1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 La voie et l’aventure (janvier 1957 )a b Ce qui s’oppose coopère, et de ce qui diverge procède la plus
2 ranchise l’existence historique et spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux
3 t spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine que l’o
4 férentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine que l’on peut désigner par les termes symbol
5 e ou les minimiser, ce serait perdre d’avance les deux vertus majeures qui dénotent une union véritable : à savoir sa fécond
6 les sous-castes, et fait durer le système pendant trois millénaires, en dépit de tous les efforts des réformateurs religieux,
7 us-castes, et fait durer le système pendant trois millénaires , en dépit de tous les efforts des réformateurs religieux, du Bouddha,
8 symbolisme y dominait dans tous les ordres ; les trois grandes castes tendaient à se reformer ; les rites, les traditions mu
9 s’agrandit rapidement, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’oppositi
10 réalité de l’opposition à peu près diamétrale des deux mondes s’atteste aux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée en E
11 s, quelques pèlerinages ou lieux sacrés, quelques centaines de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’u
12 ion a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Orient et l’Occident ne sont donc pas seulement des entités géogr
13 la, sans nul doute, mais ils sont beaucoup plus : deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable d
14 s ils sont beaucoup plus : deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. Pour passer du
15 passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits visi
16 spirituel, recourons aux récits visionnaires que deux grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et So
17 sser une liste des caractères symboliques que ces deux auteurs attribuent à l’Orient et à l’Occident. Ajoutons-y les qualifi
18 nsée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses 
19 termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la droite, l’extr
20 rétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurait la
21 péen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’a
22 s’expriment les missions différentes, toutes les deux légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cu
23 mon tour illustrer cette idée en l’exposant sous trois aspects variés. Christ et le Bouddha. — Le Fils de Dieu, incréé, tra
24 nce, pour s’élever vers le Rien transcendant. Les deux mouvements — descente et remontée — ne sont qu’apparemment superposab
25 e des réalités spirituelles.) Vérifier la Voie : deux formes d’expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’arriver à la connaiss
26 uivante, faite en Inde. « Trop de monde partout ! Trois domestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou huit hommes, dont
27 Trois domestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou huit hommes, dont un travaille, dans des boutiques minuscules. La
28 mestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou huit hommes, dont un travaille, dans des boutiques minuscules. La chaussée
29 couverts de dormeurs pendant la nuit. Et j’ai vu cinq personnes sur une seule bicyclette ! Ces gens ne seront-ils jamais se
30 t point de Dieu, ou que Je sois le Tout, dans les deux cas l’Autre s’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’appe
31 des textes apparemment ruineux pour ma thèse des deux Voies. À quelle école mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de
32 majeures dont je parlais plus haut. J’en donnerai deux exemples précis. Je trouve le premier dans Kassner, au chapitre où il
33 oi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à mort ce seul fils et cou
34 mettre à mort ce seul fils et couper le corps en deux moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés sectio
35 moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés sectionnées depuis la tête jusqu’au sexe, comme le corps d’un
36 e les Grecs, et dans ces armées se trouveront les quatre frères et le père du coupé en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée g
37 ouveront les quatre frères et le père du coupé en deux . Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaison ave
38 rtout du cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’en 1194, le comte de Champagne, dans son voyage d’Arménie, toucha le territoir
39 t une place forte flanquée de très hautes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’elles. Le g
40 nces chrétiens leurs sujets : il leva le bras, et deux des gardes se jetèrent dans le vide, pour s’écraser sur le sol rocheu
41 llons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre objet p
42 ent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux établissent la même liaison entre le peu de cas fait de la vie humain
43 , ou simplement de l’individualité. Pour tous les deux , la liberté de l’homme a pour condition la personne. On dira que l’Oc
44 ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un millier ou cent-milliers de fois. La métempsycose évacue les sanctions redout
45 it dit ici une fois pour toutes. Il y a seulement deux expériences globales qu’il importe de déchiffrer. Mais l’infinie comp
46 er les options primordiales qui ont donné cours à deux voies divergentes. Il m’a semblé que c’était dans la mystique, la rel
47 suivre à partir d’un contraste assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences on
48 le dont les conséquences ont formé l’Occident. 1. L’Occident étant représenté, dans ce cas particulier, par la théologi
49 e Tout n’est autre que le Je pleinement réalisé. 2. C’est l’attitude générale des auteurs modernes qui se réclament en Oc
50 vérifié, un négatif du présent qu’ils refusent. 3. Celle des Sudras, ou indigènes assujettis ; les parias ou hors-castes
51 résistants » au processus d’intégration sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que d’habitants, si l’on son
52 des dieux connus du panthéon hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions. 5. Je précise que dans ce chapitr
53 théon hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions. 5. Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je dem
54 n hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions . 5. Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je demanderai à
55 t estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions. 5. Je précise que dans ce chapitre, sauf exception, je demanderai à l’In
56 -Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par deux formes « hérétiques » de la religion initiale : le moralisme américai
57 le moralisme américain et le bouddhisme zen, tous deux antimystiques. Historiquement, la première confrontation s’est vue re
58 c de la guerre entre le Japon et les États-Unis. 6. Cf. Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran, 1
59 . Henry Corbin, Avicenne et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran, 1954, et du même auteur : Œuvres philosophiques et myst
60 Avicenne et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran, 1954, et du même auteur : Œuvres philosophiques et mystiques de Sohrawardi,
61 s philosophiques et mystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux récits que je mentionn
62 ques et mystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’Avic
63 tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’Avicenne s’intitule : Récit d’Havy i
64 r date du xe siècle, le second du xiie siècle. 7. Relevons qu’Avicenne et le mystique soufi écrivaient tous les deux da
65 Avicenne et le mystique soufi écrivaient tous les deux dans cette « circonscription intermédiaire entre l’Orient et l’Occide
66  illuminée » de certaines traditions coraniques. 8. Je pense à Parménide et à Platon, aux gnostiques, à la Pistis Sophia,
67 tistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg, 1955. 1
68 sso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg, 1955. 10. L’adjectif traditionnel est pris ici dans son sens strict, initi
69 Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hamburg, 1955. 10. L’adjectif traditionnel est pris ici dans son sens strict, initiatiqu
70 l’on situe au-delà de tout changement possible. 11. Rudolf Kassner : Buch der Erinnerung. 12. Ernst Jünger, Der gordisch
71 ible. 11. Rudolf Kassner : Buch der Erinnerung. 12. Ernst Jünger, Der gordische Knoten. 13. Quitte à la rendre inoffensi
72 nerung. 12. Ernst Jünger, Der gordische Knoten. 13. Quitte à la rendre inoffensive en la gorgeant du sang impur d’un dome
73 e et l’aventure », La Table ronde, Paris, janvier 1957, p. 9-22. b. Il s’agit du chapitre I de L’Aventure occidentale de l’
74 janvier 1957, p. 9-22. b. Il s’agit du chapitre I de L’Aventure occidentale de l’homme , qui sera publié chez Albin Mi
75 me , qui sera publié chez Albin Michel en février 1957.
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
76 De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957 )c 1. Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle dir
77 ité de culture à l’union politique (mai 1957)c 1. Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle direction p
78 il est plus dangereux de vouloir ignorer Bandung. 2. J’ai cru remarquer que ceux des Européens qui insistent avec le plus
79 prit et de mécanismes d’évasion intellectuelle.) 3. L’argument des contrastes séculaires, invoqué sans fatigue contre l’u
80 re qui donnerait une assise à cette union. Mais : les différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et d
81 elle-même, au nom de laquelle on refuse l’union. Si pittoresques et voyants que soient les contrastes entre Suédois et
82 a Lagerlöf, un Français et un Allemand lisant ces deux auteurs, y prendront à fort peu de choses près le même plaisir, parce
83 aire sur lequel se détache la dignité de l’homme. 4. Quantité de publicistes découvrent — et cela dure depuis des années —
84 onter sa naissance au Pacte du Grütli, conclu par trois cantons en 1291. Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes
85 e au Pacte du Grütli, conclu par trois cantons en 1291. Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes de la Suisse act
86 s en 1291. Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes de la Suisse actuelle. Tout comme la France d’avant Philippe
87 times dans l’ancienneté de sa conscience commune. 5. Au sujet de la naissance de l’Europe, vingt théories s’affrontent inu
88 commune. 5. Au sujet de la naissance de l’Europe, vingt théories s’affrontent inutilement je le crains, car il en va d’une ci
89 aît déjà au lendemain de la bataille de Poitiers ( 732 ) dans l’œuvre d’un clerc espagnol continuant la chronique d’Isidore d
90 ttestée à l’aide de documents qu’à partir de l’an 1300  : les premiers portulans, ou cartes maritimes, écrit M. Denys Hay, « 
91 s premiers humanistes commencent à distinguer les deux concepts de christianitas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’
92 it connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principales, reprise naguère avec éclat par Valéry. 6. Mais l
93 incipales, reprise naguère avec éclat par Valéry. 6. Mais les nations sont venues se constituer, à partir du xviiie siècl
94 tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils définissent la soi-
95 e même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils définissent la soi-disant
96 tion suffisante sera donnée par d’autres efforts. 7. Nous débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon
97 e exigence d’une union fédérale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D
98 l Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D’une lettre que m’écrit à ce sujet le comte Jean de Pange. La r
99 « Hors du réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D’une lettre que m’écrit à ce sujet le comte Jean de Pange. La référe
100 mmsen, Monumenta Germaniae, chronica minora, Vol. II , p. 362. Voir aussi H. F. Mueller, A Chronology of Vulgar Latin, et M
101 Vulgar Latin, et Marc Bloch, La Société féodale. 16. Denys Hay, dans Diogène, n° 17, 1957 (article tiré d’une communicatio
102 Société féodale. 16. Denys Hay, dans Diogène, n°  17, 1957 (article tiré d’une communication au 10e Congrès international d
103 été féodale. 16. Denys Hay, dans Diogène, n° 17, 1957 (article tiré d’une communication au 10e Congrès international des sc
104 n° 17, 1957 (article tiré d’une communication au 10e Congrès international des sciences historiques, Rome, septembre 1955)
105 ational des sciences historiques, Rome, septembre 1955 ). c. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’union politiqu
106 à l’union politique », La Table ronde, Paris, mai 1957, p. 10-15.
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
107 Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957 )d e Je crains que M. Berl ne mobilise la Vérité, la Raison, la Jus
108 se à Emmanuel Berl] », La Table ronde, Paris, mai 1957. e. Introduit par la note suivante de l’éditeur : « En réponse au pos
109 alement su où était, ce que faisait la Suisse. En 14, en 39, elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la batai
110 su où était, ce que faisait la Suisse. En 14, en 39, elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la bataille de
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
111 La fin du pessimisme (juin 1957 )f Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction
112 Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissait avoir mis une fois pour tout
113 aissait avoir mis une fois pour toutes le cap sur 1984 et sa fourmilière ; voilà qu’il se détourne horrifié et vire de bord,
114 , aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongroise.)
115 Monde, au lendemain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culm
116 destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du siècle : Les Illusion
117 ce corps subitement agrandi, le monde technique. Deux guerres mondiales, ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance, t
118 ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des tyrannies totalitaires qui revendi
119 udiants. L’intelligentsia de l’Ouest voyait venir Quatre-vingt-quatre . Et soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vi
120 ngt-quatre. Et soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit . C’est quatre-vingt-quatre inversé. Jamais chiffres ne furent plus ch
121 n, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés de symboles. Essayons
122 t qu’il faut être subversif ou pessimiste, ou les deux à la fois, sous peine de ne plus compter. Inutile de citer des noms :
123 onventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit, en 1919, le grand courant du pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui
124 e de la pensée dans le monde moderne. À partir de 1919, les influences dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Ni
125 gne inexorable des machines, et qui conçoit, avec cent ans de retard, un pessimisme fataliste et résigné. Dans ce décalage s
126 Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici deux grands noms, qui dominent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et
127 bous. La bourgeoisie du xixe frappait d’interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, e
128 tiviser, en les expliquant l’une par l’autre, ces deux révélations « uniques » qui semblaient au début exclusives et totales
129 spotisme russe !) voilà qui n’empêche pas que ces deux grands génies aient puissamment modelé le xxe siècle et modifié notr
130 onde bourgeois (seule étudiée par Freud autour de 1900 ) comme un cas limité dans l’espace et le temps. D’autre part, l’ascen
131 nts de l’Est, ne venaient corroborer un optimisme neuf . Budapest a gagné sa partie — moralement. Admettons que cela n’est pa
132 ’est pas tout. Mais qu’en est-il de l’Occident ? Trois représentations vagues mais obsédantes assombrissaient l’avenir tel q
133 dans son développement historique, mais qu’après quarante ans elle a rejoint le stade du capitalisme exploiteur, largement dépa
134 ment dépassé par les États-Unis. Marx distinguait deux phases dans le développement industriel : l’une marquée par « l’accum
135 L’Europe est condamnée. » — L’Europe détrônée par deux guerres et ruinée par sa division en vingt-cinq États « souverains »
136 née par deux guerres et ruinée par sa division en vingt-cinq États « souverains » — incapables d’ailleurs de prouver qu’ils le son
137 tre tous ensemble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions ré
138 tous ensemble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à
139 ions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supérieur aux Soviét
140 d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supérieur aux Soviétiques et
141 ions, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’His
142 croyez-moi, c’est la Bombe. Elle va détruire les neuf dixièmes du genre humain. Un jour elle fera sauter la terre. J’entend
143 ot ? Ce n’est pas un homme automatique, comme des millions de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la
144 dénoncée, a provoqué la destruction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de
145 e la pensée occidentale, découvrant le péril avec cent ans de retard, ait porté sa colère contre le remède… L’automatisation
146 , « La fin du pessimisme », Réalités, Paris, juin 1957, p. 27-29.
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
147 La fin justifie les moyens ( 9 juin 1957)g Denis de Rougemont a remporté lundi le prix Ève-Delacr
148 La fin justifie les moyens (9 juin 1957 )g Denis de Rougemont a remporté lundi le prix Ève-Delacroix décern
149 it que cet historien, ce philosophe s’est, depuis dix ans, consacré à militer pour l’idée de faire l’Europe comme a été fai
150 e Rougemont. Il ne peut écrire de livres qu’entre onze heures du soir et quatre heures du matin, mais ce régime doit lui con
151 écrire de livres qu’entre onze heures du soir et quatre heures du matin, mais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce d
152 ais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce deux importants ouvrages : l’un qui établira une sorte de morale de la voc
153 ifie les moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 juin 1957, p. 7.
154 s moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 juin 1957, p. 7.
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
155 Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957 )h i L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvr
156 nt ensuite l’empire des Soviets, qui subit depuis quarante ans une occidentalisation planifiée mais grossière, aux dépens de val
157 muniquer, les expliquer et les faire vivre. Les trois aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt
158 aractéristiques de la civilisation occidentale en trois ordres : produits, principes de vie publique et valeurs. Produits :
159 une manière plus ou moins directe ou correcte, de deux valeurs fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’Europe ; la n
160 ons avec le Monde qu’il influence. Théoriquement, deux solutions nettes et radicales se conçoivent : ou bien garder pour nou
161 pose au même moment à l’humanité tout entière. 17. Chacun sait que « Naples est la seule ville orientale qui n’ait pas d
162 eurs occidentales », Occident, Bruxelles, octobre 1957, p. 39-42. i. Précédé du chapeau suivant : « Le grand schisme mondial
163 identale de l’homme , a été analysé dans notre n°  3. M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genève. »
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
164 Demain l’Europe sans frontières ?[préface] ( 1958 )j L’homme ne vit pas de pain seulement, mais ne vit pas longtemps
165 temps sans pain. Ainsi de l’Europe. Pour unir les 332 millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en a
166 s sans pain. Ainsi de l’Europe. Pour unir les 332 millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en attendant
167 pte à l’ouest du rideau de fer — en attendant les 98 millions retenus à l’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans
168 à l’ouest du rideau de fer — en attendant les 98 millions retenus à l’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans douze an
169 ’est dans l’orbite russe — la seule réussite dans douze ans d’institutions économiques ne peut évidemment suffire ; mais leur
170 ec serait bientôt mortel. Or le Marché commun des Six , la zone de libre-échange des Dix-Sept, et leur future intégration da
171 rché commun des Six, la zone de libre-échange des Dix-Sept , et leur future intégration dans le cadre d’une Grande Europe associé
172 calculé son prix. Nos économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leurs débats ont été chauds. Tout pa
173 prix. Nos économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leurs débats ont été chauds. Tout parti pris de
174 pable d’exercer à nouveau sa vocation mondiale. 18. Voir en particulier : Promesses du Marché commun par Raymond Racine
175  », Demain l’Europe sans frontières, Paris, Plon, 1958, p. I-II.
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
176 Europe et culture ( 1958 )k On peut créer une fédération européenne, et il le faut. Mais on
177 e obstacle ? Je pense qu’il faut répondre oui aux deux questions. Et ce paradoxe apparent définit assez bien le rôle que doi
178 us sobrement, par ces quelques actions précises : Réduire les préjugés, nés d’une mauvaise éducation qui accrédite l’il
179 s-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° Informer les élites et les masses, leur montrer le drame de
180 formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) Informer les élites et les masses, leur montrer le drame de l’Europe,
181 iècle, sa vocation, et son avenir si elle s’unit. Créer des instruments de coopération pour les différentes branches de
182 quand les problèmes posés débordent les nations. Favoriser le dialogue entre la culture européenne d’une part, et les
183 ie d’instituts d’études européennes se créent dès 194620. Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On en compte aujourd’hui plu
184 nt dès 194620. Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On en compte aujourd’hui plus d’une vingtaine, pour la plupart liés à
185 s à des universités, ou de rang universitaire. En 1948, le Congrès de l’Europe, à La Haye, décide la création d’un Centre eur
186 se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et définit le
187 toire européen de recherches nucléaires (fondé en 1953 sous le nom de CERN, à Genève.) Le Conseil de l’Europe, issu d’une ré
188 e résolution du congrès de La Haye, est constitué neuf mois plus tard, et comporte dès le début une direction culturelle, co
189 ion culturelle, coiffée d’un Comité d’experts des 16 gouvernements membres. Il élabore et fait ratifier une Convention cul
190 er une Convention culturelle européenne, convoque deux tables rondes sur l’héritage commun des Européens, crée des bourses,
191 ociation européenne des enseignants se fondent en 1955 et en 1956… La Journée européenne des écoles propose chaque année des
192 ropéenne des enseignants se fondent en 1955 et en 1956 … La Journée européenne des écoles propose chaque année des sujets de
193 e rédaction sur l’Europe aux élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300 000 partici
194 élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300 000 participants. Une Fondation européen
195 , et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300  000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée
196 donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300  000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée à Ge
197 européenne de la culture a été créée à Genève en 1954, et opère depuis cette année à Amsterdam. Enfin, la bibliographie des
198 sur l’Europe et ses problèmes compte déjà, depuis dix ans, plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sa
199 problèmes compte déjà, depuis dix ans, plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de
200 es, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense. Est-il trop dispersé pour porte
201 d’une des « petites » fondations qui existent par milliers en Amérique du Nord. Il serait temps que nos États prennent conscienc
202 it temps que nos États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir : 1° que l’Europe n’a dû sa puissance
203 ence de ces deux vérités primordiales, à savoir : que l’Europe n’a dû sa puissance qu’aux inventions, procédés et systè
204 se réduirait vite à ce qu’elle est sur la carte : 4  % des terres du globe (et très pauvres en matières premières) ; 2° qu
205 u globe (et très pauvres en matières premières) ; que la culture, en Europe, perdra sa vitalité si les États et les méc
206 le, le Centre européen de la culture a décidé dès 1950 de tenter l’aventure d’exister. Il existe depuis sept ans. Son exempl
207 issu des délibérations du congrès de La Haye (mai 1948 ). Dès février 1949, un Bureau d’études s’ouvrait à Genève, chargé d’é
208 ons du congrès de La Haye (mai 1948). Dès février 1949, un Bureau d’études s’ouvrait à Genève, chargé d’élaborer le travail d
209 ture ». Celle-ci se réunit à Lausanne en décembre 1949, et formula le programme du CEC L’institution fut inaugurée à Genève l
210 me du CEC L’institution fut inaugurée à Genève le 7 octobre 1950. Elle n’est rattachée à aucune organisation internationa
211 L’institution fut inaugurée à Genève le 7 octobre 1950. Elle n’est rattachée à aucune organisation internationale officielle,
212 . Le choix des objectifs du CEC est déterminé par deux critères : l’urgence d’un problème culturel qui se pose à l’échelle e
213 de compositeurs et critiques musicaux à Rome, en 1953, le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CE
214 e la création du CERN, bornons-nous à décrire les trois principaux champs d’activité entre lesquels se répartissent les secré
215 férences. Le Bulletin du CEC édite chaque année six à huit numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen, et
216 es. Le Bulletin du CEC édite chaque année six à huit numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen, et largem
217 ropéennes , fascicule mensuel distribué à près de 1500 journaux, qui peuvent reproduire gratuitement les courts articles et
218 au département des Recherches, il a déjà organisé deux importants Séminaires, l’un sur l’avenir économique d’une Europe sans
219 automation. En outre, le CEC élabore actuellement trois plans nouveaux : création d’un Institut technologique de formation e
220 n des instituts d’études européennes , qui groupe 19 instituts de niveau universitaire, et l’Association européenne des f
221 européenne des festivals de musique , qui groupe 21 grands festivals, poursuivent la coordination de leurs programmes et
222 ste » d’affiliation, sauvegardant l’autonomie des trois institutions tout en assurant leur plus étroite coopération. ⁂ Per
223 sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que
224 ocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand
225 à l’avenir. 19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nati
226 19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nations, le franç
227 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nations, le français dans 5, etc. Le folklore révèle précisément la c
228 lemand est parlé dans 6 nations, le français dans 5, etc. Le folklore révèle précisément la communauté de traditions de to
229 e Danube et le Rhône des liens naturels ?…, etc. 20. Voir l’ Annuaire 1957 de l’Association des instituts d’études europée
230 des liens naturels ?…, etc. 20. Voir l’ Annuaire 1957 de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE) publié en
231 ts d’études européennes (AIEE) publié en novembre 1957 par le Centre européen de la culture. 21. À cet égard, rappelons deu
232 embre 1957 par le Centre européen de la culture. 21. À cet égard, rappelons deux faits : l’avance prise par l’URSS dans le
233 ropéen de la culture. 21. À cet égard, rappelons deux faits : l’avance prise par l’URSS dans le domaine scientifique : les
234 le budget total des fondations privées aux USA : 10  % du revenu national. k. Rougemont Denis de, « Europe et culture »,
235 ope et culture », Quelle Europe ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-76.
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
236 ettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958 )l Cela se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui
237 tein et Freud (avril 1958)l Cela se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension d’Hitl
238 idée d’union, et l’arme absolue dans les mains de deux empires presque immobilisés par la terreur d’y recourir… Que pensaien
239 d’y recourir… Que pensaient et pressentaient ces deux génies de premier ordre, à la veille même du déchaînement dont ils av
240 reud confie son espoir lointain à l’action de ces deux éléments : le développement de la culture, et la crainte des effets d
241 tion classique de la Force et du Droit à celle de deux violences, il définit les conditions de toute politique réaliste. Qua
242 finit les conditions de toute politique réaliste. Quatre ans après l’échange de lettres qu’on va lire, Hitler réoccupait la Rh
243 on de l’un des adversaires, et peut-être même des deux . » D’où l’idée d’une « paix éternelle » imposée par une arme assez pu
244 tral soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes en 1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dépourvu d’une for
245 s l’ombre et le secret, le processus qui aboutira treize ans plus tard à l’explosion d’Hiroshima. Tragique et sublime ironie d
246 ima. Tragique et sublime ironie de ce dialogue de deux génies, dont l’un voit bien l’avenir, mais ignore qu’il en parle au s
247 entre Einstein et Freud », Réalités, Paris, avril 1958, p. 39-40.
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
248  Une expérience de fédéralisme : la Suisse ( 1959 )n 1. Du pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xix
249 xpérience de fédéralisme : la Suisse (1959)n 1. Du pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xixe siècle)
250 ure, et l’on écrit souvent, qu’il a fallu quelque six siècles à la Suisse pour devenir, par une évolution, l’État fédéral q
251 al qu’elle est aujourd’hui. En réalité il a fallu neuf mois, au terme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq sièc
252 ité il a fallu neuf mois, au terme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq siècles et demi d’alliances et de guerres entre
253 erme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq siècles et demi d’alliances et de guerres entre petits États souverai
254 n pouvoir central. Et cela s’est produit entre le 17 février et le 17 novembre 1848. Ce raccourci demande quelques explica
255 . Et cela s’est produit entre le 17 février et le 17 novembre 1848. Ce raccourci demande quelques explications, qui nous o
256 est produit entre le 17 février et le 17 novembre 1848. Ce raccourci demande quelques explications, qui nous obligent à un ra
257 Les manuels d’histoire suisse donnent la date du 1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là
258 els d’histoire suisse donnent la date du 1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là un étrange
259 fut simplement la signature d’un pacte entre les trois « communes » rurales d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald, maîtresses des
260 orestières, l’immédiateté impériale ; et cela dès 1231, c’est-à-dire peu d’années après l’ouverture du col. Au nombre des sei
261 u Col. Et c’est pourquoi, au début du mois d’août 1291, — « considérant la malice des temps, et afin de se défendre et mainte
262 défendre et maintenir avec plus d’efficace », les trois coopératives forestières prirent l’engagement de « s’assister mutuell
263 ompagnons du serment). Le Directoire français, en 1798, tenta d’imposer une Constitution unitaire aux cantons. Cette expérien
264 ime des peuples et des patriciats dépossédés. Dès 1802, Napoléon écrivait aux délégués helvétiques qu’il avait convoqués à Pa
265 ntons. Au lendemain de la chute de l’empereur, en 1815, un nouveau Pacte fédéral consacra le retour à l’état de choses prérév
266 Constance et le Léman, n’était donc encore, après cinq siècles, guère plus qu’une simple Ligue d’États souverains, une allia
267 leur politique étrangère. La formule du Pacte de 1291, bien qu’élargie, subsistait essentiellement. Quant aux régimes intéri
268 des cantons, en un siècle qui allait voir surgir deux nouvelles grandes puissances unifiées, aux portes mêmes de la Suisse 
269 le résoudre d’une manière efficace et durable. 2. Crise du Pacte fédéral (1815-1848) La crise ouverte par le Pacte d
270 fficace et durable. 2. Crise du Pacte fédéral ( 1815-1848 ) La crise ouverte par le Pacte de 1815 devait se prolonger, sans p
271 l (1815-1848) La crise ouverte par le Pacte de 1815 devait se prolonger, sans progrès appréciable, pendant trente-trois a
272 t se prolonger, sans progrès appréciable, pendant trente-trois ans. Elle ne fut résolue, très subitement, en 1848, qu’au lendemain d
273 ois ans. Elle ne fut résolue, très subitement, en 1848, qu’au lendemain d’une guerre civile qui en fit éclater à tous les yeu
274 ste William Martin — ressemblait sous le Pacte de 1815 à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres
275 politique économique. On comptait alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour le
276 On comptait alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poid
277 n Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poids différents. » Le r
278 e pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poids différents. » Le régime monétaire n’éta
279 mes, 87 mesures de grain, 81 pour les liquides et 50 poids différents. » Le régime monétaire n’était pas moins chaotique.
280 ntre tel d’entre eux. On ne comptait pas moins de 400 taxes et droits de péages sur les marchandises passant d’un canton à
281 seul canton du Tessin « ne prélevait pas moins de treize taxes différentes sur la route du Gothard, avec obligation de décharg
282 sacro-sainte souveraineté » (comme l’écrivait dès 1829 le vieil historien zurichois Heinrich Zschokke). Politiquement, la si
283 u nom de la Suisse entière. La Diète représentant 25 États souverains, l’unanimité pratiquement requise pour les grandes d
284 les affaires, et changeait de résidence tous les deux ans.) Les pressions étrangères, venant de la France, de Metternich, o
285 mouvement de « Régénération » qui se prononça dès 1830. Influencée par l’action de nom­breuses sociétés plus ou moins « cultu
286 e gymnastes, de médecins ou de tireurs au fusil !) 23 qui seules entretenaient l’idéal d’une patrie commune et d’une vérita
287 en vue de hâter l’avènement d’une Suisse unie. En 1832, la Diète admit, sous la pression des cantons « régénérés », le princi
288 ’une révision du Pacte fédéral. Une commission de 15 membres fut chargée de rédiger un projet de Constitution. Le rapport
289 u lien fédéral institué en Suisse par le Pacte de 1815 créait « une illusion plus dangereuse que l’isolement » par la fausse
290 cutées séparément, souvent un peu au hasard, dans vingt-deux législatures, dont les unes ne connaissaient pas les motifs qui peuve
291 tion fausse. Ils doivent, pour ainsi dire, servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de la Confédération et les homme
292 e jugèrent révolutionnaire. La Diète l’enterra en 1833, après l’avoir plusieurs fois renvoyé à des commissions. Trois cantons
293 l’avoir plusieurs fois renvoyé à des commissions. Trois cantons seulement avaient osé le proposer à la ratification populaire
294 tification populaire. Le verdict fut négatif dans deux cas. L’opposition avait joué sur la « réalité prépondérante » du sent
295 and savant A.-P. de Candolle) pouvait s’écrier en 1832 au Parlement de Genève : « Que veulent les partisans du nouveau Pacte
296 liance, qui avaient imposé et garanti le Pacte de 1815. Le Sonderbund pouvait compter sur l’appui de Guizot (protestant pourt
297 èrent le bannissement de l’ordre des jésuites, en 1847, la guerre civile éclata. Les libéraux (ou « radicaux ») détenaient la
298 gner qu’en retour, l’imminence des révolutions de 1848 fut un facteur important du succès des radicaux suisses : elle retard
299 fut menée avec décision, rapidité et humanité. En 26 jours, les cantons catholiques, battus séparément, étaient amenés à l
300 fédéralistes sur les nationalistes cantonaux. 3. De la Ligue d’États à l’État fédératif (17 février-17 novembre 1848)
301 ux. 3. De la Ligue d’États à l’État fédératif ( 17 février-17 novembre 1848) Tandis que la révolution éclatait succes
302 ’États à l’État fédératif (17 février-17 novembre 1848 ) Tandis que la révolution éclatait successivement dans les diverse
303 es capitales européennes, tout au long de l’année 1848, les Suisses profitèrent du répit que leur laissaient, malgré elles, l
304 ué par canton, se réunit pour la première fois le 17 février 1848. La majorité des commissaires étaient des chefs de gouve
305 on, se réunit pour la première fois le 17 février 1848. La majorité des commissaires étaient des chefs de gouvernements canto
306 s une commission ». En sept semaines, au cours de 31 séances plénières, ils élaborèrent un projet de 17 articles. Nombre d
307 1 séances plénières, ils élaborèrent un projet de 17 articles. Nombre de ces articles s’inspiraient du projet de 1832, mai
308 Nombre de ces articles s’inspiraient du projet de 1832, mais les plus importants furent le fruit original des discussions du
309 fruit original des discussions du groupe. Dès le 15 mai, le projet ayant été transmis préalablement aux cantons, la Diète
310 e lecture et le vote final ne prirent en tout que six semaines. Le 27 juin, le projet était accepté par les deux tiers envi
311 ote final ne prirent en tout que six semaines. Le 27 juin, le projet était accepté par les deux tiers environ des représen
312 ines. Le 27 juin, le projet était accepté par les deux tiers environ des représentants des cantons. La ratification populair
313 ratification populaire devait avoir lieu avant le 1er septembre. Dans la plupart des cantons, le Parlement se prononça d’ab
314 populaires eurent lieu pendant le mois d’août. Le 4 septembre, la Diète se réunit une dernière fois pour prendre connaiss
315 re fois pour prendre connaissance des résultats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72 000 (
316 issance des résultats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la C
317 ésultats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et 170  000 électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le
318 tats : 15 cantons et demi contre 6 et demi et 170  000 électeurs contre 72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 n
319 demi contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72  000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 novembre, les nouvell
320 i contre 6 et demi et 170 000 électeurs contre 72  000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 novembre, les nouvelles C
321 72 000 (environ) acceptaient la Constitution. Le 6 novembre, les nouvelles Chambres se réunirent à Berne (choisie comme
322 nt à Berne (choisie comme « ville fédérale »). Le 16 novembre, elles procédèrent à l’élection du premier Conseil fédéral,
323 iques de l’union d’autre part, la Constitution de 1848 ne mérite pas seulement l’épithète de fédérale : elle est précisément
324 tions. Le législatif, par exemple, s’y compose de deux chambres dont l’une représente le peuple, l’autre les États. L’exécut
325 ution de sagesse, voici ce compromis qui tient en trois articles : Article 1. Les peuples des vingt-deux cantons souverains
326 compromis qui tient en trois articles : Article 1. Les peuples des vingt-deux cantons souverains de la Suisse, unis par
327 t en trois articles : Article 1. Les peuples des vingt-deux cantons souverains de la Suisse, unis par la présente alliance, … for
328 s leur ensemble la Confédération suisse. Article 3. Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas l
329 ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. La Confédération garantit aux cantons leur territoire, leur souverain
330 eur souveraineté dans les limites fixées à l’art. 3, leur constitution, la liberté et les droits du peuple (etc.). Si l’on
331 appelé l’essentiel de l’œuvre des constituants de 1848. Une quarantaine de révisions partielles, et la révision générale (de
332 e tendance un peu plus centralisatrice) opérée en 1874, n’en ont changé depuis plus d’un siècle ni l’esprit ni le caractère s
333 t ni le caractère spécifiquement fédéralistes. 4. Une expérience-témoin L’adoption de la Constitution de 1848 est sa
334 rience-témoin L’adoption de la Constitution de 1848 est saluée par la quasi-unanimité des historiens suisses comme l’évén
335 ’histoire des Confédérés. Elle tira les leçons de cinq siècles d’expériences souvent amères, confirma les droits et les devo
336 ’autant plus remarquable que ce processus-éclair ( 9 mois en tout !) succédait à une longue période de crise et à des sièc
337 s (au lendemain d’une guerre civile et religieuse) 25 contribua sans nul doute à cette célérité d’exécution, mais aussi à l
338 chartes revendiquées ailleurs par le mouvement de 1848, la Constitution fédérale fut présentée au peuple comme un compromis,
339 u siècle dernier. A-t-on pris garde qu’il fallait trois jours à un député des Grisons pour se rendre à Berne, tandis qu’il ne
340 lle est pratiquement plus petite que la Suisse de 1848. Ses États souverains ne sont guère plus différents entre eux que ne l
341 à contre-courant de l’Histoire. Déjà, le pacte de 1291, dernier reflet du mouvement des communes italiennes, françaises et fl
342 tion générale qui a été vaincue partout ailleurs » 26. De même, la guerre du Sonderbund a produit, en créant la Suisse, le s
343 sse attribuer précisément au mouvement général de 1848, partout ailleurs étouffé après la première explosion d’enthousiasme e
344 le mot-clé de l’histoire suisse. Les radicaux de 1848 voulaient une vraie fédération, mais ils passaient pour des centralis
345 à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 25 cantons ! Les meilleurs ouvrages d’ensemble sur l’histoire suisse con
346 H. Barth, Bibliographie der Schweizergeschichte, 3 vol., Bâle 1915 ; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich 1900
347 bliographie der Schweizergeschichte, 3 vol., Bâle 1915  ; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich 1900-1909 ; Johannes
348  ; Karl Dändliker, Geschichte der Schweiz, Zurich 1900-1909  ; Johannes Dierauer, Geschichte der Schweizerischen Eidgenossenschaft
349 chte der Schweizerischen Eidgenossenschaft, Gotha 1907-1913  ; Ernest Gagliardi, Geschichte der Schweiz von den Anfängen bis zur G
350 chweiz von den Anfängen bis zur Gegenwart, Zurich 1920  ; Werner Oechsli, Quellenbuch zur Schweizergeschichte, Zurich 1918 ;
351 hsli, Quellenbuch zur Schweizergeschichte, Zurich 1918  ; Hans Nabholz, Geschichte der Schweiz, Zurich 1937. Sur les origines
352 18 ; Hans Nabholz, Geschichte der Schweiz, Zurich 1937. Sur les origines : Karl Meyer, Ueber die Einwirkung des Gotthardpasse
353 er Eidgenossenschaft, in « Geschichtsfreund », t. 74, 1924 ; id., Die Urschweizer, Zurich 1927 ; id., Der älteste Schweizer
354 idgenossenschaft, in « Geschichtsfreund », t. 74, 1924  ; id., Die Urschweizer, Zurich 1927 ; id., Der älteste Schweizerbund,
355 und », t. 74, 1924 ; id., Die Urschweizer, Zurich 1927  ; id., Der älteste Schweizerbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n
356 hweizerbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n. 1 et 2, 1924. Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bunde
357 erbund, dans « Revue d’Histoire suisse », n. 1 et 2, 1924. Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bundesstaat
358 und, dans « Revue d’Histoire suisse », n. 1 et 2, 1924. Sur la Constitution de 1848 : F. Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht
359 suisse », n. 1 et 2, 1924. Sur la Constitution de 1848  : F. Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht, Tubingue, 1922 ; William E
360 . Fleiner, Schweizer Bundesstaatsrecht, Tubingue, 1922  ; William E. Rappard, La Constitution fédérale de 1848, Neuchâtel, 19
361 ; William E. Rappard, La Constitution fédérale de 1848, Neuchâtel, 1948 (ouvrage de base, contenant de larges extraits du Pro
362 ard, La Constitution fédérale de 1848, Neuchâtel, 1948 (ouvrage de base, contenant de larges extraits du Protocole de la Com
363 ng moderner Staatstheorie in der Schweiz, Zurich, 1916  ; William Martin, Histoire de la Suisse, Paris 1930 ; Gonzague de Rey
364 16 ; William Martin, Histoire de la Suisse, Paris 1930  ; Gonzague de Reynold, Conscience de la Suisse, Neuchâtel, 1938 ; Den
365 e de Reynold, Conscience de la Suisse, Neuchâtel, 1938  ; Denis de Rougemont, La Confédération helvétique , Paris, 1953 ; An
366 Rougemont, La Confédération helvétique , Paris, 1953  ; André Siegfried, La Suisse, démocratie témoin, Neuchâtel, 1948 ; E.
367 egfried, La Suisse, démocratie témoin, Neuchâtel, 1948  ; E. Hughes, The Federal Constitution of Switzerland, Oxford, 1954.
368 The Federal Constitution of Switzerland, Oxford, 1954. 22. William Martin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 2
369 ral Constitution of Switzerland, Oxford, 1954. 22. William Martin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 23. Au f
370 22. William Martin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 23. Au facteur fédéralisant que représentèrent alors les soc
371 tin, Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 23. Au facteur fédéralisant que représentèrent alors les sociétés helvéti
372 cace que joua la cause helléniste dans les années 1820-1930. Toute la Suisse se passionna pour la liberté grecque — fortement fina
373 ociant toutes les classes et toutes les régions. 24. W. E. Rappard, dans son ouvrage essentiel sur la Constitution fédéral
374 ouvrage essentiel sur la Constitution fédérale de 1848, présente ainsi la très curieuse figure de Rossi : « Né à Carrare, ven
375 né, chef du gouvernement pontifical de Pie IX, en 1848  ». (L’année même où ses idées triomphèrent enfin dans l’une de ses pa
376 ent enfin dans l’une de ses patries d’adoption.) 25. Sur le total des citoyens ayant le droit de vote, 55 % à peine se dér
377 Sur le total des citoyens ayant le droit de vote, 55  % à peine se dérangèrent pour accepter ou rejeter la Constitution !
378 èrent pour accepter ou rejeter la Constitution ! 26. Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich, 1925, I, p. 79. n.
379 Ernest Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich, 1925, I, p. 79. n. Rougemont Denis de, « Une expérience de fédéralisme :
380 t Gagliardi, Histoire de la Suisse, Zurich, 1925, I , p. 79. n. Rougemont Denis de, « Une expérience de fédéralisme : la
381 Suisse », L’Europe du XIXe et du XXe siècle, vol. 1, Milan, Carlo Marzorati, 1959, p. 465-476.
382 et du XXe siècle, vol. 1, Milan, Carlo Marzorati, 1959, p. 465-476.
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
383 La nature profonde de l’Europe (juin 1959 )m Si l’Europe disparaissait, le monde perdrait le secret d’un cer
384 pas elle-même si elle n’était plus qu’elle-même. Quatre constatations fondamentales, et que chacun peut vérifier sans peine,
385 par sa fonction mondiale et non par ses limites. 1. C’est l’Europe qui a conçu l’idée d’humanité, la vision planétaire d’
386 r les nations de toute la terre en un seul corps. 2. C’est l’Europe qui a donné naissance à la seule civilisation effectiv
387 ciproque n’est encore observé, ni même pressenti. 3. C’est l’Europe qui peut seule animer le courant des échanges mondiaux
388 e politique mondiale. À la veille de la guerre de 1914, les échanges de l’Europe avec le monde représentaient 38 % de son com
389 échanges de l’Europe avec le monde représentaient 38  % de son commerce. Aujourd’hui, les importations des États-Unis ne co
390 importations des États-Unis ne correspondent qu’à 4  % de leur revenu national. L’Europe n’est rien sans le monde : elle d
391 lle doit être mondiale, par une nécessité vitale. 4. C’est l’Europe qui représente aujourd’hui non seulement le Musée du M
392 ique des palimpsestes, la datation par le carbone 14, la manie publique et privée des collections, l’enregistrement des fol
393 ique, les fouilles, les enquêtes sociologiques en 7 volumes sur les indigènes des îles Trobriand, les films et les microf
394 . Part des importations dans le revenu national : 4  %, ne l’oublions pas. L’Europe seule périrait, sans discussion possib
395 , que je lus en clôture du congrès de La Haye, le 12 mai 1948, commence ainsi : L’Europe est menacée, l’Europe est divisé
396 e lus en clôture du congrès de La Haye, le 12 mai 1948, commence ainsi : L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la p
397 e pratiquement qu’à tomber sous la coupe d’un des deux « grands ». L’Espagne est souveraine, la Hongrie l’est aussi… La Fran
398 inité est animée par l’union et la distinction de trois personnes. Prenez la musique : chaque voix chantant sa seule partie d
399 s, que doit être considérée l’union partielle des six pays qui ont initié le Marché commun. Ceux qui reprochent aux auteurs
400 traité de Rome d’avoir voulu « limiter l’Europe à six pays » sont-ils sincères, ou simplement vexés que l’Europe ait commen
401 elle, une Grande Europe qu’ils n’ont cessé depuis dix ans de refuser comme utopique — d’où la nécessité de commencer par la
402 une zone de libre-échange. L’objectif évident des Six étant de déclencher un processus d’union, il serait manqué si les Six
403 her un processus d’union, il serait manqué si les Six , dès maintenant, tentaient de se suffire à eux-mêmes ou, pire encore,
404 pire encore, y parvenaient. Vouloir « réussir les Six  » sans vouloir davantage conduirait donc nécessairement à rater les S
405 antage conduirait donc nécessairement à rater les Six et à agir contre l’Europe, qui se verrait rapetissée et non pas renfo
406 ée. En revanche, vouloir ou escompter l’échec des Six serait adopter en fait la politique du Kremlin, très alertée sur le «
407 ne interview « sensationnelle », d’ailleurs prise trois semaines auparavant et qui chassa l’Europe des grands titres…) Oppose
408 tre la nature même du processus d’association des Six , étonnamment conforme à la définition que je proposais plus haut de l
409 ment européen dans l’existence encore fragile des Six , c’est qu’ils sont vitalement intéressés à devenir ces Dix-Sept que t
410 t qu’ils sont vitalement intéressés à devenir ces Dix-Sept que tout en eux appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les Six
411 appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les Six de l’Est : ce qui ferait au total vingt-trois, qui se trouve être le
412 appeler les Six de l’Est : ce qui ferait au total vingt-trois , qui se trouve être le nombre des fils de ce Japhet auquel fut dévolu
413 ères de l’Église. Et quand les descendants de ces vingt-trois fils (ou « nations », ou même « langues », selon les textes) se verro
414 ines catégories devenues traditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu
415 égories devenues traditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gi
416 fle à rattraper les USA et n’apporte rien de bien neuf — beaucoup d’archaïsme au contraire — à l’entreprise universelle de c
417 s un jour de poser cette question à des sages des cinq continents ; si l’Europe devait disparaître, emportée par un cataclys
418 ure profonde de l’Europe », Réalités, Paris, juin 1959, p. 80, 87-88 et 91.
419 de l’Europe », Réalités, Paris, juin 1959, p. 80, 87-88 et 91.
420 pe », Réalités, Paris, juin 1959, p. 80, 87-88 et 91.
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
421 Éclipse ou disparition d’une civilisation ? ( 1960 )o I Le xxe siècle a vu la civilisation européenne étendre à
422 ou disparition d’une civilisation ? (1960)o I Le xxe siècle a vu la civilisation européenne étendre à la Terre
423 mière Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en 1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civilisation
424 ssez longue tradition de pessimisme européen. Dès 1791, le philosophe français Volney, méditant sur la mort des civilisations
425 tablir empiriquement, par l’examen comparatif des 21 civilisations qui ont existé jusqu’ici, les lois complexes mais const
426 so Cortés à Georges Sorel, tous ont décrit depuis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici
427 répondre à ces questions, formulons tout de suite deux remarques dictées par une élémentaire prudence historique. Primo, l’
428 e des autres civilisations, demeurées locales. II Les civilisations antiques de l’Égypte des Pharaons, de Sumer, de
429 iforme, imposée à tous par l’État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’
430 nnes, à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
431 bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces trois vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
432 al. Je voudrais maintenant définir brièvement ces trois vertus et ce ne sera pas dans un esprit d’orgueil occidental, mais av
433 la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf . Il faut songer cependant que l’Asie et l’Afrique ignorent cette exig
434 e périmé. Si j’ai cru bon de mettre en valeur ces trois vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulement parce qu’elles
435 os institutions : et enfin, de la combinaison des trois vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’ab
436 e la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5  % de sa surface solide, c’est bien à la complexité de nos origines qu
437 ue je ne le crois nullement, et je vais en donner trois raisons principales. Première raison : la civilisation européenne est
438 olitiquement sur tous les continents, comme avant 1914, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en
439 r les Grecs et les Chinois également, il existait deux espèces différentes de bipèdes verticaux : les Grecs, ou les Chinois,
440 être diffusées de nos jours sur toute la Terre ? II s’en faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus ra
441 se et prestigieuse, comme dans le cas de quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’empire des Aztèques et des Incas. Il s’ag
442 dans l’esprit des Européens, et pas ailleurs. III Devant le recul, ou la métamorphose prévisible du péril rouge, dég
443 ces maladies. L’Europe a secrété Hitler, mais en douze ans, elle l’a éliminé, et je crois qu’elle s’en trouve immunisée pour
444 nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de millions de morts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez nous, mais ch
445 triomphe. Permettez-moi de vous citer à ce propos deux textes dont le rapprochement éclaire cruellement mon sujet. Je prendr
446 un quotidien du parti communiste de Pékin, il y a deux ans. Burckhardt décrit le sort qui attend les masses européennes au x
447 e. Voici sa prophétie dans une lettre qui date de 1871  : Le sort des ouvriers sera le plus étrange… l’État militaire va dev
448 qu’écrit le quotidien de la jeunesse de Pékin, le 27 septembre 1958 : À l’aube des trompettes sonnèrent et des sifflets r
449 uotidien de la jeunesse de Pékin, le 27 septembre 1958  : À l’aube des trompettes sonnèrent et des sifflets retentirent pour
450 champs. Ici on ne voit plus de petits groupes de deux ou trois paysans qui fument tout en cheminant lentement vers les cham
451 Ici on ne voit plus de petits groupes de deux ou trois paysans qui fument tout en cheminant lentement vers les champs. On en
452 xemple vécu — et pas seulement par nos discours — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civilisation : — la
453 ion d’une civilisation ? », Stato sociale, Turin, 1960, p. 546-561.
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
454 Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960 )q r Posé devant le monde entier par l’annonce d’un nouveau concile
455 ncerne-t-il aussi les non-chrétiens, qui sont les deux tiers de notre humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où
456 ceux qui s’y rattachent, qui est de l’ordre d’un milliard . S’il est vrai que le monde communiste enferme un nombre équivalent d
457 moins nombreux que les chrétiens pratiquants des trois grandes confessions dans les pays de l’Europe de l’Est et en Russie (
458 ssie (on compterait, aux dernières nouvelles, sur 208 millions de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 million
459 (on compterait, aux dernières nouvelles, sur 208 millions de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de prot
460 dernières nouvelles, sur 208 millions de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptis
461 rnières nouvelles, sur 208 millions de Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptistes, à qu
462 e Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptistes, à quoi s’ajoutent les luthériens d
463 Russes, 35 millions d’orthodoxes pratiquants et 3 millions de protestants baptistes, à quoi s’ajoutent les luthériens des pays b
464 niens du Caucase). Le PC russe n’a jamais dépassé 8 millions de membres inscrits. Mais laissons ces spéculations aux comm
465 ens du Caucase). Le PC russe n’a jamais dépassé 8 millions de membres inscrits. Mais laissons ces spéculations aux commentateurs
466 est que dans le sein d’une même Église coexistent deux attitudes que l’on peut qualifier selon les temps de protestante ou c
467 savent englober dans une seule et même Église les deux tendances — anglicans, luthériens de Suède et d’Amérique — ils ouvren
468 a désunion des chrétiens », Réalités, Paris, mars 1960, p. 66-67. r. Cet article paraît dans le dossier « Le concile de la d
469 r ses articles sur “La fin du pessimisme” en juin 1957 et “La nature profonde de l’Europe” en juin 1959) est l’un des plus g
470 1957 et “La nature profonde de l’Europe” en juin 1959 ) est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre temps. Calvin
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
471 Le nationalisme et l’Europe (mars 1960 )p Le nationalisme, dans les peuples du tiers-monde, n’est guère qu
472 irréfutables du style de pensée des Européens de 1789 à 191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, n
473 tables du style de pensée des Européens de 1789 à 191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvo
474 style de pensée des Européens de 1789 à 191427. I . Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvons l
475 de la Révolution française. Dans son discours du 15 mai 1790, Robespierre a cette formule parfaite : Il est de l’intérêt
476 Révolution française. Dans son discours du 15 mai 1790, Robespierre a cette formule parfaite : Il est de l’intérêt des natio
477 la paix universelle et qui représente la liberté. Deux ans plus tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide de célébrer l
478 qui représente la liberté. Deux ans plus tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide de célébrer les victoires de l’ar
479 nte la liberté. Deux ans plus tard, le 9 novembre 1792, la Convention décide de célébrer les victoires de l’armée de la Liber
480 ples. Déjà, le Patriote français avait publié le 15 décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte » de la Raison anticlér
481 le Patriote français avait publié le 15 décembre 1791, cet appel à la « guerre sainte » de la Raison anticléricale : La gue
482 alière et chancelante. (Discours à la Convention, 26 avril 1793.) Mais ce libéralisme universel vire sans transition au c
483 chancelante. (Discours à la Convention, 26 avril 1793. ) Mais ce libéralisme universel vire sans transition au collectivisme
484 in, l’être suprême, fera justice tôt ou tard. Le 21 avril 1792, Cloots avait remis à la Convention un ouvrage intitulé la
485 e suprême, fera justice tôt ou tard. Le 21 avril 1792, Cloots avait remis à la Convention un ouvrage intitulé la République
486 ées de l’ouvrage intitulé L’État commercial fermé 28, qui parut en 1800. Les peuples du monde antique étaient séparés les
487 intitulé L’État commercial fermé 28, qui parut en 1800. Les peuples du monde antique étaient séparés les uns des autres d’u
488 et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer vers 1800  : ne fut-ce que par la collusion de la science et des nationalismes,
489 ntera toujours comme une « défense de nos foyers » 30, il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la première en da
490 e vocation, passant des personnes aux nations. II . nation et Liberté, ou le grand paradoxe de 1848 Mais cet État-nat
491 II. nation et Liberté, ou le grand paradoxe de 1848 Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont
492 agique malentendu, les poètes de la génération de 48 furent les premières victimes, enthousiastes et bernées. Ils croient
493 divergence vertigineuse, qui devait nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et des romantique
494 à l’Europe si elle abandonne ces peuples ! Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongrois
495 donne ces peuples ! Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth, qui pu
496 i fut tué dans un combat. Kossuth, à Bruxelles en 1859  : Je me bornerai à dire que la Hongrie est la Hongrie depuis le ixe
497 selle de la Russie. Et Petőfi, dans son poème de 1848 intitulé « Silence de l’Europe » : L’Europe se tait… Honte à cette E
498 , qui fut mêlé aux conspirations républicaines de 1833, exilé à Paris et à Bruxelles, puis réhabilité par le Piémont dont il
499 s diverses chrétientés nationales écrivait-il en 1843, dans un ouvrage publié à Bruxelles : De la primauté morale et civile
500 librer », et en fait se neutraliser, la France de 48 se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Europe
501 . Lamartine, ministre des Affaires étrangères en 1848, tient à rassurer l’Europe sur les intentions de la nouvelle Républiqu
502 rd, d’opérer la « transfiguration » des idéaux de 48 en un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi — mais
503 nt contempler à Paris l’Exposition universelle de 1867, il a des phrases qui découragent la critique : Ces yeux saturés de n
504 siècle, c’est à la formation de l’Europe.32 En 1875, un professeur de droit international, Johann Gaspar Bluntschli, décla
505 s nationalismes » préconisée par les prophètes de 48, évoque l’idée d’une amicale universelle des Misanthropes ou d’une mut
506 rocessus, illustré par toutes les grandes voix de 48, et de la période qui suit, à l’Est comme à l’Ouest, et en Suisse comm
507 ement que la Russie pourra devenir européenne. En 1837, paraît le premier numéro de la revue des slavophiles, partisans d’un
508 ce que pensera Dostoïevski, et ce qu’il exprimera cent fois dans son Journal d’un écrivain, gazette qu’il publie seul, à int
509 qu’il publie seul, à intervalles irréguliers, en 1876 et 1877. L’avenir de l’Europe appartient à la Russie. La plus haute
510 ublie seul, à intervalles irréguliers, en 1876 et 1877. L’avenir de l’Europe appartient à la Russie. La plus haute parmi les
511 laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent ». III . Les prophètes de la catastrophe Le grand historien allemand Léopo
512 à sa fameuse conférence prononcée en Sorbonne le 11 mars 1882 sur le thème : « Qu’est-ce qu’une nation ? » il écrit : Un
513 meuse conférence prononcée en Sorbonne le 11 mars 1882 sur le thème : « Qu’est-ce qu’une nation ? » il écrit : Une nation,
514 l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à l
515 iment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue :
516 n « patriotisme jovial et solennel ». Voici entre cent pages du même ton, quelques extraits tirés de Par-delà le bien et le
517 ope ! Pourquoi lui cacher ce qui l’attend ? Avant dix ans, elle sombrera dans la guerre et l’anarchie, comme elle a toujour
518 guerre et l’anarchie, comme elle a toujours fait deux ou trois fois par siècle. … Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Po
519 et l’anarchie, comme elle a toujours fait deux ou trois fois par siècle. … Rien n’améliorera le sort de l’Europe. Pourquoi vo
520 le feu ; que diable ! Prenez-en votre parti ! IV . Liquidation de l’Europe des nations Sorel, qui parlait en 1908 de
521 de l’Europe des nations Sorel, qui parlait en 1908 de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité », e
522 de l’Europe des nationalismes. Et c’est à lui que 1914 donnera raison. Car 1914 sonne le glas non de l’Europe, certes, mais
523 smes. Et c’est à lui que 1914 donnera raison. Car 1914 sonne le glas non de l’Europe, certes, mais de l’Europe des nations e
524 u dogme sacro-saint de la souveraineté totale. 27. Les citations qui suivent sont extraites d’une Anthologie encore in
525 , dans laquelle j’ai groupé et commenté plusieurs centaines de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene
526 s de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris, 1
527 Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris, 1940. 29. Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30.
528 staat, trad. franç. par J. Gibelin, Paris, 1940. 29. Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30. « On
529 Dans ses Grundzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30. « On dirait qu’il appelle foyers tous les endroits où il a porté
530 undzüge des gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30. « On dirait qu’il appelle foyers tous les endroits où il a porté le f
531 il a porté le feu », remarque Benjamin Constant. 31. Article intitulé le Droit et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Av
532 nstant. 31. Article intitulé le Droit et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terr
533 31. Article intitulé le Droit et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terribles
534 et la Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine. 34. Jean
535 Loi, 1875. 32. Article intitulé l’Avenir, 1867. 33. Cf. supra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine. 34. Jean Vario
536 upra p. 9, les « terribles niveleurs » de Heine. 34. Jean Variot, Propos de Georges Sorel, Paris, 1935. p. Rougemont Den
537 34. Jean Variot, Propos de Georges Sorel, Paris, 1935. p. Rougemont Denis de, « Le nationalisme et l’Europe », La Table ro
538 alisme et l’Europe », La Table ronde, Paris, mars 1960, p. 9-26.
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
539 ure européenne comparée aux autres cultures (juin 1960 )s t C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé
540 ropéenne ont coutume d’affirmer simultanément les deux propositions contradictoires que voici : primo ; il n’y a pas de cult
541 ent dans le reste du monde. Comment expliquer ces deux attitudes négatives, d’ailleurs contradictoires, et sans doute absurd
542 imitable saveur que l’on ne trouve qu’à soi-même » 35 et que je ne trouve qu’à l’Europe. Poussons plus loin le paradoxe (ju
543 de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultures, surtout antiques,
544 Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces trois villes illustres, du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. N
545 ntier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5  % des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines cul
546 ation ou de réglementation forcée. Comparée à ces deux groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédi
547 nnes, à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
548 bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces trois vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
549 la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf . Veuillez songer cependant que l’Asie et l’Afrique ignorent cette exi
550 peuplades africaines ou chez les « apparatchiks » 36 de l’URSS, ni dans les masses de l’Inde, du Sud-Est asiatique ou de l
551 e périmé. Si j’ai cru bon de mettre en valeur ces trois vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulement parce qu’elles
552 ? Je n’en crois rien. Il existe sur notre planète trois régions comparables du point de vue de la pression démographique, c’e
553 n’ont pas produit les mêmes conséquences dans ces trois régions. Le rayonnement mondial de la Chine est resté faible, celui d
554 e de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 35. Paul Valéry. 36. Membres de l’Appareil, des cadres du régime. 37.
555 r l’ensemble du genre humain. 35. Paul Valéry. 36. Membres de l’Appareil, des cadres du régime. 37. L’Aventure occide
556 36. Membres de l’Appareil, des cadres du régime. 37. L’Aventure occidentale de l’homme , 1957. s. Rougemont Denis de,
557 égime. 37. L’Aventure occidentale de l’homme , 1957. s. Rougemont Denis de, « Originalité de la culture européenne compa
558 Caractère et culture de l’Europe, Amsterdam, juin 1960, p. 28-34. t. Texte très proche, mais non sans variantes, de celui pu
559 antes, de celui publié sous le même titre en août 1960.
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
560 e la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960 )u Au terme d’une semaine d’échanges intellectuels d’une exceptionn
561 l’inspirent. Le plus simple sera de reprendre les trois termes qui forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous somm
562 l a tenu des réunions successivement dans plus de vingt-cinq pays sur les cinq continents — mais voici le point important : ce Con
563 ccessivement dans plus de vingt-cinq pays sur les cinq continents — mais voici le point important : ce Congrès n’est pas un
564 s après leur première conférence à Berlin, il y a dix ans, ils décidèrent de se grouper afin de créer ainsi, en cas d’urgen
565 e dans les pays techniquement non développés) des centaines de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouve
566 ys techniquement non développés) des centaines de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouver un sens à
567 est plus seulement initiation mais invention. Ces deux aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homm
568 contacts d’autre part entre les représentants des cinq ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui 
569 d’autre part entre les représentants des cinq ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui : leurs
570 our la liberté de la culture, Paris, juin–juillet 1960, p. 2.
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
571 La liberté et le sens de la vie ( 8 juillet 1960)v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces co
572 La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960 )v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libe
573 e dans les pays techniquement non développés) des centaines de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouve
574 ys techniquement non développés) des centaines de millions d’êtres humains qui souffrent avant tout de ne pas trouver un sens à
575 est plus seulement initiation mais invention. Ces deux aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homm
576 contacts d’autre part entre les représentants des cinq ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui 
577 d’autre part entre les représentants des cinq ou six cultures continentales qui vivent dans le monde d’aujourd’hui : leurs
578 a recherche d’une sagesse globale. Voilà pour les trois termes qui forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre
579 ion de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressivement aux dimensions du monde entier, es
580 de l’Afrique, de l’Asie, du Proche-Orient et des deux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui nous est propre : celle
581 ns de la vie », France catholique, Paris, juillet 1960, p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est ten
582 , France catholique, Paris, juillet 1960, p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin
583 60, p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international p
584  1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international pour la
585  Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international pour la liberté de la culture. Parmi les délégu
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
586 ure européenne comparée aux autres cultures (août 1960 )x y C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé
587 ropéen. Examinons d’un peu plus près ce paradoxe. I . Les intellectuels sceptiques et les adversaires déclarés (ou non) de
588 ropéenne ont coutume d’affirmer simultanément les deux propositions contradictoires que voici. Ils affirment primo : qu’il n
589 ent dans le reste du monde. Comment expliquer ces deux attitudes négatives, d’ailleurs contradictoires, je le répète, et san
590 itable saveur que l’on ne trouve qu’à l’Europe38. 2. Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où nous allons le voir
591 s tentent d’imposer à la culture de leurs sujets. 3. Esquissons cette comparaison, limitée pour l’instant aux formules d’u
592 de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultures, surtout antiques,
593 Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces trois villes illustres, du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. N
594 ntier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5  % des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines cul
595 e et sans rival dans les annales du genre humain. 4. En dépit de ce que je viens de dire sur la complexité indescriptible
596 ation ou de réglementation forcée. Comparée à ces deux groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédi
597 nnes, à développer ce que je voudrais appeler les trois vertus cardinales de l’Europe : le sens de la vérité objective, le se
598 bilité personnelle, et le sens de la liberté. Ces trois vertus se conditionnent et s’impliquent mutuellement en Europe. En re
599 la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf . L’Asie et l’Afrique ignorent cette exigence de l’objectivité, et pro
600 rope dépend de son union. L’union de l’Europe, en 1946, avait un but précis et limité : empêcher les Français et les Allemand
601 e de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 38. Si l’on me permet de paraphraser ainsi un vers fameux de Paul Valéry.
602 s cultures », Schweizer Monatshefte, Zurich, août 1960, p. 506-516. y. Texte très proche, mais non sans variantes, de celui
603 antes, de celui publié sous le même titre en juin 1960.
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
604 Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)z L’idée d’
605 étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960 )z L’idée d’une Fondation européenne fut exposée pour la première f
606 lon Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. C’était le 14 novembre 1953. Une quinzaine de personnalités de la banque, de l’indu
607 , à Saint-Germain-en-Laye. C’était le 14 novembre 1953. Une quinzaine de personnalités de la banque, de l’industrie, de la po
608 une culture. Le Club européen se réunit encore à trois reprises, au cours de l’année suivante, pour discuter et mettre au po
609 ment et les statuts de l’institution projetée. Le 16 décembre 1954, au Centre européen de la culture, à Genève, les statut
610 statuts de l’institution projetée. Le 16 décembre 1954, au Centre européen de la culture, à Genève, les statuts de la Fondati
611 ar MM. Robert Schuman, agissant comme président ; D. de Rougemont, agissant comme secrétaire ; H. Brugmans, F. Marinotti,
612 Silva, G. Villiers et le Baron van Zeeland, — ces huit personnes constituant le premier noyau du Conseil des gouverneurs de
613 e session plénière du Conseil des gouverneurs, le 11 mai 1955, à Genève, S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas voulut b
614 on plénière du Conseil des gouverneurs, le 11 mai 1955, à Genève, S. A. R. le prince Bernhard des Pays-Bas voulut bien accept
615 tivités paraîtraient effectives et convaincantes. Deux départements spécialisés furent donc créés sans plus attendre : celui
616 opéenne (dont l’exécution devait être confiée dès 1956 au CEC) et le second commanda des œuvres nouvelles à six jeunes compo
617 CEC) et le second commanda des œuvres nouvelles à six jeunes compositeurs, auxquels des bourses furent décernées. Un comité
618 . Lors de la réunion des gouverneurs à Genève, le 16 mars 1957, il fut convenu que la Fondation établirait son siège d’opé
619 e la réunion des gouverneurs à Genève, le 16 mars 1957, il fut convenu que la Fondation établirait son siège d’opérations à A
620 ions qui pouvaient résulter de la cohabitation de deux institutions, déjà statutairement distinctes et de fonctions très dif
621 ais volontiers cette opération à la mise à feu du 2e étage d’une fusée de l’espace, se séparant au moment voulu du premier
622 Le premier de ces congrès se tint à Amsterdam en 1957, le second à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un sémin
623 se tint à Amsterdam en 1957, le second à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un séminaire pour « jeunes respons
624 cond à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un séminaire pour « jeunes responsables » et une table ronde des inst
625 ront de nouveau lors du congrès de Copenhague, en 1960. La table ronde est destinée à permettre une meilleure coordination de
626 ncipales institutions culturelles existantes. Dès 1960, elle compte répartir entre ses membres des subventions et des bourses
627 t venu, pour la Fondation, de « mettre à feu » le 3e et dernier étage : celui de l’aide effective aux efforts culturels te
628 sième étape. Si notre Fondation atteint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au départ, ce succès se trouvera coïncide
629 l’année. z. Rougemont Denis de, « Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation », Caractère et culture de l
630 actère et culture de l’Europe, Amsterdam, octobre 1960, p. 5-6.
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
631 Tristan et Iseut à travers le temps ( 1961 )aa ab I. Qui d’entre vous ne se souvient de cette première ph
632 stan et Iseut à travers le temps (1961)aa ab I . Qui d’entre vous ne se souvient de cette première phrase du Trist
633 Gottfried Weber plus récemment, et puis entre ces deux générations, Ernest Vinaver — que vous célébrez aujourd’hui. En resti
634 i celle de l’intellect, encore qu’elle tienne aux deux , c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme o
635 e, c’est-à-dire de l’amour-réalité, se rattachent deux grandes traditions de la culture occidentale : le romantisme et le ro
636 conclusion du mythe de Tristan : ce qui se passe trois jours après la mort d’amour. Iseut n’évoque-t-elle point cette forme
637 e saurait s’aimer soi-même, puisqu’« il faut être deux pour aimer », comme dit la sagesse populaire. Aimer vraiment, ce sera
638 e de langue et littérature françaises, Bruxelles, 1961, p. 214-221. ab. Précédé de la note suivante : « Le fauteuil où il es
639 uand elle eut appris que tel était le dessein des deux orateurs, l’Académie s’avisa de compléter ces exposés de deux philolo
640 s, l’Académie s’avisa de compléter ces exposés de deux philologues sur la grande œuvre médiévale en invitant à sa tribune, p
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
641 Nos meilleurs esprits ( 1961 )ad Dans un film naguère célèbre, Orson Welles assurait que la Suis
642 Sa boutade est moins sotte qu’elle n’en a l’air. Trois raisons l’excusent à mes yeux, sans la justifier pour autant. Et tout
643 par sa réputation mondiale, pas une personne sur mille , prise dans la rue, n’aura jamais entendu ce nom. En revanche, les no
644 ’on lui donnera sont inconnus hors du canton. Ces trois points appelleraient d’infinis commentaires, un livre entier : imagin
645 près. Compartiments est le mot-clé de la Suisse. Vingt-cinq États distincts quoique sans frontières visibles ; deux confessions m
646 tats distincts quoique sans frontières visibles ; deux confessions majeures et trente-six sectes, qui se côtoient partout ma
647 rontières visibles ; deux confessions majeures et trente-six sectes, qui se côtoient partout mais qui s’ignorent ; je ne sais comb
648 a de l’un à l’autre en une demi-heure, parfois en deux minutes comme il arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres : la
649 itales ; qu’un troisième a donné à l’Amérique les deux plus grands ponts « in the world », le Golden Gate et le Washington B
650 qui leur manquent. Paracelse était Suisse, comme C. G. Jung, et Rousseau comme Jacob Burckhardt, et Madame de Staël comme
651 de Staël et Benjamin Constant à Paris. Quant à un C. G. Jung, à un C. F. Ramuz, à un Karl Barth ou à un Jean Piaget, qui o
652 min Constant à Paris. Quant à un C. G. Jung, à un C. F. Ramuz, à un Karl Barth ou à un Jean Piaget, qui ont surtout vécu e
653 ample, dont je n’indique ici que le thème : un ou deux exceptés (et cela se discuterait) ils furent tous, à des titres diver
654 eurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum 70. Geburtstag von Carl J. Burckhardt, München, Georg D. W. Callwey, 1961
655 Carl J. Burckhardt, München, Georg D. W. Callwey, 1961, p. 343-346.
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
656 Culture et technique (juillet 1961 )ae af L’économie occidentale d’aujourd’hui est dominée par l’indus
657 question que je me pose. J’y répondrai en citant trois faits qui ont l’avantage d’être connus de tous. Fait n° 1. Pour la p
658 ui ont l’avantage d’être connus de tous. Fait n°  1. Pour la première fois dans l’histoire, une civilisation devient vraim
659 ent, en tout cas à l’Occident politique. Fait n°  2. Presque partout, on manque de techniciens, d’ingénieurs et de contrem
660 glo-Saxons nomment encore les humanités. Fait n°  3. Depuis plusieurs dizaines d’années, les plus grands penseurs de l’Eur
661 ncore les humanités. Fait n° 3. Depuis plusieurs dizaines d’années, les plus grands penseurs de l’Europe et des États-Unis, sui
662 uter de son bon droit, et à diviser ses forces en deux camps : d’une part, ceux qui sont prêts à sacrifier la culture généra
663 Vinci. Le motif onirique du vol, attesté par des centaines d’auteurs depuis trois-mille ans, est de toute évidence antérieur à t
664 âge des fugues. Le jeune Henry Ford le réalisa en 1893, quelques années après que l’Allemand Otto eut inventé le moteur à exp
665 hiers, historien et ministre français, déclare en 1833 que la locomotive est « une simple amusette scientifique ».) Plus tar
666 t Vénus me suffira. Les plus grandes sommes — des milliards de dollars — que dépensent nos plus grands États, sont affectées à la
667 et encore moins les besoins matériels — quand les 2 /3 de l’humanité souffrent la faim — mais c’est un rêve, un rêve unive
668 encore moins les besoins matériels — quand les 2/ 3 de l’humanité souffrent la faim — mais c’est un rêve, un rêve univers
669 tage de nous faire mieux comprendre la nature des deux dangers majeurs que la technique risque de créer dans ce siècle : le
670 — l’homme attaché au service des machines jusqu’à seize heures par jour, dès sa jeunesse, puis l’homme taylorisé, travaillant
671 vail moyen à l’usine ou au bureau, obtenue depuis trois quarts de siècle, est d’environ deux-mille heures par an aux États-Un
672 lite, mais d’une masse importante de techniciens. Deux exemples : la France déclare qu’elle manque dès aujourd’hui d’environ
673 déclare qu’elle manque dès aujourd’hui d’environ cinquante mille techniciens et ingénieurs. Quant à l’URSS, elle subordonne tout
674 u’elle manque dès aujourd’hui d’environ cinquante mille techniciens et ingénieurs. Quant à l’URSS, elle subordonne toute son
675 on technique. Cette formation obligatoire absorbe 67  % du temps d’étude, et ne laisse à peu près aucune place à la culture
676 nique. L’ère nouvelle exigera, c’est entendu, des dizaines de milliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseigne
677 nouvelle exigera, c’est entendu, des dizaines de milliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur
678 leur seule formation spécialisée, il en résultera que nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que
679 1° que nous aurons moins de grands inventeurs et que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement so
680 es — je tirerai maintenant quelques conclusions : 1. Gardons-nous d’opposer théoriquement la culture et la technique comme
681 culture et la technique comme s’il s’agissait de deux entités indépendantes et au surplus rivales. Nous avons vu que leurs
682 grâce aux paperbacks, d’un supplément posthume de 200  000 lecteurs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-nous d’op
683 e aux paperbacks, d’un supplément posthume de 200  000 lecteurs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-nous d’oppose
684 eption simpliste. Je demandais un jour à l’un des trois physiciens qui ont réalisé la fission de l’atome comment il travailla
685 actère et culture de l’Europe, Amsterdam, juillet 1961, p. 5-9. af. Présenté par cette note : « Avec la clarté de l’écrivain
686 . Auteur d’une vingtaine de volumes — traduits en douze langues — directeur du Centre européen de la culture, engagé dans le
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
687 Le Temps de la louange (été 1961 )ac Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelqu
688 nge (été 1961)ac Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatr
689 étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures du matin, et je tirais les cartes. Un grand et fort garçon, da
690 c’est que nous aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il devenait mon collaborateur le plus actif et imagina
691 e Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l’agrégation d’allemand, traducteur incomparable de Keyserling et d
692 de la louange », Cahiers des saisons, Paris, été 1961, p. 21-24.
24 1962, Articles divers (1957-1962). Jonas [préface] (1962)
693 Jonas [préface] ( 1962 )at Jean-Paul de Dadelsen était alsacien, né à Strasbourg, et son p
694 e Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l’agrégation d’allemand, traducteur incomparable de Keyserling et d
695 Dadelsen, Jonas  », dans Jonas, Paris, Gallimard, 1962, p. 11-12.
25 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
696 Calvin ( 1962 )ag Jean Calvin naît le 10 juillet 1509 à Noyon, d’une famille de b
697 Calvin (1962)ag Jean Calvin naît le 10 juillet 1509 à Noyon, d’une famille de bourgeoisie aisée. Il reçoit u
698 Calvin (1962)ag Jean Calvin naît le 10 juillet 1509 à Noyon, d’une famille de bourgeoisie aisée. Il reçoit une bonne inst
699 ourges étudier le droit. Quand son père meurt, en 1531, il réalise sa part d’héritage, vend ses bénéfices, et ne s’occupe plu
700 il écrit L’Institution chrétienne qu’il publie en 1536. Après un séjour à Ferrare, il est retenu à Genève par Guillaume Farel
701 organiser l’Église. Chassé par les magistrats en 1538, Calvin s’en va à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540
702 à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540, il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Chr
703 1540, il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Christianae religionis institutio (1536). Traducti
704 l y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Christianae religionis institutio (1536). Traduction françai
705 1564. Œuvres. Christianae religionis institutio ( 1536 ). Traduction française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol.,
706 gionis institutio (1536). Traduction française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet ave
707 nstitutio (1536). Traduction française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet avec un réce
708 n française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet avec un récent manifeste39 que « l’é
709 se en 1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900. ) Si l’on admet avec un récent manifeste39 que « l’écrivain, dans la
710 enir en jeu, comme on dit. L’aventure se noue en 1535, année cruciale où, tandis que paraissent trois grandes traductions de
711 en 1535, année cruciale où, tandis que paraissent trois grandes traductions de la Bible (en Allemagne, celle de Luther, en An
712 rançais l’épître liminaire au roi de France. Il a vingt-cinq ans. Il vient d’élaborer en quelques mois, — « dans des veilles mémor
713 urgie, qu’il met en vers pour être mieux chantée. Trois ans s’écoulent et sa pensée mûrit, mais voilà Genève qui le rappelle.
714 ’Occident une éthique sociale et civique, un type neuf de relations politiques, enfin des formes de gouvernement qui ont mar
715 oire déifiée mais qu’il en appelait à son juge. 39. Introduction à la Nouvelle NRF, 1953. ag. Rougemont Denis de, « Cal
716 à son juge. 39. Introduction à la Nouvelle NRF, 1953. ag. Rougemont Denis de, « Calvin », Tableau de la littérature franç
717 lvin », Tableau de la littérature française, vol. I , Paris, Gallimard, 1962, p. 276-281.
718 littérature française, vol. I, Paris, Gallimard, 1962, p. 276-281.
26 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
719 Le règne de Victoria ( 1962 )ah Sous le règne de Victoria les lettres et les arts prospèrent, l
720 elques mois, à la cour de San Isidro : c’était en 1941. Je venais des États-Unis, où la guerre en Europe m’avait projeté hors
721 s rencontres avec Victoria dataient tout juste de deux ans auparavant. Elles restent liées dans ma mémoire avec tout ce que
722 ne sagesse orientée par la Femme, comme Goethe et C. G. Jung l’ont annoncé. Quelques-uns l’ont appris de Victoria, non par
723 ration dans l’amitié. Ferney-Voltaire (Ain), juin 1962. ah. Rougemont Denis de, « Le règne de Victoria », Testimonios sobr
724 os sobre Victoria Ocampo, Buenos Aires, La Fleur, 1962, p. 318-320.
27 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
725 La culture et l’union de l’Europe (avril 1962 )ai S’il est question d’intégration européenne et qu’on lui parle d
726 -à-dire le Marché commun ? Le traité de Rome, les Six , les accords agricoles, la candidature britannique, voilà le solide e
727 er ici, d’une manière aussi simple que possible : que l’Europe unie est beaucoup plus que le Marché commun, moyen néces
728 commun, moyen nécessaire mais non pas suffisant ; que le Marché commun serait impensable (et au surplus n’aurait jamais
729 dans une longue tradition culturelle européenne ; que cette tradition, éclairant la conjoncture actuelle, exige la créa
730 rope fédérale, et non pas d’une Europe unitaire ; que le fédéralisme et la culture s’appellent et se conditionnent réci
731 s’appellent et se conditionnent réciproquement ; enfin, que l’Europe, sans sa culture, ne serait pas l’Europe mais un
732 rtout de comparer la dotation globale des quelque 40  000 fondations américaines, qui se chiffre en milliards de dollars, a
733 ut de comparer la dotation globale des quelque 40  000 fondations américaines, qui se chiffre en milliards de dollars, avec
734 40 000 fondations américaines, qui se chiffre en milliards de dollars, avec celle des quelque 300 fondations culturelles existan
735 e en milliards de dollars, avec celle des quelque 300 fondations culturelles existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’e
736 s existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’en millions de francs, marks ou florins. Mais quelle que soit sa popularité, cett
737 iale, et si elle est encore aujourd’hui l’une des trois grandes puissances de la planète, ce n’est pas à ses richesses nature
738 aturelles qu’elle le doit : simple cap de l’Asie ( 4  % des terres émergées du globe), un peu moins peuplée que l’Inde et b
739 le cœur et le cerveau de la planète, pour plus de cinq siècles déjà, — et c’est bien loin d’être fini ! Selon la plus célèbr
740 ap de l’Asie x culture intensive Un combat sur deux fronts Que veut dire, dans ces conditions, l’expression courant :
741 : « faire l’Europe » ? L’Europe existe depuis des millénaires . Il n’est pas question de la créer ; mais simplement, les circonstanc
742 un théoricien de l’économie peuvent vous faire en trois jours un plan géométrique d’unification rigoureuse du continent, supp
743 ergi, Briand et Churchill, de nos jours, — depuis six siècles donc, les meilleurs esprits et les meilleurs hommes politique
744 vraiment un dialogue culturel. La synthèse de ces deux doctrines, c’est l’attitude fédéraliste : l’union dans la diversité.
745 dans la diversité. Il faut prendre au sérieux les deux termes ensemble. Tel est le secret spirituel de notre avenir. L’énerg
746 hire et s’étiole : c’est ce qui s’est produit par deux fois dans la génération à laquelle j’appartiens, et l’Europe a risqué
747 e détruit l’Europe spirituellement. Le combat sur deux fronts pour une Europe unie, mais unie dans ses diversités, — voilà l
748 re Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes : 1° organiser la coopération des forces culturelles
749 enir, doit comprendre les deux tâches suivantes : organiser la coopération des forces culturelles au-delà des frontière
750 s culturelles au-delà des frontières nationales ; créer un état d’esprit favorable à l’avènement d’une union fédérale,
751 ns des responsabilités sociales d’autre part. Ces deux grandes tâches, je le répète, sont vitales et elles relèvent de la cu
752 rs et des publicistes, des enseignants enfin (aux trois degrés orientés vers l’Europe unie) ne sont pas fortement soutenus dè
753 aractère et culture de l’Europe, Amsterdam, avril 1962, p. 9-13.
28 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
754 Journal d’un témoin ( 23-24 juin 1962)aj ak Dans l’ouvrage si opportun que La Tribune de Genèv
755 Journal d’un témoin (23-24 juin 1962 )aj ak Dans l’ouvrage si opportun que La Tribune de Genève vient de
756 oppèrent en Suisse pendant la crise de mai à août 1940. Il insiste notamment sur la fameuse « ligue des officiers », affaire
757 uotidienne à leur troupe. C’était au mois de mars 1940. L’un de mes premiers projets de plan révèle l’idée qui me hantait à c
758 aint-Gothard dès les débuts de notre histoire. Le 11 mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Hollande, une nouvelle
759 à la première heure d’une agression allemande les 70 chefs de quartier nazis qui opèrent dans la Ville fédérale. Des camio
760 t, d’après mes notes de journal de l’époque. ⁂ Le 3 juin 1940al À Radio-Lausanne, pour l’émission nationale, Theophil Sp
761 rès mes notes de journal de l’époque. ⁂ Le 3 juin 1940al À Radio-Lausanne, pour l’émission nationale, Theophil Spoerri, de l’
762 récautions — avant d’avoir calculé la dépense. Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille.
763 ns — avant d’avoir calculé la dépense. Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri in
764 e idée qui s’incarne, qui « prend corps ». Samedi 15 juin 1940 À 11 heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. «
765 ui s’incarne, qui « prend corps ». Samedi 15 juin 1940 À 11 heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. « Mon premi
766 carne, qui « prend corps ». Samedi 15 juin 1940 À 11 heures, l’ordonnance fait irruption dans mon bureau. « Mon premier-li
767 Je suis resté immobile un long moment. J’ai écrit deux pages sur la confrontation d’Hitler et de Paris, les ai recopiées et
768 censure vous permettent de publier cela. » Lundi 17 juin 1940 au soir Faisons le point, bon exercice pour rester maître d
769 vous permettent de publier cela. » Lundi 17 juin 1940 au soir Faisons le point, bon exercice pour rester maître de soi-même
770 core. Au milieu de la nuit dernière, réveillé par deux détonations qui semblaient provenir de la forêt. Me suis levé pensant
771 serais alerté par téléphone. Peu dormi, et levé à six heures. Avant d’entrer à mon bureau, près de la gare, acheté comme ch
772 istoires, paraît-il. Mais rien de nouveau jusqu’à six heures. Je me prépare à sortir. Sonnerie du téléphone. On va me parle
773 ures tapantes au bureau, surtout. Notre projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour le 22 juin
774 cise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour le 22 juin les dix personnes que nous avons « contactées » ces jours dernie
775 ttu est en train de convoquer pour le 22 juin les dix personnes que nous avons « contactées » ces jours derniers. Secret bi
776 ef délai de manifestations plus énergiques. Mardi 18 juin 1940 À sept heures précises au bureau. Sur ma table, une note me
777 de manifestations plus énergiques. Mardi 18 juin 1940 À sept heures précises au bureau. Sur ma table, une note me priant de
778 i m’accompagne à la maison, en voiture. J’attends deux heures. Une auto militaire vient me prendre. Comparutions diverses. D
779 aj. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin I : La Suisse pendant les événements dramatiques de juin 1940 », Tribun
780 Suisse pendant les événements dramatiques de juin 1940  », Tribune de Genève, Genève, 23 juin 1962, p. 1. ak. Précédé du cha
781 tiques de juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 23 juin 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : « Nos lecteurs se
782 e juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 23 juin 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : « Nos lecteurs se souviennent
783 Kimche avait signalé la formation durant l’été de 1940 d’un « mouvement de résistance » — il en distingue deux, l’un civil,
784 ’un « mouvement de résistance » — il en distingue deux , l’un civil, l’autre formé d’officiers — qui entendait barrer la rout
785 tains feuillets de son journal de juin et juillet 1940 qui les éclairent et les expliquent… Nous avons choisi de publier ces
786 ages en cette fin de juin, à peu près à l’époque, vingt-deux après, où Denis de Rougemont les vécut. » al. Pour les besoins de ce
29 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
787 ier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence,
788 mouvement de résistance : Journal d’un témoin II ( 25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je n
789 t de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962 )am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je ne puis la
790 al d’un témoin II (25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je ne puis la caractériser mieux. T
791 témoin II (25 juin 1962)am an Mercredi 19 juin 1940 Atmosphère d’imminence, je ne puis la caractériser mieux. Tout est im
792 ssaires, car je sens qu’on écoute mes téléphones.) 40 Le risque individuel prend sa place normale dans le risque collectif.
793 réoccupation des petites choses précises à faire. 20 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison d
794 tion des petites choses précises à faire. 20 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison du Gurten.
795 i-même qui vous condamne au maximum de la peine : quinze jours au fort de Saint-Maurice, au pain et à l’eau, sans visites ni c
796 dre un verre, au terme de cette petite cérémonie. 22 juin 1940 Céder à l’ennemi sur le point de la liberté d’expression, n
797 erre, au terme de cette petite cérémonie. 22 juin 1940 Céder à l’ennemi sur le point de la liberté d’expression, n’est-ce po
798 lis les instructions données au général Guisan le 31 août 1939 par le Conseil fédéral : Vous avez pour mission de sauvegar
799 instructions données au général Guisan le 31 août 1939 par le Conseil fédéral : Vous avez pour mission de sauvegarder l’indé
800 té de nous adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin 1940 Repris mon service à la section « Armée et Foyer ». Pendant mes vacan
801 satisfaction. Discuté et corrigé ce texte jusqu’à cinq heures du matin, avec les fondateurs, dans une petite salle de café e
802 suisse, sous la responsabilité d’un directoire de dix membres. Le manifeste constate que « la Suisse est réduite à elle-mêm
803 es, et d’être Suisses. Ce texte va paraître dans 74 journaux du pays. Dans chacun, nous avons acheté une page entière. (F
804 des officiers — tout ce qu’il possède, paraît-il. 26 juin 1940 Hier, discours de Pilet-Golaz. À propos du cessez-le-feu en
805 ciers — tout ce qu’il possède, paraît-il. 26 juin 1940 Hier, discours de Pilet-Golaz. À propos du cessez-le-feu en France, i
806 s à accéder aux exigences des nazis, formulées en onze points. (Point n° 1 : renvoi immédiat des directeurs des trois plus g
807 es des nazis, formulées en onze points. (Point n°  1  : renvoi immédiat des directeurs des trois plus grands journaux suiss
808 (Point n° 1 : renvoi immédiat des directeurs des trois plus grands journaux suisses allemands.) D’autres seraient très nette
809 res seraient très nettement « résistants ». Un ou deux indécis. Sur la base de ces informations et de leur analyse détaillée
810 dent dans l’histoire des conjurations politiques. Trois de ses membres, conduits par le professeur Theo Spoerri, solliciteron
811 . Mais les banderilles ont été plantées. (Note de 1962  : nulle trace de cette démarche dans les archives fédérales. On devai
812 a fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanmoins, un sergent de mes amis, syndicaliste, membre fondateur de
813 les rouleaux enregistrant vos conversations ! » 41. Il s’agit de M. Auguste Lindt, aujourd’hui ambassadeur de Suisse à Wa
814 . am. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin II : La Ligue du Gothard, premier mouvement de résistance », Tribune de
815 ement de résistance », Tribune de Genève, Genève, 25 juin 1962, p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin 1940, la dé
816 résistance », Tribune de Genève, Genève, 25 juin 1962, p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin 1940, la débâcle des a
817 2, p. 1. an. Précédé du chapeau suivant : « Juin 1940, la débâcle des armées françaises. Au lendemain de l’entrée des Allema
30 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
818 La conjuration des officiers en juin 1940  : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réun
819 des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers d
820 officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III ( 26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’
821 s en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962 )ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. c
822  : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. chargés de pr
823 d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. chargés de préparer le mes
824 6 juin 1962)ao ap 10 juillet 1940 Réunion avec trois officiers de l’E.-M. G. chargés de préparer le message du 1er août du
825 s de l’E.-M. G. chargés de préparer le message du 1er août du général. Après quelques heures d’essais peu convaincants — on
826 is sûr qu’il en approuvera la pensée. Fin juillet 1940 Je rédige une brochure intitulée : Qu’est-ce que la Ligue du Gothard
827 r, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre disposit
828 tres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre dispositif de défense
829 de impression dans l’armée et dans la population. 1er août 1940 La section Armée et Foyer publie le message du général. Con
830 sion dans l’armée et dans la population. 1er août 1940 La section Armée et Foyer publie le message du général. Convergence p
831 nt, quand j’ai rédigé ces quelques pages. Mi-août 1940 Réunion du Directoire de la Ligue à Zurich, dans une villa de l’Utlib
832 éjeuner, sur une route presque campagnarde, entre deux murs, une voiture militaire ouverte ralentit le long de nos petits gr
833 mes côtés et me dit rapidement : « Soyez prudent. Quatre chefs de la Ligue dans l’armée viennent d’être arrêtés, sur l’ordre d
834 uit. Il leur a laissé croire qu’il marchait, et à 6 heures ce matin, les a fait boucler. » Le lieutenant remonte, la voit
835 e n’étais certes plus persona grata. Pourtant, le 16 juillet, Pro Helvetia m’avait renouvelé la demande. J’aurais à faire
836 ussi des conférences. Je proposai, pour voir, les quatre sujets suivants : 1) les causes spirituelles du drame européen ; 2) l
837 proposai, pour voir, les quatre sujets suivants : 1 ) les causes spirituelles du drame européen ; 2) la mission européenne
838  : 1) les causes spirituelles du drame européen ; 2 ) la mission européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ; 4) le théât
839 uropéen ; 2) la mission européenne de la Suisse ; 3 ) le fédéralisme ; 4) le théâtre communautaire en Suisse. Le 27 juille
840 ion européenne de la Suisse ; 3) le fédéralisme ; 4 ) le théâtre communautaire en Suisse. Le 27 juillet, une lettre du Dép
841 lisme ; 4) le théâtre communautaire en Suisse. Le 27 juillet, une lettre du Département politique m’offrait un passeport d
842 ce comme ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à 3 devraient, par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettr
843 omme ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à 3 devraient, par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettre, s
844 enu plus qu’un symbole. Centre du Réduit national 42 il se dressait vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont nous
845 voilà qui suffit à mes yeux. En ce mois d’août de 1940, j’estimais qu’elle avait réussi dans la mesure précise où elle devena
846 résistance », inutile. ⁂ L’armée démobilisait les deux tiers de ses effectifs. Je me voyais rendu à mes travaux d’écrivain,
847 fait est qu’elles jouèrent dans le même sens. Le 20 août, à 7 heures du matin, je prenais la route de Lisbonne. J’avais a
848 u’elles jouèrent dans le même sens. Le 20 août, à 7 heures du matin, je prenais la route de Lisbonne. J’avais acheté, ava
849 . J’avais acheté, avant de monter dans l’autobus, trois journaux du matin et de la veille : tous les trois consacraient leur
850 rois journaux du matin et de la veille : tous les trois consacraient leur éditorial au programme de la Ligue. Les notes perso
851 nature à confirmer la description d’ensemble que M , Jon Kimche donne de la « crise » consécutive à l’effondrement des Al
852  » consécutive à l’effondrement des Alliés en mai 1940. Dans le détail, c’est-à-dire dans le concret, les choses se sont pass
853 sur plusieurs points que je relèverai maintenant. 1. La « ligue des officiers » s’est bien constituée aux dates qu’indique
854 ns d’entre eux dînaient régulièrement à sa table. 2. Il est probable que la ligue des officiers et la ligue civile naquire
855 euse erreur en confondant la ligue civile de juin 1940 avec ce qu’il appelle tantôt « l’Action nationale de résistance », ta
856 ganisation civile qui apparut durant l’automne de 1940. L’un de ses chefs, M. Hans Oprecht, me le confirme doublement en me d
857 ison avec les officiers pendant la crise de l’été 1940. 3. L’absence de toute mention de la Ligue du Gothard et la substituti
858 vec les officiers pendant la crise de l’été 1940. 3. L’absence de toute mention de la Ligue du Gothard et la substitution
859 tuation psychologique qui régnait au mois de juin 1940, lorsque fut prise la décision de créer le Réduit national. Elle empêc
860 ndre à cette question dans un prochain article. 42. On se rappelle, en Suisse, que le 25 juillet, le général Guisan convo
861 article. 42. On se rappelle, en Suisse, que le 25 juillet, le général Guisan convoqua tous les officiers supérieurs de
862 . ao. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin III : La conjuration des officiers en juin 1940 », Tribune de Genève, Gen
863 témoin III : La conjuration des officiers en juin 1940  », Tribune de Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Précédé du cha
864 iciers en juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Précédé du chapeau suivant : « Denis de Rougemo
865 n juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Précédé du chapeau suivant : « Denis de Rougemont retrace
866 des succès nazis (voir La Tribune de Genève des 23 et 25 juin). Rappelons, pour la compréhension de cet article, que l’a
867 uccès nazis (voir La Tribune de Genève des 23 et 25 juin). Rappelons, pour la compréhension de cet article, que l’auteur
31 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
868 Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)aq ar La prévision est un exer
869 Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962 )aq ar La prévision est un exercice intellectuel à deux temps alter
870 ar La prévision est un exercice intellectuel à deux temps alternés : élan et freinage. L’imagination débridée court vers
871 re de grandeur des changements qu’apporteront les dix-huit ans qui nous séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont a
872 apporteront les dix-huit ans qui nous séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont apportés les dix-huit ans qui no
873 voyons d’abord quels changements ont apportés les dix-huit ans qui nous séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’
874 prévoir une accélération continuée des rythmes ? Deux hypothèses. Ou bien l’union de l’Europe est stoppée par l’échec des n
875 faire. Dans cette seconde hypothèse, l’Europe de 1980 est redevenue à tous égards le centre du monde humain. Les géographes
876 « l’hémisphère privilégié » qui comprend environ 95  % de la population et de la production du globe. À cette réalité de g
877 ntinentaux, dont elle fut le moteur unique depuis cinq siècles. Elle équilibre ces échanges, elle les dose, elle les adapte
878 ux, dont les premiers sont entrés en fonction dès 1963. ) Enfin, l’Europe offre au monde le modèle d’une communauté organisée
879 fs s’efforçaient encore de copier dans les années 1950 à 1970. Le succès du fédéralisme européen les a fait réfléchir et leu
880 forçaient encore de copier dans les années 1950 à 1970. Le succès du fédéralisme européen les a fait réfléchir et leurs nouve
881 B. de Jouvenel. L’augmentation de la population — 630 millions sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Eur
882 e Jouvenel. L’augmentation de la population — 630 millions sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Europe d’auj
883 ion — 630 millions sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contrai
884 — 630 millions sur la même superficie que les 440 millions que compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contraint autant
885 péen est devenu Mégalopolis : une maison tous les cent mètres en moyenne, à quelque distance des autoroutes à six pistes, le
886 s en moyenne, à quelque distance des autoroutes à six pistes, lesquelles permettent d’aller aussi vite d’une ville à l’autr
887 es montagnes, loin des lieux du travail, réduit à cinq journées de six heures par semaine, en moyenne. (Dans le secteur tert
888 n des lieux du travail, réduit à cinq journées de six heures par semaine, en moyenne. (Dans le secteur tertiaire, le week-e
889 yenne. (Dans le secteur tertiaire, le week-end de deux jours et demi ou trois jours est de règle.) La vie politique ne resse
890 r tertiaire, le week-end de deux jours et demi ou trois jours est de règle.) La vie politique ne ressemble plus du tout à ce
891 européenne et à l’échelle mondiale. Le mythe des deux grands a disparu, on ne s’en souvient guère davantage que de la Tripl
892 d’accords économiques et culturels). En Europe, deux grandes tendances s’affrontent, en lieu et place de la droite et de l
893 . Dans l’ensemble, les changements survenus entre 1962 et 1980 sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes l
894 ’ensemble, les changements survenus entre 1962 et 1980 sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes les témoi
895 l’homme. J’écris ceci pour amuser les lecteurs de 1980, s’ils retrouvent par hasard mon petit essai ; et pour que certains, a
896 hoisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans, une Europe neuve », Problèmes, Paris, novembre 1962, p. 9-14. a
897 s, une Europe neuve », Problèmes, Paris, novembre 1962, p. 9-14. ar. Présenté par cette note : « Né à Neuchâtel, en Suisse,
898 iverses villes européennes, participa à Paris, en 1931, à la fondation des revues Esprit et L’Ordre nouveau , et collabora
899 . Son premier livre, Politique de la personne ( 1934 ) lança le mot d’ordre d’engagement de l’écrivain dont il devait renie
900 A et en Argentine pour y faire des conférences en 1940, il devint en 1942-1943 le principal rédacteur des émissions française
901 our y faire des conférences en 1940, il devint en 1942-1943 le principal rédacteur des émissions françaises de La Voix de l’Améri
902 ses de La Voix de l’Amérique. Revenu en Europe en 1946, il s’engagea dans le mouvement pour une fédération européenne et il o
903 pour une fédération européenne et il organisa, en 1949, à Lausanne, le Congrès européen de la culture. L’année suivante, il f
904 ève le Centre européen de la culture. Il a publié dix-huit ouvrages (essais et récits sous forme de journaux, littérature, philo
32 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
905 entielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962 )as Anciens villages et villes d’Europe, vous n’en trouverez pas de
906 lages et villes d’Europe, vous n’en trouverez pas deux dont les plans soient superposables. S’ils se ressemblent, c’est par
907 oriaux du journal que Daniel Defoe rédige seul de 1704 à 1713. Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un
908 du journal que Daniel Defoe rédige seul de 1704 à 1713. Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un peu plu
909 on », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p. 5 et 20.
910 d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p. 5 et 20.