1
la plus belle harmonie. Héraclite Reconnaître
nos
différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
2
penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui
nous
distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
3
ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui
nous
est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
4
ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de
nos
diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
5
it des temps, et noyant les problèmes concrets de
notre
siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
6
véleront un jour complémentaires, d’une façon qui
nous
demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
7
encore indescriptible, mais dont le pressentiment
nous
accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
8
les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de
notre
histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
9
e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à
nos
jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
10
même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec
notre
âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
11
ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du
nôtre
. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
12
ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de
notre
siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
13
s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans
nos
villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
14
Pour passer du sens géographique et historique de
nos
deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
15
de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi,
nous
ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une i
16
celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de
notre
vie terrestre.) Dans son Récit de l’exil occidental de l’âme, Sohrawa
17
ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à
nos
jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
18
a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à
nos
deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
19
du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes.
Nous
aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
20
terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de
nos
deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
21
e la Perse au Japon bénéficie très largement dans
nos
esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
22
Japon bénéficie très largement dans nos esprits.
Nous
verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
23
son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si
nous
passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
24
la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «
Nous
cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
25
on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus
nous
connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
26
nnaissons les choses particulières, d’autant plus
nous
connaissons Dieu. » (Spinoza) Ainsi se croisent les doutes, et parfoi
27
européen, ni de plus véritablement communautaire.
Nous
avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
28
urifient par l’isolement, comme le veut la magie,
nous
prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
29
ns une identité inexprimable, au sein de laquelle
nos
conceptions de liberté, action, de personne et d’histoire n’ont plus
30
l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. »
Nous
y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
31
ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que
nous
inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
32
et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel
nous
devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
33
épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons
nous
enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
34
Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui
nous
rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
35
appeler la richesse en contradictions apparentes.
Nos
mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
36
tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas
nos
mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
37
s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de
nos
croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
38
sur la négation de nos croyances communes, et de
nos
institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
39
itutions. Ils représentent le point d’Orient dans
notre
sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
40
urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de
nos
deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
41
s occidentaux n’est pas moins significative, pour
notre
objet présent que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux étab
42
t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de
notre
Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
43
, selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ?
Nous
ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
44
Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais
nous
le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
45
moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car
nous
le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
46
e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne
nous
innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
47
lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire,
notre
foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
48
sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi
nous
condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
49
ans contradiction ni remords. Elle est divine, et
nous
sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
50
ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier
notre
délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
51
ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données
nous
oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
52
partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous
nos
yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
53
us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à
nos
jours. 9. Cf. Hans Hasso von Veltheim : Tagebücher aus Asien, Hambur
54
mporte quelle direction pour sentir la réalité de
notre
unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
55
communauté de culture qui échappe si facilement à
nos
définitions, mais si difficilement au regard des Autres. Vue de dehor
56
de dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que
nous
vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
57
ec le plus d’emphase sur la nature universelle de
nos
problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
58
, faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir
notre
vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
59
nt à cause des profondes différences qui séparent
nos
nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
60
alités nationalistes, mais on sacrifie en passant
notre
tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
61
e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On
nous
dit que les contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Con
62
ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à
nos
intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
63
te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne
nous
est pas mieux connue que ses limites. L’Europe ne serait-elle donc p
64
vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de
notre
temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
65
ues se constituer, à partir du xviiie siècle. On
nous
rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
66
des Européens est tout de même plus ancienne que
notre
découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
67
es accidentelles et souvent fort récentes d’un de
nos
États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
68
ives ont cessé d’être nationales au xxe siècle ?
Notre
économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
69
’être nationales au xxe siècle ? Notre économie,
nos
techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
70
laient à l’épreuve les fameuses souverainetés que
nos
ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
71
n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-
nous
de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
72
e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons-
nous
aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
73
ée serait seule en mesure de sauver le concret de
nos
vies nationales, et n’en sacrifierait que l’illusoire, j’entends ce q
74
éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous
nos
peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
75
en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de
nos
nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
76
t de culture au sens large. Prendre conscience de
notre
appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
77
n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 7.
Nous
débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
78
éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet,
nos
diversités constituent le ressort principal de notre créativité, dans
79
os diversités constituent le ressort principal de
notre
créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
80
la seule et même exigence d’une union fédérale de
nos
peuples. 14. Emmanuel Berl, « Hors du réel », La Table ronde, janvi
81
En réponse au post-scriptum d’Emmanuel Berl, que
nous
lui avons fait parvenir avant publication, Denis de Rougemont nous a
82
it parvenir avant publication, Denis de Rougemont
nous
a envoyé la lettre suivante. » Dans le même numéro où paraissait l’ar
83
ngroise.) Cinquante ans d’analyses pessimistes de
notre
société et de son destin ont culminé dans l’utopie de George Orwell 1
84
e fut assez pour justifier le scepticisme amer de
nos
élites à l’égard de l’idée de progrès. Croire « encore » au progrès d
85
au nom de la réaction ou de la révolution, ils ne
nous
parlaient plus que d’une Crise de l’Esprit, d’une Décadence de l’Occi
86
pessimisme européen, par cette lettre fameuse qui
nous
rappelle d’abord que notre civilisation est mortelle comme les autres
87
ette lettre fameuse qui nous rappelle d’abord que
notre
civilisation est mortelle comme les autres et prédit à la fin que nou
88
mortelle comme les autres et prédit à la fin que
nous
allons vers la « parfaite et définitive fourmilière » ? On pourrait m
89
. À partir de 1919, les influences dominantes sur
nos
élites créatrices sont celles de Nietzsche, de Rimbaud, de Kierkegaar
90
ient puissamment modelé le xxe siècle et modifié
notre
approche du réel. Cependant les déterminismes qu’ils croyaient avoir
91
utôt leur influence qui allait les instaurer dans
nos
esprits, se voient aujourd’hui démentis. L’élargissement de la consci
92
« mouvement de l’histoire » un mauvais alibi pour
nos
démissions personnelles. Le droit d’opposition redevient créateur. Et
93
ntelligentsia à confondre ce rêve d’angoisse avec
notre
avenir historique, à tenir cette logique démente pour l’annonce d’une
94
iser le cours de cette fatalité et pour renverser
nos
destins ? Le traumatisme provoqué par la brève tragédie hongroise et
95
nées. Un certain déterminisme économique semblait
nous
conduire sans merci vers le triomphe du plan total, ordonnant toute l
96
n’empêche que l’URSS est l’avenir ! », répéteront
nos
maniaques de l’Histoire. Drôle d’avenir, qui s’essouffle à rejoindre
97
ans l’esprit des nationalistes attardés. Aucun de
nos
États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans le
98
commencera un purgatoire de mille ans. » Au fait,
nous
en sommes là, ce n’est plus une hypothèse. L’Histoire dépend de nouve
99
hypothèse. L’Histoire dépend de nouveau de ce que
nous
en ferons, et non plus d’une courbe mythique, d’une Évolution bien tr
100
chercher le sens de l’Histoire, alibi du refus de
notre
vocation ; apprenons à le décider. Troisième illusion fataliste : «
101
s à le décider. Troisième illusion fataliste : «
Nous
allons vers le règne des robots. » — Les machines envahissent nos vie
102
le règne des robots. » — Les machines envahissent
nos
vies, nous allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos
103
es robots. » — Les machines envahissent nos vies,
nous
allons devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà nos corps, dic
104
s devenir leurs esclaves. Elles asservissent déjà
nos
corps, dictent nos gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu
105
laves. Elles asservissent déjà nos corps, dictent
nos
gestes et le rythme de nos journées. Encore un peu, et les cerveaux é
106
éjà nos corps, dictent nos gestes et le rythme de
nos
journées. Encore un peu, et les cerveaux électroniques dicteront nos
107
e un peu, et les cerveaux électroniques dicteront
nos
pensées par radio. Adieu Nature, flânerie, méditation sans but ! La m
108
tion sans but ! La monotonie mécanique va dominer
nos
existences disciplinées. C’en sera fait de la liberté, et du droit d’
109
lettre, et donc fautive. Les machines envahissent
nos
vies ? Si seulement ! Car elles sont très chères. Mais jamais une Tal
110
uriosité. Le règne des machines, à vous entendre,
nous
isolerait de la Nature ? Mais je vois au contraire que l’express et l
111
’on ne leur ait prescrit. Qu’ils travaillent pour
nous
, c’est tant mieux. Mais si vous me dites qu’ils vont penser pour vous
112
de la légende déchaînait une force inconnue. Mais
nos
savants font tout le contraire : ils domestiquent des énergies décelé
113
Le problème de la liberté. Le problème du sens de
nos
vies… Je propose à nos philosophes du déclin de la bourgeoisie, du d
114
é. Le problème du sens de nos vies… Je propose à
nos
philosophes du déclin de la bourgeoisie, du déclin de l’Occident, du
115
le de rumination pessimiste, longtemps justifiée,
nous
le savons, mais qui court désormais le danger de survivre aux dangers
116
ropose une idée renouvelée du Progrès, au-delà de
nos
illusions mais aussi de nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissemen
117
u Progrès, au-delà de nos illusions mais aussi de
nos
scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de nos biens, ni la soluti
118
nos scepticismes. Ce n’est pas l’accroissement de
nos
biens, ni la solution de nos maux, car toute solution concevable sera
119
s l’accroissement de nos biens, ni la solution de
nos
maux, car toute solution concevable serait la fin de notre liberté. J
120
x, car toute solution concevable serait la fin de
notre
liberté. J’imagine au contraire le progrès véritable dans l’accroisse
121
ns songer à l’auteur de ce Nicolas de Flue dont
nous
n’avons pas encore eu la représentation scénique, nous satisfaisant d
122
n’avons pas encore eu la représentation scénique,
nous
satisfaisant de la version en oratorio qui a été tirée de cet opéra o
123
de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées.
Nous
l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
124
niveau du contact brutal entre leurs coutumes et
nos
armes, leur sagesse quotidienne et nos machines. Nos péchés sont cria
125
outumes et nos armes, leur sagesse quotidienne et
nos
machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
126
armes, leur sagesse quotidienne et nos machines.
Nos
péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
127
s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas
nos
grandeurs, car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
128
Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur
nos
valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
129
ormule la plus simple, je crois : la diffusion de
nos
valeurs n’est pas co-extensive avec celle de nos produits et n’en est
130
nos valeurs n’est pas co-extensive avec celle de
nos
produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
131
les produits d’ordres divers qui ont caractérisé
notre
civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
132
ôle des naissances. Ce tableau de la diffusion de
notre
civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
133
u d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer
nos
machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
134
Ici, l’on se contente d’importer nos machines et
nos
armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
135
ente d’importer nos machines et nos armements, là
nos
formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
136
e fraction de son intelligentsia décide d’adopter
nos
conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
137
us rarement, secrètement, parfois inconsciemment,
nos
valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
138
us voyants et les plus récemment mis au point par
notre
civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
139
ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de
nos
produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
140
le rythme d’expansion de nos produits et celui de
nos
valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
141
en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous
nous
envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
142
voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela
nous
amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
143
tout un monde de valeurs complètement étranger à
nos
croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
144
jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de
notre
gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
145
achine exportée est, en fait, un cheval de Troie.
Nous
avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
146
t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué
nos
guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
147
Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré
nos
fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
148
nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais
nous
ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
149
de l’invention et de la compréhension de la vie.
Nos
machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
150
et de la compréhension de la vie. Nos machines et
nos
raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
151
ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements,
nos
formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
152
liquer et les faire vivre. Les trois aspects de
notre
message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
153
à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui
nous
demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
154
agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer
nos
valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
155
t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils
nous
obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
156
ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à
nous
interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
157
igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans
nos
façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
158
sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et
nos
conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
159
ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que
nous
croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
160
réviser sous leur regard méfiant les illusions de
notre
« universalisme » ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord l
161
rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans
nos
chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
162
ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que
nos
produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
163
les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que
nos
principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais principa
164
ficiellement invoqués, mais principalement contre
nous
, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
165
contre nous, et dans la mesure où ils condamnent
notre
présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
166
sure où ils condamnent notre présence ; enfin que
nos
valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
167
produits et ces principes procèdent en réalité de
nos
valeurs, et ne trouvent que par elles, dans le champ magnétique qu’el
168
s, révélé, voire sauvé, selon saint Paul. Quant à
nos
principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
169
, plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de
nos
institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
170
ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie
nous
en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
171
et radicales se conçoivent : ou bien garder pour
nous
ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
172
bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer
nos
valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
173
es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que
nos
créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
174
ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il
nous
reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
175
nture occidentale de l’homme , a été analysé dans
notre
n° 3. M. de Rougemont dirige le Centre européen de la culture à Genèv
176
pprimées en Europe ? Telle était la règle du jeu.
Nous
ne demandions pas comment faire pour obtenir l’union économique, mais
177
on économique, mais supposant le problème résolu,
nous
désirions savoir, comme l’électeur moyen, ce qui se passerait alors,
178
isemblance. Que la répugnance professionnelle de
nos
séminaristes à « jouer » ainsi — répugnance sensible dans celles des
179
vec lequel ils ont essayé néanmoins de répondre à
notre
question. Nous nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’i
180
nt essayé néanmoins de répondre à notre question.
Nous
nous étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de
181
sayé néanmoins de répondre à notre question. Nous
nous
étions efforcés de les persuader dès l’abord qu’il importait de rédui
182
de l’union, sans avoir toujours calculé son prix.
Nos
économistes se sont réunis deux fois, à six mois de distance, et leur
183
elle, et la mise au point réciproque. Que pouvons-
nous
attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner après
184
proque. Que pouvons-nous attendre de ces études ?
Nous
nous sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique q
185
e. Que pouvons-nous attendre de ces études ? Nous
nous
sommes refusés à leur donner après coup le tour journalistique qui le
186
éenne existe. C’est même elle, et elle seule, qui
nous
permet de parler de l’Europe comme d’une unité existante, sur laquell
187
e, sur laquelle il devient possible de construire
notre
union nécessaire. Ceux qui disent redouter on ne sait qu’elle « unifo
188
utionne plus19. Le seul problème sérieux qui doit
nous
occuper est le suivant : étant donné qu’il faut unir l’Europe pour le
189
onné qu’il faut unir l’Europe pour les motifs que
nous
indique clairement la conjoncture mondiale du xxe siècle, la culture
190
’efforcer de réduire les résistances invétérées à
notre
union, les « blocs psychologiques » créés dans nos esprits par une ma
191
re union, les « blocs psychologiques » créés dans
nos
esprits par une mauvaise éducation scolaire depuis un siècle, ou résu
192
un siècle, ou résultant de maladies chroniques de
notre
culture millénaire. On ne fera pas l’Europe sans sa culture, car ce
193
nde et manifeste l’unité qui est la vraie base de
notre
union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisions mo
194
nd de voir…) Et certes il fallait dire : unissons-
nous
! Certes, il fallait ratifier des traités. Mais voilà qui est fait dé
195
e « cultures nationales » et de « l’éternité » de
nos
États-nations (formés pour la plupart depuis moins de cent ans…) 2° I
196
e la culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950.
Nous
y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à
197
plusieurs centaines de titres, parus dans toutes
nos
langues, sans parler de milliers de brochures. Cet effort est immense
198
milliers en Amérique du Nord. Il serait temps que
nos
États prennent conscience de ces deux vérités primordiales, à savoir
199
ralliant les forces vives de la culture dans tous
nos
peuples, et en leur offrant : un lieu de rencontre, des instruments d
200
, et l’initiative de la création du CERN, bornons-
nous
à décrire les trois principaux champs d’activité entre lesquels se ré
201
ce aux formes de pensée et de vie qui définissent
notre
culture et notre civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autr
202
pensée et de vie qui définissent notre culture et
notre
civilisation, au-delà des nations actuelles ; d’autre part, exposer l
203
temps. Le Centre a donc suscité dans plusieurs de
nos
pays des expériences-pilotes d’éducation européenne prenant appui s
204
ucateurs où se trouvent représentés la plupart de
nos
pays (y compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin,
205
ources de la vitalité et des tensions fécondes de
notre
culture. Il ne s’agit nullement de les uniformiser. Cependant, il est
206
immenses qui naissent du contact inévitable entre
notre
civilisation libérale et technique d’une part, et les civilisations d
207
d’autre part, appellent des solutions qu’aucun de
nos
États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à lui
208
se fait jour. Le besoin d’une coordination entre
nos
forces culturelles, et le besoin de représentation commune de ces for
209
commune de ces forces vis-à-vis du reste du monde
nous
appellent et nous poussent dans le même sens. Rien de plus efficace p
210
ces vis-à-vis du reste du monde nous appellent et
nous
poussent dans le même sens. Rien de plus efficace pour unir nos élite
211
ans le même sens. Rien de plus efficace pour unir
nos
élites que la confrontation de leurs diversités avec d’autres culture
212
rieur, l’Europe forme un tout évident. En retour,
nos
différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec l
213
e précisément la communauté de traditions de tous
nos
peuples. Le Rhin serait une frontière naturelle, mais le Danube et le
214
formes d’expression que la guerre ? Ici, Freud va
nous
étonner. D’une part, il fait appel (« sans rougir », mais vaguement)
215
aris, le président du Conseil criait au monde : «
Nous
opposerons au droit de la Force, la force du Droit ! » Traduite dans
216
aux chars d’Hitler une forte page de rhétorique.
Nous
voici donc ramenés à la nécessité d’une autorité supérieure à celle d
217
le pouvoir central soit obéi… Or, prenez garde :
nous
sommes en 1932. Einstein déplore que le super-État qu’il rêve soit dé
218
r le second élément fédérateur qu’indiquait Freud
nous
fait encore défaut : comment imaginer ce sentiment commun — idéal ou
219
ui provoquerait l’union du genre humain ? Devrons-
nous
aller dans la Lune pour en éprouver le saisissement, ou plus loin, da
220
. Ce raccourci demande quelques explications, qui
nous
obligent à un rappel des origines. Les manuels d’histoire suisse donn
221
durer à perpétuité ». De fait, il a duré jusqu’à
nos
jours. Mais ses auteurs étaient bien loin de se douter qu’ils fondaie
222
’égard des autres. Presque toutes les erreurs que
nous
avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sou
223
toutes les erreurs que nous avons vu commettre de
nos
jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration22. » Nou
224
ont eu leurs précédents sous la Restauration22. »
Nous
verrons également que cette époque a connu toutes les raisons que l’o
225
rains et non de députés des peuples : « Lequel de
nous
n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales
226
es masses : « Oui, l’idée d’une commune patrie ne
nous
est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps m
227
timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout
nous
le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
228
ique, des mœurs, des antécédents, une langue, qui
nous
distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses
229
s, une langue, qui nous distingue des confédérés,
nous
ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrific
230
s, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui
nous
engagerait au sacrifice de notre nationalité. » Un autre député quali
231
dre de choses qui nous engagerait au sacrifice de
notre
nationalité. » Un autre député qualifiait de « chimère » l’idée d’une
232
qui ne devait plus être remis en question jusqu’à
nos
jours. L’essor économique, social et culturel de la nouvelle Suisse u
233
locales et d’établir un lien fédéral efficace. De
nos
jours encore, ceux qui s’intitulent « fédéralistes », en Suisse, sont
234
ont les partisans d’une union institutionnelle de
nos
pays. Cette contradiction apparente et purement verbale s’explique pa
235
ont cantonales et locales, jusqu’au xixe siècle.
Nous
ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 2
236
est l’accroissement du risque humain ; secret de
notre
ordre et aussi de notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de no
237
risque humain ; secret de notre ordre et aussi de
notre
désordre ; vertu de notre foi, et aussi de notre inquiétude, insépara
238
notre ordre et aussi de notre désordre ; vertu de
notre
foi, et aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un h
239
notre désordre ; vertu de notre foi, et aussi de
notre
inquiétude, inséparable de la condition d’un homme localement détermi
240
mentales, et que chacun peut vérifier sans peine,
nous
font voir que l’Europe se définit d’abord par sa fonction mondiale et
241
le monde : il n’en connaissait qu’un canton. Mais
nous
ne sommes pas victimes d’une illusion semblable lorsque nous constato
242
mes pas victimes d’une illusion semblable lorsque
nous
constatons que tous les peuples d’une planète entièrement inventoriée
243
nète entièrement inventoriée adoptent aujourd’hui
nos
sciences et nos techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes pol
244
inventoriée adoptent aujourd’hui nos sciences et
nos
techniques, nos arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus
245
ptent aujourd’hui nos sciences et nos techniques,
nos
arts et notre hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas
246
d’hui nos sciences et nos techniques, nos arts et
notre
hygiène, nos formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos vale
247
ces et nos techniques, nos arts et notre hygiène,
nos
formes politiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs, nos déli
248
s formes politiques, et plus souvent, hélas ! que
nos
valeurs, nos délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tr
249
tiques, et plus souvent, hélas ! que nos valeurs,
nos
délires caractéristiques, dont le nationalisme est un tragique exempl
250
tous les peuples de Bandung. Désormais délivré de
notre
impérialisme qui avait su respecter les mandarins, le quart chinois d
251
e quart chinois de l’humanité se met à l’école de
nos
techniques, de notre hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réci
252
l’humanité se met à l’école de nos techniques, de
notre
hygiène et de notre alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore o
253
l’école de nos techniques, de notre hygiène et de
notre
alphabet. Nul mouvement réciproque n’est encore observé, ni même pres
254
œur du monde, et jamais plus qu’au siècle où, par
nos
œuvres et nos techniques, toutes les autres parties de la Terre sont
255
et jamais plus qu’au siècle où, par nos œuvres et
nos
techniques, toutes les autres parties de la Terre sont mises en commu
256
culation planétaire. Qui peut en dire autant dans
notre
siècle ? Les uns m’en paraissent incapables, et d’autres n’en ont le
257
ins… Sauf si ces Asiatiques ont été les sujets de
nos
États colonialistes : ils exceptent aussitôt cet État de la communaut
258
devant un congrès d’étudiants internationaux : «
Nous
détestons pour telle raison précise les Anglais, les Français, les Po
259
is, les Français, les Portugais, mais en revanche
nous
aimons d’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne
260
’amour l’Europe entière et sa culture. » Aucun de
nos
pays ne peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’Europe tout
261
erselles que dans la mesure où elles résultent de
nos
variétés infinies et de leur équilibre en tension. L’impossible sol
262
és internes de l’union. S’il est vrai qu’aucun de
nos
pays ne peut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe de
263
circuler, mais qui ne sauraient plus la protéger,
notre
Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
264
r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de
nos
pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
265
ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
nos
pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
266
e règne encore sur l’affectivité de la plupart de
nos
hommes d’État, victimes généralement vertueuses d’un vocabulaire péri
267
isme de cadets, explique seul que la politique de
nos
États se veuille encore absurdement « indépendante », en dépit des pl
268
cause d’histoires très récentes. Ainsi tout sert
nos
souverainetés, tout leur est bon pour croire qu’elles existent encore
269
rainetés nationales, irréductibles mais fictives.
Nous
voyons converger vers l’union de l’Europe les nécessités individuelle
270
e l’Europe les nécessités individuelles de toutes
nos
nations, sans exception, et les nécessités collectives de la conjonct
271
el régime n’aille pas sans grands risques, toutes
nos
guerres le démontrent à l’envi. Mais le risque de courts-circuits ne
272
rnation, d’autarcie, ou d’hégémonie continentale.
Nos
États se définissent depuis des siècles par les frontières de leur do
273
e unie, et cela depuis le congrès de La Haye dont
nos
journaux parlèrent à peine (Staline avait autorisé, pour ce jour-là p
274
l au monde. Quelles sont les chances actuelles de
notre
union, en d’autres termes, les chances de l’Europe ? Celles de la civ
275
anétaire (et sans rivaux sérieux, j’y reviendrai)
nous
oblige à revoir certaines catégories devenues traditionnelles — depui
276
aditionnelles — depuis deux ou trois siècles — de
notre
philosophie de l’histoire. De Montesquieu et de Gibbon au xviiie , ju
277
on au xviiie , jusqu’à Spengler et à Toynbee dans
notre
siècle, en passant par les philosophes du romantisme qui n’avaient pa
278
abitude de pensée pessimiste s’est installée dans
nos
esprits. Non seulement nous avons appris que toutes les civilisations
279
e s’est installée dans nos esprits. Non seulement
nous
avons appris que toutes les civilisations sont mortelles, mais nous c
280
que toutes les civilisations sont mortelles, mais
nous
croyons savoir pourquoi : toute grandeur serait suivie nécessairement
281
ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la
nôtre
, sont-elles mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été préservées e
282
le Laboratoire européens, pour être diffusées de
nos
jours sur toute la terre ? Il s’en faut de beaucoup que leurs rivales
283
tération, ou simplement la reprise des charges de
notre
civilisation ? Les USA ? Ils s’européanisent en profondeur, plus rapi
284
? L’Afrique ? Elles paraissent moins critiques à
notre
égard, et plus promptes à nous imiter, le pire inclus, et moins innov
285
moins critiques à notre égard, et plus promptes à
nous
imiter, le pire inclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre no
286
nclus, et moins innovatrices que beaucoup d’entre
nous
, chrétiens ou athées pour qui le doute est une forme essentielle du c
287
présumant que plus d’un l’approuvera : en perdant
notre
Europe vivante, le monde perdrait aussi les secrets et recettes d’un
288
main ; et ce ne sont pas seulement les secrets de
notre
ordre, mais aussi de notre désordre ; pas seulement les vertus de not
289
ulement les secrets de notre ordre, mais aussi de
notre
désordre ; pas seulement les vertus de notre foi, mais aussi de notre
290
i de notre désordre ; pas seulement les vertus de
notre
foi, mais aussi de notre inquiétude, inséparable de la condition d’un
291
seulement les vertus de notre foi, mais aussi de
notre
inquiétude, inséparable de la condition d’un homme fini et localement
292
ropéen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent
nous
parler de notre éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais
293
sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de
notre
éclipse. C’est ce paradoxe planétaire que je voudrais d’abord examine
294
919, Paul Valéry écrivait cette phrase célèbre :
Nous
autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelle
295
ette phrase célèbre : Nous autres civilisations,
nous
savons maintenant que nous sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam
296
autres civilisations, nous savons maintenant que
nous
sommes mortelles. Et il ajoutait : Elam, Ninive, Babylone étaient
297
ces mondes avait aussi peu de signification pour
nous
que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient
298
e beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et
nous
voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout
299
de l’histoire est assez grand pour tout le monde.
Nous
sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circo
300
que toutes les civilisations étant mortelles, la
nôtre
aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’e
301
mon avis, l’une des erreurs les plus célèbres de
notre
temps. Mais comment expliquer son succès ? Au seuil de l’œuvre en pro
302
son succès ? Au seuil de l’œuvre en prose d’un de
nos
grands poètes, cette phrase résume et condense en quelques mots une a
303
cliner et mourir après une période d’apogée, — la
nôtre
aussi. Aux débuts du xxe siècle, Spengler va plus loin ; il est conv
304
inexorablement que toute culture est mortelle, et
nous
rejoignons la phrase de Valéry. Enfin Toynbee, dans un effort admirab
305
crasante érudition, ont d’autant moins de peine à
nous
convaincre que d’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions, not
306
’une part, ils rejoignent, par leurs conclusions,
notre
angoisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde, et que d’a
307
essé d’annoncer les catastrophes qui ont fondu de
nos
jours sur l’Europe : de Kierkegaard à Nietzsche et à Dostoïevski, de
308
puis cent ans les motifs de craindre le pire pour
notre
civilisation. Or voici que leurs prédictions semblent confirmées par
309
proclament déjà leur volonté de retourner contre
nous
nos propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce
310
lament déjà leur volonté de retourner contre nous
nos
propres armes, tant sociales et morales que matérielles… N’est-ce pas
311
parler d’une éclipse ou d’une mort prévisible de
notre
civilisation ? Avant de répondre à ces questions, formulons tout de s
312
es précédents historiques soient applicables dans
notre
situation, ni que la courbe de croissance, grandeur et décadence soit
313
’Empire au moins. Cet exemple est-il valable pour
nous
? La civilisation européenne est-elle une civilisation comme les autr
314
t pas sûr du tout. Il se pourrait, en effet, que
notre
civilisation présente certains caractères nouveaux et originaux, qui
315
Avant de rien pouvoir décider sur ce point, force
nous
sera donc de rechercher d’abord quelle est l’originalité de notre civ
316
de rechercher d’abord quelle est l’originalité de
notre
civilisation par rapport à toutes les autres, et quel seuil mondial e
317
nes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. À cause
318
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
319
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cett
320
ins violents que ceux que nous vivons. L’unité de
notre
culture et de la civilisation créée par cette culture, n’a jamais été
321
souci de décrire les idéaux les plus efficaces de
notre
culture, ceux qui, à mon sens, la distinguent le mieux d’autres cultu
322
, d’autres vertus. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
323
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
324
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
325
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
326
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
327
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
328
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
329
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvon
330
origines, en perpétuelle session contradictoire.
Nous
pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
331
ues l’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
332
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
333
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
334
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine da
335
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
336
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
337
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
338
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
339
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
340
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, soit pour mo
341
ient, soit pour en prendre mieux conscience, dans
notre
cas. Le troisième caractère original de la culture européenne, c’est
342
a seule mesure où ces actes sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
343
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
344
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
345
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
346
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
347
ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
nous
distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
348
t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de
nos
créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
349
En effet, du sens de la vérité objective dérivent
nos
sciences, et par suite, nos techniques ; du sens de la responsabilité
350
té objective dérivent nos sciences, et par suite,
nos
techniques ; du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens de
351
nnelle, lié au sens de la liberté dérivent toutes
nos
institutions : et enfin, de la combinaison des trois vertus résulte n
352
enfin, de la combinaison des trois vertus résulte
notre
dynamisme irrépressible. Si nous avons tout d’abord découvert puis ma
353
vertus résulte notre dynamisme irrépressible. Si
nous
avons tout d’abord découvert puis marqué de notre empreinte la Terre
354
nous avons tout d’abord découvert puis marqué de
notre
empreinte la Terre entière, nous qui n’occupons guère que 5 % de sa s
355
puis marqué de notre empreinte la Terre entière,
nous
qui n’occupons guère que 5 % de sa surface solide, c’est bien à la co
356
sa surface solide, c’est bien à la complexité de
nos
origines que nous le devons, aux conflits spirituels, drames et tensi
357
e, c’est bien à la complexité de nos origines que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
358
ns qui devaient nécessairement en résulter et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, au dépassement perpétuel,
359
ation aventureuse, et toujours à l’exportation de
nos
produits, donc au total, à l’expansion. Que ce mouvement ait été bapt
360
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce laboratoire du monde, a poussé les sciences et les
361
prodigieuses de siècles et de continents que sont
nos
musées et bibliothèques, ils ont élaboré les préalables d’une science
362
par la culture européenne ne va pas se réaliser à
nos
dépens. C’est un fait que l’Europe a répandu sur toute la Terre, au h
363
et fécondes. Le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de n
364
Le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
doctrines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de
365
reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines,
nos
remèdes et nos poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matér
366
idité nos machines, nos doctrines, nos remèdes et
nos
poisons, et beaucoup de nos secrets de puissance matérielle — en un m
367
rines, nos remèdes et nos poisons, et beaucoup de
nos
secrets de puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos prod
368
puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit
nos
produits. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, éthiques et
369
maintenir en composition. Le monde choisit tel de
nos
produits les plus douteux — le nationalisme, par exemple — et le reto
370
nationalisme, par exemple — et le retourne contre
nous
. Le monde entier s’européanise dans ses apparences : usines, machines
371
Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
372
éprise, ou ignore simplement notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
373
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
374
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
notre
éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
375
mais refuse notre éthique du travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
376
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. Nous sommes au point de l’évolution de
377
mais dédaigne notre idéal de l’amour du prochain.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
378
aussi aux dépens de leur propre équilibre humain.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
379
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
380
ngoissants et les chances admirables. La crise de
notre
civilisation, provoquée par son expansion même — mais incomplète — da
381
omme l’ont prédit depuis un siècle la majorité de
nos
plus grands penseurs ? J’oserai dire contre eux tous que je ne le cro
382
isations avaient cru cela d’elles-mêmes, avant la
nôtre
. Elles se trompaient, tout simplement, mais cette erreur ne saurait p
383
pour les mettre à l’abri de ce genre d’illusion.
Nous
les Européens du xxe siècle, nous savons bien que nous ne dominons p
384
re d’illusion. Nous les Européens du xxe siècle,
nous
savons bien que nous ne dominons plus politiquement sur tous les cont
385
es Européens du xxe siècle, nous savons bien que
nous
ne dominons plus politiquement sur tous les continents, comme avant 1
386
t sur tous les continents, comme avant 1914, mais
nous
savons aussi que toutes les villes nouvelles en Asie et en Afrique im
387
es villes nouvelles en Asie et en Afrique imitent
nos
villes modernes, leurs procédés de construction, leurs rues, leurs pl
388
journaux, et même leurs embarras de circulation.
Nous
savons bien que tous les pays neufs imitent nos parlements, partis et
389
Nous savons bien que tous les pays neufs imitent
nos
parlements, partis et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et n
390
parlements, partis et syndicats, et même parfois
nos
dictatures. Et nous savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sen
391
et syndicats, et même parfois nos dictatures. Et
nous
savons que ce mouvement d’imitation s’opère à sens unique et n’est pl
392
phénomène sans précédent dans toute l’histoire ?
Nous
avons vu que la civilisation européenne, née de la confluence des sou
393
aire, du moins séduire tous les peuples du monde.
Nous
avons aussi vu qu’elle exporte ses produits sans les valeurs qui cont
394
ultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry
nous
disait que « les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et
395
eaux d’un barrage. La mortalité des civilisations
nous
apparaît donc très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans nous
396
très variable. Certes, plusieurs ont disparu sans
nous
laisser d’autre héritage actif que celui de leurs œuvres d’art : ains
397
t : ainsi celle des Aurignaciens, ou plus près de
nous
celle des Hittites, plus près encore celles des Mayas et des Aztèques
398
ecque et la romaine, dont l’essentiel vit dans la
nôtre
, sont-elles vraiment mortes ? Leurs conquêtes n’ont-elles pas été pré
399
le Laboratoire européens, pour être diffusées de
nos
jours sur toute la Terre ? II s’en faut de beaucoup que leurs rivales
400
ger comme suit le passage que je vous ai cité : «
Nous
autres civilisations, nous avons depuis peu la certitude que nous ne
401
ue je vous ai cité : « Nous autres civilisations,
nous
avons depuis peu la certitude que nous ne mourrons jamais entièrement
402
lisations, nous avons depuis peu la certitude que
nous
ne mourrons jamais entièrement et que nos cendres sont fécondes. Le t
403
de que nous ne mourrons jamais entièrement et que
nos
cendres sont fécondes. Le temps est passé où les civilisations étaien
404
e mystiques voient leurs livres sacrés publiés de
nos
jours et retrouvent partout des fidèles, c’est par le fait des ethnog
405
inventaire mondial qu’initièrent à la Renaissance
nos
Découvreurs de l’espace terrestre et du temps de l’humanité. Ceci m’a
406
ème raison d’avoir confiance dans la longévité de
notre
civilisation : on ne voit pas de candidats sérieux à la relève d’une
407
à la relève d’une civilisation devenue mondiale.
Nous
connaissons les circonstances de la chute de celles qui nous ont préc
408
ssons les circonstances de la chute de celles qui
nous
ont précédés : c’était parfois une catastrophe naturelle, comme la de
409
itération ou simplement la reprise des charges de
notre
civilisation, avec quelques chances de succès ? Il y a pourtant les É
410
sont nés de la substance même de l’Europe, et de
nos
jours ils s’européanisent à nouveau, plus profondément que l’Europe n
411
, en attendant le péril noir. Je n’y crois guère.
Notre
éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
412
Je n’y crois guère. Notre éclipse n’est rien que
notre
aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du m
413
otre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur
nos
propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un
414
que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et
notre
vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un seul péril sérieux : le p
415
urope, que ce péril doit être conjuré. Car ce qui
nous
menace de l’extérieur c’est aussi ce qui nous mine à l’intérieur. Ce
416
qui nous menace de l’extérieur c’est aussi ce qui
nous
mine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer nous opposent, c’e
417
ine à l’intérieur. Ce que les peuples d’outre-mer
nous
opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à notre vocation univ
418
s peuples d’outre-mer nous opposent, c’est ce que
nous
opposons nous-mêmes à notre vocation universaliste : je nommerai le n
419
opposent, c’est ce que nous opposons nous-mêmes à
notre
vocation universaliste : je nommerai le nationalisme et la superstiti
420
n matérialiste. Il en va du nationalisme comme de
notre
rhume de cerveau, qui devient mortel, dit-on, chez certains indigènes
421
l’Europe depuis près d’un siècle et demi, et que
nous
refusons de prendre au tragique, cette passion, quand elle atteint l’
422
e, ou le monde arabe, ou l’Afrique, dresse contre
nous
au nom de nos principes des revendications haineuses et délirantes. F
423
arabe, ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de
nos
principes des revendications haineuses et délirantes. Forme collectiv
424
pêchant au-dedans cette union fédérale qui ferait
notre
force pacifique, décuplant au-dehors la force belliqueuse de ceux don
425
-dehors la force belliqueuse de ceux dont il fait
nos
ennemis. Quant au second virus secrété par l’Europe, et que je nommer
426
e je nommerai le matérialisme plat, il prend chez
nous
les formes les plus diverses. Il va du culte du confort chez l’ouvrie
427
uelles, à tout ce qui donne un sens, une saveur à
nos
vies. Ce matérialisme plat ne serait guère plus dangereux que la bêti
428
ôt fait de se mettre en grève, de débrayer, et de
nous
livrer sans défense aux fanatiques du statu quo, par où j’entends les
429
n va pas de même sur d’autres continents. Quant à
nous
: nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, e
430
s de même sur d’autres continents. Quant à nous :
nos
sages nous avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous
431
sur d’autres continents. Quant à nous : nos sages
nous
avaient avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et nous l’avons va
432
nos sages nous avaient avertis. Le mal est venu,
nous
l’avons vu, et nous l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de milli
433
ent avertis. Le mal est venu, nous l’avons vu, et
nous
l’avons vaincu, en peu de temps, au prix de millions de morts, il est
434
ts, il est vrai… Et maintenant, ce n’est pas chez
nous
, mais chez les autres qu’il triomphe. Permettez-moi de vous citer à c
435
it logiquement se produire. Or ce n’est pas chez
nous
, en Europe, mais en Chine, que cette prédiction se réalise. Voici ce
436
en Europe de tels excès. Certes elle est née chez
nous
, et c’était bien chez nous que Burckhardt en avait pressenti les péri
437
rtes elle est née chez nous, et c’était bien chez
nous
que Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’y avons pas
438
ue Burckhardt en avait pressenti les périls. Mais
nous
n’y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienn
439
nti les périls. Mais nous n’y avons pas succombé,
nous
l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, en un mot, l’organisme eur
440
un mot, l’organisme européen a réagi avec succès.
Notre
tâche en Europe, aujourd’hui, est de créer les anticorps qui permettr
441
mettront au genre humain de résister à son tour à
nos
poisons, au virus du nationalisme et au virus du matérialisme, cette
442
te forme d’asthénie du spirituel. C’est dire que
notre
vocation est désormais de présenter au monde qui nous imite, mais d’i
443
vocation est désormais de présenter au monde qui
nous
imite, mais d’illustrer d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement
444
d’abord par l’exemple vécu — et pas seulement par
nos
discours — deux méthodes essentielles à la santé future de notre civi
445
— deux méthodes essentielles à la santé future de
notre
civilisation : — la première est le fédéralisme, art et science de l’
446
ort, et la technique tourne en routine, et toutes
nos
libertés morales et civiques s’enlisent dans l’euphorie d’un confort
447
es, cette union fédérale est la condition même de
notre
action dans le monde et pour le monde. Il nous faut l’Europe parce qu
448
e notre action dans le monde et pour le monde. Il
nous
faut l’Europe parce qu’il faut faire le monde. Et parce que l’Europe
449
ssi les non-chrétiens, qui sont les deux tiers de
notre
humanité présente ? Oui, sans doute, dans la mesure où la religion ch
450
tiellement universelle. Il se peut que l’union de
nos
Églises les renforce, devant le défi que porte à toute religion — aut
451
ités spirituelles. Tant et si bien qu’au point où
nous
en sommes, il nous faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’
452
Tant et si bien qu’au point où nous en sommes, il
nous
faut constater qu’en fait et avant tout, ce qui s’oppose à la grande
453
s dimanches, le même Évangile annoncé, et le même
Notre
Père prié ; que les grands moments de la liturgie, les formules de la
454
e a peu de prise. Un seul exemple. On qualifie de
nos
jours de « catholicisants » les protestants qui veulent la fréquente
455
me aujourd’hui celui-là. Qui est celui du sens de
nos
vies. q. Rougemont Denis de, « Un péché mortel : la désunion des
456
est l’un des plus grands essayistes chrétiens de
notre
temps. Calviniste de la Suisse romande, il représente, au sein du pro
457
e, proclamée contre l’Occident colonialiste. Dans
notre
Europe, qui l’inventa, le phénomène est plus complexe. À la fois atti
458
e, — ce serait refaire l’histoire du plus long de
nos
siècles, le xixe , — marquons ici l’évolution du seul concept, au moy
459
jacobins à Hegel Au principe du nationalisme,
nous
trouvons le raisonnement suivant, toujours lié à une période de crise
460
période de crise guerrière ou révolutionnaire : —
Notre
peuple se distingue entre tous par une mission historique d’une porté
461
t ceux de la paix universelle ; pour leur imposer
notre
bien, toute guerre est sainte, et de plus elle est préventive, car il
462
ux, les rétrogrades et les impurs, le trésor dont
nous
avons la garde ; or la guerre a ses exigences : discipline absolue de
463
me ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que
notre
allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il
464
l existe, ne peut être que notre allié, garant de
notre
justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’y a donc plus d’insta
465
talement « nivelé » par les lois de la Liberté :
Nous
ne sommes pas libres, si un seul obstacle moral arrête notre marche p
466
mmes pas libres, si un seul obstacle moral arrête
notre
marche physique sur un seul point du globe. Les droits de l’homme s’é
467
neté solidaire, indivisible du genre humain ; car
nous
voulons la liberté plénière, intacte, irrésistible, nous ne voulons p
468
ulons la liberté plénière, intacte, irrésistible,
nous
ne voulons pas d’autre maître que l’expression de la volonté générale
469
in d’examiner l’humanité sous tous les rapports :
nous
ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le
470
veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel
nous
trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui
471
èce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons
nos
devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont p
472
ns lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel
nous
stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, et non en faveu
473
sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne
nous
ont pas commis, et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouv
474
mmis, et non en faveur de ceux au profit desquels
nous
pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aime particulièrement to
475
n la théorie la plus absolue de la nation fermée (
nous
dirions autarcique), considérée comme étape « dialectique » vers l’un
476
de l’état d’anarchie commerciale et politique où
nous
vivons. Si l’on veut supprimer la guerre, il faut en supprimer la ca
477
st la théorie de l’autarcie absolue qui naît sous
nos
yeux. C’est la fin du processus exactement inverse de celui du Marché
478
avouer que celle de Fichte, pour absurde qu’elle
nous
paraisse, se trouve avoir le mieux correspondu aux réalités historiqu
479
sion colonialiste dans l’anarchie, responsable de
nos
divisions, puis à l’étape nécessaire de fermeture totale des monades
480
e par la Science et libérée de tout impérialisme…
Nous
n’en sommes peut-être pas loin dans cette seconde moitié du xxe sièc
481
qu’il présentera toujours comme une « défense de
nos
foyers »30, il mobilise l’instinct patriotique et opère sur lui la pr
482
précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire.
Nous
assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
483
ies uniformément pessimistes, quant à l’avenir de
notre
civilisation. Voici des textes jalonnant cette double évolution des i
484
des faits, en divergence vertigineuse, qui devait
nous
mener à 1914. Henri Heine épouse au début l’idéologie de Herder et
485
combattre… Liberté, que ton regard s’abaisse sur
nous
, Reconnais-nous ! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent
486
té, que ton regard s’abaisse sur nous, Reconnais-
nous
! Reconnais ton peuple ! Alors que d’autres n’osent même pas verser d
487
s que d’autres n’osent même pas verser des larmes
Nous
les Magyars, nous versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liber
488
sent même pas verser des larmes Nous les Magyars,
nous
versons notre sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta gr
489
verser des larmes Nous les Magyars, nous versons
notre
sang. Te faut-il encore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
490
ore plus, ô Liberté, Pour que ta grâce daigne sur
nous
descendre ? Adam Mickiewicz, dans son Livre des Pèlerins polonais r
491
me épurée d’une mission européenne de son peuple.
Nous
connaissons maintenant le processus, illustré par toutes les grandes
492
concert une note allemande, et Constantin Frantz
nous
la donne : Il va de soi qu’une telle fédération ne saurait être inst
493
qui serait restée le privilège des Russes et que
nos
pays de l’Ouest auraient perdue ; mais cette notion se trouve emprunt
494
ssie. La plus haute parmi les hautes missions que
nous
autres Russes sentons devoir assumer un jour, c’est la mission de gro
495
est pas seulement la Russie et le panslavisme que
nous
servons, c’est l’humanité entière… Les Européens ne savent pas que no
496
humanité entière… Les Européens ne savent pas que
nous
sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des bataille
497
ne savent pas que nous sommes invincibles, que si
nous
pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins
498
e si nous pouvons fort bien perdre des batailles,
nous
n’en resterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de notre esprit
499
sterons pas moins invincibles, grâce à l’unité de
notre
esprit national et de notre conscience nationale. Tirons l’épée, s’il
500
s, grâce à l’unité de notre esprit national et de
notre
conscience nationale. Tirons l’épée, s’il le faut, au nom des malheur
501
rsécutés, quand bien même ce serait aux dépens de
nos
intérêts actuels. Nous n’en croirons que plus fortement à la véritabl
502
ême ce serait aux dépens de nos intérêts actuels.
Nous
n’en croirons que plus fortement à la véritable mission de la Russie,
503
ire le fait que les souverainetés nationales vont
nous
dominer, ceux-là ne savent pas pour qui sonne le glas. Car ces effort
504
une nation ? » il écrit : Une nation, c’est pour
nous
une âme, un esprit, une famille spirituelle, résultant, dans le passé
505
et de vouloir en faire encore dans l’avenir. … De
nos
jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la n
506
es prendre à la gorge en leur disant : « Tu es de
notre
sang, tu nous appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race
507
gorge en leur disant : « Tu es de notre sang, tu
nous
appartiens !… » … Ce que nous venons de dire de la race, il faut le d
508
s de notre sang, tu nous appartiens !… » … Ce que
nous
venons de dire de la race, il faut le dire de la langue. La langue in
509
venue des « terribles simplificateurs » dominant
nos
nations domestiquées par l’État militaire33. Dans une de ses lettres
510
s extraits tirés de Par-delà le bien et le mal :
Nous
autres « bons Européens », nous aussi nous avons des heures où nous n
511
bien et le mal : Nous autres « bons Européens »,
nous
aussi nous avons des heures où nous nous permettons un patriotisme pl
512
mal : Nous autres « bons Européens », nous aussi
nous
avons des heures où nous nous permettons un patriotisme plein de cour
513
Européens », nous aussi nous avons des heures où
nous
nous permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour
514
péens », nous aussi nous avons des heures où nous
nous
permettons un patriotisme plein de courage, un bond et un retour à de
515
, des heures où bien d’autres sentiments antiques
nous
submergent. Des esprits plus lourds que nous mettront plus de temps à
516
ques nous submergent. Des esprits plus lourds que
nous
mettront plus de temps à en finir avec ce qui chez nous n’occupe que
517
ettront plus de temps à en finir avec ce qui chez
nous
n’occupe que quelques heures et se passe en quelques heures : pour le
518
gurer des races épaisses et hésitantes, qui, dans
notre
Europe hâtive, auraient besoin de demi-siècles pour surmonter de tels
519
e : les petits États de l’Europe — j’entends tous
nos
empires et États actuels — doivent nécessairement devenir non viables
520
urs centaines de textes sur l’Europe, d’Hésiode à
nos
jours. 28. Der geschlossene Handelsstaat, trad. franç. par J. Gibel
521
n Europe, et seulement par la bouche d’Européens,
nous
fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
522
ment, une première définition de l’originalité de
notre
continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
523
vraie culture est universelle par définition, et
nos
problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
524
courantes ? La première, celle qui fait dire que
nous
sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
525
r une connaissance trop méticuleuse et pédante de
nos
diversités, sur une expérience, vécue jusqu’à l’irritation, du tempér
526
, du tempérament, des coutumes et des préjugés de
nos
voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
527
ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que
nous
n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
528
le d’un presbyte. Essayons maintenant de corriger
notre
vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
529
ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons-
nous
de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
530
, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que
nous
en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
531
que nous en disent les observateurs d’outre-mer.
Nous
en viendrons très vite à la constatation suivante. Vue du dehors, l’E
532
, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de
notre
culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
533
raient tentés de nier, à priori, l’originalité de
notre
culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
534
l’originalité de notre culture et le fait qu’elle
nous
est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
535
Poussons plus loin le paradoxe (jusqu’au point où
nous
allons le voir se renverser). Ne serait-ce pas, précisément, la multi
536
Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de
nos
différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
537
ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot
nos
diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
538
té, la spécificité et la communauté, — l’unité de
notre
culture ? Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment
539
eviendra vraiment sensible et convaincant, que si
nous
comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
540
nt sensible et convaincant, que si nous comparons
notre
formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
541
entent d’imposer à la culture de leurs sujets. Si
nous
considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
542
subsistent encore ou qui tentent de se former de
nos
jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
543
encore ou qui tentent de se former de nos jours,
nous
voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
544
libre jeu de ses diversités. Mais il est temps de
nous
demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
545
t historiquement par la pluralité des origines de
notre
civilisation. Et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
546
es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
notre
refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
547
e extérieure au mouvement spontané de la culture.
Nous
tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
548
mouvement spontané de la culture. Nous tous, que
nous
le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
549
re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que
nous
l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
550
et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
notre
passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
551
et quel que soit notre passeport, descendons par
nos
mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sensib
552
oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant
nos
sensibilités et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jé
553
par les mythes gouvernant nos sensibilités et par
nos
formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
554
du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde.
Nous
venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
555
he son épée, le Celte romantique et magique, — et
nous
descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
556
unique, incontestable : le dynamisme européen. Si
nous
avons tous d’abord découvert, puis marqué de notre empreinte le monde
557
nous avons tous d’abord découvert, puis marqué de
notre
empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
558
, puis marqué de notre empreinte le monde entier,
nous
qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
559
es terres du Globe, c’est bien à la complexité de
nos
origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
560
n à la complexité de nos origines culturelles que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
561
s qui devaient nécessairement en résulter, et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
562
les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de
nos
origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
563
viens de dire sur la complexité indescriptible de
notre
civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
564
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
565
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
566
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
567
é politico-social. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
568
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
569
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près o
570
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportunistes ou sent
571
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
572
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
573
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
574
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons
575
s origines en perpétuelle session contradictoire.
Nous
pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’u
576
ues l’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : ce sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
577
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
578
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
579
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
580
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
581
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
582
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
583
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
584
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
585
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent, — soit pour
586
dans la seule mesure où ils sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
587
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
588
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
589
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
590
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Or, ce même mot de liberté n’éveille aucune pas
591
ment parce qu’elles permettent d’illustrer ce qui
nous
distingue des autres cultures. C’est surtout parce qu’elles expliquen
592
t surtout parce qu’elles expliquent la plupart de
nos
créations. En effet, du sens de la vérité objective dérivent nos scie
593
En effet, du sens de la vérité objective dérivent
nos
sciences et par suite, nos techniques. Et du sens de la responsabilit
594
ité objective dérivent nos sciences et par suite,
nos
techniques. Et du sens de la responsabilité personnelle, lié au sens
595
nelle, lié au sens de la liberté, dérivent toutes
nos
institutions et nos doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives,
596
e la liberté, dérivent toutes nos institutions et
nos
doctrines, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin notre dyna
597
, orthodoxes, hérétiques ou subversives, et enfin
notre
dynamisme irrépressible. D’où vient, en effet, le dynamisme d’une civ
598
civilisation ? Je n’en crois rien. Il existe sur
notre
planète trois régions comparables du point de vue de la pression démo
599
les invasions asiatiques, seul défi extérieur que
nous
ayons subi, d’ailleurs victorieusement, des champs Catalauniques au K
600
n’ont rien suscité de marquant ni de nouveau dans
notre
civilisation. Seules les Croisades ont été productives à cet égard ;
601
r, mais au contraire d’une agression délibérée de
notre
part. Je pense donc que le dynamisme de notre civilisation européenne
602
de notre part. Je pense donc que le dynamisme de
notre
civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
603
notre civilisation européenne provient plutôt de
notre
régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
604
tensions intérieures, de ce mouvement brownien de
nos
infinies contradictions qui nous provoque à créer, à inventer, à émig
605
ement brownien de nos infinies contradictions qui
nous
provoque à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et nous condamne
606
ue à créer, à inventer, à émigrer, à exporter, et
nous
condamne à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérialis
607
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
608
ente les plus vives polémiques intellectuelles de
notre
époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
609
ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de
nos
valeurs. Mais d’autre part, nous venons d’observer que toutes ces cré
610
xe dialectique de nos valeurs. Mais d’autre part,
nous
venons d’observer que toutes ces créations sont en expansion vers le
611
t enfin les machines, si hétérogènes que puissent
nous
apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
612
de cette séculaire discussion et dissension entre
nos
origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
613
et dissension entre nos origines multiples, entre
nos
religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
614
re nos origines multiples, entre nos religions et
nos
philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
615
s, entre nos religions et nos philosophies, entre
nos
déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
616
philosophies, entre nos déterminations natives et
notre
volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
617
lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc
notre
situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
618
nc notre situation dans le monde du xxe siècle :
Nos
créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
619
nces tout au moins, adoptées par le monde entier.
Notre
culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, mais voici
620
problèmes effrayants que pose son rassemblement.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
621
aussi aux dépens de leur propre équilibre humain.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
622
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
623
r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant
nos
yeux, et sur la politique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour
624
démesuré devant nos yeux, et sur la politique que
nous
sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’a
625
sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face.
Nous
devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
626
iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord,
nous
les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
627
s plus intime et plus globale de l’originalité de
notre
culture, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avo
628
de notre culture, afin de mieux comprendre ce que
nous
sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
629
in de mieux comprendre ce que nous sommes, ce que
nous
avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
630
s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et
nous
devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
631
s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps
nous
préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
632
, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On
nous
répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
633
condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
634
le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
635
vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux,
nos
secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
636
doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle,
nos
produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs, religieuses, é
637
les maintenir en composition. Il retourne contre
nous
ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
638
Mais ce même monde méprise ou ignore simplement,
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
639
éprise ou ignore simplement, notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse notre éthique du tra
640
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse notre éthique du travail. Il veut que nous l’ai
641
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
notre
éthique du travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
642
mais refuse notre éthique du travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
643
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
644
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
notre
culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
645
ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de
nos
œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire, nous qui sommes aus
646
née de nos œuvres. Alors, que faire ? que devons-
nous
faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
647
œuvres. Alors, que faire ? que devons-nous faire,
nous
qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
648
ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il
nous
faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
649
e parfois en sourdine : après tout, que peut bien
nous
faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
650
tout, que peut bien nous faire le sort du monde ?
Notre
sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
651
us faire le sort du monde ? Notre sort personnel,
notre
salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
652
e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de
notre
vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
653
stion européenne par excellence. Mais qui d’entre
nous
peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
654
Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «
Nous
autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
655
Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
nous
sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » Ce
656
même bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui
nos
seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
657
e, le tonnage nécessaire ? Ou bien ne faut-il pas
nous
demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Be
658
quer parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de
notre
Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
659
pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui
nous
appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
660
qui nous appelle est sans doute plus grave que la
nôtre
; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
661
pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et
notre
devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
662
tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir
notre
histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 35. Paul
663
ssayant de reconsidérer la nature, la fonction de
notre
Congrès et les idéaux qui l’inspirent. Le plus simple sera de reprend
664
le sera de reprendre les trois termes qui forment
notre
titre : Congrès, Liberté, Culture. Nous sommes donc d’abord un Congrè
665
forment notre titre : Congrès, Liberté, Culture.
Nous
sommes donc d’abord un Congrès — un congrès permanent, il est vrai, p
666
erté, voyez-vous, ce n’est pas quelque chose dont
nous
devons parler, mais quelque chose que nous devons créer, dont nous de
667
e dont nous devons parler, mais quelque chose que
nous
devons créer, dont nous devons créer les conditions, quelque chose qu
668
r, mais quelque chose que nous devons créer, dont
nous
devons créer les conditions, quelque chose que nous devons reconquéri
669
us devons créer les conditions, quelque chose que
nous
devons reconquérir chaque jour et sans relâche, sur nous-mêmes tout d
670
et pour les autres. Revendiquer la liberté, quand
nous
avons formé notre Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatur
671
s. Revendiquer la liberté, quand nous avons formé
notre
Congrès, c’était d’abord lutter contre des dictatures extérieures, bi
672
défaitisme fataliste qui préparait leur lit dans
nos
démocraties. Il nous fallait courir au plus pressé, secourir les pers
673
e qui préparait leur lit dans nos démocraties. Il
nous
fallait courir au plus pressé, secourir les persécutés accusés de lib
674
r les persécutés accusés de liberté d’esprit,— et
nous
l’avons fait. Mais nous voyons bien, aujourd’hui, que les menaces con
675
de liberté d’esprit,— et nous l’avons fait. Mais
nous
voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
676
iennent aussi des formes de vie matérialistes que
notre
civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
677
tivités proprement humaines qui donnent un sens à
notre
vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
678
on et progrès technique et démocratique. Pour que
notre
vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
679
ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que
nos
activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
680
lligibles. Il faut que nos activités humaines que
nous
avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
681
ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de
nos
vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
682
llénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi
nous
devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
683
de prix aux contacts que permet un congrès comme
le nôtre
: contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
684
n sens humain pour chaque personne. La politique,
nous
n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
685
insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle
nous
cerne de toute part. Mais nous refusons d’accorder à la politique cet
686
ce Berlin où elle nous cerne de toute part. Mais
nous
refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
687
berté et le sens de la vie (8 juillet 1960)v w
Nous
voyons bien, aujourd’hui, que les menaces contre les libertés ne vien
688
pas seulement des formes de vie matérialistes que
notre
civilisation occidentale propage aveuglément sur toute la terre, et q
689
tivités proprement humaines qui donnent un sens à
notre
vie. Car la culture, c’est tout d’abord : transmettre des recettes de
690
on et progrès technique et démocratique. Pour que
notre
vie ait un sens, il faut que la culture vivante recrée pour les homme
691
ce temps des ensembles intelligibles. Il faut que
nos
activités humaines que nous avons spécialisées et séparées jusqu’à l’
692
lligibles. Il faut que nos activités humaines que
nous
avons spécialisées et séparées jusqu’à l’absurde — l’art et la vie qu
693
ser mutuellement, comme c’est le cas dans trop de
nos
vies, et retrouvent une commune mesure, un style commun. Et ceci vaut
694
lénaire de l’Inde traditionnelle. C’est pourquoi
nous
devons attacher tant de prix aux contacts que permet un congrès comme
695
de prix aux contacts que permet un congrès comme
le nôtre
: contacts d’une part entre représentants des arts, des sciences et d
696
globale. Voilà pour les trois termes qui forment
notre
titre. J’en déduis que la fonction de notre Congrès, tel qu’il est de
697
rment notre titre. J’en déduis que la fonction de
notre
Congrès, tel qu’il est devenu depuis dix ans, s’élargissant progressi
698
eux Amériques ; mais ceci dans la perspective qui
nous
est propre : celle des incidences du progrès sur les vraies libertés
699
s du progrès sur les vraies libertés humaines. On
nous
demande souvent, de tous côtés : Êtes-vous un mouvement politique ? I
700
que le commentaire que je viens de vous donner de
nos
buts répond suffisamment à cette question. Mais on insiste, la presse
701
erviewers insistent : tous veulent absolument que
nous
soyons politiques, que nous soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insis
702
eulent absolument que nous soyons politiques, que
nous
soyons d’abord anti-ceci ou cela… J’insisterai donc à mon tour. Au
703
sens humain, pour chaque personne. La politique,
nous
n’y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, d
704
insister sur ce fait, ici, dans ce Berlin où elle
nous
cerne de toutes parts. Mais nous refusons d’accorder à la politique c
705
e Berlin où elle nous cerne de toutes parts. Mais
nous
refusons d’accorder à la politique cette valeur absolue de fin en soi
706
ale et absolutisée. La politique doit rester pour
nous
un moyen dominé par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peu
707
sprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à
nos
désirs et à notre raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, l
708
entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à
notre
raison, à notre volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-e
709
ner et proposer à nos désirs et à notre raison, à
notre
volonté et à notre foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de
710
os désirs et à notre raison, à notre volonté et à
notre
foi. Et alors, la liberté serait-elle du nombre de ces fins dernières
711
son tour un absolu ? Non, certes, mais elle seule
nous
conduit à nos fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation
712
olu ? Non, certes, mais elle seule nous conduit à
nos
fins. Car la liberté se concrétise dans l’augmentation continuelle de
713
n Europe et seulement dans la bouche d’Européens,
nous
fournit, paradoxalement, une première définition de l’originalité de
714
ment, une première définition de l’originalité de
notre
continent. Un homme qui nie que l’Europe existe et qu’elle ait une cu
715
vraie culture est universelle par définition, et
nos
problèmes, en Europe, sont à peu près les mêmes que ceux qui se posen
716
courantes ? La première, celle qui fait dire que
nous
sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de cu
717
r une connaissance trop méticuleuse ou pédante de
nos
diversités, sur une expérience vécue jusqu’à l’irritation, du tempéra
718
, du tempérament, des coutumes et des préjugés de
nos
voisins. La seconde attitude, celle qui fait dire que nous n’avons pa
719
ins. La seconde attitude, celle qui fait dire que
nous
n’avons pas de problèmes spécifiques, différents de ceux du reste du
720
n même individu…) Essayons maintenant de corriger
notre
vision. Éloignons-nous de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; é
721
ns maintenant de corriger notre vision. Éloignons-
nous
de l’Europe, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que nous en
722
, physiquement ou par la pensée ; écoutons ce que
nous
en disent les observateurs d’outre-mer. Nous en viendrons très vite à
723
que nous en disent les observateurs d’outre-mer.
Nous
en viendrons très vite à la constatation suivante, qui sera ma premiè
724
, de l’Afrique, ou même des Amériques, l’unité de
notre
culture s’impose immédiatement et sans hésitation à l’esprit de ceux
725
raient tentés de nier, à priori, l’originalité de
notre
culture et le fait qu’elle nous est commune du Cap Nord au Péloponnès
726
l’originalité de notre culture et le fait qu’elle
nous
est commune du Cap Nord au Péloponnèse et de Madrid à Varsovie, je ré
727
Poussons plus loin le paradoxe, jusqu’au point où
nous
allons le voir se renverser. Ne serait-ce pas, précisément, la multip
728
Ne serait-ce pas, précisément, la multiplicité de
nos
différences — régionales et nationales, religieuses et morales, philo
729
ns qui en résultent, ne seraient-ce pas en un mot
nos
diversités mêmes qui dénoteraient le mieux l’originalité, la spécific
730
ité, la spécificité et la communauté — l’unité de
notre
culture ? Pendant une table ronde que je présidais à Rome, il y a que
731
t qu’il le conteste ? C’est donc dans le fait de
notre
exceptionnelle diversité, non pas subie mais jalousement revendiquée
732
le signe et la démonstration de l’originalité de
notre
culture. Mais cela n’apparaîtra clairement et ne deviendra vraiment s
733
eviendra vraiment sensible et convaincant, que si
nous
comparons notre formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité
734
nt sensible et convaincant, que si nous comparons
notre
formule de l’unité paradoxale — j’entends de l’unité dans la diversit
735
, limitée pour l’instant aux formules d’unité. Si
nous
considérons les cultures de l’Antiquité et les cultures extraeuropéen
736
subsistent encore ou qui tentent de se former de
nos
jours, nous voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans cer
737
encore ou qui tentent de se former de nos jours,
nous
voyons se dégager deux formules bien distinctes. Dans certaines cultu
738
ibre jeu de ses diversités. Mais il est temps de
nous
demander d’où proviennent ces fameuses diversités, et comment il se f
739
t historiquement par la pluralité des origines de
notre
civilisation ; et elles sont entretenues ou renouvelées sans cesse pa
740
es sont entretenues ou renouvelées sans cesse par
notre
refus déclaré de toute doctrine unique et unifiante, imposée par une
741
e extérieure au mouvement spontané de la culture.
Nous
tous, que nous le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et
742
mouvement spontané de la culture. Nous tous, que
nous
le sachions ou non et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
743
re. Nous tous, que nous le sachions ou non et que
nous
l’acceptions ou non, et quel que soit notre passeport, descendons par
744
et que nous l’acceptions ou non, et quel que soit
notre
passeport, descendons par nos mœurs, croyances ou incroyances, par le
745
et quel que soit notre passeport, descendons par
nos
mœurs, croyances ou incroyances, par les mythes gouvernant nos sentim
746
oyances ou incroyances, par les mythes gouvernant
nos
sentiments et par nos formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jéru
747
, par les mythes gouvernant nos sentiments et par
nos
formes de pensée, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, et derrière ces
748
du Proche-Orient sémite, de l’Iran, et de l’Inde.
Nous
venons aussi des profondeurs obscures du monde celtique et du monde g
749
che son épée, le Celte romantique et magique — et
nous
descendons tous de la plupart d’entre eux, par les coutumes conscient
750
unique, incontestable : le dynamisme européen. Si
nous
avons découvert et conquis, ou en tout cas marqué de notre empreinte
751
ns découvert et conquis, ou en tout cas marqué de
notre
empreinte le monde entier, nous qui n’habitons après tout qu’un petit
752
ut cas marqué de notre empreinte le monde entier,
nous
qui n’habitons après tout qu’un petit 5 % des terres du Globe, c’est
753
es terres du Globe, c’est bien à la complexité de
nos
origines culturelles que nous le devons, aux conflits spirituels, dra
754
n à la complexité de nos origines culturelles que
nous
le devons, aux conflits spirituels, drames et tensions qui devaient n
755
s qui devaient nécessairement en résulter, et qui
nous
condamnaient à la recherche, à l’invention, à l’expansion, à l’aventu
756
les de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de
nos
origines et leur discussion millénaire suffisent dans tous les cas à
757
viens de dire sur la complexité indescriptible de
notre
civilisation, pensant avoir payé un tribut suffisant aux éléments div
758
groupes de cultures unitaires, celle de l’Europe
nous
apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et profane. Culture
759
its et des cœurs, telle que l’a décrite Novalis :
nous
savons aujourd’hui qu’il n’en fut rien, et que les conflits qui déchi
760
yen Âge ne furent pas moins violents que ceux que
nous
vivons. Cependant, cet état de polémique permanente portant sur les p
761
é politico-social. Le sens de la vérité objective
nous
vient sans doute des Grecs, eux-mêmes héritiers des premiers principe
762
plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans
nos
rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d
763
a créé. Dans nos rapports avec Dieu et le monde,
nous
ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près,
764
pports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas
nous
satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près, opportunistes ou sen
765
cité à tout prix, sera le moteur non seulement de
nos
recherches philosophiques, mais aussi de nos sciences exactes. Elle d
766
t de nos recherches philosophiques, mais aussi de
nos
sciences exactes. Elle développera dans nos élites intellectuelles le
767
si de nos sciences exactes. Elle développera dans
nos
élites intellectuelles le sens critique, au nom d’un absolu de vérité
768
us qu’ailleurs, du fait même de la coexistence de
nos
diverses origines, en perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut-
769
ues d’un des caractères les plus indiscutables de
notre
culture : le sens de la vérité, qui a pour corollaire le sens critiqu
770
ir. Il plaide, il marchande, il joue, pendant que
nous
vérifions une fois de plus nos calculs… Deuxième caractère original d
771
joue, pendant que nous vérifions une fois de plus
nos
calculs… Deuxième caractère original de notre culture : le sens de la
772
plus nos calculs… Deuxième caractère original de
notre
culture : le sens de la responsabilité personnelle. Il s’enracine dan
773
ui ne leur est due qu’au nom de l’amour chrétien,
nous
avons le droit de leur dire : si nous, Européens, sommes en mesure de
774
r chrétien, nous avons le droit de leur dire : si
nous
, Européens, sommes en mesure de vous secourir matériellement, c’est à
775
ériellement, c’est à cause du travail acharné que
nous
nous sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes,
776
lement, c’est à cause du travail acharné que nous
nous
sommes imposé pendant des siècles, conformément à nos principes, tand
777
sommes imposé pendant des siècles, conformément à
nos
principes, tandis que votre misère est fort bien tolérée par la sages
778
la relation entre les croyances fondamentales de
nos
cultures et le genre de vie que ces cultures permettent — soit pour m
779
dans la seule mesure où ils sont faits librement.
Notre
sens de la liberté est aussi complexe que le sont nos origines. Car l
780
sens de la liberté est aussi complexe que le sont
nos
origines. Car la liberté pour le Grec, c’est la critique frondeuse, l
781
se combinent et permutent à doses variables dans
notre
idée de la liberté. Il n’est pas de concept plus difficile à définir,
782
ent européen, le plus commun à tous les hommes de
notre
continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’in
783
proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
notre
civilisation profane. Je pense donc que le dynamisme de notre civilis
784
sation profane. Je pense donc que le dynamisme de
notre
civilisation européenne provient plutôt de notre régime de tensions i
785
notre civilisation européenne provient plutôt de
notre
régime de tensions intérieures, de ce mouvement brownien de nos infin
786
tensions intérieures, de ce mouvement brownien de
nos
infinies contradictions qui nous provoquent d’âge en âge à créer, inv
787
ement brownien de nos infinies contradictions qui
nous
provoquent d’âge en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et nous
788
e en âge à créer, inventer, émigrer, exporter, et
nous
condamnent à l’expansion. Que ce mouvement ait été baptisé « impérial
789
i développées jusqu’ici, relatives à l’origine de
nos
diversités et de nos vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu a
790
ci, relatives à l’origine de nos diversités et de
nos
vertus cardinales, paraîtront peut-être un peu abstraites. Il est tem
791
gines historiques et les motifs philosophiques de
notre
dynamisme européen, je vais énumérer tout simplement quelques-uns de
792
e, les Hindous avaient inventé le zéro bien avant
nous
. Mais l’Europe, ce Laboratoire du Monde, a poussé les sciences et les
793
ente les plus vives polémiques intellectuelles de
notre
époque, mais encore influence profondément les choix politiques des m
794
tre, et j’ai laissé de côté l’immense chapitre de
nos
créations sociales et de nos institutions ! — voilà ce que l’Europe a
795
’immense chapitre de nos créations sociales et de
nos
institutions ! — voilà ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre
796
ns leur genèse, à tout le complexe dialectique de
nos
valeurs ; mais d’autre part, toutes ces créations sont en expansion v
797
t enfin les machines, si hétérogènes que puissent
nous
apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasard ma
798
de cette séculaire discussion et dissension entre
nos
origines multiples, entre nos religions et nos philosophies, entre no
799
et dissension entre nos origines multiples, entre
nos
religions et nos philosophies, entre nos déterminations natives et no
800
re nos origines multiples, entre nos religions et
nos
philosophies, entre nos déterminations natives et notre volonté de le
801
s, entre nos religions et nos philosophies, entre
nos
déterminations natives et notre volonté de les surmonter, qui est vol
802
philosophies, entre nos déterminations natives et
notre
volonté de les surmonter, qui est volonté de liberté, volonté de resp
803
lonté de vérité à n’importe quel prix. Voici donc
notre
situation dans le monde du xxe siècle : Nos créations les plus typiq
804
nc notre situation dans le monde du xxe siècle :
Nos
créations les plus typiques et les plus spectaculaires, surgies de la
805
nces tout au moins, adoptées par le monde entier.
Notre
culture est l’essence même de l’Europe et de son histoire, et voici q
806
problèmes effrayants que pose son rassemblement.
Nous
sommes au point de l’évolution de l’humanité où les Européens, ayant
807
mais aussi au détriment de leur propre équilibre.
Nous
sommes sur le seuil périlleux de l’ère mondiale. Moment dramatique et
808
ndiale. Moment dramatique et passionnant, dont il
nous
faut tâcher d’évaluer les risques angoissants et les chances admirabl
809
r ce qui se passe d’étrange et de démesuré devant
nos
yeux, et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face.
810
démesuré devant nos yeux, et sur la politique que
nous
devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les
811
tique que nous devons imaginer pour y faire face.
Nous
devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une conscience à la
812
iner pour y faire face. Nous devons tout d’abord,
nous
les Européens, prendre une conscience à la fois plus intime et plus g
813
s plus intime et plus globale de l’originalité de
notre
culture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que nous avons fait,
814
inalité de notre culture, mieux comprendre ce que
nous
sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même t
815
ture, mieux comprendre ce que nous sommes, ce que
nous
avons fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps nous préparer à
816
s sommes, ce que nous avons fait, et pourquoi. Et
nous
devons en même temps nous préparer à affronter des synthèses nouvelle
817
s fait, et pourquoi. Et nous devons en même temps
nous
préparer à affronter des synthèses nouvelles, mais au niveau des vale
818
trices, et non pas au niveau des sous-produits de
notre
culture. L’originalité de la culture européenne n’est nullement suppr
819
, par le fait actuel de sa diffusion mondiale. On
nous
répète à satiété que la science et la technique sont aujourd’hui des
820
condes. Ainsi le monde entier reçoit avec avidité
nos
machines, nos poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle
821
le monde entier reçoit avec avidité nos machines,
nos
poisons doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle, nos produits
822
vec avidité nos machines, nos poisons doctrinaux,
nos
secrets de puissance matérielle, nos produits en un mot. Mais il ne r
823
doctrinaux, nos secrets de puissance matérielle,
nos
produits en un mot. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, ét
824
les maintenir en composition. Il retourne contre
nous
ces produits — tels que le nationalisme par exemple — au nom de valeu
825
Mais ce même monde méprise, ou ignore simplement,
notre
psychologie et notre spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse
826
prise, ou ignore simplement, notre psychologie et
notre
spiritualité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore notre éthi
827
notre psychologie et notre spiritualité. Il exige
nos
machines, mais refuse ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
828
ité. Il exige nos machines, mais refuse ou ignore
notre
éthique de travail. Il veut que nous l’aidions à mieux vivre, mais dé
829
e ou ignore notre éthique de travail. Il veut que
nous
l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne notre idéal de l’amour du proc
830
t que nous l’aidions à mieux vivre, mais dédaigne
notre
idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
831
prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que
notre
culture soit devenue réellement universelle. Mais on n’en voit pas d’
832
ble mieux qu’elle d’animer la civilisation née de
nos
œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire, nous qui sommes aus
833
née de nos œuvres. Alors, que faire ? Que devons-
nous
faire, nous qui sommes aussi les « produits » de la culture européenn
834
œuvres. Alors, que faire ? Que devons-nous faire,
nous
qui sommes aussi les « produits » de la culture européenne ? Je crois
835
ntenant d’autres motifs, beaucoup plus vastes. Il
nous
faut faire l’Europe, parce qu’il faut faire le monde, et que l’Europe
836
rt de moi-même me dit : après tout, que peut bien
nous
faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut, le sens d
837
tout, que peut bien nous faire le sort du monde ?
Notre
sort personnel, notre salut, le sens de notre vie individuelle, n’est
838
us faire le sort du monde ? Notre sort personnel,
notre
salut, le sens de notre vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus
839
e ? Notre sort personnel, notre salut, le sens de
notre
vie individuelle, n’est-il pas beaucoup plus important ? Question eur
840
stion européenne par excellence. Mais qui d’entre
nous
peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Eur
841
Au xviie siècle déjà, Amos Comenius écrivait : «
Nous
autres Européens, nous sommes comparables à des passagers embarqués s
842
Amos Comenius écrivait : « Nous autres Européens,
nous
sommes comparables à des passagers embarqués sur le même bateau. » C
843
ême bateau. » Ce bateau ne porte pas aujourd’hui
nos
seuls destins, mais ceux de l’humanité entière, embarquée pour la déc
844
, la voilure nécessaires ? Ou bien ne faut-il pas
nous
demander, plutôt, si l’homme qui les conduit a la foi nécessaire ? Je
845
son, parce qu’ils doutent de l’avenir prochain de
notre
Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’el
846
elle-même a suscité, et qui commande au préalable
notre
union. À ceux qui demandent d’abord des apaisements moraux, des certi
847
pondrai simplement ceci : l’angoisse du monde qui
nous
appelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et notre devoir aujo
848
qui nous appelle est sans doute plus grave que la
nôtre
; et notre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoi
849
pelle est sans doute plus grave que la nôtre ; et
notre
devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir notre histoire que de l
850
tre devoir aujourd’hui, est bien moins de prévoir
notre
histoire que de la faire, pour l’ensemble du genre humain. 38. Si l
851
à restaurer le sentiment d’indépendance morale de
notre
continent, à rendre aux chercheurs et créateurs de nos pays une confi
852
ontinent, à rendre aux chercheurs et créateurs de
nos
pays une confiance en soi et en l’avenir qui est l’une des premières
853
e aussi grand que possible de donateurs dans tous
nos
pays. La politique adoptée par le Conseil des gouverneurs, durant ce
854
pour des projets déterminés. Reprenant maintenant
notre
comparaison avec les étages d’une fusée, nous constaterons que le mom
855
nt notre comparaison avec les étages d’une fusée,
nous
constaterons que le moment est venu, pour la Fondation, de « mettre à
856
la mise en pratique de cette troisième étape. Si
notre
Fondation atteint ainsi, en 1960, le but qu’elle s’était fixé au dépa
857
ez tous dans vos cœurs : Rien au monde ne saurait
nous
plaire davantage. Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que no
858
Or, songez-y : ce plaisir au secret de l’âme que
nous
vaut la lecture des légendes arthuriennes, et d’abord de celle de Tri
859
le mot de Valéry, mais aussi à jamais adolescent,
nous
le devons tous aux travaux inspirés, et pourtant précis à l’extrême,
860
avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de
nos
passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
861
raduire cette belle définition dans les termes de
notre
sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
862
égende primitive et ses expressions dérivées dans
nos
littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
863
xpressions dérivées dans nos littératures et dans
nos
vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
864
us, elles donnent de la justesse dans le style de
nos
émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
865
’une manière imagée, symbolique, une structure de
notre
existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, car celle-
866
une structure de notre existence. Mais non pas de
notre
existence intellectuelle, car celle-ci possède d’autres manières de s
867
mme la logique et la mathématique ; et non pas de
notre
existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
868
mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans
nos
sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Ceci posé — e
869
re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant
nos
yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
870
ient, et survolant les irritantes vicissitudes de
notre
incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
871
», s’écrie un troubadour tardif, contemporain de
nos
légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
872
du mythe, il est perdant. À ce premier aspect de
notre
légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
873
Retracer leur évolution du xiiie siècle jusqu’à
nos
jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
874
t aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans
nos
mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
875
ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que
nous
serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
876
entre le corps et l’intellect seuls cultivés par
notre
civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
877
t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que
nous
en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
878
es propres fondements. La passion se fait rare de
nos
jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
879
on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire
nos
romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
880
ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita
nous
est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
881
er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront
nos
romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
882
la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que
notre
culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
883
stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à
nos
sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
884
t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que
notre
condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
885
arrage que notre condition d’êtres finis oppose à
notre
amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
886
la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes
nos
sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
887
vage magique, les amants légendaires sont entrés,
nous
disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
888
zon du nouveau Jour qui révélera le sens caché de
nos
« apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
889
retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien
notre
mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
890
l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de
notre
mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
891
, et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de
notre
nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la
892
notre nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à
notre
amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
893
lle technique et nulle science de l’homme ne peut
nous
être ici d’aucun secours. Il faut aimer, pour le comprendre et rappor
894
er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut
nous
y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
895
er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter
notre
vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
896
image ordonnatrice de la passion. En restituant à
notre
temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
897
ans sa grandeur première et drue, les philologues
nous
ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
898
apporter un peu plus de justesse dans le style de
nos
émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
899
goureuse et la plus sensible, un autre exposé que
nous
attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, su
900
Nos
meilleurs esprits (1961)ad Dans un film naguère célèbre, Orson Wel
901
e dans la petite phrase incriminée, la plupart de
nos
compatriotes ne voient pas malice, persuadés qu’ils sont que l’horlog
902
ne craint personne. Il faut admettre ensuite que
notre
aurea mediocritas saute aux yeux du premier venu, tandis que la grand
903
veut-on qu’un étranger le voit ? S’il vient chez
nous
et cite l’un des Suisses qu’il connaît par sa réputation mondiale, pa
904
mesure. C’est tout cela qu’interdisent moralement
nos
coutumes, et physiquement nos petits compartiments. Que fera l’homme
905
erdisent moralement nos coutumes, et physiquement
nos
petits compartiments. Que fera l’homme de talent, d’ambition, de géni
906
t des Suisses dans la culture humaine, tandis que
notre
Américain la réduisait au joujou ? Il est vrai que nos meilleurs espr
907
méricain la réduisait au joujou ? Il est vrai que
nos
meilleurs esprits, hors de l’étroit compartiment natal, iront cherche
908
xviiie siècle. Mais ce n’est pas en grimpant sur
nos
Alpes que ces hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand ; c’est
909
pays voisins et parfois de l’Amérique, que ce nom
nous
est revenu, comme importé. Un autre trait commun à nos meilleurs espr
910
st revenu, comme importé. Un autre trait commun à
nos
meilleurs esprits mériterait une étude plus ample, dont je n’indique
911
es affaires publiques, théologiens et pédagogues,
nous
les voyons tous assumer des devoirs sociaux ou civiques, éducatifs ou
912
ands dons aux yeux de leur conscience helvétique…
Nous
n’avons pas en Suisse de purs poètes, ni de peintres qui aient fait é
913
rale », leur eussent été formellement refusés par
nos
coutumes les plus invétérées. En revanche, les grands noms que j’énum
914
dans nulle autre région d’étendue comparable, sur
notre
continent. Le lecteur de ce recueil m’aura vu venir : je n’entendais
915
à toute étude future sur l’œuvre et sur la vie de
notre
ami Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, « Nos meilleurs es
916
Carl J. Burckhardt. ad. Rougemont Denis de, «
Nos
meilleurs esprits », Dauer im Wandel : Festschrift zum 70. Geburtstag
917
hui est dominée par l’industrie ; or le moteur de
notre
développement industriel, c’est la technique, fille de la science, et
918
lème ? Et dans quelle situation concrète abordons-
nous
notre sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondra
919
? Et dans quelle situation concrète abordons-nous
notre
sujet ? C’est la première question que je me pose. J’y répondrai en c
920
progressistes ; d’autre part, ceux qui défendent
nos
traditions humanistes, ceux qui s’opposent de toutes leurs forces ins
921
la technique. Je suis pour ma part convaincu que
notre
culture, dans son ensemble — théologie, philosophie et science, poési
922
stants de l’homme, des rêves qui déterminent dans
nos
vies ce qu’on nomme les hasards, les trouvailles par hasard, des rêve
923
ssi les grands thèmes directeurs des créations de
notre
culture. Pourquoi l’homme fabrique-t-il des outils ? Quels sont donc
924
s les historiens de la technique répètent jusqu’à
nos
jours que les grandes inventions ont « répondu à des besoins », écono
925
alimentaires et matériels. Quelques-uns cependant
nous
disent : si l’homme invente, c’est par défi aux dieux, c’est pour rav
926
l, comme Prométhée, et pour soumettre la Nature à
notre
volonté de puissance et de richesse. Et pourtant, la plupart des exem
927
du sort de la technique moderne, et par suite de
notre
économie, nous ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de conf
928
echnique moderne, et par suite de notre économie,
nous
ne trouvons pas le désir de gain, ni le besoin de confort, ni la volo
929
te invention que, dans son livre intitulé Ma Vie,
nous
donne l’inventeur Henry Ford. Ce rêveur incurable, ce bricoleur dépou
930
naissances scientifiques, cherchait à construire,
nous
dit-il, une « locomotive routière » qui ne fût pas astreinte à suivre
931
ainsi le processus automatique ; et il fit cela,
nous
disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Wat
932
nomique, entièrement fausse pour les périodes qui
nous
précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart de
933
fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut
nous
sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’invention
934
termes physiques. Les très grandes inventions de
notre
siècle vérifient, en revanche, une fois de plus, la thèse du rêve cré
935
sommes — des milliards de dollars — que dépensent
nos
plus grands États, sont affectées à la recherche des moyens d’explore
936
iversel et proprement irrésistible. Et si un jour
nous
découvrons sur Mars des substances nouvelles qui procurent à nos indu
937
sur Mars des substances nouvelles qui procurent à
nos
industries ou à nos États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de p
938
ces nouvelles qui procurent à nos industries ou à
nos
États de nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance, nos descen
939
nouveaux moyens d’enrichissement ou de puissance,
nos
descendants diront : c’est à cause de cela, c’est pour cela que les p
940
s témoins qu’il n’en est rien. C’est la nature de
nos
rêves constants qui détermine nos découvertes, donc nos techniques. M
941
st la nature de nos rêves constants qui détermine
nos
découvertes, donc nos techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où vi
942
ves constants qui détermine nos découvertes, donc
nos
techniques. Mais nos rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expri
943
ermine nos découvertes, donc nos techniques. Mais
nos
rêves à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment nos croyances au
944
es à leur tour, d’où viennent-ils ? Ils expriment
nos
croyances autant que nos instincts, les interdits sociaux et religieu
945
nent-ils ? Ils expriment nos croyances autant que
nos
instincts, les interdits sociaux et religieux autant que les désirs s
946
r qu’ils se nourrissent en retour de la culture :
nos
lectures, les tableaux que nous avons vus, les images du divin que no
947
ur de la culture : nos lectures, les tableaux que
nous
avons vus, les images du divin que nous livrent les siècles de notre
948
leaux que nous avons vus, les images du divin que
nous
livrent les siècles de notre civilisation, modifient sans nul doute n
949
s images du divin que nous livrent les siècles de
notre
civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son ima
950
s de notre civilisation, modifient sans nul doute
notre
pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations, — qui sont celles
951
magerie et ses orientations, — qui sont celles de
nos
découvertes. En résumé — notre technique occidentale est née du rêve
952
— qui sont celles de nos découvertes. En résumé —
notre
technique occidentale est née du rêve occidental, de ce même rêve qui
953
ée du rêve occidental, de ce même rêve qui a créé
notre
culture ; — la technique n’est donc pas un destin objectif et que nou
954
echnique n’est donc pas un destin objectif et que
nous
aurions à subir, mais bien au contraire, elle exprime des vœux profon
955
au contraire, elle exprime des vœux profonds dont
nous
sommes responsables. Il en résulte que la culture et la technique ne
956
ées dans leurs sources, puisqu’elles procèdent de
nos
mêmes rêves fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de nous fa
957
fondamentaux. Cette thèse présente l’avantage de
nous
faire mieux comprendre la nature des deux dangers majeurs que la tech
958
echnique. Dans la première moitié du xxe siècle,
nous
avons assisté à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de notre vi
959
té à ce que l’on nomme souvent l’envahissement de
notre
vie par la machine. Et tous nos grands penseurs de se lamenter sur le
960
nvahissement de notre vie par la machine. Et tous
nos
grands penseurs de se lamenter sur le déclin des valeurs spirituelles
961
t mettre l’homme en esclavage, ou que la bombe va
nous
détruire, on oublie simplement que les machines et la bombe sont fait
962
r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne
nous
raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
963
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il
nous
faut, c’est un contrôle de l’homme. Il n’est pas d’invention, si sim
964
de cuisine a sûrement fait plus de victimes dans
notre
histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. C’est l’homm
965
agédie depuis plus d’un siècle pour une partie de
nos
populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
966
omplément vivant d’un mécanisme mort ». Mais déjà
nous
voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
967
progrès, mais au contraire en les accélérant, que
nous
sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut, progre
968
ère nouvelle, qui doit et peut, progressivement,
nous
permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
969
e que se développera l’automation. Imaginons donc
notre
humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
970
’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr,
nous
ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
971
ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être.
Nous
allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
972
asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais
nous
voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
973
oyons que les progrès techniques les plus récents
nous
ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
974
e l’invention technique qui tient à l’ensemble de
notre
culture et à ses rêves directeurs. Gardons-nous de scier la branche s
975
notre culture et à ses rêves directeurs. Gardons-
nous
de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
976
-nous de scier la branche sur laquelle est assise
notre
puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
977
lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout
notre
enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
978
ule formation spécialisée, il en résultera 1° que
nous
aurons moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous cour
979
ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que
nous
courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
980
ourrons le risque d’être spirituellement soumis à
nos
machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
981
erai maintenant quelques conclusions : 1. Gardons-
nous
d’opposer théoriquement la culture et la technique comme s’il s’agiss
982
eux entités indépendantes et au surplus rivales.
Nous
avons vu que leurs sources créatrices sont communes, qu’elles jaillis
983
t fabricatrice, poétique au sens étymologique. Et
nous
pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur
984
mait si anxieusement un « supplément d’âme » pour
notre
société technique se voit doté, grâce aux paperbacks, d’un supplément
985
rs aux États-Unis ! Deuxième conclusion : Gardons-
nous
d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
986
nous d’opposer technique et culture générale dans
nos
programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendra
987
uit, au détriment final de l’un et de l’autre. On
nous
répète que notre société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’i
988
t final de l’un et de l’autre. On nous répète que
notre
société a besoin d’innombrables techniciens, et qu’il s’agit de les f
989
étail ses méthodes, et il conclut : « Vous voyez,
notre
activité réelle, c’est un mélange de poésie et de cuisine. Les procéd
990
es, à la stagnation, ou à des monstruosités. S’il
nous
faut davantage de techniciens et de chercheurs scientifiques, il nous
991
de techniciens et de chercheurs scientifiques, il
nous
faut donc davantage de culture générale, et non pas moins, et seuleme
992
ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de
nos
techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
993
es équivalents modernes du cheval de Troie. Et si
nous
persistons à l’ignorer, nous donnerons aux pays sous-développés des o
994
eval de Troie. Et si nous persistons à l’ignorer,
nous
donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs et destructeu
995
ns leur expliquer les dangers et les bienfaits de
notre
apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
996
uer les dangers et les bienfaits de notre apport.
Nous
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
997
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et
nos
remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
998
deviendront des poisons. Il est donc temps, pour
nous
Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
999
tout le monde parle et que tout le monde exige de
nous
, une assistance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous nos dons
1000
ance éducatrice et culturelle, sans laquelle tous
nos
dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
1001
ette culture qui n’est pas seulement la source de
nos
inventions mais la seule garantie d’un progrès véritable. L’avenir de
1002
éritable. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de
nos
dividendes immédiats, mais de notre faculté d’imaginer un développeme
1003
e dépend pas de nos dividendes immédiats, mais de
notre
faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
1004
té d’imaginer un développement plus harmonieux de
nos
rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seul
1005
développement plus harmonieux de nos rêves et de
notre
action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seulement dans les ind
1006
Le Temps de la louange (été 1961)ac
Notre
rencontre date de l’été 1947, à Paris. Nous étions quelques-uns dans
1007
c Notre rencontre date de l’été 1947, à Paris.
Nous
étions quelques-uns dans le hall d’un hôtel, vers quatre heures du ma
1008
ulait savoir son avenir. Ce que je sus, c’est que
nous
aurions beaucoup à faire ensemble. Deux ans plus tard, il devenait mo
1009
ou simplement par la révolte. Car il croyait que
notre
incohérence aveugle avait un sens ailleurs, heureux et grand pour l’â
1010
tains indices — nombres, accords, réminiscences —
nous
laissaient pressentir l’empire. Ici-bas régnaient l’à-peu-près, l’inj
1011
ascinait, ou comme celle, un peu clandestine, que
nous
poursuivions à Genève. Une espèce de rêve impérial d’autorité sans po
1012
grenu » de la vie brève, et qu’il deviendra parmi
nous
, pour quelques-uns, dans le temps signifiant de l’esprit, temps de lo
1013
fiant de l’esprit, temps de louange au « Dieu qui
nous
traverse ». ac. Rougemont Denis de, « Le Temps de la louange », Ca
1014
tésiennes, aient été premièrement illustrées dans
notre
langue par ses écrits : fait d’histoire mais non pas de présence cont
1015
non pas de présence continuée. Ce qu’on entend de
nos
jours par « la littérature » dans les milieux où elle se crée et se c
1016
r la raison qu’elle enrichit ceux qui la suivent,
nous
dit-il. Dieu toutefois me fit tourner bride… Ayant donc reçu quelque
1017
’un des rares livres qui aient changé le cours de
notre
histoire occidentale. Et de nouveau, il fuit devant l’éclat que fait
1018
i vers des buts et dans une action à quoi rien ne
nous
inclinait. J’étais l’homme le moins fait pour cela ! gémit l’individu
1019
urée par sa vocation ; comme aussi ses défauts, à
notre
goût du jour. Il est moins séduisant qu’impérieux, moins impérieux po
1020
u bon sens et du langage quotidien de son temps :
nous
jugeons pittoresques, par erreur, des tours qui ne voulaient qu’être
1021
fin d’après-midi dorée, avec Ortega y Gasset, et
nous
parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sorte de prémonitio
1022
esprit. Mais quelques jours plus tard, à Orléans,
nous
entendions ensemble Jeanne au bûcher, de Paul Claudel et Arthur Honeg
1023
s large as life and twice as natural comme le dit
notre
ami commun Lewis Carroll. La grandeur simple, la simplicité grande, s
1024
questions me paraît vital, et non seulement pour
notre
Fondation, mais pour tous ceux qui ont travaillé depuis longtemps à f
1025
ation politique, — qui effraye encore beaucoup de
nos
États. Les problèmes culturels ne seraient par conséquent que des pro
1026
, est en fait partagée par les élites sociales de
notre
continent : il suffit pour s’en assurer de comparer nos budgets de la
1027
ntinent : il suffit pour s’en assurer de comparer
nos
budgets de la culture avec ceux de l’URSS et des USA, puissances mode
1028
quelque 300 fondations culturelles existant dans
nos
pays, qui ne se chiffre qu’en millions de francs, marks ou florins. M
1029
n d’être fini ! Selon la plus célèbre équation de
notre
époque, celle d’Einstein, l’énergie est égale au produit de la masse
1030
gnant l’Europe par E, la petite masse physique de
notre
continent par m, et sa culture par c, nous obtenons une équation semb
1031
ue de notre continent par m, et sa culture par c,
nous
obtenons une équation semblable et non moins chargée de conséquences
1032
ances du xxe siècle, — très largement créées par
nos
œuvres, d’ailleurs ! — nous commandent impérieusement de réunir nos p
1033
s largement créées par nos œuvres, d’ailleurs ! —
nous
commandent impérieusement de réunir nos peuples et de mettre en pool
1034
eurs ! — nous commandent impérieusement de réunir
nos
peuples et de mettre en pool leurs ressources, trop longtemps divisée
1035
ins de culture européenne. L’obstacle principal à
notre
union réside dans les esprits, non dans les faits. C’est donc dans le
1036
squ’à Coudenhove-Kalergi, Briand et Churchill, de
nos
jours, — depuis six siècles donc, les meilleurs esprits et les meille
1037
t n’ont cessé de préconiser une union fédérale de
nos
peuples, respectant leurs diversités. Aux premiers vous direz : votre
1038
e serait sans nul doute plus conforme au génie de
nos
peuples divers, mais voilà six-cents ans qu’elle échoue dans tous ses
1039
x termes ensemble. Tel est le secret spirituel de
notre
avenir. L’énergie tout à fait extraordinaire qu’ont dégagée les peupl
1040
onde, a sa source dans les tensions produites par
nos
diversités, — de religions, de races et de coutumes, d’idéologies, d’
1041
ns, et l’Europe a risqué d’en périr. Insister sur
nos
seules diversités détruit l’Europe matériellement. Vouloir nous unifi
1042
versités détruit l’Europe matériellement. Vouloir
nous
unifier dans un cadre rigide détruit l’Europe spirituellement. Le com
1043
’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de
nos
pauvres conditions physiques. De la culture aussi sont venues nos div
1044
itions physiques. De la culture aussi sont venues
nos
divisions, presque mortelles. De la culture enfin doit venir le remèd
1045
elles. De la culture enfin doit venir le remède à
nos
maux, et il est double : réduire les préjugés nationalistes, qui s’op
1046
ces principes en termes d’activités culturelles.
Nous
voyons que le programme commun des instituts, mouvements et associati
1047
tituts, mouvements et associations de culture que
notre
Fondation entend soutenir, doit comprendre les deux tâches suivantes
1048
u xxe siècle — en s’appuyant sur la diversité de
nos
langues. La première tâche sera donc d’illustrer l’unité de base de t
1049
mune des Européens est beaucoup plus ancienne que
notre
présent découpage en États qui se disent « souverains » mais qui sera
1050
he consiste à prendre au sérieux les principes de
notre
culture occidentale, et d’abord à les mieux connaître. Que servirait
1051
départ à un échec sans gloire. Prendre au sérieux
nos
principes et nos valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairemen
1052
sans gloire. Prendre au sérieux nos principes et
nos
valeurs, c’est une affaire d’éducation. Contrairement à l’Asie et à l
1053
re chose. Mais sans l’action éducatrice de toutes
nos
forces culturelles, décuplées par une aide puissante que l’économie s
1054
ront à la freiner. Et les Autres arriveront avant
nous
à des positions de puissance dont ils ne manqueront pas d’abuser cont
1055
ont pas d’abuser contre l’homme, du moins tel que
nous
le concevons. En admettant qu’une armature d’institutions s’impose to
1056
e armature d’institutions s’impose tout de même à
nos
peuples passifs, si les forces de culture ne l’animent pas, une Europ
1057
ue vide. L’apport vital des forces culturelles à
notre
intégration consiste donc d’abord à préparer le terrain pour les mesu
1058
et stratégique du Saint-Gothard dès les débuts de
notre
histoire. Le 11 mai, les nazis ayant envahi la Belgique et la Holland
1059
de Berne, qui a demandé quelques volontaires. Il
nous
expose notre tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’a
1060
ui a demandé quelques volontaires. Il nous expose
notre
tâche : prendre le commandement des pelotons chargés d’arrêter à la p
1061
oi de la Suisse alémanique. En sortant du studio,
nous
apprenons que Paris vient d’être bombardé pour la première fois. Dans
1062
bombardé pour la première fois. Dans le train qui
nous
ramène à Berne le lendemain matin, je dis à Spoerri : « Si la France
1063
t tentés de céder à diverses pressions. Pourtant,
nous
sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je
1064
ssions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir
nous
défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard comme au
1065
. Le 12 juin 1940 Débâcle française sur la Seine.
Notre
projet me travaille. Spoerri insiste, agit. Des contacts sont pris à
1066
. Des contacts sont pris à droite et à gauche. On
nous
approuve, on nous aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idé
1067
t pris à droite et à gauche. On nous approuve, on
nous
aidera, mais allez vite ! Vertige de sentir une idée qui s’incarne, q
1068
s’il est bien à la mesure du tragique dans lequel
nous
baignons… L’ai fait lire au lieutenant-colonel M. et aux autres camar
1069
ave, c’est… très grave ! Terminé. — Terminé. Bon.
Nous
verrons cela demain matin. Arriver à sept heures tapantes au bureau,
1070
rriver à sept heures tapantes au bureau, surtout.
Notre
projet du 6 juin se précise. Ph. Mottu est en train de convoquer pour
1071
e convoquer pour le 22 juin les dix personnes que
nous
avons « contactées » ces jours derniers. Secret bien gardé jusqu’ici.
1072
di. C’était sérieux. Attaques de saboteurs contre
nos
aérodromes. Mais on veillait partout. Hier soir, des barrages ont été
1073
n 1962, p. 1. ak. Précédé du chapeau suivant : «
Nos
lecteurs se souviennent sans doute de l’étude du journaliste anglo-su
1074
iste anglo-suisse Jon Kimche parue cet hiver dans
nos
colonnes et consacrée à certains aspects souterrains — ou simplement
1075
pects souterrains — ou simplement peu connus — de
notre
histoire pendant le dernier conflit mondial. Dans cet ouvrage, Kimche
1076
ute à ceux qui auraient pu être tentés d’intégrer
notre
pays au système du Troisième Reich alors triomphant. Le général Guisa
1077
les objectifs eurent sa sympathie. L’attitude de
notre
gouvernement et de notre commandant en chef rendit inutile toute acti
1078
sympathie. L’attitude de notre gouvernement et de
notre
commandant en chef rendit inutile toute action directe de ces mouveme
1079
de Rougemont, témoin et acteur de ces événements
nous
a envoyé certains feuillets de son journal de juin et juillet 1940 qu
1080
juillet 1940 qui les éclairent et les expliquent…
Nous
avons choisi de publier ces pages en cette fin de juin, à peu près à
1081
peut y apparaître dans un instant des hommes qui
nous
tireront dessus. Je n’ai même plus mon pistolet, que je déposais chaq
1082
heure, les nouvelles de l’action entreprise pour
notre
« défense à tout prix ». (Beaucoup de précautions sont nécessaires, c
1083
0 juin 1940 Mon colonel se présente à la porte de
notre
petite maison du Gurten. Je prends la position. Il tient dans chaque
1084
a quelques jours. En ce moment même, chez Mottu,
nos
conjurés sont réunis pour la fondation du mouvement de résistance à t
1085
des éditoriaux parlent déjà de « la nécessité de
nous
adapter à l’ordre nouveau »…) Fin juin 1940 Repris mon service à la s
1086
cées, j’ai eu le temps de rédiger le manifeste de
notre
mouvement, qui a pris le nom de « Ligue du Gothard », pour ma plus gr
1087
de l’horizon politique, décidés à faire converger
nos
efforts, nous fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suis
1088
politique, décidés à faire converger nos efforts,
nous
fondons la Ligue du Gothard. Bastion naturel de la Suisse, cœur de l’
1089
Confédérés peuvent s’unir dans leurs diversités…
Nous
n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse dans le présent et pour
1090
tenir la Suisse dans le présent et pour l’avenir.
Nous
ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fie
1091
ous promettons qu’un grand effort commun. Mais il
nous
rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses. Ce texte va paraître
1092
a paraître dans 74 journaux du pays. Dans chacun,
nous
avons acheté une page entière. (Formule de la publicité politique ou
1093
que aux États-Unis.) Frais payés sur la somme que
nous
a remise le capitaine E., l’un des chefs de la ligue des officiers —
1094
propos du cessez-le-feu en France, il a parlé de
notre
« soulagement » ! Cela peut s’entendre de diverses manières, mais l’u
1095
des membres du Directoire de la Ligue, soit avec
notre
seul homme de liaison entre la Ligue dans l’armée et la Ligue civile
1096
nt Lindt41. Une maison de Berne, à double entrée,
nous
permet des contacts discrets avec les représentants de la Ligue dans
1097
! Beaucoup de lettres, de pamphlets, d’articles,
nous
accusent tour à tour de tendances fascistes, ou marxistes, ou corpora
1098
dances fascistes, ou marxistes, ou corporatistes.
Nos
vrais « meneurs de jeu » seraient à la fois : la grande industrie, le
1099
old, dont on annonce par ailleurs la démission de
notre
Directoire : or il n’en a jamais été membre. Rien de plus normal. En
1100
s toute l’ampleur du péril, c’est bien le tout de
notre
vie suisse et non pas tel parti plutôt qu’un autre, qui est radicalem
1101
urnent. Le Conseil fédéral paraît hésitant. Selon
nos
renseignements très précis, certains de ses membres seraient prêts à
1102
cette manière d’aller dire à un gouvernement : «
Nous
vous avertissons qu’il existe un complot pour vous renverser, et que
1103
’il existe un complot pour vous renverser, et que
nous
en sommes les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement nous croya
1104
les fauteurs ! » Logiquement, si le gouvernement
nous
croyait, il devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croy
1105
ement, si le gouvernement nous croyait, il devait
nous
faire arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas, notre démarche
1106
l devait nous faire arrêter sur-le-champ. S’il ne
nous
croyait pas, notre démarche était ratée, et au surplus couvrait la Li
1107
e arrêter sur-le-champ. S’il ne nous croyait pas,
notre
démarche était ratée, et au surplus couvrait la Ligue de ridicule. En
1108
élégation comprit très bien qu’il s’agissait pour
nous
d’appuyer les durs et de faire peur aux mous. Le Conseil fédéral deva
1109
ire peur aux mous. Le Conseil fédéral devait donc
nous
croire et ne pas nous croire à la fois. Finalement, il résista, comme
1110
Conseil fédéral devait donc nous croire et ne pas
nous
croire à la fois. Finalement, il résista, comme on sait.) 40. Néanm
1111
divers cantons, n’auraient pas vu si tôt le jour.
Nous
savons qu’en réunissant des efforts jusqu’ici dispersés et des groupe
1112
ci dispersés et des groupements naguère hostiles,
nous
créons le visage de la nouvelle génération et nous marchons dans la s
1113
ous créons le visage de la nouvelle génération et
nous
marchons dans la seule voie possible. Nous savons que la Suisse est g
1114
ion et nous marchons dans la seule voie possible.
Nous
savons que la Suisse est gravement menacée, mais que notre action la
1115
ons que la Suisse est gravement menacée, mais que
notre
action la renforce. De tout temps, à l’appel du danger, nos ancêtres
1116
la renforce. De tout temps, à l’appel du danger,
nos
ancêtres se sont levés. C’est notre tour. 25 juillet 1940 Hier a eu
1117
ppel du danger, nos ancêtres se sont levés. C’est
notre
tour. 25 juillet 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout notr
1118
et 1940 Hier a eu lieu le rapport du Grütli. Tout
notre
dispositif de défense regroupé autour du Gothard ! Notre rêve devient
1119
ispositif de défense regroupé autour du Gothard !
Notre
rêve devient vrai ! Profonde impression dans l’armée et dans la popul
1120
Zurich, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que
nous
nous dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route pre
1121
ch, dans une villa de l’Utliberg. Tandis que nous
nous
dirigeons vers un café, à l’heure du déjeuner, sur une route presque
1122
une voiture militaire ouverte ralentit le long de
nos
petits groupes. Un jeune lieutenant inconnu de moi saute à terre, fai
1123
vraiment comme ce bastion de l’Europe libre dont
nous
avions rêvé sans oser croire qu’en quelques mois il deviendrait une r
1124
litairement moins forte et moins bien alertée. Et
notre
petit mouvement de résistance, pour préventif qu’il soit resté, eût c
1125
, pas beaucoup dire. Me taire ou ne parler que de
notre
belle nature me semblait également intolérable, tant qu’Hitler séviss
1126
dans la lutte en cours, provisoirement perdue sur
notre
continent, l’élément décisif allait venir et ne pouvait venir que de
1127
résistance paraissait s’émousser chez certains de
nos
compatriotes impressionnés par l’ampleur des succès nazis (voir La T
1128
tion débridée court vers l’avenir dans le sens de
nos
désirs ou de nos craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussit
1129
rt vers l’avenir dans le sens de nos désirs ou de
nos
craintes, selon notre tempérament. La mémoire aussitôt la bride par l
1130
s le sens de nos désirs ou de nos craintes, selon
notre
tempérament. La mémoire aussitôt la bride par le rappel d’échecs ou d
1131
ent debout, essayons d’avancer dans l’inconnu que
nous
découvrirons en l’inventant, et qui peut-être nous transformera, mais
1132
ous découvrirons en l’inventant, et qui peut-être
nous
transformera, mais dans la mesure où nous le formerons. Pour tenter d
1133
ut-être nous transformera, mais dans la mesure où
nous
le formerons. Pour tenter d’estimer l’ordre de grandeur des changemen
1134
s changements qu’apporteront les dix-huit ans qui
nous
séparent de 1980, voyons d’abord quels changements ont apportés les d
1135
els changements ont apportés les dix-huit ans qui
nous
séparent de la fin de la dernière guerre. L’Europe de l’Ouest a passé
1136
personne n’osait le croire ou le redouter. Sommes-
nous
autorisés à prolonger les lignes de cette récente évolution et à prév
1137
e l’alliance atlantique ; l’anarchie continuée de
nos
relations avec le tiers-monde, d’où l’affaiblissement général des pos
1138
sont probablement moins essentiels que ceux dont
nous
fûmes les témoins depuis la dernière guerre, mais ils sont plus spect
1139
e possible par l’union économique et politique de
nos
pays, et d’autre part l’accroissement de la population et l’urbanisat
1140
tains, aujourd’hui, voient un peu mieux vers quoi
nous
devons choisir d’aller. aq. Rougemont Denis de, « Dans vingt ans,
1141
La commune, base essentielle de
notre
civilisation (novembre-décembre 1962)as Anciens villages et villes
1142
curieusement les photos prises du haut des airs,
nous
nous posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’un
1143
eusement les photos prises du haut des airs, nous
nous
posons enfin sur le sol de l’Europe, dans la rumeur humaine d’une pla
1144
ans trop d’erreurs les structures essentielles de
notre
civilisation. Un service religieux, une séance du conseil municipal,
1145
traient de trouver quelques-uns des secrets (pour
nous
trop évidents) du dynamisme européen, c’est-à-dire de la communauté s
1146
de centralisation systématique dans l’ensemble de
nos
pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans
1147
emont Denis de, « La commune, base essentielle de
notre
civilisation », Communes d’Europe, Paris, novembre–décembre 1962, p.