1 1957, Articles divers (1957-1962). La voie et l’aventure (janvier 1957)
1 le Total, ou l’Être, Ramakrishna disait : « Il n’ y a aucune différence, que vous l’appeliez ‟Toi” ou que vous pensiez ‟J
2 ‟Toi” ou que vous pensiez ‟Je suis Lui”. » S’il n’ y avait « aucune différence », il n’y aurait pas non plus d’antinomie f
3 ui”. » S’il n’y avait « aucune différence », il n’ y aurait pas non plus d’antinomie foncière entre la foi chrétienne de l
4 ériode « orientale » de l’Occident. Le symbolisme y dominait dans tous les ordres ; les trois grandes castes tendaient à
5 riental qui circule dans nos villes songe qu’il n’ y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’harmonie, et pas
6 es, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’ y sont qu’un emprunt procuré d’un lieu lointain ». Entre l’Orient et l’
7 s attribuent à l’Orient et à l’Occident. Ajoutons- y les qualificatifs que, des présocratiques à nos jours, tous les espri
8 sion psychologique chez les très rares qui disent y être parvenus, et pour les autres un solipsisme exténuant ?… Maîtrise
9 ourtant la chose ne me paraît pas si simple, et j’ y sens une complexité dont j’essaierai maintenant d’indiquer la nature
10 ne connaît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’ y a pas de Dieu — selon le système Sankya et le bouddhisme — soit qu’on
11 ement réalisé et accompli (That Thwam Asi) — il n’ y a pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct d
12 e que de moi distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’ y ait point de Dieu, ou que Je sois le Tout, dans les deux cas l’Autre
13 hna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’ y a aucune différence, que vous l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je su
14 peliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orient
15 il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’ y passe, et ce qui en provient, ne peut naître que du libre arbitre, so
16 vantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’ y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour
17 s de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’ y dispose pas d’éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de
18 Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comment y échapper sans brouiller le dessin de cet ouvrage ? Voici maintenant q
19 ystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’Avicenne
2 1957, Articles divers (1957-1962). De l’unité de culture à l’union politique (mai 1957)
20 Castillans sont vus comme des Européens : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pas
21 qui séparent nos nations depuis des siècles. Il n’ y aurait donc, à les en croire, pas de différences bien notables (dans
22 ’Europe et le Congo ou le Cachemire, tandis qu’il y en aurait d’insurmontables entre les Britanniques et les Français, en
23 ces différences. (Encore que les écoles d’État s’ y soient efforcées depuis un siècle : or personne n’a jamais attendu ri
24 Français et un Allemand lisant ces deux auteurs, y prendront à fort peu de choses près le même plaisir, parce qu’ils y r
25 peu de choses près le même plaisir, parce qu’ils y reconnaîtront les mêmes passions, les mêmes souffrances, les mêmes es
26 sa culture, qui ne l’est guère. Conclusion : il n’ y a pas d’Europe, et si l’on en veut une, il faudra l’inventer. Ce qui
27 ntinuant la chronique d’Isidore de Beja. L’auteur y qualifie d’Europenses les vainqueurs de ces grandes journées, et « ré
3 1957, Articles divers (1957-1962). Lettre en réponse à Emmanuel Berl (mai 1957)
28 sme ? Il y avait une Europe de Romain Rolland. Il y en a une de Pierre Dominique, qui espère en elle pour répondre du tac
4 1957, Articles divers (1957-1962). Le rôle mondial des valeurs occidentales (octobre 1957)
29 blanc. Quant à l’Asie et à l’Afrique, il faudrait y marquer des points rouges, indiquant la plupart des grandes villes, q
30 , cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’ y joignez-vous pas un petit livre expliquant d’où viennent ces objets,
5 1958, Articles divers (1957-1962). Demain l’Europe sans frontières ?[préface] (1958)
31 ent sur les problèmes économiques, et il faudrait y réfléchir en groupe, car ces problèmes sont trop complexes pour le pl
6 1958, Articles divers (1957-1962). Europe et culture (1958)
32 e sait ; ni en ratifiant des traités : personne n’ y croit. (On attend de voir…) Et certes il fallait dire : unissons-nous
33 culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950. Nous y reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à L
34 ù se trouvent représentés la plupart de nos pays ( y compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin, il les f
7 1958, Articles divers (1957-1962). Pourquoi la guerre ? Un échange de lettres prophétique entre Einstein et Freud (avril 1958)
35 deux empires presque immobilisés par la terreur d’ y recourir… Que pensaient et pressentaient ces deux génies de premier o
36 able logique : celle d’un gouvernement mondial. J’ y reviendrai. Pour le reste, son diagnostic joue sur des images d’Épina
37 l’union de ses victimes. Mais, comme en fait il n’ y avait pas d’union, cela revenait à opposer aux chars d’Hitler une for
8 1959, Articles divers (1957-1962).  Une expérience de fédéralisme : la Suisse (1959)
38 à aucun autre État, soit par les événements qui s’ y sont succédé depuis des siècles, soit par sa situation géographique e
39 ton à un autre ou d’une commune à une autre. « Il y en avait partout, sauf aux frontières extérieures » relève encore W.
40 pales dispositions. Le législatif, par exemple, s’ y compose de deux chambres dont l’une représente le peuple, l’autre les
41 t donne la formule générale de tous les débats qu’ y soulèvent les questions politiques, économiques ou culturelles les pl
9 1959, Articles divers (1957-1962). La nature profonde de l’Europe (juin 1959)
42 and corps peut prétendre à pareille fonction ou s’ y trouve à ce point prédestinée. Du seul point de vue de l’économie des
43 elève, avec les moyens que l’on sait ; mais ils n’ y sont pas vitalement contraints. Part des importations dans le revenu
44 taient de se suffire à eux-mêmes ou, pire encore, y parvenaient. Vouloir « réussir les Six » sans vouloir davantage condu
45 ure devenue planétaire (et sans rivaux sérieux, j’ y reviendrai) nous oblige à revoir certaines catégories devenues tradit
46 n, faute d’avoir su se fédérer en temps utile, qu’ y perdrait le monde ? Et je donne dès maintenant ma réponse personnelle
10 1960, Articles divers (1957-1962). Éclipse ou disparition d’une civilisation ? (1960)
47 vertu de quelque chose de très fondamental qui l’ y prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la v
48 pte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil. Il y avait
49 ption chrétienne, exprimée par saint Paul (« il n’ y a plus ni juifs, ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres, ni hommes ni
50 ’un péril jaune, en attendant le péril noir. Je n’ y crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos p
51 uvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’ y a qu’un seul péril sérieux : le péril blanc ! La civilisation europée
52 khardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’ y avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, e
11 1960, Articles divers (1957-1962). Un péché mortel : la désunion des chrétiens (mars 1960)
53 a plus forte du monde par le nombre de ceux qui s’ y rattachent, qui est de l’ordre d’un milliard. S’il est vrai que le mo
54 on, sont communément professés ; qu’un même Credo y est lu tous les dimanches, le même Évangile annoncé, et le même Notre
12 1960, Articles divers (1957-1962). Le nationalisme et l’Europe (mars 1960)
55 du jeu des forces économiques, qu’il a faussé en y intervenant, et qui tend à l’éliminer dans la mesure où il tend à se
56 e justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’ y a donc plus d’instance supérieure à la nation, ni plus d’appel possib
57 articulière qui croise l’instinct universel, je m’ y oppose ; cette résistance est un état de guerre et de servitude dont
58 avec les colonies et les places de commerce qui s’ y sont ajoutées dans les autres parties du monde, forme encore un tout,
59 ’utopie de l’État naturellement raisonnable. Il n’ y a plus qu’à tirer les conséquences logiques de ces prémices : fermer
60 tant d’atteindre bientôt sûrement ce but. Il doit y marcher avec méthode, et ne laisser passer aucun moment sans retirer
61 nce, provoque des résistances intérieures. L’État y répondra par la Terreur et par la guerre. Car, dit Hegel : Les natio
62 uez dont aussitôt la politique des États, après s’ y être opposée, s’empare sans vergogne. Le grand élan libertaire des qu
63 échoue dans les manuels d’écoles primaires, et s’ y dénature en nationalisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune
64 à la Suisse fédéraliste de faire l’Europe et de s’ y fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, au meilleur sens
65 e, sous peine de « sombrer dans le cynisme » et d’ y trouver leur fin, « vers laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent 
66 diffère essentiellement de la zoologie. La race n’ y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n’a pas le
67 la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’ y force pas. Les États-Unis et l’Angleterre, l’Amérique espagnole et l’
68 qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tornea, il n’ y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus qu’une autre un caractère
69 isme qui attend que les choses s’arrangent ? Il n’ y a aucune raison pour cela. Des composés chimiques, qui sont séparémen
13 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (juin 1960)
70 ositions contradictoires que voici : primo ; il n’ y a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nati
71 er une unité quelconque ; secundo : il ne saurait y avoir de culture spécifiquement européenne, car toute vraie culture e
72 rofonde des créations que je viens d’énumérer. Il y faudrait un livre, et je l’ai déjà écrit37. Je me bornerai donc à vou
73 tique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une
74 ais on n’en voit pas d’autre qui soit en mesure d’ y prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’elle d’anim
14 1960, Articles divers (1957-1962). Allocution de Denis de Rougemont, président du Congrès pour la liberté de la culture, à la séance de clôture de la rencontre de Berlin (extraits) (juin-juillet 1960)
75 humain pour chaque personne. La politique, nous n’ y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, dans
76 i donnent les totalitaires — tant qu’un jour il n’ y a plus rien d’autre à faire qu’à se jeter à mains nues contre les tan
15 1960, Articles divers (1957-1962). La liberté et le sens de la vie (8 juillet 1960)
77 umain, pour chaque personne. La politique, nous n’ y échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, dans
78 ui donnent les totalitaires, tant qu’un jour il n’ y a plus rien d’autre à faire qu’à se jeter à mains nues contre les tan
16 1960, Articles divers (1957-1962). Originalité de la culture européenne comparée aux autres cultures (août 1960)
79 opéenne comparée aux autres cultures (août 1960)x y C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé bie
80 ictoires que voici. Ils affirment primo : qu’il n’ y a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nati
81 nque. Et ils affirment secundo : qu’il ne saurait y avoir de culture spécifiquement européenne, car, disent-ils encore, t
82 créations européennes que je viens d’énumérer. Il y faudrait tout un livre, et il se trouve que je l’ai déjà écrit. Je me
83 et sur la politique que nous devons imaginer pour y faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une
84 ais on n’en voit pas d’autre qui soit en mesure d’ y prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’elle d’anim
85 izer Monatshefte, Zurich, août 1960, p. 506-516. y . Texte très proche, mais non sans variantes, de celui publié sous le
17 1960, Articles divers (1957-1962). Une fusée à trois étages : bref historique de la Fondation (octobre 1960)
86 e, et peut même devenir démoralisante. Un moyen d’ y remédier rapidement serait d’établir une puissante fondation européen
18 1961, Articles divers (1957-1962). Tristan et Iseut à travers le temps (1961)
87 onde ne saurait nous plaire davantage. Or, songez- y  : ce plaisir au secret de l’âme que nous vaut la lecture des légendes
88 ’Iseut avec le Roi, père adoptif du héros —, il n’ y aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y aurait donc pas e
89 aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’ y aurait donc pas eu de mythe. On ne saurait imaginer le grand roi Marc
90 sens du mythe. Mais il faut croire aux anges pour y croire. Selon la mythologie de l’ancien Iran, du mazdéisme de Zaratho
91 amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affect
92 nir d’un prédécesseur. Il lui fut donc loisible d’ y indiquer d’intéressantes théories sur le roman de Tristan et Iseut, e
93 de œuvre médiévale en invitant à sa tribune, pour y évoquer Tristan et Iseut sous un angle tout différent, M. Denis de Ro
19 1961, Articles divers (1957-1962). Nos meilleurs esprits (1961)
94 r but est restreint. Si bien que l’homme de poids y sera surtout local. Il sera le grand homme d’une vallée, d’une cité,
20 1961, Articles divers (1957-1962). Culture et technique (juillet 1961)
95 et ? C’est la première question que je me pose. J’ y répondrai en citant trois faits qui ont l’avantage d’être connus de t
96 lassiques d’inventions et de découvertes, si l’on y regarde de près, réfutent précisément ces théories. À l’origine des i
97 que tous les hommes ont fait une nuit ou l’autre, y compris Léonard de Vinci. Le motif onirique du vol, attesté par des c
98 , qui semblait inhumain tant que l’ouvrier devait y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est pou
21 1962, Articles divers (1957-1962). Calvin (1962)
99 t retenu à Genève par Guillaume Farel et invité à y organiser l’Église. Chassé par les magistrats en 1538, Calvin s’en va
100 urg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540, il y reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Christia
101 occupe des vicissitudes de l’époque et tente de s’ y mêler — de les diriger, pourquoi pas ? — ne fait pas précisément œuvr
102 ne quittasse pas du tout les autres études, je m’ y employai toutefois plus lâchement. Or, je fus tout ébahi que devant q
103 in qui fuit de ville en ville arrive à Bâle, pour y vivre caché, connu de peu de gens. Mais les nouvelles de France, où l
104 pelle. Passant à Genève par hasard, il comptait n’ y rester qu’une nuit. Mais là, « maître Guillaume Farel me retint, non
22 1962, Articles divers (1957-1962). Le règne de Victoria (1962)
105 bliques d’une fin d’après-midi dorée, avec Ortega y Gasset, et nous parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sor
23 1962, Articles divers (1957-1962). La culture et l’union de l’Europe (avril 1962)
106 e de la culture et sa vocation prospective. Il n’ y aurait pas d’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de nos pau
107 terme de l’intégration européenne, s’il ne devait y avoir que dividendes, bombes atomiques, autos et frigidaires, les for
24 1962, Articles divers (1957-1962). Journal d’un témoin (23-24 juin 1962)
108 mme chaque matin la Gazette . Mon article — je n’ y pensais plus — en première page, à côté d’un appel à se taire lancé p
109 ’ai l’ordre de vous faire conduire chez vous pour y prendre les arrêts. Voulez-vous me laisser votre pistolet ? Je dépose
25 1962, Articles divers (1957-1962). La Ligue du Gothard : premier mouvement de résistance : Journal d’un témoin II (25 juin 1962)
110 d il arrive. Je vois ce pré et je sais qu’il peut y apparaître dans un instant des hommes qui nous tireront dessus. Je n’
111 un café proche du Palais fédéral. Les délégués m’ y retrouvent après une heure. Le titulaire ad interim du Département po
112 démarche dans les archives fédérales. On devait s’ y attendre. Et personne n’ébruita la chose à l’époque. On comprend donc
26 1962, Articles divers (1957-1962). La conjuration des officiers en juin 1940 : Journal d’un témoin III (26 juin 1962)
113 convoqué au Palais fédéral. Est-ce vraiment pour y discuter une fois de plus ce voyage aux États-Unis ? Ici, je dois rev
114 tranger » m’avait proposé d’aller à New York et d’ y faire jouer ma pièce sur Nicolas de Flüe (musique d’Arthur Honegger
27 1962, Articles divers (1957-1962). Dans vingt ans une Europe neuve (novembre 1962)
115 ue compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue — y contraint autant que l’évolution des idées et des morales. L’Europe,
116 urent faites. Envoyé aux USA et en Argentine pour y faire des conférences en 1940, il devint en 1942-1943 le principal ré