1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 a. Et tandis qu’ils se purifient par l’isolement, comme le veut la magie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois ci
2 : il forme le bord, la lisière du monde du saint, comme les idoles le bord ou la lisière des Réalités divines. » Toute magie
3 oix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du mystique médiéval, ne peut être que fuite en l’Absolu. Ainsi
4 conséquences précises, — un monde, littéralement, comme j’espère le montrer. Revenons à la déclaration de Ramakrishna que je
5 u mais aussi le transcende, le reliant à l’esprit comme au prochain. Et du même coup paraît la société, en lieu et place du c
6 isme, et il arrive à Maître Eckhart de s’exprimer comme un bouddhiste. La Bhagavad-Gita fait l’éloge de l’action, le quiétism
7 ève celui qui a dit : « Il faut que tu aimes Dieu comme non-Dieu, non-Esprit, non-Personne, non-Image, … un Un pur et absolu,
8 moitiés sectionnées depuis la tête jusqu’au sexe, comme le corps d’un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’un boucher, au beau mili
9 arbitre, sous peine de devenir vain, et même vil, comme le sont des faveurs obtenues par contrainte. Quand ce noyau est lésé,
10 puisqu’on n’y dispose pas d’éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exempl
11 es et des protestants européens, qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des systèmes philosophiques et
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
12 s Suisses, les Suédois et les Castillans sont vus comme des Européens : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien cons
13 edoute de cette union sont également imaginaires, comme le prouve l’expérience de la nation elle-même, au nom de laquelle on
14 ure depuis des années — que l’Europe n’existe pas comme entité géographique et historique, car ses frontières n’ont pas cessé
15 rès les neuf dixièmes de la Suisse actuelle. Tout comme la France d’avant Philippe Auguste excluait la Bretagne, l’Alsace, le
16 n, d’une culture et même d’une nation, à peu près comme d’une œuvre d’art : est-elle née de ce jour où l’on a fait son plan,
17 ctor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue de Beethoven
18 pe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chrétienne de Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune
19 eaucoup d’intellectuels, la nation cache l’Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’Européen demeuré nationaliste au
20 le mot. Entre la politique et la culture, conçues comme on vient de l’indiquer, le rapport devrait être analogue au rapport e
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
21 liens fédéraux — si d’abord on nie qu’elle existe comme entité de culture et Aventure unique. Je ne pense pas avoir recommand
22 tre tout cela. Mais pourquoi le crier contre moi, comme si vraiment j’avais préconisé le mensonge utile et le « massacre des
23 que l’Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fin, mais comme un moyen. M. de Rougemont me
24 et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fin, mais comme un moyen. M. de Rougemont me prouve que l’urgence
25 regardée comme une entité ni comme une fin, mais comme un moyen. M. de Rougemont me prouve que l’urgence était plus grande q
26 e était plus grande que je ne pensais. Il regarde comme “sophistes” ceux qui disent que l’Europe ne sera pas, si on ne la fai
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
27 pelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nous allons vers la « parfaite et d
28 st passée, que le Prolétariat doit la déposséder, comme elle avait elle-même dépossédé les nobles, qu’il ne peut imposer qu’u
29 out devait avoir l’air de se passer dans le monde comme si ces choses n’existaient pas. Les grands industriels se croyaient «
30 ourgeois (seule étudiée par Freud autour de 1900) comme un cas limité dans l’espace et le temps. D’autre part, l’ascension d’
31 tique marxiste. Toujours prônée par ses disciples comme la démarche scientifique par excellence, cette dialectique, devenue s
32 a dialectique n’est plus qu’une « mystification » comme eût dit Marx lui-même, et le « mouvement de l’histoire » un mauvais a
33 oir la « décadence de l’Occident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entre les blocs. Un certain déterminis
34 hoisir d’émigrer, choisirait en masse l’Amérique. Comme l’ont fait la plupart des ouvriers hongrois réfugiés en Autriche et l
35 e peut vivre en autarcie économique, ni commercer comme il l’entend. Aucun donc n’est indépendant. Mais ils peuvent l’être to
36 abonné ? C’est toujours quelqu’un qui l’actionne. Comme vous ne savez pas qui, et que le bruit vous agace, vous vous décidez
37 qu’un robot ? Ce n’est pas un homme automatique, comme des millions de personnes le croient encore sur la foi de quelques fi
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
38 consacré à militer pour l’idée de faire l’Europe comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se trouver en Amérique,
39 prends des notes. Au fait, je considère et rédige comme un poème un livre tel que L’Aventure de l’homme occidental . Le styl
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
40 ialisme a laissé des quartiers européens à Bombay comme à Capetown et à Hong Kong17 et des décors industriels aux confins de
41 demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans leur « sagesse » intacte et leur famine, mais de décla
42 ionale… Valeurs : la personne humaine considérée comme inviolable ; le respect de la vérité objective, condition du progrès
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
43 ie de son pays, que ce soit d’une manière directe comme en Suisse, ou plus souvent par députés interposés ; mais il sait trop
44 posant le problème résolu, nous désirions savoir, comme l’électeur moyen, ce qui se passerait alors, selon toute vraisemblanc
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
45 ur la simple raison qu’une culture ne se crée pas comme une institution, et qu’au surplus la culture européenne existe. C’est
46 elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquelle il devient possible de construire
47 on ne sait qu’elle « uniformisation culturelle » comme conséquence lugubre et fatale de l’union politique, sont parfois en r
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
48 la violence née de l’union de ses victimes. Mais, comme en fait il n’y avait pas d’union, cela revenait à opposer aux chars d
49 fabriquer la bombe. Tout ne s’est-il point passé comme si le calcul profond du daimôn qui habitait en lui, déjouant les conc
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
50 ’histoire suisse donnent la date du 1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là un étrange anach
51 age d’unité (relative) de ceux qui se désignaient comme les « Confédérés » (Eidgenossen, compagnons du serment). Le Directoir
52 n fédérale, conforme à leurs anciennes traditions comme au respect de leurs diversités linguistiques, religieuses, politiques
53 douaniers et leur « sacro-sainte souveraineté » ( comme l’écrivait dès 1829 le vieil historien zurichois Heinrich Zschokke).
54 mbrasser dans leurs plans stratégiques la Suisse, comme si la grande forteresse des Alpes était un désert livré au premier oc
55 s adversaires du Projet d’union l’avaient dénoncé comme introduisant « un brandon de discorde » parmi les cantons : il le dev
56 les réformistes (considérés par les chancelleries comme de « dangereux tyrans » partisans de la Révolution) : il pressentait
57 rendus de presse qui « à peu d’exceptions près — comme le déclarait un des membres — relatent ordinairement le contraire de
58 nouvelles Chambres se réunirent à Berne (choisie comme « ville fédérale »). Le 16 novembre, elles procédèrent à l’élection d
59 elle est précisément fédéraliste, dans ses visées comme par ses principales dispositions. Le législatif, par exemple, s’y com
60 est pas limitée par la constitution fédérale, et, comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoi
61 uée par la quasi-unanimité des historiens suisses comme l’événement capital de l’histoire des Confédérés. Elle tira les leçon
62 la Constitution fédérale fut présentée au peuple comme un compromis, non point comme le gage du triomphe des radicaux. À vra
63 présentée au peuple comme un compromis, non point comme le gage du triomphe des radicaux. À vrai dire, elle portait toutes le
64 s un autre, avait été présentée par les opposants comme devant fatalement semer le chaos et la ruine dans la vie économique d
65 ascension économique d’un riche canton industriel comme Zurich fut immédiate ; celle d’un pauvre canton rural comme Glarus (s
66 ch fut immédiate ; celle d’un pauvre canton rural comme Glarus (son voisin) plus lente, mais certaine ; et chacun conserva sa
67 Si, à bien des égards, la formation de la Suisse comme État représente une expérience de laboratoire annonçant des applicati
68 il faut relever qu’à son époque elle se produisit comme à contre-courant de l’Histoire. Déjà, le pacte de 1291, dernier refle
69 italiennes, françaises et flamandes, était apparu comme une réaction tardive, une exception, dont les destinées devaient être
70 figure de Rossi : « Né à Carrare, venu en Suisse comme réfugié politique au début de la Restauration, il fut le premier prof
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
71 t Plutarque loue Alexandre d’avoir voulu « réunir comme en un seul grand vase tous les peuples du monde entier » et d’avoir «
72 t d’avoir « ordonné que tous considèrent la Terre comme leur patrie ». De l’esprit de solidarité évangélique — que tous soien
73 it de solidarité évangélique — que tous soient un comme les membres variés d’un même corps, participant du même Esprit — et d
74 omentées l’une par l’autre et complices à jamais, comme la systole et la diastole du cœur humain. Europe, donc, cœur du monde
75 condaires, s’imaginent qu’on les voit différents, comme ils se voient eux-mêmes en restant nez à nez. Les Américains les conf
76 que fédérale, si le fédéralisme est bien compris comme une méthode d’union dans la diversité. Or cette méthode n’est pas seu
77 ctriques, productrices de lumière et d’énergie, —  comme le proposent en somme, au nom de la paix, les neutralistes. Un certai
78 tension de réalités valables mais contradictoires comme l’union et l’autonomie — qui est le secret du fédéralisme. Mais tout
79 rope qu’ils n’ont cessé depuis dix ans de refuser comme utopique — d’où la nécessité de commencer par la Petite ! — ont-ils b
80 définition que je proposais plus haut de l’Europe comme fonction, c’est-à-dire d’une Europe qui ne serait pas elle-même si el
81 risques qu’elle assume, qu’elle fomente à plaisir comme pour mieux s’éprouver et se mettre elle-même au défi de les intégrer,
82 renaissance. Observons qu’elles étaient locales, comme le furent la chinoise, l’hindoue, l’indonésienne, les africaines et l
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
83 a Tamise ou du Zuyderzee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’assiéra pas un jour sur de muettes ruines, et ne pleurera pa
84 ns la marche de l’Histoire » et qu’il obéit donc, comme tout individu, à une loi de croissance, d’épanouissement et de déclin
85 civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autres ? Est-elle donc vraiment comparable à celles qui l’ont pré
86 a culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause de ses origines multiples —
87 conomie et ses arts. On a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie d’unité des esprits et des cœurs, telle que l’a déc
88 fortement développé par la théodicée chrétienne, comme l’ont montré Nietzsche d’abord, puis dans ses commentaires sur Nietzs
89 t la société, donc devant son destin sur la terre comme au ciel. De ce destin, il se croit ou se veut maître, pour une part t
90 tolérée par la sagesse de vos élites, qui exclut comme illusoire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité du prochain, l
91 sont les Européens qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à partir de la découverte géographique
92 anité, cette crise va-t-elle devenir « mortelle » comme l’ont prédit depuis un siècle la majorité de nos plus grands penseurs
93 inons plus politiquement sur tous les continents, comme avant 1914, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en
94 rmerait intimement, de considérer tous les hommes comme dignes et capables, un jour ou l’autre, de participer pleinement à l’
95 n’en saurait rien. » Et il proposait de corriger comme suit le passage que je vous ai cité : « Nous autres civilisations, no
96 édés : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la dernière période glaciaire, ou le dessèchement du Sahara, affectan
97 n d’une civilisation rivale, soit plus primitive, comme dans le cas des Doriens détrônant la Crète, ou des Germains submergea
98 geant Rome, soit plus audacieuse et prestigieuse, comme dans le cas de quelques centaines d’Espagnols s’emparant de l’empire
99 perstition matérialiste. Il en va du nationalisme comme de notre rhume de cerveau, qui devient mortel, dit-on, chez certains
100 pas moins ses ravages dans l’esprit des Européens comme dans l’esprit de peuples neufs, empêchant au-dedans cette union fédér
101 passion de défier le destin, le refus des choses comme elles vont, inquiétude, passion et refus sans quoi la science et la t
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
102 nfidélité à la vocation même de l’homme chrétien, comme à l’ordre divin : « Que tous soient un… » C’est au niveau des hiérarc
103 je ne puis en appeler qu’à l’union des chrétiens comme étant l’unique voie qui me paraisse ouverte vers quelque forme encore
104 ls ont eu le bonheur d’être élevés, qu’ils aiment comme on aime une patrie, mais l’amour est lucide, la patrie n’est pas le m
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
105 l’union, au regard de laquelle elles apparaissent comme les survivances d’une autre ère. Pour comprendre la vraie nature du p
106 tion fermée (nous dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’unité finale du genre humain. Le raisonn
107 érer les peuples de la nouvelle Europe chrétienne comme formant une seule nation. Unis par une même origine, par les mêmes co
108 qui, sans doute à l’origine, ne fut considéré que comme général de la chrétienté, devant être pour l’Église entière ce qu’éta
109 Les États modernes se sont ainsi formés ; — non, comme on a coutume de décrire dans la doctrine du droit la formation d’un É
110 toutes les parties entre elles doit rester libre, comme il l’était à l’origine. Si elle est au contraire divisée en plusieurs
111 liaison nécessaire, Hegel l’a marquée le premier. Comme Goethe assistant à la bataille de Valmy, il a compris que la clameur
112 À la faveur des guerres qu’il présentera toujours comme une « défense de nos foyers »30, il mobilise l’instinct patriotique e
113 ment à l’esprit de Valmy, se représente la nation comme une croisade pour l’idée : « Ce ne sont pas les déterminations nature
114 voit donc que nation et Patrie diffèrent pour lui comme esprit et nature.) Cet esprit national est « un individu dans la marc
115 à en jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois cette fin atteinte, il n’a plus rien à faire dans
116 ant lyriquement la formation des « nationalités » comme autant d’étapes nécessaires d’une dialectique de l’Esprit, s’est trou
117 urope des nationalités, qu’il considère lui aussi comme une étape inévitable, quoique dangereuse de l’évolution historique :
118 hrétienne. Passons sur des exclamations lyriques comme celle qui ouvre son poème « Germania » : « Oui ! le monde entier sera
119 et il loue Herder d’avoir considéré l’humanité «  comme une grande harpe dans la main d’un grand maître », chaque nation étan
120 e abandonne ces peuples ! Voici deux textes brefs comme deux cris, échappés au chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth, q
121 fait se neutraliser, la France de 48 se considère comme une nation qui vient de renaître, dans une Europe rénovée par les pri
122 lle pas nécessairement interprétée par les autres comme un désir secret de gagner tout l’univers au style de vie et de pensée
123 ble, qu’elle est destinée à mourir, mais à mourir comme les dieux, par la transfiguration. La France deviendra l’Europe. Cert
124 pe. Certains peuples finissent par la sublimation comme Hercule ou par l’ascension comme Jésus-Christ […] et c’est ainsi qu’A
125 r la sublimation comme Hercule ou par l’ascension comme Jésus-Christ […] et c’est ainsi qu’Athènes, Rome et Paris sont pléiad
126 es voix de 48, et de la période qui suit, à l’Est comme à l’Ouest, et en Suisse comme en France. Il manquait à ce concert une
127 e qui suit, à l’Est comme à l’Ouest, et en Suisse comme en France. Il manquait à ce concert une note allemande, et Constantin
128 artient donc à l’ensemble européen, qu’il définit comme le domaine « romano-germanique » : Italie — France — Espagne d’un côt
129 llement de la zoologie. La race n’y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n’a pas le droit d’aller par l
130 ntiels de l’histoire. […] Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites d’une nation sont écrites
131 en devenant « patriotes ». Je songe à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Henri Heine, Schopenhauer. Qu’
132 ans, elle sombrera dans la guerre et l’anarchie, comme elle a toujours fait deux ou trois fois par siècle. … Rien n’améliore
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
133 n passé ; d’autre part, unité synthétique imposée comme un cadre rigide à la culture. Pour fixer les idées, et sans vouloir
134 s de quelques civilisations fondées sur le Sacré, comme celles de Sumer, de l’Égypte des Pharaons, de l’Inde védantique, ou e
135 t que l’Europe en ait tant, et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer de les réduire. La réponse me paraît ass
136 es, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture de dialogue et de contestati
137 conomie et ses arts. On a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie d’unité des esprits et des cœurs, telle que l’a déc
138 fortement développé par la théodicée chrétienne, comme l’ont montré Nietzsche d’abord, puis dans ses commentaires sur Nietzs
139 t la société, donc devant son destin sur la terre comme au ciel, destin dont il se croit ou se veut le maître, pour une part
140 tolérée par la sagesse de vos élites, qui exclut comme illusoire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité du prochain. E
141 sont les Européens qui ont inventé l’archéologie comme ils ont inventé l’ethnographie à partir de la découverte géographique
142 européenne, et restent liées, dans leur évolution comme dans leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs. Mais
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
143 e la terre, et qui, sous les meilleurs prétextes, comme celui de nourrir les corps et de réduire des misères matérielles, bou
144 en somme, cessent de se ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure,
145 r tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre : contacts d’une part entre représentants des arts, des scie
146 rche d’une sagesse globale. En situant le Congrès comme je viens de le faire, j’ai voulu vous montrer qu’il n’agit pas au niv
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
147 e la terre, et qui, sous les meilleurs prétextes, comme celui de nourrir les corps et de réduire des misères matérielles, bou
148 en somme, cessent de se ridiculiser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure,
149 r tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre : contacts d’une part entre représentants des arts, des scie
150 Liberté, Progrès et Bien En situant le Congrès comme je viens de le faire, j’ai voulu vous montrer qu’il n’agit pas au niv
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
151 serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit et prétend
152 on passé, d’autre part, unité synthétique imposée comme un cadre rigide à la culture. Pour fixer les idées, et sans vouloir e
153 ons fondées sur le Sacré (das Heilige, the Holy), comme celles de Sumer, de l’Égypte des Pharaons, de l’Inde védantique, ou e
154 it que l’Europe en ait tant et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer de les réduire. La réponse me paraît ass
155 es, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture de dialogue et de contestati
156 conomie et ses arts. On a beau citer le Moyen Âge comme une période bénie d’unité des esprits et des cœurs, telle que l’a déc
157 fortement développé par la théodicée chrétienne, comme l’ont montré Nietzsche d’abord, puis dans ses commentaires sur Nietzs
158 t la société, donc devant son destin sur la terre comme au ciel, destin dont il se croit ou se veut le maître, pour une part
159 tolérée par la sagesse de vos élites, qui exclut comme illusoire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité du prochain. E
160 sont les Européens qui ont inventé l’archéologie, comme ils ont inventé l’ethnographie à partir de la découverte géographique
161 européenne, et restent liées, dans leur évolution comme dans leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs ; mai
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
162 n étaient signés par MM. Robert Schuman, agissant comme président ; D. de Rougemont, agissant comme secrétaire ; H. Brugmans,
163 ssant comme président ; D. de Rougemont, agissant comme secrétaire ; H. Brugmans, F. Marinotti, J. H. Retinger, R. Silva, G.
164 ui avaient été promis. Car elle ne disposait pas, comme les fondations américaines, d’un capital initial important mais compt
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
165 tous les romans vraiment dignes du nom. Ils sont comme les premières apparitions, comme les épiphanies quasi sacrées, d’un d
166 du nom. Ils sont comme les premières apparitions, comme les épiphanies quasi sacrées, d’un des grands mythes de l’âme occiden
167 ’exprimer, plus directes et abstraites à la fois, comme la logique et la mathématique ; et non pas de notre existence physiqu
168 aditionnel, qui se retrouve dans certains dérivés comme animé, animation, ou même animosité. Le jeu « animé » d’un pianiste,
169 dence, mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit —, celle de l’âme. L’âme est en propre le domaine des émotions
170 passions. L’émotion est la preuve de l’âme, tout comme la sensation est la preuve du corps, et la pensée, la preuve de l’int
171 eur évolution du xiiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la lente dégrada
172 re. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psychanalyste l’eût g
173 ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme . Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis op
174 , sa princesse lointaine et son « amour de loin » comme parlait le troubadour Jaufré Rudel ? L’apparent narcissisme de Trista
175 le pas éclairée, à son tour ? Aimer le prochain «  comme soi-même » suppose d’abord une dualité entre l’individu et le vrai mo
176 oi-même, puisqu’« il faut être deux pour aimer », comme dit la sagesse populaire. Aimer vraiment, ce serait aimer l’ange en s
177 e, un autre exposé que nous attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, sur le phénomène qu’illustre l
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
178 t que la Suisse n’a pas produit de grands hommes, comme l’Italie a produit Dante, l’Allemagne Goethe, la France Pascal, et le
179 me fallait décrire la Suisse en une seule phrase, comme il arrive que des touristes l’exigent, je dirais : un pays de petits
180 ’autre en une demi-heure, parfois en deux minutes comme il arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres : la vue se ferme s
181 nsions qui leur manquent. Paracelse était Suisse, comme C. G. Jung, et Rousseau comme Jacob Burckhardt, et Madame de Staël co
182 celse était Suisse, comme C. G. Jung, et Rousseau comme Jacob Burckhardt, et Madame de Staël comme personne. Jean de Müller,
183 usseau comme Jacob Burckhardt, et Madame de Staël comme personne. Jean de Müller, historien des Suisses, fut aussi le premier
184 arfois de l’Amérique, que ce nom nous est revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs esprits mériterait une
185 irs sociaux ou civiques, éducatifs ou spirituels, comme si le fait d’être utile excusait leurs grands dons aux yeux de leur c
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
186 ent le plus directement, au niveau de la création comme à celui des effets extérieurs, et s’inter-déterminent de la manière l
187 défi aux dieux, c’est pour ravir le feu du ciel, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à notre volonté de puissance e
188 artir au hasard sur les routes qu’est née l’auto, comme le prouve le récit de cette invention que, dans son livre intitulé Ma
189 ité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller
190 e Karl Marx peut décrire le prolétaire industriel comme le « complément vivant d’un mécanisme mort ». Mais déjà nous voyons s
191 niks, et tout le monde veut les imiter. En Europe comme en Afrique, on réclame à grands cris l’intensification de la formatio
192 ’opposer théoriquement la culture et la technique comme s’il s’agissait de deux entités indépendantes et au surplus rivales.
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
193 onder ou de réfuter, il disait, coupant court, et comme en aparté : « Ceci n’est pas conforme à ma théologie. » Et l’on senta
194 ogmatiques — saint Thomas, Calvin ou Karl Barth — comme étant affectées à la base d’un « littéralisme » biblique décidément i
195 paraissait lourd et fluent, informe et grouillant comme le ventre ténébreux de la baleine où médita Jonas, foncièrement incon
196 mains, désirs et décisions évoluaient à ses yeux, comme il aimait à dire : « dans la confusion générale ». Tel étant de toute
197 trices de structures, d’événements en puissance : comme celle de Jean Monnet, qui le fascinait, ou comme celle, un peu clande
198 comme celle de Jean Monnet, qui le fascinait, ou comme celle, un peu clandestine, que nous poursuivions à Genève. Une espèce
24 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
199 se cultive pour elle-même, se définit précisément comme quelque chose où Calvin ne trouverait pas sa place et, de fait, ne jo
200 pensée française, celle qui considère l’écrivain comme chargé d’une mission normative et créatrice de valeurs générales dans
201 ble, on le sait de reste. Maigre et mélancolique, comme l’était Charles Quint — tandis que Luther est aussi gras et sanguin q
202 ire toutes retraites et lieux à l’écart m’étaient comme écoles publiques. Bref, cependant que j’avais toujours ce but de vivr
203 , il m’a produit en lumière et fait venir en jeu, comme on dit. L’aventure se noue en 1535, année cruciale où, tandis que pa
204 éclat que fait dans le monde ce « petit livret », comme il l’appelle. Passant à Genève par hasard, il comptait n’y rester qu’
205 exhortation que par une adjuration épouvantable, comme si Dieu eût d’en haut étendu sa main pour m’arrêter ». C’en est fait
206 lent de cette tension instaurée par sa vocation ; comme aussi ses défauts, à notre goût du jour. Il est moins séduisant qu’im
207 oit de révolte, refusé aux individus, mais confié comme devoir aux groupes constitués quand l’État outrepasse ses fonctions,
208 in, loin d’avoir instauré la théocratie à Genève, comme le répète l’ignorance commune, Calvin a créé le modèle d’une église d
25 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
209 sse d’un avenir malgré tout qui m’étaient rendus, comme une grâce. Un jour, dans une estancia des environs de Buenos Aires, j
210 ns vitales, as large as life and twice as natural comme le dit notre ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplic
211 ordre humain, une sagesse orientée par la Femme, comme Goethe et C. G. Jung l’ont annoncé. Quelques-uns l’ont appris de Vict
26 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
212 raison, en ce sens qu’ils sont nécessaires, soit comme moteur, soit comme volant ; les uns et les autres ont tort quand ils
213 qu’ils sont nécessaires, soit comme moteur, soit comme volant ; les uns et les autres ont tort quand ils se prétendent suffi
27 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
214 lle était l’atmosphère, et je n’ai vu ce jour-là, comme les jours suivants à la troupe, où je suis retourné pour une semaine,
215 epuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au cœur de l’Europe, à son bastion sacré, et je l’ai dit hier soir en
216 , pour la résistance à tout prix, avec le Gothard comme symbole et comme grand atout militaire. » Il acquiesce. Je poursuis :
217 nce à tout prix, avec le Gothard comme symbole et comme grand atout militaire. » Il acquiesce. Je poursuis : « Une action qui
218 nt d’entrer à mon bureau, près de la gare, acheté comme chaque matin la Gazette . Mon article — je n’y pensais plus — en pre
28 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
219 édiat, concret, naturel et extravagant à la fois, comme l’événement quand il arrive. Je vois ce pré et je sais qu’il peut y a
220 . Cela se discute, mais j’ai pris mon parti, tout comme le général de Gaulle, à la radio de Londres, il y a quelques jours. E
221 as nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanmoins, un sergent de mes amis, syndicaliste, memb
29 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
222 re politique quelconque. Des sujets de conférence comme ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à 3 devraient, par conséqu
223 tre du Réduit national 42 il se dressait vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont nous avions rêvé sans oser croire q
30 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
224 r le rappel d’échecs ou de succès anciens. Ainsi, comme un voilier tirant des bords par vent debout, essayons d’avancer dans
31 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
225 des remparts. En Amérique, les villages naissent comme au hasard le long des routes frayées par les pionniers : ils ne sont
226 ire. Même dans les nations les plus centralisées, comme la France, le mouvement de restauration des compétences communales se