1
La voie et l’aventure (janvier
1957
)a b Ce qui s’oppose coopère, et de ce qui diverge procède la plus
2
ranchise l’existence historique et spirituelle de
deux
expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux
3
t spirituelle de deux expériences différentes, de
deux
voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine que l’o
4
férentes, de deux voies longtemps divergentes, de
deux
types d’aventure humaine que l’on peut désigner par les termes symbol
5
e ou les minimiser, ce serait perdre d’avance les
deux
vertus majeures qui dénotent une union véritable : à savoir sa fécond
6
temps, et noyant les problèmes concrets de notre
siècle
dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous les cha
7
les sous-castes, et fait durer le système pendant
trois
millénaires, en dépit de tous les efforts des réformateurs religieux,
8
us-castes, et fait durer le système pendant trois
millénaires
, en dépit de tous les efforts des réformateurs religieux, du Bouddha,
9
symbolisme y dominait dans tous les ordres ; les
trois
grandes castes tendaient à se reformer ; les rites, les traditions mu
10
s’agrandit rapidement, pour atteindre à peu près
180°
aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’oppositi
11
our atteindre à peu près 180° aux débuts de notre
siècle
technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamétrale de
12
réalité de l’opposition à peu près diamétrale des
deux
mondes s’atteste aux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée en E
13
s, quelques pèlerinages ou lieux sacrés, quelques
centaines
de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’u
14
ion a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident
5.
— L’Orient et l’Occident ne sont donc pas seulement des entités géogr
15
la, sans nul doute, mais ils sont beaucoup plus :
deux
voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable d
16
s ils sont beaucoup plus : deux voies de l’homme,
deux
directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. Pour passer du
17
passer du sens géographique et historique de nos
deux
termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits visi
18
spirituel, recourons aux récits visionnaires que
deux
grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et So
19
sser une liste des caractères symboliques que ces
deux
auteurs attribuent à l’Orient et à l’Occident. Ajoutons-y les qualifi
20
nsée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos
deux
termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses
21
termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de
quatorze
antithèses : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la droite, l’extr
22
rétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos
deux
termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurait la
23
péen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces
deux
voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’a
24
s’expriment les missions différentes, toutes les
deux
légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cu
25
mon tour illustrer cette idée en l’exposant sous
trois
aspects variés. Christ et le Bouddha. — Le Fils de Dieu, incréé, tra
26
nce, pour s’élever vers le Rien transcendant. Les
deux
mouvements — descente et remontée — ne sont qu’apparemment superposab
27
e des réalités spirituelles.) Vérifier la Voie :
deux
formes d’expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’arriver à la connaiss
28
uivante, faite en Inde. « Trop de monde partout !
Trois
domestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou huit hommes, dont
29
Trois domestiques pour ma simple chambre d’hôtel.
Sept
ou huit hommes, dont un travaille, dans des boutiques minuscules. La
30
mestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou
huit
hommes, dont un travaille, dans des boutiques minuscules. La chaussée
31
couverts de dormeurs pendant la nuit. Et j’ai vu
cinq
personnes sur une seule bicyclette ! Ces gens ne seront-ils jamais se
32
t point de Dieu, ou que Je sois le Tout, dans les
deux
cas l’Autre s’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’appe
33
des textes apparemment ruineux pour ma thèse des
deux
Voies. À quelle école mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de
34
majeures dont je parlais plus haut. J’en donnerai
deux
exemples précis. Je trouve le premier dans Kassner, au chapitre où il
35
oi cette faveur : exempter de la guerre un de ses
cinq
fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à mort ce seul fils et cou
36
mettre à mort ce seul fils et couper le corps en
deux
moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés sectio
37
moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces
deux
moitiés sectionnées depuis la tête jusqu’au sexe, comme le corps d’un
38
e les Grecs, et dans ces armées se trouveront les
quatre
frères et le père du coupé en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée g
39
ouveront les quatre frères et le père du coupé en
deux
. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaison ave
40
rtout du cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’en
1194,
le comte de Champagne, dans son voyage d’Arménie, toucha le territoir
41
t une place forte flanquée de très hautes tours :
deux
guetteurs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’elles. Le g
42
nces chrétiens leurs sujets : il leva le bras, et
deux
des gardes se jetèrent dans le vide, pour s’écraser sur le sol rocheu
43
llons de néant s’en dégagent. La réaction de nos
deux
auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre objet p
44
ent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les
deux
établissent la même liaison entre le peu de cas fait de la vie humain
45
, ou simplement de l’individualité. Pour tous les
deux
, la liberté de l’homme a pour condition la personne. On dira que l’Oc
46
ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un
millier
ou cent-milliers de fois. La métempsycose évacue les sanctions redout
47
it dit ici une fois pour toutes. Il y a seulement
deux
expériences globales qu’il importe de déchiffrer. Mais l’infinie comp
48
er les options primordiales qui ont donné cours à
deux
voies divergentes. Il m’a semblé que c’était dans la mystique, la rel
49
suivre à partir d’un contraste assez simple entre
deux
conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences on
50
le dont les conséquences ont formé l’Occident.
1.
L’Occident étant représenté, dans ce cas particulier, par la théologi
51
e Tout n’est autre que le Je pleinement réalisé.
2.
C’est l’attitude générale des auteurs modernes qui se réclament en Oc
52
vérifié, un négatif du présent qu’ils refusent.
3.
Celle des Sudras, ou indigènes assujettis ; les parias ou hors-castes
53
résistants » au processus d’intégration sociale.
4.
Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que d’habitants, si l’on son
54
des dieux connus du panthéon hindou est estimé à
33
crores, c’est-à-dire 330 millions. 5. Je précise que dans ce chapitr
55
théon hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire
330
millions. 5. Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je dem
56
n hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330
millions
. 5. Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je demanderai à
57
t estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions.
5.
Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je demanderai à l’In
58
-Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par
deux
formes « hérétiques » de la religion initiale : le moralisme américai
59
le moralisme américain et le bouddhisme zen, tous
deux
antimystiques. Historiquement, la première confrontation s’est vue re
60
c de la guerre entre le Japon et les États-Unis.
6.
Cf. Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran, 1
61
. Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire,
2
vol. Téhéran, 1954, et du même auteur : Œuvres philosophiques et myst
62
Avicenne et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran,
1954,
et du même auteur : Œuvres philosophiques et mystiques de Sohrawardi,
63
s philosophiques et mystiques de Sohrawardi, tome
1,
Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux récits que je mentionn
64
ques et mystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran,
1952.
On y trouvera le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’Avic
65
tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des
deux
récits que je mentionne. Celui d’Avicenne s’intitule : Récit d’Havy i
66
r date du xe siècle, le second du xiie siècle.
7.
Relevons qu’Avicenne et le mystique soufi écrivaient tous les deux da
67
Avicenne et le mystique soufi écrivaient tous les
deux
dans cette « circonscription intermédiaire entre l’Orient et l’Occide
68
illuminée » de certaines traditions coraniques.
8.
Je pense à Parménide et à Platon, aux gnostiques, à la Pistis Sophia,
69
tistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours.
9.
Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg, 1955. 1
70
sso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg,
1955.
10. L’adjectif traditionnel est pris ici dans son sens strict, initi
71
Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg, 1955.
10.
L’adjectif traditionnel est pris ici dans son sens strict, initiatiqu
72
l’on situe au-delà de tout changement possible.
11.
Rudolf Kassner : Buch der Erinnerung. 12. Ernst Jünger, Der gordisch
73
ible. 11. Rudolf Kassner : Buch der Erinnerung.
12.
Ernst Jünger, Der gordische Knoten. 13. Quitte à la rendre inoffensi
74
nerung. 12. Ernst Jünger, Der gordische Knoten.
13.
Quitte à la rendre inoffensive en la gorgeant du sang impur d’un dome
75
e et l’aventure », La Table ronde, Paris, janvier
1957,
p. 9-22. b. Il s’agit du chapitre I de L’Aventure occidentale de l’
76
janvier 1957, p. 9-22. b. Il s’agit du chapitre
I
de L’Aventure occidentale de l’homme , qui sera publié chez Albin Mi
77
me , qui sera publié chez Albin Michel en février
1957.
78
De l’unité de culture à l’union politique (mai
1957
)c 1. Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle dir
79
ité de culture à l’union politique (mai 1957)c
1.
Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle direction p
80
il est plus dangereux de vouloir ignorer Bandung.
2.
J’ai cru remarquer que ceux des Européens qui insistent avec le plus
81
s différences qui séparent nos nations depuis des
siècles
. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas de différences bien notable
82
prit et de mécanismes d’évasion intellectuelle.)
3.
L’argument des contrastes séculaires, invoqué sans fatigue contre l’u
83
re qui donnerait une assise à cette union. Mais :
1°
les différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et d
84
les écoles d’État s’y soient efforcées depuis un
siècle
: or personne n’a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral eur
85
elle-même, au nom de laquelle on refuse l’union.
2°
Si pittoresques et voyants que soient les contrastes entre Suédois et
86
a Lagerlöf, un Français et un Allemand lisant ces
deux
auteurs, y prendront à fort peu de choses près le même plaisir, parce
87
aire sur lequel se détache la dignité de l’homme.
4.
Quantité de publicistes découvrent — et cela dure depuis des années —
88
onter sa naissance au Pacte du Grütli, conclu par
trois
cantons en 1291. Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes
89
e au Pacte du Grütli, conclu par trois cantons en
1291.
Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes de la Suisse act
90
s en 1291. Cette alliance excluait à peu près les
neuf
dixièmes de la Suisse actuelle. Tout comme la France d’avant Philippe
91
times dans l’ancienneté de sa conscience commune.
5.
Au sujet de la naissance de l’Europe, vingt théories s’affrontent inu
92
commune. 5. Au sujet de la naissance de l’Europe,
vingt
théories s’affrontent inutilement je le crains, car il en va d’une ci
93
aît déjà au lendemain de la bataille de Poitiers (
732
) dans l’œuvre d’un clerc espagnol continuant la chronique d’Isidore d
94
ttestée à l’aide de documents qu’à partir de l’an
1300
: les premiers portulans, ou cartes maritimes, écrit M. Denys Hay, «
95
laire courant, il faut attendre les xive et xve
siècles
, époque où la chrétienté perd ses prolongements proche-orientaux, occ
96
s premiers humanistes commencent à distinguer les
deux
concepts de christianitas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’
97
it connaître cette définition de l’Europe par ses
trois
sources principales, reprise naguère avec éclat par Valéry. 6. Mais l
98
incipales, reprise naguère avec éclat par Valéry.
6.
Mais les nations sont venues se constituer, à partir du xviiie siècl
99
tout de même plus ancienne que notre découpage en
26
ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils définissent la soi-
100
e même plus ancienne que notre découpage en 26 ou
27
États-nations, dont on attend encore qu’ils définissent la soi-disant
101
tion suffisante sera donnée par d’autres efforts.
7.
Nous débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon
102
e exigence d’une union fédérale de nos peuples.
14.
Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D
103
l Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvier
1957.
15. D’une lettre que m’écrit à ce sujet le comte Jean de Pange. La r
104
« Hors du réel », La Table ronde, janvier 1957.
15.
D’une lettre que m’écrit à ce sujet le comte Jean de Pange. La référe
105
mmsen, Monumenta Germaniae, chronica minora, Vol.
II
, p. 362. Voir aussi H. F. Mueller, A Chronology of Vulgar Latin, et M
106
Vulgar Latin, et Marc Bloch, La Société féodale.
16.
Denys Hay, dans Diogène, n° 17, 1957 (article tiré d’une communicatio
107
Société féodale. 16. Denys Hay, dans Diogène, n°
17,
1957 (article tiré d’une communication au 10e Congrès international d
108
été féodale. 16. Denys Hay, dans Diogène, n° 17,
1957
(article tiré d’une communication au 10e Congrès international des sc
109
n° 17, 1957 (article tiré d’une communication au
10e
Congrès international des sciences historiques, Rome, septembre 1955)
110
ational des sciences historiques, Rome, septembre
1955
). c. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’union politiqu
111
à l’union politique », La Table ronde, Paris, mai
1957,
p. 10-15.
112
Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai
1957
)d e Je crains que M. Berl ne mobilise la Vérité, la Raison, la Jus
113
se à Emmanuel Berl] », La Table ronde, Paris, mai
1957.
e. Introduit par la note suivante de l’éditeur : « En réponse au pos
114
alement su où était, ce que faisait la Suisse. En
14,
en 39, elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la batai
115
su où était, ce que faisait la Suisse. En 14, en
39,
elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la bataille de
116
La fin du pessimisme (juin
1957
)f Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction
117
Le fameux sens de l’histoire, argument numéro
1
de la séduction progressiste, paraissait avoir mis une fois pour tout
118
aissait avoir mis une fois pour toutes le cap sur
1984
et sa fourmilière ; voilà qu’il se détourne horrifié et vire de bord,
119
, aux accents de la Marseillaise, en direction de
1848.
(André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongroise.)
120
Monde, au lendemain de la révolution hongroise.)
Cinquante
ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culm
121
destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell
1984.
Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du siècle : Les Illusion
122
. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du
siècle
: Les Illusions du progrès, de Georges Sorel. Puis on se mit à citer
123
ce corps subitement agrandi, le monde technique.
Deux
guerres mondiales, ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance, t
124
ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance,
trois
révolutions portant au pouvoir des tyrannies totalitaires qui revendi
125
udiants. L’intelligentsia de l’Ouest voyait venir
Quatre-vingt-quatre
. Et soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vi
126
ngt-quatre. Et soudain, celle de l’Est lui répond
Quarante-huit
. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Jamais chiffres ne furent plus ch
127
n, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est
quatre-vingt-quatre
inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés de symboles. Essayons
128
t qu’il faut être subversif ou pessimiste, ou les
deux
à la fois, sous peine de ne plus compter. Inutile de citer des noms :
129
onventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit, en
1919,
le grand courant du pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui
130
isi l’exil en soi. Tous les autres sont contre le
siècle
, d’une manière encore plus évidente, soit qu’ils attaquent avec achar
131
e de la pensée dans le monde moderne. À partir de
1919,
les influences dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Ni
132
aard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce
siècle
n’ait retenu du précédent que les génies antisociaux, les héros du re
133
é lui. Curieux pouvoir des pessimistes de l’autre
siècle
sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du xixe fut opti
134
gne inexorable des machines, et qui conçoit, avec
cent
ans de retard, un pessimisme fataliste et résigné. Dans ce décalage s
135
Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici
deux
grands noms, qui dominent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et
136
bous. La bourgeoisie du xixe frappait d’interdit
deux
sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, e
137
tiviser, en les expliquant l’une par l’autre, ces
deux
révélations « uniques » qui semblaient au début exclusives et totales
138
spotisme russe !) voilà qui n’empêche pas que ces
deux
grands génies aient puissamment modelé le xxe siècle et modifié notr
139
onde bourgeois (seule étudiée par Freud autour de
1900
) comme un cas limité dans l’espace et le temps. D’autre part, l’ascen
140
nts de l’Est, ne venaient corroborer un optimisme
neuf
. Budapest a gagné sa partie — moralement. Admettons que cela n’est pa
141
’est pas tout. Mais qu’en est-il de l’Occident ?
Trois
représentations vagues mais obsédantes assombrissaient l’avenir tel q
142
dans son développement historique, mais qu’après
quarante
ans elle a rejoint le stade du capitalisme exploiteur, largement dépa
143
ment dépassé par les États-Unis. Marx distinguait
deux
phases dans le développement industriel : l’une marquée par « l’accum
144
L’Europe est condamnée. » — L’Europe détrônée par
deux
guerres et ruinée par sa division en vingt-cinq États « souverains »
145
née par deux guerres et ruinée par sa division en
vingt-cinq
États « souverains » — incapables d’ailleurs de prouver qu’ils le son
146
tre tous ensemble, et ils commencent à le savoir.
330
millions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions ré
147
tous ensemble, et ils commencent à le savoir. 330
millions
d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à
148
ions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus
100
millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supérieur aux Soviét
149
d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100
millions
récupérés à l’Est, feraient un ensemble supérieur aux Soviétiques et
150
ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de
mille
ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’His
151
croyez-moi, c’est la Bombe. Elle va détruire les
neuf
dixièmes du genre humain. Un jour elle fera sauter la terre. J’entend
152
la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce
siècle
, ni leurs penseurs, mais bien les ouvriers du xixe et les travailleu
153
ot ? Ce n’est pas un homme automatique, comme des
millions
de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la
154
dénoncée, a provoqué la destruction de plusieurs
millions
de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de
155
e la pensée occidentale, découvrant le péril avec
cent
ans de retard, ait porté sa colère contre le remède… L’automatisation
156
, « La fin du pessimisme », Réalités, Paris, juin
1957,
p. 27-29.
157
La fin justifie les moyens (
9
juin 1957)g Denis de Rougemont a remporté lundi le prix Ève-Delacr
158
La fin justifie les moyens (9 juin
1957
)g Denis de Rougemont a remporté lundi le prix Ève-Delacroix décern
159
it que cet historien, ce philosophe s’est, depuis
dix
ans, consacré à militer pour l’idée de faire l’Europe comme a été fai
160
e Rougemont. Il ne peut écrire de livres qu’entre
onze
heures du soir et quatre heures du matin, mais ce régime doit lui con
161
écrire de livres qu’entre onze heures du soir et
quatre
heures du matin, mais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce d
162
ais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce
deux
importants ouvrages : l’un qui établira une sorte de morale de la voc
163
ifie les moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne,
9
juin 1957, p. 7.
164
s moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 juin
1957,
p. 7.
165
Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre
1957
)h i L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvr
166
nt ensuite l’empire des Soviets, qui subit depuis
quarante
ans une occidentalisation planifiée mais grossière, aux dépens de val
167
muniquer, les expliquer et les faire vivre. Les
trois
aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt
168
aractéristiques de la civilisation occidentale en
trois
ordres : produits, principes de vie publique et valeurs. Produits :
169
une manière plus ou moins directe ou correcte, de
deux
valeurs fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’Europe ; la n
170
ons avec le Monde qu’il influence. Théoriquement,
deux
solutions nettes et radicales se conçoivent : ou bien garder pour nou
171
pose au même moment à l’humanité tout entière.
17.
Chacun sait que « Naples est la seule ville orientale qui n’ait pas d
172
eurs occidentales », Occident, Bruxelles, octobre
1957,
p. 39-42. i. Précédé du chapeau suivant : « Le grand schisme mondial
173
identale de l’homme , a été analysé dans notre n°
3.
M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genève. »
174
Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (
1958
)j L’homme ne vit pas de pain seulement, mais ne vit pas longtemps
175
temps sans pain. Ainsi de l’Europe. Pour unir les
332
millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en a
176
s sans pain. Ainsi de l’Europe. Pour unir les 332
millions
d’habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en attendant
177
pte à l’ouest du rideau de fer — en attendant les
98
millions retenus à l’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans
178
à l’ouest du rideau de fer — en attendant les 98
millions
retenus à l’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans douze an
179
’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans
douze
ans d’institutions économiques ne peut évidemment suffire ; mais leur
180
ec serait bientôt mortel. Or le Marché commun des
Six
, la zone de libre-échange des Dix-Sept, et leur future intégration da
181
rché commun des Six, la zone de libre-échange des
Dix-Sept
, et leur future intégration dans le cadre d’une Grande Europe associé
182
calculé son prix. Nos économistes se sont réunis
deux
fois, à six mois de distance, et leurs débats ont été chauds. Tout pa
183
prix. Nos économistes se sont réunis deux fois, à
six
mois de distance, et leurs débats ont été chauds. Tout parti pris de
184
pable d’exercer à nouveau sa vocation mondiale.
18.
Voir en particulier : Promesses du Marché commun par Raymond Racine
185
», Demain l’Europe sans frontières, Paris, Plon,
1958,
p. I-II.
186
Europe et culture (
1958
)k On peut créer une fédération européenne, et il le faut. Mais on
187
e obstacle ? Je pense qu’il faut répondre oui aux
deux
questions. Et ce paradoxe apparent définit assez bien le rôle que doi
188
its par une mauvaise éducation scolaire depuis un
siècle
, ou résultant de maladies chroniques de notre culture millénaire. On
189
us sobrement, par ces quelques actions précises :
1°
Réduire les préjugés, nés d’une mauvaise éducation qui accrédite l’il
190
s-nations (formés pour la plupart depuis moins de
cent
ans…) 2° Informer les élites et les masses, leur montrer le drame de
191
formés pour la plupart depuis moins de cent ans…)
2°
Informer les élites et les masses, leur montrer le drame de l’Europe,
192
iècle, sa vocation, et son avenir si elle s’unit.
3°
Créer des instruments de coopération pour les différentes branches de
193
quand les problèmes posés débordent les nations.
4°
Favoriser le dialogue entre la culture européenne d’une part, et les
194
ie d’instituts d’études européennes se créent dès
194620.
Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On en compte aujourd’hui plu
195
nt dès 194620. Ils nouent des liens entre eux dès
1950.
On en compte aujourd’hui plus d’une vingtaine, pour la plupart liés à
196
s à des universités, ou de rang universitaire. En
1948,
le Congrès de l’Europe, à La Haye, décide la création d’un Centre eur
197
se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons. En
1949,
un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et définit le
198
toire européen de recherches nucléaires (fondé en
1953
sous le nom de CERN, à Genève.) Le Conseil de l’Europe, issu d’une ré
199
e résolution du congrès de La Haye, est constitué
neuf
mois plus tard, et comporte dès le début une direction culturelle, co
200
ion culturelle, coiffée d’un Comité d’experts des
16
gouvernements membres. Il élabore et fait ratifier une Convention cul
201
er une Convention culturelle européenne, convoque
deux
tables rondes sur l’héritage commun des Européens, crée des bourses,
202
ociation européenne des enseignants se fondent en
1955
et en 1956… La Journée européenne des écoles propose chaque année des
203
ropéenne des enseignants se fondent en 1955 et en
1956
… La Journée européenne des écoles propose chaque année des sujets de
204
e rédaction sur l’Europe aux élèves des écoles de
7
pays, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300 000 partici
205
élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à
80
d’entre eux, sur plus de 300 000 participants. Une Fondation européen
206
, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de
300
000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée
207
donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300
000
participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée à Ge
208
européenne de la culture a été créée à Genève en
1954,
et opère depuis cette année à Amsterdam. Enfin, la bibliographie des
209
sur l’Europe et ses problèmes compte déjà, depuis
dix
ans, plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sa
210
problèmes compte déjà, depuis dix ans, plusieurs
centaines
de titres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de
211
es, parus dans toutes nos langues, sans parler de
milliers
de brochures. Cet effort est immense. Est-il trop dispersé pour porte
212
d’une des « petites » fondations qui existent par
milliers
en Amérique du Nord. Il serait temps que nos États prennent conscienc
213
it temps que nos États prennent conscience de ces
deux
vérités primordiales, à savoir : 1° que l’Europe n’a dû sa puissance
214
ence de ces deux vérités primordiales, à savoir :
1°
que l’Europe n’a dû sa puissance qu’aux inventions, procédés et systè
215
se réduirait vite à ce qu’elle est sur la carte :
4
% des terres du globe (et très pauvres en matières premières) ; 2° qu
216
u globe (et très pauvres en matières premières) ;
2°
que la culture, en Europe, perdra sa vitalité si les États et les méc
217
le, le Centre européen de la culture a décidé dès
1950
de tenter l’aventure d’exister. Il existe depuis sept ans. Son exempl
218
issu des délibérations du congrès de La Haye (mai
1948
). Dès février 1949, un Bureau d’études s’ouvrait à Genève, chargé d’é
219
ons du congrès de La Haye (mai 1948). Dès février
1949,
un Bureau d’études s’ouvrait à Genève, chargé d’élaborer le travail d
220
ture ». Celle-ci se réunit à Lausanne en décembre
1949,
et formula le programme du CEC L’institution fut inaugurée à Genève l
221
me du CEC L’institution fut inaugurée à Genève le
7
octobre 1950. Elle n’est rattachée à aucune organisation internationa
222
L’institution fut inaugurée à Genève le 7 octobre
1950.
Elle n’est rattachée à aucune organisation internationale officielle,
223
. Le choix des objectifs du CEC est déterminé par
deux
critères : l’urgence d’un problème culturel qui se pose à l’échelle e
224
de compositeurs et critiques musicaux à Rome, en
1953,
le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CE
225
e la création du CERN, bornons-nous à décrire les
trois
principaux champs d’activité entre lesquels se répartissent les secré
226
férences. Le Bulletin du CEC édite chaque année
six
à huit numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen, et
227
es. Le Bulletin du CEC édite chaque année six à
huit
numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen, et largem
228
ropéennes , fascicule mensuel distribué à près de
1500
journaux, qui peuvent reproduire gratuitement les courts articles et
229
au département des Recherches, il a déjà organisé
deux
importants Séminaires, l’un sur l’avenir économique d’une Europe sans
230
automation. En outre, le CEC élabore actuellement
trois
plans nouveaux : création d’un Institut technologique de formation e
231
n des instituts d’études européennes , qui groupe
19
instituts de niveau universitaire, et l’Association européenne des f
232
européenne des festivals de musique , qui groupe
21
grands festivals, poursuivent la coordination de leurs programmes et
233
ste » d’affiliation, sauvegardant l’autonomie des
trois
institutions tout en assurant leur plus étroite coopération. ⁂ Per
234
sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir.
19.
On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que
235
ocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parle
6
langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand
236
à l’avenir. 19. On parle 6 langues en France,
4
en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nati
237
19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse,
2
en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nations, le franç
238
en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans
6
nations, le français dans 5, etc. Le folklore révèle précisément la c
239
lemand est parlé dans 6 nations, le français dans
5,
etc. Le folklore révèle précisément la communauté de traditions de to
240
e Danube et le Rhône des liens naturels ?…, etc.
20.
Voir l’ Annuaire 1957 de l’Association des instituts d’études europée
241
des liens naturels ?…, etc. 20. Voir l’ Annuaire
1957
de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE) publié en
242
ts d’études européennes (AIEE) publié en novembre
1957
par le Centre européen de la culture. 21. À cet égard, rappelons deu
243
embre 1957 par le Centre européen de la culture.
21.
À cet égard, rappelons deux faits : l’avance prise par l’URSS dans le
244
ropéen de la culture. 21. À cet égard, rappelons
deux
faits : l’avance prise par l’URSS dans le domaine scientifique : les
245
le budget total des fondations privées aux USA :
10
% du revenu national. k. Rougemont Denis de, « Europe et culture »,
246
ope et culture », Quelle Europe ?, Paris, Fayard,
1958,
p. 69-76.
247
ettres prophétique entre Einstein et Freud (avril
1958
)l Cela se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui
248
tein et Freud (avril 1958)l Cela se passait en
1932,
sur le seuil de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension d’Hitl
249
a se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de
siècle
qui allait voir l’ascension d’Hitler, puis sa ruine entraînant celle
250
idée d’union, et l’arme absolue dans les mains de
deux
empires presque immobilisés par la terreur d’y recourir… Que pensaien
251
d’y recourir… Que pensaient et pressentaient ces
deux
génies de premier ordre, à la veille même du déchaînement dont ils av
252
reud confie son espoir lointain à l’action de ces
deux
éléments : le développement de la culture, et la crainte des effets d
253
tion classique de la Force et du Droit à celle de
deux
violences, il définit les conditions de toute politique réaliste. Qua
254
finit les conditions de toute politique réaliste.
Quatre
ans après l’échange de lettres qu’on va lire, Hitler réoccupait la Rh
255
on de l’un des adversaires, et peut-être même des
deux
. » D’où l’idée d’une « paix éternelle » imposée par une arme assez pu
256
tral soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes en
1932.
Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dépourvu d’une for
257
s l’ombre et le secret, le processus qui aboutira
treize
ans plus tard à l’explosion d’Hiroshima. Tragique et sublime ironie d
258
ima. Tragique et sublime ironie de ce dialogue de
deux
génies, dont l’un voit bien l’avenir, mais ignore qu’il en parle au s
259
entre Einstein et Freud », Réalités, Paris, avril
1958,
p. 39-40.
260
Une expérience de fédéralisme : la Suisse (
1959
)n 1. Du pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xix
261
xpérience de fédéralisme : la Suisse (1959)n
1.
Du pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xixe siècle)
262
ure, et l’on écrit souvent, qu’il a fallu quelque
six
siècles à la Suisse pour devenir, par une évolution, l’État fédéral q
263
et l’on écrit souvent, qu’il a fallu quelque six
siècles
à la Suisse pour devenir, par une évolution, l’État fédéral qu’elle e
264
al qu’elle est aujourd’hui. En réalité il a fallu
neuf
mois, au terme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq sièc
265
ité il a fallu neuf mois, au terme d’une crise de
trente-trois
ans, succédant à cinq siècles et demi d’alliances et de guerres entre
266
erme d’une crise de trente-trois ans, succédant à
cinq
siècles et demi d’alliances et de guerres entre petits États souverai
267
d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq
siècles
et demi d’alliances et de guerres entre petits États souverains, et d
268
n pouvoir central. Et cela s’est produit entre le
17
février et le 17 novembre 1848. Ce raccourci demande quelques explica
269
. Et cela s’est produit entre le 17 février et le
17
novembre 1848. Ce raccourci demande quelques explications, qui nous o
270
est produit entre le 17 février et le 17 novembre
1848.
Ce raccourci demande quelques explications, qui nous obligent à un ra
271
Les manuels d’histoire suisse donnent la date du
1er
août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là
272
els d’histoire suisse donnent la date du 1er août
1291
comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là un étrange
273
fut simplement la signature d’un pacte entre les
trois
« communes » rurales d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald, maîtresses des
274
orestières, l’immédiateté impériale ; et cela dès
1231,
c’est-à-dire peu d’années après l’ouverture du col. Au nombre des sei
275
u Col. Et c’est pourquoi, au début du mois d’août
1291,
— « considérant la malice des temps, et afin de se défendre et mainte
276
défendre et maintenir avec plus d’efficace », les
trois
coopératives forestières prirent l’engagement de « s’assister mutuell
277
s, devait s’élargir et se compliquer au cours des
siècles
par l’adhésion ou la conquête de communautés voisines, villes ou vall
278
ompagnons du serment). Le Directoire français, en
1798,
tenta d’imposer une Constitution unitaire aux cantons. Cette expérien
279
ime des peuples et des patriciats dépossédés. Dès
1802,
Napoléon écrivait aux délégués helvétiques qu’il avait convoqués à Pa
280
ar les événements qui s’y sont succédé depuis des
siècles
, soit par sa situation géographique et topographique, soit par les di
281
ntons. Au lendemain de la chute de l’empereur, en
1815,
un nouveau Pacte fédéral consacra le retour à l’état de choses prérév
282
Constance et le Léman, n’était donc encore, après
cinq
siècles, guère plus qu’une simple Ligue d’États souverains, une allia
283
ance et le Léman, n’était donc encore, après cinq
siècles
, guère plus qu’une simple Ligue d’États souverains, une alliance visa
284
leur politique étrangère. La formule du Pacte de
1291,
bien qu’élargie, subsistait essentiellement. Quant aux régimes intéri
285
e garantie pour l’indépendance des cantons, en un
siècle
qui allait voir surgir deux nouvelles grandes puissances unifiées, au
286
des cantons, en un siècle qui allait voir surgir
deux
nouvelles grandes puissances unifiées, aux portes mêmes de la Suisse
287
le résoudre d’une manière efficace et durable.
2.
Crise du Pacte fédéral (1815-1848) La crise ouverte par le Pacte d
288
fficace et durable. 2. Crise du Pacte fédéral (
1815-1848
) La crise ouverte par le Pacte de 1815 devait se prolonger, sans p
289
l (1815-1848) La crise ouverte par le Pacte de
1815
devait se prolonger, sans progrès appréciable, pendant trente-trois a
290
t se prolonger, sans progrès appréciable, pendant
trente-trois
ans. Elle ne fut résolue, très subitement, en 1848, qu’au lendemain d
291
ois ans. Elle ne fut résolue, très subitement, en
1848,
qu’au lendemain d’une guerre civile qui en fit éclater à tous les yeu
292
ste William Martin — ressemblait sous le Pacte de
1815
à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres
293
politique économique. On comptait alors en Suisse
11
mesures de pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour le
294
On comptait alors en Suisse 11 mesures de pieds,
60
espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poid
295
n Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’armes,
87
mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poids différents. » Le r
296
e pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain,
81
pour les liquides et 50 poids différents. » Le régime monétaire n’éta
297
mes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et
50
poids différents. » Le régime monétaire n’était pas moins chaotique.
298
ntre tel d’entre eux. On ne comptait pas moins de
400
taxes et droits de péages sur les marchandises passant d’un canton à
299
seul canton du Tessin « ne prélevait pas moins de
treize
taxes différentes sur la route du Gothard, avec obligation de décharg
300
sacro-sainte souveraineté » (comme l’écrivait dès
1829
le vieil historien zurichois Heinrich Zschokke). Politiquement, la si
301
u nom de la Suisse entière. La Diète représentant
25
États souverains, l’unanimité pratiquement requise pour les grandes d
302
les affaires, et changeait de résidence tous les
deux
ans.) Les pressions étrangères, venant de la France, de Metternich, o
303
mouvement de « Régénération » qui se prononça dès
1830.
Influencée par l’action de nombreuses sociétés plus ou moins « cultu
304
e gymnastes, de médecins ou de tireurs au fusil !)
23
qui seules entretenaient l’idéal d’une patrie commune et d’une vérita
305
en vue de hâter l’avènement d’une Suisse unie. En
1832,
la Diète admit, sous la pression des cantons « régénérés », le princi
306
’une révision du Pacte fédéral. Une commission de
15
membres fut chargée de rédiger un projet de Constitution. Le rapport
307
u lien fédéral institué en Suisse par le Pacte de
1815
créait « une illusion plus dangereuse que l’isolement » par la fausse
308
cutées séparément, souvent un peu au hasard, dans
vingt-deux
législatures, dont les unes ne connaissaient pas les motifs qui peuve
309
tion fausse. Ils doivent, pour ainsi dire, servir
deux
maîtres, être tour à tour les hommes de la Confédération et les homme
310
e jugèrent révolutionnaire. La Diète l’enterra en
1833,
après l’avoir plusieurs fois renvoyé à des commissions. Trois cantons
311
l’avoir plusieurs fois renvoyé à des commissions.
Trois
cantons seulement avaient osé le proposer à la ratification populaire
312
tification populaire. Le verdict fut négatif dans
deux
cas. L’opposition avait joué sur la « réalité prépondérante » du sent
313
and savant A.-P. de Candolle) pouvait s’écrier en
1832
au Parlement de Genève : « Que veulent les partisans du nouveau Pacte
314
liance, qui avaient imposé et garanti le Pacte de
1815.
Le Sonderbund pouvait compter sur l’appui de Guizot (protestant pourt
315
èrent le bannissement de l’ordre des jésuites, en
1847,
la guerre civile éclata. Les libéraux (ou « radicaux ») détenaient la
316
gner qu’en retour, l’imminence des révolutions de
1848
fut un facteur important du succès des radicaux suisses : elle retard
317
fut menée avec décision, rapidité et humanité. En
26
jours, les cantons catholiques, battus séparément, étaient amenés à l
318
fédéralistes sur les nationalistes cantonaux.
3.
De la Ligue d’États à l’État fédératif (17 février-17 novembre 1848)
319
ux. 3. De la Ligue d’États à l’État fédératif (
17
février-17 novembre 1848) Tandis que la révolution éclatait succes
320
’États à l’État fédératif (17 février-17 novembre
1848
) Tandis que la révolution éclatait successivement dans les diverse
321
es capitales européennes, tout au long de l’année
1848,
les Suisses profitèrent du répit que leur laissaient, malgré elles, l
322
ué par canton, se réunit pour la première fois le
17
février 1848. La majorité des commissaires étaient des chefs de gouve
323
on, se réunit pour la première fois le 17 février
1848.
La majorité des commissaires étaient des chefs de gouvernements canto
324
s une commission ». En sept semaines, au cours de
31
séances plénières, ils élaborèrent un projet de 17 articles. Nombre d
325
1 séances plénières, ils élaborèrent un projet de
17
articles. Nombre de ces articles s’inspiraient du projet de 1832, mai
326
Nombre de ces articles s’inspiraient du projet de
1832,
mais les plus importants furent le fruit original des discussions du
327
fruit original des discussions du groupe. Dès le
15
mai, le projet ayant été transmis préalablement aux cantons, la Diète
328
e lecture et le vote final ne prirent en tout que
six
semaines. Le 27 juin, le projet était accepté par les deux tiers envi
329
ote final ne prirent en tout que six semaines. Le
27
juin, le projet était accepté par les deux tiers environ des représen
330
ines. Le 27 juin, le projet était accepté par les
deux
tiers environ des représentants des cantons. La ratification populair
331
ratification populaire devait avoir lieu avant le
1er
septembre. Dans la plupart des cantons, le Parlement se prononça d’ab
332
populaires eurent lieu pendant le mois d’août. Le
4
septembre, la Diète se réunit une dernière fois pour prendre connaiss
333
re fois pour prendre connaissance des résultats :
15
cantons et demi contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72 000 (
334
issance des résultats : 15 cantons et demi contre
6
et demi et 170 000 électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la C
335
ésultats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et
170
000 électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le
336
tats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et 170
000
électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 n
337
demi contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre
72
000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 novembre, les nouvell
338
i contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72
000
(environ) acceptaient la Constitution. Le 6 novembre, les nouvelles C
339
72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le
6
novembre, les nouvelles Chambres se réunirent à Berne (choisie comme
340
nt à Berne (choisie comme « ville fédérale »). Le
16
novembre, elles procédèrent à l’élection du premier Conseil fédéral,
341
iques de l’union d’autre part, la Constitution de
1848
ne mérite pas seulement l’épithète de fédérale : elle est précisément
342
tions. Le législatif, par exemple, s’y compose de
deux
chambres dont l’une représente le peuple, l’autre les États. L’exécut
343
ution de sagesse, voici ce compromis qui tient en
trois
articles : Article 1. Les peuples des vingt-deux cantons souverains
344
compromis qui tient en trois articles : Article
1.
Les peuples des vingt-deux cantons souverains de la Suisse, unis par
345
t en trois articles : Article 1. Les peuples des
vingt-deux
cantons souverains de la Suisse, unis par la présente alliance, … for
346
s leur ensemble la Confédération suisse. Article
3.
Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas l
347
ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article
5.
La Confédération garantit aux cantons leur territoire, leur souverain
348
eur souveraineté dans les limites fixées à l’art.
3,
leur constitution, la liberté et les droits du peuple (etc.). Si l’on
349
appelé l’essentiel de l’œuvre des constituants de
1848.
Une quarantaine de révisions partielles, et la révision générale (de
350
e tendance un peu plus centralisatrice) opérée en
1874,
n’en ont changé depuis plus d’un siècle ni l’esprit ni le caractère s
351
opérée en 1874, n’en ont changé depuis plus d’un
siècle
ni l’esprit ni le caractère spécifiquement fédéralistes. 4. Une ex
352
t ni le caractère spécifiquement fédéralistes.
4.
Une expérience-témoin L’adoption de la Constitution de 1848 est sa
353
rience-témoin L’adoption de la Constitution de
1848
est saluée par la quasi-unanimité des historiens suisses comme l’évén
354
’histoire des Confédérés. Elle tira les leçons de
cinq
siècles d’expériences souvent amères, confirma les droits et les devo
355
oire des Confédérés. Elle tira les leçons de cinq
siècles
d’expériences souvent amères, confirma les droits et les devoirs lent
356
’autant plus remarquable que ce processus-éclair (
9
mois en tout !) succédait à une longue période de crise et à des sièc
357
succédait à une longue période de crise et à des
siècles
de refus obstiné de tout pouvoir central. L’absence de publicité des
358
s (au lendemain d’une guerre civile et religieuse)
25
contribua sans nul doute à cette célérité d’exécution, mais aussi à l
359
chartes revendiquées ailleurs par le mouvement de
1848,
la Constitution fédérale fut présentée au peuple comme un compromis,
360
ont pas homologues de ceux de la petite Suisse du
siècle
dernier. A-t-on pris garde qu’il fallait trois jours à un député des
361
u siècle dernier. A-t-on pris garde qu’il fallait
trois
jours à un député des Grisons pour se rendre à Berne, tandis qu’il ne
362
lle est pratiquement plus petite que la Suisse de
1848.
Ses États souverains ne sont guère plus différents entre eux que ne l
363
à contre-courant de l’Histoire. Déjà, le pacte de
1291,
dernier reflet du mouvement des communes italiennes, françaises et fl
364
tion générale qui a été vaincue partout ailleurs »
26.
De même, la guerre du Sonderbund a produit, en créant la Suisse, le s
365
sse attribuer précisément au mouvement général de
1848,
partout ailleurs étouffé après la première explosion d’enthousiasme e
366
le mot-clé de l’histoire suisse. Les radicaux de
1848
voulaient une vraie fédération, mais ils passaient pour des centralis
367
à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte
25
cantons ! Les meilleurs ouvrages d’ensemble sur l’histoire suisse con
368
H. Barth, Bibliographie der Schweizergeschichte,
3
vol., Bâle 1915 ; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich 1900
369
bliographie der Schweizergeschichte, 3 vol., Bâle
1915
; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich 1900-1909 ; Johannes
370
; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich
1900-1909
; Johannes Dierauer, Geschichte der Schweizerischen Eidgenossenschaft
371
chte der Schweizerischen Eidgenossenschaft, Gotha
1907-1913
; Ernest Gagliardi, Geschichte der Schweiz von den Anfängen bis zur G
372
chweiz von den Anfängen bis zur Gegenwart, Zurich
1920
; Werner Oechsli, Quellenbuch zur Schweizergeschichte, Zurich 1918 ;
373
hsli, Quellenbuch zur Schweizergeschichte, Zurich
1918
; Hans Nabholz, Geschichte der Schweiz, Zurich 1937. Sur les origines
374
18 ; Hans Nabholz, Geschichte der Schweiz, Zurich
1937.
Sur les origines : Karl Meyer, Ueber die Einwirkung des Gotthardpasse
375
er Eidgenossenschaft, in « Geschichtsfreund », t.
74,
1924 ; id., Die Urschweizer, Zurich 1927 ; id., Der älteste Schweizer
376
idgenossenschaft, in « Geschichtsfreund », t. 74,
1924
; id., Die Urschweizer, Zurich 1927 ; id., Der älteste Schweizerbund,
377
und », t. 74, 1924 ; id., Die Urschweizer, Zurich
1927
; id., Der älteste Schweizerbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n
378
hweizerbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n.
1
et 2, 1924. Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bunde
379
erbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n. 1 et
2,
1924. Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bundesstaat
380
und, dans « Revue d’Histoire suisse », n. 1 et 2,
1924.
Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht
381
suisse », n. 1 et 2, 1924. Sur la Constitution de
1848
: F. Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht, Tubingue, 1922 ; William E
382
. Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht, Tubingue,
1922
; William E. Rappard, La Constitution fédérale de 1848, Neuchâtel, 19
383
; William E. Rappard, La Constitution fédérale de
1848,
Neuchâtel, 1948 (ouvrage de base, contenant de larges extraits du Pro
384
ard, La Constitution fédérale de 1848, Neuchâtel,
1948
(ouvrage de base, contenant de larges extraits du Protocole de la Com
385
ng moderner Staatstheorie in der Schweiz, Zurich,
1916
; William Martin, Histoire de la Suisse, Paris 1930 ; Gonzague de Rey
386
16 ; William Martin, Histoire de la Suisse, Paris
1930
; Gonzague de Reynold, Conscience de la Suisse, Neuchâtel, 1938 ; Den
387
e de Reynold, Conscience de la Suisse, Neuchâtel,
1938
; Denis de Rougemont, La Confédération helvétique , Paris, 1953 ; An
388
Rougemont, La Confédération helvétique , Paris,
1953
; André Siegfried, La Suisse, démocratie témoin, Neuchâtel, 1948 ; E.
389
egfried, La Suisse, démocratie témoin, Neuchâtel,
1948
; E. Hughes, The Federal Constitution of Switzerland, Oxford, 1954.
390
The Federal Constitution of Switzerland, Oxford,
1954.
22. William Martin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 2
391
ral Constitution of Switzerland, Oxford, 1954.
22.
William Martin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 23. Au f
392
22. William Martin, Histoire de la Suisse, Paris,
1926,
p. 241. 23. Au facteur fédéralisant que représentèrent alors les soc
393
tin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241.
23.
Au facteur fédéralisant que représentèrent alors les sociétés helvéti
394
cace que joua la cause helléniste dans les années
1820-1930.
Toute la Suisse se passionna pour la liberté grecque — fortement fina
395
ociant toutes les classes et toutes les régions.
24.
W. E. Rappard, dans son ouvrage essentiel sur la Constitution fédéral
396
ouvrage essentiel sur la Constitution fédérale de
1848,
présente ainsi la très curieuse figure de Rossi : « Né à Carrare, ven
397
né, chef du gouvernement pontifical de Pie IX, en
1848
». (L’année même où ses idées triomphèrent enfin dans l’une de ses pa
398
ent enfin dans l’une de ses patries d’adoption.)
25.
Sur le total des citoyens ayant le droit de vote, 55 % à peine se dér
399
Sur le total des citoyens ayant le droit de vote,
55
% à peine se dérangèrent pour accepter ou rejeter la Constitution !
400
èrent pour accepter ou rejeter la Constitution !
26.
Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich, 1925, I, p. 79. n.
401
Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich,
1925,
I, p. 79. n. Rougemont Denis de, « Une expérience de fédéralisme :
402
t Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich, 1925,
I
, p. 79. n. Rougemont Denis de, « Une expérience de fédéralisme : la
403
Suisse », L’Europe du XIXe et du XXe siècle, vol.
1,
Milan, Carlo Marzorati, 1959, p. 465-476.
404
et du XXe siècle, vol. 1, Milan, Carlo Marzorati,
1959,
p. 465-476.
405
La nature profonde de l’Europe (juin
1959
)m Si l’Europe disparaissait, le monde perdrait le secret d’un cer
406
pas elle-même si elle n’était plus qu’elle-même.
Quatre
constatations fondamentales, et que chacun peut vérifier sans peine,
407
par sa fonction mondiale et non par ses limites.
1.
C’est l’Europe qui a conçu l’idée d’humanité, la vision planétaire d’
408
r les nations de toute la terre en un seul corps.
2.
C’est l’Europe qui a donné naissance à la seule civilisation effectiv
409
ciproque n’est encore observé, ni même pressenti.
3.
C’est l’Europe qui peut seule animer le courant des échanges mondiaux
410
e politique mondiale. À la veille de la guerre de
1914,
les échanges de l’Europe avec le monde représentaient 38 % de son com
411
échanges de l’Europe avec le monde représentaient
38
% de son commerce. Aujourd’hui, les importations des États-Unis ne co
412
importations des États-Unis ne correspondent qu’à
4
% de leur revenu national. L’Europe n’est rien sans le monde : elle d
413
lle doit être mondiale, par une nécessité vitale.
4.
C’est l’Europe qui représente aujourd’hui non seulement le Musée du M
414
ique des palimpsestes, la datation par le carbone
14,
la manie publique et privée des collections, l’enregistrement des fol
415
ique, les fouilles, les enquêtes sociologiques en
7
volumes sur les indigènes des îles Trobriand, les films et les microf
416
Europe, donc, cœur du monde, et jamais plus qu’au
siècle
où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la
417
on planétaire. Qui peut en dire autant dans notre
siècle
? Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’en ont le même be
418
. Part des importations dans le revenu national :
4
%, ne l’oublions pas. L’Europe seule périrait, sans discussion possib
419
, que je lus en clôture du congrès de La Haye, le
12
mai 1948, commence ainsi : L’Europe est menacée, l’Europe est divisé
420
e lus en clôture du congrès de La Haye, le 12 mai
1948,
commence ainsi : L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la p
421
e pratiquement qu’à tomber sous la coupe d’un des
deux
« grands ». L’Espagne est souveraine, la Hongrie l’est aussi… La Fran
422
inité est animée par l’union et la distinction de
trois
personnes. Prenez la musique : chaque voix chantant sa seule partie d
423
continentale. Nos États se définissent depuis des
siècles
par les frontières de leur domaine, auxquelles ils tentent abusivemen
424
s, que doit être considérée l’union partielle des
six
pays qui ont initié le Marché commun. Ceux qui reprochent aux auteurs
425
traité de Rome d’avoir voulu « limiter l’Europe à
six
pays » sont-ils sincères, ou simplement vexés que l’Europe ait commen
426
elle, une Grande Europe qu’ils n’ont cessé depuis
dix
ans de refuser comme utopique — d’où la nécessité de commencer par la
427
une zone de libre-échange. L’objectif évident des
Six
étant de déclencher un processus d’union, il serait manqué si les Six
428
her un processus d’union, il serait manqué si les
Six
, dès maintenant, tentaient de se suffire à eux-mêmes ou, pire encore,
429
pire encore, y parvenaient. Vouloir « réussir les
Six
» sans vouloir davantage conduirait donc nécessairement à rater les S
430
antage conduirait donc nécessairement à rater les
Six
et à agir contre l’Europe, qui se verrait rapetissée et non pas renfo
431
ée. En revanche, vouloir ou escompter l’échec des
Six
serait adopter en fait la politique du Kremlin, très alertée sur le «
432
ne interview « sensationnelle », d’ailleurs prise
trois
semaines auparavant et qui chassa l’Europe des grands titres…) Oppose
433
tre la nature même du processus d’association des
Six
, étonnamment conforme à la définition que je proposais plus haut de l
434
ment européen dans l’existence encore fragile des
Six
, c’est qu’ils sont vitalement intéressés à devenir ces Dix-Sept que t
435
t qu’ils sont vitalement intéressés à devenir ces
Dix-Sept
que tout en eux appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les Six
436
appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les
Six
de l’Est : ce qui ferait au total vingt-trois, qui se trouve être le
437
appeler les Six de l’Est : ce qui ferait au total
vingt-trois
, qui se trouve être le nombre des fils de ce Japhet auquel fut dévolu
438
ères de l’Église. Et quand les descendants de ces
vingt-trois
fils (ou « nations », ou même « langues », selon les textes) se verro
439
ines catégories devenues traditionnelles — depuis
deux
ou trois siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu
440
égories devenues traditionnelles — depuis deux ou
trois
siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gi
441
s devenues traditionnelles — depuis deux ou trois
siècles
— de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au
442
xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans notre
siècle
, en passant par les philosophes du romantisme qui n’avaient pas atten
443
fle à rattraper les USA et n’apporte rien de bien
neuf
— beaucoup d’archaïsme au contraire — à l’entreprise universelle de c
444
s un jour de poser cette question à des sages des
cinq
continents ; si l’Europe devait disparaître, emportée par un cataclys
445
ure profonde de l’Europe », Réalités, Paris, juin
1959,
p. 80, 87-88 et 91.
446
de l’Europe », Réalités, Paris, juin 1959, p. 80,
87-88
et 91.
447
pe », Réalités, Paris, juin 1959, p. 80, 87-88 et
91.
448
Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (
1960
)o I Le xxe siècle a vu la civilisation européenne étendre à
449
ou disparition d’une civilisation ? (1960)o
I
Le xxe siècle a vu la civilisation européenne étendre à la Terre
450
mière Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en
1919,
Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civilisation
451
ssez longue tradition de pessimisme européen. Dès
1791,
le philosophe français Volney, méditant sur la mort des civilisations
452
tablir empiriquement, par l’examen comparatif des
21
civilisations qui ont existé jusqu’ici, les lois complexes mais const
453
, et que d’autre part, les plus grands esprits du
siècle
précédent n’ont cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de no
454
so Cortés à Georges Sorel, tous ont décrit depuis
cent
ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici
455
répondre à ces questions, formulons tout de suite
deux
remarques dictées par une élémentaire prudence historique. Primo, l’
456
e des autres civilisations, demeurées locales.
II
Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de
457
iforme, imposée à tous par l’État. Comparée à ces
deux
groupes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’
458
nnes, à développer ce que je voudrais appeler les
trois
vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
459
bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces
trois
vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
460
al. Je voudrais maintenant définir brièvement ces
trois
vertus et ce ne sera pas dans un esprit d’orgueil occidental, mais av
461
la simple véracité, et du recours aux preuves par
neuf
. Il faut songer cependant que l’Asie et l’Afrique ignorent cette exig
462
l acharné que nous nous sommes imposé pendant des
siècles
, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien
463
e périmé. Si j’ai cru bon de mettre en valeur ces
trois
vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulement parce qu’elles
464
os institutions : et enfin, de la combinaison des
trois
vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’ab
465
e la Terre entière, nous qui n’occupons guère que
5
% de sa surface solide, c’est bien à la complexité de nos origines qu
466
Et à partir de ces condensations prodigieuses de
siècles
et de continents que sont nos musées et bibliothèques, ils ont élabor
467
devenir « mortelle » comme l’ont prédit depuis un
siècle
la majorité de nos plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux to
468
ue je ne le crois nullement, et je vais en donner
trois
raisons principales. Première raison : la civilisation européenne est
469
olitiquement sur tous les continents, comme avant
1914,
mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en
470
r les Grecs et les Chinois également, il existait
deux
espèces différentes de bipèdes verticaux : les Grecs, ou les Chinois,
471
être diffusées de nos jours sur toute la Terre ?
II
s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus ra
472
se et prestigieuse, comme dans le cas de quelques
centaines
d’Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques et des Incas. Il s’ag
473
dans l’esprit des Européens, et pas ailleurs.
III
Devant le recul, ou la métamorphose prévisible du péril rouge, dég
474
i enfièvre et qui ruine l’Europe depuis près d’un
siècle
et demi, et que nous refusons de prendre au tragique, cette passion,
475
ces maladies. L’Europe a secrété Hitler, mais en
douze
ans, elle l’a éliminé, et je crois qu’elle s’en trouve immunisée pour
476
nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de
millions
de morts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez nous, mais ch
477
triomphe. Permettez-moi de vous citer à ce propos
deux
textes dont le rapprochement éclaire cruellement mon sujet. Je prendr
478
nd historien suisse Jacob Burckhardt, à la fin du
siècle
passé ; et le second dans un quotidien du parti communiste de Pékin,
479
un quotidien du parti communiste de Pékin, il y a
deux
ans. Burckhardt décrit le sort qui attend les masses européennes au x
480
e. Voici sa prophétie dans une lettre qui date de
1871
: Le sort des ouvriers sera le plus étrange… l’État militaire va dev
481
qu’écrit le quotidien de la jeunesse de Pékin, le
27
septembre 1958 : À l’aube des trompettes sonnèrent et des sifflets r
482
uotidien de la jeunesse de Pékin, le 27 septembre
1958
: À l’aube des trompettes sonnèrent et des sifflets retentirent pour
483
champs. Ici on ne voit plus de petits groupes de
deux
ou trois paysans qui fument tout en cheminant lentement vers les cham
484
Ici on ne voit plus de petits groupes de deux ou
trois
paysans qui fument tout en cheminant lentement vers les champs. On en
485
xemple vécu — et pas seulement par nos discours —
deux
méthodes essentielles à la santé future de notre civilisation : — la
486
ion d’une civilisation ? », Stato sociale, Turin,
1960,
p. 546-561.
487
Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars
1960
)q r Posé devant le monde entier par l’annonce d’un nouveau concile
488
ncerne-t-il aussi les non-chrétiens, qui sont les
deux
tiers de notre humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où
489
ceux qui s’y rattachent, qui est de l’ordre d’un
milliard
. S’il est vrai que le monde communiste enferme un nombre équivalent d
490
moins nombreux que les chrétiens pratiquants des
trois
grandes confessions dans les pays de l’Europe de l’Est et en Russie (
491
ssie (on compterait, aux dernières nouvelles, sur
208
millions de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 million
492
(on compterait, aux dernières nouvelles, sur 208
millions
de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de prot
493
dernières nouvelles, sur 208 millions de Russes,
35
millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptis
494
rnières nouvelles, sur 208 millions de Russes, 35
millions
d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptistes, à qu
495
e Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et
3
millions de protestants baptistes, à quoi s’ajoutent les luthériens d
496
Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3
millions
de protestants baptistes, à quoi s’ajoutent les luthériens des pays b
497
niens du Caucase). Le PC russe n’a jamais dépassé
8
millions de membres inscrits. Mais laissons ces spéculations aux comm
498
ens du Caucase). Le PC russe n’a jamais dépassé 8
millions
de membres inscrits. Mais laissons ces spéculations aux commentateurs
499
s qui ont formé la pensée de l’Europe au cours de
siècles
, qui me passionnent, et que les fidèles ignorent. Que faudrait-il pou
500
est que dans le sein d’une même Église coexistent
deux
attitudes que l’on peut qualifier selon les temps de protestante ou c
501
savent englober dans une seule et même Église les
deux
tendances — anglicans, luthériens de Suède et d’Amérique — ils ouvren
502
a désunion des chrétiens », Réalités, Paris, mars
1960,
p. 66-67. r. Cet article paraît dans le dossier « Le concile de la d
503
r ses articles sur “La fin du pessimisme” en juin
1957
et “La nature profonde de l’Europe” en juin 1959) est l’un des plus g
504
1957 et “La nature profonde de l’Europe” en juin
1959
) est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre temps. Calvin
505
Le nationalisme et l’Europe (mars
1960
)p Le nationalisme, dans les peuples du tiers-monde, n’est guère qu
506
ce serait refaire l’histoire du plus long de nos
siècles
, le xixe , — marquons ici l’évolution du seul concept, au moyen de re
507
irréfutables du style de pensée des Européens de
1789
à 191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, n
508
tables du style de pensée des Européens de 1789 à
191427.
I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvo
509
style de pensée des Européens de 1789 à 191427.
I
. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvons l
510
de la Révolution française. Dans son discours du
15
mai 1790, Robespierre a cette formule parfaite : Il est de l’intérêt
511
Révolution française. Dans son discours du 15 mai
1790,
Robespierre a cette formule parfaite : Il est de l’intérêt des natio
512
la paix universelle et qui représente la liberté.
Deux
ans plus tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide de célébrer l
513
qui représente la liberté. Deux ans plus tard, le
9
novembre 1792, la Convention décide de célébrer les victoires de l’ar
514
nte la liberté. Deux ans plus tard, le 9 novembre
1792,
la Convention décide de célébrer les victoires de l’armée de la Liber
515
ples. Déjà, le Patriote français avait publié le
15
décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte » de la Raison anticlér
516
le Patriote français avait publié le 15 décembre
1791,
cet appel à la « guerre sainte » de la Raison anticléricale : La gue
517
alière et chancelante. (Discours à la Convention,
26
avril 1793.) Mais ce libéralisme universel vire sans transition au c
518
chancelante. (Discours à la Convention, 26 avril
1793.
) Mais ce libéralisme universel vire sans transition au collectivisme
519
in, l’être suprême, fera justice tôt ou tard. Le
21
avril 1792, Cloots avait remis à la Convention un ouvrage intitulé la
520
e suprême, fera justice tôt ou tard. Le 21 avril
1792,
Cloots avait remis à la Convention un ouvrage intitulé la République
521
ées de l’ouvrage intitulé L’État commercial fermé
28,
qui parut en 1800. Les peuples du monde antique étaient séparés les
522
intitulé L’État commercial fermé 28, qui parut en
1800.
Les peuples du monde antique étaient séparés les uns des autres d’u
523
et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer vers
1800
: ne fut-ce que par la collusion de la science et des nationalismes,
524
ntera toujours comme une « défense de nos foyers »
30,
il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la première en da
525
e vocation, passant des personnes aux nations.
II
. nation et Liberté, ou le grand paradoxe de 1848 Mais cet État-nat
526
II. nation et Liberté, ou le grand paradoxe de
1848
Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont
527
agique malentendu, les poètes de la génération de
48
furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils croient
528
divergence vertigineuse, qui devait nous mener à
1914.
Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et des romantique
529
à l’Europe si elle abandonne ces peuples ! Voici
deux
textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongrois
530
donne ces peuples ! Voici deux textes brefs comme
deux
cris, échappés au chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth, qui pu
531
i fut tué dans un combat. Kossuth, à Bruxelles en
1859
: Je me bornerai à dire que la Hongrie est la Hongrie depuis le ixe
532
selle de la Russie. Et Petőfi, dans son poème de
1848
intitulé « Silence de l’Europe » : L’Europe se tait… Honte à cette E
533
, qui fut mêlé aux conspirations républicaines de
1833,
exilé à Paris et à Bruxelles, puis réhabilité par le Piémont dont il
534
s diverses chrétientés nationales écrivait-il en
1843,
dans un ouvrage publié à Bruxelles : De la primauté morale et civile
535
librer », et en fait se neutraliser, la France de
48
se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Europe
536
. Lamartine, ministre des Affaires étrangères en
1848,
tient à rassurer l’Europe sur les intentions de la nouvelle Républiqu
537
rd, d’opérer la « transfiguration » des idéaux de
48
en un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi — mais
538
nt contempler à Paris l’Exposition universelle de
1867,
il a des phrases qui découragent la critique : Ces yeux saturés de n
539
Elle s’appellera l’Europe au xxe siècle et, aux
siècles
suivants, plus transfigurée encore, elle s’appellera l’Humanité. L’Hu
540
siècle, c’est à la formation de l’Europe.32 En
1875,
un professeur de droit international, Johann Gaspar Bluntschli, décla
541
s nationalismes » préconisée par les prophètes de
48,
évoque l’idée d’une amicale universelle des Misanthropes ou d’une mut
542
rocessus, illustré par toutes les grandes voix de
48,
et de la période qui suit, à l’Est comme à l’Ouest, et en Suisse comm
543
ement que la Russie pourra devenir européenne. En
1837,
paraît le premier numéro de la revue des slavophiles, partisans d’un
544
ce que pensera Dostoïevski, et ce qu’il exprimera
cent
fois dans son Journal d’un écrivain, gazette qu’il publie seul, à int
545
qu’il publie seul, à intervalles irréguliers, en
1876
et 1877. L’avenir de l’Europe appartient à la Russie. La plus haute
546
ublie seul, à intervalles irréguliers, en 1876 et
1877.
L’avenir de l’Europe appartient à la Russie. La plus haute parmi les
547
laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent ».
III
. Les prophètes de la catastrophe Le grand historien allemand Léopo
548
à sa fameuse conférence prononcée en Sorbonne le
11
mars 1882 sur le thème : « Qu’est-ce qu’une nation ? » il écrit : Un
549
meuse conférence prononcée en Sorbonne le 11 mars
1882
sur le thème : « Qu’est-ce qu’une nation ? » il écrit : Une nation,
550
l’assentiment de ses différentes parties, compte
trois
ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à l
551
iment de ses différentes parties, compte trois ou
quatre
langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue :
552
n « patriotisme jovial et solennel ». Voici entre
cent
pages du même ton, quelques extraits tirés de Par-delà le bien et le
553
mes un peu profonds et d’esprit large qu’a vus ce
siècle
ont tendu vers ce but unique du travail secret de leur âme : ils voul
554
oute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce
siècle
, Sorel n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un sombre dépit prophét
555
ope ! Pourquoi lui cacher ce qui l’attend ? Avant
dix
ans, elle sombrera dans la guerre et l’anarchie, comme elle a toujour
556
guerre et l’anarchie, comme elle a toujours fait
deux
ou trois fois par siècle. … Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Po
557
et l’anarchie, comme elle a toujours fait deux ou
trois
fois par siècle. … Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Pourquoi vo
558
comme elle a toujours fait deux ou trois fois par
siècle
. … Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Pourquoi voulez-vous qu’il
559
le feu ; que diable ! Prenez-en votre parti !
IV
. Liquidation de l’Europe des nations Sorel, qui parlait en 1908 de
560
de l’Europe des nations Sorel, qui parlait en
1908
de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », e
561
de l’Europe des nationalismes. Et c’est à lui que
1914
donnera raison. Car 1914 sonne le glas non de l’Europe, certes, mais
562
smes. Et c’est à lui que 1914 donnera raison. Car
1914
sonne le glas non de l’Europe, certes, mais de l’Europe des nations e
563
u dogme sacro-saint de la souveraineté totale.
27.
Les citations qui suivent sont extraites d’une Anthologie encore in
564
, dans laquelle j’ai groupé et commenté plusieurs
centaines
de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene
565
s de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours.
28.
Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris, 1
566
Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris,
1940.
29. Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30.
567
staat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris, 1940.
29.
Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30. « On
568
Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters,
1804-1805.
30. « On dirait qu’il appelle foyers tous les endroits où il a porté
569
undzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805.
30.
« On dirait qu’il appelle foyers tous les endroits où il a porté le f
570
il a porté le feu », remarque Benjamin Constant.
31.
Article intitulé le Droit et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Av
571
nstant. 31. Article intitulé le Droit et la Loi,
1875.
32. Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terr
572
31. Article intitulé le Droit et la Loi, 1875.
32.
Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terribles
573
et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir,
1867.
33. Cf. supra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine. 34. Jean
574
Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir, 1867.
33.
Cf. supra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine. 34. Jean Vario
575
upra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine.
34.
Jean Variot, Propos de Georges Sorel, Paris, 1935. p. Rougemont Den
576
34. Jean Variot, Propos de Georges Sorel, Paris,
1935.
p. Rougemont Denis de, « Le nationalisme et l’Europe », La Table ro
577
alisme et l’Europe », La Table ronde, Paris, mars
1960,
p. 9-26.
578
ure européenne comparée aux autres cultures (juin
1960
)s t C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé
579
ropéenne ont coutume d’affirmer simultanément les
deux
propositions contradictoires que voici : primo ; il n’y a pas de cult
580
ent dans le reste du monde. Comment expliquer ces
deux
attitudes négatives, d’ailleurs contradictoires, et sans doute absurd
581
imitable saveur que l’on ne trouve qu’à soi-même »
35
et que je ne trouve qu’à l’Europe. Poussons plus loin le paradoxe (ju
582
de se former de nos jours, nous voyons se dégager
deux
formules bien distinctes. Dans certaines cultures, surtout antiques,
583
Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
trois
villes illustres, du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. N
584
erses, hétérogènes, se sont produits au cours des
siècles
autant de conflits non encore résolus que de synthèses fécondes, mais
585
ntier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
5
% des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines cul
586
ation ou de réglementation forcée. Comparée à ces
deux
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédi
587
nnes, à développer ce que je voudrais appeler les
trois
vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
588
bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces
trois
vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
589
la simple véracité, et du recours aux preuves par
neuf
. Veuillez songer cependant que l’Asie et l’Afrique ignorent cette exi
590
l acharné que nous nous sommes imposé pendant des
siècles
, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien
591
peuplades africaines ou chez les « apparatchiks »
36
de l’URSS, ni dans les masses de l’Inde, du Sud-Est asiatique ou de l
592
e périmé. Si j’ai cru bon de mettre en valeur ces
trois
vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulement parce qu’elles
593
? Je n’en crois rien. Il existe sur notre planète
trois
régions comparables du point de vue de la pression démographique, c’e
594
n’ont pas produit les mêmes conséquences dans ces
trois
régions. Le rayonnement mondial de la Chine est resté faible, celui d
595
Et, à partir de ces condensations prodigieuses de
siècles
et de continents que sont leurs musées, ils ont élaboré les préalable
596
e de la faire, pour l’ensemble du genre humain.
35.
Paul Valéry. 36. Membres de l’Appareil, des cadres du régime. 37.
597
r l’ensemble du genre humain. 35. Paul Valéry.
36.
Membres de l’Appareil, des cadres du régime. 37. L’Aventure occide
598
36. Membres de l’Appareil, des cadres du régime.
37.
L’Aventure occidentale de l’homme , 1957. s. Rougemont Denis de,
599
égime. 37. L’Aventure occidentale de l’homme ,
1957.
s. Rougemont Denis de, « Originalité de la culture européenne compa
600
Caractère et culture de l’Europe, Amsterdam, juin
1960,
p. 28-34. t. Texte très proche, mais non sans variantes, de celui pu
601
antes, de celui publié sous le même titre en août
1960.
602
e la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet
1960
)u Au terme d’une semaine d’échanges intellectuels d’une exceptionn
603
l’inspirent. Le plus simple sera de reprendre les
trois
termes qui forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous somm
604
l a tenu des réunions successivement dans plus de
vingt-cinq
pays sur les cinq continents — mais voici le point important : ce Con
605
ccessivement dans plus de vingt-cinq pays sur les
cinq
continents — mais voici le point important : ce Congrès n’est pas un
606
s après leur première conférence à Berlin, il y a
dix
ans, ils décidèrent de se grouper afin de créer ainsi, en cas d’urgen
607
e dans les pays techniquement non développés) des
centaines
de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouve
608
ys techniquement non développés) des centaines de
millions
d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouver un sens à
609
est plus seulement initiation mais invention. Ces
deux
aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homm
610
contacts d’autre part entre les représentants des
cinq
ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui
611
d’autre part entre les représentants des cinq ou
six
cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui : leurs
612
our la liberté de la culture, Paris, juin–juillet
1960,
p. 2.
613
La liberté et le sens de la vie (
8
juillet 1960)v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces co
614
La liberté et le sens de la vie (8 juillet
1960
)v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libe
615
e dans les pays techniquement non développés) des
centaines
de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouve
616
ys techniquement non développés) des centaines de
millions
d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouver un sens à
617
est plus seulement initiation mais invention. Ces
deux
aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homm
618
contacts d’autre part entre les représentants des
cinq
ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui
619
d’autre part entre les représentants des cinq ou
six
cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui : leurs
620
a recherche d’une sagesse globale. Voilà pour les
trois
termes qui forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre
621
ion de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis
dix
ans, s’élargissant progressivement aux dimensions du monde entier, es
622
de l’Afrique, de l’Asie, du Proche-Orient et des
deux
Amériques ; mais ceci dans la perspective qui nous est propre : celle
623
ns de la vie », France catholique, Paris, juillet
1960,
p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est ten
624
, France catholique, Paris, juillet 1960, p. 1 et
6.
w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin
625
60, p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du
16
au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international p
626
1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au
22
juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international pour la
627
Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le
3e
Congrès international pour la liberté de la culture. Parmi les délégu
628
ure européenne comparée aux autres cultures (août
1960
)x y C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé
629
ropéen. Examinons d’un peu plus près ce paradoxe.
I
. Les intellectuels sceptiques et les adversaires déclarés (ou non) de
630
ropéenne ont coutume d’affirmer simultanément les
deux
propositions contradictoires que voici. Ils affirment primo : qu’il n
631
ent dans le reste du monde. Comment expliquer ces
deux
attitudes négatives, d’ailleurs contradictoires, je le répète, et san
632
itable saveur que l’on ne trouve qu’à l’Europe38.
2.
Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où nous allons le voir
633
s tentent d’imposer à la culture de leurs sujets.
3.
Esquissons cette comparaison, limitée pour l’instant aux formules d’u
634
de se former de nos jours, nous voyons se dégager
deux
formules bien distinctes. Dans certaines cultures, surtout antiques,
635
Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
trois
villes illustres, du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. N
636
erses, hétérogènes, se sont produits au cours des
siècles
autant de conflits non encore résolus que de synthèses fécondes, mais
637
ntier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
5
% des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines cul
638
e et sans rival dans les annales du genre humain.
4.
En dépit de ce que je viens de dire sur la complexité indescriptible
639
ation ou de réglementation forcée. Comparée à ces
deux
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédi
640
nnes, à développer ce que je voudrais appeler les
trois
vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
641
bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces
trois
vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
642
la simple véracité, et du recours aux preuves par
neuf
. L’Asie et l’Afrique ignorent cette exigence de l’objectivité, et pro
643
l acharné que nous nous sommes imposé pendant des
siècles
, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien
644
Et, à partir de ces condensations prodigieuses de
siècles
et de continents, ils ont élaboré les préalables d’une science compar
645
rope dépend de son union. L’union de l’Europe, en
1946,
avait un but précis et limité : empêcher les Français et les Allemand
646
e de la faire, pour l’ensemble du genre humain.
38.
Si l’on me permet de paraphraser ainsi un vers fameux de Paul Valéry.
647
s cultures », Schweizer Monatshefte, Zurich, août
1960,
p. 506-516. y. Texte très proche, mais non sans variantes, de celui
648
antes, de celui publié sous le même titre en juin
1960.
649
Une fusée à
trois
étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)z L’idée d’
650
étages : bref historique de la Fondation (octobre
1960
)z L’idée d’une Fondation européenne fut exposée pour la première f
651
lon Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. C’était le
14
novembre 1953. Une quinzaine de personnalités de la banque, de l’indu
652
, à Saint-Germain-en-Laye. C’était le 14 novembre
1953.
Une quinzaine de personnalités de la banque, de l’industrie, de la po
653
a tenu le premier rang dans le monde pendant des
siècles
, elle l’a dû à sa faculté de créer des valeurs morales, des structure
654
une culture. Le Club européen se réunit encore à
trois
reprises, au cours de l’année suivante, pour discuter et mettre au po
655
ment et les statuts de l’institution projetée. Le
16
décembre 1954, au Centre européen de la culture, à Genève, les statut
656
statuts de l’institution projetée. Le 16 décembre
1954,
au Centre européen de la culture, à Genève, les statuts de la Fondati
657
ar MM. Robert Schuman, agissant comme président ;
D.
de Rougemont, agissant comme secrétaire ; H. Brugmans, F. Marinotti,
658
Silva, G. Villiers et le Baron van Zeeland, — ces
huit
personnes constituant le premier noyau du Conseil des gouverneurs de
659
e session plénière du Conseil des gouverneurs, le
11
mai 1955, à Genève, S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas voulut b
660
on plénière du Conseil des gouverneurs, le 11 mai
1955,
à Genève, S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas voulut bien accept
661
tivités paraîtraient effectives et convaincantes.
Deux
départements spécialisés furent donc créés sans plus attendre : celui
662
opéenne (dont l’exécution devait être confiée dès
1956
au CEC) et le second commanda des œuvres nouvelles à six jeunes compo
663
CEC) et le second commanda des œuvres nouvelles à
six
jeunes compositeurs, auxquels des bourses furent décernées. Un comité
664
. Lors de la réunion des gouverneurs à Genève, le
16
mars 1957, il fut convenu que la Fondation établirait son siège d’opé
665
e la réunion des gouverneurs à Genève, le 16 mars
1957,
il fut convenu que la Fondation établirait son siège d’opérations à A
666
ions qui pouvaient résulter de la cohabitation de
deux
institutions, déjà statutairement distinctes et de fonctions très dif
667
ais volontiers cette opération à la mise à feu du
2e
étage d’une fusée de l’espace, se séparant au moment voulu du premier
668
Le premier de ces congrès se tint à Amsterdam en
1957,
le second à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un sémin
669
se tint à Amsterdam en 1957, le second à Milan en
1958
et le troisième à Vienne, en 1959. Un séminaire pour « jeunes respons
670
cond à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en
1959.
Un séminaire pour « jeunes responsables » et une table ronde des inst
671
ront de nouveau lors du congrès de Copenhague, en
1960.
La table ronde est destinée à permettre une meilleure coordination de
672
ncipales institutions culturelles existantes. Dès
1960,
elle compte répartir entre ses membres des subventions et des bourses
673
t venu, pour la Fondation, de « mettre à feu » le
3e
et dernier étage : celui de l’aide effective aux efforts culturels te
674
sième étape. Si notre Fondation atteint ainsi, en
1960,
le but qu’elle s’était fixé au départ, ce succès se trouvera coïncide
675
l’année. z. Rougemont Denis de, « Une fusée à
trois
étages : bref historique de la Fondation », Caractère et culture de l
676
actère et culture de l’Europe, Amsterdam, octobre
1960,
p. 5-6.
677
Tristan et Iseut à travers le temps (
1961
)aa ab I. Qui d’entre vous ne se souvient de cette première ph
678
stan et Iseut à travers le temps (1961)aa ab
I
. Qui d’entre vous ne se souvient de cette première phrase du Trist
679
extrême, de quelques-uns des grands érudits de ce
siècle
, Gaston Paris et Joseph Bédier en premier lieu, Reto Bezzola et Gottf
680
Gottfried Weber plus récemment, et puis entre ces
deux
générations, Ernest Vinaver — que vous célébrez aujourd’hui. En resti
681
nde de Tristan, qui remontent aux xiie et xiiie
siècles
, expriment bien autre chose qu’un thème romanesque, — fût-il même le
682
i celle de l’intellect, encore qu’elle tienne aux
deux
, c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme o
683
e, c’est-à-dire de l’amour-réalité, se rattachent
deux
grandes traditions de la culture occidentale : le romantisme et le ro
684
ologique de la dégradation du mythe, au cours des
siècles
, inclinerait à cette conclusion. Elle consisterait à montrer la dégra
685
conclusion du mythe de Tristan : ce qui se passe
trois
jours après la mort d’amour. Iseut n’évoque-t-elle point cette forme
686
e saurait s’aimer soi-même, puisqu’« il faut être
deux
pour aimer », comme dit la sagesse populaire. Aimer vraiment, ce sera
687
e de langue et littérature françaises, Bruxelles,
1961,
p. 214-221. ab. Précédé de la note suivante : « Le fauteuil où il es
688
uand elle eut appris que tel était le dessein des
deux
orateurs, l’Académie s’avisa de compléter ces exposés de deux philolo
689
s, l’Académie s’avisa de compléter ces exposés de
deux
philologues sur la grande œuvre médiévale en invitant à sa tribune, p
690
Nos meilleurs esprits (
1961
)ad Dans un film naguère célèbre, Orson Welles assurait que la Suis
691
Sa boutade est moins sotte qu’elle n’en a l’air.
Trois
raisons l’excusent à mes yeux, sans la justifier pour autant. Et tout
692
par sa réputation mondiale, pas une personne sur
mille
, prise dans la rue, n’aura jamais entendu ce nom. En revanche, les no
693
’on lui donnera sont inconnus hors du canton. Ces
trois
points appelleraient d’infinis commentaires, un livre entier : imagin
694
près. Compartiments est le mot-clé de la Suisse.
Vingt-cinq
États distincts quoique sans frontières visibles ; deux confessions m
695
tats distincts quoique sans frontières visibles ;
deux
confessions majeures et trente-six sectes, qui se côtoient partout ma
696
rontières visibles ; deux confessions majeures et
trente-six
sectes, qui se côtoient partout mais qui s’ignorent ; je ne sais comb
697
a de l’un à l’autre en une demi-heure, parfois en
deux
minutes comme il arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres : la
698
itales ; qu’un troisième a donné à l’Amérique les
deux
plus grands ponts « in the world », le Golden Gate et le Washington B
699
qui leur manquent. Paracelse était Suisse, comme
C.
G. Jung, et Rousseau comme Jacob Burckhardt, et Madame de Staël comme
700
de Staël et Benjamin Constant à Paris. Quant à un
C.
G. Jung, à un C. F. Ramuz, à un Karl Barth ou à un Jean Piaget, qui o
701
min Constant à Paris. Quant à un C. G. Jung, à un
C.
F. Ramuz, à un Karl Barth ou à un Jean Piaget, qui ont surtout vécu e
702
ample, dont je n’indique ici que le thème : un ou
deux
exceptés (et cela se discuterait) ils furent tous, à des titres diver
703
eurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum
70.
Geburtstag von Carl J. Burckhardt, München, Georg D. W. Callwey, 1961
704
Carl J. Burckhardt, München, Georg D. W. Callwey,
1961,
p. 343-346.
705
Culture et technique (juillet
1961
)ae af L’économie occidentale d’aujourd’hui est dominée par l’indus
706
question que je me pose. J’y répondrai en citant
trois
faits qui ont l’avantage d’être connus de tous. Fait n° 1. Pour la p
707
ui ont l’avantage d’être connus de tous. Fait n°
1.
Pour la première fois dans l’histoire, une civilisation devient vraim
708
ent, en tout cas à l’Occident politique. Fait n°
2.
Presque partout, on manque de techniciens, d’ingénieurs et de contrem
709
glo-Saxons nomment encore les humanités. Fait n°
3.
Depuis plusieurs dizaines d’années, les plus grands penseurs de l’Eur
710
ncore les humanités. Fait n° 3. Depuis plusieurs
dizaines
d’années, les plus grands penseurs de l’Europe et des États-Unis, sui
711
uter de son bon droit, et à diviser ses forces en
deux
camps : d’une part, ceux qui sont prêts à sacrifier la culture généra
712
Vinci. Le motif onirique du vol, attesté par des
centaines
d’auteurs depuis trois-mille ans, est de toute évidence antérieur à t
713
âge des fugues. Le jeune Henry Ford le réalisa en
1893,
quelques années après que l’Allemand Otto eut inventé le moteur à exp
714
hiers, historien et ministre français, déclare en
1833
que la locomotive est « une simple amusette scientifique ».) Plus tar
715
s physiques. Les très grandes inventions de notre
siècle
vérifient, en revanche, une fois de plus, la thèse du rêve créateur :
716
t Vénus me suffira. Les plus grandes sommes — des
milliards
de dollars — que dépensent nos plus grands États, sont affectées à la
717
et encore moins les besoins matériels — quand les
2
/3 de l’humanité souffrent la faim — mais c’est un rêve, un rêve unive
718
encore moins les besoins matériels — quand les 2/
3
de l’humanité souffrent la faim — mais c’est un rêve, un rêve univers
719
ons vus, les images du divin que nous livrent les
siècles
de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve
720
tage de nous faire mieux comprendre la nature des
deux
dangers majeurs que la technique risque de créer dans ce siècle : le
721
majeurs que la technique risque de créer dans ce
siècle
: le danger — que je crois illusoire — de la mise en esclavage des Oc
722
ut même une douloureuse tragédie depuis plus d’un
siècle
pour une partie de nos populations occidentales, ce fut le sort du tr
723
— l’homme attaché au service des machines jusqu’à
seize
heures par jour, dès sa jeunesse, puis l’homme taylorisé, travaillant
724
vail moyen à l’usine ou au bureau, obtenue depuis
trois
quarts de siècle, est d’environ deux-mille heures par an aux États-Un
725
sine ou au bureau, obtenue depuis trois quarts de
siècle
, est d’environ deux-mille heures par an aux États-Unis. Ce chiffre se
726
lite, mais d’une masse importante de techniciens.
Deux
exemples : la France déclare qu’elle manque dès aujourd’hui d’environ
727
déclare qu’elle manque dès aujourd’hui d’environ
cinquante
mille techniciens et ingénieurs. Quant à l’URSS, elle subordonne tout
728
u’elle manque dès aujourd’hui d’environ cinquante
mille
techniciens et ingénieurs. Quant à l’URSS, elle subordonne toute son
729
on technique. Cette formation obligatoire absorbe
67
% du temps d’étude, et ne laisse à peu près aucune place à la culture
730
nique. L’ère nouvelle exigera, c’est entendu, des
dizaines
de milliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseigne
731
nouvelle exigera, c’est entendu, des dizaines de
milliers
d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur
732
leur seule formation spécialisée, il en résultera
1°
que nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que
733
1° que nous aurons moins de grands inventeurs et
2°
que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement so
734
es — je tirerai maintenant quelques conclusions :
1.
Gardons-nous d’opposer théoriquement la culture et la technique comme
735
culture et la technique comme s’il s’agissait de
deux
entités indépendantes et au surplus rivales. Nous avons vu que leurs
736
grâce aux paperbacks, d’un supplément posthume de
200
000 lecteurs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-nous d’op
737
e aux paperbacks, d’un supplément posthume de 200
000
lecteurs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-nous d’oppose
738
eption simpliste. Je demandais un jour à l’un des
trois
physiciens qui ont réalisé la fission de l’atome comment il travailla
739
actère et culture de l’Europe, Amsterdam, juillet
1961,
p. 5-9. af. Présenté par cette note : « Avec la clarté de l’écrivain
740
. Auteur d’une vingtaine de volumes — traduits en
douze
langues — directeur du Centre européen de la culture, engagé dans le
741
Le Temps de la louange (été
1961
)ac Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelqu
742
nge (été 1961)ac Notre rencontre date de l’été
1947,
à Paris. Nous étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatr
743
étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers
quatre
heures du matin, et je tirais les cartes. Un grand et fort garçon, da
744
c’est que nous aurions beaucoup à faire ensemble.
Deux
ans plus tard, il devenait mon collaborateur le plus actif et imagina
745
e Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur
cent
à l’agrégation d’allemand, traducteur incomparable de Keyserling et d
746
de la louange », Cahiers des saisons, Paris, été
1961,
p. 21-24.
747
Jonas [préface] (
1962
)at Jean-Paul de Dadelsen était alsacien, né à Strasbourg, et son p
748
e Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur
cent
à l’agrégation d’allemand, traducteur incomparable de Keyserling et d
749
Dadelsen, Jonas », dans Jonas, Paris, Gallimard,
1962,
p. 11-12.
750
Calvin (
1962
)ag Jean Calvin naît le 10 juillet 1509 à Noyon, d’une famille de b
751
Calvin (1962)ag Jean Calvin naît le
10
juillet 1509 à Noyon, d’une famille de bourgeoisie aisée. Il reçoit u
752
Calvin (1962)ag Jean Calvin naît le 10 juillet
1509
à Noyon, d’une famille de bourgeoisie aisée. Il reçoit une bonne inst
753
ourges étudier le droit. Quand son père meurt, en
1531,
il réalise sa part d’héritage, vend ses bénéfices, et ne s’occupe plu
754
il écrit L’Institution chrétienne qu’il publie en
1536.
Après un séjour à Ferrare, il est retenu à Genève par Guillaume Farel
755
organiser l’Église. Chassé par les magistrats en
1538,
Calvin s’en va à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540
756
à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève en
1540,
il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Chr
757
1540, il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le
27
mai 1564. Œuvres. Christianae religionis institutio (1536). Traducti
758
l y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai
1564.
Œuvres. Christianae religionis institutio (1536). Traduction françai
759
1564. Œuvres. Christianae religionis institutio (
1536
). Traduction française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol.,
760
gionis institutio (1536). Traduction française en
1541
et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet ave
761
nstitutio (1536). Traduction française en 1541 et
1559.
(Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet avec un réce
762
n française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en
59
vol., 1863-1900.) Si l’on admet avec un récent manifeste39 que « l’é
763
se en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol.,
1863-1900.
) Si l’on admet avec un récent manifeste39 que « l’écrivain, dans la
764
a gloire d’avoir aussi bien écrit qu’homme de son
siècle
», mais ce n’était pas pour faire de la littérature : c’était pour en
765
enir en jeu, comme on dit. L’aventure se noue en
1535,
année cruciale où, tandis que paraissent trois grandes traductions de
766
en 1535, année cruciale où, tandis que paraissent
trois
grandes traductions de la Bible (en Allemagne, celle de Luther, en An
767
rançais l’épître liminaire au roi de France. Il a
vingt-cinq
ans. Il vient d’élaborer en quelques mois, — « dans des veilles mémor
768
urgie, qu’il met en vers pour être mieux chantée.
Trois
ans s’écoulent et sa pensée mûrit, mais voilà Genève qui le rappelle.
769
’Occident une éthique sociale et civique, un type
neuf
de relations politiques, enfin des formes de gouvernement qui ont mar
770
e, mais il a fomenté les chefs qui ont appris aux
siècles
futurs qu’il n’est pas de liberté concrète qui ne soit responsable en
771
oire déifiée mais qu’il en appelait à son juge.
39.
Introduction à la Nouvelle NRF, 1953. ag. Rougemont Denis de, « Cal
772
à son juge. 39. Introduction à la Nouvelle NRF,
1953.
ag. Rougemont Denis de, « Calvin », Tableau de la littérature franç
773
lvin », Tableau de la littérature française, vol.
I
, Paris, Gallimard, 1962, p. 276-281.
774
littérature française, vol. I, Paris, Gallimard,
1962,
p. 276-281.
775
Le règne de Victoria (
1962
)ah Sous le règne de Victoria les lettres et les arts prospèrent, l
776
elques mois, à la cour de San Isidro : c’était en
1941.
Je venais des États-Unis, où la guerre en Europe m’avait projeté hors
777
s rencontres avec Victoria dataient tout juste de
deux
ans auparavant. Elles restent liées dans ma mémoire avec tout ce que
778
ne sagesse orientée par la Femme, comme Goethe et
C.
G. Jung l’ont annoncé. Quelques-uns l’ont appris de Victoria, non par
779
ration dans l’amitié. Ferney-Voltaire (Ain), juin
1962.
ah. Rougemont Denis de, « Le règne de Victoria », Testimonios sobr
780
os sobre Victoria Ocampo, Buenos Aires, La Fleur,
1962,
p. 318-320.
781
La culture et l’union de l’Europe (avril
1962
)ai S’il est question d’intégration européenne et qu’on lui parle d
782
-à-dire le Marché commun ? Le traité de Rome, les
Six
, les accords agricoles, la candidature britannique, voilà le solide e
783
er ici, d’une manière aussi simple que possible :
1°
que l’Europe unie est beaucoup plus que le Marché commun, moyen néces
784
commun, moyen nécessaire mais non pas suffisant ;
2°
que le Marché commun serait impensable (et au surplus n’aurait jamais
785
dans une longue tradition culturelle européenne ;
3°
que cette tradition, éclairant la conjoncture actuelle, exige la créa
786
rope fédérale, et non pas d’une Europe unitaire ;
4°
que le fédéralisme et la culture s’appellent et se conditionnent réci
787
s’appellent et se conditionnent réciproquement ;
5°
enfin, que l’Europe, sans sa culture, ne serait pas l’Europe mais un
788
rtout de comparer la dotation globale des quelque
40
000 fondations américaines, qui se chiffre en milliards de dollars, a
789
ut de comparer la dotation globale des quelque 40
000
fondations américaines, qui se chiffre en milliards de dollars, avec
790
40 000 fondations américaines, qui se chiffre en
milliards
de dollars, avec celle des quelque 300 fondations culturelles existan
791
e en milliards de dollars, avec celle des quelque
300
fondations culturelles existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’e
792
s existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’en
millions
de francs, marks ou florins. Mais quelle que soit sa popularité, cett
793
iale, et si elle est encore aujourd’hui l’une des
trois
grandes puissances de la planète, ce n’est pas à ses richesses nature
794
aturelles qu’elle le doit : simple cap de l’Asie (
4
% des terres émergées du globe), un peu moins peuplée que l’Inde et b
795
le cœur et le cerveau de la planète, pour plus de
cinq
siècles déjà, — et c’est bien loin d’être fini ! Selon la plus célèbr
796
ur et le cerveau de la planète, pour plus de cinq
siècles
déjà, — et c’est bien loin d’être fini ! Selon la plus célèbre équati
797
ap de l’Asie x culture intensive Un combat sur
deux
fronts Que veut dire, dans ces conditions, l’expression courant :
798
: « faire l’Europe » ? L’Europe existe depuis des
millénaires
. Il n’est pas question de la créer ; mais simplement, les circonstanc
799
un théoricien de l’économie peuvent vous faire en
trois
jours un plan géométrique d’unification rigoureuse du continent, supp
800
ergi, Briand et Churchill, de nos jours, — depuis
six
siècles donc, les meilleurs esprits et les meilleurs hommes politique
801
, Briand et Churchill, de nos jours, — depuis six
siècles
donc, les meilleurs esprits et les meilleurs hommes politiques du con
802
vraiment un dialogue culturel. La synthèse de ces
deux
doctrines, c’est l’attitude fédéraliste : l’union dans la diversité.
803
dans la diversité. Il faut prendre au sérieux les
deux
termes ensemble. Tel est le secret spirituel de notre avenir. L’énerg
804
hire et s’étiole : c’est ce qui s’est produit par
deux
fois dans la génération à laquelle j’appartiens, et l’Europe a risqué
805
e détruit l’Europe spirituellement. Le combat sur
deux
fronts pour une Europe unie, mais unie dans ses diversités, — voilà l
806
re Fondation entend soutenir, doit comprendre les
deux
tâches suivantes : 1° organiser la coopération des forces culturelles
807
enir, doit comprendre les deux tâches suivantes :
1°
organiser la coopération des forces culturelles au-delà des frontière
808
s culturelles au-delà des frontières nationales ;
2°
créer un état d’esprit favorable à l’avènement d’une union fédérale,
809
ns des responsabilités sociales d’autre part. Ces
deux
grandes tâches, je le répète, sont vitales et elles relèvent de la cu
810
rs et des publicistes, des enseignants enfin (aux
trois
degrés orientés vers l’Europe unie) ne sont pas fortement soutenus dè
811
aractère et culture de l’Europe, Amsterdam, avril
1962,
p. 9-13.
812
Journal d’un témoin (
23-24
juin 1962)aj ak Dans l’ouvrage si opportun que La Tribune de Genèv
813
Journal d’un témoin (23-24 juin
1962
)aj ak Dans l’ouvrage si opportun que La Tribune de Genève vient de
814
oppèrent en Suisse pendant la crise de mai à août
1940.
Il insiste notamment sur la fameuse « ligue des officiers », affaire
815
uotidienne à leur troupe. C’était au mois de mars
1940.
L’un de mes premiers projets de plan révèle l’idée qui me hantait à c
816
aint-Gothard dès les débuts de notre histoire. Le
11
mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Hollande, une nouvelle
817
à la première heure d’une agression allemande les
70
chefs de quartier nazis qui opèrent dans la Ville fédérale. Des camio
818
t, d’après mes notes de journal de l’époque. ⁂ Le
3
juin 1940al À Radio-Lausanne, pour l’émission nationale, Theophil Sp
819
rès mes notes de journal de l’époque. ⁂ Le 3 juin
1940al
À Radio-Lausanne, pour l’émission nationale, Theophil Spoerri, de l’
820
récautions — avant d’avoir calculé la dépense. Le
12
juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille.
821
ns — avant d’avoir calculé la dépense. Le 12 juin
1940
Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri in
822
e idée qui s’incarne, qui « prend corps ». Samedi
15
juin 1940 À 11 heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. «
823
ui s’incarne, qui « prend corps ». Samedi 15 juin
1940
À 11 heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. « Mon premi
824
carne, qui « prend corps ». Samedi 15 juin 1940 À
11
heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. « Mon premier-li
825
Je suis resté immobile un long moment. J’ai écrit
deux
pages sur la confrontation d’Hitler et de Paris, les ai recopiées et
826
censure vous permettent de publier cela. » Lundi
17
juin 1940 au soir Faisons le point, bon exercice pour rester maître d
827
vous permettent de publier cela. » Lundi 17 juin
1940
au soir Faisons le point, bon exercice pour rester maître de soi-même
828
core. Au milieu de la nuit dernière, réveillé par
deux
détonations qui semblaient provenir de la forêt. Me suis levé pensant
829
serais alerté par téléphone. Peu dormi, et levé à
six
heures. Avant d’entrer à mon bureau, près de la gare, acheté comme ch
830
istoires, paraît-il. Mais rien de nouveau jusqu’à
six
heures. Je me prépare à sortir. Sonnerie du téléphone. On va me parle
831
ures tapantes au bureau, surtout. Notre projet du
6
juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour le 22 juin
832
cise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour le
22
juin les dix personnes que nous avons « contactées » ces jours dernie
833
ttu est en train de convoquer pour le 22 juin les
dix
personnes que nous avons « contactées » ces jours derniers. Secret bi
834
ef délai de manifestations plus énergiques. Mardi
18
juin 1940 À sept heures précises au bureau. Sur ma table, une note me
835
de manifestations plus énergiques. Mardi 18 juin
1940
À sept heures précises au bureau. Sur ma table, une note me priant de
836
i m’accompagne à la maison, en voiture. J’attends
deux
heures. Une auto militaire vient me prendre. Comparutions diverses. D
837
aj. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin
I
: La Suisse pendant les événements dramatiques de juin 1940 », Tribun
838
Suisse pendant les événements dramatiques de juin
1940
», Tribune de Genève, Genève, 23 juin 1962, p. 1. ak. Précédé du cha
839
tiques de juin 1940 », Tribune de Genève, Genève,
23
juin 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : « Nos lecteurs se
840
e juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 23 juin
1962,
p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : « Nos lecteurs se souviennent
841
Kimche avait signalé la formation durant l’été de
1940
d’un « mouvement de résistance » — il en distingue deux, l’un civil,
842
’un « mouvement de résistance » — il en distingue
deux
, l’un civil, l’autre formé d’officiers — qui entendait barrer la rout
843
tains feuillets de son journal de juin et juillet
1940
qui les éclairent et les expliquent… Nous avons choisi de publier ces
844
ages en cette fin de juin, à peu près à l’époque,
vingt-deux
après, où Denis de Rougemont les vécut. » al. Pour les besoins de ce
845
ier mouvement de résistance : Journal d’un témoin
II
(25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence,
846
mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (
25
juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je n
847
t de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin
1962
)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je ne puis la
848
al d’un témoin II (25 juin 1962)am an Mercredi
19
juin 1940 Atmosphère d’imminence, je ne puis la caractériser mieux. T
849
témoin II (25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin
1940
Atmosphère d’imminence, je ne puis la caractériser mieux. Tout est im
850
ssaires, car je sens qu’on écoute mes téléphones.)
40
Le risque individuel prend sa place normale dans le risque collectif.
851
réoccupation des petites choses précises à faire.
20
juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison d
852
tion des petites choses précises à faire. 20 juin
1940
Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison du Gurten.
853
i-même qui vous condamne au maximum de la peine :
quinze
jours au fort de Saint-Maurice, au pain et à l’eau, sans visites ni c
854
dre un verre, au terme de cette petite cérémonie.
22
juin 1940 Céder à l’ennemi sur le point de la liberté d’expression, n
855
erre, au terme de cette petite cérémonie. 22 juin
1940
Céder à l’ennemi sur le point de la liberté d’expression, n’est-ce po
856
lis les instructions données au général Guisan le
31
août 1939 par le Conseil fédéral : Vous avez pour mission de sauvegar
857
instructions données au général Guisan le 31 août
1939
par le Conseil fédéral : Vous avez pour mission de sauvegarder l’indé
858
té de nous adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin
1940
Repris mon service à la section « Armée et Foyer ». Pendant mes vacan
859
satisfaction. Discuté et corrigé ce texte jusqu’à
cinq
heures du matin, avec les fondateurs, dans une petite salle de café e
860
suisse, sous la responsabilité d’un directoire de
dix
membres. Le manifeste constate que « la Suisse est réduite à elle-mêm
861
es, et d’être Suisses. Ce texte va paraître dans
74
journaux du pays. Dans chacun, nous avons acheté une page entière. (F
862
des officiers — tout ce qu’il possède, paraît-il.
26
juin 1940 Hier, discours de Pilet-Golaz. À propos du cessez-le-feu en
863
ciers — tout ce qu’il possède, paraît-il. 26 juin
1940
Hier, discours de Pilet-Golaz. À propos du cessez-le-feu en France, i
864
s à accéder aux exigences des nazis, formulées en
onze
points. (Point n° 1 : renvoi immédiat des directeurs des trois plus g
865
es des nazis, formulées en onze points. (Point n°
1
: renvoi immédiat des directeurs des trois plus grands journaux suiss
866
(Point n° 1 : renvoi immédiat des directeurs des
trois
plus grands journaux suisses allemands.) D’autres seraient très nette
867
res seraient très nettement « résistants ». Un ou
deux
indécis. Sur la base de ces informations et de leur analyse détaillée
868
dent dans l’histoire des conjurations politiques.
Trois
de ses membres, conduits par le professeur Theo Spoerri, solliciteron
869
. Mais les banderilles ont été plantées. (Note de
1962
: nulle trace de cette démarche dans les archives fédérales. On devai
870
a fois. Finalement, il résista, comme on sait.)
40.
Néanmoins, un sergent de mes amis, syndicaliste, membre fondateur de
871
les rouleaux enregistrant vos conversations ! »
41.
Il s’agit de M. Auguste Lindt, aujourd’hui ambassadeur de Suisse à Wa
872
. am. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin
II
: La Ligue du Gothard, premier mouvement de résistance », Tribune de
873
ement de résistance », Tribune de Genève, Genève,
25
juin 1962, p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin 1940, la dé
874
résistance », Tribune de Genève, Genève, 25 juin
1962,
p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin 1940, la débâcle des a
875
2, p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin
1940,
la débâcle des armées françaises. Au lendemain de l’entrée des Allema
876
La conjuration des officiers en juin
1940
: Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réun
877
des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin
III
(26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers d
878
officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (
26
juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’
879
s en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin
1962
)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. c
880
: Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap
10
juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. chargés de pr
881
d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet
1940
Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. chargés de préparer le mes
882
6 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec
trois
officiers de l’E.-M. G. chargés de préparer le message du 1er août du
883
s de l’E.-M. G. chargés de préparer le message du
1er
août du général. Après quelques heures d’essais peu convaincants — on
884
is sûr qu’il en approuvera la pensée. Fin juillet
1940
Je rédige une brochure intitulée : Qu’est-ce que la Ligue du Gothard
885
r, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour.
25
juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre disposit
886
tres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet
1940
Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre dispositif de défense
887
de impression dans l’armée et dans la population.
1er
août 1940 La section Armée et Foyer publie le message du général. Con
888
sion dans l’armée et dans la population. 1er août
1940
La section Armée et Foyer publie le message du général. Convergence p
889
nt, quand j’ai rédigé ces quelques pages. Mi-août
1940
Réunion du Directoire de la Ligue à Zurich, dans une villa de l’Utlib
890
éjeuner, sur une route presque campagnarde, entre
deux
murs, une voiture militaire ouverte ralentit le long de nos petits gr
891
mes côtés et me dit rapidement : « Soyez prudent.
Quatre
chefs de la Ligue dans l’armée viennent d’être arrêtés, sur l’ordre d
892
uit. Il leur a laissé croire qu’il marchait, et à
6
heures ce matin, les a fait boucler. » Le lieutenant remonte, la voit
893
e n’étais certes plus persona grata. Pourtant, le
16
juillet, Pro Helvetia m’avait renouvelé la demande. J’aurais à faire
894
ussi des conférences. Je proposai, pour voir, les
quatre
sujets suivants : 1) les causes spirituelles du drame européen ; 2) l
895
proposai, pour voir, les quatre sujets suivants :
1
) les causes spirituelles du drame européen ; 2) la mission européenne
896
: 1) les causes spirituelles du drame européen ;
2
) la mission européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ; 4) le théât
897
uropéen ; 2) la mission européenne de la Suisse ;
3
) le fédéralisme ; 4) le théâtre communautaire en Suisse. Le 27 juille
898
ion européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ;
4
) le théâtre communautaire en Suisse. Le 27 juillet, une lettre du Dép
899
lisme ; 4) le théâtre communautaire en Suisse. Le
27
juillet, une lettre du Département politique m’offrait un passeport d
900
ce comme ceux qui sont indiqués sous les chiffres
1
à 3 devraient, par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettr
901
omme ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à
3
devraient, par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettre, s
902
enu plus qu’un symbole. Centre du Réduit national
42
il se dressait vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont nous
903
voilà qui suffit à mes yeux. En ce mois d’août de
1940,
j’estimais qu’elle avait réussi dans la mesure précise où elle devena
904
résistance », inutile. ⁂ L’armée démobilisait les
deux
tiers de ses effectifs. Je me voyais rendu à mes travaux d’écrivain,
905
fait est qu’elles jouèrent dans le même sens. Le
20
août, à 7 heures du matin, je prenais la route de Lisbonne. J’avais a
906
u’elles jouèrent dans le même sens. Le 20 août, à
7
heures du matin, je prenais la route de Lisbonne. J’avais acheté, ava
907
. J’avais acheté, avant de monter dans l’autobus,
trois
journaux du matin et de la veille : tous les trois consacraient leur
908
rois journaux du matin et de la veille : tous les
trois
consacraient leur éditorial au programme de la Ligue. Les notes perso
909
nature à confirmer la description d’ensemble que
M
, Jon Kimche donne de la « crise » consécutive à l’effondrement des Al
910
» consécutive à l’effondrement des Alliés en mai
1940.
Dans le détail, c’est-à-dire dans le concret, les choses se sont pass
911
sur plusieurs points que je relèverai maintenant.
1.
La « ligue des officiers » s’est bien constituée aux dates qu’indique
912
ns d’entre eux dînaient régulièrement à sa table.
2.
Il est probable que la ligue des officiers et la ligue civile naquire
913
euse erreur en confondant la ligue civile de juin
1940
avec ce qu’il appelle tantôt « l’Action nationale de résistance », ta
914
ganisation civile qui apparut durant l’automne de
1940.
L’un de ses chefs, M. Hans Oprecht, me le confirme doublement en me d
915
ison avec les officiers pendant la crise de l’été
1940.
3. L’absence de toute mention de la Ligue du Gothard et la substituti
916
vec les officiers pendant la crise de l’été 1940.
3.
L’absence de toute mention de la Ligue du Gothard et la substitution
917
tuation psychologique qui régnait au mois de juin
1940,
lorsque fut prise la décision de créer le Réduit national. Elle empêc
918
ndre à cette question dans un prochain article.
42.
On se rappelle, en Suisse, que le 25 juillet, le général Guisan convo
919
article. 42. On se rappelle, en Suisse, que le
25
juillet, le général Guisan convoqua tous les officiers supérieurs de
920
. ao. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin
III
: La conjuration des officiers en juin 1940 », Tribune de Genève, Gen
921
témoin III : La conjuration des officiers en juin
1940
», Tribune de Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Précédé du cha
922
iciers en juin 1940 », Tribune de Genève, Genève,
26
juin 1962, p. 1. ap. Précédé du chapeau suivant : « Denis de Rougemo
923
n juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 26 juin
1962,
p. 1. ap. Précédé du chapeau suivant : « Denis de Rougemont retrace
924
des succès nazis (voir La Tribune de Genève des
23
et 25 juin). Rappelons, pour la compréhension de cet article, que l’a
925
uccès nazis (voir La Tribune de Genève des 23 et
25
juin). Rappelons, pour la compréhension de cet article, que l’auteur
926
Dans
vingt
ans une Europe neuve (novembre 1962)aq ar La prévision est un exer
927
Dans vingt ans une Europe neuve (novembre
1962
)aq ar La prévision est un exercice intellectuel à deux temps alter
928
ar La prévision est un exercice intellectuel à
deux
temps alternés : élan et freinage. L’imagination débridée court vers
929
re de grandeur des changements qu’apporteront les
dix-huit
ans qui nous séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont a
930
apporteront les dix-huit ans qui nous séparent de
1980,
voyons d’abord quels changements ont apportés les dix-huit ans qui no
931
voyons d’abord quels changements ont apportés les
dix-huit
ans qui nous séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’
932
prévoir une accélération continuée des rythmes ?
Deux
hypothèses. Ou bien l’union de l’Europe est stoppée par l’échec des n
933
faire. Dans cette seconde hypothèse, l’Europe de
1980
est redevenue à tous égards le centre du monde humain. Les géographes
934
« l’hémisphère privilégié » qui comprend environ
95
% de la population et de la production du globe. À cette réalité de g
935
ntinentaux, dont elle fut le moteur unique depuis
cinq
siècles. Elle équilibre ces échanges, elle les dose, elle les adapte
936
ntaux, dont elle fut le moteur unique depuis cinq
siècles
. Elle équilibre ces échanges, elle les dose, elle les adapte aux poss
937
ux, dont les premiers sont entrés en fonction dès
1963.
) Enfin, l’Europe offre au monde le modèle d’une communauté organisée
938
fs s’efforçaient encore de copier dans les années
1950
à 1970. Le succès du fédéralisme européen les a fait réfléchir et leu
939
forçaient encore de copier dans les années 1950 à
1970.
Le succès du fédéralisme européen les a fait réfléchir et leurs nouve
940
B. de Jouvenel. L’augmentation de la population —
630
millions sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Eur
941
e Jouvenel. L’augmentation de la population — 630
millions
sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Europe d’auj
942
ion — 630 millions sur la même superficie que les
440
millions que compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contrai
943
— 630 millions sur la même superficie que les 440
millions
que compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contraint autant
944
péen est devenu Mégalopolis : une maison tous les
cent
mètres en moyenne, à quelque distance des autoroutes à six pistes, le
945
s en moyenne, à quelque distance des autoroutes à
six
pistes, lesquelles permettent d’aller aussi vite d’une ville à l’autr
946
es montagnes, loin des lieux du travail, réduit à
cinq
journées de six heures par semaine, en moyenne. (Dans le secteur tert
947
n des lieux du travail, réduit à cinq journées de
six
heures par semaine, en moyenne. (Dans le secteur tertiaire, le week-e
948
yenne. (Dans le secteur tertiaire, le week-end de
deux
jours et demi ou trois jours est de règle.) La vie politique ne resse
949
r tertiaire, le week-end de deux jours et demi ou
trois
jours est de règle.) La vie politique ne ressemble plus du tout à ce
950
européenne et à l’échelle mondiale. Le mythe des
deux
grands a disparu, on ne s’en souvient guère davantage que de la Tripl
951
d’accords économiques et culturels). En Europe,
deux
grandes tendances s’affrontent, en lieu et place de la droite et de l
952
. Dans l’ensemble, les changements survenus entre
1962
et 1980 sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes l
953
’ensemble, les changements survenus entre 1962 et
1980
sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes les témoi
954
l’homme. J’écris ceci pour amuser les lecteurs de
1980,
s’ils retrouvent par hasard mon petit essai ; et pour que certains, a
955
hoisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans
vingt
ans, une Europe neuve », Problèmes, Paris, novembre 1962, p. 9-14. a
956
s, une Europe neuve », Problèmes, Paris, novembre
1962,
p. 9-14. ar. Présenté par cette note : « Né à Neuchâtel, en Suisse,
957
iverses villes européennes, participa à Paris, en
1931,
à la fondation des revues Esprit et L’Ordre nouveau , et collabora
958
. Son premier livre, Politique de la personne (
1934
) lança le mot d’ordre d’engagement de l’écrivain dont il devait renie
959
A et en Argentine pour y faire des conférences en
1940,
il devint en 1942-1943 le principal rédacteur des émissions française
960
our y faire des conférences en 1940, il devint en
1942-1943
le principal rédacteur des émissions françaises de La Voix de l’Améri
961
ses de La Voix de l’Amérique. Revenu en Europe en
1946,
il s’engagea dans le mouvement pour une fédération européenne et il o
962
pour une fédération européenne et il organisa, en
1949,
à Lausanne, le Congrès européen de la culture. L’année suivante, il f
963
ève le Centre européen de la culture. Il a publié
dix-huit
ouvrages (essais et récits sous forme de journaux, littérature, philo
964
entielle de notre civilisation (novembre-décembre
1962
)as Anciens villages et villes d’Europe, vous n’en trouverez pas de
965
lages et villes d’Europe, vous n’en trouverez pas
deux
dont les plans soient superposables. S’ils se ressemblent, c’est par
966
es censures de l’absolutisme, et qui préparent le
siècle
des Lumières et la Révolution française. C’est dans les tavernes angl
967
oriaux du journal que Daniel Defoe rédige seul de
1704
à 1713. Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un
968
du journal que Daniel Defoe rédige seul de 1704 à
1713.
Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un peu plu
969
civisme, a survécu tant bien que mal, à plus d’un
siècle
d’empiètements de l’État et de centralisation systématique dans l’ens
970
on », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre
1962,
p. 5 et 20.
971
d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p. 5 et
20.