1
le Total, ou l’Être, Ramakrishna disait : « Il n’
y
a aucune différence, que vous l’appeliez ‟Toi” ou que vous pensiez ‟J
2
‟Toi” ou que vous pensiez ‟Je suis Lui”. » S’il n’
y
avait « aucune différence », il n’y aurait pas non plus d’antinomie f
3
ui”. » S’il n’y avait « aucune différence », il n’
y
aurait pas non plus d’antinomie foncière entre la foi chrétienne de l
4
ériode « orientale » de l’Occident. Le symbolisme
y
dominait dans tous les ordres ; les trois grandes castes tendaient à
5
riental qui circule dans nos villes songe qu’il n’
y
voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’harmonie, et pas
6
es, de disputes, de tumultes : « joie et beauté n’
y
sont qu’un emprunt procuré d’un lieu lointain ». Entre l’Orient et l’
7
s attribuent à l’Orient et à l’Occident. Ajoutons-
y
les qualificatifs que, des présocratiques à nos jours, tous les espri
8
sion psychologique chez les très rares qui disent
y
être parvenus, et pour les autres un solipsisme exténuant ?… Maîtrise
9
ourtant la chose ne me paraît pas si simple, et j’
y
sens une complexité dont j’essaierai maintenant d’indiquer la nature
10
ne connaît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’
y
a pas de Dieu — selon le système Sankya et le bouddhisme — soit qu’on
11
ement réalisé et accompli (That Thwam Asi) — il n’
y
a pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct d
12
e que de moi distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’
y
ait point de Dieu, ou que Je sois le Tout, dans les deux cas l’Autre
13
hna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’
y
a aucune différence, que vous l’appeliez Toi ou que Vous disiez Je su
14
peliez Toi ou que Vous disiez Je suis Lui. » Nous
y
lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orient
15
il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’
y
passe, et ce qui en provient, ne peut naître que du libre arbitre, so
16
vantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’
y
a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour
17
s de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’
y
dispose pas d’éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de
18
Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comment
y
échapper sans brouiller le dessin de cet ouvrage ? Voici maintenant q
19
ystiques de Sohrawardi, tome 1, Téhéran, 1952. On
y
trouvera le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’Avicenne
20
Castillans sont vus comme des Européens : il doit
y
avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pas
21
qui séparent nos nations depuis des siècles. Il n’
y
aurait donc, à les en croire, pas de différences bien notables (dans
22
’Europe et le Congo ou le Cachemire, tandis qu’il
y
en aurait d’insurmontables entre les Britanniques et les Français, en
23
ces différences. (Encore que les écoles d’État s’
y
soient efforcées depuis un siècle : or personne n’a jamais attendu ri
24
Français et un Allemand lisant ces deux auteurs,
y
prendront à fort peu de choses près le même plaisir, parce qu’ils y r
25
peu de choses près le même plaisir, parce qu’ils
y
reconnaîtront les mêmes passions, les mêmes souffrances, les mêmes es
26
sa culture, qui ne l’est guère. Conclusion : il n’
y
a pas d’Europe, et si l’on en veut une, il faudra l’inventer. Ce qui
27
ntinuant la chronique d’Isidore de Beja. L’auteur
y
qualifie d’Europenses les vainqueurs de ces grandes journées, et « ré
28
sme ? Il y avait une Europe de Romain Rolland. Il
y
en a une de Pierre Dominique, qui espère en elle pour répondre du tac
29
blanc. Quant à l’Asie et à l’Afrique, il faudrait
y
marquer des points rouges, indiquant la plupart des grandes villes, q
30
, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’
y
joignez-vous pas un petit livre expliquant d’où viennent ces objets,
31
ent sur les problèmes économiques, et il faudrait
y
réfléchir en groupe, car ces problèmes sont trop complexes pour le pl
32
e sait ; ni en ratifiant des traités : personne n’
y
croit. (On attend de voir…) Et certes il fallait dire : unissons-nous
33
culture. Celui-ci se fonde à Genève en l950. Nous
y
reviendrons. En 1949, un Congrès européen de la culture se réunit à L
34
ù se trouvent représentés la plupart de nos pays (
y
compris la Grande-Bretagne et les États scandinaves). Enfin, il les f
35
deux empires presque immobilisés par la terreur d’
y
recourir… Que pensaient et pressentaient ces deux génies de premier o
36
able logique : celle d’un gouvernement mondial. J’
y
reviendrai. Pour le reste, son diagnostic joue sur des images d’Épina
37
l’union de ses victimes. Mais, comme en fait il n’
y
avait pas d’union, cela revenait à opposer aux chars d’Hitler une for
38
à aucun autre État, soit par les événements qui s’
y
sont succédé depuis des siècles, soit par sa situation géographique e
39
ton à un autre ou d’une commune à une autre. « Il
y
en avait partout, sauf aux frontières extérieures » relève encore W.
40
pales dispositions. Le législatif, par exemple, s’
y
compose de deux chambres dont l’une représente le peuple, l’autre les
41
t donne la formule générale de tous les débats qu’
y
soulèvent les questions politiques, économiques ou culturelles les pl
42
and corps peut prétendre à pareille fonction ou s’
y
trouve à ce point prédestinée. Du seul point de vue de l’économie des
43
elève, avec les moyens que l’on sait ; mais ils n’
y
sont pas vitalement contraints. Part des importations dans le revenu
44
taient de se suffire à eux-mêmes ou, pire encore,
y
parvenaient. Vouloir « réussir les Six » sans vouloir davantage condu
45
ure devenue planétaire (et sans rivaux sérieux, j’
y
reviendrai) nous oblige à revoir certaines catégories devenues tradit
46
n, faute d’avoir su se fédérer en temps utile, qu’
y
perdrait le monde ? Et je donne dès maintenant ma réponse personnelle
47
vertu de quelque chose de très fondamental qui l’
y
prédisposait dès l’origine : j’entends la croyance chrétienne en la v
48
pte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme
y
était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil. Il y avait
49
ption chrétienne, exprimée par saint Paul (« il n’
y
a plus ni juifs, ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres, ni hommes ni
50
’un péril jaune, en attendant le péril noir. Je n’
y
crois guère. Notre éclipse n’est rien que notre aveuglement sur nos p
51
uvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde, il n’
y
a qu’un seul péril sérieux : le péril blanc ! La civilisation europée
52
khardt en avait pressenti les périls. Mais nous n’
y
avons pas succombé, nous l’avons refusée sous sa forme hitlérienne, e
53
a plus forte du monde par le nombre de ceux qui s’
y
rattachent, qui est de l’ordre d’un milliard. S’il est vrai que le mo
54
on, sont communément professés ; qu’un même Credo
y
est lu tous les dimanches, le même Évangile annoncé, et le même Notre
55
du jeu des forces économiques, qu’il a faussé en
y
intervenant, et qui tend à l’éliminer dans la mesure où il tend à se
56
e justice ; sinon c’est qu’il n’existe pas ; il n’
y
a donc plus d’instance supérieure à la nation, ni plus d’appel possib
57
articulière qui croise l’instinct universel, je m’
y
oppose ; cette résistance est un état de guerre et de servitude dont
58
avec les colonies et les places de commerce qui s’
y
sont ajoutées dans les autres parties du monde, forme encore un tout,
59
’utopie de l’État naturellement raisonnable. Il n’
y
a plus qu’à tirer les conséquences logiques de ces prémices : fermer
60
tant d’atteindre bientôt sûrement ce but. Il doit
y
marcher avec méthode, et ne laisser passer aucun moment sans retirer
61
nce, provoque des résistances intérieures. L’État
y
répondra par la Terreur et par la guerre. Car, dit Hegel : Les natio
62
uez dont aussitôt la politique des États, après s’
y
être opposée, s’empare sans vergogne. Le grand élan libertaire des qu
63
échoue dans les manuels d’écoles primaires, et s’
y
dénature en nationalisme, culte laïque de l’État. Le mouvement Jeune
64
à la Suisse fédéraliste de faire l’Europe et de s’
y
fondre, accomplissant ainsi une vocation nationale, au meilleur sens
65
e, sous peine de « sombrer dans le cynisme » et d’
y
trouver leur fin, « vers laquelle il semble bien qu’ils s’acheminent
66
diffère essentiellement de la zoologie. La race n’
y
est pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n’a pas le
67
la langue. La langue invite à se réunir ; elle n’
y
force pas. Les États-Unis et l’Angleterre, l’Amérique espagnole et l’
68
qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tornea, il n’
y
a pas une embouchure de fleuve qui ait plus qu’une autre un caractère
69
isme qui attend que les choses s’arrangent ? Il n’
y
a aucune raison pour cela. Des composés chimiques, qui sont séparémen
70
ositions contradictoires que voici : primo ; il n’
y
a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nati
71
er une unité quelconque ; secundo : il ne saurait
y
avoir de culture spécifiquement européenne, car toute vraie culture e
72
rofonde des créations que je viens d’énumérer. Il
y
faudrait un livre, et je l’ai déjà écrit37. Je me bornerai donc à vou
73
tique que nous sommes bien forcés d’imaginer pour
y
faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une
74
ais on n’en voit pas d’autre qui soit en mesure d’
y
prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’elle d’anim
75
humain pour chaque personne. La politique, nous n’
y
échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, dans
76
i donnent les totalitaires — tant qu’un jour il n’
y
a plus rien d’autre à faire qu’à se jeter à mains nues contre les tan
77
umain, pour chaque personne. La politique, nous n’
y
échapperons pas, et il est inutile d’insister sur ce fait, ici, dans
78
ui donnent les totalitaires, tant qu’un jour il n’
y
a plus rien d’autre à faire qu’à se jeter à mains nues contre les tan
79
opéenne comparée aux autres cultures (août 1960)x
y
C’est en Europe seulement, jamais ailleurs, qu’il m’est arrivé bie
80
ictoires que voici. Ils affirment primo : qu’il n’
y
a pas de culture européenne commune, mais seulement des cultures nati
81
nque. Et ils affirment secundo : qu’il ne saurait
y
avoir de culture spécifiquement européenne, car, disent-ils encore, t
82
créations européennes que je viens d’énumérer. Il
y
faudrait tout un livre, et il se trouve que je l’ai déjà écrit. Je me
83
et sur la politique que nous devons imaginer pour
y
faire face. Nous devons tout d’abord, nous les Européens, prendre une
84
ais on n’en voit pas d’autre qui soit en mesure d’
y
prétendre mieux qu’elle, ou qui soit susceptible mieux qu’elle d’anim
85
izer Monatshefte, Zurich, août 1960, p. 506-516.
y
. Texte très proche, mais non sans variantes, de celui publié sous le
86
e, et peut même devenir démoralisante. Un moyen d’
y
remédier rapidement serait d’établir une puissante fondation européen
87
onde ne saurait nous plaire davantage. Or, songez-
y
: ce plaisir au secret de l’âme que nous vaut la lecture des légendes
88
’Iseut avec le Roi, père adoptif du héros —, il n’
y
aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y aurait donc pas e
89
aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’
y
aurait donc pas eu de mythe. On ne saurait imaginer le grand roi Marc
90
sens du mythe. Mais il faut croire aux anges pour
y
croire. Selon la mythologie de l’ancien Iran, du mazdéisme de Zaratho
91
amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous
y
aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affect
92
nir d’un prédécesseur. Il lui fut donc loisible d’
y
indiquer d’intéressantes théories sur le roman de Tristan et Iseut, e
93
de œuvre médiévale en invitant à sa tribune, pour
y
évoquer Tristan et Iseut sous un angle tout différent, M. Denis de Ro
94
r but est restreint. Si bien que l’homme de poids
y
sera surtout local. Il sera le grand homme d’une vallée, d’une cité,
95
et ? C’est la première question que je me pose. J’
y
répondrai en citant trois faits qui ont l’avantage d’être connus de t
96
lassiques d’inventions et de découvertes, si l’on
y
regarde de près, réfutent précisément ces théories. À l’origine des i
97
que tous les hommes ont fait une nuit ou l’autre,
y
compris Léonard de Vinci. Le motif onirique du vol, attesté par des c
98
, qui semblait inhumain tant que l’ouvrier devait
y
adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est pou
99
t retenu à Genève par Guillaume Farel et invité à
y
organiser l’Église. Chassé par les magistrats en 1538, Calvin s’en va
100
urg, où il se marie. Rappelé à Genève en 1540, il
y
reste jusqu’à sa mort, qui survient le 27 mai 1564. Œuvres. Christia
101
occupe des vicissitudes de l’époque et tente de s’
y
mêler — de les diriger, pourquoi pas ? — ne fait pas précisément œuvr
102
ne quittasse pas du tout les autres études, je m’
y
employai toutefois plus lâchement. Or, je fus tout ébahi que devant q
103
in qui fuit de ville en ville arrive à Bâle, pour
y
vivre caché, connu de peu de gens. Mais les nouvelles de France, où l
104
pelle. Passant à Genève par hasard, il comptait n’
y
rester qu’une nuit. Mais là, « maître Guillaume Farel me retint, non
105
bliques d’une fin d’après-midi dorée, avec Ortega
y
Gasset, et nous parlions d’amis communs, venus de partout, qu’une sor
106
e de la culture et sa vocation prospective. Il n’
y
aurait pas d’Europe sans tout ce que la culture a su tirer de nos pau
107
terme de l’intégration européenne, s’il ne devait
y
avoir que dividendes, bombes atomiques, autos et frigidaires, les for
108
mme chaque matin la Gazette . Mon article — je n’
y
pensais plus — en première page, à côté d’un appel à se taire lancé p
109
’ai l’ordre de vous faire conduire chez vous pour
y
prendre les arrêts. Voulez-vous me laisser votre pistolet ? Je dépose
110
d il arrive. Je vois ce pré et je sais qu’il peut
y
apparaître dans un instant des hommes qui nous tireront dessus. Je n’
111
un café proche du Palais fédéral. Les délégués m’
y
retrouvent après une heure. Le titulaire ad interim du Département po
112
démarche dans les archives fédérales. On devait s’
y
attendre. Et personne n’ébruita la chose à l’époque. On comprend donc
113
convoqué au Palais fédéral. Est-ce vraiment pour
y
discuter une fois de plus ce voyage aux États-Unis ? Ici, je dois rev
114
tranger » m’avait proposé d’aller à New York et d’
y
faire jouer ma pièce sur Nicolas de Flüe (musique d’Arthur Honegger
115
ue compte l’Europe d’aujourd’hui, Russie exclue —
y
contraint autant que l’évolution des idées et des morales. L’Europe,
116
urent faites. Envoyé aux USA et en Argentine pour
y
faire des conférences en 1940, il devint en 1942-1943 le principal ré