1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 ! On peut se défendre, simplement, et chacun dans sa sphère d’action et d’intérêts. Nous, intellectuels, nous sommes prêts
2 par exemple, que le but du Kominform, en lançant ses appels à la paix n’est pas du tout de servir une paix durable, mais d
3 de donner un répit à l’armée russe pour renforcer ses armements. Vous pourrez juger alors vous-mêmes qu’on n’aura jamais vu
4 ésente, en effet, que 5 % des terres du globe. Ni son étendue, ni le nombre de ses habitants, ni ses richesses naturelles n
5 terres du globe. Ni son étendue, ni le nombre de ses habitants, ni ses richesses naturelles ne la destinaient fatalement a
6 Ni son étendue, ni le nombre de ses habitants, ni ses richesses naturelles ne la destinaient fatalement au rôle qu’elle a p
7 issance de l’Europe ont résulté tout à la fois de ses conceptions religieuses et morales, d’un pouvoir d’invention sans éga
8 c une sorte de désespoir ironique, et très sûr de son effet : « Notre Assemblée, Messieurs, se voit réduite à parler de que
9 rme d’encyclique sur la science linguistique dans son empire ou lorsqu’il lance une offensive contre la conception chrétien
10 c’est-à-dire de l’État, lorsque Staline déclenche ses campagnes culturelles, soyez bien certains qu’il ne joue pas aux viei
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
11 idt, fils de Schmidt, sera baptisé Smith, changez son arbre généalogique. Déclarez qu’il descend en droite ligne des émigra
12 ssence un être qui diffère et tient à différer de son voisin et des modèles fournis. Il n’existe donc pas, il ne peut exist
13 isément, leur volonté de rester chacun soi-même à sa façon. Voilà ce qui les distingue en bloc des Russes et des Américain
14 oissante pour l’adolescent — qu’il est le seul de son espèce, qu’il est un cas absolument unique. Ce qu’il y a de plus euro
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
15 s le problème de la liberté qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons
16 us ne pourriez défendre l’Europe qu’en opposant à ses ennemis une idéologie plus puissante que la leur, mais hélas, vous n’
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
17 ; ils rapportaient des états d’âme ; mais lui, de ses Dépaysements f, nous rapportait l’Europe vivante, interrogée sur plac
18 ne puissance d’adhésion, qui tantôt s’identifie à son objet, et tantôt, rétablissant la distance, le conçoit et le définit 
19 ’appliquait de préférence au phénomène unique par ses variétés mêmes, qu’on nomme Europe. « Si le désir de comprendre ce qu
20 ts. Europe, dont l’essentiel est dans les âmes. » Ses tableaux de l’Allemagne, dès 1923, dessinent en creux ce qui sera le
21 cette communauté indispensable au monde, souligné sa nécessité, défini ses principes animateurs, suggéré sa structure fédé
22 spensable au monde, souligné sa nécessité, défini ses principes animateurs, suggéré sa structure fédérale. Dans tous ses li
23 cessité, défini ses principes animateurs, suggéré sa structure fédérale. Dans tous ses livres de voyages, d’analyse morale
24 mateurs, suggéré sa structure fédérale. Dans tous ses livres de voyages, d’analyse morale ou d’histoire — mais nulle part m
25 tu et même une raison d’entretenir, malgré toutes ses méfiances et toute la précision d’un regard souvent railleur ou amusé
26 ui la travaillent, qui l’entraînent au rebours de ses traditions profondes », que l’Europe se fera, une et diverse. Je ne v
27 rte encore mieux sur notre temps que sur celui de sa naissance — 1929, je le répète. « Petite Europe, toute seule dans un
28 en tumulte, il faudra bien qu’elle comprenne que ses rivalités intérieures sont archaïques » et qu’au-delà de ses frontièr
29 és intérieures sont archaïques » et qu’au-delà de ses frontières resserrées, des civilisations rajeunies vont se dresser, q
30 Europe, pour se redresser, pour imposer silence à ses détracteurs, de se reconnaître une mission nouvelle ? En affirmant so
31 e reconnaître une mission nouvelle ? En affirmant son unité conquise sur des différences qu’elle ne détruirait pas pour aut
32 ans, elle aurait conclu un pacte d’alliance entre ses fils : ce pacte, elle le proposerait ensuite à l’univers. Les grands
33 mon adolescence, n’a pu me le faire concevoir de son vivant. Dans le recueil récemment publié de ses chroniques2, j’en tr
34 son vivant. Dans le recueil récemment publié de ses chroniques2, j’en trouve quelques-unes sur l’Europe : sur nos congrès
35 il avait, bien avant nous, aperçu la nécessité ? Son style même nous suggère une réponse. Ses courtes phrases bien dessiné
36 essité ? Son style même nous suggère une réponse. Ses courtes phrases bien dessinées constatent, enferment la pensée dans u
37 force du bon droit, de la clairvoyance alertée ? Sa vocation était tout attentive ; sa curiosité même se transformait en
38 ance alertée ? Sa vocation était tout attentive ; sa curiosité même se transformait en une attention passionnée. Il voulai
39 e. Il voulait être ouvert, plutôt qu’ouvrir. Tous ses personnages romanesques sont des renfermés, et qui en souffrent : il
40 entement dépasser les baladins et les bruyants de son époque, et son beau profil prend sa place parmi les effigies d’une Eu
41 er les baladins et les bruyants de son époque, et son beau profil prend sa place parmi les effigies d’une Europe renaissant
42 bruyants de son époque, et son beau profil prend sa place parmi les effigies d’une Europe renaissante. 2. Témoin, p. 1
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
43 exceptionnelles, étudié dans le moindre détail de son comportement souvent imprévisible, le prototype peut se révéler impro
44 t se révéler impropre à la fabrication de série : son intérêt n’en est pas amoindri. Car il fournit une connaissance nouvel
45 par accident, semble-t-il. Mais cet accident fit sa gloire, et nous donne seul la possibilité et le désir de parler de lu
46 nct3 ». Les Sept Piliers de la Sagesse, et toutes ses lettres, témoignent d’une volonté de conscience et d’expression qui j
47 oué cette œuvre dans le conflit entre l’auteur et son époque. L’écrivain du xviie siècle nous paraît intégré naturellement
48 nous paraît intégré naturellement à la société de son temps. L’écrivain du xviiie siècle ne l’est guère moins, bien qu’il
49 tion dont cette œuvre témoigne, et dont elle tire son efficacité particulière. Car l’action sert de gage aux mots, et dans
50 r ? Si l’on répond qu’elles dénudent l’homme dans sa plus sobre vérité, nous demandons alors : qui va revêtir cet homme d’
51 t l’état d’esprit du héros de 30 ans, à la fin de ses campagnes d’Arabie, avant le grand échec de ses espoirs à la Conféren
52 e ses campagnes d’Arabie, avant le grand échec de ses espoirs à la Conférence de Versailles. Mais comment ne pas penser à S
53 ns l’action et plein d’humour quand il parlait de son œuvre écrite, l’autre contant ses aventures avec brio et insistant po
54 d il parlait de son œuvre écrite, l’autre contant ses aventures avec brio et insistant pour lire à ses amis les versions su
55 ses aventures avec brio et insistant pour lire à ses amis les versions successives de ses livres en train. L’un réservé ju
56 pour lire à ses amis les versions successives de ses livres en train. L’un réservé jusqu’au silence total, l’autre toujour
57 ique des pouvoirs établis dans leur patrie (ou en son nom), ceux-là mêmes qu’ils viennent de servir, mais dont les buts ou
58 psychologie qui déconcerte la morale classique et son langage ; cependant ils veulent être simples et n’employer que des mo
59 contre la société et de soumission aux règles de son jeu, les mêmes énigmes d’ailleurs, sans plus de solution, se trouvaie
60 ude ne manque pas de les frapper. Lawrence décrit son engagement dans l’armée de l’air comme « le meilleur équivalent moder
61 ntenant », écrit Lawrence quelques semaines avant sa mort. (Et Saint-Exupéry, dans toutes ses dernières lettres, a des phr
62 nes avant sa mort. (Et Saint-Exupéry, dans toutes ses dernières lettres, a des phrases qui rendent le même son.) S’approche
63 nières lettres, a des phrases qui rendent le même son .) S’approche le moment de la retraite forcée, — fin de son engagement
64 pproche le moment de la retraite forcée, — fin de son engagement pour l’un, de la guerre pour l’autre. Et survient l’accide
65 sont les héros de la masse, qui les produit dans sa panique devant une liberté sans contenu. Il est des dictateurs de tou
66 eur n’est fort que de la faiblesse des autres, et sa grandeur est négative : il est le symbole des secrètes démissions que
67 pour faire nombre. Mais la force d’un Lawrence a sa source dans les seules exigences qu’il s’impose. Le dictateur est le
68 Lawrence n’a jamais rien demandé que de lui-même. Son pouvoir sur autrui lui fait horreur, il l’avoue à plusieurs reprises.
69 action l’y contraignent, comme ce fut le cas dans sa campagne d’Arabie ; et il ne peut se retenir de dénoncer dans cet usa
70 , au prix d’un sacrifice dont il reste le maître. Son héroïsme le plus réel est là : s’il faut que quelqu’un paye, que ce s
71 ue quelqu’un paye, que ce soit lui, aux dépens de son propre individu et pour l’éducation de sa personne. Il dépasse tous l
72 ens de son propre individu et pour l’éducation de sa personne. Il dépasse tous les autres dans ce sens. Et je ne lui vois
73 Douze ans plus tard, et très peu de temps avant sa mort, il tire de ses « essais » les conclusions suivantes : le Règlem
74 d, et très peu de temps avant sa mort, il tire de ses « essais » les conclusions suivantes : le Règlement du Proche-Orient
75 le Règlement du Proche-Orient (qui fut en partie son œuvre en 1921) pèse à ses yeux plus que ses campagnes, mais moins que
76 ient (qui fut en partie son œuvre en 1921) pèse à ses yeux plus que ses campagnes, mais moins que son activité dans la RAF
77 artie son œuvre en 1921) pèse à ses yeux plus que ses campagnes, mais moins que son activité dans la RAF « car la conquête
78 à ses yeux plus que ses campagnes, mais moins que son activité dans la RAF « car la conquête de l’air me paraît être la seu
79 chose « d’intangible », qui l’avait soutenu dans son effort d’artiste alors qu’il écrivait les Sept Piliers, il la renie ;
80 de philosophie. Car Lawrence, comme plusieurs de sa race, ne se situe dans nos problèmes que d’une manière fragmentaire,
81 ions si concrètes que la technique vécue, gage de son honnêteté, devient aussi son alibi. Du point de vue de nos débats pol
82 nique vécue, gage de son honnêteté, devient aussi son alibi. Du point de vue de nos débats politiques, pour se borner à un
83 problème brûlant, qu’est-il possible d’inférer de son exemple ? Les citations que je viens de traduire semblent indiquer qu
84 ucun doute, la morale qu’il professe, au terme de son expérience de douze années dans l’aviation, est une morale collectivi
85 usqu’au culte de la machine !) Mais d’autre part, son aversion pour l’idéologie, son refus de l’impérialisme sous toutes se
86 Mais d’autre part, son aversion pour l’idéologie, son refus de l’impérialisme sous toutes ses formes, surtout morales, l’éc
87 déologie, son refus de l’impérialisme sous toutes ses formes, surtout morales, l’écœurement qu’il ressent devant la nécessi
88 ement qu’il ressent devant la nécessité d’imposer son pouvoir et d’user d’autorité, tout l’opposait à la dictature et à la
89 es problèmes métaphysiques) d’un homme qui a raté ses « sorties » et pour lequel il n’est plus d’autre solution que de s’as
90 ait seule le transformer. Attitude exemplaire par son honnêteté. S’il fallait qu’on nous montre où nous en sommes et ce que
91 ci d’être un exemple ou d’enseigner : de là vient sa sincérité, à travers tant de déguisements. On ne peut s’empêcher de l
92 Quant à La Citadelle, on notera qu’elle n’a point son équivalent chez Lawrence. Et certes, rien n’empêche d’imaginer que ce
93 ner que ce dernier, s’il eût vécu tranquille dans son cottage, eût pu être tenté par une œuvre analogue, transposition lyri
6 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
94 dement pourrait s’exprimer de cette manière, sous sa forme la plus brutale : l’Europe égale les foyers de culture, ou : le
95 s moyens de diffusion de la culture et d’empêcher son unité. Des conceptions différentes se forment ; le même terme change
96 suit. Comment pourra-t-elle retrouver aujourd’hui sa fonction éducatrice : former des hommes et des communautés ? Comment
97 ’anarchie. L’homme européen doit pouvoir réaliser sa vocation particulière dans le groupe humain où il se retrouve inséré.
98 es de cette façon ; chaque foyer, quelle que soit sa forme, sa structure, se donnerait pour tâche — et je voudrais qu’il l
99 e façon ; chaque foyer, quelle que soit sa forme, sa structure, se donnerait pour tâche — et je voudrais qu’il le fasse ex
100 uté européenne des foyers de culture tout d’abord ses plans de causeries — je crois qu’on vous les a remis. J’explique en q
7 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
101 ion de l’Europe et de la position de notre pays à son égard, et M. Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la c
102 r du Centre européen de la culture, se sentant en sa qualité d’« européaniste » visé par les déclarations du professeur Ra
103 ofesseur Rappard, a exprimé le désir de présenter son point de vue qui s’oppose totalement à celui du directeur de l’Instit
104 d me touche personnellement, car j’ai beaucoup lu ses livres, je m’en suis beaucoup servi et voici qu’il paraît renier les
105 il paraît renier les conclusions de la plupart de ses ouvrages ; c’est pourquoi après cette interview, je pense qu’il est n
106 … L’Europe est faite ! Mais elle est faite ! Ses adversaires les plus acharnés ont reconnu qu’il n’était plus temps de
107 onnu qu’il n’était plus temps de s’interroger sur son opportunité, mais bien de traiter avec elle. La petite Europe est fai
108 le existe, et Anglais et Scandinaves — qui furent ses adversaires les plus absolus — n’ont pas tardé à lui envoyer des amba
109 maintenant une idée américaine, qui aurait trouvé son expression dans le discours prononcé le 31 octobre 1949 par l’adminis
110 ue l’administrateur du plan Marshall ait prononcé son discours, donc avant que l’idée d’une fédération européenne soit deve
111 de chimère ce plan qui est entré maintenant dans sa phase de réalisation. Mais ne croyez-vous pas, qu’isolés de la mer et
112 ns isolés d’eux, même sur le plan économique ? Et sa comparaison d’un Sonderbund européen me semble tout aussi erronée. Ce
113 union et un seul intérêt commun » ! Et dans un de ses ouvrages, M. Rappard ne manque pas de relever, avec l’ironie qu’il fa
114 déclarations de M. Rappard, c’est précisément que sa conclusion est en contradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’il
8 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
115 fin, de cette « Europe-croupion », déjà privée de son Est, de son extrême-Ouest et de son Centre, vous trouvez le moyen d’e
116 e « Europe-croupion », déjà privée de son Est, de son extrême-Ouest et de son Centre, vous trouvez le moyen d’exclure les S
117 éjà privée de son Est, de son extrême-Ouest et de son Centre, vous trouvez le moyen d’exclure les Scandinaves, la Grande-Br
118 près les USA, bien avant l’URSS même augmentée de ses satellites. Allons plus loin. Les chiffres et les statistiques n’épui
119 dans un vase clos. La « Petite Europe » a cherché son salut dans l’union. Elle l’a trouvé malgré l’hostilité, la méfiance o
120 gré l’hostilité, la méfiance ou l’indifférence de ses voisins et frères en civilisation. Ceux-ci seraient donc bien mal ven
9 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
121 raphies de scène, pour lui accorder dès le départ son patronage et son appui pratique. Il salue cette année l’épanouissemen
122 pour lui accorder dès le départ son patronage et son appui pratique. Il salue cette année l’épanouissement de cette initia
10 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
123 magique du mot, les « charmes » de cette prose et son autorité. Telle fut ma première impression. Vingt ans plus tard, je l
124 sous lequel a pu les voir, proches ou confondues, son auteur. (Cet angle de vision étant son vrai « message ».) Elle propos
125 onfondues, son auteur. (Cet angle de vision étant son vrai « message ».) Elle propose donc à l’imagination un exercice spir
126 u’après une grande lecture. » Ainsi Kassner, dans ses dialogues. Chaque interlocuteur y atteint, tour à tour, à l’expressio
127 tour à tour, à l’expression la plus virulente de sa vérité, et chacun nous convainc si bien que la conclusion ne saurait
128 nt dans les dialogues et les paraboles de Kassner son irréfutable présence. 6. Les Éléments de la grandeur humaine, Pari
11 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
129 es fins d’une civilisation ne sont pas visibles à son terme, et rien ne se passe jamais comme si elle finissait par les att
130 meurt, c’est justement qu’elle a perdu le sens de ses fins ou qu’elle renonce à les saisir. De même, les origines d’une civ
131 civilisation ne doivent pas être recherchées dans son passé le plus reculé : elles ne sont saisissables que dans la dialect
132 s ne sont saisissables que dans la dialectique de ses succès et de ses échecs, c’est-à-dire dans les moments mêmes où ses f
133 ables que dans la dialectique de ses succès et de ses échecs, c’est-à-dire dans les moments mêmes où ses fins deviennent co
134 es échecs, c’est-à-dire dans les moments mêmes où ses fins deviennent conscientes et manifestes. « Dans ma fin est mon comm
135 ncore moins par quelque système rendant compte de son unité. Si l’on veut établir son passeport pour l’Histoire, les donnée
136 rendant compte de son unité. Si l’on veut établir son passeport pour l’Histoire, les données principales font défaut, mais
137 oment où la physique actuelle retire à la matière ses qualités classiques de vraie matière pour lui accorder les attributs
12 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
138 e la Suisse en vienne à décider qu’elle abandonne sa neutralité traditionnelle, il faudrait que l’une ou l’autre des condi
139 us ne pouvez pas rester neutres entre l’Europe et ses ennemis. À cela, je répondrai que le choix de notre peuple est fait.
140 vice de l’idée européenne ; la seconde, c’est que son directeur a parlé de l’Europe dans son discours du 1er août 1952 à Ge
141 c’est que son directeur a parlé de l’Europe dans son discours du 1er août 1952 à Genève (sans même prononcer le mot de neu
142 u après le milieu de l’histoire de l’Europe ; que son sort dépend donc à tous égards du sort de l’Europe. (Même si M. Rappa
143 ort de l’Europe. (Même si M. Rappard démontre que ses échanges ne sont que de 40 % avec les six pays du plan Schuman, nous
13 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
144 e pour qu’on puisse l’unir. Elle eut, disent-ils, son unité spirituelle au Moyen Âge et elle avait atteint au début de ce s
145 rd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour sa production, soit du point de vue de sa défense. Qu’en est-il du point
146 soit pour sa production, soit du point de vue de sa défense. Qu’en est-il du point de vue de la culture, qui fut l’élémen
147 ns tout d’abord une religion commune, avec toutes ses subdivisions qui portent un air de famille. (Les textes des liturgies
148 s mais dont la science actuelle tire au contraire ses meilleurs arguments pour démontrer l’unité foncière de nos peuples. N
149 érise l’homo europæus, quelle que soit d’ailleurs sa naissance, et le rend différent de l’Hindou qui est d’une caste, de l
150 ue, parfois à leurs conflits, que l’Occident doit ses plus belles créations. Certes, l’école par ses manuels d’histoire, le
151 it ses plus belles créations. Certes, l’école par ses manuels d’histoire, le journal par son exploitation des préjugés reçu
152 ’école par ses manuels d’histoire, le journal par son exploitation des préjugés reçus de l’école, certaine littérature auss
153 nion nécessaire. Qu’un tel nationalisme survive à ses raisons, en perdant ses racines dans la réalité, cela ne signifie pas
154 el nationalisme survive à ses raisons, en perdant ses racines dans la réalité, cela ne signifie pas qu’il ait cessé de nuir
14 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
155 se une histoire de l’homme européen, ou plutôt de sa manière de dire « je » ou « moi ». C’est là une notion essentiellemen
156 t avec la poussière des individus que l’État fait son ciment. Les Grecs ont inventé l’individu mais le christianisme lui a
157 à la fois, le distingue de la tribu et le relie à son prochain, voilà la personne. On l’a dit : pour l’individu, il n’y a q
158 endre compte. Voici le premier : Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. Et voici le second : La Suisse dans l’hi
15 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
159 ette affirmation jette non seulement la pensée de ses auteurs récents, mais toute la pensée du type occidental. Gardons-nou
160 après-guerre, sur la nouveauté du message, et sur son objectivité. Ils prétendent annoncer une nouvelle, la mauvaise nouvel
161 onnu7. Et, d’ailleurs, il a partiellement démenti son message en écrivant un jour ceci : « La réfutation de Dieu : ce n’est
162 t la responsabilité de l’homme. Si telle est bien sa position, l’on en déduit nécessairement qu’aux yeux de Sartre, la val
163 ur morale est plus importante que tout, puisqu’en son nom l’on peut trancher une question d’existence réelle. Il ne faut pa
164 ponsabilité ? D’une volonté d’affirmer l’homme et ses pouvoirs, répondrait-il. Et c’est d’une manière analogue que Malraux
165 ntique et littéral de « capable de répondre » (de ses actes et pensées devant Dieu ou devant autrui), mais au sens de « cap
166 de mission, mais à celui d’aventurier qui assume ses risques et périls et qui les choisit souverainement ; non pas au sens
167 eulement il croira retrouver « l’engagement » que sa doctrine prônait, mais rendait par ailleurs impraticable — et dans le
168 dit l’Évangile), et cela dans le détail intime de sa vie, le Dieu que tant de milliards d’humains souffrants ou méditants,
169 me solaire, atome lui-même d’une galaxie, atome à son tour de l’espace-temps d’un univers à l’expansion indéfinie… Et compt
170 l’expansion indéfinie… Et compter les cheveux de sa tête ! Mais à l’inverse, le Dieu personnel redevient non seulement cr
171 t le voit de plus en plus près, dans le secret de son cœur, dans le noyau de son esprit. « Dieu sensible au cœur », disait
172 rès, dans le secret de son cœur, dans le noyau de son esprit. « Dieu sensible au cœur », disait Pascal. Et de même, l’énerg
16 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
173 nt sur l’ensemble du continent, les impératifs de son économie, et cette grande nostalgie de l’homme occidental, beaucoup p
174 beaucoup plus que la paix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres de B
175 ix, qui demande un sens à sa vie, une direction à son espoir… Et cependant, si les rencontres de Berlin se sont soldées par
176 ose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverait ainsi sa juste place, dans une conception sainement géographique et matérialis
177 projet de CED et le projet de fédération qui est sa vraie base aient jamais été considéré comme monnaie d’échange éventue
178 toute évidence, l’union de l’Europe, condition de sa force (notre opinion l’oublie. Molotov, non). Longtemps, toute l’att
179 Pendant des mois, l’Europe ne fera plus rien pour son union ; bien plus, elle va laisser pourrir la CED, seule capable — à
180 on — d’inspirer quelque crainte à la Russie. Dans son premier discours à Genève, Zhou Enlai déclarait en substance : — Bas
181 tion belliciste » toute tentative de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire communiste serait un moyen de
182 tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son élan irrépressible vers l’indépendance nationale ne sera plus arrêté
183 êté par l’Europe, mais peut bien être détourné de ses fins par la Russie. Ils voient encore notre colonialisme. Ne sauront-
184 ent français repousse demain la CED, et avec elle ses suites et ses implications, la Communauté politique et son élargissem
185 epousse demain la CED, et avec elle ses suites et ses implications, la Communauté politique et son élargissement rapide de
186 s et ses implications, la Communauté politique et son élargissement rapide de toute l’Europe. L’enchaînement de ces faits l
187 e se terminerait dans les huit jours, ayant perdu son intérêt stratégique pour M. Molotov. C’est dans cette perspective —
17 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
188 La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)z La Communauté européenne de d
189 La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)z La Communauté européenne de défense n’est
190 ue le lecteur moyen a bien le droit de demander à son tour, sans rougir de son ignorance : après tout, de quoi s’agit-il ?
191 n le droit de demander à son tour, sans rougir de son ignorance : après tout, de quoi s’agit-il ? Je vais tenter de lui rép
192 neutres. C’est dire que l’Europe dépendait, pour sa défense éventuelle, de quelques divisions américaines occupant leur s
193 e comprend. Une Wehrmacht autonome, renaissant de ses cendres, leur paraissait plus menaçante que rassurante. Son nom seul
194 s, leur paraissait plus menaçante que rassurante. Son nom seul leur rappelait de durs souvenirs. Elle pouvait aussi bien le
195 re sérieusement l’Europe sans le concours d’un de ses plus grands pays, et de celui qui se trouvait en première ligne ? C’e
196 ’elle doit se prononcer dans un délai très court. Son choix sera donc décisif. Après deux ans de débats passionnés, ne sera
197 e recrutera plus de forces armées nationales pour son propre compte, en dehors de celles que nécessitent la police intérieu
198 n état-major général, qui, lui, sera européen par sa composition et sa nomination. Si la CED est acceptée demain, que se p
199 al, qui, lui, sera européen par sa composition et sa nomination. Si la CED est acceptée demain, que se passera-t-il donc,
200 iée contre un ou plusieurs des États membres. Par sa structure interne autant que par la nature des pouvoirs politiques qu
201 « Mais si la France n’a pas le droit d’entretenir sa propre armée, comment défendra-t-elle ses colonies ? » poursuit l’opp
202 tretenir sa propre armée, comment défendra-t-elle ses colonies ? » poursuit l’opposant. Or, le cas est dûment prévu par les
203 suivants, autorisant un État membre à détacher de son contingent les forces nécessaires à la défense de ses territoires ass
204 contingent les forces nécessaires à la défense de ses territoires associés ou colonies hors de l’Europe. — Un procédé polém
205 de la souveraineté française et la restitution de ses droits égaux à l’Allemagne ». En fait, le traité ne rend à l’Allemagn
206 pe ne se donne pas elle-même les moyens d’assurer sa défense, c’est-à-dire si elle refuse la CED, alors et dans ce cas pré
207 restime la CED, comment ne pas voir qu’au-delà de sa valeur militaire — dont chacun souhaite qu’elle n’ait jamais à faire
208 est le cœur. z. Rougemont Denis de, « La CED, ses mythes et sa réalité », L’Illustré, Lausanne, 12 août 1954, p. 19.
209 z. Rougemont Denis de, « La CED, ses mythes et sa réalité », L’Illustré, Lausanne, 12 août 1954, p. 19.
18 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
210 ement des lois plus souples. L’uniformisation est sa réponse à tout. Que personne ne diffère, il deviendrait mon juge ! pe
211 olution sanglante, et qui se sait illégitime dans sa prétention à régner au nom de tous contre une moitié du peuple. Mais
212 elle les conditions du renforcement continuel de son pouvoir. Mais voici que la guerre nationale menée par les soldats « l
213 minations naturelles de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit donc que nation
214 nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit donc que nation et Patrie diffèrent pour
215 un dans la marche de l’Histoire ». Il se fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur (surtout en s’
216 fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur (surtout en s’opposant, donc par la guerre), puis fata
217 écline et meurt. « Chaque peuple mûrit un fruit ; son activité consiste à accomplir son principe, non à en jouir… Chacun a
218 ûrit un fruit ; son activité consiste à accomplir son principe, non à en jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme
219 accomplir son principe, non à en jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte,
220 uir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il n’a plus rien à faire dans le mo
221 îtres », le « Herrenvolk », le « prolétariat » et sa dictature… Hegel avait vu juste, objectivement parlant. À partir de N
222 d’autres obligations que les contrats passés avec ses concurrents, alliances ou traités de commerce révoqués dès qu’ils ne
223 nt un siècle et plus ? En singeant la religion et son enseignement, en devenant elle-même une source de « sacré ». L’Aigle,
224 proteste contre cette subordination méprisante de sa foi à l’esprit national. On n’y voit qu’une manière de parler… Et cep
225 et puissante, qui permet à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de
226 épasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre) et de se sentir comme transporté d
227 la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette rel
228 re de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion nationale demeure bien incapable d’ani
229 ue, totalitaire, assumant au mépris des personnes ses prétentions d’Église sans Dieu, et réclamant non seulement la mort en
230 uveraineté de l’État dans le domaine militaire. À ses yeux donc, une France non absolument et totalement souveraine n’était
231 eraineté comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées p
232 i, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur. Il n’en est pas un seul qui soit capable de décl
233 onclure la paix comme il l’entend, d’assurer seul sa prospérité, de se défendre seul pendant plus de quelques heures contr
234 ressivité frustrée, et surtout angoisse de perdre son identité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’
235 homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt un homme qui souffre de la crainte morbide
236 aucoup moins de le réfuter que d’éviter d’exciter sa névrose. Nous reviendrons sur les conséquences à tirer de ce diagnost
237 la nature de la patrie concrète, encore moins par ses limites naturelles. Il suffit de constater que la forme de l’État est
238 le nationaliste moyen de revendiquer l’annexion à son État, au nom de son propre sentiment patriotique, de peuples qui ont
239 n de revendiquer l’annexion à son État, au nom de son propre sentiment patriotique, de peuples qui ont l’honneur de parler
240 triotique, de peuples qui ont l’honneur de parler sa langue, quand celle-ci se trouve être celle d’une majorité dans les f
241 part, l’État ne trahit mieux que dans ce domaine son mépris foncier des hommes. Car l’autarcie implique que le bien-être d
242 uissance de l’État, et leurs libertés concrètes à sa liberté abstraite, qu’il nomme indépendance nationale. Le nationalism
243 squ’en fait on lui sacrifie la santé d’un pays et son niveau de vie, la liberté économique et la justice elle-même. « Buy b
244 british ! », « Achetez français ! ». Cela rend un son patriotique et vertueux (au sens jacobin). C’est pratiquement idiot,
245 étrangère, ou par un lointain Mossadegh, ruinant son peuple au nom de l’indépendance. Ajoutons que l’autarcie économique e
246 ique a changé cela. (Et l’Université, en dépit de son nom, a pareillement abdiqué devant l’État.) Au « Buy british ! » répo
247 nialisme. Mais dans le même temps qu’il portait à son apogée la puissance mondiale des Européens, le nationalisme développa
248 nale » qui allait se dresser contre lui au nom de ses propres principes, tout comme la Prusse s’était dressée contre la Fra
249 ralisme a produit deux témoignages exemplaires de sa vitalité : les USA et la Suisse. Ces deux pays ont été à la fois les
250 régnait sans conteste la religion nationaliste et ses dogmes unitaires, absorbant et dénaturant le sentiment patriotique. A
251 ograde, et cela un siècle et demi seulement après son apparition révolutionnaire dans notre Histoire. À l’inverse, le fédér
252 che ou lointaine dans le temps ou l’espace, selon ses goûts et sa vocation, c’est pratiquer l’éthique et la liberté fédéral
253 ine dans le temps ou l’espace, selon ses goûts et sa vocation, c’est pratiquer l’éthique et la liberté fédéralistes. Le na
254 spersion qui l’angoisse et où il craint de perdre son identité. Le fédéraliste au contraire y voit une possibilité d’enrich
255 mythe nationaliste, destructeur de l’Europe et de sa paix. IV. Stratégie et tactique du fédéralisme Et cependant, il
256 araît, annexée ou colonisée. Mais si l’on opprime ses diversités, l’Europe cesse d’être elle-même. Ces deux exigences, bien
257 uisse sans soulever d’objections. Chacun sait que son régime politique est l’un des plus stables du monde, depuis un siècle
258 sse, et pourtant elle garantit la souveraineté de ses membres ! Souveraineté plus ou moins fictive, direz-vous ? Raison de
259 , une souveraineté qui échappe de toute manière à ses nations. Nous savons bien comment vont réagir les nationalistes. Là
260 ontenu et la visée fédéraliste du traité, non pas son étiquette, qui nous importent. Rappelons-nous que la Suisse elle-même
261 recherches économiques. Mais je tenais à marquer son articulation solide avec les nécessités du siècle d’une part, et avec
262 Et grâce à cette interaction perpétuelle, toutes ses formes nous sont communes, qu’il s’agisse de la symphonie ou du conce
263 res imposées à la vie culturelle de l’Europe et à ses produits. Les États — et demain le Pouvoir fédéral européen — n’ont q
264 ais, le fédéralisme européen doit concentrer tout son effort sur un seul objectif décisif : la Constitution fédérale de l’E
19 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
265 ans de la paix », qui sont ceux d’une armée et de sa politique. L’action du Congrès pour la liberté de la culture, depuis
266 é le lieu où l’on peut se fédérer sans renoncer à sa vocation. Ce n’est pas un ersatz d’église, ce n’est pas un parti jalo
267 mener plus que jamais l’offensive de la liberté, sa vraie lutte pour une paix vivante. ab. Rougemont Denis de, « Une p
20 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
268 faire face, il fallait d’abord croire. Ce fut là son mérite historique. Et si les faits lui ont donné tort, si notre Suiss
269 qui tiennent un peuple ensemble. Dans la liste de ses ouvrages, je trouve un tournant symbolique, vers 1940 précisément : s
270 comment comprendre la Suisse sans la situer dans ses vraies dimensions, à la fois spirituelles et historiques, qui sont ce
271 animent l’œuvre entière de Reynold et lui donnent sa valeur exemplaire : je n’en connais pas de plus « suisse », ni par là
272 , « Reynold et l’Europe », Gonzague de Reynold et son œuvre, Fribourg, Éditions universitaires, 1955, p. 313-314.
21 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
273 e du step by step, du petit à petit l’oiseau fait son nid9, méthode qui évite d’agiter « inutilement » les esprits et les p
274 raité, du traité lui-même, et des conséquences de son rejet. Or, les militants européens croyaient avoir expliqué tout cela
22 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
275 Rilke : Élégies de Duino. 70. R. Kassner : Toute son œuvre ou, en tout cas Les Éléments de la grandeur humaine. 71. M. de
23 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
276 re européen de la culture, sur une proposition de son conseiller musical, Igor Markevitch, les directeurs de quinze grands
277 iose manifestation de la musique européenne, dans son unité fondamentale et dans la richesse de ses diversités nationales e
278 ans son unité fondamentale et dans la richesse de ses diversités nationales et régionales. Notre but est donc à la fois d’h
279 ou en Italie, offre au public un guide unique en son genre, parce qu’il permet à l’amateur de s’orienter vers la qualité,
280 s’orienter vers la qualité, de se composer selon ses goûts un itinéraire des hauts lieux de la musique européenne, et d’êt
281 s plus les liens professionnels qui unissent déjà ses membres par-dessus les frontières et les rivalités nationales. En cin
282 tés nationales. En cinq ans, l’association a fait ses preuves. Sa brochure Saison, tirée en trois langues à 160 000 exempla
283 s. En cinq ans, l’association a fait ses preuves. Sa brochure Saison, tirée en trois langues à 160 000 exemplaires, et dis
24 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
284 ébré par Valery Larbaud. Je nous vois encore dans sa petite cuisine, en train de peler de fines patates pour un dîner impr
285 blier en album, ne ferait-il pas un bel hommage à sa mémoire ? Il faudrait y ajouter les descriptions vivaces, incisives e
286 cales qu’elle donna de plusieurs des modèles dans son Navire d’argent et sa Gazette des amis des livres : autant de petits
287 plusieurs des modèles dans son Navire d’argent et sa Gazette des amis des livres : autant de petits chefs-d’œuvre d’intell
288 et subtil, quel familier respect du langage et de ses artisans, et quel savoureux naturel ! Aurions-nous perdu avec elle ce
25 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
289 arrête plus devant le mystère et perd stupidement son existence dans la réponse ». Je voudrais au contraire approfondir, to
290 au de la spéculation. Mais hors de l’Église, dans ses marges, dans le peuple auquel ces disputes paraissent lointaines ou i
291 e l’homme étant divin, rien de ce qu’il fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait engager le salut de son âme
292 e part du diable — ne saurait engager le salut de son âme : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise un évêque du
293 le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance d’action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et
294 père plus assurée, et le dieu dont le père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de la société où l
295 pour le père se concentre sur le démiurge et sur son œuvre : matière, chair, sexualité procréatrice, — tandis qu’un sentim
296 re de l’Amour chaste, de la femme idéalisée, avec sa « pitié » particulière, la joy d’amors, ses « rites » précis, la rhét
297 , avec sa « pitié » particulière, la joy d’amors, ses « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa morale de l’homma
298 « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa morale de l’hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes t
299 roubadours, sa morale de l’hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologiques, ses « initiés », les trou
300 e de l’hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologiques, ses « initiés », les troubadours, et ses « cro
301 e, sa « théologie » et ses disputes théologiques, ses « initiés », les troubadours, et ses « croyants », le grand public cu
302 héologiques, ses « initiés », les troubadours, et ses « croyants », le grand public cultivé ou non, qui écoute les troubado
303 ient été contraintes. Le même auteur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question de voir dans la chasteté, ainsi feinte,
304 cosmique féminin ; la méditation tient compte de ses « pouvoirs », la délivrance devient possible par la Çatki… Dans certa
305 consommation, car « celui qui garde (ou reprend) sa semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre de la mort ? » comme
306 ar « celui qui garde (ou reprend) sa semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre de la mort ? » comme le dit un upanish
307 e », obtenue par l’arrêt, non du plaisir, mais de son effet physique, est utilisée comme expérience immédiate pour obtenir
308 ique, dormir dans la même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant les quatre mois suivants et tout en continuant à la se
309 il donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, dit le premier des troubadours connus, Guillaume, sixième comte
310 guerre avec lui-même, car le sot après avoir vidé sa bourse fait triste contenance ! (Marcabru.) Écoutez ! Sa voix (d’Amou
311 se fait triste contenance ! (Marcabru.) Écoutez ! Sa voix (d’Amour) paraîtra douce comme le chant de la lyre, si seulement
312 l.) (De même, Ibn Dawoud louait la chasteté pour son pouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai)
313 désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné de l’amour coupable
314 se sent le plus éloigné de l’amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus loin dans la libération : la présence physiq
315 vivra cent ans qui réussira à posséder la joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes de la pr
316 our, il se voit vertement dénoncé par Marcabru et ses successeurs, en des termes qui peuvent éclairer indirectement sur la
317 ature de l’amour vrai ou du moins sur certains de ses aspects. Et tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec le diabl
318 précisions de langage, la rhétorique courtoise et son système de vertus, de péchés, de louanges et d’interdits, demeure un
319 Chosroès Ier, roi de Perse. De là, on peut suivre son progrès rapide vers l’Europe à travers une série de traductions en sy
320 laam et Josaphat est encore plus surprenant. Sous sa forme connue de nos jours, c’est l’histoire romancée de l’évolution s
321 héenne du Roman est attestée par les fragments de son texte original (en langage ouïgour du viiie siècle) retrouvés dans l
322 ue. Il nous devient intelligible par certaines de ses marques historiques : sa relation littéralement congénitale avec l’hé
323 igible par certaines de ses marques historiques : sa relation littéralement congénitale avec l’hérésie des cathares, et so
324 ement congénitale avec l’hérésie des cathares, et son opposition sournoise ou déclarée au concept chrétien du mariage. Mais
325 portaient beaucoup moins sur cette thèse que sur sa réduction à la seule hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre VII
326 e des chapitres VIII et IX suffit à « réduire » à son tour cette simplification tout à fait abusive, dont mes adversaires s
327 oy : « C’est-à-dire, si vous parvenez à supprimer ses conséquences. » 25. Cf. plus haut (p. 22) la description du « servic
328 . Mais en 1510, Jean Lemaire de Belges écrit dans son Illustrations de Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y
26 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
329 iel : étudier l’amour-passion à travers le temps, sa naissance, ses premières formes, les autres aussi, jusqu’à la dégrada
330 l’amour-passion à travers le temps, sa naissance, ses premières formes, les autres aussi, jusqu’à la dégradation qu’il subi
331 aisonnable, où elle fait souffrir, où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi. Pourquoi cette révolution ? Po
332 ce. Après avoir passé sept ans aux États-Unis, où ses livres ont un grand retentissement, il s’est maintenant fixé à Genève
27 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
333 andis que le grand esprit, solidement raciné dans son étroit compartiment natal, cherchera dans les jeux survolants de la s
334 milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, de Goeschenen, de Viège — entre les hautes
335 Goeschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des som
336 ce accordée à la vie, à la santé de l’individu, à son confort : médecine, hygiène, vêtement, technique microscopique, alime
337 s. Et découvrons la Suisse réelle dans l’usage de ses trains locaux. Les trains suisses, bien qu’ils vous conduisent en mo
338 passait d’ailleurs sans angoisse. On était sûr de son affaire, on était parfaitement « en règle », il fallait simplement « 
339 le monde est une jungle atomique, l’humanité dans sa très grande majorité une espèce animale désordonnée, lubrique, rapace
340 roisième classe offrent l’image de l’homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les étra
341 tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des
342 ’il a l’habitude. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviet
343 e. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Ri
344 t sa pensée ne vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à premi
345 lui, la beauté même, « ô toi que j’eusse aimée », sa fille sans doute, fume en feuilletant un magazine. Je croyais autrefo
28 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
346 ans soulever d’objections. Tout le monde sait que son régime politique est l’un des plus stables au monde, depuis plus d’un
347 ussée à la fois par la gauche, qui lui reprochait son respect excessif des souverainetés cantonales, et par la droite, qui
348 définie comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limites posées p
349 tat européen qui ait conservé la faculté d’agir à sa guise à l’extérieur, c’est-à-dire qui soit capable de déclarer la gue
350 de conclure la paix comme il l’entend, d’assurer sa prospérité sans plus dépendre de l’étranger, de se défendre plus de q
351 ressivité frustrée, et surtout angoisse de perdre son identité. Elle a donc pris les caractères cliniques d’un complexe. D’
352 es grands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations. 27. William Rappard, La Constitution fédérale de la Suiss
29 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
353 communiste occidental, qui approuve « librement » son parti, c’est saluer un complice du crime de Budapest. Publier ses écr
354 saluer un complice du crime de Budapest. Publier ses écrits, c’est contribuer au genre de propagande intellectuelle qui mè
355 lectuelle qui mène au crime de Budapest. Discuter ses raisons, c’est oublier qu’elles « justifient » nécessairement les mas
356 e trompeur d’une « détente » qui vient de montrer sa vraie nature à Budapest, c’est donner dans un guet-apens. Accueillir
357 de librement de l’action qu’il entend mener, dans sa sphère d’influence personnelle ou civique, contre ceux qui applaudiss