1
la plus belle harmonie. Héraclite Reconnaître
nos
différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
2
penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui
nous
distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
3
ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui
nous
est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
4
ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de
nos
diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
5
it des temps, et noyant les problèmes concrets de
notre
siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
6
eut survivre à l’aube ! Si l’Orient et l’Occident
doivent
un jour converger au lieu de s’ignorer ou de se combattre, ils le dev
7
r au lieu de s’ignorer ou de se combattre, ils le
devront
bien moins à un « retour aux sources » qu’à un progrès conscient et t
8
véleront un jour complémentaires, d’une façon qui
nous
demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
9
encore indescriptible, mais dont le pressentiment
nous
accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
10
en Europe, où Platon l’idéalisa, tandis que César
devait
en retrouver des traces en Gaule. Cette identité primitive, peut-être
11
les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de
notre
histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
12
e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à
nos
jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
13
même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec
notre
âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
14
e, trahit l’absence des tensions dialectiques qui
devaient
provoquer la fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de div
15
ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du
nôtre
. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
16
ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de
notre
siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
17
s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans
nos
villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
18
Pour passer du sens géographique et historique de
nos
deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
19
de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi,
nous
ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une i
20
celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de
notre
vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawa
21
ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à
nos
jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
22
a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à
nos
deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
23
du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes.
Nous
aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
24
terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de
nos
deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
25
e la Perse au Japon bénéficie très largement dans
nos
esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
26
Japon bénéficie très largement dans nos esprits.
Nous
verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
27
son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si
nous
passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
28
la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «
Nous
cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
29
on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus
nous
connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
30
nnaissons les choses particulières, d’autant plus
nous
connaissons Dieu. » (Spinoza) Ainsi se croisent les doutes, et parfoi
31
européen, ni de plus véritablement communautaire.
Nous
avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
32
urifient par l’isolement, comme le veut la magie,
nous
prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
33
agie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je
dois
citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mie
34
ns une identité inexprimable, au sein de laquelle
nos
conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus
35
l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. »
Nous
y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
36
ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que
nous
inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
37
et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel
nous
devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
38
solu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous
devons
nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse,
39
épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons
nous
enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
40
Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui
nous
rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
41
appeler la richesse en contradictions apparentes.
Nos
mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
42
tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas
nos
mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
43
s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de
nos
croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
44
sur la négation de nos croyances communes, et de
nos
institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
45
itutions. Ils représentent le point d’Orient dans
notre
sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
46
sur le sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il
devait
d’un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux ; l’au
47
urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de
nos
deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
48
s occidentaux n’est pas moins significative, pour
notre
objet présent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux étab
49
t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de
notre
Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
50
, selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ?
Nous
ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
51
Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais
nous
le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
52
moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car
nous
le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
53
e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne
nous
innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
54
lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire,
notre
foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
55
sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi
nous
condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
56
ans contradiction ni remords. Elle est divine, et
nous
sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
57
ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier
notre
délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
58
ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données
nous
oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
59
partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous
nos
yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
60
us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à
nos
jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hambur
61
son sens strict, initiatique et religieux, qui ne
doit
pas être confondu avec « conservateur », « routinier », « réactionnai
62
mporte quelle direction pour sentir la réalité de
notre
unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
63
les Castillans sont vus comme des Européens : il
doit
y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pa
64
communauté de culture qui échappe si facilement à
nos
définitions, mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehor
65
de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que
nous
vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
66
ec le plus d’emphase sur la nature universelle de
nos
problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
67
, faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir
notre
vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
68
nt à cause des profondes différences qui séparent
nos
nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
69
alités nationalistes, mais on sacrifie en passant
notre
tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
70
e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On
nous
dit que les contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Con
71
ela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci
doivent
circonscrire exactement l’objet d’un éventuel enseignement ; s’ils n’
72
ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à
nos
intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
73
te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne
nous
est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-elle donc p
74
vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de
notre
temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
75
e Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que
devait
connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principa
76
ues se constituer, à partir du xviiie siècle. On
nous
rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
77
des Européens est tout de même plus ancienne que
notre
découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
78
es accidentelles et souvent fort récentes d’un de
nos
États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
79
ives ont cessé d’être nationales au xxe siècle ?
Notre
économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
80
’être nationales au xxe siècle ? Notre économie,
nos
techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
81
laient à l’épreuve les fameuses souverainetés que
nos
ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
82
n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-
nous
de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
83
e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons-
nous
aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
84
ée serait seule en mesure de sauver le concret de
nos
vies nationales, et n’en sacrifierait que l’illusoire, j’entends ce q
85
éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous
nos
peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
86
en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de
nos
nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
87
t de culture au sens large. Prendre conscience de
notre
appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
88
n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 7.
Nous
débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
89
conçues comme on vient de l’indiquer, le rapport
devrait
être analogue au rapport entre forme et contenu. Une politique d’unio
90
mmunauté. J’en conclus que la forme politique que
devrait
revêtir une union authentiquement européenne, ne saurait être que féd
91
éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet,
nos
diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans
92
os diversités constituent le ressort principal de
notre
créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
93
la seule et même exigence d’une union fédérale de
nos
peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvi
94
En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que
nous
lui avons fait parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a
95
it parvenir avant publication, Denis de Rougemont
nous
a envoyé la lettre suivante. » Dans le même numéro où paraissait l’ar
96
l’urgence de rappeler que l’Europe ne peut et ne
doit
pas être regardée comme une entité ni comme une fin, mais comme un mo
97
“œuvre” accablaient et exploitaient ceux qu’elle
devait
secourir. Je ne prônerai l’Europe ni contre la Vérité, ni contre la R
98
ngroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de
notre
société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1
99
e fut assez pour justifier le scepticisme amer de
nos
élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès d
100
au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne
nous
parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occi
101
pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui
nous
rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres
102
ette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que
notre
civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nou
103
mortelle comme les autres et prédit à la fin que
nous
allons vers la « parfaite et définitive fourmilière » ? On pourrait m
104
. À partir de 1919, les influences dominantes sur
nos
élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaar
105
gine que son heure est passée, que le Prolétariat
doit
la déposséder, comme elle avait elle-même dépossédé les nobles, qu’il
106
amer et quelque peu sadique. Ce succès n’est pas
dû
à la lecture de leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’intention
107
es salons, et c’étaient le Sexe et l’Argent. Tout
devait
avoir l’air de se passer dans le monde comme si ces choses n’existaie
108
ient puissamment modelé le xxe siècle et modifié
notre
approche du réel. Cependant les déterminismes qu’ils croyaient avoir
109
utôt leur influence qui allait les instaurer dans
nos
esprits, se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la consci
110
« mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour
nos
démissions personnelles. Le droit d’opposition redevient créateur. Et
111
ntelligentsia à confondre ce rêve d’angoisse avec
notre
avenir historique, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’une
112
iser le cours de cette fatalité et pour renverser
nos
destins ? Le traumatisme provoqué par la brève tragédie hongroise et
113
nées. Un certain déterminisme économique semblait
nous
conduire sans merci vers le triomphe du plan total, ordonnant toute l
114
n’empêche que l’URSS est l’avenir ! », répéteront
nos
maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre
115
tuante est sa prochaine étape. Un Pouvoir fédéral
devrait
en résulter, car tout l’appelle et sa nécessité est inscrite dans les
116
ans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de
nos
États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans le
117
commencera un purgatoire de mille ans. » Au fait,
nous
en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouve
118
hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que
nous
en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolution bien tr
119
chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de
notre
vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fataliste : «
120
s à le décider. Troisième illusion fataliste : «
Nous
allons vers le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vie
121
le règne des robots. » — Les machines envahissent
nos
vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos
122
es robots. » — Les machines envahissent nos vies,
nous
allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dic
123
s devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà
nos
corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu
124
laves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent
nos
gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux é
125
éjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de
nos
journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos
126
e un peu, et les cerveaux électroniques dicteront
nos
pensées par radio. Adieu Nature, flânerie, méditation sans but ! La m
127
tion sans but ! La monotonie mécanique va dominer
nos
existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’
128
lettre, et donc fautive. Les machines envahissent
nos
vies ? Si seulement ! Car elles sont très chères. Mais jamais une Tal
129
uriosité. Le règne des machines, à vous entendre,
nous
isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l
130
’on ne leur ait prescrit. Qu’ils travaillent pour
nous
, c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous
131
de la légende déchaînait une force inconnue. Mais
nos
savants font tout le contraire : ils domestiquent des énergies décelé
132
le. Tout retour en arrière étant exclu, le remède
devait
être cherché dans l’automatisme total, libérant l’ouvrier non seuleme
133
Le problème de la liberté. Le problème du sens de
nos
vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du d
134
é. Le problème du sens de nos vies… Je propose à
nos
philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du
135
le de rumination pessimiste, longtemps justifiée,
nous
le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers
136
ropose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de
nos
illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissemen
137
u Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de
nos
scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la soluti
138
nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de
nos
biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable sera
139
s l’accroissement de nos biens, ni la solution de
nos
maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J
140
x, car toute solution concevable serait la fin de
notre
liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’accroisse
141
du soir et quatre heures du matin, mais ce régime
doit
lui convenir puisqu’il annonce deux importants ouvrages : l’un qui ét
142
ns songer à l’auteur de ce Nicolas de Flue dont
nous
n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant d
143
n’avons pas encore eu la représentation scénique,
nous
satisfaisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra o
144
de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées.
Nous
l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
145
niveau du contact brutal entre leurs coutumes et
nos
armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont cria
146
outumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et
nos
machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
147
armes, leur sagesse quotidienne et nos machines.
Nos
péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
148
s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas
nos
grandeurs, car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
149
Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur
nos
valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
150
ormule la plus simple, je crois : la diffusion de
nos
valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est
151
nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de
nos
produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
152
les produits d’ordres divers qui ont caractérisé
notre
civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
153
ôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de
notre
civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
154
u d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer
nos
machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
155
Ici, l’on se contente d’importer nos machines et
nos
armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
156
ente d’importer nos machines et nos armements, là
nos
formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
157
e fraction de son intelligentsia décide d’adopter
nos
conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
158
us rarement, secrètement, parfois inconsciemment,
nos
valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
159
us voyants et les plus récemment mis au point par
notre
civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
160
ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de
nos
produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
161
le rythme d’expansion de nos produits et celui de
nos
valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
162
en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous
nous
envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
163
voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela
nous
amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
164
tout un monde de valeurs complètement étranger à
nos
croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
165
jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de
notre
gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
166
achine exportée est, en fait, un cheval de Troie.
Nous
avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
167
t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué
nos
guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
168
Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré
nos
fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
169
nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais
nous
ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
170
de l’invention et de la compréhension de la vie.
Nos
machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
171
et de la compréhension de la vie. Nos machines et
nos
raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
172
ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements,
nos
formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
173
liquer et les faire vivre. Les trois aspects de
notre
message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
174
à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui
nous
demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
175
agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer
nos
valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
176
t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils
nous
obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
177
ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à
nous
interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
178
igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans
nos
façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
179
sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et
nos
conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
180
ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que
nous
croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
181
réviser sous leur regard méfiant les illusions de
notre
« universalisme » ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord l
182
rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans
nos
chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
183
ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que
nos
produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
184
les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que
nos
principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais principa
185
ficiellement invoqués, mais principalement contre
nous
, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
186
contre nous, et dans la mesure où ils condamnent
notre
présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
187
sure où ils condamnent notre présence ; enfin que
nos
valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
188
produits et ces principes procèdent en réalité de
nos
valeurs, et ne trouvent que par elles, dans le champ magnétique qu’el
189
s, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant à
nos
principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
190
, plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de
nos
institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
191
ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie
nous
en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
192
et radicales se conçoivent : ou bien garder pour
nous
ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
193
bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer
nos
valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
194
es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que
nos
créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
195
ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il
nous
reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
196
nture occidentale de l’homme , a été analysé dans
notre
n° 3. M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genèv
197
l’économie, incroyablement négligée par l’École,
doit
devenir partie intégrante de la culture d’un honnête homme au xxe si
198
pprimées en Europe ? Telle était la règle du jeu.
Nous
ne demandions pas comment faire pour obtenir l’union économique, mais
199
on économique, mais supposant le problème résolu,
nous
désirions savoir, comme l’électeur moyen, ce qui se passerait alors,
200
isemblance. Que la répugnance professionnelle de
nos
séminaristes à « jouer » ainsi — répugnance sensible dans celles des
201
vec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à
notre
question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’i
202
nt essayé néanmoins de répondre à notre question.
Nous
nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de
203
sayé néanmoins de répondre à notre question. Nous
nous
étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de rédui
204
de l’union, sans avoir toujours calculé son prix.
Nos
économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leur
205
elle, et la mise au point réciproque. Que pouvons-
nous
attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après
206
proque. Que pouvons-nous attendre de ces études ?
Nous
nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique q
207
e. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous
nous
sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique qui le
208
éenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui
nous
permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquell
209
e, sur laquelle il devient possible de construire
notre
union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sait qu’elle « unifo
210
ne cautionne plus19. Le seul problème sérieux qui
doit
nous occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe po
211
utionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit
nous
occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe pour le
212
onné qu’il faut unir l’Europe pour les motifs que
nous
indique clairement la conjoncture mondiale du xxe siècle, la culture
213
paradoxe apparent définit assez bien le rôle que
doit
aujourd’hui s’assigner toute institution culturelle soucieuse des des
214
ns de l’Europe. D’une part, une telle institution
devra
montrer que l’Europe est d’abord une culture, qu’elle doit à sa cultu
215
rer que l’Europe est d’abord une culture, qu’elle
doit
à sa culture d’avoir dominé le monde, qui retourne aujourd’hui contre
216
, non l’inverse. D’autre part, cette institution
devra
s’efforcer de réduire les résistances invétérées à notre union, les «
217
’efforcer de réduire les résistances invétérées à
notre
union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une ma
218
re union, les « blocs psychologiques » créés dans
nos
esprits par une mauvaise éducation scolaire depuis un siècle, ou résu
219
un siècle, ou résultant de maladies chroniques de
notre
culture millénaire. On ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce
220
nde et manifeste l’unité qui est la vraie base de
notre
union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisions mo
221
nd de voir…) Et certes il fallait dire : unissons-
nous
! Certes, il fallait ratifier des traités. Mais voilà qui est fait dé
222
e « cultures nationales » et de « l’éternité » de
nos
États-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° I
223
e la culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950.
Nous
y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à
224
plusieurs centaines de titres, parus dans toutes
nos
langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense
225
milliers en Amérique du Nord. Il serait temps que
nos
États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir
226
ités primordiales, à savoir : 1° que l’Europe n’a
dû
sa puissance qu’aux inventions, procédés et systèmes de tous ordres d
227
ralliant les forces vives de la culture dans tous
nos
peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments d
228
, et l’initiative de la création du CERN, bornons-
nous
à décrire les trois principaux champs d’activité entre lesquels se ré
229
ce aux formes de pensée et de vie qui définissent
notre
culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autr
230
pensée et de vie qui définissent notre culture et
notre
civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autre part, exposer l
231
temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de
nos
pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui s
232
ucateurs où se trouvent représentés la plupart de
nos
pays (y compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin,
233
ources de la vitalité et des tensions fécondes de
notre
culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
234
ces — mais celles-là seules ! — qui semblent bien
devoir
bénéficier d’une intégration plus poussée. À l’heure où les instituti
235
services et leurs assemblées, un effort parallèle
doit
être entrepris dans le domaine de la culture. Coordonner les autonomi
236
e de la culture. Coordonner les autonomies, telle
doit
être à mes yeux la devise, spécifiquement fédéraliste, de cet effort.
237
immenses qui naissent du contact inévitable entre
notre
civilisation libérale et technique d’une part, et les civilisations d
238
d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de
nos
États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à lui
239
se fait jour. Le besoin d’une coordination entre
nos
forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
240
commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde
nous
appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
241
ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et
nous
poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
242
ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir
nos
élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
243
rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour,
nos
différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
244
e précisément la communauté de traditions de tous
nos
peuples. Le Rhin serait une frontière naturelle, mais le Danube et le
245
formes d’expression que la guerre ? Ici, Freud va
nous
étonner. D’une part, il fait appel (« sans rougir », mais vaguement)
246
aris, le président du Conseil criait au monde : «
Nous
opposerons au droit de la Force, la force du Droit ! » Traduite dans
247
aux chars d’Hitler une forte page de rhétorique.
Nous
voici donc ramenés à la nécessité d’une autorité supérieure à celle d
248
le pouvoir central soit obéi… Or, prenez garde :
nous
sommes en 1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dé
249
r le second élément fédérateur qu’indiquait Freud
nous
fait encore défaut : comment imaginer ce sentiment commun — idéal ou
250
tive — qui provoquerait l’union du genre humain ?
Devrons
-nous aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loi
251
ui provoquerait l’union du genre humain ? Devrons-
nous
aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loin, da
252
. Ce raccourci demande quelques explications, qui
nous
obligent à un rappel des origines. Les manuels d’histoire suisse donn
253
’insistera jamais assez sur le rôle décisif qu’il
devait
jouer dans la formation de la Suisse et dans la détermination de la m
254
leurs personnes et en leurs biens ». Et ce pacte
devait
« s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à
255
durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à
nos
jours. Mais ses auteurs étaient bien loin de se douter qu’ils fondaie
256
es pactes en vigueur dans les communes lombardes,
devait
s’élargir et se compliquer au cours des siècles par l’adhésion ou la
257
ticulières et un sens remarquable de la foi jurée
devaient
rester, pendant toute cette période, le seul gage d’unité (relative)
258
15-1848) La crise ouverte par le Pacte de 1815
devait
se prolonger, sans progrès appréciable, pendant trente-trois ans. Ell
259
’égard des autres. Presque toutes les erreurs que
nous
avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sou
260
toutes les erreurs que nous avons vu commettre de
nos
jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nou
261
ont eu leurs précédents sous la Restauration22. »
Nous
verrons également que cette époque a connu toutes les raisons que l’o
262
e put survivre à de telles conditions, elle ne le
dut
qu’à l’initiative privée et à la haute qualité de sa main-d’œuvre, hé
263
ner. Cette agitation et ces déséquilibres sociaux
devaient
nourrir le mouvement de « Régénération » qui se prononça dès 1830. In
264
nta après quelques mois comportait un commentaire
dû
à la plume du délégué de Genève, Pellegrino Rossi24. Il vaut la peine
265
rains et non de députés des peuples : « Lequel de
nous
n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales
266
non de députés des peuples : « Lequel de nous n’a
dû
souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales ? Ces
267
cteurs se trouvent dans une situation fausse. Ils
doivent
, pour ainsi dire, servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de
268
es masses : « Oui, l’idée d’une commune patrie ne
nous
est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps m
269
timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout
nous
le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
270
ouveau Pacte, dans une confédération plus solide,
doit
se trouver le remède aux maux qui affligent la patrie. » Ce « nouveau
271
utifs, judiciaires, administratifs et militaires,
devait
être transformée en un État moderne de forme fédérative. L’éloquence
272
ique, des mœurs, des antécédents, une langue, qui
nous
distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses
273
s, une langue, qui nous distingue des confédérés,
nous
ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrific
274
s, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui
nous
engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député quali
275
dre de choses qui nous engagerait au sacrifice de
notre
nationalité. » Un autre député qualifiait de « chimère » l’idée d’une
276
résentants des cantons. La ratification populaire
devait
avoir lieu avant le 1er septembre. Dans la plupart des cantons, le Pa
277
mier Conseil fédéral, inaugurant un régime qui ne
devait
plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, so
278
qui ne devait plus être remis en question jusqu’à
nos
jours. L’essor économique, social et culturel de la nouvelle Suisse u
279
iences souvent amères, confirma les droits et les
devoirs
lentement élaborés par les divers régimes des républiques locales, et
280
action tardive, une exception, dont les destinées
devaient
être exceptionnellement heureuses. « La Confédération suisse est le s
281
locales et d’établir un lien fédéral efficace. De
nos
jours encore, ceux qui s’intitulent « fédéralistes », en Suisse, sont
282
ont les partisans d’une union institutionnelle de
nos
pays. Cette contradiction apparente et purement verbale s’explique pa
283
ique de l’union dans la diversité. Le fédéralisme
doit
donc souligner le thème de l’union quand les diversités tendent à dev
284
ont cantonales et locales, jusqu’au xixe siècle.
Nous
ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 2
285
est l’accroissement du risque humain ; secret de
notre
ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de no
286
risque humain ; secret de notre ordre et aussi de
notre
désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, insépara
287
notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de
notre
foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un h
288
notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de
notre
inquiétude, inséparable de la condition d’un homme localement détermi
289
mentales, et que chacun peut vérifier sans peine,
nous
font voir que l’Europe se définit d’abord par sa fonction mondiale et
290
le monde : il n’en connaissait qu’un canton. Mais
nous
ne sommes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constato
291
mes pas victimes d’une illusion semblable lorsque
nous
constatons que tous les peuples d’une planète entièrement inventoriée
292
nète entièrement inventoriée adoptent aujourd’hui
nos
sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes pol
293
inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et
nos
techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus
294
ptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques,
nos
arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas
295
d’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et
notre
hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos vale
296
ces et nos techniques, nos arts et notre hygiène,
nos
formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos déli
297
s formes politiques, et plus souvent, hélas ! que
nos
valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tr
298
tiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs,
nos
délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tragique exempl
299
tous les peuples de Bandung. Désormais délivré de
notre
impérialisme qui avait su respecter les mandarins, le quart chinois d
300
e quart chinois de l’humanité se met à l’école de
nos
techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réci
301
l’humanité se met à l’école de nos techniques, de
notre
hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore o
302
l’école de nos techniques, de notre hygiène et de
notre
alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore observé, ni même pres
303
ational. L’Europe n’est rien sans le monde : elle
doit
être mondiale, par une nécessité vitale. 4. C’est l’Europe qui représ
304
œur du monde, et jamais plus qu’au siècle où, par
nos
œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont
305
et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et
nos
techniques, toutes les autres parties de la Terre sont mises en commu
306
culation planétaire. Qui peut en dire autant dans
notre
siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’en ont le
307
ins… Sauf si ces Asiatiques ont été les sujets de
nos
États colonialistes : ils exceptent aussitôt cet État de la communaut
308
devant un congrès d’étudiants internationaux : «
Nous
détestons pour telle raison précise les Anglais, les Français, les Po
309
is, les Français, les Portugais, mais en revanche
nous
aimons d’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne
310
’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de
nos
pays ne peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’Europe tout
311
erselles que dans la mesure où elles résultent de
nos
variétés infinies et de leur équilibre en tension. L’impossible sol
312
és internes de l’union. S’il est vrai qu’aucun de
nos
pays ne peut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe de
313
circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger,
notre
Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
314
r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de
nos
pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
315
ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
nos
pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
316
e règne encore sur l’affectivité de la plupart de
nos
hommes d’État, victimes généralement vertueuses d’un vocabulaire péri
317
isme de cadets, explique seul que la politique de
nos
États se veuille encore absurdement « indépendante », en dépit des pl
318
cause d’histoires très récentes. Ainsi tout sert
nos
souverainetés, tout leur est bon pour croire qu’elles existent encore
319
rainetés nationales, irréductibles mais fictives.
Nous
voyons converger vers l’union de l’Europe les nécessités individuelle
320
e l’Europe les nécessités individuelles de toutes
nos
nations, sans exception, et les nécessités collectives de la conjonct
321
el régime n’aille pas sans grands risques, toutes
nos
guerres le démontrent à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne
322
nt à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne
doit
pas entraîner la suppression des installations électriques, productri
323
rnation, d’autarcie, ou d’hégémonie continentale.
Nos
États se définissent depuis des siècles par les frontières de leur do
324
non d’une nation reculant un peu ses bornes, que
doit
être considérée l’union partielle des six pays qui ont initié le Marc
325
e unie, et cela depuis le congrès de La Haye dont
nos
journaux parlèrent à peine (Staline avait autorisé, pour ce jour-là p
326
l au monde. Quelles sont les chances actuelles de
notre
union, en d’autres termes, les chances de l’Europe ? Celles de la civ
327
anétaire (et sans rivaux sérieux, j’y reviendrai)
nous
oblige à revoir certaines catégories devenues traditionnelles — depui
328
aditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de
notre
philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au xviiie , ju
329
on au xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans
notre
siècle, en passant par les philosophes du romantisme qui n’avaient pa
330
abitude de pensée pessimiste s’est installée dans
nos
esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations
331
e s’est installée dans nos esprits. Non seulement
nous
avons appris que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous c
332
que toutes les civilisations sont mortelles, mais
nous
croyons savoir pourquoi : toute grandeur serait suivie nécessairement
333
ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la
nôtre
, sont-elles mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été préservées e
334
le Laboratoire européens, pour être diffusées de
nos
jours sur toute la terre ? Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales
335
tération, ou simplement la reprise des charges de
notre
civilisation ? Les USA ? Ils s’européanisent en profondeur, plus rapi
336
? L’Afrique ? Elles paraissent moins critiques à
notre
égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innov
337
moins critiques à notre égard, et plus promptes à
nous
imiter, le pire inclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre no
338
nclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre
nous
, chrétiens ou athées pour qui le doute est une forme essentielle du c
339
ion à des sages des cinq continents ; si l’Europe
devait
disparaître, emportée par un cataclysme ou défaite, nation par nation
340
présumant que plus d’un l’approuvera : en perdant
notre
Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et recettes d’un
341
main ; et ce ne sont pas seulement les secrets de
notre
ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de not
342
ulement les secrets de notre ordre, mais aussi de
notre
désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre
343
i de notre désordre ; pas seulement les vertus de
notre
foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un
344
seulement les vertus de notre foi, mais aussi de
notre
inquiétude, inséparable de la condition d’un homme fini et localement
345
ropéen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent
nous
parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais
346
sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de
notre
éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais d’abord examine
347
919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre :
Nous
autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
348
ette phrase célèbre : Nous autres civilisations,
nous
savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam
349
autres civilisations, nous savons maintenant que
nous
sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient
350
ces mondes avait aussi peu de signification pour
nous
que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient
351
e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et
nous
voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
352
de l’histoire est assez grand pour tout le monde.
Nous
sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circo
353
que toutes les civilisations étant mortelles, la
nôtre
aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’e
354
mon avis, l’une des erreurs les plus célèbres de
notre
temps. Mais comment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre en pro
355
son succès ? Au seuil de l’œuvre en prose d’un de
nos
grands poètes, cette phrase résume et condense en quelques mots une a
356
ations, on en venait à penser que chacune d’elles
devait
fatalement décliner et mourir après une période d’apogée, — la nôtre
357
cliner et mourir après une période d’apogée, — la
nôtre
aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est conv
358
inexorablement que toute culture est mortelle, et
nous
rejoignons la phrase de Valéry. Enfin Toynbee, dans un effort admirab
359
crasante érudition, ont d’autant moins de peine à
nous
convaincre que d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, not
360
’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions,
notre
angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que d’a
361
essé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de
nos
jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de
362
puis cent ans les motifs de craindre le pire pour
notre
civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent confirmées par
363
proclament déjà leur volonté de retourner contre
nous
nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce
364
lament déjà leur volonté de retourner contre nous
nos
propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce pas
365
parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de
notre
civilisation ? Avant de répondre à ces questions, formulons tout de s
366
es précédents historiques soient applicables dans
notre
situation, ni que la courbe de croissance, grandeur et décadence soit
367
’Empire au moins. Cet exemple est-il valable pour
nous
? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
368
t pas sûr du tout. Il se pourrait, en effet, que
notre
civilisation présente certains caractères nouveaux et originaux, qui
369
Avant de rien pouvoir décider sur ce point, force
nous
sera donc de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civ
370
de rechercher d’abord quelle est l’originalité de
notre
civilisation par rapport à toutes les autres, et quel seuil mondial e
371
nes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause
372
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
373
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cett
374
ins violents que ceux que nous vivons. L’unité de
notre
culture et de la civilisation créée par cette culture, n’a jamais été
375
souci de décrire les idéaux les plus efficaces de
notre
culture, ceux qui, à mon sens, la distinguent le mieux d’autres cultu
376
, d’autres vertus. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
377
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
378
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
379
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
380
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
381
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
382
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
383
absolu de vérité. D’autre part, le sens critique
devrait
nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
384
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvon
385
origines, en perpétuelle session contradictoire.
Nous
pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
386
ues l’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
387
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
388
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
389
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine da
390
personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui
doit
répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
391
s cris et non sans haine une aide qui ne leur est
due
qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
392
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
393
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
394
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
395
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
396
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
397
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, soit pour mo
398
ient, soit pour en prendre mieux conscience, dans
notre
cas. Le troisième caractère original de la culture européenne, c’est
399
a seule mesure où ces actes sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
400
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
401
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
402
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
403
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
404
ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
nous
distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
405
t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de
nos
créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
406
En effet, du sens de la vérité objective dérivent
nos
sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité
407
té objective dérivent nos sciences, et par suite,
nos
techniques ; du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de
408
nnelle, lié au sens de la liberté dérivent toutes
nos
institutions : et enfin, de la combinaison des trois vertus résulte n
409
enfin, de la combinaison des trois vertus résulte
notre
dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis ma
410
vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si
nous
avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre
411
nous avons tout d’abord découvert puis marqué de
notre
empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa s
412
puis marqué de notre empreinte la Terre entière,
nous
qui n’occupons guère que 5 % de sa surface solide, c’est bien à la co
413
sa surface solide, c’est bien à la complexité de
nos
origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensi
414
e, c’est bien à la complexité de nos origines que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
415
bien à la complexité de nos origines que nous le
devons
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
416
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui
devaient
nécessairement en résulter et qui nous condamnaient à la recherche, à
417
ns qui devaient nécessairement en résulter et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, au dépassement perpétuel,
418
ation aventureuse, et toujours à l’exportation de
nos
produits, donc au total, à l’expansion. Que ce mouvement ait été bapt
419
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce laboratoire du monde, a poussé les sciences et les
420
prodigieuses de siècles et de continents que sont
nos
musées et bibliothèques, ils ont élaboré les préalables d’une science
421
par la culture européenne ne va pas se réaliser à
nos
dépens. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au h
422
et fécondes. Le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de n
423
Le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de
424
reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines,
nos
remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matér
425
idité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et
nos
poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un m
426
rines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de
nos
secrets de puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos prod
427
puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit
nos
produits. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, éthiques et
428
maintenir en composition. Le monde choisit tel de
nos
produits les plus douteux — le nationalisme, par exemple — et le reto
429
nationalisme, par exemple — et le retourne contre
nous
. Le monde entier s’européanise dans ses apparences : usines, machines
430
Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
431
éprise, ou ignore simplement notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
432
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
433
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
notre
éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
434
mais refuse notre éthique du travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
435
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de
436
mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
437
aussi aux dépens de leur propre équilibre humain.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
438
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
439
ngoissants et les chances admirables. La crise de
notre
civilisation, provoquée par son expansion même — mais incomplète — da
440
omme l’ont prédit depuis un siècle la majorité de
nos
plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux tous que je ne le cro
441
isations avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la
nôtre
. Elles se trompaient, tout simplement, mais cette erreur ne saurait p
442
pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion.
Nous
les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons p
443
re d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle,
nous
savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les cont
444
es Européens du xxe siècle, nous savons bien que
nous
ne dominons plus politiquement sur tous les continents, comme avant 1
445
t sur tous les continents, comme avant 1914, mais
nous
savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique im
446
es villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent
nos
villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs pl
447
journaux, et même leurs embarras de circulation.
Nous
savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et
448
Nous savons bien que tous les pays neufs imitent
nos
parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et n
449
parlements, partis et syndicats, et même parfois
nos
dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sen
450
et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et
nous
savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sens unique et n’est pl
451
phénomène sans précédent dans toute l’histoire ?
Nous
avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sou
452
aire, du moins séduire tous les peuples du monde.
Nous
avons aussi vu qu’elle exporte ses produits sans les valeurs qui cont
453
mplètement humains. Ces très hautes civilisations
devaient
donc nécessairement demeurer régionales, et décliner dans les limites
454
êtes tous un en Jésus-Christ »), cette conception
devait
(seule) permettre à ceux qu’elle formerait intimement, de considérer
455
ultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry
nous
disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et
456
eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations
nous
apparaît donc très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous
457
très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans
nous
laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ains
458
t : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de
nous
celle des Hittites, plus près encore celles des Mayas et des Aztèques
459
ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la
nôtre
, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été pré
460
le Laboratoire européens, pour être diffusées de
nos
jours sur toute la Terre ? II s’en faut de beaucoup que leurs rivales
461
nat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on
doit
le constater. Un sociologue français, Roger Caillois, écrivait non sa
462
ger comme suit le passage que je vous ai cité : «
Nous
autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne
463
ue je vous ai cité : « Nous autres civilisations,
nous
avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement
464
lisations, nous avons depuis peu la certitude que
nous
ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le t
465
de que nous ne mourrons jamais entièrement et que
nos
cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaien
466
e mystiques voient leurs livres sacrés publiés de
nos
jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnog
467
inventaire mondial qu’initièrent à la Renaissance
nos
Découvreurs de l’espace terrestre et du temps de l’humanité. Ceci m’a
468
ème raison d’avoir confiance dans la longévité de
notre
civilisation : on ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une
469
à la relève d’une civilisation devenue mondiale.
Nous
connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont préc
470
ssons les circonstances de la chute de celles qui
nous
ont précédés : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la de
471
itération ou simplement la reprise des charges de
notre
civilisation, avec quelques chances de succès ? Il y a pourtant les É
472
sont nés de la substance même de l’Europe, et de
nos
jours ils s’européanisent à nouveau, plus profondément que l’Europe n
473
, en attendant le péril noir. Je n’y crois guère.
Notre
éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
474
Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que
notre
aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du m
475
otre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur
nos
propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un
476
que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
notre
vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un seul péril sérieux : le p
477
vitalité créatrice, c’est en Europe, que ce péril
doit
être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qu
478
urope, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui
nous
menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce
479
qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui
nous
mine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’e
480
ine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer
nous
opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation univ
481
s peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que
nous
opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le n
482
opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à
notre
vocation universaliste : je nommerai le nationalisme et la superstiti
483
n matérialiste. Il en va du nationalisme comme de
notre
rhume de cerveau, qui devient mortel, dit-on, chez certains indigènes
484
l’Europe depuis près d’un siècle et demi, et que
nous
refusons de prendre au tragique, cette passion, quand elle atteint l’
485
e, ou le monde arabe, ou l’Afrique, dresse contre
nous
au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. F
486
arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de
nos
principes des revendications haineuses et délirantes. Forme collectiv
487
pêchant au-dedans cette union fédérale qui ferait
notre
force pacifique, décuplant au-dehors la force belliqueuse de ceux don
488
-dehors la force belliqueuse de ceux dont il fait
nos
ennemis. Quant au second virus secrété par l’Europe, et que je nommer
489
e je nommerai le matérialisme plat, il prend chez
nous
les formes les plus diverses. Il va du culte du confort chez l’ouvrie
490
uelles, à tout ce qui donne un sens, une saveur à
nos
vies. Ce matérialisme plat ne serait guère plus dangereux que la bêti
491
ôt fait de se mettre en grève, de débrayer, et de
nous
livrer sans défense aux fanatiques du statu quo, par où j’entends les
492
n va pas de même sur d’autres continents. Quant à
nous
: nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, e
493
s de même sur d’autres continents. Quant à nous :
nos
sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous
494
sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages
nous
avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons va
495
nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu,
nous
l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de milli
496
ent avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et
nous
l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de millions de morts, il est
497
ts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez
nous
, mais chez les autres qu’il triomphe. Permettez-moi de vous citer à c
498
erminée par un roulement de tambour, voilà ce qui
doit
logiquement se produire. Or ce n’est pas chez nous, en Europe, mais
499
it logiquement se produire. Or ce n’est pas chez
nous
, en Europe, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce
500
en Europe de tels excès. Certes elle est née chez
nous
, et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les péri
501
rtes elle est née chez nous, et c’était bien chez
nous
que Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas
502
ue Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais
nous
n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienn
503
nti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé,
nous
l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, en un mot, l’organisme eur
504
un mot, l’organisme européen a réagi avec succès.
Notre
tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettr
505
mettront au genre humain de résister à son tour à
nos
poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette
506
te forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que
notre
vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’i
507
vocation est désormais de présenter au monde qui
nous
imite, mais d’illustrer d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement
508
d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement par
nos
discours — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civi
509
— deux méthodes essentielles à la santé future de
notre
civilisation : — la première est le fédéralisme, art et science de l’
510
ort, et la technique tourne en routine, et toutes
nos
libertés morales et civiques s’enlisent dans l’euphorie d’un confort
511
es, cette union fédérale est la condition même de
notre
action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu
512
e notre action dans le monde et pour le monde. Il
nous
faut l’Europe parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’Europe
513
ssi les non-chrétiens, qui sont les deux tiers de
notre
humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où la religion ch
514
tiellement universelle. Il se peut que l’union de
nos
Églises les renforce, devant le défi que porte à toute religion — aut
515
auver son âme. Si tout homme qui se veut chrétien
doit
vouloir l’union des Églises, c’est pour des motifs spirituels command
516
l’organisation et les tentations de la puissance
devaient
faire prévaloir dans l’Église mère, puis dans les Églises séparées, l
517
ités spirituelles. Tant et si bien qu’au point où
nous
en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’
518
Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il
nous
faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’oppose à la grande
519
s dimanches, le même Évangile annoncé, et le même
Notre
Père prié ; que les grands moments de la liturgie, les formules de la
520
e a peu de prise. Un seul exemple. On qualifie de
nos
jours de « catholicisants » les protestants qui veulent la fréquente
521
me aujourd’hui celui-là. Qui est celui du sens de
nos
vies. q. Rougemont Denis de, « Un péché mortel : la désunion des
522
est l’un des plus grands essayistes chrétiens de
notre
temps. Calviniste de la Suisse romande, il représente, au sein du pro
523
e, proclamée contre l’Occident colonialiste. Dans
notre
Europe, qui l’inventa, le phénomène est plus complexe. À la fois atti
524
e, — ce serait refaire l’histoire du plus long de
nos
siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution du seul concept, au moy
525
jacobins à Hegel Au principe du nationalisme,
nous
trouvons le raisonnement suivant, toujours lié à une période de crise
526
période de crise guerrière ou révolutionnaire : —
Notre
peuple se distingue entre tous par une mission historique d’une porté
527
t ceux de la paix universelle ; pour leur imposer
notre
bien, toute guerre est sainte, et de plus elle est préventive, car il
528
ux, les rétrogrades et les impurs, le trésor dont
nous
avons la garde ; or la guerre a ses exigences : discipline absolue de
529
me ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que
notre
allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il
530
l existe, ne peut être que notre allié, garant de
notre
justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’y a donc plus d’insta
531
ation française, parce que c’est de la France que
doit
partir la liberté et le bonheur du monde. Il faut donc protéger par
532
talement « nivelé » par les lois de la Liberté :
Nous
ne sommes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche p
533
mmes pas libres, si un seul obstacle moral arrête
notre
marche physique sur un seul point du globe. Les droits de l’homme s’é
534
neté solidaire, indivisible du genre humain ; car
nous
voulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons p
535
ulons la liberté plénière, intacte, irrésistible,
nous
ne voulons pas d’autre maître que l’expression de la volonté générale
536
in d’examiner l’humanité sous tous les rapports :
nous
ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le
537
veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel
nous
trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui
538
èce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons
nos
devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont p
539
d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos
devoirs
, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commi
540
ns lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel
nous
stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveu
541
sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne
nous
ont pas commis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouv
542
mmis, et non en faveur de ceux au profit desquels
nous
pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aime particulièrement to
543
élire d’unité universelle nivelée et centralisée,
devait
conduire la Révolution, par une nécessité concrète, à la négation mêm
544
n la théorie la plus absolue de la nation fermée (
nous
dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’un
545
due, par le hasard. … Les citoyens d’un même État
doivent
tous trafiquer entre eux. L’Europe chrétienne formant un tout, le com
546
mant un tout, le commerce des Européens entre eux
devait
être libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des
547
ent le commerce de toutes les parties entre elles
doit
rester libre, comme il l’était à l’origine. Si elle est au contraire
548
n plusieurs États sous divers gouvernements, elle
doit
être divisée de même en plusieurs États commerciaux complètement ferm
549
de l’état d’anarchie commerciale et politique où
nous
vivons. Si l’on veut supprimer la guerre, il faut en supprimer la ca
550
st la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous
nos
yeux. C’est la fin du processus exactement inverse de celui du Marché
551
ermettant d’atteindre bientôt sûrement ce but. Il
doit
y marcher avec méthode, et ne laisser passer aucun moment sans retire
552
poursuivie. Tous les ans l’importation étrangère
doit
diminuer. D’une année à l’autre le public a moins besoin de ces march
553
lacées par des succédanés dans le pays, puisqu’il
doit
s’en déshabituer entièrement, entraîné d’ailleurs activement à cela p
554
stante hausse des prix. … L’exportation également
doit
diminuer : car suivant le plan, le gouvernement diminue le nombre des
555
e voyager hors de l’État commercial fermé : il ne
doit
pas être permis plus longtemps à une vaine curiosité et à la recherch
556
de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement
devrait
même les encourager et faire voyager aux frais de l’État savants et a
557
est véritablement la création. Le seul lien qui
devra
subsister entre les peuples sera celui de la Science : … Grâce à ell
558
les hommes s’uniront de manière durable et ils le
doivent
, quand pour tout le reste, leur division en peuples divers sera achev
559
avouer que celle de Fichte, pour absurde qu’elle
nous
paraisse, se trouve avoir le mieux correspondu aux réalités historiqu
560
sion colonialiste dans l’anarchie, responsable de
nos
divisions, puis à l’étape nécessaire de fermeture totale des monades
561
e par la Science et libérée de tout impérialisme…
Nous
n’en sommes peut-être pas loin dans cette seconde moitié du xxe sièc
562
qu’il présentera toujours comme une « défense de
nos
foyers »30, il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la pr
563
précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire.
Nous
assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
564
ies uniformément pessimistes, quant à l’avenir de
notre
civilisation. Voici des textes jalonnant cette double évolution des i
565
ées et des faits, en divergence vertigineuse, qui
devait
nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herde
566
des faits, en divergence vertigineuse, qui devait
nous
mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et
567
rique : Tous les peuples de l’Europe et du monde
devront
traverser cette agonie, pour que la vie surgisse de la mort et pour q
568
combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur
nous
, Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent
569
té, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais-
nous
! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
570
s que d’autres n’osent même pas verser des larmes
Nous
les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
571
sent même pas verser des larmes Nous les Magyars,
nous
versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
572
verser des larmes Nous les Magyars, nous versons
notre
sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
573
ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
nous
descendre ? Adam Mickiewicz, dans son Livre des Pèlerins polonais r
574
ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident »)
devait
jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sous la haute direction
575
national fortement constitué et qui ne veut rien
devoir
à personne ? À la différence de l’Espagne, qui se replie sur son pass
576
chelet, lui aussi, exalte « l’intime harmonie qui
doit
unir toutes les parties constituantes de l’Europe », parmi lesquelles
577
me épurée d’une mission européenne de son peuple.
Nous
connaissons maintenant le processus, illustré par toutes les grandes
578
concert une note allemande, et Constantin Frantz
nous
la donne : Il va de soi qu’une telle fédération ne saurait être inst
579
est venue la division de l’Église, il est donc du
devoir
de ce pays, plus que de tout autre, de recréer la communauté des nati
580
qui serait restée le privilège des Russes et que
nos
pays de l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve emprunt
581
ssie. La plus haute parmi les hautes missions que
nous
autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de gro
582
es hautes missions que nous autres Russes sentons
devoir
assumer un jour, c’est la mission de grouper l’humanité en un seul fa
583
est pas seulement la Russie et le panslavisme que
nous
servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que no
584
humanité entière… Les Européens ne savent pas que
nous
sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des bataille
585
ne savent pas que nous sommes invincibles, que si
nous
pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins
586
e si nous pouvons fort bien perdre des batailles,
nous
n’en resterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit
587
sterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de
notre
esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il
588
s, grâce à l’unité de notre esprit national et de
notre
conscience nationale. Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheur
589
rsécutés, quand bien même ce serait aux dépens de
nos
intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritabl
590
ême ce serait aux dépens de nos intérêts actuels.
Nous
n’en croirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie,
591
ire le fait que les souverainetés nationales vont
nous
dominer, ceux-là ne savent pas pour qui sonne le glas. Car ces effort
592
une nation ? » il écrit : Une nation, c’est pour
nous
une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dans le passé
593
et de vouloir en faire encore dans l’avenir. … De
nos
jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la n
594
es prendre à la gorge en leur disant : « Tu es de
notre
sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race
595
gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu
nous
appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le d
596
s de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que
nous
venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue in
597
venue des « terribles simplificateurs » dominant
nos
nations domestiquées par l’État militaire33. Dans une de ses lettres
598
rminée par un roulement de tambours, voilà ce qui
doit
logiquement se produire… Il est clair que le monde va vers l’alternat
599
s extraits tirés de Par-delà le bien et le mal :
Nous
autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous n
600
bien et le mal : Nous autres « bons Européens »,
nous
aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme pl
601
mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi
nous
avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de cour
602
Européens », nous aussi nous avons des heures où
nous
nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour
603
péens », nous aussi nous avons des heures où nous
nous
permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour à de
604
, des heures où bien d’autres sentiments antiques
nous
submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à
605
ques nous submergent. Des esprits plus lourds que
nous
mettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que
606
ettront plus de temps à en finir avec ce qui chez
nous
n’occupe que quelques heures et se passe en quelques heures : pour le
607
gurer des races épaisses et hésitantes, qui, dans
notre
Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels
608
e : les petits États de l’Europe — j’entends tous
nos
empires et États actuels — doivent nécessairement devenir non viables
609
e — j’entends tous nos empires et États actuels —
doivent
nécessairement devenir non viables, économiquement parlant, sous la p
610
urs centaines de textes sur l’Europe, d’Hésiode à
nos
jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibel
611
n Europe, et seulement par la bouche d’Européens,
nous
fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
612
ment, une première définition de l’originalité de
notre
continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
613
vraie culture est universelle par définition, et
nos
problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
614
courantes ? La première, celle qui fait dire que
nous
sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
615
r une connaissance trop méticuleuse et pédante de
nos
diversités, sur une expérience, vécue jusqu’à l’irritation, du tempér
616
, du tempérament, des coutumes et des préjugés de
nos
voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
617
ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que
nous
n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
618
le d’un presbyte. Essayons maintenant de corriger
notre
vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
619
ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons-
nous
de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
620
, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que
nous
en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
621
que nous en disent les observateurs d’outre-mer.
Nous
en viendrons très vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’E
622
, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de
notre
culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
623
raient tentés de nier, à priori, l’originalité de
notre
culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
624
l’originalité de notre culture et le fait qu’elle
nous
est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
625
Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’au point où
nous
allons le voir se renverser). Ne serait-ce pas, précisément, la multi
626
Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de
nos
différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
627
ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot
nos
diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
628
té, la spécificité et la communauté, — l’unité de
notre
culture ? Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment
629
eviendra vraiment sensible et convaincant, que si
nous
comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
630
nt sensible et convaincant, que si nous comparons
notre
formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
631
entent d’imposer à la culture de leurs sujets. Si
nous
considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
632
subsistent encore ou qui tentent de se former de
nos
jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
633
encore ou qui tentent de se former de nos jours,
nous
voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
634
libre jeu de ses diversités. Mais il est temps de
nous
demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
635
t historiquement par la pluralité des origines de
notre
civilisation. Et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
636
es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
notre
refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
637
e extérieure au mouvement spontané de la culture.
Nous
tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
638
mouvement spontané de la culture. Nous tous, que
nous
le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
639
re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que
nous
l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
640
et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
notre
passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
641
et quel que soit notre passeport, descendons par
nos
mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensib
642
oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant
nos
sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jé
643
par les mythes gouvernant nos sensibilités et par
nos
formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
644
du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde.
Nous
venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
645
he son épée, le Celte romantique et magique, — et
nous
descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
646
unique, incontestable : le dynamisme européen. Si
nous
avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde
647
nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de
notre
empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
648
, puis marqué de notre empreinte le monde entier,
nous
qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
649
es terres du Globe, c’est bien à la complexité de
nos
origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
650
n à la complexité de nos origines culturelles que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
651
omplexité de nos origines culturelles que nous le
devons
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
652
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui
devaient
nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche,
653
s qui devaient nécessairement en résulter, et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
654
les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de
nos
origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
655
viens de dire sur la complexité indescriptible de
notre
civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
656
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
657
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
658
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
659
é politico-social. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
660
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
661
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
662
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
663
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
664
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
665
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
666
ssible à vérifier. D’autre part, le sens critique
devait
nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
667
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons
668
s origines en perpétuelle session contradictoire.
Nous
pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
669
ues l’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
670
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
671
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
672
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
673
personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui
doit
répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
674
t à grands cris de haine une aide qui ne leur est
due
qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
675
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
676
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
677
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
678
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
679
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
680
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, — soit pour
681
dans la seule mesure où ils sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
682
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
683
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
684
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
685
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
686
ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
nous
distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
687
t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de
nos
créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
688
En effet, du sens de la vérité objective dérivent
nos
sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilit
689
ité objective dérivent nos sciences et par suite,
nos
techniques. Et du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens
690
nelle, lié au sens de la liberté, dérivent toutes
nos
institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives,
691
e la liberté, dérivent toutes nos institutions et
nos
doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dyna
692
, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin
notre
dynamisme irrépressible. D’où vient, en effet, le dynamisme d’une civ
693
civilisation ? Je n’en crois rien. Il existe sur
notre
planète trois régions comparables du point de vue de la pression démo
694
les invasions asiatiques, seul défi extérieur que
nous
ayons subi, d’ailleurs victorieusement, des champs Catalauniques au K
695
n’ont rien suscité de marquant ni de nouveau dans
notre
civilisation. Seules les Croisades ont été productives à cet égard ;
696
r, mais au contraire d’une agression délibérée de
notre
part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne
697
de notre part. Je pense donc que le dynamisme de
notre
civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
698
notre civilisation européenne provient plutôt de
notre
régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
699
tensions intérieures, de ce mouvement brownien de
nos
infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émig
700
ement brownien de nos infinies contradictions qui
nous
provoque à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne
701
ue à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et
nous
condamne à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérialis
702
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
703
ente les plus vives polémiques intellectuelles de
notre
époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
704
ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de
nos
valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces cré
705
xe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part,
nous
venons d’observer que toutes ces créations sont en expansion vers le
706
t enfin les machines, si hétérogènes que puissent
nous
apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
707
de cette séculaire discussion et dissension entre
nos
origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
708
et dissension entre nos origines multiples, entre
nos
religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
709
re nos origines multiples, entre nos religions et
nos
philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
710
s, entre nos religions et nos philosophies, entre
nos
déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
711
philosophies, entre nos déterminations natives et
notre
volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
712
lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc
notre
situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
713
nc notre situation dans le monde du xxe siècle :
Nos
créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
714
nces tout au moins, adoptées par le monde entier.
Notre
culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, mais voici
715
problèmes effrayants que pose son rassemblement.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
716
aussi aux dépens de leur propre équilibre humain.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
717
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
718
r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant
nos
yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour
719
démesuré devant nos yeux, et sur la politique que
nous
sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’a
720
sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face.
Nous
devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
721
es bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous
devons
tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois pl
722
iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord,
nous
les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
723
s plus intime et plus globale de l’originalité de
notre
culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avo
724
de notre culture, afin de mieux comprendre ce que
nous
sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
725
in de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que
nous
avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
726
s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et
nous
devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
727
mes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous
devons
en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais
728
s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps
nous
préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
729
lture européenne n’est nullement supprimée, et ne
doit
pas être masquée, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nou
730
, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On
nous
répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
731
condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
732
le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
733
vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux,
nos
secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
734
doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle,
nos
produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs, religieuses, é
735
les maintenir en composition. Il retourne contre
nous
ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
736
Mais ce même monde méprise ou ignore simplement,
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
737
éprise ou ignore simplement, notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
738
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
739
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
notre
éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
740
mais refuse notre éthique du travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
741
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
742
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
notre
culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
743
ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de
nos
œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aus
744
isation née de nos œuvres. Alors, que faire ? que
devons
-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture euro
745
née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons-
nous
faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
746
œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire,
nous
qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
747
ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il
nous
faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
748
e, et que l’Europe seule peut le faire, mais elle
doit
d’abord exister. Certains me diront, et une part de moi-même me le ré
749
e parfois en sourdine : après tout, que peut bien
nous
faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
750
tout, que peut bien nous faire le sort du monde ?
Notre
sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
751
us faire le sort du monde ? Notre sort personnel,
notre
salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
752
e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de
notre
vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
753
stion européenne par excellence. Mais qui d’entre
nous
peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
754
Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «
Nous
autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
755
Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
nous
sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » Ce
756
même bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui
nos
seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
757
e, le tonnage nécessaire ? Ou bien ne faut-il pas
nous
demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Be
758
quer parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de
notre
Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
759
pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui
nous
appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
760
qui nous appelle est sans doute plus grave que la
nôtre
; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
761
pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et
notre
devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
762
est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre
devoir
aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire
763
tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir
notre
histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 35. Paul
764
ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de
notre
Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
765
le sera de reprendre les trois termes qui forment
notre
titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrè
766
forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture.
Nous
sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
767
erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont
nous
devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
768
voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont nous
devons
parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons cr
769
e dont nous devons parler, mais quelque chose que
nous
devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
770
t nous devons parler, mais quelque chose que nous
devons
créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous
771
r, mais quelque chose que nous devons créer, dont
nous
devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
772
is quelque chose que nous devons créer, dont nous
devons
créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaqu
773
us devons créer les conditions, quelque chose que
nous
devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
774
vons créer les conditions, quelque chose que nous
devons
reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d’abord,
775
et pour les autres. Revendiquer la liberté, quand
nous
avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
776
s. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé
notre
Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
777
défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans
nos
démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
778
e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il
nous
fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
779
r les persécutés accusés de liberté d’esprit,— et
nous
l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
780
de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais
nous
voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
781
iennent aussi des formes de vie matérialistes que
notre
civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
782
u’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle
doit
et peut intervenir. Car la culture, c’est justement l’ensemble des ac
783
tivités proprement humaines qui donnent un sens à
notre
vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
784
on et progrès technique et démocratique. Pour que
notre
vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
785
ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que
nos
activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
786
lligibles. Il faut que nos activités humaines que
nous
avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
787
ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de
nos
vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
788
llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi
nous
devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
789
ire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous
devons
attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôt
790
de prix aux contacts que permet un congrès comme
le nôtre
: contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
791
n sens humain pour chaque personne. La politique,
nous
n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
792
insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle
nous
cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cet
793
ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais
nous
refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
794
berté et le sens de la vie (8 juillet 1960)v w
Nous
voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
795
pas seulement des formes de vie matérialistes que
notre
civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
796
u’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle
doit
et peut intervenir. Vous avez lu et entendu depuis longtemps tant de
797
tivités proprement humaines qui donnent un sens à
notre
vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
798
on et progrès technique et démocratique. Pour que
notre
vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
799
ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que
nos
activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
800
lligibles. Il faut que nos activités humaines que
nous
avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
801
ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de
nos
vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
802
lénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi
nous
devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
803
re de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous
devons
attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôt
804
de prix aux contacts que permet un congrès comme
le nôtre
: contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
805
globale. Voilà pour les trois termes qui forment
notre
titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
806
rment notre titre. J’en déduis que la fonction de
notre
Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
807
eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui
nous
est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
808
s du progrès sur les vraies libertés humaines. On
nous
demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
809
que le commentaire que je viens de vous donner de
nos
buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
810
erviewers insistent : tous veulent absolument que
nous
soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
811
eulent absolument que nous soyons politiques, que
nous
soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. Au
812
sens humain, pour chaque personne. La politique,
nous
n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
813
insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle
nous
cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
814
e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais
nous
refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
815
la politique totale et absolutisée. La politique
doit
rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que
816
ale et absolutisée. La politique doit rester pour
nous
un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
817
sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à
nos
désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
818
entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à
notre
raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
819
ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à
notre
volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
820
os désirs et à notre raison, à notre volonté et à
notre
foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
821
son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule
nous
conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
822
olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à
nos
fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
823
n Europe et seulement dans la bouche d’Européens,
nous
fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
824
ment, une première définition de l’originalité de
notre
continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
825
vraie culture est universelle par définition, et
nos
problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
826
courantes ? La première, celle qui fait dire que
nous
sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
827
r une connaissance trop méticuleuse ou pédante de
nos
diversités, sur une expérience vécue jusqu’à l’irritation, du tempéra
828
, du tempérament, des coutumes et des préjugés de
nos
voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
829
ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que
nous
n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
830
n même individu…) Essayons maintenant de corriger
notre
vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
831
ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons-
nous
de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
832
, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que
nous
en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
833
que nous en disent les observateurs d’outre-mer.
Nous
en viendrons très vite à la constatation suivante, qui sera ma premiè
834
, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de
notre
culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
835
raient tentés de nier, à priori, l’originalité de
notre
culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
836
l’originalité de notre culture et le fait qu’elle
nous
est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
837
Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où
nous
allons le voir se renverser. Ne serait-ce pas, précisément, la multip
838
Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de
nos
différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
839
ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot
nos
diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
840
ité, la spécificité et la communauté — l’unité de
notre
culture ? Pendant une table ronde que je présidais à Rome, il y a que
841
t qu’il le conteste ? C’est donc dans le fait de
notre
exceptionnelle diversité, non pas subie mais jalousement revendiquée
842
le signe et la démonstration de l’originalité de
notre
culture. Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment s
843
eviendra vraiment sensible et convaincant, que si
nous
comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
844
nt sensible et convaincant, que si nous comparons
notre
formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
845
, limitée pour l’instant aux formules d’unité. Si
nous
considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
846
subsistent encore ou qui tentent de se former de
nos
jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
847
encore ou qui tentent de se former de nos jours,
nous
voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
848
ibre jeu de ses diversités. Mais il est temps de
nous
demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
849
t historiquement par la pluralité des origines de
notre
civilisation ; et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse pa
850
es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
notre
refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
851
e extérieure au mouvement spontané de la culture.
Nous
tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
852
mouvement spontané de la culture. Nous tous, que
nous
le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
853
re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que
nous
l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
854
et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
notre
passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
855
et quel que soit notre passeport, descendons par
nos
mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentim
856
oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant
nos
sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jéru
857
, par les mythes gouvernant nos sentiments et par
nos
formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
858
du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde.
Nous
venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
859
che son épée, le Celte romantique et magique — et
nous
descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
860
unique, incontestable : le dynamisme européen. Si
nous
avons découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte
861
ns découvert et conquis, ou en tout cas marqué de
notre
empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
862
ut cas marqué de notre empreinte le monde entier,
nous
qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
863
es terres du Globe, c’est bien à la complexité de
nos
origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
864
n à la complexité de nos origines culturelles que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
865
omplexité de nos origines culturelles que nous le
devons
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
866
, aux conflits spirituels, drames et tensions qui
devaient
nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche,
867
s qui devaient nécessairement en résulter, et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
868
les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de
nos
origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
869
viens de dire sur la complexité indescriptible de
notre
civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
870
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
871
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
872
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
873
é politico-social. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
874
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
875
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près,
876
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près, opportunistes ou sen
877
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
878
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
879
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
880
ssible à vérifier. D’autre part, le sens critique
devait
nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
881
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut-
882
ues d’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : le sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
883
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
884
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
885
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
886
personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui
doit
répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
887
t à grands cris de haine une aide qui ne leur est
due
qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
888
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
889
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
890
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
891
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
892
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
893
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent — soit pour m
894
dans la seule mesure où ils sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
895
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
896
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
897
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
898
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilis
899
sation profane. Je pense donc que le dynamisme de
notre
civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
900
notre civilisation européenne provient plutôt de
notre
régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
901
tensions intérieures, de ce mouvement brownien de
nos
infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inv
902
ement brownien de nos infinies contradictions qui
nous
provoquent d’âge en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous
903
e en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et
nous
condamnent à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérial
904
i développées jusqu’ici, relatives à l’origine de
nos
diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu a
905
ci, relatives à l’origine de nos diversités et de
nos
vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu abstraites. Il est tem
906
gines historiques et les motifs philosophiques de
notre
dynamisme européen, je vais énumérer tout simplement quelques-uns de
907
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
908
ente les plus vives polémiques intellectuelles de
notre
époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
909
tre, et j’ai laissé de côté l’immense chapitre de
nos
créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a
910
’immense chapitre de nos créations sociales et de
nos
institutions ! — voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre
911
ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de
nos
valeurs ; mais d’autre part, toutes ces créations sont en expansion v
912
t enfin les machines, si hétérogènes que puissent
nous
apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
913
de cette séculaire discussion et dissension entre
nos
origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
914
et dissension entre nos origines multiples, entre
nos
religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
915
re nos origines multiples, entre nos religions et
nos
philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
916
s, entre nos religions et nos philosophies, entre
nos
déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
917
philosophies, entre nos déterminations natives et
notre
volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
918
lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc
notre
situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
919
nc notre situation dans le monde du xxe siècle :
Nos
créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
920
nces tout au moins, adoptées par le monde entier.
Notre
culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, et voici q
921
problèmes effrayants que pose son rassemblement.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
922
mais aussi au détriment de leur propre équilibre.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
923
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
924
r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant
nos
yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face.
925
démesuré devant nos yeux, et sur la politique que
nous
devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les
926
uré devant nos yeux, et sur la politique que nous
devons
imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Europé
927
tique que nous devons imaginer pour y faire face.
Nous
devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
928
que nous devons imaginer pour y faire face. Nous
devons
tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois pl
929
iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord,
nous
les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
930
s plus intime et plus globale de l’originalité de
notre
culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait,
931
inalité de notre culture, mieux comprendre ce que
nous
sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
932
ture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que
nous
avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
933
s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et
nous
devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
934
mes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous
devons
en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais
935
s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps
nous
préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
936
trices, et non pas au niveau des sous-produits de
notre
culture. L’originalité de la culture européenne n’est nullement suppr
937
lture européenne n’est nullement supprimée, et ne
doit
pas être masquée, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nou
938
, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On
nous
répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
939
condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
940
le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
941
vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux,
nos
secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
942
doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle,
nos
produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, ét
943
les maintenir en composition. Il retourne contre
nous
ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
944
Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement,
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
945
prise, ou ignore simplement, notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthi
946
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
947
ité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore
notre
éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
948
e ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
949
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
950
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
notre
culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
951
ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de
nos
œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aus
952
isation née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que
devons
-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture euro
953
née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons-
nous
faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
954
œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire,
nous
qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
955
ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il
nous
faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
956
de, et que l’Europe seule peut le faire. Or, elle
doit
d’abord exister. Mais on me dira, et une part de moi-même me dit : ap
957
rt de moi-même me dit : après tout, que peut bien
nous
faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
958
tout, que peut bien nous faire le sort du monde ?
Notre
sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
959
us faire le sort du monde ? Notre sort personnel,
notre
salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
960
e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de
notre
vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
961
stion européenne par excellence. Mais qui d’entre
nous
peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
962
Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «
Nous
autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
963
Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
nous
sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » C
964
ême bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui
nos
seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
965
, la voilure nécessaires ? Ou bien ne faut-il pas
nous
demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Je
966
son, parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de
notre
Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
967
elle-même a suscité, et qui commande au préalable
notre
union. À ceux qui demandent d’abord des apaisements moraux, des certi
968
pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui
nous
appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
969
qui nous appelle est sans doute plus grave que la
nôtre
; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
970
pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et
notre
devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
971
est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre
devoir
aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire
972
tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir
notre
histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 38. Si l
973
rang dans le monde pendant des siècles, elle l’a
dû
à sa faculté de créer des valeurs morales, des structures de la socié
974
à restaurer le sentiment d’indépendance morale de
notre
continent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confi
975
ontinent, à rendre aux chercheurs et créateurs de
nos
pays une confiance en soi et en l’avenir qui est l’une des premières
976
nsi être réduits au minimum. Ce régime provisoire
devait
permettre à la Fondation d’une part de s’organiser et d’élaborer son
977
e aussi grand que possible de donateurs dans tous
nos
pays. La politique adoptée par le Conseil des gouverneurs, durant ce
978
-pilotes d’éducation européenne (dont l’exécution
devait
être confiée dès 1956 au CEC) et le second commanda des œuvres nouvel
979
pour des projets déterminés. Reprenant maintenant
notre
comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le mom
980
nt notre comparaison avec les étages d’une fusée,
nous
constaterons que le moment est venu, pour la Fondation, de « mettre à
981
nationaux pour la recherche en commun des fonds,
doit
fournir les moyens nécessaires à la mise en pratique de cette troisiè
982
la mise en pratique de cette troisième étape. Si
notre
Fondation atteint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au dépa
983
tions européennes, économiques et politiques, qui
doit
se réaliser d’ici la fin de l’année. z. Rougemont Denis de, « Une
984
ez tous dans vos cœurs : Rien au monde ne saurait
nous
plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que no
985
Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que
nous
vaut la lecture des légendes arthuriennes, et d’abord de celle de Tri
986
le mot de Valéry, mais aussi à jamais adolescent,
nous
le devons tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême,
987
e Valéry, mais aussi à jamais adolescent, nous le
devons
tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême, de quelque
988
avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de
nos
passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
989
raduire cette belle définition dans les termes de
notre
sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
990
égende primitive et ses expressions dérivées dans
nos
littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
991
xpressions dérivées dans nos littératures et dans
nos
vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
992
us, elles donnent de la justesse dans le style de
nos
émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
993
l’âme ? Tout auteur qui se permet ces grands mots
doit
au public une justification de l’usage personnel qu’il en fait. Un my
994
’une manière imagée, symbolique, une structure de
notre
existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-
995
une structure de notre existence. Mais non pas de
notre
existence intellectuelle, car celle-ci possède d’autres manières de s
996
mme la logique et la mathématique ; et non pas de
notre
existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
997
use et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’il
doit
, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvo
998
mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans
nos
sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Ceci posé — e
999
re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant
nos
yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
1000
ient, et survolant les irritantes vicissitudes de
notre
incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
1001
la passion s’en fait. Cette image, étant idéale,
doit
demeurer toujours fuyante, inaccessible. Mais la réalité est lourdeme
1002
», s’écrie un troubadour tardif, contemporain de
nos
légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
1003
du mythe, il est perdant. À ce premier aspect de
notre
légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
1004
Retracer leur évolution du xiiie siècle jusqu’à
nos
jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
1005
t aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans
nos
mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
1006
ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que
nous
serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
1007
entre le corps et l’intellect seuls cultivés par
notre
civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
1008
t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que
nous
en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
1009
es propres fondements. La passion se fait rare de
nos
jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
1010
on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire
nos
romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
1011
ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita
nous
est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
1012
er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront
nos
romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
1013
s du spirituel. Selon les sociologues, la passion
doit
mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la
1014
la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que
notre
culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
1015
stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à
nos
sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
1016
t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que
notre
condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
1017
arrage que notre condition d’êtres finis oppose à
notre
amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
1018
la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes
nos
sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
1019
vage magique, les amants légendaires sont entrés,
nous
disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
1020
zon du nouveau Jour qui révélera le sens caché de
nos
« apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
1021
retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien
notre
mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
1022
l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de
notre
mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
1023
, et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de
notre
nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la
1024
notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à
notre
amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
1025
lle technique et nulle science de l’homme ne peut
nous
être ici d’aucun secours. Il faut aimer, pour le comprendre et rappor
1026
er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut
nous
y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
1027
er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter
notre
vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
1028
image ordonnatrice de la passion. En restituant à
notre
temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
1029
ans sa grandeur première et drue, les philologues
nous
ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
1030
apporter un peu plus de justesse dans le style de
nos
émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
1031
’Occident . Celui-ci, par un fâcheux contretemps,
dut
renoncer le matin même à gagner Bruxelles, l’avion qui devait l’amene
1032
cer le matin même à gagner Bruxelles, l’avion qui
devait
l’amener n’ayant pu quitter Genève à cause du brouillard. C’est donc
1033
goureuse et la plus sensible, un autre exposé que
nous
attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, su
1034
Nos
meilleurs esprits (1961)ad Dans un film naguère célèbre, Orson Wel
1035
e dans la petite phrase incriminée, la plupart de
nos
compatriotes ne voient pas malice, persuadés qu’ils sont que l’horlog
1036
ne craint personne. Il faut admettre ensuite que
notre
aurea mediocritas saute aux yeux du premier venu, tandis que la grand
1037
veut-on qu’un étranger le voit ? S’il vient chez
nous
et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, pa
1038
mesure. C’est tout cela qu’interdisent moralement
nos
coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme
1039
erdisent moralement nos coutumes, et physiquement
nos
petits compartiments. Que fera l’homme de talent, d’ambition, de géni
1040
t des Suisses dans la culture humaine, tandis que
notre
Américain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs espr
1041
méricain la réduisait au joujou ? Il est vrai que
nos
meilleurs esprits, hors de l’étroit compartiment natal, iront cherche
1042
xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grimpant sur
nos
Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand ; c’est
1043
pays voisins et parfois de l’Amérique, que ce nom
nous
est revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs espr
1044
st revenu, comme importé. Un autre trait commun à
nos
meilleurs esprits mériterait une étude plus ample, dont je n’indique
1045
es affaires publiques, théologiens et pédagogues,
nous
les voyons tous assumer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou
1046
s et pédagogues, nous les voyons tous assumer des
devoirs
sociaux ou civiques, éducatifs ou spirituels, comme si le fait d’être
1047
ands dons aux yeux de leur conscience helvétique…
Nous
n’avons pas en Suisse de purs poètes, ni de peintres qui aient fait é
1048
rale », leur eussent été formellement refusés par
nos
coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms que j’énum
1049
ors du complexe suisse. C’est à eux que la Suisse
doit
de représenter une plus grande densité de conscience européenne et d’
1050
dans nulle autre région d’étendue comparable, sur
notre
continent. Le lecteur de ce recueil m’aura vu venir : je n’entendais
1051
à toute étude future sur l’œuvre et sur la vie de
notre
ami Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, « Nos meilleurs es
1052
Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, «
Nos
meilleurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum 70. Geburtstag
1053
hui est dominée par l’industrie ; or le moteur de
notre
développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et
1054
lème ? Et dans quelle situation concrète abordons-
nous
notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondra
1055
? Et dans quelle situation concrète abordons-nous
notre
sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondrai en c
1056
progressistes ; d’autre part, ceux qui défendent
nos
traditions humanistes, ceux qui s’opposent de toutes leurs forces ins
1057
la technique. Je suis pour ma part convaincu que
notre
culture, dans son ensemble — théologie, philosophie et science, poési
1058
s volumes et toute une vie de recherches. Je vais
devoir
me contenter de vous rappeler quelques exemples très typiques d’inven
1059
stants de l’homme, des rêves qui déterminent dans
nos
vies ce qu’on nomme les hasards, les trouvailles par hasard, des rêve
1060
ssi les grands thèmes directeurs des créations de
notre
culture. Pourquoi l’homme fabrique-t-il des outils ? Quels sont donc
1061
s les historiens de la technique répètent jusqu’à
nos
jours que les grandes inventions ont « répondu à des besoins », écono
1062
alimentaires et matériels. Quelques-uns cependant
nous
disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour rav
1063
l, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à
notre
volonté de puissance et de richesse. Et pourtant, la plupart des exem
1064
du sort de la technique moderne, et par suite de
notre
économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de conf
1065
echnique moderne, et par suite de notre économie,
nous
ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de confort, ni la volo
1066
te invention que, dans son livre intitulé Ma Vie,
nous
donne l’inventeur Henry Ford. Ce rêveur incurable, ce bricoleur dépou
1067
naissances scientifiques, cherchait à construire,
nous
dit-il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre
1068
ainsi le processus automatique ; et il fit cela,
nous
disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Wat
1069
énie inventèrent un beau jour ces mécaniques, qui
devaient
permettre l’industrie moderne. Si le besoin matériel expliquait les c
1070
nomique, entièrement fausse pour les périodes qui
nous
précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart de
1071
fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut
nous
sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’invention
1072
termes physiques. Les très grandes inventions de
notre
siècle vérifient, en revanche, une fois de plus, la thèse du rêve cré
1073
sommes — des milliards de dollars — que dépensent
nos
plus grands États, sont affectées à la recherche des moyens d’explore
1074
iversel et proprement irrésistible. Et si un jour
nous
découvrons sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos indu
1075
sur Mars des substances nouvelles qui procurent à
nos
industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de p
1076
ces nouvelles qui procurent à nos industries ou à
nos
États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descen
1077
nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance,
nos
descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les p
1078
s témoins qu’il n’en est rien. C’est la nature de
nos
rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. M
1079
st la nature de nos rêves constants qui détermine
nos
découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où vi
1080
ves constants qui détermine nos découvertes, donc
nos
techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expri
1081
ermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais
nos
rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances au
1082
es à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment
nos
croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieu
1083
nent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que
nos
instincts, les interdits sociaux et religieux autant que les désirs s
1084
r qu’ils se nourrissent en retour de la culture :
nos
lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que no
1085
ur de la culture : nos lectures, les tableaux que
nous
avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre
1086
leaux que nous avons vus, les images du divin que
nous
livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute n
1087
s images du divin que nous livrent les siècles de
notre
civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son ima
1088
s de notre civilisation, modifient sans nul doute
notre
pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations, — qui sont celles
1089
magerie et ses orientations, — qui sont celles de
nos
découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve
1090
— qui sont celles de nos découvertes. En résumé —
notre
technique occidentale est née du rêve occidental, de ce même rêve qui
1091
ée du rêve occidental, de ce même rêve qui a créé
notre
culture ; — la technique n’est donc pas un destin objectif et que nou
1092
echnique n’est donc pas un destin objectif et que
nous
aurions à subir, mais bien au contraire, elle exprime des vœux profon
1093
au contraire, elle exprime des vœux profonds dont
nous
sommes responsables. Il en résulte que la culture et la technique ne
1094
ées dans leurs sources, puisqu’elles procèdent de
nos
mêmes rêves fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous fa
1095
fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de
nous
faire mieux comprendre la nature des deux dangers majeurs que la tech
1096
echnique. Dans la première moitié du xxe siècle,
nous
avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vi
1097
té à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de
notre
vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le
1098
nvahissement de notre vie par la machine. Et tous
nos
grands penseurs de se lamenter sur le déclin des valeurs spirituelles
1099
t mettre l’homme en esclavage, ou que la bombe va
nous
détruire, on oublie simplement que les machines et la bombe sont fait
1100
r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne
nous
raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
1101
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il
nous
faut, c’est un contrôle de l’homme. Il n’est pas d’invention, si sim
1102
de cuisine a sûrement fait plus de victimes dans
notre
histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. C’est l’homm
1103
agédie depuis plus d’un siècle pour une partie de
nos
populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
1104
omplément vivant d’un mécanisme mort ». Mais déjà
nous
voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
1105
progrès, mais au contraire en les accélérant, que
nous
sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progre
1106
sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui
doit
et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’amélior
1107
ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement,
nous
permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
1108
achines, qui semblait inhumain tant que l’ouvrier
devait
y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est p
1109
e que se développera l’automation. Imaginons donc
notre
humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
1110
’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr,
nous
ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
1111
ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être.
Nous
allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
1112
asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais
nous
voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
1113
oyons que les progrès techniques les plus récents
nous
ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
1114
e l’invention technique qui tient à l’ensemble de
notre
culture et à ses rêves directeurs. Gardons-nous de scier la branche s
1115
notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons-
nous
de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
1116
-nous de scier la branche sur laquelle est assise
notre
puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
1117
lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout
notre
enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
1118
ule formation spécialisée, il en résultera 1° que
nous
aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous cour
1119
ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que
nous
courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
1120
ourrons le risque d’être spirituellement soumis à
nos
machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
1121
erai maintenant quelques conclusions : 1. Gardons-
nous
d’opposer théoriquement la culture et la technique comme s’il s’agiss
1122
eux entités indépendantes et au surplus rivales.
Nous
avons vu que leurs sources créatrices sont communes, qu’elles jaillis
1123
t fabricatrice, poétique au sens étymologique. Et
nous
pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur
1124
mait si anxieusement un « supplément d’âme » pour
notre
société technique se voit doté, grâce aux paperbacks, d’un supplément
1125
rs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-
nous
d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
1126
nous d’opposer technique et culture générale dans
nos
programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendra
1127
uit, au détriment final de l’un et de l’autre. On
nous
répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’i
1128
t final de l’un et de l’autre. On nous répète que
notre
société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’il s’agit de les f
1129
étail ses méthodes, et il conclut : « Vous voyez,
notre
activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procéd
1130
es, à la stagnation, ou à des monstruosités. S’il
nous
faut davantage de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous
1131
de techniciens et de chercheurs scientifiques, il
nous
faut donc davantage de culture générale, et non pas moins, et seuleme
1132
ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de
nos
techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
1133
es équivalents modernes du cheval de Troie. Et si
nous
persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des o
1134
eval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer,
nous
donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs et destructeu
1135
ns leur expliquer les dangers et les bienfaits de
notre
apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
1136
uer les dangers et les bienfaits de notre apport.
Nous
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
1137
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et
nos
remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
1138
deviendront des poisons. Il est donc temps, pour
nous
Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
1139
tout le monde parle et que tout le monde exige de
nous
, une assistance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons
1140
ance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous
nos
dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
1141
ale qui sait bien qu’elle dépend de la technique,
doit
comprendre aussi que la technique dépend de la culture créatrice. Il
1142
ette culture qui n’est pas seulement la source de
nos
inventions mais la seule garantie d’un progrès véritable. L’avenir de
1143
éritable. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de
nos
dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développeme
1144
e dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de
notre
faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
1145
té d’imaginer un développement plus harmonieux de
nos
rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seul
1146
développement plus harmonieux de nos rêves et de
notre
action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seulement dans les ind
1147
Le Temps de la louange (été 1961)ac
Notre
rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans
1148
c Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris.
Nous
étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures du ma
1149
ulait savoir son avenir. Ce que je sus, c’est que
nous
aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il devenait mo
1150
Centre européen de la culture, à Genève, qu’il ne
devait
quitter qu’un an avant sa mort. Je parlerai de sa personne. ⁂ Il étai
1151
françaises, — il semblait toujours que tout cela
devait
le conduire ailleurs, le préparait seulement… Rejoignant enfin sa vra
1152
ou simplement par la révolte. Car il croyait que
notre
incohérence aveugle avait un sens ailleurs, heureux et grand pour l’â
1153
tains indices — nombres, accords, réminiscences —
nous
laissaient pressentir l’empire. Ici-bas régnaient l’à-peu-près, l’inj
1154
ascinait, ou comme celle, un peu clandestine, que
nous
poursuivions à Genève. Une espèce de rêve impérial d’autorité sans po
1155
grenu » de la vie brève, et qu’il deviendra parmi
nous
, pour quelques-uns, dans le temps signifiant de l’esprit, temps de lo
1156
fiant de l’esprit, temps de louange au « Dieu qui
nous
traverse ». ac. Rougemont Denis de, « Le Temps de la louange », Ca
1157
et françaises, il semblait toujours que tout cela
devait
le conduire ailleurs, le préparait seulement… Rejoignant enfin sa vra
1158
t ne s’occupe plus que de religion. Il prêche. Il
doit
s’enfuir à Nérac auprès de la reine de Navarre, puis à Bâle, où il éc
1159
tésiennes, aient été premièrement illustrées dans
notre
langue par ses écrits : fait d’histoire mais non pas de présence cont
1160
non pas de présence continuée. Ce qu’on entend de
nos
jours par « la littérature » dans les milieux où elle se crée et se c
1161
r la raison qu’elle enrichit ceux qui la suivent,
nous
dit-il. Dieu toutefois me fit tourner bride… Ayant donc reçu quelque
1162
’un des rares livres qui aient changé le cours de
notre
histoire occidentale. Et de nouveau, il fuit devant l’éclat que fait
1163
i vers des buts et dans une action à quoi rien ne
nous
inclinait. J’étais l’homme le moins fait pour cela ! gémit l’individu
1164
urée par sa vocation ; comme aussi ses défauts, à
notre
goût du jour. Il est moins séduisant qu’impérieux, moins impérieux po
1165
u bon sens et du langage quotidien de son temps :
nous
jugeons pittoresques, par erreur, des tours qui ne voulaient qu’être
1166
ant à la pensée directrice : à Dieu seul tout est
dû
et de Lui seul tout vient. La phrase est souvent longue, mais d’une d
1167
révolte, refusé aux individus, mais confié comme
devoir
aux groupes constitués quand l’État outrepasse ses fonctions, a proté
1168
es grands noms deviennent des prénoms, les titres
doivent
être mérités, la familiarité dénote le respect, et les pédants sont e
1169
fin d’après-midi dorée, avec Ortega y Gasset, et
nous
parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sorte de prémonitio
1170
esprit. Mais quelques jours plus tard, à Orléans,
nous
entendions ensemble Jeanne au bûcher, de Paul Claudel et Arthur Honeg
1171
s large as life and twice as natural comme le dit
notre
ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplicité grande, s
1172
questions me paraît vital, et non seulement pour
notre
Fondation, mais pour tous ceux qui ont travaillé depuis longtemps à f
1173
ation politique, — qui effraye encore beaucoup de
nos
États. Les problèmes culturels ne seraient par conséquent que des pro
1174
, est en fait partagée par les élites sociales de
notre
continent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la
1175
ntinent : il suffit pour s’en assurer de comparer
nos
budgets de la culture avec ceux de l’URSS et des USA, puissances mode
1176
quelque 300 fondations culturelles existant dans
nos
pays, qui ne se chiffre qu’en millions de francs, marks ou florins. M
1177
e n’est pas à ses richesses naturelles qu’elle le
doit
: simple cap de l’Asie (4 % des terres émergées du globe), un peu moi
1178
n d’être fini ! Selon la plus célèbre équation de
notre
époque, celle d’Einstein, l’énergie est égale au produit de la masse
1179
gnant l’Europe par E, la petite masse physique de
notre
continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semb
1180
ue de notre continent par m, et sa culture par c,
nous
obtenons une équation semblable et non moins chargée de conséquences
1181
ances du xxe siècle, — très largement créées par
nos
œuvres, d’ailleurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos p
1182
s largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! —
nous
commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool
1183
eurs ! — nous commandent impérieusement de réunir
nos
peuples et de mettre en pool leurs ressources, trop longtemps divisée
1184
ins de culture européenne. L’obstacle principal à
notre
union réside dans les esprits, non dans les faits. C’est donc dans le
1185
squ’à Coudenhove-Kalergi, Briand et Churchill, de
nos
jours, — depuis six siècles donc, les meilleurs esprits et les meille
1186
t n’ont cessé de préconiser une union fédérale de
nos
peuples, respectant leurs diversités. Aux premiers vous direz : votre
1187
e serait sans nul doute plus conforme au génie de
nos
peuples divers, mais voilà six-cents ans qu’elle échoue dans tous ses
1188
x termes ensemble. Tel est le secret spirituel de
notre
avenir. L’énergie tout à fait extraordinaire qu’ont dégagée les peupl
1189
onde, a sa source dans les tensions produites par
nos
diversités, — de religions, de races et de coutumes, d’idéologies, d’
1190
ns, et l’Europe a risqué d’en périr. Insister sur
nos
seules diversités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifi
1191
versités détruit l’Europe matériellement. Vouloir
nous
unifier dans un cadre rigide détruit l’Europe spirituellement. Le com
1192
’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de
nos
pauvres conditions physiques. De la culture aussi sont venues nos div
1193
itions physiques. De la culture aussi sont venues
nos
divisions, presque mortelles. De la culture enfin doit venir le remèd
1194
divisions, presque mortelles. De la culture enfin
doit
venir le remède à nos maux, et il est double : réduire les préjugés n
1195
elles. De la culture enfin doit venir le remède à
nos
maux, et il est double : réduire les préjugés nationalistes, qui s’op
1196
ces principes en termes d’activités culturelles.
Nous
voyons que le programme commun des instituts, mouvements et associati
1197
tituts, mouvements et associations de culture que
notre
Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes
1198
s de culture que notre Fondation entend soutenir,
doit
comprendre les deux tâches suivantes : 1° organiser la coopération de
1199
u xxe siècle — en s’appuyant sur la diversité de
nos
langues. La première tâche sera donc d’illustrer l’unité de base de t
1200
mune des Européens est beaucoup plus ancienne que
notre
présent découpage en États qui se disent « souverains » mais qui sera
1201
he consiste à prendre au sérieux les principes de
notre
culture occidentale, et d’abord à les mieux connaître. Que servirait
1202
départ à un échec sans gloire. Prendre au sérieux
nos
principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairemen
1203
sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et
nos
valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairement à l’Asie et à l
1204
es. Au terme de l’intégration européenne, s’il ne
devait
y avoir que dividendes, bombes atomiques, autos et frigidaires, les f
1205
re chose. Mais sans l’action éducatrice de toutes
nos
forces culturelles, décuplées par une aide puissante que l’économie s
1206
ront à la freiner. Et les Autres arriveront avant
nous
à des positions de puissance dont ils ne manqueront pas d’abuser cont
1207
ont pas d’abuser contre l’homme, du moins tel que
nous
le concevons. En admettant qu’une armature d’institutions s’impose to
1208
e armature d’institutions s’impose tout de même à
nos
peuples passifs, si les forces de culture ne l’animent pas, une Europ
1209
ue vide. L’apport vital des forces culturelles à
notre
intégration consiste donc d’abord à préparer le terrain pour les mesu
1210
et stratégique du Saint-Gothard dès les débuts de
notre
histoire. Le 11 mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Holland
1211
de Berne, qui a demandé quelques volontaires. Il
nous
expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’a
1212
ui a demandé quelques volontaires. Il nous expose
notre
tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’arrêter à la p
1213
oi de la Suisse alémanique. En sortant du studio,
nous
apprenons que Paris vient d’être bombardé pour la première fois. Dans
1214
bombardé pour la première fois. Dans le train qui
nous
ramène à Berne le lendemain matin, je dis à Spoerri : « Si la France
1215
t tentés de céder à diverses pressions. Pourtant,
nous
sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je
1216
ssions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir
nous
défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au
1217
. Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine.
Notre
projet me travaille. Spoerri insiste, agit. Des contacts sont pris à
1218
. Des contacts sont pris à droite et à gauche. On
nous
approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idé
1219
t pris à droite et à gauche. On nous approuve, on
nous
aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idée qui s’incarne, q
1220
s’il est bien à la mesure du tragique dans lequel
nous
baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colonel M. et aux autres camar
1221
i ? — Je ne suis pas officier de carrière. — Vous
deviez
le faire quand même. Vous êtes accusé d’injures à chef d’État étrange
1222
ave, c’est… très grave ! Terminé. — Terminé. Bon.
Nous
verrons cela demain matin. Arriver à sept heures tapantes au bureau,
1223
rriver à sept heures tapantes au bureau, surtout.
Notre
projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour
1224
e convoquer pour le 22 juin les dix personnes que
nous
avons « contactées » ces jours derniers. Secret bien gardé jusqu’ici.
1225
di. C’était sérieux. Attaques de saboteurs contre
nos
aérodromes. Mais on veillait partout. Hier soir, des barrages ont été
1226
n 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : «
Nos
lecteurs se souviennent sans doute de l’étude du journaliste anglo-su
1227
iste anglo-suisse Jon Kimche parue cet hiver dans
nos
colonnes et consacrée à certains aspects souterrains — ou simplement
1228
pects souterrains — ou simplement peu connus — de
notre
histoire pendant le dernier conflit mondial. Dans cet ouvrage, Kimche
1229
ute à ceux qui auraient pu être tentés d’intégrer
notre
pays au système du Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisa
1230
les objectifs eurent sa sympathie. L’attitude de
notre
gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute acti
1231
sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de
notre
commandant en chef rendit inutile toute action directe de ces mouveme
1232
de Rougemont, témoin et acteur de ces événements
nous
a envoyé certains feuillets de son journal de juin et juillet 1940 qu
1233
juillet 1940 qui les éclairent et les expliquent…
Nous
avons choisi de publier ces pages en cette fin de juin, à peu près à
1234
peut y apparaître dans un instant des hommes qui
nous
tireront dessus. Je n’ai même plus mon pistolet, que je déposais chaq
1235
heure, les nouvelles de l’action entreprise pour
notre
« défense à tout prix ». (Beaucoup de précautions sont nécessaires, c
1236
0 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de
notre
petite maison du Gurten. Je prends la position. Il tient dans chaque
1237
a quelques jours. En ce moment même, chez Mottu,
nos
conjurés sont réunis pour la fondation du mouvement de résistance à t
1238
des éditoriaux parlent déjà de « la nécessité de
nous
adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin 1940 Repris mon service à la s
1239
cées, j’ai eu le temps de rédiger le manifeste de
notre
mouvement, qui a pris le nom de « Ligue du Gothard », pour ma plus gr
1240
de l’horizon politique, décidés à faire converger
nos
efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suis
1241
politique, décidés à faire converger nos efforts,
nous
fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’
1242
Confédérés peuvent s’unir dans leurs diversités…
Nous
n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse dans le présent et pour
1243
tenir la Suisse dans le présent et pour l’avenir.
Nous
ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fie
1244
ous promettons qu’un grand effort commun. Mais il
nous
rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses. Ce texte va paraître
1245
a paraître dans 74 journaux du pays. Dans chacun,
nous
avons acheté une page entière. (Formule de la publicité politique ou
1246
que aux États-Unis.) Frais payés sur la somme que
nous
a remise le capitaine E., l’un des chefs de la ligue des officiers —
1247
propos du cessez-le-feu en France, il a parlé de
notre
« soulagement » ! Cela peut s’entendre de diverses manières, mais l’u
1248
des membres du Directoire de la Ligue, soit avec
notre
seul homme de liaison entre la Ligue dans l’armée et la Ligue civile
1249
nt Lindt41. Une maison de Berne, à double entrée,
nous
permet des contacts discrets avec les représentants de la Ligue dans
1250
! Beaucoup de lettres, de pamphlets, d’articles,
nous
accusent tour à tour de tendances fascistes, ou marxistes, ou corpora
1251
dances fascistes, ou marxistes, ou corporatistes.
Nos
vrais « meneurs de jeu » seraient à la fois : la grande industrie, le
1252
old, dont on annonce par ailleurs la démission de
notre
Directoire : or il n’en a jamais été membre. Rien de plus normal. En
1253
s toute l’ampleur du péril, c’est bien le tout de
notre
vie suisse et non pas tel parti plutôt qu’un autre, qui est radicalem
1254
urnent. Le Conseil fédéral paraît hésitant. Selon
nos
renseignements très précis, certains de ses membres seraient prêts à
1255
de cette démarche dans les archives fédérales. On
devait
s’y attendre. Et personne n’ébruita la chose à l’époque. On comprend
1256
cette manière d’aller dire à un gouvernement : «
Nous
vous avertissons qu’il existe un complot pour vous renverser, et que
1257
’il existe un complot pour vous renverser, et que
nous
en sommes les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croya
1258
les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement
nous
croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croy
1259
Logiquement, si le gouvernement nous croyait, il
devait
nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre déma
1260
ement, si le gouvernement nous croyait, il devait
nous
faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche
1261
l devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne
nous
croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Li
1262
e arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas,
notre
démarche était ratée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule. En
1263
élégation comprit très bien qu’il s’agissait pour
nous
d’appuyer les durs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral deva
1264
urs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral
devait
donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il rési
1265
ire peur aux mous. Le Conseil fédéral devait donc
nous
croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme
1266
Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas
nous
croire à la fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanm
1267
raz de marée nazi ? Le Gothard, pense Rougemont,
devrait
fournir le symbole et la clef d’une résistance à tout prix. Voici la
1268
divers cantons, n’auraient pas vu si tôt le jour.
Nous
savons qu’en réunissant des efforts jusqu’ici dispersés et des groupe
1269
ci dispersés et des groupements naguère hostiles,
nous
créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la s
1270
ous créons le visage de la nouvelle génération et
nous
marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est g
1271
ion et nous marchons dans la seule voie possible.
Nous
savons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la
1272
ons que la Suisse est gravement menacée, mais que
notre
action la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres
1273
la renforce. De tout temps, à l’appel du danger,
nos
ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu
1274
ppel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est
notre
tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notr
1275
et 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout
notre
dispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient
1276
ispositif de défense regroupé autour du Gothard !
Notre
rêve devient vrai ! Profonde impression dans l’armée et dans la popul
1277
Zurich, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que
nous
nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route pre
1278
ch, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous
nous
dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route presque
1279
une voiture militaire ouverte ralentit le long de
nos
petits groupes. Un jeune lieutenant inconnu de moi saute à terre, fai
1280
e fois de plus ce voyage aux États-Unis ? Ici, je
dois
revenir un peu en arrière dans mes souvenirs. Dès le mois de mai, le
1281
me ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à 3
devraient
, par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettre, signée par
1282
vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont
nous
avions rêvé sans oser croire qu’en quelques mois il deviendrait une r
1283
emier mouvement de résistance, au sens que ce mot
devait
prendre un peu plus tard dans les pays occupés par Hitler. Je suis co
1284
litairement moins forte et moins bien alertée. Et
notre
petit mouvement de résistance, pour préventif qu’il soit resté, eût c
1285
, pas beaucoup dire. Me taire ou ne parler que de
notre
belle nature me semblait également intolérable, tant qu’Hitler séviss
1286
dans la lutte en cours, provisoirement perdue sur
notre
continent, l’élément décisif allait venir et ne pouvait venir que de
1287
sait que le Conseil fédéral, et c’est pourquoi il
dut
être un complot. Le général Guisan écrit dans son rapport que leur se
1288
résistance paraissait s’émousser chez certains de
nos
compatriotes impressionnés par l’ampleur des succès nazis (voir La T
1289
tion débridée court vers l’avenir dans le sens de
nos
désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussit
1290
rt vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de
nos
craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par l
1291
s le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon
notre
tempérament. La mémoire aussitôt la bride par le rappel d’échecs ou d
1292
ent debout, essayons d’avancer dans l’inconnu que
nous
découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais
1293
ous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être
nous
transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d
1294
ut-être nous transformera, mais dans la mesure où
nous
le formerons. Pour tenter d’estimer l’ordre de grandeur des changemen
1295
s changements qu’apporteront les dix-huit ans qui
nous
séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont apportés les d
1296
els changements ont apportés les dix-huit ans qui
nous
séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’Ouest a passé
1297
personne n’osait le croire ou le redouter. Sommes-
nous
autorisés à prolonger les lignes de cette récente évolution et à prév
1298
e l’alliance atlantique ; l’anarchie continuée de
nos
relations avec le tiers-monde, d’où l’affaiblissement général des pos
1299
ue, désormais universalisée, a compris qu’elle se
doit
d’inventer les moyens d’humaniser l’usage des ressources matérielles
1300
sont probablement moins essentiels que ceux dont
nous
fûmes les témoins depuis la dernière guerre, mais ils sont plus spect
1301
e possible par l’union économique et politique de
nos
pays, et d’autre part l’accroissement de la population et l’urbanisat
1302
tains, aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi
nous
devons choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans,
1303
, aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi nous
devons
choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans, une Eur
1304
le mot d’ordre d’engagement de l’écrivain dont il
devait
renier plus tard les interprétations qui en furent faites. Envoyé aux
1305
La commune, base essentielle de
notre
civilisation (novembre-décembre 1962)as Anciens villages et villes
1306
curieusement les photos prises du haut des airs,
nous
nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
1307
eusement les photos prises du haut des airs, nous
nous
posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
1308
ans trop d’erreurs les structures essentielles de
notre
civilisation. Un service religieux, une séance du conseil municipal,
1309
traient de trouver quelques-uns des secrets (pour
nous
trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire de la communauté s
1310
e la cité : celui de l’unanimité fondamentale qui
doit
transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. La m
1311
de centralisation systématique dans l’ensemble de
nos
pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
1312
emont Denis de, « La commune, base essentielle de
notre
civilisation », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p.