1 (janvier 1957)a b Ce qui s’oppose coopère, et de ce qui diverge procède la plus belle harmonie. Héraclite Reconnaît

2 raclite Reconnaître nos différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’autres le Soi, ou le Total,

3 « aucune différence », il n’y aurait pas non plus d’ antinomie foncière entre la foi chrétienne de l’Occident et la pensée

4 plus d’antinomie foncière entre la foi chrétienne de l’Occident et la pensée religieuse de l’Asie1. Sur d’autres plans, po

5 chrétienne de l’Occident et la pensée religieuse de l’Asie1. Sur d’autres plans, pourtant, les différences éclatent. Ce s

6 nces éclatent. Ce serait faire tort à l’homme que de nier leurs liens avec certaines options fondamentales qu’il a prises

7 a prises au plan religieux. Au nom même du désir d’ union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits

8 s au plan religieux. Au nom même du désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits, il me

9 nom même du désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’admettre

10 désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’ autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’admettre en toute fr

11 d’autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’ admettre en toute franchise l’existence historique et spirituelle de d

12 e franchise l’existence historique et spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de

13 e et spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine qu

14 différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine que l’on peut désigner par les termes s

15 e deux voies longtemps divergentes, de deux types d’ aventure humaine que l’on peut désigner par les termes symboliques, pl

16 r les termes symboliques, plus que géographiques, d’ Orient et d’Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’obj

17 symboliques, plus que géographiques, d’Orient et d’ Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’objet des essai

18 , d’Orient et d’Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’objet des essais de mise au point qui suivent. Cert

19 es contenus de ces termes sera l’objet des essais de mise au point qui suivent. Certains penseront qu’il est dangereux de

20 i suivent. Certains penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui n

21 aleur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antit

22  ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antithèses qu’une sagesse supérie

23 de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antithèses qu’une sagesse supérieure saurait conduire à

24 prits ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance de

25 e suppose bien plutôt la connaissance des raisons d’ être de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les pass

26 se bien plutôt la connaissance des raisons d’être de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les passer sous

27 e de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les passer sous silence ou les minimiser, ce serait perdre d’av

28 r sous silence ou les minimiser, ce serait perdre d’ avance les deux vertus majeures qui dénotent une union véritable : à s

29 esse supérieure et vraiment unitive ne naîtra pas d’ aspirations mal informées, ni du refus de bien voir l’état présent des

30 îtra pas d’aspirations mal informées, ni du refus de bien voir l’état présent des choses, encore moins du recours à quelqu

31 nuit des temps, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit,

32 ets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous les chats sont gris », dit le proverbe.

33 ts sont gris », dit le proverbe. Mauvaise formule d’ union, qui ne peut survivre à l’aube ! Si l’Orient et l’Occident doive

34 doivent un jour converger au lieu de s’ignorer ou de se combattre, ils le devront bien moins à un « retour aux sources » q

35 et toujours plus lucide vers les buts respectifs de leur double aventure. Mieux compris, mieux réalisés, ces buts se révé

36 , ces buts se révéleront un jour complémentaires, d’ une façon qui nous demeure encore indescriptible, mais dont le pressen

37 essentiment nous accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypothèse d’une origine commune, et d’une

38 externes de l’opposition Admettons l’hypothèse d’ une origine commune, et d’une famille d’idiomes indo-européens dont le

39 Admettons l’hypothèse d’une origine commune, et d’ une famille d’idiomes indo-européens dont le sanscrit serait le plus a

40 hypothèse d’une origine commune, et d’une famille d’ idiomes indo-européens dont le sanscrit serait le plus ancien témoigna

41 cien témoignage. Admettons même entre l’Inde et l’ Europe une parenté antérieure aux Aryens. (Elle paraît attestée par les symb

42 tons que le régime des castes, imposé aux peuples de l’Inde par les conquérants aryens, ait son origine en Europe, où Plat

43 de par les conquérants aryens, ait son origine en Europe , où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver des trace

44 s efforts des réformateurs religieux, du Bouddha, de l’islam, mais non pas des Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascensio

45 des Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascension de l’Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les

46 Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascension de l’ Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les castes.

47 ’ascension de l’Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les castes. La démocratie hellénique, l’ex

48 les castes. La démocratie hellénique, l’expansion de la morale chrétienne, la Renaissance et la Révolution française marqu

49 ce et la Révolution française marquent les étapes de cette dissolution du système social tripartite hérité de l’ancêtre ar

50 e dissolution du système social tripartite hérité de l’ancêtre aryen. Sur l’arrière-fond commun, les différences s’accusen

51 n, les différences s’accusent. Elles ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue pa

52 Elles ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien

53 e Moyen Âge a représenté la période « orientale » de l’Occident. Le symbolisme y dominait dans tous les ordres ; les trois

54 s traditions multipliées primaient sur tout essai d’ innovation ou de variation individuelles ; l’au-delà était tenu pour p

55 tipliées primaient sur tout essai d’innovation ou de variation individuelles ; l’au-delà était tenu pour plus réel que l’i

56 nt il convenait par suite de s’évader, plutôt que d’ essayer de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’une raison

57 enait par suite de s’évader, plutôt que d’essayer de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’une raison mal éclair

58 utôt que d’essayer de l’aménager selon les désirs d’ un corps vil et d’une raison mal éclairée ; partout, le collectif-sacr

59 de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’ une raison mal éclairée ; partout, le collectif-sacral refoulait le ra

60  », la tendance individualiste ne pouvait trouver d’ exutoire que dans l’aventure mystique. Le véritable individu, au Moyen

61 à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la coutume, de la magie, du dogme même, devenant hétérodoxe moins par

62 homme qui se « détache » du clan, de la coutume, de la magie, du dogme même, devenant hétérodoxe moins par la négation de

63 e même, devenant hétérodoxe moins par la négation de l’orthodoxie qu’il croit encore servir, que par son dépassement réali

64 son dépassement réalisé. Mais l’Orient n’a pas eu de Renaissance. La durée même de son Moyen Âge, confronté tout vivant av

65 l’Orient n’a pas eu de Renaissance. La durée même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec notre âge technique, trahit

66 fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidement, pour atteindre à peu près 180° aux

67 dement, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près

68 buts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamétrale des deux mondes s’atteste aux yeux

69 ux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée en Europe par toutes les subsistances monumentales et religieuses du Moyen Âge,

70 -Unis dont le passé vivant ne remonte pas au-delà d’ une post-Renaissance importée. En Inde, on ne voit partout que pèlerin

71 que pèlerinages, sanctuaires, lieux et quartiers de ville sacrés ; arbres, fleuves, animaux sacrés ; hommes et femmes en

72 ut devant l’idole4. Et une misère universelle. En Europe , dans un paysage où les clochers d’églises dominent encore généraleme

73 selle. En Europe, dans un paysage où les clochers d’ églises dominent encore généralement la silhouette des villages et des

74 s pèlerinages ou lieux sacrés, quelques centaines de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’un s

75 s, quelques centaines de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’un sacré dont l’âge fait le prix

76 x (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’ un sacré dont l’âge fait le prix, mais que l’on isole de la vie, et qu

77 acré dont l’âge fait le prix, mais que l’on isole de la vie, et que cernent impatiemment les grands faubourgs industriels

78 nt les grands faubourgs industriels et les décors de la technique. En Amérique : pas un seul lieu sacré en dehors des égli

79 rs des églises en faux gothique luxueux, dominées de très haut par les gratte-ciel ; pas un seul pèlerinage et pas un vrai

80 rai château. Plaines et villes immenses, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénérat

81 t villes immenses, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, l

82 es, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, les plantes, les

83 nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, les plantes, les animaux ou le surnaturel

84 rtagé par toutes les classes. L’Occidental retour d’ Orient s’écrie : « Je n’ai vu que des foules, pas une personne ! » Et

85 qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’harmonie, et pas un seul vrai spirituel… Réalités intern

86 voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’ harmonie, et pas un seul vrai spirituel… Réalités internes de l’opp

87 pas un seul vrai spirituel… Réalités internes de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Ori

88 éalités internes de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Orient et l’Occident ne sont donc pa

89 s de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Orient et l’Occident ne sont donc pas seulement des

90 l doute, mais ils sont beaucoup plus : deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. P

91 deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. Pour passer du sens géographique et hist

92 l. Pour passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux ré

93 isionnaires que deux grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur c

94 ue deux grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur ce sujet fonda

95 ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’ Avicenne est une initiation à l’Orient, monde des Formes de lumière, c

96 e est une initiation à l’Orient, monde des Formes de lumière, contrastant avec l’Occident du monde terrestre et l’Extrême-

97 réside l’univers angélique ; à gauche, l’Occident de la Matière et du soleil couchant, au bord le plus lointain duquel s’é

98 ux qui le cultivent viennent d’ailleurs… » (Thème de l’Exil.) Et ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, r

99 rs… » (Thème de l’Exil.) Et ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de dis

100 t ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes : « joi

101 un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’y

102 évastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’y sont qu’un e

103 un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procu

104 sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procuré d’un lieu

105 : « joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procuré d’ un lieu lointain ». Entre l’Orient et l’Occident (c’est-à-dire au lieu

106 et l’Occident (c’est-à-dire au lieu de rencontre de la matière et de la forme) est une circonscription intermédiaire : « 

107 ’est-à-dire au lieu de rencontre de la matière et de la forme) est une circonscription intermédiaire : « C’est celle que l

108 est celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, S

109 Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme,

110 e terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme, son « exil » dans le

111 idental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme, son « exil » dans les liens de la matière et du corps qui la r

112 pèlerinage de l’âme, son « exil » dans les liens de la matière et du corps qui la retiennent captive dans leurs noires fo

113 eurs noires forteresses, son départ vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ic

114 sses, son départ vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ici les mêmes signifi

115 vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ici les mêmes significations symboliq

116 retrouve ici les mêmes significations symboliques de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’Avicenne, auquel l’aute

117 s mêmes significations symboliques de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’Avicenne, auquel l’auteur rattache d’a

118 es de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’ Avicenne, auquel l’auteur rattache d’ailleurs son conte, qui est une v

119 on conte, qui est une vision7. Tentons maintenant de dresser une liste des caractères symboliques que ces deux auteurs att

120 à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. N

121 eux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la droit

122 droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange de la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré

123 gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,

124 paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè

125 isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la

126 e par les liens matériels et passionnels, le lieu d’ exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’

127 ’interprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa

128 t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’ impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq

129 d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’ accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l

130 er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l

131 it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’ anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en

132 et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident de la Chine ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! El

133 igurent pas pour autant l’Occident de la Chine ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc

134 cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ

135  ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Mais, du p

136 me, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Mais, du prestige de cet Orient qui n’est pas

137 ion » de la psyché occidentale. Mais, du prestige de cet Orient qui n’est pas celui de l’atlas, l’Orient réel, qui va de l

138 is, du prestige de cet Orient qui n’est pas celui de l’atlas, l’Orient réel, qui va de la Perse au Japon bénéficie très la

139 n’est pas celui de l’atlas, l’Orient réel, qui va de la Perse au Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous ver

140 ement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relevant un défi qui semblait

141 crasant et qu’il se portait à lui-même, acceptant de « s’enfoncer dans la matière », acceptant les passions et les corps à

142 ues pour l’âme et l’esprit, en a tiré le principe d’ une possible grandeur et d’une vérité difficile, qui est l’enjeu de so

143 en a tiré le principe d’une possible grandeur et d’ une vérité difficile, qui est l’enjeu de son aventure. b) Incarnation

144 andeur et d’une vérité difficile, qui est l’enjeu de son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au pla

145 écues, métaphysiques et religieuses, l’opposition de l’Orient et de l’Occident revêt une valeur différente, encore que par

146 iques et religieuses, l’opposition de l’Orient et de l’Occident revêt une valeur différente, encore que par sa forme elle

147 lle semble correspondre au tableau que l’on vient d’ établir. Un voyageur allemand9 demandait à un yogi : « N’avez-vous pas

148 un yogi : « N’avez-vous pas tenté, en Inde aussi, de calculer la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : « Nous cherch

149 ns au contraire à ramener le carré au cercle. » L’ Européen commente ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisatio

150 te ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’autre inve

151 dialogue : « Dans ces deux voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’autre inversement, s’expri

152 missions différentes, toutes les deux légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cube — est parto

153 érentes, toutes les deux légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cube — est partout le symbole

154 arré — ou mieux, le cube — est partout le symbole de la matière, et le cercle — ou la sphère — celui de l’esprit. En sorte

155 e la matière, et le cercle — ou la sphère — celui de l’esprit. En sorte que la quadrature du cercle est la transformation

156 que la quadrature du cercle est la transformation de l’esprit en matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis

157 l’esprit en matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis que le passage du carré au cercle figure le retour d

158 ue le passage du carré au cercle figure le retour de la matière à l’esprit. La première opération signifie en termes humai

159 aspects variés. Christ et le Bouddha. — Le Fils de Dieu, incréé, transcendant, entre dans l’immanence et dans l’Histoire

160 et dans l’Histoire, se fait corps matériel, chair d’ enfant pauvre, assume les pires souffrances et finalement en meurt, af

161 ler aux hommes dans leur langage, dans les termes de leur existence, et de les sauver là où ils sont, par la seule foi dan

162 ur langage, dans les termes de leur existence, et de les sauver là où ils sont, par la seule foi dans l’action du pardon,

163 s sont, par la seule foi dans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte s

164 seule foi dans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais prin

165 ans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais princier pour al

166 ardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’ un roi de ce monde quitte son palais princier pour aller dans la solit

167 l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais princier pour aller dans la solitude la pl

168 s dénuée, et là découvre que la voie du salut est de refuser le monde, le corps et la souffrance, pour s’élever vers le Ri

169 es ; car il s’agit en réalité dans le premier cas d’ une descente créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un ess

170 lité dans le premier cas d’une descente créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme v

171 créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’ un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Con

172 de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance.

173 ns l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance. L’Oriental

174 . L’Oriental, tournant le dos au « monde » décide d’ atteindre le salut par tout son moi, mais par son moi seul, détaché, p

175 oi seul, détaché, progressivement illuminé : voie de la connaissance directe de l’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au

176 vement illuminé : voie de la connaissance directe de l’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au soleil, en lequel il croit

177 u soleil, en lequel il croit sans le voir, décide d’ imiter Dieu le Créateur en œuvrant dans Sa création : voie de l’obéiss

178 eu le Créateur en œuvrant dans Sa création : voie de l’obéissance active dans l’ombre de la foi. Le danger que court l’Ori

179 éation : voie de l’obéissance active dans l’ombre de la foi. Le danger que court l’Oriental, c’est l’ex-carnation trop fac

180 cile. (On perd en chemin le monde créé, sa raison d’ être, la connaissance et la maîtrise de ses structures.) Le danger, po

181 sa raison d’être, la connaissance et la maîtrise de ses structures.) Le danger, pour l’Occidental, c’est l’incarnation tr

182 i-même dans la matière et ses structures, on perd de vue les exigences et la maîtrise des réalités spirituelles.) Vérifie

183 és spirituelles.) Vérifier la Voie : deux formes d’ expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’arriver à la connaissance du di

184 eux formes d’expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’ arriver à la connaissance du divin non par le « saut de la foi », qui

185 iver à la connaissance du divin non par le « saut de la foi », qui ne procure pas une connaissance suffisante, n’ouvre pas

186 on puisse librement parcourir ; mais par le moyen d’ une ascèse soumettant le corps et le mental à l’âme, donc délivrant ce

187 mental à l’âme, donc délivrant celle-ci des liens de Prakriti (le monde manifesté, qui est illusion) afin qu’elle aille ve

188 hant ce qu’elle fait. « Ô bien-aimé ! si imprégné de la Connaissance, si détaché, si versé dans la Loi, et si maître de lu

189 e, si détaché, si versé dans la Loi, et si maître de lui qu’il soit, un dieu lui-même ne peut sans le yoga atteindre la li

190 -anka.) Pour l’Occidental au contraire, il s’agit de connaître Dieu non pas en écartant le monde manifesté, ou bien en se

191 e manifesté, ou bien en se contentant à son sujet d’ intuitions directes et vagues (sur la nature de l’atome, par exemple)

192 et d’intuitions directes et vagues (sur la nature de l’atome, par exemple) qui ne permettent pas de refaire le chemin à vo

193 re de l’atome, par exemple) qui ne permettent pas de refaire le chemin à volonté par l’intellect et par l’action physique,

194 n efficace, afin de mieux pénétrer la Création et d’ en maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses

195 trer la Création et d’en maîtriser le principe. «  D’ autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n

196 t plus nous connaissons les choses particulières, d’ autant plus nous connaissons Dieu. » (Spinoza) Ainsi se croisent les d

197 outes, et parfois les méfiances. Car chacun pense de l’autre : est-ce qu’il dit vrai ? trouve-t-il vraiment l’objet de sa

198 -ce qu’il dit vrai ? trouve-t-il vraiment l’objet de sa recherche ? et cet objet lui-même, est-il vraiment réel ? S’identi

199 triser les secrets du cosmos, et peut-être demain de la vie, pense l’Oriental, n’est-ce pas régner sur la Maya ? Et chacun

200 -ce pas régner sur la Maya ? Et chacun sera tenté de tenir pour illusoires les « preuves » dont l’autre se prévaut, puisqu

201 ar l’autre ne sont en vérité que des implications de son option fondamentale. Tautologies que tout cela ! c) Individu et T

202 et l’Orient traditionaliste, il paraît difficile de le mettre en doute10 : tous les auteurs qui traitent de mon sujet s’a

203 mettre en doute10 : tous les auteurs qui traitent de mon sujet s’accordent au moins sur ce point, malgré les divergences d

204 ent au moins sur ce point, malgré les divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de vale

205 oint, malgré les divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose

206 es divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît

207 s de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît pas si simple

208 aire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît pas si simple, et j’y sens une

209 y sens une complexité dont j’essaierai maintenant d’ indiquer la nature en rapportant l’observation suivante, faite en Inde

210 ant l’observation suivante, faite en Inde. « Trop de monde partout ! Trois domestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sep

211 artout ! Trois domestiques pour ma simple chambre d’ hôtel. Sept ou huit hommes, dont un travaille, dans des boutiques minu

212 e le passage des voitures. Les trottoirs couverts de dormeurs pendant la nuit. Et j’ai vu cinq personnes sur une seule bic

213 tiers anciens : celui qui entoure la grande pièce d’ eau sacrée, rectangulaire. Petites rues sinueuses, bordées de maisons

214 e, rectangulaire. Petites rues sinueuses, bordées de maisons étroites, cages d’oiseaux mal superposées. Regards luisants d

215 ues sinueuses, bordées de maisons étroites, cages d’ oiseaux mal superposées. Regards luisants dans la pénombre. Corps tass

216 s recoins. Silence et dignité profonde. Un groupe d’ hommes attentifs dans une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit

217 ’hommes attentifs dans une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit de légendes sacrées. Jamais la vie ne m’a paru plu

218 une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit de légendes sacrées. Jamais la vie ne m’a paru plus solennelle ni plus s

219 olennelle ni plus simplement adorable. Tintements de cloches, irréguliers, seuls bruits. Mais ces petits garages, aux port

220 petits garages, aux portes grillagées, surmontés de clochetons baroques ? Ce sont des temples, dit mon guide. Devant l’id

221 des temples, dit mon guide. Devant l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homm

222 guide. Devant l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homme seul, immobile et d

223 nt l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homme seul, immobile et debout. Dans

224 prêtre renouvelle les cierges noirs devant le jet d’ eau grêle. Je pense aux holy men, errant dans les campagnes, ou longue

225 uement assis en tailleur dans leurs niches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’église organisée. L’Hindou gréga

226 dans leurs niches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’église organisée. L’Hindou grégaire n’est seul que devant

227 ches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’ église organisée. L’Hindou grégaire n’est seul que devant le divin. L’

228 st seul que devant le divin. L’Occidental, jaloux de sa vie privée, s’assemble dans l’église où l’on chante des chœurs. Me

229 e dans l’église où l’on chante des chœurs. Messes de Mozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen, ni de pl

230 ’on chante des chœurs. Messes de Mozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen, ni de plus véritablement com

231 ozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen , ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesi

232 e dois citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mieux traduit l’impression qui submerge l’Europée

233 nne n’a mieux traduit l’impression qui submerge l’ Européen livré à l’Inde, immergé dans la foule indienne. J’ai parlé de l’Hindo

234 ’Inde, immergé dans la foule indienne. J’ai parlé de l’Hindou « grégaire » ; terme inexact s’il fait penser à « collectif 

235 il fait penser à « collectif », à je ne sais quoi d’ organisé ou d’encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassner m’offr

236 à « collectif », à je ne sais quoi d’organisé ou d’ encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassner m’offre ce mot : le

237 centre. L’homme magique, le corps magique n’a pas d’ ironie ni de paradoxe, parce qu’il n’a ni contraire ni contradiction. 

238 mme magique, le corps magique n’a pas d’ironie ni de paradoxe, parce qu’il n’a ni contraire ni contradiction. » Dépourvu d

239 ’il n’a ni contraire ni contradiction. » Dépourvu de sensibilité au sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esp

240 épourvu de sensibilité au sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esprit révolutionnaire, ignorant la curiosité

241 sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’ esprit révolutionnaire, ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure n

242 , ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’une

243 ne peut avoir cure ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’un visage.

244 e ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’ un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’un visage. « On peut aller

245 stincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’ une personnalité ni d’un visage. « On peut aller jusqu’à prétendre cec

246 ce, ni d’un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’ un visage. « On peut aller jusqu’à prétendre ceci : les contradictions

247 rues et des places, l’homme des supercheries, est de son appartenance : il forme le bord, la lisière du monde du saint, co

248 inexprimable, au sein de laquelle nos conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de

249 n de laquelle nos conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magiq

250 os conceptions de liberté, action, de personne et d’ histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme

251 rté, action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme de Boule, infinie et

252 de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme de Boule, infinie et tout-engloban

253 ntradiction, tension ou dissension, et ne cessent de refaire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en

254 ou dissension, et ne cessent de refaire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du

255 faire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du mystique médiéval, ne peut être qu

256 a voie consiste à libérer progressivement une âme de l’illusion d’être distincte. Tout se ramène enfin à cette opposition 

257 e à libérer progressivement une âme de l’illusion d’ être distincte. Tout se ramène enfin à cette opposition : panthéisme o

258  : panthéisme ou Dieu personnel. Car il n’est pas de personne sans un Dieu qui interpelle. Et l’Orient ne connaît rien de

259 Dieu qui interpelle. Et l’Orient ne connaît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’y a pas de Dieu — selon le système Sank

260 aît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’y a pas de Dieu — selon le système Sankya et le bouddhisme — soit qu’on pense, s

261 et accompli (That Thwam Asi) — il n’y a pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct dans le bouddhi

262 pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’y ait point de Dieu, ou que

263 distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’y ait point de Dieu, ou que Je sois le Tout, dans les deux cas l’Autre s’évanouit ;

264 ns les deux cas l’Autre s’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’appel, ni donc de vocation, ni par suite de p

265 ’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’ appel, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un

266 est pas de dialogue possible, ni d’appel, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un monde de conséqu

267 l, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un monde de conséquences précises, — un monde, littéraleme

268 ni par suite de personne. De là découle un monde de conséquences précises, — un monde, littéralement, comme j’espère le m

269 me j’espère le montrer. Revenons à la déclaration de Ramakrishna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’y a aucune

270 déclaration de Ramakrishna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’y a aucune différence, que vous l’appeliez Toi o

271 i. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orientale. Car il est bien certain que l’identi

272 vacue l’existence personnelle, et que la négation de la personne postule la suppression de la différence entre le Toi divi

273 la négation de la personne postule la suppression de la différence entre le Toi divin et le moi de l’homme. En revanche, l

274 ion de la différence entre le Toi divin et le moi de l’homme. En revanche, l’Occident s’atteste et s’actualise là où la di

275 magique. Yin yang Dans le symbole central de la pensée chinoise (le cercle divisé par un grand S qui représente la

276 si montré que l’élément masculin n’est pas absent de la région du yin tandis que l’élément féminin reste présent dans la r

277 yang. Vérifiée par les sexologues, cette relation d’ inter-présence des opposés n’est pas moins évidente dans les zones res

278 est pas moins évidente dans les zones respectives de l’Orient et de l’Occident. Qui voudrait nier, par exemple, qu’il y ai

279 vidente dans les zones respectives de l’Orient et de l’Occident. Qui voudrait nier, par exemple, qu’il y ait en Occident d

280 udrait nier, par exemple, qu’il y ait en Occident de grands spirituels, ou de grands physiciens en Orient ? Mais personne

281 qu’il y ait en Occident de grands spirituels, ou de grands physiciens en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l

282 s physiciens en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankar

283 ns en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankara parfois

284 n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankara parfois préfigure le thomisme, et il

285 figure le thomisme, et il arrive à Maître Eckhart de s’exprimer comme un bouddhiste. La Bhagavad-Gita fait l’éloge de l’ac

286 omme un bouddhiste. La Bhagavad-Gita fait l’éloge de l’action, le quiétisme celui de la passivité. Les plus grands mystiqu

287 Gita fait l’éloge de l’action, le quiétisme celui de la passivité. Les plus grands mystiques de l’Europe ont pu se voir ac

288 celui de la passivité. Les plus grands mystiques de l’Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultime

289 i de la passivité. Les plus grands mystiques de l’ Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclus

290 ands mystiques de l’Europe ont pu se voir accuser d’ athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (condamnées et souven

291 rope ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (condamnées et souvent détruites), tandis q

292 et souvent détruites), tandis qu’il ne manque pas d’ écoles hindoues pour affirmer la réalité du Moi, l’action de la Grâce,

293 indoues pour affirmer la réalité du Moi, l’action de la Grâce, voire un Dieu personnel. L’idée de la « voie » ou « loi ind

294 tion de la Grâce, voire un Dieu personnel. L’idée de la « voie » ou « loi individuelle » (Svadharma) semble rappeler l’idé

295 individuelle » (Svadharma) semble rappeler l’idée de vocation personnelle, tandis que nous inventons le collectivisme… Et

296 inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des textes apparemment ruineux pour ma thèse des deux Voies

297 ma thèse des deux Voies. À quelle école mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de cette phrase : « Écarte les chose

298 cole mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de cette phrase : « Écarte les choses, ô Amant, ta voie est fuite » ? De

299 Écarte les choses, ô Amant, ta voie est fuite » ? De quelle yâna bouddhique relève celui qui a dit : « Il faut que tu aime

300 sonne, non-Image, … un Un pur et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’

301 ns lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’ un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien

302 é tout attachement » et s’être engagé sur la voie de la connaissance divine, « il faut demeurer dans l’action, gardant un

303 t pourtant il serait faux, plus encore que banal, de répéter ici « tout est dans tout ». La partie blanche contient un cer

304 aut un homme ? Et finalement, ce qu’il importe de voir, ce sont les résultantes majeures des complexes doctrinaux dont

305 œurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le p

306 ent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphèr

307 et de nos institutions. Ils représentent le point d’ Orient dans notre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églis

308 otre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’ Églises. La Bible et les Vedas n’ont vraiment rien de commun, et l’usa

309 glises. La Bible et les Vedas n’ont vraiment rien de commun, et l’usage qu’on en fait n’est pas du tout le même. La foule

310 qu’on en fait n’est pas du tout le même. La foule de Bénarès n’est pas la foule de Lourdes, même si l’on pense que Dieu re

311 t le même. La foule de Bénarès n’est pas la foule de Lourdes, même si l’on pense que Dieu reconnaîtra les siens, qu’ils se

312 nse à l’esprit des Occidentaux, mais elle n’a pas d’ effet dans leur vie religieuse, moins encore dans leur vie sociale. M

313 qu’on obtient les réponses les plus révélatrices de l’Orient et de l’Occident, et rien n’illustre mieux la divergence rée

314 les réponses les plus révélatrices de l’Orient et de l’Occident, et rien n’illustre mieux la divergence réelle des résulta

315 tre où il décrit le corps magique : Une histoire d’ Hérodote traite d’un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il

316 e corps magique : Une histoire d’Hérodote traite d’ un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il avait fait pour X

317 dote traite d’un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il avait fait pour Xerxès et son armée, pour l’équipement

318 fait pour Xerxès et son armée, pour l’équipement de la campagne contre les Grecs, demande au roi cette faveur : exempter

319 les Grecs, demande au roi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à

320 de au roi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à mort ce seul fi

321 s et couper le corps en deux moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés sectionnées depuis la tête jus

322 nées depuis la tête jusqu’au sexe, comme le corps d’ un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’un boucher, au beau milieu défileron

323 a tête jusqu’au sexe, comme le corps d’un bœuf ou d’ un mouton à l’étal d’un boucher, au beau milieu défileront les armées

324 comme le corps d’un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’ un boucher, au beau milieu défileront les armées qui marchent contre l

325 en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de l

326 recque de mesure et, en liaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son

327 iaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon secon

328 lle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon second exemple, es

329 le l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon second exemple, est emprunté à un essai de Er

330 ité. Mon second exemple, est emprunté à un essai de Ernst Jünger12 : La relation que soutient l’homme avec le libre arbi

331 er dans ses actes et ses opinions. Ce qu’il pense de la personne, du destin, ce qu’il proclame moral ou immoral, son attit

332 ts et gestes. Ceci vaut surtout du cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’en 1194, le comte de Champagne, dans son voyage d

333 u’en 1194, le comte de Champagne, dans son voyage d’ Arménie, toucha le territoire des Assassins, leur grand-maître lui fit

334 x. Ils arrivèrent devant une place forte flanquée de très hautes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient en faction

335 nquée de très hautes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’elles. Le grand maître voulut

336 urs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’ elles. Le grand maître voulut faire voir au comte que les siens lui ob

337 sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il devait d’ un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux ; l’autre

338 ort toute la garde des créneaux ; l’autre le pria de n’en rien faire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses

339 ire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses vassaux une telle docilité […]. Et chaque Européen éprouvera ici

340 de ses vassaux une telle docilité […]. Et chaque Européen éprouvera ici le même sentiment que le comte de Champagne : il se ver

341 acrifice, ordre et discipline, sont ici arrachées de leur place ; l’horreur d’un monde étranger lui monte au cœur. Cette h

342 ine, sont ici arrachées de leur place ; l’horreur d’ un monde étranger lui monte au cœur. Cette horreur saisira toujours ce

343 a toujours celui qui respecte en l’homme un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’y pas

344 me un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’y passe, et ce qui en provient, ne peut naî

345 trainte. Quand ce noyau est lésé, des tourbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’e

346 tourbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notr

347 blissent la même liaison entre le peu de cas fait de la vie humaine, et la négation de la personne, ou simplement de l’ind

348 peu de cas fait de la vie humaine, et la négation de la personne, ou simplement de l’individualité. Pour tous les deux, la

349 ine, et la négation de la personne, ou simplement de l’individualité. Pour tous les deux, la liberté de l’homme a pour con

350 e l’individualité. Pour tous les deux, la liberté de l’homme a pour condition la personne. On dira que l’Occident a fait l

351 es à gaz, tandis que l’Orient professe un respect de la Vie qui va jusqu’au refus de détruire la vermine13. Pourtant, l’ad

352 ofesse un respect de la Vie qui va jusqu’au refus de détruire la vermine13. Pourtant, l’adoration de la vie en général n’e

353 s de détruire la vermine13. Pourtant, l’adoration de la vie en général n’entraîne pas le respect de la vie humaine. La Bha

354 on de la vie en général n’entraîne pas le respect de la vie humaine. La Bhagavad-Gita, qui n’a rien de bouddhique, enseign

355 de la vie humaine. La Bhagavad-Gita, qui n’a rien de bouddhique, enseigne que la mort étant le sort commun, tuer n’est vra

356 nches ou qu’on l’épargne, elle ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un millier ou cent-milliers de fois. La méte

357 ’épargne, elle ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un millier ou cent-milliers de fois. La métempsycose évacue

358 nécessité de renaître un millier ou cent-milliers de fois. La métempsycose évacue les sanctions redoutées de la résurrecti

359 s. La métempsycose évacue les sanctions redoutées de la résurrection : le martyr qui revient, portant sa tête sous le bras

360 ient, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la

361 bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’ Europe qui croit à l’absolue valeur de la personne dans chaque individu, n’e

362 t ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la personne dans chaque individu, n’en a pas moins connu les tortures

363 eligieux). Elle a même inventé la guerre totale ! D’ où provient alors cette « horreur » et ce « plus violent des refus » q

364 r » et ce « plus violent des refus » qu’éprouve l’ Européen , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas m

365 au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans mesure, sans péché, sans

366 . Il y a des différences. Et mon propos n’est pas de les mettre en relief pour inciter le lecteur à des comparaisons tourn

367 lecteur à des comparaisons tournant à l’avantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte

368 des comparaisons tournant à l’avantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ce

369 de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour toutes. I

370 l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour toutes. Il y a seuleme

371 seulement deux expériences globales qu’il importe de déchiffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à

372 importe de déchiffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à n’examiner que des prises partielles et t

373 ai choisi mes exemples dans le domaine religieux, de préférence. N’est-ce pas là que l’irritante question de la « supérior

374 férence. N’est-ce pas là que l’irritante question de la « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fai

375 là que l’irritante question de la « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puis

376 a « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’éléments

377 ité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’éléments mesurables,

378 de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’ éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou d

379 éments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exemple ? Je cherchais à cerner le

380 , comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exemple ? Je cherchais à cerner les options primord

381 premières ou effets ; qu’elles résument une série de facteurs antécédents, ou qu’au contraire elles initient l’histoire, t

382 nitient l’histoire, tout cela m’importe moins que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’un contraste assez simpl

383 la m’importe moins que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’un contraste assez simple entre deux conceptions de

384 que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’ un contraste assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses

385 ’un contraste assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences ont formé l’Occid

386 assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences ont formé l’Occident. 1. L’O

387 ogie orthodoxe des catholiques et des protestants européens , qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des sy

388 testants européens, qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des systèmes philosophiques et religieux

389 par ceux des systèmes philosophiques et religieux de l’Inde qui conçoivent que le Tout n’est autre que le Je pleinement ré

390 des auteurs modernes qui se réclament en Occident de la « pensée traditionnelle ». Ces utopistes à rebours projettent dans

391 s projettent dans un passé qui souffre tout, sauf d’ être vérifié, un négatif du présent qu’ils refusent. 3. Celle des Sud

392 hors-castes étant les « résistants » au processus d’ intégration sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que

393 tion sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant d’ idoles que d’habitants, si l’on songe que le nombre des dieux connus d

394 4. Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que d’ habitants, si l’on songe que le nombre des dieux connus du panthéon hi

395 chapitre, sauf exception, je demanderai à l’Inde de représenter l’Orient, l’Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a

396 je demanderai à l’Inde de représenter l’Orient, l’ Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comme

397 ’Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comment y échapper sans brouiller le dessin de cet

398 mais comment y échapper sans brouiller le dessin de cet ouvrage ? Voici maintenant quelques raisons qui justifient le pro

399 de a joué en Asie un rôle très comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme

400 joué en Asie un rôle très comparable à celui de l’ Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour re

401 comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour recouvrir ensuite le Tib

402 r ensuite en Amérique du Nord. À la confrontation de l’Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait

403 uite en Amérique du Nord. À la confrontation de l’ Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre

404 érique du Nord. À la confrontation de l’Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre la con

405 tion centrale, pourrait répondre la confrontation de l’Extrême-Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par deux forme

406 épondre la confrontation de l’Extrême-Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par deux formes « hérétiques » de la re

407 rient, représentés par deux formes « hérétiques » de la religion initiale : le moralisme américain et le bouddhisme zen, t

408 est vue retardée pendant longtemps par le barrage de l’islam, et n’a pu s’esquisser qu’à partir du xixe siècle ; la secon

409 onde s’opère sous nos yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-Unis. 6. Cf. Henry Corbin, Avi

410 même auteur : Œuvres philosophiques et mystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux ré

411 le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’ Avicenne s’intitule : Récit d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : R

412 je mentionne. Celui d’Avicenne s’intitule : Récit d’ Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’exil occidental de l

413 cenne s’intitule : Récit d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’exil occidental de l’âme. Le premier date du

414 it d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’exil occidental de l’âme. Le premier date du xe siècle, le second

415 Celui de Sohrawardi : Récit de l’exil occidental de l’âme. Le premier date du xe siècle, le second du xiie siècle. 7.

416 r Orient n’est pas l’Inde ou la Chine, mais celui de la mystique « illuminée » de certaines traditions coraniques. 8. Je

417 la Chine, mais celui de la mystique « illuminée » de certaines traditions coraniques. 8. Je pense à Parménide et à Platon

418 intains disciples cathares et « courtois », à Pic de la Mirandole, à Jacob Boehme, aux romantiques allemands philosophes,

419 s, et poètes, et bien sûr, à tous les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tag

420 n avenue l’innovation individuelle, et que le but de la recherche humaine ne peut pas être le progrès ou l’invention, mais

421 du chercheur avec un Objet que l’on situe au-delà de tout changement possible. 11. Rudolf Kassner : Buch der Erinnerung.

422 a rendre inoffensive en la gorgeant du sang impur d’ un domestique hors-caste, qui se couche le premier dans le lit, se fai

423 abondamment piquer par poux et puces, dispensant de la sorte son maître d’avoir à tuer ces insectes. (Anecdote citée par

424 poux et puces, dispensant de la sorte son maître d’ avoir à tuer ces insectes. (Anecdote citée par R. Kassner, op. cit.)

425 ée par R. Kassner, op. cit.) a. Rougemont Denis de , « La voie et l’aventure », La Table ronde, Paris, janvier 1957, p. 9

426 anvier 1957, p. 9-22. b. Il s’agit du chapitre I de L’Aventure occidentale de l’homme , qui sera publié chez Albin Miche

427 l s’agit du chapitre I de L’Aventure occidentale de l’homme , qui sera publié chez Albin Michel en février 1957.

428 De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)c 1. Il suffit de

429 De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)c 1. Il suffit de s’éloigner

430 e à l’union politique (mai 1957)c 1. Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle direction pour sentir la

431 litique (mai 1957)c 1. Il suffit de s’éloigner de l’Europe dans n’importe quelle direction pour sentir la réalité de no

432 ue (mai 1957)c 1. Il suffit de s’éloigner de l’ Europe dans n’importe quelle direction pour sentir la réalité de notre unité

433 n’importe quelle direction pour sentir la réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie a

434 e direction pour sentir la réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà de tous

435 x USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà de tous les doutes possibles, les Français et les Grecs, les Anglais et

436 les Suédois et les Castillans sont vus comme des Européens  : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en

437 e raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pas de meilleure que cette fameuse communauté de culture qui échappe si faci

438 uve pas de meilleure que cette fameuse communauté de culture qui échappe si facilement à nos définitions, mais si difficil

439 , mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit

440 ficilement au regard des Autres. Vue de dehors, l’ Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit avec une précisio

441 sion qui ne pardonne pas : celle du ressentiment, de l’envie, voire de la haine, plus souvent je le crains, que celle de l

442 ne pas : celle du ressentiment, de l’envie, voire de la haine, plus souvent je le crains, que celle de l’amour. Les Afro-A

443 de la haine, plus souvent je le crains, que celle de l’amour. Les Afro-Asiatiques et les Arabes savent trop bien ce qu’ell

444 commune. On me dira qu’il est bien « dangereux » d’ écrire cela. Je réponds qu’il est plus dangereux de vouloir ignorer Ba

445 ’écrire cela. Je réponds qu’il est plus dangereux de vouloir ignorer Bandung. 2. J’ai cru remarquer que ceux des Européens

446 norer Bandung. 2. J’ai cru remarquer que ceux des Européens qui insistent avec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos

447 que ceux des Européens qui insistent avec le plus d’ emphase sur la nature universelle de nos problèmes, et partant de là,

448 avec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économiqu

449 a nature universelle de nos problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, sociale ou scientifique à

450 sonnalité économique, sociale ou scientifique à l’ Europe qu’il faudrait unir, sont bien souvent les mêmes qui, faisant demi-to

451 siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas de différences bien notables (dans le domaine de leur spécialité) entre

452 pas de différences bien notables (dans le domaine de leur spécialité) entre l’Europe et le Congo ou le Cachemire, tandis q

453 bles (dans le domaine de leur spécialité) entre l’ Europe et le Congo ou le Cachemire, tandis qu’il y en aurait d’insurmontable

454 e Congo ou le Cachemire, tandis qu’il y en aurait d’ insurmontables entre les Britanniques et les Français, entre ceux-ci e

455 ceux-ci et les Allemands, etc. Un même mouvement de ces esprits les porte à effacer les différences continentales, mais à

456 trice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Europe. (Je ne parle pas ici de politique, mais seulement de formes

457 dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’ Europe . (Je ne parle pas ici de politique, mais seulement de formes d’esprit

458 nion nécessaire de l’Europe. (Je ne parle pas ici de politique, mais seulement de formes d’esprit et de mécanismes d’évasi

459 (Je ne parle pas ici de politique, mais seulement de formes d’esprit et de mécanismes d’évasion intellectuelle.) 3. L’arg

460 le pas ici de politique, mais seulement de formes d’ esprit et de mécanismes d’évasion intellectuelle.) 3. L’argument des

461 e politique, mais seulement de formes d’esprit et de mécanismes d’évasion intellectuelle.) 3. L’argument des contrastes s

462 ais seulement de formes d’esprit et de mécanismes d’ évasion intellectuelle.) 3. L’argument des contrastes séculaires, inv

463 s séculaires, invoqué sans fatigue contre l’union de l’Europe, n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’obs

464 ulaires, invoqué sans fatigue contre l’union de l’ Europe , n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’observateur

465 ’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’observateur des cultures, mais c’est un dernier refuge pour les nat

466 gument, précisément, n’est pas soutenable au plan de la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On

467 n de la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et

468 la nation. Comment le serait-il donc au plan de l’ Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français,

469 ontinentaux, Suédois et Grecs (pour ne parler que de géographie, d’histoire récente et de modes de vie, mais il y a les re

470 édois et Grecs (pour ne parler que de géographie, d’ histoire récente et de modes de vie, mais il y a les religions, l’écon

471 e parler que de géographie, d’histoire récente et de modes de vie, mais il y a les religions, l’économie, les formes polit

472 ent toute union politique, et font douter d’abord de l’unité de culture qui donnerait une assise à cette union. Mais : 1°

473 nion politique, et font douter d’abord de l’unité de culture qui donnerait une assise à cette union. Mais : 1° les différe

474 e assise à cette union. Mais : 1° les différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et de niveau de vie ent

475 cette union. Mais : 1° les différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et de niveau de vie entre Bretons

476 Mais : 1° les différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et de niveau de vie entre Bretons et Languedoci

477 différences de langue, de religion, de « race », de coutumes et de niveau de vie entre Bretons et Languedociens, Frisons

478 langue, de religion, de « race », de coutumes et de niveau de vie entre Bretons et Languedociens, Frisons et Bavarois, Pi

479 rois, Piémontais et Siciliens, pâtres catholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève, n’ont pas empêché l’u

480 tholiques de l’Appenzell et banquiers protestants de Genève, n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’

481 Genève, n’ont pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et des cantons suisses — pas p

482 pas empêché l’unification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et des cantons suisses — pas plus que cette

483 ification nationale de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et des cantons suisses — pas plus que cette unification, d’a

484 supprimé ces différences. (Encore que les écoles d’ État s’y soient efforcées depuis un siècle : or personne n’a jamais at

485 s un siècle : or personne n’a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral européen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’u

486 e : or personne n’a jamais attendu rien de pareil d’ un État fédéral européen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’

487 a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral européen .) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe, et les dangers q

488 européen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe, et les dangers qu’on redoute de cette union sont également

489 péen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’ Europe , et les dangers qu’on redoute de cette union sont également imaginair

490 l’union de l’Europe, et les dangers qu’on redoute de cette union sont également imaginaires, comme le prouve l’expérience

491 alement imaginaires, comme le prouve l’expérience de la nation elle-même, au nom de laquelle on refuse l’union. 2° Si pitt

492 , et malgré tout ce qu’il serait tellement facile de dire, la même foi dominant l’arrière-plan millénaire sur lequel se dé

493 -plan millénaire sur lequel se détache la dignité de l’homme. 4. Quantité de publicistes découvrent — et cela dure depuis

494 uel se détache la dignité de l’homme. 4. Quantité de publicistes découvrent — et cela dure depuis des années — que l’Europ

495 couvrent — et cela dure depuis des années — que l’ Europe n’existe pas comme entité géographique et historique, car ses frontiè

496 et historique, car ses frontières n’ont pas cessé de se déplacer au cours des temps. Elle ne serait donc définissable que

497 re, qui ne l’est guère. Conclusion : il n’y a pas d’ Europe, et si l’on en veut une, il faudra l’inventer. Ce qui ne facili

498 , qui ne l’est guère. Conclusion : il n’y a pas d’ Europe , et si l’on en veut une, il faudra l’inventer. Ce qui ne facilite guè

499 udra l’inventer. Ce qui ne facilite guère l’œuvre d’ union… Ainsi jouent les sophistes, et le lecteur s’inquiète : il sent

500 t avec le drame qui vient. Au vrai, tout cela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci doivent circonscrire exactemen

501 . Ceux-ci doivent circonscrire exactement l’objet d’ un éventuel enseignement ; s’ils n’arrivent pas à le définir, ils le r

502 ues devient chez les écrivains libres une méthode d’ obstruction, consciente ou non. Le « préalable » d’une définition hist

503 ’obstruction, consciente ou non. Le « préalable » d’ une définition historique et géographique, occasion de discours permet

504 e définition historique et géographique, occasion de discours permettant de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’E

505 et géographique, occasion de discours permettant de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos in

506 ettant de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parleme

507 t de surseoir au débat sur l’avenir immédiat de l’ Europe , fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire co

508 valent du procédé parlementaire connu sous le nom de filibuster. Je n’en citerai qu’un exemple qui me tombe sous les yeux

509 us les yeux pendant que j’écris14. Bien qu’auteur d’ une Histoire de l’Europe, M. Berl estime aujourd’hui que l’Europe n’es

510 dant que j’écris14. Bien qu’auteur d’une Histoire de l’Europe, M. Berl estime aujourd’hui que l’Europe n’est pas une entit

511 que j’écris14. Bien qu’auteur d’une Histoire de l’ Europe , M. Berl estime aujourd’hui que l’Europe n’est pas une entité, mais u

512 ire de l’Europe, M. Berl estime aujourd’hui que l’ Europe n’est pas une entité, mais une pure et simple expression. En effet, s

513 oulu que l’Empire romain fût une première ébauche de l’Europe. Mais il excluait Francfort, Copenhague, Amsterdam. Spengler

514 que l’Empire romain fût une première ébauche de l’ Europe . Mais il excluait Francfort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient qu

515 fort, Copenhague, Amsterdam. Spengler tient que l’ Europe débute avec le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci excluait

516 es Balkans, toute l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne s

517 lkans, toute l’Europe de l’Est. La naissance de l’ Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-ell

518 ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’ Europe ne serait-elle donc pas née du tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur

519 du tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur sa date de naissance ? Mais le même raisonnement conduirait à douter de l’existe

520 e ? Mais le même raisonnement conduirait à douter de l’existence de la Suisse, par exemple. Les historiens font remonter s

521 e raisonnement conduirait à douter de l’existence de la Suisse, par exemple. Les historiens font remonter sa naissance au

522 te alliance excluait à peu près les neuf dixièmes de la Suisse actuelle. Tout comme la France d’avant Philippe Auguste exc

523 ièmes de la Suisse actuelle. Tout comme la France d’ avant Philippe Auguste excluait la Bretagne, l’Alsace, le Languedoc, l

524 re correspondre au réel, car il s’agit maintenant de sauver ce réel, et non pas d’ergoter sur sa définition. En privant le

525 l s’agit maintenant de sauver ce réel, et non pas d’ ergoter sur sa définition. En privant le concept Europe de son passé,

526 ’ergoter sur sa définition. En privant le concept Europe de son passé, on ne tend à rien de moins qu’à miner son avenir, et l’

527 r sur sa définition. En privant le concept Europe de son passé, on ne tend à rien de moins qu’à miner son avenir, et l’on

528 le concept Europe de son passé, on ne tend à rien de moins qu’à miner son avenir, et l’on déprime l’élan vers l’union néce

529 ontrer ses fondements légitimes dans l’ancienneté de sa conscience commune. 5. Au sujet de la naissance de l’Europe, vingt

530 a conscience commune. 5. Au sujet de la naissance de l’Europe, vingt théories s’affrontent inutilement je le crains, car i

531 science commune. 5. Au sujet de la naissance de l’ Europe , vingt théories s’affrontent inutilement je le crains, car il en va d

532 affrontent inutilement je le crains, car il en va d’ une civilisation, d’une culture et même d’une nation, à peu près comme

533 nt je le crains, car il en va d’une civilisation, d’ une culture et même d’une nation, à peu près comme d’une œuvre d’art :

534 l en va d’une civilisation, d’une culture et même d’ une nation, à peu près comme d’une œuvre d’art : est-elle née de ce jo

535 ne culture et même d’une nation, à peu près comme d’ une œuvre d’art : est-elle née de ce jour où l’on a fait son plan, ou

536 à peu près comme d’une œuvre d’art : est-elle née de ce jour où l’on a fait son plan, ou reçu sa commande, ou senti son cl

537 an, ou reçu sa commande, ou senti son climat ? Ou de cette heure où fut écrite sa première page, posée sa première touche,

538 mière touche, noté son premier accord ? Ou plutôt de l’instant d’une intuition précise, plusieurs années auparavant ? Ou n

539 noté son premier accord ? Ou plutôt de l’instant d’ une intuition précise, plusieurs années auparavant ? Ou n’aurait-elle

540 chemin du travail entrepris, qui a soudain changé de sens et trouvé son vrai sens ? Il importe assez peu, l’œuvre est là.

541 ssez peu, l’œuvre est là. Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des féd

542 peu, l’œuvre est là. Depuis quand parle-t-on de l’ Europe  ? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes

543 epuis quand parle-t-on de l’Europe ? S’agirait-il d’ une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, c

544 e-t-on de l’Europe ? S’agirait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’

545 invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu

546 s l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue de Beethoven, composée pour le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant

547 peu connue de Beethoven, composée pour le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant L’Europe est née ! Montesquieu, et Leib

548 our le congrès de Vienne, s’intitulait pourtant L’ Europe est née ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’Europe au-dess

549 ée ! Montesquieu, et Leibniz avant lui, mettent l’ Europe au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage

550 et Leibniz avant lui, mettent l’Europe au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage bien plus an

551 ope au-dessus de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la b

552 de leur « nation ». Mais l’adjectif européen est d’ un usage bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la bataille

553 ge bien plus ancien : il paraît déjà au lendemain de la bataille de Poitiers (732) dans l’œuvre d’un clerc espagnol contin

554 cien : il paraît déjà au lendemain de la bataille de Poitiers (732) dans l’œuvre d’un clerc espagnol continuant la chroniq

555 ain de la bataille de Poitiers (732) dans l’œuvre d’ un clerc espagnol continuant la chronique d’Isidore de Beja. L’auteur

556 œuvre d’un clerc espagnol continuant la chronique d’ Isidore de Beja. L’auteur y qualifie d’Europenses les vainqueurs de ce

557 chronique d’Isidore de Beja. L’auteur y qualifie d’ Europenses les vainqueurs de ces grandes journées, et « répète avec co

558 . L’auteur y qualifie d’Europenses les vainqueurs de ces grandes journées, et « répète avec complaisance ce nom qui indiqu

559 pète avec complaisance ce nom qui indique l’éveil d’ un sentiment nouveau15 ». Cependant, la prise de conscience d’une enti

560 nt nouveau15 ». Cependant, la prise de conscience d’ une entité européenne ne peut être attestée à l’aide de documents qu’à

561 ». Cependant, la prise de conscience d’une entité européenne ne peut être attestée à l’aide de documents qu’à partir de l’an 1300 

562 s, écrit M. Denys Hay, « constituaient des cartes de l’Europe en tant que telle, et (ce qui est encore plus important) ils

563 rit M. Denys Hay, « constituaient des cartes de l’ Europe en tant que telle, et (ce qui est encore plus important) ils étaient

564 encore plus important) ils étaient le témoignage de l’intérêt porté au caractère culturel et politique des terres dont il

565 vaient les côtes16 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre les

566 côtes16 ». Mais pour voir les vocables Europe et européen entrer dans le vocabulaire courant, il faut attendre les xive et xve

567 ar les Turcs, et tend ainsi à se confondre avec l’ Europe géographique, cependant qu’à l’inverse les premiers humanistes commen

568 anistes commencent à distinguer les deux concepts de christianitas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui

569 distinguer les deux concepts de christianitas et d’ Europa. C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand h

570 istinguer les deux concepts de christianitas et d’ Europa . C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humanis

571 tianitas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’ un homme qui fut d’abord grand humaniste sous le nom d’Æneas Silvius P

572 homme qui fut d’abord grand humaniste sous le nom d’ Æneas Silvius Piccolomini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que

573 Silvius Piccolomini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que l’Europe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, c

574 ini, puis grand pape sous le nom de Pie II, que l’ Europe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chré

575 II, que l’Europe se voit définie, face à l’islam de Mahomet II, comme l’héritière chrétienne de Rome et de la Grèce. Chac

576 islam de Mahomet II, comme l’héritière chrétienne de Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que devait connaître cett

577 homet II, comme l’héritière chrétienne de Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que devait connaître cette définitio

578 la fortune que devait connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principales, reprise naguère avec écla

579 ortune que devait connaître cette définition de l’ Europe par ses trois sources principales, reprise naguère avec éclat par Val

580 poétique des banquets et des éditoriaux du temps de guerre. Passons sur ces excès, voyons la thèse elle-même, et le jugem

581 ’elle implique sur la réalité. On a souvent tenté de nier l’existence d’une vraie culture européenne, en arguant non seule

582 a réalité. On a souvent tenté de nier l’existence d’ une vraie culture européenne, en arguant non seulement de ce qu’une pa

583 ent tenté de nier l’existence d’une vraie culture européenne , en arguant non seulement de ce qu’une pareille culture est difficile

584 raie culture européenne, en arguant non seulement de ce qu’une pareille culture est difficile à définir, mais de la comple

585 ne pareille culture est difficile à définir, mais de la complexité de ses origines et de l’importance des influences extra

586 re est difficile à définir, mais de la complexité de ses origines et de l’importance des influences extracontinentales qu’

587 définir, mais de la complexité de ses origines et de l’importance des influences extracontinentales qu’elle a subies. Ces

588 ments prennent toute leur force contre le concept de cultures nationales, apparu au xixe siècle. Qu’as-tu que tu n’aies r

589 xixe siècle. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? dit l’ Europe aux nations. Elles seraient bien en peine de répondre. Spécifiquement

590 ’Europe aux nations. Elles seraient bien en peine de répondre. Spécifiquement européenne ou non, la culture des Européens

591 eraient bien en peine de répondre. Spécifiquement européenne ou non, la culture des Européens est tout de même plus ancienne que n

592 Spécifiquement européenne ou non, la culture des Européens est tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-

593 encore qu’ils définissent la soi-disant autonomie de leur culture. En vérité, sur ce plan-là, nulle réalité créatrice ne s

594 es limites accidentelles et souvent fort récentes d’ un de nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier cou

595 mites accidentelles et souvent fort récentes d’un de nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que

596 premier coup que les réalités décisives ont cessé d’ être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se dé

597 en dépit des nations, qui ont au plus le pouvoir de les freiner en paralysant les échanges. Quant au plan politique on a

598 s que nos ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l’Europe. Que l’idée nationale soit forte en

599 es puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l’Europe. Que l’idée nationale soit forte encore, il serait absurde d

600 issances refusaient de sacrifier sur l’autel de l’ Europe . Que l’idée nationale soit forte encore, il serait absurde de le cont

601 ée nationale soit forte encore, il serait absurde de le contester : elle ne peut rien sauver, mais elle pourrait tout perd

602 ver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longtemps

603 nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvants souveni

604 nous aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvants souvenirs, d’orgueil injustifié et de vrai pat

605 confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’ émouvants souvenirs, d’orgueil injustifié et de vrai patriotisme, avec

606 s ce mélange de lyrisme et d’émouvants souvenirs, d’ orgueil injustifié et de vrai patriotisme, avec le réalisme politique.

607 et d’émouvants souvenirs, d’orgueil injustifié et de vrai patriotisme, avec le réalisme politique. La patrie n’est pas la

608 pirituel, culturel et politique, dans les limites d’ un même cordon douanier et du pouvoir d’une même police, on obtient fi

609 s limites d’un même cordon douanier et du pouvoir d’ une même police, on obtient finalement ce qu’on mérite, j’entends l’Ét

610 itaire. Il reste, hélas ! qu’aux yeux de beaucoup d’ intellectuels, la nation cache l’Europe comme l’arbre la forêt. Je dir

611 ux de beaucoup d’intellectuels, la nation cache l’ Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’Européen demeuré nationalis

612 ’Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’ Européen demeuré nationaliste au fond de son cœur, me paraît comparable à un a

613 ai plus : l’Européen demeuré nationaliste au fond de son cœur, me paraît comparable à un arbre qui s’obstinerait à mettre

614 s’obstinerait à mettre en doute l’existence même de la forêt. (Sait-on bien où elle s’arrête ? Sait-on quand elle est née

615 ’arrête ? Sait-on quand elle est née ? Et combien d’ arbres il faut pour former une forêt ? J’ai mes racines, voilà qui est

616 st vrai, le reste est mythe…) N’est-il pas temps de faire voir à ces nationalistes qu’une Europe fédérée serait seule en

617 as temps de faire voir à ces nationalistes qu’une Europe fédérée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies natio

618 stes qu’une Europe fédérée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en sacrifierait que l’

619 dérée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en sacrifierait que l’illusoire, j’entends

620 que l’illusoire, j’entends ce qui est déjà perdu de toute façon et qui ne pourrait être récupéré — pour autant que ce soi

621 : la souveraineté peut-être (si elle est le droit d’ un groupe à faire ou à ne pas faire la guerre quand il l’entend) ; la

622 vivre, et non pas simplement le résultat matériel d’ un effort humainement abrutissant) ; l’indépendance assurément (si ell

623 l’indépendance assurément (si elle est le pouvoir de ne pas subir la loi d’une puissance étrangère)… Tout cela suppose le

624 nt (si elle est le pouvoir de ne pas subir la loi d’ une puissance étrangère)… Tout cela suppose le développement ou le rév

625 … Tout cela suppose le développement ou le réveil d’ un sentiment trop faible encore dans tous nos peuples : celui d’appart

626 trop faible encore dans tous nos peuples : celui d’ appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus ancien, et plus fort

627 ncien, et plus fort désormais que ne l’est aucune de nos nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un

628 mble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait de culture au sens large. Prendre conscience de notre appartenance à cet

629 fait de culture au sens large. Prendre conscience de notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition

630 nscience de notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécessaire de l’union supranationale, et

631 munauté de culture, c’est la condition nécessaire de l’union supranationale, et de l’allégeance qu’elle requiert. Mais la

632 ondition nécessaire de l’union supranationale, et de l’allégeance qu’elle requiert. Mais la condition suffisante sera donn

633 qui n’est autre, à mon sens, que celui des moyens d’ ordonner l’existence d’un groupe humain. Or un tel groupe ne saurait ê

634 sens, que celui des moyens d’ordonner l’existence d’ un groupe humain. Or un tel groupe ne saurait être défini par son cadr

635 i par son cadre institutionnel, mais par un style de vie, un système de valeurs, un certain sens donné au fait de vivre, à

636 titutionnel, mais par un style de vie, un système de valeurs, un certain sens donné au fait de vivre, à l’amour, à la mort

637 système de valeurs, un certain sens donné au fait de vivre, à l’amour, à la mort, aux relations entre humains, à la matièr

638 au rapport entre forme et contenu. Une politique d’ union ne devient possible que s’il y a tout d’abord communauté de cult

639 ent possible que s’il y a tout d’abord communauté de culture entre les hommes qu’elle envisage d’unir. Cette politique, en

640 auté de culture entre les hommes qu’elle envisage d’ unir. Cette politique, ensuite, ne sera valable que si elle exprime, t

641 exprime, traduit et tend à préserver ce qu’il y a de créateur dans cette communauté. J’en conclus que la forme politique q

642 que que devrait revêtir une union authentiquement européenne , ne saurait être que fédéraliste. En effet, nos diversités constituen

643 , nos diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas

644 que, toujours risqué, cet art empirique et subtil de louvoyer entre le Charybde du particularisme étroit et le Scylla du c

645 e Scylla du centralisme niveleur, c’est le secret de la santé européenne. Ici, culture et politique se joignent dans la se

646 centralisme niveleur, c’est le secret de la santé européenne . Ici, culture et politique se joignent dans la seule et même exigence

647 itique se joignent dans la seule et même exigence d’ une union fédérale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel

648 ns la seule et même exigence d’une union fédérale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, j

649 ors du réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D’ une lettre que m’écrit à ce sujet le comte Jean de Pange. La référence

650 enys Hay, dans Diogène, n° 17, 1957 (article tiré d’ une communication au 10e Congrès international des sciences historique

651 ques, Rome, septembre 1955). c. Rougemont Denis de , « De l’unité de culture à l’union politique », La Table ronde, Paris

652 Rome, septembre 1955). c. Rougemont Denis de, «  De l’unité de culture à l’union politique », La Table ronde, Paris, mai

653 mbre 1955). c. Rougemont Denis de, « De l’unité de culture à l’union politique », La Table ronde, Paris, mai 1957, p. 10

654 , le Droit, et Romain Rolland, que pour triompher d’ un épouvantail auquel il accroche mon nom. Je n’attaquais rien de ce q

655 l auquel il accroche mon nom. Je n’attaquais rien de ce qu’il défend avec tant de passion et de juste colère. Je suis très

656 s rien de ce qu’il défend avec tant de passion et de juste colère. Je suis très loin de mépriser l’Histoire ; je dis seule

657 Histoire ; je dis seulement que pour l’Histoire l’ Europe existe, dans la mesure exacte où M. Berl lui-même peut écrire une His

658 acte où M. Berl lui-même peut écrire une Histoire de l’Europe. Je suis très loin de qualifier de sophistes ceux qui pensen

659 où M. Berl lui-même peut écrire une Histoire de l’ Europe . Je suis très loin de qualifier de sophistes ceux qui pensent néanmoi

660 toire de l’Europe. Je suis très loin de qualifier de sophistes ceux qui pensent néanmoins que l’Europe reste à « faire » ;

661 ier de sophistes ceux qui pensent néanmoins que l’ Europe reste à « faire » ; je dis seulement qu’on ne peut la vouloir et la f

662 x — si d’abord on nie qu’elle existe comme entité de culture et Aventure unique. Je ne pense pas avoir recommandé l’impost

663 refus du Droit, la guerre à l’Est, le chauvinisme européen , etc. J’approuve au contraire M. Berl quand il crie Vive l’Europe ! c

664 pprouve au contraire M. Berl quand il crie Vive l’ Europe  ! contre tout cela. Mais pourquoi le crier contre moi, comme si vraim

665 s affamés » ? Je demandais simplement qu’on cesse de mettre en doute l’existence même de cette Europe qu’il faut sauver.

666 t qu’on cesse de mettre en doute l’existence même de cette Europe qu’il faut sauver. d. Rougemont Denis de, « [Lettre e

667 esse de mettre en doute l’existence même de cette Europe qu’il faut sauver. d. Rougemont Denis de, « [Lettre en réponse à E

668 e Europe qu’il faut sauver. d. Rougemont Denis de , « [Lettre en réponse à Emmanuel Berl] », La Table ronde, Paris, mai

669 ris, mai 1957. e. Introduit par la note suivante de l’éditeur : « En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que nous l

670 ante de l’éditeur : « En réponse au post-scriptum d’ Emmanuel Berl, que nous lui avons fait parvenir avant publication, Den

671 me numéro où paraissait l’article de Rougemont, «  De l’unité de culture à l’union politique », Emmanuel Berl, pris à part

672 ù paraissait l’article de Rougemont, « De l’unité de culture à l’union politique », Emmanuel Berl, pris à part dans le tex

673 mont, concluait en effet son article intitulé « L’ Europe au pied du mur » par ce post-scriptum : « Je sentais l’urgence de rap

674 r » par ce post-scriptum : « Je sentais l’urgence de rappeler que l’Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une

675 riptum : « Je sentais l’urgence de rappeler que l’ Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fi

676 l regarde comme “sophistes” ceux qui disent que l’ Europe ne sera pas, si on ne la fait pas être : la plupart des “européens” f

677 pas, si on ne la fait pas être : la plupart des “ européens ” furent donc des sophistes. Guéhenno dirigeait la revue : Europe, il

678 donc des sophistes. Guéhenno dirigeait la revue : Europe , il ne pensait pas que l’Europe fut déjà faite. M. de Rougemont me di

679 igeait la revue : Europe, il ne pensait pas que l’ Europe fut déjà faite. M. de Rougemont me dit qu’il y a une Suisse, quoiqu’o

680 une Suisse, quoiqu’on puisse disputer sur la date de sa naissance. En effet. Mais on a généralement su où était, ce que fa

681 a Suisse. En 14, en 39, elle était neutre. Mais l’ Europe  ? était-elle pendant la bataille de Stalingrad avec Staline ou avec H

682 e. Mais l’Europe ? était-elle pendant la bataille de Stalingrad avec Staline ou avec Hitler ? Et, auparavant, avec ceux qu

683 g, avec Napoléon ou contre lui ? Il ne suffit pas d’ ignorer quand une personne est née pour avoir la certitude qu’elle vit

684 elle vit. Filibusterie à part, je prétends rester européen et même bon européen, sans souhaiter, et même sans accepter une Europ

685 e à part, je prétends rester européen et même bon européen , sans souhaiter, et même sans accepter une Europe qui naîtrait de l’i

686 ropéen, sans souhaiter, et même sans accepter une Europe qui naîtrait de l’imposture et vivrait de la tyrannie. Je crierai : v

687 er, et même sans accepter une Europe qui naîtrait de l’imposture et vivrait de la tyrannie. Je crierai : vive l’Europe ! s

688 une Europe qui naîtrait de l’imposture et vivrait de la tyrannie. Je crierai : vive l’Europe ! si elle rétablit la concord

689 re et vivrait de la tyrannie. Je crierai : vive l’ Europe  ! si elle rétablit la concorde, non si elle attise la discorde entre

690 avait une Europe de Romain Rolland. Il y en a une de Pierre Dominique, qui espère en elle pour répondre du tac au tac à Kh

691 s, il y a des hommes si engagés dans les affaires européennes qu’ils oublient les motifs mêmes de leur engagement. Tels les philant

692 ires européennes qu’ils oublient les motifs mêmes de leur engagement. Tels les philanthropes de Octave Mirbeau qui, pour d

693 mêmes de leur engagement. Tels les philanthropes de Octave Mirbeau qui, pour défendre leur “œuvre” accablaient et exploit

694 nt ceux qu’elle devait secourir. Je ne prônerai l’ Europe ni contre la Vérité, ni contre la Raison, ni contre la Justice, ni co

695 stice, ni contre la paix. Libre à M. de Rougemont de hausser les épaules et de répondre : “Tout cela n’a de sens que pour

696 Libre à M. de Rougemont de hausser les épaules et de répondre : “Tout cela n’a de sens que pour les professeurs.” Le menso

697 usser les épaules et de répondre : “Tout cela n’a de sens que pour les professeurs.” Le mensonge n’est pas mon fort, fût-c

698 fin du pessimisme (juin 1957)f Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissai

699 Le fameux sens de l’histoire, argument numéro 1 de la séduction progressiste, paraissait avoir mis une fois pour toutes

700 ilière ; voilà qu’il se détourne horrifié et vire de bord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André F

701 se détourne horrifié et vire de bord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au

702 ord, aux accents de la Marseillaise, en direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongr

703 de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de not

704 demain de la révolution hongroise.) Cinquante ans d’ analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dan

705 hongroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Or

706 te ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut

707 ociété et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1984. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube du s

708 if à l’aube du siècle : Les Illusions du progrès, de Georges Sorel. Puis on se mit à citer Bergson, réclamant un supplémen

709 n se mit à citer Bergson, réclamant un supplément d’ âme pour ce corps subitement agrandi, le monde technique. Deux guerres

710 ique. Deux guerres mondiales, ruinant le prestige de l’Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des ty

711 Deux guerres mondiales, ruinant le prestige de l’ Europe et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des tyrannies t

712 e ce fut assez pour justifier le scepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progr

713 cepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès disqualifiait son homme, et l’i

714 rès disqualifiait son homme, et l’idée s’empressa d’ émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu prè

715 d’émigrer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu près unanimes, entrèrent en dissidence et se mirent à

716 grer aux États-Unis et en URSS. Les penseurs de l’ Europe , à peu près unanimes, entrèrent en dissidence et se mirent à dénoncer

717 tivement ou cyniquement, au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit

718 de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’ une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison d

719 ution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d

720 nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’ une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde san

721 plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la Fra

722 Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occident, d’ une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la France contre les

723 cadence de l’Occident, d’une Trahison des Clercs, d’ un Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contr

724 , d’une Trahison des Clercs, d’un Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme

725 n Monde sans âme, de la France contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des

726 contre les robots, de la machine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout.

727 chine contre l’homme, de l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain e

728 l’homme contre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain et Les Temps modernes de C

729 ntre l’humain, de la fin des illusions, de la fin de tout. L’Anti-moderne de Maritain et Les Temps modernes de Chaplin, la

730 L’Anti-moderne de Maritain et Les Temps modernes de Chaplin, la métaphysique pure et les clichés primaires, les dénonciat

731 ne sans précédent, un asservissement sans recours de l’homme aux puissances anonymes, la machine, la police et l’État. Orw

732 dre à l’Europe de l’Ouest, à supprimer le facteur de résistance humaine, à désespérer d’une manière exemplaire — convainqu

733 er le facteur de résistance humaine, à désespérer d’ une manière exemplaire — convainquant les lecteurs qu’il voulait révol

734 es lecteurs qu’il voulait révolter. Le masochisme européen avait trouvé son expression suprême. Et Kafka n’était plus que le Jea

735 prême. Et Kafka n’était plus que le Jean-Baptiste d’ une sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission

736 fka n’était plus que le Jean-Baptiste d’une sorte d’ Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’une démission fatale. Les

737 sorte d’Évangile à rebours, « mauvaise nouvelle » d’ une démission fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie

738 se nouvelle » d’une démission fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont re

739 sion fatale. Les émeutes de Poznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette

740 oznań, la résistance de Varsovie et la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette immense dérive et restauré d’

741 t la révolution de Budapest ont renversé le cours de cette immense dérive et restauré d’un coup l’espoir. La nature humain

742 ersé le cours de cette immense dérive et restauré d’ un coup l’espoir. La nature humaine, niée par Sartre, triomphait dans

743 qui n’avait appris que le mensonge. Ses pouvoirs de résistance à Big Brother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues d

744 rother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’imposer un sens positif à la

745 ont éclaté dans les rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’

746 es rues de Budapest. Sa faculté de revendiquer et d’ imposer un sens positif à la vie, niée par Kafka, s’est attestée dans

747 des ouvriers unis aux étudiants. L’intelligentsia de l’Ouest voyait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’Est

748 yait venir Quatre-vingt-quatre. Et soudain, celle de l’Est lui répond Quarante-huit. C’est quatre-vingt-quatre inversé. Ja

749 e inversé. Jamais chiffres ne furent plus chargés de symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe,

750 fres ne furent plus chargés de symboles. Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe, depuis un demi-siècle

751 sayons de les interpréter. Tout ce qui compte en Europe , depuis un demi-siècle, dans les lettres, les arts et la philosophie,

752 à la fois, sous peine de ne plus compter. Inutile de citer des noms : ce seraient ceux, justement, que tout le monde conna

753 s. On pourrait m’objecter Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas

754 r Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé de la valeur des conventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit, en 1919

755 i ouvrit, en 1919, le grand courant du pessimisme européen , par cette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilis

756 ère » ? On pourrait m’objecter Claudel, optimiste de style baroque et fonctionnaire du premier rang ; mais sa phrase est p

757 pour tel dans les cafés, et sa foi prend l’allure d’ un défi. On pourrait m’objecter Saint-John Perse, mais justement il a

758 il en soi. Tous les autres sont contre le siècle, d’ une manière encore plus évidente, soit qu’ils attaquent avec acharneme

759 e aussi, fût-ce par son seul échec, la dissidence de la pensée dans le monde moderne. À partir de 1919, les influences dom

760 dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remar

761 r nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce

762 créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait

763 elles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaard et de Dostoïevski. Il est remarquable que ce siècle n’ait retenu du précéde

764 social, la Morale athéiste. Tout ce qui compte en Europe est donc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’éthique e

765 onc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bour

766 s, j’entends bien dans le domaine de l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte en fait que par la bourgeoisie. C’est e

767 ancêtres. Et c’est elle aujourd’hui qui est prise d’ angoisse devant ce qu’ils dénonçaient en vain. C’est elle qui croit au

768 le progrès. C’est elle enfin qui cède au vertige de l’histoire, s’imagine que son heure est passée, que le Prolétariat do

769 vrai malgré lui. Curieux pouvoir des pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du

770 s pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie du xixe fut optimiste en dépit des so

771 le travail l’enrichissait. Aujourd’hui, l’ouvrier d’ usine bénéficie des soins jaloux de l’État. Encore un peu, et la techn

772 hui, l’ouvrier d’usine bénéficie des soins jaloux de l’État. Encore un peu, et la technique elle-même l’aura délivré de la

773 un peu, et la technique elle-même l’aura délivré de la chaîne. Mais c’est le bourgeois qui en vient alors à craindre le r

774 rable des machines, et qui conçoit, avec cent ans de retard, un pessimisme fataliste et résigné. Dans ce décalage séculair

775 laire entre la conscience et le réel, naît l’idée d’ une pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal d

776 et le réel, naît l’idée d’une pensée impuissante, d’ une réalité terrifiante et d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Bro

777 pensée impuissante, d’une réalité terrifiante et d’ un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J

778 nte, d’une réalité terrifiante et d’un sens fatal de l’Histoire, dont Big Brother sera l’aboutissement. J’ai tu jusqu’ici

779 ms, qui dominent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de

780 inent pourtant ce tableau. L’influence de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la co

781 e de Marx et de Freud sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles en ont, la connaiss

782 sur les classes dirigeantes de l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles en ont, la connaissance qu’elles ont pu p

783 onnaissance qu’elles ont pu prendre du Capital ou de la Science des rêves, et les jugements qu’elles avoueraient à leur su

784 peu sadique. Ce succès n’est pas dû à la lecture de leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’intention polémique qui di

785 dirigea leur entreprise, et qui imposa leur angle de vision même à ceux qui refusaient leurs thèses ou contestaient leurs

786 s arguments. Il s’agit, au plein sens des termes, d’ un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des ta

787 Il s’agit, au plein sens des termes, d’un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bou

788 u plein sens des termes, d’un succès de scandale, d’ un choc profanateur, d’un renversement des tabous. La bourgeoisie du x

789 , d’un succès de scandale, d’un choc profanateur, d’ un renversement des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait d’interdi

790 ment des tabous. La bourgeoisie du xixe frappait d’ interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou

791 ait d’interdit deux sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, et c’étaient le Sexe et l’Argent.

792 it deux sujets dans les conversations de la table de famille ou des salons, et c’étaient le Sexe et l’Argent. Tout devait

793 ient le Sexe et l’Argent. Tout devait avoir l’air de se passer dans le monde comme si ces choses n’existaient pas. Les gra

794 enfants naissaient dans les choux, et le langage d’ un homme tel que Victor Hugo (sauf dans ses petits carnets intimes) re

795 s intimes) restait prude. Subitement Marx attaque de sa voix grasseyante : parlons d’argent, c’est le secret du drame soci

796 ent Marx attaque de sa voix grasseyante : parlons d’ argent, c’est le secret du drame social. Mais Freud un peu plus tard :

797 t le secret du drame individuel. Et voilà le choc de la reconnaissance, l’illumination fulgurante, l’illusion que le facte

798 es. Appliquer l’analyse marxiste au milieu social de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudi

799 ocial de Freud, la psychanalyse au cas individuel de Marx, les critères freudiens et marxistes à la Bourgeoisie même et au

800 Bourgeoisie même et au Prolétariat (cette figure de terreur longtemps refoulée dans l’inconscient de la Société) — tout c

801 de terreur longtemps refoulée dans l’inconscient de la Société) — tout cela met en lumière l’intention polémique qui anim

802 mes, sans doute, méritèrent à ce point qu’on dise d’ eux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Qu

803 ux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression. Que Freud soit dépassé dans son propre domaine, et surt

804 omaine, et surtout débordé par le retour en force de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’illusions ; que Marx

805 de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’ illusions ; que Marx se soit trompé dans toutes ses prévisions (sauf d

806 , se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la conscience humaine aux dimensions de la planète fait apparaître la

807 gissement de la conscience humaine aux dimensions de la planète fait apparaître la psyché du monde bourgeois (seule étudié

808 s l’espace et le temps. D’autre part, l’ascension d’ un Staline, son long règne et sa chute posthume, les grandes explosion

809 plosions libertaires du « Printemps » polonais et de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur de la technique dans les

810 t de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libérateur de la technique dans les régimes capitalistes avancés, tout échappe à la

811 capitalistes avancés, tout échappe à la prévision de la fameuse dialectique marxiste. Toujours prônée par ses disciples co

812 ts, en est réduite à restaurer des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes impo

813 des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvriers de Czepel ne sont pas des « fascistes importés », la dialectique n’est p

814  » comme eût dit Marx lui-même, et le « mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour nos démissions personnelles. Le dr

815 alibi pour nos démissions personnelles. Le droit d’ opposition redevient créateur. Et la question n’est plus de supputer l

816 ion redevient créateur. Et la question n’est plus de supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’u

817 ion n’est plus de supputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongea

818 pputer le « sens inévitable » de l’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’Orwell prolongeait le cauchemar stal

819 ’Histoire, mais de la faire. L’utopie masochiste d’ Orwell prolongeait le cauchemar stalinien, l’épurait, si j’ose dire, l

820 Tout portait l’intelligentsia à confondre ce rêve d’ angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente p

821 que, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’ une fatalité. A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire, d’une r

822 r l’annonce d’une fatalité. A-t-il vraiment suffi d’ un « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvé

823 A-t-il vraiment suffi d’un « dégel » temporaire, d’ une révolution écrasée, d’une révolte larvée de la jeunesse russe elle

824 n « dégel » temporaire, d’une révolution écrasée, d’ une révolte larvée de la jeunesse russe elle-même, pour briser le cour

825 e, d’une révolution écrasée, d’une révolte larvée de la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours de cette fatalité e

826 la jeunesse russe elle-même, pour briser le cours de cette fatalité et pour renverser nos destins ? Le traumatisme provoqu

827 e hongroise et ressenti profondément dans toute l’ Europe , mais aussi en Asie, et plus qu’on ne pense en URSS, n’aurait-il pas

828 URSS, n’aurait-il pas créé l’illusion romantique d’ un renouveau de la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauc

829 -il pas créé l’illusion romantique d’un renouveau de la liberté, d’un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serai

830 illusion romantique d’un renouveau de la liberté, d’ un faux réveil rêvé pendant un long cauchemar qui serait, en fin de co

831 lité ? On pourrait s’inquiéter si d’autres séries de faits, indépendants d’ailleurs des récents événements de l’Est, ne ve

832 s, indépendants d’ailleurs des récents événements de l’Est, ne venaient corroborer un optimisme neuf. Budapest a gagné sa

833 ettons que cela n’est pas tout. Mais qu’en est-il de l’Occident ? Trois représentations vagues mais obsédantes assombriss

834 du plan total, ordonnant toute la vie au service de l’État. Un certain déterminisme historique faisait prévoir la « décad

835 minisme historique faisait prévoir la « décadence de l’Occident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entr

836 ccident » et considérait comme fatal l’écrasement de l’Europe entre les blocs. Un certain déterminisme technologique, enfi

837 nt » et considérait comme fatal l’écrasement de l’ Europe entre les blocs. Un certain déterminisme technologique, enfin, annonç

838 évèle une tendance générale au réveil des valeurs de liberté. Première illusion fataliste : « L’URSS est l’avenir… » — L’

839  L’URSS est l’avenir… » — L’URSS était le paradis de la classe ouvrière, les USA le dernier bastion du capitalisme exploit

840 les USA se voyaient condamnés par le « mouvement de l’histoire ». Telle était la religion des « progressistes ». Voyons l

841 s marxistes mais les jette dans des crises aiguës de dialectique. Ils le jugent grossièrement matérialiste, et au surplus

842 jugent grossièrement matérialiste, et au surplus de mauvaise foi. Plus finement, Bertrand de Jouvenel, comparant les écon

843 uvenel, comparant les économies des États-Unis et de l’URSS, a montré que l’entreprise communiste n’apporte rien qui la di

844 e n’apporte rien qui la distingue essentiellement de l’entreprise capitaliste dans son développement historique, mais qu’a

845 e définie par la remise au travailleur des fruits de son travail, serait l’œuvre du communisme. Or l’examen des chiffres e

846 l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé »

847  », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’ avenir, qui s’essouffle à rejoindre un « passé » rituellement dénoncé

848 es prospectus publicitaires vantant les bienfaits de la cure, on se contente d’en vérifier les résultats, on voit que le p

849 vantant les bienfaits de la cure, on se contente d’ en vérifier les résultats, on voit que le progrès est à l’Ouest, le se

850 ue le progrès est à l’Ouest, le servage et la loi d’ airain à l’Est, et qu’une classe ouvrière mieux informée qu’endoctriné

851 ieux informée qu’endoctrinée, si elle a à choisir d’ émigrer, choisirait en masse l’Amérique. Comme l’ont fait la plupart d

852 ouvriers hongrois réfugiés en Autriche et libres de parler. Il n’en reste pas moins frappant de constater que l’avenir, a

853 ibres de parler. Il n’en reste pas moins frappant de constater que l’avenir, aux yeux de ces Hongrois, s’il n’est pas l’UR

854 grois, s’il n’est pas l’URSS n’est pas non plus l’ Europe … On devine, pour quelles raisons. Mais que valent-elles ? Deuxième i

855 valent-elles ? Deuxième illusion fataliste : « L’ Europe est condamnée. » — L’Europe détrônée par deux guerres et ruinée par s

856 usion fataliste : « L’Europe est condamnée. » — L’ Europe détrônée par deux guerres et ruinée par sa division en vingt-cinq Éta

857 cinq États « souverains » — incapables d’ailleurs de prouver qu’ils le sont — se voyait promise par l’Histoire à des parta

858 ent vers l’union fédérale, déclenché au lendemain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Con

859 clenché au lendemain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Ma

860 emain de la guerre par les congrès de Montreux et de La Haye, a produit le Conseil de l’Europe, CECA, le Marché commun et

861 e dans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre san

862 mble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’ habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’

863 oir. 330 millions d’habitants à l’ouest du rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensemble supéri

864 ns additionnés. Je ne parle que des chiffres, non de la qualité. Alors les prophéties lugubres d’un Spengler, ou les spécu

865 non de la qualité. Alors les prophéties lugubres d’ un Spengler, ou les spéculations fascinantes d’un Toynbee, inspirées p

866 es d’un Spengler, ou les spéculations fascinantes d’ un Toynbee, inspirées par l’idée mythique d’Évolution, — on monte, on

867 antes d’un Toynbee, inspirées par l’idée mythique d’ Évolution, — on monte, on culmine, on chancelle, on décline, et l’on m

868 lement — se verront démenties par le nouvel essor d’ une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie,

869 — se verront démenties par le nouvel essor d’une Europe reprenant la tête du progrès. Et c’est une autre prophétie, qui devie

870 t une autre prophétie, qui deviendra vraie, celle de Proudhon, qui fut quarante-huitard : « Le xxe siècle ouvrira l’ère d

871 rations, ou l’humanité recommencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse.

872 plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolu

873 de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’ une courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou d’un processus di

874 ous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’ une Évolution bien tracée, ou d’un processus dialectique, dont un Part

875 courbe mythique, d’une Évolution bien tracée, ou d’ un processus dialectique, dont un Parti qu’on connaît trop tire les fi

876 rti qu’on connaît trop tire les ficelles. Cessons de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; ap

877 op tire les ficelles. Cessons de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider

878 de chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fatalist

879 t déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront

880 miner nos existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter, d’errer… Les savants, apprentis so

881 linées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’ hésiter, d’errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans l

882 n sera fait de la liberté, et du droit d’hésiter, d’ errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaîné dans le monde des

883 est faux dans ce langage ; tout n’est que manière de parler abusivement prise à la lettre, et donc fautive. Les machines e

884 trée dans ma cour, spontanément, dans l’intention de m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que de mal, au contraire,

885 e m’envahir. Et pas même une machine à laver. Que de mal, au contraire, dans ma campagne, pour obtenir le téléphone ! Vous

886 pagne, pour obtenir le téléphone ! Vous me parlez de l’esclavage du téléphone ? Mais a-t-on jamais vu qu’un appareil, pren

887 Vous n’êtes donc pas l’esclave du téléphone, mais de votre seule curiosité. Le règne des machines, à vous entendre, nous i

888 gne des machines, à vous entendre, nous isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l’avion, le sc

889 a Nature, et non l’homme, qui aurait ici le droit de se plaindre. Vous citez l’apprenti sorcier. Et qui ne l’a pas cité, q

890 la Bombe n’a jamais rien fait sans l’ordre exprès d’ un président, d’un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’es

891 ais rien fait sans l’ordre exprès d’un président, d’ un général. Ce n’est pas elle qui est dangereuse, c’est l’homme. Et le

892 que vous l’aurez bien mérité. L’Apprenti sorcier de la légende déchaînait une force inconnue. Mais nos savants font tout

893 ls humains que je connaisse qui aient eu le droit de maudire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni l

894 audire la technique, ce ne sont pas les bourgeois de ce siècle, ni leurs penseurs, mais bien les ouvriers du xixe et les

895 se sont vus transformés en « compléments vivants d’ un mécanisme mort », selon l’expression terrible et juste de Marx. Or

896 isme mort », selon l’expression terrible et juste de Marx. Or il se trouve précisément que les robots viennent les délivre

897 précisément que les robots viennent les délivrer de la chaîne. Éloquemment entretenu par Bernanos, un malentendu sans par

898 ’est pas un homme automatique, comme des millions de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la sci

899 illions de personnes le croient encore sur la foi de quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme

900 le croient encore sur la foi de quelques films et de la science-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine

901 ence-fiction. C’est encore moins un homme esclave de la machine. C’est une machine, ni plus ni moins, c’est un outil, que

902 t si rarement dénoncée, a provoqué la destruction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rapp

903 , a provoqué la destruction de plusieurs millions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la

904 llions de vies humaines. C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé

905 C’est ici qu’il convient de rappeler le décalage de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé en son temps par Karl M

906 n n’écoutait pas, tenait à la semi-automatisation de la production industrielle. Tout retour en arrière étant exclu, le re

907 tomatisme total, libérant l’ouvrier non seulement de ses efforts sur la matière trop lourde ou dangereuse à manier, mais a

908 re trop lourde ou dangereuse à manier, mais aussi de la monotonie et du rythme inhumain de travail qu’imposaient la machin

909 mais aussi de la monotonie et du rythme inhumain de travail qu’imposaient la machine et la chaîne. Le remède était donc l

910 pplication générale prit récemment le nom anglais d’ automation. Il est curieux que la pensée occidentale, découvrant le pé

911 ée occidentale, découvrant le péril avec cent ans de retard, ait porté sa colère contre le remède… L’automatisation complè

912 olère contre le remède… L’automatisation complète de l’usine, loin d’augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui n

913 emède… L’automatisation complète de l’usine, loin d’ augmenter le mal si longuement déploré par ceux qui ne le subissaient

914 roduisant jour et nuit sous la seule surveillance d’ un groupe d’opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionn

915 ur et nuit sous la seule surveillance d’un groupe d’ opérateurs, signifie simplement, partout où elle fonctionne, la suppre

916 ement, partout où elle fonctionne, la suppression de la condition prolétarienne. Généralisée dans l’avenir, elle rendra su

917 ndra superflu et sans objet le moment dialectique de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’usine. C’est ainsi le

918 de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’ usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l

919 d’usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la technique, non l’action du parti communiste, ni même de la classe

920 hnique, non l’action du parti communiste, ni même de la classe ouvrière, qui sera l’agent du dépassement concret des confl

921 et des techniciens. C’est le problème des moyens de culture, qui seront mis à contribution, sur une échelle brusquement a

922 s, tous alertés, au-delà des problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps

923 -delà des problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’h

924 problèmes classiques de plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le

925 plein-emploi et de temps de travail, le problème de l’emploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté.

926 ploi du temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philos

927 e. Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie,

928 nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et

929 hilosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies

930 a bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser po

931 déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser pour un temps ces su

932 ture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de laisser pour un temps ces sujets affligeants, leur ayant accordé asse

933 ces sujets affligeants, leur ayant accordé assez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercic

934 nts, leur ayant accordé assez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercice pour une pensée ré

935 ez de complaisance, et de considérer la nouveauté de l’époque : bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’en maîtris

936 e : bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’ en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de

937 en maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’ un demi-siècle de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le

938 vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le savons, mais qui

939 ous le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers prévus. Je propose à l’intelligence un rôle nouv

940 propose à l’intelligence un rôle nouveau : celui de créer la liberté en la cherchant, en acceptant d’envisager ses risque

941 de créer la liberté en la cherchant, en acceptant d’ envisager ses risques et de les courir d’abord en imagination. Je prop

942 herchant, en acceptant d’envisager ses risques et de les courir d’abord en imagination. Je propose une idée renouvelée du

943 e propose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroiss

944 e du Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la so

945 de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable

946 pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre libert

947 maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’acc

948 ais pour ouvrir des portes. f. Rougemont Denis de , « La fin du pessimisme », Réalités, Paris, juin 1957, p. 27-29.

949 xième fois par un jury étrange, composé à la fois de fonctionnaires français des Arts et Lettres (anciens ministres des Be

950 ciens ministres des Beaux-Arts directeurs, etc.), de militaires (le maréchal Juin), d’écrivains (Maurice Genevoix, Marcel

951 ecteurs, etc.), de militaires (le maréchal Juin), d’ écrivains (Maurice Genevoix, Marcel Brion, Paul Vialar), de critiques

952 ns (Maurice Genevoix, Marcel Brion, Paul Vialar), de critiques (Robert Kemp) et d’une directrice de théâtre (Mary Morgan).

953 rion, Paul Vialar), de critiques (Robert Kemp) et d’ une directrice de théâtre (Mary Morgan). Tout ce monde s’est entendu p

954 ), de critiques (Robert Kemp) et d’une directrice de théâtre (Mary Morgan). Tout ce monde s’est entendu pour trouver dans

955 ce monde s’est entendu pour trouver dans l’œuvre de Denis de Rougemont un livre qui « exalte le plus clairement les quali

956 oral au lecteur ». C’est donc sa récente Aventure de l’homme occidental (Albin Michel, éd.) qui est aujourd’hui orné de ce

957 ntal (Albin Michel, éd.) qui est aujourd’hui orné de ce laurier. Des prix ? me dit Denis de Rougemont, j’en ai manqué beau

958 emont, j’en ai manqué beaucoup avant-guerre. Plus d’ un jury pensait à me donner une palme. Et il y avait toujours, au dern

959 a revanche. Aux photographes qui me mitraillaient de flashes quand je me trouvais aux côtés du maréchal Juin, j’ai pu dire

960 ue lieutenant dans l’armée suisse ? » L’Aventure de l’homme occidental qui paraît simultanément à New York, Londres et P

961 de Rougemont, à répandre un peu plus les raisons de croire à l’Europe. On sait que cet historien, ce philosophe s’est, de

962 à répandre un peu plus les raisons de croire à l’ Europe . On sait que cet historien, ce philosophe s’est, depuis dix ans, cons

963 t, depuis dix ans, consacré à militer pour l’idée de faire l’Europe comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se

964 ix ans, consacré à militer pour l’idée de faire l’ Europe comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se trouver en Amé

965 comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se trouver en Amérique, pour savoir que l’Europe existe, ne serait-ce

966 -il, de se trouver en Amérique, pour savoir que l’ Europe existe, ne serait-ce que dans l’esprit des Américains qui ne veulent

967 Et quand on me demande où commence et où finit l’ Europe , j’assure que, plutôt que discuter de frontières mouvantes, il vaut m

968 finit l’Europe, j’assure que, plutôt que discuter de frontières mouvantes, il vaut mieux se préoccuper de définir la civil

969 frontières mouvantes, il vaut mieux se préoccuper de définir la civilisation européenne à travers son histoire et d’en mes

970 ut mieux se préoccuper de définir la civilisation européenne à travers son histoire et d’en mesurer les effets. C’est ce que j’ai

971 civilisation européenne à travers son histoire et d’ en mesurer les effets. C’est ce que j’ai tenté dans mon livre et ma co

972 ion est tout à fait optimiste : on parle en effet de décadence de l’Europe. Mais où voit-on cette décadence ? La planète e

973 à fait optimiste : on parle en effet de décadence de l’Europe. Mais où voit-on cette décadence ? La planète entière est en

974 t optimiste : on parle en effet de décadence de l’ Europe . Mais où voit-on cette décadence ? La planète entière est en train de

975 ntaliser. Personne ne se convertit au mode de vie de l’islam, mais voyez la Chine, voyez l’Inde : ne se mettent-elles pas

976 voyez l’Inde : ne se mettent-elles pas à l’heure européenne  ? L’Europe dévore les nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne

977 ne se mettent-elles pas à l’heure européenne ? L’ Europe dévore les nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne peut écrir

978 ropéenne ? L’Europe dévore les nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne peut écrire de livres qu’entre onze heures

979 es jours de Denis de Rougemont. Il ne peut écrire de livres qu’entre onze heures du soir et quatre heures du matin, mais c

980 importants ouvrages : l’un qui établira une sorte de morale de la vocation, c’est-à-dire prouvera que la fin justifie les

981 ouvrages : l’un qui établira une sorte de morale de la vocation, c’est-à-dire prouvera que la fin justifie les moyens. À

982 est pas une fin juste. Le second ouvrage essaiera de situer cette morale de la vocation dans la vie sociale. C’est, dit Ro

983 Le second ouvrage essaiera de situer cette morale de la vocation dans la vie sociale. C’est, dit Rougemont, une question d

984 a vie sociale. C’est, dit Rougemont, une question de feux rouges et de feux verts, de contrat pour la commodité générale.

985 st, dit Rougemont, une question de feux rouges et de feux verts, de contrat pour la commodité générale. Une morale personn

986 nt, une question de feux rouges et de feux verts, de contrat pour la commodité générale. Une morale personnaliste en quelq

987 nuel Mounier pour fonder une nouvelle philosophie de la personne humaine. Je m’attendais à trouver en Denis de Rougemont u

988 Je m’attendais à trouver en Denis de Rougemont un de ces théoriciens et philosophes qui sourient avec une pointe de condes

989 ciens et philosophes qui sourient avec une pointe de condescendance devant les ouvrages de fiction, devant la création rom

990 une pointe de condescendance devant les ouvrages de fiction, devant la création romanesque. C’était sans songer à l’auteu

991 éation romanesque. C’était sans songer à l’auteur de ce Nicolas de Flue dont nous n’avons pas encore eu la représentatio

992 eu la représentation scénique, nous satisfaisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra où Rougemont sut

993 faisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra où Rougemont sut se montrer poète et où Honegger trouva une

994 nt sut se montrer poète et où Honegger trouva une de ses plus grandes réussites. Je songe toujours au roman, me confia Den

995 Rougemont. J’en ai jadis écrit un que j’ai retiré de justesse des mains de l’éditeur avant qu’il ne soit livré à l’imprime

996 is écrit un que j’ai retiré de justesse des mains de l’éditeur avant qu’il ne soit livré à l’imprimeur. Mais je n’ai pas r

997 édige comme un poème un livre tel que L’Aventure de l’homme occidental . Le style me paraît aussi important que les idées

998 idées qu’on veut défendre. g. Rougemont Denis de , « La fin justifie les moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 jui

999 Denis de, « La fin justifie les moyens », Tribune de Lausanne, Lausanne, 9 juin 1957, p. 7.

1000 obre 1957)h i L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe en ut mi

1001 lus hautes valeurs européennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe en ut mineur réduit à peu de c

1002 opéennes tient dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe en ut mineur réduit à peu de chose toute tentative v

1003 te tentative verbale pour exprimer ce que l’homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’Europe

1004 us pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà l’ Europe suprême, elle n’ira pas plus haut, peut-être ; mais qui serait en mes

1005 plus haut, peut-être ; mais qui serait en mesure d’ exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Ce

1006 ; mais qui serait en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle

1007 iger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’ aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais c

1008 ser mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’ Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommet

1009 de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent

1010 pas nos grandeurs, car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un bruit vague,

1011 est le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’ un Oriental, c’est un bruit vague, une espèce de rumeur insensée… Il f

1012 e d’un Oriental, c’est un bruit vague, une espèce de rumeur insensée… Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur no

1013 uation dominée par le malentendu et toute chargée de tragédies latentes. En voici la formule la plus simple, je crois : la

1014 a formule la plus simple, je crois : la diffusion de nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en

1015 de nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin

1016 le temps. Tel est le drame. Il intéresse l’avenir de tous les peuples de la Terre. Si l’on cherche à se figurer l’aire de

1017 drame. Il intéresse l’avenir de tous les peuples de la Terre. Si l’on cherche à se figurer l’aire de diffusion de la civi

1018 de la Terre. Si l’on cherche à se figurer l’aire de diffusion de la civilisation occidentale, on s’aperçoit qu’elle n’est

1019 Si l’on cherche à se figurer l’aire de diffusion de la civilisation occidentale, on s’aperçoit qu’elle n’est pas loin de

1020 ensemble des terres habitées, mais que la densité d’ occidentalisation varie d’une manière considérable selon les pays, et

1021 es, mais que la densité d’occidentalisation varie d’ une manière considérable selon les pays, et à l’intérieur même de pres

1022 onsidérable selon les pays, et à l’intérieur même de presque tous les pays. L’Europe latine, anglo-saxonne et germano-scan

1023 et à l’intérieur même de presque tous les pays. L’ Europe latine, anglo-saxonne et germano-scandinave, conservatoire et laborat

1024 germano-scandinave, conservatoire et laboratoire de toute l’histoire, de toutes les valeurs et de tous les produits d’ord

1025 conservatoire et laboratoire de toute l’histoire, de toutes les valeurs et de tous les produits d’ordres divers qui ont ca

1026 ire de toute l’histoire, de toutes les valeurs et de tous les produits d’ordres divers qui ont caractérisé notre civilisat

1027 re, de toutes les valeurs et de tous les produits d’ ordres divers qui ont caractérisé notre civilisation, des origines jus

1028 et certains pays du Commonwealth forment une zone de diffusion occidentale parfois plus homogène, mais un peu moins dense,

1029 nt de vue des valeurs et des tensions. Le Sud-Est européen , de la Puszta hongroise à l’Asie Mineure turque, en passant par les B

1030 des valeurs et des tensions. Le Sud-Est européen, de la Puszta hongroise à l’Asie Mineure turque, en passant par les Balka

1031 n planifiée mais grossière, aux dépens de valeurs européennes plus complexes, qui furent éliminées avec les anciennes classes, et d

1032 i furent éliminées avec les anciennes classes, et de valeurs autochtones et populaires systématiquement refoulées. Reporté

1033 efoulées. Reportées sur un planisphère, ces zones de diffusion pourraient être représentées par une petite tache d’un roug

1034 pourraient être représentées par une petite tache d’ un rouge sombre sur l’Europe médiane tandis que les Amériques et l’Aus

1035 tées par une petite tache d’un rouge sombre sur l’ Europe médiane tandis que les Amériques et l’Australie seraient en rouge vif

1036 tralie seraient en rouge vif, les franges sud-est de l’Europe en rose, et l’URSS en quadrillé rouge et blanc. Quant à l’As

1037 e seraient en rouge vif, les franges sud-est de l’ Europe en rose, et l’URSS en quadrillé rouge et blanc. Quant à l’Asie et à l

1038 e siècle. Le colonialisme a laissé des quartiers européens à Bombay comme à Capetown et à Hong Kong17 et des décors industriels

1039 Hong Kong17 et des décors industriels aux confins de la jungle ou en plein désert. Enfin la Chine vient d’adopter coup sur

1040 a jungle ou en plein désert. Enfin la Chine vient d’ adopter coup sur coup une doctrine d’État venue d’Europe : le marxisme

1041 Chine vient d’adopter coup sur coup une doctrine d’ État venue d’Europe : le marxisme ; la technique et les armes de l’Occ

1042 d’adopter coup sur coup une doctrine d’État venue d’ Europe : le marxisme ; la technique et les armes de l’Occident ; l’alp

1043 adopter coup sur coup une doctrine d’État venue d’ Europe  : le marxisme ; la technique et les armes de l’Occident ; l’alphabet

1044 ’Europe : le marxisme ; la technique et les armes de l’Occident ; l’alphabet substitué aux idéogrammes ; et le contrôle de

1045 ammes ; et le contrôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’ir

1046 ntrôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de t

1047 de la diffusion de notre civilisation résume tant d’ aspects variés, d’irrégularités de transmission, d’influences tantôt v

1048 notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’ irrégularités de transmission, d’influences tantôt vagues et générales

1049 ion résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmission, d’influences tantôt vagues et générales et tantôt sélec

1050 ’aspects variés, d’irrégularités de transmission, d’ influences tantôt vagues et générales et tantôt sélectives à l’excès,

1051 signifier, en fin de compte, l’occidentalisation d’ un peuple, d’un État ou d’un individu. Ici, l’on se contente d’importe

1052 n fin de compte, l’occidentalisation d’un peuple, d’ un État ou d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer nos machine

1053 te, l’occidentalisation d’un peuple, d’un État ou d’ un individu. Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos arme

1054 d’un État ou d’un individu. Ici, l’on se contente d’ importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, part

1055 . Plus tard, telle nation neuve ou telle fraction de son intelligentsia décide d’adopter nos conceptions sécularistes de l

1056 ve ou telle fraction de son intelligentsia décide d’ adopter nos conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rat

1057 sia décide d’adopter nos conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée, scientiste et démocratique.

1058 es et intellectuelles qui explique seul la genèse de ces « produits », qui définit ou qui limite leur mode d’emploi et don

1059 « produits », qui définit ou qui limite leur mode d’ emploi et donne un sens à l’aventure occidentale, ce système de valeur

1060 onne un sens à l’aventure occidentale, ce système de valeurs reste ignoré, refusé d’instinct par les masses ou expressémen

1061 ntale, ce système de valeurs reste ignoré, refusé d’ instinct par les masses ou expressément combattu par leurs guides spir

1062 Le décalage sans cesse croissant entre le rythme d’ expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en

1063 sans cesse croissant entre le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fom

1064 re le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entie

1065 iétantes, des malentendus pathétiques, une menace de chaos sans précédent. Un intellectuel indonésien me dit un jour : « V

1066 lectuel indonésien me dit un jour : « Vous autres Européens , vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous a

1067 oi n’y joignez-vous pas un petit livre expliquant d’ où viennent ces objets, pourquoi vous avez eu l’idée de les construire

1068 viennent ces objets, pourquoi vous avez eu l’idée de les construire et comment ils expriment et transportent, en fait, tou

1069 expriment et transportent, en fait, tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une

1070 emme, qui est une Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une école de Djakarta ; et quand ils eurent app

1071 ndaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’ une école de Djakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre

1072 ait des leçons de solfège aux enfants d’une école de Djakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle

1073 e Djakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le

1074 it : composez maintenant une chanson dans le goût de ce pays ; mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne ra

1075 e goût de ce pays ; mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésienne

1076 e que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musique indonésienne et ne faisaient que réinventer les lieux co

1077 et ne faisaient que réinventer les lieux communs de chansons européennes qu’ils ne connaissaient pas. Ainsi chaque machin

1078 ient que réinventer les lieux communs de chansons européennes qu’ils ne connaissaient pas. Ainsi chaque machine exportée est, en fa

1079 i chaque machine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires,

1080 ils commandent, aux sentiments, aux sources mêmes de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos rai

1081 x sentiments, aux sources mêmes de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos fo

1082 urces mêmes de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gou

1083 ie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’ art et de gouvernement transportent au loin des champs de force qui vo

1084 achines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de force qui vont agir a

1085 t de gouvernement transportent au loin des champs de force qui vont agir anarchiquement, détruisant les bases mêmes d’équi

1086 t agir anarchiquement, détruisant les bases mêmes d’ équilibres anciens, appelant d’autres ensembles de valeurs, mais ne po

1087 d’équilibres anciens, appelant d’autres ensembles de valeurs, mais ne pouvant les communiquer, les expliquer et les faire

1088 expliquer et les faire vivre. Les trois aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Afric

1089 cains, qui nous demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans leur « sagesse » intacte et leur fam

1090 ans leur « sagesse » intacte et leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui

1091 s interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux,

1092 tes habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nous croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant l

1093 à réviser sous leur regard méfiant les illusions de notre « universalisme » ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’a

1094 s. Classons d’abord les éléments caractéristiques de la civilisation occidentale en trois ordres : produits, principes de

1095 occidentale en trois ordres : produits, principes de vie publique et valeurs. Produits : les machines, la technique, l’in

1096 e, l’industrie, le confort matériel, les procédés de construction et d’alimentation, l’hygiène ; les sociétés, les capitau

1097 confort matériel, les procédés de construction et d’ alimentation, l’hygiène ; les sociétés, les capitaux et leur mode d’em

1098 hygiène ; les sociétés, les capitaux et leur mode d’ emploi ; la commune et les syndicats ; le suffrage universel, les parl

1099 l’instruction publique et la presse ; les œuvres d’ art. Principes de vie publique : la séparation du temporel et du spir

1100 lique et la presse ; les œuvres d’art. Principes de vie publique : la séparation du temporel et du spirituel ; la séparat

1101 ; la séparation des pouvoirs et la réglementation de leurs rapports ; l’égalité devant la loi, la liberté de l’individu ou

1102 rs rapports ; l’égalité devant la loi, la liberté de l’individu ou du groupe garantie par la justice (habeas corpus et dro

1103 e garantie par la justice (habeas corpus et droit d’ association) ; le droit à l’opposition (majorité possible de demain),

1104 ion) ; le droit à l’opposition (majorité possible de demain), le droit de libre expression, le droit au travail et à la sé

1105 pposition (majorité possible de demain), le droit de libre expression, le droit au travail et à la sécurité sociale ou pri

1106 aites, etc.), la souveraineté nationale et l’idée d’ une loi internationale… Valeurs : la personne humaine considérée comm

1107 humaine considérée comme inviolable ; le respect de la vérité objective, condition du progrès de la recherche autant que

1108 pect de la vérité objective, condition du progrès de la recherche autant que de la liberté, l’interdépendance étroite de l

1109 , condition du progrès de la recherche autant que de la liberté, l’interdépendance étroite de la liberté et de la justice,

1110 tant que de la liberté, l’interdépendance étroite de la liberté et de la justice, le but de la justice étant de protéger l

1111 berté, l’interdépendance étroite de la liberté et de la justice, le but de la justice étant de protéger les libertés et la

1112 ce étroite de la liberté et de la justice, le but de la justice étant de protéger les libertés et la garantie interne des

1113 erté et de la justice, le but de la justice étant de protéger les libertés et la garantie interne des libertés consistant

1114 ntie interne des libertés consistant dans le sens de la responsabilité de chacun envers tous, ou solidarité ; l’unité, non

1115 rtés consistant dans le sens de la responsabilité de chacun envers tous, ou solidarité ; l’unité, non exclusive de la dive

1116 vers tous, ou solidarité ; l’unité, non exclusive de la diversité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans nos chœurs) 

1117 s’accordent dans nos chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ; la croyance à la raison et à l

1118 ans nos chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ; la croyance à la raison et à la rationalité

1119 alité du cosmos ; la foi au transcendant, l’amour de Dieu et du prochain. On voit sans peine que nos produits sont les plu

1120 s à exporter et les plus rapidement acceptés hors d’ Europe ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqué

1121 à exporter et les plus rapidement acceptés hors d’ Europe  ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mai

1122 dement acceptés hors d’Europe ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais principalement contre

1123 vent totalement ignorées. Mais ce qu’il m’importe de montrer, c’est comment ces produits et ces principes procèdent en réa

1124 es produits et ces principes procèdent en réalité de nos valeurs, et ne trouvent que par elles, dans le champ magnétique q

1125 asse généralement pour le produit le plus typique de l’Occident. D’où provient-elle ? De la technique évidemment. Mais com

1126 nt pour le produit le plus typique de l’Occident. D’ où provient-elle ? De la technique évidemment. Mais comment expliquer

1127 plus typique de l’Occident. D’où provient-elle ? De la technique évidemment. Mais comment expliquer que l’Europe ait seul

1128 echnique évidemment. Mais comment expliquer que l’ Europe ait seule développé la technique dès la fin du xviiie siècle ? C’est

1129 siècle ? C’est qu’il se produisit à ce moment, en Europe , une conjonction sans précédent : celle de la science, s’établissant

1130 en Europe, une conjonction sans précédent : celle de la science, s’établissant enfin sur les bases autonomes du calcul et

1131 issant enfin sur les bases autonomes du calcul et de l’expérimentation ; de la philanthropie illuministe, héritière des rê

1132 ses autonomes du calcul et de l’expérimentation ; de la philanthropie illuministe, héritière des rêves alchimiques ; et de

1133 illuministe, héritière des rêves alchimiques ; et de la raison profane, égalitaire, balayant les coutumes sacrées et les e

1134 outumes sacrées et les entraves ancestrales. Mais d’ où venaient cette science et cette raison hardie rénovant les institut

1135 nt les institutions, et cette ambition singulière de transformer le monde matériel ? Si l’on remonte à leurs origines, on

1136 rèce et le christianisme, c’est-à-dire le respect de la vérité objective, la dialectique et la libre critique d’une part,

1137 ritique d’une part, et d’autre part la conviction de la réalité de la matière, objet futur des sciences physiques (réalité

1138 part, et d’autre part la conviction de la réalité de la matière, objet futur des sciences physiques (réalité niée par la p

1139 siques (réalité niée par la plupart des religions de l’Orient mais affirmée par le dogme de l’Incarnation) et la croyance

1140 religions de l’Orient mais affirmée par le dogme de l’Incarnation) et la croyance profonde que le cosmos, créé par Dieu,

1141 ces des divinités monstrueuses ; il vaut la peine d’ en scruter les lois et il attend de l’homme d’être compris, révélé, vo

1142 vaut la peine d’en scruter les lois et il attend de l’homme d’être compris, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant

1143 ine d’en scruter les lois et il attend de l’homme d’ être compris, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant à nos princ

1144 re sauvé, selon saint Paul. Quant à nos principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus ou moins dir

1145 rincipes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’ une manière plus ou moins directe ou correcte, de deux valeurs fondame

1146 d’une manière plus ou moins directe ou correcte, de deux valeurs fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’Europe ;

1147 aleurs fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’Europe ; la notion grecque d’individu et la notion chrétienne de pe

1148 s fondamentales élaborées aux origines mêmes de l’ Europe  ; la notion grecque d’individu et la notion chrétienne de personne. L

1149 ux origines mêmes de l’Europe ; la notion grecque d’ individu et la notion chrétienne de personne. La première remonte aux

1150 notion grecque d’individu et la notion chrétienne de personne. La première remonte aux philosophes présocratiques, mais c’

1151 se lia par la suite indissolublement à la notion de vocation personnelle. C’est de la conjonction séculaire de ces valeur

1152 lement à la notion de vocation personnelle. C’est de la conjonction séculaire de ces valeurs grecques et chrétiennes que p

1153 on personnelle. C’est de la conjonction séculaire de ces valeurs grecques et chrétiennes que procède l’idée de liberté dan

1154 aleurs grecques et chrétiennes que procède l’idée de liberté dans ses différentes acceptions, ces dernières permettant de

1155 différentes acceptions, ces dernières permettant de rendre compte des tendances plus ou moins égalitaires ou aristocratiq

1156 ues, plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de nos institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les

1157 mbrables qui unissent les attitudes fondamentales de la psyché européenne et les principes ou les produits qui manifestent

1158 unissent les attitudes fondamentales de la psyché européenne et les principes ou les produits qui manifestent son activité, il app

1159 son activité, il apparaît clairement que l’usage de ces produits et le recours à ces principes ne peuvent aller sans impl

1160 ncipes ne peuvent aller sans impliquer le système de valeurs dont ils procèdent. User des uns ou invoquer les autres hors

1161 ou invoquer les autres hors du contexte spirituel de l’Occident, entraîne des conséquences incalculables et généralement c

1162 alculables et généralement chaotiques. Le contact de la civilisation occidentale et des coutumes arabes en Algérie nous en

1163 e un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique, et ce n’est qu’en vertu d’un accident de l’histoire que la

1164 politique, et ce n’est qu’en vertu d’un accident de l’histoire que la France paraît seule en cause dans cette affaire, ca

1165 s. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il nous reste à trouver des formules d’équilibre

1166 mes l’étant. Il nous reste à trouver des formules d’ équilibre ou de compromis tolérables entre ces extrêmes idéaux. C’est

1167 nous reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables entre ces extrêmes idéaux. C’est la tâche la plu

1168 xtrêmes idéaux. C’est la tâche la plus importante de la seconde moitié du xxe siècle. Et c’est sans doute la première foi

1169 Naples est la seule ville orientale qui n’ait pas de quartier européen ». h. Rougemont Denis de, « Le rôle mondial des v

1170 a seule ville orientale qui n’ait pas de quartier européen  ». h. Rougemont Denis de, « Le rôle mondial des valeurs occidentale

1171 pas de quartier européen ». h. Rougemont Denis de , « Le rôle mondial des valeurs occidentales », Occident, Bruxelles, o

1172 âce à ses voyages et à ses travaux, les problèmes de base qui se posent à l’Occident. Son dernier livre, L’Aventure occid

1173 ident. Son dernier livre, L’Aventure occidentale de l’homme , a été analysé dans notre n° 3. M. de Rougemont dirige le Ce

1174 Demain l’ Europe sans frontières ?[préface] (1958)j L’homme ne vit pas de pain seul

1175 ontières ?[préface] (1958)j L’homme ne vit pas de pain seulement, mais ne vit pas longtemps sans pain. Ainsi de l’Europ

1176 ement, mais ne vit pas longtemps sans pain. Ainsi de l’Europe. Pour unir les 332 millions d’habitants qu’elle compte à l’o

1177 , mais ne vit pas longtemps sans pain. Ainsi de l’ Europe . Pour unir les 332 millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest du r

1178 in. Ainsi de l’Europe. Pour unir les 332 millions d’ habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en attendant les

1179 ns d’habitants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer — en attendant les 98 millions retenus à l’est dans l’orbite russ

1180 l’orbite russe — la seule réussite dans douze ans d’ institutions économiques ne peut évidemment suffire ; mais leur échec

1181 ntôt mortel. Or le Marché commun des Six, la zone de libre-échange des Dix-Sept, et leur future intégration dans le cadre

1182 ix-Sept, et leur future intégration dans le cadre d’ une Grande Europe associée aux nations africaines ne supposent pas seu

1183 eur future intégration dans le cadre d’une Grande Europe associée aux nations africaines ne supposent pas seulement une politi

1184 ntellectuelle, par quoi j’entends un vaste effort de libre réflexion et d’imagination de la part des économistes, et une p

1185 i j’entends un vaste effort de libre réflexion et d’ imagination de la part des économistes, et une prise de conscience éco

1186 omique dans le grand public. L’étude des réalités de base et des problèmes présents de l’économie, incroyablement négligée

1187 de des réalités de base et des problèmes présents de l’économie, incroyablement négligée par l’École, doit devenir partie

1188 ligée par l’École, doit devenir partie intégrante de la culture d’un honnête homme au xxe siècle, si l’on veut que la dém

1189 ole, doit devenir partie intégrante de la culture d’ un honnête homme au xxe siècle, si l’on veut que la démocratie foncti

1190 nnête homme vote, et sa voix détermine l’économie de son pays, que ce soit d’une manière directe comme en Suisse, ou plus

1191 oix détermine l’économie de son pays, que ce soit d’ une manière directe comme en Suisse, ou plus souvent par députés inter

1192 édités en librairie ; leurs auteurs ne prévoient d’ être lus que par leurs étudiants et leurs collègues. Entre un public i

1193 erts liés par leur mission, et des savants privés d’ une large audience, peu ou point d’échanges efficaces. Il faudrait réf

1194 savants privés d’une large audience, peu ou point d’ échanges efficaces. Il faudrait réfléchir librement sur les problèmes

1195 uoi le Centre européen de la culture a jugé utile de réunir en séminaire une vingtaine d’économistes, à la fois réputés et

1196 a jugé utile de réunir en séminaire une vingtaine d’ économistes, à la fois réputés et indépendants, pour leur poser une qu

1197 ndants, pour leur poser une question populaire et d’ une simplicité presque choquante, une question qu’il jugeait présente

1198 les frontières économiques étaient supprimées en Europe  ? Telle était la règle du jeu. Nous ne demandions pas comment faire p

1199 vraisemblance. Que la répugnance professionnelle de nos séminaristes à « jouer » ainsi — répugnance sensible dans celles

1200 e du sérieux avec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader

1201 ondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de réduire certaines object

1202 rcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de réduire certaines objections de principe, ou mieux certaines craintes

1203 d qu’il importait de réduire certaines objections de principe, ou mieux certaines craintes vagues mais courantes. Car le g

1204 antes. Car le grand public — précédé par beaucoup d’ intellectuels et suivi par beaucoup de députés — n’hésite pas, lui, à

1205 up de députés — n’hésite pas, lui, à jouer le jeu de « ce qui se passerait si… » Seulement, il a tendance à jouer perdant,

1206 lement, il a tendance à jouer perdant, à préjuger de catastrophes dont rien ne prouve qu’elles se produiraient. Il ne croi

1207 xperts croient aux chiffres, et que les militants de l’Europe fédérée croient aux bienfaits automatiques de l’union, sans

1208 s croient aux chiffres, et que les militants de l’ Europe fédérée croient aux bienfaits automatiques de l’union, sans avoir tou

1209 Europe fédérée croient aux bienfaits automatiques de l’union, sans avoir toujours calculé son prix. Nos économistes se son

1210 économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leurs débats ont été chauds. Tout parti pris de militant

1211 , et leurs débats ont été chauds. Tout parti pris de militant leur eût paru indigne d’une attitude proprement scientifique

1212 Tout parti pris de militant leur eût paru indigne d’ une attitude proprement scientifique. Pourtant, un optimisme européen

1213 e proprement scientifique. Pourtant, un optimisme européen bien tempéré se dégage de leurs études, dont le plan fut arrêté en co

1214 ant, un optimisme européen bien tempéré se dégage de leurs études, dont le plan fut arrêté en commun, la rédaction stricte

1215 se au point réciproque. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après coup le tou

1216 t de leur véritable utilité. Elles ont déjà servi de base à plusieurs brochures de large diffusion18, à des articles et à

1217 lles ont déjà servi de base à plusieurs brochures de large diffusion18, à des articles et à des émissions de radio. Mais c

1218 ge diffusion18, à des articles et à des émissions de radio. Mais c’est leur publication en recueil qui leur donnera leur v

1219 cueil qui leur donnera leur vraie valeur, chacune d’ elles appuyant, nuançant ou parfois corrigeant les autres. Aux économi

1220 ls et commerçants, elles apporteront des analyses d’ une rare objectivité. Que se passerait-il si… ? — Rien ou presque rien

1221 Que se passerait-il si… ? — Rien ou presque rien de ce que vous redoutiez, mais beaucoup de bonnes choses qu’il vous rest

1222 qu’il vous reste à vouloir — avec au moins autant de lucidité que les totalitaires en apportent à vouloir un monde inhumai

1223 and public, ces études donneront une idée précise de la complexité des problèmes qui se posent, mais aussi des espoirs aut

1224 autorisés, et dans bien des cas, assurés. Étrange Europe , qui a tout pour elle si elle s’unit mais qui a tant de peine à s’acc

1225 tant de peine à s’accepter, à saisir ses chances de grandeur, à guérir de son pessimisme et de ses crampes nationalistes…

1226 epter, à saisir ses chances de grandeur, à guérir de son pessimisme et de ses crampes nationalistes… Puisse cet ouvrage co

1227 hances de grandeur, à guérir de son pessimisme et de ses crampes nationalistes… Puisse cet ouvrage contribuer à ranimer un

1228 même qui suffirait sans doute à la rendre capable d’ exercer à nouveau sa vocation mondiale. 18. Voir en particulier : P

1229 naires du CEC ; Marché commun et Euratom , et L’ Europe s’inscrit dans les faits , publications du CEC. j. Rougemont Denis

1230 faits , publications du CEC. j. Rougemont Denis de , « [Préface] Demain l’Europe sans frontières  », Demain l’Europe sans

1231 EC. j. Rougemont Denis de, « [Préface] Demain l’ Europe sans frontières  », Demain l’Europe sans frontières, Paris, Plon, 195

1232 ace] Demain l’Europe sans frontières  », Demain l’ Europe sans frontières, Paris, Plon, 1958, p. I-II.

1233 Europe et culture (1958)k On peut créer une fédération européenne, et il

1234 t culture (1958)k On peut créer une fédération européenne , et il le faut. Mais on ne peut pas créer une culture européenne et p

1235 il le faut. Mais on ne peut pas créer une culture européenne et personne ne l’a jamais demandé, pour la simple raison qu’une cultu

1236 omme une institution, et qu’au surplus la culture européenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de

1237 . C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquelle il devie

1238 me elle, et elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquelle il devient possibl

1239 le, et elle seule, qui nous permet de parler de l’ Europe comme d’une unité existante, sur laquelle il devient possible de cons

1240 eule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’ une unité existante, sur laquelle il devient possible de construire no

1241 unité existante, sur laquelle il devient possible de construire notre union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sai

1242 culturelle » comme conséquence lugubre et fatale de l’union politique, sont parfois en réalité des adversaires politiques

1243 ont parfois en réalité des adversaires politiques de cette union et le sort de la culture leur importe très peu ; mais ils

1244 adversaires politiques de cette union et le sort de la culture leur importe très peu ; mais ils sont plus souvent les inn

1245 ais ils sont plus souvent les innocentes victimes d’ une illusion scolaire : ils ont retenu de leurs manuels que l’Europe s

1246 victimes d’une illusion scolaire : ils ont retenu de leurs manuels que l’Europe se divise en autant de cultures qu’elle a

1247 scolaire : ils ont retenu de leurs manuels que l’ Europe se divise en autant de cultures qu’elle a de nations, celles-ci corre

1248 de leurs manuels que l’Europe se divise en autant de cultures qu’elle a de nations, celles-ci correspondant d’ailleurs aux

1249 ’Europe se divise en autant de cultures qu’elle a de nations, celles-ci correspondant d’ailleurs aux langues, aux coutumes

1250 lkloriques, et aux frontières naturelles (chaînes de montagnes ou rivières). On ne perdra pas son temps à expliquer que to

1251 er est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’ Europe pour les motifs que nous indique clairement la conjoncture mondiale d

1252 njoncture mondiale du xxe siècle, la culture des Européens peut-elle contribuer à cette union, ou bien lui fait-elle obstacle ?

1253 oute institution culturelle soucieuse des destins de l’Europe. D’une part, une telle institution devra montrer que l’Europ

1254 institution culturelle soucieuse des destins de l’ Europe . D’une part, une telle institution devra montrer que l’Europe est d’a

1255 e part, une telle institution devra montrer que l’ Europe est d’abord une culture, qu’elle doit à sa culture d’avoir dominé le

1256 st d’abord une culture, qu’elle doit à sa culture d’ avoir dominé le monde, qui retourne aujourd’hui contre elle les armes

1257 que cette culture est commune à tous les peuples de l’Europe, puisque leurs nations mêmes en sont nées, non l’inverse. D

1258 cette culture est commune à tous les peuples de l’ Europe , puisque leurs nations mêmes en sont nées, non l’inverse. D’autre pa

1259 D’autre part, cette institution devra s’efforcer de réduire les résistances invétérées à notre union, les « blocs psychol

1260 éducation scolaire depuis un siècle, ou résultant de maladies chroniques de notre culture millénaire. On ne fera pas l’Eu

1261 is un siècle, ou résultant de maladies chroniques de notre culture millénaire. On ne fera pas l’Europe sans sa culture, c

1262 es de notre culture millénaire. On ne fera pas l’ Europe sans sa culture, car ce serait faire l’Europe sans ce qui la définit.

1263 s l’Europe sans sa culture, car ce serait faire l’ Europe sans ce qui la définit. Cette culture fonde et manifeste l’unité qui

1264 fonde et manifeste l’unité qui est la vraie base de notre union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisi

1265 telles qui s’opposent à l’union. On ne fera pas l’ Europe en répétant qu’il est indispensable de s’unir : tout le monde le sait

1266 pas l’Europe en répétant qu’il est indispensable de s’unir : tout le monde le sait ; ni en ratifiant des traités : person

1267 iant des traités : personne n’y croit. (On attend de voir…) Et certes il fallait dire : unissons-nous ! Certes, il fallait

1268 s actions précises : 1° Réduire les préjugés, nés d’ une mauvaise éducation qui accrédite l’illusion générale de l’existenc

1269 vaise éducation qui accrédite l’illusion générale de l’existence première de « cultures nationales » et de « l’éternité »

1270 édite l’illusion générale de l’existence première de « cultures nationales » et de « l’éternité » de nos États-nations (fo

1271 ’existence première de « cultures nationales » et de « l’éternité » de nos États-nations (formés pour la plupart depuis mo

1272 e de « cultures nationales » et de « l’éternité » de nos États-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…)

1273 tats-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° Informer les élites et les masses, leur montrer le dram

1274 r les élites et les masses, leur montrer le drame de l’Europe, mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transfo

1275 élites et les masses, leur montrer le drame de l’ Europe , mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transformations

1276 le drame de l’Europe, mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transformations du monde au xxe siècle, sa voc

1277 de l’Europe, mais aussi le rôle décisif de cette Europe dans les transformations du monde au xxe siècle, sa vocation, et son

1278 n avenir si elle s’unit. 3° Créer des instruments de coopération pour les différentes branches de la culture, sans tenir c

1279 ents de coopération pour les différentes branches de la culture, sans tenir compte des frontières nationales quand les pro

1280 ations. 4° Favoriser le dialogue entre la culture européenne d’une part, et les cultures asiatiques, islamiques, russe et américai

1281 tre part : car confrontés avec le Monde, tous les Européens se découvriront frères, et verront mieux leur vocation commune. ⁂ S

1282 n fait dans ce sens depuis que la grande question de l’union européenne s’est trouvée posée, au lendemain de la dernière g

1283 ce sens depuis que la grande question de l’union européenne s’est trouvée posée, au lendemain de la dernière guerre ? Parallèleme

1284 nion européenne s’est trouvée posée, au lendemain de la dernière guerre ? Parallèlement aux mouvements fédéralistes, une s

1285 allèlement aux mouvements fédéralistes, une série d’ instituts d’études européennes se créent dès 194620. Ils nouent des li

1286 ux mouvements fédéralistes, une série d’instituts d’ études européennes se créent dès 194620. Ils nouent des liens entre eu

1287 ents fédéralistes, une série d’instituts d’études européennes se créent dès 194620. Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On en

1288 entre eux dès 1950. On en compte aujourd’hui plus d’ une vingtaine, pour la plupart liés à des universités, ou de rang univ

1289 taine, pour la plupart liés à des universités, ou de rang universitaire. En 1948, le Congrès de l’Europe, à La Haye, décid

1290 és, ou de rang universitaire. En 1948, le Congrès de l’Europe, à La Haye, décide la création d’un Centre européen de la cu

1291 u de rang universitaire. En 1948, le Congrès de l’ Europe , à La Haye, décide la création d’un Centre européen de la culture. Ce

1292 ongrès de l’Europe, à La Haye, décide la création d’ un Centre européen de la culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950.

1293 en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et définit les tâches du Centre e

1294 Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et définit les tâches du Centre euro

1295 ches du Centre européen de la culture, du Collège d’ Europe (Bruges), d’une association des universitaires, et d’un Laborat

1296 es du Centre européen de la culture, du Collège d’ Europe (Bruges), d’une association des universitaires, et d’un Laboratoire e

1297 péen de la culture, du Collège d’Europe (Bruges), d’ une association des universitaires, et d’un Laboratoire européen de re

1298 Bruges), d’une association des universitaires, et d’ un Laboratoire européen de recherches nucléaires (fondé en 1953 sous l

1299 sociation des universitaires, et d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires (fondé en 1953 sous le nom de CERN, à Genève

1300 des universitaires, et d’un Laboratoire européen de recherches nucléaires (fondé en 1953 sous le nom de CERN, à Genève.)

1301 recherches nucléaires (fondé en 1953 sous le nom de CERN, à Genève.) Le Conseil de l’Europe, issu d’une résolution du con

1302 de CERN, à Genève.) Le Conseil de l’Europe, issu d’ une résolution du congrès de La Haye, est constitué neuf mois plus tar

1303 eil de l’Europe, issu d’une résolution du congrès de La Haye, est constitué neuf mois plus tard, et comporte dès le début

1304 te dès le début une direction culturelle, coiffée d’ un Comité d’experts des 16 gouvernements membres. Il élabore et fait r

1305 but une direction culturelle, coiffée d’un Comité d’ experts des 16 gouvernements membres. Il élabore et fait ratifier une

1306 labore et fait ratifier une Convention culturelle européenne , convoque deux tables rondes sur l’héritage commun des Européens, cré

1307 oque deux tables rondes sur l’héritage commun des Européens , crée des bourses, organise des expositions de peinture, patronne la

1308 péens, crée des bourses, organise des expositions de peinture, patronne la révision des manuels d’histoire, et prépare une

1309 ons de peinture, patronne la révision des manuels d’ histoire, et prépare une série de publications scientifiques. Une Asso

1310 sion des manuels d’histoire, et prépare une série de publications scientifiques. Une Association des universitaires d’Euro

1311 scientifiques. Une Association des universitaires d’ Europe et une Association européenne des enseignants se fondent en 195

1312 ientifiques. Une Association des universitaires d’ Europe et une Association européenne des enseignants se fondent en 1955 et e

1313 on des universitaires d’Europe et une Association européenne des enseignants se fondent en 1955 et en 1956… La Journée européenne

1314 ignants se fondent en 1955 et en 1956… La Journée européenne des écoles propose chaque année des sujets de rédaction sur l’Europe

1315 péenne des écoles propose chaque année des sujets de rédaction sur l’Europe aux élèves des écoles de 7 pays, et donne des

1316 ropose chaque année des sujets de rédaction sur l’ Europe aux élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à 80 d’entre eux,

1317 s de rédaction sur l’Europe aux élèves des écoles de 7 pays, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300 000 parti

1318 ays, et donne des prix à 80 d’entre eux, sur plus de 300 000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été cr

1319 , sur plus de 300 000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée à Genève en 1954, et opère depuis cette ann

1320 de 300 000 participants. Une Fondation européenne de la culture a été créée à Genève en 1954, et opère depuis cette année

1321 des volumes, thèses, mémoires et numéros spéciaux de revues sur l’Europe et ses problèmes compte déjà, depuis dix ans, plu

1322 ses, mémoires et numéros spéciaux de revues sur l’ Europe et ses problèmes compte déjà, depuis dix ans, plusieurs centaines de

1323 compte déjà, depuis dix ans, plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de bro

1324 itres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense. Est-il trop dispersé p

1325 dans toutes nos langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense. Est-il trop dispersé pour porter p

1326 Aurait-il réussi à s’imposer à la conscience des Européens  ? Hélas ! la somme totale des budgets annuels de toutes les organisat

1327 ens ? Hélas ! la somme totale des budgets annuels de toutes les organisations que je viens de citer (à l’exception du CERN

1328 nstruction) équivaudrait à peine aux possibilités d’ une des « petites » fondations qui existent par milliers en Amérique d

1329 Il serait temps que nos États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir : 1° que l’Europe n’a dû sa p

1330 es deux vérités primordiales, à savoir : 1° que l’ Europe n’a dû sa puissance qu’aux inventions, procédés et systèmes de tous o

1331 puissance qu’aux inventions, procédés et systèmes de tous ordres directement issus de sa culture et que, par suite, sans l

1332 édés et systèmes de tous ordres directement issus de sa culture et que, par suite, sans la vitalité de cette culture, elle

1333 de sa culture et que, par suite, sans la vitalité de cette culture, elle se réduirait vite à ce qu’elle est sur la carte :

1334 es en matières premières) ; 2° que la culture, en Europe , perdra sa vitalité si les États et les mécènes virtuels du continent

1335 tinent s’obstinent à lui refuser même le centième de l’aide que lui accordent chez eux les empires ascendants et réalistes

1336 ux les empires ascendants et réalistes des USA et de l’URSS21. ⁂ Le Centre européen de la culture Sans attendre que

1337 ndre que ce problème ait reçu la moindre promesse d’ un début de solution raisonnable, le Centre européen de la culture a d

1338 problème ait reçu la moindre promesse d’un début de solution raisonnable, le Centre européen de la culture a décidé dès 1

1339 e Centre européen de la culture a décidé dès 1950 de tenter l’aventure d’exister. Il existe depuis sept ans. Son exemple p

1340 la culture a décidé dès 1950 de tenter l’aventure d’ exister. Il existe depuis sept ans. Son exemple peut éclairer. J’essai

1341 ans. Son exemple peut éclairer. J’essaierai donc de le décrire, très brièvement, pour illustrer les considérations, un pe

1342 es, qui précèdent. La mission générale du CEC est de contribuer à l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la c

1343 ssion générale du CEC est de contribuer à l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peu

1344 générale du CEC est de contribuer à l’union de l’ Europe en ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et

1345 l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de ren

1346 ns tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments de coordination, un foyer d’études et d’in

1347 r offrant : un lieu de rencontre, des instruments de coordination, un foyer d’études et d’initiatives. Fondé sous les ausp

1348 contre, des instruments de coordination, un foyer d’ études et d’initiatives. Fondé sous les auspices du Mouvement européen

1349 instruments de coordination, un foyer d’études et d’ initiatives. Fondé sous les auspices du Mouvement européen, le CEC est

1350 initiatives. Fondé sous les auspices du Mouvement européen , le CEC est issu des délibérations du congrès de La Haye (mai 1948).

1351 éen, le CEC est issu des délibérations du congrès de La Haye (mai 1948). Dès février 1949, un Bureau d’études s’ouvrait à

1352 e La Haye (mai 1948). Dès février 1949, un Bureau d’ études s’ouvrait à Genève, chargé d’élaborer le travail de l’instituti

1353 49, un Bureau d’études s’ouvrait à Genève, chargé d’ élaborer le travail de l’institution projetée, et d’organiser une « Co

1354 s’ouvrait à Genève, chargé d’élaborer le travail de l’institution projetée, et d’organiser une « Conférence européenne de

1355 élaborer le travail de l’institution projetée, et d’ organiser une « Conférence européenne de la culture ». Celle-ci se réu

1356 itution projetée, et d’organiser une « Conférence européenne de la culture ». Celle-ci se réunit à Lausanne en décembre 1949, et f

1357 jetée, et d’organiser une « Conférence européenne de la culture ». Celle-ci se réunit à Lausanne en décembre 1949, et form

1358 n association régie par la loi suisse, elle jouit de la personnalité juridique. Ses ressources sont assurées par des dons

1359 nt assurées par des dons et subventions provenant de sources privées ou officielles, par les cotisations de ses membres et

1360 urces privées ou officielles, par les cotisations de ses membres et par la vente de ses publications. Le choix des objecti

1361 ar les cotisations de ses membres et par la vente de ses publications. Le choix des objectifs du CEC est déterminé par deu

1362 u CEC est déterminé par deux critères : l’urgence d’ un problème culturel qui se pose à l’échelle européenne, et ses possib

1363 ce d’un problème culturel qui se pose à l’échelle européenne , et ses possibilités de solution pratiques. Un budget réduit au stric

1364 pose à l’échelle européenne, et ses possibilités de solution pratiques. Un budget réduit au strict minimum opératif, un p

1365 les traits qui distinguent cet organisme privé et européen de la plupart des organisations gouvernementales et internationales e

1366 s qui distinguent cet organisme privé et européen de la plupart des organisations gouvernementales et internationales exis

1367 nt leur autonomie, tout en agissant dans le cadre d’ un programme commun. Quelles sont donc les grandes lignes de ce progra

1368 amme commun. Quelles sont donc les grandes lignes de ce programme ? Laissant de côté des réalisations passées, qui furent

1369 onc les grandes lignes de ce programme ? Laissant de côté des réalisations passées, qui furent entre autres le Congrès de

1370 tions passées, qui furent entre autres le Congrès de compositeurs et critiques musicaux à Rome, en 1953, le Prix européen

1371 rs et critiques musicaux à Rome, en 1953, le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CERN, bornons-nous

1372 tiques musicaux à Rome, en 1953, le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CERN, bornons-nous à d

1373 le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création du CERN, bornons-nous à décrire les trois principaux cham

1374 ornons-nous à décrire les trois principaux champs d’ activité entre lesquels se répartissent les secrétariats du CEC : éduc

1375 CEC : éducation, information, recherches. Faire l’ Europe , c’est d’abord faire des Européens, et cela signifie d’une part, éduq

1376 cherches. Faire l’Europe, c’est d’abord faire des Européens , et cela signifie d’une part, éduquer dans les nouvelles générations

1377 quer dans les nouvelles générations la conscience d’ une commune appartenance aux formes de pensée et de vie qui définissen

1378 conscience d’une commune appartenance aux formes de pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation,

1379 ’une commune appartenance aux formes de pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation, au-delà des

1380 actuelles ; d’autre part, exposer l’état présent de l’Europe, son drame mais aussi ses possibilités d’avenir au plan mond

1381 elles ; d’autre part, exposer l’état présent de l’ Europe , son drame mais aussi ses possibilités d’avenir au plan mondial, si e

1382 e l’Europe, son drame mais aussi ses possibilités d’ avenir au plan mondial, si elle unit ses forces pendant qu’il en est t

1383 st temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de nos pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant app

1384 ns plusieurs de nos pays des expériences-pilotes d’ éducation européenne prenant appui soit sur le corps enseignant d’une

1385 de nos pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui soit sur le corps enseignant d’une région donnée, soit

1386 éenne prenant appui soit sur le corps enseignant d’ une région donnée, soit sur des foyers de culture populaire en milieu

1387 seignant d’une région donnée, soit sur des foyers de culture populaire en milieu rural ou urbain. Il leur fournit des moye

1388 u urbain. Il leur fournit des moyens audiovisuels d’ enseignement, des publications spéciales, des experts ou moniteurs, et

1389 t des subventions, réparties selon les directives d’ un Comité d’éducateurs où se trouvent représentés la plupart de nos pa

1390 tions, réparties selon les directives d’un Comité d’ éducateurs où se trouvent représentés la plupart de nos pays (y compri

1391 États scandinaves). Enfin, il les fait bénéficier de ses moyens d’information européenne. Ceux-ci consistent en publicatio

1392 ves). Enfin, il les fait bénéficier de ses moyens d’ information européenne. Ceux-ci consistent en publications, films et c

1393 l les fait bénéficier de ses moyens d’information européenne . Ceux-ci consistent en publications, films et conférences. Le Bullet

1394 ix à huit numéros spéciaux consacrés à des sujets d’ intérêt européen, et largement diffusés en plusieurs langues. Des pla

1395 numéros spéciaux consacrés à des sujets d’intérêt européen , et largement diffusés en plusieurs langues. Des plans de causerie ,

1396 rgement diffusés en plusieurs langues. Des plans de causerie , établis en tenant compte des milieux populaires ou des gro

1397 es militants auxquels ils s’adressent, permettent de multiplier les exposés documentés donnés dans de petits groupes de tr

1398 de multiplier les exposés documentés donnés dans de petits groupes de travail. Un Service de conférenciers fournit des

1399 exposés documentés donnés dans de petits groupes de travail. Un Service de conférenciers fournit des orateurs aux organ

1400 és dans de petits groupes de travail. Un Service de conférenciers fournit des orateurs aux organisations intéressées par

1401 s aux organisations intéressées par les problèmes européens . Une série, de films documentaires sur l’Europe est en cours de réa

1402 téressées par les problèmes européens. Une série, de films documentaires sur l’Europe est en cours de réalisation. Enfin

1403 opéens. Une série, de films documentaires sur l’ Europe est en cours de réalisation. Enfin, l’information de la presse est as

1404 e films documentaires sur l’Europe est en cours de réalisation. Enfin, l’information de la presse est assurée par les A

1405 est en cours de réalisation. Enfin, l’information de la presse est assurée par les Actualités européennes , fascicule men

1406 tion de la presse est assurée par les Actualités européennes , fascicule mensuel distribué à près de 1500 journaux, qui peuvent re

1407 portants Séminaires, l’un sur l’avenir économique d’ une Europe sans frontières intérieures l’autre sur les conséquences po

1408 ts Séminaires, l’un sur l’avenir économique d’une Europe sans frontières intérieures l’autre sur les conséquences pour la cult

1409 ences pour la culture, l’éducation et les loisirs de la nouvelle révolution technique que symbolise le terme d’automation.

1410 velle révolution technique que symbolise le terme d’ automation. En outre, le CEC élabore actuellement trois plans nouveaux

1411 bore actuellement trois plans nouveaux : création d’ un Institut technologique de formation européenne, pour les ingénieur

1412 nouveaux : création d’un Institut technologique de formation européenne, pour les ingénieurs ; convocation d’une Confére

1413 réation d’un Institut technologique de formation européenne , pour les ingénieurs ; convocation d’une Conférence « Afrique du Nord

1414 ion européenne, pour les ingénieurs ; convocation d’ une Conférence « Afrique du Nord-Europe » ; organisation d’un Dialogue

1415 férence « Afrique du Nord-Europe » ; organisation d’ un Dialogue Asie-Europe. Parallèlement l’Association des instituts d’

1416 urope. Parallèlement l’Association des instituts d’ études européennes , qui groupe 19 instituts de niveau universitaire,

1417 rallèlement l’Association des instituts d’études européennes , qui groupe 19 instituts de niveau universitaire, et l’Association

1418 ts d’études européennes , qui groupe 19 instituts de niveau universitaire, et l’Association européenne des festivals de m

1419 tituts de niveau universitaire, et l’Association européenne des festivals de musique , qui groupe 21 grands festivals, poursuiven

1420 taire, et l’Association européenne des festivals de musique , qui groupe 21 grands festivals, poursuivent la coordination

1421 21 grands festivals, poursuivent la coordination de leurs programmes et de leurs publications, grâce à leurs secrétariats

1422 oursuivent la coordination de leurs programmes et de leurs publications, grâce à leurs secrétariats assurés par le CEC. Ce

1423 s assurés par le CEC. Cependant que l’Association européenne des enseignants et celle des universitaires d’Europe proposent au CEC

1424 éenne des enseignants et celle des universitaires d’ Europe proposent au CEC une forme « fédéraliste » d’affiliation, sauve

1425 nne des enseignants et celle des universitaires d’ Europe proposent au CEC une forme « fédéraliste » d’affiliation, sauvegardan

1426 Europe proposent au CEC une forme « fédéraliste » d’ affiliation, sauvegardant l’autonomie des trois institutions tout en a

1427 is superficielle, la multiplicité des initiatives européennes dans le domaine très vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à

1428 réelles et organiques qui sont l’une des sources de la vitalité et des tensions fécondes de notre culture. Il ne s’agit n

1429 s sources de la vitalité et des tensions fécondes de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant,

1430 fécondes de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens p

1431 ment de les uniformiser. Cependant, il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’échanger leurs expériences, de gro

1432 il est urgent de leur offrir les moyens pratiques d’ échanger leurs expériences, de grouper leurs forces en vue de certaine

1433 es moyens pratiques d’échanger leurs expériences, de grouper leurs forces en vue de certaines actions communes, et de mett

1434 s forces en vue de certaines actions communes, et de mettre en pool celles de leurs activités ou de leurs ressources — mai

1435 nes actions communes, et de mettre en pool celles de leurs activités ou de leurs ressources — mais celles-là seules ! — qu

1436 et de mettre en pool celles de leurs activités ou de leurs ressources — mais celles-là seules ! — qui semblent bien devoir

1437 là seules ! — qui semblent bien devoir bénéficier d’ une intégration plus poussée. À l’heure où les institutions économique

1438 ure où les institutions économiques et politiques de l’Europe naissante proclament leur volonté de concentrer autant que p

1439 ù les institutions économiques et politiques de l’ Europe naissante proclament leur volonté de concentrer autant que possible l

1440 ues de l’Europe naissante proclament leur volonté de concentrer autant que possible leurs services et leurs assemblées, un

1441 ort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. Coordonner les autonomies, telle doit être à mes yeux la

1442 à mes yeux la devise, spécifiquement fédéraliste, de cet effort. Un autre parallèle s’impose, entre la situation politique

1443 la situation politique et la situation culturelle de l’Europe. Minorisée aux Nations unies, menacée dans ses positions mon

1444 tuation politique et la situation culturelle de l’ Europe . Minorisée aux Nations unies, menacée dans ses positions mondiales pa

1445 s mondiales par des empires qui l’accusent encore de colonialisme, mais la maintiennent en fait sous la pression constante

1446 a maintiennent en fait sous la pression constante de leur expansion économique ou idéologique, l’Europe reste sans voix po

1447 te de leur expansion économique ou idéologique, l’ Europe reste sans voix pour définir ses intérêts vitaux et affirmer sa vocat

1448 ntredisent souvent et ne convergent jamais, faute d’ une institution unique et compétente. L’Europe a donc besoin d’un mini

1449 , faute d’une institution unique et compétente. L’ Europe a donc besoin d’un ministère des Affaires étrangères européennes. Mai

1450 tion unique et compétente. L’Europe a donc besoin d’ un ministère des Affaires étrangères européennes. Mais de même, dans l

1451 onc besoin d’un ministère des Affaires étrangères européennes . Mais de même, dans le plan culturel, les difficultés immenses qui na

1452 chnique d’une part, et les civilisations diverses de l’Asie, de l’Afrique et du Moyen-Orient d’autre part, appellent des s

1453 ne part, et les civilisations diverses de l’Asie, de l’Afrique et du Moyen-Orient d’autre part, appellent des solutions qu

1454 nt d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de nos États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à

1455 re accepter à lui tout seul. Ces difficultés sont d’ ordre culturel (spirituel et sociologique à la fois) bien avant d’être

1456 (spirituel et sociologique à la fois) bien avant d’ être politiques. Là encore, l’Europe mise au défi en tant qu’ensemble

1457 fois) bien avant d’être politiques. Là encore, l’ Europe mise au défi en tant qu’ensemble culturel, reste sans voix. C’est ici

1458 culturel, reste sans voix. C’est ici la nécessité de relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une c

1459 . C’est ici la nécessité de relations culturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces cultu

1460 lturelles européennes qui se fait jour. Le besoin d’ une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représe

1461 nation entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous

1462 lturelles, et le besoin de représentation commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussen

1463 fficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres cultures ou civilisations : vue de l’e

1464 tés avec d’autres cultures ou civilisations : vue de l’extérieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différent

1465 cultures ou civilisations : vue de l’extérieur, l’ Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront

1466 le dialogue nécessaire avec les autres traditions de culture, que si elles se présentent au nom de l’Europe entière, sûre

1467 e culture, que si elles se présentent au nom de l’ Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parl

1468 es se présentent au nom de l’Europe entière, sûre de sa vocation, donc ouverte à l’avenir. 19. On parle 6 langues en Fr

1469 etc. Le folklore révèle précisément la communauté de traditions de tous nos peuples. Le Rhin serait une frontière naturell

1470 re révèle précisément la communauté de traditions de tous nos peuples. Le Rhin serait une frontière naturelle, mais le Dan

1471 iens naturels ?…, etc. 20. Voir l’ Annuaire 1957 de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE) publié en nov

1472 r l’ Annuaire 1957 de l’Association des instituts d’ études européennes (AIEE) publié en novembre 1957 par le Centre europé

1473 aire 1957 de l’Association des instituts d’études européennes (AIEE) publié en novembre 1957 par le Centre européen de la culture.

1474 A : 10 % du revenu national. k. Rougemont Denis de , « Europe et culture », Quelle Europe ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-7

1475  % du revenu national. k. Rougemont Denis de, «  Europe et culture », Quelle Europe ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-76.

1476 Rougemont Denis de, « Europe et culture », Quelle Europe  ?, Paris, Fayard, 1958, p. 69-76.

1477 Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)l Cela se

1478 l 1958)l Cela se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension d’Hitler, puis sa ruin

1479 Cela se passait en 1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension d’Hitler, puis sa ruine entraînant

1480 de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension d’ Hitler, puis sa ruine entraînant celle de l’Europe entière, la renaiss

1481 scension d’Hitler, puis sa ruine entraînant celle de l’Europe entière, la renaissance de l’idée d’union, et l’arme absolue

1482 ion d’Hitler, puis sa ruine entraînant celle de l’ Europe entière, la renaissance de l’idée d’union, et l’arme absolue dans les

1483 raînant celle de l’Europe entière, la renaissance de l’idée d’union, et l’arme absolue dans les mains de deux empires pres

1484 lle de l’Europe entière, la renaissance de l’idée d’ union, et l’arme absolue dans les mains de deux empires presque immobi

1485 l’idée d’union, et l’arme absolue dans les mains de deux empires presque immobilisés par la terreur d’y recourir… Que pen

1486 e deux empires presque immobilisés par la terreur d’ y recourir… Que pensaient et pressentaient ces deux génies de premier

1487 r… Que pensaient et pressentaient ces deux génies de premier ordre, à la veille même du déchaînement dont ils avaient choi

1488 ille même du déchaînement dont ils avaient choisi d’ examiner les causes, afin de proposer les moyens de le prévenir ? On l

1489 ’examiner les causes, afin de proposer les moyens de le prévenir ? On les relit avec une sorte d’avidité et d’anxiété rétr

1490 yens de le prévenir ? On les relit avec une sorte d’ avidité et d’anxiété rétrospective. L’un se borne à poser des question

1491 évenir ? On les relit avec une sorte d’avidité et d’ anxiété rétrospective. L’un se borne à poser des questions, dans un do

1492 sonnable et moyen. L’autre répond dans la rigueur de sa pensée : il est chez lui. Que dit Einstein ? Il dit que, la guerre

1493 ison. Mais pourquoi la raison n’a-t-elle pas plus de force ? Pourquoi les masses suivent-elles leur « classe régnante » ?

1494 les instincts ? Et comment supprimer « le besoin de haine » dégénérant en « psychose collective » ? C’est écrit de Potsda

1495 générant en « psychose collective » ? C’est écrit de Potsdam et sous l’œil des barbares. Freud répond de sa Vienne natale

1496 Potsdam et sous l’œil des barbares. Freud répond de sa Vienne natale en sursis — elle n’en aura plus pour longtemps — et

1497 e n’en aura plus pour longtemps — et le pacifisme d’ Einstein se voit soumis à l’examen analytique d’un praticien courtois,

1498 e d’Einstein se voit soumis à l’examen analytique d’ un praticien courtois, mais dénué d’illusions. Non, la force, dit-il,

1499 en analytique d’un praticien courtois, mais dénué d’ illusions. Non, la force, dit-il, n’est pas le contraire du droit. Car

1500 t. Car le droit n’est en somme qu’une autre forme de la violence inévitable. C’est la violence née de « l’union de plusieu

1501 de la violence inévitable. C’est la violence née de « l’union de plusieurs faibles ». La violence d’un seul ne peut être

1502 ce inévitable. C’est la violence née de « l’union de plusieurs faibles ». La violence d’un seul ne peut être brisée que pa

1503 de « l’union de plusieurs faibles ». La violence d’ un seul ne peut être brisée que par l’union de ses victimes, fondant s

1504 nce d’un seul ne peut être brisée que par l’union de ses victimes, fondant sur l’intérêt et sur le sentiment les lois de l

1505 ondant sur l’intérêt et sur le sentiment les lois de leur communauté. Il s’agit donc de transférer le pouvoir à quelque « 

1506 iment les lois de leur communauté. Il s’agit donc de transférer le pouvoir à quelque « plus vaste unité ». Mais la Société

1507 ité ». Mais la Société des Nations ne dispose pas d’ une force à son échelle et ne provoque pas l’« identification » créatr

1508 et ne provoque pas l’« identification » créatrice de communauté. Passant aux grandes questions naïves anxieusement posées

1509 maîtrise en invoquant l’Éros vital et l’instinct de mort, également essentiels à l’homme. « On ferait œuvre inutile à pré

1510 » Mais peut-on les canaliser vers d’autres formes d’ expression que la guerre ? Ici, Freud va nous étonner. D’une part, il

1511 es ; d’autre part, à l’autorité : ce serait celle d’ une élite véritable de chefs, défenseurs supérieurs qui dirigeraient l

1512 ’autorité : ce serait celle d’une élite véritable de chefs, défenseurs supérieurs qui dirigeraient les masses. Mesures à t

1513 ns aucun doute. Mais on ne peut prendre son parti de la guerre, pourtant « biologiquement fondée ». Car l’évolution cultur

1514 ment fondée ». Car l’évolution culturelle, à tant d’ égards contre nature, fait que certains hommes d’aujourd’hui éprouvent

1515 d’égards contre nature, fait que certains hommes d’ aujourd’hui éprouvent en présence de la guerre bien autre chose qu’une

1516 ain ? Freud confie son espoir lointain à l’action de ces deux éléments : le développement de la culture, et la crainte des

1517 l’action de ces deux éléments : le développement de la culture, et la crainte des effets d’une guerre totale. Einstein p

1518 loppement de la culture, et la crainte des effets d’ une guerre totale. Einstein propose une seule idée, d’une irréfutable

1519 guerre totale. Einstein propose une seule idée, d’ une irréfutable logique : celle d’un gouvernement mondial. J’y reviend

1520 une seule idée, d’une irréfutable logique : celle d’ un gouvernement mondial. J’y reviendrai. Pour le reste, son diagnostic

1521 Pour le reste, son diagnostic joue sur des images d’ Épinal. La « classe régnante » et les marchands de canons tiendraient

1522 d’Épinal. La « classe régnante » et les marchands de canons tiendraient la presse, l’école et les « organisations religieu

1523 raient ainsi les masses, les poussant à la haine, d’ où sortirait la guerre… Mais ce qui « règne » en Occident, il y a beau

1524 n publique qui les prépare, résultent aujourd’hui de l’État, des Partis, des Affaires, et parfois des Églises — et non pas

1525 des Affaires, et parfois des Églises — et non pas de leur complicité, mais plutôt de leurs dissensions. Quand bien même ce

1526 ises — et non pas de leur complicité, mais plutôt de leurs dissensions. Quand bien même ces puissances pousseraient toutes

1527 usseraient toutes dans le même sens à l’intérieur d’ une même nation, la résultante de leur action serait modifiée ou, dans

1528 ns à l’intérieur d’une même nation, la résultante de leur action serait modifiée ou, dans certains cas, annulée par la pre

1529 ar la pression contraire d’autres empires. L’idée d’ une classe régnante fauteuse de guerre est d’un autre âge, quoique pop

1530 es empires. L’idée d’une classe régnante fauteuse de guerre est d’un autre âge, quoique populaire. Et l’on peut s’étonner

1531 idée d’une classe régnante fauteuse de guerre est d’ un autre âge, quoique populaire. Et l’on peut s’étonner qu’Einstein l’

1532 gence critique, lui qui voyait pourtant et vivait de si près la montée d’Hitler au pouvoir, malgré l’opposition des partis

1533 ui voyait pourtant et vivait de si près la montée d’ Hitler au pouvoir, malgré l’opposition des partis, des nantis, des Égl

1534 des partis, des nantis, des Églises et des cadres de l’État, pour une fois tous hostiles à la guerre. Ce grand homme, plei

1535 tous hostiles à la guerre. Ce grand homme, plein de bon sens dans sa conversation, cédait facilement aux clichés quand il

1536 hés quand il s’exprimait en public. Dans son rôle de critique des clichés « pacifistes » Freud, au contraire, paraît plus

1537 l que jamais. En réduisant l’opposition classique de la Force et du Droit à celle de deux violences, il définit les condit

1538 osition classique de la Force et du Droit à celle de deux violences, il définit les conditions de toute politique réaliste

1539 elle de deux violences, il définit les conditions de toute politique réaliste. Quatre ans après l’échange de lettres qu’on

1540 te politique réaliste. Quatre ans après l’échange de lettres qu’on va lire, Hitler réoccupait la Rhénanie. À Paris, le pré

1541 e, la force du Droit ! » Traduite dans les termes de Freud, cette déclaration signifiait qu’à la violence d’un seul s’oppo

1542 ud, cette déclaration signifiait qu’à la violence d’ un seul s’opposerait la violence née de l’union de ses victimes. Mais,

1543 a violence d’un seul s’opposerait la violence née de l’union de ses victimes. Mais, comme en fait il n’y avait pas d’union

1544 d’un seul s’opposerait la violence née de l’union de ses victimes. Mais, comme en fait il n’y avait pas d’union, cela reve

1545 es victimes. Mais, comme en fait il n’y avait pas d’ union, cela revenait à opposer aux chars d’Hitler une forte page de rh

1546 it pas d’union, cela revenait à opposer aux chars d’ Hitler une forte page de rhétorique. Nous voici donc ramenés à la néce

1547 enait à opposer aux chars d’Hitler une forte page de rhétorique. Nous voici donc ramenés à la nécessité d’une autorité sup

1548 hétorique. Nous voici donc ramenés à la nécessité d’ une autorité supérieure à celle des nations « souveraines ». Einstein

1549 dictateurs, les « classes régnantes » au respect de la loi nouvelle ? Tandis que le physicien rêve d’une autorité d’ordre

1550 de la loi nouvelle ? Tandis que le physicien rêve d’ une autorité d’ordre moral, le psychologue paraît attendre davan­tage

1551 lle ? Tandis que le physicien rêve d’une autorité d’ ordre moral, le psychologue paraît attendre davan­tage de la terreur q

1552 moral, le psychologue paraît attendre davan­tage de la terreur qu’inspirent les armes physiques : « La guerre de demain,

1553 ur qu’inspirent les armes physiques : « La guerre de demain, écrit Freud, par suite du perfectionnement des engins de dest

1554 t Freud, par suite du perfectionnement des engins de destruction, équivaudrait à l’extermination de l’un des adversaires,

1555 ns de destruction, équivaudrait à l’extermination de l’un des adversaires, et peut-être même des deux. » D’où l’idée d’une

1556 un des adversaires, et peut-être même des deux. » D’ où l’idée d’une « paix éternelle » imposée par une arme assez puissant

1557 saires, et peut-être même des deux. » D’où l’idée d’ une « paix éternelle » imposée par une arme assez puissante pour que l

1558 éplore que le super-État qu’il rêve soit dépourvu d’ une force à sa mesure. Il la cherche en vain, ne voit rien… Et c’est à

1559 s qui aboutira treize ans plus tard à l’explosion d’ Hiroshima. Tragique et sublime ironie de ce dialogue de deux génies, d

1560 explosion d’Hiroshima. Tragique et sublime ironie de ce dialogue de deux génies, dont l’un voit bien l’avenir, mais ignore

1561 oshima. Tragique et sublime ironie de ce dialogue de deux génies, dont l’un voit bien l’avenir, mais ignore qu’il en parle

1562 avoir ! Rêvons là-dessus. Einstein n’a pas cessé de protester contre le péril atomique, ni d’afficher un pacifisme désarm

1563 s cessé de protester contre le péril atomique, ni d’ afficher un pacifisme désarmant. Pourtant, un soir de fièvre, il a sig

1564 fficher un pacifisme désarmant. Pourtant, un soir de fièvre, il a signé la lettre proposant à Roosevelt de fabriquer la bo

1565 ièvre, il a signé la lettre proposant à Roosevelt de fabriquer la bombe. Tout ne s’est-il point passé comme si le calcul p

1566 abitait en lui, déjouant les conclusions sincères de sa raison, l’avait inconsciemment conduit à doter l’homme d’un suprêm

1567 n, l’avait inconsciemment conduit à doter l’homme d’ un suprême instrument de guerre, qui rendrait la guerre impossible ? E

1568 t conduit à doter l’homme d’un suprême instrument de guerre, qui rendrait la guerre impossible ? En fait, la situation s’e

1569 des espaces intersidéraux ? l. Rougemont Denis de , « Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einst

1570 emont Denis de, « Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud », Réalités, Paris, avril

1571  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)n 1. Du pacte des communes à l’all

1572 rd’hui. En réalité il a fallu neuf mois, au terme d’ une crise de trente-trois ans, succédant à cinq siècles et demi d’alli

1573 éalité il a fallu neuf mois, au terme d’une crise de trente-trois ans, succédant à cinq siècles et demi d’alliances et de

1574 rente-trois ans, succédant à cinq siècles et demi d’ alliances et de guerres entre petits États souverains, et d’inexistenc

1575 , succédant à cinq siècles et demi d’alliances et de guerres entre petits États souverains, et d’inexistence d’un pouvoir

1576 s et de guerres entre petits États souverains, et d’ inexistence d’un pouvoir central. Et cela s’est produit entre le 17 fé

1577 s entre petits États souverains, et d’inexistence d’ un pouvoir central. Et cela s’est produit entre le 17 février et le 17

1578 us obligent à un rappel des origines. Les manuels d’ histoire suisse donnent la date du 1er août 1291 comme celle de la nai

1579 isse donnent la date du 1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là un étrange anachronisme.

1580 date du 1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a là un étrange anachronisme. Car ce qui se pr

1581 produisit ce jour-là, fut simplement la signature d’ un pacte entre les trois « communes » rurales d’Uri, de Schwyz et d’Un

1582 e d’un pacte entre les trois « communes » rurales d’ Uri, de Schwyz et d’Unterwald, maîtresses des débouchés nord du Gothar

1583 pacte entre les trois « communes » rurales d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald, maîtresses des débouchés nord du Gothard. Ce c

1584 es trois « communes » rurales d’Uri, de Schwyz et d’ Unterwald, maîtresses des débouchés nord du Gothard. Ce col était le s

1585 Gothard. Ce col était le seul à relier au travers d’ une seule chaîne des Alpes les moitiés nord et sud du Saint-Empire. D’

1586 es Alpes les moitiés nord et sud du Saint-Empire. D’ où son importance stratégique, commerciale et même culturelle. On n’in

1587 rôle décisif qu’il devait jouer dans la formation de la Suisse et dans la détermination de la mission singulière de ce pay

1588 a formation de la Suisse et dans la détermination de la mission singulière de ce pays. En effet, ce fut bien pour assurer

1589 et dans la détermination de la mission singulière de ce pays. En effet, ce fut bien pour assurer la garde du col au nom de

1590 té impériale ; et cela dès 1231, c’est-à-dire peu d’ années après l’ouverture du col. Au nombre des seigneurs entreprenants

1591 es seigneurs entreprenants qu’il fallait empêcher de dominer la route figuraient en bonne place les Habsbourg, possesseurs

1592 uraient en bonne place les Habsbourg, possesseurs d’ une série de châteaux au nord de la Suisse actuelle, et qui ne cessaie