1
meilleurs esprits, il me paraît vital d’admettre
en
toute franchise l’existence historique et spirituelle de deux expérie
2
ouligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre
en
valeur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les pré
3
’Inde par les conquérants aryens, ait son origine
en
Europe, où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver de
4
pe, où Platon l’idéalisa, tandis que César devait
en
retrouver des traces en Gaule. Cette identité primitive, peut-être, c
5
, tandis que César devait en retrouver des traces
en
Gaule. Cette identité primitive, peut-être, cette parenté certaine au
6
ieures. À l’Est, l’Inde codifie les castes ; elle
en
ajoute même une3, multiplie les sous-castes, et fait durer le système
7
u, au Moyen Âge, c’est Maître Eckhart, de même qu’
en
Inde c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à nos jours, c’est
8
e aux yeux du voyageur le moins prévenu. Atténuée
en
Europe par toutes les subsistances monumentales et religieuses du Moy
9
onte pas au-delà d’une post-Renaissance importée.
En
Inde, on ne voit partout que pèlerinages, sanctuaires, lieux et quart
10
rbres, fleuves, animaux sacrés ; hommes et femmes
en
prière accroupis sur leur seuil ; au bord des rues et des chemins, ou
11
ebout devant l’idole4. Et une misère universelle.
En
Europe, dans un paysage où les clochers d’églises dominent encore gén
12
bourgs industriels et les décors de la technique.
En
Amérique : pas un seul lieu sacré en dehors des églises en faux gothi
13
ue : pas un seul lieu sacré en dehors des églises
en
faux gothique luxueux, dominées de très haut par les gratte-ciel ; pa
14
t les données apparemment physiques se transmuent
en
symboles, et il termine par une invitation à entreprendre le voyage m
15
i le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il
en
va de même pour les Hindous, et ceux-ci ne figurent pas pour autant l
16
les corps à tous risques pour l’âme et l’esprit,
en
a tiré le principe d’une possible grandeur et d’une vérité difficile,
17
d9 demandait à un yogi : « N’avez-vous pas tenté,
en
Inde aussi, de calculer la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit
18
ature du cercle est la transformation de l’esprit
en
matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis que le pass
19
atière à l’esprit. La première opération signifie
en
termes humains l’Incarnation (la naissance), et la seconde l’Excarnat
20
t). » Je voudrais à mon tour illustrer cette idée
en
l’exposant sous trois aspects variés. Christ et le Bouddha. — Le Fil
21
auvre, assume les pires souffrances et finalement
en
meurt, afin de parler aux hommes dans leur langage, dans les termes d
22
’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au soleil,
en
lequel il croit sans le voir, décide d’imiter Dieu le Créateur en œuv
23
it sans le voir, décide d’imiter Dieu le Créateur
en
œuvrant dans Sa création : voie de l’obéissance active dans l’ombre d
24
ental, c’est l’ex-carnation trop facile. (On perd
en
chemin le monde créé, sa raison d’être, la connaissance et la maîtris
25
au contraire, il s’agit de connaître Dieu non pas
en
écartant le monde manifesté, ou bien en se contentant à son sujet d’i
26
u non pas en écartant le monde manifesté, ou bien
en
se contentant à son sujet d’intuitions directes et vagues (sur la nat
27
efficace, afin de mieux pénétrer la Création et d’
en
maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses pa
28
traditionaliste, il paraît difficile de le mettre
en
doute10 : tous les auteurs qui traitent de mon sujet s’accordent au m
29
dont j’essaierai maintenant d’indiquer la nature
en
rapportant l’observation suivante, faite en Inde. « Trop de monde par
30
ature en rapportant l’observation suivante, faite
en
Inde. « Trop de monde partout ! Trois domestiques pour ma simple cham
31
ques minuscules. La chaussée envahie par la foule
en
tous sens qui entrave en permanence le passage des voitures. Les trot
32
. Regards luisants dans la pénombre. Corps tassés
en
prière, dans les recoins. Silence et dignité profonde. Un groupe d’ho
33
n, errant dans les campagnes, ou longuement assis
en
tailleur dans leurs niches… Point de culte public en Inde, de liturgi
34
tailleur dans leurs niches… Point de culte public
en
Inde, de liturgie, d’église organisée. L’Hindou grégaire n’est seul q
35
ffre ce mot : le corps magique, et il le commente
en
ces termes11 : « Âme corporisée, ou corps spiritualisé, sans Moi, ou
36
tence que rien au monde ne semble moins le mettre
en
danger ou le compromettre que le mystificateur ou le plagiaire. Le fa
37
e, démon, symbole, dieu ou saint, tout communique
en
la magie, tout se transmue sans nul obstacle, sans mesure, sans limit
38
st en forme de Boule, infinie et tout-englobante.
En
Occident, le moi et le non-moi, le oui et le non, le bien et le mal,
39
le destin, la personne même et son individu sont
en
contradiction, tension ou dissension, et ne cessent de refaire le sig
40
de la Croix. Je disais que la voie de l’individu
en
Inde, comme celle du mystique médiéval, ne peut être que fuite en l’A
41
elle du mystique médiéval, ne peut être que fuite
en
l’Absolu. Ainsi le moi devient conscient et se détache, échappe au co
42
e, s’isole enfin, mais c’est pour mieux se perdre
en
son accomplissement, puisque le moi est voie, et que la voie consiste
43
ons à la déclaration de Ramakrishna que je citais
en
tête de ce chapitre : « Il n’y a aucune différence, que vous l’appeli
44
où la différence est tenue pour essentielle, car
en
elle seule se fonde la personne véritable, qui assume l’individu mais
45
e au prochain. Et du même coup paraît la société,
en
lieu et place du corps magique. Yin yang Dans le symbole cent
46
dent. Qui voudrait nier, par exemple, qu’il y ait
en
Occident de grands spirituels, ou de grands physiciens en Orient ? Ma
47
ent de grands spirituels, ou de grands physiciens
en
Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique,
48
doctrinaux dont on vient de rappeler la richesse
en
contradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Oc
49
apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs,
en
Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, e
50
s n’ont vraiment rien de commun, et l’usage qu’on
en
fait n’est pas du tout le même. La foule de Bénarès n’est pas la foul
51
résultantes majeures dont je parlais plus haut. J’
en
donnerai deux exemples précis. Je trouve le premier dans Kassner, au
52
oire d’Hérodote traite d’un grand du royaume qui,
en
échange de tout ce qu’il avait fait pour Xerxès et son armée, pour l’
53
ait mettre à mort ce seul fils et couper le corps
en
deux moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés s
54
trouveront les quatre frères et le père du coupé
en
deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaiso
55
ui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et,
en
liaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’
56
surtout du cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’
en
1194, le comte de Champagne, dans son voyage d’Arménie, toucha le ter
57
tes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient
en
faction sur chacune d’elles. Le grand maître voulut faire voir au com
58
oute la garde des créneaux ; l’autre le pria de n’
en
rien faire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses vassa
59
éneaux ; l’autre le pria de n’en rien faire, tout
en
confessant qu’il ne saurait attendre de ses vassaux une telle docilit
60
ampagne : il se verra mené à un point où éclatera
en
lui le plus sincère, le plus violent des refus. Les formes fondamenta
61
Cette horreur saisira toujours celui qui respecte
en
l’homme un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atte
62
s de porter atteinte. Ce qui s’y passe, et ce qui
en
provient, ne peut naître que du libre arbitre, sous peine de devenir
63
and ce noyau est lésé, des tourbillons de néant s’
en
dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moin
64
aux yeux de l’ignorance. Qu’on découpe la victime
en
tranches ou qu’on l’épargne, elle ne sera pas sauvée de la nécessité
65
yr qui revient, portant sa tête sous le bras ! Qu’
en
est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue val
66
lue valeur de la personne dans chaque individu, n’
en
a pas moins connu les tortures, les bûchers, la guillotine et les mas
67
ifférences. Et mon propos n’est pas de les mettre
en
relief pour inciter le lecteur à des comparaisons tournant à l’avanta
68
de générale des auteurs modernes qui se réclament
en
Occident de la « pensée traditionnelle ». Ces utopistes à rebours pro
69
essus d’intégration sociale. 4. Il y a peut-être
en
Inde autant d’idoles que d’habitants, si l’on songe que le nombre des
70
raisons qui justifient le procédé. L’Inde a joué
en
Asie un rôle très comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est d
71
Asie un rôle très comparable à celui de l’Europe
en
Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour recou
72
me qu’est issue la Réforme, pour essaimer ensuite
en
Amérique du Nord. À la confrontation de l’Europe et de l’Inde qui gar
73
ische Knoten. 13. Quitte à la rendre inoffensive
en
la gorgeant du sang impur d’un domestique hors-caste, qui se couche l
74
le de l’homme , qui sera publié chez Albin Michel
en
février 1957.
75
réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà,
en
URSS sans hésiter, en Asie au-delà de tous les doutes possibles, les
76
é de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter,
en
Asie au-delà de tous les doutes possibles, les Français et les Grecs,
77
à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’
en
trouve pas de meilleure que cette fameuse communauté de culture qui é
78
ons depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les
en
croire, pas de différences bien notables (dans le domaine de leur spé
79
urope et le Congo ou le Cachemire, tandis qu’il y
en
aurait d’insurmontables entre les Britanniques et les Français, entre
80
trastes entre Suédois et Grecs, par exemple, il n’
en
reste pas moins qu’un Suédois lisant Kazantzaki, un Grec lisant Selma
81
e. Conclusion : il n’y a pas d’Europe, et si l’on
en
veut une, il faudra l’inventer. Ce qui ne facilite guère l’œuvre d’un
82
rlementaire connu sous le nom de filibuster. Je n’
en
citerai qu’un exemple qui me tombe sous les yeux pendant que j’écris1
83
ance au Pacte du Grütli, conclu par trois cantons
en
1291. Cette alliance excluait à peu près les neuf dixièmes de la Suis
84
ce réel, et non pas d’ergoter sur sa définition.
En
privant le concept Europe de son passé, on ne tend à rien de moins qu
85
ies s’affrontent inutilement je le crains, car il
en
va d’une civilisation, d’une culture et même d’une nation, à peu près
86
nier l’existence d’une vraie culture européenne,
en
arguant non seulement de ce qu’une pareille culture est difficile à d
87
u ? dit l’Europe aux nations. Elles seraient bien
en
peine de répondre. Spécifiquement européenne ou non, la culture des E
88
st tout de même plus ancienne que notre découpage
en
26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils définissent la s
89
ations, qui ont au plus le pouvoir de les freiner
en
paralysant les échanges. Quant au plan politique on a vu récemment ce
90
nationalistes qu’une Europe fédérée serait seule
en
mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en sacrifier
91
de sauver le concret de nos vies nationales, et n’
en
sacrifierait que l’illusoire, j’entends ce qui est déjà perdu de tout
92
ce qu’il y a de créateur dans cette communauté. J’
en
conclus que la forme politique que devrait revêtir une union authenti
93
ne se mélangent indiscernablement, mais demeurent
en
tension — autonomes et reliées. Cet équilibre dynamique, toujours ris
94
Lettre
en
réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)d e Je crains que M. Berl ne mob
95
faut sauver. d. Rougemont Denis de, « [Lettre
en
réponse à Emmanuel Berl] », La Table ronde, Paris, mai 1957. e. Intr
96
. Introduit par la note suivante de l’éditeur : «
En
réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que nous lui avons fait par
97
néralement su où était, ce que faisait la Suisse.
En
14, en 39, elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la b
98
ent su où était, ce que faisait la Suisse. En 14,
en
39, elle était neutre. Mais l’Europe ? était-elle pendant la bataille
99
i elle apaise les nationalismes, non si elle leur
en
superpose un nouveau. Pourquoi donc accorderais-je au fédéralisme ce
100
e ? Il y avait une Europe de Romain Rolland. Il y
en
a une de Pierre Dominique, qui espère en elle pour répondre du tac au
101
nd. Il y en a une de Pierre Dominique, qui espère
en
elle pour répondre du tac au tac à Khrouchtchev et même à Dulles, et
102
s mon fort, fût-ce pour “favoriser l’union”. Je m’
en
excuse. »
103
et vire de bord, aux accents de la Marseillaise,
en
direction de 1848. (André Fontaine, Le Monde, au lendemain de la rév
104
et l’idée s’empressa d’émigrer aux États-Unis et
en
URSS. Les penseurs de l’Europe, à peu près unanimes, entrèrent en dis
105
seurs de l’Europe, à peu près unanimes, entrèrent
en
dissidence et se mirent à dénoncer sur tous les tons le monde moderne
106
Essayons de les interpréter. Tout ce qui compte
en
Europe, depuis un demi-siècle, dans les lettres, les arts et la philo
107
s conventions ; mais n’est-ce pas lui qui ouvrit,
en
1919, le grand courant du pessimisme européen, par cette lettre fameu
108
at social, la Morale athéiste. Tout ce qui compte
en
Europe est donc antibourgeois, j’entends bien dans le domaine de l’ét
109
de l’éthique et de l’esprit. Mais rien ne compte
en
fait que par la bourgeoisie. C’est elle seule, par ses franges cultiv
110
délivré de la chaîne. Mais c’est le bourgeois qui
en
vient alors à craindre le règne inexorable des machines, et qui conço
111
l’Occident dépasse de loin la conscience qu’elles
en
ont, la connaissance qu’elles ont pu prendre du Capital ou de la Scie
112
ueraient à leur sujet. Marx et Freud ont beaucoup
en
commun, et, par-dessus tout, leur succès parmi ceux qu’ils ont « déma
113
ue tout. Il faudra plusieurs décennies pour qu’on
en
vienne à relativiser, en les expliquant l’une par l’autre, ces deux r
114
urs décennies pour qu’on en vienne à relativiser,
en
les expliquant l’une par l’autre, ces deux révélations « uniques » qu
115
propre domaine, et surtout débordé par le retour
en
force de réalités religieuses qu’il tenait pour autant d’illusions ;
116
e dialectique, devenue sans prises sur les faits,
en
est réduite à restaurer des dogmes à coups de mensonges. Si les ouvri
117
enti profondément dans toute l’Europe, mais aussi
en
Asie, et plus qu’on ne pense en URSS, n’aurait-il pas créé l’illusion
118
urope, mais aussi en Asie, et plus qu’on ne pense
en
URSS, n’aurait-il pas créé l’illusion romantique d’un renouveau de la
119
ement. Admettons que cela n’est pas tout. Mais qu’
en
est-il de l’Occident ? Trois représentations vagues mais obsédantes
120
t le règne des robots. Mais l’examen des réalités
en
marche, loin de confirmer ces pronostics paralysants, dissipe les ill
121
antant les bienfaits de la cure, on se contente d’
en
vérifier les résultats, on voit que le progrès est à l’Ouest, le serv
122
trinée, si elle a à choisir d’émigrer, choisirait
en
masse l’Amérique. Comme l’ont fait la plupart des ouvriers hongrois r
123
nt fait la plupart des ouvriers hongrois réfugiés
en
Autriche et libres de parler. Il n’en reste pas moins frappant de con
124
is réfugiés en Autriche et libres de parler. Il n’
en
reste pas moins frappant de constater que l’avenir, aux yeux de ces H
125
trônée par deux guerres et ruinée par sa division
en
vingt-cinq États « souverains » — incapables d’ailleurs de prouver qu
126
st sa prochaine étape. Un Pouvoir fédéral devrait
en
résulter, car tout l’appelle et sa nécessité est inscrite dans les fa
127
eut garder seul ses colonies. Aucun ne peut vivre
en
autarcie économique, ni commercer comme il l’entend. Aucun donc n’est
128
ncera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous
en
sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau
129
hèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous
en
ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolution bien tracé
130
dans les forêts. Qu’il y ait là quelque excès, j’
en
conviens, mais c’est la Nature, et non l’homme, qui aurait ici le dro
131
rcier. Et qui ne l’a pas cité, quel journaliste ?
En
pensant à la Bombe, bien sûr. Mais la Bombe n’a jamais rien fait sans
132
mes mécaniques. Eux seuls se sont vus transformés
en
« compléments vivants d’un mécanisme mort », selon l’expression terri
133
de la conscience dont j’ai parlé. Le mal dénoncé
en
son temps par Karl Marx et Proudhon, que l’on n’écoutait pas, tenait
134
qui s’ouvre largement, et tous les problèmes qui
en
dépendent pour l’éducation des enfants, des adultes, et des technicie
135
: bel exercice pour une pensée régulatrice, que d’
en
maîtriser les vertiges ! Je propose la clôture d’un demi-siècle de ru
136
gence un rôle nouveau : celui de créer la liberté
en
la cherchant, en acceptant d’envisager ses risques et de les courir d
137
veau : celui de créer la liberté en la cherchant,
en
acceptant d’envisager ses risques et de les courir d’abord en imagina
138
d’envisager ses risques et de les courir d’abord
en
imagination. Je propose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de no
139
laurier. Des prix ? me dit Denis de Rougemont, j’
en
ai manqué beaucoup avant-guerre. Plus d’un jury pensait à me donner u
140
aite l’Amérique. Il suffit, dit-il, de se trouver
en
Amérique, pour savoir que l’Europe existe, ne serait-ce que dans l’es
141
vilisation européenne à travers son histoire et d’
en
mesurer les effets. C’est ce que j’ai tenté dans mon livre et ma conc
142
te fin soit juste et, pour s’opposer à Nietzsche,
en
considérant que, par exemple, la puissance n’est pas une fin juste. L
143
de la personne humaine. Je m’attendais à trouver
en
Denis de Rougemont un de ces théoriciens et philosophes qui sourient
144
ntation scénique, nous satisfaisant de la version
en
oratorio qui a été tirée de cet opéra où Rougemont sut se montrer poè
145
oujours au roman, me confia Denis de Rougemont. J’
en
ai jadis écrit un que j’ai retiré de justesse des mains de l’éditeur
146
l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe
en
ut mineur réduit à peu de chose toute tentative verbale pour exprimer
147
n’ira pas plus haut, peut-être ; mais qui serait
en
mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’aujour
148
alentendu et toute chargée de tragédies latentes.
En
voici la formule la plus simple, je crois : la diffusion de nos valeu
149
pas co-extensive avec celle de nos produits et n’
en
est pas non plus contemporaine ; elle reste loin derrière dans l’espa
150
tandis que les Amériques et l’Australie seraient
en
rouge vif, les franges sud-est de l’Europe en rose, et l’URSS en quad
151
ent en rouge vif, les franges sud-est de l’Europe
en
rose, et l’URSS en quadrillé rouge et blanc. Quant à l’Asie et à l’Af
152
es franges sud-est de l’Europe en rose, et l’URSS
en
quadrillé rouge et blanc. Quant à l’Asie et à l’Afrique, il faudrait
153
t générales et tantôt sélectives à l’excès, qu’on
en
vient à se demander ce que peut bien signifier, en fin de compte, l’o
154
struire et comment ils expriment et transportent,
en
fait, tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances
155
aissaient pas. Ainsi chaque machine exportée est,
en
fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré n
156
s caractéristiques de la civilisation occidentale
en
trois ordres : produits, principes de vie publique et valeurs. Produ
157
e siècle ? C’est qu’il se produisit à ce moment,
en
Europe, une conjonction sans précédent : celle de la science, s’établ
158
s des divinités monstrueuses ; il vaut la peine d’
en
scruter les lois et il attend de l’homme d’être compris, révélé, voir
159
hilosophes présocratiques, mais c’est Socrate qui
en
illustra la haute portée morale ; la seconde fut définie par les prem
160
a civilisation occidentale et des coutumes arabes
en
Algérie nous en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici
161
ccidentale et des coutumes arabes en Algérie nous
en
donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique, e
162
accident de l’histoire que la France paraît seule
en
cause dans cette affaire, car en réalité le problème est mondial, il
163
tants qu’elle compte à l’ouest du rideau de fer —
en
attendant les 98 millions retenus à l’est dans l’orbite russe — la se
164
son pays, que ce soit d’une manière directe comme
en
Suisse, ou plus souvent par députés interposés ; mais il sait trop ra
165
cessibles au grand public, même s’ils sont édités
en
librairie ; leurs auteurs ne prévoient d’être lus que par leurs étudi
166
problèmes économiques, et il faudrait y réfléchir
en
groupe, car ces problèmes sont trop complexes pour le plus génial des
167
tre européen de la culture a jugé utile de réunir
en
séminaire une vingtaine d’économistes, à la fois réputés et indépenda
168
si… les frontières économiques étaient supprimées
en
Europe ? Telle était la règle du jeu. Nous ne demandions pas comment
169
e dégage de leurs études, dont le plan fut arrêté
en
commun, la rédaction strictement individuelle, et la mise au point ré
170
s émissions de radio. Mais c’est leur publication
en
recueil qui leur donnera leur vraie valeur, chacune d’elles appuyant,
171
au moins autant de lucidité que les totalitaires
en
apportent à vouloir un monde inhumain. Au grand public, ces études do
172
ge contribuer à ranimer un peu de cette confiance
en
elle-même qui suffirait sans doute à la rendre capable d’exercer à no
173
nt retenu de leurs manuels que l’Europe se divise
en
autant de cultures qu’elle a de nations, celles-ci correspondant d’ai
174
peuples de l’Europe, puisque leurs nations mêmes
en
sont nées, non l’inverse. D’autre part, cette institution devra s’ef
175
qui s’opposent à l’union. On ne fera pas l’Europe
en
répétant qu’il est indispensable de s’unir : tout le monde le sait ;
176
ispensable de s’unir : tout le monde le sait ; ni
en
ratifiant des traités : personne n’y croit. (On attend de voir…) Et c
177
4620. Ils nouent des liens entre eux dès 1950. On
en
compte aujourd’hui plus d’une vingtaine, pour la plupart liés à des u
178
liés à des universités, ou de rang universitaire.
En
1948, le Congrès de l’Europe, à La Haye, décide la création d’un Cent
179
uropéen de la culture. Celui-ci se fonde à Genève
en
l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture
180
ci se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons.
En
1949, un Congrès européen de la culture se réunit à Lausanne, et défi
181
oratoire européen de recherches nucléaires (fondé
en
1953 sous le nom de CERN, à Genève.) Le Conseil de l’Europe, issu d’u
182
Association européenne des enseignants se fondent
en
1955 et en 1956… La Journée européenne des écoles propose chaque anné
183
européenne des enseignants se fondent en 1955 et
en
1956… La Journée européenne des écoles propose chaque année des sujet
184
ion européenne de la culture a été créée à Genève
en
1954, et opère depuis cette année à Amsterdam. Enfin, la bibliographi
185
ions que je viens de citer (à l’exception du CERN
en
construction) équivaudrait à peine aux possibilités d’une des « petit
186
« petites » fondations qui existent par milliers
en
Amérique du Nord. Il serait temps que nos États prennent conscience d
187
carte : 4 % des terres du globe (et très pauvres
en
matières premières) ; 2° que la culture, en Europe, perdra sa vitalit
188
uvres en matières premières) ; 2° que la culture,
en
Europe, perdra sa vitalité si les États et les mécènes virtuels du co
189
le du CEC est de contribuer à l’union de l’Europe
en
ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en
190
ces vives de la culture dans tous nos peuples, et
en
leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments de coordination,
191
ne de la culture ». Celle-ci se réunit à Lausanne
en
décembre 1949, et formula le programme du CEC L’institution fut inaug
192
ni à aucune instance gouvernementale. Constituée
en
association régie par la loi suisse, elle jouit de la personnalité ju
193
associations créées par le CEC et dont il assume
en
règle générale le secrétariat, gardent leur autonomie, tout en agissa
194
rale le secrétariat, gardent leur autonomie, tout
en
agissant dans le cadre d’un programme commun. Quelles sont donc les g
195
rès de compositeurs et critiques musicaux à Rome,
en
1953, le Prix européen de littérature, et l’initiative de la création
196
an mondial, si elle unit ses forces pendant qu’il
en
est temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de nos pays des e
197
donnée, soit sur des foyers de culture populaire
en
milieu rural ou urbain. Il leur fournit des moyens audiovisuels d’ens
198
yens d’information européenne. Ceux-ci consistent
en
publications, films et conférences. Le Bulletin du CEC édite chaque
199
sujets d’intérêt européen, et largement diffusés
en
plusieurs langues. Des plans de causerie , établis en tenant compte
200
usieurs langues. Des plans de causerie , établis
en
tenant compte des milieux populaires ou des groupes militants auxquel
201
série, de films documentaires sur l’Europe est
en
cours de réalisation. Enfin, l’information de la presse est assurée p
202
vegardant l’autonomie des trois institutions tout
en
assurant leur plus étroite coopération. ⁂ Perspectives Contrair
203
n vue de certaines actions communes, et de mettre
en
pool celles de leurs activités ou de leurs ressources — mais celles-l
204
sent encore de colonialisme, mais la maintiennent
en
fait sous la pression constante de leur expansion économique ou idéol
205
onc ouverte à l’avenir. 19. On parle 6 langues
en
France, 4 en Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé d
206
l’avenir. 19. On parle 6 langues en France, 4
en
Suisse, 2 en Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nations
207
19. On parle 6 langues en France, 4 en Suisse, 2
en
Belgique, tandis que l’allemand est parlé dans 6 nations, le français
208
des instituts d’études européennes (AIEE) publié
en
novembre 1957 par le Centre européen de la culture. 21. À cet égard,
209
instein et Freud (avril 1958)l Cela se passait
en
1932, sur le seuil de ce quart de siècle qui allait voir l’ascension
210
ne à poser des questions, dans un domaine où il n’
en
sait guère plus que le citoyen raisonnable et moyen. L’autre répond d
211
mment supprimer « le besoin de haine » dégénérant
en
« psychose collective » ? C’est écrit de Potsdam et sous l’œil des ba
212
il des barbares. Freud répond de sa Vienne natale
en
sursis — elle n’en aura plus pour longtemps — et le pacifisme d’Einst
213
eud répond de sa Vienne natale en sursis — elle n’
en
aura plus pour longtemps — et le pacifisme d’Einstein se voit soumis
214
r Einstein, Freud les décontenance avec maîtrise
en
invoquant l’Éros vital et l’instinct de mort, également essentiels à
215
, d’où sortirait la guerre… Mais ce qui « règne »
en
Occident, il y a beau temps que ce n’est plus une classe ! Les décisi
216
édait facilement aux clichés quand il s’exprimait
en
public. Dans son rôle de critique des clichés « pacifistes » Freud, a
217
eud, au contraire, paraît plus actuel que jamais.
En
réduisant l’opposition classique de la Force et du Droit à celle de d
218
lence née de l’union de ses victimes. Mais, comme
en
fait il n’y avait pas d’union, cela revenait à opposer aux chars d’Hi
219
central soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes
en
1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dépourvu d’u
220
, dont l’un voit bien l’avenir, mais ignore qu’il
en
parle au seul homme qui en détienne le secret sans le savoir ! Rêvon
221
nir, mais ignore qu’il en parle au seul homme qui
en
détienne le secret sans le savoir ! Rêvons là-dessus. Einstein n’a p
222
comme si le calcul profond du daimôn qui habitait
en
lui, déjouant les conclusions sincères de sa raison, l’avait inconsci
223
nt de guerre, qui rendrait la guerre impossible ?
En
fait, la situation s’est renversée. Ce n’est pas un super-État qui at
224
nre humain ? Devrons-nous aller dans la Lune pour
en
éprouver le saisissement, ou plus loin, dans le noir absolu des espac
225
ux petits peuples des Waldstätten, déjà organisés
en
coopératives forestières, l’immédiateté impériale ; et cela dès 1231,
226
l fallait empêcher de dominer la route figuraient
en
bonne place les Habsbourg, possesseurs d’une série de châteaux au nor
227
eur faire violence, de les inquiéter ou molester,
en
leurs personnes et en leurs biens ». Et ce pacte devait « s’il plaît
228
les inquiéter ou molester, en leurs personnes et
en
leurs biens ». Et ce pacte devait « s’il plaît à Dieu, durer à perpét
229
, compagnons du serment). Le Directoire français,
en
1798, tenta d’imposer une Constitution unitaire aux cantons. Cette ex
230
r la vaincre, ne peut pas être d’un homme sage ».
En
conséquence, l’empereur se déclarait partisan d’une « organisation fé
231
cantons. Au lendemain de la chute de l’empereur,
en
1815, un nouveau Pacte fédéral consacra le retour à l’état de choses
232
faible garantie pour l’indépendance des cantons,
en
un siècle qui allait voir surgir deux nouvelles grandes puissances un
233
-trois ans. Elle ne fut résolue, très subitement,
en
1848, qu’au lendemain d’une guerre civile qui en fit éclater à tous l
234
en 1848, qu’au lendemain d’une guerre civile qui
en
fit éclater à tous les yeux la gravité littéralement mortelle. Crise
235
s de leur politique économique. On comptait alors
en
Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’armes, 87 mesures de grain,
236
erreurs que nous avons vu commettre de nos jours
en
Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nous verrons
237
n à un autre ou d’une commune à une autre. « Il y
en
avait partout, sauf aux frontières extérieures » relève encore W. Mar
238
mpte, par les États souverains ? (Elle avait bien
en
propre une « caisse de guerre », et le droit de nommer le Général en
239
sse de guerre », et le droit de nommer le Général
en
chef, son état-major, et quelques fonctionnaires, mais elle n’en dépe
240
at-major, et quelques fonctionnaires, mais elle n’
en
dépendait pas moins du bon plaisir des cantons, dans ce domaine.) Cep
241
ns en vue de hâter l’avènement d’une Suisse unie.
En
1832, la Diète admit, sous la pression des cantons « régénérés », le
242
de Genève, Pellegrino Rossi24. Il vaut la peine d’
en
citer quelques passages, qui évoquent irrésistiblement des situations
243
d’abord que la faiblesse du lien fédéral institué
en
Suisse par le Pacte de 1815 créait « une illusion plus dangereuse que
244
nt » par la fausse sécurité qu’elle inspirait. Il
en
résultait que les puissances voisines pouvaient « embrasser dans leur
245
onserver un pareil état de choses… Rien ne milite
en
sa faveur, pas même la raison, d’ailleurs bien faible, de l’économie…
246
bien faible, de l’économie… » Et Rossi concluait
en
montrant les progrès « mémorables » réalisés par l’idée fédérale dans
247
ne patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’
en
disent les détracteurs des temps modernes, c’est une des gloires de c
248
nistratifs et militaires, devait être transformée
en
un État moderne de forme fédérative. L’éloquence de Rossi ne parvint
249
s le jugèrent révolutionnaire. La Diète l’enterra
en
1833, après l’avoir plusieurs fois renvoyé à des commissions. Trois c
250
grand savant A.-P. de Candolle) pouvait s’écrier
en
1832 au Parlement de Genève : « Que veulent les partisans du nouveau
251
daigne et du roi de Prusse. La France lui fournit
en
secret des canons et des fusils. Lorsque les cantons libéraux décrétè
252
rétèrent le bannissement de l’ordre des jésuites,
en
1847, la guerre civile éclata. Les libéraux (ou « radicaux ») détenai
253
disposaient de contingents militaires supérieurs
en
nombre et en armement. Mais ils savaient que les grandes puissances v
254
de contingents militaires supérieurs en nombre et
en
armement. Mais ils savaient que les grandes puissances voisines se te
255
ne fut menée avec décision, rapidité et humanité.
En
26 jours, les cantons catholiques, battus séparément, étaient amenés
256
ent, malgré elles, les Puissances, pour accomplir
en
quelques mois la transformation de leur séculaire Ligue d’États en un
257
la transformation de leur séculaire Ligue d’États
en
un État fédératif durable et fort. La commission de révision, nommée
258
traire de ce qui s’est dit dans une commission ».
En
sept semaines, au cours de 31 séances plénières, ils élaborèrent un p
259
été transmis préalablement aux cantons, la Diète
en
aborda l’examen. Une première lecture, un renvoi de quelques articles
260
, une seconde lecture et le vote final ne prirent
en
tout que six semaines. Le 27 juin, le projet était accepté par les de
261
solution de sagesse, voici ce compromis qui tient
en
trois articles : Article 1. Les peuples des vingt-deux cantons souve
262
qu’enfin elle prévoit une procédure de révision «
en
tout temps » par initiative populaire ou parlementaire — on aura rapp
263
(de tendance un peu plus centralisatrice) opérée
en
1874, n’en ont changé depuis plus d’un siècle ni l’esprit ni le carac
264
ce un peu plus centralisatrice) opérée en 1874, n’
en
ont changé depuis plus d’un siècle ni l’esprit ni le caractère spécif
265
histoire suisse appelle quelques commentaires qui
en
dégageront l’originalité. La rapidité qui présida à la rédaction du p
266
plus remarquable que ce processus-éclair (9 mois
en
tout !) succédait à une longue période de crise et à des siècles de r
267
la stabilité du futur État. Plus révolutionnaire
en
fait que les chartes revendiquées ailleurs par le mouvement de 1848,
268
»26. De même, la guerre du Sonderbund a produit,
en
créant la Suisse, le seul résultat durable que l’on puisse attribuer
269
s encore, ceux qui s’intitulent « fédéralistes »,
en
Suisse, sont les adversaires de toute extension du pouvoir central, t
270
à devenir unification forcée. Cette dialectique,
en
Suisse, n’est pas abstraite : elle exprime la vie même de la Confédér
271
, jusqu’au xixe siècle. Nous ne pouvons songer à
en
donner ici même un aperçu : la Suisse compte 25 cantons ! Les meilleu
272
s curieuse figure de Rossi : « Né à Carrare, venu
en
Suisse comme réfugié politique au début de la Restauration, il fut le
273
ssiné, chef du gouvernement pontifical de Pie IX,
en
1848 ». (L’année même où ses idées triomphèrent enfin dans l’une de s
274
arque loue Alexandre d’avoir voulu « réunir comme
en
un seul grand vase tous les peuples du monde entier » et d’avoir « or
275
entative d’associer les nations de toute la terre
en
un seul corps. 2. C’est l’Europe qui a donné naissance à la seule civ
276
ait, s’il a cru qu’il régnait sur le monde : il n’
en
connaissait qu’un canton. Mais nous ne sommes pas victimes d’une illu
277
s échanges mondiaux. Car c’est elle qui les a mis
en
branle dès l’époque des grandes découvertes, en balisant les voies du
278
s en branle dès l’époque des grandes découvertes,
en
balisant les voies du commerce maritime. C’est elle qui a su trouver
279
n colonialisme honni fut aussi la première « mise
en
valeur » des possibilités complémentaires qu’offrent aux hommes les v
280
’Europe ; il ne s’agit que d’une nécessité, qui n’
en
dicte pas moins une politique mondiale. À la veille de la guerre de 1
281
r laboratoire. « Tout est venu à l’Europe et tout
en
est venu. Ou presque tout », dit Valéry. Mais je ne vois rien, ou pre
282
matique, les fouilles, les enquêtes sociologiques
en
7 volumes sur les indigènes des îles Trobriand, les films et les micr
283
toutes les autres parties de la Terre sont mises
en
communication, bon gré mal gré, pour la première fois dans l’Histoire
284
animatrice d’une circulation planétaire. Qui peut
en
dire autant dans notre siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, e
285
peut en dire autant dans notre siècle ? Les uns m’
en
paraissent incapables, et d’autres n’en ont le même besoin vital. Éca
286
Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’
en
ont le même besoin vital. Écartons pour longtemps l’Afrique noire, le
287
its de son école du soir industrielle. L’URSS vit
en
autarcie, grâce à des conditions qui rappellent l’esclavage à l’intér
288
seule périrait, sans discussion possible, si elle
en
était réduite à vivre sur elle-même. L’Europe seule ne peut plus se p
289
nt leur ambition de l’exercer à leur tour, mais n’
en
montrant pas les moyens. L’Europe dans son ensemble se voit donc appe
290
es voit différents, comme ils se voient eux-mêmes
en
restant nez à nez. Les Américains les confondent ; et quant aux Asiat
291
ent de nos variétés infinies et de leur équilibre
en
tension. L’impossible solitude À ces nécessités externes et glob
292
eut prétendre à subsister par ses propres moyens,
en
Europe même. Le Message aux Européens , que je lus en clôture du con
293
rope même. Le Message aux Européens , que je lus
en
clôture du congrès de La Haye, le 12 mai 1948, commence ainsi : L’Eu
294
que et jacobin, répugnent à concevoir l’équilibre
en
tension de réalités valables mais contradictoires comme l’union et l’
295
vers l’uniformité dont les victoires s’appellent
en
politique l’État totalitaire, en art l’ennui, en biologie la mort. C’
296
ires s’appellent en politique l’État totalitaire,
en
art l’ennui, en biologie la mort. C’est assez dire que l’union fédéra
297
en politique l’État totalitaire, en art l’ennui,
en
biologie la mort. C’est assez dire que l’union fédérale, seule confor
298
tion mondiale des échanges, ne saurait se définir
en
termes jacobins de nation, de supernation, d’autarcie, ou d’hégémonie
299
fortune : sans elle, pourtant, rien ne se fût mis
en
branle et l’on ne parlerait pas d’une zone de libre-échange. L’object
300
uloir ou escompter l’échec des Six serait adopter
en
fait la politique du Kremlin, très alertée sur le « danger » de l’Eur
301
lement intéressés à devenir ces Dix-Sept que tout
en
eux appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les Six de l’Est :
302
« langues », selon les textes) se verront réunis
en
une famille, ils sauront bien, c’est dans leur sang, que l’Europe ent
303
airement d’une décadence. Cette erreur s’explique
en
partie par le fait que les auteurs que je viens de citer se référaien
304
diffusées de nos jours sur toute la terre ? Il s’
en
faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffiné
305
nnus. Les candidats à la relève étaient nombreux.
En
est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’oblitération, ou simplement
306
otre civilisation ? Les USA ? Ils s’européanisent
en
profondeur, plus rapidement que l’Europe ne s’américanise par quelque
307
e, nation par nation, faute d’avoir su se fédérer
en
temps utile, qu’y perdrait le monde ? Et je donne dès maintenant ma r
308
rsonnelle, présumant que plus d’un l’approuvera :
en
perdant notre Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et
309
Première Guerre mondiale déclenchée par l’Europe,
en
1919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civili
310
omment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre
en
prose d’un de nos grands poètes, cette phrase résume et condense en q
311
os grands poètes, cette phrase résume et condense
en
quelques mots une assez longue tradition de pessimisme européen. Dès
312
quait l’aboutissement suprême de l’Histoire. Mais
en
appliquant sa dialectique aux civilisations, on en venait à penser qu
313
n appliquant sa dialectique aux civilisations, on
en
venait à penser que chacune d’elles devait fatalement décliner et mou
314
ologiquement à un individu, animal ou végétal. Il
en
résulte inexorablement que toute culture est mortelle, et nous rejoig
315
ures prévues par Burckhardt et Sorel s’instaurent
en
Russie, en Turquie, en Italie et en Allemagne. Les nationalismes et l
316
s par Burckhardt et Sorel s’instaurent en Russie,
en
Turquie, en Italie et en Allemagne. Les nationalismes et les racismes
317
ardt et Sorel s’instaurent en Russie, en Turquie,
en
Italie et en Allemagne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés d
318
s’instaurent en Russie, en Turquie, en Italie et
en
Allemagne. Les nationalismes et les racismes, dénoncés d’avance par N
319
ale. Déjà le communisme lui dispute non seulement
en
Asie et en Afrique, mais aux yeux d’une partie de sa propre jeunesse,
320
e communisme lui dispute non seulement en Asie et
en
Afrique, mais aux yeux d’une partie de sa propre jeunesse, son rôle d
321
souvent contradictoires ou incompatibles qu’elle
en
a héritées, la civilisation européenne s’est trouvée fondée sur une c
322
décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’
en
fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent
323
tus se conditionnent et s’impliquent mutuellement
en
Europe. En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, déb
324
e sens critique devrait nécessairement s’aiguiser
en
Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos divers
325
même de la coexistence de nos diverses origines,
en
perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par d
326
énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère
en
obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider, ou se faire valo
327
e au monde, de méditation et d’action, ou traduit
en
langage moderne : de loisir vraiment libre, et de travail. Ici encore
328
e droit de leur dire : si nous, Européens, sommes
en
mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acha
329
ette relation, dans le cas de l’Orient, soit pour
en
prendre mieux conscience, dans notre cas. Le troisième caractère orig
330
cept plus difficile à définir, plus facile à nier
en
théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Europ
331
en théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante
en
fait pour les Européens de toute nation et de toute classe, de toute
332
les hommes de notre continent, et l’on peut voir
en
lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre ci
333
un colonialisme périmé. Si j’ai cru bon de mettre
en
valeur ces trois vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulemen
334
s, drames et tensions qui devaient nécessairement
en
résulter et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, au d
335
onde, a poussé les sciences et les techniques qui
en
dérivent jusqu’au point où elles permettent non seulement à l’homme d
336
’archives, examen critique du passé, leçons qu’on
en
tire, renouvellement des arts, sujets de romans et de pièces de théât
337
toutes les créations que je viens d’énumérer sont
en
expansion vers le monde, appellent le monde, s’en nourrissent, et tou
338
en expansion vers le monde, appellent le monde, s’
en
nourrissent, et toutes préparent son unité après avoir exploré ses va
339
beaucoup de nos secrets de puissance matérielle —
en
un mot, le monde reçoit nos produits. Mais il ne reçoit pas les valeu
340
its, et qui seules permettraient de les maintenir
en
composition. Le monde choisit tel de nos produits les plus douteux —
341
eux tous que je ne le crois nullement, et je vais
en
donner trois raisons principales. Première raison : la civilisation e
342
nous savons aussi que toutes les villes nouvelles
en
Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, leurs procédés de con
343
aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et
en
Afrique imitent nos villes modernes, leurs procédés de construction,
344
dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne
en
la valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation,
345
ar vous êtes tous fils de Dieu, vous êtes tous un
en
Jésus-Christ »), cette conception devait (seule) permettre à ceux qu’
346
rait et faisait revivre des cultures disparues ou
en
voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui env
347
strées sur bandes et sur microsillons, elles sont
en
mesure de résister au temps beaucoup mieux que les fresques de Lascau
348
diffusées de nos jours sur toute la Terre ? II s’
en
faut de beaucoup que leurs rivales asiatiques, qu’on dit plus raffiné
349
à fait, Valéry ne pourrait pas le dire, car il n’
en
saurait rien. » Et il proposait de corriger comme suit le passage que
350
euri une civilisation déterminée. Et les autres n’
en
savaient rien. Mais ce fut plus souvent l’agression d’une civilisatio
351
nnus. Les candidats à la relève étaient nombreux.
En
est-il un seul aujourd’hui qui réclame l’oblitération ou simplement l
352
le père était devenu protestant, et qui écrivait
en
Angleterre pour le New York Herald Tribune ! Le marxisme est né en Eu
353
r le New York Herald Tribune ! Le marxisme est né
en
Europe et de l’Europe, au carrefour d’un débat séculaire entre la thé
354
rlait Lénine, elle symbolise l’industrialisation.
En
électrifiant la Russie, le communisme a renouvelé l’entreprise de Pie
355
a Technique et tout ce qu’elle entraîne de proche
en
proche dans les mœurs et les modes de penser d’une nation. Le fameux
356
es modes de penser d’une nation. Le fameux « bond
en
avant » de la Chine de Mao n’a guère été jusqu’ici qu’un bond vers l’
357
prévisible du péril rouge, déguisé par les Russes
en
coexistence pacifique — nom qui aurait fait frémir Lénine ! — on repa
358
nine ! — on reparle aujourd’hui d’un péril jaune,
en
attendant le péril noir. Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien
359
ation européenne, devenue mondiale, n’est menacée
en
fait que par les maladies qu’elle a produites et propagées elle-même.
360
s, c’est au foyer de sa vitalité créatrice, c’est
en
Europe, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’e
361
nationalisme et la superstition matérialiste. Il
en
va du nationalisme comme de notre rhume de cerveau, qui devient morte
362
t de la culture au xxe siècle, le nationalisme n’
en
poursuit pas moins ses ravages dans l’esprit des Européens comme dans
363
ns qui les créent, auraient tôt fait de se mettre
en
grève, de débrayer, et de nous livrer sans défense aux fanatiques du
364
tre ces maladies. L’Europe a secrété Hitler, mais
en
douze ans, elle l’a éliminé, et je crois qu’elle s’en trouve immunisé
365
ouze ans, elle l’a éliminé, et je crois qu’elle s’
en
trouve immunisée pour très longtemps contre la tentation totalitaire,
366
alitaire, qui est l’essence du nationalisme. Il n’
en
va pas de même sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages nous
367
st venu, nous l’avons vu, et nous l’avons vaincu,
en
peu de temps, au prix de millions de morts, il est vrai… Et maintenan
368
iquement se produire. Or ce n’est pas chez nous,
en
Europe, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce qu’é
369
uire. Or ce n’est pas chez nous, en Europe, mais
en
Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce qu’écrit le quotidie
370
e compagnie et de brigades, les équipes, drapeaux
en
tête, se dirigèrent d’un pas martial aux champs. Ici on ne voit plus
371
groupes de deux ou trois paysans qui fument tout
en
cheminant lentement vers les champs. On entend des pas cadencés et de
372
matérialiste du nationalisme, n’a jamais atteint
en
Europe de tels excès. Certes elle est née chez nous, et c’était bien
373
ez nous, et c’était bien chez nous que Burckhardt
en
avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé, nous l’
374
, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienne,
en
un mot, l’organisme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Euro
375
ganisme européen a réagi avec succès. Notre tâche
en
Europe, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettront au ge
376
cience elle-même s’endort, et la technique tourne
en
routine, et toutes nos libertés morales et civiques s’enlisent dans l
377
faut faire le monde. Et parce que l’Europe seule,
en
faisant le monde, accomplira sa propre vocation. o. Rougemont Den
378
n chrétienne est aussi une force historique, liée
en
fait et depuis plus d’un millénaire aux destins de l’Europe et de l’O
379
confessions dans les pays de l’Europe de l’Est et
en
Russie (on compterait, aux dernières nouvelles, sur 208 millions de R
380
e l’Occident est une chose, la vérité de l’Esprit
en
est une autre. Il s’agit, pour le christianisme, non de gagner le mon
381
bre et réelle, et qui eut tôt fait de transformer
en
divisions les diversités spirituelles. Tant et si bien qu’au point où
382
spirituelles. Tant et si bien qu’au point où nous
en
sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’opp
383
oint où nous en sommes, il nous faut constater qu’
en
fait et avant tout, ce qui s’oppose à la grande réunion, c’est parado
384
diverses, dont nulle instance humaine n’est juge
en
dernier ressort. Chaque Église a son Ange, selon l’Apocalypse, et c’e
385
t ici sans nulle autorité, ignorant même si c’est
en
mon seul nom ou peut-être au nom de plusieurs, je ne puis en appeler
386
nom ou peut-être au nom de plusieurs, je ne puis
en
appeler qu’à l’union des chrétiens comme étant l’unique voie qui me p
387
aire me paraît utopique, et sa poursuite n’évoque
en
moi que des images qui offensent la pudeur spirituelle : épreuves de
388
e hic et nunc, et déjà pratiquée par beaucoup. Qu’
en
est-il de cette existence, dans les diverses confessions ? Je suis fr
389
suis frappé de la voir si différente de l’idée qu’
en
donneraient les débats sur le dogme entre docteurs de ces mêmes confe
390
es formules et définitions dogmatiques, si l’on s’
en
tient aux attitudes existentielles, les fidèles de diverses Églises c
391
. Au concret, cela signifierait ce que l’on nomme
en
termes techniques « l’intercommunion » des chrétiens : qu’un fidèle,
392
l’intercommunion » des chrétiens : qu’un fidèle,
en
tous lieux et tous temps, n’importe où, dans le monde entier, puisse
393
bien par ses articles sur “La fin du pessimisme”
en
juin 1957 et “La nature profonde de l’Europe” en juin 1959) est l’un
394
en juin 1957 et “La nature profonde de l’Europe”
en
juin 1959) est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre tem
395
e actuelle de s’opposer, lui aussi, à l’Occident,
en
retardant ou sabotant l’union de l’Europe, mais cet effet ne suffit p
396
non du jeu des forces économiques, qu’il a faussé
en
y intervenant, et qui tend à l’éliminer dans la mesure où il tend à s
397
ique des triomphes et des méfaits du nationalisme
en
Europe, — ce serait refaire l’histoire du plus long de nos siècles, l
398
entralisation des pouvoirs, raison d’État suprême
en
tout, puisque l’État incarne la mission universelle du peuple ou Bien
399
une « fête de l’Humanité », que Vergniaud célèbre
en
ces termes : Chantez donc, chantez une victoire qui sera celle de l’
400
é. Il a péri des hommes ; mais c’est pour qu’il n’
en
périsse plus. Je le jure, au nom de la fraternité universelle que vou
401
as la guerre à lui-même, et le genre humain vivra
en
paix, lorsqu’il ne formera qu’un seul corps, la nation unique… La com
402
niste Robert fait repousser ce Projet fantastique
en
adjurant la Convention de revenir à la « réalité » : Laissons aux ph
403
ge intitulé L’État commercial fermé 28, qui parut
en
1800. Les peuples du monde antique étaient séparés les uns des autr
404
ait à l’origine. Si elle est au contraire divisée
en
plusieurs États sous divers gouvernements, elle doit être divisée de
405
ers gouvernements, elle doit être divisée de même
en
plusieurs États commerciaux complètement fermés. Or, l’Europe n’en e
406
commerciaux complètement fermés. Or, l’Europe n’
en
est encore qu’à la période des essais pour former de véritables Natio
407
ivons. Si l’on veut supprimer la guerre, il faut
en
supprimer la cause. Il faut que chaque État obtienne ce qu’il projett
408
de ces marchandises qui ne peuvent être produites
en
leur pureté ni remplacées par des succédanés dans le pays, puisqu’il
409
par des succédanés dans le pays, puisqu’il doit s’
en
déshabituer entièrement, entraîné d’ailleurs activement à cela par la
410
et à la recherche de distractions de transporter
en
tout pays leur ennui. Les voyages des premiers s’effectuent pour le p
411
velle. Cette introduction d’une monnaie nationale
en
est véritablement la création. Le seul lien qui devra subsister entr
412
doivent, quand pour tout le reste, leur division
en
peuples divers sera achevée. Elle seule demeure leur propriété commun
413
iser que pour lui à l’intérieur et nullement pour
en
asservir d’autres et pour s’attribuer sur eux une prépondérance quelc
414
a Science et libérée de tout impérialisme… Nous n’
en
sommes peut-être pas loin dans cette seconde moitié du xxe siècle ;
415
la guerre. Car, dit Hegel : Les nations divisées
en
elles-mêmes conquièrent par la guerre au-dehors la stabilité au-dedan
416
instinct patriotique et opère sur lui la première
en
date de toutes les nationalisations ; celle des communautés locales,
417
on non seulement conduit à la guerre, mais trouve
en
elle les conditions du renforcement continuel de son pouvoir. Tension
418
é, s’épanouit, atteint sa pleine vigueur (surtout
en
s’opposant, donc par la guerre), puis fatalement décline et meurt. C
419
activité consiste à accomplir son principe, non à
en
jouir… Chacun a son principe auquel il tend comme à sa fin. Une fois
420
e « nullité politique » de la permission de vivre
en
paix, de « végéter » précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire.
421
duit la Première Guerre mondiale ? Le romantisme,
en
appelant lyriquement la formation des « nationalités » comme autant d
422
e dialectique de l’Esprit, s’est trouvé déchaîner
en
fait des passions que l’esprit ne pouvait contrôler, mais que seuls l
423
ngers, c’est libérer l’Europe et le genre humain.
En
fait, la liberté de la nation, une fois acquise, ne sera rien que la
424
ne sera rien que la souveraineté de l’État qui s’
en
prévaudra. Et l’anarchie des souverainetés divinisées, refusant toute
425
s les manuels d’écoles primaires, et s’y dénature
en
nationalisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune Europe, qui
426
strielle les moyens d’unifier l’humanité, et qui,
en
attendant, achève de la subjuguer par les armes, ne s’est montrée à l
427
nt cette double évolution des idées et des faits,
en
divergence vertigineuse, qui devait nous mener à 1914. Henri Heine
428
on particulier à « l’harmonie universelle ». Il n’
en
redoute pas moins les « terribles niveleurs de l’Europe » que sont d’
429
révolte hongroise, Lajos Kossuth, qui put émigrer
en
Europe, et au poète-soldat Alexandre Petőfi, aide de camp du général
430
qui fut tué dans un combat. Kossuth, à Bruxelles
en
1859 : Je me bornerai à dire que la Hongrie est la Hongrie depuis le
431
ces pèlerins, et tu ne m’as pas écoutée ; va donc
en
servitude, là où il y aura le sifflement du knout et le cliquetis des
432
des diverses chrétientés nationales écrivait-il
en
1843, dans un ouvrage publié à Bruxelles : De la primauté morale et c
433
é morale et civile des Italiens, que l’on appelle
en
Italie Il Primato, et qui eut un succès retentissant. Dans son traité
434
la nation, puis à l’Europe et au monde : Christ,
en
assignant pour but terrestre ultime à la société civile, l’unificatio
435
’harmonise avec l’idée d’Europe unie : une nation
en
devenir n’a pas encore d’intérêts « traditionnels » qui l’opposent au
436
» qui l’opposent au plus vaste ensemble. Mais qu’
en
sera-t-il des grands aînés, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne et de
437
du Continent se multiplier, « s’équilibrer », et
en
fait se neutraliser, la France de 48 se considère comme une nation qu
438
ion. Lamartine, ministre des Affaires étrangères
en
1848, tient à rassurer l’Europe sur les intentions de la nouvelle Rép
439
d’opérer la « transfiguration » des idéaux de 48
en
un européisme et en un mondialisme sublimes, achevant ainsi — mais da
440
figuration » des idéaux de 48 en un européisme et
en
un mondialisme sublimes, achevant ainsi — mais dans l’imaginaire — la
441
de se perdre dans l’universel, de se transfigurer
en
Europe et en monde, ne sera-t-elle pas nécessairement interprétée par
442
dans l’universel, de se transfigurer en Europe et
en
monde, ne sera-t-elle pas nécessairement interprétée par les autres c
443
xe siècle, c’est à la formation de l’Europe.32
En
1875, un professeur de droit international, Johann Gaspar Bluntschli,
444
la période qui suit, à l’Est comme à l’Ouest, et
en
Suisse comme en France. Il manquait à ce concert une note allemande,
445
suit, à l’Est comme à l’Ouest, et en Suisse comme
en
France. Il manquait à ce concert une note allemande, et Constantin Fr
446
eulement que la Russie pourra devenir européenne.
En
1837, paraît le premier numéro de la revue des slavophiles, partisans
447
iorité politique et culturelle… Seule la Russie
en
est capable. Et c’est aussi ce que pensera Dostoïevski, et ce qu’il e
448
tte qu’il publie seul, à intervalles irréguliers,
en
1876 et 1877. L’avenir de l’Europe appartient à la Russie. La plus h
449
r un jour, c’est la mission de grouper l’humanité
en
un seul faisceau, car ce n’est pas seulement la Russie et le panslavi
450
us pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’
en
resterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit nati
451
serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’
en
croirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie, à sa
452
ance et à sa vérité : se sacrifier pour ceux qui,
en
Europe, sont opprimés et abandonnés au nom des prétendus intérêts de
453
Le grand historien allemand Léopold von Ranke est
en
plus d’un sens l’anti-Hegel, par sa volonté d’objectivité, de sobriét
454
haque génération est immédiate à Dieu », écrit-il
en
une formule célèbre. Une nation ou une société, selon lui, ne conquie
455
Dans la préface à sa fameuse conférence prononcée
en
Sorbonne le 11 mars 1882 sur le thème : « Qu’est-ce qu’une nation ? »
456
ble de grandes choses dans le passé et de vouloir
en
faire encore dans l’avenir. … De nos jours, on commet une erreur plus
457
er le crâne des gens, puis les prendre à la gorge
en
leur disant : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que
458
ntrôlé de misère et d’avancement, chaque journée,
en
uniforme, commencée et terminée par un roulement de tambours, voilà c
459
ardt, n’a dénoncé le délire nationaliste, déguisé
en
« patriotisme jovial et solennel ». Voici entre cent pages du même to
460
its plus lourds que nous mettront plus de temps à
en
finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures et se passe
461
hez nous n’occupe que quelques heures et se passe
en
quelques heures : pour les uns, il faut la moitié d’une année, pour l
462
voies à un nouvel accord et tentèrent de réaliser
en
eux-mêmes l’Européen à venir ; s’ils appartinrent à une patrie, ce ne
463
ce, ou l’âge venu : ils se reposaient d’eux-mêmes
en
devenant « patriotes ». Je songe à des hommes comme Napoléon, Goethe,
464
, Stendhal, Henri Heine, Schopenhauer. Qu’on ne m’
en
veuille pas trop de nommer à leur suite Richard Wagner… Dans un des
465
le courage de dire ou d’écrire que l’état de paix
en
Europe est un état anormal. Pourquoi l’Europe est-elle par excellence
466
és chimiques. Ça met le feu ; que diable ! Prenez-
en
votre parti ! IV. Liquidation de l’Europe des nations Sorel, q
467
ion de l’Europe des nations Sorel, qui parlait
en
1908 de « cette Europe qui est la terre-type du malheur de l’humanité
468
son impérialisme planétaire. Il faudra cependant
en
venir aux excès de l’autarcie affirmée sans scrupules (« Le Droit est
469
parée aux autres cultures (juin 1960)s t C’est
en
Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé d’entendre dire
470
ême qu’une telle phrase ne puisse être énoncée qu’
en
Europe, et seulement par la bouche d’Européens, nous fournit, paradox
471
est universelle par définition, et nos problèmes,
en
Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posent dans le rest
472
siquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous
en
disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la
473
nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous
en
viendrons très vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’Euro
474
n à l’esprit de ceux qui l’observent, que ce soit
en
amis ou en ennemis, et peut-être surtout en ennemis. À ceux qui serai
475
t de ceux qui l’observent, que ce soit en amis ou
en
ennemis, et peut-être surtout en ennemis. À ceux qui seraient tentés
476
soit en amis ou en ennemis, et peut-être surtout
en
ennemis. À ceux qui seraient tentés de nier, à priori, l’originalité
477
contestation critique, et toutes les tensions qui
en
résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui déno
478
les tensions qui en résultent, ne seraient-ce pas
en
un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité,
479
, et la formule de l’unification contrainte, sont
en
violent contraste avec les réalités et principes caractéristiques de
480
es diversités, et comment il se fait que l’Europe
en
ait tant, et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer de
481
s, drames et tensions qui devaient nécessairement
en
résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l
482
ultures totalitaires, — lesquelles ont d’ailleurs
en
commun l’unicité de leur principe de formation ou de réglementation f
483
ples et des valeurs souvent incompatibles qu’elle
en
a héritées, l’Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qu
484
décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’
en
fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent
485
tus se conditionnent et s’impliquent mutuellement
en
Europe. En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, déb
486
le sens critique devait nécessairement s’aiguiser
en
Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos divers
487
t même de la coexistence de nos diverses origines
en
perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par d
488
énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère
en
obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider, ou se faire valo
489
au monde, de méditation et d’action, ou, traduit
en
langage plus moderne : de loisir vraiment libre, et de travail. Voilà
490
e droit de leur dire : si nous, Européens, sommes
en
mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acha
491
t, — soit pour modifier cette relation, soit pour
en
prendre mieux conscience. Le troisième caractère original de la cultu
492
cept plus difficile à définir, plus facile à nier
en
théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Europ
493
en théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante
en
fait pour les Européens de toute nation et de toute classe, de toute
494
les hommes de notre continent, et l’on peut voir
en
lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre ci
495
un colonialisme périmé. Si j’ai cru bon de mettre
en
valeur ces trois vertus cardinales de l’Europe, ce n’est pas seulemen
496
l’aire géographique de cette civilisation ? Je n’
en
crois rien. Il existe sur notre planète trois régions comparables du
497
sme d’une culture proviendrait-il plutôt, si l’on
en
croit Toynbee, des défis auxquels elle se voit soumise ? S’il s’agit
498
onde, a poussé les sciences et les techniques qui
en
dérivent jusqu’au point où elles permettent non seulement à l’homme d
499
’archives, examen critique du passé, leçons qu’on
en
tire, renouvellement des arts, sujets de romans et de pièces de théât
500
s venons d’observer que toutes ces créations sont
en
expansion vers le monde, qu’elles appellent le monde, qu’elles s’en n
501
le monde, qu’elles appellent le monde, qu’elles s’
en
nourrissent, et que toutes, elles préparent son unité après avoir exp
502
réations. Non, ce n’est pas par hasard mais c’est
en
vertu même de cette dialectique infinie et toujours ouverte que je dé
503
e et toujours ouverte que je décrivais plus haut,
en
vertu même de cette séculaire discussion et dissension entre nos orig
504
aux Américains et aux Russes, demain aux Chinois,
en
attendant les Africains. Oui, bien sûr, mais c’est tout de même l’Eur
505
nos secrets de puissance matérielle, nos produits
en
un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs, religieuses, éthiques et p
506
its, et qui seules permettraient de les maintenir
en
composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le natio
507
re soit devenue réellement universelle. Mais on n’
en
voit pas d’autre qui soit en mesure d’y prétendre mieux qu’elle, ou q
508
iverselle. Mais on n’en voit pas d’autre qui soit
en
mesure d’y prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’
509
« produits » de la culture européenne ? Je crois
en
avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voici : le sort d
510
ont, et une part de moi-même me le répète parfois
en
sourdine : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? No
511
ans variantes, de celui publié sous le même titre
en
août 1960.
512
le densité, je pense répondre à l’attente de tous
en
essayant de reconsidérer la nature, la fonction de notre Congrès et l
513
ils décidèrent de se grouper afin de créer ainsi,
en
cas d’urgence et au service des libertés de l’esprit partout où elles
514
contre la liberté, de la misère morale où vivent (
en
Occident au moins autant que dans les pays techniquement non développ
515
la liberté. Chaque fois qu’un homme ou une femme
en
vient à constater que sa vie personnelle n’a pas de sens, la liberté
516
’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou,
en
tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Car la culture, c’est just
517
iemment, vers la recherche d’une sagesse globale.
En
situant le Congrès comme je viens de le faire, j’ai voulu vous montre
518
s au niveau de ce qui la prépare et la pré-forme,
en
contribuant à orienter les esprits et leurs choix vers des fins qui d
519
contre la liberté, de la misère morale où vivent (
en
Occident au moins autant que dans les pays techniquement non développ
520
la liberté. Chaque fois qu’un homme ou une femme
en
vient à constater que sa vie personnelle n’a pas de sens, la liberté
521
’occuper. C’est ici qu’intervient la Culture, ou,
en
tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Vous avez lu et entendu de
522
pour les trois termes qui forment notre titre. J’
en
déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis
523
elà de la politique : Liberté, Progrès et Bien
En
situant le Congrès comme je viens de le faire, j’ai voulu vous montre
524
is au niveau de ce qui la prépare et la préforme,
en
contribuant à orienter les esprits et leurs choix vers des fins qui d
525
ançaise figuraient : MM. Raymond Aron, professeur
en
Sorbonne ; Bertrand de Jouvenel ; Jean de Fabrègues, directeur de la
526
ure spirituelle de l’Occident [sic] a bien voulu
en
confier la publication en primeur à la France catholique. »
527
ent [sic] a bien voulu en confier la publication
en
primeur à la France catholique. »
528
parée aux autres cultures (août 1960)x y C’est
en
Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé bien souvent d’
529
me qu’une telle phrase ne puisse être entendue qu’
en
Europe et seulement dans la bouche d’Européens, nous fournit, paradox
530
est universelle par définition, et nos problèmes,
en
Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posent dans le rest
531
siquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous
en
disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la
532
nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous
en
viendrons très vite à la constatation suivante, qui sera ma première
533
n à l’esprit de ceux qui l’observent, que ce soit
en
amis ou en ennemis, et peut-être surtout en ennemis ! À ceux qui sera
534
t de ceux qui l’observent, que ce soit en amis ou
en
ennemis, et peut-être surtout en ennemis ! À ceux qui seraient tentés
535
soit en amis ou en ennemis, et peut-être surtout
en
ennemis ! À ceux qui seraient tentés de nier, à priori, l’originalité
536
contestation critique, et toutes les tensions qui
en
résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui déno
537
les tensions qui en résultent, ne seraient-ce pas
en
un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité,
538
ion contrainte, à base de décrets étatiques, sont
en
violent contraste avec les réalités et principes caractéristiques de
539
es diversités, et comment il se fait que l’Europe
en
ait tant et même les multiplie comme à plaisir, au lieu d’essayer de
540
européen. Si nous avons découvert et conquis, ou
en
tout cas marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habito
541
s, drames et tensions qui devaient nécessairement
en
résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l
542
cultures totalitaires — lesquelles ont d’ailleurs
en
commun l’unicité de leur principe de formation ou de réglementation f
543
les, et des valeurs souvent incompatibles qu’elle
en
a héritées, l’Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qu
544
décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’
en
fut rien, et que les conflits qui déchirèrent le Moyen Âge ne furent
545
tus se conditionnent et s’impliquent mutuellement
en
Europe. En revanche, il est évident qu’elles se voient réprimées, déb
546
le sens critique devait nécessairement s’aiguiser
en
Europe plus qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos divers
547
même de la coexistence de nos diverses origines,
en
perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut-on s’expliquer les mot
548
énonce un chiffre exorbitant, c’est qu’il espère
en
obtenir un autre, ou qu’il veut plaire ou intimider, ou se faire valo
549
au monde, de méditation et d’action, ou, traduit
en
langage plus moderne : de loisir vraiment libre, et de travail. Voilà
550
e droit de leur dire : si nous, Européens, sommes
en
mesure de vous secourir matériellement, c’est à cause du travail acha
551
nt — soit pour modifier cette relation, soit pour
en
prendre mieux conscience. Le troisième caractère original de la cultu
552
t plus difficile à définir, ni plus facile à nier
en
théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante en fait pour les Europ
553
en théorie, et il n’est pas d’idée plus exaltante
en
fait pour les Européens de toute nation, de toute classe, de toute cr
554
les hommes de notre continent, et l’on peut voir
en
lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre ci
555
infinies contradictions qui nous provoquent d’âge
en
âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous condamnent à l’expa
556
onde, a poussé les sciences et les techniques qui
en
dérivent jusqu’au point où elles permettent non seulement à l’homme d
557
’archives, examen critique du passé, leçons qu’on
en
tire, renouvellement des arts, sujets de romans et de pièces de théât
558
rs ; mais d’autre part, toutes ces créations sont
en
expansion vers le monde, elles appellent le monde, elles s’en nourris
559
vers le monde, elles appellent le monde, elles s’
en
nourrissent, et toutes, elles préparent son unité après avoir exploré
560
réations. Non, ce n’est pas par hasard mais c’est
en
vertu même de cette dialectique infinie et toujours ouverte que je dé
561
décrivais dans la première partie de mon exposé,
en
vertu même de cette séculaire discussion et dissension entre nos orig
562
nos secrets de puissance matérielle, nos produits
en
un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, éthiques et ph
563
its, et qui seules permettraient de les maintenir
en
composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le natio
564
re soit devenue réellement universelle. Mais on n’
en
voit pas d’autre qui soit en mesure d’y prétendre mieux qu’elle, ou q
565
iverselle. Mais on n’en voit pas d’autre qui soit
en
mesure d’y prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’
566
« produits » de la culture européenne ? Je crois
en
avoir assez dit pour suggérer l’angle de vision que voici : le sort d
567
’Europe dépend de son union. L’union de l’Europe,
en
1946, avait un but précis et limité : empêcher les Français et les Al
568
ans variantes, de celui publié sous le même titre
en
juin 1960.
569
e fondation européenne dotée de capitaux récoltés
en
Europe. Une telle institution, par sa seule existence, contribuerait
570
et créateurs de nos pays une confiance en soi et
en
l’avenir qui est l’une des premières conditions de la vitalité d’une
571
des bourses furent décernées. Un comité d’experts
en
éducation et un jury musical présidèrent au choix des expériences-pil
572
es. Le premier de ces congrès se tint à Amsterdam
en
1957, le second à Milan en 1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un
573
ès se tint à Amsterdam en 1957, le second à Milan
en
1958 et le troisième à Vienne, en 1959. Un séminaire pour « jeunes re
574
second à Milan en 1958 et le troisième à Vienne,
en
1959. Un séminaire pour « jeunes responsables » et une table ronde de
575
uniront de nouveau lors du congrès de Copenhague,
en
1960. La table ronde est destinée à permettre une meilleure coordinat
576
a création de comités nationaux pour la recherche
en
commun des fonds, doit fournir les moyens nécessaires à la mise en pr
577
ds, doit fournir les moyens nécessaires à la mise
en
pratique de cette troisième étape. Si notre Fondation atteint ainsi,
578
roisième étape. Si notre Fondation atteint ainsi,
en
1960, le but qu’elle s’était fixé au départ, ce succès se trouvera co
579
, Ernest Vinaver — que vous célébrez aujourd’hui.
En
restituant pour les lecteurs du xxe siècle les textes originaux de l
580
n, celle de l’âme. Je voudrais résumer leur œuvre
en
une seule expression, moins pédante qu’elle ne paraît à première vue
581
blic une justification de l’usage personnel qu’il
en
fait. Un mythe, au sens où je l’entends, c’est une histoire, générale
582
histoire, généralement très simple, et invariable
en
sa donnée — bien qu’offrant des possibilités infinies d’adaptation au
583
male, car celle-là échappe au discours, s’exprime
en
sensations, et peut-être traduite à la rigueur en formules de biochim
584
en sensations, et peut-être traduite à la rigueur
en
formules de biochimie. De quoi s’agit-il donc ici ? Entre le corps et
585
cœur » comme on dit —, celle de l’âme. L’âme est
en
propre le domaine des émotions et des passions. L’émotion est la preu
586
le fameux coup de foudre romantique — a cru voir
en
lui la lueur, toujours fuyante mais en fuite vers la hauteur, où elle
587
a cru voir en lui la lueur, toujours fuyante mais
en
fuite vers la hauteur, où elle entraîne l’amant ravi. Vous avez recon
588
an élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre
en
sa simplicité majestueuse, c’est l’intensité de l’amour, passion de l
589
rs irréductible à l’image idéale que la passion s’
en
fait. Cette image, étant idéale, doit demeurer toujours fuyante, inac
590
llustrer la lente dégradation du mythe, grandiose
en
sa simplicité première, jusqu’au niveau des confusions morales les pl
591
urels ou sacrés, coutumiers ou légaux ; qu’elle s’
en
nourrit et même les invente au besoin. Sans les obstacles accumulés e
592
ant le divorce et permettant que la reine convole
en
justes noces avec le chevalier. Et l’on recule épouvanté devant l’idé
593
ame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous
en
sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sacré,
594
. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut
en
croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est j
595
erchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’
en
trouvent guère. L’Homme sans qualités, de Musil, la Lolita de Nabokov
596
ues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’
en
crois rien. Car s’il est vrai que la passion se nourrit d’obstacles c
597
ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’
en
est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à
598
on mythique va se dresser dans sa pleine stature.
En
buvant le breuvage magique, les amants légendaires sont entrés, nous
599
ie au mythe, ose parler d’un plaisir que l’usage
en
moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec la mort
600
cette « rencontre aurorale » avec le moi céleste
en
forme d’ange, et femme, figure la conclusion du mythe de Tristan : ce
601
tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’
en
trouverait-elle pas éclairée, à son tour ? Aimer le prochain « comme
602
populaire. Aimer vraiment, ce serait aimer l’ange
en
soi-même et dans l’autre, identiquement ; ce serait deviner l’ange, e
603
’autre, identiquement ; ce serait deviner l’ange,
en
soi-même et dans l’autre, l’aider à naître, et le rejoindre enfin dan
604
pur, une grande image ordonnatrice de la passion.
En
restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grande
605
is la fondation de l’Académie, M. Eugène Vinaver,
en
son discours de réception, n’avait pas à rappeler le souvenir d’un pr
606
santes théories sur le roman de Tristan et Iseut,
en
réponse à M. Maurice Delbouille qui avait traité le même thème. Quand
607
de deux philologues sur la grande œuvre médiévale
en
invitant à sa tribune, pour y évoquer Tristan et Iseut sous un angle
608
quitter Genève à cause du brouillard. C’est donc
en
son absence que M. Guiette a rappelé que “de ses observations sur les
609
rson Welles. Sa boutade est moins sotte qu’elle n’
en
a l’air. Trois raisons l’excusent à mes yeux, sans la justifier pour
610
, il faut avouer que le statut du « grand homme »
en
Suisse, en vertu de lois non écrites, mais très anciennes, le condamn
611
son argument. ⁂ S’il me fallait décrire la Suisse
en
une seule phrase, comme il arrive que des touristes l’exigent, je dir
612
n va de l’un à l’autre en une demi-heure, parfois
en
deux minutes comme il arrive quand on traverse le tunnel de Chexbres
613
diques et rhénans, collines où montent les sapins
en
bataillons noirs et pensifs, s’arrêtant au sommet d’un seul coup, — e
614
, dès la fin du xviiie siècle. Mais ce n’est pas
en
grimpant sur nos Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent à v
615
nt et apprirent à voir grand ; c’est au contraire
en
quittant leur pays. Paracelse quitta très tôt son canton natal de Sch
616
t son canton natal de Schwyz, Léonard Euler vécut
en
Allemagne et à la cour de Russie, Jean de Müller à Vienne et à Berlin
617
l Barth ou à un Jean Piaget, qui ont surtout vécu
en
Suisse, ce n’est pas la Suisse qui a fait leur nom et qui l’a propagé
618
x de leur conscience helvétique… Nous n’avons pas
en
Suisse de purs poètes, ni de peintres qui aient fait époque, ni de co
619
et d’efficacité transformatrice qu’on ne saurait
en
trouver dans nulle autre région d’étendue comparable, sur notre conti
620
a première question que je me pose. J’y répondrai
en
citant trois faits qui ont l’avantage d’être connus de tous. Fait n°
621
érique, adoptée par l’URSS et de là, transplantée
en
Chine, elle est devenue, au cours de ces dernières années, non seulem
622
même les plus farouchement hostiles à l’Occident,
en
tout cas à l’Occident politique. Fait n° 2. Presque partout, on manq
623
fiés. L’URSS est peut-être la seule exception. Il
en
résulte qu’on propose un peu partout d’orienter les études, dès l’enf
624
me opprimé par la technique, et prédisent la mise
en
esclavage de l’homme par la machine. Au moment même où l’Occident voi
625
douter de son bon droit, et à diviser ses forces
en
deux camps : d’une part, ceux qui sont prêts à sacrifier la culture g
626
technique résulte de la culture occidentale et s’
en
nourrit, et à quel point cette culture occidentale peut à son tour bé
627
et l’une sans l’autre serait condamnée à dépérir
en
peu de temps. Pour établir cette thèse centrale, il faudrait des volu
628
nds de la technique ? Tout le xixe siècle répond
en
chœur : que l’homme invente pour des motifs utilitaires. Et presque t
629
l’âge des fugues. Le jeune Henry Ford le réalisa
en
1893, quelques années après que l’Allemand Otto eut inventé le moteur
630
douzaines d’ingénieurs ou amateurs de mécanique,
en
France surtout, avaient construit d’autres voitures automobiles bien
631
ant Ford, mais son invention ou sa ré-invention n’
en
demeure pas moins exemplaire. L’un des inventeurs de la turbine fut L
632
er pensait que ses livres de science pure, écrits
en
latin, ne servaient pas assez directement l’humanité. En marge de ses
633
e Thiers, historien et ministre français, déclare
en
1833 que la locomotive est « une simple amusette scientifique ».) Plu
634
ériels, pourquoi ferait-on de la publicité ? Il n’
en
reste pas moins qu’aujourd’hui, l’explication utilitaire ou économiqu
635
de revient ou d’augmentation d’un confort défini
en
termes physiques. Les très grandes inventions de notre siècle vérifie
636
ent la Terre. Mais vous êtes tous témoins qu’il n’
en
est rien. C’est la nature de nos rêves constants qui détermine nos dé
637
ientations, — qui sont celles de nos découvertes.
En
résumé — notre technique occidentale est née du rêve occidental, de c
638
s vœux profonds dont nous sommes responsables. Il
en
résulte que la culture et la technique ne sauraient être opposées dan
639
: le danger — que je crois illusoire — de la mise
en
esclavage des Occidentaux par leurs machines, et le danger — beaucoup
640
e déclin des valeurs spirituelles, et sur la mise
en
esclavage de l’homme par les machines, les robots, les cerveaux élect
641
e l’invention de la bombe H risque de transformer
en
panique planétaire ? Si je ne partage nullement ce pessimisme, c’est
642
nd on répète que les machines vont mettre l’homme
en
esclavage, ou que la bombe va nous détruire, on oublie simplement que
643
, mais c’est la technique elle-même. Ce n’est pas
en
freinant ses progrès, mais au contraire en les accélérant, que nous s
644
st pas en freinant ses progrès, mais au contraire
en
les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle,
645
« l’usine sans ouvriers » commence à se réaliser
en
Occident. Et l’on s’aperçoit que l’automatisme des machines, qui semb
646
ment plus importants que le travail routinier. Il
en
résultera que la culture deviendra le sérieux de la vie. Je résume ce
647
iers Spoutniks, et tout le monde veut les imiter.
En
Europe comme en Afrique, on réclame à grands cris l’intensification d
648
et tout le monde veut les imiter. En Europe comme
en
Afrique, on réclame à grands cris l’intensification de la formation d
649
seignement à leur seule formation spécialisée, il
en
résultera 1° que nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’e
650
s servir, au lieu d’être éduqués pour vivre mieux
en
disposant de leurs services. De ces trop rapides analyses — je tirer
651
se contrecarrer et de se nuire sont au contraire
en
relation de promotion réciproque. La technique ne permet pas seulemen
652
e de ces amateurs est en même temps multiplié. Il
en
va de même pour les pièces de théâtre, grâce à la radio, pour les œuv
653
s œuvres d’art grâce aux procédés de reproduction
en
couleur, et pour toute la littérature, et même pour la philosophie. L
654
ant des pocket books, aux États-Unis d’abord puis
en
Europe a été rendu possible par les perfectionnements techniques de l
655
ent il travaillait à cette époque. Il me décrivit
en
détail ses méthodes, et il conclut : « Vous voyez, notre activité rée
656
atrice. Il est vital pour l’avenir de l’économie
en
Occident, de soutenir la culture sous toutes ses formes : cette cultu
657
rtient à la culture de concevoir cet équilibre, d’
en
formuler les conditions morales ; à la technique de le servir, d’en f
658
nditions morales ; à la technique de le servir, d’
en
fournir les moyens matériels. L’avenir de l’Occident est donc entre l
659
que. Auteur d’une vingtaine de volumes — traduits
en
douze langues — directeur du Centre européen de la culture, engagé da
660
é, aux yeux bleus écartés, le cheveu noir et dru,
en
bras de chemise, vint s’asseoir à côté de moi sur le tapis. Il arriva
661
mpeccable ordonnance intellectuelle. Il excellait
en
tout et passait au-delà, avec cette « casual brilliance » dont a parl
662
e parachutistes dans les Forces françaises libres
en
Angleterre et à Berlin, mémorable correspondant étranger du Combat d’
663
bref poème prophétique, quelques semaines avant d’
en
subir la première attaque, suivie d’une opération au cerveau. Fallait
664
ors, être « nettoyé » par cette maladie mortelle,
en
vue d’un « nouveau travail » ? ⁂ Il n’aimait pas les discussions méta
665
ou de réfuter, il disait, coupant court, et comme
en
aparté : « Ceci n’est pas conforme à ma théologie. » Et l’on sentait
666
ma théologie. » Et l’on sentait qu’il s’agissait
en
lui non pas d’une objection logique ou de doctrine, mais d’une allerg
667
ible avec son sens du symbolisme universel. Bach
en
automne est un poème luthérien, le seul que je connaisse en français.
668
est un poème luthérien, le seul que je connaisse
en
français. Luthérien par sa piété heureuse et nostalgique, par son acq
669
nnée, et les besognes dont il s’acquittait pour s’
en
tirer ne l’atteignaient pas, quoique l’empêchant, hélas ! d’écrire so
670
thodiques, créatrices de structures, d’événements
en
puissance : comme celle de Jean Monnet, qui le fascinait, ou comme ce
671
e donner le change au premier venu. Il protégeait
en
lui le grand poète qu’il se sentait devenir dans « le temps saugrenu
672
mpeccable ordonnance intellectuelle. Il excellait
en
tout et passait au-delà, avec cette « brillante désinvolture » dont a
673
e parachutistes dans les Forces françaises libres
en
Angleterre et à Berlin, mémorable correspondant étranger du Combat d’
674
bref poème prophétique, quelques semaines avant d’
en
subir la première attaque, suivie d’une opération au cerveau. Fallait
675
ors, être « nettoyé » par cette maladie mortelle,
en
vue d’un « nouveau travail » ? at. Rougemont Denis de, Dadelsen Je
676
à Bourges étudier le droit. Quand son père meurt,
en
1531, il réalise sa part d’héritage, vend ses bénéfices, et ne s’occu
677
où il écrit L’Institution chrétienne qu’il publie
en
1536. Après un séjour à Ferrare, il est retenu à Genève par Guillaume
678
à y organiser l’Église. Chassé par les magistrats
en
1538, Calvin s’en va à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève e
679
lise. Chassé par les magistrats en 1538, Calvin s’
en
va à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540, il y reste
680
va à Strasbourg, où il se marie. Rappelé à Genève
en
1540, il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvre
681
eligionis institutio (1536). Traduction française
en
1541 et 1559. (Œuvres complètes en 59 vol., 1863-1900.) Si l’on adme
682
tion française en 1541 et 1559. (Œuvres complètes
en
59 vol., 1863-1900.) Si l’on admet avec un récent manifeste39 que «
683
n style et un vocabulaire, et la langue des idées
en
France, et Bossuet lui concède « la gloire d’avoir aussi bien écrit q
684
ette et moyen de me retirer des gens. Mais tant s’
en
faut que je vinsse à bout de mon désir, qu’au contraire toutes retrai
685
f, cependant que j’avais toujours ce but de vivre
en
privé sans être connu, Dieu m’a tellement promené et fait tournoyer p
686
ts que toutefois il ne m’a jamais laissé de repos
en
lieu quelconque jusques à ce que, malgré mon naturel, il m’a produit
687
ques à ce que, malgré mon naturel, il m’a produit
en
lumière et fait venir en jeu, comme on dit. L’aventure se noue en 15
688
naturel, il m’a produit en lumière et fait venir
en
jeu, comme on dit. L’aventure se noue en 1535, année cruciale où, ta
689
t venir en jeu, comme on dit. L’aventure se noue
en
1535, année cruciale où, tandis que paraissent trois grandes traducti
690
paraissent trois grandes traductions de la Bible (
en
Allemagne, celle de Luther, en Angleterre, celle de Tyndale, en Suiss
691
tions de la Bible (en Allemagne, celle de Luther,
en
Angleterre, celle de Tyndale, en Suisse, celle de Robert Olivétan), F
692
celle de Luther, en Angleterre, celle de Tyndale,
en
Suisse, celle de Robert Olivétan), François Ier signe un arrêt totali
693
n livre quel qu’il soit. Calvin qui fuit de ville
en
ville arrive à Bâle, pour y vivre caché, connu de peu de gens. Mais l
694
fense des « saints martyrs », de peur, dit-il, qu’
en
se taisant il ne se montre lâche et déloyal. C’est ainsi qu’il rédige
695
montre lâche et déloyal. C’est ainsi qu’il rédige
en
latin, de mars à août, les cinq-cent-vingt pages de sa première Insti
696
cent-vingt pages de sa première Institution, puis
en
français l’épître liminaire au roi de France. Il a vingt-cinq ans. Il
697
France. Il a vingt-cinq ans. Il vient d’élaborer
en
quelques mois, — « dans des veilles mémorables, célestes », écrira l’
698
ntôt, une sédition le chasse. Peut-il se croire «
en
liberté et quitte de sa vocation » ? Déjà Bucer exige sa présence à S
699
réformée, et il la dote d’une liturgie, qu’il met
en
vers pour être mieux chantée. Trois ans s’écoulent et sa pensée mûrit
700
assailli tellement qu’à grand-peine ai-je pu être
en
repos un bien peu de temps, que toujours je n’eusse à soutenir quelqu
701
hors, ou de ceux de dedans ». Ainsi donc, d’appel
en
appel, Jehan Chauvin, le frêle Picard, devint Calvin, nom de sa perso
702
e ce qu’on croit, n’est pas suivre sa pente (même
en
la remontant) mais c’est être emporté malgré soi vers des buts et dan
703
r la persécution, ou du cœur si faible de l’homme
en
butte aux attaques du monde. Il s’agit de « presser » l’auditoire, de
704
raties d’Occident qui ont refusé de payer ce prix
en
sont mortes ou ne valent guère mieux. Le régime synodal des églises c
705
ans les limites de son juste pouvoir, elle-même n’
en
demandant aucun puisqu’elle détient l’autorité, qui est de l’esprit.
706
il ne croyait pas à l’Histoire déifiée mais qu’il
en
appelait à son juge. 39. Introduction à la Nouvelle NRF, 1953. ag.
707
a russe. Les sourires inextinguibles et les mises
en
boîte raffinées sont admis. Qu’un propos ou qu’un personnage déplaise
708
quelques mois, à la cour de San Isidro : c’était
en
1941. Je venais des États-Unis, où la guerre en Europe m’avait projet
709
t en 1941. Je venais des États-Unis, où la guerre
en
Europe m’avait projeté hors d’une Suisse neutre et assiégée, qui m’es
710
plus précieux et de plus émouvant sous la menace,
en
ces derniers mois de sa paix. Ces heures dans la roseraie de Bagatell
711
l y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! »
En
retrouvant à Buenos Aires le groupe de Sur, honneur du Sud, autour de
712
ancia des environs de Buenos Aires, j’étais tombé
en
arrêt, médusé, réduit au silence, au pied d’une cathédrale d’eucalypt
713
eaux de vie, d’ajustements sociaux et monétaires,
en
attendant peut-être, un jour, une sorte de confédération politique, —
714
d’un xixe siècle utilitariste et mercantile, est
en
fait partagée par les élites sociales de notre continent : il suffit
715
es sociales de notre continent : il suffit pour s’
en
assurer de comparer nos budgets de la culture avec ceux de l’URSS et
716
que 40 000 fondations américaines, qui se chiffre
en
milliards de dollars, avec celle des quelque 300 fondations culturell
717
lles existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’
en
millions de francs, marks ou florins. Mais quelle que soit sa popular
718
moins peuplée que l’Inde et beaucoup plus pauvre
en
matières premières, l’Europe avait moins de chances matérielles que l
719
vitesse de la lumière, et cela s’écrit : E = mc2
En
désignant l’Europe par E, la petite masse physique de notre continent
720
impérieusement de réunir nos peuples et de mettre
en
pool leurs ressources, trop longtemps divisées entre une vingtaine d’
721
et un théoricien de l’économie peuvent vous faire
en
trois jours un plan géométrique d’unification rigoureuse du continent
722
s vers l’union. Les uns et les autres ont raison,
en
ce sens qu’ils sont nécessaires, soit comme moteur, soit comme volant
723
tisent, se ferment sur elles-mêmes, et deviennent
en
fait divisions, le corps européen se déchire et s’étiole : c’est ce q
724
n à laquelle j’appartiens, et l’Europe a risqué d’
en
périr. Insister sur nos seules diversités détruit l’Europe matérielle
725
itié du xixe et première moitié du xxe siècle —
en
s’appuyant sur la diversité de nos langues. La première tâche sera do
726
eaucoup plus ancienne que notre présent découpage
en
États qui se disent « souverains » mais qui seraient bien en peine de
727
i se disent « souverains » mais qui seraient bien
en
peine de le prouver ; bref, de montrer que la culture, en Europe, est
728
de le prouver ; bref, de montrer que la culture,
en
Europe, est un phénomène à la fois pré-national et supranational, div
729
s écoles de pensée, mais fondamentalement commun.
En
inculquant ces vérités incontestables à la génération présente et aux
730
uelle d’une part, et de l’organisation du travail
en
équipe selon un plan commun, d’autre part. Dans le domaine de l’éduca
731
européen ? Sinon pour mettre ou remettre l’Europe
en
mesure d’exercer sa fonction planétaire, qui est une fonction d’anima
732
ntre l’homme, du moins tel que nous le concevons.
En
admettant qu’une armature d’institutions s’impose tout de même à nos
733
Si l’on me dit que j’aligne ici des évidences, j’
en
serai content : telle était bien mon intention. Mais je demanderai qu
734
es avec les croyances populaires que je rappelais
en
débutant, celles qui inspirent la méfiance courante à l’endroit de la
735
alors il est grand temps que la très riche Europe
en
tire les conséquences logiques — et pratiques. ai. Rougemont Deni
736
des mouvements de résistance qui se développèrent
en
Suisse pendant la crise de mai à août 1940. Il insiste notamment sur
737
e la Suisse romande, moi de la Suisse alémanique.
En
sortant du studio, nous apprenons que Paris vient d’être bombardé pou
738
tion qui réunirait tous les groupements organisés
en
Suisse, mais en dehors des partis politiques, trop lents et trop peu
739
érieux) une bonne idée… Seulement ce n’est rien d’
en
parler. Il faut le faire ! » J’ai senti sous son regard direct le da
740
des parachutistes. Je la regarde de temps à autre
en
écartant le rideau, mais rien encore. Au milieu de la nuit dernière,
741
la Gazette . Mon article — je n’y pensais plus —
en
première page, à côté d’un appel à se taire lancé par le gouvernement
742
usé d’injures à chef d’État étranger. Vous mettez
en
danger la sécurité de la Suisse. C’est grave, c’est… très grave ! Ter
743
ais. La population, sortie pour voir, avait l’air
en
fête. Raisons de croire que le coup nazi, raté cette nuit, sera suivi
744
t nu. Faute de soldats baïonnette au canon — on n’
en
trouve point — c’est le lieutenant-colonel M. qui m’accompagne à la m
745
eutenant-colonel M. qui m’accompagne à la maison,
en
voiture. J’attends deux heures. Une auto militaire vient me prendre.
746
été de 1940 d’un « mouvement de résistance » — il
en
distingue deux, l’un civil, l’autre formé d’officiers — qui entendait
747
tude de notre gouvernement et de notre commandant
en
chef rendit inutile toute action directe de ces mouvements qui ont to
748
ts qui ont toutefois joué un rôle non négligeable
en
faisant front contre un certain défaitisme ambiant. Denis de Rougemon
749
xpliquent… Nous avons choisi de publier ces pages
en
cette fin de juin, à peu près à l’époque, vingt-deux après, où Denis
750
le, à la radio de Londres, il y a quelques jours.
En
ce moment même, chez Mottu, nos conjurés sont réunis pour la fondatio
751
smes et opportunismes économiques et politiques. (
En
Suisse romande, des éditoriaux parlent déjà de « la nécessité de nous
752
iscours de Pilet-Golaz. À propos du cessez-le-feu
en
France, il a parlé de notre « soulagement » ! Cela peut s’entendre de
753
ns l’armée. La presse a publié le Manifeste. Elle
en
parle ! Beaucoup de lettres, de pamphlets, d’articles, nous accusent
754
lleurs la démission de notre Directoire : or il n’
en
a jamais été membre. Rien de plus normal. En dépit du choc causé par
755
rêts à accéder aux exigences des nazis, formulées
en
onze points. (Point n° 1 : renvoi immédiat des directeurs des trois p
756
our le renverser, des troupes et des blindés sont
en
alerte à Lucerne, une équipe de remplacement est prête à entrer en fo
757
ne, une équipe de remplacement est prête à entrer
en
fonction. Si au contraire le Conseil fédéral résiste, il aura l’appui
758
xiste un complot pour vous renverser, et que nous
en
sommes les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croyait,
759
tée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule.
En
fait, celui qui reçut cette délégation comprit très bien qu’il s’agis
760
La conjuration des officiers
en
juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)ao ap 10 juillet
761
d’essais peu convaincants — on ne peut pas écrire
en
groupe — ils me confient la rédaction. Ma position est un peu délicat
762
e est de ma main. D’autre part, je suis sûr qu’il
en
approuvera la pensée. Fin juillet 1940 Je rédige une brochure intitul
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n’auraient pas vu si tôt le jour. Nous savons qu’
en
réunissant des efforts jusqu’ici dispersés et des groupements naguère
764
; 3) le fédéralisme ; 4) le théâtre communautaire
en
Suisse. Le 27 juillet, une lettre du Département politique m’offrait
765
re effet que de me piquer au jeu. Bien décidé à n’
en
pas tenir compte, je finis par accepter la proposition de voyage aux
766
e libre dont nous avions rêvé sans oser croire qu’
en
quelques mois il deviendrait une réalité. L’opinion s’était ressaisie
767
i se posaient à la Ligue, assassinats et tortures
en
moins. Les mêmes peuvent rire de l’armée suisse parce qu’elle n’eut p
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é si peu que ce fût, voilà qui suffit à mes yeux.
En
ce mois d’août de 1940, j’estimais qu’elle avait réussi dans la mesur
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ain, mais pratiquement condamné à ne plus aborder
en
public que les sujets admis par la censure, et ce n’était, littéralem
770
t également intolérable, tant qu’Hitler sévissait
en
Europe. Enfin, je pressentais que dans la lutte en cours, provisoirem
771
n Europe. Enfin, je pressentais que dans la lutte
en
cours, provisoirement perdue sur notre continent, l’élément décisif a
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d’entrer dans le coup. Poussé dans le dos, attiré
en
avant, je me décidai donc à partir. Et, certes, les raisons qui m’ani
773
« crise » consécutive à l’effondrement des Alliés
en
mai 1940. Dans le détail, c’est-à-dire dans le concret, les choses se
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ans son rapport que leur seule faute fut « d’agir
en
secret ». Mais s’ils avaient agi « ouvertement », le Conseil fédéral
775
mes notes. Mais Kimche commet une curieuse erreur
en
confondant la ligue civile de juin 1940 avec ce qu’il appelle tantôt
776
tôt le « Mouvement de résistance national ». Si j’
en
juge par les noms qu’il donne des responsables de ce dernier Mouvemen
777
chefs, M. Hans Oprecht, me le confirme doublement
en
me disant d’une part que « l’Action de résistance » n’intervint qu’«
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ou non, c’est la Ligue du Gothard qui agit seule
en
liaison avec les officiers pendant la crise de l’été 1940. 3. L’absen
779
n dans un prochain article. 42. On se rappelle,
en
Suisse, que le 25 juillet, le général Guisan convoqua tous les offici
780
al d’un témoin III : La conjuration des officiers
en
juin 1940 », Tribune de Genève, Genève, 26 juin 1962, p. 1. ap. Préc
781
teur de L’Amour et l’Occident se trouvait alors
en
situation délicate auprès de ses chefs — il était incorporé à l’état-
782
ns d’avancer dans l’inconnu que nous découvrirons
en
l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais dans la mesure
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des pays de l’Est ; de l’omniprésence communiste
en
France et en Italie au repli général du PC, à sa suppression eu Allem
784
l’Est ; de l’omniprésence communiste en France et
en
Italie au repli général du PC, à sa suppression eu Allemagne, et à la
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dais et belge à la décolonisation presque achevée
en
Asie du Sud, dans le monde arabe et en Afrique ; bref, de la misère a
786
ue achevée en Asie du Sud, dans le monde arabe et
en
Afrique ; bref, de la misère avec les colonies et dans la désunion, à
787
et par la carence des mouvements fédéralistes. Il
en
résulte alors, nécessairement, une renaissance des nationalismes ; la
788
possibilités d’assimilation du tiers-monde, après
en
avoir discuté avec les responsables des autres continents. (Cela s’op
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centres régionaux, dont les premiers sont entrés
en
fonction dès 1963.) Enfin, l’Europe offre au monde le modèle d’une co
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Le silence est devenu le luxe suprême : peu sont
en
mesure de se le payer en allant vivre dans les régions vertes aménagé
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luxe suprême : peu sont en mesure de se le payer
en
allant vivre dans les régions vertes aménagées en France, Allemagne,
792
en allant vivre dans les régions vertes aménagées
en
France, Allemagne, Autriche, et surtout aux États-Unis, en Afrique et
793
, Allemagne, Autriche, et surtout aux États-Unis,
en
Afrique et au Brésil. On cherche encore — on va trouver — un système
794
enu Mégalopolis : une maison tous les cent mètres
en
moyenne, à quelque distance des autoroutes à six pistes, lesquelles p
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réduit à cinq journées de six heures par semaine,
en
moyenne. (Dans le secteur tertiaire, le week-end de deux jours et dem
796
iale. Le mythe des deux grands a disparu, on ne s’
en
souvient guère davantage que de la Triplice et de la Triple Entente a
797
tok (réseau d’accords économiques et culturels).
En
Europe, deux grandes tendances s’affrontent, en lieu et place de la d
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le est devenue la partie sérieuse de l’existence,
en
lieu et place du travail et du gain, désormais assurés à moindres fra
799
ands nombres, des standards et des modes favorise
en
lui une attitude de consommateur hédoniste. D’autre part, des possibi
800
tation. À côté des anciennes universités divisées
en
facultés démodées, les établissements de formation interdisciplinaire
801
e) et sur les recherches spécialisées poursuivies
en
séminaires. Les diplômes classiques, sanctionnant la sortie des étude
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ar. Présenté par cette note : « Né à Neuchâtel,
en
Suisse, Denis de Rougemont, qui fit ses études dans diverses villes e
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s diverses villes européennes, participa à Paris,
en
1931, à la fondation des revues Esprit et L’Ordre nouveau , et col
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l devait renier plus tard les interprétations qui
en
furent faites. Envoyé aux USA et en Argentine pour y faire des confér
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rétations qui en furent faites. Envoyé aux USA et
en
Argentine pour y faire des conférences en 1940, il devint en 1942-194
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USA et en Argentine pour y faire des conférences
en
1940, il devint en 1942-1943 le principal rédacteur des émissions fra
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e pour y faire des conférences en 1940, il devint
en
1942-1943 le principal rédacteur des émissions françaises de La Voix
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sions françaises de La Voix de l’Amérique. Revenu
en
Europe en 1946, il s’engagea dans le mouvement pour une fédération eu
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çaises de La Voix de l’Amérique. Revenu en Europe
en
1946, il s’engagea dans le mouvement pour une fédération européenne e
810
nt pour une fédération européenne et il organisa,
en
1949, à Lausanne, le Congrès européen de la culture. L’année suivante
811
as Anciens villages et villes d’Europe, vous n’
en
trouverez pas deux dont les plans soient superposables. S’ils se ress
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iplicité de ses communes, épousant la nature tout
en
l’utilisant à des fins militaires, agricoles, commerciales, après avo
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l de la défense, du Burg central et des remparts.
En
Amérique, les villages naissent comme au hasard le long des routes fr
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pionniers : ils ne sont guère enracinés, ils sont
en
marche. Ces maisons boisées, espacées, bordant une route, on dirait l
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êtés un soir, à l’étape, et qui auraient décidé d’
en
rester là. En Asie, les maisons s’assemblent en essaims. En Afrique,
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à l’étape, et qui auraient décidé d’en rester là.
En
Asie, les maisons s’assemblent en essaims. En Afrique, les huttes se
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d’en rester là. En Asie, les maisons s’assemblent
en
essaims. En Afrique, les huttes se groupent en rond dans les clairièr
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là. En Asie, les maisons s’assemblent en essaims.
En
Afrique, les huttes se groupent en rond dans les clairières, ou s’égr
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nt en essaims. En Afrique, les huttes se groupent
en
rond dans les clairières, ou s’égrènent le long de la berge d’un fleu
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lace de petite ville. Et voici que tout se résume
en
un coup d’œil. Car autour de la place, vous trouvez, l’église et la m
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cender les partis, les ambitions et les doctrines
en
vogue. La mairie, symbole de la commune, qui est dans le cadre concre
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écentralisée de la production, poussant à la mise
en
valeur, par l’intermédiaire des communes, des régions défavorisées du