1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 ec certaines options fondamentales qu’il a prises au plan religieux. Au nom même du désir d’union de l’humanité qui anime
2 s fondamentales qu’il a prises au plan religieux. Au nom même du désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre
3 nus de ces termes sera l’objet des essais de mise au point qui suivent. Certains penseront qu’il est dangereux de souligne
4 l’union finale des esprits ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plut
5 tité primitive, peut-être, cette parenté certaine au départ, ne rendent que plus frappante la divergence des évolutions ul
6 dans l’aventure mystique. Le véritable individu, au Moyen Âge, c’est Maître Eckhart, de même qu’en Inde c’est d’abord le
7 , l’Occident de la Matière et du soleil couchant, au bord le plus lointain duquel s’étend une « mer chaude et boueuse » (l
8 lui de l’atlas, l’Orient réel, qui va de la Perse au Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la
9 b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’opposition
10 encore que par sa forme elle semble correspondre au tableau que l’on vient d’établir. Un voyageur allemand9 demandait à u
11 « Nous cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deu
12 es de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’autre inversement, s’expriment les missions différentes,
13 ation de l’esprit. Tandis que le passage du carré au cercle figure le retour de la matière à l’esprit. La première opérati
14 Foi et Connaissance. L’Oriental, tournant le dos au « monde » décide d’atteindre le salut par tout son moi, mais par son
15 irecte de l’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au soleil, en lequel il croit sans le voir, décide d’imiter Dieu le Créa
16 raire ni contradiction. » Dépourvu de sensibilité au sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esprit révolutionn
17 s représentent si peu dans son existence que rien au monde ne semble moins le mettre en danger ou le compromettre que le m
18 i le moi devient conscient et se détache, échappe au corps magique, s’isole enfin, mais c’est pour mieux se perdre en son
19 aussi le transcende, le reliant à l’esprit comme au prochain. Et du même coup paraît la société, en lieu et place du corp
20 ? (un homme individuel, un exemplaire humain pris au hasard) qu’on obtient les réponses les plus révélatrices de l’Orient
21 emples précis. Je trouve le premier dans Kassner, au chapitre où il décrit le corps magique : Une histoire d’Hérodote tra
22 uipement de la campagne contre les Grecs, demande au roi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quo
23 ces deux moitiés sectionnées depuis la tête jusqu’ au sexe, comme le corps d’un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’un boucher,
24 s d’un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’un boucher, au beau milieu défileront les armées qui marchent contre les Grecs, et d
25 la mort — tout cela dépend du rang qu’il assigne au libre arbitre. Même sans être philosophe, il s’entend sur ce point au
26 , leur grand-maître lui fit escorte et lui montra au passage ses palais et ses châteaux. Ils arrivèrent devant une place f
27 hacune d’elles. Le grand maître voulut faire voir au comte que les siens lui obéissaient mieux qu’aux princes chrétiens le
28 our s’écraser sur le sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il devait d’un second signe livrer à la mort toute la garde d
29 r place ; l’horreur d’un monde étranger lui monte au cœur. Cette horreur saisira toujours celui qui respecte en l’homme un
30 Orient professe un respect de la Vie qui va jusqu’ au refus de détruire la vermine13. Pourtant, l’adoration de la vie en gé
31 pas d’éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exemple ? Je cherchais à c
32 es parias ou hors-castes étant les « résistants » au processus d’intégration sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant
33 aire entre l’Orient et l’Occident », que forment, au sens physique cette fois, l’Arabie et l’Iran. Leur Occident, c’est la
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
34 cilement à nos définitions, mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire q
35 que l’argument, précisément, n’est pas soutenable au plan de la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’Europe enti
36 e au plan de la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allem
37 car ses frontières n’ont pas cessé de se déplacer au cours des temps. Elle ne serait donc définissable que par sa culture,
38 cielle, sans nul rapport avec le drame qui vient. Au vrai, tout cela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci doivent
39 ique, occasion de discours permettant de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos intellectuels
40 xemple. Les historiens font remonter sa naissance au Pacte du Grütli, conclu par trois cantons en 1291. Cette alliance exc
41 formez vos catégories pour les faire correspondre au réel, car il s’agit maintenant de sauver ce réel, et non pas d’ergote
42 est d’un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la bataille de Poitiers (732) dans l’œuvre d’un clerc es
43 ant) ils étaient le témoignage de l’intérêt porté au caractère culturel et politique des terres dont ils décrivaient les c
44 contre le concept de cultures nationales, apparu au xixe siècle. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? dit l’Europe aux nations.
45 es réalités décisives ont cessé d’être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit
46 ues, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le pouvoir de les freiner en paralysant les échanges. Quant au p
47 de les freiner en paralysant les échanges. Quant au plan politique on a vu récemment ce que valaient à l’épreuve les fame
48 . Je dirai plus : l’Européen demeuré nationaliste au fond de son cœur, me paraît comparable à un arbre qui s’obstinerait à
49 vie, un système de valeurs, un certain sens donné au fait de vivre, à l’amour, à la mort, aux relations entre humains, à l
50 mort, aux relations entre humains, à la matière, au corps, à l’esprit, et au temps — en somme, par une culture, au sens o
51 e humains, à la matière, au corps, à l’esprit, et au temps — en somme, par une culture, au sens où j’emploie le mot. Entre
52 ’esprit, et au temps — en somme, par une culture, au sens où j’emploie le mot. Entre la politique et la culture, conçues c
53 t de l’indiquer, le rapport devrait être analogue au rapport entre forme et contenu. Une politique d’union ne devient poss
54 ne, n° 17, 1957 (article tiré d’une communication au 10e Congrès international des sciences historiques, Rome, septembre 1
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
55 par la note suivante de l’éditeur : « En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que nous lui avons fait parvenir avant
56 oncluait en effet son article intitulé « L’Europe au pied du mur » par ce post-scriptum : « Je sentais l’urgence de rappel
57 uperpose un nouveau. Pourquoi donc accorderais-je au fédéralisme ce que je refusais au chauvinisme ? Il y avait une Europe
58 accorderais-je au fédéralisme ce que je refusais au chauvinisme ? Il y avait une Europe de Romain Rolland. Il y en a une
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
59 en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessi
60 Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des tyrannies totalitaires qui revendiquaient les corps non m
61 à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès disqualifiait son homme, et l’idée s’empressa d’émigrer aux É
62 ’à pousser un peu plus loin. Il n’eut qu’à mettre au point l’exemple soviétique, à l’étendre à l’Europe de l’Ouest, à supp
63 sa foi dans le progrès. C’est elle enfin qui cède au vertige de l’histoire, s’imagine que son heure est passée, que le Pro
64 hèses ou contestaient leurs arguments. Il s’agit, au plein sens des termes, d’un succès de scandale, d’un choc profanateur
65 dépit du bon sens, dès l’instant qu’on le produit au grand jour, explique tout. Il faudra plusieurs décennies pour qu’on e
66 , ces deux révélations « uniques » qui semblaient au début exclusives et totales. Appliquer l’analyse marxiste au milieu s
67 clusives et totales. Appliquer l’analyse marxiste au milieu social de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, le
68 rxiste au milieu social de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudiens et marxistes à la Bour
69 s freudiens et marxistes à la Bourgeoisie même et au Prolétariat (cette figure de terreur longtemps refoulée dans l’incons
70 qu’on dise d’eux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Que Freud soit dépassé dans son propre d
71 le triomphe du plan total, ordonnant toute la vie au service de l’État. Un certain déterminisme historique faisait prévoir
72 ils prolongeaient et révèle une tendance générale au réveil des valeurs de liberté. Première illusion fataliste : « L’URS
73 que. Ils le jugent grossièrement matérialiste, et au surplus de mauvaise foi. Plus finement, Bertrand de Jouvenel, compara
74 ue le capitalisme ; l’autre définie par la remise au travailleur des fruits de son travail, serait l’œuvre du communisme.
75 le. Le mouvement vers l’union fédérale, déclenché au lendemain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a p
76 manité recommencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépe
77 tones, épuisants ou dangereux. On ne connaît rien au monde de plus inoffensif. En revanche, l’invention du couteau, pourta
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
78 nt les qualités humaines et propose un sens moral au lecteur ». C’est donc sa récente Aventure de l’homme occidental (Albi
79 it à me donner une palme. Et il y avait toujours, au dernier moment, quelqu’un qui se levait pour déclarer : Mais ce n’est
80 ain de s’occidentaliser. Personne ne se convertit au mode de vie de l’islam, mais voyez la Chine, voyez l’Inde : ne se met
81 de ses plus grandes réussites. Je songe toujours au roman, me confia Denis de Rougemont. J’en ai jadis écrit un que j’ai
82 r. Mais je n’ai pas renoncé. Je prends des notes. Au fait, je considère et rédige comme un poème un livre tel que L’Avent
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
83 ent plus facilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sage
84 ociaux les plus voyants et les plus récemment mis au point par notre civilisation. Le système très complexe des valeurs sp
85 nos formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de force qui vont agir anarchiquement, détruisant les
86 e demain), le droit de libre expression, le droit au travail et à la sécurité sociale ou privée (assurances, retraites, et
87 la raison et à la rationalité du cosmos ; la foi au transcendant, l’amour de Dieu et du prochain. On voit sans peine que
88 fin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » ( au sens américain du verbe) et sont le plus souvent totalement ignorées.
89 te l’histoire qu’un même problème crucial se pose au même moment à l’humanité tout entière. 17. Chacun sait que « Naple
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
90 artie intégrante de la culture d’un honnête homme au xxe siècle, si l’on veut que la démocratie fonctionne. L’honnête hom
91 professionnels restent généralement inaccessibles au grand public, même s’ils sont édités en librairie ; leurs auteurs ne
92 la rédaction strictement individuelle, et la mise au point réciproque. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous
93 itaires en apportent à vouloir un monde inhumain. Au grand public, ces études donneront une idée précise de la complexité
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
94 lture ne se crée pas comme une institution, et qu’ au surplus la culture européenne existe. C’est même elle, et elle seule,
95 de cette Europe dans les transformations du monde au xxe siècle, sa vocation, et son avenir si elle s’unit. 3° Créer des
96 estion de l’union européenne s’est trouvée posée, au lendemain de la dernière guerre ? Parallèlement aux mouvements fédéra
97 sibilités de solution pratiques. Un budget réduit au strict minimum opératif, un personnel volontairement restreint, assez
98 e, son drame mais aussi ses possibilités d’avenir au plan mondial, si elle unit ses forces pendant qu’il en est temps. Le
99 onomiques rédigées par les services du CEC. Quant au département des Recherches, il a déjà organisé deux importants Sémina
100 ts et celle des universitaires d’Europe proposent au CEC une forme « fédéraliste » d’affiliation, sauvegardant l’autonomie
101 avant d’être politiques. Là encore, l’Europe mise au défi en tant qu’ensemble culturel, reste sans voix. C’est ici la néce
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
102 pourtant et vivait de si près la montée d’Hitler au pouvoir, malgré l’opposition des partis, des nantis, des Églises et d
103 Rhénanie. À Paris, le président du Conseil criait au monde : « Nous opposerons au droit de la Force, la force du Droit ! »
104 ussi pour redouter que la force suffisante manque au législateur. Comment contraindre les nations, les dictateurs, les « c
105 ations, les dictateurs, les « classes régnantes » au respect de la loi nouvelle ? Tandis que le physicien rêve d’une autor
106 un voit bien l’avenir, mais ignore qu’il en parle au seul homme qui en détienne le secret sans le savoir ! Rêvons là-dess
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
107 pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xixe siècle) On se figure, et l’on écrit souvent, qu’il a fallu q
108 est aujourd’hui. En réalité il a fallu neuf mois, au terme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq siècles et de
109 és nord du Gothard. Ce col était le seul à relier au travers d’une seule chaîne des Alpes les moitiés nord et sud du Saint
110 est-à-dire peu d’années après l’ouverture du col. Au nombre des seigneurs entreprenants qu’il fallait empêcher de dominer
111 es Habsbourg, possesseurs d’une série de châteaux au nord de la Suisse actuelle, et qui ne cessaient d’étendre leurs domai
112 ur mission de gardiens du Col. Et c’est pourquoi, au début du mois d’août 1291, — « considérant la malice des temps, et af
113 unes lombardes, devait s’élargir et se compliquer au cours des siècles par l’adhésion ou la conquête de communautés voisin
114 édiation rétablissait l’indépendance des cantons. Au lendemain de la chute de l’empereur, en 1815, un nouveau Pacte fédéra
115 rale, conforme à leurs anciennes traditions comme au respect de leurs diversités linguistiques, religieuses, politiques et
116 Elle ne fut résolue, très subitement, en 1848, qu’ au lendemain d’une guerre civile qui en fit éclater à tous les yeux la g
117 u toutes les raisons que l’on invoque aujourd’hui au plan européen pour ne pas corriger des erreurs analogues. Les cantons
118 tudiants, de gymnastes, de médecins ou de tireurs au fusil !)23 qui seules entretenaient l’idéal d’une patrie commune et d
119 depuis, aux temps de la Société des Nations, puis au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Rossi remarquait d’abord qu
120 grande forteresse des Alpes était un désert livré au premier occupant ». Il décrivait la paralysie qui frappe une Diète fo
121 instructions discutées séparément, souvent un peu au hasard, dans vingt-deux législatures, dont les unes ne connaissaient
122 ous les droits qui ne sont pas expressément cédés au pouvoir fédéral ». La Ligue des cantons, enfin dotée d’organes législ
123 avant A.-P. de Candolle) pouvait s’écrier en 1832 au Parlement de Genève : « Que veulent les partisans du nouveau Pacte ?…
124 ns vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député qualifiait de « chi
125 battre et à refuser les évidences du bien commun, au nom des préjugés de la souveraineté. Les cantons catholiques, où le p
126 r empêcher toute modification de régime favorable au libéralisme. Seul, Palmerston appuyait les réformistes (considérés pa
127 ent dans les diverses capitales européennes, tout au long de l’année 1848, les Suisses profitèrent du répit que leur laiss
128 un compromis qui, plus qu’à la logique, satisfait au bon sens. Escamotage ou solution de sagesse, voici ce compromis qui t
129 exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. La Confédération garantit aux cantons le
130 e l’on apporta à ne point passionner les esprits ( au lendemain d’une guerre civile et religieuse)25 contribua sans nul dou
131 t de 1848, la Constitution fédérale fut présentée au peuple comme un compromis, non point comme le gage du triomphe des ra
132 de plume, des douanes intérieures et des entraves au libre établissement des citoyens d’un canton dans un autre, avait été
133 d’œuvre des cantons pauvres, enfin le nivellement au plus bas des diversités culturelles, des coutumes et traditions local
134 tion suisse est le seul mouvement qui ait survécu au combat pour l’idée démocratique et communale au Moyen Âge ; elle repr
135 u au combat pour l’idée démocratique et communale au Moyen Âge ; elle représente le résultat d’une révolution générale qui
136 tat durable que l’on puisse attribuer précisément au mouvement général de 1848, partout ailleurs étouffé après la première
137 tandis que ceux qui s’intitulent « fédéralistes » au plan européen, sont les partisans d’une union institutionnelle de nos
138 histoire suisse sont cantonales et locales, jusqu’ au xixe siècle. Nous ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu :
139 Histoire de la Suisse, Paris, 1926, p. 241. 23. Au facteur fédéralisant que représentèrent alors les sociétés helvétique
140 à Carrare, venu en Suisse comme réfugié politique au début de la Restauration, il fut le premier professeur catholique à l
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
141 umain issu du Dieu unique de la Genèse et destiné au grand rassemblement « des nations et des langues » qu’annonce l’Apoca
142 n. Europe, donc, cœur du monde, et jamais plus qu’ au siècle où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres partie
143 rabes. La Chine est encore loin de pouvoir vendre au monde les produits de son école du soir industrielle. L’URSS vit en a
144 erne de l’hégémonie), conception déjà dépassée et au surplus disqualifiée par ceux-là mêmes qui l’attaquent sous le nom d’
145 la Manche. La Suisse est neutre parce qu’elle est au centre de l’Europe, et à cause d’une histoire très ancienne ; l’Autri
146 sse bien souvent le « colosse » soviétique) n’est au fond qu’une mesure de fortune : sans elle, pourtant, rien ne se fût m
147 pourront appeler les Six de l’Est : ce qui ferait au total vingt-trois, qui se trouve être le nombre des fils de ce Japhet
148 leur sang, que l’Europe entière n’est qu’un appel au monde. Quelles sont les chances actuelles de notre union, en d’autres
149 ite ambition des civilisations majeures : étendre au monde entier ses mesures et ses lois, son idée du cosmos et son idée
150 omme pour mieux s’éprouver et se mettre elle-même au défi de les intégrer, ses chances les plus sûres de durer. Ce fait pa
151 sophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans notre siècle, en passant
152 auteurs que je viens de citer se référaient tous au seul destin du monde gréco-romain, le mieux connu. Il se trouve que l
153 régulièrement, puis métamorphosées et baptisées, au cours d’un processus qu’on ne voit aucune raison de nommer décadence
154 indonésienne, les africaines et les américaines ; au surplus, entourées de Barbares mal connus. Les candidats à la relève
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
155 doxe planétaire que je voudrais d’abord examiner. Au lendemain de la Première Guerre mondiale déclenchée par l’Europe, en
156 notre temps. Mais comment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre en prose d’un de nos grands poètes, cette phrase rés
157 rs prédictions semblent confirmées par les faits. Au cours des années qui suivent la Première Guerre mondiale, les dictatu
158 e, et même le rendre, à vues humaines, définitif. Au surplus, les nouveaux empires et les peuples émancipés proclament déj
159 ociété, donc devant son destin sur la terre comme au ciel. De ce destin, il se croit ou se veut maître, pour une part tout
160 e exigence de recueillement en soi et d’ouverture au monde, de méditation et d’action, ou traduit en langage moderne : de
161 onnent les loisirs eux-mêmes — dûment organisés — au travail productif et collectif, qui devient le seul but de la vie. Ma
162 de la liberté (quel que soit le sens qu’on donne au mot) est sans nul doute le thème affectif le plus généralement europé
163 en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’
164 s ; du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de la liberté dérivent toutes nos institutions : et enfin, de la
165 nous condamnaient à la recherche, à l’invention, au dépassement perpétuel, et souvent à l’émigration aventureuse, et touj
166 et toujours à l’exportation de nos produits, donc au total, à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérialisme
167 Que ce mouvement ait été baptisé « impérialisme » au xxe siècle, voilà qui me paraît purement accidentel et relatif. Tout
168 sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’ au point où elles permettent non seulement à l’homme de dominer la matiè
169 l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier, et elle ne peut faire autrement, car toutes les créatio
170 n fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au hasard de la colonisation, de contacts d’affaires privés, ou d’échang
171 e notre idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant créé « le
172 ur microsillons, elles sont en mesure de résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascaux, les statues grecque
173 ns qu’on croyait endormies sont tirées de l’oubli au xxe siècle, si tant d’écoles antiques de sagesse et de mystiques voi
174 » Or le marxisme n’est pas une invention marxiste au sens politique de ce terme, et encore moins une invention soviétique.
175 ne ! Le marxisme est né en Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la théologie chrétienne et la ph
176 ropagées elle-même. C’est dans ses sources, c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en Europe, que ce péril doit êt
177 n siècle et demi, et que nous refusons de prendre au tragique, cette passion, quand elle atteint l’Asie, ou le monde arabe
178 s de l’économie, de la technique et de la culture au xxe siècle, le nationalisme n’en poursuit pas moins ses ravages dans
179 lliqueuse de ceux dont il fait nos ennemis. Quant au second virus secrété par l’Europe, et que je nommerai le matérialisme
180 décrit le sort qui attend les masses européennes au xxe siècle. Voici sa prophétie dans une lettre qui date de 1871 : L
181 marche. L’habitude millénaire des paysans à vivre au petit bonheur est à jamais disparue. Quel énorme changement ! Reconn
182 d’hui, est de créer les anticorps qui permettront au genre humain de résister à son tour à nos poisons, au virus du nation
183 enre humain de résister à son tour à nos poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette forme d’asth
184 n tour à nos poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette forme d’asthénie du spirituel. C’est di
185 ire que notre vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’illustrer d’abord par l’exemple vécu — e
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
186 tels, risquerait tout d’abord de les relativiser… Au surplus, le sort temporel du christianisme n’inspire pas d’inquiétude
187 e à l’ordre divin : « Que tous soient un… » C’est au niveau des hiérarchies ecclésiastiques, par-dessus la tête des fidèle
188 se sont produites. Il n’est rien que je respecte au monde autant que l’institution de l’Église : ecclesia, la communauté
189 de leur vie. Le christianisme a bel et bien donné au monde, et tout d’abord à l’Occident, cette formule de la communauté f
190 s les diversités spirituelles. Tant et si bien qu’ au point où nous en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant t
191 . » Cette parole ne peut être écartée. Elle reste au centre du mystère de l’unité. Voies vers l’union Parlant ici san
192 atholique ignore la Bible, que sa piété se réduit au culte de la Vierge, sa morale au décompte des jours du Purgatoire. En
193 piété se réduit au culte de la Vierge, sa morale au décompte des jours du Purgatoire. En revanche, combien savent-ils, de
194 us de connaissance mutuelle (par exemple assister au culte des autres) et l’interdiction solennelle d’enseigner ou de tolé
195 ine contre l’Église romaine, où l’habitude était, au xvie siècle, de ne communier qu’une fois l’an. Les positions se sont
196 t l’objectif raisonnable du grand élan œcuménique au xxe siècle. Au concret, cela signifierait ce que l’on nomme en terme
197 sonnable du grand élan œcuménique au xxe siècle. Au concret, cela signifierait ce que l’on nomme en termes techniques « l
198 n’importe où, dans le monde entier, puisse entrer au sanctuaire qui s’offre au coin de la rue, et s’unir à l’Auteur de sa
199 e entier, puisse entrer au sanctuaire qui s’offre au coin de la rue, et s’unir à l’Auteur de sa foi, ayant dit le credo co
200 nt sur le seuil fascinant d’une église — je pense au cas de Simone Weil — trouveraient-ils alors le courage d’entrer, de s
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
201 ns de 1789 à 191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvons le raisonnement suivant, touj
202 ais ce libéralisme universel vire sans transition au collectivisme totalitaire. Cloots poursuit en effet dans ces termes :
203 ne nous ont pas commis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aim
204 es premiers principes : à l’« égoïsme national », au nationalisme agressif. Dantonistes et jacobins, au nom de la paix et
205 rselle que Kant son maître, J. G. Fichte publiera au lendemain de la Révolution la théorie la plus absolue de la nation fe
206 r une même religion commune et la même soumission au chef visible de cette dernière. … Plus tard seulement, avec l’introdu
207 dialectique » aura coûté plus cher à l’Europe et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer vers 1800 : ne fut-ce que par
208 réées par l’idéal missionnaire qui amène le Parti au pouvoir. Tensions internes : « Que personne ne diffère, il deviendra
209 ts sentimentaux et des intérêts de groupe. Notons au passage que la guerre, qu’elle soit civile ou étrangère, froide ou dé
210 dans le bonheur et sans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des personnes aux na
211 au nom de la Civilisation ou du Droit, etc. Jusqu’ au jour où seront proclamés certains « concepts de l’esprit » plus redou
212 es peuples libérés a-t-il été brutalement démenti au terme même du processus de formation des grandes et petites nations e
213 goïsme sacré », donnera nécessairement la guerre, au point précis où la grande Dialectique idéaliste prévoyait l’avènement
214 nné par Henri de Saint-Simon aboutit entre autres au percement du canal de Suez dont aussitôt la politique des États, aprè
215 ope, qui voulait utiliser les passions nationales au service de l’idée fédéraliste, voit l’inverse se réaliser. Jamais les
216 ie. Tout se fait par les États et dans leur cadre au profit de leurs intérêts immédiats, mal calculés et au détriment de t
217 ui devait nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et des romantiques allemands : celle d’un
218 Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth, qui put émigrer en Europ
219 ise, Lajos Kossuth, qui put émigrer en Europe, et au poète-soldat Alexandre Petőfi, aide de camp du général polonais Bem,
220 rant pour sa patrie. Les Italiens, qui se sentent au seuil de leur indépendance, prennent une vue beaucoup moins pessimist
221 on du pape, Rome devenant la métropole d’un monde au sein duquel toutes les « nationalités » politiques et spirituelles, s
222 ique » de la cité à la nation, puis à l’Europe et au monde : Christ, en assignant pour but terrestre ultime à la société
223 ncore d’intérêts « traditionnels » qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais qu’en sera-t-il des grands aînés, de l’Espa
224 voisins ». Certes, elle va protéger, par la force au besoin, « les mouvements légitimes de croissance et de nationalité de
225 suspect de nationalisme borné, et parce qu’il fut au xixe siècle le prophète le plus exalté de l’union européenne, ses dé
226 es comme un désir secret de gagner tout l’univers au style de vie et de pensée d’une « nation mère » ? Parlant des « sauva
227 tions sont seulement des sœurs, elle est mère.31 Au xxe siècle, il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera g
228 ra illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. […] Cett
229 e s’appellera l’Europe. Elle s’appellera l’Europe au xxe siècle et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore, elle
230 ndre, accomplissant ainsi une vocation nationale, au meilleur sens du terme, mais de portée universelle ? Non, disent les
231 onscience nationale. Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheureux persécutés, quand bien même ce serait aux dépens d
232 ceux qui, en Europe, sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de la civilisation. Il faut que les organe
233 ’est pas de parler la même langue ou d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble de grandes ch
234 naturelle qui a fait commettre tant d’infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. … Je me dis souvent
235 la glèbe, pour revenir à la raison, je veux dire au « bon européanisme ». Grâce aux divisions morbides que la folie des n
236 uropéen, sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au début de ce siècle, Sorel n’a parlé de l’Europe que sur le ton d’un s
237 assage entre un Marx et un Nietzsche, ses maîtres au xixe siècle, un Lénine et un Mussolini, ses disciples au xxe siècle
238 siècle, un Lénine et un Mussolini, ses disciples au xxe siècle, fut sans doute l’observateur le plus pessimiste de l’Eur
239 -socialiste. L’Allemagne, la France, et l’Italie, au lendemain de leur libération, inscrivent dans leur Constitution des a
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
240 e et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je répondrai d’un seul mot : Voy
241 à l’Europe. Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’ au point où nous allons le voir se renverser). Ne serait-ce pas, précisé
242 ue et unifiante, imposée par une force extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou
243 origines diverses, hétérogènes, se sont produits au cours des siècles autant de conflits non encore résolus que de synthè
244 om d’un absolu de vérité qui s’opposera plus tard au christianisme même, en tant que vérité révélée mais impossible à véri
245 ociété, donc devant son destin sur la terre comme au ciel, destin dont il se croit ou se veut le maître, pour une part tou
246 e exigence de recueillement en soi et d’ouverture au monde, de méditation et d’action, ou, traduit en langage plus moderne
247 onnent les loisirs eux-mêmes — dûment organisés — au travail productif et collectif, qui devient le seul but de la vie. Ma
248 de la liberté (quel que soit le sens qu’on donne au mot) est sans nul doute le thème affectif le plus généralement europé
249 en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’
250 Et du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de la liberté, dérivent toutes nos institutions et nos doctrines
251 hine est resté faible, celui de l’Inde appartient au passé, mais celui de l’Europe est maximum. Le dynamisme d’une culture
252 illeurs victorieusement, des champs Catalauniques au Kablenberg, et de Poitiers à Lépante, n’ont rien suscité de marquant
253 Que ce mouvement ait été baptisé « impérialisme » au xxe siècle, voilà qui me paraît purement accidentel et relatif. Tout
254 sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’ au point où elles permettent non seulement à l’homme de dominer la matiè
255 l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier. Or, toutes ces créations sont nées des profondeurs de l
256 ffrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant créé « le
257 réparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des valeurs créatrices de la culture, et non pas au niveau de
258 n fait que l’Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contacts d’affaires privés ou d’échange
259 ’Europe dépend de son union. L’union de l’Europe, au lendemain de la dernière guerre, avait un but précis et limité : empê
260 ’Europe, dont dépend le sort du monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
261 cette aventure, les petites caravelles de Colomb, au matin du départ à Palos de Moguer. Auront-elles la voilure, le tonnag
262 de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même a suscité. À ceux qui demandent d’a
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
263 ntre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)u Au terme d’une semaine d’échanges intellectuels d’une exceptionnelle den
264 grouper afin de créer ainsi, en cas d’urgence et au service des libertés de l’esprit partout où elles sont attaquées, une
265 lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de liberté d’esprit,— et
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
266 p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : « Du 16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès international pour
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
267 e et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je répondrai d’un seul mot : Voy
268 urope38. 2. Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’ au point où nous allons le voir se renverser. Ne serait-ce pas, précisém
269 ue et unifiante, imposée par une force extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou
270 origines diverses, hétérogènes, se sont produits au cours des siècles autant de conflits non encore résolus que de synthè
271 om d’un absolu de vérité qui s’opposera plus tard au christianisme même en tant que vérité révélée, mais impossible à véri
272 ociété, donc devant son destin sur la terre comme au ciel, destin dont il se croit ou se veut le maître, pour une part tou
273 e exigence de recueillement en soi et d’ouverture au monde, de méditation et d’action, ou, traduit en langage plus moderne
274 res subordonnent les loisirs — dûment organisés — au travail productif et collectif, qui devient le seul but de la vie. Ma
275 de la liberté (quel que soit le sens qu’on donne au mot) est sans nul doute le thème affectif le plus généralement europé
276 en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Je pense donc que le dynamism
277 Que ce mouvement ait été baptisé « impérialisme » au xxe siècle, voilà qui me paraît purement accidentel et relatif. Tout
278 sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’ au point où elles permettent non seulement à l’homme de dominer la matiè
279 l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre désormais au monde entier. Or toutes ces créations sont nées des profondeurs de la
280 ffrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant créé « le
281 manité où les Européens, ayant créé « le monde » ( au sens que je viens d’indiquer) se voient menacés d’être dépossédés de
282 réparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des valeurs créatrices, et non pas au niveau des sous-produits
283 mais au niveau des valeurs créatrices, et non pas au niveau des sous-produits de notre culture. L’originalité de la cultur
284 n fait que l’Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la colonisation, de contacts d’affaires privés, ou d’échang
285 ’Europe, dont dépend le sort du monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
286 . Ceci m’évoque les petites caravelles de Colomb, au matin du départ à Palos de Moguer. Auront-elles le tonnage, la voilur
287 de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même a suscité, et qui commande au préal
288 t mondial qu’elle-même a suscité, et qui commande au préalable notre union. À ceux qui demandent d’abord des apaisements m
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
289 tint dans la chambre même où était né Louis XIV, au Pavillon Henri IV, à Saint-Germain-en-Laye. C’était le 14 novembre 19
290 mais encore et surtout, pour l’aider à faire face au défi tout nouveau que lui porte le Monde, — ce Monde du xxe siècle n
291 ours de l’année suivante, pour discuter et mettre au point les objectifs, le mode de financement et les statuts de l’insti
292 s de l’institution projetée. Le 16 décembre 1954, au Centre européen de la culture, à Genève, les statuts de la Fondation
293 ève. Les frais généraux purent ainsi être réduits au minimum. Ce régime provisoire devait permettre à la Fondation d’une p
294 ne (dont l’exécution devait être confiée dès 1956 au CEC) et le second commanda des œuvres nouvelles à six jeunes composit
295 perts en éducation et un jury musical présidèrent au choix des expériences-pilotes et des compositeurs. En même temps, plu
296 , à l’Association des universitaires d’Europe, et au département cartographique du Collège d’Europe. Lors de la réunion de
297 du 2e étage d’une fusée de l’espace, se séparant au moment voulu du premier moteur. La Fondation décida également d’organ
298 teint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au départ, ce succès se trouvera coïncider fort heureusement avec le vas
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
299 de cette première phrase du Tristan rendu naguère au grand public européen par les soins de Joseph Bédier : Seigneurs, vo
300 résents, vous répondez tous dans vos cœurs : Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au
301 nous plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que nous vaut la lecture des légendes arthuriennes, e
302  ? Tout auteur qui se permet ces grands mots doit au public une justification de l’usage personnel qu’il en fait. Un mythe
303 ion de l’usage personnel qu’il en fait. Un mythe, au sens où je l’entends, c’est une histoire, généralement très simple, e
304 istence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’exprime en sensations, et peut-être traduite à la rigueur
305 , ou « d’immortalité de l’âme ». Je prends le mot au sens précis et véritablement traditionnel, qui se retrouve dans certa
306 excuse du ton quelque peu didactique de ce rappel au sens des mots — considérons le mythe lui-même dans sa pleine stature
307 ourne à réalité » ? Ce n’est pas le désir comblé, au sens sexuel de l’expression, car cet acte instinctif, lié aux lois du
308 mythe, grandiose en sa simplicité première, jusqu’ au niveau des confusions morales les plus banales et complaisantes. Ce s
309 analyse sociologique de la dégradation du mythe, au cours des siècles, inclinerait à cette conclusion. Elle consisterait
310 légaux ; qu’elle s’en nourrit et même les invente au besoin. Sans les obstacles accumulés entre les amants légendaires — l
311 lieu de la candeur monumentale, les jeux d’esprit au lieu des drames du spirituel. Selon les sociologues, la passion doit
312 intentions et ses désirs et ses amours, composent au Ciel un être de lumière, une contrepartie transcendante, qui est son
313 éternel qui est son vrai moi, et qui est un ange au ciel. Et ces anges, nommés Fravartis, sont des entités féminines. On
314 élestes où croissent les plantes d’immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le
315 pes), le pont Chinvat s’élance, reliant un sommet au monde des Lumières infinies. À son entrée, se dresse devant l’âme sa
316 ait un jour abandonner, mais tient à l’être même, au fait de la personne. Nulle technique et nulle science de l’homme ne p
317 ur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
318 re, Orson Welles assurait que la Suisse n’a donné au monde que la pendule à coucou. Il entendait que la Suisse n’a pas pro
319 qu’ils sont que l’horlogerie suisse donne l’heure au monde entier et ne craint personne. Il faut admettre ensuite que notr
320 sapins en bataillons noirs et pensifs, s’arrêtant au sommet d’un seul coup, — et s’ouvre à l’autre bout dans l’espace doré
321 lors pas de milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, de Goeschenen, de Viège, entre
322 humaine, tandis que notre Américain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs esprits, hors de l’étroit comp
323 la Suisse qui a fait leur nom et qui l’a propagé au loin ; c’est au contraire de l’étranger, des grands pays voisins et p
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
324 t la mise en esclavage de l’homme par la machine. Au moment même où l’Occident voit sa technique et ses valeurs techniques
325 Car sans culture occidentale, point de technique, au sens actuel, au sens universel du terme ; et à l’inverse, sans techni
326 occidentale, point de technique, au sens actuel, au sens universel du terme ; et à l’inverse, sans technique, point d’ave
327 , sans technique, point d’avenir pour la culture, au sens occidental du terme. L’une se nourrit de l’autre et l’une sans l
328 . À l’origine des inventions européennes du xvie au xixe siècle, qui ont décidé du sort de la technique moderne, et par
329 considération utilitaire. C’est du rêve de partir au hasard sur les routes qu’est née l’auto, comme le prouve le récit de
330 e. Enfin, la machine à vapeur. Celle qui existait au début du xviiie siècle était des plus rudimentaire : il fallait qu’u
331 e, et sur une confusion des effets et des causes. Au début, il y a le rêve, le jeu ; plus tard viennent l’industrie et les
332 gros dividendes : mais ceci n’explique pas cela. Au début, il y a ces jouets pour grandes personnes qui font sourire l’éc
333 réduction de la culture générale dans l’éducation au profit de la seule formation technique. Dans la première moitié du xx
334 r l’homme et ne feront rien sans lui. J’écrivais au lendemain d’Hiroshima : La bombe n’est pas dangereuse du tout. C’es
335 si utilitaire soit-elle, qui ne puisse être mise au service des passions meurtrières de l’homme : le couteau de cuisine a
336 e premier tiers du xixe siècle — l’homme attaché au service des machines jusqu’à seize heures par jour, dès sa jeunesse,
337 raire en les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement, nous per
338 u contraire libérateur dès qu’il est poussé jusqu’ au bout, et qu’il n’a plus besoin d’être servi, mais seulement surveillé
339 réduction du temps de travail moyen à l’usine ou au bureau, obtenue depuis trois quarts de siècle, est d’environ deux-mil
340 s’il s’agissait de deux entités indépendantes et au surplus rivales. Nous avons vu que leurs sources créatrices sont com
341 , à la fois fabulatrice et fabricatrice, poétique au sens étymologique. Et nous pouvons aisément vérifier que leurs effets
342 nous pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur évolution, loin de se contrecarrer et de se nui
343 r cela reviendrait à opposer l’arbre et le fruit, au détriment final de l’un et de l’autre. On nous répète que notre socié
344 dée que la formation technique exclusive favorise au maximum le progrès technique. Mais toute l’expérience européenne déme
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
345 ait mon collaborateur le plus actif et imaginatif au Centre européen de la culture, à Genève, qu’il ne devait quitter qu’u
346 cette « casual brilliance » dont a parlé le Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l’agrégation d’allemand
347 subir la première attaque, suivie d’une opération au cerveau. Fallait-il vraiment, écrivait-il alors, être « nettoyé » par
348 eul déclaré, était celui d’un absolu monothéisme, au nom duquel il récusait toutes les constructions dogmatiques — saint T
349 té heureuse et nostalgique, par son acquiescement au monde charnel, par son sens cosmique du langage musical, par sa ronde
350 évaluations) lui permettaient de donner le change au premier venu. Il protégeait en lui le grand poète qu’il se sentait de
351 le temps signifiant de l’esprit, temps de louange au « Dieu qui nous traverse ». ac. Rougemont Denis de, « Le Temps de
24 1962, Articles divers (1957-1962). Jonas [préface] (1962)
352 « brillante désinvolture » dont a parlé le Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l’agrégation d’allemand
353 subir la première attaque, suivie d’une opération au cerveau. Fallait-il vraiment, écrivait-il alors, être « nettoyé » par
25 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
354 Institution, puis en français l’épître liminaire au roi de France. Il a vingt-cinq ans. Il vient d’élaborer en quelques m
355 aminé, ce serait une longue histoire. » Semblable au roi David molesté par les guerres et navré au milieu de son peuple pa
356 toute une élite européenne, assemblée devant lui, au pied de la chaire, et dont il connaît bien les circonstances concrète
357 orité, qui est de l’esprit. Faut-il ranger Calvin au camp de la liberté ? Oui certes, dans la mesure où par la seule vertu
26 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
358 tard, à Orléans, nous entendions ensemble Jeanne au bûcher, de Paul Claudel et Arthur Honegger, cette bouleversante décla
359 nos Aires, j’étais tombé en arrêt, médusé, réduit au silence, au pied d’une cathédrale d’eucalyptus géants plus hauts que
360 ’étais tombé en arrêt, médusé, réduit au silence, au pied d’une cathédrale d’eucalyptus géants plus hauts que les tours de
361 ier. Je l’avais connue cosmopolite et parisienne, au sens noble que définit la seule Société des esprits. Et j’ai vu qu’el
27 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
362 t ; 2° que le Marché commun serait impensable (et au surplus n’aurait jamais vu le jour) s’il ne s’inscrivait pas dans une
363 nt que des problèmes marginaux. La culture serait au mieux l’ornement des loisirs, un luxe flatteur, une dernière touche q
364 pularité, cette courte vue matérialiste se révèle au premier examen non seulement fausse en soi mais particulièrement dang
365 uropéenne ? Sinon par la différence des cultures, au sens le plus large du terme, qui va de la religion à la technique en
366 tre époque, celle d’Einstein, l’énergie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse de la lumière, et cela
367 vous rappeler que depuis Dante et Pierre Dubois, au début du xive siècle, en passant par le roi de Bohême, Georges Podie
368 passant par le roi de Bohême, Georges Podiebrad, au xve siècle ; par le duc de Sully, l’évêque morave Comenius, le philo
369 philosophe Leibniz et l’homme d’État William Penn au xviie siècle ; par l’abbé de Saint-Pierre, Rousseau et Kant au xviii
370 le ; par l’abbé de Saint-Pierre, Rousseau et Kant au xviiie siècle ; par Saint-Simon, Bentham, Mazzini et Proudhon au xix
371 e ; par Saint-Simon, Bentham, Mazzini et Proudhon au xixe siècle, jusqu’à Coudenhove-Kalergi, Briand et Churchill, de nos
372 e harmonieuse serait sans nul doute plus conforme au génie de nos peuples divers, mais voilà six-cents ans qu’elle échoue
373 l’avènement d’une union fédérale, seule conforme au génie « un et divers » de la culture européenne. L’Europe n’est pas
374 mondiales du communisme, ni de valeurs à proposer au tiers-monde récemment libéré ? Vouloir faire l’Europe par des procédé
375 ersonnelles, — non vers les grandeurs nationales. Au terme de l’intégration européenne, s’il ne devait y avoir que dividen
28 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
376 la « théorie » quotidienne à leur troupe. C’était au mois de mars 1940. L’un de mes premiers projets de plan révèle l’idée
377 née. Avec un de mes camarades, je vais m’annoncer au chef de la police de Berne, qui a demandé quelques volontaires. Il no
378 nous défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au cœur de l’Europe, à son bastion sacré, et je l
379 plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au cœur de l’Europe, à son bastion sacré, et je l’ai dit hier soir encor
380 permettent de publier cela. » Lundi 17 juin 1940 au soir Faisons le point, bon exercice pour rester maître de soi-même. P
381 nsant que c’était commencé. D’une fenêtre donnant au nord, j’ai regardé longtemps la ville, apparemment paisible, et la li
382 ragique dans lequel nous baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colonel M. et aux autres camarades, ils le trouvent bien,
383 cela demain matin. Arriver à sept heures tapantes au bureau, surtout. Notre projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en
384 giques. Mardi 18 juin 1940 À sept heures précises au bureau. Sur ma table, une note me priant de passer chez le colonel, c
385 . Je me sens tout nu. Faute de soldats baïonnette au canon — on n’en trouve point — c’est le lieutenant-colonel M. qui m’a
386 st pas la question… La question est de me déférer au tribunal militaire. On me reconduit enfin chez moi. Écouté la radio p
387 qui auraient pu être tentés d’intégrer notre pays au système du Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisan a d’ai
29 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
388 C’est donc le général lui-même qui vous condamne au maximum de la peine : quinze jours au fort de Saint-Maurice, au pain
389 us condamne au maximum de la peine : quinze jours au fort de Saint-Maurice, au pain et à l’eau, sans visites ni courrier.
390 la peine : quinze jours au fort de Saint-Maurice, au pain et à l’eau, sans visites ni courrier. Vous avez bien compris ? V
391 Repos ! Le colonel a bien voulu prendre un verre, au terme de cette petite cérémonie. 22 juin 1940 Céder à l’ennemi sur le
392 e de défendre ? Je relis les instructions données au général Guisan le 31 août 1939 par le Conseil fédéral : Vous avez pou
393 nous croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule. En fait, celui qui reçut cette
394 quelques jours plus tard : « Vous êtes imprudent au téléphone. Par bonheur, c’est moi qui suis chargé des rapports d’écou
395  : « Juin 1940, la débâcle des armées françaises. Au lendemain de l’entrée des Allemands à Paris, Denis de Rougemont, alor
30 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
396 e, la voiture s’éloigne. Demain, je suis convoqué au Palais fédéral. Est-ce vraiment pour y discuter une fois de plus ce v
397 ’époque — n’eurent d’autre effet que de me piquer au jeu. Bien décidé à n’en pas tenir compte, je finis par accepter la pr
398 de rénovation économique et politique. Elle avait au départ formé le noyau du premier mouvement de résistance, au sens que
399 ormé le noyau du premier mouvement de résistance, au sens que ce mot devait prendre un peu plus tard dans les pays occupés
400 n’étaient point exactement celles qu’on eut alors au Palais fédéral pour favoriser mon voyage. Mais le fait est qu’elles j
401 ille : tous les trois consacraient leur éditorial au programme de la Ligue. Les notes personnelles qu’on vient de lire me
402 rrectement la situation psychologique qui régnait au mois de juin 1940, lorsque fut prise la décision de créer le Réduit n
403 orporé à l’état-major général — pour avoir écrit, au lendemain de la chute de Paris, un papier à la gloire de la capitale
31 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
404 ment presque mortel des nationalismes autarciques au succès du Marché commun, qui gage matériellement la réconciliation fr
405 o-allemande ; de l’alliance de guerre avec l’URSS au Mur de Berlin, et de la Libération à la perte des pays de l’Est ; de
406 l’omniprésence communiste en France et en Italie au repli général du PC, à sa suppression eu Allemagne, et à la défection
407 l’explosion démographique ; du chômage endémique au suremploi ; des empires d’outre-mer français, anglais, hollandais et
408 trés en fonction dès 1963.) Enfin, l’Europe offre au monde le modèle d’une communauté organisée selon la méthode fédéralis
409 utriche, et surtout aux États-Unis, en Afrique et au Brésil. On cherche encore — on va trouver — un système général de fre
410 ridionales, la mobilité de l’industrie permettant au phototropisme naturel de se manifester librement : boom sur les rives
411 péens, néo-socialistes et néo-libéraux s’opposent au sujet des problèmes d’aménagement du territoire européen, d’urbanisme
412 et l’hygiène mentale, largement socialisées, sont au premier plan des soucis publics. La vie culturelle est devenue la par
413 se laisser « être-vécu » par les divertissements ( au sens pascalien) que lui offre une production massive de spectacles de
414 résultats des mutations récentes que j’énumérais au début sont devenus généralement visibles et sensibles ; ils affectent
32 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
415 emparts. En Amérique, les villages naissent comme au hasard le long des routes frayées par les pionniers : ils ne sont guè
416 école, côté de la mairie et côté du café ; marché au centre, et carrefour principal des apports régionaux et des courants
417 ) Lire et parler Il n’est pas de démocratie, au sens européen du terme, qui ne repose sur la libre discussion, sur le
418 mmunales se prononce chaque année plus nettement. Au plan européen, le Conseil des communes d’Europe, l’Union des villes e