1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 gentes, de deux types d’aventure humaine que l’on peut désigner par les termes symboliques, plus que géographiques, d’Orient
2 dit le proverbe. Mauvaise formule d’union, qui ne peut survivre à l’aube ! Si l’Orient et l’Occident doivent un jour converg
3 tion « orientale », la tendance individualiste ne pouvait trouver d’exutoire que dans l’aventure mystique. Le véritable individ
4 ble à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel
5 fisante, n’ouvre pas une voie vérifiable et qu’on puisse librement parcourir ; mais par le moyen d’une ascèse soumettant le co
6 si maître de lui qu’il soit, un dieu lui-même ne peut sans le yoga atteindre la libération. » (Yoga-anka.) Pour l’Occidenta
7 Ces gens ne seront-ils jamais seuls ? L’individu peut -il vraiment compter, dans ce grouillement sempiternel ? Mais je vais
8 rit révolutionnaire, ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’un miroi
9 , donc ni d’une personnalité ni d’un visage. « On peut aller jusqu’à prétendre ceci : les contradictions représentent si peu
10 idu en Inde, comme celle du mystique médiéval, ne peut être que fuite en l’Absolu. Ainsi le moi devient conscient et se déta
11 sivité. Les plus grands mystiques de l’Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (c
12 inte. Ce qui s’y passe, et ce qui en provient, ne peut naître que du libre arbitre, sous peine de devenir vain, et même vil,
13 ue est une réalité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier notre délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a
14 a religion et leurs explications, que ces options pouvaient être surprises ; car on les voyait là dans leur état naissant. Qu’ell
15 t de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre la confrontation de l’Extrême-Occident et de l’Extrême-Orien
16 ndant longtemps par le barrage de l’islam, et n’a pu s’esquisser qu’à partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous nos
17 iduelle, et que le but de la recherche humaine ne peut pas être le progrès ou l’invention, mais l’identification du chercheu
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
18 mêmes qui, faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir notre vieux continent à cause des profondes différences qui sépa
19 la prise de conscience d’une entité européenne ne peut être attestée à l’aide de documents qu’à partir de l’an 1300 : les pr
20 eloppent en dépit des nations, qui ont au plus le pouvoir de les freiner en paralysant les échanges. Quant au plan politique on
21 core, il serait absurde de le contester : elle ne peut rien sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-nous de la sous-
22 e contester : elle ne peut rien sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous auss
23 dans les limites d’un même cordon douanier et du pouvoir d’une même police, on obtient finalement ce qu’on mérite, j’entends l
24 ds ce qui est déjà perdu de toute façon et qui ne pourrait être récupéré — pour autant que ce soit désirable — qu’au niveau de l
25 sant) ; l’indépendance assurément (si elle est le pouvoir de ne pas subir la loi d’une puissance étrangère)… Tout cela suppose
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
26 existe, dans la mesure exacte où M. Berl lui-même peut écrire une Histoire de l’Europe. Je suis très loin de qualifier de so
27 ope reste à « faire » ; je dis seulement qu’on ne peut la vouloir et la faire — donc l’unir par des liens fédéraux — si d’ab
28  Je sentais l’urgence de rappeler que l’Europe ne peut et ne doit pas être regardée comme une entité ni comme une fin, mais
29 Rougemont me dit qu’il y a une Suisse, quoiqu’on puisse disputer sur la date de sa naissance. En effet. Mais on a généralemen
4 1957, Articles divers (1957-1962). La fin du pessimisme (juin 1957)
30 ope et sa puissance, trois révolutions portant au pouvoir des tyrannies totalitaires qui revendiquaient les corps non moins que
31 énération qui n’avait appris que le mensonge. Ses pouvoirs de résistance à Big Brother, niés par Orwell, ont éclaté dans les rue
32 onde connaît, la liste complète des meilleurs. On pourrait m’objecter Valéry, hédoniste épris de la règle et persuadé de la vale
33 rs la « parfaite et définitive fourmilière » ? On pourrait m’objecter Claudel, optimiste de style baroque et fonctionnaire du pr
34 les cafés, et sa foi prend l’allure d’un défi. On pourrait m’objecter Saint-John Perse, mais justement il a choisi l’exil en soi
35 le avait elle-même dépossédé les nobles, qu’il ne peut imposer qu’un régime soviétique, et qu’Orwell a dit vrai malgré lui.
36 ique, et qu’Orwell a dit vrai malgré lui. Curieux pouvoir des pessimistes de l’autre siècle sur les héritiers de leurs ennemis 
37 nce qu’elles en ont, la connaissance qu’elles ont pu prendre du Capital ou de la Science des rêves, et les jugements qu’el
38 i serait, en fin de compte, la vraie réalité ? On pourrait s’inquiéter si d’autres séries de faits, indépendants d’ailleurs des
39 ommun et Euratom. Il serait plus qu’étrange qu’on puisse l’arrêter là. L’Assemblée constituante est sa prochaine étape. Un Pou
40 Assemblée constituante est sa prochaine étape. Un Pouvoir fédéral devrait en résulter, car tout l’appelle et sa nécessité est i
41 des nationalistes attardés. Aucun de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans lever la main po
42 n de nos États ne peut se défendre seul. Aucun ne peut faire la guerre sans lever la main pour demander la permission — qu’o
43 mander la permission — qu’on lui refuse. Aucun ne peut garder seul ses colonies. Aucun ne peut vivre en autarcie économique,
44 Aucun ne peut garder seul ses colonies. Aucun ne peut vivre en autarcie économique, ni commercer comme il l’entend. Aucun d
45 l’entend. Aucun donc n’est indépendant. Mais ils peuvent l’être tous ensemble, et ils commencent à le savoir. 330 millions d’h
46 ement déploré par ceux qui ne le subissaient pas, peut dès maintenant délivrer l’ouvrier des servitudes mécaniques. Mais ses
47 le moment dialectique de la révolution donnant le pouvoir aux ouvriers d’usine. C’est ainsi le développement plus poussé de la
5 1957, Articles divers (1957-1962). La fin justifie les moyens (9 juin 1957)
48 d je me trouvais aux côtés du maréchal Juin, j’ai pu dire : Vous rendez-vous compte ? Me photographier, moi, auprès du Mar
49 s nuits et les jours de Denis de Rougemont. Il ne peut écrire de livres qu’entre onze heures du soir et quatre heures du mat
6 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
50 ortées sur un planisphère, ces zones de diffusion pourraient être représentées par une petite tache d’un rouge sombre sur l’Europe
51 es à l’excès, qu’on en vient à se demander ce que peut bien signifier, en fin de compte, l’occidentalisation d’un peuple, d’
52 écifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir créateur, mutuellement modérateur, humanisant. Dans la plupart des ca
53 une chanson dans le goût de ce pays ; mais ils ne purent écrire que de petites mélodies qui ne rappelaient rien de leur musiqu
54 , appelant d’autres ensembles de valeurs, mais ne pouvant les communiquer, les expliquer et les faire vivre. Les trois aspect
55 n du temporel et du spirituel ; la séparation des pouvoirs et la réglementation de leurs rapports ; l’égalité devant la loi, la
56 de ces produits et le recours à ces principes ne peuvent aller sans impliquer le système de valeurs dont ils procèdent. User d
57 e conçoivent : ou bien garder pour nous ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer nos valeurs
7 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
58 site dans douze ans d’institutions économiques ne peut évidemment suffire ; mais leur échec serait bientôt mortel. Or le Mar
59 individuelle, et la mise au point réciproque. Que pouvons -nous attendre de ces études ? Nous nous sommes refusés à leur donner
60 e son pessimisme et de ses crampes nationalistes… Puisse cet ouvrage contribuer à ranimer un peu de cette confiance en elle-mê
8 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
61 Europe et culture (1958)k On peut créer une fédération européenne, et il le faut. Mais on ne peut pas c
62 fédération européenne, et il le faut. Mais on ne peut pas créer une culture européenne et personne ne l’a jamais demandé, p
63 mondiale du xxe siècle, la culture des Européens peut -elle contribuer à cette union, ou bien lui fait-elle obstacle ? Je pe
64 se de notre union ; mais d’autre part, elle seule peut expliquer les divisions mortelles qui s’opposent à l’union. On ne fer
65 plein effet ? Est-il suffisamment soutenu par les pouvoirs publics et le mécénat privé pour répondre aux défis du temps ? Est-il
66 d’exister. Il existe depuis sept ans. Son exemple peut éclairer. J’essaierai donc de le décrire, très brièvement, pour illus
67 le mensuel distribué à près de 1500 journaux, qui peuvent reproduire gratuitement les courts articles et les nouvelles culturel
68 le domaine très vaste que l’adjectif « culturel » peut servir à désigner (sinon à définir) n’est pas un mal en soi, bien au
69 nt des solutions qu’aucun de nos États-nations ne peut élaborer, et moins encore faire accepter à lui tout seul. Ces difficu
70 ut évident. En retour, nos différentes nations ne pourront engager le dialogue nécessaire avec les autres traditions de culture,
9 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
71 de plusieurs faibles ». La violence d’un seul ne peut être brisée que par l’union de ses victimes, fondant sur l’intérêt et
72 leur communauté. Il s’agit donc de transférer le pouvoir à quelque « plus vaste unité ». Mais la Société des Nations ne dispos
73 mer les penchants destructeurs des hommes. » Mais peut -on les canaliser vers d’autres formes d’expression que la guerre ? Ic
74 op longue échéance ? Sans aucun doute. Mais on ne peut prendre son parti de la guerre, pourtant « biologiquement fondée ». C
75 re est d’un autre âge, quoique populaire. Et l’on peut s’étonner qu’Einstein l’ait adoptée sans la moindre exigence critique
76 urtant et vivait de si près la montée d’Hitler au pouvoir , malgré l’opposition des partis, des nantis, des Églises et des cadre
77 imposée par une arme assez puissante pour que le pouvoir central soit obéi… Or, prenez garde : nous sommes en 1932. Einstein d
78 ui attend son arme, mais cette arme qui attend un pouvoir à sa taille. Car le second élément fédérateur qu’indiquait Freud nous
10 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
79 re petits États souverains, et d’inexistence d’un pouvoir central. Et cela s’est produit entre le 17 février et le 17 novembre
80 fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre, ne peut pas être d’un homme sage ». En conséquence, l’empereur se déclarait p
81 la pleine souveraineté des cantons, remplaçait le pouvoir central par une simple Diète composée de plénipotentiaires des États,
82 galement frappés de droits. Si l’industrie suisse put survivre à de telles conditions, elle ne le dut qu’à l’initiative pri
83 lleure. Nulle autorité centrale et incontestée ne pouvait parler au nom de la Suisse entière. La Diète représentant 25 États so
84 l’ambassadeur de France. Il n’exagérait pas. Que pouvait entreprendre, en effet, une Confédération qui ne disposait que de con
85 véritable fédération, la Régénération conquit le pouvoir dans plusieurs cantons en vue de hâter l’avènement d’une Suisse unie.
86 rait. Il en résultait que les puissances voisines pouvaient « embrasser dans leurs plans stratégiques la Suisse, comme si la gran
87 dont les unes ne connaissaient pas les motifs qui peuvent agir sur les autres… Ces députés obligés quelquefois de résister aux
88 les droits qui ne sont pas expressément cédés au pouvoir fédéral ». La Ligue des cantons, enfin dotée d’organes législatifs, e
89 qu’un député (le grand savant A.-P. de Candolle) pouvait s’écrier en 1832 au Parlement de Genève : « Que veulent les partisans
90 angue, qui nous distingue des confédérés, nous ne pouvons vouloir un ordre de choses qui nous engagerait au sacrifice de notre
91 imposé et garanti le Pacte de 1815. Le Sonderbund pouvait compter sur l’appui de Guizot (protestant pourtant, mais d’abord anti
92 à sept têtes et d’un cabinet de ministres ; on ne peut choisir plus d’un de ses membres dans le même canton. Un Tribunal féd
93 rcent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. La Confédération garantit aux cantons leur terri
94 e crise et à des siècles de refus obstiné de tout pouvoir central. L’absence de publicité des débats et le soin que l’on apport
95 éant la Suisse, le seul résultat durable que l’on puisse attribuer précisément au mouvement général de 1848, partout ailleurs
96 uisse, sont les adversaires de toute extension du pouvoir central, tandis que ceux qui s’intitulent « fédéralistes » au plan eu
97 onales et locales, jusqu’au xixe siècle. Nous ne pouvons songer à en donner ici même un aperçu : la Suisse compte 25 cantons !
11 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
98 ont L’Europe s’est définie dans le monde par son pouvoir d’aller au-delà d’elle-même, de dépasser les conditions de sa nature
99 Quatre constatations fondamentales, et que chacun peut vérifier sans peine, nous font voir que l’Europe se définit d’abord p
100 observé, ni même pressenti. 3. C’est l’Europe qui peut seule animer le courant des échanges mondiaux. Car c’est elle qui les
101 ne voit pas quelle autre partie de ce grand corps peut prétendre à pareille fonction ou s’y trouve à ce point prédestinée. D
102 as l’animatrice d’une circulation planétaire. Qui peut en dire autant dans notre siècle ? Les uns m’en paraissent incapables
103 t les nations arabes. La Chine est encore loin de pouvoir vendre au monde les produits de son école du soir industrielle. L’URS
104 réduite à vivre sur elle-même. L’Europe seule ne peut plus se payer une politique provincialiste. Elle se voit condamnée pa
105 d’elle-même. À cet appel, toutefois, l’Europe ne peut répondre que dans la mesure où elle est forte et saine : c’est la mes
106 ope entière et sa culture. » Aucun de nos pays ne peut donc bénéficier du crédit qui s’attache à l’Europe tout entière, s’il
107 de l’union. S’il est vrai qu’aucun de nos pays ne peut prétendre à représenter valablement l’ensemble Europe devant le reste
108 urope devant le reste du monde, aucun non plus ne peut prétendre à subsister par ses propres moyens, en Europe même. Le Mes
109 ope désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
110 érieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie moderne. La si
111 existent encore, puisqu’elles gardent au moins le pouvoir de refuser l’union sous ce prétexte, tout sauf les évidences économiq
112 des autres, comment concevoir cette union ? On ne peut l’imaginer que fédérale, si le fédéralisme est bien compris comme une
113 istence européenne, elle est l’Europe en tant que pouvoir créateur. Une Europe uniformisée perdrait sa force principale : l’ind
114 par ses « limites », mais par l’intensité de son pouvoir d’attraction et d’émission. Un bassin fluvial n’est pas défini par so
115 Sept que tout en eux appelle et qui, à leur tour, pourront appeler les Six de l’Est : ce qui ferait au total vingt-trois, qui se
12 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
116 e de la victoire sans précédent remportée par les pouvoirs civilisateurs de l’Europe, au lieu de s’émerveiller du fait que le gé
117 les civilisations étant mortelles, la nôtre aussi pourrait périr, va donc probablement périr. Pour émouvante qu’elle soit, elle
118 l’ensemble des conditions du monde humain, croit pouvoir établir empiriquement, par l’examen comparatif des 21 civilisations q
119 ment liée à la vitalité d’une civilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une peut être perdue sans que l’autre soit ru
120 ilisation. L’une peut exister sans l’autre. L’une peut être perdue sans que l’autre soit ruinée du même coup. Chacun sait qu
121 mparable à celles qui l’ont précédée ? Son destin peut -il être prédit par extrapolation des exemples antiques ? Voilà qui n’
122 ntiques ? Voilà qui n’est pas sûr du tout. Il se pourrait , en effet, que notre civilisation présente certains caractères nouvea
123 certain moment, d’un certain seuil… Avant de rien pouvoir décider sur ce point, force nous sera donc de rechercher d’abord quel
124 e de dialogue et de contestation. Elle n’a jamais pu , et surtout, elle n’a jamais voulu se laisser ordonner à une seule do
125 pers. Pour le chrétien, Dieu est la Vérité. On ne peut pas tricher avec lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
126 la Vérité. On ne peut pas tricher avec lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos
127 Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportuniste
128 ines, en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’un des ca
129 pement des sciences exactes, notamment. Voilà qui peut paraître banal à des Européens élevés dans le respect de la vérité di
130 viniste. Mais cela signifie pratiquement qu’on ne peut pas « eat his cake and have it » et qu’il y a lieu de reconsidérer de
131 mun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
132 ute énergie, toute force physique ou spirituelle, peut être qualifiée d’impérialiste par les objets qui la subissent, mais c
133 u concret et ont seuls démontré sa conscience. On peut le dire : l’idée de genre humain est une création des Européens. L’ex
134 ’elle offre désormais au monde entier, et elle ne peut faire autrement, car toutes les créations que je viens d’énumérer son
135 de » se voient menacés d’être dépossédés de leurs pouvoirs par ce monde même qu’ils ont suscité. Et Dieu sait de quelle manière
136 re les autres continents menacent d’abuser de ces pouvoirs — contre l’Europe d’abord, mais aussi aux dépens de leur propre équil
137 trouvé la seule assez complexe et multiforme pour pouvoir sinon satisfaire, du moins séduire tous les peuples du monde. Nous av
138 ais il faut voir enfin que cette civilisation n’a pu devenir universelle qu’en vertu de quelque chose de très fondamental
139 lisation diffusée par l’Europe à tous les peuples puisse s’éclipser ou disparaître, sans entraîner le genre humain dans son dé
140 tes hindoues, ni le mandarinat, ni le Bushido. On peut le regretter, mais on doit le constater. Un sociologue français, Roge
141 es civilisations mouraient tout à fait, Valéry ne pourrait pas le dire, car il n’en saurait rien. » Et il proposait de corriger
142 n’est rien que notre aveuglement sur nos propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’y a qu’un seul péril série
143 t. Ces masses humaines dans les grandes usines ne peuvent pas être éternellement abandonnées à leur pauvreté et à leur envie. U
13 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
144 e se proclamer essentiellement universelle. Il se peut que l’union de nos Églises les renforce, devant le défi que porte à t
145 res dans la maison de mon Père. » Cette parole ne peut être écartée. Elle reste au centre du mystère de l’unité. Voies ver
146 ne même Église coexistent deux attitudes que l’on peut qualifier selon les temps de protestante ou catholique, et sur lesque
147 t tous temps, n’importe où, dans le monde entier, puisse entrer au sanctuaire qui s’offre au coin de la rue, et s’unir à l’Aut
148 ucide, la patrie n’est pas le monde… Voici qu’ils peuvent sans la trahir aller plus loin, vers le But qu’elle leur désignait. J
14 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
149 me, lutte contre les factions, centralisation des pouvoirs , raison d’État suprême en tout, puisque l’État incarne la mission uni
150 ou Bien suprême ; Dieu lui-même, s’il existe, ne peut être que notre allié, garant de notre justice ; sinon c’est qu’il n’e
151 et non en faveur de ceux au profit desquels nous pouvons stipuler. J’aime tous les hommes ; j’aime particulièrement tous les h
152 écise les délires totalitaires du xxe siècle. Il peut être résumé par quelques citations tirées de l’ouvrage intitulé L’Éta
153 eux, l’étranger était un ennemi ou un barbare. On peut au contraire considérer les peuples de la nouvelle Europe chrétienne
154 te d’obtenir par la guerre et ce que seulement il peut projeter raisonnablement d’obtenir : ses frontières naturelles. Dès l
155 public a moins besoin de ces marchandises qui ne peuvent être produites en leur pureté ni remplacées par des succédanés dans l
156 ses découvertes, puisque chaque État en effet ne peut les utiliser que pour lui à l’intérieur et nullement pour en asservir
157 té plus cher à l’Europe et au monde que Fichte ne pouvait l’imaginer vers 1800 : ne fut-ce que par la collusion de la science e
158 Or cet idéal, étant celui du Parti qui a saisi le pouvoir par la violence, provoque des résistances intérieures. L’État y répon
159 es par l’idéal missionnaire qui amène le Parti au pouvoir . Tensions internes : « Que personne ne diffère, il deviendrait mon j
160 e les conditions du renforcement continuel de son pouvoir . Tensions externes : Hegel, conformément à l’esprit de Valmy, se repr
161 vé déchaîner en fait des passions que l’esprit ne pouvait contrôler, mais que seuls les États surent exploiter et bientôt natio
162 chef de la révolte hongroise, Lajos Kossuth, qui put émigrer en Europe, et au poète-soldat Alexandre Petőfi, aide de camp
163 pour l’Europe, si peu que rien même ; car elle ne peut devenir que l’avant-garde de la monarchie universelle de la Russie.
164 , alors la nationalité internationale des Suisses pourra se dissoudre dans la plus grande communauté européenne. Elle n’aura p
165 s Misanthropes ou d’une mutuelle des égoïstes. On peut écrire de telles choses, non les faire. Dans le même temps, le diplom
166 un jour, car c’est ainsi seulement que la Russie pourra devenir européenne. En 1837, paraît le premier numéro de la revue des
167 vent pas que nous sommes invincibles, que si nous pouvons fort bien perdre des batailles, nous n’en resterons pas moins invinci
168 est un des facteurs essentiels de l’histoire. […] Peut -on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites
169 t à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes
170 à tout cela, et à bien des choses encore qu’on ne peut dire aujourd’hui, on méconnaît ou on déforme mensongèrement les signe
171 L’Europe n’a pas de chance. Tous ses habitants ne peuvent faire que mauvais voisinage. Quand on parle des États-Unis d’Europe,
172 la guerre qui surgit. Les peuples de l’Europe ne peuvent s’unir que dans une seule idée : se faire la guerre. … Et il y a le s
15 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
173 existe pas. » Le fait même qu’une telle phrase ne puisse être énoncée qu’en Europe, et seulement par la bouche d’Européens, no
174 ui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de culture, se fonde souvent sur les clic
175 ut contemporaines, l’unité résulte d’un décret du Pouvoir , d’une uniformité imposée par la force. Donc, d’une part unité tradit
176 els ou matériels, selon les écoles de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénair
177 tibles qu’elle en a héritées, l’Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois ses institutio
178 pers. Pour le chrétien, Dieu est la Vérité. On ne peut pas tricher avec Lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
179 la Vérité. On ne peut pas tricher avec Lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos
180 Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près opportuniste
181 gines en perpétuelle session contradictoire. Nous pouvons donc expliquer par des motifs religieux et philosophiques l’un des ca
182 pement des sciences exactes, notamment. Voilà qui peut vous paraître banal, à vous Européens élevés dans le respect de la vé
183 viniste. Mais cela signifie pratiquement qu’on ne peut pas « eat his cake and have it » et qu’il y a lieu de reconsidérer de
184 mun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
185 ute énergie, toute force physique ou spirituelle, peut être qualifiée d’impérialiste par les objets qui la subissent, mais c
186 cret et qui ont seuls démontré sa consistance. On peut le dire : l’idée de genre humain est une création des Européens. Expl
187 ciences et enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasa
188 e », se voient menacés d’être dépossédés de leurs pouvoirs par ce monde même qu’ils ont suscité. Et Dieu sait de quelle manière
189 re les autres continents menacent d’abuser de ces pouvoirs , — contre l’Europe d’abord, mais aussi aux dépens de leur propre équi
190 édaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement un
191 qu’il faut faire le monde, et que l’Europe seule peut le faire, mais elle doit d’abord exister. Certains me diront, et une
192 e le répète parfois en sourdine : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut,
193 européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Europe,
194 t de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même a suscité. À ceux
16 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
195 ient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Car la culture, c’est justement l’ensemble des activités
196 on mais invention. Ces deux aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homme et pour sa liberté réelle, s
197 présentent ensemble la culture vivante, celle qui peut rendre un sens à l’existence humaine. Or il se trouve que la plupart
198 ndiale aussi que les diverses facultés de l’homme peuvent retrouver et rassembler leurs grands symboles : — celles du corps et
17 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
199 ient la Culture, ou, en tout cas, qu’elle doit et peut intervenir. Vous avez lu et entendu depuis longtemps tant de banalité
200 on mais invention. Ces deux aspects de la culture peuvent devenir également dangereux pour l’homme et pour sa liberté réelle, s
201 présentent ensemble la culture vivante, celle qui peut rendre un sens à l’existence humaine. Or il se trouve que la plupart
202 ndiale aussi que les diverses facultés de l’homme peuvent retrouver et rassembler leurs grands symboles : — celles du corps et
203 par des fins humaines, ces fins que l’esprit seul peut entrevoir, imaginer et proposer à nos désirs et à notre raison, à not
18 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
204 existe pas. » Le fait même qu’une telle phrase ne puisse être entendue qu’en Europe et seulement dans la bouche d’Européens, n
205 ui fait dire que nous sommes trop différents pour pouvoir constituer jamais une unité de culture, se fonde souvent sur les clic
206 ais jalousement revendiquée et cultivée, que l’on peut voir le signe et la démonstration de l’originalité de notre culture.
207 d’autres cultures, l’unité résulte d’un décret du Pouvoir , d’une uniformité imposée par la force. Donc, d’une part unité tradit
208 els ou matériels, selon les écoles de pensée, ont pu jouer. Mais la diversité de nos origines et leur discussion millénair
209 tibles qu’elle en a héritées, l’Europe n’a jamais pu s’ordonner à une seule doctrine qui eût régi à la fois ses institutio
210 pers. Pour le chrétien, Dieu est la Vérité. On ne peut pas tricher avec Lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité
211 la Vérité. On ne peut pas tricher avec Lui, on ne peut pas tricher non plus avec la réalité du monde qu’il a créé. Dans nos
212 Dans nos rapports avec Dieu et le monde, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’illusions flatteuses, d’à peu près, opportunist
213 nes, en perpétuelle session contradictoire. Ainsi peut -on s’expliquer les motifs religieux et philosophiques d’un des caract
214 développement des sciences, notamment. Voilà qui peut paraître banal à un Européen élevé dans le respect de la vérité dite
215 viniste. Mais cela signifie pratiquement qu’on ne peut pas « eat his cake and have it » et qu’il y a lieu de reconsidérer de
216 mun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalent de l’invocation au sacré, dans
217 ute énergie, toute force physique ou spirituelle, peut être qualifiée d’impérialiste par les objets qui la subissent, mais c
218 concret et ont seuls démontré sa consistance. On peut le dire : l’idée de genre humain est une création des Européens. Expl
219 ciences et enfin les machines, si hétérogènes que puissent nous apparaître ces différentes créations. Non, ce n’est pas par hasa
220 uer) se voient menacés d’être dépossédés de leurs pouvoirs par ce monde même qu’ils ont suscité. Et Dieu sait de quelle manière
221 re les autres continents menacent d’abuser de ces pouvoirs , — contre l’Europe d’abord, mais aussi au détriment de leur propre éq
222 rbanisme et architecture : à tel point que l’on a pu dire que Naples est la seule ville orientale qui n’ait pas de quartie
223 édaigne notre idéal de l’amour du prochain. On ne peut donc pas encore affirmer que notre culture soit devenue réellement un
224 qu’il faut faire le monde, et que l’Europe seule peut le faire. Or, elle doit d’abord exister. Mais on me dira, et une part
225 et une part de moi-même me dit : après tout, que peut bien nous faire le sort du monde ? Notre sort personnel, notre salut,
226 européenne par excellence. Mais qui d’entre nous peut concevoir sa vie et le sens de sa vie en dehors du sort de l’Europe,
227 t de l’avenir prochain de notre Europe, et de son pouvoir de faire face au grand projet mondial qu’elle-même a suscité, et qui
19 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
228 es. Cette situation n’est ni normale ni saine, et peut même devenir démoralisante. Un moyen d’y remédier rapidement serait d
229 caux et de son staff à Genève. Les frais généraux purent ainsi être réduits au minimum. Ce régime provisoire devait permettre
230 surveillance de la Fondation.) Les confusions qui pouvaient résulter de la cohabitation de deux institutions, déjà statutairement
20 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
231 e siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Ceci posé — et je m’excuse du ton quelque peu di
232 e lui-même dans sa pleine stature et ses profonds pouvoirs , mais aussi dans l’erreur innombrable qu’il suscite ou qu’il entretie
233 d’une longue profanation ? Faut-il penser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à sub
234 r qui s’adresse à la part immortelle que lui seul pourra deviner — ou susciter dans l’autre : la part de l’Ange. Pétrarque, e
235 religieux, à quelque décret de la morale que l’on pourrait un jour abandonner, mais tient à l’être même, au fait de la personne.
236 e. Nulle technique et nulle science de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours. Il faut aimer, pour le comprendre et r
237 pporter l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie
238 er Bruxelles, l’avion qui devait l’amener n’ayant pu quitter Genève à cause du brouillard. C’est donc en son absence que M
239 attendons, un exposé, comme seul M. de Rougemont pouvait le faire, sur le phénomène qu’illustre le mythe, sur son secret…” M.
21 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
240 a l’homme de talent, d’ambition, de génie ? Il ne peut que se cacher dans son coin, ou tenter de se rendre utile, ou courir
22 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
241 ourrit, et à quel point cette culture occidentale peut à son tour bénéficier de la technique. Je suis pour ma part convaincu
242 oi rigide des voies ferrées et des horaires, mais pût aller à l’aventure le long des routes et des chemins dans les campagn
243 cela, nous disent les récits de l’époque, afin de pouvoir aller jouer. James Watt, plus tard, ne fit que perfectionner la trouv
244 ment fausse pour les périodes qui nous précèdent, peut nous sembler en train de devenir vraie. La plupart des brevets d’inve
245 rche des moyens d’explorer le cosmos. Personne ne peut savoir à quoi cela servira. Ce qui explique ces dilapidations déliran
246 otre civilisation, modifient sans nul doute notre pouvoir de rêve, son imagerie et ses orientations, — qui sont celles de nos d
247 ion, si simple et si utilitaire soit-elle, qui ne puisse être mise au service des passions meurtrières de l’homme : le couteau
248 rendement à tout prix. C’est alors que Karl Marx peut décrire le prolétaire industriel comme le « complément vivant d’un mé
249 parvenus au seuil d’une ère nouvelle, qui doit et peut , progressivement, nous permettre non plus seulement d’améliorer la co
250 nique et routinier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantita
251 culture de l’Europe a produit la technique ; on a pu craindre alors que cette technique asservisse l’homme et tue la vraie
252 ricatrice, poétique au sens étymologique. Et nous pouvons aisément vérifier que leurs effets, au stade présent de leur évolutio
253 ves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire seulement dans les indices de production, mais dans ce que je
23 1961, Articles divers (1957-1962). Le Temps de la louange (été 1961)
254 une autre existence, il le savait absolument ; il pouvait être dans cette vie reporter et bohème, romancier ou poète, — il voul
255 nève. Une espèce de rêve impérial d’autorité sans pouvoir apparent passait parfois dans ses propos. (Il eût fait un fort bel em
24 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
256 dans ses formes. Bientôt, une sédition le chasse. Peut -il se croire « en liberté et quitte de sa vocation » ? Déjà Bucer exi
257 ’ai été assailli tellement qu’à grand-peine ai-je pu être en repos un bien peu de temps, que toujours je n’eusse à souteni
258 ents, d’où la nudité de la parole, mais aussi son pouvoir de contagion. Ce ministre du Verbe a fait un monde. Il est même le s
259 de l’Occident. Je cherche en vain l’esprit qu’on puisse lui comparer par l’ampleur et par la durée d’une action de cet ordre
260 om : mais est-il justifié à le faire ? Certes, on peut bien soutenir que les États-Unis seraient aussi sévèrement jugés par
261 ale que celle des Pères de la Réforme, n’a jamais pu créer une éthique, ni même une formule d’équilibre entre la nation et
262 euse à le maintenir dans les limites de son juste pouvoir , elle-même n’en demandant aucun puisqu’elle détient l’autorité, qui e
25 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
263 Europe. L’équation européenne Si l’Europe a pu dominer le monde par son économie, ses armes et ses techniques, de la
264 ur, un technocrate et un théoricien de l’économie peuvent vous faire en trois jours un plan géométrique d’unification rigoureus
265 s et nationales de traditions et de régimes ; ils peuvent vous démontrer que ce plan serait rentable, et que votre intérêt comm
266 intérêt commande de l’appliquer. Un autre groupe peut vous rappeler que depuis Dante et Pierre Dubois, au début du xive si
267 plées par une aide puissante que l’économie seule peut leur donner, l’indispensable union économique ne pourra jamais prendr
268 leur donner, l’indispensable union économique ne pourra jamais prendre vie : trop de contre-courants psychologiques, trop de
26 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
269 climat de cette période angoissée, telle que j’ai pu la voir de près, à Berne. Il s’agit de notes tirées de mon journal pr
270 rsonnelles, mais prises sur le vif : c’est ce qui peut faire leur intérêt. La petite histoire reste la meilleure source des
271 rses pressions. Pourtant, nous sommes les seuls à pouvoir nous défendre. Depuis plusieurs années, je pense au Saint-Gothard com
272 qui entendait barrer la route à ceux qui auraient pu être tentés d’intégrer notre pays au système du Troisième Reich alors
27 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
273 quand il arrive. Je vois ce pré et je sais qu’il peut y apparaître dans un instant des hommes qui nous tireront dessus. Je
274 ain : cela s’appelle une retraite stratégique. On peut me dire qu’il est aussi des retraites nécessaires (des silences oppor
275 e grand symbole autour duquel tous les Confédérés peuvent s’unir dans leurs diversités… Nous n’avons qu’un seul but : maintenir
276 rance, il a parlé de notre « soulagement » ! Cela peut s’entendre de diverses manières, mais l’une est atroce. Je veux, croi
277 la transmettre à ses collègues, et bien sûr, n’a pu faire davantage. Mais les banderilles ont été plantées. (Note de 1962
278 ’époque. On comprend donc que M. Kimche n’ait pas pu faire état de l’incident, si pittoresque et surprenant qu’il puisse a
279 de l’incident, si pittoresque et surprenant qu’il puisse apparaître, après coup. Il y avait une sorte de pari insensé dans cet
28 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
280 quelques heures d’essais peu convaincants — on ne peut pas écrire en groupe — ils me confient la rédaction. Ma position est
281 igue, assassinats et tortures en moins. Les mêmes peuvent rire de l’armée suisse parce qu’elle n’eut pas l’occasion de se battr
282 e continent, l’élément décisif allait venir et ne pouvait venir que de l’Amérique. Peut-être bien était-ce là-bas qu’il me sera
283 s pas un instant que les officiers ligueurs aient pu douter de la volonté de résistance à tout prix du Général. Leur compl
284 est pas seulement une erreur de fait que l’auteur pourra corriger sans peine. Elle empêche d’évaluer correctement la situation
285 lier M. Kimche de se poser la question suivante : peut -on voir une « simple » coïncidence dans le fait que la Ligue civile e
29 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
286 nelle, et de répartition des compétences entre le pouvoir central européen et les gouvernements des nations, qui subsistent. La
30 1962, Articles divers (1957-1962). La commune, base essentielle de notre civilisation (novembre-décembre 1962)
287 entre ou un passage : tous ces accidents naturels peuvent servir de prétexte à une concentration qui deviendra communauté humai
288 c typique, un savant débarqué de Mars ou de Vénus pourrait reconstituer sans trop d’erreurs les structures essentielles de notre
289 tion systématique dans l’ensemble de nos pays. On pouvait croire que l’ère technique, qui est celle des plans à grande échelle,
290 des communes d’Europe, l’Union des villes et des pouvoirs locaux, apparus depuis la dernière guerre, ne livrent pas un combat d