1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 la plus belle harmonie. Héraclite Reconnaître nos différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
2 penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
3 ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
4 ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
5 it des temps, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
6 véleront un jour complémentaires, d’une façon qui nous demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
7 encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
8 les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
9 e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
10 même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec notre âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
11 ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du nôtre . À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
12 ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
13 s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans nos villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
14 Pour passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
15 de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une i
16 celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawa
17 ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
18 a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
19 du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
20 terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
21 e la Perse au Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
22 Japon bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
23 son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
24 la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «  Nous cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
25 on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
26 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » (Spinoza) Ainsi se croisent les doutes, et parfoi
27 européen, ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
28 urifient par l’isolement, comme le veut la magie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
29 ns une identité inexprimable, au sein de laquelle nos conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus
30 l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
31 ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que nous inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
32 et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
33 épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
34 Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui nous rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
35 appeler la richesse en contradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
36 tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
37 s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
38 sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
39 itutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
40 urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
41 s occidentaux n’est pas moins significative, pour notre objet présent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux étab
42 t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
43 , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
44 Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
45 moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
46 e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
47 lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
48 sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
49 ans contradiction ni remords. Elle est divine, et nous sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
50 ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier notre délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
51 ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
52 partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous nos yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
53 us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hambur
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
54 mporte quelle direction pour sentir la réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
55 communauté de culture qui échappe si facilement à nos définitions, mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehor
56 de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
57 ec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
58 , faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir notre vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
59 nt à cause des profondes différences qui séparent nos nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
60 alités nationalistes, mais on sacrifie en passant notre tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
61 e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Con
62 ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
63 te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-elle donc p
64 vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
65 ues se constituer, à partir du xviiie siècle. On nous rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
66 des Européens est tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
67 es accidentelles et souvent fort récentes d’un de nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
68 ives ont cessé d’être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
69 ’être nationales au xxe siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
70 laient à l’épreuve les fameuses souverainetés que nos ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
71 n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons- nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
72 e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons- nous aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
73 ée serait seule en mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en sacrifierait que l’illusoire, j’entends ce q
74 éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous nos peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
75 en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de nos nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
76 t de culture au sens large. Prendre conscience de notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
77 n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 7. Nous débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
78 éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet, nos diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans
79 os diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
80 la seule et même exigence d’une union fédérale de nos peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvi
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
81  En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que nous lui avons fait parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a
82 it parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a envoyé la lettre suivante. » Dans le même numéro où paraissait l’ar
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
83 ngroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de notre société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1
84 e fut assez pour justifier le scepticisme amer de nos élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès d
85 au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne nous parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occi
86 pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres
87 ette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nou
88 mortelle comme les autres et prédit à la fin que nous allons vers la « parfaite et définitive fourmilière » ? On pourrait m
89 . À partir de 1919, les influences dominantes sur nos élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaar
90 ient puissamment modelé le xxe siècle et modifié notre approche du réel. Cependant les déterminismes qu’ils croyaient avoir
91 utôt leur influence qui allait les instaurer dans nos esprits, se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la consci
92 « mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour nos démissions personnelles. Le droit d’opposition redevient créateur. Et
93 ntelligentsia à confondre ce rêve d’angoisse avec notre avenir historique, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’une
94 iser le cours de cette fatalité et pour renverser nos destins ? Le traumatisme provoqué par la brève tragédie hongroise et
95 nées. Un certain déterminisme économique semblait nous conduire sans merci vers le triomphe du plan total, ordonnant toute l
96 n’empêche que l’URSS est l’avenir ! », répéteront nos maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre
97 ans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans le
98 commencera un purgatoire de mille ans. » Au fait, nous en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouve
99 hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que nous en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolution bien tr
100 chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de notre vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fataliste : « 
101 s à le décider. Troisième illusion fataliste : «  Nous allons vers le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vie
102 le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos
103 es robots. » — Les machines envahissent nos vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dic
104 s devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu
105 laves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux é
106 éjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos
107 e un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos pensées par radio. Adieu Nature, flânerie, méditation sans but ! La m
108 tion sans but ! La monotonie mécanique va dominer nos existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’
109 lettre, et donc fautive. Les machines envahissent nos vies ? Si seulement ! Car elles sont très chères. Mais jamais une Tal
110 uriosité. Le règne des machines, à vous entendre, nous isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l
111 ’on ne leur ait prescrit. Qu’ils travaillent pour nous , c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous
112 de la légende déchaînait une force inconnue. Mais nos savants font tout le contraire : ils domestiquent des énergies décelé
113 Le problème de la liberté. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du d
114 é. Le problème du sens de nos vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du
115 le de rumination pessimiste, longtemps justifiée, nous le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers
116 ropose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissemen
117 u Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la soluti
118 nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable sera
119 s l’accroissement de nos biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J
120 x, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’accroisse
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
121 ns songer à l’auteur de ce Nicolas de Flue dont nous n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant d
122 n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra o
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
123 de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
124 niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont cria
125 outumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
126 armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
127 s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs, car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
128 Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur nos valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
129 ormule la plus simple, je crois : la diffusion de nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est
130 nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
131 les produits d’ordres divers qui ont caractérisé notre civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
132 ôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
133 u d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
134 Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
135 ente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
136 e fraction de son intelligentsia décide d’adopter nos conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
137 us rarement, secrètement, parfois inconsciemment, nos valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
138 us voyants et les plus récemment mis au point par notre civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
139 ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
140 le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
141 en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
142 voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
143 tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
144 jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
145 achine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
146 t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
147 Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
148 nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
149 de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
150 et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
151 ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
152 liquer et les faire vivre. Les trois aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
153 à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui nous demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
154 agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
155 t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
156 ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
157 igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
158 sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
159 ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nous croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
160 réviser sous leur regard méfiant les illusions de notre « universalisme » ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord l
161 rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans nos chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
162 ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que nos produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
163 les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais principa
164 ficiellement invoqués, mais principalement contre nous , et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
165 contre nous, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
166 sure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
167 produits et ces principes procèdent en réalité de nos valeurs, et ne trouvent que par elles, dans le champ magnétique qu’el
168 s, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant à nos principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
169 , plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de nos institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
170 ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie nous en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
171 et radicales se conçoivent : ou bien garder pour nous ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
172 bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
173 es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
174 ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il nous reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
175 nture occidentale de l’homme , a été analysé dans notre n° 3. M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genèv
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
176 pprimées en Europe ? Telle était la règle du jeu. Nous ne demandions pas comment faire pour obtenir l’union économique, mais
177 on économique, mais supposant le problème résolu, nous désirions savoir, comme l’électeur moyen, ce qui se passerait alors,
178 isemblance. Que la répugnance professionnelle de nos séminaristes à « jouer » ainsi — répugnance sensible dans celles des
179 vec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’i
180 nt essayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de
181 sayé néanmoins de répondre à notre question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de rédui
182 de l’union, sans avoir toujours calculé son prix. Nos économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leur
183 elle, et la mise au point réciproque. Que pouvons- nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après
184 proque. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique q
185 e. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique qui le
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
186 éenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui nous permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquell
187 e, sur laquelle il devient possible de construire notre union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sait qu’elle « unifo
188 utionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit nous occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe pour le
189 onné qu’il faut unir l’Europe pour les motifs que nous indique clairement la conjoncture mondiale du xxe siècle, la culture
190 ’efforcer de réduire les résistances invétérées à notre union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une ma
191 re union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une mauvaise éducation scolaire depuis un siècle, ou résu
192 un siècle, ou résultant de maladies chroniques de notre culture millénaire. On ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce
193 nde et manifeste l’unité qui est la vraie base de notre union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisions mo
194 nd de voir…) Et certes il fallait dire : unissons- nous  ! Certes, il fallait ratifier des traités. Mais voilà qui est fait dé
195 e « cultures nationales » et de « l’éternité » de nos États-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° I
196 e la culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à
197 plusieurs centaines de titres, parus dans toutes nos langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense
198 milliers en Amérique du Nord. Il serait temps que nos États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir 
199 ralliant les forces vives de la culture dans tous nos peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments d
200 , et l’initiative de la création du CERN, bornons- nous à décrire les trois principaux champs d’activité entre lesquels se ré
201 ce aux formes de pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autr
202 pensée et de vie qui définissent notre culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autre part, exposer l
203 temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de nos pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui s
204 ucateurs où se trouvent représentés la plupart de nos pays (y compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin,
205 ources de la vitalité et des tensions fécondes de notre culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
206 immenses qui naissent du contact inévitable entre notre civilisation libérale et technique d’une part, et les civilisations d
207 d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de nos États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à lui
208 se fait jour. Le besoin d’une coordination entre nos forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
209 commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
210 ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
211 ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
212 rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
213 e précisément la communauté de traditions de tous nos peuples. Le Rhin serait une frontière naturelle, mais le Danube et le
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
214 formes d’expression que la guerre ? Ici, Freud va nous étonner. D’une part, il fait appel (« sans rougir », mais vaguement)
215 aris, le président du Conseil criait au monde : «  Nous opposerons au droit de la Force, la force du Droit ! » Traduite dans
216 aux chars d’Hitler une forte page de rhétorique. Nous voici donc ramenés à la nécessité d’une autorité supérieure à celle d
217 le pouvoir central soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes en 1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dé
218 r le second élément fédérateur qu’indiquait Freud nous fait encore défaut : comment imaginer ce sentiment commun — idéal ou
219 ui provoquerait l’union du genre humain ? Devrons- nous aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loin, da
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
220 . Ce raccourci demande quelques explications, qui nous obligent à un rappel des origines. Les manuels d’histoire suisse donn
221 durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à nos jours. Mais ses auteurs étaient bien loin de se douter qu’ils fondaie
222 ’égard des autres. Presque toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sou
223 toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nou
224 ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nous verrons également que cette époque a connu toutes les raisons que l’o
225 rains et non de députés des peuples : « Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales
226 es masses : « Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps m
227 timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
228 ique, des mœurs, des antécédents, une langue, qui nous distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses
229 s, une langue, qui nous distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrific
230 s, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député quali
231 dre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député qualifiait de « chimère » l’idée d’une
232 qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, social et culturel de la nouvelle Suisse u
233 locales et d’établir un lien fédéral efficace. De nos jours encore, ceux qui s’intitulent « fédéralistes », en Suisse, sont
234 ont les partisans d’une union institutionnelle de nos pays. Cette contradiction apparente et purement verbale s’explique pa
235 ont cantonales et locales, jusqu’au xixe siècle. Nous ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 2
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
236 est l’accroissement du risque humain ; secret de notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de no
237 risque humain ; secret de notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, insépara
238 notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un h
239 notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un homme localement détermi
240 mentales, et que chacun peut vérifier sans peine, nous font voir que l’Europe se définit d’abord par sa fonction mondiale et
241 le monde : il n’en connaissait qu’un canton. Mais nous ne sommes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constato
242 mes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constatons que tous les peuples d’une planète entièrement inventoriée
243 nète entièrement inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes pol
244 inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus
245 ptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas 
246 d’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos vale
247 ces et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos déli
248 s formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tr
249 tiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tragique exempl
250 tous les peuples de Bandung. Désormais délivré de notre impérialisme qui avait su respecter les mandarins, le quart chinois d
251 e quart chinois de l’humanité se met à l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réci
252 l’humanité se met à l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore o
253 l’école de nos techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore observé, ni même pres
254 œur du monde, et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont
255 et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont mises en commu
256 culation planétaire. Qui peut en dire autant dans notre siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’en ont le
257 ins… Sauf si ces Asiatiques ont été les sujets de nos États colonialistes : ils exceptent aussitôt cet État de la communaut
258 devant un congrès d’étudiants internationaux : «  Nous détestons pour telle raison précise les Anglais, les Français, les Po
259 is, les Français, les Portugais, mais en revanche nous aimons d’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne
260 ’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’Europe tout
261 erselles que dans la mesure où elles résultent de nos variétés infinies et de leur équilibre en tension. L’impossible sol
262 és internes de l’union. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe de
263 circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
264 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
265 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
266 e règne encore sur l’affectivité de la plupart de nos hommes d’État, victimes généralement vertueuses d’un vocabulaire péri
267 isme de cadets, explique seul que la politique de nos États se veuille encore absurdement « indépendante », en dépit des pl
268 cause d’histoires très récentes. Ainsi tout sert nos souverainetés, tout leur est bon pour croire qu’elles existent encore
269 rainetés nationales, irréductibles mais fictives. Nous voyons converger vers l’union de l’Europe les nécessités individuelle
270 e l’Europe les nécessités individuelles de toutes nos nations, sans exception, et les nécessités collectives de la conjonct
271 el régime n’aille pas sans grands risques, toutes nos guerres le démontrent à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne
272 rnation, d’autarcie, ou d’hégémonie continentale. Nos États se définissent depuis des siècles par les frontières de leur do
273 e unie, et cela depuis le congrès de La Haye dont nos journaux parlèrent à peine (Staline avait autorisé, pour ce jour-là p
274 l au monde. Quelles sont les chances actuelles de notre union, en d’autres termes, les chances de l’Europe ? Celles de la civ
275 anétaire (et sans rivaux sérieux, j’y reviendrai) nous oblige à revoir certaines catégories devenues traditionnelles — depui
276 aditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de notre philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au xviiie , ju
277 on au xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans notre siècle, en passant par les philosophes du romantisme qui n’avaient pa
278 abitude de pensée pessimiste s’est installée dans nos esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations
279 e s’est installée dans nos esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous c
280 que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous croyons savoir pourquoi : toute grandeur serait suivie nécessairement
281 ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre , sont-elles mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été préservées e
282 le Laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la terre ? Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales
283 tération, ou simplement la reprise des charges de notre civilisation ? Les USA ? Ils s’européanisent en profondeur, plus rapi
284  ? L’Afrique ? Elles paraissent moins critiques à notre égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innov
285 moins critiques à notre égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre no
286 nclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre nous , chrétiens ou athées pour qui le doute est une forme essentielle du c
287 présumant que plus d’un l’approuvera : en perdant notre Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et recettes d’un
288 main ; et ce ne sont pas seulement les secrets de notre ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de not
289 ulement les secrets de notre ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre
290 i de notre désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un
291 seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un homme fini et localement
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
292 ropéen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais
293 sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais d’abord examine
294 919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
295 ette phrase célèbre : Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam
296 autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient
297 ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient
298 e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
299 de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circo
300 que toutes les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’e
301 mon avis, l’une des erreurs les plus célèbres de notre temps. Mais comment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre en pro
302 son succès ? Au seuil de l’œuvre en prose d’un de nos grands poètes, cette phrase résume et condense en quelques mots une a
303 cliner et mourir après une période d’apogée, — la nôtre aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est conv
304 inexorablement que toute culture est mortelle, et nous rejoignons la phrase de Valéry. Enfin Toynbee, dans un effort admirab
305 crasante érudition, ont d’autant moins de peine à nous convaincre que d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, not
306 ’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, notre angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que d’a
307 essé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de nos jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de
308 puis cent ans les motifs de craindre le pire pour notre civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent confirmées par
309 proclament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce
310 lament déjà leur volonté de retourner contre nous nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce pas
311 parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de notre civilisation ? Avant de répondre à ces questions, formulons tout de s
312 es précédents historiques soient applicables dans notre situation, ni que la courbe de croissance, grandeur et décadence soit
313 ’Empire au moins. Cet exemple est-il valable pour nous  ? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
314 t pas sûr du tout. Il se pourrait, en effet, que notre civilisation présente certains caractères nouveaux et originaux, qui
315 Avant de rien pouvoir décider sur ce point, force nous sera donc de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civ
316 de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civilisation par rapport à toutes les autres, et quel seuil mondial e
317 nes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause
318 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
319 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cett
320 ins violents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture, n’a jamais été
321 souci de décrire les idéaux les plus efficaces de notre culture, ceux qui, à mon sens, la distinguent le mieux d’autres cultu
322 , d’autres vertus. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
323 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
324 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
325 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
326 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
327 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
328 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
329 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvon
330 origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
331 ues l’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
332 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
333 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
334 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine da
335 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
336 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
337 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
338 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
339 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
340 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, soit pour mo
341 ient, soit pour en prendre mieux conscience, dans notre cas. Le troisième caractère original de la culture européenne, c’est
342 a seule mesure où ces actes sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
343 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
344 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
345 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
346 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
347 ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
348 t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
349 En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité
350 té objective dérivent nos sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de
351 nnelle, lié au sens de la liberté dérivent toutes nos institutions : et enfin, de la combinaison des trois vertus résulte n
352 enfin, de la combinaison des trois vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis ma
353 vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre
354 nous avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa s
355 puis marqué de notre empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa surface solide, c’est bien à la co
356 sa surface solide, c’est bien à la complexité de nos origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensi
357 e, c’est bien à la complexité de nos origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
358 ns qui devaient nécessairement en résulter et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, au dépassement perpétuel,
359 ation aventureuse, et toujours à l’exportation de nos produits, donc au total, à l’expansion. Que ce mouvement ait été bapt
360 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce laboratoire du monde, a poussé les sciences et les
361 prodigieuses de siècles et de continents que sont nos musées et bibliothèques, ils ont élaboré les préalables d’une science
362 par la culture européenne ne va pas se réaliser à nos dépens. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au h
363 et fécondes. Le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de n
364 Le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de
365 reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matér
366 idité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un m
367 rines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos prod
368 puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos produits. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, éthiques et
369 maintenir en composition. Le monde choisit tel de nos produits les plus douteux — le nationalisme, par exemple — et le reto
370 nationalisme, par exemple — et le retourne contre nous . Le monde entier s’européanise dans ses apparences : usines, machines
371 Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
372 éprise, ou ignore simplement notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
373 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
374 spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
375 mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
376 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de
377 mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
378 aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
379 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
380 ngoissants et les chances admirables. La crise de notre civilisation, provoquée par son expansion même — mais incomplète — da
381 omme l’ont prédit depuis un siècle la majorité de nos plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux tous que je ne le cro
382 isations avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la nôtre . Elles se trompaient, tout simplement, mais cette erreur ne saurait p
383 pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons p
384 re d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les cont
385 es Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les continents, comme avant 1
386 t sur tous les continents, comme avant 1914, mais nous savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique im
387 es villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent nos villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs pl
388 journaux, et même leurs embarras de circulation. Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et
389 Nous savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et n
390 parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sen
391 et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sens unique et n’est pl
392 phénomène sans précédent dans toute l’histoire ? Nous avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sou
393 aire, du moins séduire tous les peuples du monde. Nous avons aussi vu qu’elle exporte ses produits sans les valeurs qui cont
394 ultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et
395 eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations nous apparaît donc très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous
396 très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ains
397 t : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de nous celle des Hittites, plus près encore celles des Mayas et des Aztèques
398 ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la nôtre , sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été pré
399 le Laboratoire européens, pour être diffusées de nos jours sur toute la Terre ? II s’en faut de beaucoup que leurs rivales
400 ger comme suit le passage que je vous ai cité : «  Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne
401 ue je vous ai cité : « Nous autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement
402 lisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le t
403 de que nous ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaien
404 e mystiques voient leurs livres sacrés publiés de nos jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnog
405 inventaire mondial qu’initièrent à la Renaissance nos Découvreurs de l’espace terrestre et du temps de l’humanité. Ceci m’a
406 ème raison d’avoir confiance dans la longévité de notre civilisation : on ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une
407 à la relève d’une civilisation devenue mondiale. Nous connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont préc
408 ssons les circonstances de la chute de celles qui nous ont précédés : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la de
409 itération ou simplement la reprise des charges de notre civilisation, avec quelques chances de succès ? Il y a pourtant les É
410 sont nés de la substance même de l’Europe, et de nos jours ils s’européanisent à nouveau, plus profondément que l’Europe n
411 , en attendant le péril noir. Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
412 Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du m
413 otre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un
414 que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un seul péril sérieux : le p
415 urope, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce
416 qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’e
417 ine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation univ
418 s peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le n
419 opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le nationalisme et la superstiti
420 n matérialiste. Il en va du nationalisme comme de notre rhume de cerveau, qui devient mortel, dit-on, chez certains indigènes
421 l’Europe depuis près d’un siècle et demi, et que nous refusons de prendre au tragique, cette passion, quand elle atteint l’
422 e, ou le monde arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. F
423 arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. Forme collectiv
424 pêchant au-dedans cette union fédérale qui ferait notre force pacifique, décuplant au-dehors la force belliqueuse de ceux don
425 -dehors la force belliqueuse de ceux dont il fait nos ennemis. Quant au second virus secrété par l’Europe, et que je nommer
426 e je nommerai le matérialisme plat, il prend chez nous les formes les plus diverses. Il va du culte du confort chez l’ouvrie
427 uelles, à tout ce qui donne un sens, une saveur à nos vies. Ce matérialisme plat ne serait guère plus dangereux que la bêti
428 ôt fait de se mettre en grève, de débrayer, et de nous livrer sans défense aux fanatiques du statu quo, par où j’entends les
429 n va pas de même sur d’autres continents. Quant à nous  : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, e
430 s de même sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous
431 sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons va
432 nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de milli
433 ent avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de millions de morts, il est
434 ts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez nous , mais chez les autres qu’il triomphe. Permettez-moi de vous citer à c
435 it logiquement se produire. Or ce n’est pas chez nous , en Europe, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce
436 en Europe de tels excès. Certes elle est née chez nous , et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les péri
437 rtes elle est née chez nous, et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas
438 ue Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienn
439 nti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, en un mot, l’organisme eur
440 un mot, l’organisme européen a réagi avec succès. Notre tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettr
441 mettront au genre humain de résister à son tour à nos poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette
442 te forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que notre vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’i
443 vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’illustrer d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement
444 d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement par nos discours — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civi
445 — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civilisation : — la première est le fédéralisme, art et science de l’
446 ort, et la technique tourne en routine, et toutes nos libertés morales et civiques s’enlisent dans l’euphorie d’un confort
447 es, cette union fédérale est la condition même de notre action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu
448 e notre action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’Europe
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
449 ssi les non-chrétiens, qui sont les deux tiers de notre humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où la religion ch
450 tiellement universelle. Il se peut que l’union de nos Églises les renforce, devant le défi que porte à toute religion — aut
451 ités spirituelles. Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’
452 Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’oppose à la grande
453 s dimanches, le même Évangile annoncé, et le même Notre Père prié ; que les grands moments de la liturgie, les formules de la
454 e a peu de prise. Un seul exemple. On qualifie de nos jours de « catholicisants » les protestants qui veulent la fréquente
455 me aujourd’hui celui-là. Qui est celui du sens de nos vies. q. Rougemont Denis de, « Un péché mortel : la désunion des
456 est l’un des plus grands essayistes chrétiens de notre temps. Calviniste de la Suisse romande, il représente, au sein du pro
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
457 e, proclamée contre l’Occident colonialiste. Dans notre Europe, qui l’inventa, le phénomène est plus complexe. À la fois atti
458 e, — ce serait refaire l’histoire du plus long de nos siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution du seul concept, au moy
459 jacobins à Hegel Au principe du nationalisme, nous trouvons le raisonnement suivant, toujours lié à une période de crise
460 période de crise guerrière ou révolutionnaire : — Notre peuple se distingue entre tous par une mission historique d’une porté
461 t ceux de la paix universelle ; pour leur imposer notre bien, toute guerre est sainte, et de plus elle est préventive, car il
462 ux, les rétrogrades et les impurs, le trésor dont nous avons la garde ; or la guerre a ses exigences : discipline absolue de
463 me ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il
464 l existe, ne peut être que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’y a donc plus d’insta
465 talement « nivelé » par les lois de la Liberté : Nous ne sommes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche p
466 mmes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche physique sur un seul point du globe. Les droits de l’homme s’é
467 neté solidaire, indivisible du genre humain ; car nous voulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons p
468 ulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons pas d’autre maître que l’expression de la volonté générale
469 in d’examiner l’humanité sous tous les rapports : nous ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le
470 veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui
471 èce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont p
472 ns lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveu
473 sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouv
474 mmis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aime particulièrement to
475 n la théorie la plus absolue de la nation fermée ( nous dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’un
476 de l’état d’anarchie commerciale et politique où nous vivons. Si l’on veut supprimer la guerre, il faut en supprimer la ca
477 st la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous nos yeux. C’est la fin du processus exactement inverse de celui du Marché
478 avouer que celle de Fichte, pour absurde qu’elle nous paraisse, se trouve avoir le mieux correspondu aux réalités historiqu
479 sion colonialiste dans l’anarchie, responsable de nos divisions, puis à l’étape nécessaire de fermeture totale des monades
480 e par la Science et libérée de tout impérialisme… Nous n’en sommes peut-être pas loin dans cette seconde moitié du xxe sièc
481 qu’il présentera toujours comme une « défense de nos foyers »30, il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la pr
482 précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
483 ies uniformément pessimistes, quant à l’avenir de notre civilisation. Voici des textes jalonnant cette double évolution des i
484 des faits, en divergence vertigineuse, qui devait nous mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et
485 combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur nous , Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent
486 té, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais- nous  ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
487 s que d’autres n’osent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
488 sent même pas verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
489 verser des larmes Nous les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
490 ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur nous descendre ? Adam Mickiewicz, dans son Livre des Pèlerins polonais r
491 me épurée d’une mission européenne de son peuple. Nous connaissons maintenant le processus, illustré par toutes les grandes
492 concert une note allemande, et Constantin Frantz nous la donne : Il va de soi qu’une telle fédération ne saurait être inst
493 qui serait restée le privilège des Russes et que nos pays de l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve emprunt
494 ssie. La plus haute parmi les hautes missions que nous autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de gro
495 est pas seulement la Russie et le panslavisme que nous servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que no
496 humanité entière… Les Européens ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des bataille
497 ne savent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins
498 e si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit
499 sterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il
500 s, grâce à l’unité de notre esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheur
501 rsécutés, quand bien même ce serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritabl
502 ême ce serait aux dépens de nos intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie,
503 ire le fait que les souverainetés nationales vont nous dominer, ceux-là ne savent pas pour qui sonne le glas. Car ces effort
504 une nation ? » il écrit : Une nation, c’est pour nous une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dans le passé
505 et de vouloir en faire encore dans l’avenir. … De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la n
506 es prendre à la gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race
507 gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le d
508 s de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue in
509 venue des « terribles simplificateurs » dominant nos nations domestiquées par l’État militaire33. Dans une de ses lettres
510 s extraits tirés de Par-delà le bien et le mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous n
511 bien et le mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme pl
512 mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de cour
513 Européens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour
514 péens », nous aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour à de
515 , des heures où bien d’autres sentiments antiques nous submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à
516 ques nous submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que
517 ettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que quelques heures et se passe en quelques heures : pour le
518 gurer des races épaisses et hésitantes, qui, dans notre Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels
519 e : les petits États de l’Europe — j’entends tous nos empires et États actuels — doivent nécessairement devenir non viables
520 urs centaines de textes sur l’Europe, d’Hésiode à nos jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibel
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
521 n Europe, et seulement par la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
522 ment, une première définition de l’originalité de notre continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
523 vraie culture est universelle par définition, et nos problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
524 courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
525 r une connaissance trop méticuleuse et pédante de nos diversités, sur une expérience, vécue jusqu’à l’irritation, du tempér
526 , du tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
527 ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
528 le d’un presbyte. Essayons maintenant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
529 ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons- nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
530 , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
531 que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’E
532 , de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de notre culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
533 raient tentés de nier, à priori, l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
534 l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
535 Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’au point où nous allons le voir se renverser). Ne serait-ce pas, précisément, la multi
536 Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de nos différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
537 ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
538 té, la spécificité et la communauté, — l’unité de notre culture ? Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment
539 eviendra vraiment sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
540 nt sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
541 entent d’imposer à la culture de leurs sujets. Si nous considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
542 subsistent encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
543 encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
544 libre jeu de ses diversités. Mais il est temps de nous demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
545 t historiquement par la pluralité des origines de notre civilisation. Et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
546 es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par notre refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
547 e extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
548 mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
549 re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
550 et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
551 et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensib
552 oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jé
553 par les mythes gouvernant nos sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
554 du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
555 he son épée, le Celte romantique et magique, — et nous descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
556 unique, incontestable : le dynamisme européen. Si nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde
557 nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
558 , puis marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
559 es terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
560 n à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
561 s qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
562 les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
563 viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
564 groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
565 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
566 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
567 é politico-social. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
568 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
569 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
570 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
571 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
572 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
573 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
574 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons
575 s origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
576 ues l’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
577 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
578 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
579 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
580 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
581 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
582 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
583 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
584 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
585 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, — soit pour
586 dans la seule mesure où ils sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
587 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
588 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
589 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
590 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
591 ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui nous distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
592 t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de nos créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
593 En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilit
594 ité objective dérivent nos sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens
595 nelle, lié au sens de la liberté, dérivent toutes nos institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives,
596 e la liberté, dérivent toutes nos institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dyna
597 , orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dynamisme irrépressible. D’où vient, en effet, le dynamisme d’une civ
598 civilisation ? Je n’en crois rien. Il existe sur notre planète trois régions comparables du point de vue de la pression démo
599 les invasions asiatiques, seul défi extérieur que nous ayons subi, d’ailleurs victorieusement, des champs Catalauniques au K
600 n’ont rien suscité de marquant ni de nouveau dans notre civilisation. Seules les Croisades ont été productives à cet égard ;
601 r, mais au contraire d’une agression délibérée de notre part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne
602 de notre part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
603 notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
604 tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émig
605 ement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne
606 ue à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérialis
607 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
608 ente les plus vives polémiques intellectuelles de notre époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
609 ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces cré
610 xe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces créations sont en expansion vers le
611 t enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
612 de cette séculaire discussion et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
613 et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
614 re nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
615 s, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
616 philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
617 lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
618 nc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
619 nces tout au moins, adoptées par le monde entier. Notre culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, mais voici
620 problèmes effrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
621 aussi aux dépens de leur propre équilibre humain. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
622 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
623 r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour
624 démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’a
625 sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
626 iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
627 s plus intime et plus globale de l’originalité de notre culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avo
628 de notre culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
629 in de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
630 s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
631 s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
632 , par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nous répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
633 condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
634 le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
635 vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
636 doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs, religieuses, é
637 les maintenir en composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
638 Mais ce même monde méprise ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
639 éprise ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
640 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
641 spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
642 mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
643 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
644 prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
645 ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aus
646 née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons- nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
647 œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
648 ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
649 e parfois en sourdine : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
650 tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
651 us faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
652 e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
653 stion européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
654 Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «  Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
655 Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » Ce
656 même bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui nos seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
657 e, le tonnage nécessaire ? Ou bien ne faut-il pas nous demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Be
658 quer parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
659 pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
660 qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre  ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
661 pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
662 tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 35. Paul
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
663 ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de notre Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
664 le sera de reprendre les trois termes qui forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrè
665 forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
666 erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
667 e dont nous devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
668 r, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
669 us devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
670 et pour les autres. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
671 s. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
672 défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
673 e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
674 r les persécutés accusés de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
675 de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
676 iennent aussi des formes de vie matérialistes que notre civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
677 tivités proprement humaines qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
678 on et progrès technique et démocratique. Pour que notre vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
679 ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
680 lligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
681 ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
682 llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
683 de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre  : contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
684 n sens humain pour chaque personne. La politique, nous n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
685 insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cet
686 ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
687 berté et le sens de la vie (8 juillet 1960)v w Nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
688 pas seulement des formes de vie matérialistes que notre civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
689 tivités proprement humaines qui donnent un sens à notre vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
690 on et progrès technique et démocratique. Pour que notre vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
691 ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
692 lligibles. Il faut que nos activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
693 ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de nos vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
694 lénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi nous devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
695 de prix aux contacts que permet un congrès comme le nôtre  : contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
696 globale. Voilà pour les trois termes qui forment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
697 rment notre titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
698 eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui nous est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
699 s du progrès sur les vraies libertés humaines. On nous demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
700 que le commentaire que je viens de vous donner de nos buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
701 erviewers insistent : tous veulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
702 eulent absolument que nous soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. Au
703 sens humain, pour chaque personne. La politique, nous n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
704 insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
705 e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
706 ale et absolutisée. La politique doit rester pour nous un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
707 sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
708 entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
709 ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
710 os désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
711 son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
712 olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
713 n Europe et seulement dans la bouche d’Européens, nous fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
714 ment, une première définition de l’originalité de notre continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
715 vraie culture est universelle par définition, et nos problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
716 courantes ? La première, celle qui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
717 r une connaissance trop méticuleuse ou pédante de nos diversités, sur une expérience vécue jusqu’à l’irritation, du tempéra
718 , du tempérament, des coutumes et des préjugés de nos voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
719 ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
720 n même individu…) Essayons maintenant de corriger notre vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
721 ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons- nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
722 , physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
723 que nous en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à la constatation suivante, qui sera ma premiè
724 , de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de notre culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
725 raient tentés de nier, à priori, l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
726 l’originalité de notre culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
727 Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où nous allons le voir se renverser. Ne serait-ce pas, précisément, la multip
728 Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de nos différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
729 ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot nos diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
730 ité, la spécificité et la communauté — l’unité de notre culture ? Pendant une table ronde que je présidais à Rome, il y a que
731 t qu’il le conteste ? C’est donc dans le fait de notre exceptionnelle diversité, non pas subie mais jalousement revendiquée
732 le signe et la démonstration de l’originalité de notre culture. Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment s
733 eviendra vraiment sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
734 nt sensible et convaincant, que si nous comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
735 , limitée pour l’instant aux formules d’unité. Si nous considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
736 subsistent encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
737 encore ou qui tentent de se former de nos jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
738 ibre jeu de ses diversités. Mais il est temps de nous demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
739 t historiquement par la pluralité des origines de notre civilisation ; et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse pa
740 es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par notre refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
741 e extérieure au mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
742 mouvement spontané de la culture. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
743 re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
744 et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
745 et quel que soit notre passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentim
746 oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jéru
747 , par les mythes gouvernant nos sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
748 du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde. Nous venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
749 che son épée, le Celte romantique et magique — et nous descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
750 unique, incontestable : le dynamisme européen. Si nous avons découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte
751 ns découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
752 ut cas marqué de notre empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
753 es terres du Globe, c’est bien à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
754 n à la complexité de nos origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
755 s qui devaient nécessairement en résulter, et qui nous condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
756 les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
757 viens de dire sur la complexité indescriptible de notre civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
758 groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
759 its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis : nous savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
760 yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que nous vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
761 é politico-social. Le sens de la vérité objective nous vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
762 plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
763 a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près,
764 pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près, opportunistes ou sen
765 cité à tout prix, sera le moteur non seulement de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
766 t de nos recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
767 si de nos sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
768 us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de nos diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut-
769 ues d’un des caractères les plus indiscutables de notre culture : le sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
770 ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
771 joue, pendant que nous vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
772 plus nos calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
773 ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
774 r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si nous , Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
775 ériellement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
776 lement, c’est à cause du travail acharné que nous nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
777 sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
778 la relation entre les croyances fondamentales de nos cultures et le genre de vie que ces cultures permettent — soit pour m
779 dans la seule mesure où ils sont faits librement. Notre sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
780 sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
781 se combinent et permutent à doses variables dans notre idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
782 ent européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
783 proche équivalent de l’invocation au sacré, dans notre civilisation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilis
784 sation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
785 notre civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
786 tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inv
787 ement brownien de nos infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous
788 e en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous condamnent à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérial
789 i développées jusqu’ici, relatives à l’origine de nos diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu a
790 ci, relatives à l’origine de nos diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu abstraites. Il est tem
791 gines historiques et les motifs philosophiques de notre dynamisme européen, je vais énumérer tout simplement quelques-uns de
792 e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant nous . Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
793 ente les plus vives polémiques intellectuelles de notre époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
794 tre, et j’ai laissé de côté l’immense chapitre de nos créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a
795 ’immense chapitre de nos créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre
796 ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de nos valeurs ; mais d’autre part, toutes ces créations sont en expansion v
797 t enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
798 de cette séculaire discussion et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
799 et dissension entre nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
800 re nos origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
801 s, entre nos religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
802 philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
803 lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
804 nc notre situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
805 nces tout au moins, adoptées par le monde entier. Notre culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, et voici q
806 problèmes effrayants que pose son rassemblement. Nous sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
807 mais aussi au détriment de leur propre équilibre. Nous sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
808 ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il nous faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
809 r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face.
810 démesuré devant nos yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les
811 tique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
812 iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
813 s plus intime et plus globale de l’originalité de notre culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait,
814 inalité de notre culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
815 ture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
816 s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
817 s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
818 trices, et non pas au niveau des sous-produits de notre culture. L’originalité de la culture européenne n’est nullement suppr
819 , par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On nous répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
820 condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
821 le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
822 vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
823 doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, ét
824 les maintenir en composition. Il retourne contre nous ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
825 Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
826 prise, ou ignore simplement, notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthi
827 notre psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
828 ité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
829 e ou ignore notre éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
830 t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
831 prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
832 ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aus
833 née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons- nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
834 œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
835 ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il nous faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
836 rt de moi-même me dit : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
837 tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
838 us faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
839 e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
840 stion européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
841 Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «  Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
842 Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » C
843 ême bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui nos seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
844 , la voilure nécessaires ? Ou bien ne faut-il pas nous demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Je
845 son, parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
846 elle-même a suscité, et qui commande au préalable notre union. À ceux qui demandent d’abord des apaisements moraux, des certi
847 pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
848 qui nous appelle est sans doute plus grave que la nôtre  ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
849 pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
850 tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 38. Si l
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
851 à restaurer le sentiment d’indépendance morale de notre continent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confi
852 ontinent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confiance en soi et en l’avenir qui est l’une des premières
853 e aussi grand que possible de donateurs dans tous nos pays. La politique adoptée par le Conseil des gouverneurs, durant ce
854 pour des projets déterminés. Reprenant maintenant notre comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le mom
855 nt notre comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le moment est venu, pour la Fondation, de « mettre à
856 la mise en pratique de cette troisième étape. Si notre Fondation atteint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au dépa
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
857 ez tous dans vos cœurs : Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que no
858 Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que nous vaut la lecture des légendes arthuriennes, et d’abord de celle de Tri
859 le mot de Valéry, mais aussi à jamais adolescent, nous le devons tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême,
860 avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
861 raduire cette belle définition dans les termes de notre sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
862 égende primitive et ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
863 xpressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
864 us, elles donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
865 ’une manière imagée, symbolique, une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-
866 une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-ci possède d’autres manières de s
867 mme la logique et la mathématique ; et non pas de notre existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
868 mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Ceci posé — e
869 re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
870 ient, et survolant les irritantes vicissitudes de notre incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
871  », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
872 du mythe, il est perdant. À ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
873 Retracer leur évolution du xiiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
874 t aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
875 ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
876 entre le corps et l’intellect seuls cultivés par notre civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
877 t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
878 es propres fondements. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
879 on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
880 ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
881 er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront nos romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
882 la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
883 stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
884 t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
885 arrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
886 la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
887 vage magique, les amants légendaires sont entrés, nous disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
888 zon du nouveau Jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
889 retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien notre mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
890 l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
891 , et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la
892 notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
893 lle technique et nulle science de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours. Il faut aimer, pour le comprendre et rappor
894 er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
895 er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
896 image ordonnatrice de la passion. En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
897 ans sa grandeur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
898 apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
899 goureuse et la plus sensible, un autre exposé que nous attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, su
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
900 Nos meilleurs esprits (1961)ad Dans un film naguère célèbre, Orson Wel
901 e dans la petite phrase incriminée, la plupart de nos compatriotes ne voient pas malice, persuadés qu’ils sont que l’horlog
902 ne craint personne. Il faut admettre ensuite que notre aurea mediocritas saute aux yeux du premier venu, tandis que la grand
903 veut-on qu’un étranger le voit ? S’il vient chez nous et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, pa
904 mesure. C’est tout cela qu’interdisent moralement nos coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme
905 erdisent moralement nos coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme de talent, d’ambition, de géni
906 t des Suisses dans la culture humaine, tandis que notre Américain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs espr
907 méricain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs esprits, hors de l’étroit compartiment natal, iront cherche
908 xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grimpant sur nos Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand ; c’est
909 pays voisins et parfois de l’Amérique, que ce nom nous est revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs espr
910 st revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs esprits mériterait une étude plus ample, dont je n’indique
911 es affaires publiques, théologiens et pédagogues, nous les voyons tous assumer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou
912 ands dons aux yeux de leur conscience helvétique… Nous n’avons pas en Suisse de purs poètes, ni de peintres qui aient fait é
913 rale », leur eussent été formellement refusés par nos coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms que j’énum
914 dans nulle autre région d’étendue comparable, sur notre continent. Le lecteur de ce recueil m’aura vu venir : je n’entendais
915 à toute étude future sur l’œuvre et sur la vie de notre ami Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, « Nos meilleurs es
916 Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, «  Nos meilleurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum 70. Geburtstag
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
917 hui est dominée par l’industrie ; or le moteur de notre développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et
918 lème ? Et dans quelle situation concrète abordons- nous notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondra
919 ? Et dans quelle situation concrète abordons-nous notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondrai en c
920 progressistes ; d’autre part, ceux qui défendent nos traditions humanistes, ceux qui s’opposent de toutes leurs forces ins
921 la technique. Je suis pour ma part convaincu que notre culture, dans son ensemble — théologie, philosophie et science, poési
922 stants de l’homme, des rêves qui déterminent dans nos vies ce qu’on nomme les hasards, les trouvailles par hasard, des rêve
923 ssi les grands thèmes directeurs des créations de notre culture. Pourquoi l’homme fabrique-t-il des outils ? Quels sont donc
924 s les historiens de la technique répètent jusqu’à nos jours que les grandes inventions ont « répondu à des besoins », écono
925 alimentaires et matériels. Quelques-uns cependant nous disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour rav
926 l, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à notre volonté de puissance et de richesse. Et pourtant, la plupart des exem
927 du sort de la technique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de conf
928 echnique moderne, et par suite de notre économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de confort, ni la volo
929 te invention que, dans son livre intitulé Ma Vie, nous donne l’inventeur Henry Ford. Ce rêveur incurable, ce bricoleur dépou
930 naissances scientifiques, cherchait à construire, nous dit-il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre
931 ainsi le processus automatique ; et il fit cela, nous disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Wat
932 nomique, entièrement fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart de
933 fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’invention
934 termes physiques. Les très grandes inventions de notre siècle vérifient, en revanche, une fois de plus, la thèse du rêve cré
935 sommes — des milliards de dollars — que dépensent nos plus grands États, sont affectées à la recherche des moyens d’explore
936 iversel et proprement irrésistible. Et si un jour nous découvrons sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos indu
937 sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de p
938 ces nouvelles qui procurent à nos industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descen
939 nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les p
940 s témoins qu’il n’en est rien. C’est la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. M
941 st la nature de nos rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où vi
942 ves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expri
943 ermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances au
944 es à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieu
945 nent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieux autant que les désirs s
946 r qu’ils se nourrissent en retour de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que no
947 ur de la culture : nos lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre
948 leaux que nous avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute n
949 s images du divin que nous livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son ima
950 s de notre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations, — qui sont celles
951 magerie et ses orientations, — qui sont celles de nos découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve
952 — qui sont celles de nos découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve occidental, de ce même rêve qui
953 ée du rêve occidental, de ce même rêve qui a créé notre culture ; — la technique n’est donc pas un destin objectif et que nou
954 echnique n’est donc pas un destin objectif et que nous aurions à subir, mais bien au contraire, elle exprime des vœux profon
955 au contraire, elle exprime des vœux profonds dont nous sommes responsables. Il en résulte que la culture et la technique ne
956 ées dans leurs sources, puisqu’elles procèdent de nos mêmes rêves fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous fa
957 fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous faire mieux comprendre la nature des deux dangers majeurs que la tech
958 echnique. Dans la première moitié du xxe siècle, nous avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vi
959 té à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le
960 nvahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le déclin des valeurs spirituelles
961 t mettre l’homme en esclavage, ou que la bombe va nous détruire, on oublie simplement que les machines et la bombe sont fait
962 r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
963 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. Il n’est pas d’invention, si sim
964 de cuisine a sûrement fait plus de victimes dans notre histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. C’est l’homm
965 agédie depuis plus d’un siècle pour une partie de nos populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
966 omplément vivant d’un mécanisme mort ». Mais déjà nous voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
967 progrès, mais au contraire en les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progre
968 ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
969 e que se développera l’automation. Imaginons donc notre humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
970 ’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr, nous ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
971 ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
972 asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais nous voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
973 oyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
974 e l’invention technique qui tient à l’ensemble de notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons-nous de scier la branche s
975 notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons- nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
976 -nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
977 lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
978 ule formation spécialisée, il en résultera 1° que nous aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous cour
979 ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
980 ourrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
981 erai maintenant quelques conclusions : 1. Gardons- nous d’opposer théoriquement la culture et la technique comme s’il s’agiss
982 eux entités indépendantes et au surplus rivales. Nous avons vu que leurs sources créatrices sont communes, qu’elles jaillis
983 t fabricatrice, poétique au sens étymologique. Et nous pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur
984 mait si anxieusement un « supplément d’âme » pour notre société technique se voit doté, grâce aux paperbacks, d’un supplément
985 rs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons- nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
986 nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendra
987 uit, au détriment final de l’un et de l’autre. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’i
988 t final de l’un et de l’autre. On nous répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’il s’agit de les f
989 étail ses méthodes, et il conclut : « Vous voyez, notre activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procéd
990 es, à la stagnation, ou à des monstruosités. S’il nous faut davantage de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous
991 de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous faut donc davantage de culture générale, et non pas moins, et seuleme
992 ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
993 es équivalents modernes du cheval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des o
994 eval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs et destructeu
995 ns leur expliquer les dangers et les bienfaits de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
996 uer les dangers et les bienfaits de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
997 leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
998 deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
999 tout le monde parle et que tout le monde exige de nous , une assistance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons
1000 ance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
1001 ette culture qui n’est pas seulement la source de nos inventions mais la seule garantie d’un progrès véritable. L’avenir de
1002 éritable. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développeme
1003 e dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
1004 té d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seul
1005 développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seulement dans les ind
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
1006 Le Temps de la louange (été 1961)ac Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans
1007 c Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures du ma
1008 ulait savoir son avenir. Ce que je sus, c’est que nous aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il devenait mo
1009 ou simplement par la révolte. Car il croyait que notre incohérence aveugle avait un sens ailleurs, heureux et grand pour l’â
1010 tains indices — nombres, accords, réminiscences —  nous laissaient pressentir l’empire. Ici-bas régnaient l’à-peu-près, l’inj
1011 ascinait, ou comme celle, un peu clandestine, que nous poursuivions à Genève. Une espèce de rêve impérial d’autorité sans po
1012 grenu » de la vie brève, et qu’il deviendra parmi nous , pour quelques-uns, dans le temps signifiant de l’esprit, temps de lo
1013 fiant de l’esprit, temps de louange au « Dieu qui nous traverse ». ac. Rougemont Denis de, « Le Temps de la louange », Ca
24 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
1014 tésiennes, aient été premièrement illustrées dans notre langue par ses écrits : fait d’histoire mais non pas de présence cont
1015 non pas de présence continuée. Ce qu’on entend de nos jours par « la littérature » dans les milieux où elle se crée et se c
1016 r la raison qu’elle enrichit ceux qui la suivent, nous dit-il. Dieu toutefois me fit tourner bride… Ayant donc reçu quelque
1017 ’un des rares livres qui aient changé le cours de notre histoire occidentale. Et de nouveau, il fuit devant l’éclat que fait
1018 i vers des buts et dans une action à quoi rien ne nous inclinait. J’étais l’homme le moins fait pour cela ! gémit l’individu
1019 urée par sa vocation ; comme aussi ses défauts, à notre goût du jour. Il est moins séduisant qu’impérieux, moins impérieux po
1020 u bon sens et du langage quotidien de son temps : nous jugeons pittoresques, par erreur, des tours qui ne voulaient qu’être
25 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
1021 fin d’après-midi dorée, avec Ortega y Gasset, et nous parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sorte de prémonitio
1022 esprit. Mais quelques jours plus tard, à Orléans, nous entendions ensemble Jeanne au bûcher, de Paul Claudel et Arthur Honeg
1023 s large as life and twice as natural comme le dit notre ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplicité grande, s
26 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
1024 questions me paraît vital, et non seulement pour notre Fondation, mais pour tous ceux qui ont travaillé depuis longtemps à f
1025 ation politique, — qui effraye encore beaucoup de nos États. Les problèmes culturels ne seraient par conséquent que des pro
1026 , est en fait partagée par les élites sociales de notre continent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la
1027 ntinent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la culture avec ceux de l’URSS et des USA, puissances mode
1028 quelque 300 fondations culturelles existant dans nos pays, qui ne se chiffre qu’en millions de francs, marks ou florins. M
1029 n d’être fini ! Selon la plus célèbre équation de notre époque, celle d’Einstein, l’énergie est égale au produit de la masse
1030 gnant l’Europe par E, la petite masse physique de notre continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semb
1031 ue de notre continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semblable et non moins chargée de conséquences 
1032 ances du xxe siècle, — très largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos p
1033 s largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! —  nous commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool
1034 eurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool leurs ressources, trop longtemps divisée
1035 ins de culture européenne. L’obstacle principal à notre union réside dans les esprits, non dans les faits. C’est donc dans le
1036 squ’à Coudenhove-Kalergi, Briand et Churchill, de nos jours, — depuis six siècles donc, les meilleurs esprits et les meille
1037 t n’ont cessé de préconiser une union fédérale de nos peuples, respectant leurs diversités. Aux premiers vous direz : votre
1038 e serait sans nul doute plus conforme au génie de nos peuples divers, mais voilà six-cents ans qu’elle échoue dans tous ses
1039 x termes ensemble. Tel est le secret spirituel de notre avenir. L’énergie tout à fait extraordinaire qu’ont dégagée les peupl
1040 onde, a sa source dans les tensions produites par nos diversités, — de religions, de races et de coutumes, d’idéologies, d’
1041 ns, et l’Europe a risqué d’en périr. Insister sur nos seules diversités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifi
1042 versités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifier dans un cadre rigide détruit l’Europe spirituellement. Le com
1043 ’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de nos pauvres conditions physiques. De la culture aussi sont venues nos div
1044 itions physiques. De la culture aussi sont venues nos divisions, presque mortelles. De la culture enfin doit venir le remèd
1045 elles. De la culture enfin doit venir le remède à nos maux, et il est double : réduire les préjugés nationalistes, qui s’op
1046 ces principes en termes d’activités culturelles. Nous voyons que le programme commun des instituts, mouvements et associati
1047 tituts, mouvements et associations de culture que notre Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes 
1048 u xxe siècle — en s’appuyant sur la diversité de nos langues. La première tâche sera donc d’illustrer l’unité de base de t
1049 mune des Européens est beaucoup plus ancienne que notre présent découpage en États qui se disent « souverains » mais qui sera
1050 he consiste à prendre au sérieux les principes de notre culture occidentale, et d’abord à les mieux connaître. Que servirait
1051 départ à un échec sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairemen
1052 sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairement à l’Asie et à l
1053 re chose. Mais sans l’action éducatrice de toutes nos forces culturelles, décuplées par une aide puissante que l’économie s
1054 ront à la freiner. Et les Autres arriveront avant nous à des positions de puissance dont ils ne manqueront pas d’abuser cont
1055 ont pas d’abuser contre l’homme, du moins tel que nous le concevons. En admettant qu’une armature d’institutions s’impose to
1056 e armature d’institutions s’impose tout de même à nos peuples passifs, si les forces de culture ne l’animent pas, une Europ
1057 ue vide. L’apport vital des forces culturelles à notre intégration consiste donc d’abord à préparer le terrain pour les mesu
27 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
1058 et stratégique du Saint-Gothard dès les débuts de notre histoire. Le 11 mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Holland
1059 de Berne, qui a demandé quelques volontaires. Il nous expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’a
1060 ui a demandé quelques volontaires. Il nous expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’arrêter à la p
1061 oi de la Suisse alémanique. En sortant du studio, nous apprenons que Paris vient d’être bombardé pour la première fois. Dans
1062 bombardé pour la première fois. Dans le train qui nous ramène à Berne le lendemain matin, je dis à Spoerri : « Si la France
1063 t tentés de céder à diverses pressions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je
1064 ssions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au
1065 . Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine. Notre projet me travaille. Spoerri insiste, agit. Des contacts sont pris à
1066 . Des contacts sont pris à droite et à gauche. On nous approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idé
1067 t pris à droite et à gauche. On nous approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idée qui s’incarne, q
1068 s’il est bien à la mesure du tragique dans lequel nous baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colonel M. et aux autres camar
1069 ave, c’est… très grave ! Terminé. — Terminé. Bon. Nous verrons cela demain matin. Arriver à sept heures tapantes au bureau,
1070 rriver à sept heures tapantes au bureau, surtout. Notre projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour
1071 e convoquer pour le 22 juin les dix personnes que nous avons « contactées » ces jours derniers. Secret bien gardé jusqu’ici.
1072 di. C’était sérieux. Attaques de saboteurs contre nos aérodromes. Mais on veillait partout. Hier soir, des barrages ont été
1073 n 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : «  Nos lecteurs se souviennent sans doute de l’étude du journaliste anglo-su
1074 iste anglo-suisse Jon Kimche parue cet hiver dans nos colonnes et consacrée à certains aspects souterrains — ou simplement
1075 pects souterrains — ou simplement peu connus — de notre histoire pendant le dernier conflit mondial. Dans cet ouvrage, Kimche
1076 ute à ceux qui auraient pu être tentés d’intégrer notre pays au système du Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisa
1077 les objectifs eurent sa sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute acti
1078 sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute action directe de ces mouveme
1079 de Rougemont, témoin et acteur de ces événements nous a envoyé certains feuillets de son journal de juin et juillet 1940 qu
1080 juillet 1940 qui les éclairent et les expliquent… Nous avons choisi de publier ces pages en cette fin de juin, à peu près à
28 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
1081 peut y apparaître dans un instant des hommes qui nous tireront dessus. Je n’ai même plus mon pistolet, que je déposais chaq
1082 heure, les nouvelles de l’action entreprise pour notre « défense à tout prix ». (Beaucoup de précautions sont nécessaires, c
1083 0 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de notre petite maison du Gurten. Je prends la position. Il tient dans chaque
1084 a quelques jours. En ce moment même, chez Mottu, nos conjurés sont réunis pour la fondation du mouvement de résistance à t
1085 des éditoriaux parlent déjà de « la nécessité de nous adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin 1940 Repris mon service à la s
1086 cées, j’ai eu le temps de rédiger le manifeste de notre mouvement, qui a pris le nom de « Ligue du Gothard », pour ma plus gr
1087 de l’horizon politique, décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suis
1088 politique, décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’
1089 Confédérés peuvent s’unir dans leurs diversités… Nous n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse dans le présent et pour
1090 tenir la Suisse dans le présent et pour l’avenir. Nous ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fie
1091 ous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses. Ce texte va paraître
1092 a paraître dans 74 journaux du pays. Dans chacun, nous avons acheté une page entière. (Formule de la publicité politique ou
1093 que aux États-Unis.) Frais payés sur la somme que nous a remise le capitaine E., l’un des chefs de la ligue des officiers —
1094 propos du cessez-le-feu en France, il a parlé de notre « soulagement » ! Cela peut s’entendre de diverses manières, mais l’u
1095 des membres du Directoire de la Ligue, soit avec notre seul homme de liaison entre la Ligue dans l’armée et la Ligue civile 
1096 nt Lindt41. Une maison de Berne, à double entrée, nous permet des contacts discrets avec les représentants de la Ligue dans
1097  ! Beaucoup de lettres, de pamphlets, d’articles, nous accusent tour à tour de tendances fascistes, ou marxistes, ou corpora
1098 dances fascistes, ou marxistes, ou corporatistes. Nos vrais « meneurs de jeu » seraient à la fois : la grande industrie, le
1099 old, dont on annonce par ailleurs la démission de notre Directoire : or il n’en a jamais été membre. Rien de plus normal. En
1100 s toute l’ampleur du péril, c’est bien le tout de notre vie suisse et non pas tel parti plutôt qu’un autre, qui est radicalem
1101 urnent. Le Conseil fédéral paraît hésitant. Selon nos renseignements très précis, certains de ses membres seraient prêts à
1102 cette manière d’aller dire à un gouvernement : «  Nous vous avertissons qu’il existe un complot pour vous renverser, et que
1103 ’il existe un complot pour vous renverser, et que nous en sommes les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croya
1104 les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croy
1105 ement, si le gouvernement nous croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche
1106 l devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Li
1107 e arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule. En
1108 élégation comprit très bien qu’il s’agissait pour nous d’appuyer les durs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral deva
1109 ire peur aux mous. Le Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme
1110 Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanm
29 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
1111 divers cantons, n’auraient pas vu si tôt le jour. Nous savons qu’en réunissant des efforts jusqu’ici dispersés et des groupe
1112 ci dispersés et des groupements naguère hostiles, nous créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la s
1113 ous créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est g
1114 ion et nous marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la
1115 ons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres
1116 la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu
1117 ppel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notr
1118 et 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notre dispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient
1119 ispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient vrai ! Profonde impression dans l’armée et dans la popul
1120 Zurich, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route pre
1121 ch, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route presque
1122 une voiture militaire ouverte ralentit le long de nos petits groupes. Un jeune lieutenant inconnu de moi saute à terre, fai
1123 vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont nous avions rêvé sans oser croire qu’en quelques mois il deviendrait une r
1124 litairement moins forte et moins bien alertée. Et notre petit mouvement de résistance, pour préventif qu’il soit resté, eût c
1125 , pas beaucoup dire. Me taire ou ne parler que de notre belle nature me semblait également intolérable, tant qu’Hitler séviss
1126 dans la lutte en cours, provisoirement perdue sur notre continent, l’élément décisif allait venir et ne pouvait venir que de
1127 résistance paraissait s’émousser chez certains de nos compatriotes impressionnés par l’ampleur des succès nazis (voir La T
30 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
1128 tion débridée court vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussit
1129 rt vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par l
1130 s le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par le rappel d’échecs ou d
1131 ent debout, essayons d’avancer dans l’inconnu que nous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais
1132 ous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d
1133 ut-être nous transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d’estimer l’ordre de grandeur des changemen
1134 s changements qu’apporteront les dix-huit ans qui nous séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont apportés les d
1135 els changements ont apportés les dix-huit ans qui nous séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’Ouest a passé
1136 personne n’osait le croire ou le redouter. Sommes- nous autorisés à prolonger les lignes de cette récente évolution et à prév
1137 e l’alliance atlantique ; l’anarchie continuée de nos relations avec le tiers-monde, d’où l’affaiblissement général des pos
1138 sont probablement moins essentiels que ceux dont nous fûmes les témoins depuis la dernière guerre, mais ils sont plus spect
1139 e possible par l’union économique et politique de nos pays, et d’autre part l’accroissement de la population et l’urbanisat
1140 tains, aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi nous devons choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans,
31 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
1141 La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)as Anciens villages et villes
1142 curieusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
1143 eusement les photos prises du haut des airs, nous nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
1144 ans trop d’erreurs les structures essentielles de notre civilisation. Un service religieux, une séance du conseil municipal,
1145 traient de trouver quelques-uns des secrets (pour nous trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire de la communauté s
1146 de centralisation systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
1147 emont Denis de, « La commune, base essentielle de notre civilisation », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p.