1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 parce que nous savons tous que notre civilisation peut mourir demain et que ce n’est pas là une phrase1. Nous sommes ici par
2 on nous demande quel est le principe simple qui a pu rassembler des hommes aussi divers à tant d’égards que ceux que vous
3 dont vous venez de parler, sont trop graves. Que peut -on faire encore ? Eh bien ! On peut se défendre, simplement, et chacu
4 p graves. Que peut-on faire encore ? Eh bien ! On peut se défendre, simplement, et chacun dans sa sphère d’action et d’intér
5 uvé, mais nous aurons, à notre place et selon nos pouvoirs , fait quelque chose pour la liberté, c’est-à-dire pour la paix. On
6 l’armée russe pour renforcer ses armements. Vous pourrez juger alors vous-mêmes qu’on n’aura jamais vu des loups déclarer avec
7 — naguère — une préparation d’artillerie. Quelle peut être notre riposte ? Je n’hésiterai pas à lui donner ce nom, bien que
8 mier chef. Je désire m’expliquer sur ce point. On peut et l’on doit détester la propagande, mais on ne veut pas nier qu’elle
9 uel succès ! — contre tout ce que nous aimons. On peut aussi détester les microbes, mais cette opinion ne les tue pas. Paste
10 valu s’occuper de ces problèmes pendant qu’on le pouvait , sauver au moins la possibilité de les vivre à notre manière. Pour no
11 s de ses conceptions religieuses et morales, d’un pouvoir d’invention sans égal et d’un système de lois garantissant de mieux e
12 cuper le cœur et les esprits de ceux-là mêmes qui pourraient être appelés un jour à défendre l’Europe et qui ne le feront pas si l
13 ait que nous existons dorénavant, me semble-t-il, peut rendre à beaucoup un espoir. Quelques-uns répondent, enfin, pour tous
14 nous reculions devant ce défi de l’histoire, que pourrions -nous encore penser écrire ou dire sans une honte intime, sans une sor
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
15 possible. Et je vais essayer de dire pourquoi. On peut tout fabriquer, ou presque, paraît-il. L’homme synthétique n’a pas en
16 rbitraires de couleurs donnent du brun sale. Vous pouvez alors essayer des combinaisons plus savantes, deux par deux ou trois
17 savantes, deux par deux ou trois par trois. Vous pouvez mélanger, par exemple, de la culture germanique et des Espagnols, du
18 aient être additionnés dans un seul homme. Ils ne pourraient que se neutraliser et s’annuler réciproquement. La vérité, c’est que
19 des modèles fournis. Il n’existe donc pas, il ne peut exister d’Européen moyen, résumant les vertus et les défauts contradi
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
20 euses. Tous les autres motifs de conflit que l’on pourrait énumérer sont discutables et peu clairs. Les intérêts économiques, pa
21 e, restent conjecturaux, souvent mal définis : on pourrait s’arranger sur ce plan-là, peut-être. Les passions nationalistes ne s
22 avant de répondre. Quand on nous dit : « Vous ne pourriez défendre l’Europe qu’en opposant à ses ennemis une idéologie plus pui
23 le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le tenir san
24 nde, répondons tranquillement par les faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant
25 ts. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons les fait
26 ure de Denis de Rougemont, Les Libertés que nous pouvons perdre , dont nous ne saurions trop recommander la lecture. »
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
27 et critiquent d’ailleurs) les méthodes de la SDN, peuvent nous paraître hors de saison, s’il est vrai que le spectacle des Nati
28 odes critiques doivent à leurs principes mêmes de pouvoir toujours s’adapter aux circonstances imprévues. Une égale passion de
29 el qu’une longue amitié, dès mon adolescence, n’a pu me le faire concevoir de son vivant. Dans le recueil récemment publi
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
30 n comportement souvent imprévisible, le prototype peut se révéler impropre à la fabrication de série : son intérêt n’en est
31 Que se passe-t-il quand on les atteint ? Jusqu’où peut -on les reculer ? Et à quel prix ? Tout cela servira finalement à mieu
32 à recréer dans l’action, et là seulement les mots pourront reprendre un sens, et le langage un pouvoir authentique. Mais ceux-là
33 mots pourront reprendre un sens, et le langage un pouvoir authentique. Mais ceux-là pensent d’abord à l’action, et dans l’actio
34 ion, et dans l’action à se réaliser, à mesurer le pouvoir d’un homme contre le monde et sur soi-même. Est-ce encore une compens
35 st-ce encore une compensation ? Le dépit amoureux peut rendre chaste ou au contraire jeter dans la débauche. Et de même, le
36 s la débauche. Et de même, le dépit communautaire peut provoquer un individualisme exaspéré, ou au contraire la décision de
37 r le sens précis au rythme ou au jeu des syllabes peuvent gâter l’allure d’un texte, ils n’en ont cure. Les meilleurs se rattra
38 ir. Et certes, les péripéties d’une telle passion peuvent bien suffire à l’intérêt de l’œuvre. Elles font pâlir presque toutes
39 ion, nature physique, tempérament, coutumes, tout peut être opposé terme à terme. Mais voyons maintenant leur personne, j’en
40 aux titres officiels : goût de l’autorité, non du pouvoir . (Lawrence, plus tard, se le reprochera, mais non Saint-Exupéry.) Tou
41 us grandes actions furent accomplies en dépit des pouvoirs et des incompétences supérieures. Parfois cependant, cet art de persu
42 de : ils entrent en conflit avec la politique des pouvoirs établis dans leur patrie (ou en son nom), ceux-là mêmes qu’ils vienne
43 ce en 1923. L’argent n’est ici qu’un symbole : il pouvait en gagner autrement.) Il va de soi que leurs supérieurs, gênés par ce
44 antés par leur besoin d’écrire, et bien qu’ils ne puissent ignorer qu’à des postes moins anonymes, ils seraient plus difficiles
45 fin de la foi en eux-mêmes ou dans le rôle qu’ils peuvent encore jouer parmi les hommes tels qu’ils les jugent. « J’en suis à d
46 ence n’a jamais rien demandé que de lui-même. Son pouvoir sur autrui lui fait horreur, il l’avoue à plusieurs reprises. Il n’en
47 e fut le cas dans sa campagne d’Arabie ; et il ne peut se retenir de dénoncer dans cet usage, même légal, un abus. Forcer au
48 de cette étude — la meilleure description que je puisse imaginer de la réalité moderne en tant que telle. Lawrence est dans u
49 rend qu’on n’a pas d’importance ». De tels textes peuvent servir de repères pour ceux qui, parmi nous, faute d’un ordre accepta
50 t qu’il ressent devant la nécessité d’imposer son pouvoir et d’user d’autorité, tout l’opposait à la dictature et à la politiqu
51 e pense qu’un pays bien constitué comme le nôtre, peut se permettre 1 % de monistes ou de nihilistes. Voilà qui laisse assez
52 s connu, ou que l’on refuse, la transcendance qui pourrait seule le transformer. Attitude exemplaire par son honnêteté. S’il fal
53 ait qu’on nous montre où nous en sommes et ce que peut un homme sans la foi, Lawrence nous l’a montré avec un grand courage,
54 sincérité, à travers tant de déguisements. On ne peut s’empêcher de l’aimer. Mais il n’est pas question de le suivre. Le ni
55 5. Chaque phrase et chaque nuance de ce parallèle pourraient être appuyées par des documents précis et par des citations fréquente
56 r, s’il eût vécu tranquille dans son cottage, eût pu être tenté par une œuvre analogue, transposition lyrique et « littéra
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
57 me il arrive parfois dans les cauchemars, rien ne peut avancer, tout s’entrave. Cette lenteur insensée, angoissante, durera
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
58 urope. La thèse que je vais développer rapidement pourrait s’exprimer de cette manière, sous sa forme la plus brutale : l’Europe
59 gmente en toutes sortes de petits morceaux. On ne peut plus dire : l’Europe, c’est une forme de culture, la substance de la
60 , cette culture existe, elle se poursuit. Comment pourra-t -elle retrouver aujourd’hui sa fonction éducatrice : former des hommes
61 tures et contre l’anarchie. L’homme européen doit pouvoir réaliser sa vocation particulière dans le groupe humain où il se retr
62 thèmes : 1° Il n’est pas possible que la culture puisse agir — c’est-à-dire former ou modifier la réalité — en se limitant à
63 ation, une implantation locale. Un foyer local ne peut être appelé foyer de culture que s’il réalise à la fois cette possibi
64 rtent leur coopération active. Eux, et eux seuls, peuvent donner un contenu humain à la construction de l’idée européenne ; vie
65 ficile à comprendre. Contre cette uniformité, qui peut devenir tyrannique et stérilisante, les foyers doivent défendre les d
66 ersité européenne contre le germe de tyrannie que peut contenir l’aspiration à l’unité. C’est le paradoxe du fédéralisme, au
67 de culture nationale, aucun historien sérieux ne peut défendre cette idée. La culture a toujours été internationale. Il s’a
68 de journaux, de films, et d’orateurs, réseau qui pourrait être constitué, et constamment alimenté par cette Communauté européen
69 t nécessaire. De cette manière, l’idée européenne pourrait vraiment s’incarner. Pour préciser encore, je voudrais que ce même ré
70 e, par exemple ; le Centre européen de la culture peut mettre à la disposition de cette Communauté européenne des foyers de
71 la Campagne européenne de la jeunesse, nous avons pu mettre en circulation 22 ou 23 de ces plans ; nous sommes prêts à en
72 estions et de les étudier à Genève. Ensuite, nous pourrions mettre en circulation d’une manière périodique une sorte de fiche bib
73 ychologie sportives. Quatrième proposition : nous pourrions faire circuler parmi les foyers une sorte de lettre circulaire d’info
74 jalonner ces sentiers de foyers où les voyageurs pourraient s’arrêter. Voici une belle idée de circulation à travers l’Europe — e
75 er dans des sols différents avec des méthodes qui peuvent différer, être populaires ou universitaires. C’est une grande tâche d
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
76 croient à l’Europe. Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre les principaux points de l’argumentation de M. Rappard, dan
77 . « Je ne crois pas, dit-il, que la petite Europe puisse se faire et durer »… L’Europe est faite ! Mais elle est faite !
78 n voudrait nous le faire croire. Premièrement, on peut espérer que cette séparation ne sera que provisoire, et ensuite, vous
79 les plans Marshall, Schuman ou Pflimlin… Comment pouvez -vous parler du projet de plan Marshall puisque la réalisation de celu
80 conomiques Il en est d’autres cependant qui ne peuvent nous laisser indifférents, et ce sont ceux de notre économie, puisque
81 dée américaine, notre adhésion à l’Europe unie ne pourrait que combler les vœux américains. Alors comment oser sincèrement préte
82 a Confédération des huit ou des treize cantons ne pouvait être opposée à celle des vingt-deux cantons. Et pourquoi pas l’Eur
83 constitution fédérale que « L’idée que l’Amérique pourrait devenir, soit sous la forme républicaine, soit sous la forme monarchi
84 tudes nous donnent une certitude, c’est qu’ils ne pourront jamais trouver un centre d’union et un seul intérêt commun » ! Et dan
85 que lui ne sait que les intérêts de la Suisse ne peuvent être dissociés de ceux de l’Europe. Ainsi prend fin cet entretien don
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
86 naturelles et de la production matérielle. Or, on peut vérifier facilement que pour la production du charbon, de l’acier et
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
87 portance que le drame sacré japonais ou hindou ne pouvait lui accorder. Enfin, l’art photographique dérive non seulement de nos
88 an de Munich, comparez-le à celui d’Aix, comme on peut comparer dans nos musées l’évolution d’un grand sujet au cours des âg
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
89 de Kassner. Elle est pourtant la garantie de leur pouvoir , et ne saurait traduire, à mon avis, qu’une intention profondément dé
90 ite à découvrir l’angle particulier sous lequel a pu les voir, proches ou confondues, son auteur. (Cet angle de vision éta
91 nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. » Ainsi Kassner, dans ses dialog
92 nt non. Kassner veut voir. D’une gnose alors ? On pourrait le penser. Mais ceux qui se font de la poésie une idée finalement plu
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
93 cas particulier, car au contraire de ce que l’on pourrait croire de la plupart des civilisations antiques, asiatiques, précolom
94 options fondamentales : pour l’Orient l’âme et le pouvoir sur l’âme, pour l’Occident le corps, la psyché, le cosmos et les lois
95 , et les deux adjectifs sont évidemment faux : on pourrait aussi bien — ou aussi mal — les interchanger, par exemple. Et de même
96 La découverte (ou l’invention ?) de l’antimatière pourrait marquer symboliquement ce seuil. Rien de plus congénial au mouvement
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
97 une autorité fédérale de l’Europe à laquelle nous puissions adhérer. L’une ou l’autre de ces conditions étant donnée entraînerait
98 À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourrait l’accepter et la reconnaître ? Quels en seraient les effets pratiques
99 comme une mesure politique. On nous dit : comment pouvez -vous rester neutres en présence de l’attaque permanente contre vos li
100 péennes, or vous êtes des Européens, donc vous ne pouvez pas rester neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela, je répondra
101 x de notre peuple est fait. Le parti stalinien ne peut réunir chez nous que 2,5 % des voix électorales. Le Conseil fédéral a
102 e est qu’en fait, nous sommes presque les seuls à pouvoir y participer, le cas échéant ; nous sommes presque les seuls préparés
103 ne voit pas ce que l’abandon de notre neutralité pourrait changer à la situation. Tout ceci revient-il à dire que la neutralité
104 tant que professionnel de l’idée européenne, j’ai pu mesurer quotidiennement, depuis 5 ans, les résistances têtues que l’o
105 pour définir une situation psychologique. Comment pourrons -nous la redresser ? Je vous propose, pour aujourd’hui, une série de d
106 pour aujourd’hui, une série de dix arguments, qui peuvent fournir les thèmes d’une campagne efficace : Les fédéralistes ne de
107 suisses estiment que notre constitution fédérale peut et doit servir de modèle pour une Europe fédérée, dans le respect des
108 fédéralistes sont convaincus que notre neutralité peut rester un statut politique utile à la Suisse et non nuisible à l’Euro
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
109 ourd’hui que l’Europe est trop diverse pour qu’on puisse l’unir. Elle eut, disent-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et e
110 iècle une espèce d’unité matérielle : le voyageur pouvait la traverser de Madrid à Berlin ou d’Athènes à Stockholm sans souci d
111 de nous fédérer, c’est que seule l’union fédérale peut les sauver et les garantir dans notre siècle. Mais d’où proviennent c
112 ’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour sa production, soit du point de vue d
113 t fait pour le fomenter au début du xixe siècle, pourraient beaucoup, de nos jours, pour nous en délivrer. Entre l’agoraphobie du
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
114 diversités, que devient notre unité et dans quoi peut -on la fonder ? Précisément, dans notre passion de différer les uns de
115 n de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour l’interdire et la détruire, et peut-être commence-t-elle à se dé
116 venir dans une situation politique que je n’avais pu suivre que de très loin, il me dit : « Vous n’avez qu’à reprendre vos
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
117 plus importante que tout, puisqu’en son nom l’on peut trancher une question d’existence réelle. Il ne faut pas que Dieu et
118 n’existe pas, et bien plus, qu’il est mort. D’où peut lui venir cette passion de la responsabilité ? D’une volonté d’affirm
119 abilité ? D’une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs , répondrait-il. Et c’est d’une manière analogue que Malraux et Jasper
120 nt d’un individualisme de surcompensation, qui ne pourra plus que se nier lui-même s’il veut rejoindre la morale. Il se niera
121 dibilité de la nouvelle. (Il est clair qu’elle ne peut être estimée sur le fait qu’une majorité la récuse.) ⁂ Hors du plan d
122 « Dieu » ne signifie rien — et dans ce cas il ne peut pas mourir ; ou bien il signifie la Vie, l’Éternité, le Total, l’Être
123 ait Pascal. Et de même, l’énergie fondamentale ne peut être décelée et étudiée que dans le noyau de l’atome, dans ce cœur du
124 reste l’Absurde, en dehors d’une rencontre qui ne peut avoir lieu que dans l’intime, comme la transformation de l’énergie qu
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
125 ’Allemagne et libéré l’Autriche, ces décisions ne pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent, les impér
126 uropéenne a fait de tel progrès que M. Molotov ne peut plus la combattre sans feindre de l’accepter d’abord. Quitte à tenter
127 nationale ne sera plus arrêté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. Ils voient encore notre
128 te, si l’on veut, mais seul concret.) Ces efforts peuvent échouer si le parlement français repousse demain la CED, et avec elle
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
129 n nom seul leur rappelait de durs souvenirs. Elle pouvait aussi bien les attaquer que les protéger. Elle pouvait même s’allier
130 it aussi bien les attaquer que les protéger. Elle pouvait même s’allier un jour aux Russes. Il fallait donc empêcher cela. Mais
131 près ?) Les généraux de corps d’armée et d’armée pourront être choisis dans n’importe lequel des pays membres. (C’est ce qui s’
132 ommandement suprême européen. — Mais quel sera le pouvoir disposant de cette armée ? Le traité prévoit un Conseil des ministres
133 sa structure interne autant que par la nature des pouvoirs politiques qui la contrôlent, l’Armée européenne ne pourra donc servi
134 litiques qui la contrôlent, l’Armée européenne ne pourra donc servir qu’à des tâches strictement et purement défensives — en c
135 partisans de la CED apparaît facile à décrire. On peut même la prévoir selon l’âge, le parti, et surtout la psychologie des
136 l’illusion touchante mais tenace que leur nation pourrait se défendre seule, pour peu qu’elle soit « bien gouvernée ». Enfin ce
137 e sauver nos libertés, et la jeunesse. Certes, on peut se demander s’il est bien sûr que la CED telle qu’elle est, si pruden
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
138 er la police, de centraliser tous les éléments du pouvoir , et de transformer la justice en instrument de l’idéologie, le tout a
139 e les conditions du renforcement continuel de son pouvoir . Mais voici que la guerre nationale menée par les soldats « libérateu
140 en mourra. Mais comment cette absurdité a-t-elle pu triompher pendant un siècle et plus ? En singeant la religion et son
141 bien réel, et que l’on croit vraiment, puisqu’il peut exiger le sacrifice de la vie même du citoyen. Mais que nous offre-t-
142 se briser le carcan de l’État-nation, recréer des pouvoirs locaux, dévaloriser les frontières ; ou bien il faut aller jusqu’au b
143 es. Refoulée du domaine des forces réelles et des pouvoirs concrets, elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle
144 sur la souveraineté nationale. Le fédéraliste ne peut donc adopter, devant la croyance à la souveraineté nationale absolue,
145 gique. D’où la différence foncière que voici : on peut annexer des peuples à une nation, des territoires à un État, mais on
146 une nation, des territoires à un État, mais on ne peut rien annexer à une Patrie. Ensuite, l’État est une structure administ
147 stes. Quelles ont été les manifestations que l’on peut rapporter sans conteste à l’un ou l’autre de ces types d’esprit, dans
148 faut tenter de réduire à l’uniformité si l’on ne peut les isoler par des cloisons étanches, mais comme autant de valeurs « 
149 té plus vaste que l’État dont on est le citoyen ; pouvoir au surplus s’affilier à une telle école de pensée, d’art ou de doctri
150 e, interdit par le totalitaire, est le secret des pouvoirs créateurs et de la santé mentale de l’Occident. Enfin, je rappellerai
151 faut faire l’Europe en dépit d’eux, mais nous ne pouvons la faire sans eux. Voilà le problème concret qui se pose aujourd’hui.
152 . Molotov lui-même propose un plan… Certes, on ne peut espérer faire l’Europe qu’en appliquant le fédéralisme, c’est-à-dire
153 la sacrifier ? Suffit-il de la limiter ? Ou bien peut -on la conserver tout en faisant l’Europe ? Certains nationalistes, co
154 tion pratique. Parmi les fédérations réussies, on peut citer la Suisse sans soulever d’objections. Chacun sait que son régim
155 ps qu’elle en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les textes : Article premier. — Les peuples des ving
156 rcent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garantit aux cantons leur ter
157 la satisfaction générale depuis cent-six ans. On peut les qualifier soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’
158 pe aussi réellement fédéraliste que la Suisse, on pourra la nommer comme on voudra, Confédération, Alliance, ou même Ligue pou
159 ntre du but allégué. Seule une Europe fédéraliste peut résoudre, en le supprimant, le problème mal posé des échanges culture
160 urope et à ses produits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen — n’ont qu’un moyen d’aider la culture : c’est d’off
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
161 , et visant des buts très divers. Quoi de commun, pourrait -on demander, entre nos présidents d’honneur ? Entre Maritain et Russe
162 e sentaient seuls. Ils ont trouvé le lieu où l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’égli
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
163 se notre histoire et pointe vers un avenir qui ne peut être distinct de celui d’une Europe soit fédérée par la libre inventi
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
164 jetait, sous prétexte de rejeter ce qu’elle seule pouvait empêcher. Le moyen de décrire plus simplement ce vertige de contradic
165 re, nous avons tous été tentés de penser qu’on ne pouvait réussir l’union que par une série de mesures « concrètes », telles qu
166 la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu’il est plus facile
23 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
167 in, Marx, ou Descartes, Einstein, etc. Mais on ne peut les placer sur le même plan que nos œuvres critiques ou d’imagination
24 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
168 ue, et mieux cela vaut, dira-t-on. Oui, mais cela peut aussi créer certains dangers pratiques et certaines confusions des va
169 s plus commerciales qu’artistiques. Certes, on ne peut pas souhaiter, encore moins obtenir, une diminution du nombre des fes
170 montés par tel ou tel festival, et dont d’autres pourront ainsi bénéficier, diminue les risques matériels d’une création, favor
171 , à quels artistes, metteurs en scène ou chefs on pourra faire appel, etc. Enfin, l’étude d’entreprises communes, telles qu’un
172 opéenne qui doit s’opérer dans les cœurs avant de pouvoir s’établir dans les faits, pour notre salut commun et pour la paix. La
25 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
173 ions appris par cœur de longs fragments, faute de pouvoir acheter l’édition rare.) Bon pour ceux qui n’y « croyaient » pas, d’e
174 isèle Freund. Ce choix des élus d’Adrienne, qu’on pourrait publier en album, ne ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ? Il f
26 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
175 de formuler expressément des conclusions que l’on pourrait citer hors du contexte — accords sans clé — et sur lesquelles critiqu
176 e de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer d’opposer une croyance et un culte qui répondissent au même d
177 înée… La papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu le dogme pour tr
178 e plus assurée, et le dieu dont le père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de la société où le princip
179 ce, — tandis qu’un sentiment d’adoration purifiée peut se porter sur le Dieu-Esprit. En même temps, l’amour pour la femme se
180 pour la femme se trouve partiellement libéré : il peut s’avouer sous la forme d’un culte rendu à l’archétype divin de la fem
181 la lutte qui divise profondément la société, les pouvoirs , les familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérési
182 n même temps, le relâchement de l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons vu, une possibilité nouvelle d’admettre la
183 d’une divinisation du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver la contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en conflit !)
184 . Mais enfin, dit le sceptique d’aujourd’hui, que peut bien signifier au concret cette « chasteté » prônée par des jongleurs
185 er leurs faux problèmes… Cette illusion touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant
186 que féminin ; la méditation tient compte de ses «  pouvoirs  », la délivrance devient possible par la Çatki… Dans certaines sectes
187 — ou l’inverse aussi bien. À tel point « qu’on ne peut jamais préciser si maithuna est un acte réel ou simplement une allégo
188 considérée comme l’unique expérience humaine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e. l’arr
189 is en gardant cette maîtrise de soi dont la perte pourrait se traduire par un acte de procréation, lequel ferait retomber le che
190 y Amor. Voici Mesure et Patience : De courtoisie peut se vanter celui qui sait garder Mesure… Le bien-être des amoureux con
191 de désir, je crois que je me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut Daniel.) (De même, Ibn Da
192 (De même, Ibn Dawoud louait la chasteté pour son pouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa
193 e cœur et renouveler mon corps, si bien que je ne puisse vieillir… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder la joie de
194 des précisions sur les gestes érotiques que l’on peut se permettre avec cette Dame. Et Guiraut de Calenson : Dans le palai
195 elle siège (la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux premières passe aisément les trois autres, mais il lu
196 icile d’en sortir. Il vit dans la joie, celui qui peut y rester. On y accède par quatre degrés très doux, mais là n’entrent
197 ar Marcabru et ses successeurs, en des termes qui peuvent éclairer indirectement sur la nature de l’amour vrai ou du moins sur
198 u l’absence de réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à de telles précisions de langage, la rhé
199 s, et non plus seulement pour chanter ce que l’on pourrait encore tenir, chez les troubadours du Midi, pour une pure fantasmagor
200 magination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêver. La Pantcha Tantra, recueil de contes bouddhistes, fut traduit
201 médecin de Chosroès Ier, roi de Perse. De là, on peut suivre son progrès rapide vers l’Europe à travers une série de traduc
202 le) retrouvés dans le Turkestan oriental. Et l’on peut suivre la transformation des noms hindous « Baghavan » et « Boddisatt
203 , dans le goût des petites cours du Moyen Âge. Il peut être purement rêvé, et beaucoup se refusent à y voir autre chose qu’u
204 ent à y voir autre chose qu’un tournoi verbal. Il peut traduire aussi les réalités précises, mais non moins ambiguës, d’une
205 tes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être « vrai » aux divers sens du mot, et simultanément, et de plusieu
206 ce livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — selon Rahn, Aroux et Péladan — une sorte de langage secret du
207 ent III qui rêvait de « l’empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de l’Italie du Nord et du Languedoc, de déclench
208 et 212. 22. Id., ibid. 23. Je m’excuse de ne pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de paroles de chansons ! — 
209 interprétation de Guiraut Riquier est exacte. On peut s’en assurer en lisant cette phrase d’Ælius Donatus (commentaire sur
210 ervir à tactus.) Le thème des Cinq lignes d’amour peut être suivi à travers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à la
27 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
211 e. Il a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie siècle.
212 on, les êtres sont dominés par leur amour. Ils ne peuvent pas ne pas s’aimer : un philtre, la beauté diabolique de l’un ou simp
213 lgré eux, poussés par une force extérieure qu’ils peuvent arriver à haïr, ils ne s’aiment pas vraiment ! J’aimerais que l’amour
214 emps qui ne lui laissait aucun loisir. Nous avons pu l’isoler quelques minutes entre deux émissions de radio et l’interrog
28 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
215 ns de bizarrerie ou de virtuelle indiscipline que peuvent représenter une cravate insolente, une conversation à voix trop haute
216 laissez-moi recopier un « avis » imprimé que j’ai pu lire il y a quelques années, punaisé près de la porte du balcon dans
29 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
217 e 1956)an Parmi les fédérations réussies, l’on peut citer la Suisse sans soulever d’objections. Tout le monde sait que so
218 té dans une Diète, laquelle n’avait guère plus de pouvoir que l’Assemblée consultative de Strasbourg. Composée d’ambassadeurs d
219 fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre ne peut pas être d’un homme sage. » Entre les deux extrêmes de l’alliance d’É
220 ux extrêmes de l’alliance d’États souverains sans pouvoir central et de la totale unification, la Suisse chercha pendant près d
221 ain de la guerre civile dite du Sonderbund (1847) peut être qualifiée soit d’habile compris soit d’échappatoire, selon qu’on
222 ôt qu’elle en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les textes : Article 1. — Les peuples des vingt-deux
223 rcent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garantit aux cantons leur ter
224 que. Refoulée du domaine des forces réelles et de pouvoirs concrets elle est devenue le réceptacle où se recueillent pêle-mêle n
225 l faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité qu’en sacrifiant leur souveraineté fictive.
30 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
226 du cercle Petöfi, il n’a pas été répondu. Nous ne pouvions pas répondre, ils le savaient. S’ils nous ont appelés, cependant, com
227 e nous doit maintenant y répondre. Chacun de nous peut faire quelque chose. Le monstrueux forfait de Budapest a mis le commu