1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 la plus belle harmonie. Héraclite Reconnaître nos différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
2 penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
3 ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
4 ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
5 it des temps, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
6 eut survivre à l’aube ! Si l’Orient et l’Occident doivent un jour converger au lieu de s’ignorer ou de se combattre, ils le dev
7 r au lieu de s’ignorer ou de se combattre, ils le devront bien moins à un « retour aux sources » qu’à un progrès conscient et t
8 véleront un jour complémentaires, d’une façon qui nous demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
9 encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
10 en Europe, où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver des traces en Gaule. Cette identité primitive, peut-être
11 les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
12 e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
13 même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec notre âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
14 e, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaient provoquer la fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de div
15 ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du nôtre . À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
16 ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
17 s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans nos villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
18 Pour passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
19 de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une i
20 celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawa
21 ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
22 a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
23 du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
24 terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
25 e la Perse au Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
26 Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
27 son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
28 la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «  Nous cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
29 on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
30 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » (Spinoza) Ainsi se croisent les doutes, et parfoi
31 européen, ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
32 urifient par l’isolement, comme le veut la magie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
33 agie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mie
34 ns une identité inexprimable, au sein de laquelle nos conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus
35 l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
36 ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que nous inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
37 et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
38 solu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse,
39 épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
40 Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui nous rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
41 appeler la richesse en contradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
42 tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
43 s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
44 sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
45 itutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
46 sur le sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il devait d’un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux ; l’au
47 urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
48 s occidentaux n’est pas moins significative, pour notre objet présent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux étab
49 t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
50 , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
51 Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
52 moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
53 e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
54 lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
55 sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
56 ans contradiction ni remords. Elle est divine, et nous sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
57 ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier notre délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
58 ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
59 partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous nos yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
60 us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hambur
61 son sens strict, initiatique et religieux, qui ne doit pas être confondu avec « conservateur », « routinier », « réactionnai
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
62 mporte quelle direction pour sentir la réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
63 les Castillans sont vus comme des Européens : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pa
64 communauté de culture qui échappe si facilement à nos définitions, mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehor
65 de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
66 ec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
67 , faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir notre vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
68 nt à cause des profondes différences qui séparent nos nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
69 alités nationalistes, mais on sacrifie en passant notre tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
70 e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Con
71 ela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci doivent circonscrire exactement l’objet d’un éventuel enseignement ; s’ils n’
72 ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
73 te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-elle donc p
74 vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
75 e Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que devait connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principa
76 ues se constituer, à partir du xviiie siècle. On nous rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
77 des Européens est tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
78 es accidentelles et souvent fort récentes d’un de nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
79 ives ont cessé d’être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
80 ’être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
81 laient à l’épreuve les fameuses souverainetés que nos ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
82 n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons- nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
83 e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons- nous aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
84 ée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en sacrifierait que l’illusoire, j’entends ce q
85 éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous nos peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
86 en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de nos nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
87 t de culture au sens large. Prendre conscience de notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
88 n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 7. Nous débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
89 conçues comme on vient de l’indiquer, le rapport devrait être analogue au rapport entre forme et contenu. Une politique d’unio
90 mmunauté. J’en conclus que la forme politique que devrait revêtir une union authentiquement européenne, ne saurait être que féd
91 éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet, nos diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans
92 os diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
93 la seule et même exigence d’une union fédérale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvi
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
94  En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que nous lui avons fait parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a
95 it parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a envoyé la lettre suivante. » Dans le même numéro où paraissait l’ar
96 l’urgence de rappeler que l’Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fin, mais comme un mo
97 “œuvre” accablaient et exploitaient ceux qu’elle devait secourir. Je ne prônerai l’Europe ni contre la Vérité, ni contre la R
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
98 ngroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1
99 e fut assez pour justifier le scepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès d
100 au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occi
101 pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres
102 ette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nou
103 mortelle comme les autres et prédit à la fin que nous allons vers la « parfaite et définitive fourmilière » ? On pourrait m
104 . À partir de 1919, les influences dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaar
105 gine que son heure est passée, que le Prolétariat doit la déposséder, comme elle avait elle-même dépossédé les nobles, qu’il
106 amer et quelque peu sadique. Ce succès n’est pas à la lecture de leurs œuvres ardues et complexes, mais à l’intention
107 es salons, et c’étaient le Sexe et l’Argent. Tout devait avoir l’air de se passer dans le monde comme si ces choses n’existaie
108 ient puissamment modelé le xxe siècle et modifié notre approche du réel. Cependant les déterminismes qu’ils croyaient avoir
109 utôt leur influence qui allait les instaurer dans nos esprits, se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la consci
110 « mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour nos démissions personnelles. Le droit d’opposition redevient créateur. Et
111 ntelligentsia à confondre ce rêve d’angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’une
112 iser le cours de cette fatalité et pour renverser nos destins ? Le traumatisme provoqué par la brève tragédie hongroise et
113 nées. Un certain déterminisme économique semblait nous conduire sans merci vers le triomphe du plan total, ordonnant toute l
114 n’empêche que l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre
115 tuante est sa prochaine étape. Un Pouvoir fédéral devrait en résulter, car tout l’appelle et sa nécessité est inscrite dans les
116 ans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans le
117 commencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouve
118 hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolution bien tr
119 chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fataliste : « 
120 s à le décider. Troisième illusion fataliste : «  Nous allons vers le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vie
121 le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos
122 es robots. » — Les machines envahissent nos vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dic
123 s devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu
124 laves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux é
125 éjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos
126 e un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos pensées par radio. Adieu Nature, flânerie, méditation sans but ! La m
127 tion sans but ! La monotonie mécanique va dominer nos existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’
128 lettre, et donc fautive. Les machines envahissent nos vies ? Si seulement ! Car elles sont très chères. Mais jamais une Tal
129 uriosité. Le règne des machines, à vous entendre, nous isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l
130 ’on ne leur ait prescrit. Qu’ils travaillent pour nous , c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous
131 de la légende déchaînait une force inconnue. Mais nos savants font tout le contraire : ils domestiquent des énergies décelé
132 le. Tout retour en arrière étant exclu, le remède devait être cherché dans l’automatisme total, libérant l’ouvrier non seuleme
133 Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du d
134 é. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du
135 le de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers
136 ropose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissemen
137 u Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la soluti
138 nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable sera
139 s l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J
140 x, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’accroisse
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
141 du soir et quatre heures du matin, mais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce deux importants ouvrages : l’un qui ét
142 ns songer à l’auteur de ce Nicolas de Flue dont nous n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant d
143 n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra o
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
144 de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
145 niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont cria
146 outumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
147 armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
148 s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs, car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
149 Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur nos valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
150 ormule la plus simple, je crois : la diffusion de nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est
151 nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
152 les produits d’ordres divers qui ont caractérisé notre civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
153 ôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
154 u d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
155 Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
156 ente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
157 e fraction de son intelligentsia décide d’adopter nos conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
158 us rarement, secrètement, parfois inconsciemment, nos valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
159 us voyants et les plus récemment mis au point par notre civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
160 ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
161 le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
162 en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
163 voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
164 tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
165 jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
166 achine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
167 t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
168 Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
169 nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
170 de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
171 et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
172 ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
173 liquer et les faire vivre. Les trois aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
174 à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui nous demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
175 agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
176 t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
177 ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
178 igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
179 sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
180 ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nous croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
181 réviser sous leur regard méfiant les illusions de notre « universalisme » ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord l
182 rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans nos chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
183 ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que nos produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
184 les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais principa
185 ficiellement invoqués, mais principalement contre nous , et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
186 contre nous, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
187 sure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
188 produits et ces principes procèdent en réalité de nos valeurs, et ne trouvent que par elles, dans le champ magnétique qu’el
189 s, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant à nos principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
190 , plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de nos institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
191 ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie nous en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
192 et radicales se conçoivent : ou bien garder pour nous ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
193 bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
194 es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
195 ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il nous reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
196 nture occidentale de l’homme , a été analysé dans notre n° 3. M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genèv
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
197 l’économie, incroyablement négligée par l’École, doit devenir partie intégrante de la culture d’un honnête homme au xxe si
198 pprimées en Europe ? Telle était la règle du jeu. Nous ne demandions pas comment faire pour obtenir l’union économique, mais
199 on économique, mais supposant le problème résolu, nous désirions savoir, comme l’électeur moyen, ce qui se passerait alors,
200 isemblance. Que la répugnance professionnelle de nos séminaristes à « jouer » ainsi — répugnance sensible dans celles des
201 vec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’i
202 nt essayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de
203 sayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de rédui
204 de l’union, sans avoir toujours calculé son prix. Nos économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leur
205 elle, et la mise au point réciproque. Que pouvons- nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après
206 proque. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique q
207 e. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique qui le
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
208 éenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquell
209 e, sur laquelle il devient possible de construire notre union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sait qu’elle « unifo
210 ne cautionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit nous occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe po
211 utionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit nous occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe pour le
212 onné qu’il faut unir l’Europe pour les motifs que nous indique clairement la conjoncture mondiale du xxe siècle, la culture
213 paradoxe apparent définit assez bien le rôle que doit aujourd’hui s’assigner toute institution culturelle soucieuse des des
214 ns de l’Europe. D’une part, une telle institution devra montrer que l’Europe est d’abord une culture, qu’elle doit à sa cultu
215 rer que l’Europe est d’abord une culture, qu’elle doit à sa culture d’avoir dominé le monde, qui retourne aujourd’hui contre
216 , non l’inverse. D’autre part, cette institution devra s’efforcer de réduire les résistances invétérées à notre union, les «
217 ’efforcer de réduire les résistances invétérées à notre union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une ma
218 re union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une mauvaise éducation scolaire depuis un siècle, ou résu
219 un siècle, ou résultant de maladies chroniques de notre culture millénaire. On ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce
220 nde et manifeste l’unité qui est la vraie base de notre union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisions mo
221 nd de voir…) Et certes il fallait dire : unissons- nous  ! Certes, il fallait ratifier des traités. Mais voilà qui est fait dé
222 e « cultures nationales » et de « l’éternité » de nos États-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° I
223 e la culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à
224 plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense
225 milliers en Amérique du Nord. Il serait temps que nos États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir 
226 ités primordiales, à savoir : 1° que l’Europe n’a sa puissance qu’aux inventions, procédés et systèmes de tous ordres d
227 ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments d
228 , et l’initiative de la création du CERN, bornons- nous à décrire les trois principaux champs d’activité entre lesquels se ré
229 ce aux formes de pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autr
230 pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autre part, exposer l
231 temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de nos pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui s
232 ucateurs où se trouvent représentés la plupart de nos pays (y compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin,
233 ources de la vitalité et des tensions fécondes de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
234 ces — mais celles-là seules ! — qui semblent bien devoir bénéficier d’une intégration plus poussée. À l’heure où les instituti
235 services et leurs assemblées, un effort parallèle doit être entrepris dans le domaine de la culture. Coordonner les autonomi
236 e de la culture. Coordonner les autonomies, telle doit être à mes yeux la devise, spécifiquement fédéraliste, de cet effort.
237 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre civilisation libérale et technique d’une part, et les civilisations d
238 d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de nos États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à lui
239 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
240 commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
241 ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
242 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
243 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
244 e précisément la communauté de traditions de tous nos peuples. Le Rhin serait une frontière naturelle, mais le Danube et le
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
245 formes d’expression que la guerre ? Ici, Freud va nous étonner. D’une part, il fait appel (« sans rougir », mais vaguement)
246 aris, le président du Conseil criait au monde : «  Nous opposerons au droit de la Force, la force du Droit ! » Traduite dans
247 aux chars d’Hitler une forte page de rhétorique. Nous voici donc ramenés à la nécessité d’une autorité supérieure à celle d
248 le pouvoir central soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes en 1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dé
249 r le second élément fédérateur qu’indiquait Freud nous fait encore défaut : comment imaginer ce sentiment commun — idéal ou
250 tive — qui provoquerait l’union du genre humain ? Devrons -nous aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loi
251 ui provoquerait l’union du genre humain ? Devrons- nous aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loin, da
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
252 . Ce raccourci demande quelques explications, qui nous obligent à un rappel des origines. Les manuels d’histoire suisse donn
253 ’insistera jamais assez sur le rôle décisif qu’il devait jouer dans la formation de la Suisse et dans la détermination de la m
254 leurs personnes et en leurs biens ». Et ce pacte devait « s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à
255 durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à nos jours. Mais ses auteurs étaient bien loin de se douter qu’ils fondaie
256 es pactes en vigueur dans les communes lombardes, devait s’élargir et se compliquer au cours des siècles par l’adhésion ou la
257 ticulières et un sens remarquable de la foi jurée devaient rester, pendant toute cette période, le seul gage d’unité (relative)
258 15-1848) La crise ouverte par le Pacte de 1815 devait se prolonger, sans progrès appréciable, pendant trente-trois ans. Ell
259 ’égard des autres. Presque toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sou
260 toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nou
261 ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nous verrons également que cette époque a connu toutes les raisons que l’o
262 e put survivre à de telles conditions, elle ne le dut qu’à l’initiative privée et à la haute qualité de sa main-d’œuvre, hé
263 ner. Cette agitation et ces déséquilibres sociaux devaient nourrir le mouvement de « Régénération » qui se prononça dès 1830. In
264 nta après quelques mois comportait un commentaire à la plume du délégué de Genève, Pellegrino Rossi24. Il vaut la peine
265 rains et non de députés des peuples : « Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales
266 non de députés des peuples : « Lequel de nous n’a souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales ? Ces
267 cteurs se trouvent dans une situation fausse. Ils doivent , pour ainsi dire, servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de
268 es masses : « Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps m
269 timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
270 ouveau Pacte, dans une confédération plus solide, doit se trouver le remède aux maux qui affligent la patrie. » Ce « nouveau
271 utifs, judiciaires, administratifs et militaires, devait être transformée en un État moderne de forme fédérative. L’éloquence
272 ique, des mœurs, des antécédents, une langue, qui nous distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses
273 s, une langue, qui nous distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrific
274 s, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député quali
275 dre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député qualifiait de « chimère » l’idée d’une
276 résentants des cantons. La ratification populaire devait avoir lieu avant le 1er septembre. Dans la plupart des cantons, le Pa
277 mier Conseil fédéral, inaugurant un régime qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, so
278 qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, social et culturel de la nouvelle Suisse u
279 iences souvent amères, confirma les droits et les devoirs lentement élaborés par les divers régimes des républiques locales, et
280 action tardive, une exception, dont les destinées devaient être exceptionnellement heureuses. « La Confédération suisse est le s
281 locales et d’établir un lien fédéral efficace. De nos jours encore, ceux qui s’intitulent « fédéralistes », en Suisse, sont
282 ont les partisans d’une union institutionnelle de nos pays. Cette contradiction apparente et purement verbale s’explique pa
283 ique de l’union dans la diversité. Le fédéralisme doit donc souligner le thème de l’union quand les diversités tendent à dev
284 ont cantonales et locales, jusqu’au xixe siècle. Nous ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 2
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
285 est l’accroissement du risque humain ; secret de notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de no
286 risque humain ; secret de notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, insépara
287 notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un h
288 notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un homme localement détermi
289 mentales, et que chacun peut vérifier sans peine, nous font voir que l’Europe se définit d’abord par sa fonction mondiale et
290 le monde : il n’en connaissait qu’un canton. Mais nous ne sommes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constato
291 mes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constatons que tous les peuples d’une planète entièrement inventoriée
292 nète entièrement inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes pol
293 inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus
294 ptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas 
295 d’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos vale
296 ces et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos déli
297 s formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tr
298 tiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tragique exempl
299 tous les peuples de Bandung. Désormais délivré de notre impérialisme qui avait su respecter les mandarins, le quart chinois d
300 e quart chinois de l’humanité se met à l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réci
301 l’humanité se met à l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore o
302 l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore observé, ni même pres
303 ational. L’Europe n’est rien sans le monde : elle doit être mondiale, par une nécessité vitale. 4. C’est l’Europe qui représ
304 œur du monde, et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont
305 et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont mises en commu
306 culation planétaire. Qui peut en dire autant dans notre siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’en ont le
307 ins… Sauf si ces Asiatiques ont été les sujets de nos États colonialistes : ils exceptent aussitôt cet État de la communaut
308 devant un congrès d’étudiants internationaux : «  Nous détestons pour telle raison précise les Anglais, les Français, les Po
309 is, les Français, les Portugais, mais en revanche nous aimons d’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne
310 ’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’Europe tout
311 erselles que dans la mesure où elles résultent de nos variétés infinies et de leur équilibre en tension. L’impossible sol
312 és internes de l’union. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe de
313 circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
314 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
315 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
316 e règne encore sur l’affectivité de la plupart de nos hommes d’État, victimes généralement vertueuses d’un vocabulaire péri
317 isme de cadets, explique seul que la politique de nos États se veuille encore absurdement « indépendante », en dépit des pl
318 cause d’histoires très récentes. Ainsi tout sert nos souverainetés, tout leur est bon pour croire qu’elles existent encore
319 rainetés nationales, irréductibles mais fictives. Nous voyons converger vers l’union de l’Europe les nécessités individuelle
320 e l’Europe les nécessités individuelles de toutes nos nations, sans exception, et les nécessités collectives de la conjonct
321 el régime n’aille pas sans grands risques, toutes nos guerres le démontrent à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne
322 nt à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne doit pas entraîner la suppression des installations électriques, productri
323 rnation, d’autarcie, ou d’hégémonie continentale. Nos États se définissent depuis des siècles par les frontières de leur do
324 non d’une nation reculant un peu ses bornes, que doit être considérée l’union partielle des six pays qui ont initié le Marc
325 e unie, et cela depuis le congrès de La Haye dont nos journaux parlèrent à peine (Staline avait autorisé, pour ce jour-là p
326 l au monde. Quelles sont les chances actuelles de notre union, en d’autres termes, les chances de l’Europe ? Celles de la civ
327 anétaire (et sans rivaux sérieux, j’y reviendrai) nous oblige à revoir certaines catégories devenues traditionnelles — depui
328 aditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au xviiie , ju
329 on au xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans notre siècle, en passant par les philosophes du romantisme qui n’avaient pa
330 abitude de pensée pessimiste s’est installée dans nos esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations
331 e s’est installée dans nos esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous c
332 que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous croyons savoir pourquoi : toute grandeur serait suivie nécessairement
333 ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre , sont-elles mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été préservées e
334 le Laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre ? Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales
335 tération, ou simplement la reprise des charges de notre civilisation ? Les USA ? Ils s’européanisent en profondeur, plus rapi
336  ? L’Afrique ? Elles paraissent moins critiques à notre égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innov
337 moins critiques à notre égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre no
338 nclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre nous , chrétiens ou athées pour qui le doute est une forme essentielle du c
339 ion à des sages des cinq continents ; si l’Europe devait disparaître, emportée par un cataclysme ou défaite, nation par nation
340 présumant que plus d’un l’approuvera : en perdant notre Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et recettes d’un
341 main ; et ce ne sont pas seulement les secrets de notre ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de not
342 ulement les secrets de notre ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre
343 i de notre désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un
344 seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un homme fini et localement
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
345 ropéen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais
346 sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais d’abord examine
347 919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
348 ette phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam
349 autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient
350 ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient
351 e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
352 de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circo
353 que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’e
354 mon avis, l’une des erreurs les plus célèbres de notre temps. Mais comment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre en pro
355 son succès ? Au seuil de l’œuvre en prose d’un de nos grands poètes, cette phrase résume et condense en quelques mots une a
356 ations, on en venait à penser que chacune d’elles devait fatalement décliner et mourir après une période d’apogée, — la nôtre
357 cliner et mourir après une période d’apogée, — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est conv
358 inexorablement que toute culture est mortelle, et nous rejoignons la phrase de Valéry. Enfin Toynbee, dans un effort admirab
359 crasante érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, not
360 ’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que d’a
361 essé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de
362 puis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent confirmées par
363 proclament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce
364 lament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce pas
365 parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre à ces questions, formulons tout de s
366 es précédents historiques soient applicables dans notre situation, ni que la courbe de croissance, grandeur et décadence soit
367 ’Empire au moins. Cet exemple est-il valable pour nous  ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
368 t pas sûr du tout. Il se pourrait, en effet, que notre civilisation présente certains caractères nouveaux et originaux, qui
369 Avant de rien pouvoir décider sur ce point, force nous sera donc de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civ
370 de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civilisation par rapport à toutes les autres, et quel seuil mondial e
371 nes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause
372 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
373 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cett
374 ins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture, n’a jamais été
375 souci de décrire les idéaux les plus efficaces de notre culture, ceux qui, à mon sens, la distinguent le mieux d’autres cultu
376 , d’autres vertus. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
377 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
378 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
379 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
380 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
381 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
382 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
383 absolu de vérité. D’autre part, le sens critique devrait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
384 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvon
385 origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
386 ues l’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
387 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
388 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
389 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine da
390 personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui doit répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
391 s cris et non sans haine une aide qui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
392 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
393 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
394 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
395 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
396 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
397 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, soit pour mo
398 ient, soit pour en prendre mieux conscience, dans notre cas. Le troisième caractère original de la culture européenne, c’est
399 a seule mesure où ces actes sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
400 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
401 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
402 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
403 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
404 ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
405 t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
406 En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité
407 té objective dérivent nos sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de
408 nnelle, lié au sens de la liberté dérivent toutes nos institutions : et enfin, de la combinaison des trois vertus résulte n
409 enfin, de la combinaison des trois vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis ma
410 vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre
411 nous avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa s
412 puis marqué de notre empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa surface solide, c’est bien à la co
413 sa surface solide, c’est bien à la complexité de nos origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensi
414 e, c’est bien à la complexité de nos origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
415 bien à la complexité de nos origines que nous le devons , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
416 , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairement en résulter et qui nous condamnaient à la recherche, à
417 ns qui devaient nécessairement en résulter et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, au dépassement perpétuel,
418 ation aventureuse, et toujours à l’exportation de nos produits, donc au total, à l’expansion. Que ce mouvement ait été bapt
419 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce laboratoire du monde, a poussé les sciences et les
420 prodigieuses de siècles et de continents que sont nos musées et bibliothèques, ils ont élaboré les préalables d’une science
421 par la culture européenne ne va pas se réaliser à nos dépens. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au h
422 et fécondes. Le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de n
423 Le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de
424 reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matér
425 idité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un m
426 rines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos prod
427 puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos produits. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, éthiques et
428 maintenir en composition. Le monde choisit tel de nos produits les plus douteux — le nationalisme, par exemple — et le reto
429 nationalisme, par exemple — et le retourne contre nous . Le monde entier s’européanise dans ses apparences : usines, machines
430 Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
431 éprise, ou ignore simplement notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
432 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
433 spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
434 mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
435 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de
436 mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
437 aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
438 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
439 ngoissants et les chances admirables. La crise de notre civilisation, provoquée par son expansion même — mais incomplète — da
440 omme l’ont prédit depuis un siècle la majorité de nos plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux tous que je ne le cro
441 isations avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la nôtre . Elles se trompaient, tout simplement, mais cette erreur ne saurait p
442 pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons p
443 re d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les cont
444 es Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les continents, comme avant 1
445 t sur tous les continents, comme avant 1914, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique im
446 es villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs pl
447 journaux, et même leurs embarras de circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et
448 Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et n
449 parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sen
450 et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sens unique et n’est pl
451 phénomène sans précédent dans toute l’histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sou
452 aire, du moins séduire tous les peuples du monde. Nous avons aussi vu qu’elle exporte ses produits sans les valeurs qui cont
453 mplètement humains. Ces très hautes civilisations devaient donc nécessairement demeurer régionales, et décliner dans les limites
454 êtes tous un en Jésus-Christ »), cette conception devait (seule) permettre à ceux qu’elle formerait intimement, de considérer
455 ultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et
456 eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous
457 très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ains
458 t : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de nous celle des Hittites, plus près encore celles des Mayas et des Aztèques
459 ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre , sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été pré
460 le Laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la Terre ? II s’en faut de beaucoup que leurs rivales
461 nat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Un sociologue français, Roger Caillois, écrivait non sa
462 ger comme suit le passage que je vous ai cité : «  Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne
463 ue je vous ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement
464 lisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le t
465 de que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaien
466 e mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnog
467 inventaire mondial qu’initièrent à la Renaissance nos Découvreurs de l’espace terrestre et du temps de l’humanité. Ceci m’a
468 ème raison d’avoir confiance dans la longévité de notre civilisation : on ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une
469 à la relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont préc
470 ssons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédés : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la de
471 itération ou simplement la reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Il y a pourtant les É
472 sont nés de la substance même de l’Europe, et de nos jours ils s’européanisent à nouveau, plus profondément que l’Europe n
473 , en attendant le péril noir. Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
474 Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du m
475 otre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un
476 que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un seul péril sérieux : le p
477 vitalité créatrice, c’est en Europe, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qu
478 urope, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce
479 qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’e
480 ine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation univ
481 s peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le n
482 opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le nationalisme et la superstiti
483 n matérialiste. Il en va du nationalisme comme de notre rhume de cerveau, qui devient mortel, dit-on, chez certains indigènes
484 l’Europe depuis près d’un siècle et demi, et que nous refusons de prendre au tragique, cette passion, quand elle atteint l’
485 e, ou le monde arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. F
486 arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. Forme collectiv
487 pêchant au-dedans cette union fédérale qui ferait notre force pacifique, décuplant au-dehors la force belliqueuse de ceux don
488 -dehors la force belliqueuse de ceux dont il fait nos ennemis. Quant au second virus secrété par l’Europe, et que je nommer
489 e je nommerai le matérialisme plat, il prend chez nous les formes les plus diverses. Il va du culte du confort chez l’ouvrie
490 uelles, à tout ce qui donne un sens, une saveur à nos vies. Ce matérialisme plat ne serait guère plus dangereux que la bêti
491 ôt fait de se mettre en grève, de débrayer, et de nous livrer sans défense aux fanatiques du statu quo, par où j’entends les
492 n va pas de même sur d’autres continents. Quant à nous  : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, e
493 s de même sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous
494 sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons va
495 nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de milli
496 ent avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de millions de morts, il est
497 ts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez nous , mais chez les autres qu’il triomphe. Permettez-moi de vous citer à c
498 erminée par un roulement de tambour, voilà ce qui doit logiquement se produire. Or ce n’est pas chez nous, en Europe, mais
499 it logiquement se produire. Or ce n’est pas chez nous , en Europe, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce
500 en Europe de tels excès. Certes elle est née chez nous , et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les péri
501 rtes elle est née chez nous, et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas
502 ue Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienn
503 nti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, en un mot, l’organisme eur
504 un mot, l’organisme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettr
505 mettront au genre humain de résister à son tour à nos poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette
506 te forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que notre vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’i
507 vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’illustrer d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement
508 d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement par nos discours — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civi
509 — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civilisation : — la première est le fédéralisme, art et science de l’
510 ort, et la technique tourne en routine, et toutes nos libertés morales et civiques s’enlisent dans l’euphorie d’un confort
511 es, cette union fédérale est la condition même de notre action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu
512 e notre action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’Europe
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
513 ssi les non-chrétiens, qui sont les deux tiers de notre humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où la religion ch
514 tiellement universelle. Il se peut que l’union de nos Églises les renforce, devant le défi que porte à toute religion — aut
515 auver son âme. Si tout homme qui se veut chrétien doit vouloir l’union des Églises, c’est pour des motifs spirituels command
516 l’organisation et les tentations de la puissance devaient faire prévaloir dans l’Église mère, puis dans les Églises séparées, l
517 ités spirituelles. Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’
518 Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’oppose à la grande
519 s dimanches, le même Évangile annoncé, et le même Notre Père prié ; que les grands moments de la liturgie, les formules de la
520 e a peu de prise. Un seul exemple. On qualifie de nos jours de « catholicisants » les protestants qui veulent la fréquente
521 me aujourd’hui celui-là. Qui est celui du sens de nos vies. q. Rougemont Denis de, « Un péché mortel : la désunion des
522 est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre temps. Calviniste de la Suisse romande, il représente, au sein du pro
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
523 e, proclamée contre l’Occident colonialiste. Dans notre Europe, qui l’inventa, le phénomène est plus complexe. À la fois atti
524 e, — ce serait refaire l’histoire du plus long de nos siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution du seul concept, au moy
525 jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvons le raisonnement suivant, toujours lié à une période de crise
526 période de crise guerrière ou révolutionnaire : — Notre peuple se distingue entre tous par une mission historique d’une porté
527 t ceux de la paix universelle ; pour leur imposer notre bien, toute guerre est sainte, et de plus elle est préventive, car il
528 ux, les rétrogrades et les impurs, le trésor dont nous avons la garde ; or la guerre a ses exigences : discipline absolue de
529 me ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il
530 l existe, ne peut être que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’y a donc plus d’insta
531 ation française, parce que c’est de la France que doit partir la liberté et le bonheur du monde. Il faut donc protéger par
532 talement « nivelé » par les lois de la Liberté : Nous ne sommes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche p
533 mmes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche physique sur un seul point du globe. Les droits de l’homme s’é
534 neté solidaire, indivisible du genre humain ; car nous voulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons p
535 ulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons pas d’autre maître que l’expression de la volonté générale
536 in d’examiner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le
537 veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui
538 èce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont p
539 d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs , sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commi
540 ns lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveu
541 sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouv
542 mmis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aime particulièrement to
543 élire d’unité universelle nivelée et centralisée, devait conduire la Révolution, par une nécessité concrète, à la négation mêm
544 n la théorie la plus absolue de la nation fermée ( nous dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’un
545 due, par le hasard. … Les citoyens d’un même État doivent tous trafiquer entre eux. L’Europe chrétienne formant un tout, le com
546 mant un tout, le commerce des Européens entre eux devait être libre. Il est facile de faire l’application à l’état actuel des
547 ent le commerce de toutes les parties entre elles doit rester libre, comme il l’était à l’origine. Si elle est au contraire
548 n plusieurs États sous divers gouvernements, elle doit être divisée de même en plusieurs États commerciaux complètement ferm
549 de l’état d’anarchie commerciale et politique où nous vivons. Si l’on veut supprimer la guerre, il faut en supprimer la ca
550 st la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est la fin du processus exactement inverse de celui du Marché
551 ermettant d’atteindre bientôt sûrement ce but. Il doit y marcher avec méthode, et ne laisser passer aucun moment sans retire
552 poursuivie. Tous les ans l’importation étrangère doit diminuer. D’une année à l’autre le public a moins besoin de ces march
553 lacées par des succédanés dans le pays, puisqu’il doit s’en déshabituer entièrement, entraîné d’ailleurs activement à cela p
554 stante hausse des prix. … L’exportation également doit diminuer : car suivant le plan, le gouvernement diminue le nombre des
555 e voyager hors de l’État commercial fermé : il ne doit pas être permis plus longtemps à une vaine curiosité et à la recherch
556 de l’État ; loin de les empêcher, le gouvernement devrait même les encourager et faire voyager aux frais de l’État savants et a
557 est véritablement la création. Le seul lien qui devra subsister entre les peuples sera celui de la Science : … Grâce à ell
558 les hommes s’uniront de manière durable et ils le doivent , quand pour tout le reste, leur division en peuples divers sera achev
559 avouer que celle de Fichte, pour absurde qu’elle nous paraisse, se trouve avoir le mieux correspondu aux réalités historiqu
560 sion colonialiste dans l’anarchie, responsable de nos divisions, puis à l’étape nécessaire de fermeture totale des monades
561 e par la Science et libérée de tout impérialisme… Nous n’en sommes peut-être pas loin dans cette seconde moitié du xxe sièc
562 qu’il présentera toujours comme une « défense de nos foyers »30, il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la pr
563 précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
564 ies uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civilisation. Voici des textes jalonnant cette double évolution des i
565 ées et des faits, en divergence vertigineuse, qui devait nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herde
566 des faits, en divergence vertigineuse, qui devait nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et
567 rique : Tous les peuples de l’Europe et du monde devront traverser cette agonie, pour que la vie surgisse de la mort et pour q
568 combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous , Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent
569 té, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais- nous  ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
570 s que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
571 sent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
572 verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
573 ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Adam Mickiewicz, dans son Livre des Pèlerins polonais r
574 ses yeux, l’Italie (« cet Orient de l’Occident ») devait jouer pour l’Europe le rôle de nation-guide, sous la haute direction
575 national fortement constitué et qui ne veut rien devoir à personne ? À la différence de l’Espagne, qui se replie sur son pass
576 chelet, lui aussi, exalte « l’intime harmonie qui doit unir toutes les parties constituantes de l’Europe », parmi lesquelles
577 me épurée d’une mission européenne de son peuple. Nous connaissons maintenant le processus, illustré par toutes les grandes
578 concert une note allemande, et Constantin Frantz nous la donne : Il va de soi qu’une telle fédération ne saurait être inst
579 est venue la division de l’Église, il est donc du devoir de ce pays, plus que de tout autre, de recréer la communauté des nati
580 qui serait restée le privilège des Russes et que nos pays de l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve emprunt
581 ssie. La plus haute parmi les hautes missions que nous autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de gro
582 es hautes missions que nous autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de grouper l’humanité en un seul fa
583 est pas seulement la Russie et le panslavisme que nous servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que no
584 humanité entière… Les Européens ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des bataille
585 ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins
586 e si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit
587 sterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il
588 s, grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheur
589 rsécutés, quand bien même ce serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritabl
590 ême ce serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie,
591 ire le fait que les souverainetés nationales vont nous dominer, ceux-là ne savent pas pour qui sonne le glas. Car ces effort
592 une nation ? » il écrit : Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dans le passé
593 et de vouloir en faire encore dans l’avenir. … De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la n
594 es prendre à la gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race
595 gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le d
596 s de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue in
597 venue des « terribles simplificateurs » dominant nos nations domestiquées par l’État militaire33. Dans une de ses lettres
598 rminée par un roulement de tambours, voilà ce qui doit logiquement se produire… Il est clair que le monde va vers l’alternat
599 s extraits tirés de Par-delà le bien et le mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous n
600 bien et le mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme pl
601 mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de cour
602 Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour
603 péens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour à de
604 , des heures où bien d’autres sentiments antiques nous submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à
605 ques nous submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que
606 ettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures et se passe en quelques heures : pour le
607 gurer des races épaisses et hésitantes, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels
608 e : les petits États de l’Europe — j’entends tous nos empires et États actuels — doivent nécessairement devenir non viables
609 e — j’entends tous nos empires et États actuels — doivent nécessairement devenir non viables, économiquement parlant, sous la p
610 urs centaines de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibel
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
611 n Europe, et seulement par la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
612 ment, une première définition de l’originalité de notre continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
613 vraie culture est universelle par définition, et nos problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
614 courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
615 r une connaissance trop méticuleuse et pédante de nos diversités, sur une expérience, vécue jusqu’à l’irritation, du tempér
616 , du tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
617 ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
618 le d’un presbyte. Essayons maintenant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
619 ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons- nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
620 , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
621 que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’E
622 , de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de notre culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
623 raient tentés de nier, à priori, l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
624 l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
625 Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’au point où nous allons le voir se renverser). Ne serait-ce pas, précisément, la multi
626 Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de nos différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
627 ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
628 té, la spécificité et la communauté, — l’unité de notre culture ? Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment
629 eviendra vraiment sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
630 nt sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
631 entent d’imposer à la culture de leurs sujets. Si nous considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
632 subsistent encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
633 encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
634 libre jeu de ses diversités. Mais il est temps de nous demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
635 t historiquement par la pluralité des origines de notre civilisation. Et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
636 es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par notre refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
637 e extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
638 mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
639 re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
640 et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
641 et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensib
642 oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jé
643 par les mythes gouvernant nos sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
644 du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
645 he son épée, le Celte romantique et magique, — et nous descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
646 unique, incontestable : le dynamisme européen. Si nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde
647 nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
648 , puis marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
649 es terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
650 n à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
651 omplexité de nos origines culturelles que nous le devons , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
652 , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche,
653 s qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
654 les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
655 viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
656 groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
657 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
658 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
659 é politico-social. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
660 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
661 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
662 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
663 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
664 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
665 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
666 ssible à vérifier. D’autre part, le sens critique devait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
667 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons
668 s origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
669 ues l’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
670 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
671 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
672 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
673 personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui doit répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
674 t à grands cris de haine une aide qui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
675 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
676 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
677 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
678 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
679 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
680 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, — soit pour
681 dans la seule mesure où ils sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
682 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
683 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
684 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
685 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
686 ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
687 t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
688 En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilit
689 ité objective dérivent nos sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens
690 nelle, lié au sens de la liberté, dérivent toutes nos institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives,
691 e la liberté, dérivent toutes nos institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dyna
692 , orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dynamisme irrépressible. D’où vient, en effet, le dynamisme d’une civ
693 civilisation ? Je n’en crois rien. Il existe sur notre planète trois régions comparables du point de vue de la pression démo
694 les invasions asiatiques, seul défi extérieur que nous ayons subi, d’ailleurs victorieusement, des champs Catalauniques au K
695 n’ont rien suscité de marquant ni de nouveau dans notre civilisation. Seules les Croisades ont été productives à cet égard ;
696 r, mais au contraire d’une agression délibérée de notre part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne
697 de notre part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
698 notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
699 tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émig
700 ement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne
701 ue à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérialis
702 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
703 ente les plus vives polémiques intellectuelles de notre époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
704 ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces cré
705 xe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces créations sont en expansion vers le
706 t enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
707 de cette séculaire discussion et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
708 et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
709 re nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
710 s, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
711 philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
712 lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
713 nc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
714 nces tout au moins, adoptées par le monde entier. Notre culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, mais voici
715 problèmes effrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
716 aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
717 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
718 r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour
719 démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’a
720 sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
721 es bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois pl
722 iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
723 s plus intime et plus globale de l’originalité de notre culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avo
724 de notre culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
725 in de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
726 s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
727 mes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais
728 s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
729 lture européenne n’est nullement supprimée, et ne doit pas être masquée, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nou
730 , par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nous répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
731 condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
732 le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
733 vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
734 doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs, religieuses, é
735 les maintenir en composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
736 Mais ce même monde méprise ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
737 éprise ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
738 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
739 spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
740 mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
741 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
742 prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
743 ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aus
744 isation née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons -nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture euro
745 née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons- nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
746 œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
747 ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
748 e, et que l’Europe seule peut le faire, mais elle doit d’abord exister. Certains me diront, et une part de moi-même me le ré
749 e parfois en sourdine : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
750 tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
751 us faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
752 e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
753 stion européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
754 Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «  Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
755 Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » Ce
756 même bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui nos seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
757 e, le tonnage nécessaire ? Ou bien ne faut-il pas nous demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Be
758 quer parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
759 pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
760 qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre  ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
761 pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
762 est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire
763 tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 35. Paul
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
764 ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de notre Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
765 le sera de reprendre les trois termes qui forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrè
766 forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
767 erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
768 voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons cr
769 e dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
770 t nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous
771 r, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
772 is quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaqu
773 us devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
774 vons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d’abord,
775 et pour les autres. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
776 s. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
777 défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
778 e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
779 r les persécutés accusés de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
780 de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
781 iennent aussi des formes de vie matérialistes que notre civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
782 u’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Car la culture, c’est justement l’ensemble des ac
783 tivités proprement humaines qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
784 on et progrès technique et démocratique. Pour que notre vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
785 ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
786 lligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
787 ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
788 llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
789 ire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôt
790 de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre  : contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
791 n sens humain pour chaque personne. La politique, nous n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
792 insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cet
793 ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
794 berté et le sens de la vie (8 juillet 1960)v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
795 pas seulement des formes de vie matérialistes que notre civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
796 u’intervient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Vous avez lu et entendu depuis longtemps tant de
797 tivités proprement humaines qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
798 on et progrès technique et démocratique. Pour que notre vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
799 ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
800 lligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
801 ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
802 lénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
803 re de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôt
804 de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre  : contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
805 globale. Voilà pour les trois termes qui forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
806 rment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
807 eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui nous est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
808 s du progrès sur les vraies libertés humaines. On nous demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
809 que le commentaire que je viens de vous donner de nos buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
810 erviewers insistent : tous veulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
811 eulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. Au
812 sens humain, pour chaque personne. La politique, nous n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
813 insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
814 e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
815 la politique totale et absolutisée. La politique doit rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que
816 ale et absolutisée. La politique doit rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
817 sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
818 entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
819 ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
820 os désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
821 son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
822 olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
823 n Europe et seulement dans la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
824 ment, une première définition de l’originalité de notre continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
825 vraie culture est universelle par définition, et nos problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
826 courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
827 r une connaissance trop méticuleuse ou pédante de nos diversités, sur une expérience vécue jusqu’à l’irritation, du tempéra
828 , du tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
829 ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
830 n même individu…) Essayons maintenant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
831 ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons- nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
832 , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
833 que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la constatation suivante, qui sera ma premiè
834 , de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de notre culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
835 raient tentés de nier, à priori, l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
836 l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
837 Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où nous allons le voir se renverser. Ne serait-ce pas, précisément, la multip
838 Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de nos différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
839 ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
840 ité, la spécificité et la communauté — l’unité de notre culture ? Pendant une table ronde que je présidais à Rome, il y a que
841 t qu’il le conteste ? C’est donc dans le fait de notre exceptionnelle diversité, non pas subie mais jalousement revendiquée
842 le signe et la démonstration de l’originalité de notre culture. Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment s
843 eviendra vraiment sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
844 nt sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
845 , limitée pour l’instant aux formules d’unité. Si nous considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
846 subsistent encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
847 encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
848 ibre jeu de ses diversités. Mais il est temps de nous demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
849 t historiquement par la pluralité des origines de notre civilisation ; et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse pa
850 es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par notre refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
851 e extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
852 mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
853 re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
854 et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
855 et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentim
856 oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jéru
857 , par les mythes gouvernant nos sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
858 du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
859 che son épée, le Celte romantique et magique — et nous descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
860 unique, incontestable : le dynamisme européen. Si nous avons découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte
861 ns découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
862 ut cas marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
863 es terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
864 n à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
865 omplexité de nos origines culturelles que nous le devons , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairem
866 , aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche,
867 s qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
868 les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
869 viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
870 groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
871 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
872 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
873 é politico-social. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
874 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
875 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près,
876 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près, opportunistes ou sen
877 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
878 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
879 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
880 ssible à vérifier. D’autre part, le sens critique devait nécessairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs, du fait même de
881 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut-
882 ues d’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : le sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
883 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
884 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
885 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
886 personne humaine, c’est-à-dire de l’individu qui doit répondre de ses actes à la fois devant Dieu et devant la société, don
887 t à grands cris de haine une aide qui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
888 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
889 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
890 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
891 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
892 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
893 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent — soit pour m
894 dans la seule mesure où ils sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
895 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
896 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
897 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
898 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilis
899 sation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
900 notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
901 tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inv
902 ement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous
903 e en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous condamnent à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérial
904 i développées jusqu’ici, relatives à l’origine de nos diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu a
905 ci, relatives à l’origine de nos diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu abstraites. Il est tem
906 gines historiques et les motifs philosophiques de notre dynamisme européen, je vais énumérer tout simplement quelques-uns de
907 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
908 ente les plus vives polémiques intellectuelles de notre époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
909 tre, et j’ai laissé de côté l’immense chapitre de nos créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a
910 ’immense chapitre de nos créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre
911 ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs ; mais d’autre part, toutes ces créations sont en expansion v
912 t enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
913 de cette séculaire discussion et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
914 et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
915 re nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
916 s, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
917 philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
918 lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
919 nc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
920 nces tout au moins, adoptées par le monde entier. Notre culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, et voici q
921 problèmes effrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
922 mais aussi au détriment de leur propre équilibre. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
923 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
924 r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face.
925 démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les
926 uré devant nos yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Europé
927 tique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
928 que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois pl
929 iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
930 s plus intime et plus globale de l’originalité de notre culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait,
931 inalité de notre culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
932 ture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
933 s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
934 mes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais
935 s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
936 trices, et non pas au niveau des sous-produits de notre culture. L’originalité de la culture européenne n’est nullement suppr
937 lture européenne n’est nullement supprimée, et ne doit pas être masquée, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nou
938 , par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nous répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
939 condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
940 le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
941 vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
942 doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, ét
943 les maintenir en composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
944 Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
945 prise, ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthi
946 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
947 ité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
948 e ou ignore notre éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
949 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
950 prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
951 ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aus
952 isation née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons -nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture euro
953 née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons- nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
954 œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
955 ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
956 de, et que l’Europe seule peut le faire. Or, elle doit d’abord exister. Mais on me dira, et une part de moi-même me dit : ap
957 rt de moi-même me dit : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
958 tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
959 us faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
960 e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
961 stion européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
962 Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «  Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
963 Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » C
964 ême bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui nos seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
965 , la voilure nécessaires ? Ou bien ne faut-il pas nous demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Je
966 son, parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
967 elle-même a suscité, et qui commande au préalable notre union. À ceux qui demandent d’abord des apaisements moraux, des certi
968 pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
969 qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre  ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
970 pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
971 est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire
972 tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 38. Si l
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
973 rang dans le monde pendant des siècles, elle l’a à sa faculté de créer des valeurs morales, des structures de la socié
974 à restaurer le sentiment d’indépendance morale de notre continent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confi
975 ontinent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confiance en soi et en l’avenir qui est l’une des premières
976 nsi être réduits au minimum. Ce régime provisoire devait permettre à la Fondation d’une part de s’organiser et d’élaborer son
977 e aussi grand que possible de donateurs dans tous nos pays. La politique adoptée par le Conseil des gouverneurs, durant ce
978 -pilotes d’éducation européenne (dont l’exécution devait être confiée dès 1956 au CEC) et le second commanda des œuvres nouvel
979 pour des projets déterminés. Reprenant maintenant notre comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le mom
980 nt notre comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le moment est venu, pour la Fondation, de « mettre à
981 nationaux pour la recherche en commun des fonds, doit fournir les moyens nécessaires à la mise en pratique de cette troisiè
982 la mise en pratique de cette troisième étape. Si notre Fondation atteint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au dépa
983 tions européennes, économiques et politiques, qui doit se réaliser d’ici la fin de l’année. z. Rougemont Denis de, « Une
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
984 ez tous dans vos cœurs : Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que no
985 Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que nous vaut la lecture des légendes arthuriennes, et d’abord de celle de Tri
986 le mot de Valéry, mais aussi à jamais adolescent, nous le devons tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême,
987 e Valéry, mais aussi à jamais adolescent, nous le devons tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême, de quelque
988 avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
989 raduire cette belle définition dans les termes de notre sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
990 égende primitive et ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
991 xpressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
992 us, elles donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
993 l’âme ? Tout auteur qui se permet ces grands mots doit au public une justification de l’usage personnel qu’il en fait. Un my
994 ’une manière imagée, symbolique, une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-
995 une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-ci possède d’autres manières de s
996 mme la logique et la mathématique ; et non pas de notre existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
997 use et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’il doit , depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvo
998 mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Ceci posé — e
999 re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
1000 ient, et survolant les irritantes vicissitudes de notre incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
1001 la passion s’en fait. Cette image, étant idéale, doit demeurer toujours fuyante, inaccessible. Mais la réalité est lourdeme
1002  », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
1003 du mythe, il est perdant. À ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
1004 Retracer leur évolution du xiiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
1005 t aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
1006 ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
1007 entre le corps et l’intellect seuls cultivés par notre civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
1008 t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
1009 es propres fondements. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
1010 on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
1011 ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
1012 er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront nos romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
1013 s du spirituel. Selon les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la
1014 la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
1015 stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
1016 t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
1017 arrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
1018 la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
1019 vage magique, les amants légendaires sont entrés, nous disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
1020 zon du nouveau Jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
1021 retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien notre mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
1022 l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
1023 , et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la
1024 notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
1025 lle technique et nulle science de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours. Il faut aimer, pour le comprendre et rappor
1026 er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
1027 er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
1028 image ordonnatrice de la passion. En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
1029 ans sa grandeur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
1030 apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
1031 ’Occident . Celui-ci, par un fâcheux contretemps, dut renoncer le matin même à gagner Bruxelles, l’avion qui devait l’amene
1032 cer le matin même à gagner Bruxelles, l’avion qui devait l’amener n’ayant pu quitter Genève à cause du brouillard. C’est donc
1033 goureuse et la plus sensible, un autre exposé que nous attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, su
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
1034 Nos meilleurs esprits (1961)ad Dans un film naguère célèbre, Orson Wel
1035 e dans la petite phrase incriminée, la plupart de nos compatriotes ne voient pas malice, persuadés qu’ils sont que l’horlog
1036 ne craint personne. Il faut admettre ensuite que notre aurea mediocritas saute aux yeux du premier venu, tandis que la grand
1037 veut-on qu’un étranger le voit ? S’il vient chez nous et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, pa
1038 mesure. C’est tout cela qu’interdisent moralement nos coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme
1039 erdisent moralement nos coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme de talent, d’ambition, de géni
1040 t des Suisses dans la culture humaine, tandis que notre Américain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs espr
1041 méricain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs esprits, hors de l’étroit compartiment natal, iront cherche
1042 xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand ; c’est
1043 pays voisins et parfois de l’Amérique, que ce nom nous est revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs espr
1044 st revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs esprits mériterait une étude plus ample, dont je n’indique
1045 es affaires publiques, théologiens et pédagogues, nous les voyons tous assumer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou
1046 s et pédagogues, nous les voyons tous assumer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou spirituels, comme si le fait d’être
1047 ands dons aux yeux de leur conscience helvétique… Nous n’avons pas en Suisse de purs poètes, ni de peintres qui aient fait é
1048 rale », leur eussent été formellement refusés par nos coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms que j’énum
1049 ors du complexe suisse. C’est à eux que la Suisse doit de représenter une plus grande densité de conscience européenne et d’
1050 dans nulle autre région d’étendue comparable, sur notre continent. Le lecteur de ce recueil m’aura vu venir : je n’entendais
1051 à toute étude future sur l’œuvre et sur la vie de notre ami Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, « Nos meilleurs es
1052 Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, «  Nos meilleurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum 70. Geburtstag
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
1053 hui est dominée par l’industrie ; or le moteur de notre développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et
1054 lème ? Et dans quelle situation concrète abordons- nous notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondra
1055 ? Et dans quelle situation concrète abordons-nous notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondrai en c
1056 progressistes ; d’autre part, ceux qui défendent nos traditions humanistes, ceux qui s’opposent de toutes leurs forces ins
1057 la technique. Je suis pour ma part convaincu que notre culture, dans son ensemble — théologie, philosophie et science, poési
1058 s volumes et toute une vie de recherches. Je vais devoir me contenter de vous rappeler quelques exemples très typiques d’inven
1059 stants de l’homme, des rêves qui déterminent dans nos vies ce qu’on nomme les hasards, les trouvailles par hasard, des rêve
1060 ssi les grands thèmes directeurs des créations de notre culture. Pourquoi l’homme fabrique-t-il des outils ? Quels sont donc
1061 s les historiens de la technique répètent jusqu’à nos jours que les grandes inventions ont « répondu à des besoins », écono
1062 alimentaires et matériels. Quelques-uns cependant nous disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour rav
1063 l, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à notre volonté de puissance et de richesse. Et pourtant, la plupart des exem
1064 du sort de la technique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de conf
1065 echnique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de confort, ni la volo
1066 te invention que, dans son livre intitulé Ma Vie, nous donne l’inventeur Henry Ford. Ce rêveur incurable, ce bricoleur dépou
1067 naissances scientifiques, cherchait à construire, nous dit-il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre
1068 ainsi le processus automatique ; et il fit cela, nous disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Wat
1069 énie inventèrent un beau jour ces mécaniques, qui devaient permettre l’industrie moderne. Si le besoin matériel expliquait les c
1070 nomique, entièrement fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart de
1071 fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’invention
1072 termes physiques. Les très grandes inventions de notre siècle vérifient, en revanche, une fois de plus, la thèse du rêve cré
1073 sommes — des milliards de dollars — que dépensent nos plus grands États, sont affectées à la recherche des moyens d’explore
1074 iversel et proprement irrésistible. Et si un jour nous découvrons sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos indu
1075 sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de p
1076 ces nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descen
1077 nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les p
1078 s témoins qu’il n’en est rien. C’est la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. M
1079 st la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où vi
1080 ves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expri
1081 ermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances au
1082 es à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieu
1083 nent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieux autant que les désirs s
1084 r qu’ils se nourrissent en retour de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que no
1085 ur de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre
1086 leaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute n
1087 s images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son ima
1088 s de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations, — qui sont celles
1089 magerie et ses orientations, — qui sont celles de nos découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve
1090 — qui sont celles de nos découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve occidental, de ce même rêve qui
1091 ée du rêve occidental, de ce même rêve qui a créé notre culture ; — la technique n’est donc pas un destin objectif et que nou
1092 echnique n’est donc pas un destin objectif et que nous aurions à subir, mais bien au contraire, elle exprime des vœux profon
1093 au contraire, elle exprime des vœux profonds dont nous sommes responsables. Il en résulte que la culture et la technique ne
1094 ées dans leurs sources, puisqu’elles procèdent de nos mêmes rêves fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous fa
1095 fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous faire mieux comprendre la nature des deux dangers majeurs que la tech
1096 echnique. Dans la première moitié du xxe siècle, nous avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vi
1097 té à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le
1098 nvahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le déclin des valeurs spirituelles
1099 t mettre l’homme en esclavage, ou que la bombe va nous détruire, on oublie simplement que les machines et la bombe sont fait
1100 r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
1101 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. Il n’est pas d’invention, si sim
1102 de cuisine a sûrement fait plus de victimes dans notre histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. C’est l’homm
1103 agédie depuis plus d’un siècle pour une partie de nos populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
1104 omplément vivant d’un mécanisme mort ». Mais déjà nous voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
1105 progrès, mais au contraire en les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progre
1106 sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’amélior
1107 ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
1108 achines, qui semblait inhumain tant que l’ouvrier devait y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est p
1109 e que se développera l’automation. Imaginons donc notre humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
1110 ’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr, nous ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
1111 ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
1112 asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais nous voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
1113 oyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
1114 e l’invention technique qui tient à l’ensemble de notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons-nous de scier la branche s
1115 notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons- nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
1116 -nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
1117 lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
1118 ule formation spécialisée, il en résultera 1° que nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous cour
1119 ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
1120 ourrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
1121 erai maintenant quelques conclusions : 1. Gardons- nous d’opposer théoriquement la culture et la technique comme s’il s’agiss
1122 eux entités indépendantes et au surplus rivales. Nous avons vu que leurs sources créatrices sont communes, qu’elles jaillis
1123 t fabricatrice, poétique au sens étymologique. Et nous pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur
1124 mait si anxieusement un « supplément d’âme » pour notre société technique se voit doté, grâce aux paperbacks, d’un supplément
1125 rs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons- nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
1126 nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendra
1127 uit, au détriment final de l’un et de l’autre. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’i
1128 t final de l’un et de l’autre. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’il s’agit de les f
1129 étail ses méthodes, et il conclut : « Vous voyez, notre activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procéd
1130 es, à la stagnation, ou à des monstruosités. S’il nous faut davantage de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous
1131 de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous faut donc davantage de culture générale, et non pas moins, et seuleme
1132 ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
1133 es équivalents modernes du cheval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des o
1134 eval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs et destructeu
1135 ns leur expliquer les dangers et les bienfaits de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
1136 uer les dangers et les bienfaits de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
1137 leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
1138 deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
1139 tout le monde parle et que tout le monde exige de nous , une assistance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons
1140 ance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
1141 ale qui sait bien qu’elle dépend de la technique, doit comprendre aussi que la technique dépend de la culture créatrice. Il
1142 ette culture qui n’est pas seulement la source de nos inventions mais la seule garantie d’un progrès véritable. L’avenir de
1143 éritable. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développeme
1144 e dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
1145 té d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seul
1146 développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seulement dans les ind
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
1147 Le Temps de la louange (été 1961)ac Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans
1148 c Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures du ma
1149 ulait savoir son avenir. Ce que je sus, c’est que nous aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il devenait mo
1150 Centre européen de la culture, à Genève, qu’il ne devait quitter qu’un an avant sa mort. Je parlerai de sa personne. ⁂ Il étai
1151 françaises, — il semblait toujours que tout cela devait le conduire ailleurs, le préparait seulement… Rejoignant enfin sa vra
1152 ou simplement par la révolte. Car il croyait que notre incohérence aveugle avait un sens ailleurs, heureux et grand pour l’â
1153 tains indices — nombres, accords, réminiscences —  nous laissaient pressentir l’empire. Ici-bas régnaient l’à-peu-près, l’inj
1154 ascinait, ou comme celle, un peu clandestine, que nous poursuivions à Genève. Une espèce de rêve impérial d’autorité sans po
1155 grenu » de la vie brève, et qu’il deviendra parmi nous , pour quelques-uns, dans le temps signifiant de l’esprit, temps de lo
1156 fiant de l’esprit, temps de louange au « Dieu qui nous traverse ». ac. Rougemont Denis de, « Le Temps de la louange », Ca
24 1962, Articles divers (1957-1962). Jonas [préface] (1962)
1157 et françaises, il semblait toujours que tout cela devait le conduire ailleurs, le préparait seulement… Rejoignant enfin sa vra
25 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
1158 t ne s’occupe plus que de religion. Il prêche. Il doit s’enfuir à Nérac auprès de la reine de Navarre, puis à Bâle, où il éc
1159 tésiennes, aient été premièrement illustrées dans notre langue par ses écrits : fait d’histoire mais non pas de présence cont
1160 non pas de présence continuée. Ce qu’on entend de nos jours par « la littérature » dans les milieux où elle se crée et se c
1161 r la raison qu’elle enrichit ceux qui la suivent, nous dit-il. Dieu toutefois me fit tourner bride… Ayant donc reçu quelque
1162 ’un des rares livres qui aient changé le cours de notre histoire occidentale. Et de nouveau, il fuit devant l’éclat que fait
1163 i vers des buts et dans une action à quoi rien ne nous inclinait. J’étais l’homme le moins fait pour cela ! gémit l’individu
1164 urée par sa vocation ; comme aussi ses défauts, à notre goût du jour. Il est moins séduisant qu’impérieux, moins impérieux po
1165 u bon sens et du langage quotidien de son temps : nous jugeons pittoresques, par erreur, des tours qui ne voulaient qu’être
1166 ant à la pensée directrice : à Dieu seul tout est et de Lui seul tout vient. La phrase est souvent longue, mais d’une d
1167 révolte, refusé aux individus, mais confié comme devoir aux groupes constitués quand l’État outrepasse ses fonctions, a proté
26 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
1168 es grands noms deviennent des prénoms, les titres doivent être mérités, la familiarité dénote le respect, et les pédants sont e
1169 fin d’après-midi dorée, avec Ortega y Gasset, et nous parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sorte de prémonitio
1170 esprit. Mais quelques jours plus tard, à Orléans, nous entendions ensemble Jeanne au bûcher, de Paul Claudel et Arthur Honeg
1171 s large as life and twice as natural comme le dit notre ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplicité grande, s
27 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
1172 questions me paraît vital, et non seulement pour notre Fondation, mais pour tous ceux qui ont travaillé depuis longtemps à f
1173 ation politique, — qui effraye encore beaucoup de nos États. Les problèmes culturels ne seraient par conséquent que des pro
1174 , est en fait partagée par les élites sociales de notre continent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la
1175 ntinent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la culture avec ceux de l’URSS et des USA, puissances mode
1176 quelque 300 fondations culturelles existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’en millions de francs, marks ou florins. M
1177 e n’est pas à ses richesses naturelles qu’elle le doit  : simple cap de l’Asie (4 % des terres émergées du globe), un peu moi
1178 n d’être fini ! Selon la plus célèbre équation de notre époque, celle d’Einstein, l’énergie est égale au produit de la masse
1179 gnant l’Europe par E, la petite masse physique de notre continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semb
1180 ue de notre continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semblable et non moins chargée de conséquences 
1181 ances du xxe siècle, — très largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos p
1182 s largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! —  nous commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool
1183 eurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool leurs ressources, trop longtemps divisée
1184 ins de culture européenne. L’obstacle principal à notre union réside dans les esprits, non dans les faits. C’est donc dans le
1185 squ’à Coudenhove-Kalergi, Briand et Churchill, de nos jours, — depuis six siècles donc, les meilleurs esprits et les meille
1186 t n’ont cessé de préconiser une union fédérale de nos peuples, respectant leurs diversités. Aux premiers vous direz : votre
1187 e serait sans nul doute plus conforme au génie de nos peuples divers, mais voilà six-cents ans qu’elle échoue dans tous ses
1188 x termes ensemble. Tel est le secret spirituel de notre avenir. L’énergie tout à fait extraordinaire qu’ont dégagée les peupl
1189 onde, a sa source dans les tensions produites par nos diversités, — de religions, de races et de coutumes, d’idéologies, d’
1190 ns, et l’Europe a risqué d’en périr. Insister sur nos seules diversités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifi
1191 versités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifier dans un cadre rigide détruit l’Europe spirituellement. Le com
1192 ’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de nos pauvres conditions physiques. De la culture aussi sont venues nos div
1193 itions physiques. De la culture aussi sont venues nos divisions, presque mortelles. De la culture enfin doit venir le remèd
1194 divisions, presque mortelles. De la culture enfin doit venir le remède à nos maux, et il est double : réduire les préjugés n
1195 elles. De la culture enfin doit venir le remède à nos maux, et il est double : réduire les préjugés nationalistes, qui s’op
1196 ces principes en termes d’activités culturelles. Nous voyons que le programme commun des instituts, mouvements et associati
1197 tituts, mouvements et associations de culture que notre Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes 
1198 s de culture que notre Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes : 1° organiser la coopération de
1199 u xxe siècle — en s’appuyant sur la diversité de nos langues. La première tâche sera donc d’illustrer l’unité de base de t
1200 mune des Européens est beaucoup plus ancienne que notre présent découpage en États qui se disent « souverains » mais qui sera
1201 he consiste à prendre au sérieux les principes de notre culture occidentale, et d’abord à les mieux connaître. Que servirait
1202 départ à un échec sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairemen
1203 sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairement à l’Asie et à l
1204 es. Au terme de l’intégration européenne, s’il ne devait y avoir que dividendes, bombes atomiques, autos et frigidaires, les f
1205 re chose. Mais sans l’action éducatrice de toutes nos forces culturelles, décuplées par une aide puissante que l’économie s
1206 ront à la freiner. Et les Autres arriveront avant nous à des positions de puissance dont ils ne manqueront pas d’abuser cont
1207 ont pas d’abuser contre l’homme, du moins tel que nous le concevons. En admettant qu’une armature d’institutions s’impose to
1208 e armature d’institutions s’impose tout de même à nos peuples passifs, si les forces de culture ne l’animent pas, une Europ
1209 ue vide. L’apport vital des forces culturelles à notre intégration consiste donc d’abord à préparer le terrain pour les mesu
28 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
1210 et stratégique du Saint-Gothard dès les débuts de notre histoire. Le 11 mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Holland
1211 de Berne, qui a demandé quelques volontaires. Il nous expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’a
1212 ui a demandé quelques volontaires. Il nous expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’arrêter à la p
1213 oi de la Suisse alémanique. En sortant du studio, nous apprenons que Paris vient d’être bombardé pour la première fois. Dans
1214 bombardé pour la première fois. Dans le train qui nous ramène à Berne le lendemain matin, je dis à Spoerri : « Si la France
1215 t tentés de céder à diverses pressions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je
1216 ssions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au
1217 . Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri insiste, agit. Des contacts sont pris à
1218 . Des contacts sont pris à droite et à gauche. On nous approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idé
1219 t pris à droite et à gauche. On nous approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idée qui s’incarne, q
1220 s’il est bien à la mesure du tragique dans lequel nous baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colonel M. et aux autres camar
1221 i ? — Je ne suis pas officier de carrière. — Vous deviez le faire quand même. Vous êtes accusé d’injures à chef d’État étrange
1222 ave, c’est… très grave ! Terminé. — Terminé. Bon. Nous verrons cela demain matin. Arriver à sept heures tapantes au bureau,
1223 rriver à sept heures tapantes au bureau, surtout. Notre projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour
1224 e convoquer pour le 22 juin les dix personnes que nous avons « contactées » ces jours derniers. Secret bien gardé jusqu’ici.
1225 di. C’était sérieux. Attaques de saboteurs contre nos aérodromes. Mais on veillait partout. Hier soir, des barrages ont été
1226 n 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : «  Nos lecteurs se souviennent sans doute de l’étude du journaliste anglo-su
1227 iste anglo-suisse Jon Kimche parue cet hiver dans nos colonnes et consacrée à certains aspects souterrains — ou simplement
1228 pects souterrains — ou simplement peu connus — de notre histoire pendant le dernier conflit mondial. Dans cet ouvrage, Kimche
1229 ute à ceux qui auraient pu être tentés d’intégrer notre pays au système du Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisa
1230 les objectifs eurent sa sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute acti
1231 sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute action directe de ces mouveme
1232 de Rougemont, témoin et acteur de ces événements nous a envoyé certains feuillets de son journal de juin et juillet 1940 qu
1233 juillet 1940 qui les éclairent et les expliquent… Nous avons choisi de publier ces pages en cette fin de juin, à peu près à
29 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
1234 peut y apparaître dans un instant des hommes qui nous tireront dessus. Je n’ai même plus mon pistolet, que je déposais chaq
1235 heure, les nouvelles de l’action entreprise pour notre « défense à tout prix ». (Beaucoup de précautions sont nécessaires, c
1236 0 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison du Gurten. Je prends la position. Il tient dans chaque
1237 a quelques jours. En ce moment même, chez Mottu, nos conjurés sont réunis pour la fondation du mouvement de résistance à t
1238 des éditoriaux parlent déjà de « la nécessité de nous adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin 1940 Repris mon service à la s
1239 cées, j’ai eu le temps de rédiger le manifeste de notre mouvement, qui a pris le nom de « Ligue du Gothard », pour ma plus gr
1240 de l’horizon politique, décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suis
1241 politique, décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’
1242 Confédérés peuvent s’unir dans leurs diversités… Nous n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse dans le présent et pour
1243 tenir la Suisse dans le présent et pour l’avenir. Nous ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fie
1244 ous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses. Ce texte va paraître
1245 a paraître dans 74 journaux du pays. Dans chacun, nous avons acheté une page entière. (Formule de la publicité politique ou
1246 que aux États-Unis.) Frais payés sur la somme que nous a remise le capitaine E., l’un des chefs de la ligue des officiers —
1247 propos du cessez-le-feu en France, il a parlé de notre « soulagement » ! Cela peut s’entendre de diverses manières, mais l’u
1248 des membres du Directoire de la Ligue, soit avec notre seul homme de liaison entre la Ligue dans l’armée et la Ligue civile 
1249 nt Lindt41. Une maison de Berne, à double entrée, nous permet des contacts discrets avec les représentants de la Ligue dans
1250  ! Beaucoup de lettres, de pamphlets, d’articles, nous accusent tour à tour de tendances fascistes, ou marxistes, ou corpora
1251 dances fascistes, ou marxistes, ou corporatistes. Nos vrais « meneurs de jeu » seraient à la fois : la grande industrie, le
1252 old, dont on annonce par ailleurs la démission de notre Directoire : or il n’en a jamais été membre. Rien de plus normal. En
1253 s toute l’ampleur du péril, c’est bien le tout de notre vie suisse et non pas tel parti plutôt qu’un autre, qui est radicalem
1254 urnent. Le Conseil fédéral paraît hésitant. Selon nos renseignements très précis, certains de ses membres seraient prêts à
1255 de cette démarche dans les archives fédérales. On devait s’y attendre. Et personne n’ébruita la chose à l’époque. On comprend
1256 cette manière d’aller dire à un gouvernement : «  Nous vous avertissons qu’il existe un complot pour vous renverser, et que
1257 ’il existe un complot pour vous renverser, et que nous en sommes les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croya
1258 les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croy
1259 Logiquement, si le gouvernement nous croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre déma
1260 ement, si le gouvernement nous croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche
1261 l devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Li
1262 e arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule. En
1263 élégation comprit très bien qu’il s’agissait pour nous d’appuyer les durs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral deva
1264 urs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il rési
1265 ire peur aux mous. Le Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme
1266 Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanm
1267 raz de marée nazi ? Le Gothard, pense Rougemont, devrait fournir le symbole et la clef d’une résistance à tout prix. Voici la
30 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
1268 divers cantons, n’auraient pas vu si tôt le jour. Nous savons qu’en réunissant des efforts jusqu’ici dispersés et des groupe
1269 ci dispersés et des groupements naguère hostiles, nous créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la s
1270 ous créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est g
1271 ion et nous marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la
1272 ons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres
1273 la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu
1274 ppel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notr
1275 et 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre dispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient
1276 ispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient vrai ! Profonde impression dans l’armée et dans la popul
1277 Zurich, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route pre
1278 ch, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route presque
1279 une voiture militaire ouverte ralentit le long de nos petits groupes. Un jeune lieutenant inconnu de moi saute à terre, fai
1280 e fois de plus ce voyage aux États-Unis ? Ici, je dois revenir un peu en arrière dans mes souvenirs. Dès le mois de mai, le
1281 me ceux qui sont indiqués sous les chiffres 1 à 3 devraient , par conséquent, être évités ». (J’ai conservé la lettre, signée par
1282 vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont nous avions rêvé sans oser croire qu’en quelques mois il deviendrait une r
1283 emier mouvement de résistance, au sens que ce mot devait prendre un peu plus tard dans les pays occupés par Hitler. Je suis co
1284 litairement moins forte et moins bien alertée. Et notre petit mouvement de résistance, pour préventif qu’il soit resté, eût c
1285 , pas beaucoup dire. Me taire ou ne parler que de notre belle nature me semblait également intolérable, tant qu’Hitler séviss
1286 dans la lutte en cours, provisoirement perdue sur notre continent, l’élément décisif allait venir et ne pouvait venir que de
1287 sait que le Conseil fédéral, et c’est pourquoi il dut être un complot. Le général Guisan écrit dans son rapport que leur se
1288 résistance paraissait s’émousser chez certains de nos compatriotes impressionnés par l’ampleur des succès nazis (voir La T
31 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
1289 tion débridée court vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussit
1290 rt vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par l
1291 s le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par le rappel d’échecs ou d
1292 ent debout, essayons d’avancer dans l’inconnu que nous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais
1293 ous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d
1294 ut-être nous transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d’estimer l’ordre de grandeur des changemen
1295 s changements qu’apporteront les dix-huit ans qui nous séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont apportés les d
1296 els changements ont apportés les dix-huit ans qui nous séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’Ouest a passé
1297 personne n’osait le croire ou le redouter. Sommes- nous autorisés à prolonger les lignes de cette récente évolution et à prév
1298 e l’alliance atlantique ; l’anarchie continuée de nos relations avec le tiers-monde, d’où l’affaiblissement général des pos
1299 ue, désormais universalisée, a compris qu’elle se doit d’inventer les moyens d’humaniser l’usage des ressources matérielles
1300 sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes les témoins depuis la dernière guerre, mais ils sont plus spect
1301 e possible par l’union économique et politique de nos pays, et d’autre part l’accroissement de la population et l’urbanisat
1302 tains, aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi nous devons choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans,
1303 , aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi nous devons choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans, une Eur
1304 le mot d’ordre d’engagement de l’écrivain dont il devait renier plus tard les interprétations qui en furent faites. Envoyé aux
32 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
1305 La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)as Anciens villages et villes
1306 curieusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
1307 eusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
1308 ans trop d’erreurs les structures essentielles de notre civilisation. Un service religieux, une séance du conseil municipal,
1309 traient de trouver quelques-uns des secrets (pour nous trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire de la communauté s
1310 e la cité : celui de l’unanimité fondamentale qui doit transcender les partis, les ambitions et les doctrines en vogue. La m
1311 de centralisation systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
1312 emont Denis de, « La commune, base essentielle de notre civilisation », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p.