1
les qu’il a prises au plan religieux. Au nom même
du
désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleur
2
finale des esprits ne sera jamais acquise au prix
du
sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la co
3
ive ne naîtra pas d’aspirations mal informées, ni
du
refus de bien voir l’état présent des choses, encore moins du recours
4
bien voir l’état présent des choses, encore moins
du
recours à quelque « Tradition » universelle, remontant à la nuit des
5
t de tous les efforts des réformateurs religieux,
du
Bouddha, de l’islam, mais non pas des Anglais… À l’Ouest, en revanche
6
rançaise marquent les étapes de cette dissolution
du
système social tripartite hérité de l’ancêtre aryen. Sur l’arrière-fo
7
e notre histoire, nonobstant la longue parenthèse
du
Moyen Âge. À bien des égards, en effet, le Moyen Âge a représenté la
8
s, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache »
du
clan, de la coutume, de la magie, du dogme même, devenant hétérodoxe
9
« détache » du clan, de la coutume, de la magie,
du
dogme même, devenant hétérodoxe moins par la négation de l’orthodoxie
10
nsions dialectiques qui devaient provoquer la fin
du
nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit r
11
rès diamétrale des deux mondes s’atteste aux yeux
du
voyageur le moins prévenu. Atténuée en Europe par toutes les subsista
12
utes les subsistances monumentales et religieuses
du
Moyen Âge, elle éclate aux États-Unis dont le passé vivant ne remonte
13
deux directions maîtresses de sa Quête inlassable
du
Réel. Pour passer du sens géographique et historique de nos deux term
14
esses de sa Quête inlassable du Réel. Pour passer
du
sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbol
15
es Formes de lumière, contrastant avec l’Occident
du
monde terrestre et l’Extrême-Occident de la Matière pure. L’ange qui
16
mos symbolique ? À droite, l’Orient des Formes et
du
Soleil levant, au-delà duquel réside l’univers angélique ; à gauche,
17
angélique ; à gauche, l’Occident de la Matière et
du
soleil couchant, au bord le plus lointain duquel s’étend une « mer ch
18
âme, son « exil » dans les liens de la matière et
du
corps qui la retiennent captive dans leurs noires forteresses, son dé
19
esprits occidentaux nourris de la pensée mystique
du
Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau
20
e « orientation » de la psyché occidentale. Mais,
du
prestige de cet Orient qui n’est pas celui de l’atlas, l’Orient réel,
21
s tenté, en Inde aussi, de calculer la quadrature
du
cercle ? » Le yogi répondit : « Nous cherchons au contraire à ramener
22
s deux voies de réalisations de soi, l’une allant
du
cercle au carré, et l’autre inversement, s’expriment les missions dif
23
e — celui de l’esprit. En sorte que la quadrature
du
cercle est la transformation de l’esprit en matière, ou encore la mat
24
atérialisation de l’esprit. Tandis que le passage
du
carré au cercle figure le retour de la matière à l’esprit. La premièr
25
er là où ils sont, par la seule foi dans l’action
du
pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce mon
26
litude la plus dénuée, et là découvre que la voie
du
salut est de refuser le monde, le corps et la souffrance, pour s’élev
27
r l’Hindou, il s’agit d’arriver à la connaissance
du
divin non par le « saut de la foi », qui ne procure pas une connaissa
28
lières, discipline ordonnant l’intellect aux lois
du
réel observé, et le corps à l’action efficace, afin de mieux pénétrer
29
un solipsisme exténuant ?… Maîtriser les secrets
du
cosmos, et peut-être demain de la vie, pense l’Oriental, n’est-ce pas
30
contradiction. » Dépourvu de sensibilité au sens
du
xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esprit révolutionnaire, ig
31
e son appartenance : il forme le bord, la lisière
du
monde du saint, comme les idoles le bord ou la lisière des Réalités d
32
artenance : il forme le bord, la lisière du monde
du
saint, comme les idoles le bord ou la lisière des Réalités divines. »
33
is que la voie de l’individu en Inde, comme celle
du
mystique médiéval, ne peut être que fuite en l’Absolu. Ainsi le moi d
34
ende, le reliant à l’esprit comme au prochain. Et
du
même coup paraît la société, en lieu et place du corps magique. Y
35
du même coup paraît la société, en lieu et place
du
corps magique. Yin yang Dans le symbole central de la pensée
36
l’élément masculin n’est pas absent de la région
du
yin tandis que l’élément féminin reste présent dans la région du yang
37
ue l’élément féminin reste présent dans la région
du
yang. Vérifiée par les sexologues, cette relation d’inter-présence de
38
ue pas d’écoles hindoues pour affirmer la réalité
du
Moi, l’action de la Grâce, voire un Dieu personnel. L’idée de la « vo
39
ien de commun, et l’usage qu’on en fait n’est pas
du
tout le même. La foule de Bénarès n’est pas la foule de Lourdes, même
40
ique : Une histoire d’Hérodote traite d’un grand
du
royaume qui, en échange de tout ce qu’il avait fait pour Xerxès et so
41
armées se trouveront les quatre frères et le père
du
coupé en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et,
42
s et ses opinions. Ce qu’il pense de la personne,
du
destin, ce qu’il proclame moral ou immoral, son attitude en face de l
43
on attitude en face de la mort — tout cela dépend
du
rang qu’il assigne au libre arbitre. Même sans être philosophe, il s’
44
mais dans ses faits et gestes. Ceci vaut surtout
du
cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’en 1194, le comte de Champagne,
45
passe, et ce qui en provient, ne peut naître que
du
libre arbitre, sous peine de devenir vain, et même vil, comme le sont
46
qui souffre tout, sauf d’être vérifié, un négatif
du
présent qu’ils refusent. 3. Celle des Sudras, ou indigènes assujetti
47
nts, si l’on songe que le nombre des dieux connus
du
panthéon hindou est estimé à 33 crores, c’est-à-dire 330 millions. 5
48
partiellement l’Indonésie, enfin le Japon. C’est
du
catholicisme qu’est issue la Réforme, pour essaimer ensuite en Amériq
49
age de l’islam, et n’a pu s’esquisser qu’à partir
du
xixe siècle ; la seconde s’opère sous nos yeux, provoquée par le cho
50
et le récit visionnaire, 2 vol. Téhéran, 1954, et
du
même auteur : Œuvres philosophiques et mystiques de Sohrawardi, tome
51
it de l’exil occidental de l’âme. Le premier date
du
xe siècle, le second du xiie siècle. 7. Relevons qu’Avicenne et le
52
e l’âme. Le premier date du xe siècle, le second
du
xiie siècle. 7. Relevons qu’Avicenne et le mystique soufi écrivaien
53
es, et bien sûr, à tous les occultistes européens
du
Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebü
54
le progrès ou l’invention, mais l’identification
du
chercheur avec un Objet que l’on situe au-delà de tout changement pos
55
13. Quitte à la rendre inoffensive en la gorgeant
du
sang impur d’un domestique hors-caste, qui se couche le premier dans
56
onde, Paris, janvier 1957, p. 9-22. b. Il s’agit
du
chapitre I de L’Aventure occidentale de l’homme , qui sera publié ch
57
it avec une précision qui ne pardonne pas : celle
du
ressentiment, de l’envie, voire de la haine, plus souvent je le crain
58
’Europe, fournit à nos intellectuels l’équivalent
du
procédé parlementaire connu sous le nom de filibuster. Je n’en citera
59
es limites. L’Europe ne serait-elle donc pas née
du
tout, parce qu’on ne s’accorde pas sur sa date de naissance ? Mais le
60
es historiens font remonter sa naissance au Pacte
du
Grütli, conclu par trois cantons en 1291. Cette alliance excluait à p
61
Ou n’aurait-elle pris forme et nom qu’à mi-chemin
du
travail entrepris, qui a soudain changé de sens et trouvé son vrai se
62
s les nations sont venues se constituer, à partir
du
xviiie siècle. On nous rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu
63
la prose poétique des banquets et des éditoriaux
du
temps de guerre. Passons sur ces excès, voyons la thèse elle-même, et
64
nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit
du
premier coup que les réalités décisives ont cessé d’être nationales a
65
ue, dans les limites d’un même cordon douanier et
du
pouvoir d’une même police, on obtient finalement ce qu’on mérite, j’e
66
empirique et subtil de louvoyer entre le Charybde
du
particularisme étroit et le Scylla du centralisme niveleur, c’est le
67
le Charybde du particularisme étroit et le Scylla
du
centralisme niveleur, c’est le secret de la santé européenne. Ici, cu
68
érale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors
du
réel », La Table ronde, janvier 1957. 15. D’une lettre que m’écrit à
69
r recommandé l’imposture ou la tyrannie, le refus
du
Droit, la guerre à l’Est, le chauvinisme européen, etc. J’approuve au
70
en effet son article intitulé « L’Europe au pied
du
mur » par ce post-scriptum : « Je sentais l’urgence de rappeler que l
71
La fin
du
pessimisme (juin 1957)f Le fameux sens de l’histoire, argument nu
72
984. Il y eut d’abord ce titre subversif à l’aube
du
siècle : Les Illusions du progrès, de Georges Sorel. Puis on se mit à
73
itre subversif à l’aube du siècle : Les Illusions
du
progrès, de Georges Sorel. Puis on se mit à citer Bergson, réclamant
74
-ce pas lui qui ouvrit, en 1919, le grand courant
du
pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui nous rappelle d’abo
75
udel, optimiste de style baroque et fonctionnaire
du
premier rang ; mais sa phrase est plus subversive que tout ce qui pas
76
ki. Il est remarquable que ce siècle n’ait retenu
du
précédent que les génies antisociaux, les héros du refus individuel,
77
u précédent que les génies antisociaux, les héros
du
refus individuel, les révoltés contre le monde moderne, ceux qui reme
78
r les héritiers de leurs ennemis ! La bourgeoisie
du
xixe fut optimiste en dépit des souffrances affreuses des prolétaire
79
s en ont, la connaissance qu’elles ont pu prendre
du
Capital ou de la Science des rêves, et les jugements qu’elles avouera
80
eur, d’un renversement des tabous. La bourgeoisie
du
xixe frappait d’interdit deux sujets dans les conversations de la ta
81
x grasseyante : parlons d’argent, c’est le secret
du
drame social. Mais Freud un peu plus tard : parlons du sexe, c’est le
82
ame social. Mais Freud un peu plus tard : parlons
du
sexe, c’est le secret du drame individuel. Et voilà le choc de la rec
83
peu plus tard : parlons du sexe, c’est le secret
du
drame individuel. Et voilà le choc de la reconnaissance, l’illuminati
84
utes ses prévisions (sauf dans celle sur l’avenir
du
despotisme russe !) voilà qui n’empêche pas que ces deux grands génie
85
t modelé le xxe siècle et modifié notre approche
du
réel. Cependant les déterminismes qu’ils croyaient avoir « découverts
86
imensions de la planète fait apparaître la psyché
du
monde bourgeois (seule étudiée par Freud autour de 1900) comme un cas
87
hute posthume, les grandes explosions libertaires
du
« Printemps » polonais et de l’Octobre hongrois, enfin l’essor libéra
88
emblait nous conduire sans merci vers le triomphe
du
plan total, ordonnant toute la vie au service de l’État. Un certain d
89
de la classe ouvrière, les USA le dernier bastion
du
capitalisme exploiteur, promis aux crises cycliques et à la paupérisa
90
’ignore que l’ouvrier américain est le plus riche
du
monde, l’ouvrier soviétique l’un des plus pauvres. Cet argument concr
91
ais qu’après quarante ans elle a rejoint le stade
du
capitalisme exploiteur, largement dépassé par les États-Unis. Marx di
92
t industriel : l’une marquée par « l’accumulation
du
capital » et « l’exploitation du travailleur », avait pour agent hist
93
« l’accumulation du capital » et « l’exploitation
du
travailleur », avait pour agent historique le capitalisme ; l’autre d
94
ailleur des fruits de son travail, serait l’œuvre
du
communisme. Or l’examen des chiffres et des faits conduit à la conclu
95
t à le savoir. 330 millions d’habitants à l’ouest
du
rideau de fer, plus 100 millions récupérés à l’Est, feraient un ensem
96
ar le nouvel essor d’une Europe reprenant la tête
du
progrès. Et c’est une autre prophétie, qui deviendra vraie, celle de
97
Cessons de chercher le sens de l’Histoire, alibi
du
refus de notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion
98
es disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et
du
droit d’hésiter, d’errer… Les savants, apprentis sorciers, ont déchaî
99
’est la Bombe. Elle va détruire les neuf dixièmes
du
genre humain. Un jour elle fera sauter la terre. J’entends cela tous
100
enir le téléphone ! Vous me parlez de l’esclavage
du
téléphone ? Mais a-t-on jamais vu qu’un appareil, prenant l’initiativ
101
écidez à répondre. Vous n’êtes donc pas l’esclave
du
téléphone, mais de votre seule curiosité. Le règne des machines, à vo
102
siècle, ni leurs penseurs, mais bien les ouvriers
du
xixe et les travailleurs à la chaîne dans les usines américaines. Ca
103
onde de plus inoffensif. En revanche, l’invention
du
couteau, pourtant si rarement dénoncée, a provoqué la destruction de
104
angereuse à manier, mais aussi de la monotonie et
du
rythme inhumain de travail qu’imposaient la machine et la chaîne. Le
105
ppement plus poussé de la technique, non l’action
du
parti communiste, ni même de la classe ouvrière, qui sera l’agent du
106
, ni même de la classe ouvrière, qui sera l’agent
du
dépassement concret des conflits institués par la technique elle-même
107
i et de temps de travail, le problème de l’emploi
du
temps, qui se pose à l’homme. Le problème de la liberté. Le problème
108
à l’homme. Le problème de la liberté. Le problème
du
sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourg
109
u sens de nos vies… Je propose à nos philosophes
du
déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du déclin de la cu
110
se à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie,
du
déclin de l’Occident, du déclin de la culture, et de la fatalité des
111
éclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident,
du
déclin de la culture, et de la fatalité des tyrannies prochaines, de
112
rd en imagination. Je propose une idée renouvelée
du
Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce
113
ntraire le progrès véritable dans l’accroissement
du
risque humain… Mais il y a trop à dire, et d’autres vont parler. Je n
114
ir des portes. f. Rougemont Denis de, « La fin
du
pessimisme », Réalités, Paris, juin 1957, p. 27-29.
115
llaient de flashes quand je me trouvais aux côtés
du
maréchal Juin, j’ai pu dire : Vous rendez-vous compte ? Me photograph
116
endez-vous compte ? Me photographier, moi, auprès
du
Maréchal ? Moi qui ne suis que lieutenant dans l’armée suisse ? » L’
117
Il ne peut écrire de livres qu’entre onze heures
du
soir et quatre heures du matin, mais ce régime doit lui convenir puis
118
res qu’entre onze heures du soir et quatre heures
du
matin, mais ce régime doit lui convenir puisqu’il annonce deux import
119
acilement ce qui est beaucoup plus bas, au niveau
du
contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse quotid
120
la densité maxima. Les Amériques et certains pays
du
Commonwealth forment une zone de diffusion occidentale parfois plus h
121
dense, parce que moins ancienne et moins complexe
du
point de vue des valeurs et des tensions. Le Sud-Est européen, de la
122
otoirement occidentalisé depuis la seconde moitié
du
xixe siècle. Le colonialisme a laissé des quartiers européens à Bomb
123
d’art. Principes de vie publique : la séparation
du
temporel et du spirituel ; la séparation des pouvoirs et la réglement
124
es de vie publique : la séparation du temporel et
du
spirituel ; la séparation des pouvoirs et la réglementation de leurs
125
galité devant la loi, la liberté de l’individu ou
du
groupe garantie par la justice (habeas corpus et droit d’association)
126
le ; le respect de la vérité objective, condition
du
progrès de la recherche autant que de la liberté, l’interdépendance é
127
la reconnaissance de la réalité de la matière et
du
corps ; la croyance à la raison et à la rationalité du cosmos ; la fo
128
rps ; la croyance à la raison et à la rationalité
du
cosmos ; la foi au transcendant, l’amour de Dieu et du prochain. On v
129
smos ; la foi au transcendant, l’amour de Dieu et
du
prochain. On voit sans peine que nos produits sont les plus faciles à
130
s sont difficiles à « vendre » (au sens américain
du
verbe) et sont le plus souvent totalement ignorées. Mais ce qu’il m’i
131
urope ait seule développé la technique dès la fin
du
xviiie siècle ? C’est qu’il se produisit à ce moment, en Europe, une
132
ence, s’établissant enfin sur les bases autonomes
du
calcul et de l’expérimentation ; de la philanthropie illuministe, hér
133
ocèdent. User des uns ou invoquer les autres hors
du
contexte spirituel de l’Occident, entraîne des conséquences incalcula
134
la tâche la plus importante de la seconde moitié
du
xxe siècle. Et c’est sans doute la première fois dans toute l’histoi
135
t, Bruxelles, octobre 1957, p. 39-42. i. Précédé
du
chapeau suivant : « Le grand schisme mondial fait parfois oublier le
136
332 millions d’habitants qu’elle compte à l’ouest
du
rideau de fer — en attendant les 98 millions retenus à l’est dans l’o
137
aient supprimées en Europe ? Telle était la règle
du
jeu. Nous ne demandions pas comment faire pour obtenir l’union économ
138
ncore qu’aux résultats prévisibles — soit garante
du
sérieux avec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à notre ques
139
mondiale. 18. Voir en particulier : Promesses
du
Marché commun par Raymond Racine, directeur des séminaires du CEC ;
140
mun par Raymond Racine, directeur des séminaires
du
CEC ; Marché commun et Euratom , et L’Europe s’inscrit dans les fai
141
L’Europe s’inscrit dans les faits , publications
du
CEC. j. Rougemont Denis de, « [Préface] Demain l’Europe sans fronti
142
, hélas ! courantes, mais qu’aucune science digne
du
nom ne cautionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit nous occup
143
e nous indique clairement la conjoncture mondiale
du
xxe siècle, la culture des Européens peut-elle contribuer à cette un
144
décisif de cette Europe dans les transformations
du
monde au xxe siècle, sa vocation, et son avenir si elle s’unit. 3° C
145
lture se réunit à Lausanne, et définit les tâches
du
Centre européen de la culture, du Collège d’Europe (Bruges), d’une as
146
init les tâches du Centre européen de la culture,
du
Collège d’Europe (Bruges), d’une association des universitaires, et d
147
e.) Le Conseil de l’Europe, issu d’une résolution
du
congrès de La Haye, est constitué neuf mois plus tard, et comporte dè
148
blics et le mécénat privé pour répondre aux défis
du
temps ? Est-il coordonné à la mesure des besoins ? Aurait-il réussi à
149
rganisations que je viens de citer (à l’exception
du
CERN en construction) équivaudrait à peine aux possibilités d’une des
150
te à ce qu’elle est sur la carte : 4 % des terres
du
globe (et très pauvres en matières premières) ; 2° que la culture, en
151
sa vitalité si les États et les mécènes virtuels
du
continent s’obstinent à lui refuser même le centième de l’aide que lu
152
eu théoriques, qui précèdent. La mission générale
du
CEC est de contribuer à l’union de l’Europe en ralliant les forces vi
153
’études et d’initiatives. Fondé sous les auspices
du
Mouvement européen, le CEC est issu des délibérations du congrès de L
154
ement européen, le CEC est issu des délibérations
du
congrès de La Haye (mai 1948). Dès février 1949, un Bureau d’études s
155
ausanne en décembre 1949, et formula le programme
du
CEC L’institution fut inaugurée à Genève le 7 octobre 1950. Elle n’es
156
vente de ses publications. Le choix des objectifs
du
CEC est déterminé par deux critères : l’urgence d’un problème culture
157
en de littérature, et l’initiative de la création
du
CERN, bornons-nous à décrire les trois principaux champs d’activité e
158
é entre lesquels se répartissent les secrétariats
du
CEC : éducation, information, recherches. Faire l’Europe, c’est d’abo
159
publications, films et conférences. Le Bulletin
du
CEC édite chaque année six à huit numéros spéciaux consacrés à des s
160
tifiques et économiques rédigées par les services
du
CEC. Quant au département des Recherches, il a déjà organisé deux imp
161
n culturel, les difficultés immenses qui naissent
du
contact inévitable entre notre civilisation libérale et technique d’u
162
civilisations diverses de l’Asie, de l’Afrique et
du
Moyen-Orient d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de nos Ét
163
entation commune de ces forces vis-à-vis du reste
du
monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus
164
udget total des fondations privées aux USA : 10 %
du
revenu national. k. Rougemont Denis de, « Europe et culture », Quel
165
es deux génies de premier ordre, à la veille même
du
déchaînement dont ils avaient choisi d’examiner les causes, afin de p
166
ns. Non, la force, dit-il, n’est pas le contraire
du
droit. Car le droit n’est en somme qu’une autre forme de la violence
167
n réduisant l’opposition classique de la Force et
du
Droit à celle de deux violences, il définit les conditions de toute p
168
ler réoccupait la Rhénanie. À Paris, le président
du
Conseil criait au monde : « Nous opposerons au droit de la Force, la
169
« Nous opposerons au droit de la Force, la force
du
Droit ! » Traduite dans les termes de Freud, cette déclaration signif
170
s : « La guerre de demain, écrit Freud, par suite
du
perfectionnement des engins de destruction, équivaudrait à l’extermin
171
e s’est-il point passé comme si le calcul profond
du
daimôn qui habitait en lui, déjouant les conclusions sincères de sa r
172
éal ou peur collective — qui provoquerait l’union
du
genre humain ? Devrons-nous aller dans la Lune pour en éprouver le sa
173
rience de fédéralisme : la Suisse (1959)n 1.
Du
pacte des communes à l’alliance des États (xiiie au xixe siècle)
174
es. Les manuels d’histoire suisse donnent la date
du
1er août 1291 comme celle de la naissance de la Confédération. Il y a
175
wyz et d’Unterwald, maîtresses des débouchés nord
du
Gothard. Ce col était le seul à relier au travers d’une seule chaîne
176
ne seule chaîne des Alpes les moitiés nord et sud
du
Saint-Empire. D’où son importance stratégique, commerciale et même cu
177
pays. En effet, ce fut bien pour assurer la garde
du
col au nom de l’Empire, contre les entreprises des féodaux voisins, q
178
1231, c’est-à-dire peu d’années après l’ouverture
du
col. Au nombre des seigneurs entreprenants qu’il fallait empêcher de
179
bertés locales et contre leur mission de gardiens
du
Col. Et c’est pourquoi, au début du mois d’août 1291, — « considérant
180
n de gardiens du Col. Et c’est pourquoi, au début
du
mois d’août 1291, — « considérant la malice des temps, et afin de se
181
u étrangères incessantes, se poursuivit de la fin
du
xiiie siècle à la fin du xviiie siècle. Un enchevêtrement d’allianc
182
se poursuivit de la fin du xiiie siècle à la fin
du
xviiie siècle. Un enchevêtrement d’alliances particulières et un sen
183
comme les « Confédérés » (Eidgenossen, compagnons
du
serment). Le Directoire français, en 1798, tenta d’imposer une Consti
184
quelque peu leur politique étrangère. La formule
du
Pacte de 1291, bien qu’élargie, subsistait essentiellement. Quant aux
185
de susciter les passions nationales, était celui
du
renforcement de leur unité et de la création d’un État. Il est remarq
186
pas les seuls à poser ce problème, dans l’Europe
du
xixe siècle, ils furent les seuls à le résoudre d’une manière effica
187
re d’une manière efficace et durable. 2. Crise
du
Pacte fédéral (1815-1848) La crise ouverte par le Pacte de 1815 de
188
ncore W. Martin, et il signale que le seul canton
du
Tessin « ne prélevait pas moins de treize taxes différentes sur la ro
189
as moins de treize taxes différentes sur la route
du
Gothard, avec obligation de décharger chaque fois la marchandise pour
190
onctionnaires, mais elle n’en dépendait pas moins
du
bon plaisir des cantons, dans ce domaine.) Cependant, la population a
191
’expatriaient ou s’engageaient dans les régiments
du
« service étranger », commandés par des fils de familles nobles suiss
192
cantons « régénérés », le principe d’une révision
du
Pacte fédéral. Une commission de 15 membres fut chargée de rédiger un
193
ques mois comportait un commentaire dû à la plume
du
délégué de Genève, Pellegrino Rossi24. Il vaut la peine d’en citer qu
194
ndiale. Rossi remarquait d’abord que la faiblesse
du
lien fédéral institué en Suisse par le Pacte de 1815 créait « une ill
195
tour les hommes de la Confédération et les hommes
du
canton… Il n’est, ce me semble, aucun motif de conserver un pareil ét
196
ition avait joué sur la « réalité prépondérante »
du
sentiment cantonal, souvent qualifié de « national » à l’époque. C’es
197
Parlement de Genève : « Que veulent les partisans
du
nouveau Pacte ?… Une république fédérative au lieu d’une réunion d’Ét
198
ntons. Cependant la « chimère » restait à l’ordre
du
jour, même au sein de la Diète qui l’avait rejetée ; Les adversaires
199
de la Diète qui l’avait rejetée ; Les adversaires
du
Projet d’union l’avaient dénoncé comme introduisant « un brandon de d
200
rèrent à le combattre et à refuser les évidences
du
bien commun, au nom des préjugés de la souveraineté. Les cantons cath
201
urtant, mais d’abord antilibéral), de Metternich,
du
tsar, du roi de Sardaigne et du roi de Prusse. La France lui fournit
202
ais d’abord antilibéral), de Metternich, du tsar,
du
roi de Sardaigne et du roi de Prusse. La France lui fournit en secret
203
), de Metternich, du tsar, du roi de Sardaigne et
du
roi de Prusse. La France lui fournit en secret des canons et des fusi
204
d’une Suisse unie et libérale donnerait le signal
du
renversement de l’ordre imposé à l’Europe par la Sainte-Alliance. La
205
e par la Sainte-Alliance. La courte guerre civile
du
Sonderbund (équivalent presque littéral de la guerre de Sécession amé
206
des révolutions de 1848 fut un facteur important
du
succès des radicaux suisses : elle retarda ou même paralysa l’action
207
re des protestants sur les catholiques, la guerre
du
Sonderbund venait de marquer le triomphe des fédéralistes sur les nat
208
au long de l’année 1848, les Suisses profitèrent
du
répit que leur laissaient, malgré elles, les Puissances, pour accompl
209
17 articles. Nombre de ces articles s’inspiraient
du
projet de 1832, mais les plus importants furent le fruit original des
210
portants furent le fruit original des discussions
du
groupe. Dès le 15 mai, le projet ayant été transmis préalablement aux
211
). Le 16 novembre, elles procédèrent à l’élection
du
premier Conseil fédéral, inaugurant un régime qui ne devait plus être
212
t. 3, leur constitution, la liberté et les droits
du
peuple (etc.). Si l’on ajoute que la Constitution assure les libertés
213
iginalité. La rapidité qui présida à la rédaction
du
projet, à son examen par la Diète, à sa ratification par les cantons
214
e célérité d’exécution, mais aussi à la stabilité
du
futur État. Plus révolutionnaire en fait que les chartes revendiquées
215
euple comme un compromis, non point comme le gage
du
triomphe des radicaux. À vrai dire, elle portait toutes les marques d
216
rtait toutes les marques de cette modération, née
du
juste équilibre des contraires, qui dénote la présence d’un sentiment
217
semer le chaos et la ruine dans la vie économique
du
pays. On prédisait la faillite des industries « protégées », l’envahi
218
e sont pas homologues de ceux de la petite Suisse
du
siècle dernier. A-t-on pris garde qu’il fallait trois jours à un dépu
219
’Histoire. Déjà, le pacte de 1291, dernier reflet
du
mouvement des communes italiennes, françaises et flamandes, était app
220
vaincue partout ailleurs »26. De même, la guerre
du
Sonderbund a produit, en créant la Suisse, le seul résultat durable q
221
dernière remarque s’impose. Elle concerne le sens
du
mot fédéralisme, qui est le mot-clé de l’histoire suisse. Les radicau
222
n Suisse, sont les adversaires de toute extension
du
pouvoir central, tandis que ceux qui s’intitulent « fédéralistes » au
223
ment verbale s’explique par la nature dialectique
du
fédéralisme, doctrine pratique de l’union dans la diversité. Le fédér
224
uisse considérée dans son unité datent des débuts
du
xxe siècle : H. Barth, Bibliographie der Schweizergeschichte, 3 vol
225
48 (ouvrage de base, contenant de larges extraits
du
Protocole de la Commission constituante et des journaux privés des me
226
r catholique à l’Académie de Calvin et l’ornement
du
Conseil représentatif genevois, avant de devenir ambassadeur et pair
227
r et pair de France, et de mourir assassiné, chef
du
gouvernement pontifical de Pie IX, en 1848 ». (L’année même où ses id
228
de fédéralisme : la Suisse », L’Europe du XIXe et
du
XXe siècle, vol. 1, Milan, Carlo Marzorati, 1959, p. 465-476.
229
équilibre des contraires, d’une certaine formule
du
progrès, qui est l’accroissement du risque humain ; secret de notre o
230
taine formule du progrès, qui est l’accroissement
du
risque humain ; secret de notre ordre et aussi de notre désordre ; ve
231
nité, la vision planétaire d’un genre humain issu
du
Dieu unique de la Genèse et destiné au grand rassemblement « des nati
232
outes choses selon Protagoras, le « cosmopolite »
du
Portique, le « citoyen du monde » de Socrate. Et Plutarque loue Alexa
233
ras, le « cosmopolite » du Portique, le « citoyen
du
monde » de Socrate. Et Plutarque loue Alexandre d’avoir voulu « réuni
234
unir comme en un seul grand vase tous les peuples
du
monde entier » et d’avoir « ordonné que tous considèrent la Terre com
235
e les membres variés d’un même corps, participant
du
même Esprit — et des notions conjointes d’Église et de personne dériv
236
xemple. Chose étrange, c’est avec la fin de l’ère
du
colonialisme européen que coïncide cette contagion occidentale accélé
237
ue des grandes découvertes, en balisant les voies
du
commerce maritime. C’est elle qui a su trouver les substituts de l’an
238
qui représente aujourd’hui non seulement le Musée
du
Monde, mais son premier laboratoire. « Tout est venu à l’Europe et to
239
hives ; ce Musée est une invention, cette Mémoire
du
Monde est un acte, et cette immense Récapitulation du genre humain es
240
onde est un acte, et cette immense Récapitulation
du
genre humain est une création de l’histoire. Qui d’autre que l’Europe
241
e tout » de ce qui donne sa figure à la modernité
du
monde. L’idée même de modernité, cet instantané du Progrès… L’idée mê
242
u monde. L’idée même de modernité, cet instantané
du
Progrès… L’idée même de Laboratoire, ce lieu privilégié où l’on viole
243
mplices à jamais, comme la systole et la diastole
du
cœur humain. Europe, donc, cœur du monde, et jamais plus qu’au siècle
244
et la diastole du cœur humain. Europe, donc, cœur
du
monde, et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et nos techniqu
245
le fonction ou s’y trouve à ce point prédestinée.
Du
seul point de vue de l’économie des échanges, elle n’est rien si elle
246
pouvoir vendre au monde les produits de son école
du
soir industrielle. L’URSS vit en autarcie, grâce à des conditions qui
247
ture. » Aucun de nos pays ne peut donc bénéficier
du
crédit qui s’attache à l’Europe tout entière, s’il se présente en tan
248
s’explique. Car les valeurs européennes, aux yeux
du
monde, ne sont universelles que dans la mesure où elles résultent de
249
ter valablement l’ensemble Europe devant le reste
du
monde, aucun non plus ne peut prétendre à subsister par ses propres m
250
Le Message aux Européens , que je lus en clôture
du
congrès de La Haye, le 12 mai 1948, commence ainsi : L’Europe est me
251
comme l’union et l’autonomie — qui est le secret
du
fédéralisme. Mais tout ce qui a fait l’Europe illustre cette méthode.
252
gue, la défense militaire, la religion, la nature
du
sous-sol exploité et l’idéologie qui règne à sa surface, l’histoire t
253
organigrammes de lignes aériennes. L’Europe unie
du
xxe siècle, fonction mondiale et foyer de rayonnement planétaire, ne
254
le Marché commun. Ceux qui reprochent aux auteurs
du
traité de Rome d’avoir voulu « limiter l’Europe à six pays » sont-ils
255
teurs actuels la voulaient grande ou la voulaient
du
tout. Chacun voit, au contraire, que cette Petite Europe (qui égale s
256
échec des Six serait adopter en fait la politique
du
Kremlin, très alertée sur le « danger » de l’Europe unie, et cela dep
257
seconde. C’est ensuite méconnaître la nature même
du
processus d’association des Six, étonnamment conforme à la définition
258
au monde entier ses mesures et ses lois, son idée
du
cosmos et son idée de l’homme. Ou plutôt ses idées sur l’homme, son d
259
dans notre siècle, en passant par les philosophes
du
romantisme qui n’avaient pas attendu Valéry, une habitude de pensée p
260
viens de citer se référaient tous au seul destin
du
monde gréco-romain, le mieux connu. Il se trouve que l’exemple est ma
261
. Mais les civilisations anciennes de l’Égypte et
du
Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’essent
262
l’Europe ne serait guère, n’ont pas été retirées
du
jeu mondial, mais seulement détrônées régulièrement, puis métamorphos
263
thées pour qui le doute est une forme essentielle
du
culte que l’homme sincère rend à la Vérité. Je me promets un jour de
264
équilibre des contraires, d’une certaine formule
du
progrès, qui est l’accroissement du risque humain ; et ce ne sont pas
265
taine formule du progrès, qui est l’accroissement
du
risque humain ; et ce ne sont pas seulement les secrets de notre ordr
266
vilisateurs de l’Europe, au lieu de s’émerveiller
du
fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent
267
ire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus
du
tout inconcevables : elles sont dans les journaux. L’écho de cette p
268
t si sur les rivages de la Seine, de la Tamise ou
du
Zuyderzee… qui sait si un voyageur comme moi ne s’assiéra pas un jour
269
ne période d’apogée, — la nôtre aussi. Aux débuts
du
xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est convaincu que toute cultu
270
dmirable pour embrasser l’ensemble des conditions
du
monde humain, croit pouvoir établir empiriquement, par l’examen compa
271
nde, et que d’autre part, les plus grands esprits
du
siècle précédent n’ont cessé d’annoncer les catastrophes qui ont fond
272
partie de sa propre jeunesse, son rôle de porteur
du
« flambeau de la civilisation ». La Seconde Guerre mondiale, née de c
273
… N’est-ce pas assez pour justifier les prophètes
du
désastre européen ? Que faudrait-il de plus, pour qu’on ait le droit
274
une peut être perdue sans que l’autre soit ruinée
du
même coup. Chacun sait que Gengis Khan eut l’hégémonie sans la civili
275
vilisation sans hégémonie. Secundo, il n’est pas
du
tout certain que les précédents historiques soient applicables dans n
276
n des exemples antiques ? Voilà qui n’est pas sûr
du
tout. Il se pourrait, en effet, que notre civilisation présente cert
277
et de l’astronomie élaborés par les civilisations
du
Proche-Orient. Mais il a été fortement développé par la théodicée chr
278
, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
du
monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne
279
ssairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs,
du
fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle
280
vérité dite objective, de la simple véracité, et
du
recours aux preuves par neuf. Il faut songer cependant que l’Asie et
281
re de vous secourir matériellement, c’est à cause
du
travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conf
282
oire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité
du
prochain, la dignité de la personne distincte. Et certes, cela ne sig
283
armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits
du
citoyen à part entière, et tous ces éléments spirituels, juridiques,
284
onnaires de l’URSS, ni dans les masses de l’Inde,
du
Sud-Est asiatique ou de la Chine. Ou bien, s’il prend soudain un sens
285
expliquent la plupart de nos créations. En effet,
du
sens de la vérité objective dérivent nos sciences, et par suite, nos
286
vent nos sciences, et par suite, nos techniques ;
du
sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de la liberté déri
287
é littéralement incomparable. Certes, les peuples
du
Proche-Orient avaient créé l’astronomie, les Hindous avaient inventé
288
ro bien avant nous. Mais l’Europe, ce laboratoire
du
monde, a poussé les sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’
289
non moins d’audace, l’exploration de l’espace et
du
temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la T
290
ain est une création des Européens. L’exploration
du
temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l
291
istoire, constitution d’archives, examen critique
du
passé, leçons qu’on en tire, renouvellement des arts, sujets de roman
292
s politiques et finalement : superstition moderne
du
« sens inévitable de l’histoire », qui influence parfois si profondém
293
hnographie à partir de la découverte géographique
du
monde. Et l’on sait le rôle décisif que ces sciences ont joué dans l’
294
, pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés
du
fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et
295
e, prépare elle aussi les voies de l’unité future
du
genre humain. Voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre dé
296
Il exige nos machines, mais refuse notre éthique
du
travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notr
297
mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour
du
prochain. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Eu
298
l’abri de ce genre d’illusion. Nous les Européens
du
xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement
299
lexe et multiforme pour pouvoir sinon satisfaire,
du
moins séduire tous les peuples du monde. Nous avons aussi vu qu’elle
300
non satisfaire, du moins séduire tous les peuples
du
monde. Nous avons aussi vu qu’elle exporte ses produits sans les vale
301
res. Elle s’est laïcisée, profanisée, et détachée
du
christianisme qui a contribué de tant de manières à la former. Par là
302
homme y était synonyme d’habitant de la vallée et
du
delta du Nil. Il y avait un mot différent pour désigner les habitants
303
tait synonyme d’habitant de la vallée et du delta
du
Nil. Il y avait un mot différent pour désigner les habitants des terr
304
ire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus
du
tout inconcevables : elles sont dans les journaux ». Depuis lors, on
305
. Mais les civilisations anciennes de l’Égypte et
du
Proche-Orient, prolongées par la grecque et la romaine, dont l’essent
306
aissance nos Découvreurs de l’espace terrestre et
du
temps de l’humanité. Ceci m’amène à ma troisième raison d’avoir confi
307
la dernière période glaciaire, ou le dessèchement
du
Sahara, affectant la région entière où avait fleuri une civilisation
308
penserez-vous. Mais qu’apporte-t-elle de nouveau
du
point de vue de la civilisation ? Est-elle une autre civilisation ? L
309
Devant le recul, ou la métamorphose prévisible
du
péril rouge, déguisé par les Russes en coexistence pacifique — nom qu
310
nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux
du
monde, il n’y a qu’un seul péril sérieux : le péril blanc ! La civili
311
nalisme et la superstition matérialiste. Il en va
du
nationalisme comme de notre rhume de cerveau, qui devient mortel, dit
312
end chez nous les formes les plus diverses. Il va
du
culte du confort chez l’ouvrier et le bourgeois, et de l’utilitarisme
313
nous les formes les plus diverses. Il va du culte
du
confort chez l’ouvrier et le bourgeois, et de l’utilitarisme à courte
314
ait pour effet de détendre les ressorts créateurs
du
progrès dont il est trop souvent l’aboutissement. Or chacun sait que
315
l’aboutissement. Or chacun sait que les ressorts
du
progrès sont l’inquiétude philosophique, la passion de défier le dest
316
er, et de nous livrer sans défense aux fanatiques
du
statu quo, par où j’entends les bureaucrates et la police des États.
317
s de l’Europe sont plus dangereuses pour le reste
du
genre humain que pour l’Europe elle-même, où elles sont nées. Car l’E
318
ontre la tentation totalitaire, qui est l’essence
du
nationalisme. Il n’en va pas de même sur d’autres continents. Quant à
319
et. Je prendrai le premier dans la correspondance
du
grand historien suisse Jacob Burckhardt, à la fin du siècle passé ; e
320
grand historien suisse Jacob Burckhardt, à la fin
du
siècle passé ; et le second dans un quotidien du parti communiste de
321
du siècle passé ; et le second dans un quotidien
du
parti communiste de Pékin, il y a deux ans. Burckhardt décrit le sort
322
igion de la production forcée, forme matérialiste
du
nationalisme, n’a jamais atteint en Europe de tels excès. Certes elle
323
in de résister à son tour à nos poisons, au virus
du
nationalisme et au virus du matérialisme, cette forme d’asthénie du s
324
nos poisons, au virus du nationalisme et au virus
du
matérialisme, cette forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que no
325
au virus du matérialisme, cette forme d’asthénie
du
spirituel. C’est dire que notre vocation est désormais de présenter
326
de les relativiser… Au surplus, le sort temporel
du
christianisme n’inspire pas d’inquiétudes excessives : c’est de loin
327
ligion la mieux organisée, et c’est la plus forte
du
monde par le nombre de ceux qui s’y rattachent, qui est de l’ordre d’
328
t les luthériens des pays baltes et les Arméniens
du
Caucase). Le PC russe n’a jamais dépassé 8 millions de membres inscri
329
des pays baltes et les Arméniens du Caucase). Le
PC
russe n’a jamais dépassé 8 millions de membres inscrits. Mais laisson
330
motifs spirituels commandés par la substance même
du
christianisme et non point par des hypothèses sur son « succès » dans
331
évisible, que la désunion persistante et déclarée
du
monde chrétien est un scandale, j’entends bien : un scandale spiritue
332
communauté fondée sur l’espérance, non sur la loi
du
sang, essentiellement ouverte et non pas exclusive. Mais les nécessit
333
parole ne peut être écartée. Elle reste au centre
du
mystère de l’unité. Voies vers l’union Parlant ici sans nulle au
334
les disciplinaires, diplomatie secondant l’action
du
Saint-Esprit, finalement mise aux voix de la vérité. La voie vers l’u
335
que les protestants ne croient pas à la divinité
du
Christ, ont supprimé les sacrements et n’ont guère qu’un seul dogme,
336
lte de la Vierge, sa morale au décompte des jours
du
Purgatoire. En revanche, combien savent-ils, de part et d’autre, que,
337
cane et la luthérienne, et celles qui sont issues
du
calvinisme, tous les dogmes fondamentaux sur Dieu, le Christ, le Sain
338
s formules de la consécration, de la communion et
du
baptême, celles du mariage et de la confirmation sont toujours identi
339
nsécration, de la communion et du baptême, celles
du
mariage et de la confirmation sont toujours identiques par l’esprit,
340
liques dans le catholicisme romain, la découverte
du
problème social (un peu forcée) dans l’orthodoxie gréco-russe, et l’u
341
iée : voilà qui m’apparaît l’objectif raisonnable
du
grand élan œcuménique au xxe siècle. Au concret, cela signifierait c
342
ème qui prime aujourd’hui celui-là. Qui est celui
du
sens de nos vies. q. Rougemont Denis de, « Un péché mortel : la d
343
tés connaissent bien par ses articles sur “La fin
du
pessimisme” en juin 1957 et “La nature profonde de l’Europe” en juin
344
des éléments les plus conscients de l’importance
du
rapprochement entre les différentes communautés chrétiennes. »
345
(mars 1960)p Le nationalisme, dans les peuples
du
tiers-monde, n’est guère qu’une revendication d’indépendance, proclam
346
d’une autre ère. Pour comprendre la vraie nature
du
phénomène c’est dans le mouvement de sa genèse intellectuelle qu’il f
347
stoire. Il est né d’une dialectique idéale et non
du
jeu des forces économiques, qu’il a faussé en y intervenant, et qui t
348
etracer la chronique des triomphes et des méfaits
du
nationalisme en Europe, — ce serait refaire l’histoire du plus long d
349
nalisme en Europe, — ce serait refaire l’histoire
du
plus long de nos siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution du seu
350
nos siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution
du
seul concept, au moyen de repères bien précis : une série de textes,
351
ets d’époque, dûment signés, témoins irréfutables
du
style de pensée des Européens de 1789 à 191427. I. Des jacobins à H
352
191427. I. Des jacobins à Hegel Au principe
du
nationalisme, nous trouvons le raisonnement suivant, toujours lié à u
353
ut, puisque l’État incarne la mission universelle
du
peuple ou Bien suprême ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que
354
tes de la Révolution française. Dans son discours
du
15 mai 1790, Robespierre a cette formule parfaite : Il est de l’inté
355
a France que doit partir la liberté et le bonheur
du
monde. Il faut donc protéger par les armes cette France qui annonce
356
al arrête notre marche physique sur un seul point
du
globe. Les droits de l’homme s’étendent sur la totalité des hommes. U
357
ssairement la souveraineté solidaire, indivisible
du
genre humain ; car nous voulons la liberté plénière, intacte, irrésis
358
s rapports : nous ne sommes pas les représentants
du
genre humain. Je veux donc que le législateur de la France oublie un
359
e comme étape « dialectique » vers l’unité finale
du
genre humain. Le raisonnement de Fichte annonce souvent de la manière
360
manière la plus précise les délires totalitaires
du
xxe siècle. Il peut être résumé par quelques citations tirées de l’o
361
ercial fermé 28, qui parut en 1800. Les peuples
du
monde antique étaient séparés les uns des autres d’une manière très r
362
nière. … Plus tard seulement, avec l’introduction
du
droit romain et l’application des concepts romains concernant les Imp
363
n, comme on a coutume de décrire dans la doctrine
du
droit la formation d’un État par le rassemblement et la réunion d’ind
364
rce qui s’y sont ajoutées dans les autres parties
du
monde, forme encore un tout, alors assurément le commerce de toutes l
365
rcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est la fin
du
processus exactement inverse de celui du Marché commun [dont] Fichte
366
t la fin du processus exactement inverse de celui
du
Marché commun [dont] Fichte se fait l’avocat : Toute la monnaie mond
367
une étrange précision les pratiques totalitaires
du
xxe siècle : Le savant seul, et l’artiste supérieur ont besoin de v
368
mmes peut-être pas loin dans cette seconde moitié
du
xxe siècle ; mais le « processus dialectique » aura coûté plus cher
369
ur lequel je me bats ». Or cet idéal, étant celui
du
Parti qui a saisi le pouvoir par la violence, provoque des résistance
370
tention à régner au nom de tous contre une partie
du
peuple. Mais l’État-nation exige davantage que l’obéissance passive d
371
t à la guerre, mais trouve en elle les conditions
du
renforcement continuel de son pouvoir. Tensions externes : Hegel, con
372
rançais, l’Allemand, au nom de la Civilisation ou
du
Droit, etc. Jusqu’au jour où seront proclamés certains « concepts de
373
érés a-t-il été brutalement démenti au terme même
du
processus de formation des grandes et petites nations européennes, qu
374
us que nation égale liberté. Ils s’inspirent tous
du
messianisme de la Révolution française : libérer sa propre nation du
375
a Révolution française : libérer sa propre nation
du
joug des tyrans intérieurs ou étrangers, c’est libérer l’Europe et le
376
de Saint-Simon aboutit entre autres au percement
du
canal de Suez dont aussitôt la politique des États, après s’y être op
377
l. Et c’est pourquoi les grands esprits de la fin
du
xixe siècle, enregistrant cette dissolution de l’idéal européen, de
378
ion historique : Tous les peuples de l’Europe et
du
monde devront traverser cette agonie, pour que la vie surgisse de la
379
et au poète-soldat Alexandre Petőfi, aide de camp
du
général polonais Bem, et qui fut tué dans un combat. Kossuth, à Bruxe
380
st : Lorsque la Liberté siègera dans la capitale
du
monde, elle jugera les nations. Et elle dira à la première : Voilà qu
381
donc en servitude, là où il y aura le sifflement
du
knout et le cliquetis des ukases. … Les Puissances ont rejeté votre p
382
ntre elle, il tombera et ne se relèvera point. Et
du
grand édifice politique européen, il ne restera pas pierre sur pierre
383
le rôle de nation-guide, sous la haute direction
du
pape, Rome devenant la métropole d’un monde au sein duquel toutes les
384
ns un rapport d’union dialectique : La dictature
du
pape, chef civil de l’Italie et ordonnateur de l’Europe, sera le fond
385
Della Nazionalità italiana il donnait la formule
du
passage « dialectique » de la cité à la nation, puis à l’Europe et au
386
tyonie des nations chrétiennes et degré supérieur
du
processus d’unification qui tend à embrasser le genre humain, n’a pas
387
outre-mer et qui voit d’un bon œil les puissances
du
Continent se multiplier, « s’équilibrer », et en fait se neutraliser,
388
mais dans l’imaginaire — la dialectique nationale
du
romantisme politique. Parce qu’il n’est pas suspect de nationalisme b
389
e aux Allemagnes, confère à ces régions centrales
du
Continent la vocation d’unir l’Europe sur le modèle fédéraliste : res
390
qu’est venue la division de l’Église, il est donc
du
devoir de ce pays, plus que de tout autre, de recréer la communauté d
391
le système européen… Faire de l’Allemagne la base
du
nouveau système (fédéraliste), voilà qui serait vraiment un acte de g
392
nt ainsi une vocation nationale, au meilleur sens
du
terme, mais de portée universelle ? Non, disent les Russes, — ou tout
393
es Russes, — ou tout au moins les penseurs russes
du
xixe , — c’est la Russie qui a pour mission de régénérer l’Europe et
394
tiques reconnaissent la vérité, cette vérité même
du
Christ telle quelle est reconnue par le simple croyant. Il faut bien
395
que le conflit de la papauté et de l’Empire, puis
du
catholicisme et de la Réforme, aient été des grands malheurs pour l’E
396
e deuils et de regrets communs ; dans le présent,
du
désir de continuer à vivre ensemble. Ce qui constitue une nation, ce
397
les remplacera. On connaît la célèbre prophétie
du
grand Jacob Burckhardt, historien bâlois, sur la venue des « terrible
398
isme jovial et solennel ». Voici entre cent pages
du
même ton, quelques extraits tirés de Par-delà le bien et le mal : No
399
ains promptes qui règnent aujourd’hui avec l’aide
du
patriotisme, sans soupçonner à quel point leur politique de désunion
400
e qu’a vus ce siècle ont tendu vers ce but unique
du
travail secret de leur âme : ils voulurent frayer les voies à un nouv
401
viables, économiquement parlant, sous la pression
du
grand commerce et des échanges mondiaux transcendant toutes les front
402
ar les grands historiens contre les grands poètes
du
xixe . Plus européen, sans doute, qu’aucun de ses compatriotes au déb
403
t en 1908 de « cette Europe qui est la terre-type
du
malheur de l’humanité », et qui réinventait à peu de mots près la phr
404
eur Constitution des articles prévoyant l’abandon
du
dogme sacro-saint de la souveraineté totale. 27. Les citations qui
405
ès les mêmes que ceux qui se posent dans le reste
du
monde. Comment expliquer ces deux attitudes négatives, d’ailleurs con
406
, sur une expérience, vécue jusqu’à l’irritation,
du
tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde
407
roblèmes spécifiques, différents de ceux du reste
du
monde, s’explique par une glorieuse méconnaissance des réalités de ce
408
glorieuse méconnaissance des réalités de ce reste
du
monde. La première attitude est en somme celle d’un myope, et la seco
409
endrons très vite à la constatation suivante. Vue
du
dehors, l’Europe est évidente. Vue de l’Asie, de l’Afrique, ou même d
410
notre culture et le fait qu’elle nous est commune
du
Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je répondrai d’un se
411
nt « étrangères » cette fois-ci, vous commencerez
du
même coup à sentir « cette inimitable saveur que l’on ne trouve qu’à
412
rtout contemporaines, l’unité résulte d’un décret
du
Pouvoir, d’une uniformité imposée par la force. Donc, d’une part unit
413
r ne rien dire des tentatives rapidement avortées
du
national-socialisme et du fascisme) serviront d’exemples pour la deux
414
ves rapidement avortées du national-socialisme et
du
fascisme) serviront d’exemples pour la deuxième formule. Il suffira,
415
érusalem, et derrière ces trois villes illustres,
du
Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des
416
’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures
du
monde celtique et du monde germanique, et parfois même du monde arabe
417
ssi des profondeurs obscures du monde celtique et
du
monde germanique, et parfois même du monde arabe et du monde slave. E
418
celtique et du monde germanique, et parfois même
du
monde arabe et du monde slave. Entre ces origines diverses, hétérogèn
419
nde germanique, et parfois même du monde arabe et
du
monde slave. Entre ces origines diverses, hétérogènes, se sont produi
420
n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres
du
Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nou
421
n dynamisme unique et sans rival dans les annales
du
genre humain. En dépit de ce que je viens de dire sur la complexité i
422
profane. Culture de dialogue et de contestation,
du
seul fait de ses origines multiples et des valeurs souvent incompatib
423
t de l’astronomie élaborées par les civilisations
du
Proche-Orient. Mais il a été fortement développé par la théodicée chr
424
, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
du
monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne
425
ssairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs,
du
fait même de la coexistence de nos diverses origines en perpétuelle s
426
vérité dite objective, de la simple véracité, et
du
recours aux preuves par neuf. Veuillez songer cependant que l’Asie et
427
re de vous secourir matériellement, c’est à cause
du
travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conf
428
oire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité
du
prochain. Et certes, cela ne signifie pas théoriquement que la sagess
429
armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits
du
citoyen à part entière, et tous ces éléments spirituels, juridiques,
430
hiks »36 de l’URSS, ni dans les masses de l’Inde,
du
Sud-Est asiatique ou de la Chine. Ou bien, s’il prend soudain un sens
431
expliquent la plupart de nos créations. En effet,
du
sens de la vérité objective dérivent nos sciences et par suite, nos t
432
ent nos sciences et par suite, nos techniques. Et
du
sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de la liberté, dér
433
xiste sur notre planète trois régions comparables
du
point de vue de la pression démographique, c’est-à-dire de la relatio
434
é littéralement incomparable. Certes, les peuples
du
Proche-Orient avaient créé l’astronomie, les Hindous avaient inventé
435
ro bien avant nous. Mais l’Europe, ce Laboratoire
du
Monde, a poussé les sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’
436
non moins d’audace, l’exploration de l’espace et
du
temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la T
437
umain est une création des Européens. Exploration
du
temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l
438
istoire, constitution d’archives, examen critique
du
passé, leçons qu’on en tire, renouvellement des arts, sujets de roman
439
politiques, et finalement : superstition moderne
du
« sens de l’histoire », qui non seulement alimente les plus vives pol
440
hnographie à partir de la découverte géographique
du
monde. Et l’on sait le rôle décisif que ces sciences ont joué dans l’
441
n pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés
du
fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et
442
prépare, elle aussi, les voies de l’unité future
du
genre humain. Voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre dé
443
el prix. Voici donc notre situation dans le monde
du
xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculai
444
Il exige nos machines, mais refuse notre éthique
du
travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notr
445
mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour
du
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit
446
ur suggérer l’angle de vision que voici : le sort
du
monde dépend aujourd’hui de l’Europe, qui a inventé le monde dans la
447
ne : après tout, que peut bien nous faire le sort
du
monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie indiv
448
n dehors du sort de l’Europe, dont dépend le sort
du
monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : « N
449
rado, d’elle ne sait quelle Toison d’or, symboles
du
sens dernier de la vie. Il ne porte pas des fuyards, des émigrants, d
450
nture, les petites caravelles de Colomb, au matin
du
départ à Palos de Moguer. Auront-elles la voilure, le tonnage nécessa
451
rivées, je répondrai simplement ceci : l’angoisse
du
monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et no
452
r notre histoire que de la faire, pour l’ensemble
du
genre humain. 35. Paul Valéry. 36. Membres de l’Appareil, des cadr
453
ul Valéry. 36. Membres de l’Appareil, des cadres
du
régime. 37. L’Aventure occidentale de l’homme , 1957. s. Rougemo
454
Allocution de Denis de Rougemont, président
du
Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la r
455
er et rassembler leurs grands symboles : — celles
du
corps et de l’intellect (d’où la technique) dont s’occupe surtout l’O
456
er et rassembler leurs grands symboles : — celles
du
corps et de l’intellect (d’où la technique) dont s’occupe surtout l’O
457
ans, s’élargissant progressivement aux dimensions
du
monde entier, est désormais : d’organiser un ample effort de réflexio
458
un ample effort de réflexions entre intellectuels
du
monde entier sur les problèmes que pose le même progrès technique, éd
459
différentes de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie,
du
Proche-Orient et des deux Amériques ; mais ceci dans la perspective q
460
ective qui nous est propre : celle des incidences
du
progrès sur les vraies libertés humaines. On nous demande souvent, de
461
et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle
du
nombre de ces fins dernières, serait-elle à son tour un absolu ? Non,
462
1960, p. 1 et 6. w. Présenté par cette note : «
Du
16 au 22 juin s’est tenu à Berlin (Ouest), le 3e Congrès internationa
463
niversité d’Oxford, Carlo Schmidt, vice-président
du
Bundestag, etc. Dans la délégation française figuraient : MM. Raymond
464
recteur de la France catholique ; Jean Duvignaud,
du
CNRS ; Manès Sperber, etc. La conférence de clôture de M. Denis de Ro
465
ce de clôture de M. Denis de Rougemont, directeur
du
Centre culturel du Conseil de l’Europe [sic], a été particulièrement
466
Denis de Rougemont, directeur du Centre culturel
du
Conseil de l’Europe [sic], a été particulièrement remarquée. L’auteur
467
ès les mêmes que ceux qui se posent dans le reste
du
monde. Comment expliquer ces deux attitudes négatives, d’ailleurs con
468
s, sur une expérience vécue jusqu’à l’irritation,
du
tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde
469
roblèmes spécifiques, différents de ceux du reste
du
monde, s’explique par une glorieuse méconnaissance des réalités de ce
470
glorieuse méconnaissance des réalités de ce reste
du
monde. La première attitude est en somme celle d’un myope, et la seco
471
ation suivante, qui sera ma première thèse : Vue
du
dehors, l’Europe est évidente. Vue de l’Asie, de l’Afrique, ou même d
472
notre culture et le fait qu’elle nous est commune
du
Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je répondrai d’un se
473
ent « étrangère » cette fois-ci, vous commencerez
du
même coup à sentir cette inimitable saveur que l’on ne trouve qu’à l’
474
e universel, soit avec l’homme d’une seule nation
du
grand complexe européen, dont il révèle ainsi qu’il fait partie par l
475
ns d’autres cultures, l’unité résulte d’un décret
du
Pouvoir, d’une uniformité imposée par la force. Donc, d’une part unit
476
(pour ne rien dire des brèves tentatives avortées
du
national-socialisme et du fascisme) serviront d’exemples pour la deux
477
ves tentatives avortées du national-socialisme et
du
fascisme) serviront d’exemples pour la deuxième formule. Il suffira,
478
érusalem, et derrière ces trois villes illustres,
du
Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des
479
’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures
du
monde celtique et du monde germanique, et parfois même du monde arabe
480
ssi des profondeurs obscures du monde celtique et
du
monde germanique, et parfois même du monde arabe. Entre ces origines
481
celtique et du monde germanique, et parfois même
du
monde arabe. Entre ces origines diverses, hétérogènes, se sont produi
482
n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres
du
Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nou
483
n dynamisme unique et sans rival dans les annales
du
genre humain. 4. En dépit de ce que je viens de dire sur la complexit
484
profane. Culture de dialogue et de contestation,
du
seul fait de ses origines multiples, et des valeurs souvent incompati
485
t de l’astronomie élaborées par les civilisations
du
Proche-Orient. Mais il a été fortement développé par la théodicée chr
486
, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
du
monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne
487
ssairement s’aiguiser en Europe plus qu’ailleurs,
du
fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle
488
vérité dite objective, de la simple véracité, et
du
recours aux preuves par neuf. L’Asie et l’Afrique ignorent cette exig
489
re de vous secourir matériellement, c’est à cause
du
travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conf
490
oire la solidarité, puisqu’elle refuse la réalité
du
prochain. Et certes, cela ne signifie pas théoriquement que la sagess
491
armé ; pour le Romain, c’est de jouir des droits
du
citoyen à part entière — et tous ces éléments spirituels, juridiques,
492
é littéralement incomparable. Certes, les peuples
du
Proche-Orient avaient créé l’astronomie, les Hindous avaient inventé
493
ro bien avant nous. Mais l’Europe, ce Laboratoire
du
Monde, a poussé les sciences et les techniques qui en dérivent jusqu’
494
uère moins d’audace, l’exploration de l’espace et
du
temps. L’espace d’abord. Ce sont les Européens qui ont découvert la T
495
umain est une création des Européens. Exploration
du
temps, ensuite. Ce sont les Européens qui ont inventé l’histoire et l
496
istoire, constitution d’archives, examen critique
du
passé, leçons qu’on en tire, renouvellement des arts, sujets de roman
497
politiques, et finalement : superstition moderne
du
« sens de l’histoire », qui non seulement alimente les plus vives pol
498
hnographie à partir de la découverte géographique
du
monde. Et l’on sait le rôle décisif que ces sciences ont joué dans l’
499
, pour emmagasiner tous les trésors ainsi ramenés
du
fond des temps et de l’espace, les Européens ont inventé le Musée. Et
500
e, prépare elle aussi les voies de l’unité future
du
genre humain. Sciences, physiques, techniques et machines, découverte
501
es, physiques, techniques et machines, découverte
du
globe, histoire, archéologie, ethnographie, sociologie, psychologie,
502
el prix. Voici donc notre situation dans le monde
du
xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculai
503
mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour
du
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit
504
ur suggérer l’angle de vision que voici : le sort
du
monde dépend aujourd’hui de l’Europe, qui a inventé le monde dans la
505
it : après tout, que peut bien nous faire le sort
du
monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie indiv
506
n dehors du sort de l’Europe, dont dépend le sort
du
monde de demain ? Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : « N
507
rado, d’elle ne sait quelle Toison d’or, symboles
du
sens dernier de la vie. Ceci m’évoque les petites caravelles de Colom
508
évoque les petites caravelles de Colomb, au matin
du
départ à Palos de Moguer. Auront-elles le tonnage, la voilure nécessa
509
rivées, je répondrai simplement ceci : l’angoisse
du
monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et no
510
r notre histoire que de la faire, pour l’ensemble
du
genre humain. 38. Si l’on me permet de paraphraser ainsi un vers fa
511
ut exposée pour la première fois par le directeur
du
Centre européen de la culture, lors d’une réunion qui se tint dans la
512
i tout nouveau que lui porte le Monde, — ce Monde
du
xxe siècle né de leurs propres œuvres ? Quand il s’agit de financer
513
— ces huit personnes constituant le premier noyau
du
Conseil des gouverneurs de la Fondation. Dès la première session plén
514
de la Fondation. Dès la première session plénière
du
Conseil des gouverneurs, le 11 mai 1955, à Genève, S. A. R. le prince
515
taires d’Europe, et au département cartographique
du
Collège d’Europe. Lors de la réunion des gouverneurs à Genève, le 16
516
nt elle-même ses plans — se trouvaient éclaircies
du
même coup. Je comparerais volontiers cette opération à la mise à feu
517
rerais volontiers cette opération à la mise à feu
du
2e étage d’une fusée de l’espace, se séparant au moment voulu du prem
518
ne fusée de l’espace, se séparant au moment voulu
du
premier moteur. La Fondation décida également d’organiser chaque anné
519
es furent organisés par la Fondation à l’occasion
du
congrès de Vienne, et se réuniront de nouveau lors du congrès de Cope
520
ongrès de Vienne, et se réuniront de nouveau lors
du
congrès de Copenhague, en 1960. La table ronde est destinée à permett
521
re conclu entre la Fondation et le Fonds culturel
du
Conseil de l’Europe, permettant la création de comités nationaux pour
522
ntre vous ne se souvient de cette première phrase
du
Tristan rendu naguère au grand public européen par les soins de Josep
523
brez aujourd’hui. En restituant pour les lecteurs
du
xxe siècle les textes originaux de la légende, et leur contexte cult
524
ions de Tristan servent à faire entendre la force
du
mythe, par la liaison qui se trouve entre la légende primitive et ses
525
e, l’archétype de tous les romans vraiment dignes
du
nom. Ils sont comme les premières apparitions, comme les épiphanies q
526
loquence classique de la chaire, quand elle parle
du
« salut des âmes », ou « d’immortalité de l’âme ». Je prends le mot a
527
ue ni proprement spirituelle, qui n’est pas celle
du
corps ni celle de l’intellect, encore qu’elle tienne aux deux, c’est
528
c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle
du
« cœur » comme on dit —, celle de l’âme. L’âme est en propre le domai
529
e de l’âme, tout comme la sensation est la preuve
du
corps, et la pensée, la preuve de l’intellect. La passion, c’est une
530
r à jamais contagieux. Ceci posé — et je m’excuse
du
ton quelque peu didactique de ce rappel au sens des mots — considéron
531
raments qui s’accordèrent un jour, dans l’instant
du
premier regard, mais que le temps modifie fatalement, créant un risqu
532
t ravi. Vous avez reconnu la conclusion gnostique
du
Second Faust de Goethe, mais aussi, le mouvement de l’ascension mysti
533
expression, car cet acte instinctif, lié aux lois
du
corps, ne mérite pas en soi le nom d’amour. Mais c’est l’amour comblé
534
vie, c’est reconnaître aussi que la vraie victime
du
mythe n’est pas Tristan, n’est pas Iseut, et n’est pas non plus leur
535
out. La vraie victime, c’est le roi Marc, symbole
du
mariage légal. Les amants ont perdu la vie, gagné l’amour. Le mari, l
536
. Il reste seul vivant, mais sans amour. Aux yeux
du
mythe, il est perdant. À ce premier aspect de notre légende : l’amour
537
ect de notre légende : l’amour-passion triomphant
du
mariage, c’est-à-dire de l’amour-réalité, se rattachent deux grandes
538
e romantisme et le roman. Retracer leur évolution
du
xiiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis,
539
adis, serait hélas illustrer la lente dégradation
du
mythe, grandiose en sa simplicité première, jusqu’au niveau des confu
540
ement commercial : comédies à succès sur le thème
du
triangle, roman pour midinettes et films de série, dont le love inter
541
t l’ingrédient forcé, dernière dilution populaire
du
philtre magique de la Reine, du « vin herbé » dont la vertu jadis fut
542
ilution populaire du philtre magique de la Reine,
du
« vin herbé » dont la vertu jadis fut mortelle aux amants séparés, ma
543
éparés, mais fut aussi transfigurante. L’histoire
du
mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’un
544
gue profanation ? Faut-il penser que les pouvoirs
du
mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir
545
ions ? Une analyse sociologique de la dégradation
du
mythe, au cours des siècles, inclinerait à cette conclusion. Elle con
546
tant le mariage d’Iseut avec le Roi, père adoptif
du
héros —, il n’y aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y a
547
il, la Lolita de Nabokov, sont les derniers échos
du
mythe ressuscité grâce aux derniers tabous qui tiennent encore. Mais
548
monumentale, les jeux d’esprit au lieu des drames
du
spirituel. Selon les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis
549
re cet aspect trop souvent, trop facilement cité,
du
« beau conte d’amour et de mort ». Les obstacles sociaux, coutumiers
550
à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il
du
dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amou
551
autre, Wagner décrit par sa musique, vrai langage
du
mythe essentiel, la mort transfigurante des amants. Cette mince bande
552
mmes et de leur peine quotidienne, mais l’horizon
du
nouveau Jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles
553
l’Ange. Cet horizon de la mort est l’ultime sens
du
mythe. Mais il faut croire aux anges pour y croire. Selon la mytholog
554
r y croire. Selon la mythologie de l’ancien Iran,
du
mazdéisme de Zarathoustra, toutes les actions d’un homme sur la terre
555
otre mythe. L’événement majeur, la scène capitale
du
drame de la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la trois
556
encontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée
du
pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituan
557
croissent les plantes d’immortalité », au centre
du
monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinv
558
e en forme d’ange, et femme, figure la conclusion
du
mythe de Tristan : ce qui se passe trois jours après la mort d’amour.
559
qui aurait été, sur la Terre, le véritable objet
du
désir de Tristan, sa princesse lointaine et son « amour de loin » com
560
e notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour
du
prochain ne s’en trouverait-elle pas éclairée, à son tour ? Aimer le
561
s la mort, ce serait dès ici-bas, l’altérité même
du
prochain. Que l’Autre soit un Autre impénétrable, ne tient pas à quel
562
férent, M. Denis de Rougemont, qui a traité, lui,
du
« mythe » de Tristan et Iseut dans plusieurs ouvrages. M. Robert Guie
563
devait l’amener n’ayant pu quitter Genève à cause
du
brouillard. C’est donc en son absence que M. Guiette a rappelé que “d
564
secret…” M. Carlo Bronne a ensuite donné lecture
du
discours écrit par M. Denis de Rougemont. »
565
nsuite que notre aurea mediocritas saute aux yeux
du
premier venu, tandis que la grandeur de la Suisse reste un mystère, m
566
enne. Et finalement, il faut avouer que le statut
du
« grand homme » en Suisse, en vertu de lois non écrites, mais très an
567
s importants qu’on lui donnera sont inconnus hors
du
canton. Ces trois points appelleraient d’infinis commentaires, un liv
568
infinis commentaires, un livre entier : imaginons
du
moins son argument. ⁂ S’il me fallait décrire la Suisse en une seule
569
que ce fut un Suisse qui bâtit le plus grand dôme
du
monde, Saint-Pierre de Rome ; qu’un autre Suisse construit des capita
570
, fut aussi le premier à publier une Vue générale
du
genre humain, dès la fin du xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grim
571
lier une Vue générale du genre humain, dès la fin
du
xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes que ces h
572
eintres qui aient fait époque, ni de compositeurs
du
plus haut rang. Hölderlin et Keats, Mozart et Rubens, Shakespeare et
573
émesure, un grand théâtre, un sens de la pompe et
du
style, libre de tout souci d’application « morale », leur eussent été
574
mérais plus haut ne seraient guère pensables hors
du
complexe suisse. C’est à eux que la Suisse doit de représenter une pl
575
n parfois bruyante et turbulente de tous les pays
du
tiers-monde, même les plus farouchement hostiles à l’Occident, en tou
576
ale et une éducation spécialisée est le type même
du
faux problème. Car sans culture occidentale, point de technique, au s
577
t de technique, au sens actuel, au sens universel
du
terme ; et à l’inverse, sans technique, point d’avenir pour la cultur
578
oint d’avenir pour la culture, au sens occidental
du
terme. L’une se nourrit de l’autre et l’une sans l’autre serait conda
579
c’est par défi aux dieux, c’est pour ravir le feu
du
ciel, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à notre volonté de
580
théories. À l’origine des inventions européennes
du
xvie au xixe siècle, qui ont décidé du sort de la technique moderne
581
opéennes du xvie au xixe siècle, qui ont décidé
du
sort de la technique moderne, et par suite de notre économie, nous ne
582
ne à vapeur, la turbine, l’auto et l’avion. C’est
du
rêve de voler qu’est né l’avion, et non pas de la prévision des avant
583
s que présenterait un jour l’aviation. L’histoire
du
vol d’Icare est le récit d’un rêve que presque tous les hommes ont fa
584
re, y compris Léonard de Vinci. Le motif onirique
du
vol, attesté par des centaines d’auteurs depuis trois-mille ans, est
585
à toute espèce de considération utilitaire. C’est
du
rêve de partir au hasard sur les routes qu’est née l’auto, comme le p
586
la machine à vapeur. Celle qui existait au début
du
xviiie siècle était des plus rudimentaire : il fallait qu’un surveil
587
plus tard, ne fit que perfectionner la trouvaille
du
petit garçon qui avait été ainsi, sans le savoir, l’inventeur de l’au
588
érifient, en revanche, une fois de plus, la thèse
du
rêve créateur : l’exemple des fusées vers la Lune et Vénus me suffira
589
ures, les tableaux que nous avons vus, les images
du
divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient s
590
. En résumé — notre technique occidentale est née
du
rêve occidental, de ce même rêve qui a créé notre culture ; — la tech
591
eule formation technique. Dans la première moitié
du
xxe siècle, nous avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahis
592
ain d’Hiroshima : La bombe n’est pas dangereuse
du
tout. C’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’homm
593
e de nos populations occidentales, ce fut le sort
du
travailleur industriel, de cet immense prolétariat créé par l’expansi
594
t immense prolétariat créé par l’expansion subite
du
machinisme dès le premier tiers du xixe siècle — l’homme attaché au
595
pansion subite du machinisme dès le premier tiers
du
xixe siècle — l’homme attaché au service des machines jusqu’à seize
596
ts par leur passion de produire sans tenir compte
du
facteur humain et de la dignité de la personne humaine, dans leurs pl
597
en fin de compte, c’est le loisir ! La réduction
du
temps de travail moyen à l’usine ou au bureau, obtenue depuis trois q
598
notre humanité occidentale partiellement libérée
du
travail mécanique, pourvue de loisirs tout nouveaux, et privée du mêm
599
ique, pourvue de loisirs tout nouveaux, et privée
du
même coup du droit de se plaindre qu’elle n’a pas le temps de se cult
600
de loisirs tout nouveaux, et privée du même coup
du
droit de se plaindre qu’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien s
601
tera elle aussi, et que par suite, les conditions
du
producteur de la culture seront sensiblement améliorées. Donc, tout c
602
chnique. Cette formation obligatoire absorbe 67 %
du
temps d’étude, et ne laisse à peu près aucune place à la culture géné
603
uche-à-tout. La brouette, la roulette et les lois
du
hasard, la machine à calculer, ancêtre des cerveaux électroniques, c’
604
es créatrices sont communes, qu’elles jaillissent
du
même fonds et s’alimentent aux mêmes nappes profondes de la psyché, à
605
ermet pas seulement une augmentation quantitative
du
temps libre, mais une meilleure utilisation qualitative des loisirs :
606
ays sous-développés sont les équivalents modernes
du
cheval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer, nous donnerons au
607
e volumes — traduits en douze langues — directeur
du
Centre européen de la culture, engagé dans le mouvement fédéraliste e
608
mont est entre autres fondateur, avec E. Mounier,
du
mouvement personnaliste, président du comité exécutif du Congrès pour
609
E. Mounier, du mouvement personnaliste, président
du
comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture, et gouverne
610
ement personnaliste, président du comité exécutif
du
Congrès pour la liberté de la culture, et gouverneur de la Fondation
611
s-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures
du
matin, et je tirais les cartes. Un grand et fort garçon, dans la tren
612
rre et à Berlin, mémorable correspondant étranger
du
Combat d’Albert Camus, titulaire d’une émission française de la BBC q
613
» biblique décidément incompatible avec son sens
du
symbolisme universel. Bach en automne est un poème luthérien, le seu
614
iescement au monde charnel, par son sens cosmique
du
langage musical, par sa rondeur, sa pesanteur et sa bonhomie sensuell
615
générale ». Tel étant de toute évidence le train
du
monde, il fallait naviguer dans la vie d’un signe à l’autre, guidé pa
616
ables, petits remous dans la « platitude divine »
du
grand fleuve d’un seul tenant reliant « l’origine et la perfection de
617
mentaires d’une carrière. Il avait de lui-même et
du
monde une idée telle que les soucis multipliés par une vie quotidienn
618
rre et à Berlin, mémorable correspondant étranger
du
Combat d’Albert Camus, titulaire d’une émission française de la BBC q
619
ne joue pas avec les mots quand on est « ministre
du
Verbe », minister verbi divini. Les manuels ont beau dire, je ne vois
620
ir de profiter, qu’encore que je ne quittasse pas
du
tout les autres études, je m’y employai toutefois plus lâchement. Or,
621
je n’eusse à soutenir quelque combat, ou de ceux
du
dehors, ou de ceux de dedans ». Ainsi donc, d’appel en appel, Jehan C
622
vocation ; comme aussi ses défauts, à notre goût
du
jour. Il est moins séduisant qu’impérieux, moins impérieux pourtant q
623
plus abrupte et prosaïque. Son baroque est celui
du
bon sens et du langage quotidien de son temps : nous jugeons pittores
624
t prosaïque. Son baroque est celui du bon sens et
du
langage quotidien de son temps : nous jugeons pittoresques, par erreu
625
parts de l’Église harassée par la persécution, ou
du
cœur si faible de l’homme en butte aux attaques du monde. Il s’agit d
626
u cœur si faible de l’homme en butte aux attaques
du
monde. Il s’agit de « presser » l’auditoire, de l’instruire « à salut
627
mais aussi son pouvoir de contagion. Ce ministre
du
Verbe a fait un monde. Il est même le seul écrivain dont les doctrine
628
nement par les élus de la communauté. Le principe
du
droit de révolte, refusé aux individus, mais confié comme devoir aux
629
déplaise, Victoria disparaît dans les profondeurs
du
parc, vers les barrancas mélancoliques aux grands arbres fleuris habi
630
trouvant à Buenos Aires le groupe de Sur, honneur
du
Sud, autour de celle qui l’avait suscité, c’était à la fois le passé,
631
touche que mettraient les décorateurs à l’édifice
du
nouveau consortium européen. Elle deviendrait un parasite si elle ins
632
t : simple cap de l’Asie (4 % des terres émergées
du
globe), un peu moins peuplée que l’Inde et beaucoup plus pauvre en ma
633
la différence des cultures, au sens le plus large
du
terme, qui va de la religion à la technique en passant par la philoso
634
de la créer ; mais simplement, les circonstances
du
xxe siècle, — très largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! — n
635
ours un plan géométrique d’unification rigoureuse
du
continent, supprimant non seulement les douanes, mais toutes les diff
636
peler que depuis Dante et Pierre Dubois, au début
du
xive siècle, en passant par le roi de Bohême, Georges Podiebrad, au
637
lleurs esprits et les meilleurs hommes politiques
du
continent n’ont cessé de préconiser une union fédérale de nos peuples
638
ère nationaliste et colonialiste — seconde moitié
du
xixe et première moitié du xxe siècle — en s’appuyant sur la divers
639
iste — seconde moitié du xixe et première moitié
du
xxe siècle — en s’appuyant sur la diversité de nos langues. La premi
640
tent une contribution essentielle à l’intégration
du
continent. Ils réduisent les obstacles mentaux qui entravent encore l
641
n’a pas d’idéal à opposer aux ambitions mondiales
du
communisme, ni de valeurs à proposer au tiers-monde récemment libéré
642
ion individuelle d’une part, et de l’organisation
du
travail en équipe selon un plan commun, d’autre part. Dans le domaine
643
ne de l’éducation civique, par la double exigence
du
développement de l’esprit critique et de l’information d’une part, de
644
ormation d’une part, de l’esprit communautaire et
du
sens des responsabilités sociales d’autre part. Ces deux grandes tâch
645
plus belles réalisations économiques de l’OCDE et
du
Marché commun resteront pauvres de substance humaine, mal intégrées à
646
nt ils ne manqueront pas d’abuser contre l’homme,
du
moins tel que nous le concevons. En admettant qu’une armature d’insti
647
celui de l’union dans la diversité, c’est-à-dire
du
fédéralisme. Si l’on me dit que j’aligne ici des évidences, j’en sera
648
t en effet l’importance symbolique et stratégique
du
Saint-Gothard dès les débuts de notre histoire. Le 11 mai, les nazis
649
romande, moi de la Suisse alémanique. En sortant
du
studio, nous apprenons que Paris vient d’être bombardé pour la premiè
650
ître de soi-même. Petite maison louée, à mi-pente
du
Gurten. Au-dessous, des cités-jardins et des usines. Plus loin la vil
651
es. Plus loin la ville, la longue façade verdâtre
du
Palais fédéral sur une falaise. À l’horizon, la barrière sombre du Ju
652
sur une falaise. À l’horizon, la barrière sombre
du
Jura, et au-delà se passe la guerre. Derrière la maison, des prairies
653
aremment paisible, et la ligne précise des crêtes
du
Jura sur un ciel tourmenté où je guettais des lueurs. Quelques camion
654
timental, je me demande s’il est bien à la mesure
du
tragique dans lequel nous baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colo
655
qu’à six heures. Je me prépare à sortir. Sonnerie
du
téléphone. On va me parler de l’E.-M. du Général. — Ici colonel Masso
656
heures tapantes au bureau, surtout. Notre projet
du
6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour le 22 jui
657
e par l’Axe — les colonnes de Guderian descendent
du
Nord vers la Faucille. aj. Rougemont Denis de, « Journal d’un témo
658
Genève, Genève, 23 juin 1962, p. 1. ak. Précédé
du
chapeau suivant : « Nos lecteurs se souviennent sans doute de l’étude
659
Nos lecteurs se souviennent sans doute de l’étude
du
journaliste anglo-suisse Jon Kimche parue cet hiver dans nos colonnes
660
t pu être tentés d’intégrer notre pays au système
du
Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisan a d’ailleurs briè
661
La Ligue
du
Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (2
662
nel se présente à la porte de notre petite maison
du
Gurten. Je prends la position. Il tient dans chaque main un petit paq
663
un petit paquet attaché par un ruban. — Ça, c’est
du
chocolat pour votre femme, ça c’est des cigarettes parisiennes, pour
664
s avez pour mission de sauvegarder l’indépendance
du
pays et de maintenir l’intégrité du territoire. Il est clair que pour
665
’indépendance du pays et de maintenir l’intégrité
du
territoire. Il est clair que pour défendre un territoire, il est parf
666
re un territoire, il est parfois indiqué de céder
du
terrain : cela s’appelle une retraite stratégique. On peut me dire qu
667
silences opportuns) pour défendre l’indépendance
du
pays. Cela se discute, mais j’ai pris mon parti, tout comme le généra
668
Mottu, nos conjurés sont réunis pour la fondation
du
mouvement de résistance à tout prix, contre tous les défaitismes et o
669
de notre mouvement, qui a pris le nom de « Ligue
du
Gothard », pour ma plus grande satisfaction. Discuté et corrigé ce te
670
. Discuté et corrigé ce texte jusqu’à cinq heures
du
matin, avec les fondateurs, dans une petite salle de café enfumée par
671
aire converger nos efforts, nous fondons la Ligue
du
Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’Europe et limite des
672
e Suisses. Ce texte va paraître dans 74 journaux
du
pays. Dans chacun, nous avons acheté une page entière. (Formule de la
673
, à Berne ou à la campagne, soit avec des membres
du
Directoire de la Ligue, soit avec notre seul homme de liaison entre l
674
ion suisse n’a pas encore compris toute l’ampleur
du
péril, c’est bien le tout de notre vie suisse et non pas tel parti pl
675
leur analyse détaillée, le directoire de la Ligue
du
Gothard entreprend alors une démarche que je crois sans précédent dan
676
ofesseur Theo Spoerri, solliciteront une audience
du
Conseil fédéral. Ils ont mission de lui déclarer que s’il cède aux ex
677
les résultats de la démarche dans un café proche
du
Palais fédéral. Les délégués m’y retrouvent après une heure. Le titul
678
trouvent après une heure. Le titulaire ad interim
du
Département politique les a reçus avec beaucoup de calme, a pris note
679
amis, syndicaliste, membre fondateur de la Ligue
du
Gothard, me dit, quelques jours plus tard : « Vous êtes imprudent au
680
ont Denis de, « Journal d’un témoin II : La Ligue
du
Gothard, premier mouvement de résistance », Tribune de Genève, Genève
681
Genève, Genève, 25 juin 1962, p. 1. an. Précédé
du
chapeau suivant : « Juin 1940, la débâcle des armées françaises. Au l
682
clef d’une résistance à tout prix. Voici la suite
du
journal de ces jours dramatiques. »
683
iers de l’E.-M. G. chargés de préparer le message
du
1er août du général. Après quelques heures d’essais peu convaincants
684
-M. G. chargés de préparer le message du 1er août
du
général. Après quelques heures d’essais peu convaincants — on ne peut
685
une brochure intitulée : Qu’est-ce que la Ligue
du
Gothard ? Dernière page : La création de la Ligue du Gothard a produ
686
othard ? Dernière page : La création de la Ligue
du
Gothard a produit un choc salutaire sur l’opinion suisse. Elle a rend
687
la concurrence a produit une émulation inattendue
du
côté des partis. Il est incontestable que sans la Ligue, les « commun
688
otre action la renforce. De tout temps, à l’appel
du
danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 194
689
tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport
du
Grütli. Tout notre dispositif de défense regroupé autour du Gothard !
690
Tout notre dispositif de défense regroupé autour
du
Gothard ! Notre rêve devient vrai ! Profonde impression dans l’armée
691
1940 La section Armée et Foyer publie le message
du
général. Convergence parfaite avec le rapport du Grütli, que j’ignora
692
du général. Convergence parfaite avec le rapport
du
Grütli, que j’ignorais, naturellement, quand j’ai rédigé ces quelques
693
i rédigé ces quelques pages. Mi-août 1940 Réunion
du
Directoire de la Ligue à Zurich, dans une villa de l’Utliberg. Tandis
694
s que nous nous dirigeons vers un café, à l’heure
du
déjeuner, sur une route presque campagnarde, entre deux murs, une voi
695
dans l’armée viennent d’être arrêtés, sur l’ordre
du
colonel Labhardt, commandant l’unité d’armée de Sargans. Ils avaient
696
atre sujets suivants : 1) les causes spirituelles
du
drame européen ; 2) la mission européenne de la Suisse ; 3) le fédéra
697
ommunautaire en Suisse. Le 27 juillet, une lettre
du
Département politique m’offrait un passeport diplomatique (censé me f
698
ne réalité. L’opinion s’était ressaisie. La Ligue
du
Gothard, fondée sur l’idée simple d’organiser les volontés de résista
699
et politique. Elle avait au départ formé le noyau
du
premier mouvement de résistance, au sens que ce mot devait prendre un
700
ns les pays occupés par Hitler. Je suis conscient
du
léger ridicule qu’aux yeux de beaucoup présentera cette comparaison,
701
eût certainement passé à la pratique si le moral
du
pays ne s’était pas ressaisi. Le seul fait qu’à ce redressement la Li
702
ouèrent dans le même sens. Le 20 août, à 7 heures
du
matin, je prenais la route de Lisbonne. J’avais acheté, avant de mont
703
é, avant de monter dans l’autobus, trois journaux
du
matin et de la veille : tous les trois consacraient leur éditorial au
704
pu douter de la volonté de résistance à tout prix
du
Général. Leur complot ne visait que le Conseil fédéral, et c’est pour
705
, d’autre part qu’elle se forma « contre la Ligue
du
Gothard ». « Le Gothardbund, c’était du romantisme ! », ajoute-t-il.
706
la Ligue du Gothard ». « Le Gothardbund, c’était
du
romantisme ! », ajoute-t-il. Romantique ou non, c’est la Ligue du Got
707
», ajoute-t-il. Romantique ou non, c’est la Ligue
du
Gothard qui agit seule en liaison avec les officiers pendant la crise
708
é 1940. 3. L’absence de toute mention de la Ligue
du
Gothard et la substitution à cette ligue d’un mouvement qui n’eut d’a
709
ques semaines plus tard, allait devenir le centre
du
Réduit ? Je tenterai de répondre à cette question dans un prochain ar
710
es officiers supérieurs de l’armée sur la prairie
du
Grütli pour leur exposer son plan de défense à outrance autour du mas
711
eur exposer son plan de défense à outrance autour
du
massif du Gothard. ao. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin II
712
r son plan de défense à outrance autour du massif
du
Gothard. ao. Rougemont Denis de, « Journal d’un témoin III : La con
713
Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Précédé
du
chapeau suivant : « Denis de Rougemont retrace ici les circonstances
714
quelques amis groupés sous l’enseigne de la Ligue
du
Gothard alors que le Troisième Reich venait de triompher des armées f
715
ue mortel des nationalismes autarciques au succès
du
Marché commun, qui gage matériellement la réconciliation franco-allem
716
vague angoisse devant l’explosion démographique ;
du
chômage endémique au suremploi ; des empires d’outre-mer français, an
717
ope de 1980 est redevenue à tous égards le centre
du
monde humain. Les géographes ont démontré depuis longtemps qu’elle es
718
environ 95 % de la population et de la production
du
globe. À cette réalité de géographie humaine correspond une activité
719
s supérieure à tout ce qui se passe dans le reste
du
monde. L’Europe anime les échanges intercontinentaux, dont elle fut l
720
, elle les adapte aux possibilités d’assimilation
du
tiers-monde, après en avoir discuté avec les responsables des autres
721
lon la méthode fédéraliste, antidote ou anticorps
du
nationalisme bourgeois (xixe siècle) que les petits pays neufs s’eff
722
de copier dans les années 1950 à 1970. Le succès
du
fédéralisme européen les a fait réfléchir et leurs nouvelles générati
723
. Les vitesses plusieurs fois supérieures à celle
du
son n’étonnent plus ; on découvre au contraire les charmes souverains
724
un système général de freinage ou de décantation
du
progrès mécanique, qui l’adapte et le subordonne à la sécurité, à la
725
de la Méditerranée, abandon progressif des villes
du
Nord qui avaient proliféré pendant l’ère du charbon, sale et noire. L
726
illes du Nord qui avaient proliféré pendant l’ère
du
charbon, sale et noire. L’énergie électrique ou nucléaire a permis de
727
rent le mur plein, l’isolement, l’antique formule
du
château. On construit des maisons sur les îles — artificielles ou nat
728
dans les rochers et les montagnes, loin des lieux
du
travail, réduit à cinq journées de six heures par semaine, en moyenne
729
est de règle.) La vie politique ne ressemble plus
du
tout à ce qu’elle était sous la IIIe République, par exemple. Ses pas
730
a Chine, à l’Inde, et aux ligues encore instables
du
monde arabe et de l’Afrique noire, l’Occident se regroupe autour de l
731
l’uniformisation sociale, économique et éducative
du
continent. Fédéralistes et unitaires, mondialistes et nationalistes e
732
x s’opposent au sujet des problèmes d’aménagement
du
territoire européen, d’urbanisme, d’éducation, de formation professio
733
partie sérieuse de l’existence, en lieu et place
du
travail et du gain, désormais assurés à moindres frais d’énergie. L’a
734
se de l’existence, en lieu et place du travail et
du
gain, désormais assurés à moindres frais d’énergie. L’accroissement d
735
surés à moindres frais d’énergie. L’accroissement
du
temps des loisirs et l’accroissement de la population produisent des
736
ion. En revanche, la généralisation des bénéfices
du
progrès technique, rendue possible par l’union économique et politiqu
737
’accroissement de la population et l’urbanisation
du
continent développent des mécanismes de freinage. La nécessité d’huma
738
dra communauté humaine, village ou ville, au-delà
du
stade originel de la défense, du Burg central et des remparts. En Amé
739
u ville, au-delà du stade originel de la défense,
du
Burg central et des remparts. En Amérique, les villages naissent comm
740
nalement fédérées. Quittant maintenant le silence
du
ciel et l’art abstrait qu’évoquent si curieusement les photos prises
741
ait qu’évoquent si curieusement les photos prises
du
haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la
742
re civilisation. Un service religieux, une séance
du
conseil municipal, une heure de classe, les discussions autour d’une
743
uelques-uns des secrets (pour nous trop évidents)
du
dynamisme européen, c’est-à-dire de la communauté spirituelle, le règ
744
ctoires et subversives) et l’échange des produits
du
travail — une vitalité librement ordonnée, faite de visions multiples
745
ise et côté de l’école, côté de la mairie et côté
du
café ; marché au centre, et carrefour principal des apports régionaux
746
r Il n’est pas de démocratie, au sens européen
du
terme, qui ne repose sur la libre discussion, sur le libre jeu des pa
747
cet autre élément nécessaire de toute place digne
du
nom : le café. C’est là qu’elle se parle d’abord, s’écrit bien souven
748
glaises que se lisent à haute voix les éditoriaux
du
journal que Daniel Defoe rédige seul de 1704 à 1713. Et c’est encore
749
e. N’oublions donc pas, sur la place, la présence
du
kiosque à journaux, point d’insertion de la rumeur du monde entre le
750
iosque à journaux, point d’insertion de la rumeur
du
monde entre le café et le marché. Face à l’hôtel de ville, l’église.
751
bole de la commune, qui est dans le cadre concret
du
civisme, a survécu tant bien que mal, à plus d’un siècle d’empiètemen
752
ermédiaire des communes, des régions défavorisées
du
territoire. Même dans les nations les plus centralisées, comme la Fra