1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 Si l’on nous demande quel est le principe simple qui a pu rassembler des hommes aussi divers à tant d’égards que ceux que
2 nt synonymes. J’espère bien que vous êtes de ceux qui se méfient des grands mots du genre de paix et de liberté et qui dema
3 des grands mots du genre de paix et de liberté et qui demandent à voir ce qu’on met derrière ces syllabes prestigieuses. J’
4 nir une saine méfiance critique à l’égard de ceux qui en abusent. Tel est peut-être le premier point de notre programme et
5 lectuels, nous sommes prêts à prendre notre part, qui pour l’instant encore, n’est pas la moindre dans cette défense qui vo
6 t encore, n’est pas la moindre dans cette défense qui vous intéresse tous directement. Nous nous sentons, comme intellectue
7 e, de Varsovie tout récemment. C’est justement ce qui nous inquiète pour la paix, car nous pensons qu’ils aiment la paix, u
8 sarmer. Si vous n’êtes pas dans le camp politique qui s’est emparé du mot « paix », vous êtes, nous dit-on, pour la guerre.
9 t la réalité vivante qu’il devrait désigner. Ceux qui prétendent défendre la paix sans vouloir en même temps la liberté, se
10 indiquée par la nature même de la lutte en cours qui , pour l’instant, encore, dans nos pays démocratiques, reste une lutte
11 ays démocratiques, reste une lutte idéologique et qui le restera en dernière analyse, même si la guerre physique doit inter
12 ême sans raison : c’est une mission de propagande qui nous incombe au premier chef. Je désire m’expliquer sur ce point. On
13 masses, qu’elle vise d’abord, et les élites aussi qui ne sont pas moins contaminées. Certes, nous n’allons pas opposer aux
14 n’opposerons pas au fanatisme un autre fanatisme qui dans notre cas, serait absolument artificiel. Notre but, en effet, n’
15 onsciences. Il n’est pas de répandre une mystique qui promet la lune pour demain, mais de rappeler les hommes aux réalités,
16 e culture. Notre culture est menacée À ceux qui pensent que la culture consiste en somme à lire des romans, à se teni
17 érieux, pratiquement, ce secret de leur force. Ce qui est sérieux, croient-ils, ce sont les armements ou les échanges écono
18 turelles. Cela me fait penser à de vieilles dames qui font du crochet pendant que les armées ennemies se mettent en marche.
19 elle reflète donc un état d’esprit courant, voilà qui prouve que notre culture n’est pas menacée seulement de l’extérieur.
20 s dans la lutte historique où nous sommes engagés qui est une lutte d’idées, de croyances, de conceptions du monde. Les tot
21 t occuper le cœur et les esprits de ceux-là mêmes qui pourraient être appelés un jour à défendre l’Europe et qui ne le fero
22 aient être appelés un jour à défendre l’Europe et qui ne le feront pas si le point de vue de l’adversaire les a, par avance
23 ir. Quelques-uns répondent, enfin, pour tous ceux qui se taisent et qui se découragent. À vous de les rejoindre. J’ajoute q
24 épondent, enfin, pour tous ceux qui se taisent et qui se découragent. À vous de les rejoindre. J’ajoute que, pour nous, int
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
25 e, j’invoquerai tout d’abord deux exemples connus qui feront mieux distinguer, par contraste, combien je dois avoir raison.
26 uit d’un plan, l’Européen est par essence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles fournis. Il
27 Européen, ce serait tenter de faire quelque chose qui ne ressemblerait plus à rien d’européen. Après tout, pourquoi voudrai
28 parce que l’on veut unir les 25 États souverains qui se divisent le continent. Mais nous venons de montrer qu’il serait va
29 ut partir des quelque 300 millions d’hommes réels qui peuplent la partie libre du continent. Il faut les prendre comme ils
30 Et puisqu’il faut baser l’union sur quelque chose qui soit commun à tous, le problème revient donc à faire comprendre à ces
31 té de rester chacun soi-même à sa façon. Voilà ce qui les distingue en bloc des Russes et des Américains, voilà le principe
32 y a de plus humain chez tout homme, c’est l’idée qui lui vient un jour — angoissante pour l’adolescent — qu’il est le seul
33 rtés si on les empêchait de vivre à leur manière, qui n’est pas celle de leurs voisins. J’en vois la preuve par neuf dans l
34 s la pression de la mode, mais celle de la police qui ramène « dans la ligne » !) Certes, il y a d’autres liens entre les h
35 est point de dialogue créateur. Et que c’est cela qui fait la valeur de l’Europe. Et que c’est cela précisément qui est men
36 valeur de l’Europe. Et que c’est cela précisément qui est menacé. Et qu’il n’est plus d’espoir que dans l’union, — celle qu
37 ’il n’est plus d’espoir que dans l’union, — celle qui veut surmonter nos divisions pour sauver nos diversités. b. Rougem
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
38 xe siècle, c’est moins le problème de la liberté qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos vie
39 est parce que le monde est divisé en deux partis, qui ne se définissent clairement que par rapport à la liberté. D’un côté,
40 par rapport à la liberté. D’un côté, les peuples qui se disent libres et entendent le rester ; de l’autre, ceux qui vivent
41 libres et entendent le rester ; de l’autre, ceux qui vivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos libertés, qu’ils j
42 ’autre, ceux qui vivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos libertés, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres mot
43 r contre, ce qu’il est impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voulons
44 nous voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui serait perdue par tous — cette lutte où nous sommes engagés, la premi
45 Nous n’avons pas besoin comme vous d’une mystique qui masque les faits, nous n’avons pas besoin d’une idéologie, car nous a
46 ons, mais bien les libertés qu’il a conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’
47 sont la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauve
48 issons les « mystiques » synthétiques aux peuples qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités — et leurs c
49 même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de no
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
50 la définissait comme « une puissance d’adhésion, qui tantôt s’identifie à son objet, et tantôt, rétablissant la distance,
51 u’on nomme Europe. « Si le désir de comprendre ce qui se passe vous possède, comment n’irait-on pas, en écartant les préjug
52 x de l’Allemagne, dès 1923, dessinent en creux ce qui sera le lit de l’hitlérisme, un peu plus tard : il a senti l’appel au
53 t un classique. Seuls quelques chapitres médians, qui décrivent (et critiquent d’ailleurs) les méthodes de la SDN, peuvent
54 mais encore « à elle-même… aux idées dissociantes qui la travaillent, qui l’entraînent au rebours de ses traditions profond
55 -même… aux idées dissociantes qui la travaillent, qui l’entraînent au rebours de ses traditions profondes », que l’Europe s
56 un long mouvement d’éloquence lucide et sereine, qui ne porte encore mieux sur notre temps que sur celui de sa naissance —
57 ées, des civilisations rajeunies vont se dresser, qui voudront la réduire en servitude. « L’Europe vassale ! Cette perspect
58 debout ? Avons-nous donc cessé d’être des mâles, qui formulent et dirigent, et, dans notre détresse complaisante, ne souha
59 assion de l’effort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car notre plus gr
60 ort nous anime encore, de l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car notre plus grande possibilit
61 e l’effort qui conquiert, qui utilise, et surtout qui transfigure. Car notre plus grande possibilité réside peut-être dans
62 es personnages romanesques sont des renfermés, et qui en souffrent : il les avait vécus, mais libérés en lui. Modeste et pr
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
63 gnent d’une volonté de conscience et d’expression qui justifie le point de départ de cet essai. Le héros-écrivain du xxe
64 nt les types — exilés dans la négation d’un ordre qui les cerne sans les incorporer, exilés dans le nihilisme, exilés dans
65 ance. Il n’y a plus de commune mesure entre celui qui pense et ceux qui agissent ; il n’y a donc plus de communauté réelle.
66 s de commune mesure entre celui qui pense et ceux qui agissent ; il n’y a donc plus de communauté réelle. Et c’est pourquoi
67 rse). Et beaucoup se sont vus exilés par le parti qui avait confisqué leur patrie (de Silone à Koestler, en passant par les
68 tout près de Lawrence et d’une classe d’écrivains qui restera sans doute la plus typique de notre siècle. Ils sont héros p
69 nt. Byron, à cet égard, serait l’exemple extrême, qui meurt pour la libération des Grecs, mais n’eût rien fait contre les d
70 la vie, avec des camarades donnés par le hasard, qui les jette dans des entreprises où la technique de la conquête (même p
71 es révolutions mais que d’autres ont déclenchées, qui n’en sont plus au stade des revendications mais des coups de feu, et
72 tade des revendications mais des coups de feu, et qui demandent bien moins de conviction politique que d’audace ou de disci
73 s écrivains nés, au sens courant de l’expression, qui suppose non seulement le don mais une certaine facilité. C’est qu’ils
74 ts, mais tout autant à l’efficacité d’une syntaxe qui sait comment « saisir » (expression favorite de Saint-Exupéry). Souli
75 euves inhumaines ? Quels motifs deviner chez ceux qui s’y exposent ? Névrose, ou volonté de sainteté « laïque » ? Par quels
76 dans sa plus sobre vérité, nous demandons alors : qui va revêtir cet homme d’une vocation plus vraie que les causes qu’il a
77 tion plus vraie que les causes qu’il a servies et qui se révèlent toujours, au bout du compte, décevantes ? II. T.E.L. e
78 isme, difficile quand ceux — comme dit Lawrence —  qui aiment le plus l’Angleterre sont souvent ceux qui aiment le moins les
79 qui aiment le plus l’Angleterre sont souvent ceux qui aiment le moins les Anglais ; quant à l’honneur, il est plus facile d
80 ences afin de mieux déterminer la formule d’homme qui , malgré tout ou presque tout, leur est commune. L’un Anglais et l’aut
81 x hommes aux caractères mieux contrastés. Tout ce qui chez l’un et l’autre forma l’individu : race, nation, milieu, religio
82 vrer en cachette à 16 ans. Les deux intellectuels qui resteront toujours si furieux de l’avant-garde littéraire, l’un tourn
83 modes de penser, s’assimiler les procédés subtils qui fondent le prestige de leurs chefs. De ce commerce prolongé et de la
84 influencer et de manier les hommes par des moyens qui ne sont pas ceux du règlement, et qui ne doivent rien aux titres offi
85 des moyens qui ne sont pas ceux du règlement, et qui ne doivent rien aux titres officiels : goût de l’autorité, non du pou
86 livre qu’ils portent en eux, toujours le même, et qui doit être un commentaire de leur activité, visant à la sauver de l’an
87 es, et se meuvent en général dans une psychologie qui déconcerte la morale classique et son langage ; cependant ils veulent
88 dans toutes ses dernières lettres, a des phrases qui rendent le même son.) S’approche le moment de la retraite forcée, — f
89 t l’accident mortel. Ils sont tués par la machine qui avait été la passion de leur vie. Mais leur légende prévaut contre le
90 ce ? » Les dictateurs sont les héros de la masse, qui les produit dans sa panique devant une liberté sans contenu. Il est d
91 ule subordination. C’est l’exercice de l’autorité qui m’écœure) ; l’action, je l’ai rejetée ; et la vie intellectuelle ; et
92 usions suivantes : le Règlement du Proche-Orient ( qui fut en partie son œuvre en 1921) pèse à ses yeux plus que ses campagn
93 nt chaque nuit toutes les routes de l’Angleterre, qui fait notre âge mécanique. » Et ce sont aussi les simples mécaniciens
94 dée même de créer quelque chose « d’intangible », qui l’avait soutenu dans son effort d’artiste alors qu’il écrivait les Se
95 e tels textes peuvent servir de repères pour ceux qui , parmi nous, faute d’un ordre acceptable, tentent de s’équilibrer dan
96 n, est une morale collectiviste. (L’effort commun qui porte le progrès ; n’être qu’un rouage numéroté ; apprendre à se comp
97 : « Les idéaux d’une politique sont de ces choses qui vous montent à la tête : leur traduction en termes de compromis avec
98 en termes de compromis avec la structure sociale qui en résulte est un travail de second ordre. Je n’ai rien rencontré de
99 permettre 1 % de monistes ou de nihilistes. Voilà qui laisse assez de place pour moi. L’ennui avec le communisme, c’est qu’
100 i (devant les problèmes métaphysiques) d’un homme qui a raté ses « sorties » et pour lequel il n’est plus d’autre solution
101 a pas connu, ou que l’on refuse, la transcendance qui pourrait seule le transformer. Attitude exemplaire par son honnêteté.
102 ont d’ennemi sérieux que la foi. Pourtant, à ceux qui disent que Lawrence est décevant parce qu’il n’a pas laissé de « mess
103 véritable de l’homme. Rien ne tient, à l’épreuve, qui n’ait commencé là. 3. Letters, p. 412. 4. T. E. Lawrence, par C
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
104 que quiconque, Paul-Henri Spaak en l’occurrence, qui s’écriait naguère dans l’hémicycle de Strasbourg : « L’Europe vit, de
105 me l’avenir, la raison comme les rêves. Qu’est-ce qui les retient ? Une sorte de myopie de la mémoire et du jugement. Ils t
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
106 e ; je vous dirai aussi que les foyers de culture qui ont fait l’Europe jouaient, à d’autres époques, un rôle différent de
107 re, chargés d’élaborer les doctrines de l’Église, qui servaient de règles aux hommes publics : princes, magistrats, légiste
108 rendent abstraite. Elle se heurte à des obstacles qui sont : la division de la population en classes sociales ne parlant pa
109 lant pas le même langage, la division en nations, qui existe depuis une centaine d’années, la division en langues, qui joue
110 is une centaine d’années, la division en langues, qui joue un rôle beaucoup plus vaste qu’au Moyen Âge. Il n’existe guère a
111 es journaux. C’est une forme de diffusion facile, qui ne connaît pas de frontières et ne nécessite aucune traduction. Vous
112 s âme, bureaucratie, incompréhensible aux masses, qui prépare pour l’avenir une sorte d’uniformité du cadre de la vie matér
113 difficile à comprendre. Contre cette uniformité, qui peut devenir tyrannique et stérilisante, les foyers doivent défendre
114 mouvement vers l’union et les autonomies locales qui défendent leurs particularités ; paradoxe même de la vie, lutte perma
115 tre part contre une tentation d’internationalisme qui voudrait supprimer toutes diversités. Nous lutterons contre ces dévia
116 es, de journaux, de films, et d’orateurs, réseau qui pourrait être constitué, et constamment alimenté par cette Communauté
117 enne des foyers de culture et notre organisation, qui comprend des associations des guildes du livre, des clubs européens,
118 culture, celle par exemple du Chantier européen, qui établit des sentiers allant du nord de l’Écosse au sud de l’Italie ;
119 pour les jeunes, car il y a aussi des vieillards qui marchent —, avec comme relais les foyers de culture. Voici ce que le
120 lanter dans des sols différents avec des méthodes qui peuvent différer, être populaires ou universitaires. C’est une grande
121 mpte pas, ni la mystique locale, c’est la culture qui doit être le principal locataire… » J’ai beaucoup aimé cette formule
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
122 a exprimé le désir de présenter son point de vue qui s’oppose totalement à celui du directeur de l’Institut de hautes étud
123 heureux que votre journal ait institué ce débat, qui est réellement vital pour la Suisse, et si je tiens à y participer, c
124 vétisation de l’Europe, c’est-à-dire d’une Europe qui s’inspirerait de l’expérience fédéraliste suisse. Or, ce qu’a déclaré
125 aire de montrer nettement le point de vue de ceux qui croient à l’Europe. Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre
126 un fait, elle existe, et Anglais et Scandinaves — qui furent ses adversaires les plus absolus — n’ont pas tardé à lui envoy
127 qu’aujourd’hui, affirmait le professeur Rappard, qui ajoutait : L’idée d’une fédération européenne est maintenant une idée
128 on européenne est maintenant une idée américaine, qui aurait trouvé son expression dans le discours prononcé le 31 octobre
129 e-Kalergi, et le projet de Briand de 1923l. Et ce qui me surprend le plus chez M. Rappard, c’est qu’il semble avoir oublié
130 as plus que la mise en place de la Haute Autorité qui en est la première réalisation. Oui, mais… le rideau de fer ? M
131 érieuses raisons de s’unir, comme en avaient ceux qui ont fait la Suisse moderne. Ah ! oui ? Vous voulez parler des traditi
132 je pense ? Longue tradition en effet… comme celle qui « unissait » protestants et catholiques sur les champs de bataille de
133 lités économiques Il en est d’autres cependant qui ne peuvent nous laisser indifférents, et ce sont ceux de notre économ
134 mme les États-Unis ou le Commonwealth britannique qui se partagent avec la Scandinavie, les pays de l’Est, la péninsule Ibé
135 u de nous contenter de traiter de chimère ce plan qui est entré maintenant dans sa phase de réalisation. Mais ne croyez-vou
136 e croyez-vous pas, qu’isolés de la mer et de ceux qui furent toujours à travers l’histoire nos grands amis politiques, nous
137 L’Angleterre et les États-Unis ? Vraiment, voilà qui surprend, et de la part du professeur Rappard encore plus. Je ne sach
138 s contradictoires des Américains, les différences qui existent entre leurs gouvernements, leurs usages, leurs habitudes nou
139 ions entrer dans l’Alliance atlantique, avec ceux qui « furent toujours à travers l’histoire, nos grands amis politiques » 
140 e sa conclusion est en contradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’il ne craint pas d’inclure l’alliance militaire. Ma
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
141 retagne, l’Irlande, la Grèce et la Turquie. Et ce qui reste après toutes ces amputations, vous avez le front de dire que c’
142 e de créer un noyau dense et riche d’Europe unie, qui exercera sur eux une puissante attraction. Ensuite, avez-vous bien co
143 r Jean Monnet, parlez aussi des petits États-Unis qui ont tout juste autant d’habitants, ou de la petite URSS qui n’en a qu
144 ut juste autant d’habitants, ou de la petite URSS qui n’en a que 30 millions de plus. Vous me répondrez que le nombre d’ha
145 édés, de maîtres et de disciples, presque tout ce qui compte dans la peinture, dans la musique et dans l’architecture europ
146 aindre aujourd’hui qu’on les exclut. Les Anglais, qui sont lents à se laisser convaincre, mais réalistes devant le fait acc
147 hir et de recalculer leurs intérêts. Quant à ceux qui s’en vont répétant qu’un noyau fédéral fait obstacle à une fédération
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
148 l’Europe, le théâtre est un langage mondial, mais qui exprime mieux que tout autre le rythme intime d’une civilisation. Le
149 e : Orphée, Iphigénie, Faust, Hamlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au fonds
150 amlet, Don Juan… À qui appartiennent-ils ? À ceux qui les recréent, puisant chacun au fonds commun, selon leur génie région
151 vous verrez l’unité vraie de notre Europe : celle qui se réalise dans la diversité des langages, des écoles, des sensibilit
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
152 t à l’esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit, j’avais reconnu la grandeur d’un ton, d’un style, d’une im
153 r soudain par une cascade d’ellipses saisissantes qui laissaient le lecteur pantois, comme l’antique injonction du Sphinx :
154 pitié humaine, la retenue presque solennelle mais qui sans cesse frôle l’humour, et parfois tourne en sournoise malice » qu
155 l’humour, et parfois tourne en sournoise malice » qui composaient au sens magique du mot, les « charmes » de cette prose et
156 ur de l’Occident. Problème ambigu s’il en fût, et qui échappe par définition à la pensée systématique et discursive : point
157 paraisons. De quels autres moyens disposons-nous, qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-dire
158 parer » remarque Montesquieu, et il ajoute : « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose q
159 une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir t
160 ne gnose alors ? On pourrait le penser. Mais ceux qui se font de la poésie une idée finalement plus favorable au « Livre de
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
161 que l’inverse est aussi vrai. Ainsi de l’Europe, qui est une culture, foyer de toute la civilisation occidentale : ni dans
162 s ces définitions statiques manquent l’essentiel, qui se confond ici avec l’existentiel. La civilisation européenne a pour
163 des institutions juridiques, éthiques et sociales qui découlent de l’idée de personne à la fois libre et responsable, disti
164 ns Far West du mot) de deux systèmes énergétiques qui sont comme l’ombre l’une de l’autre et dont l’affrontement ou l’étrei
165 t notoirement insuffisantes d’un acte de l’esprit qui est pourtant bien le même, mais qu’il nous reste à définir. (Concevoi
166 ’ambition d’une peinture dite abstraite, ambition qui n’est point ou ne doit pas être celle de coïncider, soit avec des str
167 ions où naquit l’Occident, tout avide de systèmes qui ne l’apaiseront jamais, qui le consument et dont il vit. q. Rougem
168 out avide de systèmes qui ne l’apaiseront jamais, qui le consument et dont il vit. q. Rougemont Denis de, « Des conciles
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
169 entrée dans un corps politique plus large, entrée qui aurait été le véritable objet de la discussion avant le vote populair
170 alité, que se passerait-il ? On ne le voit pas. À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourrait l’accepter et la
171 as. À qui irions-nous offrir cette renonciation ? Qui pourrait l’accepter et la reconnaître ? Quels en seraient les effets
172 ux causes bien précises, extérieures à la Suisse, qui sont l’impérialisme bolchévique et la construction de l’Europe, et à
173 e, et à une troisième cause, intérieure celle-là, qui est la manière dont la majorité des Suisses considèrent la neutralité
174 ne serait donc changé à cet égard. Nombre de pays qui ne sont pas neutres ont fait beaucoup moins que nous pour lutter cont
175 n objet de discussions par la seule faute de ceux qui s’en réclament à tout propos et hors de propos, pour refuser de faire
176 Schuman, les Spaak, les de Gasperi, les Adenauer, qui nous ont jamais sommés de renoncer à la neutralité, mais ce sont les
177 mais ce sont les partisans de la neutralité-tabou qui nous somment, nous fédéralistes, de renoncer à toute idée de construc
178 dée de construction européenne. Ce n’est pas nous qui opposons fédération de l’Europe et neutralité suisse, c’est eux. Et d
179 que politique : toute personne physique ou morale qui s’occupe de l’Europe, en Suisse, se voit automatiquement « mise à l’i
180 se, pour aujourd’hui, une série de dix arguments, qui peuvent fournir les thèmes d’une campagne efficace : Les fédéralist
181 demandent pas l’abandon de la neutralité, mesure qui serait actuellement sans effet. Ils laissent aux communistes le soin
182 font remarquer que les grands industriels suisses qui souriaient, il y a 2 ans, quand on leur parlait du plan Schuman, s’in
183 n Suisse des contacts étroits avec les mouvements qui ont obtenu la création du noyau fédéral des six pays du pool charbon-
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
184 is d’où proviennent ces confusions courantes ? Ce qui fausse notre optique moderne, c’est le phénomène national. L’esprit j
185 Il n’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour sa production, soit du point d
186 ense. Qu’en est-il du point de vue de la culture, qui fut l’élément décisif pour la formation de nos nations ? Les faits hi
187 ne religion commune, avec toutes ses subdivisions qui portent un air de famille. (Les textes des liturgies de communion rom
188 rs sa naissance, et le rend différent de l’Hindou qui est d’une caste, de l’Africain qui est d’une tribu, non moins que du
189 nt de l’Hindou qui est d’une caste, de l’Africain qui est d’une tribu, non moins que du Soviétique conditionné par les décr
190 certaine littérature aussi pour laquelle tout ce qui est national est sacré, entretiennent un esprit nationaliste qui n’es
191 l est sacré, entretiennent un esprit nationaliste qui n’est plus gagé sur les faits, sur les diversités vivantes, et qui fr
192 gé sur les faits, sur les diversités vivantes, et qui freine l’union nécessaire. Qu’un tel nationalisme survive à ses raiso
193 de nuire. Les écrivains — poètes et philosophes — qui ont tant fait pour le fomenter au début du xixe siècle, pourraient b
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
194 r quelles ont été les raisons toutes personnelles qui ont fait de vous un partisan de l’Europe unie ? Je suis né à Neuchâte
195 suis né à Neuchâtel, c’est-à-dire dans le canton qui a été le dernier à se rallier à la fédération suisse en 1848. Jusqu’à
196 re les doctrines jacobines et hitlériennes, cours qui provoqua des mouvements divers parmi les étudiants, dont plusieurs ét
197 ons tous en commun. J’écris en ce moment un livre qui sera intitulé : Le Sens de nos vies x, et dans lequel j’esquisse une
198 notre critique de l’individualisme irresponsable qui , depuis le xviiie siècle, a préparé la réaction totalitaire que nous
199 uté la vocation. L’individu chargé d’une vocation qui , à la fois, le distingue de la tribu et le relie à son prochain, voil
200 e de Raymond Silva, que je ne connaissais pas, et qui , sans préambule, me demanda d’ouvrir par un discours le premier congr
201 ir par un discours le premier congrès fédéraliste qui allait se tenir à Montreux. Comme j’hésitais à intervenir dans une si
202 passé récent, la peur de l’Allemagne. La France, qui a été à l’avant-garde de la construction européenne, en constitue auj
203 lles de l’Europe. Nehru, énumérant les puissances qui comptent dans notre monde, citait, l’autre jour, l’Amérique, l’URSS,
204 e. Il oubliait simplement l’Europe ! Cette Europe qui voit se retourner contre elle le nationalisme qu’elle a inventé et do
205 êtes partisan des efforts pour l’union politique qui se poursuivent à Strasbourg et à Luxembourg ? Naturellement. Je suis
206 des petites réalisations, par quelques-uns, ceux qui veulent. Le fédéralisme est antisystématique, empirique, et seul réal
207 de la Suisse. Je vais vous citer deux alexandrins qui résument parfaitement notre isolationnisme un peu mesquin et la grand
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
208 rs disciples et cité comme allant de soi par ceux qui vivent de l’écho. Les bien-pensants s’indignent, comme si l’on avait
209 titude incompréhensible de la part des chrétiens, qui devraient savoir que l’existence de Dieu n’est pas affectée par une p
210 et la société. Mais a-t-on jamais demandé à ceux qui disent que Dieu est mort, ce qu’ils entendent exactement par là ? De
211 — qu’ils aient voulu dire simplement : « Pour ce qui me concerne, Dieu n’existe plus », car il n’y aurait là rien de nouve
212 a réfutation de Dieu : ce n’est que le Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas de l’auteur c
213 nce de Dieu et du diable, mais sur leur existence qui , selon lui, diminuerait ou supprimerait la responsabilité de l’homme.
214 sens chargé de mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisit souverainement ; non
215 d’aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisit souverainement ; non pas au sens de créature, mais bien à
216 délirant d’un individualisme de surcompensation, qui ne pourra plus que se nier lui-même s’il veut rejoindre la morale. Il
217 que s’il est mort, c’est qu’il n’a pas vécu : ce qui est absurde. Si Dieu l’Inconnaissable était mort, cela reviendrait à
218 , cela reviendrait à dire que l’on sait tout ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après avoir vécu en tant q
219 christianisme, du judaïsme et de l’islam, le Dieu qui s’intéresse à chaque homme (et même à chaque passereau dit l’Évangile
220 sonnel reste l’Absurde, en dehors d’une rencontre qui ne peut avoir lieu que dans l’intime, comme la transformation de l’én
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
221 e, ces décisions ne pouvaient écarter les menaces qui pèsent sur l’ensemble du continent, les impératifs de son économie, e
222 de l’homme occidental, beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, s
223 ue au débat sur l’union de l’Europe : M. Molotov, qui voit grand, jugeant mesquine l’Europe des Six, a promis une Europe de
224 Mais la Russie est du nombre…) Les neutralistes, qui dénonçaient à grands cris la disproportion des forces au sein des Six
225 t que le projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considéré comme monnaie d’échange
226 et Eden l’ont précisé — mais ce sont ces projets qui ont mis l’Occident en mesure de discuter sur un fondement solide : no
227 nt solide : nous avions quelque chose à défendre, qui n’était pas seulement le statu quo, mais l’avenir commun de nos peupl
228 ent, afin de nous détourner du problème préalable qui reste, de toute évidence, l’union de l’Europe, condition de sa force
229 éenne, capable d’opposer aux Russes une puissance qui les tienne en respect. Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendr
230 pour M. Molotov. C’est dans cette perspective — qui déclasse brutalement les discussions de « préalables » » et de garant
231 e députés dont on ne saura jamais les noms : ceux qui se décideront à la dernière minute. Entendront-ils cet Hannibal ante
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
232 aider. Et pourquoi, disaient-ils, les Allemands, qui sont les premiers menacés, n’auraient-ils pas le droit et le devoir d
233 oncours d’un de ses plus grands pays, et de celui qui se trouvait en première ligne ? C’est pour tenter de résoudre ce dile
234 caporaux belges et des officiers italiens ? Ceux qui l’ont dit et imprimé ont simplement donné la preuve qu’ils n’avaient
235 placées à la disposition d’un état-major général, qui , lui, sera européen par sa composition et sa nomination. Si la CED es
236 dans n’importe lequel des pays membres. (C’est ce qui s’est passé déjà pendant les deux dernières guerres.) Enfin, les méth
237 e Cour de justice et une Assemblée parlementaire, qui existent déjà : ce seraient en effet la Cour et l’Assemblée du plan S
238 autant que par la nature des pouvoirs politiques qui la contrôlent, l’Armée européenne ne pourra donc servir qu’à des tâch
239 s, et tend à leur faire croire le contraire de ce qui est. Nous avons vu que le premier souci des auteurs français du trait
240 et malgré eux, par une nécessité inéluctable. Qui est pour ? qui est contre ? Après deux ans de discussions et à la
241 par une nécessité inéluctable. Qui est pour ? qui est contre ? Après deux ans de discussions et à la veille des déci
242 rait. Ils veulent donc une Europe divisée. Or, ce qui nous divise, c’est le nationalisme : il faut donc le flatter et raviv
243 i-même causées. D’autre part, les personnes âgées qui vivent encore de souvenirs glorieux, et de rancunes qui parfois le so
244 vent encore de souvenirs glorieux, et de rancunes qui parfois le sont moins, entretiennent l’illusion touchante mais tenace
245 la CED, nous trouvons d’une manière générale ceux qui ont compris qu’ils vivent au xxe siècle, que le rêve d’une souverain
246 i-même la question. Mais je vois un pays réaliste qui , lui, ne doute pas de l’efficacité de la CED : c’est la Russie, dont
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
247 ls on le juge néfaste, et les maximes de l’action qui permettra de le surmonter. I. Naissance et prolifération du nationa
248 . Il confond dans une même répression la réaction qui veut le renverser, et les diversités locales ou spirituelles qui dema
249 verser, et les diversités locales ou spirituelles qui demanderaient seulement des lois plus souples. L’uniformisation est s
250 at idéologique, né d’une révolution sanglante, et qui se sait illégitime dans sa prétention à régner au nom de tous contre
251 r des nationalismes rivaux. Et c’est dans le pays qui aura subi le plus durement l’agression napoléonienne, c’est en Prusse
252 nt pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit
253  » Et encore : « À chaque époque domine le peuple qui incarne le plus haut concept de l’Esprit. » Voici donc les peuples él
254 Celles-ci ont fait surgir d’autres nationalismes, qui vont revendiquer à leur tour le droit de dominer l’époque, après s’êt
255 ra « souveraine », à l’imitation des rois absolus qui n’avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de
256 bsolue souveraineté ». Pendant cent ans, l’Europe qui se croit rationnelle vivra sur cette absurdité fondamentale. En 1914,
257 oliques, protestants et agnostiques « oubliant ce qui les divise » doivent se sentir « Français d’abord », nulle Église ne
258 vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchi
259 phrase dit tout. La nation est un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’il ne donne, infiniment plus, à l’absurde. P
260 lui de la souveraineté sans limites, par exemple, qui est un des attributs de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de t
261 re. Cette rhétorique émeut des millions d’hommes, qui en oublient du même coup leurs rudiments d’Histoire. Ces contradictio
262 ente : ou bien aller vers la formule fédéraliste, qui traduit seule notre réalité une et diverse, et cela suppose briser le
263 domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui , de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieu
264 à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas un seul qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’
265 ques d’un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et
266 rême confusion et les éclats de passion saugrenus qui caractérisent les polémiques sur la souveraineté nationale. Le fédéra
267 onaliste, en effet, n’est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt
268 fet, n’est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt un homme qui s
269 mment dans son erreur. C’est bien plutôt un homme qui souffre de la crainte morbide de perdre une puissance magique qui n’e
270 a crainte morbide de perdre une puissance magique qui n’existe pas ! Il s’agit beaucoup moins de le réfuter que d’éviter d’
271 m de son propre sentiment patriotique, de peuples qui ont l’honneur de parler sa langue, quand celle-ci se trouve être cell
272 idiculiser et l’extirper de l’enseignement, voilà qui me paraît l’une des toutes premières tâches du fédéralisme appliqué à
273 de quoi le refuserait-on ailleurs à des systèmes qui ne s’en distinguent nullement par les principes, mais uniquement par
274 ixe siècle le seul principe de communion civique qui ait survécu au raz-de-marée rationaliste et jacobin ; et aussi l’agen
275 s États-nations, et non pas l’Europe comme telle, qui ont conquis des débouchés à nos produits matériels et culturels, en A
276 esprit de révolte et d’« indépendance nationale » qui allait se dresser contre lui au nom de ses propres principes, tout co
277 comme la juxtaposition de monades ou d’autarcies qui ne cessent de s’ignorer que pour s’entrechoquer brutalement. Nos cout
278 elle a substitué au principe de non-contradiction qui bloquait le progrès des sciences physiques, le principe de complément
279 : le fédéralisme correspond à une vision du monde qui est précisément celle que la science moderne a conçue ; et il suppose
280 se un monde de relations libres et décentralisées qui est précisément celui que la technique moderne rend habitable. ⁂ Mai
281 istes. Le nationaliste n’y voit qu’une dispersion qui l’angoisse et où il craint de perdre son identité. Le fédéraliste au
282 e que ces nationalistes condamnés en principe, et qui se trompent radicalement, sont encore là, sont même, en fait, plus no
283 vons la faire sans eux. Voilà le problème concret qui se pose aujourd’hui. Les nationalistes ont sur nous les avantages du
284 qu’elle respecte les souverainetés nationales. Ce qui revient à dire : « Je veux bien me marier, mais à condition de rester
285 y touche, on provoque une opposition passionnelle qui met fin à tout dialogue raisonnable. La seconde raison, c’est que les
286 te parvint à se faire accepter par les 22 cantons qui étaient encore, au début de 1848, des États parfaitement souverains.
287 e monde admettait, à ce moment, que les alliances qui existaient depuis des siècles entre les cantons souverains étaient tr
288 , jaloux de leur souveraineté sacrée. La solution qui s’imposa finalement, au lendemain de la guerre civile dite du Sonderb
289 rale, et comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédérati
290 ouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe de toute manière à ses nations. Nous savons bien comment von
291 sée fédéraliste du traité, non pas son étiquette, qui nous importent. Rappelons-nous que la Suisse elle-même s’intitule Con
292 le et sans cesse réajustée de distinguer entre ce qui doit être mis en commun pour mieux fonctionner, et ce qui doit rester
293 être mis en commun pour mieux fonctionner, et ce qui doit rester autonome pour mieux vivre et créer. Économiquement, cela
294 préconisée Robert Aron et Arnaud Dandieu, méthode qui consiste à distinguer dans les activités humaines la part des automat
295 s de production, d’investissement et de transport qui , par nature, débordent la capacité d’un seul pays ; et nous demandons
296 nales », tentative barbare et d’ailleurs avortée, qui n’a guère qu’un siècle et demi d’âge en France, moins d’un demi-siècl
297 ion à nation. Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à aucun de nos États-nations — la Lombardie, l’Ombri
298 Mallarmé, ni Renoir, c’est Déroulède et Detaille qui représentent valablement la Troisième République comme telle. Et les
299 enfin débarrassés de l’enseignement nationaliste, qui leur inculque dès l’enfance la méfiance et la haine de leurs voisins.
300 moyen d’aider la culture : c’est d’offrir à ceux qui la créent et la transmettent les moyens de vivre décemment. Et quant
301 nt les moyens de vivre décemment. Et quant à ceux qui feignent de redouter que la suppression des frontières « culturelles 
302 . Finalement, c’est le nationalisme le plus franc qui a triomphé, lors du refus de la CED. Nous voyons donc qu’il n’est pas
303 r de front, franchement, une fois pour toutes, ce qui inspire toutes les résistances à notre union : l’esprit nationaliste.
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
304 nscrire par exemple aux « partisans de la paix », qui sont ceux d’une armée et de sa politique. L’action du Congrès pour la
305 Santiago et Mexico. C’est une volonté de justice qui se moque des opportunismes et c’est une action permanente. Quelle que
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
306 modèle européen, c’est pour une part minime mais qui est la part de l’homme, parce que Reynold a eu raison et parce qu’il
307 —, ces deux livres ont porté, et je suis de ceux qui tiennent pour capital leur rôle dans la défense de ce pays, pendant l
308 Reynold ne s’est pas arrêté à l’éloge des vertus qui tiennent un peuple ensemble. Dans la liste de ses ouvrages, je trouve
309 ens de la grandeur et le sens de l’Europe : voilà qui nous éloigne de la Suisse des manuels, et de la Suisse « concrète » (
310 se « concrète » (comme on dit bien à tort), celle qui ne prend vraiment au sérieux que les débats sur le prix du lait ; mai
311 x que les débats sur le prix du lait ; mais voilà qui , en même temps, nous rapproche des réalités essentielles, hors de quo
312 imensions, à la fois spirituelles et historiques, qui sont celles de l’Europe entière ? Cités et pays suisses nous disait q
313 urope entière ? Cités et pays suisses nous disait qui nous sommes, et Conscience de la Suisse, où nous en sommes. Formation
314 traverse notre histoire et pointe vers un avenir qui ne peut être distinct de celui d’une Europe soit fédérée par la libre
315 étrangère. Je ne vois pas un seul peuple européen qui ait autant besoin que le nôtre d’exercer ce que Reynold appelle « l’i
316 ntités spirituelles, historiques et géographiques qui nous dépassent très largement, mais sans lesquelles notre vie ne sera
317 et inconscient collectif d’où remontent les rêves qui nous guident, par les deux utopies directrices du Saint-Empire et de
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
318 uelle avait pour objet principal de prévenir ; ce qui enfin devenait fatal dès l’instant qu’on la rejetait, sous prétexte d
319 sité historique de cette construction — nécessité qui demeure intacte après leur vote. — En revanche, il est douteux que le
320 ien n’est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation européenne
321 du petit à petit l’oiseau fait son nid9, méthode qui évite d’agiter « inutilement » les esprits et les passions, et qui pr
322 r « inutilement » les esprits et les passions, et qui préfère l’action diplomatique ou les combinaisons de coulisses parlem
323 res. Illusion profonde, comme on va le voir, mais qui s’explique. Une enquête menée par le CEC10 au mois de septembre a don
324 es et spirituelles, puis économiques et sociales, qui par nature restent invisibles à l’œil des agences de presse, mais san
325 aratoires des révolutions réussies. 9. Proverbe qui repose sur l’ignorance des mœurs des oiseaux : ceux-ci construisent l
23 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
326 ation occidentale, depuis cent ans. III. — Livres qui excitent aujourd’hui ma pensée. l. — Livres ayant formé nos culture
327 homas Hardy : Jude l’obscur. 60. Hemingway : Pour qui sonne le glas. 61. D. H. Lawrence : L’Amant de lady Chatterley. 62. P
328 veilles. — À travers le miroir. III. — Livres qui excitent aujourd’hui ma pensée 88. Benjamin Constant : Journal int
24 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
329 bord une fête, donc quelque chose d’exceptionnel, qui sort de la routine des programmes de l’hiver et qui doit créer une at
330 i sort de la routine des programmes de l’hiver et qui doit créer une atmosphère spéciale, à laquelle contribuent non seulem
331 et comme membres que ceux des festivals européens qui réunissent ces conditions : — ceux qui ont un caractère particulier,
332 européens qui réunissent ces conditions : — ceux qui ont un caractère particulier, une tradition bien définie, des racines
333  permet à tous les festivals membres de savoir ce qui a été fait par d’autres et dans quelles conditions, quelles sont les
334 resserrer toujours plus les liens professionnels qui unissent déjà ses membres par-dessus les frontières et les rivalités
335 este, mais convaincant, de cette union européenne qui doit s’opérer dans les cœurs avant de pouvoir s’établir dans les fait
336 de des réactions de la sensibilité et de l’esprit qui définit une civilisation ? ap. Rougemont Denis de, « L’Association
25 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
337 les mots de l’époque. Âge d’or de la Littérature, qui triomphait dans le temps même que nous pensions la renier comme telle
338 de pouvoir acheter l’édition rare.) Bon pour ceux qui n’y « croyaient » pas, d’entrer là sans façon ni vergogne pour achete
339 ûre… Qu’est devenue la série de photos en couleur qui furent prises à la veille de la guerre dans l’appartement d’Adrienne 
26 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
340 uences à la manière de beaucoup d’historiens pour qui le réel n’est défini que par des documents écrits. J’irai maintenant
341 istes et même matérialistes avant la lettre. Le «  qui veut faire l’ange fait la bête » semble illustré par leurs excès ; ma
342 en plutôt la nature révolutionnaire des problèmes qui surgissent dans l’époque, l’inordinatio profonde du siècle, dont les
343 e passe dans la réalité, ou dans les imaginations qui la conforment, aux lieux et au temps où se nouent la légende et le my
344 vaient manquer d’opposer une croyance et un culte qui répondissent au même désir profond, surgi de l’âme collective. Il fal
345 tituera « Notre Dame ». Et les ordres monastiques qui apparaissent alors sont des répliques aux ordres chevaleresques : le
346 prouve pas, que la tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstan
347 es plus tard, ne put que sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu le dogme pour triompher dans tous les arts. Enfi
348 cs, originaire de l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient le jeu primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre le pas
349 pour la mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids de l’autorité patriarcale réduit le fils au conf
350 onc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens
351 t enfin comme dans le manichéisme, en un Dieu bon qui est pur esprit et un démiurge qui domine la matière et la chair. La c
352 en un Dieu bon qui est pur esprit et un démiurge qui domine la matière et la chair. La compulsion qui créait le complexe œ
353 qui domine la matière et la chair. La compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant. La haine pour le père se
354 se trouve impliqué bon gré mal gré dans la lutte qui divise profondément la société, les pouvoirs, les familles, et les in
355 les familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérésie partout présente et l’orthodoxie romaine battue en b
356 voire d’une divinisation du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver la contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en con
357 c’est comme une résultante de tant de confusions qui devaient s’y nouer, qu’apparaît la cortezia, « religion » littéraire
358 ses « croyants », le grand public cultivé ou non, qui écoute les troubadours et fait leur gloire mondaine dans toute l’Euro
359 ’amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à tenir la sexualité pour « vilaine » ; et nous voyons sou
360 cathares ou, du moins, très au courant des idées qui étaient dans l’air depuis deux-cents ans. Dans tous les cas, ils chan
361 aiser par des chansons la mauvaise conscience, et qui leur demandaient non pas tant une illusion d’amour sincère qu’un anti
362 et pratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élém
363 riomphante du shaktisme. La force secrète (çatki) qui anime le cosmos et soutient les dieux (en premier lieu Shiva et Boudd
364 … La méditation éveille certaines forces occultes qui dorment en chaque homme et qui, une fois éveillées, transforment le c
365 es forces occultes qui dorment en chaque homme et qui , une fois éveillées, transforment le corps humain en un corps mystiqu
366 la fonction par excellence humaine, celle-là même qui détermine le cycle incessant des naissances et des morts, la fonction
367 vais décrire le geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secr
368 e de l’acte sexuel sans consommation, car « celui qui garde (ou reprend) sa semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre
369 t un exercice yogique. Mais la plupart des textes qui la décrivent « sont écrits dans un langage intentionnel, secret, obsc
370 t »20. Ainsi le tantrisme apporte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter la transsubstantialisation du corps humain
371 alisation du corps humain à l’aide de l’acte même qui , pour n’importe quel ascétisme, symbolise l’état par excellence du pé
372 té — considérée comme l’unique expérience humaine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e.
373 je sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, dit le premier des troubadours connus, Guillaume, s
374 me comte de Poitiers et neuvième duc d’Aquitaine, qui mourut en 1127. Dès le début du xiie siècle, ces « lois d’Amour » so
375 et et Merci, et, ces vertus conduisent à la Joie, qui est signe et garantie de Vray Amor. Voici Mesure et Patience : De co
376 et Patience : De courtoisie peut se vanter celui qui sait garder Mesure… Le bien-être des amoureux consiste en Joie, Patie
377 ’un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer d’amour sensuel se met en guerre avec lui-même, ca
378 ôt indifférente : J’ai une amie, mais je ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je l’aime fort… N
379 ue je ne puisse vieillir… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder la joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) J
380 e rend comme récompense », écrit Daude de Prades, qui cependant ne craint pas de donner des précisions sur les gestes éroti
381 où elle siège (la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux premières passe aisément les trois autres, mais
382 difficile d’en sortir. Il vit dans la joie, celui qui peut y rester. On y accède par quatre degrés très doux, mais là n’ent
383 cé par Marcabru et ses successeurs, en des termes qui peuvent éclairer indirectement sur la nature de l’amour vrai ou du mo
384 t Marcabru, « Il lie partie avec le diable, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-il pas le père de l
385 ésespérés. Ah ! noble Amour, source de bonté, par qui le monde entier est illuminé, je te crie merci. Contre ces clameurs g
386 on guide. Enfin, contre certains des troubadours qui sans doute abusaient trop souvent des ambiguïtés ménagées par le « se
387 réalités ou l’absence de réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à de telles précisions de langag
388 toire « scientifique » comme critère des réalités qui m’intéressent dans cet ouvrage. Je lui laisse le soin d’affirmer que
389 st l’histoire romancée de l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découvrir et adopter le christiani
390 mmuniqués par le « bonhomme » Barlaam. La version qui nous est restée, en provençal du xive siècle, quoiqu’orthodoxe dans
391 usieurs troubadours. Il s’exprime dans des termes qui seront repris par presque tous les grands mystiques de l’Occident. Il
392 psyché occidentale. Il a surgi du même mouvement qui fit remonter au demi-jour de la conscience et de l’expression lyrique
393 erge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’un Orient sym
394 ut avouer que les réfutations les plus virulentes qui aient été publiées portaient beaucoup moins sur cette thèse que sur s
395 dences d’expression. (Ce sont elles, par malheur, qui ont le plus fait pour assurer le succès de l’ouvrage dans un large pu
396 se catholique d’avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en la person
397 nverti le nom même du Dieu qui est Amour. 14. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en la personne du pape Innocent III
398 lise de Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de
399 er vient de consolari, formée de cum et de solus ( qui veut dire proprement : entier). Consoler signifie donc étymologiqueme
400 sir correspond à visus — le fameux premier regard qui enflamme – et servir à tactus.) Le thème des Cinq lignes d’amour peut
401 parler, l’attouchement, le baiser, et le dernier qui est plus désiré, et auquel tous les autres tendent pour leur finale r
27 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
402 n fonde aujourd’hui le mariage sur la passion, ce qui est une stupidité car c’est confondre l’amour pour la mort avec l’amo
403 ent. L’amour-passion est un sentiment historique, qui a une histoire. Il a des causes, des raisons. Peut-être eût-il pu ne
404 nt au xiie siècle : subitement, c’est le mariage qui est en butte au mépris tandis que la passion est glorifiée dans la me
405 bite toujours les esprits. Il n’est pas une femme qui ne rêve de connaître le grand amour, la passion unique, totale, morte
406 maniée et augmentée, aggravée dit M. de Rougemont qui a de l’esprit, vient de paraître chez Plon. La première édition, née
407 e en 1939, avait provoqué une série de polémiques qui attestait l’importance de l’ouvrage : on s’accorde à le tenir pour un
408 pour quelques jours mais avec un emploi du temps qui ne lui laissait aucun loisir. Nous avons pu l’isoler quelques minutes
28 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
409 e, deux confessions majeures et trente-six sectes qui se côtoient partout mais qui s’ignorent, je ne sais combien de races,
410 et trente-six sectes qui se côtoient partout mais qui s’ignorent, je ne sais combien de races, de classes et de dialectes j
411 survolants de la synthèse les grandes dimensions qui lui manquent. Paracelse était suisse, comme C. G. Jung, et Rousseau c
412 e groupe et sociétés. Mais petits groupes de gens qui ne se connaissent que trop, et sociétés solides si leur but est restr
413 ne servent cependant qu’aux petits déplacements, qui sont des voyages concentrés et plus émouvants que les vrais, parce qu
414 déchirant, la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui e
415 verte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui en ouvre une autre, tandis qu’entr
416 sion, ce début qui clôt une vie, cette conclusion qui en ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’opère en un clin d’œil
417 êmes de leur État au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration
418 celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccourci métaphorique.
419 de cette discipline spontanée, voire prévenante, qui fait la force principale de notre régime fédéral. Revenant en Suisse
420 e trait national — le seul sans doute, chez nous, qui mérite l’adjectif — je me disais : « C’est notre force, et ce sera pe
421 mes. En dépit du langage courant, c’est le normal qui est exceptionnel. Ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui d
422 el. Ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner lorsqu’ils paraissent, phénomènes hautement impr
423 se détournent qu’avec cet air exaspérant de celui qui renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir et pour ré
424 ère vue les resquilleurs, ces jeunes gens excités qui prétendent ne pas payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de p
425 omise, affirment-elles, par le jeune mâle placide qui leur fait face, mi-flatté, mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire,
426 té, mi-gêné. Je me sens devenir réactionnaire, ce qui m’effraye encore un peu, bien que je voie venir le jour où certaine «
427 n. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse
428 transparents. (Avez-vous remarqué que les trains qui vous croisent sont transparents s’ils vont très vite ? On ne cesse de
429 2 ans, quand je lisais sur les longs wagons bruns qui s’engouffraient au tunnel du Gothard : Amsterdam-Köln-Olten-Zagreb-Bu
29 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
430 déral a pris naissance en 1848 ? Une fédération qui garantit leur souveraineté aux fédérés Jusqu’à cette date, la Suis
431 832, se voyait repoussée à la fois par la gauche, qui lui reprochait son respect excessif des souverainetés cantonales, et
432 f des souverainetés cantonales, et par la droite, qui jugeait ces souverainetés dangereusement menacées28. La solution qui
433 erainetés dangereusement menacées28. La solution qui s’imposa finalement au lendemain de la guerre civile dite du Sonderbu
434 é cantonale (ou nationale), et cela d’une manière qui me paraît pleine d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Loin d’
435 rale et, comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédérati
436 omaine ». Or, on ne voit plus aucun État européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire
437 lté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la guerre ou de conclure la paix comme il l’
438 ques d’un complexe. D’où la difficulté, pour ceux qui en sont victimes, de s’adapter aux réalités changeantes du siècle, et
439 rême confusion et les éclats de passion saugrenus qui caractérisent les polémiques sur la souveraineté nationale. Lors des
440 fictive.) C’est ainsi que l’on doit rassurer ceux qui tremblent, disent-ils, de voir leur patrie « se perdre dans la masse
441 s nations, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souveraineté nominale. Quant à l’essentiel de cette
442 ouvre, entre les grands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations. 27. William Rappard, La Constitution fédéra
30 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
443 Vous connaissez les faits. Inutile de rappeler ce qui se passe. Aidez la Hongrie. Aidez le peuple hongrois. Aidez les écriv
444 nutes de musique. À 8 h 7, Radio-Kossuth se tait. QUI RÉPONDRA ? À ces dernières paroles de la révolution déclenchée par le
445 ences pratiques. Pour notre part, nous pensons ce qui suit : Serrer la main d’un communiste occidental, qui approuve « libr
446 suit : Serrer la main d’un communiste occidental, qui approuve « librement » son parti, c’est saluer un complice du crime d
447 contribuer au genre de propagande intellectuelle qui mène au crime de Budapest. Discuter ses raisons, c’est oublier qu’ell
448 engagés sous le signe trompeur d’une « détente » qui vient de montrer sa vraie nature à Budapest, c’est donner dans un gue
449 scou, c’est oublier la voix des écrivains martyrs qui nous appelaient de Budapest, et c’est trahir leur testament. Que chac
450 e d’influence personnelle ou civique, contre ceux qui applaudissent au crime, qui tenteront de le faire oublier, ou de lui
451 civique, contre ceux qui applaudissent au crime, qui tenteront de le faire oublier, ou de lui chercher des excuses. Que to
452 chercher des excuses. Que tous les esprits libres qui voudraient s’associer à l’action internationale du Congrès pour la li
453 culture sachent qu’ils trouveront ici des hommes qui n’oublient pas l’appel des écrivains de Budapest, qui ne le laisseron
454 n’oublient pas l’appel des écrivains de Budapest, qui ne le laisseront pas oublier, et dont tout le programme est maintenan