1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 re mystique. Le véritable individu, au Moyen Âge, c’est Maître Eckhart, de même qu’en Inde c’est d’abord le Bouddha, puis tel
2 yen Âge, c’est Maître Eckhart, de même qu’en Inde c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le
3 forme) est une circonscription intermédiaire : «  C’est celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.
4 ’ombre de la foi. Le danger que court l’Oriental, c’est l’ex-carnation trop facile. (On perd en chemin le monde créé, sa rais
5 de ses structures.) Le danger, pour l’Occidental, c’est l’incarnation trop complète. (On se perd soi-même dans la matière et
6 he, échappe au corps magique, s’isole enfin, mais c’est pour mieux se perdre en son accomplissement, puisque le moi est voie,
7 gieuse, moins encore dans leur vie sociale. Mais c’est sans doute lorsqu’on se pose la question : que vaut un homme ? (un ho
8 s et le père du coupé en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaison avec elle, l’idée de liberté.
9 out n’est autre que le Je pleinement réalisé. 2. C’est l’attitude générale des auteurs modernes qui se réclament en Occident
10 très comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour recouvrir ensuite le
11 ie, et partiellement l’Indonésie, enfin le Japon. C’est du catholicisme qu’est issue la Réforme, pour essaimer ensuite en Amé
12 ue cette fois, l’Arabie et l’Iran. Leur Occident, c’est la Grèce d’Aristote, et leur Orient n’est pas l’Inde ou la Chine, mai
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
13 ’historien et de l’observateur des cultures, mais c’est un dernier refuge pour les nationalistes. Or il se trouve que l’argum
14 r les deux concepts de christianitas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humaniste sous
15 notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécessaire de l’union supranationale, et de l’allégeance
16 isme étroit et le Scylla du centralisme niveleur, c’est le secret de la santé européenne. Ici, culture et politique se joigne
3 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
17 soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés d
18 is rien ne compte en fait que par la bourgeoisie. C’est elle seule, par ses franges cultivées et conscientes, qui a fait le s
19 maudits, ignorés ou refoulés par ses ancêtres. Et c’est elle aujourd’hui qui est prise d’angoisse devant ce qu’ils dénonçaien
20 d’angoisse devant ce qu’ils dénonçaient en vain. C’est elle qui croit aux catastrophes prochaines qu’ils prophétisaient dans
21 le désert, elle qui perd sa foi dans le progrès. C’est elle enfin qui cède au vertige de l’histoire, s’imagine que son heure
22 nique elle-même l’aura délivré de la chaîne. Mais c’est le bourgeois qui en vient alors à craindre le règne inexorable des ma
23 ttaque de sa voix grasseyante : parlons d’argent, c’est le secret du drame social. Mais Freud un peu plus tard : parlons du s
24 l. Mais Freud un peu plus tard : parlons du sexe, c’est le secret du drame individuel. Et voilà le choc de la reconnaissance,
25 et des faits conduit à la conclusion suivante : «  C’est l’économie capitaliste des États-Unis qui a passé à la seconde phase,
26 des États-Unis qui a passé à la seconde phase, et c’est l’économie communiste l’URSS qui se trouve dans la première. » « Il n
27 sor d’une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie, qui deviendra vraie, celle de Proudhon, qui fut
28 s se multiplient, les avions tombent, croyez-moi, c’est la Bombe. Elle va détruire les neuf dixièmes du genre humain. Un jour
29 areil, prenant l’initiative, appelle son abonné ? C’est toujours quelqu’un qui l’actionne. Comme vous ne savez pas qui, et qu
30 Qu’il y ait là quelque excès, j’en conviens, mais c’est la Nature, et non l’homme, qui aurait ici le droit de se plaindre. Vo
31 un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et les cerveaux électroniques (par métaphore) ne font rien q
32 leur ait prescrit. Qu’ils travaillent pour nous, c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous, c’est
33 is si vous me dites qu’ils vont penser pour vous, c’est que vous l’aurez bien mérité. L’Apprenti sorcier de la légende déchaî
34 urs calculs. Ce qui se déchaîne, encore une fois, c’est l’homme. En vérité, les seuls humains que je connaisse qui aient eu l
35 a foi de quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine. C’est une machine, ni pl
36 ’est encore moins un homme esclave de la machine. C’est une machine, ni plus ni moins, c’est un outil, que l’homme a conçu, j
37 la machine. C’est une machine, ni plus ni moins, c’est un outil, que l’homme a conçu, justement, pour exécuter à sa place de
38 struction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la conscience dont j’ai
39 volution donnant le pouvoir aux ouvriers d’usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l’action du p
40 ons initiées par cette libération technologique ? C’est le problème des loisirs qui s’ouvre largement, et tous les problèmes
41 ion des enfants, des adultes, et des techniciens. C’est le problème des moyens de culture, qui seront mis à contribution, sur
42 ntribution, sur une échelle brusquement agrandie. C’est , au-delà des questions immenses que je laisse aux économistes, et aux
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
43 s humaines et propose un sens moral au lecteur ». C’est donc sa récente Aventure de l’homme occidental (Albin Michel, éd.) qu
44 la Hollande, la Scandinavie, la Suisse, pour eux, c’est tout un. Et quand on me demande où commence et où finit l’Europe, j’a
45 travers son histoire et d’en mesurer les effets. C’est ce que j’ai tenté dans mon livre et ma conclusion est tout à fait opt
46 cette morale de la vocation dans la vie sociale. C’est , dit Rougemont, une question de feux rouges et de feux verts, de cont
5 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
47 Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les « autres » l’ig
48 de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un bruit vague, une espèce de rumeur insensée… Il fallait bien rappel
49 uropéens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-
50 ines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit livre expliquant d
51 s occupants plus efficaces et plus puissants, car c’est aux pensées qu’ils commandent, aux sentiments, aux sources mêmes de l
52 ent ignorées. Mais ce qu’il m’importe de montrer, c’est comment ces produits et ces principes procèdent en réalité de nos val
53 loppé la technique dès la fin du xviiie siècle ? C’est qu’il se produisit à ce moment, en Europe, une conjonction sans précé
54 ière remonte aux philosophes présocratiques, mais c’est Socrate qui en illustra la haute portée morale ; la seconde fut défin
55 ssolublement à la notion de vocation personnelle. C’est de la conjonction séculaire de ces valeurs grecques et chrétiennes qu
56 e compromis tolérables entre ces extrêmes idéaux. C’est la tâche la plus importante de la seconde moitié du xxe siècle. Et c
57 mportante de la seconde moitié du xxe siècle. Et c’est sans doute la première fois dans toute l’histoire qu’un même problème
6 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
58 ibres. Les chercheurs libres ne sont pas groupés. C’est pourquoi le Centre européen de la culture a jugé utile de réunir en s
59 à des articles et à des émissions de radio. Mais c’est leur publication en recueil qui leur donnera leur vraie valeur, chacu
7 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
60 n, et qu’au surplus la culture européenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme
61 ucation, information, recherches. Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens, et cela signifie d’une part, éduquer dan
62 fi en tant qu’ensemble culturel, reste sans voix. C’est ici la nécessité de relations culturelles européennes qui se fait jou
8 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
63 e haine » dégénérant en « psychose collective » ? C’est écrit de Potsdam et sous l’œil des barbares. Freud répond de sa Vienn
64 mme qu’une autre forme de la violence inévitable. C’est la violence née de « l’union de plusieurs faibles ». La violence d’un
65 a mesure. Il la cherche en vain, ne voit rien… Et c’est à lui que Freud écrit prophétiquement, à lui parmi tous ses contempor
9 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
66 les et contre leur mission de gardiens du Col. Et c’est pourquoi, au début du mois d’août 1291, — « considérant la malice des
67 qu’en disent les détracteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temps, que cette idée ait acquis plus de nette
68 nal, souvent qualifié de « national » à l’époque. C’est ainsi qu’un député (le grand savant A.-P. de Candolle) pouvait s’écri
10 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
69 r sa fonction mondiale et non par ses limites. 1. C’est l’Europe qui a conçu l’idée d’humanité, la vision planétaire d’un gen
70 es nations de toute la terre en un seul corps. 2. C’est l’Europe qui a donné naissance à la seule civilisation effectivement
71 ionalisme est un tragique exemple. Chose étrange, c’est avec la fin de l’ère du colonialisme européen que coïncide cette cont
72 roque n’est encore observé, ni même pressenti. 3. C’est l’Europe qui peut seule animer le courant des échanges mondiaux. Car
73 eule animer le courant des échanges mondiaux. Car c’est elle qui les a mis en branle dès l’époque des grandes découvertes, en
74 rtes, en balisant les voies du commerce maritime. C’est elle qui a su trouver les substituts de l’ancienne route de la soie.
75 doit être mondiale, par une nécessité vitale. 4. C’est l’Europe qui représente aujourd’hui non seulement le Musée du Monde,
76 i est venu de l’Europe, on renonce à l’énumérer ; c’est « tout ou presque tout » de ce qui donne sa figure à la modernité du
77 e que dans la mesure où elle est forte et saine : c’est la mesure de son intégration, c’est-à-dire de l’union de ses forces v
78 ère des vocations personnelles et communautaires. C’est de l’ensemble des tensions valables et fécondes qui la tissent depuis
79 totalitaire, en art l’ennui, en biologie la mort. C’est assez dire que l’union fédérale, seule conforme à la formule même de
80 cadastrale et chicanière des âges prétechniques. C’est elle encore qui impose aux services de l’État la tâche idiote de fair
81 de police. Déclencher un processus d’union C’est dans cette perspective ouverte et dynamique, celle d’une méthode pour
82 etite Europe à la Grande est un double non-sens ; c’est d’abord méconnaître sans nulle raison avouable l’objectif manifeste d
83 e de la première, qui est d’aboutir à la seconde. C’est ensuite méconnaître la nature même du processus d’association des Six
84 européen dans l’existence encore fragile des Six, c’est qu’ils sont vitalement intéressés à devenir ces Dix-Sept que tout en
85 verront réunis en une famille, ils sauront bien, c’est dans leur sang, que l’Europe entière n’est qu’un appel au monde. Quel
11 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
86 tier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais d’abord examiner. Au lendemain
87 s quand un Oriental énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère en obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider,
88 ollectif, qui devient le seul but de la vie. Mais c’est un but impersonnel, purement quantitatif et matériel, fixé par le gou
89 le gouvernement au nom d’une doctrine ennuyeuse ; c’est le but général, statistique et abstrait, sans relation directe ou imm
90 sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des si
91 ième caractère original de la culture européenne, c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitement lié à
92 e sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est
93 ondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est un état de grâce, une disposition intérieure ; pour le Germain, symbo
94 ion intérieure ; pour le Germain, symboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à
95 mboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à part entière, et tous ces éléments s
96 is pour les meneurs nationalistes de ces peuples, c’est un sens emprunté à l’Europe, même et surtout s’il justifie un élan de
97 ustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En eff
98 ui n’occupons guère que 5 % de sa surface solide, c’est bien à la complexité de nos origines que nous le devons, aux conflits
99 mpérialiste par les objets qui la subissent, mais c’est la condition même de la vie. Illustrons maintenant ce dynamisme par s
100 re européenne ne va pas se réaliser à nos dépens. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au hasard de la co
101 de tant de manières à la former. Par là même — et c’est bien son drame en même temps que la condition de son « succès » le pl
102 leinement à l’effort civilisateur. Maintenant que c’est fait ou en train de se faire, maintenant que voilà franchi le « seuil
103 la Grèce, ce sont le Décalogue et les Béatitudes, c’est enfin le code de Justinien, d’où dérivent l’Habeas Corpus et la Décla
104 s de nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnographes, archéologues et philosophes de l’Europe
105 iétique. Ce n’est pas Popov qui l’a inventé, mais c’est Karl Marx, un juif allemand dont le père était devenu protestant, et
106 a pour la seconde fois européanisé la Russie. Et c’est l’URSS maintenant qui s’est chargée d’aider la Chine à liquider la ci
107 Chine à liquider la civilisation des mandarins ! C’est l’URSS qui introduit dans cette Chine si fermée le nouveau cheval de
108 adies qu’elle a produites et propagées elle-même. C’est dans ses sources, c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en E
109 s et propagées elle-même. C’est dans ses sources, c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en Europe, que ce péril doit
110 sources, c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est en Europe, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de
111 re conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer
112 ur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je n
113 térialisme, cette forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que notre vocation est désormais de présenter au monde qui nous
114 ues, universels par excellence ; — et la seconde, c’est la recherche spirituelle, sans quoi la science elle-même s’endort, et
12 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
115 u’à l’Occident — le monde communiste. Mais alors, c’est l’union de toutes les religions, et non pas seulement des chrétiens,
116 tianisme n’inspire pas d’inquiétudes excessives : c’est de loin la religion la mieux organisée, et c’est la plus forte du mon
117 c’est de loin la religion la mieux organisée, et c’est la plus forte du monde par le nombre de ceux qui s’y rattachent, qui
118 e veut chrétien doit vouloir l’union des Églises, c’est pour des motifs spirituels commandés par la substance même du christi
119 nion, et de la Vérité qui ne saurait être qu’une. C’est pour cela, et non point en vertu d’une conjoncture mondiale actuelle
120 , comme à l’ordre divin : « Que tous soient un… » C’est au niveau des hiérarchies ecclésiastiques, par-dessus la tête des fid
121 avant tout, ce qui s’oppose à la grande réunion, c’est paradoxalement l’exigence d’unité, conçue dans un esprit de sagesse p
122 Chaque Église a son Ange, selon l’Apocalypse, et c’est sa vocation distincte. « Il y a plusieurs demeures dans la maison de
123 Parlant ici sans nulle autorité, ignorant même si c’est en mon seul nom ou peut-être au nom de plusieurs, je ne puis en appel
124 ments religieux et de leurs formes d’expression : c’est que dans le sein d’une même Église coexistent deux attitudes que l’on
13 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
125 ère. Pour comprendre la vraie nature du phénomène c’est dans le mouvement de sa genèse intellectuelle qu’il faut le saisir. C
126 que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’y a donc plus d’instance supérieure à la na
127 ations de protéger la nation française, parce que c’est de la France que doit partir la liberté et le bonheur du monde. Il f
128 celle de l’humanité. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’en périsse plus. Je le jure, au nom de la fraternité uni
129 iversion pour attaquer et renverser leurs tyrans… C’est à cette guerre sainte qu’Anacharsis Cloots est venu inviter l’Assembl
130 il n’a jamais mieux mérité d’être appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots, Prussien de naissanc
131 ’État, bientôt appuyé par une idéologie adéquate. C’est ce contrecoup idéologique qui m’intéresse ici. Partant des mêmes prém
132 ux les échanges, diversifier leurs monnaies, etc. C’est la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est la fin
133 rie de l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est la fin du processus exactement inverse de celui du Marché commun [don
134 de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit donc que nation et Patrie diffèrent p
135 ation du joug des tyrans intérieurs ou étrangers, c’est libérer l’Europe et le genre humain. En fait, la liberté de la nation
136 lés et au détriment de tout équilibre mondial. Et c’est pourquoi les grands esprits de la fin du xixe siècle, enregistrant c
137 llemand ! » Quand Heine accepte l’idée de nation, c’est dans le sens mazzinien d’une « Internationale des nationalités », et
138 l, de plus humain et de plus libre dans le monde, c’est l’Europe, de plus européen, c’est ma patrie, c’est la France. Mais c
139 dans le monde, c’est l’Europe, de plus européen, c’est ma patrie, c’est la France. Mais c’est finalement à Victor Hugo qu’i
140 ’est l’Europe, de plus européen, c’est ma patrie, c’est la France. Mais c’est finalement à Victor Hugo qu’il appartiendra, b
141 européen, c’est ma patrie, c’est la France. Mais c’est finalement à Victor Hugo qu’il appartiendra, bien des années plus tar
142 cule ou par l’ascension comme Jésus-Christ […] et c’est ainsi qu’Athènes, Rome et Paris sont pléiades. Lois immenses. La Grèc
143 nombres ; mais ce à quoi assiste le xixe siècle, c’est à la formation de l’Europe.32 En 1875, un professeur de droit inter
144 première impulsion soit donnée… S’il est vrai que c’est de l’Allemagne qu’est venue la division de l’Église, il est donc du d
145  ou tout au moins les penseurs russes du xixe , —  c’est la Russie qui a pour mission de régénérer l’Europe et de l’unir un jo
146 n de régénérer l’Europe et de l’unir un jour, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir européenne. En 1837, par
147 culturelle… Seule la Russie en est capable. Et c’est aussi ce que pensera Dostoïevski, et ce qu’il exprimera cent fois dan
148 ous autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de grouper l’humanité en un seul faisceau, car ce n’est pa
149 ent la Russie et le panslavisme que nous servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que nous sommes invin
150 ctives, que si ces dernières prenaient le dessus, c’est la Culture et le christianisme qui seraient menacés. Pour Renan, la
151 ’est-ce qu’une nation ? » il écrit : Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dan
152 ue ou d’appartenir au même groupe ethnographique, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir e
153 l’homme quelque chose de supérieur à la langue : c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’être unie, malgré la variété de
154 on grain de sel là-dedans. La politique panslave… C’est gai pour demain ! Je vous dis que la guerre viendra de la Russie. …Co
155  Je sais bien que je vais dans un cimetière, mais c’est le plus cher de tous », toutefois se bornant à grommeler : « L’Europe
156 plus pessimiste de l’Europe des nationalismes. Et c’est à lui que 1914 donnera raison. Car 1914 sonne le glas non de l’Europe
14 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
157 ne comparée aux autres cultures (juin 1960)s t C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé d’entendre d
158 s après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons,
159 s quand un Oriental énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère en obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider,
160 ollectif, qui devient le seul but de la vie. Mais c’est un but impersonnel, purement quantitatif et matériel, fixé par le gou
161 e gouvernement, au nom d’une doctrine ennuyeuse ; c’est un but général, statistique et abstrait, sans relation directe ou imm
162 sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des si
163 ième caractère original de la culture européenne, c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitement lié à
164 e sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est
165 ondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est un état de grâce, une disposition intérieure ; pour le Germain, symbo
166 ion intérieure ; pour le Germain, symboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à
167 mboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à part entière, et tous ces éléments s
168 s, pour les meneurs nationalistes de ces peuples, c’est un sens emprunté à l’Europe, même et surtout s’il justifie un élan de
169 ustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En eff
170 mpérialiste par les objets qui la subissent, mais c’est la condition même de la vie. Illustrons maintenant ce dynamisme par q
171 ntes créations. Non, ce n’est pas par hasard mais c’est en vertu même de cette dialectique infinie et toujours ouverte que je
172 , en attendant les Africains. Oui, bien sûr, mais c’est tout de même l’Europe qui a créé les sciences et la technique, dans l
173 grâce aux valeurs et aux vertus de cette culture. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la co
15 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
174 et la dictature s’avance aussitôt pour l’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut i
175 qu’elle doit et peut intervenir. Car la culture, c’est justement l’ensemble des activités proprement humaines qui donnent un
176 qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de vie, des connaissances et
177 aintenir une tradition où l’on se sente chez soi. C’est donc d’abord permettre à l’homme de se situer à sa place dans le mond
178 me, cessent de se ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un st
179 eci vaut pour l’Occident surtout. Mais désormais, c’est à l’échelle mondiale aussi que les diverses facultés de l’homme peuve
180 fin, apanage millénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un
16 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
181 et la dictature s’avance aussitôt pour l’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut i
182 ue je vois pratiquée par ce Congrès. La culture c’est transmettre et situer Le pire danger, c’est donc l’absence de sen
183 e c’est transmettre et situer Le pire danger, c’est donc l’absence de sens : le sentiment de l’absurdité d’une vie sans b
184 de l’absurdité d’une vie sans but. Or la culture, c’est justement l’ensemble des activités proprement humaines qui donnent un
185 qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de vie, des connaissances et
186 aintenir une tradition où l’on se sente chez soi. C’est donc d’abord permettre à l’homme de se situer à sa place dans le mond
187 me, cessent de se ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un st
188 eci vaut pour l’Occident surtout. Mais désormais, c’est à l’échelle mondiale aussi que les diverses facultés de l’homme peuve
189 in, apanage millénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un
190 int par l’homme dans telle ou telle société. Mais c’est par la nature et par la qualité de chances ménagées à chacun de couri
17 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
191 ne comparée aux autres cultures (août 1960)x y C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé bien souvent
192 fait partie par le seul fait qu’il le conteste ? C’est donc dans le fait de notre exceptionnelle diversité, non pas subie ma
193 s après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons,
194 s quand un Oriental énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère en obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider,
195 ollectif, qui devient le seul but de la vie. Mais c’est un but impersonnel, purement quantitatif et matériel, fixé par le gou
196 ouvernement, au nom d’une doctrine sans ampleur ; c’est un but général, statistique et abstrait, sans relation directe ou imm
197 sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des si
198 ième caractère original de la culture européenne, c’est le sens de la liberté. Il est clair que ce sens est étroitement lié à
199 e sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est
200 ondeuse, le risque individuel ; pour le chrétien, c’est un état de grâce, une disposition intérieure ; pour le Germain, symbo
201 ion intérieure ; pour le Germain, symboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à
202 mboliquement, c’est d’être armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits du citoyen à part entière — et tous ces éléments
203 mpérialiste par les objets qui la subissent, mais c’est la condition même de la vie. Les considérations que j’ai développées
204 ntes créations. Non, ce n’est pas par hasard mais c’est en vertu même de cette dialectique infinie et toujours ouverte que je
205 x Russes, demain aux Chinois. Oui, bien sûr, mais c’est tout de même l’Europe qui a créé les sciences et la technique, dans l
206 grâce aux valeurs et aux vertus de cette culture. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la terre, au hasard de la co
18 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
207 s à Amsterdam, le siège social restant à Genève. ( C’est en effet le Conseil fédéral suisse qui est l’autorité de surveillance
19 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
208 raît à première vue : avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Lit
209 qu’il en fait. Un mythe, au sens où je l’entends, c’est une histoire, généralement très simple, et invariable en sa donnée —
210 e de l’intellect, encore qu’elle tienne aux deux, c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit —
211 la pensée, la preuve de l’intellect. La passion, c’est une impulsion qui outrepasse les lois et routines de l’instinct, et q
212 ’amour-passion relève par excellence de l’âme. Or c’est dans le mythe de Tristan qu’il a trouvé son expression la plus totale
213 la plus totale, délicieuse et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés o
214 retient au niveau de l’existence banale. Tristan, c’est tout d’abord le mythe de l’amour plus fort que la vie, plus fort que
215 égrade, assagit, amortit, et réduit aux routines. C’est le mythe de l’amour inaltérable, inaltéré par l’érosion de la vie « c
216 lement, créant un risque permanent de dissonance. C’est le mythe d’un amour qui méprise l’épreuve de l’engagement dans les ra
217 premier regard, par une intuition fulgurante — et c’est le fameux coup de foudre romantique — a cru voir en lui la lueur, tou
218 , ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensité de l’amour, passion de l’âme ouverte sur l’esprit, libéré
219 antes vicissitudes de notre incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être aimé dans sa réalité toujours
220 corps, ne mérite pas en soi le nom d’amour. Mais c’est l’amour comblé par la présence durable, l’amour légalisé, socialisé,
221 égalisé, socialisé, voire sacralisé par l’Église. C’est le mariage. Constater que Tristan est tout d’abord le mythe de l’amou
222 d’abord le mythe de l’amour plus fort que la vie, c’est reconnaître aussi que la vraie victime du mythe n’est pas Tristan, n’
223 triomphe au contraire de tout. La vraie victime, c’est le roi Marc, symbole du mariage légal. Les amants ont perdu la vie, g
224 vraiment un mythe de l’âme, faut-il conclure que c’est l’âme elle-même, la fonction émotive, dans l’homme contemporain, qui
225 é devant l’idée d’Iseut devenant Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le
226 ets communs ou des fichiers de cartes perforées : c’est littéralement sans histoire. Ou bien encore, et ce serait mieux, je c
227 nt triomphe la passion de Tristan et d’Iseut : et c’est la mort. J’ai laissé jusqu’ici dans l’ombre cet aspect trop souvent,
228 coutumiers ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtr
229 nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion mythique va se dresser dans sa pleine stature. En
230 ont beu leur destruction et leur mort ». Certes, c’est vrai pour leur existence dans ce monde, mais ils ont aussi bu l’Amour
231 euth, cette frileuse aurore jaune au bas du ciel, c’est un jour qui renaît, non pas le jour des hommes et de leur peine quoti
232 de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat
233 Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti c’est une apparition monstrueuse et défigurée qui reflète son état déchu.
234 es fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affective, de lui o
235 n’ayant pu quitter Genève à cause du brouillard. C’est donc en son absence que M. Guiette a rappelé que “de ses observations
236 Tristan dans ses métamorphoses les plus récentes. C’est en somme, après l’exposé de M. Vinaver fondé sur l’étude des textes l
20 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
237 snobisme ou une cour, et un sens de la démesure. C’est tout cela qu’interdisent moralement nos coutumes, et physiquement nos
238 hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand ; c’est au contraire en quittant leur pays. Paracelse quitta très tôt son can
239 qui a fait leur nom et qui l’a propagé au loin ; c’est au contraire de l’étranger, des grands pays voisins et parfois de l’A
240 seraient guère pensables hors du complexe suisse. C’est à eux que la Suisse doit de représenter une plus grande densité de co
21 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
241 ; or le moteur de notre développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et d’une science étroitement liée
242 iée à toute l’évolution culturelle de l’Occident. C’est donc dans la technique, par son intermédiaire et à son sujet, que la
243 le situation concrète abordons-nous notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondrai en citant trois fa
244 e, une civilisation devient vraiment mondiale, et c’est la civilisation technique. Née de l’Europe, développée par l’Amérique
245 s-uns cependant nous disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour ravir le feu du ciel, comme Prométhée,
246 t : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour ravir le feu du ciel, comme Prométhée, et pour soumettre la Natu
247 machine à vapeur, la turbine, l’auto et l’avion. C’est du rêve de voler qu’est né l’avion, et non pas de la prévision des av
248 rieur à toute espèce de considération utilitaire. C’est du rêve de partir au hasard sur les routes qu’est née l’auto, comme l
249 ut Léonard Euler, mathématicien de génie, et ici, c’est le motif religieux qui est décisif. Élevé à Bâle dans un milieu ardem
250 nd les 2/3 de l’humanité souffrent la faim — mais c’est un rêve, un rêve universel et proprement irrésistible. Et si un jour
251 ssement ou de puissance, nos descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les premiers astronautes quittèr
252 , nos descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les premiers astronautes quittèrent la Terre. Mais vous
253 Mais vous êtes tous témoins qu’il n’en est rien. C’est la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc
254 ulture, les arts, les sciences et la littérature. C’est évident. Mais il ne faut pas oublier qu’ils se nourrissent en retour
255 taire ? Si je ne partage nullement ce pessimisme, c’est que les motifs de craindre la technique me paraissent déjà dépassés p
256 oshima : La bombe n’est pas dangereuse du tout. C’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui
257 ’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la bombe et se prépare à l’employer. Le
258 Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la bombe et se prépare à l’employer. Le contrôle de la
259 absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d
260 on laisse la bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte do
261 raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. Il n’est pas d’invention, si simple et si ut
262 e que les bombes atomiques larguées sur le Japon. C’est l’homme lui-même qui reste responsable, et non pas la machine, parfai
263 maine, dans leurs plans de rendement à tout prix. C’est alors que Karl Marx peut décrire le prolétaire industriel comme le « 
264 s moyens concrets de libérer le prolétariat, mais c’est la technique elle-même. Ce n’est pas en freinant ses progrès, mais au
265 ’automatisation de l’industrie, en fin de compte, c’est le loisir ! La réduction du temps de travail moyen à l’usine ou au bu
266 de la musique, à méditer, à inventer et à créer. C’est un travail, c’est même le vrai travail humain. Mais il est clair que
267 méditer, à inventer et à créer. C’est un travail, c’est même le vrai travail humain. Mais il est clair que si le temps libre
268 la culture générale. Le danger qui apparaît ici, c’est celui de stériliser les sources vives de l’invention technique qui ti
269 e à calculer, ancêtre des cerveaux électroniques, c’est Pascal qui les inventa ; et la turbine c’est Léonard Euler, mathémati
270 ues, c’est Pascal qui les inventa ; et la turbine c’est Léonard Euler, mathématicien et mystique ; et le gramophone, c’est un
271 er, mathématicien et mystique ; et le gramophone, c’est un poète français un peu loufoque, Charles Cros. Ces successeurs mode
272 ction purement technique. L’ère nouvelle exigera, c’est entendu, des dizaines de milliers d’ingénieurs, mais si l’on subordon
273 nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos
274 il conclut : « Vous voyez, notre activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procédés techniques et l’élab
275 de vue le contexte culturel de la technique. Car c’est ce contexte culturel qui agit dans les pays sous-développés, à l’insu
22 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
276 mbat et voulait savoir son avenir. Ce que je sus, c’est que nous aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il de
23 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
277 sons ces questions de goût. Ce qui m’importe ici, c’est l’efficacité d’une œuvre écrite et pensée tout entière dans la soumis
278 u’en se taisant il ne se montre lâche et déloyal. C’est ainsi qu’il rédige en latin, de mars à août, les cinq-cent-vingt page
279 t pas suivre sa pente (même en la remontant) mais c’est être emporté malgré soi vers des buts et dans une action à quoi rien
280 n’ait fait broncher l’esprit qui la préméditait. C’est ici le langage d’un chef — mais spirituel — parlant dans une ville as
24 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
281 licité grande, sont les lois de son existence. Et c’est pourquoi son amitié est un honneur. On n’oserait pas l’avouer n’était
25 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
282 rand public pense aujourd’hui que faire l’Europe, c’est une question de tarifs douaniers, de prix de revient, de niveaux de v
283 la planète, pour plus de cinq siècles déjà, — et c’est bien loin d’être fini ! Selon la plus célèbre équation de notre époqu
284 que politique, et en fin de compte, culturel. Car c’est la politique nationaliste (le tabou de la souveraineté absolue, les r
285 nion réside dans les esprits, non dans les faits. C’est donc dans les esprits qu’il s’agit de le combattre. Et ceci n’est pas
286 ire seulement réduire les obstacles à l’union. Et c’est là qu’intervient à nouveau la culture, d’une manière positive, créatr
287 n dialogue politique, et encore moins économique. C’est vraiment un dialogue culturel. La synthèse de ces deux doctrines, c’e
288 ogue culturel. La synthèse de ces deux doctrines, c’est l’attitude fédéraliste : l’union dans la diversité. Il faut prendre a
289 sions, le corps européen se déchire et s’étiole : c’est ce qui s’est produit par deux fois dans la génération à laquelle j’ap
290 Prendre au sérieux nos principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairement à l’Asie et à l’URSS, l’Europe
291 rmer des hommes à la fois libres et responsables. C’est là son grand atout, c’est le secret de son dynamisme incomparable. Et
292 libres et responsables. C’est là son grand atout, c’est le secret de son dynamisme incomparable. Et cela se traduit dans le d
26 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
293 ement trop personnelles, mais prises sur le vif : c’est ce qui peut faire leur intérêt. La petite histoire reste la meilleure
294 es, trop lents et trop peu sûrs. » « Oui, dit-il, c’est une idée… (et pendant une seconde je n’ai pas su s’il était ironique
295 rler de l’E.-M. du Général. — Ici colonel Masson. C’est bien vous qui avez écrit l’article paru ce matin dans la Gazette  ? —
296 . Vous mettez en danger la sécurité de la Suisse. C’est grave, c’est… très grave ! Terminé. — Terminé. Bon. Nous verrons cela
297 en danger la sécurité de la Suisse. C’est grave, c’est … très grave ! Terminé. — Terminé. Bon. Nous verrons cela demain matin
298 n. — Bonjour mon cher. Asseyez-vous. (Je me dis : C’est donc si grave que cela ?) — J’ai beaucoup aimé votre article… Mais la
299 dats baïonnette au canon — on n’en trouve point — c’est le lieutenant-colonel M. qui m’accompagne à la maison, en voiture. J’
27 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
300 main un petit paquet attaché par un ruban. — Ça, c’est du chocolat pour votre femme, ça c’est des cigarettes parisiennes, po
301 ban. — Ça, c’est du chocolat pour votre femme, ça c’est des cigarettes parisiennes, pour vous. Maintenant, écoutez. La justic
302 z. La justice militaire ne veut pas de votre cas. C’est donc le général lui-même qui vous condamne au maximum de la peine : q
303 ant à Saint-Maurice. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas sortir dans les rues de Berne chaque soir avec une petite f
304 n’a pas encore compris toute l’ampleur du péril, c’est bien le tout de notre vie suisse et non pas tel parti plutôt qu’un au
305 ’occupant hitlérien. Pour les intérêts matériels, c’est différent… Le fait est que la grande industrie boude la Ligue : elle
306 « Vous êtes imprudent au téléphone. Par bonheur, c’est moi qui suis chargé des rapports d’écoute. J’efface les rouleaux enre
28 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
307 à l’appel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tou
308 Leur complot ne visait que le Conseil fédéral, et c’est pourquoi il dut être un complot. Le général Guisan écrit dans son rap
309 u romantisme ! », ajoute-t-il. Romantique ou non, c’est la Ligue du Gothard qui agit seule en liaison avec les officiers pend
29 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
310 épendance. La civilisation technique s’humanise — c’est un mot d’ordre ancien, mais qui a fini par devenir populaire. Les vit
30 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
311 plans soient superposables. S’ils se ressemblent, c’est par leur complication, ou par leur manière d’être différents : premiè
312 lace — et il se trouve qu’elle l’est en général — c’est bien là qu’elle tire son sens originel. Les partis qui décident de la
313 des apports régionaux et des courants lointains : c’est cette vie de la place qui se traduit dans la vie des conseils et parl
314 ste de cette origine très précise des parlements, c’est la Landsgemeinde des petits cantons suisses, formant le Ring sur la p
315 nécessaire de toute place digne du nom : le café. C’est là qu’elle se parle d’abord, s’écrit bien souvent et se lit. C’est da
316 se parle d’abord, s’écrit bien souvent et se lit. C’est dans les cafés de Hollande que se réunissent les réfugiés huguenots q
317 e siècle des Lumières et la Révolution française. C’est dans les tavernes anglaises que se lisent à haute voix les éditoriaux
318 l que Daniel Defoe rédige seul de 1704 à 1713. Et c’est encore dans les cafés que le Spectator d’Addison, un peu plus tard, a