1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 utres le Soi, ou le Total, ou l’Être, Ramakrishna disait  : « Il n’y a aucune différence, que vous l’appeliez ‟Toi” ou que vous
2 Occident2. « La nuit, tous les chats sont gris », dit le proverbe. Mauvaise formule d’union, qui ne peut survivre à l’aube 
3 ances. Car chacun pense de l’autre : est-ce qu’il dit vrai ? trouve-t-il vraiment l’objet de sa recherche ? et cet objet lu
4 ne illusion psychologique chez les très rares qui disent y être parvenus, et pour les autres un solipsisme exténuant ?… Maîtri
5 tés de clochetons baroques ? Ce sont des temples, dit mon guide. Devant l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de v
6 sais quoi d’organisé ou d’encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassner m’offre ce mot : le corps magique, et il le comm
7 et ne cessent de refaire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du mystique médiéval,
8 e différence, que vous l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’atti
9  » ? De quelle yâna bouddhique relève celui qui a dit  : « Il faut que tu aimes Dieu comme non-Dieu, non-Esprit, non-Personn
10 berté de l’homme a pour condition la personne. On dira que l’Occident a fait les chambres à gaz, tandis que l’Orient profess
11 ’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour toutes. Il y a seulement deux expériences globales
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
12 ilité sans doute ambivalente, mais commune. On me dira qu’il est bien « dangereux » d’écrire cela. Je réponds qu’il est plus
13 ait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Contine
14 t malgré tout ce qu’il serait tellement facile de dire , la même foi dominant l’arrière-plan millénaire sur lequel se détache
15 sans dédain, qu’elles sont la vraie réalité. Que dis -je, on les déclare même éternelles dans la prose poétique des banquet
16 ru au xixe siècle. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? dit l’Europe aux nations. Elles seraient bien en peine de répondre. Spéci
17 nation cache l’Europe comme l’arbre la forêt. Je dirai plus : l’Européen demeuré nationaliste au fond de son cœur, me paraît
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
18 re. Je suis très loin de mépriser l’Histoire ; je dis seulement que pour l’Histoire l’Europe existe, dans la mesure exacte
19 ent néanmoins que l’Europe reste à « faire » ; je dis seulement qu’on ne peut la vouloir et la faire — donc l’unir par des
20 ne pensais. Il regarde comme “sophistes” ceux qui disent que l’Europe ne sera pas, si on ne la fait pas être : la plupart des
21 s que l’Europe fut déjà faite. M. de Rougemont me dit qu’il y a une Suisse, quoiqu’on puisse disputer sur la date de sa nai
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
22 soit qu’ils attaquent avec acharnement la morale dite bourgeoise ou les règles des arts, soit qu’ils opposent à l’anarchie
23 t imposer qu’un régime soviétique, et qu’Orwell a dit vrai malgré lui. Curieux pouvoir des pessimistes de l’autre siècle su
24 systèmes, sans doute, méritèrent à ce point qu’on dise d’eux qu’ils ont « fait leur temps », au double sens de l’expression.
25 que n’est plus qu’une « mystification » comme eût dit Marx lui-même, et le « mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pou
26 geait le cauchemar stalinien, l’épurait, si j’ose dire , le rationalisait, et le poussait à ses extrêmes conséquences. Tout p
27 re. J’entends cela tous les jours. Qui ne l’a pas dit  ? Curieusement, tout est faux dans ce langage ; tout n’est que manièr
28 lent pour nous, c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous, c’est que vous l’aurez bien mérité. L’A
29 ccroissement du risque humain… Mais il y a trop à dire , et d’autres vont parler. Je n’étais pas venu pour conclure, mais pou
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
30 est aujourd’hui orné de ce laurier. Des prix ? me dit Denis de Rougemont, j’en ai manqué beaucoup avant-guerre. Plus d’un j
31 e me trouvais aux côtés du maréchal Juin, j’ai pu dire  : Vous rendez-vous compte ? Me photographier, moi, auprès du Maréchal
32 ent à New York, Londres et Paris est destinée, me dit Denis de Rougemont, à répandre un peu plus les raisons de croire à l’
33 l’Europe comme a été faite l’Amérique. Il suffit, dit -il, de se trouver en Amérique, pour savoir que l’Europe existe, ne se
34 morale de la vocation dans la vie sociale. C’est, dit Rougemont, une question de feux rouges et de feux verts, de contrat p
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
35 aos sans précédent. Un intellectuel indonésien me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-out
36 eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit  : composez maintenant une chanson dans le goût de ce pays ; mais ils
7 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
37 le de construire notre union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sait qu’elle « uniformisation culturelle » comme consé
38 croit. (On attend de voir…) Et certes il fallait dire  : unissons-nous ! Certes, il fallait ratifier des traités. Mais voilà
8 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
39 ns la rigueur de sa pensée : il est chez lui. Que dit Einstein ? Il dit que, la guerre étant devenue le fait des nations, i
40 a pensée : il est chez lui. Que dit Einstein ? Il dit que, la guerre étant devenue le fait des nations, il faut créer l’aut
41 courtois, mais dénué d’illusions. Non, la force, dit -il, n’est pas le contraire du droit. Car le droit n’est en somme qu’u
9 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
42 ans une situation fausse. Ils doivent, pour ainsi dire , servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de la Confédération
43 patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temp
44 latent ordinairement le contraire de ce qui s’est dit dans une commission ». En sept semaines, au cours de 31 séances pléni
45 sants à l’union européenne. On ne manquera pas de dire que dans la grande Europe moderne, les problèmes ne sont pas homologu
46 . Leurs ennemis, catholiques et conservateurs, se disaient au contraire « fédéralistes », bien qu’ils fussent opposés à tout ce
47 Zurich 1937. Sur les origines : Karl Meyer, Ueber die Einwirkung des Gotthardpasses auf die Anfänge der Eidgenossenschaft,
48 eyer, Ueber die Einwirkung des Gotthardpasses auf die Anfänge der Eidgenossenschaft, in « Geschichtsfreund », t. 74, 1924 ;
10 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
49 dée d’une « histoire universelle », dès Augustin. Dira-t -on que les spécialistes retrouvent des notions analogues dans les rel
50 l’Europe et tout en est venu. Ou presque tout », dit Valéry. Mais je ne vois rien, ou presque rien, à part le jazz, qui so
51 matrice d’une circulation planétaire. Qui peut en dire autant dans notre siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, et d’a
52 européenne. Je me rappelle ce jeune Oriental qui disait devant un congrès d’étudiants internationaux : « Nous détestons pour
53 en art l’ennui, en biologie la mort. C’est assez dire que l’union fédérale, seule conforme à la formule même de l’Europe, e
54 t de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffinées, aient connu pareille fortune. Ce sont les lois de Min
11 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
55 des Européens élevés dans le respect de la vérité dite objective, de la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf.
56 de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire  : si nous, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellemen
57 t et ont seuls démontré sa conscience. On peut le dire  : l’idée de genre humain est une création des Européens. L’exploratio
58 a majorité de nos plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux tous que je ne le crois nullement, et je vais en donner tr
59 es disparues ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles
60 t de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffinées, aient connu pareille fortune. Ce sont les lois de Min
61 mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire , car il n’en saurait rien. » Et il proposait de corriger comme suit l
62 es de succès ? Il y a pourtant les États-Unis, me dira-t -on. Mais ils sont nés de la substance même de l’Europe, et de nos jou
63 tout cela « l’éclipse » de l’Europe ? Je vais le dire  : dans l’esprit des Européens, et pas ailleurs. III Devant le r
64 me de notre rhume de cerveau, qui devient mortel, dit -on, chez certains indigènes de la Papouasie. Cette passion qui enfièv
65 isme, cette forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que notre vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite
12 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
66 elles tendent à devenir indiscernables. J’oserai dire qu’il y a plus : en dépit des formules et définitions dogmatiques, si
67 de la rue, et s’unir à l’Auteur de sa foi, ayant dit le credo commun, qui se comprend, quand on le sait, dans toutes les l
13 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
68 re appelé l’ami. C’est en effet à Jean-Baptiste, dit Anacharsis Cloots, Prussien de naissance mais aristocrate hollandais
69 ur la totalité des hommes. Une corporation qui se dit souveraine, blesse grièvement l’humanité, elle est en pleine révolte
70 théorie la plus absolue de la nation fermée (nous dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’unité fina
71 y répondra par la Terreur et par la guerre. Car, dit Hegel : Les nations divisées en elles-mêmes conquièrent par la guerr
72 fer d’un seul berger : Napoléon à Sainte-Hélène disait que dans un proche avenir le monde serait une république américaine o
73 Kossuth, à Bruxelles en 1859 : Je me bornerai à dire que la Hongrie est la Hongrie depuis le ixe siècle, que sa gloire da
74 pitale du monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà que j’étais attaquée par les brigands, et je cr
75 idemment « le plus haut concept de l’esprit » eût dit Hegel : Ce qu’il y a de moins simple, de moins naturel, de plus arti
76 sens du terme, mais de portée universelle ? Non, disent les Russes, — ou tout au moins les penseurs russes du xixe , — c’est
77 âne des gens, puis les prendre à la gorge en leur disant  : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons
78 , tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réuni
79 Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Les
80 es facteurs essentiels de l’histoire. […] Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites d’une na
81 ndamental, qui est la volonté des hommes. … Je me dis souvent qu’un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations
82 t cela, et à bien des choses encore qu’on ne peut dire aujourd’hui, on méconnaît ou on déforme mensongèrement les signes qui
83 ières. Le dernier mot, sur cette évolution, sera dit par Georges Sorel, quelques années avant la catastrophe annoncée par
84 e Guerre mondiale34 : Personne n’a le courage de dire ou d’écrire que l’état de paix en Europe est un état anormal. Pourquo
85 litique panslave… C’est gai pour demain ! Je vous dis que la guerre viendra de la Russie. …Comment ferez-vous pour fédérer
86 es gegenwärtigen Zeitalters, 1804-1805. 30. « On dirait qu’il appelle foyers tous les endroits où il a porté le feu », remarq
14 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
87 t, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé d’entendre dire  : « Une culture européenne, ça n’existe pas. » Le fait même qu’une te
88 , mais si courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une un
89 nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du
90 uement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la consta
91 ’URSS de Staline et la Chine de Mao (pour ne rien dire des tentatives rapidement avortées du national-socialisme et du fasci
92 aventure perpétuelle. D’autres facteurs, que l’on dira providentiels ou matériels, selon les écoles de pensée, ont pu jouer.
93 s du genre humain. En dépit de ce que je viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir
94 ous Européens élevés dans le respect de la vérité dite objective, de la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf.
95 bre, et de travail. Voilà encore une banalité, me direz -vous. Mais comparez, une fois de plus. Les cultures totalitaires subo
96 de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire  : si nous, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellemen
97 qui ont seuls démontré sa consistance. On peut le dire  : l’idée de genre humain est une création des Européens. Exploration
98 e la culture européenne ? Je crois en avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voici : le sort du monde dépend a
99 aire, mais elle doit d’abord exister. Certains me diront , et une part de moi-même me le répète parfois en sourdine : après tou
15 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
100 l n’agit pas au niveau de la politique proprement dite , mais au niveau de ce qui la prépare et la pré-forme, en contribuant
16 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
101 l n’agit pas au niveau de la politique proprement dite , mais au niveau de ce qui la prépare et la préforme, en contribuant à
17 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
102 une, mais seulement des cultures nationales, car, disent -ils, les Allemands et les Français, ou les Scandinaves et les Italien
103 avoir de culture spécifiquement européenne, car, disent -ils encore, toute vraie culture est universelle par définition, et no
104 , mais si courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une un
105 nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du
106 uement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la consta
107 ’URSS de Staline et la Chine de Mao (pour ne rien dire des brèves tentatives avortées du national-socialisme et du fascisme)
108 aventure perpétuelle. D’autres facteurs, que l’on dira providentiels ou matériels, selon les écoles de pensée, ont pu jouer.
109 u genre humain. 4. En dépit de ce que je viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir
110 à un Européen élevé dans le respect de la vérité dite objective, de la simple véracité, et du recours aux preuves par neuf.
111 bre, et de travail. Voilà encore une banalité, me dira-t -on. Mais comparons, une fois de plus ! Les cultures totalitaires subo
112 de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire  : si nous, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellemen
113 et ont seuls démontré sa consistance. On peut le dire  : l’idée de genre humain est une création des Européens. Exploration
114 nisme et architecture : à tel point que l’on a pu dire que Naples est la seule ville orientale qui n’ait pas de quartier eur
115 e la culture européenne ? Je crois en avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voici : le sort du monde dépend a
116 faire. Or, elle doit d’abord exister. Mais on me dira , et une part de moi-même me dit : après tout, que peut bien nous fair
117 ster. Mais on me dira, et une part de moi-même me dit  : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort
18 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
118 is qui est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit —, celle de l’âme. L’âme est en propre le domaine des émotions et des
119 les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la passion se nourrit d
120 magique, les amants légendaires sont entrés, nous disent -ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour
121 une femme d’une beauté resplendissante et qui lui dit  : — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltraité son m
122 e, puisqu’« il faut être deux pour aimer », comme dit la sagesse populaire. Aimer vraiment, ce serait aimer l’ange en soi-m
19 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
123 , comme il arrive que des touristes l’exigent, je dirais  : un pays de petits compartiments surmontés de sommets éclatants. Voy
124 th. Son canton — ou l’Europe. Voilà qui est bien dit et bien vu, mais le Français ne fait-il pas trop belle la part des Su
20 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
125 ntaires et matériels. Quelques-uns cependant nous disent  : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour ravir le f
126 ances scientifiques, cherchait à construire, nous dit -il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre la
127 i le processus automatique ; et il fit cela, nous disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Watt, plus
128 d’enrichissement ou de puissance, nos descendants diront  : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les premiers astronautes
129 ment innocente, ou la technique qui l’a produite. Dire que la machine domine l’homme, ce n’est qu’une manière de parler. Ce
21 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
130 e pressait d’adopter, de fonder ou de réfuter, il disait , coupant court, et comme en aparté : « Ceci n’est pas conforme à ma t
131 écisions évoluaient à ses yeux, comme il aimait à dire  : « dans la confusion générale ». Tel étant de toute évidence le trai
22 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
132 be », minister verbi divini. Les manuels ont beau dire , je ne vois pas qu’il ait eu la moindre « influence » vérifiable sur
133 raison qu’elle enrichit ceux qui la suivent, nous dit -il. Dieu toutefois me fit tourner bride… Ayant donc reçu quelque goû
134 produit en lumière et fait venir en jeu, comme on dit . L’aventure se noue en 1535, année cruciale où, tandis que paraissen
135 endre la défense des « saints martyrs », de peur, dit -il, qu’en se taisant il ne se montre lâche et déloyal. C’est ainsi qu
23 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
136 -Dame. Victoria m’a trouvé là, et parce que je ne disais rien, m’a fortement pincé le bras pour que je crie mon admiration. Et
137 s, as large as life and twice as natural comme le dit notre ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplicité gra
24 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
138 s, respectant leurs diversités. Aux premiers vous direz  : votre Europe technicienne marcherait sans nul doute, elle « rendrai
139 e mais ne serait plus l’Europe. Aux seconds, vous direz  : votre Europe harmonieuse serait sans nul doute plus conforme au gén
140 ienne que notre présent découpage en États qui se disent « souverains » mais qui seraient bien en peine de le prouver ; bref,
141 iversité, c’est-à-dire du fédéralisme. Si l’on me dit que j’aligne ici des évidences, j’en serai content : telle était bien
25 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
142 in qui nous ramène à Berne le lendemain matin, je dis à Spoerri : « Si la France est battue, le moral de la Suisse va flanc
143 cœur de l’Europe, à son bastion sacré, et je l’ai dit hier soir encore. Or il se trouve que le Gothard est le type même de
144 politiques, trop lents et trop peu sûrs. » « Oui, dit -il, c’est une idée… (et pendant une seconde je n’ai pas su s’il était
145 Repos ! Il est sorti, me voyant incapable de rien dire de plus. Je suis resté immobile un long moment. J’ai écrit deux pages
146 Section. — Bonjour mon cher. Asseyez-vous. (Je me dis  : C’est donc si grave que cela ?) — J’ai beaucoup aimé votre article…
147 diverses. Dialogue invariable : — Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? — Absolument rien. Je suppose que vous êtes d’ac
26 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
148 la s’appelle une retraite stratégique. On peut me dire qu’il est aussi des retraites nécessaires (des silences opportuns) po
149 is ce matin, un officier de l’E.-M. du Général me dit  : « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu honte d’être Suisse. » D
150 sorte de pari insensé dans cette manière d’aller dire à un gouvernement : « Nous vous avertissons qu’il existe un complot p
151 iste, membre fondateur de la Ligue du Gothard, me dit , quelques jours plus tard : « Vous êtes imprudent au téléphone. Par b
27 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
152 e général est toujours furieux après vous ! » m’a dit hier encore mon colonel, un Bernois. Mais quoi ! D’une part, le génér
153 aute à terre, fait quelques pas à mes côtés et me dit rapidement : « Soyez prudent. Quatre chefs de la Ligue dans l’armée v
154 nsure, et ce n’était, littéralement, pas beaucoup dire . Me taire ou ne parler que de notre belle nature me semblait égalemen
155 M. Hans Oprecht, me le confirme doublement en me disant d’une part que « l’Action de résistance » n’intervint qu’« après mon
28 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
156 nt pour cette union. Car il ne s’agit pas — je le dis une fois de plus — de deviner l’histoire qui vient, mais de la faire.
29 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
157 maisons boisées, espacées, bordant une route, on dirait les wagons-couverts des pionniers arrêtés un soir, à l’étape, et qui