pris l’habitude de se sentir Européens. Au lieu d’un bloc à pe
77 s additionnés, voici donc vingt petits pays, dont pas un seul n’est à l’échelle du siècle. Il semble évident que leur union
78 est venue de l’impatience créatrice. Je n’imagine pas de meilleur mot d’ordre pour une Campagne européenne de la jeunesse.
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
79 de celui qu’ils auraient maintenant. Je ne ferai pas de longues incursions dans le passé, mais je rappellerai la leçon de
80 aissances orales, car les textes écrits n’avaient pas de circulation publique. On passait donc ainsi du foyer de culture à
81 n de la population en classes sociales ne parlant pas le même langage, la division en nations, qui existe depuis une centai
82 est une forme de diffusion facile, qui ne connaît pas de frontières et ne nécessite aucune traduction. Vous reconnaîtrez qu
83 ieurs ou d’hommes politiques et ne nous intéresse pas ici. ⁂ Je voudrais maintenant vous présenter un certain nombre de thè
84 ésenter un certain nombre de thèmes : 1° Il n’est pas possible que la culture puisse agir — c’est-à-dire former ou modifier
85 st par essence internationale, universelle et non pas nationale ni régionale. Elle suppose des échanges multiples entre les
86 née, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n’y a pas de culture vivante sans une incarnation, une implantation locale. Un
87 cette ouverture aux échanges universels. Il n’y a pas d’Europe vivante sans ces deux courants. Je reviens toujours à ces ré
88 iendront de la réalité quotidienne. 3° Il ne faut pas que l’Europe se fabrique comme un immense trust super-étatique, const
89 fédéralisme est une tension permanente — pour ne pas dire une contradiction — entre le mouvement vers l’union et les auton
90 s les livres d’école depuis cent ans. Il n’existe pas de culture nationale, aucun historien sérieux ne peut défendre cette
91 ls ont déjà prévus. Ces conférenciers ne seraient pas des professeurs d’éloquence ni des hommes politiques, mais des écriva
92 ns, des psychologues, des ingénieurs et, pourquoi pas , des sportifs. Au Centre de la culture, nous avons en préparation une
93 belle idée de circulation à travers l’Europe — et pas seulement pour les jeunes, car il y a aussi des vieillards qui marche
94 tout à l’heure de culture populaire. Je ne crois pas qu’il y ait une culture populaire, comme je ne crois pas aux cultures
95 il y ait une culture populaire, comme je ne crois pas aux cultures nationales. Il y a la culture, qu’il s’agit d’implanter
96 spère que dans un foyer la maison seule ne compte pas , ni la mystique locale, c’est la culture qui doit être le principal l
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
97 eur Rappard. Ce que je préconise, ce n’est certes pas une européanisation de la Suisse, mais bien au contraire une helvétis
98 rdre où il les a énumérés lui-même. « Je ne crois pas , dit-il, que la petite Europe puisse se faire et durer »… L’Europe
99 i furent ses adversaires les plus absolus — n’ont pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouvernement
100 ’Autriche s’apprêtent à suivre. L’Europe n’existe pas , n’a jamais moins existé qu’aujourd’hui, affirmait le professeur Rapp
101 études, pour démontrer que l’idée de l’Europe n’a pas attendu les Américains, pas plus que la mise en place de la Haute Aut
102 que le rideau de fer l’a séparée en deux… N’allez pas plus loin, je connais l’antienne ! Non, le rideau de fer ne nous a pa
103 nais l’antienne ! Non, le rideau de fer ne nous a pas séparés en deux de la façon dont on voudrait nous le faire croire. Pr
104 ommes quelque 320 millions, tandis qu’il n’y en a pas quatre-vingt-dix-millions de l’autre… Soit. Mais ces 320 millions ave
105 ns avec lesquels vous voulez faire l’Europe n’ont pas de traditions communes ou d’impérieuses raisons de s’unir, comme en a
106 commun entre Genève et Glaris ? Et ne parle-t-on pas du « miracle suisse » précisément parce que tout s’opposait, humainem
107 lisation de cette confédération ? Alors, pourquoi pas l’Europe ? Les Européens n’ont-ils pas des traditions communes que le
108 , pourquoi pas l’Europe ? Les Européens n’ont-ils pas des traditions communes que les Suisses n’avaient pas ? L’Europe est
109 des traditions communes que les Suisses n’avaient pas  ? L’Europe est tout de même plus ancienne que la Suisse, et si l’on r
110 rofesseur Rappard, « cette Europe ne connaît même pas encore un début de véritable réalisation ». Mais c’est nier l’évidenc
111 en cours… Non, voyez-vous, ces arguments ne sont pas sérieux. … mais des réalités économiques Il en est d’autres cep
112 notre commerce extérieur ? Et je ne vois vraiment pas pourquoi, si la Haute Autorité se solidifie toujours plus, la Suisse
113 fonde-t-il cette déclaration, je ne le comprends pas , et l’argument de cette finis Helvetiae me semble un rien démagogique
114 dans sa phase de réalisation. Mais ne croyez-vous pas , qu’isolés de la mer et de ceux qui furent toujours à travers l’histo
115 rt du professeur Rappard encore plus. Je ne sache pas que le Royaume-Uni ait joué un grand rôle dans la constitution de la
116 semble tout aussi erronée. Cette fédération n’est pas une ligue séparée, elle n’est pas en révolte contre une ligue plus va
117 édération n’est pas une ligue séparée, elle n’est pas en révolte contre une ligue plus vaste : elle est un début, et non se
118 e est un début, et non seulement elle ne s’oppose pas à ce que d’autres pays lui donnent leur adhésion, mais elle le souhai
119 leur adhésion, mais elle le souhaite. Elle n’est pas plus opposée à une fédération plus vaste que la Confédération des hui
120 ée à celle des vingt-deux cantons. Et pourquoi pas l’Europe ? La France, l’Allemagne, l’Italie et les trois pays du B
121 Josiah Tucker, doyen de Gloucester, n’écrivait-il pas un an avant l’adoption par les États-Unis de leur constitution fédéra
122 Et dans un de ses ouvrages, M. Rappard ne manque pas de relever, avec l’ironie qu’il faut, quelques prédictions identiques
123 Rappard, elle courrait un grave danger. Ne dit-il pas en effet : « Au lieu d’isoler quelques pays de l’Europe continentale
124 en faire une seule et même patrie, ne vaudrait-il pas mille fois mieux les unir tous dans une seule et même alliance ? » Al
125 cer à notre neutralité. Or, la neutralité ne doit pas nous empêcher de collaborer ; mais pourquoi renoncerions-nous à cet a
126 s le demande ? Encore une fois, non. Il ne s’agit pas de renoncer à cette neutralité, mais il ne faut pas non plus qu’elle
127 s de renoncer à cette neutralité, mais il ne faut pas non plus qu’elle nous empêche de collaborer sur le plan européen. À n
128 n avec tout ce qui a précédé, puisqu’il ne craint pas d’inclure l’alliance militaire. Mais il a raison d’insister sur le fa
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
129 us me répondrez que le nombre d’habitants ne fait pas tout. Et, en effet, Paul Valéry faisait remarquer que si l’on mettait
130 loin. Les chiffres et les statistiques n’épuisent pas la réalité. Les six pays que groupe la Haute Autorité forment une uni
131 Sibérie, certes, est plus vaste… Il n’en résulte pas que la Grande-Bretagne, les Pays scandinaves, l’Espagne, l’Autriche,
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
132 3)n o Le Centre européen de la culture n’avait pas attendu le succès remporté l’an dernier par l’Exposition internationa
133 de prendre conscience de ce fait que l’art n’est pas le produit d’une nation mais de toute une culture, — ici l’européenne
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
134 ec une œuvre dont la difficulté, précisément, n’a pas cessé de me séduire et inciter. Je suppose qu’il est devenu banal de
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
135 r 1953)q r Les fins d’une civilisation ne sont pas visibles à son terme, et rien ne se passe jamais comme si elle finiss
136 même, les origines d’une civilisation ne doivent pas être recherchées dans son passé le plus reculé : elles ne sont saisis
137 do : « sous Ponce Pilate ». Les Pères ne savaient pas que le dogme de l’incarnation — c’est-à-dire du vrai Dieu et vrai hom
138 te abstraite, ambition qui n’est point ou ne doit pas être celle de coïncider, soit avec des structures préformées de notre
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
139 s devons donc l’éviter ; 2. La neutralité ne doit pas servir de prétexte à la Suisse pour refuser de collaborer à l’union e
140 a neutralité, que se passerait-il ? On ne le voit pas . À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourrait l’accepte
141 ratuit, au pire sens de ce terme. On ne voit donc pas d’objet concret à une discussion, aujourd’hui, sur l’abandon de notre
142 , or vous êtes des Européens, donc vous ne pouvez pas rester neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela, je répondrai qu
143 talinienne, les Russes seraient les premiers à ne pas nous croire. En fait, ils ne cessent de répéter que la Suisse a cessé
144 nc changé à cet égard. Nombre de pays qui ne sont pas neutres ont fait beaucoup moins que nous pour lutter contre le stalin
145 que tous les autres pays. Ici encore, on ne voit pas ce que l’abandon de notre neutralité pourrait changer à la situation.
146 t de la Suisse en Europe. Je précise : ce ne sont pas les partisans de la fédération européenne, les Schuman, les Spaak, le
147 à toute idée de construction européenne. Ce n’est pas nous qui opposons fédération de l’Europe et neutralité suisse, c’est
148 s même prononcer le mot de neutralité). Il n’en a pas fallu davantage pour que le Conseil fédéral, puis le Conseil d’État d
149 mpagne efficace : Les fédéralistes ne demandent pas l’abandon de la neutralité, mesure qui serait actuellement sans effet
150 té reste pour la Suisse un atout, qu’elle ne doit pas jouer sans d’impérieuses raisons. Les fédéralistes rappellent que la
151 avec les six pays du plan Schuman, nous ne sommes pas prêts à juger négligeable ce client n° 1 !) Les fédéralistes font rem
152 intérêts exigent. Les fédéralistes suisses n’ont pas attendu les Américains pour proclamer depuis 1933 la nécessité d’une
153 sent que l’expérience suisse du fédéralisme n’est pas sans valeur pour l’Europe en construction, et que la vraie question n
154 e en construction, et que la vraie question n’est pas d’européaniser la Suisse, mais plutôt d’helvétiser l’Europe. Les fédé
155 istrats aux vues courtes s’efforcent encore de ne pas regarder en face : la Suisse ne sera pas sauvée si l’Europe est perdu
156 re de ne pas regarder en face : la Suisse ne sera pas sauvée si l’Europe est perdue, demain, faute de s’unir. s. Rouge
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
157 En effet, l’absence actuelle d’union ne signifie pas que l’unité millénaire de l’Europe n’existe plus. Ensuite, il faudrai
158 d’association périmée à bien des égards. Il n’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante,
159 ant ses racines dans la réalité, cela ne signifie pas qu’il ait cessé de nuire. Les écrivains — poètes et philosophes — qui
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
160 rte de l’Europe. Aux yeux des Américains il n’y a pas des Français, des Suisses, des Allemands, mais seulement des Européen
161 e une guerre pour l’Europe unie. Je ne me doutais pas , alors, qu’Hitler s’était emparé du slogan de la « Nouvelle Europe »…
162 la visite de Raymond Silva, que je ne connaissais pas , et qui, sans préambule, me demanda d’ouvrir par un discours le premi
163 l réaliste. En tant que Suisse, ne regrettez-vous pas que votre pays ne prenne pas une part plus active à la construction e
164 e, ne regrettez-vous pas que votre pays ne prenne pas une part plus active à la construction européenne ? Je crains que la
165 édés de la note suivante : « Nous ne présenterons pas à nos lecteurs cet écrivain pénétrant devenu ardent militant de l’Eur
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
166 ui devraient savoir que l’existence de Dieu n’est pas affectée par une polémique locale dans le temps et dans l’espace. Mai
167 emps et dans l’espace. Mais l’inconséquence n’est pas moindre dans le camp, d’ailleurs divisé, des agnostiques. Déjà l’on p
168 Malraux se demande si la mort de Dieu n’entraîne pas celle de l’homme, — pensée difficile à comprendre. De jeunes romancie
169 un monde « absurde », etc. Cependant, je ne vois pas que ce thème, partout mentionné, ait été vraiment discuté, jusqu’ici.
170 la crédibilité de l’information. Je ne discuterai pas l’inventeur de la phrase : Nietzsche est un cas suffisamment connu7.
171 rtre. L’argument majeur de ce philosophe ne porte pas , bien entendu, sur l’essence de Dieu et du diable, mais sur leur exis
172 ncher une question d’existence réelle. Il ne faut pas que Dieu et le diable existent, car alors la responsabilité de l’homm
173 loin de s’en réjouir, mais pour autant, n’allait pas jusqu’à nier que la vérité existât. La vérité n’est peut-être pas exi
174 que la vérité existât. La vérité n’est peut-être pas existentialiste. Dieu limite peut-être fortement la responsabilité —
175 suffit pour que Sartre décrète que Dieu n’existe pas , et bien plus, qu’il est mort. D’où peut lui venir cette passion de l
176 une étrange équivoque. En effet, Sartre ne prend pas le mot « responsable » au sens authentique et littéral de « capable d
177 able de décider » (de ce qu’on est et sera) ; non pas au sens chargé de mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses r
178 et périls et qui les choisit souverainement ; non pas au sens de créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens
179 de créature, mais bien à celui de démiurge ; non pas au sens d’un homme, mais bien d’un dieu. Ce dernier trait est capital
180 i (« L’enfer, c’est les autres »). Il n’en marque pas moins la limite de l’arrogance intellectuelle, le terme délirant d’un
181 l’imagine : gênant pour l’homme. Il n’en résulte pas que Dieu ait cessé d’exister, d’aider l’homme ou de le juger. Et dans
182 eu » ne signifie rien — et dans ce cas il ne peut pas mourir ; ou bien il signifie la Vie, l’Éternité, le Total, l’Être en
183 faudrait dire que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, cela
184 és que je viens d’énumérer. À vrai dire, ce n’est pas surprenant. C’est même aisément explicable. Un Dieu personnel est inc
185 8. Car Dieu, même si quelqu’un croit qu’il n’est pas , reste en tout cas une réalité pour l’écrasante majorité des hommes v
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
186 rase est plus vraie qu’on ne le croit. Ce ne sont pas seulement des palaces et quelques belles villas qu’« occupent » les A
187 ous les points de l’ordre du jour, elles n’en ont pas moins apporté un élément de pittoresque au débat sur l’union de l’Eur
188 ope des Trente-Deux. (J’avoue que le compte n’est pas facile à établir. Mais la Russie est du nombre…) Les neutralistes, qu
189 nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peuples. La « con
190 er dans vos affaires. L’Indochine ne vous regarde pas , mais le problème allemand nous intéresse beaucoup… Le colonialisme e
191 voient encore notre colonialisme. Ne sauront-ils pas voir aussi, M. Nehru le premier, que nous nous en allons, mais que le
192 l’Amérique, l’Europe unie. Mais l’Europe ne sera pas unie en temps utile si les efforts présents de fédération des Six éch
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
193 ds, qui sont les premiers menacés, n’auraient-ils pas le droit et le devoir de reconstituer une armée ? — Les Hollandais, l
194 Après deux ans de débats passionnés, ne serait-il pas grand temps de voir d’un peu plus près de quoi l’on parle ? Quel est
195 x pays porteront le même uniforme. (Mais n’est-ce pas déjà le cas, à quelques détails près ?) Les généraux de corps d’armée
196 nous venons de le voir. — « Mais si la France n’a pas le droit d’entretenir sa propre armée, comment défendra-t-elle ses co
197 bre et limpide, c’est que si l’Europe ne se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-dire si elle refus
198 limites n’est plus qu’un rêve, que l’Europe n’est pas menacée par une armée allemande inexistante, mais par une expansion s
199 Mais je vois un pays réaliste qui, lui, ne doute pas de l’efficacité de la CED : c’est la Russie, dont tout l’effort diplo
200 tov se trompe, qu’il surestime la CED, comment ne pas voir qu’au-delà de sa valeur militaire — dont chacun souhaite qu’elle
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
201 nt-là, ne signifie point : « Vive la France ! » — pas davantage que le cri : « Les Soviets partout ! » ne signifiera sous L
202 r et de volonté. Toutefois, cette idéologie n’est pas le fait du peuple tout entier, mais d’un parti ; et ce parti agit par
203 ation est religion et les religions ne transigent pas . L’État se voit donc contraint de renforcer la police, de centraliser
204 tion comme une croisade pour l’idée. « Ce ne sont pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnent son caract
205 ée très justement au shintoïsme, n’attaquera même pas le christianisme, elle se contentera de l’annexer dans les occasions
206 natique de la religion de la nation. S’il n’était pas aveuglé par la superstition jacobine, il verrait comme nous tous que
207 sprits à l’État. La souveraineté absolue n’existe pas , et cependant la France existe bel et bien. On a défini la souveraine
208 droit applicable à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’ag
209 ulté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas un seul qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix
210 ieuse et obsessive. Où la voit-on à l’œuvre ? Non pas dans les faits, mais seulement dans les discours des adversaires de l
211 toute autre forme d’organisation de l’Europe. Non pas comme une réalité, mais bien comme un prétexte à refuser les évidence
212 i de clinicien : le nationaliste, en effet, n’est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dans son e
213 bide de perdre une puissance magique qui n’existe pas  ! Il s’agit beaucoup moins de le réfuter que d’éviter d’exciter sa né
214 i à l’État. Ces évidences accablantes n’empêchent pas le nationaliste moyen de revendiquer l’annexion à son État, au nom de
215 ique est irréalisable au xxe siècle, et n’existe pas , même en URSS. Tout comme la souveraineté absolue, elle ne représente
216 ionale ». On prétend que les idées ne connaissent pas de frontières, mais l’instruction publique a changé cela. (Et l’Unive
217 es arts et la philosophie, pourquoi n’y aurait-il pas une biologie soviétique et une algèbre allemande ? Ce que l’on donne
218 éenne. Ce sont en effet les États-nations, et non pas l’Europe comme telle, qui ont conquis des débouchés à nos produits ma
219 res des États-nations. Le nationalisme n’est donc pas seulement une dernière résistance que le sentiment patriotique dénatu
220 ques en perpétuelle polémique ne lui apparaissent pas comme autant de contradictions insupportables, qu’il faut tenter de r
221 itable. ⁂ Mais il y a plus. Le fédéralisme n’est pas seulement en prise avec l’époque, si je puis dire, il est aussi dans
222 ge important de défendre une cause qu’ils n’osent pas attaquer : celle de l’union européenne. Il est clair que tous les obs
223 il est clair aussi que les nationalistes n’osent pas se déclarer contre l’union. Ils la sabotent, en fait, sous différents
224 déralisme, c’est-à-dire en tenant compte à chaque pas de cette double nécessité : instituer une union réelle, sauvegarder n
225 elle doit tenir compte du fait que nous ne sommes pas seuls en Europe, et que les nationalistes ne cesseront pas de sitôt d
226 en Europe, et que les nationalistes ne cesseront pas de sitôt d’opposer leurs « solutions de rechange » à notre volonté co
227 « l’abandon des souverainetés » ? Je ne le crois pas , pour deux raisons. La première, c’est que la souveraineté nationale
228 rains étaient trop lâches : elles ne permettaient pas une défense commune efficace. Tout le monde admettait que les cordons
229 nt souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la constitution fédérale, et comme tels, ils exercent tou
230 me tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garantit
231 atique ou doctrinaire. Un fait demeure : il n’est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et pourtant
232 le contenu et la visée fédéraliste du traité, non pas son étiquette, qui nous importent. Rappelons-nous que la Suisse elle-
233 ité derrière les étiquettes. Le fédéralisme n’est pas plus libéral que planificateur, et il doit refuser ce faux dilemme, p
234 ises ne présente qu’un médiocre intérêt. Ce n’est pas en tant qu’Italien que Raphaël m’intéresse, ni Shakespeare en tant qu
235 ni Shakespeare en tant qu’Anglais. Et je ne suis pas du tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se mieux connaît
236 peuple sont en général les plus mauvais. Ce n’est pas Mallarmé, ni Renoir, c’est Déroulède et Detaille qui représentent val
237 cadres administratifs ou nationaux ; et ce n’est pas une libération surveillée des échanges de prison à prison que nous de
238 a besoin d’être entouré par des douaniers pour ne pas se perdre ? Conclusions J’ai tenté par ces quelques exemples, d
239 les Anglais et baptisée « fonctionnelle » n’était pas incompatible en théorie avec une tactique fédéraliste. Mais elle a co
240 du refus de la CED. Nous voyons donc qu’il n’est pas plus facile de faire l’Europe par pièces et morceaux, que de la faire
241 s, les méfiants, et les saboteurs sournois, n’est pas plus facile que d’attaquer de front, franchement, une fois pour toute
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
242 rétextes humanitaires de la Terreur. Nous n’avons pas opposé à la propagande des Bons Tyrans je ne sais quel « front uni »
243 et Croce ? Rien de facile à définir, sans doute. Pas un slogan. Mais ce fait et ce mode d’expérience — comme l’eût dit Joh
244 se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bas
245 cation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est plutôt un
246 d’église, ce n’est pas un parti jaloux, ce n’est pas un bastion de défense. C’est plutôt un réseau d’amitiés agissantes de
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
247 l y a quinze ans j’osais louer Reynold de n’avoir pas craint de porter un jugement pessimiste sur l’avenir immédiat de la S
248 delà, devant d’autres périls. Et Reynold ne s’est pas arrêté à l’éloge des vertus qui tiennent un peuple ensemble. Dans la
249 soit unifiée par une force étrangère. Je ne vois pas un seul peuple européen qui ait autant besoin que le nôtre d’exercer
250 rgement, mais sans lesquelles notre vie ne serait pas concevable. Prendre conscience de l’être suisse, au-delà des apparenc
251 l’étude d’une Europe romano-germanique, n’est-il pas frappant de constater qu’elles résument l’expérience fédérale et fédé
252 ui donnent sa valeur exemplaire : je n’en connais pas de plus « suisse », ni par là même de plus fécondes à méditer par les
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
253 relever deux faits : — Le rejet de la CED ne met pas fin à la construction européenne, comme on l’a répété bien à tort : i
254 nue majorité grâce à l’appui des communistes) n’a pas encore senti la nécessité historique de cette construction — nécessit
255 les accords de Londres représentent « un premier pas vers l’intégration européenne », comme on l’a dit à Washington, puisq
256 er l’une après l’autre par les parlements. On n’a pas cherché à produire sur l’opinion publique le choc révolutionnaire qu’
257 ont déclenché leur propagande massive. Eux n’ont pas hésité un instant à agiter les passions : ils ont gagné contre la CED
258 r, que l’on a négligée de mener — ou que l’on n’a pas sérieusement soutenue. II. — Les mouvements de militants européens on
23 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
259 s commerciales qu’artistiques. Certes, on ne peut pas souhaiter, encore moins obtenir, une diminution du nombre des festiva
260 usique européenne, et d’être assuré qu’il ne sera pas déçu, et qu’il ira vraiment d’une fête à l’autre. L’échange de « créa
261 réation la plus typique de l’Europe, n’était-elle pas faite pour manifester la première cette communauté profonde des réact
24 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
262 vamment discrète de la rue de l’Odéon. Il n’était pas lieu de Paris que j’avais l’impression de mieux connaître, sans y êtr
263 dition rare.) Bon pour ceux qui n’y « croyaient » pas , d’entrer là sans façon ni vergogne pour acheter banalement un livre 
264 ne, qu’on pourrait publier en album, ne ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ? Il faudrait y ajouter les descriptions
25 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
265 s dans mon sens, non dans le leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textuelles et « scientifiques 
266 sage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas , que la tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœ
267 Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge r
268 , ne put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. Enfin, voici un
269 u primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs r
270 femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virginale, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur la f
271 constatons cette contradiction, ne s’en plaignent pas  ! On dirait qu’ils ont trouvé le secret d’une conciliation vivante de
272 leur Église. Beaucoup de troubadours — cela n’est pas douteux — étaient cathares ou, du moins, très au courant des idées qu
273 mauvaise conscience, et qui leur demandaient non pas tant une illusion d’amour sincère qu’un antipode spirituel au mariage
274 Le même auteur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question de voir dans la chasteté, ainsi feinte, une habitude réelle
275 euses » et la théologie n’occupaient tout de même pas le plus clair de la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute
276 e plus clair de la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions naturelles ? Les modernes, en effe
277 lusion touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir
278 de cet amour lointain. La « joie d’Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par Mesure et Prouesse, elle es
279 », écrit Daude de Prades, qui cependant ne craint pas de donner des précisions sur les gestes érotiques que l’on peut se pe
280 ve Faux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-il pas le père de la création matérielle… et de la procréation, selon le cat
281 e « service » d’amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant les points sur les i : Ces troubadours, en mêlan
282 thèse soit un jour vérifiée ou non, il n’en reste pas moins que l’origine manichéenne du Roman est attestée par les fragmen
283 me du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de «
284 urs, les Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué de lire simplement : juges, prêtres, reclus, et maris ! ah.
26 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
285 ieuse. Voulez-vous dire que l’amour-passion n’est pas un des caractères permanents de la nature humaine ? Exactement. L’amo
286 a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie siècle. Mais O
287 -il pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie siècle. Mais Ovide, Properce, Tibulle ? Et la passion
288 maîtres de Sorbonne. Certains spécialistes n’ont pas aimé que j’établisse des connexions entre les sombres cathares et les
289 inconscient habite toujours les esprits. Il n’est pas une femme qui ne rêve de connaître le grand amour, la passion unique,
290 monstrueux contresens. Il y a un point aussi à ne pas oublier : dans l’amour-passion, les êtres sont dominés par leur amour
291 êtres sont dominés par leur amour. Ils ne peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l’un ou simpleme
292 ont dominés par leur amour. Ils ne peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l’un ou simplement la f
293 re qu’ils peuvent arriver à haïr, ils ne s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que l’amour fût moins fatal et qu’on choisît da
27 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
294 réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme
295 bouger, dans ce complexe bien réglé ? N’oublions pas que l’horlogerie est une science des petits mouvements. Et découvrons
296 d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en coupant
297 raccourci métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas  ? S’il me fallait décrire nos petits déplacements du point de vue de
298 aitement « en règle », il fallait simplement « ne pas faire attendre », en vertu de cette discipline spontanée, voire préve
299 , la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des expériences de Bikin
300 strie. L’authentique usager de cette classe n’est pas curieux, comme les gens de troisième, des menus incidents du trajet.
301 stalle dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas , reste enfermée dans sa serviette de cuir. Rien d’étonnant si le cont
302 lleurs, ces jeunes gens excités qui prétendent ne pas payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de place dans les troi
303 Ces gens traversent le pays comme s’il n’existait pas , ils vont plus loin. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil q
304 ion de la sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, je les nom
305 sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, je les nomme les imp
28 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
306 iècle. Les partisans de l’Europe unie ne manquent pas de le citer en exemple. Mais combien savent comment ce modèle d’un sy
307 votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’alliance d’États
308 nt souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la constitution fédérale et, comme tels, ils exercent tou
309 me tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garantit
310 rte de la souveraineté nationale. » Il n’est donc pas exact que nos nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui sub
29 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
311 nts et par les écrivains du cercle Petöfi, il n’a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’ils no
312 Petöfi, il n’a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’ils nous ont appelés, cependant, compren
313 t qu’ils trouveront ici des hommes qui n’oublient pas l’appel des écrivains de Budapest, qui ne le laisseront pas oublier,
314 l des écrivains de Budapest, qui ne le laisseront pas oublier, et dont tout le programme est maintenant d’y répondre. Au no