1 1951, Articles divers (1951-1956). Faire la propagande de la liberté, c’est sauver notre culture (décembre 1950-janvier 1951)
1 vra. Si nous la gagnons, nous n’aurons pas encore tout sauvé, mais nous aurons, à notre place et selon nos pouvoirs, fait qu
2 our la paix, de Stockholm, de Prague, de Varsovie tout récemment. C’est justement ce qui nous inquiète pour la paix, car nou
3 orm, en lançant ses appels à la paix n’est pas du tout de servir une paix durable, mais de donner un répit à l’armée russe p
4 té dans le sophisme. Et puis, vous le savez tous, tout cela ne sonne pas vrai, n’est pas sincère ; ce qu’on nous a volé, ce
5 ste et qu’elle joue — avec quel succès ! — contre tout ce que nous aimons. On peut aussi détester les microbes, mais cette o
6 la liberté est à nos yeux la condition vitale de toute culture, de toute culture digne de ce nom. Pour nous intellectuels, h
7 nos yeux la condition vitale de toute culture, de toute culture digne de ce nom. Pour nous intellectuels, hommes de culture,
8 rayonnement, la puissance de l’Europe ont résulté tout à la fois de ses conceptions religieuses et morales, d’un pouvoir d’i
9 et plus encore le fait que cette phrase ait paru toute naturelle, qu’elle reflète donc un état d’esprit courant, voilà qui p
10 ns itinérantes et de 20 millions de brochures, le tout largement financé par les fonds du parti, c’est-à-dire de l’État, lor
11 de paix digne de ce nom sans, à la base et avant tout , un esprit de liberté vigilant et militant… La tâche est très vaste,
2 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
12 ble. Et je vais essayer de dire pourquoi. On peut tout fabriquer, ou presque, paraît-il. L’homme synthétique n’a pas encore
13 il est déjà conçu, il naîtra donc. Cet homme sera tout ce qu’on voudra, mais jamais un Européen. À l’appui de cette thèse ab
14 n. À l’appui de cette thèse absolue, j’invoquerai tout d’abord deux exemples connus qui feront mieux distinguer, par contras
15 un Européen, que prendrez-vous ? Si vous mélangez toutes nos nationalités, au hasard, vous obtiendrez au mieux des Américains
16 habitués à différer les uns des autres, et c’est tout cela qu’on nomme l’Europe. Et c’est pourquoi faire un Européen, ce se
17 ui ne ressemblerait plus à rien d’européen. Après tout , pourquoi voudrait-on « fabriquer » des Européens ? C’est uniquement
18 trente-six partis et leurs innombrables coutumes, toutes supérieures à celles du pays d’à côté. Et puisqu’il faut baser l’unio
19 unauté profonde. Ce qu’il y a de plus humain chez tout homme, c’est l’idée qui lui vient un jour — angoissante pour l’adoles
20 s faisons à l’Amérique : « Là-bas, répétons-nous, tout se ressemble ! » (Que dirions-nous d’autres régimes, où ce n’est pas
21 près les mêmes chez tous nos peuples. Elles sont tout autres, et parfois même absentes en Russie soviétique et en Asie. Nou
3 1951, Articles divers (1951-1956). Défense de nos libertés (octobre 1951)
22 tranquillement par les faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répand
23 consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mai
4 1952, Articles divers (1951-1956). Robert de Traz, l’Européen (1952)
24 une vertu et même une raison d’entretenir, malgré toutes ses méfiances et toute la précision d’un regard souvent railleur ou a
25 ison d’entretenir, malgré toutes ses méfiances et toute la précision d’un regard souvent railleur ou amusé. Mais l’ouverture
26 naissance — 1929, je le répète. « Petite Europe, toute seule dans un monde en tumulte, il faudra bien qu’elle comprenne que
27 d’amers regrets. Je voudrais écrire à de Traz sur toutes ces choses, ce soir : il est trop tard. Il m’était encore plus frater
28 t, de la clairvoyance alertée ? Sa vocation était tout attentive ; sa curiosité même se transformait en une attention passio
5 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
29 ? Jusqu’où peut-on les reculer ? Et à quel prix ? Tout cela servira finalement à mieux construire des appareils utiles. Je m
30 d’instinct3 ». Les Sept Piliers de la Sagesse, et toutes ses lettres, témoignent d’une volonté de conscience et d’expression q
31 eu près seul, s’en désolidarise). Après Napoléon, tout change. Paraît la race nouvelle des exilés sur place — Kierkegaard, B
32 moins que les épreuves qu’elle impose. Nous voici tout près de Lawrence et d’une classe d’écrivains qui restera sans doute l
33 leur imposer un angle de vision déterminé — c’est tout le secret du commandement — leur sont connues ou instinctives. Ce n’e
34 dû le prestige particulier de leurs écrits, mais tout autant à l’efficacité d’une syntaxe qui sait comment « saisir » (expr
35 à l’intérêt de l’œuvre. Elles font pâlir presque toutes nos fictions. Elles nous forcent à croire qu’ici, enfin, un homme nou
36 er la formule d’homme qui, malgré tout ou presque tout , leur est commune. L’un Anglais et l’autre Français, et bien qu’ayant
37 ment deux hommes aux caractères mieux contrastés. Tout ce qui chez l’un et l’autre forma l’individu : race, nation, milieu,
38 religion, nature physique, tempérament, coutumes, tout peut être opposé terme à terme. Mais voyons maintenant leur personne,
39 s semaines avant sa mort. (Et Saint-Exupéry, dans toutes ses dernières lettres, a des phrases qui rendent le même son.) S’appr
40 ne liberté sans contenu. Il est des dictateurs de toutes sortes, il est vrai, mais la prostitution leur est commune : ils se p
41 i, il ne s’est présenté à moi pas un seul choix : tout est prescrit — à l’exception de cette possibilité torturante de chois
42 rudes chauffeurs de camion, couvrant chaque nuit toutes les routes de l’Angleterre, qui fait notre âge mécanique. » Et ce son
43 il écrivait les Sept Piliers, il la renie ; car «  toute création est tangible. Et ce que j’essayais, je crois, c’était de pos
44 , c’était de poser une superstructure d’idées sur tout ce que je faisais. Eh bien, en cela, j’ai échoué. J’ai donc changé de
45 our l’idéologie, son refus de l’impérialisme sous toutes ses formes, surtout morales, l’écœurement qu’il ressent devant la néc
46 ssité d’imposer son pouvoir et d’user d’autorité, tout l’opposait à la dictature et à la politique collectiviste. Que reste-
6 1952, Articles divers (1951-1956). L’Heure de l’impatience (mars 1952)
47 que d’ailleurs par des raisons connues de chacun. Tout d’abord, les Européens refusent de se croire aussi nombreux qu’ils so
48 e leur union renverserait d’un coup la situation. Tout les y pousse : la logique de l’Histoire comme le calcul de leurs vrai
49 arfois dans les cauchemars, rien ne peut avancer, tout s’entrave. Cette lenteur insensée, angoissante, durera jusqu’au révei
7 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
50 institutions, les sermons entendus à l’Église, et tout un courant de connaissances orales, car les textes écrits n’avaient p
51 ance fondamentale créait l’unité de culture entre toutes les classes de la population ; une commune mesure existait entre les
52 istait entre les riches, les clercs et le peuple. Tout est changé aujourd’hui. Nous sommes devant une situation complètement
53 une création commune de l’Europe, se fragmente en toutes sortes de petits morceaux. On ne peut plus dire : l’Europe, c’est une
54 ne historique, capable, vu à distance, de dominer tout le xxe siècle : la création de l’Europe unie, contre les dictatures
55 Faire l’Europe, c’est d’abord former des hommes. Tout le reste est affaire d’ingénieurs ou d’hommes politiques et ne nous i
56 hanges, fruits d’une grande circulation commune à toute l’Europe, elle est destinée, sans eux, à mourir à bref délai. 2° Il n
57 tation d’internationalisme qui voudrait supprimer toutes diversités. Nous lutterons contre ces déviations de l’esprit par une
58 cette Communauté européenne des foyers de culture tout d’abord ses plans de causeries — je crois qu’on vous les a remis. J’e
59 s foyers, leur forum. Un dernier mot : on a parlé tout à l’heure de culture populaire. Je ne crois pas qu’il y ait une cultu
8 1952, Articles divers (1951-1956). La Suisse et l’Europe : M. Denis de Rougemont réagit (14 novembre 1952)
60 pas tardé à lui envoyer des ambassadeurs comme à tout autre gouvernement souverain, et le Danemark et l’Autriche s’apprêten
61 n pas du « miracle suisse » précisément parce que tout s’opposait, humainement, à la réalisation de cette confédération ? Al
62 lidifie toujours plus, la Suisse serait coupée de tout accès à la mer et réduite à l’état de province enclavée. Sur quoi, le
63 sa comparaison d’un Sonderbund européen me semble tout aussi erronée. Cette fédération n’est pas une ligue séparée, elle n’e
64 ment ingénieuse, mais beaucoup plus illusoire que toutes les inventions d’un romancier. Les antipathies réciproques et les int
65 ément que sa conclusion est en contradiction avec tout ce qui a précédé, puisqu’il ne craint pas d’inclure l’alliance milita
9 1952, Articles divers (1951-1956). Grandeur de la Petite Europe (5 décembre 1952)
66 de, la Grèce et la Turquie. Et ce qui reste après toutes ces amputations, vous avez le front de dire que c’est l’Europe ? — Ou
67  ? — Oui, j’ai cette conviction et je m’explique. Tout d’abord, vous faites une erreur en répétant que le rideau de fer coup
68 onnet, parlez aussi des petits États-Unis qui ont tout juste autant d’habitants, ou de la petite URSS qui n’en a que 30 mill
69 e répondrez que le nombre d’habitants ne fait pas tout . Et, en effet, Paul Valéry faisait remarquer que si l’on mettait dans
70 de procédés, de maîtres et de disciples, presque tout ce qui compte dans la peinture, dans la musique et dans l’architectur
71 e » se trouve être assez grande pour leur laisser tout le temps de réfléchir et de recalculer leurs intérêts. Quant à ceux q
10 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
72 st un langage mondial, mais qui exprime mieux que tout autre le rythme intime d’une civilisation. Le décor a pris en Europe,
73 e l’art n’est pas le produit d’une nation mais de toute une culture, — ici l’européenne. Quelques grands thèmes ou archétypes
11 1953, Articles divers (1951-1956). Rudolf Kassner (1953)
74 surance, mais par manie, au nom d’une mode ; ici, tout au contraire, la force simplificatrice, l’intolérance instantanée à l
75 e, s’exerçant sur les mythes de l’âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes », et c’était au sens littéral, n
76 and nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture
12 1953, Articles divers (1951-1956). Des conciles à la bombe atomique ou la fin dans le commencement (janvier 1953)
77 Ainsi de l’Europe, qui est une culture, foyer de toute la civilisation occidentale : ni dans le temps ni dans l’espace on ne
78 particuliers sont trop nombreux pour être utiles. Toutes ces définitions statiques manquent l’essentiel, qui se confond ici av
79 re du vrai Dieu et vrai homme à la fois — fondait toute la logique antinomique, dont l’un des points d’éclatement naturel (ou
80 Créateur — fondait ou refondait la dialectique et tout l’ensemble des institutions juridiques, éthiques et sociales qui déco
81 us follement précise (puisqu’un iota bouleversait tout ) se trouva définir, aux grands jours de Nicée, le type de réalité que
82 que, nous apparaissent dans le détail très fin de toutes nos sciences, de la logique mathématique à la médecine et de la physi
83 te, dont le réel figure la résultante. Au-delà de tout idéalisme ou réalisme, de tout spiritualisme ou matérialisme, le réel
84 ltante. Au-delà de tout idéalisme ou réalisme, de tout spiritualisme ou matérialisme, le réel vivant — faut-il dire le réali
85 eintres : on parle alors de désintégration — mais tout ce vocabulaire est à reprendre. 3) L’Occident ne saurait se désintégr
86 ue, au complexe de tensions où naquit l’Occident, tout avide de systèmes qui ne l’apaiseront jamais, qui le consument et don
13 1953, Articles divers (1951-1956). Suisse, Europe et neutralité (6 mars 1953)
87 notre neutralité pourrait changer à la situation. Tout ceci revient-il à dire que la neutralité de la Suisse ne pose aucune
88 s par la seule faute de ceux qui s’en réclament à tout propos et hors de propos, pour refuser de faire face à la situation c
89 ui nous somment, nous fédéralistes, de renoncer à toute idée de construction européenne. Ce n’est pas nous qui opposons fédér
90 uropéen de la culture, à Genève, s’est vu refuser toute espèce de subvention (en argent ou en facilités habituelles données a
91 re psychologique bien plus encore que politique : toute personne physique ou morale qui s’occupe de l’Europe, en Suisse, se v
92 es (la moitié de ce que demandait Eisenhower pour toute l’Europe) et la nécessité technique, pour tout état-major, de se conc
93 ope sera fédérée : à ce moment seulement, mais de toute évidence, la neutralité suisse perdra toute raison d’être. Les fédéra
94 is de toute évidence, la neutralité suisse perdra toute raison d’être. Les fédéralistes européens de Suisse entendent rester
14 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
95 r les souvenirs de deux guerres : où trouver dans tout cela un dénominateur commun, et que venez-vous parler d’union, quand
96 premières causent notre misère, et doivent être à tout prix surmontées ; les secondes ont produit nos vraies richesses, et l
97 e ou non, la Suisse existe, réfutation vivante de toutes les théories nationalo-totalitaires. Et l’histoire nous enseigne que
98 e, imposant la limite d’une langue à des réalités toutes différentes, comme l’économie, les échanges, la défense, la géographi
99 ts que nos différenciations récentes. Nous voyons tout d’abord une religion commune, avec toutes ses subdivisions qui porten
100 us voyons tout d’abord une religion commune, avec toutes ses subdivisions qui portent un air de famille. (Les textes des litur
101 n sont identiques, qu’il s’agisse du sonnet, dans toutes les langues d’Europe, du roman (dérivé de Tristan), du tableau de che
102 ique a toujours recherché la perte du moi dans le Tout . Le Soviétique n’a plus le droit de dire « je » que lorsqu’il s’avoue
103 l’école, certaine littérature aussi pour laquelle tout ce qui est national est sacré, entretiennent un esprit nationaliste q
15 1953, Articles divers (1951-1956). Pourquoi je suis Européen (20 juin 1953)
104 oudrais vous demander quelles ont été les raisons toutes personnelles qui ont fait de vous un partisan de l’Europe unie ? Je s
105 éon et des guerres de Napoléon le nationalisme de tout un siècle. Napoléon voulait faire l’Europe, oui, mais comme Hitler :
106 ais eu la notion de l’individuel, les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour l’interdire et la détruire, et peut-être comme
107 ochains… Mais nous nous éloignons de notre sujet… Tout ce que je viens de vous dire résume la phase doctrinale de mon europé
16 1953, Articles divers (1951-1956). Une fausse nouvelle : « Dieu est mort » (juin-juillet 1953)
108 ot de passe d’un nouveau conformisme ? Exiger sur tout cela un peu d’honnête clarté, ce serait le moyen de faire entrevoir q
109 seulement la pensée de ses auteurs récents, mais toute la pensée du type occidental. Gardons-nous d’admettre — ce serait leu
110 Dieu moral qui est réfuté. » (Œuvres posthumes.) Tout autre est le cas de l’auteur contemporain auquel l’ignorance générale
111 t que cette valeur morale est plus importante que tout , puisqu’en son nom l’on peut trancher une question d’existence réelle
112 était mort, cela reviendrait à dire que l’on sait tout  ; ce qui est absurde. Si Dieu le Révélé était mort, après avoir vécu
113 ntemporains comme aussi incroyable et absurde que toutes les absurdités que je viens d’énumérer. À vrai dire, ce n’est pas sur
114 même si quelqu’un croit qu’il n’est pas, reste en tout cas une réalité pour l’écrasante majorité des hommes vivants. u. Ro
17 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
115 Alliance eurasiatique, cela saute aux yeux. Après tout , l’Europe est-elle autre chose qu’un cap de l’Asie ? Elle retrouverai
116 ous détourner du problème préalable qui reste, de toute évidence, l’union de l’Europe, condition de sa force (notre opinion l
117 otre opinion l’oublie. Molotov, non). Longtemps, toute l’attention du monde va se concentrer sur le théâtre d’une bataille o
118 nquête par la force et « provocation belliciste » toute tentative de résistance à son emprise. Annexer l’Indochine à l’empire
119 usses une puissance qui les tienne en respect. Et tout le Sud-Est de l’Asie devrait comprendre que son élan irrépressible ve
120 mmunauté politique et son élargissement rapide de toute l’Europe. L’enchaînement de ces faits laisse peu de jeu à l’imaginati
18 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
121 à son tour, sans rougir de son ignorance : après tout , de quoi s’agit-il ? Je vais tenter de lui répondre objectivement, sa
122 d’empêcher le réarmement autonome des Allemands, tout en assurant la défense de l’Europe — et enfin pour hâter l’indispensa
123 ul doute d’ici peu. La France hésite encore, mais tout indique qu’elle doit se prononcer dans un délai très court. Son choix
124 teurs français du traité fut justement d’éliminer toute renaissance possible d’une Wehrmacht autonome. C’est au contraire si
125 le traité ne rend à l’Allemagne une souveraineté toute théorique que pour mieux lui permettre de la sacrifier aussitôt sur l
126 de l’efficacité de la CED : c’est la Russie, dont tout l’effort diplomatique, depuis deux ans, ne vise qu’à retarder la déci
127 e n’ait jamais à faire les preuves — la CED ouvre toutes grandes les perspectives prochaines d’une Europe fédérée, gage de pai
19 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
128 en effet au cri de « Vive la Nation », clamé sur tout le front des troupes, que les Français durent la victoire. Remarquez
129 fois, cette idéologie n’est pas le fait du peuple tout entier, mais d’un parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À
130 ormer la justice en instrument de l’idéologie, le tout au nom de la nation. Il confond dans une même répression la réaction
131 s plus souples. L’uniformisation est sa réponse à tout . Que personne ne diffère, il deviendrait mon juge ! pense l’État idéo
132 e. Pourquoi la nation doit-elle faire la guerre ? Tout d’abord, parce que « les nations divisées en elles-mêmes conquièrent
133 l’État : nous assistons à la première en date de toutes les « nationalisations », celle des patriotismes locaux ! Notons au p
134 tion et de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’Europe l’idéologie unitaire des jacobins, va susciter des nationali
135 nations. ⁂ Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont il tend à priver les hommes réels, comment va-t-
136 on, parfois plus proche du vrai patriotisme, mais tout aussi jaloux et même hargneux que celui des grands voisins. Aucun de
137 gangsters », follement susceptibles, dépourvus de tout scrupule communautaire, main dans la poche, prêts à tirer, vont essay
138 est clair que ces États-nations-Individus rendent tout ordre international impossible en principe et par définition, puisqu’
139 sous le nom de « patriotisme ». Il est admis que tout orgueil, toute vanité, et jusqu’aux vantardises les plus stupides dev
140 e « patriotisme ». Il est admis que tout orgueil, toute vanité, et jusqu’aux vantardises les plus stupides deviennent licites
141 onale demeure bien incapable d’animer l’existence tout entière de l’homme. « L’orgueil national est loin de la vie quotidien
142 e » remarque Simone Weil. Cette petite phrase dit tout . La nation est un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’il ne d
143 ts de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de toute vraisemblance. « La France éternelle », « l’Allemagne immortelle » so
144 ue instituée par les jacobins, et soumettre alors toute l’Europe à une nation unique, totalitaire, assumant au mépris des per
145 s et les plus vivants encore dans nos esprits, ou tout au moins dans nos réflexes acquis sur les bancs de l’école primaire.
146 de l’école primaire. ⁂ La souveraineté nationale, tout d’abord. On a remarqué, lors des débats sur la CED, que les adversair
147 s ; c’était se déclarer cyniquement antifrançais. Tout se passe donc comme si, en touchant à la souveraineté, on touchait au
148 dans les discours des adversaires de la CED ou de toute autre forme d’organisation de l’Europe. Non pas comme une réalité, ma
149 de l’enseignement, voilà qui me paraît l’une des toutes premières tâches du fédéralisme appliqué à l’Europe. Mais le national
150 le au xxe siècle, et n’existe pas, même en URSS. Tout comme la souveraineté absolue, elle ne représente rien d’autre qu’une
151 ance psychologique morbide, un prétexte à refuser toute mesure réaliste de coopération et à autoriser les tricheries les plus
152 esser contre lui au nom de ses propres principes, tout comme la Prusse s’était dressée contre la France impérialiste. D’autr
153 l’ère moderne : ils n’ont provoqué aucune guerre. Toutes les dernières guerres, sans aucune exception, ont été déclarées par l
154 t-il de la limiter ? Ou bien peut-on la conserver tout en faisant l’Europe ? Certains nationalistes, comme M. Herriot, nous
155 st absurde ; pratiquement, elle conduit à refuser toute proposition concrète d’union — on vient de le voir par le rejet de la
156 rovoque une opposition passionnelle qui met fin à tout dialogue raisonnable. La seconde raison, c’est que les souverainetés
157 nationales n’existent plus, comme je l’ai rappelé tout à l’heure. J’estime donc que les fédéralistes doivent refuser le fau
158 séparant les cantons étouffaient l’économie. Mais toute proposition de pacte fédéral plus étroit se heurtait au veto des cant
159 uvelle et bien réelle au niveau de la fédération. Tout cela me paraît plein d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Tou
160 lein d’enseignements pour l’Europe d’aujourd’hui. Tout cela nous indique une voie : nous devons désormais concentrer nos eff
161 s grands empires, une souveraineté qui échappe de toute manière à ses nations. Nous savons bien comment vont réagir les nati
162 ons au contraire des services fédéraux organisant toutes les activités de production, d’investissement et de transport qui, pa
163 foyers. Et grâce à cette interaction perpétuelle, toutes ses formes nous sont communes, qu’il s’agisse de la symphonie ou du c
164 u des catégories philosophiques, et en général de toutes les théories et procédés scientifiques. À quoi servirait, dès lors, d
165 kespeare en tant qu’Anglais. Et je ne suis pas du tout sûr qu’il faille « apprendre à nos peuples à se mieux connaître » par
166 mes conclusions ont été pareilles : elles tendent toutes à nous persuader que, désormais, le fédéralisme européen doit concent
167 ésormais, le fédéralisme européen doit concentrer tout son effort sur un seul objectif décisif : la Constitution fédérale de
168 franchement, une fois pour toutes, ce qui inspire toutes les résistances à notre union : l’esprit nationaliste. aa. Rougem
20 1955, Articles divers (1951-1956). Une présence (1955)
169 le courir ils choisissent de ne point résister du tout , et de s’inscrire par exemple aux « partisans de la paix », qui sont
21 1955, Articles divers (1951-1956). Reynold et l’Europe (1955)
170 endent à stériliser chez nous cette faculté. Mais toutes nos réalités se moquent de ces excuses : il n’est que de regarder la
171 ces excuses : il n’est que de regarder la carte. Tout nous rattache dans le passé, comme pour l’avenir, à des entités spiri
22 1955, Articles divers (1951-1956). Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)
172 Rien n’est perdu, tout reste à faire (janvier 1955)ad Deux événements politiques ont abso
173 sumé : rien n’est perdu, mais rien n’est fait. Et tout ce qui vient de se passer prouve une fois de plus que l’éducation eur
174 ont gagné contre la CED. Où était l’illusion dans tout cela ? Nous pouvons le voir aujourd’hui : elle consistait à croire qu
175 les militants européens croyaient avoir expliqué tout cela à l’opinion et aux parlementaires. Illusion profonde, comme on v
176 leurs élites, devant le problème européen ? Avant toute propagande massive, une préparation des esprits en profondeur reste i
177  : l’anti-Europe a joué là-dessus. De notre côté, tout reste à faire, ou presque. Une révolution est l’aboutissement d’une s
178 seaux : ceux-ci construisent leur nid en un jour, toutes affaires cessantes. 10. « Centre européen de la culture », dont le s
179 e). ad. Rougemont Denis de, « Rien n’est perdu, tout reste à faire », France Europe, Paris, janvier 1955, p. 5.
23 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
180 Maria Rilke : Élégies de Duino. 70. R. Kassner : Toute son œuvre ou, en tout cas Les Éléments de la grandeur humaine. 71. M.
181 de Duino. 70. R. Kassner : Toute son œuvre ou, en tout cas Les Éléments de la grandeur humaine. 71. M. de Unamuno : Le Senti
24 1956, Articles divers (1951-1956). L’Association européenne des festivals de musique a cinq ans (1956)
182 e vision européenne dépassant les intérêts locaux tout en les servant. ⁂ L’association nouvelle répondait à un besoin très
183 als de musique dans tous nos pays et presque dans toutes nos villes, posait des problèmes tout nouveaux. Plus on joue de musiq
184 sque dans toutes nos villes, posait des problèmes tout nouveaux. Plus on joue de musique, et mieux cela vaut, dira-t-on. Oui
185 nombre des festivals. Mais il faut sauvegarder à tout prix la qualité et le prestige des meilleurs. ⁂ Qu’est-ce qu’un bon
186 forts dans un esprit de collaboration européenne, tout en développant toujours plus le caractère particulier de chaque festi
187 langues à 160 000 exemplaires, et distribuée dans toute l’Europe et en Amérique, donne la preuve d’une coopération étroite en
25 1956, Articles divers (1951-1956). « Je vivais en ce temps-là… » (janvier 1956)
188 ns, avec un sérieux redoutable, — pensant au fond tout autre chose que ceux de Paris, et nous donnant le ridicule de vouloir
189 un livre : alors que l’on risquait de se trouver tout d’un coup devant Gide, Claudel, ou James Joyce conversant comme de si
190 aison des amis des livres. (Commerce en éloignait toute idée commerciale…) Bien des années plus tard, je devais découvrir que
191 était à la fois plus sérieux et plus aimable que tout cela, et ne se plaçait à vrai dire que sous la seule invocation « du
192 ner improvisé. Je rentrais d’Amérique, je voulais tout savoir sur nos amis, leurs œuvres et leurs vies : j’avais couru tout
193 amis, leurs œuvres et leurs vies : j’avais couru tout droit rue de l’Odéon, comme à la source la plus fraîche et la plus sû
26 1956, Articles divers (1951-1956). Tableau du phénomène courtois (janvier 1956)
194 cident 11, j’éprouve le besoin de rassembler ici tout un faisceau d’observations nouvelles. Le lecteur va juger si elles in
195 autant que de nouvelles recherches personnelles, tout cela m’amène aujourd’hui à une conception de la cortezia à peine moin
196 réponse ». Je voudrais au contraire approfondir, tout en la précisant autant qu’il est possible, la problématique de l’amou
197 Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans le même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent
198 orisée ou tolérée par plusieurs sectes. Une forme toute nouvelle de poésie naît dans le Midi de la France, patrie cathare : e
199 l’ère est imminente, s’incarnera dans une Femme. Tout cela se passe dans la réalité, ou dans les imaginations qui la confor
200 me collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant porter par lui, mais comme pour mieux le capter dans l
201 n, voici un dernier trait dont on verra qu’il est tout impossible de le rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie
202 if, on voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa
203 rs réduit à sa moindre puissance d’action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et le personnage sacré. 2. Œdipe et les
204 mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œ
205 les troubadours et fait leur gloire mondaine dans toute l’Europe. Or nous voyons cette religion de l’amour ennoblissant céléb
206 es modernes de la cortezia, René Nelli : Presque toutes les dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix, de l’Albigeois étaien
207 Italie du Nord, une Germanie rhénane, une Europe tout entière enfin, où les passions « religieuses » et la théologie n’occu
208 de la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions naturelles ? Les modernes, en effet, depuis Rouss
209 confusion proprement insensée de religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de m
210 religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qu
211 oubliées, devenues traces ou cicatrices mentales tout inconscientes et, de ce fait, aisément confondues avec l’instinct. El
212 st un acte réel ou simplement une allégorie ». De toute manière, le but est le « suprême grand bonheur… la joie de l’anéantis
213 me n’importe quel débauché. » Mais la femme, dans tout cela ? Elle reste objet d’un culte. Considérée comme « source unique
214 e unique de joie et de repos, l’amante synthétise toute la nature féminine, elle est mère, sœur, épouse, fille… elle est le c
215 étonnantes… On y accorde une grande importance à toute sorte d’« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme le couronne
216 à ses pieds. Pendant les quatre mois suivants et tout en continuant à la servir comme avant, il dort dans le même lit, du c
217 vrai ou du moins sur certains de ses aspects. Et tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec le diable, celui qui couv
218 t faux reclus »26. Ils seront détruits « soumis à toute ruine », et tourmentés en enfer. Noble Amour a promis qu’il en serai
219 ns pour ton prisonnier et, réconforté par toi sur toutes choses, j’espère que tu seras mon guide. Enfin, contre certains des
220 u’ils réfutent le préjugé moderne en vertu duquel toute communication entre le tantrisme, le manichéisme bouddhiste, et les h
221 la Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être « vrai » aux divers
222 les recettes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être « vrai » aux divers sens du mot, et simultanément, et
223 mot, et simultanément, et de plusieurs manières. Tout cela nous aide à mieux comprendre — si rien ne suffit à l’« expliquer
224 fit à « réduire » à son tour cette simplification tout à fait abusive, dont mes adversaires sont plus responsables que moi —
225 — souvent très pauvrement traduites, et privés de toute beauté proprement poétique et rythmique par cette double trahison. Qu
226 des Cinq lignes d’amour peut être suivi à travers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on le retro
227 ours… 26. Les cathares condamnaient la guerre et toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place de faux juges, faux prêtr
27 1956, Articles divers (1951-1956). Denis de Rougemont et l’amour-passion, phénomène historique (4 février 1956)
228 s raisons. Peut-être eût-il pu ne pas exister. En tout cas, il n’apparaît pas avant le xiie siècle. Mais Ovide, Properce, T
28 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
229 n, dans mon souvenir. J’y reviens. Les gros plans tout d’un coup anéantissent l’exaltant panorama. Les maisons sages, un peu
230 ’immobilisent et plus rien n’est étrange ni beau, tout rejoint l’habituel indifférent, le rôle utile et le compartiment. Com
231 at au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’
232 ageurs préparaient leur billet pour l’inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse. On était sûr de son affaire, on
233 r “en règle”, et donc de nous croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme si le monde où nous vivons était
234 gé, jaugé, plus que nulle part ailleurs au monde. Tout se passe, en somme, inconsciemment, comme si notre système de sécurit
235 que je m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur donne raison. Quand on possède la pax helvetica,
236 e d’hôtel des bords du lac Léman : Afin d’éviter tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas do
29 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
237 ndant près d’un demi-siècle un équilibre malaisé. Toute tentative de révision du « Pacte fédéral », comme celle de 1832, se v
30 1956, Articles divers (1951-1956). Serrer la main d’un communiste, désormais… (10 novembre 1956)
238 ous les écrivains du monde, à tous les savants, à toutes les associations d’écrivains et académies, à l’élite intellectuelle d
239 is le communisme au ban de l’humanité. Il fallait tout d’abord le déclarer. Mais il faut en tirer les conséquences pratiques
240 dapest, qui ne le laisseront pas oublier, et dont tout le programme est maintenant d’y répondre. Au nom du Congrès pour la l